Lumières N° 34 - MARS 2021 - 19 E
PROJET
Fenêtre sur ville
La Percée à Decazeville Urbanistes-Paysagistes-Architectes : agence Dessein de Ville Concepteur lumière : Lionel Bessières, Quartiers Lumières
DOSSIER
Éclairage des locaux d’enseignement
Éditorial
Isabelle Arnaud rédactrice en chef
© Quartiers Lumières Ville de Decazeville Maîtrise d’œuvre Urbanistes-Paysagistes-Architectes : agence Dessein de Ville Bureau d’étude structure : BETCE Bureau d’étude VRD : GETUDE Concepteur lumière : Quartiers Lumières Fresque : Sébastien Mazauric, artiste plasticien
Directeur de la publication Jean Tillinac Édition 3e Médias 16, rue d’Athènes 75009 Paris www.filiere-3e.fr Rédactrice en chef Isabelle Arnaud Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80 lumieres.redaction@filiere-3e.fr Publicité Sandrine de Montmorillon Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68 sdm@filiere-3e.fr Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Frédéric Bergossen, Vincent Laganier (Light ZOOM Lumière), Roger Narboni (CONCEPTO) Abonnements Juliette Aguelon compta.3emedias@gmail.com Corrections Laurence Chabrun laurencechabrun@gmail.com Conception graphique et réalisation Planète Graphique Studio 95, boulevard Berthier 75017 Paris Impression et routage Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-La-Pendue © 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Dépôt légal : mars 2021 ISSN : 2259-3772
Paroles de lumière
D
ans ce numéro, nous donnons la parole aux sachants, aux experts, aux créatifs, aux industriels, à tous ceux qui, depuis un an, confinement après confinement, continuent à porter la bonne lumière. Une prise de parole directe à l’heure où colloques, congrès, assemblées générales, salons et autres rassemblements sont interdits. Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto, ouvre cette édition et s’interroge sur le devenir de la nuit urbaine – alors que le couvre-feu nous confine après le coucher du soleil – et invite à repenser la lumière des espaces intérieurs et extérieurs à l’ère post-Covid. Julien Arnal, alors qu’il vient de prendre la direction de La Manufacture des Lumières, se tourne également vers l’avenir, avec pour ambition de « se faire l’écho de l’identité des grands groupes en embarquant leur ADN lumière ». Le Syndicat de l’éclairage, la FNCCR et l’AFE affichent, de leur côté, leur inquiétude quant aux démarchages récents de collectivités par des sociétés qui proposent la fourniture de matériel sans reste à charge. Au cours de l’Entretien, Isabelle Rolland et Christophe Hascoët, agence RICH, nous racontent des histoires lumière, des histoires qui nous font voyager à Penmarc’h, Beyrouth, Dubaï, et Nantes, au fil du remodelage de leurs designs. D’autres narrations de concepteurs lumière suivent avec notamment Vincent Thiesson, de l’agence ON, qui nous invite, avec Alain Gilles et Technilum, à une promenade sur La Croisette, et aussi avec Lionel Bessières de Quartiers Lumières associé à Louis Canizarès, Dessein de Ville, qui nous offrent une « Percée » théâtrale au cœur de Decazeville. Une nouvelle rubrique, « Perspectives », donne la parole aux fabricants, et c’est Jean-Marc Vogel, président de Ledvance France qui s’exprime dans cette édition en plaçant « la lumière sur tous les fronts ». Qu’on la prenne ou qu’on la donne, la parole se trouve, tout comme l’éclairage, au centre des échanges dans les locaux d’enseignement ; et pour Guilhem Massip, en charge de l’énergie au sein de l’agglomération Pau Béarn Pyrénées, « la compréhension de l’éclairage devrait être universelle ». À quand une prise de parole des pouvoirs publics à propos des luminaires UV-C ? Question posée dans le Cahier technique par Sébastien Flet Reitz, président du groupe de travail Luminaires UV-C de LightingEurope et directeur technique du Syndicat de l’éclairage. Trois fabricants présentent cette technologie, qui n’est pas nouvelle, et en expliquent le fonctionnement et l’efficacité que l’on peut en tirer dans la lutte contre le Covid-19. Enfin, nous resterons sans voix devant la sphère d’Oscar Niemeyer mise en lumière par les concepteurs de Licht Kunst Licht, et qui semble en suspension entre ciel et terre…
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© Denis Esnault
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16 © Sylvania. Photo Arthur Pequin
© Quartiers Lumieres
© Technilum. Photo Hugo Da Costa
Lumières Sommaire
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ACTUALITÉS
PERSPECTIVES
0 6 Nuit urbaine, ambiances lumineuses et conception lumière à l’ère
22 La lumière sur tous les fronts, Jean-Marc Vogel,
du post-Covid, par Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto
07 La Manufacture des Lumières, Julien Arnal, directeur général 08 Double Dynamic Lighting 09 Écoconception et étiquetage, LightingEurope 10 CEE en éclairage public : mise en garde 12 iGuzzini, partenaire de Green Pea
président de Ledvance France
DOSSIER 25 Éclairage des locaux d’enseignement 26 La compréhension de l’éclairage doit devenir universelle,
Guilhem Massip, en charge de l’énergie pour la direction de l’urbanisme, l’aménagement et la construction durables, agglomération Pau Béarn Pyrénées
ENTRETIEN
27 L’apprentissage de l’écoute passe par la vision
14 I sabelle Rolland et Christophe Hascoët, agence RICH :
38 Enquête produits : Pour apprendre en toute connaissance de cause
Raconter des histoires lumière
PROJETS 16 À l’affiche à Cannes : mobilier signal sur La Croisette 19 Fenêtre sur ville
6 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
DESIGNER 41 Émilie Cathelineau : Jeux de laiton et de lumière
© Trato
© Signify
© Margret Hoppe - Sebastian Stumpf
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44 MANUFACTURE
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Licht Kunst Licht. Sphere Oscar Niemeyer
42 Trato : la fabrication rationnelle des luminaires
CAHIER TECHNIQUE 44 Luminaires UV-C : désinfection de l’air et des surfaces 46 Luminaires UV-C : à quand une communication des pouvoirs publics ? Sébastien Flet Reitz, président du groupe de travail UV-C à LightingEurope, directeur technique du Syndicat de l’éclairage 47 Osram : comment les UV-C peuvent détruire des micro-organismes. Raphaël Forster, directeur des ventes, Osram 48 Signify : une solution éprouvée pour désinfecter l’air. François Darsy, chef de marché tertiaire et industrie, Signify, animateur du groupe de travail Luminaires UV-C du Syndicat de l’éclairage 49 Ledvance : des luminaires UV-C pour lutter contre les virus. Fabien Junger, responsable du bureau d’étude et Pierre-Yves Monleau, responsable marketing produits, Ledvance
ZOOM 50 Sphère de lumière
PRODUITS 52 B.E.G. présente Luxomat PD4-M-DAA4G 53 CITEL met à jour sa gamme de parafoudres pour éclairage LED
Tridonic propose lumDATA
54 Easy Space, par iGuzzini
Sylvania lance START Waterproof Tubular
56 Nouveautés 58 INDEX
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Lumières Actualités
© François David
Nuit urbaine, ambiances lumineuses et conception lumière à l’ère du post-Covid Confinement, reconfinement, couvre-feu, l’époque n’est pas propice à la découverte de la nuit urbaine. Celle-ci s’étiole dans toutes les villes du monde.
Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto.
L
a nuit est aujourd’hui désertée, à l’exception des travailleurs nocturnes, mais aussi désincarnée, avec la culture et la fête qui ont disparu de nos vies. On pourrait croire que la Covid est plus amie avec la biodiversité nocturne qu’avec la conception lumière. La crise, sanitaire, sociale, économique, psychologique nous tétanise. Elle nous oblige aussi à réfléchir et peut-être à nous réinventer. Les espaces publics, diurnes et nocturnes, sont à repenser pour mieux répondre aux besoins et aux attentes des habitants. Cette pandémie a montré aussi l’envie et le désir d’être dehors, de pouvoir trouver des lieux publics extérieurs d’accueil, ouverts à tous, pour se poser, se reposer, se restaurer. La fermeture des bars et restaurants a souligné les besoins d’espaces publics abrités et de convivialité. Et la lumière urbaine aussi doit être repensée. La conception lumière a dû s’imaginer à distance, sans visites de site, sans chantiers en présentiel, avec quasiment pas d’essais et très peu de réglages. Les réunions en distanciel sont devenues la norme, y compris bien sûr pour les études et les missions menées sur des villes et des territoires à l’étranger. Alors, une lumière urbaine pour qui ? pour quoi ? Cette crise sanitaire qui n’en finit pas et qui a déjà causé tant de dégâts, de douleurs et de peine pose aussi une foule de questions sur nos futures pratiques professionnelles, sur l’évolution constatée des usages nocturnes et sur les nécessaires mutations de la ville de demain. Doit-on attendre de sortir de cette pandémie pour revivre comme avant ou doit-on au contraire s’en servir pour rebondir et réfléchir à d’autres manières de penser la ville, de dessiner nos espaces extérieurs et intérieurs, d’offrir des lieux de nature à proximité de tous, dans ce fameux rayon d’un kilomètre ? Les confinements successifs laissaient paradoxalement la possibilité de sortir la nuit, même à petite distance, ce que ne permet plus le couvrefeu. Et cette situation a révélé à la fois toute la saveur de nos promenades nocturnes essentielles, mais aussi toute la pauvreté des ambiances lumineuses de notre environnement quotidien. Les éclairages uniquement fonctionnels n’encouragent ni au délassement, ni au ressourcement, ni à la poésie. Les stratégies lumière de demain devront donc s’intéresser aux espaces de proximité, aux besoins nocturnes de tous, en bas de chez soi, et non plus prioritairement au centre-ville.
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La possibilité de laisser aux usagers le choix de leurs ambiances nocturnes (en termes de couleurs, d’intensités, de composition) devrait progressivement s’imposer aux élus et aux services techniques pour compenser à l’extérieur le stress du confinement, et offrir d’autres possibles à tous ceux qui vivent dans des espaces très exigus. Et l’intelligence de l’éclairage doit être au service des gens. Il faudrait aussi mailler l’espace public de cocons de bien-être, ouverts à toutes heures, dans le respect des gestes barrières et de la nécessaire distanciation sociale, de manière à réenchanter les nuits urbaines durant et après cette période si difficile. Quid de l’éclairage domestique ? L’autre champ de travail qui s’ouvre aux concepteurs lumière, c’est celui de l’éclairage domestique. Le télétravail et les réunions en distanciel ont révélé toute la misère des éclairages intérieurs, non réglables, peu adaptables, générant des silhouettes en contre-jour, des visages aux ombres portées dignes d’un film d’horreur, des bricolages inadaptés aux caméras des ordinateurs. Lorsqu’on doit rester 23 heures sur 24 chez soi, notamment en période hivernale, on découvre toute l’importance de l’espace disponible, mais aussi tout l’intérêt des éclairages intérieurs imaginés de manière à pouvoir délimiter facilement une sphère d’intimité, à suivre nos déplacements, à évoluer au cours de la soirée, à coller aux besoins de chacun, sans gêner l’autre ou les autres. La luminothérapie domestique, les éclairages chronobiologiques doivent être aussi développés et rendus accessibles à tous pour compenser la perte subie d’exposition à la lumière naturelle, qui ajoute du stress et génère de la dépression saisonnière. Cette ère du post-Covid que nous appelons tous de nos vœux peut donc nous encourager à penser autrement l’espace intérieur et extérieur, leurs éclairages, à faire un bilan des stratégies d’éclairage encore trop souvent centrées sur les seules économies d’énergie, aux dépens du développement des ambiances lumineuses à échelle humaine qui pourraient être mises en œuvre dans les prochaines années. D’autres nuits urbaines sont possibles. Puisse cette pandémie nous permettre de les expérimenter ! n Roger Narboni, concepteur lumière, CONCEPTO
Lumières Actualités
Le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand a confié, en janvier 2021, Dietal, fleuron de l’industrie française de l’éclairage intérieur situé à Saint-Georges-de-Mons, à la famille Dietschi (fondatrice de Dietal en 1979) qui s’est associée au Groupe TTH et à Julien Arnal. Nouveau directeur général de l’entreprise, Julien Arnal, fort d’une expérience de 20 années dans l’éclairage et le management (Philips, Sylvania, Erco, Sunlux) et président du Syndicat de l’éclairage, nous présente La Manufacture des Lumières, nouvelle raison sociale de la société.
Qui sont les dirigeants de La Manufacture des Lumières ? Le groupement des nouveaux actionnaires, soutenu par un triptyque de banques privées, a fait le choix de garder en grande partie les salariés de Dietal, et surtout, l’intégralité des équipes de production. C’est une des valeurs fortes des repreneurs, dont Marc Dietschi (fils du fondateur) est le président : il tient à faire confiance aux « hommes et à leur histoire » pour qu’ils redressent eux-mêmes leur entreprise. Directeur général de La Manufacture des Lumières, je suis aussi épaulé par le groupe TTH (Thierry Torti Holding) qui poursuit ainsi sa diversification industrielle en Auvergne, assurant une durabilité et une solidité financière. TTH est représenté par Thierry Cézard, directeur général d’ACC-M (Ateliers de construction du Centre, société spécialisée dans la rénovation des trains) et des activités industrielles du groupe TTH, qui met à disposition de la nouvelle entité son expérience du retournement. Thierry Cézard est aussi mon associé à la direction des finances et m’accompagne pour consolider notre partenariat. Tout cela crée des synergies fortes : lors de la rénovation des trains, par exemple, il faut intervenir sur la peinture, la tôlerie, l’éclairage. Il est même possible que nous utilisions notre expertise dans la technologie UV-C lors de ces opérations de rénovation. Ces trois expertises, le savoir-faire industriel historique en la personne de Marc Dietschi, mon expérience de management dans le secteur de l’éclairage et Thierry Cézard avec sa compétence dans les procédures de retournement vont nous permettre de construire un partenariat fort avec tous les acteurs. La Manufacture des Lumières est un fabricant français qui compartimente et offre des espaces dédiés à ses partenaires. Quelles sont les stratégies de La Manufacture des Lumières ? Nous souhaitons continuer à travailler en marque blanche sur la France avec une démarche au plus proche du terrain et avec ce patrimoine humain et historique de savoir-faire. Le mot « manufacture » apporte cette connotation positive de travail soigné et de qualité réalisé par des artisans, experts dans leur métier et attentifs aux besoins de leurs clients. Et des « Lumières » car nous allons toucher toutes les applications en éclairage intérieur. Nous allons développer beaucoup plus de produits en lien avec ce que le marché attend, avec la transition énergétique et le
© C. Delvallée
La Manufacture des Lumières Julien Arnal, directeur général
plan de relance afin que chacun de nos partenaires puisse trouver une écoute et surtout des co-développements. Nous serons extrêmement flexibles en embarquant leur ADN lumière et en mettant en résonnance l’outil industriel aussi bien avec la conception que la R&D. En tant que fournisseur des grands groupes, nous nous ferons l’écho de leur identité en fonction des choix de nos partenaires et saurons créer des pôles de compétence entre leur R&D et la nôtre. Ce qui nous permettra de leur offrir la plateforme pour se différencier, s’ils le souhaitent, des standards classiques. La Manufacture des Lumières appartient en quelque sorte à ses partenaires et sera une plateforme ouverte à la créativité pour des solutions innovantes, notamment en ce qui concerne les chemins lumineux, les spots sur rail, les luminaires tertiaires avec tous types de systèmes optiques (diffuseurs, grilles, lentilles) et de toutes les dimensions. Pour atteindre ces objectifs, quels changements devez-vous opérer sur le site de Saint-Georges-de-Mons ? Certaines machines doivent être « rafraîchies » mais l’outil est tout à fait pertinent et performant. Nous allons également réorganiser un peu le site en fonction des pôles de compétence et recréer un espace dédié aux affaires spéciales, qui permettra de réaliser des prototypes dans des temps record. C’est un projet essentiel si l’on veut s’inscrire dans la rénovation énergétique car il faudra s’adapter à des architectures anciennes et avoir la capacité de développer des solutions sur mesure. Quant au patrimoine humain, nous avons sauvé 120 postes sur 137, le projet social affiche son ambition, mais assume aussi des risques forts, avec priorité de réembauche sur 24 mois des 17 salariés non repris, avec possibilité de reclassement, notamment aux ACC. La totalité des postes de production directe a été conservée ; dans un site industriel, pour un bon équilibre économique, il faut respecter la règle des deux tiers/un tiers (deux tiers à la production). Notre priorité est d’honorer des commandes avec fluidité et assurer la volumétrie classique. Il nous faut relancer la machine et retrouver la confiance de nos clients tout en pensant au moyen terme. n
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Lumières Actualités
© DR
Double Dynamic Lighting (Éclairage double dynamique)
L
e programme est soutenu et accompagné par plusieurs grandes entreprises d’éclairage. Ellen Kathrine Hansen (diplômée en architecture) professeur agrégé et directrice de programme en conception d’éclairage au département Architecture, Conception et Technologie des Médias, et l’équipe de recherche ont exploré la combinaison de la lumière du jour dynamique et de l’éclairage artificiel dans un contexte spatial. Une approche qui apporte ainsi une nouvelle dimension aux architectes et experts en éclairage en répondant aux besoins individuels et aux différentes exigences de travail.
Dans le cadre d’un projet de collaboration unique, des partenaires issus des domaines de la technologie et des solutions d’éclairage, dont Fagerhult, iGuzzini, Tridonic, et Zumtobel, travaillent depuis trois ans avec l’université d’Aalborg. « Rethinking Light » (Repenser la lumière) est l’idée qui a inspiré les principales entreprises de l’industrie de l’éclairage à unir leurs forces pour soutenir cette recherche fondamentale sur l’éclairage dynamique. La lumière vient du soleil et peut être directe, réfractée ou reflétée. Ce qui caractérise la lumière naturelle, notamment dans l’hémisphère Nord, sont les grandes variations qui se produisent dans l’image de la lumière, à la fois pendant la journée et l’année, mais aussi en fonction de la météo. Par conséquent, notre expérience de l’intensité et de la température de la couleur de la lumière naturelle change constamment, sans que nous y réfléchissions. Nous devons donc tenir compte de l’impact psychologique de la lumière sur notre bien-être. Comment les différents types de lumière sont-ils perçus ? Quels sentiments sont associés à un après-midi nuageux en novembre par rapport à une matinée ensoleillée d’avril ? Ces émotions profondes et paramètres pour certains réglages de lumière sont étroitement liés à la dynamique de la lumière naturelle. C’est la base du projet DDL. La recherche a révélé que la lumière naturelle nous aide à nous synchroniser avec le rythme naturel de la vie. Être exposé à trop peu de lumière naturelle peut affecter la capacité à dormir, augmenter les niveaux de stress et causer des sautes d’humeur. Une plus longue exposition à la lumière naturelle peut en outre avoir des effets positifs chez les patients après une chirurgie. La lumière naturelle n’est jamais perçue comme 8 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
Une nouvelle approche de la conception et de la technologie de l’éclairage est au centre du projet Double Dynamic Lighting mené par l’université d’Aalborg à Copenhague.
statique ou plate : la température de couleur, l’intensité et la luminosité changent et nous tiennent en alerte. Ce sont des signaux vivants du monde extérieur que notre corps interprète et traite. Ainsi, l’éclairage artificiel peut être utilisé comme un instrument permettant de stimuler différentes activités, dans le temps, sur le lieu de travail fréquenté au quotidien. Les principes de conception empiriques et pratiques ont été décrits, testés et mis en œuvre à travers une série d’études menées dans des environnements de travail d’éclairage dynamique existants, dans les installations du Light Lab de l’université d’Aalborg et dans des modèles informatisés en trois dimensions, entièrement interactifs. L’analyse des réponses des personnes interrogées dans le cadre du DDL révèle une grande différence de confort visuel perçu entre les périodes d’éclairage dynamique et statique, ce qui indique que le travail avec des zones lumineuses et avec des composants d’éclairage direct et diffus et une répartition inégale de la lumière permet d’atteindre un niveau élevé de confort visuel. Les partenaires industriels ont ajouté leurs connaissances en matière d’applications pratiques et ont travaillé main dans la main avec l’université. Ellen Kathrine Hansen a déclaré : « Cette étude vise à définir une approche globale de l’éclairage par le biais de l’association novatrice de méthodes qui peuvent ensuite servir de labels de qualité dans le secteur de l’éclairage. La combinaison des aspects biologiques, esthétiques et fonctionnels devrait jeter les bases du processus de conception. À l’issue de l’étude, les conclusions de ces nouvelles recherches seront utilisées en architecture, dans les spécifications des concepteurs d’éclairage, afin d’aider les utilisateurs dans leur vie quotidienne. » Peter Roos, directeur des solutions produits et projets d'iGuzzini illuminazione, a commenté les travaux de recherche : « iGuzzini a toujours considéré la lumière comme un outil d’innovation sociale qui peut améliorer la vie et le bien-être de la personne à tout moment de la journée. C’est pour cette raison que notre vision s’appelle “Social Innovation through Lighting” et que nous menons depuis 1988 des recherches sur la lumière biodynamique en collaboration avec des universités et instituts de recherche du monde entier. Chez iGuzzini, nous estimons vraiment que toute la communauté de l’éclairage, avec les architectes et les concepteurs lumière, peut adhérer à l’idée du Double Dynamic Lighting pour créer des très beaux espaces, agréables à vivre. » n
Lumières Actualités
Écoconception et étiquetage
L
a Commission européenne n’a pas saisi l’occasion de corriger les nouvelles règles d’écoconception et d’étiquetage (qui auront un impact sur les consommateurs). Les règlements sur l’écoconception et l’étiquetage énergétique adoptés en décembre 2019 ont été révisés. Une version actualisée a été publiée le 26 février 2021, au Journal officiel de l’UE et entrera en vigueur le 1 er mars. Les membres de LightingEurope déplorent que d’importants changements demandés par LightingEurope n’aient pas été inclus. La plupart des nouvelles règles d’écoconception et d’étiquetage énergétique commenceront à s’appliquer le 1 er septembre 2021. Les experts de LightingEurope ont suggéré des modifications
de la réglementation afin de permettre aux utilisateurs privés et professionnels d’avoir un accès durable aux sources lumineuses de qualité et sûres dont ils ont besoin. Le règlement sur l’écoconception mis à jour contient des exigences en matière d’effet stroboscopique ayant des conséquences pertinentes sur le marché. Les produits doivent être modifiés pour se conformer aux nouvelles exigences strictes qui peuvent limiter la disponibilité de certaines lampes pour les consommateurs. Le calendrier publié est très difficile à adapter pour les entreprises, et ce, à un moment où la situation est déjà compliquée pour l’industrie en raison de la crise Covid-19. LightingEurope attend de la Commission européenne qu’elle fasse des efforts supplémentaires pour assurer la conformité totale des produits mis sur le marché, importés d’États non-membres de l’UE. LightingEurope a publié des guides pour aider les entreprises à comprendre et à appliquer ces règles complexes et pour aider les autorités de surveillance du marché à les faire respecter. Des versions mises à jour sont en préparation et seront disponibles d’ici la mi-mars 2021. n
www.lightingeurope.org/
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Lumières Actualités
CEE en éclairage public : mise en garde ! La FNCCR, le Syndicat de l’éclairage et l’Association française de l’éclairage sont alertés depuis quelques semaines, par leurs adhérents, de démarchages auprès de collectivités par des sociétés proposant la fourniture de matériel sans reste à charge. Ces sociétés fournissent, initialement à titre gratuit, puis à 1 €, quelle que soit la quantité commandée, les luminaires aux collectivités qui s’engagent à les installer ou à les faire installer.
L
es CEE (certificats d’économies d’énergie) sont un dispositif au bénéfice des ménages et des entreprises pour la transition énergétique et la croissance verte. En éclairage extérieur, les collectivités, en échange de la fourniture du matériel, cèdent leurs droits aux CEE générés par le remplacement de luminaires aux sociétés en question. Ces dernières récupèrent les CEE auprès du Pôle national des certificats d’économies d’énergie (PNCEE) via les fiches d’opération standardisées relatives aux rénovations d’éclairage public RES-EC-104, puis les valorisent. La FNCCR, le Syndicat de l’éclairage et l’AFE attirent l’attention des collectivités sur le respect des dispositions du code de la commande publique et du CCAG (Cahier des clauses administratives générales) des fournitures courantes et services afin d’assurer un cadrage juridique et invitent leurs adhérents à la vigilance vis-à-vis de ces démarchages pour plusieurs raisons : • Il incombe aux collectivités de faire appel à leurs frais à un installateur pour réaliser les travaux de remplacement des luminaires. La fiche d’opération standardisée RES-EC-104 indique que « la mise en place est réalisée par un professionnel ». L’opération ne sera donc pas neutre en termes de coûts pour la commune. Il en est de même si la collectivité décide d’installer ces luminaires en régie interne. • La prise en compte des travaux de mise en conformité des installations électriques extérieures par rapport au Code du travail entraînera des dépenses non prévues et beaucoup plus importantes qui devront être engagées par les collectivités. • Ainsi, conformément à la norme NF C17-200, le remplacement des luminaires doit obligatoirement s’accompagner d’une note de calcul qui peut conclure à des travaux supplémentaires liés aux installations électriques : - remplacement des protections au niveau du circuit en question à l’armoire de commande : règle du nombre et règle du calibre minimal ; - mise en place de dispositifs différentiels à courant résiduel pour assurer la protection des personnes contre les contacts indirects ; - remplacement des protections au niveau de chaque foyer lumineux ; - installation de parafoudre au niveau de chaque foyer pour lutter contre le risque foudre (dont sont en toute vraisemblance démunis les luminaires bas de gamme fournis à titre « gratuit ») ; - remplacement de tout ou partie du câble existant entre l'armoire de commande et les supports ; - réalisation d’un circuit de terre unique. Ce qui peut entraîner des dépenses supplémentaires conséquentes. Xavier PINTAT Président de la FNCCR
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es luminaires réputés « gratuits », ou à 1 €, comme leurs composants, C sont souvent mal connus ou peu répandus sur le marché français. Il n’y a pas beaucoup de recul vis-à-vis de leur durée de vie. Même si leurs fournisseurs proposent des garanties de remplacement en cas de défaillance du matériel, c’est l’ensemble du luminaire qui sera à remplacer et non le composant défaillant en question, ce qui implique, à nouveau, une empreinte carbone non négligeable. Or, la durée de vie attendue de luminaires de qualité (en état de fonctionnement, conforme au service attendu) est supérieure à 20 ans. • Attention aux mentions, parfois trompeuses, voire abusives, de marques reconnues visant à faire valoir la qualité d’un des composants du produit (module LED, driver…) : ceci ne préjuge pas de la qualité du luminaire fini. • Le matériel proposé est souvent déclinable en plusieurs puissances, nombres de LED, types de lentilles. Mais le fournisseur de ce matériel ne réalise aucune étude d’éclairement spécifique aux dispositions des infrastructures d’éclairage des collectivités, ni ne fournit les fichiers datas nécessaires aux études photométriques propres à chaque projet. Il est donc impossible de savoir si le matériel installé répondra aux exigences de performances requises par la classe d’éclairage de la voie selon la norme NF EN 13201. • Les luminaires, même s’ils correspondent aux conditions d’éligibilité de la fiche RES-EC-104, ne sont pas nécessairement conformes à l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif aux nuisances lumineuses, notamment en termes de températures de couleur proposées, ou d’absence d’informations concernant les indices ULR des luminaires. Pour rappel, conformément à l’article R583-7 du Code de l’environnement, les infractions aux prescriptions de l’arrêté du 27 décembre 2018 sont passibles d’une amende au plus égale à 750 € par installation lumineuse irrégulière. Afin de renforcer les connaissances des utilisateurs, le Syndicat de l’éclairage – auquel s’est associée la Fédération des distributeurs en matériels électriques – a publié une « Charte LED » qui indique les vingt critères objectifs permettant d’évaluer la qualité et la fiabilité d’un luminaire LED. Le but est de fournir aux maîtres d’ouvrage un référentiel du matériel d’éclairage et de garantir des rénovations de qualité, performantes et durables. En effet, le constat d’un parc d’éclairage vieillissant et énergivore est sans appel (la majorité du parc d’éclairage a plus de 25 ans) ; or, la rénovation de l’installation d’éclairage constitue une grande source d’économies d’énergie et les nouveaux luminaires sont éligibles aux CEE délivrés par les fabricants sur simple demande. Néanmoins, cette rénovation ne doit se faire ni au détriment de la qualité de l’éclairage apporté aux administrés, ni au détriment de l’argent public sous couvert d’une prétendue gratuité. n •
Julien ARNAL Président du Syndicat de l’éclairage
Gaël OBEIN Président de l’Association française de l’éclairage
Lumières Actualités
LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 11
Lumières Actualités
iGuzzini, partenaire de Green Pea
G
© iGuzzini
La culture de la lumière comme élément d’innovation sociale est l’élément distinctif d’iGuzzini, qui est présent au premier étage du bâtiment Green Pea avec The Light Experience ; l’endroit où les visiteurs peuvent toucher la perfection de la lumière d’iGuzzini. L’espace, inspiré par les géométries pures et les couleurs chaudes et uniformes de la peinture métaphysique, montre les applications extérieures et intérieures des luminaires iGuzzini, pour les commerces, les bureaux et surtout l’hôtellerie et l’habitat, dans le but d’inspirer les architectes, les concepteurs d’éclairage et les particuliers à concevoir et à apprécier la lumière. Plus de 25 scènes d’éclairage individuelles, d’une durée totale de 7 minutes, accompagnent les visiteurs dans une découverte multisensorielle d’innombrables possibilités d’application et d’effets lumineux, réalisables grâce à des solutions innovantes conçues pour améliorer l’expérience des personnes dans différents espaces, tout en maintenant un confort visuel élevé et une parfaite intégration dans l’architecture. iGuzzini a éclairé d’autres espaces intérieurs du bâtiment Green Pea. Des projecteurs Palco avec système de contrôle DALI, installés sur des rails de tension secteur et caractérisés par un rendu des couleurs élevé, éclairent certains stands des partenaires principaux situés au rez-de-chaussée, notamment ceux de FCA et d’Iren - pour lesquels des projecteurs View DALI à haut confort visuel ont également été utilisés -, et certains espaces situés aux deuxième et troisième étages. Les luminaires miniaturisés Laser Blade XS et Palco sur rail basse tension avec technologie DALI, d’autre part, assurent un éclairage général et précis des produits exposés dans de nombreux espaces du premier étage, où une version spéciale des projecteurs Palco (avec la technologie Tunable White) a également été utilisée. En outre, à l’extérieur de la structure, des projecteurs MaxiWoody montés sur poteaux éclairent les zones piétonnes de manière uniforme dans la continuité des luminaires installés à l’extérieur du Lingotto Eataly de Turin, le premier magasin Eataly au monde. n
© iGuzzini
© iGuzzini
reen Pea est installé dans le bâtiment de 15 500 m² de Turin, conçu par les architectes Cristiana Catino (ACC Naturale Architettura) et Carlo Grometto (Blue Architects Associates Shop) et, pour l’ingénierie mécanique, par l’ingénieur Gabriele Gerbi (studio SAPI). Green Pea accueille 66 magasins, un musée, 3 restaurants, une piscine, un spa et un club dédié aux loisirs créatifs. Au total, 72 lieux où l’on peut découvrir des produits conçus pour durer et qui peuvent être réutilisés ou recyclés lorsqu’ils arrivent en fin de vie. C’est sur la base de ces conditions que Green Pea a également choisi comme partenaire iGuzzini, qui inspire son travail sur les principes du développement durable. « Le partenariat avec Green Pea est une source de fierté pour iGuzzini car il témoigne de notre engagement en faveur d’un développement durable et responsable des entreprises afin de protéger l’environnement et les personnes. L’opportunité de participer à ce projet renforce notre collaboration avec la famille Farinetti, commencée en 2007 avec Eataly, avec qui nous partageons le désir de mettre les personnes et la qualité de leur vie au centre », a déclaré Massimiliano Guzzini, vice-président et directeur général de iGuzzini illuminazione.
© iGuzzini
iGuzzini illuminazione est partenaire de Green Pea, le premier Green Retail Park au monde dédié au thème du respect de la nature et le troisième projet d’entreprise de la famille Farinetti, après UniEuro et Eataly.
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© Denis Esnault
Lumières Entretien
Isabelle ROLLAND et Christophe HASCOËT Agence RICH
Raconter des histoires lumière Parcours• • • Isabelle Rolland, architecte DPLG, et Christophe Hascoët, designer, croisent leurs expériences en architecture, graphisme, design et éclairage. Ils développent depuis plus de 20 ans l’exploration de la lumière sous toutes ses formes : de la dimension « objetéclairant » à celle du « territoire éclairé ». Leur collaboration commence alors qu’Isabelle Rolland est assistante d’édition chez Sens & Tonka éditeurs et que Christophe Hascoët, designer indépendant à Paris, collabore avec Yann Kersalé. De 2003 à 2013, ils s’installent à Beyrouth au Liban et créent Caï-Light, agence de conception lumière et de design d’objets-éclairants, avec un passage de trois ans à Dubaï, de 2006 à 2009. En 2013, de retour en France, ils créent Rich Designers à Nantes et poursuivent leur écriture transversale. Leur démarche consiste à faire avec les contingences, à examiner les lieux, à s’interroger sur les modèles et leur histoire propre dans la volonté de produire une vue juste, poétique, résonnante, intégrant ou rejetant les particularités relevées, évitant les concepts trop déterminés au profit d’un ensemble de touches successives.
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Isabelle Rolland et Christophe Hascoët, fondateurs de l’agence Rich, mêlent plastique et ingénierie dans une construction de lumière aussi rigoureuse que technique. De la scénographie au design, leur expression, au verbe sensible et poétique, raconte des histoires lumière. Qu’est-ce qui vous a conduits à travailler la lumière ? Christophe Hascoët – J’ai suivi une formation en construction mécanique et à ce titre j’ai appris à développer des objets ou dispositifs, ce qui m’a rapproché du design. Isabelle et moi venons de Douarnenez, qui est aussi la ville de Yann Kersalé. J’ai été marqué par son projet Le Songe est de Rigueur, dont il a fait un film avec Henri Alekan comme directeur de la photographie. C’était la première fois qu’on voyait un éclairage artistique dans un site naturel (à la pointe de la Torche, dans le Finistère). Yann m’a ensuite proposé de rejoindre son agence où je suis resté de 1990 à 1994. Je me suis ensuite installé à Paris en indépendant et j’ai travaillé sur des projets d’éclairage extérieur. La première collaboration avec Isabelle Rolland date de 1997 : il s’agit de la mise en lumière du phare d’Eckmühl à la pointe de Saint-Pierre, à Penmarc’h en Bretagne, qui célébrait les cent ans de la tour. Nous avions un peu détourné le projet et proposé, plutôt que de n’éclairer que le phare, de scénographier la chaussée rocheuse. Isabelle Rolland – Malheureusement, seule la première phase du projet a été réalisée ! Avant de rejoindre Christophe dans la conception lumière, j’ai fait des études d’architecture à Nantes, puis suis devenue assistante d’édition
chez Sens & Tonka éditeurs jusqu’en 2001. Je ne me sentais pas prête à aborder l’architecture par sa matérialité et je me suis rendu compte que c’était par la lumière que j’allais pouvoir travailler l’espace, qu’elle offrait quelque chose de moins prégnant que l’architecture. C’est la rencontre avec Annabel Karim Kassar, architecte, en 1998 qui nous a mis le pied à l’étrier. Depuis, nous concevons des objets éclairants ou travaillons sur des mises en lumière architecturales intérieures, extérieures, et dans toutes sortes d’environnement, sans domaine prédéfini. Vous vous définissez donc autant comme designers que concepteurs lumière ? Christophe Hascoët – Oui, dès le début. Notre première collaboration avec Annabel concernait l’éclairage intérieur d’un petit palais ottoman à Beyrouth. Le projet était tellement spécifique que nous avons dessiné une dizaine d’objets lumineux que nous avons fait fabriquer en petite quantité en France. Publiés dans de nombreuses revues de design et d’architecture, ils ont remporté un certain suffrage de la part des professionnels. Ainsi encouragés, nous avons créé, en 2003, au Liban, une société d’édition d’objets de design et de conception lumière, Caï (initiales de Christophe, Annabel et Isabelle) Light, qui nous a fait connaître à l’international. En
Lumières Entretien
Inspirations Îlot B Muse, île de Nantes. Architectes Barré-Lambot. Prix ACEtylène 2020 « Coup de cœur » catégorie petit budget.
Avez-vous des domaines de prédilection dans lesquels vous intervenez ? Christophe Hascoët – Nous n’avons pas à proprement parler une « identité lumière », mais nous souhaitons étendre notre champ d’application à l’éclairage urbain. De façon générale, il faudrait que les concepteurs lumière soient systématiquement impliqués et associés aux architectes, dans toutes les typologies d’espaces, que ce soit en intérieur ou en extérieur… qu’il y ait plus de visibilité sur la discipline. Bien entendu, nous continuons à créer des objets éclairants, la dimension domestique nous intéresse, et bénéficions de savoir-faire et de compétences techniques artisanales incroyables qui sont propres à la France. Isabelle Rolland – On commence à être appelés sur des projets extérieurs et nous apprécions cette façon de porter une attention particulière à ces espaces partagés, ces espaces collectifs dans les lieux publics. Nous développons notre approche écologique, en considérant « le milieu » et les relations intérieuresextérieures/publiques-privées. Nous devons cultiver notre rapport sensible à la lumière tout en entretenant nos connaissances techniques. L’approche se complexifie et c’est là tout notre rôle. Un travail collaboratif avec les architectes, les urbanistes se généralise de plus en plus et permet d’enrichir notre façon de raconter la lumière. n
© Denis Esnault
Quels projets vous définissent le mieux ? Christophe Hascoët – Les bureaux du « Voyage à Nantes » illustrent bien notre approche. Ces bureaux occupent un ancien bâtiment de l’usine LU, dont la rénovation a été confiée à l’agence d’architecture Block. L’éclairage était très mal ressenti par les usagers. Nous sommes intervenus en site occupé et avons décidé de ne pas démonter ce qui avait été fait deux ans auparavant mais de juste l’adapter. On a créé un filtre qu’on a greffé sur les appareils existants afin de réduire l’éblouissement et d’améliorer le confort des usagers. On a aussi changé les tubes fluorescents tout en conservant les réglettes afin de proposer un IRC plus élevé et une température de couleur homogène. Enfin, nous avons complété cet éclairage par des lampadaires que les occupants pouvaient gérer eux-mêmes. Isabelle Rolland – Une autre réalisation me tient à cœur : l’œuvre lumière sur l’unité d’habitation de Le Corbusier à Firminy que nous venons de livrer. Nous avons travaillé avec l’artiste plasticien Bruno Peinado pour
créer « De deux choses lune, l’autre c’est le soleil ». Comme nous n’étions pas autorisés à percer la façade, nous avons créé des accessoires afin d’installer les appareils sur le toit-terrasse. Toute notre conception est synchronisée avec les quatre phases de la lune et se fonde sur les réflexions de Le Corbusier sur le soleil, la nature, les habitants, la matière et les couleurs. © Rich
2006, la guerre au Liban nous oblige à quitter Beyrouth et on s’installe à Dubaï alors en pleine construction. Isabelle Rolland – Cela n’a pas été facile de nous imposer car plusieurs agences anglosaxonnes, d’architectes ou de concepteurs lumière, étaient déjà bien implantées. Nous intervenions surtout en architecture intérieure, en particulier dans l’hôtellerie et la restauration, ce qui nous définissait surtout comme des designers, même si, dans l’émirat voisin Ajman, nous avons travaillé sur les espaces extérieurs. Puis la crise financière de Dubaï en 2009 nous a contraints à repartir à Beyrouth. Nous y avons réalisé un projet assez emblématique de notre démarche lumière : il s’agit du Souk Entertainment Center conçu par les architectes Valode et Pistre. Cette installation de 1 600 m², entre média-façade et modénature lumineuse, est résolument orientée vers l’espace public. Nous avons dessiné une modénature cristalline visible de jour, avec un pixel qui scintille naturellement sous l’effet du soleil et s’anime de vibrations lumineuses du crépuscule à l’aube, utilisant la vidéo comme source lumineuse.
Les Inséparables, 2018.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud
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Projets
© Technilum. Photo Hugo Da Costa
Lumières
Maîtrise d’ouvrage Ville de Cannes Designer Alain Gilles Conception lumière Vincent Thiesson, agence ON Fabricant du mobilier signal Technilum Installateur Engie
À L’AFFICHE À CANNES : MOBILIER SIGNAL SUR LA CROISETTE
© Technilum. Photo Hugo Da Costa
Un design créé par André Gilles, à la conception lumière Vincent Thiesson, agence ON, et avec Technilum fabricant de mobilier urbain, tel est le trio qui a composé l’équipe retenue pour offrir à la promenade une nouvelle ponctuation lumineuse. En 2018, la ville de Cannes entreprend une vaste opération de réaménagement des restaurants de plage le long de la célèbre promenade et lance un appel d’offres pour renouveler les mâts qui marquent les accès à la plage.
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L
es mâts existants, non éclairants, abîmés, disparates, en bois blanc, comportaient le nom et le numéro de chaque plage ainsi que la carte de chaque établissement. Le concours, lancé par la ville concerne à la fois le design, la conception, la fabrication et la mise en œuvre « d’un mobilier signal » qui doit venir rythmer les quelque 1 300 mètres de La Croisette. Le cahier des charges détaillait toutes les fonctionnalités du mât : le porte-fanion, le portemenu, l’enseigne, le numéro de la plage, un éclairage
d’ambiance, un éclairage urbain. « La municipalité souhaitait quelque chose de fort et élégant et discret et retenu, ce qui n’est pas évident à concilier, se souvient Alain Gilles, designer choisi par Technilum. J’ai commencé par diviser le mât en deux parties : les détails les plus proches, la main est capable de les toucher alors qu’à 7 m de haut les éléments sont à peine visibles. C’est finalement l’enseigne qui crée un jeu graphique, qui marque distinctement les deux parties. »
© Technilum. Photo Hugo Da Costa
Un concept lumineux en trois plans Une fois la forme du mât définie par Alain Gilles, le designer et le concepteur lumière n’ont eu de cesse d’échanger et de dialoguer pour faire évoluer l’approche technique. « Nous avons travaillé à trois niveaux différents, explique Vincent Thiesson : tout d’abord à l’échelle de La Croisette – pour une vision d’ensemble de l’espace –, puis à celle de la lecture tout simplement de l’enseigne – il fallait que le lettrage soit aussi visible de jour que de nuit – et enfin, au niveau des escaliers donnant accès à la plage avec une lumière d’ambiance qui va au-delà d’un éclairage fonctionnel. » Pour offrir une vision générale de la promenade, le concepteur a travaillé un balisage lumineux avec une synchronisation des quarante mâts qui jalonnent La Croisette, « un petit défi technologique, souligne Vincent Thiesson, pour passer une fibre et un signal DMX entre les mâts pour les accorder les uns aux autres ». À la nuit tombée, la partie haute des mâts, qui comprend des mini-réglettes de deux fois 17 LED RGBW, dessine des lignes d’un blanc chaud (ou couleurs selon le scénario) en pointillés qui scintillent à l’unisson le long de la promenade. Ces points lumineux créent une identité visuelle le long de La Croisette et soulignent la courbure particulière de la baie. Un certain nombre de scénarios dynamiques
© Technilum. Photo Hugo Da Costa
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sont proposés pour accompagner les événements de la ville et chaque mât est pilotable individuellement. La scénographie de base propose une teinte en blanc chaud, apaisante et douce. Les enseignes en polycarbonate, orientées perpendiculairement à La Croisette, structurent et rythment la promenade, et intègrent des LED dirigées vers les porte-fanions positionnés au-dessus ; de jour, elles apparaissent blanches avec un lettrage noir tandis que la nuit, un rétroéclairage dessine le nom des plages en blanc sur un fond sombre. « Enfin, ajoute Vincent Thiesson, nous avons ajouté un petit projecteur pour éclairer chaque entrée de plage, que nous avons disposé à hauteur d’homme et qui diffuse une “lumière matière” chaude de 2 700 K. » Un mât intelligent aux multiples fonctions En tout, pas moins de 230 éléments constituent chaque ensemble : un mât en aluminium de 6,50 m, les points lumineux, projecteurs, l’électronique embarquée, la signalétique, les accessoires. C’est ainsi qu’un seul mobilier couvre plus de 10 services : • Le porte-menu permet d’accueillir six pages A4, facilement interchangeables au gré de l’inspiration des chefs. LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 17
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© Agence ON
• Le
balisage et la scénographie de la baie avec 34 points lumineux sur la coiffe de chaque mobilier. • L’éclairage des entrées de plages. • La vidéosurveillance : la caméra permet de capter les images à 180° et est reliée au CSU de la ville (Centre de sécurité urbaine). • La sonorisation : les haut-parleurs intégrés permettent de diffuser messages d’information ou musique d’ambiance, de manière programmée ou en direct. Une alerte aux tsunamis peut également être émise en urgence et de manière centralisée avec les dispositifs existants de la ville. • L’enseigne lumineuse. • La numérotation des plages à la finition dorée. • Le porte-fanion.
• Les
dispositifs anti-oiseaux, et même une boîte aux lettres. « Unique en son genre, déclare Agnès Jullian, présidente de Technilum, cette mutualisation permet de limiter drastiquement l’encombrement de l’espace public, pour le plus grand bonheur des promeneurs. C’est aussi un gain significatif en termes d’installation et de maintenance, mutualisation des réseaux et des travaux de voirie, notamment. Un design astucieux porté par le savoir-faire de Technilum qui, depuis ses débuts, n’a de cesse de privilégier les concepts rationnels valorisant le paysage urbain. » n Isabelle Arnaud
Balisage Croisette Mini-réglette intégrée au mât Diodes électroluminescentes RGBW Cabochon en verre légèrement dépoli
Adressage Mini-encastrés intégrés à l'enseigne Diodes électroluminescentes 2 700 K
Identification des accès aux plages Lumière-matière Mini-projecteur architectural Diodes électroluminescentes 2 700 K
Enseigne Rétro-éclairage intégré au boîtier de l’enseigne Diodes électroluminescentes 2 700 K
Source : Agence ON
Menu Mini-appareil défilé encastré intégré à l’enseigne Diodes électroluminescentes 2 700 K
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© Quartiers Lumières
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La commune de Decazeville (Aveyron) a lancé une opération de revitalisation de son centre-ville porté par un projet d’urbanisme sur la nouvelle percée qui relie la ville haute et la ville basse. Le projet d’éclairage de Quartiers Lumières accompagne cette ambition en offrant un nouvel environnement nocturne, parfaitement intégré au programme architectural et urbain de l’agence Dessein de Ville.
«D
ecazeville fait partie de ces communes qui ont bénéficié d’un AMI (appel à manifestation d’intérêt) centre-bourg », explique Louis Canizarès, urbaniste et architecte. Centre minier important, la ville a traversé une crise économique et sociale, à la fermeture des exploitations en 2001, qui l’a conduite à lancer en 2016 un concours afin de revitaliser le cœur de ville. « Ce qui est très intéressant, précise Louis Canizarès, c’est qu’il nous a été demandé une réflexion très large, à l’échelle de la ville, au-delà des espaces qui allaient être aménagés, c’est-à-dire la rue Cayrade et la percée. » La percée, réalisée sur un dénivelé de 15 m, offre une ouverture sur un paysage arboré qui a permis d’apporter de la lumière sur la rue Cayrade plutôt étroite et sombre.
Une percée tout en décor théâtral « Le nouvel aménagement redonne la place aux piétons, aux cyclistes, et réintroduit de la nature là où elle avait disparu, répondant ainsi aux attentes des habitants, précise l'architecte. Le caractère très original du passage nous a conduits à imaginer un lieu de pause où les gens auraient plaisir à s’attarder. Ainsi, nous avons ponctué les paliers des escaliers de terrasses végétalisées. » La tâche n’était pas facile, car se posait la question de l’ensoleillement ; en effet, au sud, les bâtiments projettent une ombre importante sur la percée. « Pour réaliser les aménagements, poursuit Louis Canizarès, il fallait nous éloigner le plus possible de cette ombre. Nous nous sommes donc positionnés contre le pignon nord orienté au sud et avons travaillé sur les volumes en créant des plantations, des
© Quartiers Lumières
FENÊTRE SUR VILLE
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Decazeville Maîtrise d’œuvre Urbanistes-Paysagistes-Architectes : agence Dessein de Ville Bureau d’étude structure : BETCE Bureau d’étude VRD : GETUDE Concepteur lumière : Quartiers Lumières Solutions éclairage Comatelec, Derksen, iGuzzini, LED Puck, Lumenpulse, Meyer, Selux Programmation DMX Quartiers Lumières Installateur Eiffage Artiste plasticien Sébastien Mazauric Fabricant fresque Guillot Préfa
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vail volumétrique trouve également son expression dans l’écriture nocturne du site par Lionel Bessières, Quartiers Lumières.
jardins suspendus qui accompagnent la déambulation. » L’architecte a proposé d’intégrer un ascenseur vitré pour les personnes à mobilité réduite et d’animer la paroi tournée vers l’est. Il a sollicité le plasticien Sébastien Sébastien Mazauric et son Trojan Tactics Studio qui ont conçu une fresque, réalisée sur des plaques carrées en béton moulé aux teintes et reliefs différents. « Les travaux étaient à peine achevés, se souvient Louis Canizarès, qu’un soir, j’ai vu des voitures passer, puis s’arrêter et les occupants sortir pour venir voir de plus près la nouvelle mise en scène urbaine. » Mais la revitalisation de l’espace ne s’arrête pas là, et le jeu de la lumière qui s’entrelace avec le tra20 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
Un projet lumière pensé dès le concours Une fois n’est pas coutume : ici, la lumière naturelle occupe un rôle prépondérant dans l’aménagement du paysage et la perception de la percée pendant la journée. Le défi était de taille : il fallait que l’image nocturne des espaces fasse écho à l’œuvre des architectes et à ce que les habitants voient de jour. Le concepteur lumière s’était déjà familiarisé avec Decazeville quelques années auparavant lors de la mise en lumière du chevalement minier. Engagé dans l’étude éclairage dès le concours, Lionel Bessières a travaillé sur les volumes de la percée : « Cette brèche dans le tissu urbain s’ouvre sur une vue magnifique de la vallée, en bas de la déclivité ; nous étions en quelque sorte liés par cette perspective. Et même si, la nuit, les arbres disparaissent dans l’ombre, il fallait restituer cette respiration dans le bâti et comprendre les volumes imaginés par les architectes. Pour cette raison, nous sommes allés assez loin dès le début du concours en termes de rendus graphiques, d’images 3D et avons effectué un gros travail de modélisation afin d’anticiper le plus possible les effets lumière et de vérifier les niveaux d’éclairement dans les escaliers. » Requalifiée, la rue Cayrade a elle aussi bénéficié d’un nouvel éclairage, fonctionnel et simple, qui guide le piéton vers cette percée. Variations de couleurs douces Le projet d’éclairage s’articule autour d’une lumière colorée et dynamique dans des variations très lentes et doucement perceptibles afin de ne pas dénaturer l’espace public. « La mise en lumière devait s’ins-
ter le ciel nocturne ! Les escaliers, quant à eux, sont éclairés à l’aide d’appareils miniatures, insérés dans les mains courantes et adaptés sur place lors des réglages. La lumière résiduelle se faufile entre les marches et vient, comme par magie, créer des effets inattendus sur le sol. Devant l’ascenseur, des images de gobos projetées au sol reprennent le même graphique que la fresque imprimée sur les parois béton et sur les façades aveugles environnantes. C’est grâce à la modélisation 3D que nous avons pu dimensionner la taille des projections des gobos au tout début du projet. » Où que l’on se trouve, les lumières accompagnent la déambulation sans jamais gêner la perception du geste architectural et apportent bien-être et sécurité, transformant la percée en un lieu à la fois spectaculaire et confortable. n Isabelle Arnaud
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crire dans l’architecture, ce qui signifiait que nous ne pouvions pas utiliser de mâts, explique Lionel Bessières. Il fallait aussi respecter les exigences de sécurité : obtenir les niveaux d’éclairement requis, notamment aux deux entrées d’ascenseur, et veiller à ne pas éblouir les personnes qui regardent vers le haut lors de la montée ni celles qui regardent vers le bas lors de la descente. » La mise en lumière évolue au cours de la soirée, avec des tons blancs durant la semaine et des lumières colorées le week-end ou lors d’événements particuliers. Des encastrés de sol, pilotés en DMX, éclairent les verticales et la fresque de Sébastien Mazauric, qui a pu jouer avec la lumière artificielle afin de générer des ombres sur son œuvre. « Aujourd’hui, ajoute Lionel Bessières, je n’utiliserais cependant pas cette typologie de luminaires qui illuminent les arbres, nous devons réapprendre à mieux respec-
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La lumière sur tous les fronts Jean-Marc Vogel
Président de LEDVANCE France Vice-président de la Commission Sources lumineuses du Syndicat de l’éclairage
Ledvance, à sa création en juillet 2016, après sa scission avec Osram pour la partie éclairage général, était considérée essentiellement comme un fabricant de lampes, forte de son usine historique située à Molsheim en Alsace. En 2018, le bannissement des lampes halogènes donne un coup d’arrêt brutal à la production du site. Plusieurs solutions sont examinées. Finalement, le site alsacien est retenu par le groupe pour consolider les activités logistiques européennes en conservant les emplois. Le site se met en marche et développe ses activités connexes : bureau d’étude, activités d’assemblage de luminaires personnalisés, services supports pour le segment professionnel, grand public et E-com. Récemment s’ajoute une compétence dans la photolyse, notamment les applications faisant appel à la technologie UV-C. Au cours des quatre dernières années, Ledvance s’est transformée pour devenir un leader incontesté sur le segment des luminaires.
DR
Comment Ledvance a-t-elle opéré sa transition ? En l’espace d’une décennie, l’industrie de la lumière s’est totalement transformée par étapes successives. Avant que n’intervienne cette technologie disruptive de la LED, notre modèle économique (références limitées et verticalisation poussée) se fondait sur la production massive répondant aux besoins récurrents de la demande, et ce, au plus près des centres de consommation. Pratiquement chaque pays disposait de son usine de production écoulant des millions de lampes par an, rien que 400 millions pour le site de Molsheim. La LED, quant à elle, emprunte le modèle économique bien connu des semi-conducteurs et reconfigure la chaîne de valeur de la filière (composant électronique, production de masse, logistique). Les entreprises « historiques » ont dû gérer d’une part, le déclin de la technologie traditionnelle en restructurant particulièrement l’outil industriel, et d’autre part diriger les ressources et compétences afin d’assurer la montée en gamme des produits LED, au risque de disparaître. Dans le même temps, une kyrielle de nouveaux arrivants délestés d’héritage ont saisi l’opportunité de la LED, artificiellement accélérée par les bannissements des produits traditionnels.
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En quoi la valeur ajoutée a-t-elle changé ? Ledvance doit accentuer sa valeur sur la prescription, la mise en œuvre de la lumière, son intégration intime dans notre environnement, la conception des installations et le service apporté aux clients utilisateurs. Et dans tous ces changements, une constante fondamentale subsiste : la lumière visible et l’extension au-delà de ses frontières, autrement dit la
Lumières Perspectives
lumière sur tous les fronts. D’un côté de cette frontière, le domaine invisible des ultraviolets, technologie centenaire et maîtrisée par les professionnels de la filière, inconnue par une large majorité et qui, dans les circonstances dramatiques que nous connaissons, est entrée dans le vocabulaire de chacun. De l’autre côté, dans le domaine des infrarouges, la LED intégrée dans le produit phare d’un géant de la Tech. On en oublierait presque que cet assistant de santé indique l’heure, mesure la fréquence cardiaque avec ce point commun aux frontières de la lumière visible : la santé. La maîtrise de nouvelles technologies permet aussi de rappeler et de donner une nouvelle vie à des principes déjà établis, mais abandonnés, faute d’efficacité ou simplement par désintérêt. Le premier téléphone sans fil, inventé il y a plus d’un siècle par Graham Bell, basé sur un système de miroirs et exploitant la lumière du soleil n’est-il pas l’ancêtre du LiFi ? Quels sont les autres axes sur lesquels vous travaillez ? Les sujets sont nombreux et leur diversité donne une touche particulière à cette filière si dynamique et attractive. La qualité de la lumière demeure un sujet essentiel à nos yeux. Nous déployons tout notre savoir-faire à l’amélioration de sa perception, à ses bienfaits pour l’utilisateur ainsi qu’à l’intégration de cette technologie dans nos sources et luminaires. Cette dernière étape nous est facilitée grâce à la maîtrise et à l’intégration en amont de nos propres composants. Human Centric Lighting Biolux restitue cette qualité d’éclairage en offrant une lumière temporelle calibrée sur le cycle circadien (notre horloge interne), et ce, en fonction de la population concernée avec ses différents besoins, des espaces dans lesquels elle évolue allant du bureau à l’habitat privé, en passant par des salles de classe ou autres lieux de vie tels que les Ehpad. Cela demande néanmoins des efforts de communication et de vulgarisation. Si les économies d’énergie demeurent fondamentales dans la poursuite de développement, nous nous soucions bien entendu de l’écoresponsabilité. Économie circulaire, réparabilité, réduction de matières premières sont inscrites dans nos agendas.
“C’est tout cet environnement digital qui a permis à Ledvance d’être plus résiliente”
La LED, bien plus que sa fonction basique d’éclairement, a été à l’origine de la digitalisation de la lumière lui donnant accès aux écosystèmes des IoT. Cela a donné naissance à de nouvelles opportunités de croissance au travers d’usages de plus en plus versatiles pour l’utilisateur. Nous offrons d’ailleurs une large gamme de lampes et luminaires connectés compatibles avec les standards Bluetooth, Zigbee et Wi-Fi. Nous nous efforçons d’ailleurs de rendre cette technologie accessible à tous et nous avons lancé une campagne de communication sur les grandes chaînes de télévision française en février, une première pour Ledvance. Dans quelle mesure le secteur de l’éclairage peut-il tirer une « leçon » de cette crise sanitaire ? Il y a autant de réponses à cette crise que de secteurs d’activité et les modèles économiques ont été mis à l’épreuve en subissant un « stress test » impartial. Notre modèle omnicanal ainsi que la diversité de notre offre, supportée par l’économie digitale, nous rendent, dans une certaine mesure, plus robustes face à des événements imprévisibles. Cette crise a balayé tous les doutes, s’il devait encore y en avoir, quant à la digitalisation des tâches. C’est tout cet environnement digital qui a permis à Ledvance d’être plus résiliente. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 23
Lumières Dossier
Éclairage des locaux d’enseignement Dossier réalisé par Isabelle Arnaud
École Jules-Ferry, Gujan-Mestras (33) Solution éclairage : Sylvania © Sylvania. Photo Arthur Pequin
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Lumières Dossier
Guilhem MASSIP En charge de l’énergie pour la direction de l’urbanisme, l’aménagement et la construction durables, au sein de l’agglomération Pau Béarn Pyrénées
© DR
Ingénieur électrotechnicien, Guilhem Massip est un pionnier : en 2003, il crée une cellule énergie à la ville de Pau et lance en 2006 une vaste opération de rénovation de l’éclairage. Pas moins de 250 salles de classe de la capitale béarnaise entament ainsi leur transition énergétique avant l’heure.
Où en est la ville de Pau dans son processus de rénovation des salles de classe ? Guilhem Massip – Faisons un rapide retour en arrière : en 2006, nous avons développé des compétences d’éclairagisme au sein de l’équipe d’électriciens de la cellule énergie qui travaillait sur le projet de rénovation des 250 salles de classe. À l’époque, l’opération a connu un écho retentissant et elle reste un point de référence encore aujourd’hui. En passant des tubes T8 avec ballasts ferromagnétiques aux tubes électroniques T5 dotés de détection de présence, la ville a réduit ses consommations de 77 %. La deuxième opération, en 2015, a permis de passer aux produits LED, ce qui a généré 95 % d’économies sur les consommations (par rapport aux T8). En installant moins de luminaires, on a quasiment divisé par 10 la puissance installée. Forts de cette expérience, nous sommes devenus des sachants en « éclairage public intérieur » et appliquons désormais ces compétences d’éclairagisme à tous nos projets, bureaux compris. Les rénovations se poursuivent, avec des retours sur investissement assez courts ; aujourd’hui, nous avons rénové à peu près 90 % des salles de classe primaires et maternelles. De plus, le modèle est facilement reproductible, quelle que soit la salle de classe. Peut-on parler dans ce cas d’un cahier des charges « type » concernant le projet d’éclairage d’une salle de classe ? Écrire un cahier des charges pour l’éclairage
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La compréhension de l’éclairage doit devenir universelle de salles de classe primaire, c’est simple, même si les objectifs sont différents. On améliore le confort, en prenant en compte la lumière naturelle – généralement en distinguant le côté fenêtre et le côté couloir –, en éclairant le tableau différemment selon qu’il est numérique ou pas… Globalement, le projet doit répondre aux exigences de la norme EN 12464-1 et comporter les adaptations nécessaires pour obtenir le meilleur confort possible. Par exemple, nous préconisons un éclairage direct/indirect, de la détection de présence pour tous les locaux et de lumière du jour pour les salles de classe, et conforme aux prérequis des certificats d’économies d’énergie, avec a minima une efficacité lumineuse de 130 lm/W. L’étude d’éclairage (obligatoire) doit s’inscrire dans le projet de rénovation globale, en tenant compte du facteur de réflexion des parois, de la couleur des matières, du mobilier, du confort des élèves et des enseignants. Comment définissez-vous les critères de confort visuel ? L’indice de rendu des couleurs doit être supérieur à 80, c’est la base. À Pau, nous avons opté pour une teinte chaude de 3 000 K, que nous estimons plus adaptée au ressenti des occupants, et, dans les écoles, les revêtements sont plutôt de couleur froide. Si nous n’en sommes pas encore au HCL, c’est tout simplement pour une question de budget. Quant au contrôle de l’éblouissement, nos luminaires ont un UGR de 16 avec un
bon équilibre des luminances obtenu grâce à un éclairage direct/indirect. De plus, nous choisissons plutôt des sources de lumière dites « de surface » qui offrent une meilleure répartition de la lumière. Les besoins sont-ils les mêmes selon le type d’établissement (école, collège, lycée, université…) ? Les besoins changent surtout en fonction de l’activité : par exemple, des salles de TP, ou d’informatique, ou de dessin, auront des exigences distinctes. De la primaire jusqu’à l’université, les principes de base restent les mêmes ; l’environnement, les surfaces, les matières et les couleurs feront la différence pour le choix du luminaire. Quelles recommandations pouvez-vous faire aux collectivités qui souhaitent suivre l’exemple de Pau ? L’exemple de Pau n’est ni exceptionnel ni difficile à suivre et devrait être plus courant. L’éclairage est l’affaire de tous et il suffit d’intégrer ces compétences : la compréhension de l’éclairage doit devenir universelle parmi les acteurs. Le maître d’ouvrage est rarement un sachant et les collectivités doivent davantage travailler sur l’éclairage intérieur. Les enjeux de l’éclairage sont simples et massifiables : la formation est essentielle pour mieux les comprendre. n
Propos recueillis par Isabelle Arnaud
© Trilux. Photo Christoph Meinschäfer
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Internationale Gesamtschule Heidelberg (IGH) Architectes : Michael Weindel & Junior Architekten GbR Solution éclairage : Trilux
L’apprentissage de l’écoute passe par la vision Ressassé mille et une fois, nous savons bien que « plus de 70 % des informations que nous recevons passent par la vision ». Donc par la lumière. En cette période de pandémie, finalement, les enfants sont ceux qui ont été le moins touchés par le télétravail. Encore que cela ne soit pas vrai pour les étudiants, qui sortiraient bien volontiers de l’ombre pour aller rejoindre les amphithéâtres. Mais c’est un autre sujet. Les plus jeunes ont besoin de continuer à recevoir un enseignement dans les meilleures conditions possibles. Si le chauffage pèse lourd dans la facture énergétique, que dire de l’éclairage ? Les collectivités n’en sont pas toujours conscientes, mais un éclairage vieillissant nuit à plus d’un titre : il consomme beaucoup, entraîne des interventions de maintenance coûteuses et freine la concentration, entraînant par fois une fatigue excessive. Tous les outils sont disponibles pour y remédier et même aller plus loin, et apporter un certain bien-être.
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aut-il rappeler les préconisations de la norme 12464-1 ? La réponse est oui ! Absolument. Comme le souligne Guilhem Massip dans son interview (voir page 26), ce n’est qu’après avoir pris en compte les recommandations de la norme que l’on peut s’attarder à la création d’ambiances (oui, c’est permis, même et surtout dans les maternelles), au choix des luminaires et objets lumineux (il n’y a pas que dans les cours de récréation que l’on peut s’amuser : la lumière peut être ludique) : l’un n’empêche pas l’autre, au contraire. Alors, commençons par le b.a.-ba. Avec les performances des appareils disponibles aujourd’hui, obtenir 300 lux sur les tables dans les écoles primaires et secondaires et 500 lux sur les tableaux noirs, verts ou blancs, est un jeu d’enfant ; et 500 lux pour les plus grands dans les amphithéâtres n’est pas plus compliqué. Plus le travail est précis et plus on va crescendo dans les niveaux d’éclairement : par exemple, pas moins de 750 lux dans les salles de dessin industriel et celles des écoles d’art. En revanche, étonnamment, 100 lux seraient suffisants dans les réserves pour le matériel des professeurs… Le contrôle de l’éblouissement est donné pour une valeur d’UGR inférieure ou égale à 19, mais il n’est pas rare que les solutions permettent 17 ou 18. Précisons que l’UGR est une donnée de projet liée aux calculs d’éclairage, et non une donnée propre aux produits. Par conséquent, si l’UGR d’un luminaire est indiqué sans référence à un projet d’éclairage spécifique, il peut avoir été calculé avec les valeurs par défaut définies dans la publication CIE 117 pour un espace dit de référence. Rappelons que la seule considération de l’UGR ne suffit pas :
l’équilibre des luminances joue un rôle tout aussi important pour le confort, en particulier pour celui des tout-petits en maternelle. Réglementation : la rénovation encadrée En dehors de la norme EN 12464-1, quelques textes réglementaires s’appliquent en France, notamment en ce qui concerne les travaux de rénovation. L’arrêté du 3 mai 2007 (modifié par l’arrêté du 22 mars 2017) indique des niveaux de performance énergétique à atteindre lorsqu’on modernise le chauffage, la climatisation, l’éclairage d’un bâtiment existant. Les articles 42 à 46 fixent les exigences pour toute rénovation de l’installation d’éclairage, quelles que soient la surface et l’ancienneté du bâtiment ou de la partie de bâtiment rénovée. Un autre arrêté, celui du 13 juin 2008, concerne les travaux de rénovation énergétique lourde réalisés sur l’ensemble du bâtiment. Normes, arrêtés, même si on ne peut ni ne doit ignorer ces textes, ce n’est ni la normalisation ni la réglementation qui « motive » la rénovation de l’éclairage, elles en précisent le cadre. Alors que ce soit la mairie, le département, la région, qu’est-ce qui va inciter une collectivité à renouveler l’éclairage des établissements d’enseignement ? Les économies d’énergie et donc la réduction des consommations et celle de la facture électricité. Et Guilhem Massip l’explique en préambule, les moyens pour y parvenir sont simples : détection de présence et de lumière du jour. Et justement, toutes les écoles devraient utiliser la lumière naturelle comme source d’éclairage principale avec des taux de lumière du jour de 4 à 5 % et au moins 20 % de vitrage sur les murs extérieurs, explique-t-on chez Thorn.
Des salles de classe aux cafétérias, en passant par les laboratoires et les bibliothèques, l’éclairage joue un rôle majeur dans la mise en place d’un environnement adapté aussi bien aux étudiants qu’aux enseignants. 28 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
© Thorn
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itué au cœur du quartier historique du Marais, à Paris, le Centre de recherches interdisciplinaires est une référence d’excellence pour les aspects innovants apportés aux méthodes didactiques. Il s’agit d’un lieu de rencontres et de débats pour étudiants, enseignants, chercheurs, institutions françaises et internationales et pour le grand public, où l’on adopte une approche multidisciplinaire, dans laquelle les nouvelles technologies (digitales et robotiques) et leurs applications sont étudiées et analysées au niveau de leurs répercussions économiques et sociales. L’intervention de rénovation, dirigée par Patrick Mauger, a créé un bâtiment où la partie résidentielle, gérée par Eddy Vahanian, se mêle aux espaces à usage pédagogique : le résultat est un espace fluide et modulaire, dynamique et multifonction. L’éclairage artificiel s’insère dans ce contexte en privilégiant l’homogénéité et la diffusion. Le choix des appareils a été adapté aux activités exercées dans les différentes zones. L’éclairage artificiel crée des atmosphères, souligne les formes et les matériaux de l’édifice. Tous les appareils sont gérés par un système qui permet de répondre parfaitement aux différentes exigences de zones communes et de travail. Une différenciation des températures de couleur a d’emblée été adoptée : 4 000 K aux étages supérieurs où se déroulent les activités de recherche, tandis qu’au rez-de-chaussée et
au sous-sol, qui regroupent les espaces et les services communs pouvant accueillir des manifestations et des rencontres, une température plus chaude de 3 000 K a été choisie. Dans la bibliothèque, à double hauteur, l’éclairage apporté par les lignes de lumière iN30 s’intègre aux projecteurs Frontlight disposés au plafond. Dans l’auditorium du Centre, des iN30 et des Underscore ont été installés le long des côtés, tandis que des encastrés Pixel Pro apportent un complément spécifique sur la zone réservée à l’enseignant. Dans les étages supérieurs, des centaines d’iPlan Easy éclairent les laboratoires et les salles de cours et d’apprentissage. Des lignes de lumière apportées par les plafonniers iN30 contribuent à l’atmosphère énergique de l’édifice. Un passage extérieur relie les laboratoires : des passerelles éclairées par des projecteurs iPro participent à la mise en valeur des façades intérieures. Les couloirs du bâtiment le plus ancien sont éclairés par des Linealuce Mini qui fournissent une lumière rasante par le bas pour souligner les murs en pierre. La partie résidentielle accueille les chambres des étudiants, où des appareils comme les Bos, Underscore et View, recréent une atmosphère plus domestique et intime, tout comme dans les petits salons communs, où le choix s’est porté sur des encastrés Laser Blade et des lampes sur pied iPlan.
© iGuzzini. Photo Didier Boy de la Tour
© iGuzzini. Photo Didier Boy de la Tour
© iGuzzini. Photo Didier Boy de la Tour
Maître d’ouvrage : Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) Architectes : Eddy Vahanian, Patrick Mauger
Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), par iGuzzini
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Cumnor House School, Haywards Heath (Angleterre) Conception lumière : PJR Design (Brighton) Architectes : George Baxter Associates (Haywards Heath) Matériel d’éclairage : Ridi Le projet concerne deux nouveaux bâtiments : l’école maternelle qui comporte une seule grande pièce ouverte dotée de luminaires Arktik-LED PS contrôlables à l’aide du dispositif DALI afin de pouvoir profiter de quatre ambiances lumineuses différentes allant du mode tamisé au mode luminosité intense. Et pour améliorer encore plus l’efficacité énergétique, les luminaires sont équipés de détecteurs de présence.
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© Ridi
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Campus Ekonomikum, Université d’Uppsala. Architecte et conception lumière : Sweco Architects, Jonas Kjellander Solution éclairage : Erco L’architecte Jonas Kjellander a créé des surfaces sombres et des surfaces claires qui alternent et accompagnent les différents espaces de lecture.
© Erco Photo Johan Elm
© Erco Photo Johan Elm
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• • • Suite de la p. 28 D’ailleurs, comme le montrent les exemples des pages 33 et 35, la lumière du jour et l’éclairage artificiel vont souvent de pair. L’utilisation d’une gestion simple de l’éclairage artificiel, d’une interface utilisateur intuitive ainsi que de systèmes de détection automatique de présence et de lumière du jour permet à la fois de réaliser d’importantes économies, d’offrir un confort supplémentaire et de maintenir un éclairage propice à l’apprentissage. Interaction de la lumière avec la couleur et la matière À partir de ces automatismes, la création et le pilotage de scénarios lumineux deviennent aisés et contribuent à améliorer les conditions d’apprentissage à quelque niveau que ce soit, mais aussi le bien-être des élèves et étudiants. La salle de lecture du campus Ekonomikum de l’Université d’Uppsala (Suède) en est une
étonnante illustration (voir photos ci-dessus). Pour créer un espace à la fois calme et propice à la concentration, l’architecte et concepteur lumière Jonas Kjellander, agence Sweco Architects, a joué avec les zones d’ombre en les intégrant complètement au projet d’éclairage. L’architecte a créé une zone de discussion sous le plafond suspendu étoilé, disposant 14 fauteuils autour d’une cheminée à gaz, au centre de la pièce qui n’a aucun apport de lumière du jour. Aux nombreuses possibilités de s’asseoir et de changer de position et de méthode de travail pendant les sessions d’étude l’architecte a associé autant de solutions d’éclairage qui peuvent être commandées individuellement. Exactement ce que préconise le pédagogue allemand Dr Otto Seydel, de l’Institut pour le développement des écoles : « Pour permettre aux enfants d’apprendre à résoudre des problèmes de manière autonome, des espaces polyvalents, • • • Suite p. 34
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Collège Simone Veil, à Lamballe (22), par Ridi
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© Colas Durand. Photo Luc Boegly
Maître d’ouvrage : conseil départemental des Côtes-d’Armor Architectes mandataires : Colas Durand Architectes Architecte associé : Dietrich Untertrifaller
© Colas Durand. Photo Luc Boegly
lumière naturelle, la nuit tombée, tout en donnant de la profondeur au bâtiment. Dans les salles de classe, situées au deuxième niveau, ouvertes sur l’atrium, véritable rue intérieure, des suspensions (de la même gamme) s’intercalent avec les poutres. « Une seule gamme de luminaires, réparables et maintenables, est déclinée en encastrés, suspensions ou en saillie, en fonction des espaces, précise Raynald Vilaine, chef des ventes, Ridi. Elle offre une efficacité lumineuse entre 90 lm/W et 120 lm/W selon les modèles, et une température de couleur de 4 000 K. » Afin de respecter la demande de la maîtrise de l’énergie du cahier des charges, l’éclairage artificiel est commandé par une horloge crépusculaire qui le déclenche dès que la lumière naturelle est insuffisante, et des détecteurs de présence ont été installés dans les parties communes.
© Colas Durand. Photo Luc Boegly
e collège Simone Veil est situé au cœur d’un paysage rural le long de la départementale. Le bâtiment, de 120 m de long, protège la cour de récréation des vents dominants tout en regardant vers le cadre paysager qui lui est offert. La forme du socle du bâtiment épouse la topographie et dessine une large courbe qui s’ouvre sur la ville. L’ensemble des matériaux sont sélectionnés pour leur insertion paysagère et leur pérennité. Le corps du bâtiment en ossature et bardage bois se pose sur un socle de béton laissant la place à une grande façade rideau de verre tournée vers la cour. La mise en valeur des matériaux bruts donne toute sa poésie à l’espace. « L’écriture est contemporaine et puise son essence dans l’emploi du bois révélé par une lumière naturelle omniprésente venant irriguer chaque espace, explique Raphaël Colas, architecte. Une ambiance chaleureuse se révèle depuis l’atrium jusque dans les classes grâce à l’usage du bois en élément principal de l’aménagement intérieur. » Verrière centrale, puits de lumière et vitrage double hauteur éclairent le cœur des circulations intérieures qui interagissent entre elles via un jeu de passerelles superposées. Pour conserver sa transparence au bâtiment, en dessous de ces passerelles et insérés discrètement dans les plafonds bois, les luminaires Venice de Ridi prennent le relais de la
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Les salles de classe de la Broughton Primary School d’Édimbourg, au Royaume-Uni, sont équipées de suspensions IQ Wave de Thorn.
© Sylvania
accueillants et sains sont nécessaires. Pour cela, la lumière est utile à de nombreux égards. Elle permet de modifier les conditions ambiantes sur simple pression d’un bouton. » Dans les salles de classe, les élèves et les enseignants ont besoin d’un éclairage approprié à l’activité. Même si les contraintes budgétaires ne le permettent pas toujours, pouvoir faire varier l’intensité et la température de couleur, et intervenir sur les luminaires pour adapter la lumière favorise les échanges d’information. Il est beaucoup question de performance, de stimulation, de concentration, mais n’oublions pas que l’école est également un lieu où l’on se détend, on joue et où l’on se restaure. Dans les nouvelles salles de l’école élémentaire Jules-Ferry à Gujan-Mestras (33), pas de dalles encastrées, mais des lignes lumineuses continues (de Concord) installées perpendiculairement au plafond et dotées d’optiques antiéblouissement. La gradation est possible via l’interrupteur mural.
Quid des espaces annexes ? Les circulations, les sanitaires, la cantine doivent également bénéficier d’éclairages efficaces. Dans les couloirs, qui restent allumés toute la journée, compte tenu des flux des élèves, on peut installer des détecteurs de présence qui permettent de baisser le niveau d’éclairage en dehors des interclasses, jusqu’à par exemple 20 % ou 30 %, • • • Suite p. 36
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© ignacio prego architectures
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Maître d’ouvrage : Région Île-de-France Maîtrise d’œuvre : IPA (Ignacio Prego Architectures), architectes
Lycée polyvalent Voillaume Aulnay-sous-Bois (93), par Regent
© ignacio prego architectures
© Regent. Gilles Bures
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e lycée Voillaume scolarise plus de 2 100 élèves dans 77 divisions, avec trois pôles : un enseignement général (740 élèves) ; une formation technologique dans le domaine des services avec quatre BTS tertiaires (720 élèves) ; et une formation professionnelle dans le domaine de la production industrielle avec quatre BTS (600 élèves). Le projet de rénovation du lycée offre l’opportunité de redynamiser de manière globale et durable le cadre de vie quotidien de cette vaste communauté lycéenne et propose un phasage qui supprime les superpositions spatiales entre les bâtiments existants et les bâtiments à construire. L’éclairage artificiel a fait l’objet d’une étude globale pour les bâtiments neufs et ceux à rénover afin de définir un projet unique qui mette en œuvre une seule gamme de luminaires. « Auparavant, explique Christophe Regnier-Nermerick, architecte (IPA), les services techniques du lycée devaient gérer une vingtaine de luminaires différents, ce qui posait de gros problèmes de maintenance. Le concept architectural s’appuie d’ailleurs sur cette idée d’unité jusque dans les matériaux : ainsi, le bois
est omniprésent, à la fois sur les façades extérieures et dans les espaces intérieurs. » « Pour garder ce caractère homogène à l’installation d’éclairage, ajoute Gilles Bures, conseiller éclairage IdF, Regent, nous avons choisi une teinte de lumière assez chaude, de 3 000 K, qui accompagne bien la couleur du bois. De plus, les architectes ont choisi de décliner le même luminaire, Traq, dans tous les espaces en jouant sur la disposition des appareils. Dans les salles de classe, par exemple, les luminaires sont fixés sur les rails métalliques au plafond, tandis que dans les circulations, ni encastrés ni en saillie, ils affleurent les plafonds ou sont installés en appliques à des interdistances différentes afin de rompre la monotonie d’une implantation traditionnelle. » Par ailleurs, la Région souhaitait réduire drastiquement les consommations à 5 W/m². Objectif largement atteint dans les salles de classe et les ateliers, grâce notamment à des systèmes de détection de présence et à une gestion fine de l’allumage en fonction de l’occupation des locaux, dispositifs qui ont permis d’atteindre des niveaux inférieurs à 3 W/m². LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 35
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© RZB
© Trilux. Photo Christoph Meinschäfer
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de façon à éviter des consommations trop importantes. Il est préférable d’équiper les sanitaires de luminaires résistants et avec un IP55. Là encore, les détecteurs de présence s’imposent : un simple système allumage/extinction est souvent suffisant. Les cantines sont soumises aux mêmes règles que n’importe quel lieu de restauration : un éclairage qui met en valeur les plats tout en offrant une lumière agréable et apaisante. Dans ces espaces, les luminaires sont de véritables objets lumineux qui participent au décor de la salle et à l’ambiance générale : pour autant, un système de gestion est superflu, l’éclairage reste allumé tout le temps que durent les différents services. Enfin, n’oublions pas les cuisines : que les plats soient préparés sur place ou pas importe peu : le chef et les agents de service doivent bénéficier de niveaux d’éclairement élevés (500) et les luminaires afficher un indice de rendu des couleurs supérieur à 80. Les locaux sportifs, ou salles polyvalentes, doivent répondre aux critères d’éclairagisme propres à la discipline ou au niveau de pratique. n
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Association des artisans de Schleswig (Allemagne), par Ledvance
améliore sensiblement le bien-être et la capacité de concentration des élèves et des enseignants. Elle délivre par ailleurs bien plus de lumière qu’avant, sans jamais éblouir ni déranger les élèves. Pour nous et nos étudiants, à l’Association des artisans du Schleswig, cette modernisation est une amélioration notable », déclarait Sebastian Wille, chef de l’atelier de formation en génie électrique.
© Ledvance
© Ledvance
© Ledvance
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fin d’améliorer sensiblement la concentration et les performances des élèves et de permettre une vision optimale sans éblouissement, trois salles de classe ont été équipées de la technologie d’éclairage HCL. Le démontage de l’installation existante en tubes fluorescents T8 et la mise en œuvre du nouveau système Biolux HCL ont été réalisés sous la forme d’un projet mené par les élèves du département électrotechnique, sous la supervision de leur professeur d’électricité. Avec son contrôle intuitif des modes d’éclairage dynamiques, le système de gestion de l’éclairage répond à toutes les exigences nécessaires aux activités d’enseignement. La lumière artificielle peut être adaptée selon les besoins : « Boost » pour la concentration, « Relax » pour la présentation, etc. Le maître d’ouvrage a choisi les luminaires Biolux HCL Panel 625 : la distribution uniforme de la lumière, avec un éblouissement réduit (UGR 15) et un indice de rendu des couleurs élevé (Ra ≥ 93) offre une bonne qualité d’éclairage. Au total, 90 Panels 625 Biolux HCL 43 W ont été installés dans les trois salles de classe. Les dalles lumineuses et les unités de contrôle correspondantes communiquent sans fil : il n’est pas nécessaire de tirer de câbles supplémentaires, ce qui facilite le remplacement 1 pour 1 en rénovation. Le paramétrage de l’unité de contrôle et des luminaires associés est Plug & Play, sans avoir à faire de programmation. Chaque composant de l’installation est identifié par QR-Code via un smartphone et ajouté au système dans l’appli dédiée. Les produits communiquent sans fil via le protocole ZigBee. « Non seulement cette solution est très facile à mettre en œuvre dans la rénovation, mais l’adaptation dynamique automatique de la lumière artificielle au cours de la journée suivant la courbe de la lumière naturelle
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Enquête produits
Pour apprendre en toute connaissance de cause Ils sont suspendus, encastrés ou en saillie, ces luminaires qui se commandent par des automatismes. Détection de présence, de lumière du jour, voire variation de températures de couleur, la lumière s’adapte à l’âge des élèves, à l’architecture, à l’activité, aux espaces.
Sidelite de RZB Cette suspension, très plate, dotée d’une technologie LED progressive, offre un flux de 4 150 lm en 4 000 K et un UGR < 19). Elle met en œuvre un découplage lumineux latéral (technologie RZB) pour une répartition homogène de la densité de lumière. Éclairage direct 80 %, indirect 20 %. Équipement de commande intégré. www.rzb.de/fr/
Opticlip de Sylvania Ce luminaire se décline en deux températures de couleur (3 000 K et 4 000 K) et existe en deux tailles : 600 x 600 mm et 1 200 x 300 mm. Il affiche une efficacité lumineuse qui peut atteindre 129 lm/W et un bon indice d’éblouissement avec un UGR < 19. Des modèles UGR < 16 et avec gestion d’éclairage SylSmart sont également disponibles. www.sylvania-lighting.com/fr-fr/
Quintessence d’Erco Quintessence redéfinit les notions de confort visuel, d’efficacité et de qualité de lumière des appareils encastrés. Les downlights et les appareils à faisceau mural à lentille se caractérisent par leur bonne maîtrise de l’éblouissement et la grande homogénéité de leur éclairage. De plus, la technologie Tunable White permet de modifier la température de couleur de la lumière. Synchronisé avec la lumière du jour, l’éclairage répond ainsi à des concepts de Human Centric Lighting. www.erco.com
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Luceo Slim de Trilux Polyvalent pour les secteurs tertiaire et éducatif, ce luminaire sans éblouissement, grâce à sa structure modulaire et à des embouts frontaux simples à enficher, est compatible avec les lignes continues et s’adapte à de nombreuses exigences. Le Luceo Slim dispose d’un équipement Active pour la commande de la température de couleur, qui varie de 2 700 K à 6 500 K. Il peut se monter en suspension (éclairage direct/ indirect) ou en saillie et offre un flux de 3 400 lm. www.trilux.com
Isola d’iGuzzini Isola se décline en trois diamètres, de 590, 870 et 1 150 mm. Deux optiques disponibles, à éclairage général avec écran diffusant en méthacrylate opale à luminance contrôlée et écran à microprismes, garantissent un rendement lumineux élevé et un contrôle parfait de la luminance UGR < 19, à émission simple ou double. Flux de la source de 5 770 lm à 22 436 lm. À variation de température de couleur (Tunable White) et IRC élevé www.iguzzini.com/fr
FlexBlend de Philips Cet encastré, qui répond aux exigences de la norme EN 12464-1 et présente un UGR < 19, offre une solution flexible et efficace avec un flux jusqu’à 144 lm/W et un IRC de 90 (RA < 50). Trois types d’optiques sont possibles : Opale (IP54), Texturée PCS (IP54) et MLO (IP20). Il est disponible en version SpaceWise et Interact ready et se décline en version capteurs intégrés (présence, luminosité, IR…) et évolutive. Durée de vie : 50 000 h L80. www.lighting.philips.fr/
Biolux HCL de Ledvance Le système adapte automatiquement la lumière artificielle aux variations de la lumière du jour grâce à un algorithme intelligent permettant aux utilisateurs de choisir la bonne dynamique. Le contrôleur fournit toujours le bon éclairage au bon moment de la journée. Il s’installe et s’utilise facilement : communication sans fil entre le contrôleur et les luminaires, commutation simple entre les différents modes d’éclairage grâce à un sélecteur rotatif intuitif. www.ledvance.fr
Optix R4 Cells de Concord Combinant quatre cellules LED avec le diffuseur et les réflecteurs haute performance, ce luminaire offre un contrôle optimisé de l’éblouissement (UGR < 18 pour la finition aluminium et UGR < 22 en blanc). Il présente un flux allant jusqu’à 122 lm/W, deux températures de couleur 3 000 K et 4 000 K, et une durée de vie de 72 000 heures (L80B10). Disponible en version gradable (DALI). Existe en encastré, en montage en saillie, en éclairage direct ou direct/indirect, luminaire Linear encastré ou en surface pour montage individuel ou en ligne continue. www.sylvania-lighting.com/fr-fr/
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Punch de Thorn De conception classique avec des grilles d’aluminium double parabolique et des distributions lumineuses multiples, cet appareil se monte en saillie, suspension ou au mur. Distribution directe, directe/indirecte et asymétrique. Il propose deux températures de couleur de 3 000 et 4 000 K, avec un IRC > 80. UGR < 19 et efficacité jusqu’à 128 lm/W. Version gradable. www.thornlighting.fr/fr-fr
Purelite Slim de Regent Sans zones d’ombre, ce luminaire s’intègre aisément dans les plafonds grâce à sa forme ultraplate de 35 mm de hauteur seulement, appareillage compris. Disponible avec le diffuseur intégré RUN, il se monte en encastré, plafonnier, en applique murale, suspension et système de chemin lumineux. Il offre une efficacité de 150 lm/W. Il propose une douzaine de flux lumineux qui vont de 950 lm à 2 900 lm en deux températures de couleur 3 000 K et 4 000 K. www.regent.ch/fr
Linia MRM de Ridi Cette platine s’adapte sur le rail porteur précâblé Linia et permet de se monter en suspension ou en plafonnier. Une efficacité lumineuse de 142 lm/W, soit 3 135 lm pour 22 W avec deux températures de couleur, de 3 000 ou 4 000 K, et un IRC supérieur ou égale à 80. Les micro-réflecteurs permettent d’obtenir des UGR inférieurs à 19 et limitent l’éblouissement à 1 500 cd sous un angle de 65° comme demandé dans la norme EN 12464-1. www.ridi.fr
Rodi de Disano Ce downlight à LED propose deux flux lumineux, 3 940 lm et 3 660 lm en deux températures de couleur, 3 000 et 4 000 K avec un UGR < 19 (dans tous les cas). Rodi comprend un corps en tôle d’acier et un cadre en aluminium, avec montage par le dessus. Il annonce une durée de vie de 50 000 h (L80B20). www.disano.it
Micro E de Lamdalux Ce downlight comprend une ligne centrale de LED pour une efficacité lumineuse qui peut atteindre 157 lm/W. Il existe en deux températures de couleur, 3 000 K et 4 000 K, et en versions avec gradation pour bus DALI ou bouton-poussoir. www.sermes.fr
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Lumières Designer
Jeux de laiton et de lumière Après des études d’arts appliqués à l’École Pivaut à Nantes, Émilie Cathelineau intègre en alternance CVL Luminaires en 2003. Cette entreprise familiale créée en 1960 par Henri Baron, le père de l’actuel président Éric Baron, fabriquait des produits en céramique et notamment des lampes. L’entreprise a fait évoluer ses techniques pour passer au fer forgé, puis au laiton. À son arrivée, Émilie Cathelineau prend en main la conception et les développements techniques des produits de la marque. Elle nous dévoile son cheminement créatif et les étapes de développement du luminaire Earth, qui fait jouer lumière et matière pour un rendu graphique.
© Garnier studio
Comment est né votre intérêt pour la lumière ?
Très jeune, j’étais captivée par la magie de la lumière, notamment à travers les vitraux, les moucharabiehs, et même l’effet de la lumière sur une goutte d’eau. Plus tard, en étudiant l’art, j’ai découvert ma sensibilité pour le clair-obscur, notamment les travaux de Georges de La Tour ou du Caravage. Ces contrastes forts, avec des éléments lumineux centraux qui donnent vie au tableau, m’ont tout de suite attirée. J’ai démarré avec des travaux sur le fusain, qui donnait des rendus très contrastés. Aujourd’hui, la lumière est pour moi un outil pour mettre en valeur le matériau, principalement le laiton. Dans certains projets, j’essaye de retrouver ce côté magique, d’avoir des effets de lumière sur les objets qui font oublier entièrement la source en elle-même. La source est bien présente, elle agit sur la matière, mais je tiens à ce que l’on ne sache pas d’où elle vient. Il n’est pas possible d’appliquer ce principe pour l’ensemble des conceptions produits, mais j’essaye de l’utiliser le plus possible.
Pouvez-vous nous expliquer votre démarche de création d’un luminaire ?
En tant que designer intégrée, ma démarche varie beaucoup d’un projet à l’autre. Je peux fonctionner à l’instinct et au travail de recherche et d’expérience, j’ai tous les outils et les matériaux à disposition dans notre atelier pour cela. Je peux alors faire réaliser rapidement de petits prototypes, réfléchir aux effets de matières et mettre en valeur le laiton et la lumière. Je peux aussi adopter une méthode de travail plus technique, avec un cahier des charges précis selon les besoins de nos clients architectes et décorateurs. Ces aspects techniques sont intégrés à ma démarche de création, du câblage aux aspects normatifs. Lorsque des
designers indépendants conçoivent des produits pour CVL, je me charge également du volet technique. Il faut parfois que je fasse abstraction de ces aspects lorsque je crée, pour ne pas me retrouver bloquée dans des considérations purement techniques. Concernant la conception, une fois le travail de recherche réalisé, je modélise le luminaire en 3 D. Je discute ensuite avec les équipes de l’atelier pour savoir ce qui est réalisable et nous passons à une phase de travail commun pour trouver des solutions esthétiques et techniques afin de procéder au prototypage.
Vous pouvez nous en dire davantage sur la conception de la gamme Earth ?
Earth met justement en avant le côté magique de la lumière, en jouant avec la matière du laiton. L’objectif était de la mettre en valeur aussi bien éteinte qu’allumée. Allumée, je souhaitais que la lumière passe à travers le laiton et le rende très graphique, comme de la lumière qui passe à travers un moucharabieh. J’ai commencé par dessiner le Mandala, puis le Radian, et j’ai eu envie d’aller plus loin. Je souhaitais que la source lumineuse soit invisible : lorsque le luminaire est éteint, on ne voit pas de lampe ou de bandeau lumineux. Lorsque la lumière est allumée, le luminaire prend un aspect supérieur, notamment grâce aux effets de réflexion sur le cœur du luminaire et sur l’extérieur. Les parties ajourées en périphérie créent un jeu d’ombres et de contrastes très prononcés. Earth est l’aboutissement d’un travail d’expérimentation sur l’invisibilité de la source et sur les interactions entre l’éclairage et l’ajourage du laiton. Rubrique réalisée par Alexandre Arène LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 41
TRATO : LA FABRICATION
rationnelle des luminaires
© Trato
Lumières Manufacture
Rubrique réalisée par Alexande Arène
© Trato
L’entreprise Trato a été créée en 1947 par Michel Picha, le père de l’actuel président Francis Picha, et le grand-père de Guillaume Picha, directeur général du groupe, et de Charley Picha, directeur commercial. Historiquement spécialisée dans l’éclairage, l’entreprise s’est diversifiée avec TLV, le segment dédié à la fabrication d’équipements pour les hôpitaux, et Biolume, pour l’aménagement spécifique de la petite enfance et des hôpitaux. Le groupe compte trois sites de production en France et emploie 220 collaborateurs. Le site de Roubaix, siège de Trato TLV, conçoit et fabrique des luminaires, principalement pour les commerces, des entrepôts et des transports, et veille à l’impact de ses produits sur l’environnement. Guillaume Picha nous fait visiter le site de Roubaix et nous présente ses principaux atouts.
© Trato
« La préparation et la fabrication des pièces métalliques sont effectuées par l’atelier de tôlerie. »
L’objectif est de préparer la production en rassemblant l’ensemble des composants qui constituent un luminaire en suivant la nomenclature de production et les caractéristiques énoncées par le client. Une dizaine de personnes rassemble les pièces sorties de l’atelier de tôlerie avec les éléments électroniques et les optiques pour les envoyer vers la chaîne d’assemblage.
Tôlerie
« La chaîne de production démarre par la préparation des kits. »
La fabrication des pièces métalliques se fait de trois manières. La première consiste à partir de formats à plat, destinés à la poinçonneuse : l’objectif est de former et découper ces plaques qui peuvent être en inox, en acier ou en aluminium. La deuxième consiste, à partir de bobines de métal, à les dérouler, les découper et les poinçonner. Les pièces peuvent ensuite être pliées, cintrées, soudées et peintes. Enfin, le façonnage des profilés en aluminium nécessite de les plonger dans un bain d’eau pour les découper à l’aide d’un robot à haute pression. 42 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
© Trato
Atelier de préparation
Lumières Manufacture Câblage et assemblage final
Une fois les différents composants préparés et les pièces métalliques fabriquées, les produits passent au câblage. Dans cet atelier, trois postes sont prévus pour l’assemblage de trois formats de luminaires : le premier pour les longueurs supérieures à 5 mètres, le deuxième pour les longueurs moyennes et le dernier pour les plus petits produits, qu’il s’agisse de projecteurs sur rails, de downlights ou de luminaires orientables. Une fois assemblés, tous les produits sont testés et contrôlés avant leur départ d’usine. Après cette étape, le produit est fini, emballé et prêt à être livré.
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« Vient ensuite l’atelier de câblage et d’assemblage avant le conditionnement et l’envoi des produits finis. »
Stockage
« Chez Trato, nous disposons d’une capacité de stockage de 5 000 palettes afin de répondre aux besoins de nos clients. »
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Trato est spécialisé dans les solutions d’éclairage des chaînes de magasins. Le stock, mais aussi les commandes et la production sont gérés par un logiciel moderne. Dans l’entrepôt sont donc stockés des produits finis et semi-finis pour répondre aux besoins des grands acteurs du retail, qui représente la majeure partie du chiffre d’affaires de Trato. Pour ces clients, il est nécessaire de tenir du stock et d’être extrêmement réactifs, afin de livrer par exemple en moins d’une semaine.
Bureau d’études et démarche RSE
Trato-TLV 22, rue Molière – 59100 Roubaix 03 20 81 50 00
www.trato.fr
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Le bureau d’études développe les produits selon des procédés d’écoconception pour utiliser moins de matière lors de la phase de production et réduire le poids des produits. Trato travaille également sur la matière pour optimiser les dissipations thermiques et n’utilise plus de plastique dans ses emballages. D’autre part, l’entreprise développe en interne, pour des besoins particuliers, ses propres optiques qui sont conçues avec ses partenaires industriels spécialisés. Trato a mis en place depuis longtemps une politique RSE vertueuse, à laquelle ses clients de l’industrie du commerce sont très sensibles. L’entreprise fait l’objet de notations par l’organisme EcoVadis. Ses actions reposent sur trois piliers : environnemental, sociétal et éthique.
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« L’une de nos forces réside dans notre bureau d’études intégré, qui développe des produits propres et dépose des brevets. »
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Lumières Cahier
technique
Luminaires UV-C : désinfection de l’air et des surfaces
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Dossier réalisé par Isabelle Arnaud
44 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
Inactivation des micro-organismes Selon l’Institut Pasteur, le virus responsable de la maladie infectieuse respiratoire appelée Covid-19 (pour CoronaVIrus Disease 2019) se transmet
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Depuis que le coronavirus sévit dans le monde entier, en même temps que tout un chacun donnait son avis sur ce qu’il faut faire et ne pas faire pour lutter contre cette pandémie, fleurissaient un peu partout des luminaires UV-C. Quatre experts font le point sur les règles de conception, d’installation et de fonctionnement à respecter.
D’où viennent les rayons UV-C ? Près de 5 % de l’énergie électromagnétique du Soleil est émise sous forme de rayonnement ultraviolet (UV) invisible qui émet dans la gamme de longueurs d’onde de 100 à 400 nanomètres (nm). Un nanomètre représente un milliardième de mètre. Il a une longueur d’onde plus courte que la lumière visible (qui se situe entre 380 nm et 780 nm) et contient plus d’énergie. Selon leur longueur d’onde, les rayons ultraviolets peuvent traverser la couche d’ozone et avoir différents effets sur la santé. Les rayons UV sont classés en trois catégories selon leur longueur d’onde : les UV-A (de 315 nm à 380 nm), les UV-B (de 280 nm à 315 nm) et les UV-C (de 100 nm à 280 nm). Les UV-C sont potentiellement les plus dangereux des rayonnements ultraviolets. Presque intégralement absorbés par la couche d’ozone et par l’oxygène présent dans l’atmosphère, ils n’existent pas à l’état naturel sur la Terre. Cependant, comme ils présentent des propriétés stérilisantes, ils sont recréés de façon artificielle afin de supprimer des bactéries et des virus. Cette technologie est principalement utilisée dans des domaines où il existe un risque de contamination microbiologique et elle a montré son efficacité depuis plus de 60 ans.
technique
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par des gouttelettes de postillons émises au cours des efforts de toux, mais aussi lors de la parole et passe par un contact rapproché (moins d’un mètre) et durable (au moins 15 minutes) avec un sujet contagieux. Des particules de plus petite taille peuvent aussi être émises sous forme d’aérosols, ce qui expliquerait que le virus puisse persister en suspension dans l’air dans une pièce non ventilée. Les UV-C inactivent rapidement et efficacement ces microparticules en suspension ou sur les surfaces par un processus qui repose sur deux grandeurs physiques : - l’éclairement énergétique, exprimé en W/m², quantifie la puissance du flux de rayonnement reçu par unité de surface ; - l’exposition énergétique ou la dose d’UV, exprimée en J/m², est le produit de l’intensité émise par une ou plusieurs sources UV par la durée d’exposition. Des méthodes éprouvées Certains fabricants de matériel d’éclairage sont aguerris depuis longtemps aux techniques d’élimination de virus et bactéries par lampes germicides. Ils ont développé des luminaires UV-C mis en œuvre dans les établissements de santé, d’enseignement, les transports, etc. Deux grandes méthodes peuvent être utilisées : la purification de l’air et le traitement des surfaces (et le traitement des petits objets dans des boîtiers pour le grand public). Les professionnels mettent en garde : l’utilisation des luminaires UV-C doit être encadrée. n LUMIÈRES LUMIÈRES N° 33 N° - DÉCEMBRE 34 - MARS 2021 2020 - 45
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technique
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Luminaires UV-C : à quand une communication des pouvoirs publics ?
Sébastien Flet Reitz Président du groupe de travail UV-C à LightingEurope Directeur technique du Syndicat de l’éclairage
« Il a été prouvé que la technologie UV-C désactive, sans exception, tous les virus contre lesquels elle a été testée. LightingEurope préconise l’installation de technologies de désinfection par UV-C dans le cadre de la “vague de rénovation” de l’UE, ainsi que l’application et le respect des règles et normes de sécurité existantes », LightingEurope.
46 - LUMIÈRES N° 34 33 - MARS DÉCEMBRE 2021 2020
La technologie de désinfection par UV-C n’est pas récente. Comment s’est-elle développée ?
Sébastien Flet Reitz – Elle a été largement appliquée depuis 1910, date à laquelle elle s’est révélée un outil efficace pour prévenir la propagation des maladies. C’est donc un outil efficace pour lutter contre les micro-organismes et les virus, notamment le SARS-CoV-2. Les technologies de désinfection par UV-C contribuent déjà à la lutte contre la pandémie. Ce sont des lampes à vapeur de mercure basse pression, munies d’un verre spécial, qui étaient jusqu’à maintenant utilisées ; aujourd’hui des appareils utilisant des LED apparaissent aussi. La fiabilité de cette manière de désinfecter est bien connue et s’effectue en fonction des bactéries et des virus qui ne demandent pas tous la même quantité d’UV-C. Des études doivent être réalisées pour bien dimensionner les installations et des précautions d’utilisation doivent être respectées.
Vous êtes président du groupe de travail de LightingEurope sur les UV-C, où en sont vos réflexions sur le sujet aujourd’hui ?
Sébastien Flet Reitz – L’enjeu est de passer d’un secteur de niche à un segment professionnel beaucoup plus large, donc accessible au plus grand nombre, ce qui ne pose pas de difficulté en soi, mais qui demande que l’on prête une attention particulière quant à « l’après ». La phase « avant-vente », c’est-à-dire tout ce qui concerne la conception et le fonctionnement, est bien maîtrisée ; en revanche, la filière n’est pas encore mature pour l’installation, la maintenance et l’utilisation des solutions UV-C. Prenons l’exemple de la voiture : lorsqu’elle est apparue, les rues existaient déjà, mais il a fallu organiser la voirie, créer un code de la route, organiser l’espace public, etc. Pour les luminaires UV-C, les mêmes questions se posent : il faut édicter des règles de bonne pratique, mais comment va-t-on procéder ? De même que ce ne sont pas les fabricants d’automobiles qui se sont chargés de structurer l’espace public, ce n’est pas la responsabilité des industriels de procéder à cette organisation. Même si, dès l’automne 2020, LightingEurope a publié un guide accompagné d’une foire aux questions et qu’en France le Syndicat de l’éclairage prépare en ce moment une
brochure sur le sujet, nous pensons qu’il incombe aux autorités de prendre les choses en main. L’industrie de l’éclairage, que ce soit au niveau européen ou français, demande aux pouvoirs publics d’évaluer cette technologie à sa juste valeur et d’organiser l’utilisation des solutions qui sont développées. Les produits se multiplient et arrivent sur un marché « grand public » qui n’est pas averti quant aux précautions à prendre lors de leur fonctionnement. L’analogie avec la voiture s’arrêtera là : il n’est aujourd’hui absolument pas recommandé d’utiliser la désinfection par UV-C dans un cadre domestique. C’est donc aussi pour cela que les autorités doivent donner un cadre à l’usage de cette technologie.
Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?
Sébastien Flet Reitz – La connaissance des UV-C dans l’inconscient collectif est insuffisante, voire inexistante, pour pouvoir utiliser les UV-C à grande échelle. Au même titre qu’on sensibilise le grand public sur les gestes barrières, le port du masque, le respect des doses prescrites dans la prise de médicaments, etc., on peut imaginer que les instances de santé expliquent, et mettent en garde sur les précautions à prendre pour utiliser les luminaires UV-C en toute sécurité, tout en expliquant les bénéfices de ces techniques. Aujourd’hui, on sait que le coronavirus se transmet beaucoup par les aérosols. La désinfection de l’air prend donc tout son sens, elle est même essentielle et elle peut se faire dans de bonnes conditions. La norme ISO 15858 donne les spécifications minimales de sécurité pour les produits et équipements utilisant des lampes UV-C et la norme EN 62 471 définit quatre groupes, de 0 à 3, en fonction du risque photobiologique. Les produits sont donc bien encadrés ; d’ailleurs, le système d’alerte européen Rapex a déjà rappelé des luminaires UV-C non conformes. La Global Lighting Association a, de son côté, proposé des directives. L’efficacité des solutions UV-C n’est plus à démontrer, mais il faut donner un cadre à la façon de les utiliser. Les industriels de l’éclairage en appellent aux autorités de santé pour communiquer largement sur le sujet et organiser un « code de la route » des UV-C. n
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Osram fabrique des lampes UV-C depuis des décennies. Comment fonctionnent-elles ?
© Osram
Osram : comment les UV-C peuvent détruire des micro-organismes
- 45 min pour une surface entre 10 et 15 m² ; - 60 min pour 15 à 20 m². Pour l’AirZing Pro 5030 (30 W), le temps de cycle recommandé pour faire fonctionner l’appareil est de : - 30 min si la zone de couverture d’un ensemble d’appareils est inférieure à 8 m² ; - 45 min pour une surface entre 8 et 12 m² ; - 60 min pour 12 à 15 m².
Raphaël Forster – Le rayonnement UV-C empêche les micro-organismes tels que les bactéries et les virus de se reproduire. En effet, il pénètre dans les cellules, puis est absorbé par l’ADN et l’ARN et en empêche la métabolisation et la réplication. L’effet de purification est obtenu à la longueur d’onde de 254 nanomètres, qui est celle à laquelle les lampes germicides d’Osram émettent les UV-C. Cette longueur d’onde présente l’avantage de ne pas générer d’ozone. Les matériaux utilisés dans la fabrication du luminaire AirZing Pro sont résistants aux rayons UV-C. La réglette est équipée d’un détecteur infrarouge de sécurité, qui garantit que le système s’éteint si des personnes ou des animaux pénètrent dans l’espace traité. Elle dispose également d’une temporisation à l’allumage de 30 secondes, afin que les personnes puissent quitter la pièce en toute sécurité dès que la réglette est mise sous tension. Une surexposition directe à l’intensité des rayons UV-C peut endommager la peau et les yeux.
Dans quels types d’applications avez-vous déjà installé cette solution ?
Raphaël Forster – Nous avons un certain nombre d’exemples de réalisation, en Asie notamment, dans les transports en commun, les commerces, les salles de spectacle, et nous commençons à avoir des demandes en Europe. Par exemple, depuis début juin 2020, l’hôpital Curry Cabral de Lisbonne, au Portugal, utilise l’AirZing Pro dans des endroits tels que l’infirmerie et les chambres individuelles, les salles d’attente et les parties communes. L’utilisation de cette technologie UV-C est une méthode supplémentaire pour nettoyer les surfaces et désinfecter l’air dans les zones communes de l’hôpital. Nous étudions aussi des projets dans les salles de classe, où l’on peut programmer l’allumage très tôt le matin avant que les élèves n’arrivent dans l’établissement. D’autres lieux sont concernés comme les salles de cinéma, les salles de fitness, les restaurants. Les luminaires AirZing ont été certifiés par VDE, la fédération allemande scientifique et technique, association professionnelle et instance de normalisation qui œuvre pour la sécurité dans l’électrotechnique. Leurs mesures sur différents agents pathogènes, dont le coronavirus, ont montré l’efficacité de notre luminaire AirZing Pro 5040 en des temps très courts. n
Comment utilise-t-on les luminaires UV-C ?
Raphaël Forster – Des études ont montré l’efficacité des luminaires UV-C sur toute une série d’agents pathogènes, dont le coronavirus (voir tableau avec quelques exemples), indiquant la distance du luminaire par rapport à la surface et le temps d’exposition. Ce luminaire linéaire peut être monté au plafond ou au mur avec une hauteur d’installation mesurée à partir du sol entre 2,50 et 4 m. Pour le AirZing Pro 5040 (36 W), le temps recommandé de cycle pour faire fonctionner l’appareil est de : - 30 min si la zone de couverture d’un ensemble d’appareils est inférieure à 10 m² ;
technique
Raphaël Forster, directeur des ventes, Osram, explique comment la marque conçoit et fabrique depuis quelques décennies des lampes et des tubes germicides. Les deux derniers modèles AirZing Pro de la marque ont été développés pour la purification de l’air, et le rayonnement qu’ils génèrent est très efficace pour la désinfection et la stérilisation des surfaces.
Durée minimale de fonctionnement pour une réduction de 99,9 % des germes (h) – AirZing Pro 5040 Distance à la surface en mètres
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
5
Mycobactérie de la tuberculose
0,14
0,58
1,30
2,31
3,61
5,20
7,08
9,24
14,44
Poliovirus
0,05
0,18
0,42
0,74
1,16
1,66
2,26
2,96
4,62
Hépatite infectieuse
0,08
0,33
0,75
1,34
2,09
3,01
4,10
5,36
8,37
Grippe
0,05
0,20
0,44
0,79
1,23
1,77
2,41
3,14
4,91
Bacille pyocyanique Coronavirus SARS-CoV2
0,08
0,32
0,71
1,27
1,99
2,86
3,89
5,08
7,94
0,06 (36 s)
0,23 (14 min)
0,52 (31 min)
0,92 (55 min)
1,44
2,08
2,83
3,70
5,78
LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 47
Lumières Cahier
technique
Signify : une solution éprouvée pour désinfecter l’air © Signify
Comment utilise-t-on les rayons UV-C ?
François Darsy, chef de marché tertiaire et industrie, Signify, animateur du groupe de travail Luminaires UV-C du Syndicat de l’éclairage, explique comment Signify commercialise une nouvelle gamme de luminaires de désinfection par UV-C, pour une utilisation dans les bureaux, les commerces, les usines, les zones d’accueil, les écoles.
48 - LUMIÈRES N° 34 33 - MARS DÉCEMBRE 2021 2020
François Darsy – La technologie des UV-C ne vient pas de sortir des laboratoires, elle est utilisée depuis plusieurs décennies et trouve son application au cœur de la crise sanitaire. Les lampes UV-C basse pression de Philips ont leur émission principale à 254 nm, où l’action sur l’ADN est très proche de la valeur maximale théorique germicide de 265 nm. Par conséquent, nos lampes germicides sont extrêmement performantes pour détruire des micro-organismes et l’étude que nous avons menée avec l’Université de Boston a montré l’efficacité de nos solutions.
Comment met-on en œuvre les UV-C pour détruire le SARS-CoV-2 ?
François Darsy – Il existe plusieurs façons d’éliminer les bactéries et virus : par la désinfection de l’air, des surfaces, des objets. Au-delà d’une certaine taille, les gouttelettes, projetées par une personne lors d’une toux par exemple, sont trop lourdes pour rester dans l’air et tombent rapidement sur le sol, une surface proche ou des objets. Cependant, la majorité des particules sont trop petites (aérosols) pour tomber et peuvent donc rester en suspension dans l’air. La solution basique pour la désinfection de l’air consiste à aérer régulièrement la pièce, mais cela ne constitue pas une grande efficacité. Les rayons UV-C désinfectent l’air, les objets et les surfaces qui contiennent des bactéries ou des virus, et contribuent à les réduire et à éviter qu’ils ne se répandent davantage. Pour désinfecter les surfaces, on dispose des luminaires aux plafonds qui vont envoyer suffisamment d’UV-C pendant un temps déterminé pour détruire les virus. Cette solution est très efficace, mais elle exige que le local où sont installés les luminaires soit vide. Il est impossible d’envoyer des UV-C en présence de personnes, car leur rayonnement est extrêmement nocif. La Global Lighting Association a proposé des directives et les précautions à prendre quant à l’utilisation de cette méthode. Pour les objets, on utilise des enceintes fermées qui fonctionnent un peu comme un micro-ondes : on dépose les objets à l’intérieur, et le cycle UV-C se déroule porte fermée.
Pour désinfecter l’air, on utilise des luminaires à flux dirigé, c’est ce que nous faisons chez Signify.
Comment fonctionnent ces luminaires ?
François Darsy – Les microparticules présentes dans l’air ont tendance à se répartir dans tout l’espace, la seule solution consiste donc à ventiler pour remplacer cet air contaminé. En renouvelant l’air d’une pièce de 10 m3 deux fois par heure comme l’impose le Code du travail, on va supprimer 60 % seulement des particules en suspension. Pour être très efficace, il faudrait obtenir un taux de renouvellement de l’air supérieur à 6 (60 m3/h) et donc rendre l’espace « venteux et bruyant ». Avec les installations de ventilation existantes dans les bureaux aujourd’hui, il n’est pas possible d’atteindre un niveau suffisant pour retirer la totalité des particules en suspension. Signify propose un luminaire qui envoie des rayons UV-C sur une fine couche d’air d’une dizaine de centimètres qui rase le plafond ; ainsi, grâce à la convexion naturelle, l’air est désinfecté en continu. Ce système est utilisé depuis longtemps dans les centres de traitement de la tuberculose et s’est avéré efficace, avec une consommation d’énergie minime. Ce dispositif équivaut à renouveler l’air de 6 à 24 fois par heure. Notre logiciel permet de calculer la puissance nécessaire à installer dans l’espace en fonction à la fois de son volume et de sa surface, pour obtenir le taux de renouvellement nécessaire.
Y a-t-il des précautions particulières à prendre avec votre dispositif ?
François Darsy – Tout l’intérêt de cette technologie réside dans le fait que les luminaires peuvent fonctionner en présence de personnes : dans les salles d’attente, les salles de réunion, les lieux de restauration, les salles de sport, etc. Une contrainte : la hauteur sous plafond doit être comprise entre 2,50 et 5 m. Afin d’accompagner au mieux ses partenaires, Signify dispense une formation en ligne dédiée aux installateurs et aux distributeurs pour la mise en œuvre de ses produits afin de garantir un fonctionnement efficace de nos solutions en toute sécurité. Les luminaires UV-C répondent à un besoin latent, croissant où il n’existe pas de réponses alternatives. Dans ce contexte, nous espérons instaurer un dialogue avec les autorités compétentes afin que les pouvoirs publics s’engagent et se mobilisent sur cette question et ces solutions. n
Lumières Cahier
technique
Ledvance : des luminaires UV-C pour lutter contre les virus Pierre-Yves Monleau – Ledvance possède en Russie une usine qui fabrique des sources UV-C. Nous la déployons comme une arme supplémentaire dans la lutte contre le SARS-CoV-2 avec notamment des réglettes UV-C, des petits boîtiers plus orientés grand public pour désinfecter les objets du quotidien, ainsi que des désinfecteurs d’air que nous avons installés dans nos propres locaux, à Molsheim, siège logistique européen du groupe. Fabien Junger – Rappelons le fonctionnement des rayons UV-C : le spectre de l’ultraviolet se situe juste avant les longueurs d’onde qui sont perceptibles par l’œil humain (entre 380 et 780 nm) ; nous ne les voyons donc pas. D’ailleurs, les UV-C attaquent la peau et sont dangereux pour la rétine ; il est par conséquent important de connaître les normes qui encadrent la sécurité des personnes, notamment, la norme EN 15-858 qui concerne l’utilisation des luminaires UV-C et la norme EN 62471 qui régit les risques photobiologiques.
Comment définit-on la quantité de rayons UV-C nécessaire pour désinfecter une surface ?
Fabien Junger – Depuis le début du 20e siècle, des études scientifiques sont effectuées pour déterminer les doses d’UV-C efficaces pour inactiver différents micro-organismes. En 2020, des études sur le SARS-COV-2 ont été réalisées par de nombreux scientifiques. On se base donc sur cette littérature et sur les besoins ou souhaits parfois spécifiques du client pour déterminer avec lui la dose adéquate. Puis, en fonction de la durée possible du traitement pour le client, on détermine l’irradiance nécessaire pour atteindre cette dose (plus on dispose de puissance UV-C, moins il faut de temps et vice versa). L’étude réalisée pour nos locaux à Molsheim a montré par exemple que pour une pièce de 50 m² et 2,50 m de hauteur, une irradiance de 161 mW/m² pendant 30 min permettait d’atteindre une dose D90 de 290 J/m², assurant l’inactivation de 90 % des microorganismes présents sur les surfaces exposées et dans l’air de la pièce, traitant ainsi tout le volume d’air sur la durée du traitement. Notons bien que le traitement de la pièce doit
© Ledvance
Comment Ledvance a-t-elle décidé de développer des luminaires UV-C ?
impérativement se dérouler en dehors de toute présence de personne, d’animal, ou de plante. Pierre-Yves Monleau – Attention, ce système ne traite pas toutes les surfaces, il faut donc veiller à ce que le nettoyage classique du mobilier et des objets dans la pièce continue à se faire selon les règles d’usage. Une autre technique consiste à purifier l’air via un appareil équipé de deux ventilateurs très silencieux. Le principe est simple : l’air ambiant est aspiré, puis traverse un tunnel de lumière UV-C ; il est ensuite rejeté de l’autre côté. L’avantage de ce produit est qu’il peut fonctionner en permanence puisqu’il n’y a aucun rayonnement UV-C qui s’en échappe.
Fabien Junger, responsable du bureau d’étude et Pierre-Yves Monleau, responsable marketing produits détaillent les avantages de la désinfection des surfaces en cette période de pandémie mondiale pour diverses applications : bureaux, trains, avions, espaces publics.
Comment prévenir que l’installation est en fonctionnement afin que les personnes ne soient pas exposées aux UV-C ?
Fabien Junger – Chaque cas est particulier et doit être étudié avec soin par des professionnels. Sur notre site à Molsheim par exemple, dans les salles de pause de nos entrepôts, nous avons mis en place un système qui sécurise l’accès au local via l’installation d’un boîtier à clé pour activer l’installation UV-C : seul le personnel formé possédant la clé se charge de lancer trois cycles dans la journée, après évacuation de la salle. La porte est condamnée pendant le cycle de traitement, qui s’arrête automatiquement après les 30 min programmées, libérant la gâche électrique de la porte. Des affichages ont été placés devant la porte afin d’informer nos collaborateurs. Enfin, si une défaillance technique survenait pour une raison non anticipée, nos appareils UV-C disposent d’une cellule de détection de présence qui coupe automatiquement l’émission UV-C dès lors qu’un mouvement est détecté. n LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 49
Lumières Zoom
SPHÈRE DE
© Margret Hoppe - Sebastian Stumpf
lumière
© Margret Hoppe - Sebastian Stumpf
Cette œuvre majeure est la dernière de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, décédé en 2012. Après sept ans de conception et de construction, voici l’extension du restaurant d’entreprise de HeiterBlick, à Leipzig en Allemagne. Les concepteurs lumière de Licht Kunst Licht soulignent les courbes fines de la sphère avec une lumière appropriée. Ils donnent au béton sa légèreté. L’atmosphère intérieure n’est pas en reste.
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Spécialisée dans la production de tramways et grues de chemin de fer, la société HeiterBlick a demandé à Oscar Niemeyer d’étendre son restaurant d’entreprise afin de garder son chef ambitieux. Alors, faut-il s’attendre à quelque chose d’extraordinaire ?
Ambiance raffinée L’ascenseur vous emmène à la zone du bar, sur le niveau inférieur typique d’Oscar Niemeyer. Des downlights LED à gradation, avec une température de couleur de teinte chaude, fournissent une lumière dorée et tonique. L’éclairage est intégré dans le mobilier pour le comptoir et les étagères sur le mur arrière.
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Lumières Zoom
© Margret Hoppe - Sebastian Stumpf
Vitrage intelligent Le restaurant et le salon sont situés à la hauteur de l’équateur de la sphère. Pour contrôler l’éblouissement et la protection thermique, les panneaux de verre à cristaux liquides s’assombrissent automatiquement en fonction de la quantité de lumière du soleil.
© Margret Hoppe - Sebastian Stumpf
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Éclairage indirect Le long du périmètre de la sphère, de petits projecteurs réglables sont situés dans le conduit de ventilation du plancher, directement à côté de la construction verre-acier, afin de baigner doucement dans la lumière indirecte. Diverses scènes lumineuses sont programmées, en particulier pour les heures du soir.
www.lightzoomlumiere.fr Rubrique réalisée par Vincent Laganier, Light ZOOM Lumière
Cadrage lumière Les projecteurs Gobo montés sur les toits sont utilisés pour éclairer la coque en béton blanc de la sphère, tandis qu’un dégradé de lumière douce donne au béton une légèreté typique d’Oscar Niemeyer. LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 51
Lumières Produits
B.E.G. PRÉSENTE LUXOMAT PD4-M-DAA4G Le LUXOMAT PD4-M-DAA4G est un système compact de gestion de l’éclairage dédié aux salles de formation et de classe pour permettre un travail de concentration et un apprentissage dans des conditions lumineuses homogènes. Un seul boîtier réunit un détecteur de présence ultrasensible, un contrôleur DALI capable de grouper des ballasts électroniques DALI, un boîtier d’alimentation DALI et une commande pour boutons-poussoirs gérant jusqu’à 3 zones d’éclairage. Jusqu’à 64 ballasts électroniques peuvent être reliés. Un relais intégré offre davantage de possibilités pour une orientation individualisée conforme aux besoins sur place. Processus d’installation et de maintenance rapides Avec l’appli de télécommande B.E.G. (disponible en App-Store pour Android et iOS) et l’adaptateur IR B.E.G., le groupage d’appareils d’éclairage devient presque un jeu d’enfant. Les fonctions d’efficience énergétique et de confort peuvent être utilisées dès la sortie d’usine sans préréglages en mode Broadcast. Dans ce que l’on appelle le mode de maintenance, de nouveaux ballasts électroniques DALI ou de remplacement peuvent être affectés en quelques secondes aux différents groupes sans devoir procéder à un nouveau groupage. Faibles coûts d’investissement La grande zone de détection et la possibilité d’orienter le capteur de lumière dans toutes les zones du local font qu’en règle générale, un détecteur suffit pour une pièce. S’il s’avère néanmoins nécessaire d’élargir la zone de détection, jusqu’à 4 appareils esclaves économiques peuvent être reliés. Efficience énergétique, confort et sécurité Une régulation segmentée en 3 groupes DALI et en fonction de la lumière du jour est mise à disposition de la principale zone d’éclairage ; elle assure une répartition homogène de la lumière et maintient un niveau de luminosité prédéfini dans la pièce tant qu’une présence est détectée. De façon optimale, le détecteur peut aussi automatiquement déclencher l’éclairage dès qu’une personne pénètre dans la pièce. Ce que l’on appelle la fonction Soft-Start (démarrage doux) permet d’éviter un éblouissement au début. Une zone d’éclairage secondaire commandée par le groupe DALI 4 (variable) et/ou une autre commandée par le puissant relais intégré sont mises à disposition de l’éclairage du pupitre et/ou du tableau. La protection contre les manipulations, la fonction alarme et une lumière d’orientation réglable assurent notamment la sécurité.
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Cas d’application flexibles Le relais intégré bistable (hors tension, NO) met à disposition pas moins de 7 différents types de fonctionnement : - Cut-off : la consommation électrique en veille des ballasts électroniques DALI est automatiquement minimisée - CVC : commande économe en énergie des installations de climatisation, ventilation ou chauffage - Zone C : active zone d’éclairage supplémentaire pour éclairage pupitre ou tableau -C dS : le relais sert d’interrupteur crépusculaire - Impulsion d’alarme : indique une présence sur des écrans externes - Fonction d’impulsion : applications spéciales, par ex. commande CVC ou gong de porte - Arrêt (OFF) : le relais n ‘est pas commandé et n’émet aucun bruit Câblage Des zones d’éclairage pouvant être définies de façon flexible grâce au procédé de groupage, le câblage DALI reste donc indépendant. En cas de modernisation, le câblage de boutons-poussoirs ne nécessite en règle générale aucun travaux (par ex. saignées dans l'enduit) ou tirage de nouveaux câbles. www.begfrance.fr/
Lumières Produits
CITEL met à jour sa gamme de parafoudres pour éclairage LED Trois nouveaux produits viennent s’ajouter. • Parafoudres combinés AC/Data : MLPC1-230L-V/DL et MLPCH1-230L-V/D Ces produits sont destinés à un éclairage LED utilisant une alimentation électrique et une surveillance par communication via des câbles séparés (pas de sans fil, pas de transmission de données sur AC). Il est extrêmement important dans cette situation d’assurer la protection aux surtensions de l’équipement d’éclairage en protégeant les deux accès: Données et alimentation AC. Le produit intègre un parafoudre AC avec des performances appropriées et une protection contre les surtensions compatible avec les réseaux DALI, 0-10V ou DMX. Conçus pour être montés sur platine, les fils sont reliés par des vis. Une version spéciale est disponible : MLPCH1-230L-V / DL, elle permet une coordination optimisée avec le conducteur. • Parafoudre 2-Phase+N : MLPC1-230L-V/2 Il est destiné aux luminaires connectés à un réseau 2-Phase + Neutre. Le montage se fait sur platine avec un raccordement vis. Ces produits sont très compacts permettant une installation très facile. Parafoudre Type 2 ou 3 pour Eclairage LED Classe I Parafoudre combiné AC/Data 2 phases + Neutre (Alimentation/Commande) Dimensions compactes Connexion à vis Courant de décharge max. 10 kA Conforme IEC 61643-11 www.citel.fr
Tridonic propose lumDATA Avec lumDATA, Tridonic réunit les trois spécifications de données essentielles de la norme D4i, à savoir DALI-2 Partie 251, DALI-2 Partie 252 et DALI-2 Partie 253. Celles-ci régissent l’enregistrement et la transmission des données relatives aux appareils, au fonctionnement et à la consommation, et permettent ainsi de gérer l’énergie et les ressources, mais aussi le diagnostic d’erreur et la maintenance. Les drivers lumDATA satisfont aux exigences de la norme industrielle D4i, requises pour une grande partie des projets de construction. Dans le cadre de la nouvelle spécification de données, Tridonic a renoncé parallèlement à l’alimentation intégrée prévue par la norme D4i afin de proposer des produits pour des projets nécessitant des informations de diagnostic pour lesquels une conformité à l’ensemble des spécifications D4i n’est pas nécessaire. Les drivers, permettent aussi de faciliter le suivi de la consommation énergétique et l’identification des défaillances ou des pannes. L’enregistrement et la transmission des données nécessaires à cet effet sont assurés par lumDATA : • Données d’identification des luminaires selon DALI-2, Partie 251 : elles simplifient l’affectation des luminaires lors de l’installation et de l’utilisation, ainsi que la gestion des appareils. Elles sont configurées par les fabricants lors de la production des luminaires au moyen du logiciel de paramétrage companionSUITE, par exemple, et elles peuvent être lues à l’aide d’outils logiciels. Les informations telles que les numéros d’identification OEM, les codes d’article internationaux OEM, le raccordement des luminaires, la puissance et la tension, ainsi que le flux lumineux, l’IRC, la
répartition de la lumière et la température de couleur des luminaires, sont autant de données essentielles pour une surveillance efficace par le responsable de site et pour faciliter également la mise en service des luminaires sur le chantier. • Données énergétiques selon DALI-2, Partie 252 : les drivers lumDATA de Tridonic enregistrent et transmettent également des données énergétiques dans un format standardisé (puissance active, puissance apparente, énergie et charge) pour chaque luminaire d’une installation. Les propriétaires de bâtiments, les locataires et les responsables de sites sont désormais en mesure de surveiller et communiquer la consommation énergétique de l’ensemble de l’installation. Les données énergétiques font d’ores et déjà partie des exigences essentielles des appels d’offres et vont continuer à gagner en importance dans le futur. • Données de diagnostic selon DALI-2, Partie 253 : avec lumDATA, Tridonic fournit également un accès à des données de diagnostic, telles que les heures de fonctionnement et la température du driver de chaque luminaire. Cela simplifie la gestion des interventions sur site, la lecture d’erreur des appareils défectueux (par ex. surtension ou surchauffe) et devrait permettre à long terme d’appliquer une maintenance préventive. www.tridonic.fr/fr LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021 - 53
Lumières Produits
Easy Space, par iGuzzini Pour une lumière riche et confortable, qui améliore la perception de l’espace, ce nouvel encastré fait évoluer la gamme Easy avec l’optique brevetée Opti-Diamond qui équilibre les contrastes de luminance, même au plafond, pour améliorer le bien-être visuel général. L’optique Opti-Diamond est en fait le résultat d’une étude approfondie de matériaux, d’ingénierie et de fabrication qui produisent une extraordinaire brillance, comparable au diamant, grâce au principe du catadioptre qui associe réflexion et réfraction sur le même système. La lumière de l’Easy Space, collectée, enrichie et distribuée par le cadre translucide extérieur, crée une sensation d’espace et apporte une tridimensionnalité au lieu, plafond compris. L’effet « Spaciousness » et les trois distributions lumineuses (optique pour éclairage général, optique UGR< 19 et optique Wall Washer) en font donc un encastré approprié pour les commerces, les infrastructures, le tertiaire, l’hôtellerie et l’habitat. L’innovation optique permet aussi d’obtenir des niveaux de rendement énergétique supérieurs à 130 lm/W et des flux lumineux élevés (les flux de système varient de 696 lm à 1 379 lm). L’Easy Space s’intègre parfaitement à différentes architectures car il est proposé en deux finitions (blanc et noir), trois diamètres (96 mm, 153 mm, 212 mm) et une hauteur qui reste inférieure à 10 cm, facilitant l’installation dans tous les faux plafonds. Le très haut rendu de couleur avec des valeurs d’IRC supérieures à 80 et 90 et de Step McAdam 1,5, avec l’écran de protection qui garantit un IP54, complètent l’appareil au design durable et essentiel. www.iguzzini.com/fr/
Sylvania lance START Waterproof Tubular START Waterproof Tubular est une gamme de luminaires étanches offrant une protection IP66 contre l’humidité et la poussière. Cette gamme est une solution idéale pour les applications intérieures telles que les parkings, les zones de transit, les entrepôts et les hangars de stockage, ainsi que toutes utilisations sous abris. Ce luminaire n’est pas seulement très élégant, il offre également des performances élevées avec une efficacité lumineuse allant jusqu’à 148 lm/W. START Waterproof Tubular est disponible en 1 200 mm et 1 500 mm avec un corps en polycarbonate en 3 000 K et 4 000 K. De plus, la gamme est livrée prête à l’installation avec des étriers de fixation en acier inoxydable 304 pour le montage au plafond et des embouts en acier inoxydable. La soupape de purge d’air permet un usage en milieu présentant des variations d’humidité et de température ambiante. • Embouts inox et étriers à grenouillère en Inox coulissants et verrouillables par vis de blocage contre l’arrachement • Durée de vie : 54 000 h (L80B50) • Température ambiante de fonctionnement : -25 à +50°C • Groupe de risque photobiologique selon EN62471 : RG1 • Classe d’énergie : A++, A++, A • Peut être suspendu avec un accessoire supplémentaire www.sylvania-lighting.com 54 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
Lumières Produits
BLUETEK
ERCO
FLEXLEDLIGHT
LIGHTUBE OFFICE LED
ECLIPSE 48 V
ÉCRAN LED
Le Lightube Office LED est un conduit de lumière naturelle innovant dont le diffuseur intérieur est équipé d’un éclairage LED. Composé d’un dôme translucide en toiture permettant de récolter la lumière naturelle, il dispose d’un conduit doté de parois extrêmement réfléchissantes à hauteur de 98 %. Idéal pour l’éclairage des bureaux (UGR < 19). Les LED gradables du conduit peuvent se piloter à l’aide d’un interrupteur, d’un variateur ou d’une sonde de luminosité intérieure disposant également d’une détection de présence.
Eclipse 48 V offre des flux lumineux allant jusqu’à 2 618 lm adaptés aux pièces jusqu’à 5 m de hauteur. Eclipse est équipé de LED dans six spectres de lumière avec des températures de couleur de 2 700 K à 4 000 K et IRC de 82 à 97. Quatre filtres de conversion comme accessoires génèrent 24 spectres supplémentaires pour le réglage fin des couleurs. À partir de la taille S, avec un diamètre de boîtier optique de 60 mm, des versions Tunable White et RGBW sont également disponibles pour les scénarios dynamiques. Eclipse 48 V pour Minirail peut être contrôlé sans fil.
Cet écran de verre aux LED « noyées » offre une transparence de 92 %. Ces modules vidéo s’assemblent à volonté en longueur et jusqu’à deux modules, soit 1 m de haut. Un dispositif ultra flexible adapté à la vitesse de communication des enseignes et des marques. En effet, s’il faut changer la communication, le message ou encore la vidéo diffusés, un smartphone, une tablette ou un PC suffisent. Les modifications peuvent être effectuées en local ou à distance. Cette technologie accepte tous les formats standard de vidéo ou d’images (mp4, jpeg ou autres).
www.bluetek.fr/fr/
www.erco.com/fr/
www.flexledlight.fr/
LAMDALUX
LOUPI
LUCTRA
FOTO
DUOMO
VITAWORK WIN
Luminaire encastré pour faux plafond modulaire avec corps en acier peint en blanc, équipé d’un filin de sécurité et doté d’un diffuseur en PMMA. Il comprend une image personnalisable selon une sélection de visuels ou à partir d’une photo HD ou d’un logo de société fournis par le client, sur une ou plusieurs dalles. Température de couleur 4 000 K. Durée de vie : 50 000 heures L80 B10. Sur demande : (30 pièces minimum) température de couleur 5 700 K, Tunable White. IP65.
Décliné en trimless ou downlight, ce luminaire offre deux flux lumineux, 1 100 lm et 1 500 lm en plusieurs températures de couleur : 2 700 K, 3 000 K, 3 500 K, 4 000 K. En encastré, il permet de dissimuler la source en gardant un aspect de surface homogène et en version downlight, il s'intègre facilement dans les plafonds. Une fois l’alimentation reliée, la fixation se fait grâce aux ressorts de maintien. Les deux versions ont un indice de rendu des couleurs de 90.
Ce luminaire à double tête distribue de façon asymétrique la lumière pour un éclairage homogène de quatre postes de travail conçus en îlot. La combinaison de la lumière directe et indirecte assure un éclairage uniforme de toute la zone de travail. Chaque tête est équipée d’un panneau de commande tactile séparé et peut donc être réglée séparément, de façon manuelle via les panneaux automatique grâce au détecteur de présence et au capteur de lumière du jour intégrés. Flux : 2 x 7 000 lm – 2 x 12 000 lm – 2 x 17 000 lm en 4 000 K. www.luctra.eu/fr/
www.sermes.fr/eclairage
56 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021
www.loupi-lighting.fr/fr
Lumières
La revue des lumières intérieures, extérieures et architecturales. Dans chaque numéro :
Lumières
N° 30 - MARS 2020
- 19 E
light+building 2020 Connectivité - Innovation - Design Connecting - Pioneering - Facinating PAROLE AUX FABRICANTS MANUFACTURERS HAVE THEIR SAY
B.E.G. - Citel - Lamdalux - Ledvance - Ragni
s e r è i Lum EMBRE
Lumière
N° 31 -32
- SEP TEM
BRE 202 0
- 19 E 2019
- DÉC N° 29
- 19 E
s
- des projets inédits ; - un dossier thématique avec enquête produits ; - l’interview d’un designer ; - une double page showroom ; - le cahier technique. Et aussi des articles en bilingue français/anglais.
Grether ther Armanandiste, agence Gre Paul ect e urb
ETIEN ENTR
e Éclairag dustrie in l’ s n a d
BRE 202 0
Archit
LUMIÈR
ES N° 31-32
- SEP TEM
IER DOSS
À VOIR
Bassins de Lum ières, Bo rdeaux
Une cré ation de DOSS IERS
Gianfra nco Ian nuzzi, Renato Gatto, Massim iliano Siccardi
Éclairag Éclairag e des commerc e des pa e rkings s
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Lumières Index
ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS
Ledvance.....................www.ledvance.fr......................................22, 23, 37, 49 LightingEurope.............www.lightingeurope.org.........................................9, 46
Agence ON...................www.agence-on.com.....................................16, 17, 18
Light ZOOM Lumière....www.lightzoomlumiere.fr.....................................50, 51
Agglomération Pau Béarn Pyrénées.....www.pau.fr/........................................................ 26, 28
Loupi............................www.loupi-lighting.fr.................................................56
Alain Gilles...................www.alaingilles.com......................................16, 17, 18 Association française de l'éclairage................www.afe-eclairage.fr/................................................10 B.E.G............................http://www.begfrance.fr/............................................52 Bluetek.........................www.bluetek.fr/fr.......................................................56 CITEL............................citel.fr/fr.....................................................................53 Colas Durand Architectes...................www.colas-durand.fr.................................................33 Comatelec....................www.schreder.com....................................................19 Concepto......................www.concepto.fr..........................................................6 Dessein de Ville............www.desseindeville.com...............................19, 20, 21
Luctra...........................www.luctra.eu/fr/.......................................................56 Osram..........................www.osram.fr............................................................47 Philips..........................www.lighting.philips.fr...................................39, 44, 48 Quartiers Lumières.......www.quartierslumieres.com..........................19, 20, 21 Regent.........................www.regent.ch....................................................35, 40 RICH.............................www.rich-designers.com/....................................14, 15 Ridi...............................www.ridi.fr...............................................30, 31, 33, 40 RZB..............................www.rzb.de.fr......................................................36, 38 Selux............................www.selux.com/fra/fr/...............................................19
Disano..........................www.disano.it/it/........................................................40
Signify..........................www.signify.com/fr-fr..........................................44, 48
Emilie Cathelineau (CVL Luminaires)..........www.cvl-luminaires.fr................................................41
Sylvania.......................www.sylvania-lighting.com/fr-fr.........25, 34, 38, 39, 54
Erco..............................www.erco.com/fr...........................................32, 38, 56
Syndicat de l'éclairage...www.syndicat-eclairage.com.....................7, 10, 22, 46
Fagerhult......................www.fagerhult.com/fr..................................................8
Technilum....................www.technilum.com......................................16, 17, 18
FlexLedLight.................www.flexledlight.fr/....................................................56
Thorn...........................www.thornlighting.fr/fr-fr...............................28, 34, 40
FNCCR..........................www.fnccr.asso.fr......................................................10
Trato.............................www.trato.fr.........................................................42, 43
iGuzzini........................www.iguzzini.com/fr.......................8, 12,19, 29, 39, 54
Tridonic........................www.tridonic.fr/fr/..................................................8, 53
IPA (Ignacio Prego Architectures)...............www.prego-architectures.com...................................35 Lamdalux.....................www.sermes.fr/eclairage.....................................40, 56
Trilux............................www.trilux.com/fr/.........................................26, 36, 39 Zumtobel......................www.zumtobel.com/fr..................................................8
NOUVEAU SITE ANNONCEURS B.E.G................. www.begfrance.fr/........................................ 2e couv. LEDVANCE......... www.ledvance.fr........................................... 4e couv. CITEL................. www.citel.fr/fr....................................................... 53 iGUZZINI............ www.iguzzini.com/fr.............................................. 13 LAMDALUX........ www.sermes.fr/eclairage...................................... 55 LES RENDEZ-VOUS DE LA MATIERE www.rendezvousdelamatiere.com/fr/............................................. 24 RZB................... www.rzb.de.fr.......................................................... 9 SYLVANIA........... www.sylvania-lighting.com/fr-fr............................ 10 TRIDONIC.......... www.tridonic.fr/fr/................................................. 53 3e MEDIAS........ www.filiere-3e.fr/.......................................... 3e couv. 58 - LUMIÈRES N° 34 - MARS 2021