Int lumieres 21 bd 2017

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Lumières N° 21 - DÉCEMBRE 2017

- 19 E

PROJET

Louvre Abu Dhabi Architecte : Jean Nouvel Conception lumière : 8’18’’ DOSSIER

Éclairage des musées



Éditorial

par Isabelle Arnaud rédactrice en chef

© Louvre Abu Dhabi. Photographe Mohamed Somji Architectes : Ateliers Jean Nouvel Jean Nouvel, Hala Wardé, Anna Ugolini, Jean-François Bourdet, Athina Faraut, Damien Faraut Muséographie : Jean Nouvel, Renaud Piérard Concepteur lumière : 8'18" Rémy Cimadevilla, Georges Berne, Loris Tretout, David Charetier, Julien Caquineau

Directeur de la publication Jean Tillinac Édition 3e Médias 39, rue Jean-Baptiste-Pigalle 75009 Paris Tél : +33 (0)9 82 34 89 62 www.filiere-3e.fr Rédactrice en chef Isabelle Arnaud Tél : +33 (0)1 40 37 41 70 lumieres.redaction@filiere-3e.fr Publicité Sandrine de Montmorillon Tél : +33 (0)6 51 30 28 68 sdm@filiere-3e.fr Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Vincent Laganier (Light ZOOM lumière) Charles Pillou. Abonnements Solène Collat Tél : +33 (0)9 82 34 89 62 scollat@filiere-3e.fr Corrections Laurence Chabrun laurencechabrun@gmail.com Conception graphique et réalisation Planète Graphique Studio 95, boulevard Berthier 75017 Paris Impression et routage Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-La-Pendue © 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Dépôt légal : décembre 2017 ISSN : 2259-3772

La lumière, première condition de l’intelligence

S

elon Le Robert, l’intelligence artificielle est « l’ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de résoudre des problèmes sans que les algorithmes de résolution soient explicitement fournis ». En quoi cette définition peut-elle s’appliquer à la lumière ? Si l’on observe les exemples de la lumière connectée en éclairage public, on trouve là des illustrations de modèles dits « intelligents ». Ils mettent en œuvre des automatismes et des programmations qui permettent de répondre immédiatement aux besoins des usagers, voire d’ajouter des fonctions pour apporter un meilleur service aux municipalités. Mais cette connectivité, ou cette lumière connectée n’est pas encore capable « de résoudre des problèmes sans algorithmes ». Elle obéit à des programmations complexes, certes, mais ne peut se passer de l’intervention de l’éclairagiste, du concepteur lumière qui apporte cette subtilité, ce langage propre, cet imaginaire, une écriture qui devient signature du projet. Georges Berne et François Migeon (voir la rubrique Entretien, pp.16 et 17), et d’autres encore, seront surpris de lire cette définition du concepteur lumière, trouvée dans Wikipédia (nul doute que certains contributeurs sauront intervenir pour la modifier) : « Aussi appelé concepteur lumière, l’éclairagiste est le responsable de la mise en place du matériel et des techniques d’éclairage, et de toutes les ambiances lumineuses d’un spectacle. » Sans être complètement faux, on est loin du rôle que joue le concepteur lumière, le metteur en scène de la lumière, en lien avec tous les acteurs d’un projet (comme le montre le travail accompli pendant des dix ans sur le Louvre Abu Dhabi, conception lumière Rémy Cimadevilla, 8’18’’, voir p. 22). Lien aussi avec l’architecture, les matières, les objets et les technologies, qui constituent l’essence même du concept lumineux au sein des musées notamment (voir notre Dossier, p. 28). Qu’il s’agisse de « smart building » ou de « smart city », c’est bien la lumière qui est intelligence, sous la conduite du chef d’orchestre, qui connaît aussi bien les instruments que la partition, et s’il y a effectivement une baguette dans l’histoire, elle n’a rien de magique, elle répond à la commande de celui qui dirige la musique.

LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 3


du centre d’entraînement et de formation de l’OGC Nice

7 - Journée internationale de la lumière

© Sammode

8 - Sammode : 1927-2017

20 Les lumières

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Designer 43 Octavio Amado

Sculpteur de lumières

t

t

© Antoine Duhamel

6 - Éclairage des bâtiments de bureaux : suite…

Projets 18 Coup d’envoi pour l’éclairage

Showroom

t

Actualités

© Véronique Descatoire © RZB. Photo Caroline FeraudAlbano

t

Lumières Sommaire

Showroom 44 Fagerhult

Cahier technique 46 Connectivité

de Notre-Dame de Paris

22 Le Louvre Abu Dhabi

12 - Prix de l’ACEtylène 2017

© Louvre Abu Dhabi. Photographe Mohamed Somji

15 - Collectivités : Girard Sudron lance TransitionLed

en éclairage extérieur

Dossier 27 Éclairage des musées

Entretien

© Osram

t 28 - I nterview : Marie Wacrenier responsable du service Régie muséographique du Jardin des Plantes, direction générale déléguée aux Musées et aux Jardins botaniques et zoologiques, Muséum national d’Histoire naturelle

29

Scénographies de lumières

38

E nquête produits Minimalisme et précision

52 Zoom -M oucharabiehs mécaniques

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© DR

54 Produits

Rendez-vous 58 - Agenda salons t

16 Georges Berne et François Migeon Plasticiens lumière, 8’18’’

© Louvre Abu Dhabi : The Great Vestibule Photographe Marc Domage

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t

14 - Association française de l’éclairage : programme des formations 2018

© IA

©DR

- L oeïza Cabaret, conceptrice lumière, Concepto, « La carte lumière de Paris »

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10

© Targetti

Lumières contemporaines

et index des entreprises

R Reettrroouuvveezz llaa vveerrssiioonn eebbooookk ssuurr lw uw mw i e. rf e i l si e. friel i-e3ree. -f 3 r /el .uf m r ieres-3e 4 - LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017



Lumières Actualités

© Syndicat de l'éclairage

Éclairage des bâtiments de bureaux : suite... Comme annoncé dans notre dernier numéro, Lumières revient sur l’enquête menée par le CEREN et présentée début octobre par le Syndicat de l’éclairage(1).

R

appelons que cette enquête a été commanditée par l’ADEME, le Syndicat de l’éclairage, RTE et Récylum, avec le concours d’EDF. Elle recèle une mine de renseignements inédits relatifs au parc de matériels installés non seulement dans les bureaux individuels ou paysagers et les salles de réunion, mais également dans tous les autres espaces des bâtiments enquêtés : halls d’accueil, circulations, locaux techniques, sanitaires… Une politique énergétique efficace Alors que la surface globale des bâtiments, 221 millions de m², a progressé de 20 % en dix ans, on observe une baisse de 13,7 % de la puissance installée et de 8,8 % des kWh consommés, pour un total de 6,7 TWh (milliards de kWh). Cette amélioration n’est pas due pour l’essentiel à l’apparition des solutions LED, car elles ne représentent encore qu’environ 10 % du parc. Elle est sans doute la conséquence de l’émergence des solutions d’éclairage électroniques, en fluorescence en particulier, poussée par les effets d’un double mouvement de la politique énergétique, qui tendait d’une part à supprimer les possibilités de trouver sur le marché les solutions les plus énergivores, et qui faisait, d’autre part, la promotion des meilleures technologies disponibles. Dès 2009, en effet, les règlements européens d’écoconception relatifs à l’éclairage (244/2009 et 245/2009) ont tari la possibilité de trouver sur le marché les lampes à incandescence, les tubes fluorescents, les ballasts les moins efficaces. Parallèlement, ont été mises en place des politiques qui tiraient vers le haut le choix des solutions de rénovation : certificats d’économie d’énergie, tous orientés vers les solutions électroniques, et

Nombre de lampes en milliers d’unités

Enquête 2015

« RT par éléments 2 », qui imposait dès 2008 pour les rénovations une puissance installée limitée à 2,8 W/m² par tranche de 100 lux. Au moins 50 % des luminaires fluorescents à remplacer Mais avec un rythme des rénovations des installations d’éclairage constaté de 3 % par an, plus des deux tiers des 45 millions de luminaires installés dans ces bâtiments de bureaux l’ont été il y a plus de dix ans, et sont donc d’ancienne technologie. C’est ce qu’on peut déduire du tableau présentant la répartition par types des 100 millions de lampes qu’on trouve aujourd’hui dans ces bâtiments (tableau ci-dessous). La fluorescence hors T5 représente 60 % de la totalité. L’enquête indique que 85 % des luminaires pour T8 ou compactes sont ferromagnétiques : donc plus de la moitié des luminaires fluorescents sont à remplacer. Ils le seront sans doute par des luminaires LED, qui, si la nouvelle RT par éléments est respectée, présenteront une efficacité suffisante pour atteindre une puissance installée de 1,6 W/m² par tranche de 100 lux et qui seront au minimum soumis à des systèmes de gestion automatique prenant en compte la présence des occupants et de la lumière du jour. Nous reviendrons dans un prochain numéro sur les constats de l’enquête CEREN sur la qualité de l’éclairage, qui reste encore trop négligée, ainsi que sur l’application de cet arrêté du 3 mai 2007 modifié. (1) Les éléments détaillés de l’enquête sont disponibles auprès du Syndicat de l’éclairage. (2) Arrêté du 3 mai 2007 relatif aux exigences énergétiques lors de rénovations de bâtiment (modifié en mars 2017).

Consommations en GWh

Puissance en MW

19 070

19,3 %

899

14,7 %

407

14,8 %

Fluo T8 ou T12

45 591

46,1 %

2 499

40,8 %

1 192

43,2 %

Fluocompacte intégration ou linéaire monoculot

14 609

14,8 %

1 097

17,9 %

439

15,9 %

Fluocompacte substitution

1 431

1,4 %

86

1,4 %

35

1,3 %

Lampes et systèmes LED

10 678

10,8 %

276

4,5 %

110

4,0 %

Lampes à décharge / halogènes / incandescence

4 663

4,7 %

492

8,0 %

223

8,1 %

Halogènes très basse tension

2 858

2,9 %

753

12,3 %

346

12,5 %

25

0,0 %

21

0,3 %

8

0,3 %

98 925

100 %

6 123

100 %

2 759

100 %

Fluo T5

Non déclaré Ensemble

6 - LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017


Lumières Actualités

L’Unesco proclame le 16 mai « Journée internationale de la lumière »

L

e 14 novembre dernier, lors de la 39e session de sa Conférence générale, l’Unesco a proclamé la date du 16 mai « Journée internationale de la lumière ». La proclamation de cette Journée internationale annuelle permettra d’apprécier à l’échelle mondiale le rôle central que jouent la lumière et les technologies fondées sur la lumière dans la vie des citoyens du monde dans les domaines de la science, de la technologie, de la culture, de l’éducation et du développement durable. La Journée internationale de la lumière s’inscrit dans le prolongement de l’Année internationale de la lumière, qui a été couronnée de succès en 2015 et qui a touché plus de 100 millions de personnes dans plus de 140 pays. Les partenaires du monde entier planifient actuellement une ambitieuse série d’actions de sensibilisation et d’éducation en mai 2018, notamment auprès des étudiants, des jeunes et du grand public. Zorica Matic, artiste et chercheuse en lumière, présidente de l’association Les Idées lumières, à l’initiative de ce projet, a été nommée membre du comité consultatif à l’Unesco de la Journée internationale de la lumière, ainsi que présidente du comité national de Serbie. Elle avait organisé un colloque « Lumières dans la cité – Vecteur de cohésion sociale ? » qui va faire l’objet d’une publication soutenue par l’Unesco. L’ouvrage paraîtra en trois langues : français, serbo-croate et anglais. Zorica Matic invite tous les acteurs de la lumière à participer à cette journée en organisant des événements liés à la lumière. Une cérémonie sera organisée le 16 mai 2018 au siège de l’Unesco à Paris (France), avec la participation de lauréats du prix Nobel et de personnalités de premier plan dans les domaines de l’éducation, de l’industrie, du design et de l’éclairage. Pour vous inscrire à l’événement, pour toute demande de renseignements sur les possibilités de partenariat et pour toute autre question, prendre contact avec : John Dudley IDL 2018, président du comité directeur : john.dudley@univ-fcomte.fr Jean-Paul Ngome, programme international des sciences fondamentales Abiaga, siège de l’Unesco, Paris : jj.ngomeabiaga@unesco.org Jorge Rivero González, secrétariat de la Journée internationale de la lumière & attaché de presse : dayoflight@eps.org Site Web: www.lightday.org Twitter : twitter.com/IDL2018 et #IDL2018 Facebook : facebook.com/IDL2018

LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 7


Lumières Actualités

© Sammode

SAMMODE : 1927-2017

Société d’application des méthodes modernes d’éclairage électrique S’adressant tout d’abord aux foyers domestiques et aux administrations, afin de développer l’éclairage électrique, l’entreprise devient plus généraliste et occupe tous les segments de marché, des vitrines de magasins à l’éclairage public, en passant par les rings de boxe ! Spécialisée pendant quelques décennies dans l’éclairage industriel, la société prend un autre virage, via le détournement de ses produits par les architectes de renom, jusqu’à récemment où, sous la houlette de son actuel dirigeant Emmanuel Gagnez, elle crée la gamme Sammode Studio, qui s’ajoute aux collections.

“Forte d’une fabrication 100 % française, la société n’a de cesse de se perfectionner pour apporter les réponses les plus justes.” En 2009, c’est au tour d’Emmanuel Gagnez de prendre la direction de la société, qui emménage d’ailleurs la même année dans de nouveaux bureaux situés dans le 20e arrondissement, locaux conçus par Dominique Perrault. « L’entreprise cultive, depuis 90 ans, les trois valeurs qui lui sont chères : pertinence, fiabilité et pérennité, souligne Emmanuel Gagnez, PDG de Sammode. Dès l’origine, elle a mis en œuvre une alliance entre artisanat et industrie, savoir-faire patrimoniaux et technologies de pointe, se positionnant comme un concepteur-fabricant. Cette expertise industrielle lui permet un niveau d’exigence unique et reconnu dans son métier. » En 2015, Emmanuel Gagnez lance Sammode Studio, avec une première collection constituée de huit luminaires tubulaires sélectionnés dans 8 - LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017

sa gamme d’éclairage architectural. Commence alors une collaboration étroite avec les designers Jean-François Dingjian et Eloi Chafaï, Normal Studio, qui repensent les luminaires tubulaires pour des usages plus domestiques ; confort lumineux, qualité de la lumière, systèmes de fixation, fonctionnalité. Ils se déclinent sous différentes typologies : applique, plafonnier ou suspension. Ils ont pour nom : Bendz, Cézanne, Cherubini, Coulomb, Dix, Elgar, Musset et Rimbaud. À cette série s’ajoutent deux modèles dessinés par l’architecte Dominique Perrault et la designer Gaëlle Lauriot-Prévost : Gude et Kyhn. Ces derniers résultent directement de leur travail pour la Bibliothèque nationale de France. Adaptés aussi bien pour l’intérieur que l’extérieur, les luminaires peuvent se déployer dans une multiplicité de situations, du séjour à la terrasse, d’un espace de circulation à un bureau, d’une salle de restaurant à un lobby d’hôtel. C’est dans les locaux de l’École des Beaux-Arts de Paris que la marque a choisi de célébrer cet anniversaire, avec, à la clé, une rétrospective en lumières signée Normal Studio. www.sammode.com © Sammode

C

’est à Louis Lemaire, entrepreneur lorrain, que l’on doit la création de Sammode, en 1927. En 1930, son directeur Henri Clout oriente la production vers l’éclairage technique industriel et Sammode livre les mines et les houillères, notamment du nord et de l’est de la France, mais également des sites de la SNCF. e mod En 1958, Jacques Gagnez, gendre du fondateur, Sam © prend les rênes de l’entreprise et commence l’aventure de la fluorescence, technologie révolutionnaire qui va changer le design et les procédés de fabrication des luminaires. Sammode met alors au point, en 1967, un appareil qui deviendra emblématique et ne tardera pas à forger la réputation de la société : le TFH ou Tube fluorescent hermétique. L’objet paraît tout simple, une enveloppe tubulaire obturée, à chaque extrémité, par un flasque en acier inoxydable. Il marque à tel point l’identité de l’entreprise que les architectes le renomment, et très vite on parle plutôt d’un « Sammode ». En 1979, Thierry Gagnez succède à son père et conforte l’entreprise dans le secteur de l’éclairage technique. Dans les années 1990, Sammode amorce son retour vers l’éclairage architectural et livre notamment les luminaires de la Bibliothèque nationale de France conçue par Dominique Perrault avec lequel elle entame une longue collaboration.


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Prix Nobel de physiologie et de médecine

L’

Assemblée Nobel du Karolinska Institutet a décerné le prix Nobel de physiologie et de médecine 2017 à trois Américains : Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young pour leurs découvertes de mécanismes moléculaires contrôlant le rythme circadien. Les trois chercheurs « ont pu s’introduire dans notre horloge biologique et élucider son fonctionnement interne. Leurs découvertes expliquent comment les plantes, les animaux et les êtres humains adaptent leur rythme biologique pour qu’il se synchronise avec les révolutions de la Terre ». Utilisant les mouches comme organisme modèle, les lauréats du prix Nobel de cette année ont isolé un gène period qui contrôle le rythme biologique quotidien normal. Ils ont montré que ce gène encode une protéine PER s’accumulant dans les cellules durant la nuit, celle-ci disparaissant durant la journée, son taux oscillant au cours d’un cycle de 24 heures, c’est-à-dire selon un rythme circadien. Le rythme circadien est synchronisé par différents facteurs de notre environnement, le plus important d’entre eux étant la lumière.

La qualité de l’éclairage contribue à la santé des bâtiments et aux économies d’énergie

L’

International Association of Lighting Designers (IALD) et LightingEurope ont souligné l’importance de l’éclairage et du bien-être dans les bâtiments avec un événement conjoint au Parlement européen organisé par le député européen Peter Liese. La commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE) du Parlement européen a voté le rapport d’examen de la directive sur la performance énergétique des bâtiments (DPEB). La commission ITRE, avec ce vote, a clairement exprimé la nécessité de prendre en compte, non seulement les économies d’énergie, mais aussi le bien-être de la population dans cette révision législative. En discutant de la révision de la directive DPEB et de l’avenir de la réglementation européenne sur l’éclairage, Kevan Shaw, membre professionnel et directeur général de l’IALD, a déclaré : « Nous devons examiner l’énergie réellement utilisée et non l’efficacité du produit ou la densité de puissance de l’éclairage pour créer des économies d’énergie significatives dans le monde réel. L’indicateur numérique de l’énergie d’éclairage (LENI) fournit la meilleure mesure pour quantifier l’efficacité du système. Une extrême prudence est nécessaire pour ne pas surréglementer, la vitesse des mesures politiques de l’UE doit suivre le rythme du progrès technologique. » Ourania Georgoutsakou, Secrétaire général de LightingEurope, a souligné que la « directive DPEB créera une opportunité de stimuler les investissements dans des bâtiments plus performants, en incluant un éclairage de bonne qualité. L’accent doit être mis sur l’efficacité énergétique et les avantages pour la population. Human Centric Lighting jouera un rôle important dans la réalisation de bâtiments sains et donc dans la réduction du temps de retour sur investissement ». www.lightingeurope.org. LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 9


Lumières Actualités

Loeïza Cabaret, conceptrice lumière, Concepto « La carte lumière de Paris » Diplômée de Génie civil, Architecture et Construction, parcours « Ambiance et Confort dans l’Architecture et l’Urbanisme » de l’université de Bordeaux 1, Loeïza Cabaret a intégré l’agence Concepto en 2011. « J’aime penser la lumière en couleurs, en formes, avec des images, des rythmes et des sensations que je traduis en infographie. J’essaie à chaque fois d’utiliser la lumière comme un outil nous permettant d’améliorer, de transformer, d’imaginer une ville et une vie nocturne à l’écoute des gens qui la vivent. » C’est donc tout naturellement que la plasticienne lumière s’est investie pleinement dans la « carte lumière » de Paris lorsque l’agence Concepto s’est vu confier ce projet.

Issue des arts appliqués, j’ai plutôt une approche créative, qui tient compte des sensations que peut offrir la lumière, un peu en dehors des conventions d’éclairagisme. Et si mes propositions sont les bienvenues au sein de l’agence, il m’est parfois difficile de les transmettre à l’extérieur. Cependant, cette sensibilité, que j’ai mise au service des concepts développés dans le cadre de la carte lumière de Paris, a su convaincre.

Sur quoi repose le principe de cette carte lumière ?

Crèche Dagorno, XXe arrondissement. Architecte Emmanuelle Colboc. Conception lumière : Loeïza Cabaret, Concepto. Des dessins d’enfants sont projetés à l’aide de gobos (Philips Lighting) sur la façade, tandis que les fenêtres bénéficient d’un éclairage coloré réalisé à l’aide de réglettes LED (LEC).

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© Evesa - Photo Yves Chanoit

Dans le cadre du marché à performance énergétique signé avec Evesa et la Ville de Paris, l’agence Concepto a été consultée pour établir un diagnostic portant sur toutes les illuminations existantes de la ville ; l’objectif étant de redistribuer le patrimoine illuminé de Paris dans chaque arrondissement. Nous avons procédé tout d’abord à un inventaire qui a abouti au classement des installations en trois catégories : celles que l’on pouvait supprimer, celles qui devaient être rénovées et donc prises en charge par Evesa, et enfin, les nouvelles illuminations dont les concepts ont été confiés à Concepto.

Quel était le cahier des charges ? Les mises en scène concernent uniquement des bâtiments publics construits récemment et des places de quartier (validés par la Ville de Paris), elles doivent être simples, respecter des contraintes de budget (à 75 000 € pour les équipements et 45 000 € pour les places) et surtout, consommer moins de1 kW. Nous avons sélectionné les bâtiments par typologie – gymnases, crèches, écoles, collèges et médiathèques – et selon leur géographie : ils sont tous situés dans les arrondissements périphériques. Le contrat prend fin en 2021 et 20 réalisations devraient être terminées. Aujourd’hui, six installations ont vu le jour. Le processus est un peu long : une première esquisse est validée par les élus de l’arrondissement et toute l’équipe de la section éclairage public dirigée par Patrick Duguet ; ensuite, il nous faut l’autorisation de l’architecte qui a conçu le bâtiment, l’aval d’Evesa et enfin, la validation du choix des matériels.

Pouvez-vous nous citer quelques exemples et les commenter ? Tout d’abord, je tiens à souligner que nous avons défini une stratégie lumière, un fil conducteur pour chaque typologie de bâtiments : à chacune d’elles, nous avons attribué un code de couleurs et d’effets lumineux ;

Gymnase Reuilly, XIIe arrondissement. Architectes Stoffel & Lefebvre. Conception lumière : Loeïza Cabaret, Concepto. Des luminaires à LED (LEC) mettent en œuvre un jeu de couleurs tout autour du bâtiment.

© Evesa - Photo Yves Chanoit

Loeïza Cabaret, vous faites partie de la nouvelle génération de concepteurs lumière, comment abordez-vous vos projets ?


© Concepto

Lumières Actualités

Mediathèque Marguerite Duras, XXe arrondissement. Architecte : Roland Castro. Conception lumière : Frédérique Parent, Concepto. La mise en lumière joue sur la symétrie parfaite du bâtiment par un jeu de lignes, soulignant les angles et les surfaces verticales. Luminaires Led LEC et Thorn.

t © Concepto

par exemple, pour les écoles, nous utilisons l’orange, le jaune, le blanc, le rouge, le violet ; pour les gymnases, le vert, le cyan, le rouge, le framboise. Nous créons ainsi des mises en lumière de petite dimension sur les façades et l'utilisation de gobos sert également notre propos. La crèche Dagorno (architecte Emmanuelle Colboc), dans le XXe arrondissement, reproduit notamment des dessins d’enfants via l’utilisation de gobos. L’allumage démarre le matin (en hiver), puis s’éteint dans la journée, pour reprendre le soir jusqu’à la fermeture de la crèche. Les horaires sont mis en œuvre par les services techniques de la Ville de Paris pour chaque type d’établissement. En ce qui concerne le gymnase Reuilly, dans le XIIe (architecte Stoffel et Lefebvre), l’approche a été différente : nous avons joué sur la transparence du bâtiment et sa structure vitrée et ainsi que l’impact de l’éclairage intérieur. De plus, tous les luminaires devaient être installés en extérieur, de façon à être accessibles aux opérateurs de maintenance d’Evesa.

Vous évoquiez votre approche intuitive de la lumière : est-ce que cela vous a incitée à contacter les riverains ou les utilisateurs pour chaque projet ? Ce n’est pas toujours facile, mais en effet, nous avons à chaque fois visité le site et présenté le concept d'éclairage aux élus ou aux services techniques, et parfois échangé avec les riverains lors des essais. Je rappelle qu’il s’agit de bâtiments utilisés par les Parisiens au quotidien, il n’est donc pas rare que les habitants s’en approprient spontanément l’éclairage. Ces mises en lumière sont d’ailleurs perçues comme un accompagnement de la vie nocturne des riverains, qui sont bien conscients également qu’elles s’inscrivent dans une démarche de développement durable. LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 11


Lumières Actualités

Prix de l’ACEtylène 2017 L’ACE (Association des concepteurs lumière et éclairagistes) souhaite, par le biais d’une manifestation de remise de prix, favoriser les partenariats avec les métiers associés à cette profession, ainsi qu’avec les revues de design, de lumière, d’architecture, de paysage, d’urbanisme… Pour la 6e édition des Prix de l’ACEtylène, la thématique de ce concours était libre. La remise des prix de l’ACEtylène a eu lieu au FIAP Jean Monnet à Paris, le mercredi 22 novembre. Les lauréats sont récompensés par la remise d’un trophée « objet lumière », offert par quatre partenaires : Eclatec, Europole, iGuzzini et XAL.

Prix de la conception lumière extérieure (ex aequo) Anne Bureau, agence Wonderfulight wonderfulight.com Mise en lumière du château de Quéribus, Cucugnan (Aude)

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© Wonderfulight

l ne s’agit pas de mettre le château « sous les feux des projecteurs », mais de le faire émerger de la nuit, afin d’être au service de sa majesté dans le respect de l’environnement nocturne. C’est une vision nocturne poétique qui est recherchée, dans l’esprit des Romantiques du 19e siècle, magnifiant les ruines des siècles passés et leur relation avec la nature. Cette approche avait déjà été développée par Wonderfulight pour le château de Puilaurens, en 2012 (site pilote de la mise en lumière des châteaux cathares).

Lionel Bessières, agence Quartiers Lumières www.quartierslumieres.com

© Agence Quartiers Lumières

Aménagement du Hédas, Pau (Pyrénées-Atlantiques)

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L

e projet d’aménagement du Quartier du Hedas est particulier à plus d’un titre. Ce lieu historiquement chargé d’une image négative est complexe et offre un profil très divers. Situé dans le cœur historique de la ville, mais peu fréquenté jusqu’ici, le lieu est devenu, depuis son inauguration début juillet, un nouvel espace à découvrir, de jour comme de nuit.


Lumières Actualités

Prix de la conception lumière intérieure Vincent Thiesson, agence ON www.agence-on.com Mise en lumière des espaces d’accueil et couloir station Châtelet, Paris ans le cadre du projet Renouveau du métro parisien, la maîtrise d’ouvrage RATP a souhaité que certains espaces de la station bénéficient d’un traitement particulier au niveau des éclairages : - les espaces d’échanges importants des dômes ; - les salles des billets ; - le couloir CR 250, avec des luminaires intégrés dans l’habillage en voûte et en piédroit.

© Julien Falsimagne

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Prix petit budget

(budget éclairage inférieur à 50 000 € HT)

Isabelle Corten, agence Radiance35 www.radiance35.eu/fr Mise en lumière du passage sous voie à Jette, Bruxelles, « Des chemins de couleur »

U © Radiance35

n passage sous voie devenu œuvre artistique de jour comme de nuit. Pour éclairer ce passage, Sibelga et LEC Lyon ont mis au point une solution technique reliant la place communale Cardinal Mercier à la gare. Radiance35 crée un passage ludique entre ces deux entités et provoque, par un jeu de couleurs, un « raccourcissement psychologique » dans ce lieu peu engageant.

Deux coups de cœur - Catégorie conception lumière extérieure

© Vicarini

M i s e e n l u m i è re d u Mémorial canadien, Vimy (Pas-de-Calais)

A

u-delà du projet architectural, la mise en lumière du centre est un projet à l’échelle du territoire. La nuit, le centre éclairé met en relation le mémorial et son paysage nocturne pour dévoiler, dans sa vaste palette de nuances, la forêt de pins au repos devenue sépulture des combattants tombés sur le champ de bataille.

Catherine da Silva, agence Lighteconcept luxiol.portfoliobox.net Mise en lumière du Centre de création contemporaine Olivier Debré de Tours

© CCC-OD

Charles Vicarini, Studio Vicarini www.vicarini.com

L

a lumière se voudra à la fois flexible, minimaliste et contemporaine. Elle mettra en valeur la pureté architecturale du projet. Une lumière aux multiples usages, à l’image du projet architectural, à la fois un éclairage général, d’accentuation et muséographique qui va créer la mise en lumière du bâtiment.

LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 13


Lumières Actualités

Association française de l’éclairage : programme des formations 2018

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e Centre de formation et de perfectionnement en éclairage (CFPE) propose des formations professionnelles et diplômantes suivant des règles de neutralité et d’indépendance. Entamée en 2017, l’évolution des stages se poursuit avec des sujets nouveaux, des procédures améliorées et des formations en ligne. Le CFPE est un centre de formation agréé et reconnu auprès des services de la formation professionnelle. Depuis 2017, le CFPE est référencé officiellement auprès de tous les OPCA (processus Datadock) après avoir répondu positivement aux 21 critères imposés par la loi du 5 mars 2014. Les programmes du CFPE sont élaborés par l’AFE et les enseignements dispensés par une vingtaine de spécialistes qui interviennent chacun dans son domaine. Plusieurs formations ont vu le jour : - nouvelle édition de la norme NF C 17-200 - installations électriques extérieures, est principalement dédiée aux collectivités ; - « Une conception efficace pour une gestion durable de l’éclairage extérieur », qui permet aux différents acteurs, collectivités, concepteurs lumière, installateurs, bureaux d’études, etc., de comprendre les demandes des uns, les contraintes des autres et de mieux cerner les enjeux ; - les formations en ligne : elles ont une durée de 4 heures, en deux ou quatre fois. Les participants peuvent suivre ces formations de chez eux ou de leur bureau (sans contrainte de déplacement). Ils disposent seulement d’une connexion Internet, d’un micro/casque et d’un écran de travail commun (supports de cours). Le formateur est connecté en direct avec eux et peut ainsi répondre aux questions. Concernant ces formations en ligne, quelques thèmes ont d’ores et déjà été définis : la vision - Les calculs en éclairage public (réservé aux personnes ayant suivi le stage base en éclairage extérieur) - Normes et réglementations - CEE, comment en bénéficier et les utiliser - Entrer dans la filière de l’éclairage : présentation de la filière, de la chaîne de valeurs et des connaissances techniques essentielles – Vocabulaire de présentation : soutenir une conversation sur un projet d’éclairage en français et en anglais - Répondre à un appel d’offres en éclairage - Les acteurs de l’éclairage : qui fait quoi ? Les stages à la demande restent au programme, bâtis sur mesure pour des groupes qui se déroulent soit dans les locaux de l’AFE à Paris, soit au sein des entreprises ou encore dans des lieux « neutres », en interentreprises un peu partout en France. Pour en savoir plus : www.lux-editions.fr. Renseignements : vjauson@lux-editions.fr

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Lumières Actualités

Collectivités : Girard Sudron lance TransitionLed Le groupe Girard Sudron lance un dispositif qui permet aux collectivités de générer des économies immédiates sur leurs dépenses d’éclairage intérieur et extérieur sans investissement initial. L’objectif : réduire les consommations et inciter les communes à rénover leur parc d’éclairage.

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u’il s’agisse de l’intérieur ou de l’extérieur, le poste de consommation en éclairage pèse très lourd dans le budget des communes : 225 000 bâtiments, 9 millions de points umineux et plus de 33 TWh d’énergie finale consommée, soit 6 % des charges totales de fonctionnement. La raison principale : un parc vieillissant et énergivore. Les solutions : éteindre l’éclairage public aux heures creuses de la nuit par exemple, comme on le constate parfois, ou investir dans des rénovations qui nécessitent un investissement souvent trop lourd. Le dispositif TransitionLed propose d’accompagner les collectivités grâce à une approche de financement innovante permettant de passer rapidement à l’action.

Comment ça marche ? L’offre consiste au remplacement (une pour une) des lampes existantes par des lampes LED, à l’intérieur des bâtiments – mairies, écoles, hôpitaux, salles de sport, entrepôts, musées, etc. – et à la modernisation de l’éclairage public – parcs, parkings, rues, terrains de sport, monuments. Les trois étapes du dispositif : - TransitionLed procède à un recensement individualisé et gratuit des besoins de la commune ; - des ingénieurs spécialisés effectuent une étude technico-économique gratuite des installations ; - octroi de la quantité nécessaire de sources lumineuses et luminaires permettant d’atteindre les économies attendues. Financement TransitionLed fait l’objet d’une formule contractuelle d’intéressement basée sur les économies générées. Le paiement complet du remplacement des lampes n’a lieu qu’au bout d’une période probatoire de 10 mois sans avance de trésorerie. Pour les besoins de relamping, TransitionLed aide les collectivités à identifier les projets permettant de bénéficier des financements adéquats ainsi que des subventions locales qui peuvent atteindre 80 % des investissements. Avantages Le simple remplacement des lampes existantes par des sources LED (sans gestion) permet une diminution d’un minimum de 60 % des dépenses énergétiques par rapport aux solutions traditionnelles. La durée de vie des équipements est accrue grâce à la longue durée de vie des lampes et la maintenance réduite (jusqu’à 70 %). Le bilan carbone est optimisé de 50 %. www.transitionled.com

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Parcours croisés … Georges Berne et François Migeon sont tous deux diplômés de l’École des Arts appliqués Duperré. En 1983, François Migeon crée l’agence Grandeur Nature avec Michelle Salmon. Il réalise plusieurs murs peints et sculptures urbaines et met en lumière son premier ouvrage d’art, un château d’eau conçu par l’architecte Thierry van de Wyngaert. En 1980, Georges Berne rejoint la société Philips puis reprend son indépendance en 1985 et travaille en freelance avant de fonder, à son tour, son agence L’Observatoire 1 en 1992. En 2007, ils fondent l’agence 8’18’’. L’association des deux entités, par la mise en commun des compétences partagées de plasticien lumière et de concepteur lumière, crée une alliance entre sensibilité artistique et conception technique. Elle permet à 8’18’’ une ouverture sur des projets de grande envergure, et apporte une réponse plus globale aux maîtrises d’ouvrage. En 2012, ils ouvrent le capital à cinq nouveaux associés. 2014 : création de la filiale 8’18’’ en Chine. 2016 : création d’une société de design, MaBaCaBaM. 8’18’’ compte aujourd’hui 15 personnes, dont 4 concepteurs lumière, répartis sur trois sites, Paris, Marseille et Shanghai.

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Georges BERNE Plasticiens lumière, 8’18’’

© DR

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Lumières Entretien

François MIGEON

DEUX ÉCRITURES, UNE SIGNATURE Les chemins de François Migeon et de Georges Berne se croisent dès leur formation, à l’École des Arts appliqués Duperré. Début des années 1980, ils créent chacun leur propre agence, respectivement Grandeur nature pour le premier et L’Observatoire 1 pour le second. Si les deux plasticiens lumière œuvrent dans des domaines différents, l’intérieur et plus particulièrement les musées pour Georges Berne, l’urbain pour François Migeon, ils partagent la même approche de la conception lumière et travaillent ensemble sur de nombreux projets. Ce qui les conduit à fonder 8’18’’ où leurs écritures se rejoignent au sein d’une même signature. Le travail en équipe est l’ADN de l’agence 8’18’’. Comment parvenez-vous à réunir, au sein de vos projets, la créativité de chacun ? François Migeon – Dans le monde de la lumière, cette image atypique est sans doute reconnaissable et constitue notre identité. Elle est née à la fois de notre amitié et de notre formation commune. La réunion de nos agences n’en a été finalement qu’un aboutissement logique, car nous avions travaillé souvent ensemble auparavant, et cela rassurait nos clients dans un contexte économique difficile. Aujourd’hui, notre force repose sur cette capacité à mettre notre créativité au service de 8’18’’, en faisant reconnaître le travail des autres concepteurs de l’agence. Nous devons parfois faire face à des interlocuteurs qui ont besoin de mettre en avant une personnalité, d’avoir un référent. Ce n’est pas notre fonctionnement. Georges Berne – Deux types de travaux en équipe coexistent : celui avec l’architecte et celui avec l’équipe de 8’18’’, où la créativité, si elle est initiée par un concepteur lumière, est très vite partagée avec le chef de projet et le ou les assistants. Il n’y a pas vraiment de paternité au regard de la créativité dans le sens où celle-ci n’est pas l’apanage d’un seul : nous sommes tous sous influence… Je préférerais parler de disponibilité de l’esprit et de

voyage émotionnel partagé qui nous donnent, l’un et l’autre, une grande force et de beaux résultats, il me semble. Depuis une dizaine d’années, je me suis attaché à exporter 8’18’’ en Chine où je vis à mi-temps. J’ai plutôt misé sur la reconnaissance du travail de Claire-Lise Bague et de Rémy Cimadevilla, qui sont devenus associés au sein de l’agence et cogérant en ce qui concerne Rémy aujourd’hui. Par exemple, et puisque c’est dans l’actualité, si j’ai initié le projet de mise en lumière du Louvre à Abu Dhabi, c’est Rémy qui l’a porté immédiatement en tant que chef de projet, puis par la suite en tant que concepteur lumière associé. Quels projets de 8’18’’ illustrent le mieux ce « collectif » que vous évoquez ? G. B. – La plupart de nos projets, sinon tous, illustrent un travail collectif. C’est la mise faite pour perdurer. Au-delà de l’apprentissage de la conception lumière, c’est cette manière de travailler ensemble qui m’a toujours importé. Ici, nulle spécialité - la diversité de nos références en témoignent - et la raison en est simple : ce sont les réponses que nous donnons à un désir et à une écriture qui prévalent ; l’écriture de celle ou de celui pour qui la lumière est indissociable de son


© Véronique Mati

Lumières Entretien

Musée de l’Homme, Paris. Architectes : Brochet Lajus Pueyo et Atelier Emmanuel Nebout. Scénographie : Zen + Dco.

8’18’’ a eu 10 ans en 2017, comment envisagez-vous les dix prochaines années ? G. B. – Je souhaite que 8’18’’ grandisse encore et s’adapte toujours afin d’acquérir une nouvelle dimension, s’ouvre aussi davantage à l’exportation, notamment sur la Chine pour y prolonger mon investissement professionnel actuel ! Les projets culturels y fleurissent, tel celui magnifique des nouvelles « Routes de la Soie » initiées par le président chinois Xi. Ce lien ambitieux est/sera, au-delà de l’Histoire, une renaissance magnifique entre l’Europe et l’Asie. F. M. – Notre profession est jeune, certes, mais en trente ans d’existence, nous n’avons pas réussi encore à définir une formation spécifique, homologuée par l’État. Les concepteurs lumière sont issus des écoles d’architecture ou d’ingénieurs, des arts appliqués, ou ont suivi des cours intégrés dans des cursus universitaires. Notre profession doit s’organiser, dans les dix ans à venir, pour élaborer une formation diplômante qui la tirera vers le haut. Ce qui veut dire que les pratiques doivent changer ? F. M. – Oui, on ne « pratique » plus la lumière comme il y a dix ans ; on assiste à un changement de modèle relativement radical. Des notions de chiffre d’affaires sont étudiées par nos

commanditaires, de qualifications (auxquelles il est actuellement très difficile de répondre), mais aussi de complexité globale des projets avec des normes toujours plus présentes. Nous sommes une des plus grandes agences de conception lumière en France avec 15 personnes, alors qu’en Grande-Bretagne, les plus importantes comptent de 35 à 40 personnes. Le processus est enclenché mais nous devons mettre l’accent sur l’éclairage intérieur, l’image des concepteurs lumière étant trop associée à l’éclairage extérieur. Rappelons qu’en France, 70 % des projets concernent des réalisations extérieures, ce qui laisse la place au développement. G. B. – Je travaille sur deux projets chinois « pharaoniques » de 700 000 m² globalisant extérieur (bâtiments, paysages, voieries) et intérieur (tertiaire, hôtellerie, commerce, musée). Je teste avec patience une nouvelle manière d’appréhender une autre culture et de développer ces projets avec des méthodes différentes (notamment 3D et maquette échelle 1), ceci auprès d’un investisseur « éclairé » qui croit en notre profession et en ce matériau, notre matériau de prédilection, « la lumière ». n Propos recueillis par Isabelle Arnaud

“ La signature d’un projet devrait, comme pour un film, être présentée sous forme de générique, avec toute une équipe pluridisciplinaire   ”

Mémorial de Verdun. Architecte : Brochet Lajus Pueyo. Scénographie : agence Le Conte / Noirot.

© Abbadie

geste et qui a mis en œuvre l’espace où ce désir pourra s’épanouir. F. M. – Le musée Fabre à Montpellier a représenté une expérience extraordinaire car la lumière traduit l’alliance de la muséographie et de l’architecture, que ce soit l’éclairage naturel ou artificiel. L’idée du « collectif » est ce pouvoir de mener une écriture commune qui s’est construite sur des bases alliant la plastique de la lumière et la technique de celle-ci. Les grands fondements de ces bases ont été initiées par Georges qui a su nous transmettre sa perception de la lumière artificielle, approche qui a été rapidement reconnue dans le monde des architectes.

“ L’idée du « collectif » est ce pouvoir de mener une écriture commune qui allie la plastique de la lumière et la technique de celle-ci   ”

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© RZB. Photo Caroline Féraud

Lumières Projets

Maîtrise d’ouvrage OGC Nice Maîtrise d’œuvre ABC Architectes Bureau d’études SETEC ingénierie Projet d’éclairage ARCO Concept, Pascal Minsmonchoski Installateur Vernassa Électricité, Lionel You Solutions d’éclairage RZB, Fael Luce, Goccia Illuminazione

COUP D’ENVOI POUR L’ÉCLAIRAGE DU CENTRE D’ENTRAÎNEMENT ET DE FORMATION DE L’OGC NICE L’OGC Nice a inauguré en octobre dernier son nouveau centre d’entraînement et de formation, situé dans la plaine du Var, à proximité de l’ancien centre. Il s’intègre à la future Cité des Sports, un grand complexe sportif au sein de l’OIN Éco-Vallée. Ce centre a été conçu par le cabinet ABC Architectes et mis en lumière par l’agence Arco Concept.

© RZB. Photo Caroline Féraud

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e nouveau centre d’entraînement et de formation de l’OGC Nice accueille l’équipe professionnelle, mais aussi les jeunes et le personnel administratif. Le bâtiment, d’une longueur de 110 m, est implanté sur un terrain de 7,5 ha et comprend les chambres, les salles d’entraînement et les espaces de restauration. Il regroupera à terme sept terrains de football. L’éclairage extérieur, élaboré par Arco Concept, devait répondre à des contraintes bien précises, édictées par la norme ERP (Établissements recevant du public). « En périphérie du bâtiment, le niveau d’éclairement devait être supérieur à 20 lux au sol. Suite à une commission interne, nous avons opté pour un niveau d’éclairement de 50 lux

dans les zones de cheminement », explique Pascal Minsmonchoski, responsable de la mise en lumière du projet. Des luminaires adaptés à chaque espace La mise en lumière des espaces extérieurs est intervenue tardivement dans le projet, environ un an avant le rendu et a fait l’objet de nombreuses réadaptations lors de la phase de construction. Le choix des solutions d’éclairage s’est porté sur plusieurs marques et notamment sur RZB pour la fourniture des luminaires Bocaro et Planox Eco. Ces luminaires ont été prescrits par Arco Concept, en charge de l’étude d’éclairage. « En plus de leur


Assurer le confort visuel Les visiteurs rejoignent ensuite l’entrée principale du bâtiment par une zone de cheminement, éclairée par des bornes Bocaro à LED de RZB, choisies en cours de projet. « Ces bornes rendent un éclairage agréable, grâce à l’effet de transparence en haut du luminaire et éclairent suffisamment le sol pour respecter la réglementation », explique Lionel You, installateur pour la société Vernassa Électricité. Ces bornes, au style contemporain, diffusent une lumière indirecte, évitant ainsi l’éblouissement. Elles sont disponibles en trois hauteurs : 1 100 mm, utilisée pour ce projet, mais aussi 800 mm et 500 mm. À l’extérieur, l’escalier et les paliers, au style industriel et contemporain, bénéficient d’un éclairage réalisé à l’aide de luminaires étanches rectangulaires Planox Eco de RZB, installés en appliques

© RZB. Photo Caroline Féraud

© RZB. Photo Caroline Féraud

design contemporain, les produits RZB sont tous disponibles en fichiers Revit, ce qui permet de les intégrer dans une maquette numérique », explique Stéphane Vanel, directeur commercial de RZB Lighting France. L’installation des équipements a, quant à elle, été confiée à l’entreprise Vernassa Électricité, très active sur les grands projets dans la région niçoise, qui a validé en aval le choix des luminaires. Les joueurs, employés et visiteurs du nouveau centre d’entraînement et de formation de l’OGC Nice arrivent par la voie qui conduit au parking, tous deux éclairés par des projecteurs LED Trend 4 Way LED de Fael Luce sur mâts. L’objectif était de créer un éclairage fonctionnel puissant tout en utilisant les mâts comme supports pour des caméras de surveillance.

Projets

© RZB. Photo Caroline Féraud

Lumières

murales. Ce luminaire à LED admet un indice de protection IP66, une puissance de 35 W pour un flux lumineux de 3 650 lm. L’escalier et les paliers extérieurs, en raison de leur rôle pour l’évacuation du bâtiment, nécessitaient un niveau d’éclairement minimal de 150 lux. Enfin, la façade arrière du bâtiment ainsi que la zone de cheminement à proximité ont été mises en lumière par des appliques étanches Wash 22 asymétriques de Goccia Illuminazione, qui éclairent en direct/indirect. Pour l’ensemble du projet, une température de couleur de 4 000 K a été préférée à une température de 3 000 K, afin de trancher avec les tons foncés du bâtiment. n Alexandre Arène LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 19


© Targetti

Lumières Projets

Maîtrise d’ouvrage : association Maurice de Sully - DRAC Île-de-France Maître d’ouvrage délégué : recteur Monseigneur Patrick Chauvet Concepteur lumière : Armand Zadikian Régisseur : Laurent Prades Installateur et réglages : Laurent Portier, La Wash! Matériel d’éclairage chapelles : Targetti

Posés au-dessus de chacune des portes Nord et Sud, deux projecteurs (Philips Lighting), d’une puissance de 250 W et complètement invisibles des visiteurs, dirigent leurs faisceaux sur la rosace du côté opposé, donnant l’impression que c’est le vitrail lui-même qui rayonne. © Armand Zadikian

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LES LUMIÈRES DE NOTRE-DAME DE PARIS Depuis dix-sept ans, la cathédrale connaît de nombreuses restaurations, impliquant, à chaque étape, des mises en lumière conçues tour à tour par Roger Narboni (Concepto) et Louis Clair (Light Cibles) en collaboration avec Italo Rota, pour les façades extérieures Ouest, Sud et Nord, et Armand Zadikian pour l’intérieur. Aujourd’hui, les chapelles latérales bénéficient elles aussi d’un nouvel éclairage qui permet enfin d’admirer les nombreuses œuvres d’art exposées.

L’

histoire des lumières de la cathédrale commence en 1999, lorsque deux concepteurs lumière, Roger Narboni, Concepto, et Louis Clair, Light Cibles, en collaboration avec l’architecte Italo Rota, font équipe pour illuminer les façades Ouest, Sud et Nord de l’édifice. Les travaux se poursuivent jusqu’en 2007. La même année, la maîtrise d’ouvrage – l’association Maurice de Sully et le recteur Monseigneur Patrick Jacquin – envisage la restauration de l’éclairage intérieur. En 2010, décision est prise d’ajouter ce chantier aux travaux de rénovation prévus pour le jubilé des 850 ans de Notre-Dame de Paris de 2013. C’est à Armand Zadikian, directeur de la photographie et chef opérateur pendant plus de quinze ans pour l’émission télévisuelle Le Jour du Sei-

gneur que l’on confie la délicate tâche de concevoir le nouvel éclairage. Pour ce faire, le concepteur lumière choisit la LED et en tout, plus de 400 luminaires sont installés pour assurer l’éclairage général ; ils sont pilotés par DMX à l’aide d’un système informatique à écran tactile qui en facilite la commande. Divers programmes de lumière sont enregistrés, et le régisseur, Laurent Prades, a la possibilité d’ajouter des séquence. Mais les travaux de rénovation ne sont pas pour autant terminés : fin 2015, Armand Zadikian met en lumière la clôture séparant le déambulatoire de l’intérieur du chœur, révélant les deux fresques de 20 m de long chacune, réalisées de 1300 à 1350, par les artistes Pierre de Chelles, Jean Ravy et Jean Le Bouteiller. Puis, début 2017, c’est au tour des chapelles latérales de l’édifice de connaître le pin-


Des chapelles-musées La plupart des treize chapelles du pourtour du chœur renferment des mausolées ou des tombeaux réalisés par des sculpteurs tels que Louis Pierre Deseine, Jean-Baptiste Pigalle, Jean-Marie Bonnassieux ou Henri Bouchard. Les quatorze chapelles latérales sont ornées, quant à elles, de 76 Mays. Il s’agit de tableaux offerts à la Cathédrale par la Confrérie des Orfèvres, presque chaque année en date du 1er mai (d’où leur nom), en hommage à la Vierge Marie, et ce, de 1630 à 1707. On peut y admirer La Prédication de saint Pierre à Jérusalem, de Charles Poerson, La Descente du Saint Esprit, de Jacques Blanchard et bien d’autres tableaux que le visiteur pouvait difficilement voir jusqu’à présent. Mais la diversité des œuvres – les fresques aux plafonds, les peintures de différentes dimensions, les sculptures – n’est pas sans poser problème à Armand Zadikian qui souhaitait un matériel homogène sur l’ensemble des chapelles. Il fallait donc trouver un même appareil afin de faciliter à la fois les réglages, l’installation et la maintenance des projecteurs. « J’ai commencé par étudier l’ensemble des chapelles sur plan, explique Armand Zadikian, ensuite, j’ai répertorié en détail les œuvres exposées, leur orientation par rapport aux vitraux,

© Armand Zadikian

Projets

leurs dimensions. » Après cette première analyse, le concepteur lumière a défini les principaux critères auxquels devait répondre le projecteur : en premier lieu, l’appareil devait s’adapter aux différentes situations, par la taille des faisceaux, les accessoires disponibles, les possibilités d’orientation et son aspect esthétique afin qu’il s’intègre le plus discrètement possible dans l’architecture. Des projecteurs modulaires Le projecteur Ledò, de Targetti, répondait à ces critères. « Ce luminaire fait partie de notre collection "Light of Florence", précise Sébastien Grosseau, responsable prescription chez Targetti. Son système particulier permet de monter quatre optiques différentes et divers accessoires. C’est un appareil qui convient bien à l’éclairage muséal car il est muni de LED dotées d’un IRC 97. C’est la version d’un blanc chaud de 3 000 K qui a été choisie. » De plus, Ledò propose plusieurs accessoires (nid d’abeille, visière asymétrique, zoom pour élargir ou étroitiser le faisceau) qui permettaient d’éviter de multiplier les appareils dans les chapelles et de faciliter les opérations de maintenance. Comme pour les précédentes rénovations, Armand Zadikian a fait appel au savoir-faire de l’équipe de Laurent Portier (La Walsh!) pour installer les rails verticaux sur les parois ou colonnes de l’édifice et ensuite, y fixer les quelque 96 projecteurs qui ont été réglés sur place. n

© Armand Zadikian

ceau de lumière de l’éclairagiste, sous la houlette de Monseigneur Patrick Chauvet, recteur-archiprêtre de Notre-Dame de Paris depuis 2016.

© Targetti

© Armand Zadikian

Lumières

Isabelle Arnaud LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 21


© Louvre Abu Dhabi. Photographe Mohamed Somji

Lumières Projets

Maîtrise d’ouvrage TDIC (Tourism Development & Investment Company) Achitecte Ateliers Jean Nouvel : Jean Nouvel, Hala Wardé, Anna Ugolini, Jean-François Bourdet, Athina Faraut, Damien Faraut Muséographie Jean Nouvel, Renaud Piérard Assistance à maîtrise d’œuvre pour l'Agence France-Muséums : Laurent Escaffre, Ingélux Conception lumière 8'18" - Rémy Cimadevilla, Georges Berne, Loris Tretout, David Charetier, Julien Caquineau Matériel d’éclairage Artemide, Bega, DGA, Erco, Firalux, KKDC, LED Linear, Lucibel, LuxionaTroll, Prolicht, Zumtobel

© Louvre Abu Dhabi - Rain of light © Louvre Abu Dhabi - Photographe Roland Halbe

Installateur ASO / DSS - Neofytos Avraamides

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LOUVRE ABU DHABI « Le Louvre Abu Dhabi veut créer un monde accueillant, associant dans la sérénité les lumières et les ombres, les reflets et les calmes. Il veut appartenir à un pays, à son histoire, à sa géographie sans en être la traduction plate, le pléonasme qui signifie l’ennui et la convention. Il est inhabituel de trouver dans la mer un archipel construit. Il n’est pas fréquent qu’il soit protégé par un parasol qui crée une pluie de lumières. C’est un projet basé sur un signe majeur de l’architecture arabe : la coupole. Mais ici, la coupole est une proposition moderne par le décalage qu’elle affiche avec la tradition. Double coupole de 180 mètres de diamètre, plate, géométrie radiante parfaite, perforée dans une matière tissée plus aléatoire, créant une ombre ponctuée d’éclats de soleil. La coupole luit sous le soleil d’Abu Dhabi. La nuit, le paysage protégé est une oasis de lumière sous un dôme constellé. Le Louvre Abu Dhabi devient ainsi le but d’une promenade urbaine, jardin sur la côte, havre de fraîcheur, abri de lumière le jour et le soir, son esthétique se veut en accord avec sa fonction de sanctuaire des œuvres d’art les plus précieuses. » Jean Nouvel

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é d’un accord intergouvernemental signé en 2007 entre les Émirats arabes unis et la France, le Louvre Abu Dhabi est le premier musée universel du monde arabe. Liant Abu Dhabi avec le nom du Louvre, ce musée présente des œuvres d’intérêt historique, culturel et sociologique, anciennes et contemporaines, provenant du monde entier. L’accord engage douze établisse-

ments publics culturels français réunis au sein de l’Agence France-Muséums. Jean Nouvel s’est laissé guider par la dimension exceptionnelle du site de Saadiyat : une île lagunaire, vierge, entre le sable et la mer, entre ombre et lumière. La « cité musée » du Louvre Abu Dhabi s’étend sur presque 64 000 m², dont 6 000 m² consacrés aux collections permanentes et 2 000 m² aux expositions temporaires.


Lumières

À la périphérie, chaque quart de cercle comprend 16 luminaires.

Chacune des 4 zones du quart de cercle a une longueur d’environ 30 m.

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Louvre Abu Dhabi - Ottoman mosaic pavement © Louvre Abu Dhabi – Photographe Roland Halbe

Chaque zone de 14 x 14 m peut être commandée séparément.

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Une oasis de lumière sous un dôme constellé Jean Nouvel donne le ton : « Double coupole plate, à géométrie radiante parfaite, perforée dans une matière tissée plus aléatoire, ombre ponctuée d’éclats de soleil, le dôme luit sous le soleil d’Abu Dhabi. La nuit, le paysage protégé est une oasis de lumière sous un dôme constellé. » Cette coupole de 5 m de hauteur, conçue pour à la fois laisser passer la lumière du jour et protéger le bâtiment des rayons ardents du soleil oriental, coiffe les deux tiers de la ville-musée. Posée sur quatre points d’appui, elle revêt des proportions planes et, animée par une trame aléatoire de perforations géométriques inspirée du moucharabieh, elle tempère les salles et les modules du musée, jouant subtilement avec ombre et lumière, fraîcheur et chaleur. La nuit, le site apparaît en négatif : une oasis de lumière sous un dôme constellé. Cette constellation, comme tout le projet d’éclairage du musée, on la doit à l’équipe française de l’agence de conception lumière 8’18’’. La légendaire complicité de l’architecte et du concepteur lumière plasticien Georges Berne a opéré une fois de plus, au sein de cette titanesque étude conduite pendant dix ans, par Rémy Cimadevilla, désormais cogérant (avec François Migeon) de l’agence. « Nous avons initié la mise en lumière du dôme en collaboration avec Yann Kersalé, explique Rémy Cimadevilla. Nous cherchions à l’animer d’un scintillement de milliers d’éclats à la nuit tombée. Nous avons choisi des appareils linéaires étanches (Zumtobel), équipés chacun de deux tubes fluorescents T5 de 5 000 K et 3 000 K. Ils sont

Projets

Au total, 4 500 luminaires, équipés chacun de deux tubes T5 de 1,50 m, ont été positionnés sur la structure et sont gradables séparément. La structure est composée de 128 zones (carrés) et offre deux allumages : soit en blanc froid, soit en blanc chaud. © 8’18’’ – Rémy Cimadevilla

LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 23


Lumières Projets

Les plafonds lumineux entrelacent verre et lumière : des wallwashers fluorescents sont disposés en périphérie, tandis que des projecteurs LED ont été intégrés au « tissage » de la structure. Louvre Abu Dhabi – Challenging Modernity © Louvre Abu Dhabi - Photographe Marc Domage.

Les fenêtres virtuelles, conçues en même temps que le projet architectural, dissimulent des barrettes LED qui varient en intensité et température de couleur. Louvre Abu Dhabi © Doc. 8’18’’ - Photographe Vincent Laganier, Light ZOOM Lumiere.

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placés régulièrement sur les contreventements de la structure du dôme (voir schéma) de façon à les rendre totalement invisibles aux visiteurs. » L’ensemble de l’éclairage est piloté en DALI et a été divisé en près de 200 circuits. L’éclairage artificiel est asservi à la lumière naturelle et peut varier à la fois en intensité et en température de couleurs (système de gestion Zumtobel). « Bien que la nuit tombe à 17 h 30, le dôme ne s’allume que vers 21 h et reste à 1 % jusqu’à 22 h, à la fermeture du musée. À ce moment-là, il monte à

50 % en blanc froid et reste allumé jusqu’à 1 h ou 2 h du matin », détaille Rémy Cimadevilla. Fenêtres immatérielles À l’intérieur, les galeries constituent une véritable ville que le visiteur traverse, cheminant d’un bâtiment à l’autre à travers de larges espaces publics. Ici, la dentelle argentée de la coupole filtre les rais de lumière qui dansent sur les façades de dalles béton immaculées, percées ça et là de baies lumineuses. S’il ne s’agit pas d’illusion d’optique, il est bien question de fenêtres virtuelles. « Nous avons travaillé très en amont avec Jean Nouvel, car ce principe d’éclairage fait partie du concept architectural à part entière », souligne Rémy Cimadevilla. Ces niches de lumière, aux dimensions variables, s’ouvrent en fait sur une « boîte » aux parois tout en arrondi et qui dissimule les sources. Des barrettes LED de 3 000 K et 5 000 K sont intégrées dans des luminaires, fabriqués sur mesure (Lucibel) et dotés d’une optique asymétrique qui a permis d’obtenir une grande uniformité. Les fenêtres intérieures bénéficient d’une intensité plus élevée le jour, tandis qu’à l’extérieur, elles ne s’allument qu’à la tombée de la nuit. Les tisserands de verre et de lumière Mariant mythologie et technologie, les concepteurs lumière ont créé, pour les plafonds des espaces d’exposition permanente, des tapis de lumière qui répondent aux sols de pierre grise. Véritables entrelacements de verres et de lumières, ces plafonds sont composés de lignes et de car-

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Lumières

Projets

La gestion de l’éclairage permettra de conserver l’installation existante tout en laissant la liberté de programmer différemment la mise en lumière pour chaque nouvelle scénographie. Louvre Abu Dhabi © Doc. 8’18’’ Photographe Vincent Laganier, Light ZOOM Lumiere.

t Chaque plafond présente une configuration différente : les projecteurs LED, spécifiquement adaptés, ont également été intégrés aux « skylights ». Louvre Abu Dhabi – Doc. 8’18’’ Photographe Vincent Laganier, Light ZOOM Lumiere.

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rés qui assurent l’éclairage général des salles. Des luminaires wallwasher fluorescents (Erco) ont été disposés sur toute la périphérie. Même si les œuvres ne sont pas amenées à changer très souvent, les concepteurs lumière ont prévu une gestion de l’éclairage qui permettra de conserver l’installation existante mais de programmer différemment la mise en lumière pour chaque nouvelle scénographie. « Les luminaires TFL Erco offrent une optique précise qui produit un éclairage très homogène sur les murs. Nous avons fourni des éléments d'angle afin que les concepteurs puissent créer une bande linéaire de lèche-murs à la bonne distance des parois. », explique Benjamin Heine, service Marketing, Erco. L’intérieur des plafonds lumineux est composé de dalles de verre entre lesquelles s’intercale une trame de cubes où sont installés des projecteurs LED, positionnés en fonction de la muséographie. « Nous sommes partis de Cata d’Artemide, commente Rémy Cimadevilla, que nous avons modifié. » Les appareils sont fixés en retrait sur des rails au-dessus du plafond et les cubes fermés par une plaque de verre. Afin de pouvoir répondre au cahier des charges de la conception lumière et d’intégrer les luminaires dans cet espace, plusieurs modifications ont été nécessaires. « Tout d’abord, nous avons dû revoir la partie optique du Cata, détaille Alain Taillandier, directeur Europe de l’Ouest/MEA chez Artemide, notamment en développant de nouvelles focales (de 8° à 48°) et des accessoires différents. Nous avons développé un système twist and lock qui

Les luminaires sont fixés en retrait, sur des rails au-dessus du plafond, à l’intérieur de cubes fermés par une plaque de verre. Louvre Abu Dhabi – © 8’18’’. Georges Berne

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Lumières Projets

Louvre Abu Dhabi - Ai Weiwei, « Fountain of Light » (2016) © Louvre Abu Dhabi - Photographe Marc Domage.

permet de changer les optiques sans avoir besoin de démonter le spot de son support. » En tout, 1 600 projecteurs ont été installés et positionnés différemment dans chaque salle pour s’adapter au mieux à la scénographie. Le produit a également été installé dans les « skylight ». Toujours dans le « tissage » de ces tapis lumineux, les concepteurs lumière ont intégré 26 000 points lumineux LED, dont la moitié en émission directe et l’autre en indirect. Les allumages ont été coordonnés aux différents verres, marquant ainsi les effets lumineux pour chaque galerie. À noter que l’éclairage de sécurité a également été intégré dans les trames. Dans les galeries aux parois de bronze, ce sont les Parscan d’Erco qui ont été sélectionnés. « Nous avons su adapter notre produit, notamment en rallongeant le bras du luminaire entre l'adaptateur du rail et la tête du projecteur et en ajoutant des accessoires, déclare Benjamin Heine. En général, qu’il s’agisse des Pollux ou Quintessence, tous les projecteurs installés au Louvre Abu Dhabi ont été retravaillés afin de répondre au mieux à la demande de 8’18’’ ainsi qu’au confort visuel des visiteurs. »

t Chacune des galeries d’exposition temporaire a bénéficié d’une étude éclairage spécifique. L’une d’elles met en œuvre des lignes à LED uniformes, de 4,50 m de long, pilotées par un système motorisé qui permet de gérer des effets graphiques intéressants, en fonction de la nature des œuvres exposées. Louvre Abu Dhabi © 8’18’’. Georges Berne

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Une orchestration scénographique pour chaque salle d’exposition temporaire Chacune des galeries d’exposition temporaire a bénéficié d’une étude éclairage spécifique. « Nous avons anticipé le plus possible, explique Rémy Cimadevilla, afin que ces salles offrent la plus grande polyvalence, mais surtout modularité possible. » Une des galeries, par exemple, met en œuvre des lignes à LED uniformes, de 4,50 m de long, pilotées par un système motorisé qui permet de gérer des effets graphiques intéressants en fonction de la nature des œuvres exposées. La conception, la réalisation, la mise en œuvre des solutions éclairage relèvent à la fois d’une grande créativité, d’un travail d’orfèvres, de savoir-faire complémentaires associés à des prouesses technologiques. Toutes les lumières ont été savamment programmées, encodées et orchestrées à l’aide du système de gestion Linetec (Zumtobel) qui a permis de transformer le pilotage complexe de milliers d’appareils en scénarios d’effets lumineux fluides qui se succèdent en douceur. « Il n’y a pas un seul projecteur à découpe au Louvre, et même si certaines œuvres bénéficient d’un éclairage d’accentuation, tout le musée est nappé d’une lumière diffuse, maîtrisée et contrôlée », conclut Rémy Cimadevilla. n Isabelle Arnaud


Louvre Abu Dhabi : The Great Vestibule © Louvre Abu Dhabi. Photographe Marc Domage

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Éclairage des musées Dossier réalisé par Isabelle Arnaud

Louvre Abu Dhabi Architecte : Ateliers Jean Nouvel Concepteur lumière : 8’18’’

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Marie WACRENIER

Responsable du service Régie muséographique des Galeries du Jardin des Plantes Direction générale déléguée aux Musées et aux Jardins botaniques et zoologiques Muséum national d’Histoire naturelle

© DR

Donner vie aux collections par la lumière

Dans quelle mesure la lumière naturelle joue-t-elle aujourd'hui un rôle dans la scénographie muséale ? Aujourd’hui, il devient plus facile de gérer la lumière du jour. Nous sommes malheureusement parfois contraints de l’occulter pour des raisons de conservation des collections, par exemple pour les vélins ou les animaux naturalisés. C’est le cas dans la Grande Galerie de l’Évolution, où nous avons fait appel à une programmation électronique DMX de l’éclairage artificiel qui reproduit le cycle nycthéméral. À l’inverse, il n’est pas rare que nos bâtiments soient classés monuments historiques et conçus pour laisser pénétrer largement la lumière du jour, qui participe directement à révéler la majesté des lieux. Les cas de figure sont variés et nous nous adaptons selon les besoins. Une autre possibilité consiste à associer les deux types d’éclairage grâce à des systèmes de gestion DALI ou DMX, qui permettent de détecter les apports de lumière naturelle et de contrôler l’éclairage artificiel afin de bénéficier d’un niveau d’éclairement quasi constant sur les objets exposés. Comment abordez-vous le projet d’éclairage artificiel ? La problématique de l’éclairage artificiel muséal est complexe : il faut savoir conjuguer les différentes contraintes liées à la fois au type d’établissement recevant du public et aux

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Scénographe et architecte d’intérieur de formation, Marie Wacrenier a travaillé dans le secteur de l’événementiel et de l’architecture avant de rejoindre le Muséum national d’Histoire naturelle. Passionnée de lumière, elle s’intéresse de près à la conception et aux techniques de l’éclairage. Aujourd’hui, elle dirige une équipe de 11 personnes au sein du service de la Régie muséographique ; des « travailleurs de l’ombre, tous impliqués pour mettre en lumière les expositions afin d’offrir aux visiteurs une expérience la plus qualitative possible ».

scénarios lumière dédiés à la scénographie et au parcours du visiteur. La réglementation nous impose un niveau d’éclairement maximal de 50 lux sur certaines collections, 100 lux au sol dans les circulations, sans oublier nos obligations en matière d’éclairage de sécurité. Et c’est la lumière qui donne vie aux expositions : la température de couleur et l’indice de rendu des couleurs sont des critères importants pour valoriser les collections. Les études se font au cas par cas, il n’y a pas de prérequis. Souvent, les projets sont élaborés en interne au sein de notre service composé de 11 personnes aguerries aux techniques de l’éclairage et fortes d’une longue expérience. Leur expertise nous permet de travailler en étroite collaboration avec les fabricants et les concepteurs lumière afin de mieux comprendre l’éclairage. L’exemple de la Grande Galerie de l’Évolution en est une parfaite illustration [voir page 35]. Si le projet se révèle trop complexe, nous confions l’étude à des bureaux d’études extérieurs avec, toujours, un suivi par notre équipe qui a une parfaite connaissance des lieux et de nos contraintes, ce qui est essentiel pour la maintenance des produits, même en LED. Les solutions LED font-elles l’unanimité aujourd’hui ? Oui, la technologie a beaucoup évolué et progressé. Elle permet un travail de précision et une grande modularité grâce aux

systèmes de gestion. Les IRC atteignent 95 sans problème et nous pouvons faire varier la température de couleur et l’intensité. La durée de vie des produits, en moyenne 50 000 heures, ainsi que la réduction des consommations s’inscrivent dans notre démarche de développement durable. Ajoutons à cela la modularité et la flexibilité des LED qui offrent la possibilité aujourd’hui de contrôler l’intensité de l’éclairage via un smartphone. Seul bémol : la réglementation n’a pas suivi la technologie et l’imposition des 50 lux au maximum ne se justifie pas toujours avec la LED. Comment qualifieriez-vous la lumière la mieux adaptée à la muséographie ? Je citerais plutôt des caractéristiques indispensables… Elle doit accompagner le parcours du visiteur et orienter son regard vers les œuvres, tout en se faisant oublier matériellement : l’invisible qui rend visible. Les luminaires deviennent de plus en plus compacts et donc plus faciles à intégrer dans l’architecture ou le mobilier. La performance et l’esthétique s’allient pour laisser la place à l’effet lumineux. La lumière raconte une histoire au même titre que les cartels ou que la scénographie. À nous de faire comprendre et de convaincre qu’ en muséographie l’éclairage doit faire partie des priorités… n Propos recueillis par Isabelle Arnaud


© Loupi. Photo Philippe Chancel

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t Exposition itinérante Wonder Lab (ci-dessus : galerie du Hyokeikan Tokyo National Museum, Japon). Initiée par l’agence Heart & Crafts et soutenue par la Fondation Bettencourt Schueller. Commissaire de l’exposition : Hélène Kelmachter. Scénographie : Lina Ghotmeh, architecte. Conception lumière : Philippe Collet, Abraxas Concepts. Matériel d’éclairage : Loupi.

Scénographies de lumières Entre protection et valorisation des œuvres, exposition et conservation, l’éclairage des musées est confronté depuis longtemps à ces enjeux parfois contradictoires, mais qui, aujourd’hui, trouvent des solutions adaptées grâce à la technologie LED, à des systèmes de pilotage de l’éclairage, mais aussi et surtout à des conceptions lumière réalisées par des spécialistes. Qu’ils soient conservateurs, architectes, éclairagistes, scénographes, ces maîtres de l’art et de la lumière travaillent de concert afin de donner à voir au visiteur des œuvres révélées par des mises en scène dramatiques, au sens étymologique du terme.

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Abraxas Concepts a sélectionné trois typologies de projecteurs LED (Loupi), de dimensions réduites, disposés soit sur les socles de présentation, au plus près des objets, soit montés sur mâts, ou encore intégrés dans les vitrines.

© Loupi. Photo Philippe Chancel

Exposition itinérante Wonder Lab. Scénographie : Lina Ghotmeh, architecte. Conception lumière : Philippe Collet, Abraxas Concepts. Matériel d’éclairage : Loupi.

Musée du Dôme, Florence. Maîtrise d’ouvrage : Opera di Santa Maria del Fiore. Conception lumière : Massimo Iarussi. Matériel d’éclairage : Erco. Dans le Salon du paradis, les œuvres présentées avaient été créées pour l’extérieur : d’un côté, les portes en bronze que Lorenzo Ghiberti réalisa au XVe siècle pour le baptistère, de l’autre côté, une maquette grandeur nature de la façade moyenâgeuse du Dôme. Jamais achevée, cette façade fut enlevée, mais les statues et reliefs ont été conservés et insérés sur la maquette. De puissants projecteurs Parscan (Erco), en complément de la lumière du jour, mettent en valeur chacune de ces sculptures.

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© Erco. Photo Dirk Vogel

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u théâtre au musée, il n’y a qu’un pas, mise en scène et scénographie se rejoignent au sein de bien des projets, tels que l’exposition Wonder Lab qui présente, à travers les créations de quinze artisans d’art français, une grande diversité de matières et de savoir-faire : de l’orfèvrerie à la céramique, de la plumasserie au travail de l’écaille, en passant par celui du verre, du cuir, de la paille, du papier ou du textile. Sa conception lumière est signée par Philippe Collet, Abraxas Concepts. Créateur de lumières pour le théâtre et l’opéra pendant de nombreuses années, Philippe Collet concentre aujourd’hui son travail sur l’éclairage muséographique et architectural : « Mettre en lumière, ce n’est pas uniquement permettre la vision, c’est avant tout orienter le regard du spectateur et donner à ressentir. » À vocation itinérante, l’exposition a commencé son tour du monde au Japon dans les salles du prestigieux Hyokeikan du musée national de Tokyo. « Compte tenu du lieu historique, nous ne pouvions installer aucun projecteur au plafond, ni sur rail ni aux murs. Il nous a fallu, pour chacune des douze salles, trouver des astuces afin de respecter cette contrainte tout en rendant leur éclat aux pièces des maîtres d’art », explique Philippe Collet. Ainsi, le concepteur a-t-il effectué des essais en fonction de la nature et de la disposition des objets. Il a arrêté son choix sur trois modèles de projecteurs LED Loupi orientés sur les objets, tandis que les socles noirs ont été soulignés de rubans LED à leur base, donnant l’impression de flotter au-dessus du sol dans un espa e plongé dans la pénombre. La mise en lumière, avec ces effets très contrastés, suscite ainsi l’attention des visiteurs dès l’entrée dans chaque salle et les guide vers les œuvres. « Cette scénographie permet au spectateur de comprendre la magie de ce monde, la maîtrise des formes, le travail du corps et de l’esprit. Les objets sont nus, afin de permettre au public de se rapprocher et d’en saisir les infimes détails », confiait Lina Ghotmeh, la scénographe. Avec ces jeux de lumière sur les matériaux, en dégradés d’ombres et de ténèbres, chaque salle d’exposition invite à découvrir des œuvres d’art uniques, à ressentir le travail artistique de chaque pièce, à en capturer les vibrations, à l’image de l’espace. On retrouve cette approche chez certains fabricants, à l’instar de Feilo Sylvania, qui préconise que « l’éclairage doit souligner la texture, la couleur et la forme des pièces exposées, qu’il s’agisse d’objets historiques, d’œuvres d’art moderne, de tableaux ou de sculptures. Une tension dramatique peut jaillir d’un espace


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Matériel d’éclairage : Feilo Sylvania

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onstruit en 1974, le musée Sainte-Croix est le premier musée de Poitou-Charentes pour la richesse de ses collections d’art et d’archéologie. Il a été conçu par Jean Monge, figure importante de l’architecture de la deuxième moitié du XXe siècle. Dans la veine des réalisations de Le Corbusier, l’architecte a livré un vaste bâtiment à demi enterré de près de 7 000 m², aux audaces « brutalistes » (volumes trapézoïdaux de béton brut et de verre teinté), dans le centre historique de la ville. Avant sa rénovation, les quinze salles d’exposition bénéficiaient d’un éclairage halogène qui n’avait pas été pensé, à l’origine, pour la mise en valeur des œuvres. Pour valoriser la richesse et la diversité des pièces exposées, le maître d’ouvrage a opté pour un éclairage LED d’accentuation, avec des températures de couleur chaudes afin de magnifier notamment les sculptures et chapiteaux en pierre, très présents dans les salles dédiées aux antiquités gallo-romaines et au Moyen Âge. Intégrant la dernière technologie LED, le spot Beacon Muse II de la marque Concord a été choisi pour son optique ajustable. En tournant simplement la bague soft-touch, il est facile de régler avec la plus grande précision l’angle du faisceau, de 8 à 55°. Les spots Beacon Muse II sont proposés avec variation de phase descendante, variateur intégré, variateur DALI ou Casambi sans fil.

Offrant un excellent rendu des couleurs (IRC 97), ils conviennent parfaitement aux exigences des musées. Ils sont montés sur rail 3 allumages, en finition blanc, avec variateur intégré pour la mise en lumière des sculptures, dont certaines sont éclairées, de part et d’autre, par deux spots pour que le visiteur ait une vision en 3D de l’œuvre. La version en blanc chaud (3 000 K) met en valeur la pierre. Les spots Beacon Projecteur Framing blancs, version rail 3 allumages, permettent d’encadrer de grandes sculptures rectangulaires ou des tableaux par un faisceau lumineux, contrairement aux spots Beacon Muse. Ils sont en effet équipés d’un obturateur Framing : quatre lames en acier inoxydable avec pattes de réglage pour réaliser la projection d’un cadrage à quatre côtés linéaires. Ils offrent un excellent rendu des couleurs (IRC 95) et un flux lumineux sans rayon IR ni UV afin d’assurer une parfaite conservation des œuvres. Bénéficiant respectivement d’une durée de vie de 72 000 heures (L80B10) et 50 000 heures (L70B50), les spots LED Beacon Muse II et Beacon Projecteur offrent une solution économe en énergie avec des coûts de maintenance réduits. Ils bénéficient en plus d’une garantie de 5 ans. Le musée continuera sa mue dans les années à venir avec la transformation de 2 000 m² de réserves en nouvelles salles d’exposition.

© Feilo Sylvania - Photo Arthur Pequin

Interpréter l’art par la lumière ? En 1991, dans le Guide pour l’éclairage des musées, des collections particulières et des galeries d’art, de l’Association française de l’éclairage, Pierre Lemaigre-Voreaux s’interrogeait sur la mise en lumière dramatique d’une œuvre d’art : doit-on l’éclairer avec la même lumière dont bénéficiait l’artiste lorsqu’il l’a créée, ou faire appel à un éclairage spécifique afin de la révéler au public ? Le Dr Thomas Schielke, rédacteur spécialisé en éclairage et architecture chez Erco, explique, dans une analyse de 2017 (L’interprétation de l’art par la lumière), que « La mise en valeur de l’art par l’éclairage dans les musées s’accompagne d’une interprétation ». Selon Thomas Schielke, le choix en faveur d’une interprétation par l’éclairage découle souvent d’un long processus de conciliation entre les intérêts les plus contradictoires. L’architecte aimerait que sa réalisation soit mise en valeur, le commissaire d’exposition souhaiterait communiquer sur le contenu de l’ensemble de la collection, le collectionneur faire partager une certaine esthétique, tandis que l’artiste s’attend à une présentation adaptée à ses œuvres. Quoi qu’il en soit, la question des critères définissant un concept lumière approprié se pose à tous les acteurs : quelle est l’ambiance lumineuse inhérente à chaque œuvre ? Qu’est-ce qui convient le mieux à l’art élaboré à la lueur des chandelles ? Doit-on privilégier chaque œuvre individuellement ou le thème général de l’exposition ? Autant de questions qui rejoignent les interrogations de Pierre Lemaigre-Voreaux. L’étude de Schielke aborde ces problématiques sous l’angle de l’esthétique de l’image et de l’exposition. Elle présente les différents concepts lumière possibles et un classement des solutions d’éclairage en six catégories. Chacune commence par l’esthétique de l’art et de l’espace, puis évoque l’atmosphère perçue par le visiteur, attirant ainsi l’attention sur les multiples influences de l’éclairage sur la perception de l’art et l’importance d’une différenciation pour une transmission appropriée de la culture. « Faciliter la compréhension de l’œuvre du sculpteur, de son histoire et de ses techniques » était aussi au cœur de la restauration du musée Rodin de Paris, effectuée entre 2012 et 2015, et dont la scénographie présente, depuis, les œuvres du sculpteur de façon plus complète pour un large public. Le projet d’éclairage devait tenir compte à la fois de l’architecture

Musée Sainte-Croix, Poitiers

© Feilo Sylvania - Photo Arthur Pequin

assombri, grâce à de fins faisceaux de lumière traversant l’obscurité et attirant le regard du visiteur vers les pièces exposées ».

© Feilo Sylvania - Photo Arthur Pequin

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de l’hôtel Biron construit au XVIIIe siècle – comprenant de hautes baies vitrées qui laissent largement pénétrer la lumière naturelle – et de la nouvelle muséographie. « Retrouver la particularité des ambiances lumineuses, chaleureuses et mouvantes, favoriser la confrontation personnelle du visiteur avec l’objet étaient mes priorités », se souvient Stéphanie Daniel, conceptrice lumière. Dès la genèse du projet, Stéphanie Daniel, spécialiste de la mise en lumière muséographique, opte pour un système d’éclairage artificiel asservi à la lumière naturelle, une grande première dans un musée. Elle élabore un programme (voir ci-contre) afin de faire varier les projecteurs en intensité et en température de couleur, suivant le cycle de la lumière naturelle, tout en respectant les contrastes sur les œuvres. Les vitrines du musée, quant à elles, sont équipées de modules LED (Microtools de Zumtobel) en 4 000 K, à tête orientable avec optique Flood dont l’intensité varie de 1 % à 35 % en fonction de la lumière du jour. Éclairage des vitrines : l’art d’accentuer Souvent dédiées à la présentation d’œuvres fragiles, comme les tissus ou les livres, ou de petites dimensions, tels les bijoux ou les minéraux par exemple, les vitrines requièrent un véritable travail d’orfèvre en matière de mise en lumière. On se souvient des 300 vitrines de différentes tailles qui ponctuent la grande galerie du musée du Quai Branly (architecte Jean Nouvel, conception lumière Georges Berne), offrant une variété d’objets, de matières et de couleurs. Les éclairages d’ambiance naturel et artificiel, volontairement minimisés, sont complétés par deux systèmes d’éclairage pour rehauts (ou accentuation), adaptés à la fois au volume des enveloppes de verre et à leur configuration (typologie). Certaines vitrines sont éclairées directement par fibres optiques organisées en réseaux qui offrent une bonne répartition lumineuse sur les objets, tandis que d’autres sont mises en scène par un éclairage indirect. La transparence du verre et la lumière discrète font oublier aux visiteurs que les objets sont enfermés dans des vitrines. Quel parti prendre : éclairer de l’extérieur des • • • suite p. 34

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© Zumtobel. Photo Hervé Abbadie

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Musée Rodin, Paris. L’homme qui marche. Maître d’ouvrage mandataire : Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture. Maîtrise d’œuvre : Dominique Brard, Atelier de l’Île, Richard Duplat, architecte en chef des Monuments historiques. Conception lumière : Stéphanie Daniel, agence Stéphanie Daniel. Matériel d’éclairage : Zumtobel et Procédés Hallier. Installateur : Bouygues Énergie et services. Stéphanie Daniel, spécialiste de la mise en lumière muséographique, opte pour un système d’éclairage artificiel asservi à la lumière naturelle. Après avoir fixé son choix sur le projecteur Iyon LED de Zumtobel, retenu pour son IRC de 90 et sa compacité, elle travaille en étroite collaboration avec les ingénieurs de Zumtobel afin d’adapter le design du produit dont le verre diffuseur et les paralumes blancs ont été remplacés par des nids d’abeille. La version TunableWhite a ensuite été développée. Enfin, le programme de gestion a été élaboré afin de définir les différents scénarios propres à chaque projecteur et en fonction de l’œuvre à éclairer, des saisons (été/hiver) et de plages horaires (midi/soir).

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Exploiter la lumière naturelle Alors qu’elle travaillait à la rénovation de l’éclairage architectural de la Grande galerie de l’Évolution, la conceptrice lumière a été confrontée, à l’époque, aux dispositifs, certes vieillissants (voir page 35), qui éclairent les spécimens dans les vitrines. Surpuissance, reflets ou zones d’ombres involontaires venaient perturber la mise en lumière dynamique. Cette rénovation reprend l’idée de reproduire le rythme circadien, déjà imaginé et conçu par Chemetov dans les années 1980 ! Devenue très énergivore et nécessitant de nombreuses opérations de maintenance, l’installation a été complètement modifiée avec, bien entendu, des systèmes dynamiques d’éclairage à LED. La programmation et la coordination son et lumières ont été réalisées par François Guillet, Lumières Utiles. Les consommations ont été divisées par 10, avec une durée de vie des produits estimée à environ huit ans. Le rythme circadien se déroule sur 1 h 15 en cinq • • • suite p. 36

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Château Wartburg (XIe siècle), Eisenach (Allemagne). Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO en 1999. Matériel d’éclairage : Zumtobel.

Avec ses trésors datant de huit siècles différents, la collection d’art de la Wartburg a vu le jour sur la recommandation de Goethe il y a maintenant presque deux cents ans. Le système d’éclairage LED multi-fonctionnel Supersystem II éclaire les1 000 m² d’exposition. Les projecteurs miniatures, de 45 mm seulement, dotés de têtes pivotantes à 360° et orientables à 90° et de faisceaux, d’optiques et de films variés, sont montés sur le rail lisse, qui ne mesure que 30 mm de haut et 26 mm de large. Ce qui a permis de garantir une flexibilité de conception, notamment en ce qui concerne le câblage de la nouvelle installation. Un potentiomètre permet de vérifier que le niveau d’éclairage ne dépasse pas 50 lux.

Muséum d’histoire naturelle, Paris. Galerie de la minéralogie. Architecte : Philippe Maffre, MAW. Conception lumière : Stéphanie Daniel. Matériel d’éclairage : Zumtobel et Procédés Hallier. Graphiste : « Je Formule » L’éclairage des vitrines est réalisé à l’aide de projecteurs Microtools de Zumtobel installés en sous-face des étagères. Les projecteurs Procédés Hallier, intégrés au plafond des vitrines, éclairent l’étagère du haut.

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© Philippe Maffre MAW Adagp

© Zumtobel

parois vitrées ou plutôt intégrer la lumière à ces écrins de verre ? Stéphanie Daniel, dans la galerie de la minéralogie du Muséum d’histoire naturelle à Paris, a opté pour un éclairage invisible, au plus près des minéraux. Comme Philippe Collet pour l’exposition Wonder Lab, elle a procédé à des essais pour chaque catégorie d’objets présentés. « Les minéraux n’ont pas tous les mêmes propriétés ni les mêmes couleurs ; les éclairages doivent être soigneusement choisis afin de rendre à chacun ses spécificités », précise-t-elle. Ces essais lui ont permis de définir le type et la quantité de projecteurs, ainsi que les encombrements à prévoir pour leur installation. En effet, chose rare, c’est la définition des éclairages qui a déterminé la scénographie (réalisée par MAW Maffre), et non l’inverse. La conceptrice lumière a opté pour les projecteurs Microtools de Zumtobel, à tête orientable, qui sont disposés en sous-face de chaque étagère et dotés de lentilles et de filtres différents selon les objets éclairés. Le « plafond » des vitrines, quant à lui, comprend des projecteurs Procédés Hallier qui éclairent les minéraux placés sur la première étagère (du haut) à quelque 30 cm en dessous. Stéphanie Daniel appelle cependant à la plus grande prudence : l’éclairage des vitrines ne doit pas être dissocié de la mise en lumière générale de l’espace dans lequel elles se trouvent.

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• • • suite de la p. 32


Lumières Dossier

Muséum national d’Histoire naturelle, Paris

Avant.

Avant.

Après.

spécimens très fragiles, difficiles à déplacer. Dans sa réflexion, Albane Dolez se fait assister d’Armand Zadikian, spécialiste des mises en lumière des lieux de culte (notamment NotreDame de Paris), et un diagnostic est posé : les sorties de fibre sont endommagées, la matière plastique qui compose les lentilles s’est détériorée au fil des années et le film miroir s’est considérablement abîmé ; résultat : 60 à 70 % de perte de luminosité ! « Nous avons donc cherché un fabricant qui puisse refaire les Punto, explique Marie Wacrenier, mais cette fois dotées d’une lentille en verre. De plus, les 600 générateurs vont tous être remplacés, petit à petit, et les nouveaux seront équipés de sources LED. La nouvelle installation bénéficiera d’un indice de rendu des couleurs élevé, des températures

de couleur adaptées aux spécimens et surtout de possibilité de variation d’intensité afin de pouvoir bénéficier d’un niveau d’éclairement constant, en particulier sur les spécimens les plus fragiles. » Chaque sortie de fibre va être remplacée une à une par les équipes du service Régie muséographique. Des vitrines tests ont déjà été modifiées ; celles abritant les espèces disparues devraient être terminées fin 2018 et celles de la Grande galerie en 2020. En parallèle, l’éclairage architectural de la Galerie des Espèces Menacées et Disparues, au deuxième étage de la Grande Galerie est lui aussi en cours de rénovation. Le projet a été initié par Cyril Roguet, Directeur des galeries du Jardin des plantes, et le concept réalisé par le Studio Vaste (Julia Kravtsova et Vyara Stefanova).

Après.

© Armand Zadikian

L

’éclairage met en œuvre plus de 8 000 sorties de fibre fabriquées sur mesure, ces « Punto » dotées de lentille plastique sont reliées par des harnais en fibre de verre à quelque 600 générateurs équipés de lampes halogènes, remplacés en 2011 par des générateurs LED 100 W. Vingt ans plus tard, l’éclairage a vieilli : les halogènes sont très énergivores, les générateurs se sont dégradés et, surtout, le niveau d’éclairement des vitrines était devenu insuffisant. Le Muséum prend alors conseil auprès de Veralbane, fournisseur des vitrines. Sa fondatrice, Albane Dolez, développe depuis quelques années des solutions d’éclairage pour les musées, notamment avec des systèmes de fibre optique. C’est donc naturellement que le muséum la consulte afin de déterminer dans quelle mesure il est possible de rénover, et surtout comment, l’éclairage des vitrines de la Grande Galerie de l’Évolution. L’objectif était de conserver l’intégralité de ces vitrines, en très bon état, qui abritent des

© Armand Zadikian

Grande Galerie de l’Évolution Éclairage des vitrines

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Lumières Dossier • • • suite de la p. 34 mouvements : lever du soleil, matin, aprèsmidi, crépuscule et nuit. Chaque séquence se divise en quatre zones – la savane, le désert, les pôles, la jungle –, chacune bénéficiant de variations d’intensités et de températures de couleur qui reproduisent les changements propres aux différents climats : couleurs changeantes dans la savane, couleurs chaudes dans le désert, froides aux pôles, etc., et se rapprochant le plus possible du cycle de la lumière naturelle. L’exploitation de la lumière naturelle fait l’unanimité aujourd’hui : Jean Nouvel et l’agence 8’18’’ l’ont bien démontré au Louvre Abu Dhabi (voir page 22) ; rappelons aussi ce que nous confiait Jean-Paul Viguier (Lumières N° 8) : « L’idée que, pour éviter d’être endommagées, les œuvres d’art ne doivent bénéficier que d’un éclairage artificiel me scandalise. Lorsque je conçois un bâtiment, j’ai toujours à l’esprit cette capacité qu’a la lumière de révéler les volumes et les matières. La violence du rapport ombre-lumière d’une part, et la douceur de la lumière qui se perd en s’atténuant à l’intérieur des couches successives de matières, d’autre part, me guident dans l’écriture des façades. C’est ce que j’appelle “l’effet Brunelleshi” que j’ai appliqué dans la galerie du McNay Art Museum à San Antonio, au Texas : un fin rai de lumière se déplace horizontalement dans la journée sur le mur de pierre qui délimite l’espace destiné aux œuvres. » L’architecte new-yorkais Richard Meier & Partners a également laissé entrer largement la lumière du jour dans le musée Frieder Burda, à

Baden-Baden (Allemagne). Afin de ne pas dépasser les intensités lumineuses autorisées, un système pare-soleil et de guidage de lumière innovant a été réalisé pour maintenir l’éclairage intérieur à une valeur constante. Quatre chemins lumineux de deux couleurs de lumière permettent de reproduire dans la grande salle du musée les variations naturelles de la lumière au fil des saisons et de souligner la couleur prédominante des tableaux d’un étage. Le travail conjoint de Lichtimpulse (étude éclairage) et de Zumtobel a permis de développer un système de lèche-mur pour l’éclairage des murs de douze mètres de haut de la grande salle. Il est installé au sol, le long de la mezzanine autoportante. Si le conservateur décide de positionner des cloisons supplémentaires, le système de canal lumineux à émission diffuse permet leur montage en n’importe quel endroit de la salle. Des projecteurs disposés entre les canaux lumineux accentuent les œuvres choisies sur demande. Tous les luminaires (à l’exception de ceux équipés de lampes haute pression), étant dotés d’un B.E. DALI adressable, peuvent être commandés individuellement. Tous ces exemples, et de nombreux autres, montrent que les systèmes de gestion, même s’ils se développent rapidement avec les appareils LED, ne sont pas l’apanage de l’éclairage artificiel, mais permettent d’asservir ce dernier à la lumière du jour, dans le plus grand respect des impératifs de conservation des musées d’art. n Isabelle Arnaud

Musée Antonio Asturi de Vico Equense (Naples). Architecte : Valentina Autiero. Matériel d’éclairage : Targetti. Stimuler le dialogue entre l’administration et les citoyens, en réduisant les distances culturelles et sociales qui limitent la connaissance de l’art à un public restreint, tel est l’objectif du Musée Antonio Asturi. Il ne s’agit pas d’un musée traditionnel, mais d’un parcours d’exposition qui évolue à l’intérieur de la mairie où les peintures et les effets personnels de l’artiste sont librement accessibles aux habitants de la ville « afin de diffuser une nouvelle idée d’urbanité ». La grande salle, entièrement dédiée à l’artiste, est éclairée par des encastrés CCT LED Architectural Mini LED en basse luminance, avec une optique WFL qui offre une lumière uniforme aussi bien sur les parois que sur le sol.

© Targetti

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Chapelle Sansevero, Naples. Matériel d’éclairage : iGuzzini.

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© Musée d'arts de Nantes - C. Clos

© iGuzzini / Lucas Petrucci

La chapelle Sansevero propose une collection riche et variée d’œuvres dédiées à l’art religieux italien. Elle a été construite au XVIe siècle à l’initiative du duc de Torremaggiore, Francesco di Sangro, qui a commandé les chefs-d’œuvre, notamment le Christ voilé, de Giuseppe Sanmartino, réalisé en 1753, ainsi qu’une vingtaine de sculptures. En 2016, le maître d’ouvrage (Museo Cappella Sansevero Srl) a décidé de remplacer intégralement l’éclairage dépassé et énergivore par un nouveau système à LED. L’objectif était de réduire les consommations d’énergie tout en protégeant les œuvres des radiations lumineuses sur les matériaux les plus sensibles. Le cahier des charges demandait des corps éclairants de dimensions réduites, plus efficaces sur le plan énergétique, avec un rendu de couleur élevé, une longue durée de vie des sources à basse dissipation thermique et possibilité de pilotage. Le nouvel éclairage proposé par iGuzzini met en œuvre une régie lumineuse dynamique et théâtrale gérée grâce au système de contrôle Master Pro qui commande les luminaires. Notamment, les projecteurs Palco, dotés de réfracteurs elliptiques, qui éclairent la fresque (La Gloire du paradis, réalisée par Francesco Maria Russo), et de cadreurs pour l’éclairage du Christ voilé et des sculptures en marbre. Des projecteurs iPro ont été installés dans les lampes à huile pour l’éclairage des stucs. La nouvelle installation, qui a permis une nette baisse de la température (3°) ainsi qu’une diminution importante des consommations, offre une mise en lumière qui rend toute sa magie à ce lieu emblématique.

Musée d’arts, Nantes. Ville de Nantes et Nantes Métropole. Architecte : Stanton Williams. Conception lumière : Nick Cramp et Jocelyn Urvoy, Max Fordham LLP. Ingénierie : Max Fordham. Matériel d’éclairage : Philips Lighting.

Le Musée d'arts bénéficie d’un système intelligent qui gère à la fois l’éclairage artificiel et la lumière du jour. La quantité de lumière naturelle est contrôlée, tout en douceur : les jours particulièrement lumineux, les stores se ferment pour préserver les œuvres d’art. En appoint, le double vitrage diffuse doucement la lumière directe tout en conservant son orientation. Le système GentleSpace de Philips Lighting fait passer la lumière naturelle à la lumière artificielle d’une manière très subtile. Les espaces présentant des pièces anciennes de la collection, par exemple des peintures à l’huile, sont traités avec de la lumière chaude concentrée sur les toiles pour aider à rehausser les couleurs, tandis que les œuvres contemporaines baignent dans des ambiances plus claires avec des accents plus subtils. LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 37


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Enquête produits

Minimalisme et précision De plus en plus petits, compacts et légers, les projecteurs dédiés à la mise en lumière des musées se font également orientables, pivotables. Ils se dotent d’un large choix d’optiques et d’accessoires, qu’il s’agisse de diffuser une lumière homogène ou d’accentuer. Afin de s’adapter au mieux aux scénographies muséographiques et de préserver les objets exposés, ils s’accompagnent de systèmes de contrôle avec possibilité de faire varier l’intensité et la température de couleur et se déclinent en plusieurs puissances (avec une efficacité lumineuse supérieure à 100 lm/W dans la plupart des cas) et offrent un IRC élevé, proche de 100.

Beacon XL Muse de Concord Afin de répondre de manière optimale aux besoins des musées et des salles d’exposition en matière d’éclairage, la marque Concord propose une gamme complète de projecteurs LED qui offrent de très hautes performances de rendu des couleurs (IRC 97). Le réglage s’opère à l’aide d’une bague « soft touch » qui permet de contrôler le faisceau, d’étroit 10° (820 lm en 3 000 K et 901 lm en 4 000 K) à large 70° (2 544 lm en 3 000 K et 2 884 lm en 4 000 K). Durée de vie : 50 000 h (L70). www.feilosylvania.com/fr

Biloba+ de HOlight Doté d’un réflecteur en aluminium métallisé à facettes, ce projecteur à LED COB propose pas moins de douze modèles en trois puissances (43 W, 50 W et 65 W), avec des flux lumineux compris entre 4 850 lm et 5 990 lm (efficacité lumineuse de 91 lm/W à 123 lm/W). Il se fixe sur patère au plafond et peut s’équiper de volets coupe-flux ou grille nid d’abeille. Gradation DALI en option. www.holight.com

Road de Lamdalux Ce projecteur dispose d’une structure en aluminium à composer et à encastrer dans un faux plafond pour créer des effets lumineux dispensant un éclairage discret et performant. Il se décline en deux tailles, avec des flux lumineux allant de 2 100 lm à 4 500 lm. Il est composé d’un bras articulé orientable à 355°, avec un faisceau de 25° et de 30°. Deux températures de couleur : 3 000 K ou 4 000 K. Durée de vie : 50 000 h (L80 B10). www.sermes.fr/lamdalux

Arcos LED xpert Blu de Zumtobel Les modèles Arcos 2 LED xpert et Arcos 3 LED xpert (diamètre plus grand), gradables, offrent un IRC de 98. L’Arcos 3, avec un flux lumineux pouvant aller jusqu’à 2 000 lm, est idéal pour l’éclairage d’accentuation à partir de grandes hauteurs. Les deux modèles existent désormais en version Bluetooth : le projecteur reçoit les ordres de commande des smartphones. Pour régler l’éclairement lumineux correspondant, il n’a ainsi besoin ni d’une ligne DALI, ni d’un conducteur. Les informations concernant la durée de vie du luminaire sont également affichées sur l’écran. www.zumtobel.com

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Cata Tir d’Artemide En plafonnier, suspension ou projecteur sur rail, Cata Tir comprend un groupe optique interchangeable par le biais d’un mécanisme « twist and lock ». Il présente des faisceaux de lumière très concentrés et définis grâce à un collimateur innovant, avec deux angles d’ouverture : 2 x 3,5° et 2 x 8°. Ce luminaire existe en tunablewhite avec possibilité de régler la température de couleur de 2 700 K à 5 700 K, avec un IRC supérieur à 93. Il comporte un bras avec rotation de 360° autour de l’axe vertical et -90°/+90° autour de l’axe horizontal. www.artemide.com

Cloud Mini de Targetti À encastrer, ce luminaire dispose d’un anneau frontal amovible pour la pose d’accessoires optiques dédiés. Il est orientable de -20° à +75° sur l e plan vertical et à 355° sur le plan horizontal, avec système de visée manuel. Il présente une efficacité lumineuse de 87 lm/W en 3 000 K, avec un indice de rendu des couleurs de 84. www.targetti.com/fr

Collection « Mât C » de Loupi La collection « Mât C » est une gamme de mâts composés de 1 à 4 projecteurs miniatures articulés, spécifiquement développés pour l’éclairage de précision. Les dimensions du Mât C sont réalisées à la demande (de 5 à 100 cm). Les projecteurs (1,5 W chacun) comprennent une lentille en PMMA (acrylique) efficacité ~90 % et présentent un flux lumineux de 120 à 150 lm à 500 mA en différentes températures de couleur (de 2 700 K à 5 000 K). IRC 90. www.loupi-lighting.fr

Parscan d’Erco Avec sa lentille orientable oval flood, Parscan peut éclairer des objets oblongs ou des zones tout en longueur, ou, associé à la répartition de lumière wallwash, produire un éclairage vertical. Le projecteur se décline en 3 000 K et 4 000 K et peut atteindre 48 W et 6 000 lm. La disposition presque centrale du bras articulé de l’appareil minimise le pivotement, par rotation ou inclinaison, du boîtier optique. Les lentilles Spherolit interchangeables offrent au total 6 répartitions de la lumière. Équipé d’un adaptateur triphasé ou un adaptateur DALI gradable. www.erco.com/fr

View Opti Beam Lens d’iGuzzini Cet appareil - disponible en versions carrée et ronde et en diamètres de la composante optique de 126 mm et 156 mm - peut être installé sur rail, rail plafond ou mural. Le projecteur a une capacité de rotation verticale de 360° et horizontale de 90°, avec blocages mécaniques de l’orientation permettant de conserver sa position précise. De plus, le variateur du projecteur à mémoire est installé directement sur l’adaptateur sur rail et permet donc de conserver les programmations réalisées, même en cas de coupure d’alimentation. De 2 040 lm à 3 500 lm en 3 000 K (IRC 90) ou 4 000 K (IRC 80). www.iguzzini.com/fr

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Spot LED Darklight de Ledvance Avec un design identique aux spots traditionnels, ce luminaire peut s’installer en lieu et place d’un projecteur halogène de 50 W. D’une puissance de 7 W, il propose un flux lumineux de 580 lm pour une température de couleur chaude de 3 000 K, avec un IRC supérieur à 80. www.ledvance.fr

Encastré ajustable de Collingwood Ce petit encastré carré de 13 W convient à une installation dans des plafonds sur lesquels il n’est pas possible de poser des rails ou lors du remplacement de sources MR16 de 50-75 W. Disponible en faisceaux de 20° ou 50°, il peut être utilisé dans le cadre d’un éclairage fonctionnel mais aussi pour créer un effet lèchemurs et convient également pour une installation en conjonction de projecteurs sur rails. Il est léger et ajustable. Finitions disponibles : blanc, aluminium, noir. www.collingwoodlighting.com/fr

LED Tracklight de Fasual Ce projecteur sur rail, finition noir, blanc ou argent, offre la possibilité d’ajuster le faisceau de 90° à 15°. Il présente une efficacité lumineuse de 80 lm/W et un IRC variant de 80 à 90 selon les températures de couleur : 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K et 5 000 K pour des flux lumineux compris entre 1 035 lm et 1 245 lm. Son bras autorise une rotation à 355° et peut pivoter à 90°. Gradation intégrée. www.fasual.fr

Downlight Diffuseur de GE Lighting Cette gamme de downlights diffuseurs LED peut remplacer directement les downlights à lampes fluocompactes et permet jusqu’à 55 % d’économies d’énergie comparé aux luminaires équipés de lampes CFL. Elle dispose de trois puissances, 11 W, 15 W et 22 W pour respectivement 1 100 lm, 1 500 lm et 2 200 lm, pour des températures de couleur qui vont de 3 000 K à 6 500 K. IRC de 80 et efficacité lumineuse de 80 lm W. www.gelighting.com

Eddi Gimbal d’Aurora Lighting Cet encastré LED orientable est dédié à l’éclairage d’accentuation. Il est équipé d’un réflecteur aluminium à faisceaux moyen ou large. Doté de LED COB haute performance, il présente une efficacité lumineuse allant jusqu’à 83 lm/W. Le driver LED déporté est fourni avec sortie de câbles au primaire. Il peut être encastré dans les plafonds plâtre. IRC > 80. Garanti 5 ans. auroralighting.com/fr

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Lumières Designer

Octavio Amado

Diplômé des Beaux-Arts argentins, Octavio Amado a été peintre et sculpteur pendant une dizaine d’années, avant de s’installer à Paris, en 1996, où il approche pour la première fois le monde du design. Il s’intéresse à la matière, et notamment au papier pour le design de ses produits. En 1998, il crée sa société avec un associé, puis en nom propre en 2002. Aujourd’hui, toujours très attaché à l’idée de sculpture, il présente sa gamme Form, en continuant d’utiliser le papier dans la fabrication des objets qu’il met en lumière.

Sculpteur de lumières

Nous avons créé plusieurs gammes de modules, chacune pourvue d’une identité propre. La gamme Form a l’aspect froid du diamant aux contours anguleux et la gamme Smoothie présente des lignes plus fluides et chaleureuses. Notre objectif est de créer des objets qui peuvent séduire plusieurs familles d’usagers, du particulier à l’architecte, en passant par les maîtres d’ouvrage. La gamme Form peut être installée en applique, en plafonnier, mais aussi en suspension, tout en étant pourvue d’un système de sonorisation en Bluetooth. Précédemment, nous avions travaillé pendant deux ans sur les suspensions avec la gamme Fold, qui était pour nous une recherche sur les formes et la matière. Ce projet a débouché sur la mise au point d’un système de fabrication évolutif. Notre travail consiste à accumuler les petits gestes, pour fabriquer les modules, triangles, losanges et carrés, points de départ de la création des luminaires Form. Cette gamme repose sur un système de montage mécanique : les différents modules tiennent grâce au pliage. Ce principe nous permet de faire évoluer les formes, et nous avons la main sur l’ensemble des étapes de fabrication : nous développons le système, le faisons évoluer et nous répondons également aux envies des architectes en réalisant des créations sur mesure.

Comment utilisez-vous le papier dans l’élaboration de cette gamme ?

Le papier qui constitue la gamme Form a été conçu à l’origine pour la fabrication des abat-jour dans les luminaires destinés à l’hôtellerie. Il s’agit d’une matière technique, pourvue d’une très bonne résistance au feu ainsi que d’une forte résistance mécanique. Par le passé, j’ai beaucoup travaillé sur la couleur. Auparavant, la lumière était teinte grâce aux parois diffusantes, aujourd’hui, cela se fait grâce à la LED. La matière blanche simplifie la gestion de la fabrication. L’utilisation

du papier nous a offert d’autres possibilités, notamment de pliage. Les modules sont nervurés dans la partie interne et reprennent les lignes droites caractéristiques de la gamme. À chaque extrémité des modules, une languette permet de les fixer entre eux à l’aide d’œillets, aboutissant ainsi à la création de la structure. Cette gamme existe donc grâce aux propriétés mécaniques du papier.

Quel est le mode de commercialisation privilégié pour la gamme Form ?

Nous nous chargeons nous-mêmes de la commercialisation de la gamme. Pour faire connaître notre travail, nous sommes présents sur de nombreux salons, comme Maison & Objet et EquipHotel à Paris, « Off » et Euroluce à Milan, Ambiente et Tendance à Francfort et d’autres événements à Dubaï, Tokyo, ou encore New York. Lors des salons, les visiteurs ont la possibilité de passer du temps sur le stand et de comprendre les produits, leur assemblage en modules, la sonorisation qui vient du luminaire : ils voient la lumière et la forme, mais l’aspect sonore reste un mystère. Ce mode d’approche de nos clients permet de créer du lien et les gens reviennent nous voir d’année en année. Pour la plupart de ces salons, nous développons des réalisations pour l’occasion, ce qui est pour nous une véritable vitrine de notre savoir-faire. n Rubrique réalisée par Alexandre Arène

© Antoine Duhamel

Pouvez-vous nous présenter votre activité et plus particulièrement le processus de création ayant conduit à l’élaboration de la gamme Form ?

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© IA

Lumières Showroom

Rubrique réalisée par Alexandre Arène

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Situé dans la rue Chaptal, dans le quartier sud de Pigalle, à Paris, le showroom de la marque suédoise Fagerhult a ouvert le 1er février 2017. Ancien local de la SACEM, puis siège français de la célèbre marque de guitares Gibson, le showroom couvre une superficie de 300 m². Le lieu est scindé en deux espaces : une partie de présentation des produits et une autre de mise en application, matérialisée par un décor de bureaux. Il est l’aboutissement du développement en France de Fagerhult depuis une dizaine d’années et la volonté d’accentuer sa présence sur le marché de Paris IDF pour l’éclairage des bureaux et du marché tertiaire. Fagerhult France compte 23 employés et son siège social, qui se trouve à Lyon, accueille également un showroom.

« Cette ligne lumineuse continue, au design épuré, offre confort d’éclairage et facilité d’installation » Notor 65

En suspension ou en plafonnier, avec éclairage direct ou indirect, Notor 65 est une solution LED dédiée à l’éclairage des bureaux, des locaux tertiaires, des salles de sport ainsi que des espaces de circulation. Disponible en deux températures de couleurs, 3 000 et 4 000 K, Notor 65 offre plusieurs puissances, comprises entre 12 et 87 W, pour un flux lumineux qui varie de 983 à 10 000 lm selon le modèle. Le luminaire est pilotable en DALI et comprend un système de câblage rapide par le haut.

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Lumières Showroom « Optilume crée sur la surface de travail un éclairage efficace, uniforme et riche en contrastes »

© Fagerhult

Optilume

Destiné à l’éclairage de bureaux, aux écoles et à l’ensemble des locaux tertiaires, Optilume est un luminaire LED qui existe en suspension ou en plafonnier et diffuse un éclairage direct, mais aussi direct/indirect. Disponible en plusieurs longueurs, finitions et couleurs, il est équipé d’une grille Beta Opti qui offre un confort visuel optimal et une haute efficacité lumineuse. Optilume existe en deux températures de couleurs (3 000 et 4 000 K), pour une puissance comprise entre 32 et 104 W, et un flux lumineux de 3 473 à 12 714 lm. Le tout est pilotable en DALI.

« La gamme Sweep & Scoot est une solution d’éclairage contemporaine et évolutive pour les bureaux » Sweep & Scoot

© IA

Particulièrement adaptées aux applications tertiaires et aux lieux de convivialité, les suspensions Sweep et Scoot admettent un éclairage direct/indirect. Sweep est en forme de globe coupé, et offre une répartition de 55 % d’éclairage direct et de 45 % d’éclairage indirect. Le modèle est disponible en deux températures de couleurs, 3 000 et 4 000 K, en deux puissances, 31 et 34 W, pour un flux lumineux compris entre 3 980 et 4 300 lm. De son côté, Scoot propose deux types de diffuseurs, Delta ou Opal, et présente une répartition lumineuse de 65 % d’éclairage direct et 35 % d’éclairage indirect avec le diffuseur Delta, et de 70 % d’éclairage direct et 30 % d’éclairage indirect avec le diffuseur Opal. Scoot existe en deux températures de couleurs, 3 000 et 4 000 K, avec une puissance de 29 W, pour un flux lumineux compris entre 3 100 et 3 320 lm. La gamme se décline en cinq couleurs (noir, blanc, vert, bleu, corail) et dispose d’un système de pilotage en DALI.

« Appareo combine design et ergonomie, grâce à des LED à émission latérale qui produisent une lumière directe/indirecte »

© IA

Appareo

Conçue pour l’éclairage des bureaux, des salles de réunion, des espaces de convivialité et des locaux tertiaires, Appareo est une suspension à LED à émission latérale et produit une lumière directe/indirecte. Lorsqu’il est éteint, ce luminaire se fait très discret grâce à son diffuseur transparent. Une fois allumé, les LED latérales intégrées au cadre en aluminium font apparaître l’écran. Disponible en rond ou carré, en noir et blanc et en deux températures de couleurs de 3 000 et 4 000 K, Appareo admet une puissance de 41 W pour un flux lumineux compris entre 5 100 et 5 360 lm, le tout pilotable en DALI. Showroom Fagerhult 10, rue Chaptal 75009 Paris Sur rendez-vous : contact-Paris@fagerhult.fr Tél. : 01 70 22 48 00

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Lumières Cahier

technique

CONNECTIVITÉ EN ÉCLAIRAGE EXTÉRIEUR

© Osram

Dossier réalisé par Isabelle Arnaud

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Lumières Cahier

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Connectivité en éclairage extérieur, ou ville intelligente, pour ne pas dire « smart city ». Derrière ces vocables, se cachent des systèmes de gestion de l’éclairage et de pilotage des luminaires qui permettent de réduire drastiquement les consommations et d’y ajouter d’autres fonctions que celles d’éclairer. « Clermont-Ferrand, première ville en Europe à généraliser la télégestion de son éclairage public ». 16 000 points lumineux en télégestion avancée fin 2012 50 tonnes : réduction estimée des émissions de CO2 35 à 40 % d’économies d'énergie attendues jusqu'à 60 % aux heures creuses de la nuit 4,6 M* HT d'investissement (hors ingénierie) dont 10 % de la Caisse des Dépôts, suite à l’obtention du label national Ville de demain ÉcoCité.

75%

Détection et gradation Avec l’électronique, les propositions de gestion se multiplient, via notamment la détection de présence, première étape vers un fonctionnement intelligent de l’éclairage public. À l’instar de Crolles (Isère), commune de 38 000 habitants qui, en 2015, a mis en place l’extinction de l’éclairage public aux heures creuses de la nuit (de 0 h 30 à 4 h 30 en semaine et de 2 h à 6 h le week-end) en même temps qu’elle lançait des travaux de rénovation. « La ville de Crolles a souhaité initier un projet pilote avec une gestion de l’éclairage public, accompagné de détection de présence », explique Julien Mora, technico-commercial Éclairage public chez Thorn Lighting, qui a suivi le programme du Quartier des Charmanches et rue des Sources. La commune a ainsi remplacé 37 luminaires équipés de ballons fluorescents 125 W BF par

© Direction de la Communication Ville de Clermont-Ferrand

des installations d’éclairage public en France ont plus de 25 ans et les luminaires sont encore équipés par 15 % à 20 % environ de lampes à vapeur de mercure. Cet éclairage vieillissant pèse lourdement sur le budget des communes : il représente 48 % de la facture d’électricité des petites communes. La réduction des consommations d’énergie est bien un objectif concret et partagé par tous les acteurs du secteur, mais face à leur incapacité budgétaire à rénover, les villes font parfois le choix d’éteindre aux heures creuses de la nuit. Pourtant, d’autres solutions permettent de concilier économies d’énergie, service et développement durable. En effet, la modernisation de l’éclairage public grâce aux solutions LED permet de réduire immédiatement la facture énergétique des communes et génère des économies d’entretien sur le long terme, et bien plus encore. Lentement mais sûrement, au fil des installations neuves et des rénovations, le profil « intelligent » de la ville, via l’éclairage, se dessine.

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15 %

50 %

100 %

© Kawantech

des luminaires LED R2L2 (Thorn), en conservant les mâts de 4 m de hauteur ainsi que les mêmes implantations. En parallèle, l’installation a bénéficié d’un système de gestion utilisant la technologie RF, d’un logiciel (CMS) de supervision. Des plages horaires concernant l’abaissement de puissance et la détection ont été ainsi définies : - 100 % jusqu’à 22 h 00 ; - 50 % de 22 h 00 à 0 h 30 et 70 % si détection ; - 0 % de 0 h 30 à 6 h 00 et 50 % si détection ; - 100 % de 6 h 00 à l’extinction. « La détection s’effectue par groupe de lampadaires afin de pouvoir gérer au mieux les dépla-

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© Thorn. Julien Mora

© Thorn. Julien Mora

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© Thorn. Julien Mora

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cements des piétons : deux ou trois lampadaires s’allument en même temps, puis donnent le signal aux suivants en fonction du déplacement des piétons », détaille Julien Mora. Le système de contrôle d’éclairage InCity (Zumtobel) gère à distance l’infrastructure d’éclairage avec commutation et gradation individuelles et en groupes qui se chevauchent. Il comprend une interface utilisateur Web qui permet d’obtenir les données du système (lampes, drivers, contrôleurs) et les informations sur le détecteur, d’identifier les pannes, de calculer l’énergie. Il donne également accès à distance au système complet et à son statut. Un autre exemple d’innovation, à Toulouse cette fois, où la ville a opté pour le système Kara développé par Kawantech. Les capteurs Kara fonctionnent en réseau. Installés sur chaque luminaire d’une zone, ils analysent les objets qui se déplacent dans la rue et communiquent entre eux pour optimiser l’éclairage public. Ainsi, le calculateur de Kara, qui pilote la puissance des LED, peut discerner une voiture, un piéton ou simplement un mouvement de branche d’arbre  : les rues connectées deviennent alors intelligentes, avec un éclairage qui s’adapte en temps réel aux besoins des utilisateurs. Le Street Light Control (SLC) d’Osram permet également la gradation – certains secteurs de la ville, des routes ou des luminaires individuels – et peut générer des économies d’énergie efficaces et constantes, jusqu’à 50 % par an, tout en réduisant les coûts de maintenance. Il offre aussi la possibilité d’effectuer un suivi détaillé


© Osram/Tvilight

Lumières Cahier

et une analyse de l’installation, permettant de simplifier la planification de la maintenance. La lumière en réseau De nombreux fabricants de luminaires se sont associés avec des entreprises partenaires spécialisées, comme Osram et Tvilight qui vise la demande croissante en lumière en réseau intelligente. La solution conjointe d'éléments d'éclairage adaptif avec la technologie de réseau de capteurs et sans fil permet aux systèmes d’être exploités selon les besoins, avec l’efficacité énergétique et l’optimisation d’entretien. La plateforme du logiciel de Tvilight permet au fabricant de luminaires d’offrir un éclairage en réseau intelligent, et d’intégrer des services de ville intelligente dans des domaines tels que le trafic et la gestion de stationnement, la surveillance de la qualité de l’air, etc. (voir schéma SmartCity ci-dessus). « L’installation d’un matériel intelligent supplémentaire permet d’équiper les colonnes lumineuses et les candélabres existants pour les transformer en groupes polyvalents. Ainsi équipés, il est possible d’imaginer des luminaires mesurant la fréquence du trafic routier et piétonnier, adaptant la lumière en fonction de cette fréquence », explique Stefan Metzner, responsable du département Luminaires extérieurs chez Trilux Allemagne. Aujourd’hui déjà, les luminaires ConStela et ViaCon de Trilux, offrent la possibilité de réaliser de nombreuses applications et fonctions « smart city » : informations sur le statut des lampes,

adaptation de l’éclairage par une gestion en continu, activation du mode d’économie d’énergie avec fonction d’abaissement de nuit, entretien et détection précoce de défaillances ainsi qu’une extension possible par des détecteurs de mouvement et des capteurs de lumière du jour. Il est même possible de modifier la température de couleur des luminaires. Stefan Metzner rappelle, à juste titre, qu’il est relativement difficile d’équiper ultérieurement des structures urbaines existantes de fonctions et systèmes intelligents afin de les perfectionner. « Sans oublier, ajoute-t-il, que les villes intelligentes auront besoin de personnes intelligentes. » D’ailleurs, cette génération n’est-elle pas déjà sur le terrain ? Elle interagit avec les nouvelles technologies et infrastructures, avec les nouveaux réseaux et systèmes de commande pour les faire avancer. Ainsi, des ingénieurs conçoivent des luminaires équipés de petits moniteurs et haut-parleurs, fonctionnant en panneaux indicateurs électroniques, et qui assurent un accès Internet sans fil grâce à un routeur Wi-Fi intégré, servent de stations de recharge pour vélos/voitures électriques ou aident à trouver une place de parking en utilisant la technologie des capteurs. La colonne lumineuse Shuffle de Comatelec, par exemple, propose une approche modulaire qui associe une large gamme de fonctions, qu’elles soient liées à l’éclairage ou non. Le système s’articule autour de l’association de trois types de blocs de construction : un module ou-

technique

Configuration 1 (basée sur CitySense) Chaque luminaire est équipé d’un détecteur CitySense. Lorsqu’un véhicule, un cycliste ou un piéton est détecté, le luminaire repasse à 100 % du flux. Puis, suite à une période sans détection, les luminaires repassent en mode veille avec un flux réduit. On note sur le graphique que les détecteurs communiquent entre eux en RF (radiofréquence) sans fil (wireless). Ainsi, un détecteur peut informer son (ses) voisin(s) de l’arrivée d’un véhicule, cycliste, personne. Le gateway (la passerelle) recueille les informations des détecteurs pour les envoyer vers le serveur Web sécurisé afin de gérer les luminaires à distance grâce au logiciel CityManager. Configuration 2 (basée sur CitySense et Skylite) Principe similaire au 1er, mais le 2e et le 3e luminaire sont équipés d’un controller RF sans fil Skylite. Celui-ci reçoit l’information d’une présence détectée par le capteur CitySense et ajuste son flux lumineux en conséquence. Il communique aussi en RF sans fil et envoie les informations vers le gateway (la passerelle) qui les renvoie vers le serveur en ligne qui permet de gérer les luminaires à distance grâce au logiciel CityManager. Configuration 3 (basée sur Skylite) L’ensemble des luminaires sont équipés d’un controller RF sans fil Skylite. Ils communiquent aussi en RF (radiofréquence) sans fil et renvoient les informations vers le gateway (la passerelle) qui les transmet vers le serveur en ligne afin de gérer les luminaires à distance grâce au logiciel CityManager. Dans les trois cas, grâce au logiciel, le gestionnaire du parc d’éclairage public peut régler les paramètres comme le niveau d’éclairement en fonction des heures d’affluence. Il a aussi une visibilité sur le fonctionnement et les consommations des points lumineux.

LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017 - 49


Lumières Cahier

technique vert sur 180°, un module ouvert à 360° et un anneau lumineux. Tous ces modules sont équipés, au niveau de la partie supérieure et de la partie inférieure, d’une interface conique permettant un empilement coordonné. Le câblage d’alimentation électrique et de commande passe d’un module à l’autre, jusqu’aux boîtiers de connexion fixés à l’intérieur de la partie basse de la colonne. Cette base offre également la possibilité d’intégrer plusieurs fonctions : un point de chargement pour les véhicules électriques, un haut-parleur à forte puissance et un détecteur de mouvement infrarouge passif. La vidéoprotection et réseau WLAN (Wi-Fi) peuvent fonctionner de manière indépendante ou en association. Les images captées par la caméra sont ainsi directement transmises via le réseau WLAN. Les différents modules d’éclairage peuvent être commandés par les systèmes de contrôle OWLET dans un réseau local communicant (LuCo ADP) ou à travers un système de télégestion complet (LuCo NDP).

© Comatelec

Plus connecté, plus résilient, l’éclairage ouvert à d’autres usages Dans un contexte où le trafic de données cellulaires devrait être multiplié par 9 d’ici à 2020, les opérateurs du réseau mobile peinent à acquérir de nouvelles stations cellulaires au sein des espaces publics, afin de fournir à leurs clients les meilleures capacités et couverture

Shuffle de Comatelec

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haut débit mobiles possible. Louer de l’espace à l’intérieur de mâts intelligents leur permet d’accroître leurs réseaux pour que les habitants profitent à la fois de rues éclairées plus sûres et d’une meilleure capacité de données pour smartphones. Ainsi, Philips Lighting et Ericsson ont conjointement présenté un nouveau mât intelligent, Philips lightpole site slim qui associe l’éclairage LED économe en énergie à la technologie cellulaire compacte pour offrir une connexion haut débit ultra-rapide. Nishant Batra, chef des produits d’infrastructure de réseau chez Ericsson, explique que « le mât Philips lightpole site, doté de petites cellules Ericsson entièrement intégrées, permet aux opérateurs de téléphonie mobile de déployer des douzaines ou des centaines de stations cellulaires de manière simple et rapide ». Différents types de luminaires peuvent être placés dans des positions et à des hauteurs variées sur le mât, afin de garantir un éclairage uniforme des rues. Le mât peut être ajouté en complément de lampadaires déjà en place sans avoir à renouveler le parc existant. L’éclairage peut aussi être contrôlé à distance grâce au système de gestion de l’éclairage public Philips CityTouch dans le Cloud, afin de réaliser des économies d’énergie. Le système communique automatiquement avec chaque point lumineux via le réseau de communication Vodafone, et permet de visualiser et contrôler l’ensemble de

© Philips Lighting


Lumières Cahier l’infrastructure d’éclairage en un simple clic, de manière sécurisée. Mais les fabricants et les bureaux d’études (que nous n’avons pas pu citer tous ici) ne sont pas les seuls à opter pour un fonctionnement intelligent de l’éclairage. Dans le cadre du marché à performance énergétique avec la Ville de Paris, EVESA a conçu et déployé en 2016 un nouveau système d’asservissement. 20 000 boîtiers intelligents remplacent les anciens boîtiers « Pulsadis » et les ordres d’allumage et d’extinction s’effectuent désormais en mode radio depuis 23 points d’accès haut débit raccordés sur le réseau fibre optique (THD) géré par la Direction des systèmes d’information de la ville. Chacun des boîtiers qui constituent le maillon de ce réseau interconnecté est opérable à distance et permet une communication immédiate avec les 190 000 points lumineux. Il est ainsi désormais possible de commander en temps réel chaque boîtier d’asservissement et de modifier à distance un programme prédéfini permettant de tenir compte des nouveaux besoins d’allumage ou d’extinction. Le système d’asservissement repose sur une ar-

technique

chitecture de réseau maillé et connecté au réseau fibre optique de la Ville de Paris et sa capacité à proposer en permanence le chemin de communication le plus performant avec l’un des 23 PAHD (Point d'accès haut débit) connectés à la fibre. Si un PAHD ou un boîtier est ponctuellement indisponible, les communications trouvent un autre chemin sans interruption de service. En complément de la commande en temps réel de l’éclairage, la solution permet aussi de synchroniser les horloges des 1 800 contrôleurs de feux tricolores. Cette infrastructure connectée, ouverte et couvrant tout Paris, s’intègre à l’architecture existante et sécurisée et introduit de nombreuses nouvelles opportunités comme la télésurveillance et la régulation des carrefours, la collecte des données mesurées par les capteurs environnementaux (bruit, pollution…) et la surveillance et la commande à distance du mobilier urbain. Grâce à l’électronique, les possibilités de développer de nouvelles fonctionnalités, bien audelà de l’éclairage, paraissent ouvertes et l’écart entre les technologies de pointe et la réalité du terrain commence à se réduire, même si on est encore loin d’une connectivité généralisée… n

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Lumières Zoom

MOUCHARABIEHS

mécaniques

© Georges Fessy

Pour fêter ses 30 ans, la façade de l’Institut du Monde Arabe à Paris s’est offert une cure de jouvence. Ses 240 moucharabiehs sont de nouveau en fonctionnement. En 1987, ils étaient l’œuvre manifeste d’une équipe de jeunes architectes de l’agence Architecture-Studio et de Jean Nouvel. En 2017, l’architecte Daniel Vaniche de DVVD en a assuré la restauration.

Rénovation et économie « La cure de jouvence permet ainsi, au-delà du plaisir des yeux, de revoir ces 240 panneaux jouer avec la lumière », explique Daniel Vaniche. Il fallait aussi « réduire les consommations énergétiques du bâtiment et améliorer le confort des utilisateurs et des visiteurs ».

www.lightzoomlumiere.fr

Composition architecturale Chaque trame de la façade comporte « des milliers de pièces en alliage d’aluminium aéronautique, en acier et en bronze, décrit l’architecte. Un grand moucharabieh central, 40 petits qui l’entourent, 16 moyens en périphérie et enfin 16 autres qui terminent la composition ». 52 - LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017

© IMA-Cateloy

Rubrique réalisée par Vincent Laganier, Light ZOOM Lumière


Lumières Zoom

© DVVD

Pilotage intelligent « La rénovation des moucharabiehs s’accompagne d’un pilotage automatisé individuel de chaque élément, le corrélant à l’éclairement, mais aussi à l’usage de l’espace concerné : un bureau ne fonctionne pas avec la même lumière ni à la même température qu’un espace d’exposition ou la bibliothèque ! », se préoccupe l’architecte.

© IMA-Rambaud

Qualité environnementale Avec ce pilotage intelligent, « la consommation électrique nécessaire à la mise en mouvement est divisée par 20, grâce aux nouvelles technologies employées. Elles vont dans le sens de la qualité environnementale », conclut DVVD.

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Lumières Produits

Des luminaires LED OSRAM pour une ville durable Blagheim, Allemagne. © Osram Lighting.

Osram Lighting intègre de nouvelles solutions gestion de l’éclairage pour les villes. La marque Osram Lighting enrichit ainsi son offre extérieure avec des ensembles design pour les luminaires urbains DL30, DL20, DL50 et FL20 et lance Streetlight 11 pour le l’éclairage routier. Pour une approche architecturale globale, Osram Lighting a lancé des gammes de mobilier urbain dans la continuité des luminaires DL30, DL20, DL50 et FL20. Les nouveaux modèles participent à l’identité visuelle des villes avec une cohérence sur le design, un travail sur le traitement de surface ou bien même des effets d’ombres et de reflets.

Avec le DL30, Osram Lighting transforme les possibilités offertes par la technologie LED dans un luminaire innovant - grâce à quatre distributions lumineuses, une technologie avec un réflecteur à trois facettes, DL30 offre une répartition uniforme de la lumière et un design attractif. Avec une hauteur de montage de 3 à 6 m, DL 30 est destiné à l’éclairage des rues résidentielles, des places, des avenues commerciales, des espaces verts et des parcs. DL30 présente des flux lumineux de 1 400 lm à 6 320 lm avec une efficacité lumineuse jusqu’à 119 lm/W et une durée de vie de 100 000 heures. DL30 a notamment fait ses preuves à Balgheim en Allemagne, qui vient de rénover son éclairage public. L’année dernière, la municipalité a décidé de remplacer les luminaires existants par des solutions en technologie LED. Au total, 176 luminaires urbains DL30 et 36 luminaires routiers Streetlight 10 ont été installés. Ces luminaires intègrent aussi une technologie de réduction de flux lumineux pendant les heures creuses. Lancement de Streetlight 11 : efficient, design, facile à installer, à maintenir et à contrôler Une nouvelle version de Streetlight a vu le jour : adaptée à l’éclairage des rues, des voies et des places, à des hauteurs comprises entre 3 m et 12 m, la gamme Streetlight 11 offre une excellente efficacité lumineuse de 135 lm/W et se décline en trois dimensions avec des flux de 1 000 à 16 000 lm. Elle a été conçue pour une installation aisée et une maintenance sans outil. Grâce à 6 distributions lumineuses différentes, elle s’adapte à de nombreuses applications et intègre plusieurs solutions de gestion de l’éclairage. Les solutions connectées pour un éclairage intelligent Grâce à l’offre Tvilight, il est possible de commander les luminaires extérieurs Osram Lighting avec des détecteurs hyperfréquence qui prennent en compte l’occupation, d’adapter le flux lumineux en fonction des heures d’affluence ou encore d’anticiper la maintenance à distance grâce au logiciel de gestion d’éclairage City Manager. Ces solutions pour les villes intelligentes d’aujourd’hui et de demain permettent d’économiser jusqu’à 50 % des coûts de maintenance et 80 % des consommations d’énergie. www.osram.fr/ls/

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Lumières Produits

ABEL

Acdc

LAMDALUX

PHOTOLIGHT

FUSION

KIANJA

La gamme PhotoLight, lauréate du prix de l’Innovation au SMCL 2017, comprend trois luminaires solaires 100 % autonomes, en 4 000 K. Les cellules photovoltaïques assemblées sur les panneaux verticaux captent l’énergie solaire durant la journée et la transforment en électricité la nuit. Entre 3 et 7 panneaux photovoltaïques sont utilisés pour produire un niveau de puissance adapté en fonction de la taille du luminaire. Straight : 5,80 m ou 4,60 m, jusqu’à 4 200 lm, avec capteur de présence ; Curve : un module à 5 m côté chaussée et 4,40 m côté piétons, jusqu’à 4 200 lm ; Walkway, borne de 1 m, 700 lm.

Cette gamme de projecteurs intelligents est destinée à l’éclairage architectural extérieur. Elle présente une efficacité élevée, délivrant un flux sortant de 2 000 lm à 8 000 lm en couleur monochromatique, ou dynamique avec changement de couleur de LED ou de température de couleur. Le système de gestion thermique permet la gradation du produit quand la température excède 50 °C, grâce à un algorithme de compensation thermique qui assure l’uniformité des couleurs, même dans un environnement extrême. Le driver avec associé à la technologie Hybrid Hydradrive permet la gradation jusqu’à zéro, sans scintillement. Le protocole RDM offre une configuration numérique flexible et simple de chaque appareil de l’installation d’éclairage. IP66.

Ce luminaire, qui peut se monter en applique ou sur mât, est équipé d’un double pivot qui permet plusieurs réglages sur le plan horizontal et vertical. Le corps est en aluminium moulé sous pression et bénéficie d’une finition peinture polyester résistant aux UV et traité anticorrosion. Flux lumineux de 2 830 lm et 3 340 lm pour des températures de couleur respectives de 3 000 K et 4 000 K.

www.abeleclairage.fr

www.acdclighting.co.uk

www.sermes.fr/lamdalux

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Lumières Produits

L’EBENOÏD

MEGAMAN

NOWATT LIGHTING

VERNOSC

GABIO

ONYX COMPACT

Pensé pour être le plus simple possible, ce hublot Vernosc T1 est livré prêt-à-monter et son installation dure moins de 5 minutes. Il possède deux points de fixation et des systèmes de clips. Il est certifié IK08 pour la résistance aux chocs et IP44. Peu gourmand en énergie et classé dans la catégorie énergétique A++ , il consomme seulement 10 W pour un rendement de 82 lm/W. La gamme sera élargie en 2018, notamment avec une version à détection (hyperfréquence) et une deuxième version plus grande Vernosc T2.

Gamme de suspensions LED linéaires qui proposent un flux lumineux puissant jusqu’à 3 500 lm, il offre un UGR ≤ 19 et convient à l’éclairage intérieur des réceptions d’hôtels, restaurants, espaces commerciaux, bureaux, salles de conférence et de réunion. Sa technologie avancée et son efficacité lumineuse élevée, jusqu’à 117 lm/W, en font un luminaire LED économe en énergie. Disponible en plusieurs puissance (20 W et 30 W) et températures de couleur (3 000 K et 4 000 K), il possède une durée de vie de 50 000 heures. Conçu pour être utilisé en connexion multiple, il présente un large angle de faisceau de 90° et son optique assure une distribution de la lumière en éventail, à la fois stable, uniforme et sans éblouissement.

Ce produit se charge à l’énergie solaire et affiche une autonomie garantie de 6 heures. Il possède une carte électronique qui permet d’adapter l’intensité lumineuse (émettrice) à l’intensité photonique (réceptive) et un bloc doté de cinq optiques : 45 mm symétriques (5° ou 20° ou 50°) ; 45 mm elliptiques (6/40° ou 30/60°). Il est doté de LED 3 000°K ou 4 000°K (150 lm/W). Il offre trois modes de fixations : murale, sur mât ou sur pied. L’application Bluetooth permet de choisir, à distance, le type d’éclairage souhaité et les heures d’éclairage désirées.

www.megaman.fr

www.nowatt-lighting.com

www.lebenoid.fr

SAMMODE

SECURLITE

SELUX

NIÉPCE 70 FV

VOILA LED

ELO

Gamme dédiée à l’éclairage des fosses de visites pour sites ferroviaires, ce luminaire reçoit la toute nouvelle vasque coextrudée polycarbonate/ méthacrylate qui associe les caractéristiques mécaniques du polycarbonate à la résistance aux huiles et aux hydrocarbures du méthacrylate. Il comprend une optique spécifique permettant un éclairage direct sous les voitures et un éclairage indirect en fond de fosse tout en limitant l’éblouissement La gamme Niépce 70 FV bénéficie de l’ergonomie Close’n Connect.

Hublot asymétrique spécial accessibilité PMR destiné aux circulations verticales et parties communes. Il permet d’éclairer les cages d’escalier en dirigeant la lumière vers les zones les plus importantes : les volées de marches et les paliers. Il offre une puissance de 23 W, soit une efficacité lumineuse de 127 lm/W. Très résistant aux chocs (IK10) et à l’arrachement, il présente un flux lumineux jusqu’à 2 900 lm. Le détecteur de présence labellisé « Origine France Garantie » dispose de fonctions intelligentes telles que préavis et veille personnalisables, chaînage par liaison radio pour limiter le câblage, réglages par télécommande, etc. Durée de vie de 50 000 h et garantie de 5 ans.

Cette borne a été développée pour l’éclairage des chemins piétonniers, voies d’accès en proximité de bâtiments, parcs et jardins. Discret mais brillant en même temps, l’Elo offre un éclairage uniforme, même à partir de hauteurs d’installation relativement faibles. La lumière douce est émise symétriquement de tous les côtés ou asymétriquement à l’avant. Elo se décline en trois hauteurs : 800 mm, 1 000 mm et 1 200 mm et propose deux flux 1 200 lm en 3 000 K et 1 500 lm en 4 000 K.

www.sammode.com

56 - LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017

www.securlite.com

www.selux.com/fra/fr


Lumières Produits

SYLVANIA

TRIDONIC

ZUMTOBEL

TOLEDO VINTAGE

NET4MORE

CARDAN EVOLUTION

Cette lampe rétro offre une distribution omnidirectionnelle de la lumière (300°). Avec un flux lumineux jusqu’à 250 lm, elle crée un effet de faible luminosité. Ces lampes sont particulièrement adaptées pour des installations à faible hauteur. D’une durée de vie moyenne de 15 000 heures, elles permettent de réaliser jusqu’à 92 % d’économie d’énergie par rapport aux lampes incandescentes. Dotée d’une température de couleur de 2 000 K, elle présente une enveloppe en verre ambrée, trois formes uniques de filament (Helix, Cord, Flow) et cinq modèles de lampes (Flamme, Globe 120, A60, Globe 95, ST64), dont certains disponibles en version gradable.

Cette solution basée sur l’IPv6 permet à tous les luminaires et capteurs de communiquer entre eux sans avoir besoin d’une passerelle. 3 versions, peuvent être combinées sur une même installation, sont proposées : PoE (Power over Ethernet), PaE (Power and Ethernet) et une version sans fil utilisant le protocole de communication Thread. La boîte à outils net4more se compose de modules LED, drivers, modules de communication, switches, routers, points d’accès Wi-Fi, capteurs, applications, Cloud et interfaces ouvertes. Facile à utiliser, concevoir et planifier, net4more est une solution ouverte, flexible et évolutive pour les bâtiments et les villes de demain.

Le luminaire encastré associe un look moderne à une technologie LED de pointe qui permet de créer un éclairage d’accentuation et de stimuler l’expérience d’achat. En outre et grâce à sa multitude de formes, de dimensions, d’équipements, de couleurs de lumière et d’accessoires différents, ce luminaire répond à toutes les exigences des domaines de la présentation et de la vente. De nouvelles optiques offrent des possibilités d’ajuster le faisceau lumineux et d’obtenir une illumination verticale. 96 lm/W et IRC 90.

www.feilosylvania.com

www.tridonic.fr

www.zumtobel.com/fr

GE Lighting élargit sa gamme de downlights Les nouveaux downlights viennent enrichir la gamme des « Essentiels LED » pour répondre aux exigences de l’éclairage des bureaux, des immeubles commerciaux et de l’hôtellerie-restauration. Un choix désormais simple pour un passage à la LED en toute sérénité et pour bénéficier des économies d’énergie considérables ainsi que d’une durée de vie exceptionnelle.

Le Slim LED offre une sélection de plusieurs tailles : diamètre 180 mm - pour 12 W ; - 240 mm pour 18 W ; et températures de couleur : 3 000 K, 4 000 K et 6 500 K. Avec une efficacité lumineuse qui peut atteindre jusqu’à 90 lm/W et une durée de vie 45 000 h (L70), il peut facilement remplacer les downlights à lampes fluocompactes et économiser ainsi 54 % d’énergie.

L’Eco LED se décline en diamètres 173 mm et 221 mm, en trois puissances, 11 W, 16 W et 22 W, et trois températures de couleur, 3 000 K, 4 000 K et 6 500 K. Il présente une efficacité lumineuse de 100 lm/W, un IRC de 80 et propose un faisceau de 100°. Il comprend un réflecteur en polycarbonate intégré et une enveloppe en aluminium blanc pour une meilleure dissipation de la chaleur et 0,5 à 2 mm² de câble pour une connexion facile réalisée par des ressorts latéraux. Sa durée de vie est de 45 000 h (L70).

Downlight diffuseur propose trois puissances, 11 W, 15 W et 22 W, avec respectivement trois flux : 1 100 lm, 1 500 lm et 2 200 lm, soit une efficacité lumineuse de 100 lm/W. Comme les autres downlights, il se décline en trois températures de couleur : 3 000 K, 4 000 K et 6 500 K avec un IRC supérieur à 80. Sa durée de vie est de 45 000 h (L70).

www.gelighting.com

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Lumières Index SALONS

LES DOCKS – CITÉ DE LA MODE ET DU DESIGN, PARIS Du 23 au 25 janvier 2018

PALAIS BRONGNIART, PARIS 8 et 9 février 2018

Spécialistes de l’équipement et de la valorisation des musées, des lieux de culture et de tourisme, mais aussi de l’accessibilité et de l’attractivité de la ville se rassemblent au SITEM pendant trois jours. 34, quai d’Austerlitz, 75013 Paris Mardi 23 janvier : 9 h 30 - 18 h 30 Mercredi 24 janvier : 9 h 30 - 19 h Jeudi 25 janvier : 9 h 30 - 18 h www.museumexperts.com/sitem

Premier événement mondial totalement dédié au LiFi avec plus de 20 conférences présentées par les plus grands experts. Les leaders scientifiques et économiques du LiFi seront réunis pour insuffler une vision structurante, et définir le futur de cette nouvelle technologie qui va révolutionner la connectivité des IoT (Internet of Things – Internet des objets connectés). De nombreuses conférences business et scientifiques, un salon professionnel, un espace de networking et des rendez-vous en 1 to 1. 16, place de la Bourse, 75002 Paris http://lificongress.com

FRANCFORT-SUR-LE-MAIN Du 18 au 23 mars 2018

PAVILLON 1 PARIS PORTE DE VERSAILLES Du 10 au 12 avril 2018

« En réseau – sécurisé – confortable », telle est la devise de Light + Building. Doté de ce nouveau thème directeur, de nouvelles grandes rubriques thématiques, d’une nouvelle présentation spéciale et d’un niveau d’exposition supplémentaire, le salon est centré sur les thèmes majeurs « Smartification du quotidien » et « Esthétique et bien-être en harmonie ». L’industrie présente des solutions intelligentes en réseau, des technologies porteuses d’avenir et les tendances actuelles de design qui renforcent la rentabilité d’un bâtiment tout en augmentant le confort et le besoin de sécurité de ses utilisateurs. Le Salon de l’innovation Light + Building réunit tous les systèmes de la technique des bâtiments à pilotage électrique. https://light-building.messefrankfurt.com

Ce salon est le rendez-vous français des professionnels de l’aménagement, du mobilier et des solutions pour les espaces de travail. Son ambition est de présenter de nouveaux concepts, d’être un carrefour d’échanges, de mettre en lumière les acteurs du marché. Manifestation réservée uniquement aux professionnels et non autorisée aux étudiants. L’accès est autorisé sur présentation du badge nominatif ou d’une invitation accompagnée d’un justificatif (carte professionnelle...). Mardi 10 avril 2018 – 9 h 00 – 18 h 00 Mercredi 11 avril 2018 – 9 h 00 - nocturne jusqu’à 21 h Jeudi 12 avril 2018 – 9 h 00 – 18 h 00 www.workspace-expo.com

ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS

Loupi....................................................... www.loupi-lighting.fr/fr...........................................29, 30, 39 Lumières utiles........................................ www.lumieresutiles.com.....................................................34 Maffre Architectural Workshop................ www.mawarchitectes.com..................................................34 Muséum d'histoire naturelle.................... www.mnhn.fr......................................................................28 Osram Lighting........................................ www.osram.fr/cb....................................................48, 49, 54 Philips Lighting........................................ www.lighting.philips.fr.............................................20, 37, 50 Quartiers Lumières (Lionel Bessières)..... www.quartierslumieres.com...............................................12 Radiance35 (Isabelle Corten)................... www.radiance35.eu/fr.........................................................13 RZB......................................................... www.rzb.de/fr...............................................................18, 19 Sammode................................................ www.sammode.com.............................................................8 Studio Vicarini......................................... www.vicarini.com................................................................13 Syndicat de l'éclairage ........................... www.syndicat-eclairage.com................................................6 Targetti.................................................... www.targetti.com/fr...........................................20, 21, 36,39 Thorn...................................................... www.thornlighting.fr................................................11, 47, 48 Trilux....................................................... www.trilux.com/fr................................................................49 Vernassa Electricité................................. www.vernassa.fr...........................................................18, 19 Veralbane................................................ www.veralbane.com...........................................................35 Ville de Clermont-Ferrand........................ https://clermont-ferrand.fr...................................................47 Ville de Crolles......................................... http://www.ville-crolles.fr/.............................................47, 48 Wonderfulight (Anne Bureau)................... http://wonderfulight.com.....................................................12 Zumtobel................................................. www.zumtobel.com.......22, 23, 24, 26, 32, 33, 34, 36, 38, 48

8'18''...................................................... www.8-18lumiere.com..........3, 16, 17, 22, 23, 24, 25, 26, 36 (Georges Berne, Rémy Cimadevilla, François Migeon) Abraxas Concepts (Philippe Collet).......... https://abraxasconcepts.com/fr.....................................29, 30 ACE......................................................... www.ace-fr.org.............................................................12, 13 AFE.......................................................... www.afe-eclairage.fr...........................................................14 Agence ON (vincent Thiesson)................. www.agence-on.com..........................................................13 Agence Stéphanie Daniel........................ http://agencestephaniedaniel.com.......................... 32, 33, 34 Amado Octavio........................................ http://octavioamado.com.....................................................43 Architecture Studio.................................. www.architecture-studio.fr/fr/.............................................52 Arco Concept........................................... www.arcoconcept.fr............................................................18 Ateliers Jean Nouvel................................ www.jeannouvel.com................ 22, 23, 24, 25, 26, 32, 36, 52 Artemide................................................. www.artemide.com................................................. 22, 25, 39 Auroralighting.......................................... www.auroralighting.com/fr..................................................40 Collingwood............................................ www.collingwoodlighting.com/fr.........................................40 Comatelec-Schréder............................... www.schreder.com/fr-fr................................................49, 50 Concepto (Loeïza Cabaret)....................... www.concepto.fr...........................................................10, 11 Concord................................................... www.feilosylvania.com..................................................31, 38 DVVD (architecte Daniel Vaniche)............ www.dvvd.fr........................................................................52 Erco......................................................... www.erco.com...................................... 22, 25, 26, 30, 31, 39 Evesa...................................................... www.evesa.fr/fr.......................................................10, 11, 51 Fagerhult................................................. www.fagerhult.com/fr...................................................44, 45 Fasual..................................................... www.fasual.fr......................................................................40 Feilo Sylvania.......................................... www.feilosylvania.com............................................30, 31, 38 GE Lighting.............................................. www.gelighting.com.....................................................40, 57 Girard Sudron.......................................... www.girard-sudron.fr..........................................................15 Holight..................................................... http://www.holight.com/......................................................38 iGuzzini................................................... www.iguzzini.com/fr................................................12, 37, 39 Ingélux.................................................... www.ingelux.com................................................................22 International day of light.......................... www.lightday.org..................................................................7 Journée internationale de la lumière....... www.lumiere-societe.fr.........................................................7 Kawantech.............................................. www.kawantech.com/fr......................................................48 Lamdalux................................................ www.sermes.fr....................................................................38 Lec.......................................................... www.lec.fr...........................................................................11 Ledvance................................................ www.ledvance.fr.................................................................40 Lighteconcept......................................... https://luxiol.portfoliobox.net...............................................13 LightingEurope........................................ www.lightingeurope.org .......................................................9 Light Zoom Lumière................................ www.lightzoomlumiere.fr..............................................52, 53 58 - LUMIÈRES N°21 - DÉCEMBRE 2017

ANNONCEURS

TRILUX........................................................................................................................................2e couv. TRIDONIC....................................................................................................................................3e couv. HOLIGHT..................................................................................................................................... 4e couv. DIAL......................................................................................................................................................9 FEILO SYLVANIA...................................................................................................................................41 LIGHT ZOOM LUMIERE........................................................................................................................15 LIGHT+BUILDING.................................................................................................................................14 OSRAM LIGHTING................................................................................................................................51 RZB.......................................................................................................................................................7 SECURLITE..........................................................................................................................................55 SITEM..................................................................................................................................................42 THORN..................................................................................................................................................5



Lumières N° 21 - DÉCEMBRE 2017

- 19 E

PROJET

Louvre Abu Dhabi Architecte : Jean Nouvel Conception lumière : 8’18’’ DOSSIER

Éclairage des musées


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