La Maladie MĂŠditations bibliques
Dans la même série Spécial vacances 32 pages CHF 9.90
TEXTES ET PHOTOS: Pierre-Yves Zwahlen (Photos prises sur le plateau d’Anzeindaz, Suisse)
Les textes bibliques sont tirés de la Bible : Parole de Vie © Société biblique française, 2000 Avec autorisation. La responsabilité de la Société biblique française est engagée uniquement sur le texte biblique cité dans cet ouvrage.
IMPRESSUM Editeur : Ligue pour la lecture de la Bible Chemin de Bérée 70, CH-1010 Lausanne Directeur de la publication : Michel Siegrist Graphisme : Pierre-Yves Zwahlen Impression : Jordi SA, Belp (CH)
Édito La maladie est non seulement un temps d’épreuve, elle est également, souvent, un temps de solitude. Elle nous prive de nos repères familiers que sont le travail, les habitudes de vie, les relations badines avec nos proches. Soudain, tout devient plus grave, plus sérieux, plus inquiétant. Les conversations autour de nous se font à voix plus basse, on se retrouve coupé, sans que rien ne nous y ait préparé, de tout ce qui faisait la légèreté de notre vie. A ce changement brutal, il faut ajouter le poids oppressant de l’inquiétude. Ma maladie est-elle grave ? Qu’en est-il de mon avenir ? Comment interpréter le souci que je lis dans le regard de mes proches ? A toutes ces questions, la foi devrait apporter, si ce n’est des réponses définitives, pour le moins un soutien et un
réconfort certains. Or, on se retrouve souvent démuni dans ce domaine aussi. Nos outils habituels de méditation et de lecture de la Bible ne semblent plus tout à fait adaptés à nos besoins très spécifiques. Les thèmes abordés ne nous rejoignent pas forcément dans notre chemin particulier de souffrance et d’angoisse. Le Guide biblique que vous avez entre les mains est né de ce constat. Il souhaite vous aider à exprimer, avec des mots simples, les sentiments souvent complexes qui se bousculent en vous, et vous permettre de dire, en une prière, les mots qui rejoignent le cœur de Dieu. Pierre-Yves Zwahlen
Responsable du ministère biblique Ligue pour la lecture de la Bible
1
Pourquoi moi ? Ésaïe 41.9-10,13 Je suis allé te chercher jusqu’au bout du monde, je t’ai appelé depuis les régions les plus éloignées. Je t’ai dit : « Mon serviteur, c’est toi, je t’ai choisi, je ne t’ai pas repoussé. » N’aie pas peur, je suis avec toi. Ne regarde pas autour de toi avec inquiétude. Oui, ton Dieu, c’est moi. Je te rends fort, je viens à ton secours et je te protège avec ma main puissante et victorieuse. Moi, le SEIGNEUR, je suis ton Dieu. Je te tiens par la main. Je te dis : « N’aie pas peur, je viens à ton secours. »
La maladie me coupe de mon environnement habituel. Je me trouve tout à coup immobilisé, alors que la vie continue autour de moi, mais sans moi. J’ai soudain le sentiment d’être inutile. Ma vie, en rencontrant la maladie, a perdu une partie de son sens. C’est alors que surgit la question : Pourquoi moi ? Pourquoi est-ce que Dieu permet qu’une telle chose m’arrive ? Estce que je l’ai méritée, provoquée ? Qu’ai-je fait pour être traité aussi durement ? Pourquoi les autres sont-ils épargnés et pas moi ? Il n’est pas rare que cette question engendre un profond sentiment de culpabilité. J’ai tendance à croire que je ne suis effectivement pas à la hauteur, et que mes proches ont toutes les raisons de m’en vouloir. La tentation est alors forte de me replier sur moi-même et sur ma
peine, ou alors de laisser exploser ma colère et ma frustration. C’est peut-être aussi le temps de laisser Dieu me parler, d’écouter ce qu’il a à me dire personnellement… Dieu m’aime. Il m’aime d’une façon unique et personnelle. Il est allé me chercher jusqu’au bout du monde, jusqu’à mon lit de souffrance, pour me dire son amour et le souci qu’il a de moi. Alors que la maladie me terrifie, il me dit : « N’aie pas peur ! ». Alors que mon corps me trahit, Dieu me dit : « Je te rends fort… ». Alors que j’ai le sentiment d’être abandonné, il me dit : « Je te prends par la main… ». Pourquoi est-ce que je suis malade ? Je ne sais pas ! Mais si je laisse Dieu me rejoindre au cœur de ma faiblesse et l’illuminer de sa présence et de sa tendresse, tout cela trouvera peut-être un sens.
Mon Dieu, Il y a tant de contradictions en moi, tant de peur aussi ! J’ai tellement besoin que tu me prennes par la main, que tu me rassures et me dises que je ne suis pas abandonné, que la maladie et la faiblesse n’ont pas effacé toute richesse en moi.
J’ai besoin de découvrir à nouveau que j’ai de la valeur à tes yeux, que ma vie est précieuse, que ma faiblesse présente ne signifie pas que je suis devenu inutile. Je te supplie de me rejoindre dans cette épreuve et de l’illuminer de ta présence, afin que ces jours de peine ne soient pas des jours perdus, mais des instants de grâce. 3
Si Dieu m’aime, pourquoi permet-il cela ? Jérémie 14.19 SEIGNEUR, est-ce que tu as vraiment rejeté Juda ? Est-ce que Sion te dégoûte ? Tu nous frappes, et aucune guérison n’est possible. Pourquoi donc ?
Nous comptions sur la paix, mais rien de bon n’arrive. Nous attendions le moment de la guérison, mais c’est la peur qui vient.
Tout au long de ma vie, on m’a appris à recevoir avec joie les bonnes choses que Dieu a préparées pour moi. Je peux faire la liste de ces cadeaux de Dieu : moments merveilleux de communion intense avec mon Père, bénédictions bouleversantes, pardons accordés… Mais aujourd’hui, je ne comprends plus et je ne peux pas faire semblant d’être d’accord avec ce qui m’arrive. Mes amis me poussent à louer Dieu pour ce qu’il est, et pour ce qu’il fait. Mais moi, j’ai envie – et j’ai besoin – de dire ma révolte, mon incompréhension.
Au lieu de cela, je suis prisonnier de cette maladie. La peur a remplacé la paix, la souffrance a pris la place de la sérénité, la colère a chassé la joie ! Est-ce cela que tu veux pour moi, Seigneur ? Ce chemin de peine, de limitation, de frustration et de douleur est-il vraiment le chemin que tu traces pour moi ? Ou me suis-je fourvoyé moi-même dans une voie sans issue ? Ai-je le droit, Seigneur, d’être en colère contre les autres, contre le monde, et même… contre toi ?
Si Dieu m’aime, pourquoi permet-il cela ? En quoi cette épreuve est-elle utile à mon développement personnel et à l’avancement du Royaume de Dieu ? Je serais beaucoup plus efficace si la santé m’était rendue et si je pouvais à nouveau donner mon temps, mon énergie et mes talents au développement des plans divins !
Si tu m’aimes, Seigneur – et je sais que tu m’aimes – alors je crois que tu peux accepter et comprendre ma colère, qui n’est pas la marque d’une révolte contre toi, mais le signe de ma peur et de mon désarroi.
Mon Dieu, J’ai toujours pu compter sur toi dans les jours de joie, de santé et d’abondance. Aujourd’hui, alors que le chemin devient difficile et tortueux, ne lâche pas ma main. Même si je suis en colère, que je crie et que je pleure, ne lâche pas ma main ! Je n’ai jamais eu autant besoin de toi qu’aujourd’hui. Rappelle-moi la réalité de ton amour, redis-moi les promesses que tu m’as faites, murmure à mon oreille les mots de grâce et de paix, pour que se calme en moi la tempête qui fait rage.
5
Je veux croire à la vie ! Jérémie 31.3-5 « Je t’aime depuis toujours et pour toujours. C’est pourquoi je reste profondément attaché à toi. Je vais te remettre debout, jeune Israël, et tu seras reconstruite. De nouveau, tu prendras tes jolis tambourins pour aller danser avec les gens en fête. De nouveau, tu planteras des vignes sur les collines de Samarie, et les vignerons pourront profiter des premières grappes de raisin. »
Les jours passent, toujours les mêmes ! Les semaines s’écoulent et mes forces diminuent. Je reste là, couché dans ce lit, à attendre un hypothétique avenir. Autour de moi les gens s’agitent, vivent, font des projets ; et moi, je reste là, immobile, inutile ! C’est dur, Seigneur ! C’est encore plus difficile que la maladie ellemême. C’est comme assister à ma propre mort, à ma propre fin. Et pourtant, tu parles d’espérance, tu me dis : « Un jour viendra, à nouveau tu planteras une vigne… ». Je veux te croire, Seigneur ! Je veux croire que ton espérance pour moi ne se limite pas à cette chambre de malade, ou à des bilans médicaux. Je veux croire à la vie, à la
vie que tu donnes. Cette vie belle et abondante. Cette vie où résonnent les tambourins des jours de fête et les rires des enfants. Je veux croire à la vie qui s’enracine dans l’avenir. Je veux croire, avec assez de force, pour planter un arbre, me réjouir de la naissance d’un enfant, oser entreprendre quelque chose de neuf. Je ne veux pas attendre d’être bien, d’être guéri, d’être valide, pour vivre à nouveau ! Je veux t’accueillir avec simplicité et enthousiasme. Je veux consacrer les faibles forces qui sont les miennes à tracer avec toi un chemin de vie. Je veux te laisser me relever et accepter que la douceur de ton amour restaure en moi la force d’espérer.
Mon Dieu, Il y a si longtemps que les rires de la fête n’ont plus résonné dans mon cœur. Il y a si longtemps que je n’ai plus vu le raisin mûrir sur les sarments de ma vigne. Trop longtemps j’ai laissé la maladie et la souffrance obscurcir ma vie. J’ai accepté tout ce gris et tout ce
blanc comme une fatalité, comme une nouvelle manière de vivre. J’ai renoncé à la vie, j’ai baissé les bras et abdiqué devant la difficulté. J’ai juste besoin d’un signe de ta tendresse. J’ai seulement besoin de la chaleur de tes bras, du murmure de ta voix, de l’éclat d’une promesse… pour vivre à nouveau. 7
Et si je ne guérissais pas ? 1 Corinthiens 15.19 Si nous avons mis notre espérance dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus malheureux de tous !
Je dois laisser ma foi grandir, changer, s’ouvrir au monde infini de Dieu.
Il y a une pensée qui, peu à peu, fait son chemin dans ma tête. Elle est arrivée, d’une façon insidieuse, il y a quelques semaines déjà. Tout d’abord, je l’ai rejetée avec agacement comme on le fait en été avec une mouche importune. Mais elle est revenue encore et encore, et maintenant, elle ne me quitte plus. Elle est là, dans mes nuits d’insomnie, elle est là pendant les soins, elle est là quand mes proches se penchent avec amour sur mon lit de malade. Elle est là, tout le temps ! Et si je ne guérissais pas ? Je n’ose pas imaginer la mort. Je ne veux pas y penser. Je veux vivre ! Je dois vivre ! Et pourtant, la pensée de ma fin est en moi, comme un poison qui me ronge.
J’ai peur de mourir. J’ai peur de cet instant terrible où tout s’arrêtera, où le néant me saisira, m’engloutira. J’ai peur de ce voyage sans retour. Je suis terrifié à l’idée de devoir affronter ce moment seul, absolument seul. J’ai la foi. Je crois en Dieu et je l’aime, de tout mon cœur. Mais j’ai la foi pour vivre, pour vivre ici, pour affronter le quotidien, mes épreuves et mes limites, les défaillances de mes proches ou les joies de la vie. J’ai la foi pour vivre, pas pour mourir ! Je dois apprendre à apprivoiser l’idée d’une autre vie, d’une autre réalité. Je dois laisser ma foi grandir, changer, s’ouvrir au monde infini de Dieu. Je dois apprendre à ne pas avoir peur de l’avenir que Dieu m’a préparé, même si, dans mon ignorance, je l’appelle : la mort.
Mon Dieu, Tu m’as créé pour vivre dans ce monde. Tu m’as donné un corps, le sens du temps qui passe, la conscience de mes limites et de mes imperfections.
Je comprends bien que tu essaies de me dire quelque chose d’important, mais c’est tellement difficile de quitter ce que l’on connaît pour aller dans l’inconnu ! Je ne suis pas prêt, Seigneur !
J’aime ce monde ! J’aime ce corps ! J’aime cette vie ! Et maintenant, tu voudrais que je quitte tout cela et que j’aille vivre ailleurs, dans un monde que je ne connais pas ?
J’ai besoin que tu me prépares, que tu ouvres mon cœur et mon intelligence à ton monde. Il faut que tu m’apprennes à vivre dans l’éternité ! 9
La maladie est non seulement un temps d’épreuve, elle est également, souvent, un temps de solitude. Soudain, tout devient plus grave, plus sérieux, plus inquiétant. Les questions se pressent en nous, angoissantes, épuisantes souvent. Paradoxalement, quelle que soit la profondeur de notre spiritualité, on se retrouve généralement démuni face à une épreuve qui nous prend de court et nous propulse dans un monde dont nous ignorons les règles.
Le Guide biblique que vous avez entre les mains est né de ce constat. Il souhaite vous aider à exprimer, au travers de 13 méditations, les sentiments souvent complexes qui se bousculent en vous, et vous permettre de dire, en une prière, les mots qui rejoignent le cœur de Dieu.