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choses Ă faire en arrivant au

Roman

ciel

Pierre-Yves Zwahlen



Pierre-Yves Zwahlen

2 ou 3 choses à faire en arrivant au ciel ! Roman

Éditions LLB



A Michel, pas l’archange, l’autre !


Collection Anaïs Éditions Ligue pour la Lecture de la Bible Chemin de Bérée 70 – 1010 Lausannne – Suisse info@ligue.ch – www.ligue.ch © Ligue pour la lecture de la Bible, Lausanne, Suisse Tous droits réservés 1ère édition 2011 ISBN : 978-2-9700538-8-0 Couverture : Pierre-Yves Zwahlen Photo de couverture : Thinkstock 2e impression 2012 Imprimerie SEPEC, Peronnas, France


Après cela je vis: une porte était ouverte dans le ciel, et la première voix que j’avais entendu me parler, telle une trompette dit: monte ici et je te montrerai ce qui doit arriver ensuite.

Apocalypse de Jean 4.1



Chapitre 1

Trou blanc La chambre était grande et semblait déserte. Les murs et le plafond étaient peints de blanc, le sol recouvert d’un épais tapis beige. Aux angles de la pièce, des lumières dissimulées diffusaient une lumière douce et tamisée. Le silence était profond, rond et chaleureux. Pas un de ces silences métalliques qui vous agresse les nerfs et qui n’est que le fruit d’une absence de bruit. Non, dans cette pièce, le silence était d’un autre genre. Il paraissait harmonieux, doux et comme habité d’une présence. La pièce était nue : pas de meubles, à l’exception d’un grand lit, blanc lui aussi. Draps blancs, futon blanc… et moi, tout de blanc vêtu, couché en son centre comme un enfant trop sage – ou terrifié – d’un pensionnat pour jeunes garçons de l’Angleterre victorienne. Je ne sais pas pourquoi j’évoque l’Angleterre, et

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encore moins la période victorienne. Je n’ai jamais beaucoup aimé ce pays. Trop de pluie et de parapluies, trop de reines et de princes, trop de charbon et de cheminées qui fument, pas assez de soleil et de jolies filles… Mais au diable l’Angleterre et la reine Victoria ! Je ne sais vraiment pas pourquoi je m’égare dans de telles pensées, alors que tout en moi devrait être tendu vers un seul but : me souvenir. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, et encore moins depuis quand j’ai conscience d’être là. Je suis effrayé. Non pas terrorisé, comme lorsqu’un chien vous agresse dans la rue, ou quand un professeur vous appelle au tableau noir pour vous interroger. Non, je suis juste effrayé parce que je ne sais pas où je suis, quand je suis et… à la réflexion : qui je suis ! Une chose est certaine, je n’aime pas l’Angleterre ! Mais c’est un peu maigre comme indice pour bâtir une vie sur ce seul élément. A part si on est Irlandais, bien sûr ! Ah ! l’Irlande ! Il me semble bien que j’apprécie ce pays. Il me revient des images magnifiques, des camaïeux de verts, des falaises grondantes, des tourbières immenses. Peut-être bien que je suis Irlandais. Je m’appellerais Mac quelque chose et je posséderais un beau cottage dans le Connemara ou à Dunqin, à l’extrême pointe de la Péninsule de Dingle, juste devant les Blasket Islands. J’aimerais bien être Irlandais.


Mais, à la réflexion, je pense que je m’égare une fois de plus. Si j’étais Irlandais, j’aurais une bonne pinte de bière avec moi ou une flasque de whiskey dans ma poche. Je sentirais la tourbe et le vent du large. Mais dans cette chambre, il n’y a pas la moindre goutte à boire et pas la plus petite odeur à se mettre sous le nez. C’est énervant de ne pas savoir qui on est ! Je sens que c’est là, juste derrière mon os frontal, mais j’ai beau me taper la tête, rien ne me revient ! Si j’avais un miroir, je pourrais me regarder. Peut-être que mon visage me dirait quelque chose. Peut-être que je suis célèbre ! Oui, c’est ça, je suis une grande star irlandaise qui n’aime pas l’Angleterre et qui a été mise sous coma artificiel à cause de la pression de ses fans. Voilà, ça me revient, je suis Sean Connery ! J’ai été James Bond dans pas mal de films (sept, je crois), j’ai joué avec les plus belles femmes de la terre. Je suis moi-même pas mal de ma personne et je m’ennuie ferme dans ce lit. Écossais ! Sean Connery est Écossais, cela ne peut donc pas être moi ! C’est beau l’Écosse, je n’y suis jamais allé, mais j’ai vu beaucoup de photos, feuilleté quelques livres. A une certaine époque, j’aurais bien aimé faire le Caledonian Channel en bateau. Évidemment en bateau ! On ne fait pas le Caledonian Channel en vélo ! D’ailleurs je déteste le vélo ! On est

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tout le temps assis et mal assis ! Quitte à faire du sport assis, autant choisir la télé ! Bon ! Eh bien j’avance ! Je sais déjà qui je ne suis pas. Je sais que j’aime l’Irlande, que je déteste l’Angleterre et que je ne suis jamais allé en Écosse.

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J’en étais là dans mes réflexions, c’est-àdire pas bien loin et pas mal égaré, quand je remarquai que la poignée de la porte s’abaissait lentement. Je remontai les draps au maximum sur mon visage, comme pour me protéger d’un éventuel agresseur, et je restai là à regarder, comme hypnotisé, la porte tourner lentement sur ses gonds. Comme il fallait s’y attendre, le mouvement ne fut accompagné d’aucun bruit, pas même le frottement doux de l’huis sur les poils du tapis. La porte s’ouvrit en grand et une haute silhouette s’encadra dans le chambranle. C’était un homme. Il n’était pas aussi grand que j’avais cru au premier regard. Si je devais le décrire, je dirais qu’il était de taille moyenne, cheveux blancs mi-longs, un peu dégarni sur le haut du front, juste assez pour lui donner un air intellectuel, yeux bruns, regard doux. Il était vêtu de blanc. Ils doivent avoir des actions sur le blanc dans cet hôpital ! Il resta un assez long moment à me considérer du pas de la porte. Ce n’était pas gênant, ni rien de tout ça. Je n’étais pas mal à l’aise


sous le poids de son regard. J’étais bien, même apaisé. Finalement, il s’avança dans la pièce et s’arrêta au chevet de mon lit. – Bienvenue ! – Bienvenue ? Cela signifie que je suis arrivé quelque part ? – Où en êtes-vous avec vos souvenirs ? Vous avez subi un choc, il est normal que vous ayez une légère amnésie, mais cela devrait s’estomper rapidement. Savez-vous qui vous êtes ? – Je ne suis pas Sean Connery ! L’homme sourit. – Je sais, il n’est pas encore arrivé. Mais cela ne devrait plus trop tarder maintenant ! – Sean Connery doit venir ici ? Je pourrai le voir ? Trop cool ! L’homme sourit encore. Cela devait être un tic chez lui ! Si je devais le décrire, je dirais que c’est un homme qui aime sourire. C’est toujours mieux que de faire la gueule ! – Bien, vous n’êtes pas Sean Connery, alors qui pourriez-vous être d’autre : Georges Clooney, Brad Pitt, Christian Clavier ? – Non, par pitié, ne me dites pas que je suis Christian Clavier ! Je veux bien être le Petit Poucet ou le nain Atchoum si vous voulez, mais pas Christian Clavier ! L’homme sourit encore… Si je devais le décrire je dirais qu’en plus de savoir sourire, il possède le sens de l’humour et qu’il est patient ! Parce que cette histoire identitaire

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commençait à devenir un peu longuette. C’est ce qu’il devait penser lui aussi, car il changea imperceptiblement de position, inclina un peu la tête sur le côté droit et me lança : – Bien, on va un peu stimuler votre mémoire. Je vais vous donner une liste de noms parmi lesquels figurera le vôtre. Essayez de le reconnaître. Vous êtes prêt ? Allons-y ! Michel, Sébastien, Rodolphe, Anselme, Pierre… La liste s’égrenait, monotone et anonyme. Parfois un nom me faisait sourire ou évoquait quelque chose d’heureux ou d’agaçant. Mais aucun ne me parlait de moi. – Jean, Paul, Romain, Arthur, René… – Arthur ! C’est ça ! Arthur, je m’appelle Arthur ! Cela me revient maintenant. Arthur ! C’est moi ! Je repassai et repassai encore ce prénom dans ma bouche comme un bonbon de mon enfance. J’avais toujours aimé mon prénom : Arthur ! Il y avait quelque chose d’épique, de grand, de mystérieux dans ce prénom. Je retrouvais l’écho des armures des chevaliers d’autrefois, la table ronde, la fraternité forte et virile. J’étais Arthur ! Cela, à mes yeux, me distinguait de mes camarades qui portaient des noms falots comme René ou Jules ou Antoine. Arthur ! Il y avait comme un défi au bon sens et à la raison dans ce nom. Un appel


à l’humour décalé, une étrange capacité à voir le monde différemment des autres. Arthur ! – C’est un joli nom, Arthur. Tu le portes bien ! – Merci ! On se tutoie maintenant ? – On s’est toujours dit tu ! J’ai juste fait une exception avant; comme tu ne savais pas qui tu étais, j’imaginais que tu ne savais pas non plus qui je suis ! Ce n’est jamais très agréable de dire « tu » à des inconnus. – OK, et maintenant je suis sensé savoir qui tu es ? – Ça va venir ! Laisse les souvenirs affluer lentement en toi, comme la marée qui remonte doucement sur une plage irlandaise. Eh oui, je sais aussi ça de toi ! Tu aimes l’Irlande. Je n’ai jamais très bien compris cet engouement pour l’Irlande. Trop de verts, trop de mer, trop de pluie et de vent, trop de poètes… – Tu rigoles ou quoi ! C’est justement ça qui rend l’Irlande si belle. Les dégradés de vert à l’infini, la lumière incroyable quand le ciel vient d’être lavé par une pluie battante. Et la poésie ! Le rythme des mots qui répond au rythme du vent, la sonorité rocailleuse du gaélique qui se perd dans le fracas de la vague qui roule… – D’accord, d’accord ! Je me rends ! J’ai compris, l’Irlande est merveilleuse et tu es un poète ! Enfin, dans ton genre, un peu verbeux

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à mon goût, mais en matière littéraire il y a place pour tout le monde. J’en sais quelque chose. – Tu as écrit, toi aussi ? – Ah ! il y a deux éléments dans ta question. D’abord l’affirmation sous-jacente que « toi » tu as écrit, tu serais donc un peu écrivain à tes heures ; et l’interrogation sur mon propre travail d’écriture. Alors pour te répondre : oui, j’ai écrit un livre. – Un seul ? – Oui, un seul, mais pour ma défense, il est assez gros ! – Et il s’est bien vendu ? – On peut dire ça, oui ! Ce fut, et c’est toujours, un assez beau succès de librairie qui me permet de financer quelques petits projets qui me tiennent à cœur. – Comme ? – On parlera de ça plus tard, on n’est pas là pour refaire ma vie, mais pour relire la tienne ! Alors, Arthur, ces souvenirs, ça vient ? On ne va pas y passer la nuit ! Je te mets sur une piste, d’accord ? – Parce que tu sais qui je suis ? – Bien sûr ! Je sais tout de toi ! Ton nom, ton numéro de sécurité sociale, ton métier, ta famille, tes tics, tes rêves, tes défauts, tes goûts préférés, le nom de ton épouse… tout, absolument tout ! – Mais c’est horrible !


– Horrible ? Non, je ne crois pas ! Si je sais tout, c’est parce que tu ne m’as jamais rien caché. Je ne me serais jamais permis de fouiller dans ta vie sans ton autorisation. Je suis ton ami, Arthur ! Et je vais t’aider à te retrouver. Allez, je vais te mettre sur la piste, d’accord ? On est le matin, tu pars au travail comme d’habitude. Tu es employé de commerce, un job que tu n’aimes pas vraiment, alors tu rêves beaucoup. Tu rêves d’Irlande. Ton travail s’en ressent et ton patron le sait. Tu pourrais bien te retrouver au chômage si tu continues. Cette idée t’angoisse. Mais en même temps, ne plus aller au boulot, pouvoir rêver en paix… c’est tentant ! Tu fermes la porte à clé, tu descends à pied les trois étages de ton petit immeuble. Tu ne prends jamais l’ascenseur, c’est bon pour ton cœur et c’est bon pour la planète. C’est ce que tu te dis chaque matin en partant. Tu es un peu répétitif, Arthur ! Tu sors de l’immeuble, tu tournes à droite dans la petite rue. Sur ta gauche il y a une boîte à lettres jaune toute neuve. Tu étais là quand ils l’ont posée, et chaque fois que tu passes devant tu te dis : « J’étais là quand ils l’ont posée ! » Tu es vraiment répétitif, Arthur, il faudra veiller à corriger ça ! Tu marches le long du trottoir, il y a une petite côte, puis après un virage, la route redescend.

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Les souvenirs me revenaient naturellement comme une source qui se serait remise à perler au coteau de la montagne. – Je passe sur un petit pont sous lequel coule une rivière. C’est plutôt un ruisseau. Quand j’ai emménagé là, il y avait des castors qui faisaient un barrage un peu en amont. Chaque matin, quand je passe sur le pont, je regarde la rivière et je me dis : « C’est plutôt un ruisseau ! L’année dernière il y avait des castors qui faisaient un barrage un peu en amont, là, juste au pied de ce grand arbre. » Bon sang ! C’est vrai que je suis un peu répétitif ! J’arrive à la grande route. Il y a un carrefour avec des feux tricolores. Il faut presser sur un bouton pour demander le passage. Comme je suis pressé je ne presse pas. Chaque matin, en passant par là, je me dis : « Comme je suis pressé je ne presse pas ! » et ça me fait sourire. C’est toujours ça de pris sur la journée ! J’ai toujours été célèbre pour mon déplorable sens de l’humour. Je suis généralement le seul à rire de mes gags. Heureusement, je suis bon public alors je m’amuse comme je peux avec mes petits gags à deux balles et mes jeux de mots tarabiscotés. Ce matin, comme tous les matins donc, comme je suis pressé je ne presse pas, petit sourire intérieur, petit coup d’œil à droite, petit coup d’œil à gauche – ou l’inverse, je n’ai


jamais bien su – et je traverse. Un bus arrive mais j’ai le temps de passer. Ils sont lourds et lents, ces bus. De vrais pachydermes routiers qui se traînent bruyamment sur l’asphalte de nos cités. Le bus est plus proche que je ne l’avais pensé, je hâte le pas. La masse du bus me masque la seconde piste de la route. C’est là que surgit brusquement une Audi noire. Ils devraient mettre des écriteaux à côté des feux : « Un bus peut cacher une Audi noire ! ». C’est une Audi comme dans les films : carrosserie noire, vitres teintées en noir, et à l’intérieur des tueurs tout en noir, lunettes noires, costumes noirs, cheveux noirs et même peau noire pour celui qui est assis à la place du mort. Bien sûr, tout cela relève de la plus pure imagination. Allez savoir, c’est peut-être une jolie blonde pressée qui pilote le monstre qui fonce sur moi à 52 kilomètres à l’heure dans la froidure brumeuse du petit matin de mon quartier de banlieue. Je sais qu’il ne sert à rien de courir. Même si j’étais Usain Bolt, je n’arriverais pas à gagner cette course. Et je ne suis pas, mais alors pas du tout, Usain Bolt. Je suis juste un homme pressé qui n’a pas pressé sur le bouton, mais qui risque bien de prendre tout de même l’ascenseur et d’aller beaucoup plus haut qu’il ne l’imaginait ce matin en buvant son café !

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Hurlement des pneus, choc du pare-choc contre mes jambes… je m’envole et me fracasse sur le pare-brise de la voiture. La dernière vision que j’ai est celle du visage de la conductrice. Ce n’est pas une blonde, finalement, ni une brune. Dommage, j’ai toujours aimé les brunes ! Ce n’est même pas une conductrice ! C’est un jeune ! Un de ces jeunes friqués et inconscients qui roulent dans des voitures trop puissantes pour eux et qui vient de m’envoyer valdinguer sur son pare-brise. J’espère qu’il est bien assuré ! Je suis en colère et cela me rassure. On m’avait toujours dit qu’à l’heure de mourir on voit toute sa vie repasser dans un film en technicolor sur écran large. Je n’ai pas vu le film, donc je ne suis pas en train de mourir. Mais le petit jeune va m’entendre ! Choc de mon crâne sur le verre. Bruit des os qui éclatent, sentiment de me déchirer de l’intérieur ! Mal, très mal ! Ecran noir… … … … . Et soudain le flash, comme si on avait rebranché tout le courant d’un coup, mais sur 380 volts. Lumière aveuglante. Tout d’abord, je ne vois rien que ce blanc qui noie tout. Et puis je distingue des sil-


houettes. Des hommes en vert, gantés, masqués, bonnetés. On se croirait dans Grey’s Anatomy, mais quelque chose me dit que nous ne sommes pas dans une série télévisée, même si, à l’évidence, il est question d’anatomie, ou de ce qu’il en reste. Les hommes en vert me masquent le patient qui est couché sur la table. Je ne vois que ses pieds et des tubes pleins de sang ou de je ne sais quel liquide qui sortent de partout. Des machines halètent ou bipent en cœur tout autour de la pièce. On dirait un concert de musique contemporaine. C’est déconcertant, détonnant et disharmonieux. Il ressort de l’ensemble le sentiment que quelque chose ne va pas. Il manque le rythme, la poésie, le sens. Prairies d’Irlande où êtes-vous ? C’est alors que l’un des hommes en vert s’écarte, me dévoilant du même coup l’ensemble de la scène. Et là, horreur ! Je découvre que l’homme couché sur la table, c’est moi ! J’apparais par séquence, entre des champs d’étoffe verte. Verte comme l’herbe d’Irlande. Me coucher, sentir l’odeur de la terre, laisser le vent m’emporter et dormir, dormir pour toujours. Mais une force impérieuse m’oblige à ouvrir les yeux, à regarder de toutes mes forces. Un chirurgien travaille sur mon crâne. On m’a enlevé la calotte. Mon cerveau est à nu. C’est

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étrange de voir son cerveau ! Cela me fait penser à… c’est dans un film mais je n’arrive plus à me souvenir lequel. Il y avait un acteur célèbre… Non pas Connery, l’autre, un Anglais je crois…

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C’est un peu comme si ma mémoire se vidait. Il me semble voir mes souvenirs s’écouler de ma boîte crânienne et se répandre sur le sol carrelé de la salle d’opération. Souvenirs de vacances, éclats de rire, tendresse infinie d’une caresse enfantine, regard plein d’amour et de désir de mon épouse. Oh, mon amour, ne t’en va pas, reste, je t’en supplie, je ne peux pas te perdre; que deviendrais-je sans toi ? Mais les souvenirs s’en vont, ils forment maintenant une flaque informe. Une infirmière marche dessus, les disséminant encore davantage. Ma famille, mes enfants, où êtesvous ? Je ne peux pas vous laisser là sur ce dallage souillé de sang. Il faut que je vous retrouve, que je vous ramène. Vous devez revenir en moi. Au secours ! Les médecins, faites quelque chose ! Mais les médecins semblent occupés à des tâches plus importantes que la sauvegarde de mes chers souvenirs. Ils s’acharnent avec énergie sur mon abdomen. Ils m’ont ouvert de la base du cou au pubis. Je vois toutes mes entrailles. Je peux vous dire que quand on dit


que les choses profondes viennent de l’intérieur, c’est vraiment de la littérature. Parce que ce que je vois, ce n’est pas joli, joli ! C’est même carrément dégoûtant. Je n’étais déjà pas terrible vu de l’extérieur, mais alors heureusement que je fermais bien. Quelle horreur ! C’est moi, ça ! Et ça pue ! C’est pas possible, refermez-moi ! Refermez-moi ! Mais les médecins n’entendent rien ! Ils sont obsédés par leur travail. Les ordres fusent brefs, incisifs : – Bistouri – Clamps – Épongez, vous ne voyez pas que ça saigne ? Épongez, bon sang, je ne vois plus rien ! – Là, c’est mieux. J’ai réussi à ligaturer cette artère, mais il faut absolument que je trouve d’où vient cette grosse hémorragie avant qu’il ne se saigne complètement. – La pression baisse, mettez plus de sang ! Mettez plus de sang, bon sang ! On le perd, on le perd, vite ! –………. – Merde, on y était presque ! – Heure du décès : 11h47. – Ok, les gars, merci à tous ! On est juste dans les temps pour la cafet ! Si on se dépêche, on peut y être avant l’équipe de médecine. Est-ce que quelqu’un sait ce qu’il y a au menu du jour ?

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– Hachis parmentier ! Ce furent les derniers mots que j’entendis sur cette planète. Alors que l’équipe médicale s’activait autour de mon corps, je m’élevai doucement, comme aspiré par une force inconnue. La suite a déjà été racontée par la plupart des mauvais metteurs en scène hollywoodiens. Lumière blanche, long couloir, impression de vitesse, de chute… C’était tout à la fois 2001 Odyssée de l’espace, Contact, Abyss… et puis cette chambre blanche. Et soudain la révélation : Mais je suis MORT ! 24


Chapitre 2

Mortel ! – Mais je suis MORT ! Ce n’était pas une révélation au sens propre du terme, mais plutôt le sentiment terrible d’un vide immense et la certitude que quelque chose d’irréversible m’était arrivé. Je ne serais plus jamais vivant ! Ma vie était terminée ! Là-bas – pour autant que ce mot ait un sens et que je puisse encore me positionner en terme d’espace et de temps – là-bas, des gens devaient me pleurer, préparer mes obsèques, fleurir ma tombe. A moins que tout cela ne soit déjà fini depuis de nombreuses semaines, que le voile du temps ait posé, sur le souvenir délétère de ma brève existence, le voile opaque des mémoires oublieuses… – Te voilà bien songeur ! La voix me fit sursauter. – Bon sang, je t’avais presque oublié ! Que

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fais-tu là ? Laisse-moi tranquille, je suis mort ! – C’est l’impression que tu as ? – Que veux-tu dire ? – Je veux dire… Cela ressemble à ce que tu imaginais de la mort ? – Je ne sais pas, je n’y pensais pas souvent. Pas du tout, même. J’avais le temps, j’avais ma vie à vivre. Je n’avais pas dans mon agenda de plages « Penser à la mort ! » si c’est cela que tu veux savoir. – Et tu te trompais ! – Oui, c’est facile à dire après ! Mais hier, enfin ce matin, bref juste avant l’accident, personne n’aurait pu imaginer que je vivais mes derniers instants. – Non, c’est vrai que tu étais très vivant pour un futur agonisant. Pas très réveillé, ni très attentif, mais incontestablement vivant. Mais revenons à ma première question : La mort ! Déçu ? Étonné ? Perplexe ? – Ben, disons que je ne voyais pas cela aussi… blanc ! – Raconte-moi, cela m’intéresse. Que saistu de la mort ? – Que personne n’en revient ! – C’est assez négatif ! Tu penses être piégé ici pour toujours ? – Ben, disons qu’à part les histoires de morts vivants et de fantômes – auxquelles je n’ai jamais cru – je ne vois pas très bien comment je pourrais retourner dans ma vie.


– Et tu souhaiterais retourner là-bas ? – Évidemment ! J’aimerais revoir ma famille, ma femme, mes enfants, mes amis ! Veiller sur eux, les consoler. Être là ! Cela me paraît normal ! – Cela pourrait être douloureux aussi ! Les voir sans pouvoir communiquer. Assister impuissant à ce qui leur arrive en positif et en négatif. Ce serait un peu comme être dépossédé de ta propre identité, de ta propre vie. Peut-être es-tu mieux ici ! Tu verras, tu finiras par t’habituer. Mais dis-moi, à part le fait que personne n’en revient, que sais-tu d’autre de la mort ? – J’ai beaucoup lu la Bible ! Je sais pas mal de choses sur le paradis, Dieu, tout ça. – Pas mal de choses ? – Oui, je sais par exemple que tu n’es pas saint Pierre, parce que lui, il aurait des clés à la main et il se tiendrait à la porte du paradis pour m’accueillir. – C’est dans la Bible que tu as lu ça ? – Oui ! – Tu as la référence ? Apocalypse ? Ézéchiel ? Daniel ? Habaquq ? Sophonie ? Aggée ? Deuxième aux Corinthiens ? – Je n’ai jamais été très fort pour les références ! Je cite de mémoire. J’ai une très bonne mémoire pour les choses qui m’intéressent. – J’ai vu ça, oui ! Et saint Pierre t’intéresse ? Je commençais à être sérieusement embar-

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rassé. Je savais à peine qui j’étais, absolument pas où j’étais, et me voilà embarqué dans une conversation foireuse sur saint Pierre. J’allais répondre vertement quand il sortit de sa poche un petit trousseau de clés. – Surprise ! – Eh ! Ça ne compte pas ! Les clés du paradis sont plus grandes que ça. Ce sont des clés anciennes, lourdes et encombrantes. – Et qui nous empêche de nous moderniser ? On a bien le droit d’adopter des clés de sécurité qu’on peut mettre dans sa poche et qui interdisent à n’importe qui d’entrer n’importe quand ? Ce n’est pas l’auberge espagnole ici ! – Alors tu es saint Pierre et je suis à la porte du paradis ? – Non, désolé, je ne suis pas saint Pierre et tu n’es pas à la porte du paradis. Rassuré ? – Ben, pas vraiment ! Parce que, d’après mes informations – mais là, je n’ai pas non plus la référence – il n’y a pas beaucoup d’autres portes par ici. C’est le paradis ou… – L’enfer ! – Non, ce n’est pas possible ! Je ne peux pas être en enfer ! – Trop de blanc peut-être ? – Oui, ça aussi, mais surtout… je suis chrétien ! – Ah ! cela change tout ! Tu as une preuve sur toi ? Un extrait de baptême, une lettre de


recommandation de ton pasteur, ou de ton curé ? – Non, je n’ai rien ! Je… je n’ai pas pensé que… en fait, ce n’est pas comme ça que ça marche ! – Ah ? Et comment ça marche ? – Eh bien, je dois être inscrit ici quelque part dans un grand registre. – Dans un grand registre ! – Oui, un grand livre. Je crois qu’il s’appelle « Le Grand Livre des Choses de la Vie », ou quelque chose comme ça. – Tu me parais très vague sur des questions essentielles dont dépendent pourtant ton éternité. Je pense que tu veux parler du « Livre de Vie » dans lequel sont écrits les noms de tous les élus ! – Oui, c’est exactement ça ! – Et tu penses être un élu ? Peux-tu me dire ce qui te fait imaginer ça ? – Eh bien, je suis croyant. J’ai la foi, tout ça… J’ai fait mon catéchisme, je suis allé au culte raisonnablement régulièrement. – Qu’entends-tu par « raisonnablement régulièrement » ? – Oh ! on ne va pas chipoter sur des détails ! L’important est ailleurs, dans l’intensité de ce que l’on vit, le désir de recherche personnelle, un certain sens de la mystique… – Là, je sens que tu t’enfonces ! – Oui, bon, je l’admets, je n’allais pas très

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souvent à l’église. Ce n’était pas vraiment mon truc et les églises sont mal chauffées. Mais j’ai la foi, ça c’est sûr ! Je suis certain que mon nom est écrit dans ce livre. Tu n’as qu’à vérifier ! – En fait, tu es en train de me demander de te croire ! – Euh... oui. – Tu souhaites que j’aie foi en toi. C’est bien ça ? – Euh... oui. – Tu ne penses pas que tu es en train d’inverser les rôles, par hasard ? – Je ne sais pas ! Mais dis-moi, ça se passe toujours comme ça ? Je veux dire… cette conversation, ces questions. Je n’imaginais pas du tout que les choses se passeraient ainsi. – Et qu’imaginais-tu ? Cela m’intéresse. – J’imaginais un grand tunnel, avec au bout, une très belle lumière. Je glisse dans le tunnel pendant un temps qui me paraît à la fois très court et très long. Plus j’avance, plus la lumière est forte et belle. C’est d’ailleurs davantage une pulsation qu’une lumière au sens propre du terme. Il y a aussi une très forte impression de vitesse. Je traverse des mondes, des galaxies, des univers. J’entends des bruits autour de moi, des sons métalliques, comme de l’acier que l’on déforme, des cris, des hurlements, mais je les laisse loin derrière moi. Je glisse toujours vers la lumière qui devient


comme une structure accueillante, une sorte de nid dans lequel je vais me blottir avant d’accéder à une seconde phase de mon voyage… – Côté imagination, ça va ! Tu n’as pas trop de problème ! – Attends, j’ai pas fini ! – J’avais compris ! Mais tu vas le vivre en vrai, ton voyage, et on en reparle dans une minute. Si tu veux bien ! Il n’a pas fini de parler que je suis entraîné dans une sorte de puits sans fond, un immense trou, noir d’abord, mais dans lequel je distingue bientôt une lumière qui pulse dans le lointain. L’impression de vitesse est incroyable ! Moi qui n’ai jamais aimé les sensations fortes, je hurle de toutes mes forces. D’abord de terreur, puis progressivement d’excitation et de joie. Je sens monter vers moi tout un univers de bonheur et de beauté, dont je n’avais jamais imaginé qu’il puisse exister. L’impression de vitesse a disparu. Il me semble que maintenant je flotte dans le vide. Mais la lumière ne cessant de se rapprocher, je dois pourtant continuer ma chute vertigineuse. Les parois du tube se sont éloignées de moi, j’ai le sentiment d’être seul dans l’espace. Je ne saurais dire combien de temps dure ce « voyage ». Quelques secondes ? Quelques heures ? Impossible de le déterminer. Mais je suis bien, heureux, détendu. J’ai l’impression

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d’aller vers quelque chose que j’ai toujours attendu et souhaité de toutes mes forces, mais sans le savoir vraiment. La lumière est maintenant toute proche. Je pourrais presque la toucher. Elle semble habitée d’une vie intérieure. J’entends des voix très douces, des murmures. Je sens sur moi le poids d’un regard aimant qui m’invite et m’attend. Et soudain : arrêt brutal ! Sans transition, je me retrouve assis sur un canapé rouge, immense, comme suspendu dans l’espace. Mes pieds sont posés sur un tapis cotonneux qui ressemble vaguement à un nuage. L’horizon est infini. Rien n’arrête mon regard. Tout est paix et beauté. – JE SUIS ARRIVÉ AU CIEL ! – Pas besoin de crier comme ça, je ne suis pas sourd ! Alors, ça t’a plu ? C’était comme tu l’imaginais ? – Génial ! Super, c’était exactement ça ! Je suis trop fort ! J’avais tout prévu, tout ! Le grand canapé rouge, l’horizon immense, les nuages sous les pieds, l’impression de flotter dans les airs… Et puis, ce sentiment de bienêtre infini. Je pourrais rester là pour l’éternité ! – C’est un peu l’idée ! – Oui, je sais ! Ça valait la peine de faire tous ces sacrifices pour arriver jusqu’ici !


– Quels sacrifices ? Aller à l’église quand il te tombe une dent ? Croire à ce qui t’arrange, mais sans trop approfondir le sujet ? Te faire une petite religion sympa composée de bric et de broc : quelques légendes par ci, quelques citations bibliques sorties de leur contexte par là ? Une petite prière pour couronner le tout ? Et, après tout ça, être certain que ton nom est inscrit dans le grand livre ! – Mais que veux-tu dire ? – Je veux dire mon ami, que si des sacrifices ont été faits pour que tu sois ici, sur ce canapé qui te plaît tant, ce n’est pas toi qui les as faits ! Je te laisse réfléchir un moment là-dessus et je repasse dans quelques siècles ! – Eh ! ne me laisse pas ! Qu’est-ce que je vais faire, moi, pendant tout ce temps ? – Bonne question ! Et il me planta là, sur mon canapé ! Je n’osais pas me lever. Je ne savais pas trop si j’étais capable de marcher sur les nuages et je ne tenais pas vraiment à faire une chute abyssale et intergalactique. Je restai donc sagement assis à regarder le paysage. Le temps passa… Quelques nuages aussi… Il me sembla même apercevoir un groupe d’anges volant dans le lointain, mais mon ex-

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périence dans le domaine étant assez limitée, je ne pouvais décemment pas affirmer que ce fût des anges et non des oiseaux. Je commençais à m’ennuyer un peu. Je repensais à la phrase célèbre de Kafka : « L’éternité c’est long, surtout vers la fin ! » Je n’en étais qu’au tout début et je m’ennuyais déjà !

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Je tentai une descente précautionneuse du canapé mais je ne trouvai rien de solide sous mes pieds. Et d’ailleurs, où aller ? Mon nuage était limité à la taille du canapé. Je pouvais tout aussi bien faire de l’exercice sur le canapé lui-même. Ce que je fis sans plus attendre. Après avoir arpenté mon canapé en tous sens – il n’était pas aussi immense que je l’avais imaginé finalement – je m’assis à nouveau. J’étais en train de me dire que j’avais imaginé le paradis plus peuplé, quand je vis un nuage avec un canapé et une femme assise dériver lentement dans le lointain. Nous nous regardâmes longuement, partageant ce moment rare d’humanité dans un univers où nous ne semblions pas avoir de place. Le nuage, le canapé et la femme avaient disparus depuis un long moment quand j’entrepris de faire un somme. Après toutes ces émotions, je pensais mériter un bon repos ré-


parateur. Et puis, au fond de moi, je cultivais la secrète envie de retrouver mon ami à mon réveil. Je me pelotonnai donc aussi confortablement que possible sur le canapé et attendis que le sommeil me gagne. Rien ! Je vis passer au loin quelques moutons en longue procession, que je comptai avec application. Rien ! Le sommeil me boudait ! Et pas moyen de faire un tour à la salle de bain ! Au fait, comment fait-on, au ciel, pour aller à la salle de bain ? Voilà une question à laquelle aucun théologien n’a jamais apporté de réponse, ni même consacré le moindre livre, que dis-je, le moindre paragraphe. Pas un mot ! Pas une lettre ! Rien ! On ne peut vraiment pas compter sur les théologiens pour se pencher sur les vrais problèmes concrets de la vie ! M’en prendre aux théologiens m’avait fait du bien. Je retrouvais là un terrain sur lequel je me sentais à l’aise : celui du conflit. Malheureusement, celui-ci n’était que virtuel, puisque je ne voyais pas un seul théologien à l’horizon. Je vis passer quelques nouveaux nuages occupés par : un artiste peintre, un

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ouvrier du bâtiment, une danseuse exotique (ce qui me surprit, mais comme elle était jolie, je lui pardonnai sa présence insolite en ces lieux), un médecin, une caissière de supermarché, un conducteur d’autobus, un couple de retraités (je ne sais par quel miracle, ou quel passe-droit, ils avaient eu la chance de partager le même nuage ; peut-être n’avait-on pas pu les séparer), mais de théologien, point ! Je me dis qu’une bonne tempête ferait du bien. Elle aurait le mérite de regrouper tous nos nuages et de nous permettre d’échanger nos canapés et de menus potins. Mais il n’y a pas de tempête au ciel ! 36

J’en étais à me demander si, finalement, l’enfer n’était pas préférable quand, soudain, une voix familière me tira de ma rêverie dépressive. – Alors, c’est le paradis ? Tu t’amuses ? – Tu rigoles ! C’est l’enfer ! – Ah ! non, pas tout à fait ! Et je ne te conseille pas de me pousser dans cette voie-là si tu ne veux pas faire des expériences douloureuses. – Mais enfin, on joue à quoi ? Tu peux m’expliquer ? – Mais on joue au ciel ! Ce n’est pas à ça que tu voulais jouer ? Ce n’est pas ainsi que tu imaginais l’éternité ? Ce n’est pas en tout


point ce que tu m’as décrit ? Où est le problème ? – Je crois que je me suis trompé ! Je crois que je n’avais pas une vision très juste de l’éternité. J’avais imaginé un ciel immense… – avec des nuages… – et des anges qui volent... – et du temps, beaucoup de temps... – beaucoup trop de temps ! – Bien, me dit-il, maintenant que tu as eu ton ciel on peut aller voir le mien, si tu es d’accord ! – Oui, avec plaisir, mais dis-moi, je suis un cas particulier ou ça se passe comme ça avec tout le monde ? – Tu n’es pas plus particulier ni exceptionnel que les autres. Vous êtes tous uniques. Il y en a qui pensent qu’ils vont chanter toute l’éternité, tu imagines ! – Chanter ! Mon Dieu ! – A qui le dis-tu ! – Et tu fais quoi ? – Je les laisse chanter jusqu’à ce qu’ils soient aphones. Après on passe à autre chose. – Encore une question, si j’ose… – Vas-y, j’aime les questions. – J’ai vu une danseuse tout à l’heure, pas une danseuse classique, une danseuse exotique, si tu vois ce que je veux dire. – Je vois très précisément ce que tu veux dire. Où est la question ?

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– Eh bien, je m’interrogeais, comment dire, est-elle vraiment à sa place ici, au ciel… – Mon enfant, si tu veux vivre dans mon monde, tu vas devoir apprendre à vivre avec des gens qui ne sont pas comme toi… – Pas de souci, je n’ai pas de préjugés ! – Bien sûr que si tu en as ! Et je n’avais pas terminé ! Tu vas, disais-je, devoir apprendre à vivre avec des gens qui ne sont pas comme toi, qui ne pensent pas comme toi et qui n’ont pas du tout la même conception du monde, de moi et du paradis que toi. – Mais pour être au paradis, il faut… – Il faut avoir passé sous les Fourches Caudines de ta conception de la foi, de l’univers et de la religion ? C’est ça ? – Euh ! – Ça, c’était vrai pour ton petit canapé sur son nuage. Mais dans mon monde, il en va tout autrement. Tu penses pouvoir y arriver ? – Je crois ! – Bien, alors en route pour le paradis !


Table des matières Chapitre 1

Trou blanc Chapitre 2 Mortel !

9 25

Chapitre 3

Pyjama blanc

39

Chapitre 4

En attendant le jugement

55

Chapitre 5

Le jugement

73

Chapitre 6

Deux ou trois choses à faire en arrivant au ciel

91

Chapitre 7

Une longue histoire du temps

111


Chapitre 8

En surfant sur le temps

131

Chapitre 9

Le Centre Intergalactique de Connexion

145

Chapitre 10

Le Grand Voyage

193

Conclusion provisoire

205

Casting

207

Remerciements

211



23 ou

choses à faire en arrivant au

ciel

Nous connaissons tous ce petit frisson désagréable quand soudain, sans crier gare, l’idée de notre propre mort nous surprend. Qu’y a-t-il après ? S’il y a quelque chose ! Ce livre nous emmène dans une aventure qui n’a rien de morbide, ni de funeste, même si la mort en est le point de départ. A en croire l’auteur, il n’est pas impossible que notre avenir éternel nous réLa deuxièmebelles impression de ce livre été révèle réalisée, même serve quelques surprises etase dans la réalité bien tangible de notre monde, franchement joyeux. sur les presses de l’imprimerie SEPEC à Peronnas, France

Ces pages ne sont pasderéservées à des initiés, mais en avril l’année 2012. il n’est pas inutile d’oser se distancer de certaines idées préconçues et de savoir manier l’humour, pour en goûter tout le sel.

Ce livre pourrait bien bouleverser votre conception de la vie et de la mort !

Collection Anaïs

Editions LLB


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