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Artisanat Atelier Reliure Marchal

De cuir et d’or fin

Par Tatiana Geiselmann / Photos Pascal Bastien

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Depuis sa maison transformée en atelier, Didier Marchal redonne vie aux livres défraichis. De la pointe de ses cisailles et de ses étaux, il restaure les livres anciens, redore leur couverture et, lorsque son planning bien chargé le lui permet, crée de véritables reliures d’art. Portrait d’un artisan passionné.

Dans l’atelier de plus de 80 m2 que Didier Marchal a aménagé chez lui, on trouve une presse centenaire, des étaux pour former l’arrondi des livres, des cisailles... Mais surtout plus de 4 000 fers à dorer anciens qui trônent sur les murs et servent à ses créations sur couvertures ou sur feuilles. Un travail d’orfèvre : « La dorure arrive en tout dernier sur un livre. Il ne faut pas se rater ! Je pose à main levée sur la feuille, près d’une centaine de fois par caractère. » Quand il n’est pas en train de transformer de simples feuillets en véritables créations, il restaure aussi les livres anciens du xvie au xixe siècle. Une demande qui émane souvent de la jeune génération : « J’ai régulièrement des jeunes qui viennent me demander de “sauver” leurs livres en mauvais état. » Ce qu’il préfère cependant, c’est quand on lui laisse carte blanche. L’occasion de sortir un peu des sentiers battus : en témoignent ses deux dernières créations, des reliures réalisées pour des livres d’esquisses de la cathédrale de Strasbourg. Pour la première, il a découpé de très minces bandes de feuilles de pierre, pour ensuite les courber et leur donner la forme de la voute de la cathédrale. Un dessin qu’il a ensuite intégré dans une couverture de cuir. Pour le second, il a reproduit un des pétales de la rosace de la cathédrale, avec des mosaïques de cuir de toutes les couleurs. « J’aime les choses un peu loufoques, qui semblent presque impossibles à faire.»

Label éco-défi

Pour récompenser son implication dans la réduction de son impact environnemental, Didier Marchal a reçu cette année le label « éco-défi » décerné par l’Eurométropole de Strasbourg et la Chambre de Métiers d’Alsace. Il a investi dans un système de récupération d’eau de pluie pour le lavage de ses papiers, dans des panneaux photovoltaïques pour éclairer son atelier, ainsi que dans un boitier éthanol flexfuel pour que sa voiture de livraison roule au biocarburant.

Sur le chemin de l’excellence

À ses clients venus de toute la France, voire d’Allemagne et de Suisse, Didier Marchal promet l’excellence. « C’est en tout cas ce que j’essaye de viser. » Et il semble bien y arriver. Les acheteurs, en tout cas, lui sont fidèles. L’artisan croule tellement sous les commandes qu’il a récemment dû embaucher deux jeunes recrues à temps partiel pour lui donner un coup de main. Fort heureusement, la profession attire de plus en plus de jeunes pousses. Didier Marchal ne les voit pas comme une concurrence, au contraire, c’est lui qui les forme dans son atelier-école. Ayant luimême eu du mal à trouver un formateur lors de sa reconversion à l’âge de 50 ans, il accueille aujourd’hui trois apprentis en CAP relieurdoreur, lui qui affirme n’avoir jamais fini d’apprendre : «Tous les ans, je pars étudier une nouvelle technique.» La dernière en date : le dessin vectoriel. «Ça permet de piloter des machines de découpe pour faire des décors particuliers sur le cuir des livres ». Pour l’instant, les résultats ne sont pas encore à la hauteur de ses attentes, mais le passionné le sait, « il suffit juste de continuer à pratiquer».

Atelier de reliure Marchal 2, rue du Gabon à Illkirch-Graffenstaden marchal.eu

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