Lumières N°35 - JUIN 2021

Page 1

Lumières N° 35 - JUIN 2021 - 19 E

ENTRETIEN

Patrick MAUGER, architecte CAHIER TECHNIQUE

Human Centric Lighting

DOSSIER

Éclairage extérieur



Éditorial

Isabelle Arnaud rédactrice en chef

Adobestock © 2020 Andrew Ostrovsky

L’humain au coeur de la lumière

N Directeur de la publication Jean Tillinac Édition 3e Médias 16, rue d’Athènes 75009 Paris www.filiere-3e.fr Rédactrice en chef Isabelle Arnaud Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80 lumieres.redaction@filiere-3e.fr Publicité Sandrine de Montmorillon Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68 sdm@filiere-3e.fr Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Frédéric Bergossen, Roger Narboni (CONCEPTO) Abonnements Juliette Aguelon compta.3emedias@gmail.com Corrections Laurence Chabrun laurencechabrun@gmail.com Conception graphique et réalisation Planète Graphique Studio 95, boulevard Berthier 75017 Paris Impression et routage Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-La-Pendue © 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Dépôt légal : juin 2021 ISSN : 2259-3772

ous avons souvent posé la question du pourquoi de l’éclairage ou du comment, son rôle dans la maîtrise énergétique et la transition écologique, sur les dernières avancées technologiques. Aujourd’hui, les acteurs portent tous leur réflexion sur « pour qui » on éclaire. Sans doute, les concepteurs lumière furent-ils des pionniers en travaillant la lumière comme une matière, la façonnant pour répondre aux attentes des habitants qui avaient été consultés au préalable. Révolutionnaire, à l’époque ! Cette lumière de l’intérieur, comme celle créée par Pierre Bideau en 1986 pour la tour Eiffel et qui était autant destinée à donner une autre image de la structure métallique que de toucher la sensibilité des promeneurs. Certes, la lumière a éclaboussé, pendant un temps, voilà quelques années, les monuments, les façades, et incommodé parfois les utilisateurs dans les bureaux, voire ébloui les consommateurs dans les commerces… jusqu’à ce que cette notion d’offrir une lumière pour répondre aux attentes des usagers, du vivant en somme, gagne peu à peu du terrain. Les installations les plus pérennes ne sont-elles pas, finalement, celles auxquelles les riverains ont participé ? Ce n’est pas le seul critère, bien entendu, mais les intervenants qui ont apporté leur contribution au dossier de cette édition sur l’éclairage extérieur, sont assez unanimes, et convergent vers un même objectif : répondre aux attentes des utilisateurs, des gens, des personnes. Du design des solutions aux exemples de réalisation, en passant par les effets recherchés, l’humain se trouve au cœur des mises en lumière, dans le respect de la faune et de la flore. Roger Narboni, précurseur des trames noires, explique comment, de mal comprises hier, elles se généralisent aujourd’hui, et cependant met en garde : « Cette stratégie de préservation et d’aménagement de l’obscurité ne doit pas se faire aux dépens de la qualité nocturne des citadins ni des activités humaines nocturnes »… Les technologies suivent le mouvement. Le Cahier technique, qui a pour sujet le « HCL » (l’éclairage centré sur l’humain), donne la parole à quatre fabricants qui présentent leurs avancées en la matière, mais pas seulement : l’un d’entre eux en fait une véritable philosophie. Et si la recherche de solutions toujours plus efficaces, plus économiques, plus ergonomiques, plus respectueuses de l’environnement convergeait vers cette approche plus sociétale de la lumière ? Une lumière au service de l’humain. Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire. Blaise Pascal, Pensées, 430

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 3


Lumières Sommaire ACTUALITÉS 0 6 Pierre Bideau (1941-2021), la lumière de l’intérieur 08 BEGA acquiert la majorité du capital d’Aubrilam

Novalux arrive en France

10 Quel Plan de relance pour l’éclairage extérieur ? Interview de

Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage

LightingEurope élit un nouveau conseil d’administration 13 Xavier Bancquart, responsable des illuminations,

quitte la Ville de Paris

Jérémy Bourgois est nommé directeur général de WE-EF Lumière France 14 ENTRETIEN

© Architecture Patrick Mauger

12 Nathalie Yserd nommée directrice générale d’ecosystem

14

Patrick MAUGER, Architecture Patrick Mauger

PROJETS

26

16 Champage Joseph Perrier : « carte noire » à Lumesens 20 Wonderfulight restaure la lumière au musée d’Art de Toulon

PERSPECTIVES 24 Ragni : Aller toujours plus loin !

DOSSIER 26 Éclairage extérieur

© Comatelec. Photo Jean-Baptiste Guerlesquin

27 Moderniser pour économiser. Interview de Teddy Tisba, chef de

56

la section Éclairage public, maître d’ouvrage pour tout le matériel d’éclairage et d’illumination pour la Ville de Paris

28 Le difficile équilibre entre éclairer juste et juste éclairer 44 Trames noires - Le temps de la maturité 48 Enquête produits : Un afflux de créativité et de designs 52 DESIGNER

Damien Dreiss : ébénisterie en lumière

MANUFACTURE 54 RZB : une production hautement intégrée et automatisée

CAHIER TECHNIQUE 56 Human Centric Lighting – L’humain au centre des développements 58 Sylvania combine un nouveau spectre lumineux

et une gestion intelligente

Doc. B.E.G. France © Dudarev Mikhail / stock.adobe.com

59 B.E.G. : pour un éclairage bien-être qui suit le rythme circadien

4 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

60 iGuzzini : Human Centric Lighting, une philosophie

plus qu’une technologie

61 Erco : un éclairage au service de l’utilisateur

PRODUITS 63 C romo de Disano - Novalux présente sa gamme Cartoon -

Radian dévoile le lampadaire Tréma

À LIRE 68 Les défis de l’éclairage public, par Roger Narboni et Fanny Guérard 70

SALONS/INDEX



© DR

Lumières Actualités

Pierre Bideau. Portrait issu du site de l’ACE.

Pierre Bideau (1941-2021), la lumière de l’intérieur

P

ierre Bideau, ce génie de la lumière, restera à jamais dans l’esprit de tous le créateur de LA mise en lumière de la tour Eiffel. C’est par ce travail subtil, évident et pourtant si ingénieux que je découvre l’artiste tout autant que l’ingénieur lorsqu’il signe l’éclairage, en 1986, de celle qu’il appelait lui-même « la grande dame » et qu’il décrivait comme « ce monument étonnant dont la parfaite inutilité originelle n’a d’égale que sa perfection technique et esthétique ». La Société nouvelle d’exploitation de la tour Eiffel (aujourd’hui la SETE) retient Pierre Bideau pour revoir l’illumination de la tour. Le concepteur lumière a alors cette idée originale d’installer les projecteurs à l’intérieur de la structure métallique elle-même, ce qui en souligne la légèreté et produit un rendu esthétique marquant : la couleur dorée des lampes à vapeur de sodium haute pression met en valeur les bruns pigmentés de jaune de la structure. L’effet est saisissant et les coûts d’exploitation sont divisés par quatre. Dix-huit ans plus tard, lorsque le temps est venu de remplacer le matériel, c’est de nouveau à Pierre Bideau que l’on demande de reprendre l’étude. Il garde le principe de l’éclairage de l’intérieur et remplace les anciennes sources par des lampes sodium moins énergivores. Le grand homme (dans tous les sens du terme) était fort impressionnant, voire intimidant, et pourtant c’est toujours avec la même humilité qu’il parlait de son métier d’éclairagiste chaque fois que nos chemins se sont croisés, ou plutôt que nous avons croisé les mots, pour décrire ses mises lumière ou même évoquer celles de ses confrères. Cette bienveillance et son expertise, Pierre Bideau les met au service de l’Association française de l’éclairage, en créant notamment, en 1981, le centre régional Val de Loire, dont il est le président jusqu’en 1991.

6 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

Quelques années plus tard, en 1995, voulant partager son expérience d’éclairagiste indépendant, il participe, avec d’autres pionniers de cette toute jeune profession, à la création de l’Association des concepteurs lumière et éclairagistes, dont il sera président de 1999 à 2001. À l’occasion des dix ans de l’ACE, Pierre Bideau résumait ainsi, dans la Lettre de l’ACE, ses années de présidence : « L’accent a été mis sur les relations avec le Syndicat de l’éclairage et l’AFE. C’est aussi à ce moment que nous avons lancé les séminaires annuels en province, qui nous ont permis d’accueillir des intervenants extérieurs. Ces débats sont devenus une source d’enrichissement pour notre profession et l’occasion de rencontrer des associations internationales, ainsi que d’autres professionnels, architectes, ingénieurs des villes... » Prix et distinctions • 1986 : médaille d’or de l’Académie d’architecture pour la mise en lumière de la tour Eiffel. • 1991 : médaille Augustin Fresnel de l’Association française de l’éclairage. • 1994 : prix de l’Académie nationale des arts de la rue pour la mise en lumière de la ville de Caen. • 1996 : Lighting Design Awards de la Lighting Industry Federation pour la mise en lumière du manoir de Waddesdon, Angleterre. • 1998 : grand prix catégorie Patrimoine moderne du Concours Lumières et Monuments (aujourd’hui « Concours Lumières ») pour la mise en lumière du pont du Martrou de Rochefort. • 2005 : prix Alfred Monnier de l’Association française de l’éclairage. n



Lumières Actualités

B

EGA, en tant que fabricant de luminaires présent dans le monde entier, entretient depuis près d’une décennie un partenariat extrêmement fructueux avec Aubrilam, la marque de solutions de mobilier urbain en bois, de mâts en bois haute performance ainsi que de bornes. Pour Heinrich Gantenbrink, gérant associé de BEGA, « la poursuite prévisible de l’urbanisation, avec la mise en place de modes de vie axés sur les loisirs dans les villes en croissance, augmentera la demande de mobilier urbain de haute qualité. Le bois, en tant que matériau naturel très durable, jouera un rôle majeur dans ce domaine, avec des solutions d’éclairage remarquables ». Heinrich Gantenbrink est convaincu que l’acquisition d’Aubrilam était une étape logique en termes de collection : « La philosophie des deux entreprises, pour lesquelles seules la qualité exceptionnelle et la durabilité des produits sont admissibles, était la base de notre partenariat, maintenant, nous réunissons cette réussite historique sous un même toit. » En tant que futur site de BEGA en France, Aubrilam restera présente sur le marché comme marque avec une gamme de produits indépendante – en maintenant le même nombre de salariés. Soufyane Miloudi reste gérant associé d’Aubrilam et Turki Badeeb reste actionnaire. La marque est implantée sur le marché depuis 1978. L’entreprise est basée à Clermont-Ferrand, avec son site de production à Brioude.

Novalux arrive en France F

© Novalux

orte de soixante-dix ans d’expertise sur le marché italien, la marque Novalux est progressivement commercialisée sur le territoire à partir de janvier 2021, à travers les réseaux professionnels généralistes de distribution en matériel électrique et les distributeurs spécialisés en éclairage. Un réseau de distribution clair et maîtrisé, qui protège et valorise ainsi les prescripteurs. Novalux se développe désormais en Europe et notamment en France, grâce à l’acquisition de l’entreprise par le groupe SLV Lighting, l’un des leaders en matière d’éclairage décoratif. Entreprise familiale née en 1948 dans le nord de l’Italie à Bologne, Novalux a su s’imposer en l’espace de soixante-dix ans comme une valeur sûre du marché italien en matière d’éclairage. Garante d’un savoir-faire unique, la marque historique italienne conçoit et fabrique sur son site de Bologne la grande majorité de ses produits. Novalux déploie aujourd’hui son offre en France, pour proposer ses solutions d’éclairage innovantes aux architectes et installateurs français, via son réseau de distributeurs agréés. Trois gammes emblématiques sont ainsi accessibles : • l’innovation Cartoon, une gamme à la technologie exclusive encore jamais vue en France, témoin de la force de frappe innovante de la

8 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

© BEGA

BEGA acquiert la majorité du capital d’Aubrilam À propos de BEGA Depuis plus de soixante-dix ans, BEGA développe et fabrique des luminaires de qualité au service de l’architecture. Certains produits ont fait l’objet de marques déposées qui, depuis, ont été communément utilisées pour désigner d’innombrables types de produits devenus classiques dans le monde de l’éclairage. BEGA a cherché à optimiser au maximum la fabrication des luminaires intérieurs et extérieurs. Une démarche indépendante qui résulte non pas de l’application d’un simple catalogue de prescriptions, mais du progrès de ses connaissances et qui fait partie intégrante de sa vision de la qualité. À propos d’Aubrilam Spécialiste des aménagements extérieurs, Aubrilam accompagne ses clients depuis quarante ans dans la réalisation de leurs projets. Un espace ne s’habille pas, il se vit. Aubrilam apporte de la matière à l’espace : vivante et durable, elle donne du sens, embellit et crée un lieu de vie et d’échange pour les habitants, partout et pour tous. n

marque : une plaque de plâtre équipée d’un bandeau LED directement intégré, permettant des compositions linéaires infinies  ; • la gamme Lucky, l’élégance du Made in Italy, aux lignes minimalistes et aux applications multiples, capable de s’intégrer harmonieusement dans tous les styles architecturaux ; • la gamme Halos, anneaux décoratifs à la lumière douce et harmonieuse, apportant une touche délicate et sophistiquée aux espaces. Novalux est née de la créativité de Gino Persiani, jeune prisonnier de la Seconde Guerre mondiale qui découvre pour la première fois, dans l’usine allemande où il est forcé de travailler, un tube fluorescent appliqué à la technologie sous-marine. Il imagine alors toutes les applications potentielles de cette nouvelle source de lumière en adaptant son « habillage ». Le succès est au rendez-vous… et perdure encore aujourd’hui grâce au petitfils du créateur, Alessandro Sgrignoli, qui poursuit le même objectif que son grand-père : rendre accessible l’éclairage architectural et le design Made in Italy, en s’inscrivant dans la vision d’une industrie plus locale et respectueuse de l’environnement. Novalux est aujourd’hui spécialiste de l’éclairage architectural intérieur et extérieur, dans le secteur résidentiel, commercial et tertiaire. Les produits sont conçus, industrialisés, fabriqués et assemblés au sein de l’usine bolognaise – 30 000 m² de surface totale, dont 12 000 m² dédiés à la production. Le laboratoire de l’entreprise est équipé d’une cellule thermique pour les tests de fonctionnement et de vieillissement accéléré, d’un goniophotomètre pour l’étude de la distribution de la lumière et la création des courbes photométriques de chaque luminaire conçu, ainsi que d’un spectrophotomètre pour mesurer l’IRC et la stabilité chromatique des LED utilisées. Trois gammes de luminaires Made in Italy font leur entrée sur le marché français, avec un souci d’accessibilité tarifaire et une qualité garantie 5 ans. n



Lumières Actualités

© DR

Quel Plan de relance pour l’éclairage extérieur ? Dans un contexte de crise sans précédent, Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage, nous explique pourquoi la filière a proposé au Gouvernement d’ajouter un volet « Rénovation de l’éclairage extérieur » au Plan de relance.

Pour quelles raisons l’éclairage extérieur doit-il être adressé prioritairement dans le cadre du Plan de relance ? Le Plan de relance vise à accélérer la transition énergétique et numérique du pays, et la modernisation des installations d’éclairage intérieur et extérieur répond à ces deux objectifs. Or, nous avons constaté, avec le SERCE, la FNCCR et l’AFE, que l’éclairage public, qui représente parfois la moitié des consommations d’électricité d’une commune, n’y figure pas. La modernisation des systèmes d’éclairage est identifiée dans le document de France Relance de septembre 2020 comme une des rares « actions à gains rapides et à fort taux de retour ». Il s’agissait du bâtiment, mais en extérieur aussi, la rénovation de l’éclairage s’impose, et les gains et le temps de retour sont aussi rapides. Le dossier intégral envoyé aux ministères, avec la Charte LED associée, est libre d’accès sur notre site. Car vos lecteurs le savent, mais le public l’ignore souvent : l’éclairage LED s’est imposé comme une révolution silencieuse. Les fabricants français ont une mentalité de start-up. Leurs luminaires n’ont rien à voir avec les luminaires du parc installé, conçus pour les technologies à décharge. Ils conçoivent des systèmes qui permettent de réduire d’un facteur 5 les consommations et dont le maillage existant offre un réseau disponible pour une ville plus intelligente, c’est-à-dire davantage au service de ses habitants, avec des usages numériques utiles. Quels sont l’état et l’impact de l’éclairage public en France ? L’enquête Énergie et Patrimoine communal 2017 reste, avec le rapport de la Cour des comptes 2021, le document le plus récent et le plus fiable. Intérieur ou extérieur, l’éclairage représente parfois le premier poste de dépenses d’électricité d’une collectivité. Ce n’est souvent pas en revanche la première voie d’amélioration considérée. Les compétences manquent souvent et les installations existantes sont renouvelées a minima, comme si l’éclairage était un mal nécessaire plus qu’une source de gains énergétiques et sociétaux. La Cour des comptes a relevé le fait que, faute d’investissement, sur le terrain, on est loin de profiter des progrès des nouvelles technologies  ! Beaucoup d’installations restent vétustes, énergivores, polluantes, nuisibles. L’arrêté nuisances n’oblige pas à rénover, sauf certaines boules qu’il faut remplacer. Le reste peut attendre le bon vouloir du gestionnaire. Il est temps d’aider les maires à programmer des modernisations intelligentes. Ils sont attachés à leurs prérogatives, mais l’absence de moyens et de compétences internes pour la rénovation, la maintenance, le suivi des performances de l’éclairage public doit les amener à considérer l’intérêt général : ils doivent se tourner vers les structures intercommunales capables d’assumer la pérennité du service.

10 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

Que demande la filière ? Nous n’en sommes plus au stade des expérimentations. Les rénovations sont des investissements rentables démontrés, les factures baissent immédiatement : économiser 80 % de sa consommation électrique devrait faire réagir tout responsable du budget d’une collectivité. Les émissions de CO2 sont aussi réduites dans les mêmes proportions, et les nuisances maîtrisées si le projet d’éclairage est réalisé par un professionnel. Enfin, notre plan, c’est l’emploi. Le dossier que nous avons envoyé aux ministères concernés estime que ce programme peut entraîner la création ou la consolidation de 120 000 emplois, locaux et qualifiés, pour l’ensemble de la filière dans tous les territoires. Nous demandons donc à l’État, dans le cadre d’un nouveau plan, entre autres financé partiellement par l’Europe, d’inciter les collectivités à programmer, sur les dix prochaines années, des travaux de rénovation de l’éclairage public en amorçant les financements nécessaires via une bonification exceptionnelle, avec le soutien des structures intercommunales et les syndicats d’énergie, ces derniers disposant des connaissances techniques et de la capacité d’emprunt pour faire réaliser ces travaux. La Banque des territoires pourrait être aussi un acteur précieux grâce à des financements adaptés. Cette rénovation doit être mise en place avec sérieux, en respectant l’état de l’art, car les installations rénovées seront là pour vingt ou trente ans, et nos concitoyens méritent bien mieux que des chasseurs de primes CEE profitant de l’effet d’aubaine. Que recommandez-vous ? Sur la base du chiffrage du dossier communiqué aux ministères, il est intéressant de retenir une estimation des gains annuels consécutifs au remplacement d’un luminaire. Il s’agit évidemment d’une moyenne, mais disons qu’un luminaire d’éclairage extérieur remplacé peut apporter, chaque année : - 410 kWh d’économies d’énergie ; - 26 kg d’émission de CO2 évités (sur la base de 64,2 g/kWh estimés par l’ADEME) ; - 65 € d’économisés sur la facture d’électricité et 5 € sur la facture de maintenance. Soit 70 € par luminaire remplacé et par an d’économie globale. Sans compter l’intérêt, selon le cas, de mettre en œuvre des solutions d’éclairage solaire, où la France est leader mondial… Ne pas rénover, c’est continuer à perdre du temps et de l’argent ! n

Propos recueillis par Alexandre Arène



Lumières Actualités

Nathalie Yserd nommée directrice générale d’ecosystem

N

athalie Yserd, 49 ans, prend la direction de l’éco-organisme ecosystem, en charge de l’allongement de la durée de vie et du recyclage des équipements électriques. L’ambition de son mandat est claire et se résume en un mot : « accélérer », pour contribuer à la protection de l’environnement, de la santé et des ressources naturelles. Recrutée en 2012 au sein de l’écoorganisme en tant que directrice déléguée, Nathalie Yserd succède à Christian Brabant. Son parcours professionnel effectué au sein des groupes Carrefour, PPR, puis FNAC et eBay, avant de rejoindre ecosystem, confère à la nouvelle dirigeante une connaissance parfaite du secteur des équipements électriques et électroniques. Nathalie Yserd entend accélérer et contribuer au mouvement de l’économie circulaire, pour répondre à l’urgence climatique : « La politique des petits pas, si elle a fait ses preuves dans bien des domaines, ne suffira pas face aux enjeux climatiques. Il nous faut donc tout mettre en œuvre pour contribuer à l’allongement de la durée de vie des équipements électriques et électroniques et à la réutilisation de matières issues du recyclage. » Accélérer… en facilitant la réparation La mise en place d’un « fonds réparation » début 2022, inscrit dans la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire), va permettre à ecosystem de définir les modalités pour rendre accessible à tous les Français, une réparation de qualité pour leurs appareils électriques et électroniques.

Accélérer… en augmentant le réemploi et la réutilisation des appareils Le « fonds réemploi », lui aussi issu de la loi AGEC, permettra d’augmenter la part des équipements électriques réemployés et réutilisés. Accélérer… en recyclant toujours plus et mieux les matières premières Le recyclage doit rester l’unique exutoire d’un appareil en toute fin de vie pour qu’il soit dépollué avant que l’on en recycle les différentes matières qui le composent. Ces matières, réintroduites dans l’industrie (métaux, plastiques, verre…) pour fabriquer de nouveaux produits, évitent l’extraction de nouvelles matières premières. Accélérer… en faisant du bilan environnemental un indicateur clé de la filière Si l’atteinte des objectifs de réparation, de réemploi et de collecte en vue du recyclage est nécessaire, elle doit impérativement s’accompagner d’un bilan environnemental positif et en croissance constante. « Toutes nos actions seront mesurées à travers ce prisme dès que cela sera possible. De plus, nous ambitionnons de diviser par deux l’empreinte environnementale de nos activités logistiques et de traitement, dans les 10 prochaines années. » n ecosystem est un éco-organisme à but non lucratif d’intérêt général agréé par les pouvoirs publics pour gérer les appareils ménagers et professionnels complexes usagés et prolonger leur durée de vie par la réparation et le réemploi ou les recycler sous forme de nouvelles matières premières dépolluées et réutilisables. www.ecosystem.eco / Facebook @ecosystem. eco/Twitter ecosystem.eco

LightingEurope élit un nouveau conseil d'administration

L’

assemblée générale de LightingEurope a élu le 26 mars 2021 un nouveau bureau exécutif pour un mandat de deux ans. Le conseil d’administration est composé d’un nombre égal de représentants des associations nationales d’éclairage et des entreprises membres de LightingEurope et a pour rôle de mettre en œuvre la stratégie et les plans de travail de LightingEurope. Le conseil d’administration a réélu le même jour Lionel Brunet en tant que président de LightingEurope, pour un second mandat de deux ans. Lionel Brunet est délégué général du Syndicat de l’éclairage français depuis 2013, et a précédemment eu une longue carrière internationale dans les industries chimiques et mécaniques, ainsi que dans une association commerciale mondiale. « Je suis honoré d’être réélu président et je suis impatient de continuer à collaborer avec le conseil d’administration et les régulateurs et les clients pour renforcer la confiance dans les professionnels de l’industrie européenne de l’éclairage et notre capacité à fournir un éclairage de qualité pour tous », a déclaré Lionel Brunet.

12 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

Le conseil d’administration est composé des membres suivants : Lionel Brunet, Syndicat de l’Éclairage, France, président Maurice Maes, Signify, Pays-Bas, vice-président Lars Stuehlen, Ledvance, Allemagne, trésorier Katia Valerie Banoun, Lyskultur, Norvège Alfredo Berges, Anfalum, Espagne Nathalie Coursière, IGNES, France Massimiliano Guzzini, ASSIL, Italie Frank Hohn, Osram, Allemagne Peter Hunt, LIA, Royaume-Uni Joerg Minnerup, Trilux, Allemagne Miguel Aguado Pelaez, Lutron, Royaume-Uni Zoltán Pilter, Tungsram Group, Hongrie Jan van Rompay, Lumileds, Pays-Bas Mark Oliver Schreiter, Erco, Allemagne Carlo Urbinati, Assoluce, Italie Dr Jürgen Waldorf, ZVEI, Allemagne www.lightingeurope.org


Lumières Actualités

Xavier Bancquart, responsable des Illuminations, quitte la Ville de Paris Concepteur lumière, direction de la Voirie et des Déplacements, section Éclairage public

P

endant plus de vingt ans, Xavier Bancquart s’est consacré à l’éclairage de la Ville de Paris, tout d’abord au sein du Laboratoire des équipements de la rue de la Ville de Paris, puis responsable des Illuminations. Son premier projet : la mise en lumière de l’église NotreDame-de-la-Croix de Ménilmontant, dans le 20e arrondissement, où il ose des variations de blancs et même de la couleur sur le clocher. « C’était une opportunité exceptionnelle qui m’a permis de faire évoluer mon poste, nous confie-t-il. L’idée était de donner du sens au monument en respectant son histoire, son environnement, ses matériaux, ce que je me suis toujours efforcé de faire par la suite. L’éclairage est un outil qui me permet de transcrire l’image que je me fais du patrimoine. » C’est dans cet esprit qu’il a éclairé le pont de l’Archevêché, son dernier projet, qui relie le quai de Montebello au quai de la Tournelle (voir photos dans le dossier de ce numéro). Entre les deux réalisations, Xavier Bancquart a conçu une quarantaine de mises en lumière dans la capitale, éphémères ou pérennes. Ce départ à la retraite aura-t-il raison de sa passion pour l’éclairage et pour la Ville Lumière ? n

Jérémy Bourgois est nommé directeur général de WE-EF Lumière France

I

l succède à Florent Pigot qui quitte ses fonctions après une carrière de plus de vingtsept ans à la tête de l’industrie. Grâce à ses douze années d’expérience au sein de l’entreprise, Jérémy Bourgois connaît très bien ses équipes, ce qui lui confère une vision d’ensemble de l’entité française du groupe. Il mesure parfaitement les enjeux qui pèsent sur l’industrie de l’éclairage, ainsi que la stratégie de développement mise en place par WE-EF pour y répondre. Ayant toujours été un homme de terrain, Jérémy a pour habitude d’agir avec une très bonne écoute de ses clients, et de ses collaborateurs. En 2016, Jérémy Bourgois ajoute à sa fonction de commercial à temps plein la direction marketing de WE-EF France. Depuis 2018, il joue un rôle essentiel dans la gouvernance, alors qu’il se voit confier le poste de Business Development Manager. À 33 ans seulement, Jérémy Bourgois est aujourd’hui prêt à prendre ses responsabilités et à assurer la pérennité de l’entreprise. « J’ai la chance d’hériter d’une entreprise saine, avec une structure solide qui fonctionne, mais il est important de ne pas s’endormir. Mon fil rouge sera de maintenir et de perpétuer l’état d’esprit WE-EF. Nous avons l’âme des outsiders, ceux qui sont là où on ne les attend pas », confie le jeune directeur général. n

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 13


© Architecture Patrick Mauger

Lumières Entretien

Patrick MAUGER, architecte DPLG Architecture Patrick Mauger

Parcours• • • Patrick Mauger est architecte DPLG, diplômé de l’ENSA-Marseille en 1986. Après un troisième cycle en communication multimédia, SciencesCom-Audencia Nantes et des études en Théories de l’architecture à Paris-Villemin, il obtient une bourse de l’Académie française, fondation Jean Walter-Zellidja, pour mener des recherches aux États-Unis. En 1991, il publie le livre Centres commerciaux aux éditions du Moniteur. En 1999, il crée Architecture Patrick Mauger, après avoir collaboré avec les agences de Viguier-Jodry et de Jean-Michel Wilmotte, où il acquiert une expertise dans le domaine des grands projets (musées du Louvre et des Beaux-Arts de Lyon) et de la restructuration de bâtiments à forte valeur patrimoniale, culturelle et de recherche (extension du Collège de France). Son premier projet, le centre culturel du Tourp en Normandie, est nommé au titre de la Première Œuvre en 2002. La même année, le groupe LVMH lui confie la réalisation de la maison d’enchères Phillips Auctioneers à New York. Architecte conseil de l’État auprès du ministère de la Culture depuis 2010, il est aussi membre de l’association Architecture et Maîtrise d’Ouvrage, depuis 2014. 14 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

La lumière vibration Né à la pointe du Cotentin, « là où la mer n’est pas une couleur mais un état de lumière », Patrick Mauger a appris très tôt à conjuguer le mot lumière, comme un verbe, à différents modes, temps simples et composés, suivant les cycles de la journée ou des saisons. Au fil de cette promenade poétique, il nous conduit à travers ces espaces que la lumière structure, retrace, dessine, de jour comme de nuit. Vous aimez citer l’architecte Louis Kahn à qui l’on doit de nombreux dispositifs lumineux innovants. En quoi la lumière structure-t-elle les espaces ? La lumière accompagne tout geste architectural : dans les tracés des axes, les alignements, dans la définition des ombres. Après mes études, j’ai travaillé rapidement dans le domaine de la muséographie, tout d’abord au musée du Louvre aux côtés de Ieoh Ming Pei et de Jean-Michel Wilmotte, et avec le concepteur lumière Georges Berne. C’est lui qui m’a fait découvrir le métier d’éclairagiste et combien la concertation avec un spécialiste de la lumière pouvait être primordiale. J’ai été fasciné en voyant comment le lighting designer Claude R. Engel apportait un éclairage artificiel en compensation de la lumière naturelle en frappant les plafonds des salles de peintures. Cette première expérience a fédéré tout le travail effectué ensuite avec d’autres éclairagistes. L’idée est de trouver un équilibre entre lumière naturelle et éclairage artificiel ; dans les musées, la question ne se pose plus ; par exemple, au nouvel Institut français de

la mode, qui est un bâtiment très épais, nous avons créé de grands puits de lumière auxquels est associé un éclairage artificiel, conçu par l’agence 8'18", qui prend le relais à la tombée de la nuit. Mais au CRI (Centre de recherches interdisciplinaires) où j’ai pris le parti d’ouvrir deux failles zénithales qui font entrer la lumière du jour, nous ne pouvions pas, pour des raisons budgétaires, associer un éclairagiste. Nous avons donc traité le projet d’éclairage artificiel en consultant plusieurs fabricants, et avec l’aide et l’assistance d’iGuzzini, notamment. Comment décririez-vous votre intervention lumière dans vos projets aujourd’hui ? Le travail que nous effectuons sur la lumière résulte d’une philosophie qui porte tous les projets et toute la conception : c’est celle de la flexibilité, de l’usage, de la flexibilité de l’usage. Nous nous appuyons sur trois éléments forts dans la conception de l’architecture : tout d’abord, cela doit fonctionner parfaitement, répondre à tous les usages demandés, et aller même au-delà de ce que le client/maître d’ouvrage avait imaginé ; nous appelons cela


Lumières Entretien

Plutôt que de parler de « lumière matière », vous préférez évoquer la lumière vibration. Comment la définissez-vous ? La lumière fait vibrer un matériau, elle frappe une matière. Nous travaillons la lumière en fonction du matériau : son effet est différent sur le verre, le béton, un mur de pierres sèches,

le bois, etc. Cela me fait penser à un très beau roman de Virginia Woolf, Les Heures, dans lequel elle décrit différents moments de la journée et, entre autres, comment la lumière du matin vient taper sur un volet, comment un mur en pierres prend la lumière à midi. C’est ce que nous avons cherché à restituer avec 8'18", au nouvel Institut français de la mode où, derrière un plafond Barrisol, la lumière du jour vient frapper le bois, le béton, et révèle la matière d’une manière totalement différente le matin, le midi, le soir. Nous avons souvent joué de cet effet aussi bien avec la lumière naturelle qu’avec l’éclairage artificiel : par exemple, dans le restaurant universitaire de Mabillon, à côté du marché Saint-Germain, à Paris, nous avons mis des clins de bois de châtaignier qui, telles des persiennes, laissent passer des rais de lumière de jour comme de nuit. Ces jeux de lumière participent à l’émotion que nous souhaitons donner aux personnes qui traversent notre architecture. Et si la lumière fait vibrer la matière, elle nous fait vibrer aussi, c’est essentiel. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud

© Michel Denancé

« enrichir la vie ». Globalement, nous faisons en sorte que la qualité de l’éclairage ne soit pas altérée, même si la configuration des espaces change : il faut que le niveau d’éclairement permette, à l’aide éventuellement de variateurs, la lecture, l’écriture, de bonnes conditions de travail, à tout moment. Le deuxième point est de révéler l’espace. Et là, je rejoins Alain Moatti : c’est une question d’histoire et de narration. Comment allons-nous souligner les axes structurants, les axes de lumière ? Placet-on les appareils d’éclairage dans les linteaux de fenêtre ? Prend-on le parti de n’éclairer que les extrémités d’une circulation plutôt que les côtés ? Doit-on positionner des luminaires sur des colonnes béton pour faire vibrer ce matériau ? La troisième composante, c’est l’histoire que nous racontons, au moment où la nuit tombe, que la lumière naturelle disparaît, que l’espace devient plus intime, enveloppé d’une lumière douce ; alors, le bâtiment peut renvoyer une image complètement différente de celle de la journée.

Institut français de la mode - Architecture Patrick Mauger

© Michel Denancé

© Michel Denancé

Centre culturel, Auneau - Architecture Patrick Mauger

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 15


Projets

© EmericThiénot

Lumières

Maîtrise d’ouvrage Champagne Joseph Perrier Maîtrise d’œuvre Loïc Thiénot architecture, TB Architecture Conception lumière Emeric Thiénot, Lumesens Solutions d’éclairage Atea, B-Lux, DCW, iGuzzini, Loupi, Luce&Light, OM lighting, Vibia Installateurs SEEI Jean Michel Molla & David Sadowski Blanchard

CHAMPAGNE JOSEPH PERRIER : « CARTE NOIRE » À LUMESENS C’est à sa création, en 1825, que la Maison Joseph Perrier s’installe dans les galeries gallo-romaines de Châlons-en-Champagne. À l’époque, elles étaient éclairées à la bougie, puis différents dispositifs d’éclairage se sont succédé. En 2005, Emeric Thiénot, concepteur lumière, Lumesens, réalise une première étude pour rénover l’installation, mais le projet est abandonné. Ce n’est qu’en 2019 que la Maison Joseph Perrier donne carte blanche, ou plutôt « carte noire » à l’éclairagiste qui a reçu pour cette réalisation le prix de l’ACEtylène de la conception lumière intérieure 2020.

© François Guillemin

C 16 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

reusées dans les anciennes crayères galloromaines à flanc de la colline, les caves de la Maison Joseph Perrier ont la particularité d’être de plain-pied. Leur nature calcaire des caves permet de créer la température modérée nécessaire à une conservation optimale, renforcée par la ventilation naturelle des essorts. En 2018, la Maison Joseph Perrier décide de réhabiliter l’ensemble de son circuit visite des caves, et de créer des salles d’exposition, une boutique, une réception, des bureaux, et de rénover

l’aménagement de la cour agrémentée de jardins. La mise en lumière invite le visiteur à déambuler à travers le dédale des galeries. Sa vision doit d’abord s’adapter au très faible niveau d’éclairement pour pouvoir les parcourir et se laisser surprendre par les jeux d’ombres et de lumière. « Dans ce lieu, symbole du temps arrêté, nous revivons les mystères du feu des cavernes ancestrales inscrits en chacun de nous, raconte Emeric Thiénot, concepteur lumière, Lumesens. Le projet a consisté à


Lumières Projets

éclairer les caves en tenant compte de la problématique de la lumière blanche qui gâte le vin en lui donnant un goût de lumière. » Le « goût de lumière » Ce goût de lumière n’est pas une fantaisie de l’esprit et fait l’objet de la plus grande attention dans toutes les grandes Maisons de renom. Due à l’oxydoréduction de la riboflavine et d’acides aminés soufrés, cette anomalie touche les vins exposés à la lumière naturelle ou artificielle en leur donnant un goût de choufleur ou de caoutchouc particulièrement désagréable. Ce phénomène peut se produire très rapidement, en quelques heures seulement. Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) a d’ailleurs fait des recherches pendant des années afin de trouver la juste lumière avec une longueur d’onde de ±590 nm. « Nous avons donc travaillé, explique Emeric Thiénot, avec un éclairage monochrome de 595 nm, très orangé, pour l’éclairage en direct sur le vin, et avec un niveau lumineux excessivement faible. Nous avons pu utiliser de temps à autre et toujours en indirect, une lumière plus blanche, de 2 400 K. » Des mouvements d’air aux reflets changeants… À de très faibles niveaux d’éclairement, l’œil du visiteur venant de l’extérieur a besoin de plus de temps pour s’accommoder, et si le passage de la lumière du

© Emeric Thiénot

© Emeric Thiénot

Lumières Projets

jour à la pénombre des caves se fait sans transition, il est difficile de percevoir quoi que ce soit pendant plusieurs minutes. « Pour éviter ce phénomène, précise Emeric Thiénot, le passage entre l’accueil et les caves proprement dites bénéficie d’un éclairage dont l’intensité décroît progressivement jusqu’à l’entrée des caves. » Pour l’éclairage des galeries, Emeric Thiénot a beaucoup utilisé les essorts qui ponctuent l’ensemble du parcours. Ces essorts, d’environ 80 cm, constituent des puits d’entrée verticaux qui peuvent aller jusqu’à 20 m de profondeur et permettaient d’accéder rapidement à la craie saine exploitable dans laquelle la cavité s’évase, formant à la base une chambre de section carrée. Ils sont utilisés aujourd’hui pour apporter l’humidité nécessaire aux caves par des dispositifs contrôlés par l’exploitant. « Je me suis servi de ces essorts, poursuit Emeric Thiénot, pour projeter, dans ces ouvertures, des vitraux de lumière réalisés à l’aide de filtres dichroïques collés sur des petits spots. L’idée était de créer un lien avec l’extérieur en laissant croire que seules certaines fréquences avaient pu atteindre la galerie. » Dans certains essorts, le concepteur lumière a placé de la tôle pliée, travaillée comme une sculpture, devant les projecteurs dotés de lentille Sharp, créant des éclats de lumière blanche sur le sol. Cette étape a été réalisée en parfait binôme avec l’installateur qui est intervenu avec tout son savoir-faire pour positionner les LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 17


Lumières Projets « miroirs » sur des fils de nylon. Les mouvements d’air font vibrer ces miroirs, faisant bouger les taches de lumière au sol comme des reflets dans l’eau.

18 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

Un projet complet et durable Le concepteur lumière a également redéfini le projet d’éclairage de l’ensemble du site, comprenant l’accueil, la boutique et l’espace dégustation, tous les bureaux, mais aussi la mise en lumière de la cour et des jardins. « Lumesens travaille dans l’objectif d’une conception lumière durable, explique Emeric Thiénot. Nous abordons le projet dans une compréhension globale des problématiques du point de vue des usages, du patrimoine, des contraintes techniques, de la qualité de l’architecture, du paysage, des conditions économiques et environnementales… Nous nous sommes efforcés d’équilibrer le rapport entre l’esthétique du projet (concept, effet, IRC…) et les économies de matériel (nombre de points lumineux, type d’accroche, appareillage…), la consommation et les différents objectifs définis précédemment. Notre travail est donc le résultat de la conception associée à la prise en compte des usages, des conditions de fonctionnement, des objectifs de développement et de cohérence in situ, des contraintes économiques et environnementales. » n Isabelle Arnaud

© Rodrigo Apolaya Canales

© Rodrigo Apolaya Canales

© Emeric Thiénot

Ambiances feutrées et ambrées Le parcours entraîne les visiteurs jusque dans les galeries-caves où les bouteilles sont disposées sur des pupitres inclinés (chevalets en chêne) pour la deuxième fermentation qui transforme le vin tranquille en vin effervescent. Le dépôt descend lentement vers le col, suivant l’inclinaison des bouteilles jusqu’à ce qu’elles soient amenées à la verticale par le remueur. De petits spots, fixés au sol, projettent une lumière orangée (longueur d’onde de 590 nm) sur les pupitres et les voûtes, tandis que des réglettes en sous-faces des pupitres tracent des bandes régulières perpendi-

culairement au cheminement. Dans l’allée principale, le concepteur lumière a créé deux saillies de chaque côté pour encastrer des appareils au sol, ponctuant, comme des bougies, la déambulation de lumières plus blanches. « Tous ces éclairages ne fonctionnent que lors des visites, souligne Emeric Thiénot. Le reste du temps, les galeries sont plongées dans le noir, sauf lors du passage des employés. »



Projets

© Anne Bureau, Wonderfulight

Lumières

Maîtrise d’ouvrage Ville de Toulon Conservatrice en chef Brigitte Gaillard Maîtrise d’œuvre SELARL Duchier et Pietra Architectes Scénographie Maffre Architectural Workshop Conception lumière Anne Bureau, Wonderfulight Solutions d’éclairage Bega, Concept Light, Lec, WE-EF (extérieur). Bega, Erco, Ewo (luminaires spéciaux dans la galerie), iGuzzini, Led Linear, Nordic Aluminium, Ramo (projecteurs et suspension spéciale bibliothèque), Xal

WONDERFULIGHT RESTAURE LA LUMIÈRE AU MUSÉE D’ART DE TOULON Pour répondre aux normes en vigueur, la rénovation du MAT a nécessité de repenser complètement le bâtiment. Pour ce faire, les volumes ont été réorganisés, les cheminements revisités, les thématiques choisies avec soin, et les éclairages entièrement renouvelés par Anne Bureau, conceptrice lumière, agence Wonderfulight.

© Anne Bureau, Wonderfulight

L 20 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

e musée, inauguré en 1888, est l’œuvre de l’architecte toulonnais Stanislas Gaudensi Allar, qui opte pour un plan en U et style néo-Renaissance, avec deux loggias, au rez-dechaussée et au premier étage du corps principal. Les deux ailes latérales du bâtiment, plus massives, appelées « pavillons », s’ornent de chaînages d’angles, et s’ouvrent, sur leurs trois côtés, de larges fenêtres en plein cintre. Leurs avant-corps sont coiffés d’un étage attique percé de petites

fenêtres carrées autour desquelles sont disposés douze médaillons en céramique émaillée par Jules Paul Loebnitz. Une invitation à la visite Comme le bâtiment principal du musée se trouve en retrait au fond de la cour intérieure, Anne Bureau a souhaité signaler le musée en soulignant d’une lumière douce les façades des pavillons, côté rue, par des barrettes LED, disposées sur la


© Anne Bureau, Wonderfulight © Philippe Maffre, MAW

grille d’entrée, tandis que des encastrés de sol illuminent les verticales des façades de la cour. « Le parvis, totalement réaménagé et agrémenté de bassins d’eau, explique la conceptrice lumière, est passé d’un dénivelé de 2,50 m à une pente douce constituée d’un cheminement en zigzag, accessible aux personnes à mobilité réduite, et de longues marches, et bénéficie d’un éclairage réalisé à l’aide de dômes semi-encastrés dans le sol. » Les médaillons de l’aile Nord, sculptés par Émile Hugoulin, représentant des artistes et ceux de l’aile Sud, sculptés par Victorien Bastet, représentant des écrivains sont éclairés par des luminaires dissimulés sur les larges corniches. Dans un même souci de discrétion, les bustes sculptés des façades Ouest et Est sur cour sont éclairés par des projecteurs masqués par l’angle des pavillons. Des petits projecteurs soulignent d’une lumière un peu plus froide les colonnes situées au premier étage des trois façades. Les entrées des loggias (galeries à l’air libre qui longent le musée) au premier étage sont marquées de quatre cariatides de pierre, sculptées par André Allar, frère de l’architecte : à l’ouest (côté musée), on reconnaît des allégories de « la Peinture et la Sculpture », et à l’est (côté bibliothèque), celles de « la Poésie et de l’Histoire ». « Cette partie était très délicate, confie Anne Bureau, car nous souhaitions mettre en valeur les sculptures sans risquer d’éblouir les personnes sortant des galeries.

Nous avons alors eu l’idée de découper des gobos de la forme des cariatides, permettant ainsi de les mettre en valeur sans nuire au confort visuel des visiteurs. »

t

© Anne Bureau, Wonderfulight

Lumières Projets

Dans la salle de « l’Orient » (photo du haut) et celle du « Paysage » (photo du bas), Anne Bureau a utilisé les caissons de la ventilation pour y disposer les rails d'éclairage.

Révéler les détails architecturaux La galerie d’accueil du rez-de-chaussée représentait un autre défi pour la conceptrice lumière qui avait pris le parti de traiter de la même manière la galerie du premier étage, située, quant à elle, à l’air LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 21


Lumières Projets

libre. « Nous avons choisi d’adapter le design d’un luminaire destiné à l’extérieur, car qui peut le plus, peut le moins, précise Anne Bureau. Les appareils, installés sur les chapiteaux des colonnes, offrent un éclairage direct ambiant et d’accentuation des colonnes et une lumière indirecte pour la mise en valeur des plafonds ; le module supérieur présente une photométrie elliptique qui permet d’éclairer la voûte, et en dessous, trois petits modules dirigés vers le bas : celui du centre, intensif, crée un éclairage rasant sur la colonne et les deux autres, semiextensifs, fournissent l’éclairage général. » Au bout de la galerie, on pose un instant le regard sur les statues d’Atlas recevant la lumière diffusée par des projecteurs installés au plafond du rez-dechaussée, puis on poursuit vers le premier étage en empruntant l’escalier monumental. Arrivé au demi-palier, le visiteur découvre les fenêtres qui donnent sur la galerie extérieure d’un côté, et sur une fresque murale de l’autre. Des appareils, fixés dans les puits de jour du premier étage, projettent un effet « wallwasher » sur la fresque, tandis que d’autres, dotés de faisceaux plus ou moins intensifs selon leur distance par rapport aux marches, éclairent l’escalier.

© Anne Bureau, Wonderfulight

t

22 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

© Anne Bureau, Wonderfulight

Dans les deux salles d’exposition d’art contemporain, Anne Bureau a opté pour une lumière zénithale de jour comme de nuit, en disposant les projecteurs dans les corniches à la base des ouvertures.

Le parcours muséographique Le rez-de-chaussée comprend trois salles d’exposition. La salle d’expositions temporaires, de 5,60 m de hauteur, occupe l’aile Ouest, offrant une indispensable connexion avec les espaces de conservation et le monte-charge. Elle est conçue de manière à accepter les expositions les plus exigeantes et les plus variées, et a été dotée notamment de très grandes cimaises amovibles. Anne Bureau a utilisé les petites poutres métalliques de la salle pour

installer des rails porteurs de projecteurs à focales variables, de cadreurs, de « wallwashers », chacun doté d’un potentiomètre réglable individuellement. « Nous avons choisi d’équiper les autres salles d’exposition permanente avec le même type de luminaires afin de simplifier la maintenance des équipements, poursuit la conceptrice lumière. Dans les musées de cette taille, il est préférable de ne pas multiplier la typologie des appareils : cela facilite le travail des techniciens qui doivent ajuster l’éclairage à chaque changement de collections, et rend la gestion du matériel efficace, tout en permettant de conserver les paramètres d’éclairage plus longtemps. » Des adaptations ont cependant été indispensables : par exemple, dans la salle de « l’Orient », la partie beaucoup plus basse située sous le cabinet d’arts graphiques aménagé en mezzanine est éclairée par des projecteurs et des cadreurs plus petits et moins puissants que le reste de l’espace ; les vitrines sont mises en lumière par des spots fixés à l’intérieur de celles-ci. Pour l’éclairage général de cette salle ainsi que celle du « Paysage » (de Marseille à Toulon, entre 1850 et 1880), Anne Bureau s’est servi des caissons au plafond qui renferment les dispositifs de ventilation pour y installer les rails avec les différents appareils d’éclairage. Au premier étage, les deux salles d’exposition d’art contemporain, de 6 m de hauteur, bénéficient de puits de jour sur toute leur longueur. « Nous avons effectué une étude d’éclairement de la lumière naturelle, explique Anne Bureau, en tenant compte des rideaux diffusant et occultant : le premier filtre les rayons directs et le deuxième ferme complètement les puits de jour (en été) ;


© Anne Bureau, Wonderfulight

Lumières Projets

© Anne Bureau, Wonderfulight

t pour l’éclairage artificiel, nous avons conservé le principe de lumière zénithale et avons positionné des réglettes à LED dans les petites corniches à la base des ouvertures afin d’éclairer l’intérieur des puits de jour. » La bibliothèque : un joyau du design Les puits de lumière naturelle, les coursives, les parquets d’origine ont été conservés et complète-

ment restaurés. La grande innovation de cette salle réside dans son nouvel éclairage, conçu par Anne Bureau, qui a transformé l’espace d’un coup de lumière magique. Pour éclairer les rayonnages de livres qui courent sur trois niveaux (niveau plancher, plus les deux coursives), Anne Bureau a fait appel à des réglettes LED (en DALI), installées dans les plafonds des coursives et dissimulées délicatement à la vue directe (on ne peut malheureusement pas en dire autant des bouches d’aération disgracieuses qui font irruption dans le plafond de la coursive supérieure). Comment rivaliser avec la lumière du jour ambiante sans nuire à l’architecture et tout en apportant les niveaux d’éclairage suffisants ? Anne Bureau a dessiné un lustre spécifique dont la sobriété apparente cache un design complexe : « M’inspirant de mises en lumière d’autres bibliothèques historiques, j’ai choisi un verre opale vert émeraude pour le diffuseur. À l’intérieur, j’ai intégré deux dispositifs qui créent deux effets lumineux : d’une part, un disque comprenant un ruban lumineux qui vient éclairer le dôme situé à l’intérieur des suspensions au-dessus des cabinets de curiosités du premier niveau (partie droite de la photo) ; d’autre part, des petits projecteurs orientés vers les tables de consultation du niveau inférieur. » Un joyau de lumière dans le respect de l’architecture du lieu et du bien-être du visiteur…

Dans la bibliothèque du musée, des réglettes LED, dissimulées dans les plafonds des coursives, éclairent les rayonnages de livres, tandis que des suspensions dessinées par Anne Bureau assurent l'éclairage d'ambiance.

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 23


Lumières Perspectives

Aller toujours plus loin ! Stéphane Ragni

Directeur général et directeur commercial

Marcel Ragni Président

Jean-Christophe Ragni

© Ragni

Directeur général et directeur export

24 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

Spécialisée dans la conception et la fabrication de solutions d’éclairage public, l’entreprise familiale Ragni a su s’imposer parmi les grands noms de l’industrie de ce secteur. Depuis quatre générations, les valeurs de créativité, de passion et de proximité poussent la structure vers de plus larges horizons. La petite PME familiale est ainsi devenue un groupe constitué de la maison mère Ragni, de deux filiales étrangères, Ragni Lighting aux États-Unis et Ragni IC en Bosnie-Herzégovine, ainsi que de Novéa Énergies, basée en France et spécialisée dans l’éclairage autonome solaire. Engagée dans la production française et labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV), la société mêle savoir-faire artisanal et technologie de pointe. Jean-Christophe, directeur général et directeur export, et Stéphane, directeur général et directeur commercial, nous présentent l’évolution de Ragni et les derniers développements qu’ils ont initiés.

Quelle est la structure de Ragni aujourd’hui ? Stéphane Ragni – À sa tête, la société a deux générations puisque notre père, Marcel Ragni, est toujours président. Cette notion d’entreprise familiale joue un rôle primordial pour répondre à des marchés de proximité mais aussi pour conserver une relation privilégiée avec nos collaborateurs : le turnover dans l’entreprise est très faible, avec une moyenne d’ancienneté de dix-sept ans. Ragni compte aujourd’hui 110 salariés, auxquels s’ajoutent 80 collaborateurs liés à nos partenaires et prestataires, ainsi que les agences commerciales qui distribuent nos produits sur toute la France et représentent environ 75 personnes. Ainsi, Ragni fait travailler environ 300 personnes. Tous les corps de métier sont représentés sur notre site : fabrication, service technique, bureau d’étude, recherche & développement, communication, marketing, développement durable, etc. Jean-Christophe Ragni – Depuis le déménagement de nos bureaux en août 2020, nous avons lancé la transformation de notre site de production via un programme nommé « Industrie 4.0 » qui vise à optimiser la performance du bâtiment et le confort de travail de nos salariés. En parallèle, nous avons mis l’accent sur une digitalisation des services avec un diagnostic 360° qui nous a permis de déterminer les systèmes communicants à mettre en place. L’objectif est d’offrir des outils plus efficaces à nos collaborateurs, d’avancer plus rapidement dans les projets d’entreprise, de réduire la production de déchets et d’informatiser l’ensemble de nos processus. Cette démarche s’inscrit dans la continuité de notre label EPV.


Lumières Perspectives

EPV pour Entreprise du patrimoine vivant. Pouvez-vous nous expliquer à quoi ce label correspond concrètement ? Stéphane Ragni – Le label EPV récompense les savoir-faire d’excellence, à savoir, chez Ragni : tôlerie, serrurerie, patine, soudure, thermoformage, ajustage, pliage, ceintrage et traitements de surface. Au-delà du label, Ragni a réussi à faire perdurer un artisanat à travers presque un siècle d’existence tout en se positionnant sur de gros volumes tant au niveau national qu’international. La maîtrise de cet artisanat nous permet aujourd’hui de répondre favorablement aux demandes les plus spécifiques. Jean-Christophe Ragni – En effet, nous passons de projets traditionnels dans des villages, où le sur-mesure s’impose parfois pour tenir compte du patrimoine historique, aux installations de systèmes sophistiqués qui s’intègrent dans un projet de ville intelligente. Cela dit, l’un n’empêche pas l’autre, car nous constatons que de nombreuses communes, gérées par des syndicats d’énergie, ont accès à ces solutions qui leur permettent de réaliser d’importantes économies et de bénéficier des dernières technologies. Quelles sont les perspectives de Ragni à moyen terme ? Stéphane Ragni – Notre évolution nous permet de gagner régulièrement de nouvelles parts de marché. En France, l’éclairage public compte environ 10 millions de points lumineux et l’on sait qu’environ 3 % sont rénovés chaque année. Il reste donc beaucoup à faire pour renouveler la totalité du parc et Ragni se positionne en bon intégrateur de solutions LED. Nous sommes également capables d’intégrer des caméras, des capteurs de pollution, du Wi-Fi, des haut-parleurs et autres fonctionnalités à nos solutions d’éclairage, comme c’est le cas pour notre colonne Korner. Jean-Christophe Ragni – De plus, au-delà de la fourniture de produits, nous proposons aux collectivités des solutions adaptées et souvent associées à un plan d’économies d’énergie, à de la gestion d’éclairage, à la digitalisation, auxquels s’ajoutent sans cesse de nouvelles options. Dans ce contexte, où les supports d’éclairage public prennent une autre dimension de jour. C’est pourquoi nous associons à notre approche

“Ragni, c’est aussi bien la proximité avec le patrimoine français que la compréhension des métropoles étrangères”

du design des concepteurs lumière, architectes et urbanistes afin d’intégrer aussi harmonieusement que possible ce mobilier dans le paysage diurne de la ville. L’amélioration du « visuel » de la cité, de son image, contribue également au bien-être des usagers et les incite à profiter des aménagements urbains, des commerces, de jour comme de nuit. Quels sont les développements des filiales Ragni ? Jean-Christophe Ragni – La filiale basée en BosnieHerzégovine s’occupe de la fabrication et du développement de nos ventes dans tous les pays de cette région. L’autre filiale, située à Denver, dans le Colorado, fabrique et distribue nos produits sur le continent nord-américain via une cinquantaine d’agences commerciales. Nous avons donc développé des designs adaptés aux tendances et à la culture de chaque secteur géographique et opté pour la fabrication locale, ce qui nous a permis d’implanter nos filiales durablement. Aux États-Unis, plusieurs projets intéressants ont déjà vu le jour et la marque Ragni s’est fait un nom. Quant à la marque Novéa Énergies, elle réalise 70 à 80 % de son chiffre à l’export. Globalement, le Groupe Ragni est présent dans plus de 60 pays, avec de nombreux projets d’ampleur sur le continent africain, notamment grâce à l’accélérateur Bpifrance. Et si ces derniers mois nous ont contraints à plus de sédentarité, ils nous ont aussi permis de travailler sur de nouvelles stratégies, et de renforcer notre développement à l’étranger. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 25


Lumières Dossier

Éclairage extérieur Dossier réalisé par Isabelle Arnaud et Roger Narboni, Concepto

Parc des Bretonnières Maîtrise d’ouvrage : Ville de Joué-lès-Tours (37) Installateur : CITEOS Tours Solution d’éclairage : Comatelec Schréder © Comatelec. Photo Jean-Baptiste Guerlesquin

26 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021


Lumières Dossier

Teddy TISBA Chef de la section Éclairage public, maître d’ouvrage pour tout le matériel d’éclairage et d’illumination pour la Ville de Paris.

Moderniser pour économiser Paris est-elle vraiment encore Ville Lumière ?   Teddy Tisba – Pour répondre à cette question, il faut distinguer l’éclairage public des illuminations. Paris compte 188 000 points lumineux, ce qui représente un volume singulier et 330 sites d’illumination, une richesse considérable. Donc Paris Ville Lumière ? Oui, mais elle n’est plus la seule, car beaucoup de villes valorisent mieux leur patrimoine aujourd’hui. Si la quantité de points lumineux n’a désormais plus vocation à augmenter, nous nous attachons en revanche à éclairer mieux en travaillant sur des axes de progression. Nous disposions jusqu’à maintenant de crédits relativement limités pour la résorption de la vétusté du parc, alors que nous étions assez ambitieux sur les gains énergétiques. Nous allons opérer un important rattrapage de gestion patrimoniale sur le prochain marché, dont l’enveloppe correspondante va augmenter significativement (multipliée par 8 pour la partie « éclairage public »), ce qui nous permettra de rénover en profondeur le parc, qu’il s’agisse des supports, des postes d’alimentation, des câbles ; et d’installer davantage de télégestion. Pour remédier aux quelques poches encore assez mal éclairées, nous allons mettre en place des programmations ambitieuses de rénovation, avec à la clé une amélioration visible rapidement. Ces transformations nous permettront de déployer des solutions à LED,

qui ne représentent à date que 40 % du parc installé. Cette stratégie concerne aussi les illuminations : par exemple, la rénovation en LED de la mise en lumière du pont de l’Archevêché, réalisée en 2020, a divisé la consommation du site par 10. De plus, la nouvelle installation est plus respectueuse du patrimoine architectural, car dotée de luminaires miniaturisés. Enfin, nous avons supprimé le flux de lumière perdu vers le ciel, grâce à des solutions plus modulaires et respectueuses de l’environnement. Vous voulez dire conformes à l’arrêté de décembre 2018 ?   Oui, mais sans pour autant limiter nos exigences à cette obligation réglementaire. La sobriété se trouve au cœur de toutes les opérations de rénovation que nous entreprenons aujourd’hui, tant en termes de puissance installée que de photométrie des matériels, et en veillant à en limiter l’impact sur la biodiversité. Ces différents axes stratégiques peuvent parfois se révéler antagonistes. Ainsi, d’une part, nous devons réduire l’impact sur la biodiversité, par exemple en utilisant des températures de couleur plus chaudes dans les parcs et jardins, à 2 700 K, voire 2 400 K, et nous éteignons une heure après la fermeture du parc. Mais d’autre part, les décideurs publics réfléchissent à étendre les horaires d’ouverture des parcs, ce qui suppose également de prolonger la

© DR

Teddy Tisba pilote le marché de performance énergétique de l’éclairage public et de la SLT (signalisation lumineuse tricolore) de la Ville de Paris. Il s’assure entre autres que les équipes du prestataire réalisent bien la maintenance, l’entretien, les travaux de gestion patrimoniale et de sobriété énergétique en matière d’éclairage public et d’illuminations, et que les objectifs fixés dans le contrat, notamment en termes de gains énergétiques, soient atteints.

durée d’allumage de l’éclairage ! Le principal enjeu reste malgré tout le gain énergétique : l’objectif du prochain marché s’élève ainsi à 30 GWh d’économies annuelles à l’issue du contrat, à comparer à une consommation actuelle d’environ 90 GWh par an (soit un gain de consommation d’un tiers). Comment comptez-vous atteindre cet objectif ?   Nous nous appuierons sur deux programmations triennales de travaux, en les superposant au maximum : l’une dédiée aux gains énergétiques (remplacement des anciennes sources par des LED) et l’autre à la modernisation du patrimoine qui, par ricochet, apportera aussi des économies. En effet, la rénovation des infrastructures ouvre la voie à l’installation de dispositifs de gradation ou de détection. On peut ainsi obtenir 20 % d’économies sur une installation donnée. Tel est le retour d’expérience que nous pouvons tirer des sites que nous avons équipés ces dernières années. Nous souhaitons déployer la technologie LED à plus grande échelle dans le cadre du nouveau marché. Quoiqu’il en soit, notre ligne directrice repose sur un principe fondamental : la rénovation des supports, des armoires et surtout des câbles reste la condition sine qua none pour répondre aux défis de l’éclairage public au cours des dix prochaines années, tant pour l’efficience énergétique que l’innovation. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 27


Cagnes-sur-mer. Bouquets Margo de Ragni.

Le difficile équilibre entre éclairer juste et juste éclairer Il semble que le développement de l’éclairage public en France repose sur deux notions qui s’opposent, en apparence seulement, depuis des lustres, et qui pourtant se complètent parfaitement, lorsqu’on y regarde de plus près : la performance énergétique et la rénovation. Tous les outils existent pour répondre à la première, la belle LED efficace, qui dure longtemps, consomme peu, offre tout un tas de possibilités de commandes à distance, de variations d’intensité et de couleurs ; les drivers, détecteurs, capteurs qui s’associent pour piloter l’éclairage et le rendre aussi dynamique qu’économique. De l’autre côté, que manque-t-il pour que l’on cesse de répéter que le parc est vétuste et que l’on finisse par le remplacer ? Rien ! Ou plutôt, si : des budgets. Même si l’on sait qu’investir aujourd’hui, c’est économiser demain, les collectivités manquent de moyens, c’est certain. Mais la filière se mobilise pour alerter les pouvoirs publics. En parallèle, les expériences se multiplient pour offrir des lumières vertueuses et durables, des projets réalisés en concertation avec les riverains, des trames noires qui invitent à la promenade nocturne, où efficacité énergétique et poésie se mêlent sans nuire à la nuit.

28 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

© Ragni

Lumières Dossier


Lumières Dossier

E

La filière se mobilise pour (re)lancer la rénovation Un rapport de la Cour des comptes a pointé, en mars 2021, la difficulté pour les collectivités, et notamment les communes, d’apprécier la performance économique de leur système d’éclairage. Le rapport relève également l’absence de vision globale de politique d’aménagement lumière dans leur territoire, d’où l’essor de projets « clés en main » proposés par des opérateurs privés. Or, la plupart des collectivités, faute de ressources et de compétences, n’ont pas les moyens d’assurer les contrôles sur des contrats que la Cour estime rigides et de long terme. • • • Suite p. 30

Extension de la light T1 du BHNS - Cœur de ville de Nîmes. Architecte : Thierry Bruchet – Urbaniste : Antoine Grumbach – Concepteur lumière : Agence On Effets aquatiques réalisés grâce aux verres FredFred des MaxiWoody d’iGuzzini et qui évoquent les thermes romains de la ville.

© iGuzzini. Photo Didier Boy de la Tour

ntre le rapport de la Cour des comptes et le Plan de relance économique, sans oublier l’arrêté de décembre 2018 sur les nuisances lumineuses, l’ensemble de la profession s’anime autour des enjeux de l’éclairage extérieur. Il faut dire que l’état des lieux du parc installé ne brille pas par ses avancées : selon une étude réalisée par l’ADEME et la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies), l’éclairage public est le deuxième poste de consommation des communes, avec 12 % des consommations et 18 % des dépenses ; ce qui représente 32 % de la consommation d’électricité des communes (en métropole). Par ailleurs, 75 % des luminaires installés ont plus de 25 ans et seulement 3 à 4 % du parc sont renouvelés chaque année, ce qui signifie qu’à ce rythme, il faudrait environ 30 ans pour renouveler l’ensemble du parc. On estime à environ 10 millions de points lumineux, composés pour la plupart de plusieurs technologies de sources. Les technologies existent, on le constate dans les installations neuves qui mettent en œuvre des solutions aux performances énergétiques élevées et dotées de plus en plus souvent de systèmes de gestion efficace pour réduire les consommations. Le savoir-faire est là : les concepteurs lumière, de plus en plus souvent associés aux urbanistes architectes, proposent depuis longtemps des schémas directeurs d’aménagement lumière et des plans lumière qui s’inscrivent dans une démarche de développement durable (lire en p. 44 le dossier réalisé par Roger Narboni sur les trames noires). La prise de conscience de la nécessité de rénover ne date pas d’aujourd’hui : cela fait bien longtemps que l’on répète à l’envi que le remplacement du matériel d’éclairage est urgent et surtout, qu’il permettrait de réaliser des économies substantielles. Alors, quels sont les freins ? La réponse est une sorte de litanie : manque de moyens. Plusieurs organismes de la filière ont d’ailleurs récemment manifesté haut et fort leurs préoccupations à ce sujet.

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 29


Lumières Dossier

• • • Suite de la p. 29 Dans son communiqué, la FNCCR, souligne que « les recommandations proposées par la Cour des comptes qui invite l’État à engager une réflexion visant à mieux définir le périmètre de la compétence éclairage public et notamment à : - développer des projets d’investissement cohérents par l’intermédiaire des syndicats d’énergie ou des EPCI compétents en matière d’éclairage public en leur affectant les moyens financiers suffisants ; - améliorer la connaissance de leurs installations d’éclairage public et planifier leur renouvellement ; - intégrer l’éclairage public dans les plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET). La FNCCR souhaite que les parties prenantes de l’éclairage public aillent au-delà de ces recommandations, notamment en mobilisant des moyens conséquents via des programmes nationaux. » Par ailleurs, la Fédération rappelle que les économies générées par un vaste programme de rénovation pourraient assurer en quelques années le retour sur investissement pour bon nombre d’actions répondant à cet enjeu de modernisation, dont le coût global est estimé entre

© Concepto

Place Mireille-Havet, Paris 11e arrondissement. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Paris Maîtrise d’œuvre : Evesa Conception Lumière : Concepto Dessinés par l’agence Concepto, les mâts ont été réalisés et fabriqués par Technilum et équipés de luminaires existants : Comatelec pour le Totem et Sammode pour le lampadaire de salon.

30 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

10 et 12 milliards d’euros. Dans ce sens, la FNCCR, le Syndicat de l’éclairage et le SERCE ont élaboré un dossier de recommandations adressé au gouvernement (voir p. 10 l’interview de Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage). « Les propositions s’inscrivent dans la logique du Plan de relance, et reposent sur trois volets : l’écologie, la compétitivité et la cohésion territoriale. La rénovation de l’éclairage public s’y intègre parfaitement : réduction des consommations d’énergie, des nuisances lumineuses, développement de technologies innovantes par des acteurs locaux, projets structurants d’éclairage portés à l’échelle locale… » Les exemples retenus dans ce dossier montrent la dichotomie qui existe entre ce parc installé vétuste et les nouvelles installations qui mettent en œuvre des solutions performantes, dotées de gestion intelligente. En parallèle, certaines collectivités ont lancé des programmes originaux, tels que la Carte lumière initiée par la Ville de Paris dans le cadre du marché à performance énergétique signé avec Evesa il y a dix ans. Marché à performance énergétique : l’exemple de la Carte lumière de Paris Partant du constat qu’une grande concentration d’illuminations se situait dans l’hypercentre, la Ville de Paris a souhaité rééquilibrer les mises en lumière de la capitale en redistribuant le patrimoine illuminé dans chaque arrondissement. L’agence Concepto a été consultée pour établir un diagnostic portant sur toutes les illuminations existantes de la ville. « L’objectif, explique Teddy Tisba, chef de la section Éclairage public Ville de Paris, était de proposer des réalisations de quartiers et destinées aux riverains. Au total, dix-sept sites ont été retenus dont treize ont été livrés et les quatre autres sont en cours de travaux. » Les illuminations ne concernent que des bâtiments publics récemment construits, des centres d’animation, des gymnases, des crèches, etc., et quelques places. Pour chaque catégorie, le montant des travaux a été limité à une enveloppe budgétaire dédiée. « L’idée était de passer de la ville muséale à la ville de proximité avec des éclairages sobres, respectueux de l’environnement, en valorisant des espaces informels », souligne Sara Castagné, conceptrice lumière, directrice générale de Concepto. La place Mireille-Havet, dans le 11e arrondissement, fait partie des dix-sept mises en lumière ; elle est l’un des rares espaces de respiration du quartier du faubourg Saint-Antoine. La place, réaménagée, a été végétalisée avec l’ajout de jardinières et le centre libéré grâce à la relocalisation des stationnements Vélib et taxis.


Lumières Dossier

Tenir compte des attentes des usagers Teddy Tisba note que le regard sur l’éclairage de la ville a beaucoup évolué en dix ans : au démarrage de l’expérience, seuls les maires d’arrondissement étaient consultés ; aujourd’hui, il serait impensable, selon lui, que les riverains ne soient • • • Suite p. 34

Les deux salons urbains jouent un rôle fédérateur tels des micro-espaces pour se rencontrer ou se retrouver.

© Concepto

« Nous avons travaillé sur l’impact jour/nuit et introduit des salons lumineux dans l’espace, explique Sara Castagné. Le projet apporte des continuités lumineuses et une cohérence nocturne tout en singularisant le lieu. Ainsi, le mobilier d’éclairage, notamment le support, est pensé comme un élément majeur du paysage nocturne comme diurne, avec des choix de matérialités jouant avec la lumière artificielle et naturelle. » Le totem, en aluminium, placé à la sortie du métro, joue avec la lumière naturelle pendant la journée, et projette des motifs d’une lumière bleue sur le sol dès la nuit tombée. L’autre support semble suspendre la lumière au plus près des espaces, comme une lampe de salon.

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 31


La Ciotat, le Port-Vieux. Maîtrise d’ouvrage : Ville de La Ciotat, Aix-Marseille-Provence Métropole Paysagiste : TEM Paysage (Eric Giroud) Bureau d’études : Ingérop, ENVEO INGENIERIE

32 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

© Technilum. Photo Xavier Boymond

Lumières Dossier


Lumières Dossier

Le Port-Vieux de La Ciotat a bénéficié d’une requalification complète des espaces publics qui priorise les piétons et fait la part belle aux modes de transport doux. Les quais sont équipés de mâts Technilum Structure K 200 aux découpes sur mesure. La finition anodisée rehausse la beauté brute de l’aluminium, tout en renforçant sa protection : un atout non négligeable en bord de mer. LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 33


Lumières Dossier • • • Suite de la p. 31 pas associés. D’ailleurs, c’est dans cet esprit que l’opération sera renouvelée dans le cadre du prochain marché à performance énergétique. Répondre aux attentes des usagers constitue aussi la base d’un éclairage vertueux, pour Patrick Vantrepotte, directeur d’établissement, Allez et Cie, membre de la commission éclairage public et équipements urbains du SERCE. Piétons, cyclistes, automobilistes, tous les usagers n’ont pas les mêmes attentes, et pourtant l’éclairage public doit pouvoir répondre à tous leurs besoins : permettre de circuler en toute sécurité en évitant les obstacles éventuels sur la chaussée, les trottoirs, les pistes cyclables, les parkings, sans cependant nuire aux riverains ni à l’environnement. Pour ce faire, Patrick Vantrepotte précise que «  le flux lumineux doit être dirigé vers la zone à éclairer et d’une puissance adaptée, et les calculs d’éclairement doivent tenir compte de la norme européenne EN 13201 qui définit les exigences de performance spécifiées sous forme de classes d’éclairage en fonction des besoins visuels des usagers et considère les aspects environnementaux ».

• • • Suite p. 36

© Valmont. Photo Lotfi Dakhli

Cap d’Agde. Installateur : Allez et Cie Mâts Valmont

Maintenir les installations pour un éclairage durable La durabilité passe par la mise en œuvre de solutions LED, cela est presque devenu une

lapalissade. Les appareils devraient tous aujourd’hui afficher les critères présentés dans la charte LED du Syndicat de l’éclairage et fondés sur les normes de sécurité et de performance environnementale de l’IEC et du CENELEC. En résumé, un luminaire de qualité doit offrir un rendement élevé (flux lumineux /consommation), une longue durée de vie, la possibilité de gradation, un spectre lumineux adapté à la faune et à la flore locales avec une température de couleur chaude. Mais les luminaires seuls ne suffisent pas à garantir un éclairage durable : sans maintenance, l’installation peut rapidement se dégrader et l’éclairage, aussi bien conçu soit-il, se déprécier au fil du temps. Pour Patrick Vantrepotte, « entretenir les installations permet de garantir le bon fonctionnement des installations grâce à une maintenance préventive adaptée. La surveillance et le contrôle réguliers de l’installation permettent de limiter le taux de panne mensuel à moins de 1 %, mais aussi de réduire la consommation tout en conservant un flux lumineux satisfaisant. En effet, une source à décharge (il en existe encore beaucoup) ayant dépassé sa durée de vie perd de son efficacité et consomme plus : double peine ! ».

34 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021


Dentelle de lumière à Lorient par Comatelec Schréder Maître d’ouvrage : Ville de Lorient Conception lumière : les éclaireurs

© Comatelec. Photo Jean-Baptiste Guerlesquin

L

orient, commune située dans le département du Morbihan, est connue pour son célèbre Festival interceltique. Dans le cadre du réaménagement du parc Jules-Ferry, les responsables du projet ont souhaité mettre en avant l’identité de la ville, créer un poumon vert et renforcer l’axe reliant la ville à la mer. La rambla longeant le parc et son éclairage public ont profité de ce nouvel aménagement. Le concepteur lumière Lucas Goy, de l’agence Les Éclaireurs et sa cheffe de projet Cindy Gaillard ont choisi Comatelec Schréder pour réaliser le projet de masque. Lucas Goy est parti d’un des symboles forts de la Bretagne : la coiffe des Bigoudens. Avec sa forme cylindrique, cette coiffe provient d’un art traditionnel breton appelé « picot bigouden ». La dentelle est réalisée au crochet par les femmes bigoudens depuis les années 1900. Le masque a été réalisé en inox et reprend avec exactitude le motif

© Comatelec. Photo Jean-Baptiste Guerlesquin

© Comatelec. Photo Jean-Baptiste Guerlesquin

Lumières Dossier

en dentelle de la coiffe ainsi que sa forme cylindrique. « Nous avons poussé le détail du masque jusqu’à sa couleur, explique Lucas Goy, laqué en blanc, le luminaire rend hommage à l’élégante coiffe blanche. » Le métal est découpé selon un motif dessiné par Les Éclaireurs pour évoquer la dentelle tout en laissant passer la lumière. « Nous cherchons la simplicité par un éclairage fonctionnel qui associe un motif décoratif. Les lanternes YOA, simplement habillées d’une fine résille, créent un véritable signe identitaire tout en éclairant le lieu. » Lucas Goy,

concepteur lumière, les éclaireurs

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 35


Lumières Dossier • • • Suite de la p. 34

36 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

La borne Ovalisk de SLV, IP65, propose un flux de 600 lm pour deux températures de couleur : 3 000 K et 4 000 K.

© SLV

© Sylvania. Photo Arthur Pequin

Zoo de Beauval. Maître d’ouvrage : Rodolphe Delord Architecte : Boitte architecture Étude et solution éclairage : Sylvania Installateur : Aprimelec

Les études photométriques intègrent un facteur de maintenance qui détermine selon le niveau de pollution local une fréquence de nettoyage afin de conserver un flux lumineux optimal. Les luminaires à LED n’échappent pas à cette contrainte. Une vasque et une optique sales peuvent réduire le flux lumineux de plus de 50 %, tandis que la consommation reste identique. Pour cet expert du SERCE, il est également indispensable de contrôler l’ensemble des fixations ainsi que le niveau de corrosion éventuel, nettoyer les vasques et les optiques. Les interventions doivent s’effectuer dans les meilleurs délais afin de garantir la sécurité des usagers : par exemple, dépannage électrique des réseaux et armoire de commande, remplacement de sources HS, mise en sécurité électrique à la suite d’un accident sur un candélabre, etc. « Une installation électrique est censée être contrôlée annuellement, rappelle Patrick Vantrepotte, afin de procéder à une série de vérifications : tension, courant, contrôle de serrage des connexions, de la terre et liaison équipotentielle, de • • • Suite p. 39


© Selux. Photo Xavier Boymond

Espace convivial à Cannes par Selux

L

a Ville avait la volonté de créer un espace convivial avec un éclairage adapté pour les commerces et les restaurants environnants. Comme à chaque fois, l’éclairage tient une place importante au sein du projet d’aménagement urbain. Il doit, pour en faire partie, parfaitement s’intégrer au projet global. Le choix du matériel, tant par son esthétique que par sa fonction est donc important. Le souhait de la Ville était d’avoir une colonne lumineuse multifonctionnelle pour l’éclairage de la rue Félix-Faure, afin de pouvoir ajouter ultérieurement d’autres fonctionnalités, comme des caméras, des haut-parleurs, etc. C’est pourquoi le choix s’est porté sur la colonne Lif de Selux, composée de différents modules et complètement personnalisable. Afin de créer un éclairage agréable et original, Agence Lumière qui était en charge de la conception lumière sur ce projet, a dessiné une écorce qui vient habiller la base de la colonne. Les villes sont des lieux vivants et

dynamiques qui sont toujours en mouvement. Les changements d’usages dans les espaces communs ou les concepts multifonctionnels transforment les espaces urbains et avec eux, les exigences en éclairage. En tant que luminaire modulaire, Lif offre une liberté totale pour la création d’éclairages spécifiques dans les espaces urbains et la mise en œuvre intelligente de ceux-ci. Très flexible, il s’adapte à la plus grande variété de tâches d’éclairage urbain. Le jour, Lif se fait discret dans le paysage urbain, mais c’est dans l’obscurité qu’il démontre sa véritable polyvalence. Selon la configuration, il peut se transformer en luminaire pour les places ou les voies d’accès, en éclairage d’accentuation ou tout cela à la fois, en restant une colonne lumineuse au design minimaliste. Des outils d’éclairage tels que le module Pathway ou le projecteur Gobo élargissent et améliorent la portée des projets. Des composants intelligents comme les modules haut-parleurs, caméras ou éléments Wi-Fi font de cette colonne lumineuse un élément clé pour les villes intelligentes.

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Cannes Paysagiste(s) : Agence APS Conception lumière : Agence Lumière

© Selux. Photo Xavier Boymond

© Selux. Photo Xavier Boymond

Lumières Dossier

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 37


Lumières Dossier

© Technilum. Photo Julien Falsimagne

© Technilum. Photo Julien Falsimagne

• • • Suite de la p. 34

L

ouviers, commune de l’Eure, a complètement réaménagé la place Thorel en centre-ville pour la rendre aux piétons et aux cyclistes, et ouvrir une voie au Bus à Haut Niveau de Service qui y a désormais une station. Dans ce contexte, il fallait définir un nouvel éclairage urbain du parvis bordé par des commerces, le musée de la ville (conçu par l’architecte Georges-Paul Roussel et qui a ouvert ses portes en 1888) et l’Hôtel d’Agglomération Seine-Eure. Pour Bernard Leroy, président de l’Agglomération Seine-Eure, il s’agissait de trouver un juste équilibre afin d’éloigner autant que possible les voies de circulation des façades de la place, tout en conservant un espace central de qualité. Les rives offrent des espaces confortables pour les piétons, devant les commerces et surtout devant le musée et l’Hôtel d’Agglomération. « Le projet d’éclairage s’appuie sur la nouvelle configuration de la place qui a été repensée en plusieurs espaces de vie et de circulation, et a permis de mettre en valeur la façade du musée, explique Vincent Thiesson, concepteur lumière Agence ON. L’importante végétalisation de

38 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

l’espace nous a conduits à ponctuer la place de “lucioles” qui viennent également rythmer la façade du musée. » Ainsi, des colonnes lumineuses ajourées Creille de Technilum sont déclinées en deux hauteurs différentes et agrémentées de lampes LED « lucioles » (Lulteam) mises en œuvre à l’intérieur des mâts et dont la lumière ambrée se diffuse à travers les motifs dessinés par l’agence ON. Pour compléter cet éclairage, le concepteur lumière a disposé un projecteur au sommet des colonnes afin de créer un graphisme lumineux sur le parvis de la place. Cette transformation spectaculaire montre combien aménagements paysagers et conception lumière peuvent métamorphoser un lieu et lui donner une autre identité, de jour comme de nuit. « La mise en lumière dynamique de la façade du musée, ajoute Vincent Thiesson, a été réalisée à l’aide d’encastrés de sol et de réglettes dont la programmation permet de proposer différents scénarios pour accompagner les événements organisés par la ville. »

© Technilum. Photo Julien Falsimagne

Technilum équipe la place Thorel à Louviers

Maître d’ouvrage : Ville de Louviers Conception lumière : Vincent Thiesson - Myriam Laval Erika Huet, agence ON Paysagiste : Espace libre Bureau d’études : EGIS Matériel d’éclairage pour la mise en lumière de la façade du musée : iGuzzini, Lulteam, Lumenpulse


© WE-EF LUMIÈRE

© RZB

Lumières Dossier

Le Lupalo, IP66, de RZB, propose un flux de 3 7000 lm en 3 000 K.

Aix-en-Provence, la Rotonde. Conception lumière : les éclaireurs Matériel d’éclairage : WE-EF LUMIÈRE Installateur : Citéos

• • • Suite de la p. 36 l’isolement des câbles et du bon état mécanique des armoires et coffrets. » Le maître d’œuvre public ou privé (collectivité ou chef d’établissement) est pénalement responsable en cas de sinistre ayant mis en cause la sécurité des biens et des personnes. Par défaut, celui-ci est exploitant de ses installations. Il peut cependant déléguer son exploitation et sa maintenance à une entreprise spécialisée. « Dans ce cas, explique Patrick Vantrepotte, il doit présenter le géoréférencement de tous les réseaux souterrains et plans de câblage afin de répondre au DT/DICT et de garantir la sécurité des intervenants et, si possible, se doter d’un outil de type gestion de maintenance assistée

par ordinateur (GMAO) afin de conserver et de mettre à jour cette base de données. Cet outil permet à l’exploitant de planifier ses interventions de maintenance préventive et curative, de répondre aux DT/DICT, d’enregistrer toutes ses interventions de maintenance, de gérer les consommations électriques et la facturation. » La télégestion permet, en complément, de piloter avec précision les installations et de recueillir toutes les données en temps réel. Avec des luminaires performants à LED et une maintenance effectuée selon les règles de l’art, a-t-on épuisé tous les moyens disponibles pour obtenir une installation vraiment durable ? Et quid de l’éclairage solaire ? • • • Suite p. 41 LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 39


Lumières Dossier

Étang de Thau par Nowatt Lighting Maîtrise d’ouvrage : Sète Agglopôle Méditerranée Maîtrise d’œuvre lumière : ILEX Paysage + Urbanisme

© Nowatt Lighting 40 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

© Nowatt Lighting

L

e balisage solaire de la piste cyclable autour de l’étang de Thau, longeant la RD2 entre le pôle d’échanges multimodal (PEM) de la gare de Sète et Balaruc-le-Vieux, s’inscrit dans le cadre d’une mission de transport collectif en site propre (TCSP). La première phase du projet – déjà livrée avec la création d’une trame verte – assure aujourd’hui aux amoureux de la mobilité douce un parcours sécurisé et agréable. 300 plots Crystal de Nowatt Lighting ponctuent désormais cette voie verte, depuis le canal du Rhône jusqu’au rond-point Minerais de la Méditerranée, situé à l’entrée de Balaruc-les-Bains. « Nous souhaitions une réhabilitation hautement qualitative et le balisage solaire nous est apparu évident pour son esthétique et aussi pour la sécurité des personnes privilégiant les moyens de déplacement doux », déclare Jean Marchand, chef de projet Mobilité durable à Sète Agglopôle Méditerranée.

« Au choix du développement de la mobilité durable répondent – en miroir et grâce au balisage solaire – l’identification, la personnalisation et la sécurisation de la voie verte, la réduction de la pollution et des nuisances environnementales ainsi que la préservation de la biodiversité, très riche autour de l’étang de Thau », explique Aurélie Le Gougouec, conceptrice lumière chez Ilex Paysage + Urbanisme. Cette voie verte, qui emprunte l’ancienne voie de chemin de fer déclassée, est soumise à une convention de mise à disposition par la SNCF et deviendra, à moyen ou long terme, un axe majeur que les usagers s’approprieront dans une pénombre assumée et une obscurité apaisée. Les plots solaires Nowatt Lighting ne nécessitent aucun réseau ni aucune tranchée et assurent une installation à coût maîtrisé. La technologie LED garantit une efficience énergétique optimale et une pérennité sur 20 ans. Les cellules photovoltaïques intégrées sous le verre trempé réduisent considérablement les risques de dégradation. Tous les plots Crystal blanc chaud (3 000 K), sablés et sérigraphiés avec des empreintes de pas, répondent au « temps de l’homme » :

en été, ils s’allument à 21 h 30 et s’éteignent à 2 h 30. Les plots Crystal aux tonalités ambrées, sablés et sérigraphiés avec des pattes de flamants roses, répondent au « temps de la faune » : ils s’animent à 3 h 30 et s’éteignent à 6 h 30. En hiver, les plots solaires de 3 000 K s’allument au coucher du soleil pour une durée de cinq heures, et les plots solaires de teinte ambrée s’allument trois heures avant le lever du soleil. En termes de fréquentation de cette voie verte, des compteurs installés début 2021 permettront d’obtenir les premières évaluations dès le printemps. Les plots Crystal sont équidistants de 10 mètres et chaque plot « temps de l’homme » est mis en œuvre en alternance avec un plot « temps de la faune ». Ce maillage lumineux dynamique et écoresponsable ponctue le tracé en s’intégrant naturellement à son environnement. « Nous observons que ces plots solaires, autonomes et bénéficiant d’une gestion simplifiée ne sont absolument pas vandalisés », note Guillaume Sauvage, chargé des opérations Infrastructures à Sète Agglopôle Méditerranée.


Lumières Dossier

L’éclairage solaire : une solution en pleine ascension Même s’il reste encore confidentiel, l’éclairage solaire se déploie rapidement : en cinq ans, le nombre de lampadaires solaires serait passé de 300 à plus de 10 000 dans l’Hexagone. Pour comprendre les avantages que l’éclairage solaire peut apporter, il convient d’en expliquer le fonctionnement. Les luminaires dits « autonomes » fonctionnent grâce à l’énergie solaire captée de jour par des panneaux photovoltaïques installés sur les mâts. Cette énergie, stockée dans une batterie, est restituée la nuit pour alimenter les luminaires. C’est le panneau photovoltaïque qui joue le rôle de cellule crépusculaire. Ce fonctionnement (production + stockage + consommation de l’énergie) nécessite une électronique de gestion afin d’optimiser les performances du système et de rationaliser les consommations d’énergie. Les panneaux solaires sont constitués de cellules photovoltaïques qui sont elles-mêmes composées de différents matériaux. C’est le choix de la batterie qui va faire toute la différence : la technologie au plomb tend à devenir obsolète, car d’une durée de vie assez courte (5 à 6 ans), et va générer plus de déchets (4 renouvellements au cours du cycle de vie du luminaire). Les batteries sont assez volumineuses, ce qui demande un panneau plus grand ; au NiMH (nickel metal hydrure), ces batteries d’une durée de vie de 10 ans peuvent fonctionner à des températures extrêmes (de -40° à + 70°) et offrent une bonne capacité de stockage (pour 100 Wh d’énergie, elles en stockent environ 75 %) ; au lithium-fer-phosphate, d’une durée de vie d’environ 20 ans, ces batteries acceptent un nombre de cycles plus important. La durée de vie d’une batterie dépend de son utilisation ; complètement déchargée, elle assure environ 2 000 cycles, alors que déchargée à 30 %, elle peut aller jusqu’à 8 000 cycles et donc avoir plus d’autonomie. Pour dimensionner le panneau photovoltaïque, il est indispensable de connaître la durée d’allumage du luminaire. Par exemple, on calcule qu’on a besoin de 100 Wh d’énergie par nuit (20 W de puissance du luminaire pendant 5 heures). Si on se trouve à Nice, on sait que le luminaire a trois jours d’autonomie ; il faut donc stocker 100 Wh x 3, et la batterie doit avoir une énergie utilisable de 300 Wh. On déduit la quantité d’énergie totale dont on doit disposer en fonction de la technologie de batterie. Des logiciels de dimensionnement

© Fonroche. Photo Julien Domec Studio

• • • Suite de la p. 39

Voie Verte à Périgueux. Éclairage solaire par Fonroche.

permettent de calculer la taille des panneaux solaires également selon la situation géographique de la ville, du taux d’ensoleillement et de l’inclinaison du panneau. Certains logiciels permettent d’adapter le profil des luminaires aux besoins réels du lieu où ils se trouvent. Comme la LED a apporté de l’électronique à tous les niveaux – alimentation, variation d’intensité et de températures de couleurs, détection – il est devenu très facile d’intégrer des systèmes communicants, qu’il s’agisse d’éclairage solaire ou réseau. La ville connectée La connectivité, dans quel but ? L’objectif est, encore et toujours, de réduire considérablement les coûts d’exploitation et de proposer in fine, un « éclairage juste », c’est-à-dire qui corresponde aux attentes des usagers, là, où et quand il le faut. Aux systèmes de commandes automatiques propres à l’éclairage, on peut ajouter des fonctionnalités qui prennent en compte d’autres services : la collecte de données pour assurer la maintenance ; la comparaison de différentes zones pour une gestion appropriée ; la programmation à distance de l’éclairage de manière dynamique selon les événements ou pour réaliser des économies. • • • Suite p. 42 LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 41


Lumières Dossier

• • • Suite de la p. 41

© Comatelec. Photo Xavier Boymond

80 % d’énergie économisée sur l’ensemble de la ville. Avec l’installation de plus de 3 750 luminaires LED Iridum 4 conçus par Signify, équipés du système d’éclairage intelligent Interact City, Talence s’engage en faveur de la durabilité, du bien-être et de la sécurité.

narios d’éclairage dynamique, zone par zone et en fonction des événements. La collectivité peut prendre la main pour, par exemple, lier l’éclairage à la densité du trafic routier via une passerelle, ou encore permettre aux secours de contrôler directement l’éclairage lors d’interventions. D’autres fonctionnalités peuvent s’ajouter : pour la téléphonie mobile, il est possible d’intégrer une antenne GSM sur un mât de 8 m de haut avec un microémetteur afin d’augmenter la capacité d’un réseau ; ou d’installer des capteurs d’air, des haut-parleurs, des caméras de surveillance, etc., autant d’éléments connectés qui nécessiteraient l’installation de supports supplémentaires. n

© Signify

À partir du moment où le luminaire est connecté et capable de faire remonter des informations vers une passerelle elle-même connectée au réseau Internet, il peut collecter ces données qui seront traitées afin de régler l’éclairage public en conséquence. Plusieurs dispositifs peuvent être mis en œuvre selon le niveau de gestion que l’on souhaite obtenir : - au luminaire qui s’allume et s’éteint tout seul ; - des luminaires qui communiquent entre eux localement : lorsqu’ils détectent une personne, un cycliste ou un véhicule, ils envoient un signal aux luminaires voisins pour qu’ils s’allument ; - au niveau de la ville : une supervision générale qui comprend la détection de mouvement et de pannes, et qui permet aussi de définir des scé-

Ce sont près de 300 luminaires qui ont été installés dans la commune de Lourmarin, avec une température de couleur de 2 700 K. L’éclairage est désormais contrôlable à distance grâce au système Owlet IoT. Il est ainsi possible de piloter point par point, de (re) programmer les niveaux et périodes d’éclairage, suivre en direct la consommation d’énergie, surveiller et anticiper d’éventuels problèmes. Solution éclairage : Comatelec 42 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021



© Loeïza Cabaret, CONCEPTO

Lumières Dossier

Lors de l’élaboration du sdal de Lille en 2012, dans le cadre du dialogue compétitif pour la mise en place d’un marché à performance énergétique, une trame noire a été proposée, avec notamment une offre de parcours nocturnes dans les sites historiques fortifiés (comme ici à la porte de Gand) à l’aide de lanternes portatives autonomes qui préservent au mieux l’obscurité et la biodiversité nocturne.

Trames noires

Le temps de la maturité D’abord vertes et bleues, elles sont aussi dorénavant noires, ces trames qui s’articulent au cœur des schémas directeurs d’aménagement lumière. Pour les non-spécialistes, voilà de quoi en perdre son latin… Mais pour Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto, précurseur en la matière, tisser l’ombre et la lumière dans le respect des espèces végétales et animales se généralise, comme il l’explique dans cet article. Concepto a étudié plus d’une quinzaine de trames noires, en France (Annecy, île de Nantes, Lille, Lorient, Rennes, Campus Paris Saclay), et à l’étranger (site archéologique d’AlUla en Arabie Saoudite, Jérusalem en Israël, Hangzhou, fleuve Qiantang, parc national de Changli, Chengdu, en Chine, Medellín en Colombie, Fribourg en Suisse). Dernière minute : Concepto vient d’être retenue pour l’étude de la Ressource Nuit dans le Parc naturel régional de l’Aubrac.

E

n 1988, Concepto réalisait la mise en lumière d’une rivière, la Sèvre niortaise, au centre-ville de Niort. À l’époque, les questions environnementales et de préservation de la biodiversité, les problématiques énergétiques n’étaient pas du tout d’actualité. Mais ensuite, et dès 2003, lors de l’étude du sdal du grand site classé de Talmont-sur-Gironde en Charente-Maritime, nous avions imaginé ce que nous avions appelé alors un plan d’obscurité pour ce village très touristique de 150 habitants, situé en bordure de l’estuaire de la Gironde, afin de préserver au mieux l’environnement et la pénombre alentour tout en requalifiant avec simplicité les ambiances nocturnes des ruelles.

44 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

En 2004, pour la mise en lumière de la Garonne en centre-ville de Toulouse, la nouvelle loi sur l’eau nous obligeait à établir, avec l’aide de biologistes, une étude d’impact sur la faune et la flore du fleuve, des éclairages artificiels proposés pour valider la mise en œuvre de ce projet, qui fut ensuite réalisé en 2005. Ce fut pour nous, au sein de Concepto, la genèse de notre prise de conscience. La genèse Le premier Grenelle de l’environnement en 2007 et les suivants, ainsi que les nombreuses commissions de travail et de préparation des arrêtés et des décrets sur les nuisances lumineuses auxquelles j’ai participé


Lumières Dossier

lumière de sites de grandes dimensions basée sur l’équilibre comme sur les rôles respectifs que doivent tenir l’éclairage et l’obscurité en ville. Aujourd’hui, il existe de nombreuses définitions et interprétations de la notion de trame noire, qui est parfois aussi dénommée trame nuit, trame sombre ou trame nocturne. Selon les programmes des collectivités locales et territoriales, la trame noire est étudiée spécifiquement par des biologistes, par des bureaux d’études écologues, ou dans le cadre de l’élaboration d’un sdal par des agences de conception lumière. Pour les biologistes et les écologues, la trame noire détermine des corridors écologiques caractérisés par une certaine obscurité et empruntés par les espèces nocturnes. Elle vise à lutter contre la pollution lumineuse qui influence négativement les espèces animales et menace la biodiversité. Mais leur regard sur l’éclairage public est souvent biaisé par le prisme unique et réducteur de cette préservation nocturne des espèces animales et végétales. Et l’on constate dans les études qu’ils réalisent que les recommandations en éclairage sont basiques et uniquement centrées sur la biodiversité, en excluant la rénovation des autres éclairages (y compris dans les différents quartiers), d’où un problème d’acceptation sociale et un danger d’appauvrissement des ambiances lumineuses nocturnes urbaines. La question des temporalités d’éclairage en fonction des usages, des activités nocturnes, des périodes de la

t Trame noire de la ville de Rennes 2011. Les zones en noir, photosensibles, inspirées de la TVB, bénéficient de préconisations d’éclairage dédiées. Dans les polarités de quartiers, dessinées en blanc sur la carte, les éclairages publics et les illuminations sont sanctuarisés en première partie de la nuit pour permettre et favoriser les activités et les usages nocturnes des habitants.

© CONCEPTO

en tant que représentant de l’ACE m’ont fait prendre alors conscience de l’importance des sujets environnementaux pour notre profession et de l’impérieuse nécessité de s’en emparer pour éviter que d’autres (astronomes amateurs, biologistes et écologues) ne décident à notre place des prescriptions à établir en termes d’éclairages publics durables. La mise en place des trames vertes et bleues (TVB) en 2009, la montée en puissance de l’enjeu biodiversité en France avec la prise en compte de ses nombreuses trames et sous-trames, m’a conforté dans l’idée qu’il fallait se préoccuper de la dimension nocturne de ces défis, en établissant dans nos études des plans de sauvegarde et de mises en place de l’obscurité en ville et en zone périurbaine, à la fois géographiques et temporels. En 2010, lors de l’étude du sdal de Jérusalem, nous avions proposé de redéfinir et d’améliorer l’obscurité dans la ceinture verte en développement autour de la vieille ville, afin de constituer un écrin noir susceptible de valoriser par contraste les futures illuminations des remparts. En effet, depuis 1987, année où nous avons inventé l’urbanisme lumière et développé la méthodologie des sdal, nous avons réalisé à ce jour plus de 150 études de ce type, qui nous ont naturellement et progressivement interrogés sur les rapports à inventer entre lumière et obscurité dans et autour des villes. La ville de Rennes avait lancé en 2009 un plan climat pour une réduction de 20 % de sa consommation électrique liée à l’éclairage public à échéance 2030. Elle avait donc souhaité se doter d’un sdal pour mettre en œuvre cette nouvelle stratégie. Dans le programme de cette consultation, la ville souhaitait que les candidats puissent étudier les opportunités d’éclairer ou de ne pas éclairer certaines parties de la ville. Déclarés lauréats de cette consultation en 2011, nous avons organisé des ateliers de concertation et des parcours nocturnes exploratoires avec des habitants des douze quartiers de Rennes, et découvert leur constat du « trop d’éclairage en ville » et leur désir de préserver l’obscurité dans les grands espaces naturels. Nous avons donc réfléchi et développé une approche soustractive innovante que nous avons alors dénommée Trame noire, basée sur la création d’un plan de préservation de l’obscurité, capable de se décliner sur l’ensemble de la ville. L’idée était, à l’époque, en s’appuyant sur la TVB existante de Rennes, d’en étudier l’aspect nocturne. Cette trame noire, approuvée comme le sdal par les élus en 2012, est dorénavant appliquée et s’impose à tous les maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage publics ou privés travaillant sur la ville. L’heure de la maturité Depuis, nous intégrons systématiquement une trame noire à toutes nos études de sdal et de mises en

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 45


t

© CONCEPTO

Lumières Dossier

Trame noire du campus Paris Saclay – 2016. Des microespaces d’accueil, éclairés de manière autonome et à la demande, permettent de limiter l’impact des éclairages artificiels sur la faune et notamment sur les chiroptères (chauves-souris) très présents sur ce territoire.

t

© Floriane Deléglise, CONCEPTO

Tableau de synthèse des spectres de lumières recommandés pour chaque type d’espèce animale, inspiré de diverses sources scientifiques.

46 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

nuit et des saisons est relativement peu abordée par ces études, trop centrées sur la présence ou l’absence des espèces animales. Certaines trames noires déjà étudiées par des collectivités territoriales ou des parcs naturels régionaux nécessitent donc ensuite et a posteriori des études de sdal pour rééquilibrer les propositions d’éclairage et rendre cohérentes les ambiances nocturnes à l’échelle de la commune ou du maillage des bourgs dans ces territoires ruraux de grande dimension.

Cette stratégie de préservation et d’aménagement de l’obscurité ne doit donc pas se faire aux dépens de la qualité de vie nocturne des citadins ni des activités humaines nocturnes, résidentielles, commerciales ou de loisirs. Pour que la trame noire soit comprise et acceptée par les riverains, les habitants et les visiteurs, il faut mettre en place une information, une pédagogie de la nuit et une concertation qui permettront la circulation nocturne des citadins en toute sécurité. Ce travail éducatif doit être mené sur le long terme en effectuant des expérimentations sur les périodes d’extinction ou de gradation, mais aussi sur les types de traitement de sol, les bordures des chemins, les aménagements qui permettent un repérage par contraste dans de très faibles niveaux d’éclairement. Un diagnostic spécifique préalable L’étude d’une trame noire sur un territoire donné implique de bénéficier d’un inventaire diurne et nocturne des espèces animales et végétales présentes, classées en fonction de leur photosensibilité, qu’il faut coupler avec un diagnostic technique et sensible des éclairages existants : orthophotographie nocturne du site, cartographie et recensement des sources lumineuses publiques avec toutes leurs caractéristiques techniques, cartographie de la pollution


Lumières Dossier

Le futur des trames noires Lorsque l’obscurité ne sera plus systématiquement synonyme de frayeurs irrationnelles ou de sentiments d’insécurité, de nouveaux scénarios urbains pourront être alors imaginés en réponse aux crises énergétiques, à la volonté mondiale de lutter contre le changement climatique et de réduire la pollution de l’air, afin d’expérimenter une redécouverte de la nuit en ville et l’invention de nouvelles manières d’éclairer qui respectent l’obscurité et préservent la biodiversité. Les zones d’obscurité pourront alors s’étendre progressivement pour contenir et délimiter la nuit les îles lumineuses formées par les mégalopoles. Ces nouveaux grands territoires obscurs permettront à l’œil humain de développer et de redécouvrir de nouvelles capacités visuelles nocturnes, ce qui encouragera les citadins à se réadapter mentalement et psychologiquement aux déambulations dans la nuit noire. Et l’utilisation par les populations urbaines de lumières autonomes autoporteuses ouvrira la voie à un apprentissage de la nuit et à de nouvelles thérapies basées sur le plaisir d’être et de se mouvoir dans une profonde obscurité. n Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto © CONCEPTO

Une méthodologie d’étude dédiée En s’appuyant sur les études et les cartographies de la TVB d’un territoire, il s’agira d’abord d’identifier les corridors écologiques, puis de répertorier et cartographier les espaces naturels (forestier, agricole ou de loisirs) et sensibles (zones inondables, sites d’intérêt écologique et boisements) ainsi qu’en ville les bâtis pouvant abriter des espèces animales. Les rivières et les plans d’eau, les parcs et jardins, les friches urbaines, les faisceaux de voies ferrées, les campus, les secteurs hospitaliers ou administratifs sont également signalés sur cette carte. Enfin, les zones d’activité, industrielles et commerciales, les grands parcs de stationnement ouverts ou semi-couverts sont aussi inventoriés. À partir du recensement de la faune et de la flore des espèces nocturnes, la trame noire sera organisée et développée en fonction des différentes périodes nocturnes et saisonnières, adaptées au territoire étudié. Chaque secteur, différencié selon le type d’espace public et sa proximité avec une zone sensible, va faire l’objet de préconisations d’éclairage et de prescriptions lumière appropriées pour définir : - les horaires et les périodes d’extinction des éclairages publics ; - les niveaux de gradation des éclairages publics en service, lorsqu’ils ne peuvent pas être éteints, et les plages horaires recommandées ; - les niveaux d’éclairement maximum générés par ces éclairages (pour les voies et espaces piétons, les niveaux d’éclairement les plus bas des normes européennes seront recommandés) ; - les spectres des sources d’éclairage afin de minimiser au maximum leur impact sur la biodiversité nocturne ; - les typologies d’éclairage (hauteur de feu, espacement des luminaires, orientation du flux lumineux) ; - les flux lumineux des appareils d’éclairage (qui devront être cadrés sur les surfaces horizontales et verticales à éclairer) ; - le confort visuel ; - le type de commande des éclairages (forcés par les services techniques ou à la demande des passants, par interrupteur, par détecteur de présence, interactive). En complément, les illuminations des édifices situés en rive de la trame noire font l’objet d’un cahier des charges strict et précis qui encadrera leur image nocturne. Pour ceux situés en trame noire, les illuminations seront proscrites. C’est ce travail tech-

nique, fin et complexe, qui garantira le meilleur équilibre entre qualité de vie nocturne pour les humains et préservation maximale de la faune et de la flore.

t

lumineuse émise vers le ciel, qualité du ciel nocturne au-dessus du territoire, analyse nocturne sensible des ambiances lumineuses.

Mise en lumière du parc Flaubert à Grenoble – 2015. L’utilisation d’une lumière à dominante rouge a permis de préserver au maximum la plupart des espèces animales présentes sur ce site, tout en offrant des possibilités de promenades nocturnes. Architectes paysagistes : Atelier Jacqueline Osty et Associés Concepteur lumière : Concepto

À lire « Les défis de l’éclairage public - Contexte, acteurs, stratégies et outils », par Roger Narboni et Fanny Guérard, Territorial Éditions – Dossier d’experts : https://boutique.territorial.fr/

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 47


Lumières Dossier

Enquête produits

Un afflux de créativité et de designs Une ronde de formes, un festival de fonctionnalités, une variété de hauteurs, l’offre comprend une multitude de modèles qui ont en commun une grande résistance aux chocs et un indice de protection élevé, mais aussi des caractéristiques techniques qui répondent aux exigences de l’arrêté de décembre 2018 relatif aux nuisances lumineuses. Korner de Ragni Cette borne multifonction est adaptable et personnalisable. En regroupant de nombreuses nouvelles fonctionnalités de communication (Wi-Fi, haut-parleur, vidéoprotection, etc.), elle propose plusieurs modules : 2 faces équipées de 16 LED disponibles, au choix, en 4 températures de couleur et 3 distributions photométriques asymétriques ; ou 4 faces, ce qui permet un éclairage circulaire, asymétrique ou passage piéton. Il peut être équipé de 16 à 24 LED, associées à 4 températures de couleur et 10 distributions photométriques. www.ragni.com Eco Area de Ledvance Conçu pour résister aux chocs mécaniques (IK08) et doté d’un indice de protection IP66, ce luminaire propose un flux de 3 300 lm en 2 700 K pour une efficacité lumineuse globale de 110 lm/W avec un indice de rendu des couleurs de 80. Durée de vie 50 000 heures (L70/B50). Le montage latéral est possible sur des mâts de 48 mm à 60 mm de diamètre. www.ledvance.fr Lupalo Scandia de RZB IP66 et IK06, ce luminaire, qui peut être monté au sommet d’un mât, comprend un corps en aluminium injecté résistant à la corrosion, traité époxy et résistant au brouillard salin. Il offre une diffusion asymétrique de la lumière avec des angles de faisceau de 65°/79°/51°/79°. Il délivre un flux de 3 600 lm en 3 000 K. Durée de vie 100 000 h (L80/B10). www.rzb.de/fr/ Ischia de Disano Avec sa forme ronde, simple et moderne, ce luminaire est dédié aux espaces verts et zones résidentielles. Il est disponible en deux températures de couleur 3 000 K et 4 000 K et en tonalité ambre. Il comprend des systèmes de gestion, comme le « minuit virtuel » qui prévient les gaspillages d’énergie en modulant les puissances selon les besoins réels aux différentes heures d’allumage. La gamme propose des modèles avec différentes courbes photométriques afin d’adapter l’éclairage aux attentes des maîtres d’ouvrage. www.disano.it

48 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

Flexia de Comatelec Cette solution est une véritable plateforme d’éclairage extérieur. La version Midi, conçue pour un montage latéral ou suspendu, est composée d’un corps en aluminium scellé avec un protecteur en verre. La version Top pour fixation sommitale est dotée d’un protecteur en polycarbonate. Les deux modèles utilisent le moteur photométrique LensoFlex 4, développé autour des concepts de performance, de réduction de la pollution lumineuse (PureNight). Trois couronnes disponibles : Mona en standard et Lisa ou Scala en option, qui peuvent être personnalisées (couleur, motif, texture). www.schreder.com/fr/


Lumières Dossier

Castor d’Erco Avec cette gamme, il est désormais possible de différencier l’éclairage des allées et surfaces libres, des terrasses et parkings, des entrées et chemins. Plusieurs répartitions de la lumière sont envisageables : à symétrie radiaire, sur 360°, pour les espaces libres ; ou sur 180° pour les chemins. Cette gamme se décline en outre dans plusieurs tailles et flux lumineux. La version pour l’éclairage du sol permet des entraxes jusqu’à 10 m. Un anneau de lumière innovant, ultra-efficace, est intégré à la borne. www.erco.com/fr/

Profilé lumineux 84 470 de Bega Ce profilé de section rectangulaire à répartition lumineuse elliptique asymétrique pour l’éclairage et le balisage de places, de voies d’accès et d’entrées, comprend un support en bois lamellé-collé et un réflecteur en aluminium anodisé. Son efficacité lumineuse peut atteindre 140 lm/W. Il propose deux températures de couleur : 3 000 K et 4 000 K. Degré de protection IP65 et résistance aux chocs mécaniques IK05. www.bega.com/fr/

Start Bollard de Sylvania Cette borne se décline en deux hauteurs (50 cm et 1 m) et convient parfaitement à l’éclairage des jardins, parcs, allées et zones commerciales extérieures. Elle propose un flux de 1 100 lm pour deux températures de couleur (3 000 K et 4 000 K). Indice de protection IP65 et résistance aux chocs mécaniques IK10. www.sylvania-lighting.com

Eskina Frame de SLV Ce modèle présente un profil élégant dans tous les espaces extérieurs. Ses têtes orientables assurent une bonne distribution de la lumière. Grâce à son IP65, il bénéficie d’une protection optimale contre le vent et les intempéries. Il se décline en deux températures de couleur (3 000 K et 4 000 K) réglables de façon très flexible avant installation via un interrupteur CCT. Flux lumineux : 1 200 lm. www.slv.com/fr_fr/

Tetra de Roger Pradier Spécialement conçue pour le cheminement (PMR), cette borne participe à la sécurisation des espaces urbains et des cheminements extérieurs : piétonniers, jardins publics, parcs, accès bâtiments et parkings. Elle procure un éclairage optimisé respectant les normes de nuisances lumineuses. En version asymétrique, elle offre un flux de 879 lm en 2 700 K et se décline en trois hauteurs : 500 mm, 800 mm et 1 100 mm ; la version symétrique propose trois flux, 609 lm, 680 lm et 697 lm (en 2 700 K) et quatre hauteurs : 500 mm, 800 mm, 1 100 mm et 2 100 mm. www.roger-pradier.com

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 49


Lumières Dossier

Agorà d’iGuzzini Dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, ce projecteur présente une épaisseur réduite (72 à 201 mm) et un groupe optique orientable horizontalement (-50°/+90°). Il est disponible en deux versions : Slim, avec convertisseur déporté, et Compact, avec convertisseur intégré, et trois dimensions. Il offre jusqu’à 14 distributions lumineuses, de super spot à wide flood, avec possibilités d’adaptation du flux (qui peut atteindre 50 000 lm) et 6 températures de couleur : 2 200 K, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K, RGBW, Tunable White. www.iguzzini.com/fr/

Jovie de Trilux Les lignes et l’épaisseur du corps en aluminium confèrent à ce luminaire un aspect plat, tout en lui assurant une gestion thermique équilibrée. Il intègre les possibilités de réduction de puissance, programmées ou autonomes, et la variation d’intensité ainsi que des systèmes de gestion d’éclairage permettant de piloter, contrôler et surveiller les installations via des services numériques. Grâce à la technologie NFC (Near Field Communication), la version multiflux lumineux (multilumen, ML) permet un réglage du flux et des profils de gradation via une application intuitive. Flux de 1 000 à 12 000 lm (en 3 000 K et 4 000 K en standard). www.trilux.com/fr/

Carat de Thorn Ce luminaire affiche des indices élevés de protection contre les chocs (jusqu’à IK10) et contre les projections d’eau (IP66). Le système NightTune ajuste automatiquement le niveau de lumière par un mélange de températures de couleur : la puissance des LED de couleur froide se réduit à la tombée de la nuit et augmente le matin, tandis que les LED de couleur chaude prennent le relais pendant la nuit. Il est disponible en deux tailles et présente une efficacité jusqu’à 165 lm/W. Il est équipé du système optique R-PEC avec un choix de 26 distributions lumineuses. www.thornlighting.fr/fr-fr

Line de Selux Cette gamme comporte diverses fonctions combinées à un design réduit, créant une nouvelle clarté dans le paysage urbain pour de nombreuses applications : en abord de bâtiments, places, parcs, rues et chemins. Les modules optiques verticaux et linéaires sont discrètement intégrés au luminaire. La gamme comprend des colonnes lumineuses, des bornes, des luminaires sur mât et des appliques murales. Elle propose plusieurs optiques et distributions lumineuses ainsi que 4 températures de couleur : 2 200 K, 2 700 K, 3 000 K et 4 000 K. Flux lumineux max. : 6 000 lm. www.selux.com/fra/fr

M.I.L.E. de Technilum Ce mât totem multifonctions, qui se décline en différentes hauteurs de 4 m à 10 m, intègre diverses sources lumineuses (modules de 4, 8 ou 12 LED) et un grand nombre de services connectés : Smart-In-Site, vidéosurveillance, Wi-Fi, sonorisation, etc. Ouverture (largeur maximale 230 mm) avec porte et verre de protection pour l’intégration d’un luminaire et d’un réflecteur spécifiques. La semelle du mât, en fonderie d’aluminium, comporte des bagues isolantes au droit des 4 oblongs d’ancrage pour éviter tout contact avec les tiges en acier galvanisé. www.technilum.com 50 - LUMIÈRES N° 35 33 - JUIN DÉCEMBRE 2021 2020


Lumières Dossier

Inlumino de Tungsram Avec ses 64 combinaisons optiques, ce luminaire peut aussi bien convenir à l’éclairage routier que piétonnier, sans oublier les places et les pistes cyclables. IP66 et IK09, il offre un large de flux, allant de 4 000 lm à 15 900 lm, avec une efficacité lumineuse qui peut atteindre 150 lm/W. Quatre températures de couleur sont disponibles : 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K, 5 000 K. ULOR : 0. Il peut se monter au sommet du mât ou en latéral, avec plusieurs inclinaisons possibles. www.tungsram.com

Clem ln de LEC Lyon Ce bandeau lumineux commandable en 4 longueurs. 540 mm : avec 6 LED mono et 4 x 4 LED quadri ; 1 020 mm : 12 LED mono et 4 x 8 LED quadri ; 1 500 mm : 18 LED mono et 4 x 12 LED quadri ; 1 980 mm : 24 LED mono et 4 x16 LED quadri. Il permet les poses individuelles ou en ligne continue et d’obtenir un éclairage homogène grâce aux optiques asymétriques très extensives. www.lec.fr

Absolut d’Abel Afin de répondre à un large éventail d’applications, cette colonne lumineuse propose plusieurs types d’éclairage. L’optique Ambiance se compose d’un module circulaire de 4 LED (85 lm/W) en partie haute de l’optique. Deux photométries sont proposées : symétrique type place ou asymétrique type route. L’optique directionnelle est constituée de 6 projecteurs LED (90 lm/W) orientés vers le sol. Grâce à l’ajout d’un connecteur Zhaga en tête de colonne, la ligne Absolut peut accueillir un module externe de communication et télégestion. La fonction balisage est proposée via une signalisation haute de couleur bleue. www.abeleclairage.fr/

Smartlight 4.1 – 5.1 de Fonroche Ce lampadaire solaire made in France garantit 365 nuits d’éclairage par an grâce à la technologie Power365. En effet, les batteries sont spécifiquement programmées pour calculer la charge dont elles disposent et fournir l’énergie nécessaire à l’éclairage. Efficacité : 180 lm/W et deux températures de couleur, 2 700 K et 4 000 K. Deux hauteurs de mâts : 4 et 5 m. www.fonroche-eclairagesolaire.fr

Colonne Onyx de Nowatt Lighting Conçue en acier galvanisé, finition peinture thermolaquée polyester, cette colonne d’éclairage solaire utilise une batterie LiFePO4 et des panneaux solaires Sunpower Back Contact. Elle se décline en plusieurs hauteurs, 3, 4 ou 5 m et avec des optiques adaptées à la largeur du chemin à éclairer. Optique 10 : si la largeur du chemin est supérieure à la hauteur de la colonne, optique 11, si la largeur du chemin est égale à la hauteur de la colonne et optique 12 : si la largeur est inférieure à la hauteur de la colonne. Quatre températures de couleur : 2 200 K, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K. IP67 pour la lanterne et IP55 pour la colonne. IK07. www.nowatt-lighting.com

Akkor de Novéa Cette colonne d’éclairage solaire en aluminium extrudé est équipée de panneaux solaires haut rendement parfaitement intégrés à la structure, d’une batterie de stockage située dans le mât et d’un luminaire LED. La gamme se décline en deux hauteurs (4 m et 6 m), plusieurs puissances de panneaux solaires et de capacités batteries afin de répondre à un large spectre d’applications. Efficacité du luminaire : 130 lm/W (luminaire intégré) ou 160 lm/W (luminaire TEKK S). La technologie Endurance+ permet, grâce à ses cellules au lithium LiFePO4 et à sa gestion des flux d’énergie, d’offrir une durée de vie des batteries de 20 ans. www.novea-energies.com LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 51


Lumières Designer

Ébénisterie en lumière

© DR

Après avoir démarré un cursus d’architecture, Damien Dreiss a appris l’ébénisterie à l’Institut Saint-Luc de Tournai, en Belgique, où il a été initié à différentes techniques. Aujourd’hui installé à Villeny, un village solognot au cœur d’une forêt, il conçoit, fabrique et commercialise des luminaires singuliers, jouant sur la transparence du bois et le passage de la lumière à travers du placage.

D’où vous vient votre intérêt pour la lumière ?

J’ai commencé à m’intéresser à la lumière en fabriquant mes premiers luminaires pour mon projet de fin d’études à l’Institut Saint-Luc. J’ai voulu faire passer la lumière à travers des lames de placage de bois qui servent à faire de la marqueterie. Je me suis rendu compte que non seulement la lumière traversait bien la matière, mais que cet éclairage faisait ressortir les veines du bois. Lorsque le luminaire est éteint, on voit un objet en bois qui décore la pièce et lorsqu’il est allumé, la transformation du bois en source de lumière est tout simplement magique, et donne l’impression de deux objets distincts. Selon l’essence choisie, le résultat est tout à fait différent. Je travaille beaucoup avec l’érable, qui laisse très bien filtrer la lumière et produit un rendu chaud et très doux qui fait penser aux couleurs d’un feu de cheminée. Je suis conquis par la lumière et les possibilités infinies qu’elle offre, qu’il s’agisse des techniques d’éclairage, des différents supports, ou de la variété d’effets et de formes qu’elle peut prendre.

Pouvez-vous nous expliquer votre cheminement créatif ?

Il est très variable d’un luminaire à l’autre. Parfois, j’utilise des formes déjà présentes à l’atelier et je trouve des idées. Sinon, je dessine un objet en suivant une idée ou une ligne directrice. La difficulté est qu’il faut rapidement passer à taille réelle pour se rendre compte du résultat final. Par exemple, la lampe Sydney est inspirée d’une carapace et le rendu s’apparente à des courbes florales et végétales. La plupart de mes luminaires sont créés de manière spontanée, mais il m’arrive également de recevoir des commandes spécifiques

52 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

qui dépendent des contraintes de mes clients. La plupart de mes modèles sont des lampes à poser, mais je fabrique également des lampadaires. Quel que soit le procédé créatif privilégié ou la forme finale, j’apprécie la surprise de l’objet fini et de l’effet obtenu. J’essaye de maîtriser au mieux les aspects techniques, mais la découverte d’un luminaire achevé est toujours surprenante.

Pouvez-vous nous présenter la collection Iliade ?

Pour la collection Iliade, en complément de l’érable j’ai choisi le fraké, qui est un bois tropical plus sombre que ceux que j’ai l’habitude de travailler. C’est un bois très spécial, avec beaucoup de variations de couleurs ; je vais également faire des essais avec le poirier, ils présentent des caractéristiques en commun. Cette collection est dérivée de la lampe Sydney qui a l’allure d’une carapace. Pour Iliade, je voulais casser la symétrie des pales de bois, en les positionnant à plat en forme de boomerang et jouer sur les contrastes entre la clarté de l’érable et l’obscurité du fraké. J’utilise des sources LED qui ne chauffent pas et n’altèrent donc pas le bois. Ensuite, le choix de l’intensité et de la température de couleur revient aux clients. Certains veulent des l ampes purement décoratives avec une faible intensité d’éclairement, d'autres s’en servent pour éclairer une pièce. Quelles que soient les caractéristiques de la source, le placage parvient à rendre la lumière plus organique. Rubrique réalisée par Alexandre Arène



Lumières Manufacture

© RZB Lighting

RZB : UNE PRODUCTION hautement intégrée et automatisée RZB (Rudolf Zimmermann, Bamberg) est une entreprise familiale allemande créée il y a plus de 80 ans à Bamberg, au nord de la Bavière. Le groupe compte deux marques, Sonlux, spécialisée dans l’éclairage mobile de chantier, et RZB dans l’éclairage technique intérieur et extérieur. L’entreprise dispose de deux sites de production en Allemagne, à Sondershausen pour Sonlux et pour l’injection plastique du groupe, et à Bamberg, siège historique de la marque, pour les produits RZB et le travail du métal et montage. Situé depuis 1950 dans la zone portuaire de la ville, au bord du canal Rhin-Main-Danube, ce site s’étale sur 100 000 m² et compte 600 employés. Pascal Rinckenberger, directeur commercial du groupe RZB et Stéphane Vanel, directeur commercial RZB France, détaillent le processus de production des luminaires et présentent l’usine de Bamberg, fleuron industriel du groupe.

Fabrication de l’outillage

RZB conçoit et fabrique ses produits de A à Z sur le site de Bamberg. Pour façonner les pièces nécessaires à la réalisation de ses luminaires, l’atelier de fabrication de l’outillage réalise les moules pour l’injection plastique, ou des formes de découpe et des éléments de presse pour le travail du métal. 32 employés assurent la fabrication de ces outillages, qui sont ensuite destinés à la production des pièces métalliques ou plastiques.

Production des pièces métalliques

« Nous disposons de trois lignes Trumpf entièrement automatisées pour fabriquer les pièces métalliques destinées à la fabrication des luminaires. »

Lors de la phase de production, les outillages sont utilisés pour découper les plaques métalliques, qui sont acheminées automatiquement dans la presse depuis le magasin. La machine effectue la découpe laser et le poinçonnage. Les profils en aluminium, nécessaires à la fabrication des luminaires linéaires, des mâts ou des borniers sont découpés à partir de tubes massifs, dans un hall séparé. L’ensemble de la tôlerie est réalisé en interne. Une fois les pièces découpées, poinçonnées ou extrudées, elles sont récupérées par des opérateurs et envoyées à l’atelier de peinture. 54 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

© RZB Lighting

© RZB Lighting

« Nous sommes propriétaires de notre propre outillage, ce qui nous permet de proposer des produits exclusifs à nos clients. »


Lumières Manufacture

Peinture

« Nous possédons des machines très flexibles qui nous permettent un changement de couleur en deux heures et le processus est, là aussi, entièrement automatisé. »

© RZB Lighting

Les pièces fabriquées à l’atelier de préparation du métal arrivent à l’atelier de peinture qui compte une vingtaine d’opérateurs. Elles passent dans un bain pour supprimer les impuretés, puis sont séchées avant d’être pulvérisées avec de la poudre de peinture et cuites. RZB a investi il y a cinq ans dans une machine automatisée, à haute efficacité énergétique, capable de tourner 24 h/24. L’ensemble des luminaires de la marque sont proposés de manière standard en trois couleurs : blanc, anthracite et gris. La flexibilité de la machine permet de changer de couleur en deux heures et de réaliser des séries spécifiques sur demande. Les petites séries sont peintes dans des cabines indépendantes. Une fois peintes, les pièces se dirigent vers le montage.

Montage

« Le processus de câblage est effectué par un robot, ce qui nous permet d’atteindre 100 % de qualité. »

© RZB Lighting

RZB dispose de trois robots de câblage. Il suffit de saisir la référence produit et de visser l’alimentation et les modules LED sur la plaque électronique pour que le robot assure le câblage. L’atelier montage emploie 125 personnes, dont certaines réalisent un montage sur table, en intégrant les différents composants, avant l’intervention du robot. Les grandes séries sont entièrement automatisées, les moyennes peuvent être câblées à l’aide du robot, mais les petites séries sont câblées manuellement. Une fois les produits câblés, les employés ajoutent les pièces de carrosserie et réalisent le packaging, en intégrant les instructions de montage. Avant leur sortie de l’atelier, 100 % des luminaires sont testés. Ils sont maintenant prêts à être expédiés.

Un site à haute performance environnementale

« Grâce à des panneaux photovoltaïques sur le toit, un système de récupération de chaleur, un passage au 100 % LED et le suivi des indicateurs des Nations unies, le site respecte de nombreux critères environnementaux. » Sur les 60 000 m² de toiture que compte le bâtiment, la moitié est couverte de panneaux photovoltaïques, qui fournissent 30 % de la consommation d’électricité du site. De plus, un système autonome de récupération de chaleur a été intégré au plus près des fours de l’atelier de peinture, pour chauffer l’usine et les bureaux, combiné à un nouveau système de chauffage à haut rendement. Le site bénéficie d’une certification ISO 9 001 de management de la qualité et a mis en place les 17 indicateurs pour le suivi des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.

RZB Lighting Rheinstraße 16 96052 Bamberg - Allemagne

© RZB Lighting

Rubrique réalisée par Alexande Arène

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 55


Lumières Cahier

technique

Human Centric Lighting L’humain au centre des développements Dossier réalisé par Isabelle Arnaud

Doc. B.E.G. France © Dudarev Mikhail / stock.adobe.com

56 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021


technique

© Sylvania

Lumières Cahier

Respect du rythme circadien/suppression des pics de bleu/ratio mélanopique similaire à un puits de lumière naturelle/rendu des couleurs quasi parfait avec RF > 97 et RF Skin > 97 pour les teintes de peau et saturation naturelle Rg = 100.

La notion d’HCL est tellement intégrée dans les projets, qu’il ne semble plus nécessaire de préciser qu’il s’agit de Human Centric Lighting. En revanche, cette approche de l’éclairage qui, au départ, ne concernait quasiment que des changements de température de couleur, a suivi une évolution qui va bien au-delà. Nous avons donc demandé à quatre fabricants (bien entendu, il en existe de nombreux autres) de nous expliquer à quel stade en étaient leurs recherches, quelles avancées ils prévoyaient dans les prochains mois, quelles technologies ils avaient développées. Les premières études se sont concentrées sur les Ehpad, en particulier les unités d’Alzheimer, où il avait été démontré que reproduire de façon artificielle le cycle de la lumière naturelle contribuait à aider les résidents à mieux se repérer dans les établissements. Aujourd’hui, les champs d’application sont bien plus étendus et les dispositifs faisant appel aux notions d’HCL sont mis en œuvre aussi bien dans les espaces de travail, les locaux d’enseignement, les lieux de loisir, les commerces, que le milieu médical ; la liste s’allonge au fur et à mesure des découvertes. Chez Sylvania, le programme de recherche s’appuie sur la combinaison d’un nouveau spectre lumineux et d’une gestion intelligente. B.E.G., de son côté, développe des solutions pour rythmer l’éclairage artificiel sur le cycle de la lumière naturelle. Pour iGuzzini, le « People Centric Lighting » se rapproche davantage d’une philosophie que d’une technologie. Et enfin, selon Erco, le concept d’éclairage HCL doit fournir la lumière appropriée aux conditions de vie des utilisateurs.

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 57


Lumières Cahier

technique

Sylvania combine un nouveau spectre lumineux et une gestion intelligente Yann Chevrier, chef de projet, a également en charge les développements de solutions sur mesure en lien avec les usines européennes. C’est cette recherche d’amélioration de l’approche qualitative qui a conduit Sylvania à travailler plus particulièrement sur des programmes où l’humain se trouve au cœur du développement de la solution éclairage.

Dans quel contexte avez-vous commencé vos études sur le Human Centric Lighting (HCL) ? Yann Chevrier – Nous cherchions comment

améliorer le confort dans les lieux de vie comme les bureaux – où, il n’y a pas encore si longtemps, nous passions en moyenne 8 à 10 heures par jour –, les établissements scolaires, les Ehpad, les crèches, le secteur médical, etc. Le temps relativement long passé dans ces espaces nous a conduits à nous interroger sur la qualité de l’éclairage artificiel. Qu’est-ce qui pourrait potentiellement nous manquer ? Comment améliorer la qualité spectrale de la lumière artificielle ? Comment obtenir une bonne répartition lumineuse dans l’espace  ? Comment la piloter ? Nous avons ainsi orienté nos travaux, plus particulièrement sur le spectre de la source LED ; l’optique, pour distribuer cette lumière dans l’espace et la rendre la plus confortable possible ; et une gestion fine de l’éclairage qui apporte une valeur ajoutée par le contrôle des luminaires. Il ne suffit pas de faire varier la température de couleur pour faire du HCL ! Ce serait réducteur et surtout faux de se concentrer uniquement sur cet axe.

au contraire orangée pour les soirées. En résumé, nous avons intégré une LED innovante sur un PCB (Printed Circuit Board, carte circuit imprimé) conçu pour bien refroidir la LED, auquel s’ajoute l’optique qui contribue à produire un éclairage le plus fidèle possible à la lumière naturelle. Cela nous a permis de dégager deux valeurs quantifiables. Tout d’abord, le ratio mélanopique qui mesure la capacité d’une source à remplir ou non l’espace situé sous la courbe d’absorption de la mélatonine ; ce ratio, entre 0,7 et 1, a un pouvoir dynamisant. La deuxième valeur est l’IRC (évalué généralement sur 15 couleurs, d’où la notation R9, R10, etc.), qui est de 100 sur l’ensemble du spectre. Sylvania a opté pour la méthode TM3018 qui porte sur 99 couleurs, ce qui permet de bénéficier d’un meilleur RFS (Rendering fidelity skin : capacité d’une source à valoriser l’aspect de la peau, donc de l’humain), supérieur à 95 et d’un gamut rendering (indice de saturation des couleurs) élevé de 101 (il varie entre 60 et 140). Tous ces paramètres nous permettent de créer un éclairage artificiel très proche de la courbe spectrale de la lumière naturelle et qui ne perturbe pas le rythme circadien.

Réducteur parce qu’on modifie la teinte mais pas le spectre de la source ? Yann Chevrier – Oui. Prenons une LED classique :

Concrètement, comment cette lumière s’associe-t-elle aux besoins de l’utilisateur ? Yann Chevrier – On définit des plages horaires :

un pic de bleu persiste, même dans les teintes chaudes, et son impact n’est pas négligeable sur notre rythme circadien. Finalement, à cause de ce pic bleu, la lumière reste stimulante à l’heure où l’on aurait besoin d’une ambiance calme, et donc retarde le moment de sécrétion de la mélatonine propice à l’endormissement. Sachant cela, Sylvania a oulu concevoir une lumière dynamisante ou apaisante au moment souhaité. Pour ce faire, le spectre lumineux suit au plus près celui du soleil, à savoir une lumière riche en bleu pour accompagner les matinées et

58 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

par exemple, dans un bureau, de 8 h à 18 h, on disposera d’une lumière dynamisante (entre 3 500 K et 5 500 K), et de 18 h à 23 h, d’une teinte apaisante et chaleureuse (2 700 K à 3 000 K). On peut ainsi créer des transitions d’état ergonomiques via une gestion intelligente. Les choix peuvent s’adapter aux temps de vie des applications, je pense par exemple aux crèches ou maternelles où l’on peut opter pour une lumière apaisante pendant les « temps calmes » en début d’après-midi. De plus, il est intéressant de pouvoir corréler l’intensité de la lumière avec la température de couleur : plus l’intensité est faible, plus chaude est la température de couleur, et vice versa. Sylvania propose un accompagnement avec l’intervention d’un technicien qui se déplace sur site pour lancer la programmation de l’éclairage du projet et affiner la gestion. Si ces automatismes offrent une grande simplicité d’utilisation, il est aussi essentiel, et c’est le propre du HCL de pouvoir intervenir individuellement sur les scénarios d’éclairage pour les modifier en fonction des préférences ou de l’activité. Nos attentes en matière d’ergonomie ont été revues à la hausse au cours de ces mois passés en télétravail, et l’humain se trouve plus que jamais au cœur de nos réflexions sur le confort au travail, en particulier en ce qui concerne les solutions d’éclairage que nous apportons. n


Lumières Cahier

technique

B.E.G. : pour un éclairage bien-être qui suit le rythme circadien d’HCL : de la qualité de l’éclairage va dépendre un certain nombre d’effets sur notre état physique, mais aussi sur notre moral. En effet, la lumière artificielle a un impact sur la santé, la productivité et la sensation de bien-être. Comme nous passons une bonne partie de notre temps à l’intérieur des bâtiments, l’amélioration des conditions de notre environnement n’a jamais été aussi importante. Nous savons que nos photorécepteurs conduisent non seulement à la vision, mais qu’ils ont également des effets sur la physiologie de l’être humain. Il en résulte que la lumière a une influence sur le niveau hormonal quotidien, initiant des changements continus à mesure que la journée avance, qui soutient le rythme circadien, responsable de notre horloge biologique interne, déterminant le cycle sommeil/éveil de notre corps. Les solutions HCL s’appuient sur le cycle de la lumière naturelle pour reproduire, ou tout au moins s’approcher le plus possible de ses effets bénéfiques. Ainsi, les lieux de travail deviennent des espaces d’inspiration capables de stimuler l’humeur, le comportement et le niveau d’énergie des personnes. Il favorise également une meilleure performance, la capacité de concentration et le niveau de confort. Ludovic Bécourt – Nous avons regroupé, au sein d’un même outil, la fonction de changement de températures de couleur selon le moment de la journée et celle de détection de présence. Notre innovation a permis l’automatisation de ces fonctions de variation de température et d’intensité lumineuse en incluant la détection de présence. Ainsi, tout est centralisé sur le détecteur et les réglages sont effectués en usine : le seuil lumineux (niveau d’éclairement), la temporisation, et la planification des scénarios sur des plages horaires. Ces réglages ont été simplifiés pour une utilisation facile par le client final, mais sont quand même modifiables, via un smartphone, par ce dernier de façon à adapter la solution à ses besoins. L’application bidirectionnelle B.E.G. One permet ainsi de contrôler à distance l’ensemble de l’installation, les groupages, les valeurs de luminosité, etc. Ces solutions ont été principalement conçues pour des applications tertiaires, bureaux et salles de classe, notamment ; ils sont d’autant plus pertinents s’ils sont installés dans des espaces où il y a très peu de lumière naturelle : par exemple dans des locaux en sous-

sol ou bien orientés plein nord et bénéficiant de très peu d’ensoleillement.

Quelles sont les valeurs prédéfinies du système ? Benoît Henneton – Les températures de couleur

peuvent varier d’une teinte chaude de 2 700 K à une ambiance froide et stimulante de 6 500 K. La temporisation propose une plage de 1 minute à 150 minutes (à partir de la dernière détection), ce qui est rarement utilisé, et peut s’accompagner d’une baisse progressive du flux lumineux qui peut descendre jusqu’à 5 %. Ludovic Bécourt – Précisons qu’à la première mise en service, pour que le détecteur identifie les luminaires qui lui ont été connectés, il faut entrer en mode de programmation avec le smartphone, faire clignoter les luminaires pour les adresser. De plus, nous proposons un câblage standard et traditionnel que nos clients et les installateurs connaissent, à savoir un bus DALI, soit un détecteur pour 64 luminaires avec une couverture de 452 m² en position debout et 32 m² pour une activité assise. Si cela s’avère nécessaire, il reste la possibilité d’ajouter un détecteur esclave au détecteur principal. B.E.G. propose désormais une gamme de luminaires équipés des fonctions HCL. n

Benoît Henneton, responsable marketing, Ludovic Bécourt, responsable prescription, expliquent comment B.E.G., spécialiste de la gestion de l’éclairage, a développé des solutions Human Centric Lighting depuis 2019, en particulier via des systèmes de détection.

© B.E.G.

B.E.G. propose plusieurs solutions de gestion de l’éclairage en HCL. Quelles technologies utilisez-vous ? Benoît Henneton – Un petit rappel sur la notion

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 59


technique

© iGuzzini. Photo : Gunnar Sverrisson

Lumières Cahier

The Retreat de Blue Lagoon, Grindavík, Islande. Maître d’ouvrage : Blue Lagoon – Architectes : Basalt Architects – Concepteurs lumière : Liska - Guðjón L. Sigurðsson.

iGuzzini : Human Centric Lighting, une philosophie plus qu’une technologie Renaud Lièvre, directeur général d’iGuzzini France, souligne le fait que les avancées du HCL résultent désormais du travail et de la recherche conjointe de plusieurs fabricants, même si chaque marque développe ses solutions propres. L’approche « People Centric Lighting », comme il la définit, traduit une certaine philosophie de la lumière d’iGuzzini.

Que représente pour vous la notion de Human Centric Lighting ? Renaud Lièvre – iGuzzini a fait sienne cette approche

de l’éclairage que nous, nous aimons renommer « People Centric Lighting », à savoir la lumière pour les gens, qui est devenue au fil des années une véritable philosophie, une autre façon d’aborder la lumière. Le HCL n’est pas du tout un chapeau que l’on a ajouté, ou un produit marketing ; chez iGuzzini, il s’agit vraiment d’une réflexion, de résultats de recherches. Les premières études d’iGuzzini sur le rôle de la lumière dans l’amélioration de notre confort datent des années 1980, lorsque nous avons sorti un luminaire en collaboration avec plusieurs autres fabricants. Sivra était un plafonnier qui permettait de faire varier la température de couleur. Déjà, à cette époque-là, nous savions que la lumière pouvait représenter un bon vecteur de communication et avoir une action douce et non agressive sur l’être humain. Prenons l’exemple de l’éclairage public dans une ville : si l’on abaisse l’intensité le soir, le message peut être compris comme « rentrez chez vous, parlez plus doucement ». La lumière a ainsi un réel impact sur notre comportement, sans que l’on en soit forcément conscient ; c’est là que la notion de HCL prend toute son importance.

Quelle a été l’approche d’iGuzzini dans ses solutions HCL ? Renaud Lièvre – Nous avons très tôt développé un

système de carte à puce qui permettait à l’utilisateur de lancer les programmes d’éclairage (mettant en œuvre des tubes fluorescents) avec des températures de couleur différentes. Les premières applications ont concerné des espaces équipés d’écrans, comme des centres d’appel, des locaux qui ne bénéficiaient pas de lumière naturelle, donc sans repère temporel. Cette approche s’inscrivait, et s’inscrit toujours, dans un contexte raisonné et raisonnable, loin des systèmes « usine à gaz », et plutôt dans une relation entre le

60 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

collectif et l’individu. L’une des dernières solutions que nous proposons traduit aussi bien notre réflexion philosophique que nos avancées technologiques : un luminaire doté de plusieurs fonctionnalités telles que le Tunable White, l’intégration de haut-parleurs et de caméras de surveillance, et ce qu’on appelle le « warm dimming » (développé il y a déjà une dizaine d’années). Cette fonction reproduit, avec la technologie LED, ce qu’il se passait avec les lampes halogènes : en baissant l’intensité, on se rapproche des teintes chaudes et inversement, en montant en puissance, les températures de couleur deviennent plus froides, tout comme dans le cycle de la lumière du jour. Récemment, nous avons fabriqué un produit spécifique qui équipe les chambres d’un hôtel en Islande (voir photos) : le SoleLuna, un plafonnier qui allie une technicité très approfondie et une certaine poésie dans l’utilisation, via un boîtier de commande qui propose plusieurs scénarios jouant sur les températures de couleur et les intensités. Mais nous pouvons aller encore plus loin dans les développements du HCL.

Vous faites allusion au Double Dynamic Lighting (Éclairage double dynamique) ? Renaud Lièvre – Oui, il s’agit d’un projet mené

par l’université d’Aalborg à Copenhague et auquel ont participé, outre iGuzzini, le Groupe Fagerhult, Tridonic et Zumtobel. Ellen Kathrine Hansen, professeure agrégée et directrice de programme en conception d’éclairage au département Architecture, Conception et Technologie des médias et son équipe ont exploré la combinaison de la lumière du jour dynamique et de l’éclairage artificiel dans un contexte spatial. Ce qui ouvre de nouvelles perspectives : en introduisant le facteur de l’orientation de la lumière naturelle (ce que les architectes appellent le masque solaire), comment peut-on personnaliser un lieu grâce à l’éclairage artificiel pour qu’il réponde aux attentes de l’individu ? n


Lumières Cahier

technique

Erco : un éclairage au service de l’utilisateur seulement les besoins visuels, elle a toujours eu un impact émotionnel et biologique sur les humains. Le concept d’éclairage HCL fournit la lumière nécessaire appropriée aux conditions de vie et de travail des utilisateurs à tout moment. L’homme est au centre de l’attention. Pour Erco, une telle conception peut améliorer la productivité et le bienêtre des personnes. L’aspect important ici est qu’il faut avoir une vision globale de tous les facteurs – de la température de couleur à l’orientation de la lumière – et les faire coïncider les uns avec les autres. En plus de l’impact visuel et biologique, l’impact émotionnel de la lumière dans une pièce doit être mis en avant.

Comment le mettez-vous en œuvre ?

Le HCL fournit une base solide pour créer la meilleure interaction possible entre la lumière artificielle et la lumière naturelle. Les ingénieurs et les architectes doivent être conscients de ces aspects et les intégrer dans leur processus de planification dès le début. C’est pourquoi Erco travaille en étroite collaboration avec les intervenants d’un projet à un stade précoce, afin de fournir une solution globale prenant en compte tous les éléments. La lumière naturelle est utilisée, lorsque possible, du point de vue de la conception. Erco veille à ce que le système d’éclairage soit installé et exploité conformément au plan initial. L’utilisateur reçoit des informations pertinentes pour comprendre les avantages et être capable de faire fonctionner le système d’éclairage.

Quelles sont les solutions développées par Erco ?

Les variations de luminosité et de température de couleur constituent des caractéristiques typiques de la lumière du jour. Ainsi, la lumière du matin et du soir sera plus chaude, tandis que celle du milieu de journée plutôt fraîche. Nous reproduisons cette atmosphère, en intérieur, grâce à la technologie «  tunable white  » combinée à une commande d’éclairage. Mais si l’on y regarde de plus près, le concept HCL est considérablement plus exigeant et va clairement au-delà de la simple adaptation de l’éclairement et la température de couleur, car l’impact de l’éclairage est considéré d’un point de vue intégral. Outre les tâches visuelles et les impacts biologiques, elle prend le contexte dans lequel l’éclairage est utilisé. En raison de sa longue tradition à s’orienter sur un éclairage axé sur la perception, Erco a déjà conçu de nombreuses solutions allant

dans le sens du HCL. Cette approche englobe, par exemple, le concept d’un confort visuel efficace, des outils d’éclairage pour un éclairage vertical ainsi que la planification de différents scénarios lumineux pour créer avec la lumière une ambiance attrayante. C’est pourquoi nous proposons un éclairage axé sur la perception. S’agitil d’un environnement ciblé sur la performance ou l’éclairage doit-il avoir un effet plus relaxant ? Les besoins changent-ils au cours de la journée ? Existet-il différentes zones spatiales pour des tâches différentes ? D’autres aspects, comme la lumière pour favoriser la créativité ou pour se calmer, peuvent présenter d’autres exigences supplémentaires pour le concept d’éclairage. © Erco - Jackie Chan

Qu’est-ce que le Human Centric Lighting (HCL), pour Erco ? Isabelle Forcari – La lumière ne satisfait pas

Isabelle Forcari, Lighting Design Manager Erco France, démontre comment Erco a développé des solutions HCL en fonction de la perception des utilisateurs de leur environnement.

À quelles applications destinez-vous ces solutions ?

Dans le secteur tertiaire, la technologie tunable white est notamment très intéressante pour les postes de travail, car une gestion de l’éclairage en fonction des besoins favorise le bien-être et améliore la productivité des collaborateurs. Nous orientons également nos concepts vers des éclairages flexibles, permettant aux utilisateurs un réglage individuel, car les besoins et la perception de chaque individu sont différents. Enfin, une bonne perception visuelle facilite le travail, c’est pourquoi Erco planifie des solutions basées sur le confort visuel, notamment avec l’éclairage vertical et l’éclairage ciblé en fonction des différentes zones. En éclairage des infrastructures de transports ou bâtiments administratifs, les conceptions d’éclairage mettent en valeur les espaces. On passe de la lumière naturelle à la lumière artificielle tout en conservant l’identité de la pièce. Pour favoriser le bien-être des humains dans leur environnement social, il faut prendre en compte des critères basés sur l’architecture, ainsi que la perception et les attentes de l’utilisateur.

Sur quels axes de développement travaillez-vous ?

Le but ultime de la lumière selon le concept du HCL est de servir les utilisateurs, d’être exploitée par eux et de répondre à leurs attentes à long terme. Il est donc nécessaire que la planification soit réalisée sur la base de critères orientés vers les besoins. Erco développe ainsi ses produits dans le respect du bien-être et du confort des usagers, en privilégiant une lumière qualitative et un confort visuel efficace. n LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 61



Lumières Produits

Cromo de Disano Le projecteur Cromo a été mis au point pour remplir les critères des applications extérieures et intérieures, des applications sportives semi-professionnelles et professionnelles, de l’éclairage général. Il est compatible avec toutes les fonctions de commande et avec les interfaces nécessaires pour accueillir les innovations futures. Équipé d’optiques à très hautes performances et de LED d’avant-garde, Cromo représente une solution efficace et compétitive qui apporte des économies considérables d’énergie.

Il comprend 192 LED et des optiques ultra performantes pour garantir une efficacité lumineuse jusqu’a 142 lm/W. Réalisable avec des sources lumineuses LED de 4 000 K et un indice de rendu des couleurs de 70, et de 5 700 K avec des IRC de 70 et 90. Il offre un excellent maintien du flux lumineux d’au moins 80 % à 100 000 heures. Et présente un design compact et un poids limité. Cromo est compatible avec une grande variété de systèmes de contrôle ou d’interfaces de gestion (Zhaga ou Nema). Il possède une large gamme de flux lumineux disponibles grâce à son driver programmable. www.disano.it/it/

BEGA

CITEL

EAS

24 651

PARAFOUDRES COMBINÉS AC/DATA : MLPC1-230L-V/DL et MLPCH1-230L-V/D

LED ARIANE

Cette gamme de plafonniers encastrés-spots combine deux techniques d’éclairage. L’interaction d’un faisceau spot d’une teinte blanc chaud et d’une diffusion réglable indirecte lumière du jour produit une ambiance lumineuse originale faisant l’effet d’un ciel ensoleillé. Le luminaire peut être commandé par une gestion des couleurs DALI (DT8, TW). Il présente un rendement lumineux de plus de 103 lm pour une température de couleur de 3 000 K. Doté d’un IP65, il peut être installé en extérieur comme à l’intérieur.

www.bega.com/fr/

Ces produits sont destinés à un éclairage LED utilisant une alimentation électrique et une surveillance par communication via des câbles séparés. Il est extrêmement important dans cette situation d’assurer la protection aux surtensions de l’équipement d’éclairage en protégeant les deux accès : données et alimentation AC. Le produit intègre un parafoudre AC avec des performances appropriées et une protection contre les surtensions compatible avec les réseaux DALI, 0-10V ou DMX. Une version spéciale est disponible : MLPCH1-230L-V/DL, elle permet une coordination optimisée avec le conducteur. https://citel.fr/fr

Ce luminaire remplace idéalement les traditionnelles boules énergivores et génératrices de nuisances. Il possède un ULR< 1 %, ce qui signifie que +99 % de la lumière est émise vers le bas. Conçu en polycarbonate dépoli ou transparent avec une embase en aluminium (LM6), il est disponible en différentes puissances et plusieurs températures de couleur (3 000 K, 4 000 K, 5 000 K), Golden Orange, Bat Light. Son flux lumineux atteint 4 850 lm en 4 000 K avec une efficacité de 124 lm/W. IP66.

www.eas-solutions.fr LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 63


Lumières Produits

Novalux présente sa gamme Cartoon La gamme Cartoon caractérise l’esprit pionnier et innovant de Novalux, qui a mis au point une plaque de plâtre intégrant un profil aluminium conçu pour être équipé d’un bandeau LED. Cette innovation permet aux architectes d’imaginer des créations lumineuses extrêmement élaborées et originales, pour éclairer avec audace les espaces intérieurs de l’habitat, les bureaux, les espaces commerciaux ainsi que les lieux de vie dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Cartoon permet en effet de créer des compositions linéaires infinies et de différentes largeurs selon les versions choisies. Les installateurs et architectes peuvent ainsi laisser libre cours à leur créativité en jouant avec les formes et les angles, du mur au plafond et sans interruption. Outre son niveau de finition incomparable, c’est la facilité d’installation qui fait la particularité de Cartoon, permettant aux installateurs de diviser leur temps de pose par deux.

• Plaque de plâtre renforcée à la fibre de bois • Longueurs de plaques de 2 m, avec possibilité de couper à la taille souhaitée sur site • Profil aluminium intégré dans la plaque de plâtre avec une finition impeccable • Bandeaux LED à intégrer dans les profils aluminium et alimentations LED compatibles inclus dans le catalogue produits www.novaluxlighting.fr/

Radian dévoile le lampadaire Tréma Les lampadaires Tréma apportent une réponse performante aux multiples contraintes d’éclairement requises pour les activités de bureau, mais également pour les professions techniques où un niveau de perception visuelle optimal est indispensable. Le mode de diffusion innovant de Tréma, par plaque transparente microgravée, délivre sur toute la surface du plan de travail une lumière de haute qualité, uniforme et contrôlée, sans scintillement ni risque d’éblouissement. Les lampadaires Tréma sont proposés en deux versions : mât déporté simple tête – 49 W, et mât déporté double tête – 2 x 49 W. Ils offrent une double diffusion de la lumière, directe et indirecte et deux modes d’éclairage : « énergie » ou « confort ». En standard, il a une température de couleur de 4 000 K et de 3 000 K en option. Commande d’allumage/extinction et de variation de l’intensité lumineuse

64 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

mémorisable (en standard) et bouton-poussoir intégré à fleur du mât. Le lampadaire double tête est muni de 2 boutons différenciés. Possibilité d’adjoindre, en option, le dispositif d’allumage/ extinction programmée « Tempo » et le système de maintien de luminosité et de présence « Sensitive ». Le mât est doté d’un enrouleur de câble avec connecteur amovible permettant de permuter facilement les lampadaires et de simplifier les changements d’implantation. Les lampadaires sont disponibles sur presse pour fixation au plan de travail. www.radian.fr




Lumières Produits

FLOS

IGUZZINI

LEDVANCE

C1

LIGHT UP ORBIT

SMART+ WIFI FLOOD Camera

Ce programme d’appareils pour installation au mur et au plafond, dont le design est signé Vincent Van Duysen, a été développé pour des hôtels. La connexion mécanique spécifique intégrée permet d’extraire et d’orienter le corps du luminaire sur l’axe vertical (jusqu’à 60º) et sur l’axe horizontal (355º pour la version au plafond et 140º pour la version au mur). Les versions murales sont disponibles avec une émission simple ou double, de 510 lm à 2 600 lm en 2 700 K et 3 000 K pour un IRC de 90.

Les deux nouvelles versions de cet encastré de sol offrent, sur quelques millimètres, une haute densité technologique. Le luminaire est équipé de 8 optiques : diffusante, fixe avec réflecteur Opti-Beam, fixe avec lentille Opti-Beam, Confort avec lentille Opti-Beam, Confort avec réflecteur Opti-Beam, lame de lumière, elliptique et Wall washer. Élément en nid d’abeille intégré et accessoire elliptique pour adapter le flux lumineux. 5 finitions : acier, chrome bruni, bronze, laiton, tout verre.

Ce projecteur intègre une caméra, un haut-parleur, un capteur de mouvement et de lumière du jour. Gradable, il propose un flux lumineux de 1 800 lm avec une température de couleur de 3 000 K (blanc chaud). Il est doté d’une tête pivotante.

www.flos.com

www.iguzzini.com/fr/

www.ledvance.fr

LOUIS POULSEN

MELJAC

OSRAM

PANTHELLA

SOLARIS

TENOM

Le designer et architecte Verner Panton a dessiné cette lampe de table en collaboration avec Louis Poulsen en 1971. Il souhaitait créer une lampe dont le pied et l’abat-jour fassent office de réflecteur, en combinant le tout avec les formes organiques qui ont fait la réputation du designer danois. Pour ses 50 ans, le fabricant propose une nouvelle taille, de nouveaux matériaux et une nouvelle couleur : le laiton métallisé.

Cette gamme d’interrupteurs se caractérise par l’ajustement de ses courbes ainsi que par la création d’un nouveau levier fin et plat et d’un bouton-poussoir affleurant incurvé, dont les formes inédites offrent un confort d’utilisation et une sensation agréable au toucher. Le contraste entre la teinte de la plaque en laiton traité et la base noire brillante du levier met parfaitement en valeur les lignes de l’interrupteur. Elle propose de nombreuses finitions : levier de la couleur de la plaque, bague noire brillante, boutonpoussoir noir.

Cellule de mesure de luminosité et de détection de présence indépendante destinée aux applications tertiaires ou industrielles. Elle permet de connecter en filaire jusqu’à 8 drivers DALI et de communiquer sans fil avec jusqu’à 1 000 produits Hubsense : par exemple, drivers, cellules, interfaces utilisateurs, passerelles DALI.

www.louispoulsen.com

www.meljac.com

www.osram.fr/

LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021 - 67


Lumières Produits

SLV

SYLVANIA

TUNGSRAM

SAMRINA SP SINGLE QPAR51

KALANI

TENOM

Ce luminaire est composé en partie de plastiques recyclés. Avec sa tête orientable, ce spot sur piquet de coloris noir présente une esthétique à la fois élégante et durable dans tous les jardins, devant les maisons d’habitation, hôtels et restaurants. Il permet d’utiliser différentes sources, mais aussi des lampes Smart LED –pour un pilotage de l’éclairage intelligent et pour faire varier des caractéristiques lumineuses spécifiques, selon le type de LED ou d’application.

Cette famille de luminaires se décline en 5 tailles, avec des angles de faisceau symétriques ou asymétriques et une large gamme d’accessoires. Kalani se décline en plusieurs flux, de 6 200 lm à 41 800 lm. Un Start Flood remplace avantageusement un projecteur traditionnel de 400/600 W. Son efficacité lumineuse peut atteindre 140 lm/W. Il est disponible en version standard blanc neutre (4 000 K), blanc chaud (3 000 K) ou blanc froid (6 500 K) sur demande, avec un indice de rendu des couleurs supérieur à 80. IP66 et IK08.

Ce luminaire est destiné à l’éclairage des tunnels à haute puissance, avec son rendement et son flux élevés. Il est disponible dans une gamme de combinaisons optiques pour plus de flexibilité et pour un large éventail d’applications telles que les tunnels à basse et haute vitesse, les passages souterrains et les zones industrielles. La maintenance peut être effectuée sans outil facilement et rapidement pour simplifier l’installation et réduire les coûts d’intervention. Il dispose de 7 optiques, d’une efficacité de 153 lm/W et 3 températures de couleur : 3 000 K, 4 000 K et 5 000 K.

www.sylvania-lighting.com/fr-fr/

www.tungsram.com/

www.slv.com/fr_fr/

À LIRE

Les défis de l’éclairage public

Pour une gestion durable et maîtrisée de l’éclairage public Par Roger Narboni et Fanny Guérard Les collectivités publiques, gestionnaires d’un vaste réseau lumineux, sont confrontées à des enjeux parfois contradictoires. Elles doivent faire la part des choses entre la nécessité d’éclairer la nuit, pour répondre aux usages et aux activités nocturnes, caractéristiques de notre mode de vie contemporain, et l’impératif de protection environnementale au regard des nuisances générées. C’est dans ce contexte passionnant, mais complexe, que s’inscrit cet ouvrage. Il s’adresse aux acteurs de l’éclairage, et en particulier aux collectivités qui se posent l’inéluctable question du renouvellement de leurs luminaires et de la mise en œuvre d’une stratégie d’éclairage urbain cohérente avec les attentes sociétales actuelles. Les plus de l’ouvrage Faire les meilleurs choix en matière d’efficacité lumineuse, d’ambiances nocturnes et de réduction de la pollution lumineuse Maîtriser la réglementation, les enjeux environnementaux et économiques de l’éclairage public Éditions Territorial 216 p. Format : 17 x 24 cm Illustrations N&B 65 € TTC https://boutique.territorial.fr/

68 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021


Lumières Lumières

La revue des lumières intérieures, extérieures et architecturales. Dans chaque numéro :

N° 34 - MARS 2021 - 19 E

PROJET

Fenêtre sur ville

La Percée à Decazeville Urbanistes-Paysagistes-Architectes : agence Dessein de Ville Concepteur lumière : Lionel Bessières, Quartiers Lumières

s e r è i m Lu EMBRE

2020

- 19 E

- DÉC N° 33

- des projets inédits ; - un dossier thématique avec enquête produits ; - l’interview d’un designer ; - une double page showroom ; - le cahier technique. Et aussi des articles en bilingue français/anglais.

heer axime Sc bert ethitM ecture lphe Alnt1 5 Arc Rodoect es, Ce

ETIEN ENTR

Archit

DOSSIER

Éclairage des locaux d’enseignement

usées e des m Éclairag

IER DOSS

PRINT & NUMÉRIQUE

100 % NUMÉRIQUE

Edition papier 4 numéros par an + newsletter

Edition numérique (PDF) + newsletter

n

Abonnement 1 an : 68 e TTC

n

Abonnement 1 an : 48 e TTC

n

P lus de 10 abonnements par société : 54 e TTC l’abonnement

n

P lus de 10 abonnements par société : 38 e TTC l’abonnement

n

Abonnement 2 ans : 110 e TTC

n

Abonnement 2 ans : 75 e TTC

n

P lus de 10 abonnements par société : 88 e TTC l’abonnement

n

P lus de 10 abonnements par société : 60 e TTC l’abonnement

Je m’abonne à Nom

Lumières

Adresse

Prénom Société

Code postal

Activité

Tél. Fax

Ville

Email Bulletin d’abonnement à retourner à l’adresse suivante : Lumières - 3e Médias - service abonnement - 16 rue d’Athènes - 75009 Paris CHÈQUE À L’ORDRE DE 3E MÉDIAS OU PAIEMENT EN LIGNE SUR : www.filiere-3e.fr/abonnement Pour tout renseignement, contactez Juliette Aguelon - compta.3emedias@gmail.com


Lumières Index

ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS Agence ON...................www.agence-on.com.....................................16, 17, 18 Abel Eclairage..............www.abeleclairage.fr.................................................51 ADEME.........................www.ademe.fr...........................................................29 Agence Lumière...........www.agence-lumiere.fr/............................................37 Agence ON...................www.agence-on.com.................................................38 Allez et Cie...................www.allez.fr...............................................................34 Aubrilam.......................www.aubrilam.com/fr/.................................................8 BEGA............................www.bega.com/fr/...........................................8, 49, 63 B.E.G............................www.begfrance.fr/...............................................56, 59 CITEL............................citel.fr/fr.....................................................................63 Comatelec Schréder.....www.schreder.com..................................26, 35, 42, 48 Concepto......................www.concepto.fr.........................30, 31, 44,, 45, 46, 47 Damien Dreiss..............damiendreiss-lampes.jimdofree.com.........................52 Disano..........................www.disano.it/it/..................................................48, 63 EAS Solutions...............www.eas-solutions.fr.................................................63 ecosystem....................www.ecosystem.eco..................................................12 Erco..............................www.erco.com/fr.......................................................49 Fagerhult......................www.fagerhult.com/fr................................................61 Flos..............................www.flos.com/fr/.......................................................67 FNCCR..........................www.fnccr.asso.fr................................................29, 30 Fonroche......................www.fonroche-eclairagesolaire.fr........................41, 51 iGuzzini........................www.iguzzini.com/fr................................29, 50, 60, 67 Lec Lyon.......................www.lec.fr.................................................................51 Ledvance.....................www.ledvance.fr..................................................48, 67 Les éclaireurs ..............www.leseclaireurs.net..........................................35, 39 LightingEurope.............www.lightingeurope.org.............................................35

ANNONCEURS

Louis Poulsen...............www.louispoulsen.com/fr-fr/......................................67 Lumesens....................www.lumesens.com/.................................................35 Meljac..........................www.meljac.com.......................................................67 Novalux........................www.novaluxlighting.fr..........................................3, 45 Novea...........................www.novea-energies.com.........................................51 Nowatt Lighting............www.nowatt-lighting.com..........................................40 Osram..........................www.osram.fr............................................................67 Patrick Mauger.............www.patrickmauger.com/..........................................14 Radian..........................www.radian.fr............................................................64 Ragni............................www.ragni.com........................................24, 25, 28, 48 Roger Pradier...............www.roger-pradi er.com............................................49 RZB..............................www.rzb.de.fr..........................................39, 48, 54, 55 Selux............................www.selux.com/fra/fr/.........................................37, 50 SERCE..........................www.serce.fr.......................................................30, 36 Signify..........................www.signify.com/fr-fr................................................42 SLV...............................www.slv.com/fr_fr/........................................36, 49, 68 Sylvania.......................www.sylvania-lighting.com/fr-fr.........36, 49, 57, 58, 68 Syndicat de l’éclairage...www.syndicat-eclairage.com.........................10, 12, 30 Technilum....................www.technilum.com................................32, 33, 38, 50 Thorn...........................www.thornlighting.fr/fr-fr...........................................50 Trilux............................www.trilux.com/fr/.....................................................49 Tungsram.....................www.tungsram.com/...........................................51, 68 Valmont........................www.valmont-france.com..........................................34 WE-EF..........................www.we-ef.com/.................................................13, 39 Wonderfulight...............www.wonderfulight.com..........................20, 21, 22, 23

SALONS

PARC DES EXPOSITIONS PARIS NORD VILLEPINTE

B.E.G........................ www.begfrance.fr/......................... 2e couv.

Du 9 au13 septembre 2021

COMATELEC............. www.schreder.com/...................... 4 couv.

Stimulateur de business et d’échanges créatifs entre les acteurs internationaux de la décoration, du design et de l’art de vivre, Maison&Objet est votre source continue d’inspiration et de nouveautés. L’accès au salon Maison&Objet se fera obligatoirement sur présentation d’un pass sanitaire (se renseigner avant le salon). www.maison-objet.com/paris

e

ARCHITECATWORK... www.architectatwork.fr/........................ 62 BEGA........................ www.bega.com/fr/................................. 53 CITEL........................ www.citel.fr/fr....................................... 31 DISANO.................... www.disano.it/it/................................... 63 LEDVANCE................ www.ledvance.fr................................... 11 PAYSALIA.................. www.paysalia.com/fr............................. 66 RAGNI....................... www.ragni.com..................................... 43 ROGER PRADIER....... www.roger-pradier.com........................... 9 RZB.......................... www.rzb.de.fr........................................ 13 SLV........................... www.slv.com/fr_fr/................................ 19 SYLVANIA.................. www.sylvania-lighting.com/fr-fr.............. 7 TUNGSRAM.............. www.tungsram.com/............................... 5 ZUMTOBEL............... www.zumtobel.com/fr-fr/...................... 65

70 - LUMIÈRES N° 35 - JUIN 2021

PARIS EVENT CENTER- 20, AVENUE DE LA PORTE DE LA VILLETTE - 75019 PARIS Jeudi 23 septembre 2021, de 10h à 20h. Vendredi 24 septembre 2021, de 10h à 19h Au programme : la présentation des toutes dernières nouveautés de plus de 200 fournisseurs, un programme de conférences offrant la parole à des architectes et des expositions www.paris.architectatwork.fr/ LYON EUREXPO Du 30 novembre au 2 décembre 2021 Paysalia est le salon professionnel leader qui rassemble l’ensemble des acteurs de la filière du paysage en France. La filière du paysage se trouve face à plusieurs enjeux forts : la préservation de la biodiversité, l’émergence de nouveaux marchés et le renforcement de l’expertise métier. www.paysalia.com/fr/




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.