Pour la gestion active du bâtiment tertiaire, industriel et collectif
CVC
Le froid solaire Sécurité
Objets connectés Datacenters
Courant continu ou alternatif ?
Internet des objets et bâtiment connecté INTERVIEW
Bruno Barlet
Directeur général, Legrand France
« Le bâtiment est en train de passer d’un statut un peu inerte à un statut beaucoup plus actif et évolutif » La revue de l’ÉCO-EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE
ISSN 0758-3826 / FÉVRIER 2015
832
éDITO
Connectés, pour le meilleur et pour le pire
© DR
P Le passage du discours expert au développement industriel nécessite encore de lever les inquiétudes liées au contrôle des données ainsi qu’à la sécurité.
armi les grands salons qui donnent le ton de l’année en matière de technologie, le Consumer Electronic Show ou CES de Las Vegas fait figure de grand-messe annuelle. Au sortir de l’édition 2015, deux constats s’imposent, largement relayés par la presse : tout d’abord, la présence massive des entreprises françaises et, ensuite, la percée de l’Internet des objets.
Le premier constat est encourageant pour des entreprises françaises éprouvées par une année 2014 atone. Mais la présence à un salon ne fait pas la présence sur le marché, et nombre d’entreprises aux innovations prometteuses en sont encore à l’exploration de leurs solutions. Il y a donc pour les start-up les plus récentes un défi d’industrialisation à relever. Pour les entreprises plus installées, comme le rappelle dans nos colonnes l’expert Dimitri Carbonnelle, le défi à venir est celui de l’innovation ouverte. En effet, le risque existe pour des acteurs historiques de se voir marginalisés sur des segments où ils perdent la relation avec le client final. Le second constat interpelle plusieurs secteurs industriels, appelés à reconfigurer leur offre. La présence au CES d’entreprises comme Legrand, Archos ou encore Netatmo, montre à quel point le développement du connecté va impacter le bâtiment. Si, comme le déclare John Chambers, patron de Cisco, l’Internet des objets s’apprête à avoir un impact dix fois supérieur à celui qu’a eu Internet, alors l’environnement de l’habitat, de la ville et de la mobilité est sur le point de changer en profondeur. C’est également l’analyse de Bruno Barlet, directeur général de Legrand France, qui constate qu’aujourd’hui les besoins des occupants d’un bâtiment ont radicalement changé, notamment en connectivité et en énergie. Grâce à la convergence de l’électrique et du numérique, rappelle-t-il, nous sommes en train de voir arriver le bâtiment intelligent dont on parle depuis des décennies.
Pour autant, le passage du discours expert au développement industriel nécessite encore de lever les inquiétudes liées au contrôle des données ainsi qu’à la sécurité et au pilotage de ces objets. Comme l’évoquent nos articles, avec l’Internet des Objets, la volumétrie des données sensibles sur Internet et dans le Cloud devrait croître de manière exponentielle, et utilisateurs et exploitants devront être vigilants à bien les protéger. Aymeric Bourdin, rédacteur en chef En couverture : En ce début d’année et suite au Consumer Electronics Show de Las Vegas, une nouvelle tendance prend de l’importance dans le secteur du bâtiment : les objets connectés. Mais si ces nouveaux arrivants offrent de formidables opportunités, ils soulèvent aussi un certain nombre de questions en termes de sécurité. En cette période d'examen du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, J3e présente également les gisements de la performance énergétique pour le bâtiment, depuis les datacenters jusqu’au froid solaire. © Fotolia - © Philippe Stroppa
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 3
sommaire j3e N° 832 Février 2015
« Le bâtiment est
j3e est un périodique inscrit à la Commission paritaire des publications et agences de presse sous le n° 0617 T 85793. Il est édité par la Société 3e Médias, SAS au capital de 140 000 euros ; siège social, 23, rue Galilée, 75116 Paris ; représentant légal Jean Tillinac.
en train de passer d’un statut un peu inerte à un statut beaucoup plus actif et évolutif.
© Philippe Stroppa
»
Interview
© 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Toutefois, des photocopies peuvent être réalisées avec l’autorisation de l’éditeur. Celle-ci pourra être obtenue auprès du Centre Français du Copyright, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, auquel 3e Médias a donné mandat pour le représenter auprès des utilisateurs. Tél. : + 33 (0) 1 44 07 47 70. Dépôt légal : janvier 2015 Conception graphique - Réalisation : Planète Graphique Studio - Paris 17e Impression : IPPAC / Imprimerie de Champagne 52500 Langres. Directeur de la publication : Jean Tillinac Administrateur : Xavier Desmaison Rédaction 3e Médias 9, rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris Tél. + 33 (0) 9 82 34 89 62 Email : redaction@filiere-3e.fr Rédacteur en chef : Aymeric Bourdin Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Jean-François Moreau, Jean-Paul Beaudet, Marc Bourhis, Marion Fontbonne, Olivier Durand. Diffusion Marketing-développement : David Le Souder Relations abonnements : Solène Collat Abonnement pour la France : voir page 5. Pour l’étranger : 155 EHT franco ; 175 E HT par avion Prix au numéro : 17 E Publicité 3e Médias Sandrine de Montmorillon Responsable publicité print & digital 39, rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris Tél. + 33 (0) 9 82 34 89 62 sdm@filiere-3e.fr
6
Bruno Barlet Bruno Barlet
Directeur général, Legrand France. actualité
11 - S mart Grids : RTE et l’École centrale de Nantes lancent une Chaire dédiée
aux réseaux intelligents E fficacité énergétique : Société Générale confie à Ubigreen le projet de pilotage énergétique de son parc immobilier
Efficacité énergétique : Construction du second lycée à énergie positive M enuiserie : Le module FEEBat Renov v1 pour la délivrance de la mention RGE
12 - Conférence Climat Paris 2015 : Le compte à rebours a commencé
13 - Lancement : Distech Controls fait entrer les bâtiments dans l’univers des objets
connectés 14 - EnerGaïa : Un format qui fait l’unanimité Retour d’expérience : Le premier CPE signé en France montre des résultats conformes aux engagements Transition énergétique : Les propositions de François Hollande pour son financement RT 2012 : Une dérogation jusqu'au 1er janvier 2018
15 - Efficacité énergétique : Lancement d'une expérimentation de trois piles
à combustible au gaz naturel Facture énergétique : 4 français sur 10 éprouvent des difficultés à payer leur facture de chauffage Podium énergétique mondial : La France troisième du classement EAPI à lire
16
Guide méthodologique : Comment favoriser le développement de l’économie
circulaire en régions ? Éditions Les Petits Matins : Énergie et prospérité : les entrepreneurs au cœur de la transition Étude IFOP : Les Français, les collectivités et la transition énergétique 17 FAQ DEEE 2014 : Un questions/réponses pour tout savoir du contexte réglementaire Guide Génie des lieux : Le guide des bonnes pratiques pour la performance et le bien-être dans les espaces de travail éditions Belin Infographie : La transition énergétique en chiffres, comprendre vite et mieux analyses
20 Internet des objets : quels enjeux pour la pérennité de ses réseaux ? 22 Quelles politiques pour la transition énergétique ?
LISTE DES ANNONCEURS - N° 832 - février 2015 ABB Batimat Espagne General Electric Activ DBS citel
4 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
2e de couv. 3e de couv. 4e de couv. 15 31
Electriciens sans frontières Nissan Partex Salon des Achats et de l'Environnement de Travail 2015
10 17 - 19 27 38
sommaire
Les dossiers du mois
Offre papier + numérique
énergie
23
n A bonnement
pour rafraîchir ou climatiser : Le froid solaire
Offre tout numérique bonnement n A
23
1 an : 100 e TTC
9 numéros du magazine en version électronique uniquement (diffusion par e-mail) + accès à l’ensemble du site Internet
Performance énergétique
28 Datacenters :
Le courant continu va-t-il supplanter le courant alternatif dans les datacenters ?
n Règlement par chèque bancaire à l’ordre de 3e Médias
Oui, je souhaite m’abonner au multimédia
28 Sécurité
32
1 an : 150 e TTC
9 numéros du magazine papier + accès à l’ensemble du site Internet
L’énergie solaire
Bulletin à découper ou à photocopier et à nous retourner dûment complété à l’adresse suivante : j3e Service Abonnement – 23, rue Galilée – 75116 Paris Cedex Pour tout renseignement sur votre abonnement, contactez Solène Collat. Tél. : 01 44 92 50 41 ou par e-mail : scollat@filiere-3e.fr
Objets connectés et sécurité :
Le piratage et l’utilisation des données, des risques à prendre très au sérieux 32 réalisation
34 Efficacité énergétique : EcoZA, une zone d’expérimentation de
l’efficacité énergétique pour les PME CVC
39 Chauffage hybride, une solution adaptée pour le tertiaire
Nom ................................. Prénom........................................ Société ................................................................................... Activité ................................................................................... Adresse .................................................................................. ................................................................................................ Code postal ...................... Ville ............................................. Tél. ..................................... Fax .............................................. E-mail .....................................................................................
et le collectif : Solution hybride pour le chauffage et l’ECS
À compléter
évènement
42 R etour du CES 2015 : entre French Tech et objets connectés
F Fournisseurs Energie FP n Production FT n Transport
chiffres clés
FD n Distribution
43 Les objets connectés
C Construction / Fabrication CE n Equipement Electrique
portrait d’entreprise
CL n Eclairage
44 Cap Technologie, un savoir-faire technique et des produits
symboles de ses valeurs, « autonomie, évolutivité et sensibilisation »
CG n Génie climatique CM n Mesure, Contrôle CA n Automatismes CI n Micro informatique
Le plus lu sur www.filiere-3e.fr
46 De l’IoT à l’IoE : la conférence de John Chambers au CES 2015
CV n VDI - Sécurité, communication CO n Outils
ailleurs sur le web
O Maîtrise d’Ouvrage
46 Californie : une feuille de route pour le stockage d’électricité 47
Produits
Legrand ● Finder ● Hager ● C STB ● Groupe Betom ●
Cap technologie ● Livingston Services ● Siemens ● Ge Industrial Solutions ●
fondateur de Livosphere
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 5
IV n Installateurs Réseaux, VDI U Exploitants UI n Utilisateurs industrie UT n Utilisateurs tertiaire UF n Utilisateurs infrastructures UC n Collectivités territoriales G Enseignement / formation GA n Enseignant GB n Etudiant GC n Stagiaire S Services SA n Direction générale SC n Direction commerciale
OE n Etat (Ministères, DDE, DDA)
SK n Chargé d’affaires
PP rescription / Maîtrise d’œuvre PA n Architecte
SL n Direction marketing SM n Direction des travaux SB n Direction des études
PI n Architecte d’intérieur
SN n Services techniques
PE n BE, ingénierie, conseil
SX n Autres
PC n Bureau de contrôle
DI n Importateur
50
IC n Chauffagiste, climaticien IA n Automaticien, informaticien, instrumentiste
OT n Collectivités territoriales
D Distribution
50 Dimitri Carbonnelle,
IE n Electricien
OP n Promoteur, constructeur
PM n Métreur, économiste, géomètre
3 questions à
I I nstallation / Maintenance
E Effectif de l’entreprise E0 n 1 à 4 E1 n 5 à 10 E2 n 11 à 50 E3 n 51 à 300
DG n Grossiste
E4 n 301 à 1000
DD n Détaillant
E5 n + 1000
INTERVIEW
»
6 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
ippe S © Phil
en train de passer d’un statut un peu inerte à un statut beaucoup plus actif et évolutif
troppa
«Le bâtiment est
INTERVIEW
Propos recueillis par Aymeric Bourdin
Bruno Barlet Directeur général, Legrand France. Nommé l’an dernier au comité de direction
du leader mondial de l’appareillage électrique, Bruno Barlet est aujourd’hui le directeur France du groupe. Spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment, l’offre de Legrand répond aux grandes évolutions du monde. Le groupe continue de renforcer ses positions dans les marchés prometteurs : en dix ans, l'exposition de Legrand à ces marchés d'avenir a plus que doublé pour représenter, en 2013, près de 40 % de ses ventes. j3e - L’année 2014 a été difficile pour l’économie en France et pour le secteur du bâtiment en particulier. Quels sont les projets et enjeux de Legrand France pour 2015 ? Bruno Barlet - Oui, 2014 a été pour notre secteur une année négative, notamment dans l’environnement de la construction neuve, qui a atteint un point bas presque historique pour les logements. Pour Legrand, c’est une année durant laquelle nous avons pris tout de même beaucoup d’initiatives d’innovation commerciale et d’organisation, afin de préparer l’avenir. Sur le fond, Legrand France s’est lancé dans une transformation pour être plus proche de ses clients, notamment en investissant dans la réalisation de huit centres de formation et de présentation de ses innovations, intitulé Innoval. Le premier a ouvert à Lyon en octobre dernier. Nous allons poursuivre ce programme d’innovations commerciales en 2015 en régions, avec Rennes, Bordeaux et Nantes. Puis, en 2016, nous ouvrirons trois autres sites, pour avoir un maillage complet, afin qu’à deux heures de tous nos clients nous puissions avoir un lieu où l’on présente les solutions les plus innovantes de Legrand. Dans ces lieux, nous proposerons également de l’accompagnement technique, du conseil et de l’assistance technicocommerciale et des formations pour les professionnels. Il s’agit d’un lieu de concrétisation des projets, à destination des professionnels. C’est un Project Store. Par ailleurs, nous investissons dans les outils et les systèmes d’information et dans le numérique. Objectif : améliorer nos sites Internet, afin de les rendre de
plus en plus interactifs, avec l’intégration de configurateurs en ligne, pour faciliter le choix et guider la construction des solutions. Nous avons enfin rassemblé les équipes sous une seule marque en 2014 pour porter plus largement nos offres. Pour le même client, cela permet d’avoir un seul interlocuteur qui peut aller plus loin dans la solution, à un moment où les technologies irriguent nos offres et des passerelles entre elles. Dans le résidentiel, par exemple, le comptage de l’énergie qui est fait dans le tableau électrique va renvoyer ces données, à partir de 2015, vers le portier vidéo qui va devenir un afficheur. j3e - Comment ces passerelles dues à la transformation électrique et numérique convergent-elles vers le métier de l’électricité ? Bruno Barlet - Legrand a redéfini depuis une dizaine d’années son métier comme étant le spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment. Le constat est qu’historiquement il y avait un seul réseau, électrique. Aujourd’hui, le réseau IP est en train de descendre partout dans les bâtiments. Cela se traduit par des choses simples comme les bornes connectées dans les aéroports ou les gares. Connectées au réseau électrique et au réseau Internet, elles permettent de faire l’enregistrement, de modifier un billet, etc. Le prolongement de ces interfaces donne des applications mobiles, qui permettent non seulement de gérer vous-même votre billet dans le hall de la gare, mais également le gérer à distance avec des
applications qui viennent mettre le guichet SNCF dans votre poche. À la faveur du développement du réseau numérique dans les bâtiments, on va pouvoir gérer des données et les mettre à disposition des exploitants, des mainteneurs ou des installateurs. Le bâtiment est en train de passer d’un statut un peu inerte à un statut beaucoup plus actif et évolutif. Depuis un demi-siècle, on construisait des bâtiments assez figés, où l’installation électrique avait une durée de vie d’environ trente-cinq ans. Aujourd’hui, les besoins des occupants ont radicalement changé, notamment en connectivité et en énergie. C’est pourquoi le bâtiment est en train de devenir de plus en plus connecté et va accueillir de plus en plus de services. Dès lors qu’il est connecté, on peut mieux le gérer à distance, avoir des rapports d’état en cas de défaillance, mesurer, optimiser, réduire sa consommation d’énergie, etc. Grâce à la convergence de l’électrique et du numérique, nous sommes en train de préparer le bâtiment intelligent dont on parle depuis des décennies. Je crois que pour que cela démarre véritablement, il fallait cette phase de maturité dans laquelle nous sommes en train d’entrer. j3e - À ce propos, comment Legrand se positionne-t-il en termes de compétences complémentaires? Avez-vous eu recours à la croissance externe, au développement en interne ? Bruno Barlet - Nous pratiquons les deux. Depuis dix ans, on note une accélération sensible des acquisitions de Legrand dans de nouveaux métiers. On
...
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 7
INTERVIEW
Bruno Barlet
« Grâce à la convergence de l’électrique et du numérique, nous sommes en train de préparer le bâtiment intelligent dont on parle depuis des décennies. » ...
peut citer dans le domaine des réseaux numériques, par exemple, Ortronics, aux États-Unis, spécialiste des réseaux data, parmi bien d’autres. Parallèlement à ces acquisitions, nous avons développé un savoir-faire interne. Ces technologies sont des greffes de nouveaux savoir-faire acquis par le groupe, que nous faisons grandir. Récemment, nous avons fait plusieurs acquisitions dans le domaine des solutions pour datacenters, ainsi que dans le domaine des onduleurs (UPS), en lien avec la sécurisation du réseau électrique. Dans le domaine résidentiel, nous avons réalisé des acquisitions dans le maintien à domicile des personnes âgées, secteur qui est typiquement lié à la connectivité du bâtiment. Le constat est qu’un certain nombre de pays, dont l’Europe, mais aussi la Chine ou le Japon, sont confrontés au vieillissement de la population. L’objectif de fond est d’assurer le bienêtre et la sécurisation des personnes le plus longtemps possible chez elles. Pour
© DR
Quatil easy, le nouveau visage de la téléassistance, permet de prévenir en cas d’incident.
8 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
une personne âgée, quitter son environnement de vie est déjà difficile sur le plan social, mais également sur le plan économique, car cela coûte cher. Nous travaillons, avec ces nouvelles solutions, à maintenir les personnes le plus longtemps possible chez elles, avec un équipement qui les raccorde à leurs proches ou à l’extérieur. Dans ce domaine-là, nous avons fait l’acquisition d’Intervox en 2010, de Tynetech, en Grande-Bretagne, en 2012, et réalisé une joint venture avec Neat, une entreprise espagnole, en 2013. Aujourd’hui, nous sommes n° 2 mondial de ce métier auquel nous croyons beaucoup. Et autour de ces solutions pour les personnes âgées, nous allons greffer d’autres solutions pour développer un écosystème. C’est une application très concrète de la domotique. Nous pourrions donner d’autres exemples : la maîtrise de l’énergie commence par le comptage et l’affichage des données. Nous travaillons au développement d’offres de comptage pour le bâtiment tertiaire et résidentiel, afin
de rendre les occupants responsables de leur consommation. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de prise de conscience. Ces solutions vont toutes être connectées au réseau, car il faut permettre au compteur de renvoyer ces données, sur un smartphone, un PC, une tablette, etc. Nous voyons cette convergence des réseaux électriques et numériques au service de bâtiments plus intelligents, optimisés, efficaces, évolutifs. j3e - Au-delà du bâtiment, on trouve dans la ville connectée le véhicule électrique. Où en est le développement de cette technologie ? Bruno Barlet - Comme tout marché émergent, la maturité ne peut être planifiée. C’est un sujet dont on parle depuis trois ou quatre ans, sur lequel les constructeurs se sont focalisés, notamment le groupe Renault, l’acteur qui a enclenché le mouvement vers l’électrique de la façon la plus franche. Si cela progresse moins vite qu’envisagé, ce n’est pas pour moi une surprise. L’émergence d’un nouveau marché ne peut pas se faire en quelques années. Il va falloir des étapes au cours desquelles les avancées technologiques vont favoriser l’émergence de ce marché. L’approche que nous avons du sujet chez Legrand est très pragmatique et centrée sur notre domaine d’excellence qui est le bâtiment. Notre vision est qu’il y a deux dimensions dans les infrastructures de charge et le véhicule électrique : la dimension urbaine, qui à ce jour est probablement la plus visible du grand public, notamment dans les villes comme Paris, avec la réalité visible des bornes. L’autopartage est une réalité et passe forcément par des points de charge de ce type.
INTERVIEW
Bruno Barlet
©
© QUEREL, Xavier / LEBON, Philippe / PRODIGIOUS
La Renault Zoé en charge sur une prise Green up.
À côté de ce mouvement, il y a le mouvement d’équipement progressif des entreprises, des collectivités et des particuliers, qui se fait dans les bâtiments. Cela peut être le domicile, le lieu de travail ou le parking. Ces solutions de charge s’appellent Green up. Elles sont totalement sécurisées et simples à installer pour des professionnels. On peut en mesurer la consommation d’énergie, planifier et piloter les heures de charge de son véhicule si l’on veut éviter de rajouter de la charge sur les heures de pointe de consommation. La principale innovation de Legrand a été de faciliter au maximum l’utilisation du véhicule électrique, en permettant à chacun de se brancher sur n’importe quelle prise de courant. C’est pourquoi nous avons développé la prise innovante Green up Access, qui est le « type » domestique, renforcé. En résumé, pour le véhicule électrique, nous disposons à la fois d’une borne de charge, comme l’ensemble des industriels de notre secteur, mais aussi de la solution Green up Access, qui est pratiquement dix fois moins chère que la borne classique. Renault a d’ailleurs décidé de livrer toutes les Zoé et Kangoo ZE avec cet équipement, parce que c’est un grand confort pour les utilisateurs de pouvoir recharger leur véhicule où ils veulent. À ce jour, nous sommes les seuls à proposer ce système sous brevet Legrand, même si nous sommes en discussion avec d’autres industriels.
j3e - Pensez-vous que les industriels et le grand public sont prêts pour ces technologies ? Bruno Barlet - L’offre de mobilité électrique est en train de s’étoffer. C’est à travers ce mouvement d’une offre électrique graduée et plus large que va se construire le marché. Aucun marché ne se construit avec un monoproduit ou une monosolution. C’est bien un mix d’offres très larges qu’il faut construire et c’est ce qui est en train de se passer, même s’il prend plus de temps que prévu. j3e - Que pouvez-vous dire des marchés nationaux et internationaux en termes de croissance, d’opportunités et de produits aujourd’hui ? Bruno Barlet - La France est aujourd’hui dans une situation conjoncturelle moins bonne que celle des marchés internationaux. Nous avons donc un marché français qui est inférieur à la moyenne du groupe, pour des raisons conjoncturelles. Ce qui en revanche est intéressant et peut-être lié d’ailleurs, c’est qu’il s’agit également d’un marché sur lequel il y a des terrains d’innovation assez favorables. Ce marché est en train d’atteindre la maturité sur plusieurs aspects. Tout d’abord, la maturité technologique : nous avons une infrastructure électrique et numérique de qualité, avec une filière forte, depuis les producteurs, les réseaux jusqu’à toute la chaîne industrielle que nous sommes : distributeurs de matériel électrique, installateurs et fédérations professionnelles. Il y a bel et bien une filière de l’excellence dans l’électrique et le numérique en France.
Cela implique que le groupe Legrand a la capacité à construire avec cette filière forte, sur le mouvement de la maîtrise de l’énergie ; depuis le Grenelle, un vrai mouvement a été enclenché ; sur la mobilité électrique, nous sommes aussi le premier marché mondial. Nous avons un niveau d’équipement numérique très élevé. Je considère que le marché français, dans une conjoncture difficile, a des capacités fortes à se régénérer sur les nouvelles technologies. C’est pourquoi je vois des points d’optimisme, au-delà du contexte conjoncturel immédiat L’autre ingrédient intéressant, c’est que le groupe Legrand a construit au cours de son histoire une notoriété de marque forte et une vraie relation de partenariat avec sa filière de distributeurs et d’installateurs. Nous sommes également un des pays qui contribuent à alimenter assez fortement les réflexions du groupe à travers l’innovation commerciale, en communication, en marketing, etc. Il y a un équilibre, entre le « techno push » des SBU et le « market pull » des équipes marketing et commerciales, qui font remonter les attentes des clients afin que Legrand propose les bonnes solutions à ces marchés Ce qui fait qu’un produit/ système est réussi dès son arrivée, c’est l’adhésion du client et son appropriation immédiate. En synthèse, je dirais que le contexte actuel nous offre de nouvelles opportunités qui doivent être saisies. Nous saurons être entreprenants et audacieux. Il faut savoir innover, sur les produits, mais aussi sur la façon de les communiquer et de les vendre, et c’est ce que nous souhaitons faire.
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 9
Le
gra
nd
ACTUALITé
Surtitre
Titre Chapô
T
Texte
Inter Texte
Exergue
Titre encadré Texte
10 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
ACTUALITé
Smart Grids
Efficacité énergétique
RTE et l’École centrale de Nantes lancent une Chaire dédiée aux réseaux intelligents
Construction du second lycée à énergie positive
L
es réseaux électriques sont aujourd’hui face à un défi, lié à la transition énergétique, qui concerne notamment une évolution des modes de consommation et de production ainsi qu’une intégration massive d’énergies renouvelables. Dans ces conditions, RTE et l’École centrale de Nantes ont officiellement signé le 14 janvier dernier la Chaire internationale de recherche et d’enseigne-
ment dédiée à l’analyse et à la commande des réseaux intelligents. L’objectif de ce dispositif : apporter d’ici 5 ans des réponses au pilotage des réseaux interconnectés et devrait notamment permettre le développement d’outils de simulation, d’analyse de commande pour les futurs systèmes de surveillance et de contrôle du réseau de transport d’électricité.
Efficacité énergétique
Société Générale confie à Ubigreen le projet de pilotage énergétique de son parc immobilier
L
a solution Ubigreen Performance doit permettre à Société Générale de gérer au quotidien et à distance la consommation énergétique de l'ensemble des propriétés du groupe. L’objectif pour Société Générale sera de maîtriser et réduire les
dépenses énergétiques de son parc immobilier, d’une superficie de 500 000 m² en France et 850 000 m² à l'international. Le dispositif est actuellement en cours en France, au Luxembourg et en République Tchèque.
’est en juin 2013 qu’ont débuté les travaux de construction du lycée des métiers de Bergerac, construit par le conseil régional d’Aquitaine. « L’ambition de construire un bâtiment certifié HQE et Bepos a demandé un effort de chacun pour atteindre les performances attendues sur chacune des cibles », explique Richard Legranger, architecte associé chez TLR Architecture.
34 sondes géothermiques de 99 m de profondeur ont été implantées afin d’assurer 85 % des besoins en chauffage et eau chaude sanitaire. Les 1 450 m2 de panneaux photovoltaïques posés sur les toits, eux, serviront à compenser en énergie primaire l’ensemble des besoins électriques du lycée. La première rentrée est prévue pour septembre 2015.
© DR
© DR
C
Menuiserie
Le module FEEBat Renov v1 pour la délivrance de la mention RGE
L
'Union des fabricants de menuiseries extérieures (UFME) a pour rôle d'accompagner et d'aider les professionnels de la menuiserie, adhérents ou non, à obtenir le label de qualité RGE. Cette mention permet à leurs clients de bénéficier d'avantages fiscaux tels que le crédit d'impôt transition énergétique (CITE) ou encore de l'Eco-PTZ. Le Syndicat professionnel et son partenaire Ecolusis (organisme de formation spécialisée
dans les métiers du bâtiment) proposent une formation au module FEEBat v1 organisée sur trois jours. Depuis le 1er janvier dernier, ce module est le seul à permettre la délivrance de la mention RGE. Depuis octobre, l'UFME a mis en place un service d'assistance téléphonique « Devenir RGE » via le numéro Azur 0810 220 206. De son côté, Ecolusis a développé un site Internet dédié aux formations FEEBat. www.devenir-rge.com
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 11
ACTUALITé
Conférence Climat Paris 2015
Le compte à rebours a commencé
I
l est 8 heures du matin à l’ancienne Bourse de Paris, et le ministre se fait attendre. Pour l’accueillir, des acteurs de tous horizons : ambassadeurs, acteurs institutionnels et civils, venus entendre les intentions affichées par la France, à un an de cette Conférence dont on attend beaucoup. La salle se remplit et l’invité d’honneur arrive enfin. Gilles Berhault et Bettina Laville, fondatrice du Comité 21 et présidente du Comité d’orientation scientifique du Club France développement durable, rappellent en préambule l’obligation pour la France de convaincre les négociateurs ainsi que la forte implication de la société civile, autant au niveau
des entreprises que des citoyens. La prise de conscience est aujourd’hui effective pour la plupart, reste à convaincre les sceptiques. « Plus vaste Conférence diplomatique de l’histoire de France » Au total pour la Conférence de 2015, 20 000 délégués, 20 000 invités et 3 000 journalistes seront attendus au Bourget pour « la plus vaste Conférence diplomatique de l’histoire de France, rappelle Laurent Fabius. Il faudra convaincre 195 pays et 196 parties, en comptant l’Union européenne, ce qui n’est pas aisé sachant que la plus petite partie vaut la plus grande », ironise-t-il. Mais, depuis quelques années, la prise
12 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
de conscience se fait de plus en plus sentir et les fantômes des sommets sans accords commencent à s’éloigner pas à pas : « l’irruption scientifique, politique et civile » amène trois changements fondamentaux dans le traitement de la question climatique : la science d’abord, a permis d’apporter des preuves concrètes des changements climatiques si bien qu’aujourd’hui, mis à part quelques débats idéologiques aux ÉtatsUnis, le phénomène n’est plus contesté. La prise en compte du phénomène par les politiques constitue également un élément central, bien que peu d’accords concrets aient aboutis. Mais le point clé du changement climatique vient de sa prise en compte par la
société civile, et en particulier par les entreprises, acteur central des bonnes conduites. La préparation est la clé du succès À en croire le ministre, les échecs des sommets précédents étaient dus à un cruel manque de préparation et à des accords a minima conclus la dernière nuit. Pour y remédier, les 196 parties devront fournir entre mars et octobre leurs engagements en faveur du climat, et un outil juridique a même été créé pour assurer la qualité des résolutions : « Une clause de non-régression a été mise en place pour interdire à chaque partie de prendre des engagements inférieurs à ceux déjà pris. »
© DR
© DR
Nous sommes aujourd’hui à un an de la COP 21, qui se déroulera à Paris en décembre 2015. Pour l’occasion, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et le président du Comité 21 Gilles Berhault ont rappelé les enjeux de l’évènement et les moyens pour atteindre les objectifs prévus. Retour sur la réunion de préparation du 18 décembre dernier au palais Brongniart.
ACTUALITé
5 blocs d’actions financières Pour ce sommet, cinq points du domaine financier devront être mis sur la table : d’abord, concernant les finances publiques, avec la création de fonds verts assurés par des banques bilatérales. Le rôle des banques centrales devra également être repensé, pour adapter davantage leur capacité à investir dans le sens du climat. Les agences de notation devront quant à elles évaluer, en plus du risque financier, les risques climatiques. Du côté des finances privées, l’objectif sera d’orienter les marchés et les investisseurs vers le durable. Enfin, le carbone devra rapidement avoir un prix, induit dans chaque bien
ou service qui mène à sa production. Pour le moment, rappelle Patrick Klugman, adjoint au Maire de Paris au sujet des relations internationales, « l’économie verte représente aujourd’hui moins de 1 % du portefeuille traditionnel. L’objectif est d’atteindre les 10 % en 2020, grâce au soutien d’acteurs divers ». Le sommet de Lima, faux départ pour la COP 21 Tenue en décembre dernier au Pérou, la Conférence de Lima avait pour objectif de fixer le cap en vue des négociations de la Conférence de Paris en 2015. Après 24 heures de prolongations, les 195 parties se sont mises d’accord sur la réduction de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, mesure reposant pour l’instant davantage sur la bonne volonté des États que sur la mise en place d’une quelconque législation contraignante.
© DR
Enfin, la mise en place d’un nouvel agenda, entamé lors de la Conférence de Lima, constituera un autre objectif de la Conférence de Paris.
Pour que les négociations aboutissent à Paris, il faudra que les pays riches s’engagent à montrer l’exemple et à soutenir financièrement les pays en développement, souhait formulé par le groupe Afrique ou encore le Brésil et la Chine. Un an avant la COP 21, le chemin est encore long pour aboutir à un accord ambitieux, contraignant et efficace. D’ici décembre, les négociateurs
se retrouveront à l’occasion de plusieurs rendezvous : du 8 au 13 février à Genève pour poursuivre les discussions autour du document de travail du futur accord de Paris et lors d’une réunion à Bonn du 3 au 14 juin. Une dernière session intermédiaire aura lieu fin novembre avant peutêtre d’aboutir à un accord historique à Paris, qui entrerait en vigueur en 2020.
Lancement
L
ancement en grande pompe le 13 janvier dernier pour EclypseTM et Envysion, le duo gagnant de la nouvelle solution développée par un expert de la gestion de l’énergie, Distech Controls. Prochainement primée aux AHR Expo
Innovation Awards, cette solution est composée d’un contrôleur modulaire connecté, couplé à une interface Web de conception et de visualisation graphique, le tout permettant de superviser une installation et de contrôler en temps réel le statut
des équipements du bâtiment. L’interface Web Envysion peut ainsi être intégrée à un contrôleur EclypseTM ou hébergée par le système de gestion EC-NETAX (bientôt disponible), basé sur la plate-forme NiagaraAX Framework. Ces nouveau-
© DR
Distech Controls fait entrer les bâtiments dans l’univers des objets connectés
tés seront présentées au salon ISH 2015, qui aura lieu à Francfort du 10 au 14 mars prochains.
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 13
ACTUALITé
EnerGaïa
Transition énergétique
Un format qui fait l’unanimité Les propositions de François Hollande pour taïque ont également fait ette année, l’ancien salle comble ainsi que la Salon devenu Forum C son financement conférence sur les opporet convention d’affaires a accueilli près de 3 000 visiteurs sur deux jours au Corum-palais des Congrès de Montpellier. Parmi les conférences et tables rondes les plus plébiscitées par les congressistes, on note celles portant sur l’autoconsommation avec les bâtiments à énergie positive, la gestion des consommations du bâtiment et les éco-quartiers. Les tables rondes sur l’éolien et le solaire photovol-
tunités de marché dans les pays du Maghreb. En marge de l’évènement, la société Solarsit s’est vue remettre le prix Innovation EnerGaïa 2014. Pour sa prochaine édition, EnerGaïa vous donne rendez-vous en décembre 2015 à Montpellier, pour vivre un nouveau temps fort de la filière des énergies renouvelables en Méditerranée.
Retour d’expérience
Le premier CPE signé en France montre des résultats conformes aux engagements
S
igné il y a deux ans entre la ville de Domène, située à quelques kilomètres de Grenoble, et Schneider Electric, le premier Contrat de performance énergétique (CPE) de France affiche des résultats encourageants. Le programme de rénovation et d’amélioration de l’efficacité énergétique d’une partie des bâtiments publics de la ville a abouti à près de 30 % de consommation énergétique en moins sur les bâtiments concernés. Sur les 20 bâtiments communaux que compte la ville, 8 sont concernés par le CPE. Conclu pour une durée de 8 ans, le CPE garantit à terme une réduction de 14 % de la
totalité des consommations énergétiques de la commune, grâce à un éventail d’opérations : rénovation des installations de chauffage, de climatisation et d’éclairage avec mise en place d’une gestion technique centralisée, remplacement de menuiseries extérieures par des châssis isolants, requalification architecturale et travaux d’isolation thermique extérieure pour deux bâtiments. Alors que la troisième phase des travaux vient de s’achever, la dernière est prévue pour le printemps 2015 et concerne l’ensemble des autres bâtiments municipaux. Elle devrait permettre d’atteindre les objectifs affichés.
14 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
F
rançois Hollande s'est prononcé lundi 5 janvier aux micros de France Inter sur la manière dont il compte financer la transition énergétique. Parmi les thèmes évoqués, celui de l'importance de l'instauration d'un prix du carbone « qui pourrait permettre à tous les acteurs économiques de savoir que les ressources fossiles sont un prélèvement sur la planète ». Le président de la République estime que deux autres critères contribueront à qualifier de réussite la 21e conférence sur le climat, qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris. Tout d'abord, établir un « accord général contraignant, pays par pays, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », mais aussi mobiliser une aide annuelle de 100 milliards
de dollars pour aider les « pays du Sud » à mettre en place une politique de lutte contre le réchauffement climatique. Le président affirme également que l'accord contraignant sur la réduction des émissions de CO2 devrait comprendre des mesures de « surveillance et d'évaluation » des politiques énergétiques internationales. Cet outil est principalement destiné aux grands pollueurs comme la Chine et les États-Unis. Quant à l'aide financière des pays riches, elle devra contribuer à aider les pays en voie de développement à s'adapter aux conséquences du changement climatique. Le chef de l'État a d’ailleurs avancé l'idée de financer cette aide grâce à une taxe européenne sur les flux financiers.
RT 2012
Une dérogation jusqu'au 1er janvier 2018
U
ne dérogation de trois ans supplémentaires pour les bâtiments collectifs a été prononcée par Manuel Valls lors de son discours de clôture du Sommet de la Construction, organisé par la Fédération française du bâtiment. L'obligation de se conformer aux exigences de la RT 2012 était initialement prévue au 1er janvier
2013 avant une dérogation provisoire accordée jusqu'à janvier dernier avec un objectif contraignant de Cep de l’ordre de 57 kWh/ m²/an. À en croire l’annonce du Premier ministre, tous les bâtiments neufs à usage d'habitation devront afficher une consommation maximale d'énergie de 50 kWh/m²/an, jusqu'au 1er janvier 2018.
ACTUALITé
Efficacité énergétique
Lancement d'une expérimentation de trois piles à combustible au gaz naturel
L
a pile à combustible au gaz naturel est aujourd'hui la technologie de microcogénaration la plus prometteuse pour couvrir les besoins des maisons individuelles neuves et rénovées, dans la perspective des futurs labels de performance énergétique, avec un rendement électrique s'élevant jusqu'à 60 %. De ce fait, elle fait l'objet d'un projet ambitieux de développement sur le marché français à l'horizon 2016, nommé Epilog. Ce dernier est le résultat d'une colla-
boration entre différents experts du secteur du confort et de l'énergie : l'Ademe, la mairie de Forbach, GrDF, Viessmann, le Crigen (centre de recherche et d'expertise de GDF Suez) et le Costic (Comité scientifique et technique des industries climatiques). Il s'agit d'une expérimentation en conditions réelles de trois piles à combustible au gaz naturel, produisant électricité et chaleur, lancée en octobre 2014 à Forbach, en Moselle (57). La mairie, engagée
dans le développement durable et la défense de l'environnement, a mis à disposition trois sites pour y réaliser ces tests : une maison individuelle neuve, un petit établissement recevant du public (ERP) et un ensemble de deux logements collectifs. Viessmann intègre un cœur de pile Panasonic au sein d'un produit packagé qui comprend un ballon de stockage d'énergie et d'ECS ainsi qu'une chaudière. Appuyé par le Crigen, le Costic instrumente l'expérience via un
dispositif de mesures en continu pour acquérir des données quantitatives fiables et mesurer les performances. Après deux ans de fonctionnement, le consortium d'experts devra valider l'efficacité de cette technologie, contribuer à son intégration dans la réglementation thermique et préparer des règles d'installation et de maintenance. Cela permettra de confirmer les promesses de la technologie auprès des pouvoirs publics et de la promouvoir.
Facture énergétique
4 Français sur 10 éprouvent des difficultés à payer leur facture de chauffage
S
elon une étude menée par l’Ifop pour Total, le prix moyen des factures de chauffage des Français s’élève à 897 € par an, soit l’équivalent de 80 % du SMIC. 62 % des personnes
interrogées sont d’ailleurs prêtes à réaliser des travaux d’économies d’énergie. Pourtant, 40 % des sondés ne connaissent pas l’existence d’aides financières pour ces rénovations.
Podium énergétique mondial
La France troisième du classement EAPI
L
a France se situe en troisième position du classement « Global Energy Architecture Performance Index 2015 » (EAPI) réalisé par le World Economic Forum, en collaboration avec Accenture. Il s'agit de l'agrégation de trois indicateurs : croissance économique et
développement, durabilité environnementale, sécurité et facilité d'accès à l'énergie. Classée derrière la Suisse et la Norvège, la France est l'État de l'UE le mieux classé. Le système énergétique français pourra donc représenter un exemple à suivre lors de la COP 21.
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 15
à lire
Guide méthodologique
Comment favoriser le développement de l’économie circulaire en régions ? © DR
Nos modes de production et de consommation s’appuient sur l’exploitation de ressources limitées et de plus en plus chères. L’exploitation de la biomasse, l’extraction de matériaux de construction, de métaux et combustibles fossiles a ainsi doublé à l’échelle mondiale depuis 1980. Afin de dépasser ce modèle, la loi de transition énergétique pour la croissance verte présentée par Ségolène Royal fait du passage à une économie circulaire l’un des principaux chantiers de la mutation de notre société. C’est pour ces raisons que le Mede, l’Ademe et l’Association des Régions de France (ARF) présentent le premier guide méthodologique de l’économie circulaire. Cet outil d’aide à la décision a pour objectif d’accompagner les territoires pour saisir toutes les opportunités de croissance et d’emplois qu’offre le passage vers l’économie circulaire. Le guide est disponible gratuitement et en intégralité (98 pages) sur le site : www.arf.asso.fr
Éditions Les Petits Matins
Énergie et prospérité : les entrepreneurs au cœur de la transition
© DR
Au moment où le projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte est examiné au Parlement après deux années de laborieuses discussions, deux femmes engagées professionnellement dans le champ de la transition énergétique observent, dans un livre témoignage, les réalités du modèle économique et social qui sous-tend notre système énergétique. Corédigé par Pauline Mispoulet, PDG du Gesec, et Raphaële Yon-Arnaud de Greenopie, cet ouvrage énonce les raisons que nous avons de changer de modèle. Au long des pages, les auteures partagent leurs réflexions et leurs expériences pour engager les élus, les PME et les citoyens dans une dynamique collective. Le livre Énergie et prospérité aux éditions Les Petits Matins est disponible en librairie (15 €) ou à la commande sur le site : www.lespetitsmatins.fr
Étude IFOP
© DR
Les Français, les collectivités et la transition énergétique
16 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
À l’heure de l’entre-deux tours de l’examen du projet de loi sur la transition énergétique, une étude Ifop pour Énergie Perspective et la Fabrique des Territoires Innovants (FTI) questionne les Français sur le sujet. Parmi les points abordés, leur réel avis sur la transition énergétique, leur connaissance du sujet, ou encore leur confiance dans les pouvoirs publics pour mener le pays dans la transition. Parmi les réponses, on remarque notamment que seuls 38 % des Français déclarent savoir assez bien de quoi il s’agit, 74 % se déclarent personnellement intéressés par le sujet et 61 % d’entre eux se déclarent confiants quant à l’action globale de leur collectivité. Chiffre plus inquiétant, on remarque que 7 Français sur 10 déclarent ne pas avoir été sensibilisés aux économies d’énergie par leur collectivité et 23 % des propriétaires n’envisagent pas de mener de travaux de rénovation faute de moyens. Un extrait de l’étude est disponible gratuitement sur le site : www.energie-perspective.fr
à lire
Surtitre
Titre
© DR
Texte Texte
Surtitre
Titre
© DR
Texte Texte
Surtitre
Titre
© DR
Texte Texte
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 17
à lire
FAQ DEEE 2014
Un questions/réponses pour tout savoir du contexte réglementaire
© DR
Le présent document a vocation à apporter un éclairage exhaustif sur les droits et les devoirs de l’ensemble des parties prenantes de la filière DEEE (producteurs, distributeurs, détenteurs, opérateurs de traitement...). Il apporte également une analyse de l’évolution du contexte réglementaire et revient en détail sur les nouvelles dispositions du droit français. Corédigé par le cabinet Gossement Avocats, spécialisé en droit de l’environnement, et par Ecologic, éco-organisme agréé par l’État pour la gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques, ce guide des dispositions réglementaires a pour objectif de dresser le cadre juridique des acteurs de la filière DEEE. La FAQ DEEE 2014 est disponible gratuitement et en intégralité sur le site : www.ecologic-france.com
Guide Génie des lieux
Le guide des bonnes pratiques pour la performance et le bien-être dans les espaces de travail
© DR
Le Génie des lieux interroge, au travers de ce guide, les évolutions comportementales, sociétales, sociales ou encore managériales, et propose des pistes de réflexion ainsi que des bonnes pratiques. Outil méthodologique et évolutif, Le Génie des lieux est le résultat d’une année de réflexion, de dialogues et d’échanges : que devient le bureau individuel ou l’ordinateur personnel ? Les espaces communs l’emportent-ils sur les espaces individuels ? Quels sont les critères d’un « bon open space » ? Quelles évolutions anticiper ? Référence pour les professionnels des directions immobilières, de l’environnement de travail, des services généraux et des achats, il est un outil d’aide à la conduite de projets d’aménagement cherchant à conjuguer bien-être et performance des collaborateurs. Le guide est disponible en intégralité (182 pages) et sur commande (30 €) sur le site : www.geniedeslieux.com
éditions Belin Infographie
© DR
La transition énergétique en chiffres, comprendre vite et mieux
18 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
Données chiffrées et études récentes à l’appui, cet ouvrage aborde les différentes facettes de la transition énergétique : quels sont les scénarios envisagés ? Avec quelles sources d’énergie ? Quelles évolutions la transition impliquera-t-elle sur nos modes de vie ? Dans ce livre, Patrick Piro, journaliste spécialisé dans les questions d’énergie, d’écologie et d’environnement, explique comment surmonter le défi qui attend l’humanité en cette fin de XXIe siècle : en menant une véritable transition énergétique. L’objectif de ce livre est donc de décrypter de manière abordable et sans parti pris la diversité des points de vue au sujet de la transition énergétique, à l’aide de doubles pages graphiques, de données brèves et de textes concis. L’ouvrage de Patrick Piro (80 pages) est disponible sur commande (19 €) sur le site : www.editions-belin.com
ANALYSES
Internet des objets : quels enjeux pour la pérennité de ses réseaux ? Par Christian Lorentz, responsable Marketing Produits Europe Riverbed Technology
L’Internet des objets (IdO) présage une ère d’interconnexion et de contrôle des objets. Aujourd’hui, certains pionniers proposent déjà des objets connectés aussi divers qu’une brosse à dents et, bientôt, notre réfrigérateur se réapprovisionnera même tout seul...
S
elon le nouveau rapport de Gartner intitulé « The Future Smart Home: 500 Smart Objects Will Enable New Business Opportunities », une famille lambda d’un pays consommateur et mature pourrait disposer de plusieurs centaines d'objets intelligents d'ici à 2022. Avec plusieurs milliards d’objets connectés, la recherche d’erreurs et de failles au sein d’un même réseau sera beaucoup plus complexe. La révolution connectée est déjà en marche, attention au revers !
Le tout connecté bientôt pour tous ? Pour répondre à cet idéal, certains obstacles doivent encore être surmontés ! Ainsi, dans la majorité des pays en voie de développement, la plus grande entrave demeure l’état des infrastructures, sans connexion Internet des populations, l’Internet des objets ne peut exister. Au-delà, il faut encore parvenir à lever les inquiétudes liées au contrôle des données ainsi qu’à la sécurité et au pilotage de ces objets. Avec l’IdO, la volumétrie des données sensibles sur Internet et dans le Cloud devrait croître de manière exponentielle. L’utilisateur devra être vigilant à bien les protéger, tout comme leur accès et leur utilisation pour éviter qu’une tierce personne puisse tout savoir d’eux. Comme l’e-commerce à ses débuts, l'Internet des objets risque de se heurter à une certaine défiance de la part du grand public, mais il devrait rapidement s’imposer dès lors que ses avan-
20 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
tages auront surpassé dans l’esprit des consommateurs ses inconvénients. Et du côté des entreprises ? La complexité des infrastructures est démultipliée, en raison du fait que nombre d’entreprises utilisent encore des programmes mainframe, des interfaces client-serveur et des applications Web trop âgés pour effectuer des tâches clés. Aujourd’hui, les logiciels SaaS viennent perturber l’équation avec l’émergence des Clouds publics, privés et hybrides. Au lieu d’une infrastructure clairement délimitée, on se retrouve avec des îlots d'infrastructures (datacenters, sites de sauvegarde, accès distants [bornes interactives et télétravail], appareils mobiles, etc.). Conséquence de cette évolution, les utilisateurs, les applications et les données sont omniprésents, et les services IT doivent fournir aux utilisateurs un accès aux applications, données et infrastructures sous-jacentes, et ce, peu importe leur emplacement. Dans cette configuration hybride, les entreprises doivent jongler entre les différents endroits où sont hébergées les applications et la façon dont elles sont livrées. Avec la juxtaposition des réseaux privés (commutation MPLS) et des réseaux publics (Internet), elles doivent choisir le canal de livraison répondant le mieux à leurs besoins, par exemple les réseaux publics s’avèrent plus abordables pour le trafic récréatif, les applications SaaS et les tâches d’arrière-plan comme la sauvegarde.
La notion de performance réseau est un élément clé au développement de l’Internet des objets Dans le monde de l’IdO, les datacenters virtualisés, les réseaux connectés étendus, les systèmes de stockage et autres supports et technologies Cloud vont rapidement être encombrés par la volumétrie de données et de commandes en transit. La recherche et la résolution d’erreurs dans un réseau aussi complexe pourront devenir un véritable casse-tête ! Or, l’inaction coûterait cher aux entreprises et pourrait ébranler la confiance de leurs clients envers l’Internet des objets. Pour parvenir à une disponibilité totale du réseau, les entreprises devront s’appuyer sur des outils de gestion capables de leur fournir une visibilité totale sur chaque composante du réseau et de faciliter la maintenance proactive, la surveillance des performances réseau et l’élaboration de diagnostics. L’avènement de l’Internet des objets s’accompagnera d’opportunités de croissance pour les développeurs d’appareils et d’applications connectés. Cependant, les prestataires de services capables de poser les fondations de l’IdO devront les premiers tirer leur épingle du jeu. Il revient désormais à ce secteur de développer des solutions répondant aux défis posés par les environnements IdO, allant du chiffrement au stockage sécurisé, en passant par les normes d’interopérabilité, les technologies de transmission et, surtout, par la gestion des systèmes.
ANALYSES
Quelles politiques pour la transition énergétique ? Par Jean-Maric Guillier
La transition énergétique se fera-t-elle d’elle-même ? Certains l’espèrent : la régulation se fera par les prix et la main invisible des marchés trouvera les nouveaux approvisionnements et débouchés nécessaires. Un autre courant de pensée considère cependant nécessaire l’intervention active des États et des autres acteurs du secteur énergétique, estimant l’impératif climatique et environnemental insuffisamment inscrit dans la loi des marchés, qui ont tendance à oublier les externalités négatives.
«
Le calibrage du parc nucléaire se de nouvelles solutions techniques et/ tieux, afin non seulement de soutenir fera par un dialogue fructueux ou adaptation de pratiques existantes à le processus d’adaptation du système entre l’État, chargé de la politique un nouvel environnement. Elle doit être énergétique à la demande des marchés, énergétique, et l’entreprise EDF. » Cette générée et accélérée de manière active et mais aussi de le gouverner et de l’accédéclaration de Ségolène Royal, ministre volontaire, en particulier dans les do- lérer. Dans cette perspective, le rapport de l’Énergie, lors d’un entretien avec les maines stratégiques. Un rapide regard 2014 de l’AIE insiste sur la coordination journalistes du Monde le 17 juin der- sur le budget cumulé de recherche et des mesures gouvernementales avec les nier, fait écho à la politique de l’Agence développement des États-membres de instruments du marché, afin de s’assuinternationale de l’énergie : celle-ci sou- l’OCDE le confirme : 81 milliards de rer de leur adaptabilité à l’évolution des haite en effet voir les gouvernements dollars au total sont consacrés à la R&D facteurs variables du secteur énergéprendre l’initiative afin de créer les dans le secteur de la Défense. Viennent tique (cf. article « Les facteurs qui bouconditions indispensables à la réalisa- ensuite la recherche universitaire et la leversent les prévisions énergétiques »). tion de la transition énergétique. Selon santé à hauteur de 49 milliards de dol- Alors que les rapports de 2011 et 2012 le rapport 2014 sur les Perspecmettaient surtout en avant la La transition énergétique peut tives technologiques de l’énerconstitution par l’État de condigie de l’AIE, il revient ainsi aux tions propices et d’incitations se définir simplement comme gouvernements non seulement le passage d’un système énergétique législatives et fiscales en faveur d’imposer des mesures, mais de l’innovation. mondial à un autre. surtout de poser un cadre pour Tout cela implique une meilpermettre à l’ensemble des acteurs du lars chacune. L’énergie n’arrive qu’en leure intégration des acteurs privés et secteur énergétique de travailler et d’in- septième position avec un budget de publics pour la mise en place de provestir en confiance. R&D de 12 milliards de dollars. Et si grammes de recherche réalistes accomLa transition énergétique peut se défi- ce budget a augmenté sur les trente pagnés de « business models » permetnir simplement comme le passage d’un dernières années, cette augmentation tant leur viabilisation commerciale, et système énergétique mondial à un a cependant été plus lente que celle des l’AIE mise sur la Conférence Paris Cliautre ; d’un système bien établi, mais autres postes majeurs de dépense. mat 2015 (COP 21) pour défendre son qui montre ses limites, à un système Malgré cela, l’innovation dans le approche. optimisé, mais encore à construire. Une domaine énergétique est conséquente, Espérant sans doute chasser les souvetelle évolution est rendue possible par profitant notamment des externalités nirs de l’échec du sommet de Copenle biais de l’innovation, et c’est donc sur positives de développements techno- hague, Laurent Fabius, ministre des ce moteur que se concentre l’AIE dans logiques occurrents dans d’autres sec- Affaires étrangères, insiste : « Le mot ses suggestions d’actions politiques en teurs. Il ne s’agit ainsi pas pour l’État d’ordre pour Paris Climat 2015 est donc faveur de la transition. L’innovation d’initier un effort d’innovation à partir simple : agir offensif, collectif, positif. » étant définie comme développement de rien, mais de le rendre plus ambi-
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 21
Les dossiers du mois Énergie
L’énergie solaire pour rafraîchir ou climatiser
Le froid solaire
23 Performance énergétique
DATACENTERS
Le courant continu va-t-il supplanter le courant alternatif dans les datacenters ? 28 Sécurité
Objets connectés et sécurité
Le piratage et l’utilisation des données, des risques à prendre très au sérieux 32 22 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
Énergie
Les dossiers du mois
L’énergie solaire pour rafraîchir ou climatiser
Le froid solaire Rafraîchir les bureaux ou faire du froid dans un supermarché avec l’énergie solaire ? C’est possible, mais le concept a encore du mal à s’implanter en France où pourtant plusieurs installations existent depuis de nombreuses années ; comme on a besoin de froid ou de climatisation lorsque l’énergie solaire est maximale, le potentiel du froid solaire est intéressant. Certains pays comme la Chine ou l’Australie l’ont bien compris et ont multiplié les projets de froid solaire. solaires thermiques alimentant en eau chaude (voire en vapeur) des machines frigorifiques à sorption. Dans les machines à sorption, pour simplifier, on peut considérer que la compression mécanique de vapeur du compresseur est remplacée par un équivalent de compression thermique. » En réalité, dans ces machines, le fluide frigorigène vapeur en sortie de l’évaporateur est piégé par sorption dans un liquide (on parle d’absorption) ou dans un solide (on parle d’adsorption), poursuit l’expert.
Un système de climatisation solaire se compose donc, le plus souvent : - de panneaux solaires qui transforment le rayonnement solaire en énergie thermique ; - d’un système de transformation ou machine à sorption qui transforme l’énergie chaleur solaire en froid, cou-
© Helioclim
Rafraîchissement solaire ou climatisation solaire, les techniques sont prêtes Le système de climatisation classique produit du froid en comprimant un fluide, à l’aide d’un compresseur, donc de manière mécanique. « Le rafraîchissement solaire utilise quant à lui une compression thermique », indique François Boudehenn, chef de projet responsable des activités machine à absorption au CEA-INES. « Historiquement, les systèmes utilisent des capteurs
Il existe deux grandes familles de climatiseurs solaires - Les machines à cycle fermé utilisent un procédé de refroidissement à sorption pour produire de l’eau glacée. Ces machines utilisent généralement de l’eau comme réfrigérant, mais d’autres fluides peuvent être utilisés comme l’ammoniac, par exemple. - Les machines à cycle ouvert qui, elles, sont en contact direct avec l’atmosphère et qui agissent directement sur l’air. Ces installations produisent directement de l’air froid et non pas de l’eau glacée comme pour les cycles fermés. La technologie la plus utilisée pour les cycles ouverts utilise les roues à dessiccation en rotation.
Cycle à absorption.
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 23
Énergie
© Helioclim
Les dossiers du mois
La climatisation solaire réversible permet de couvrir les besoins en froid positif ou négatif ainsi que la fourniture d’eau chaude de 40 à 65 °C. L’optimisation du dispositif de régulation est clé pour couvrir l’ensemble des besoins.
tubes sous vide. Cela dépend de la machine frigorifique choisie et des niveaux de température requis par celle-ci. » Les machines à absorption ont besoin d’une température plus élevée au générateur que les machines à adsorption. Un système utilisant la technologie d’absorption a donc normalement plus tendance à utiliser des capteurs à tubes sous vide ou à haute
...
© Helioclim
plé à un éventuel système de stockage tampon (ballon) ; - d’un système de distribution de l’énergie froid et/ou chaud lorsque le système est capable de proposer les deux énergies. « Tous types de capteurs solaires thermiques peuvent être utilisés, des capteurs plans vitrés traditionnels aux capteurs à concentration en passant par les
efficacité. (Source : document projet MéGaPICS) « Le choix du type de capteur est associé à l’usage que l’on fait de l’énergie solaire, mais aussi au type de réfrigérant utilisé ; ainsi une solution eau-ammoniac va permettre d’atteindre des plages de température très larges aussi bien en chaud qu’en froid », précise Yannick Godillot, cofondateur de Helioclim. Helioclim a donc developpé un type de capteur adapté à l’usage que nous souhaitions faire du système, à savoir un système de climatisation solaire réversible, capable de faire non seulement du rafraîchissement mais aussi du froid, voire du froid négatif, poursuit-il. « Nous avons donc opté pour un capteur solaire à concentration cylindroparabolique, le miroir parabole en verre concentrant le rayonnement solaire sur le tube sous vide au centre du capteur, en couplage avec une machine à absorption eau-ammoniac. Ensuite, la distribution du froid et du chaud dans le bâtiment tertiaire est à eau. » « Pour garantir le fonctionnement quelle que soit la quantité d’énergie solaire disponible, nous avons également intégré dans la machine un système de stockage interne associé à une régulation autoadaptative, unique en son genre, qui modifie ses paramètres automatiquement en fonction des variations de puissance en entrée et aux variations de charge thermique du bâtiment. » L’investissement de départ est plus important par rapport à un système de climatisation classique, mais Helioclim indique un retour sur inves-
Un système de tracking permet de suivre la course du soleil ainsi que de mettre le capteur en sécurité (en cas de tempête, grêle...)
24 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
Les besoins frigorifiques coïncident avec le maximum de production solaire, l’été (y inclus à l’échelle de la journée). Avec un système réversible, il est également possible de couvrir une partie des besoins de chauffage ou ECS.
Énergie
Les dossiers du mois
Le solaire fait son « show » et « froid » au siège de Viessman, Faulquemont
Les énergies renouvelables couvrent 99,5 % des besoins de chaud et froid du siège de Viessmann « Pour cela, le froid solaire tient toute sa part puisqu’il a assuré en 2014 environ 15 % des besoins en climatisation du bâtiment. Opérationnel depuis janvier 2014, le bâtiment n’a été occupé qu’à partir de mai. Notre objectif est de réaliser, suivant les conditions météo, près de 30 % des besoins de froid avec le solaire», précise Éric Kuczer, responsable produits solaires et ballons pour Viessmann France. En été, la chaleur de l’arche solaire (d’une surface d’environ 320 m2), constituée de capteurs solaires sous vide (Vitosol 200-T SP2), est utilisée à 100 % pour la production de froid. Si la production solaire est en excès, le surplus peut être envoyé sous forme de chaleur sur le process usine ou bien l’ECS. « Pour la production de froid, c’est tout d’abord le système “free cooling” (avec un échangeur à plaques de 200 kW) qui, à l’aide de sondes verticales géothermiques, permet de rafraîchir le bâtiment. Si cela ne suffit pas au confort, la pompe à chaleur à absorption (puissance de froid de 30 kW) est mise en service avec, si besoin, en complément, la pompe à chaleur réversible », poursuit l’expert. Le tableau ci-dessous présente les premiers résultats obtenus cette année :
Solaire
Année 2014 kWh
Production solaire
Parts
150 000
Estimation Kwh
Parts
170 000
Froid
18 000
12 %
38 000
22 %
Chaud
80 000
53 %
70 000
41 %
ECS
52 000
35 %
62 000
36 %
Froid
kWh
Parts
Kwh
Parts
Production Froid
133 000
165 400
Machine à absorption 18 000
14 %
46 000
28 %
Pompe à chaleur
45 000
34 %
64 400
39 %
Free cooling
70 000
53 %
55 000
33 %
L’énergie solaire récupérée représente le chauffage et la consommation de 34 pavillons RT 2012 de 100 m2. Pour une production solaire de 170 MWh, le froid solaire utilise un peu moins d’1/4 de l’énergie solaire recueillie et peut couvrir entre 20 et 30 % du besoin en froid des bâtiments (estimé à 165 MWh). L’installation en quelques chiffres : l’arche solaire alimente trois ballons tampons de 5 000 litres respectivement pour les besoins ECS, chauffage et froid. Un système complet de régulation optimise la répartition entre les différents besoins, mais toutes les calories « solaires » sont utilisées. La pompe à chaleur à absorption est une pompe EAW de 30 kW de puissance froid. 28 sondes géothermiques sont connectées à la pompe à chaleur réversible KWT Viessmann (puissances chaud de 180 kW et froid de 150 kW).
tissement suivant les installations de 3 à 7 ans (hors aides et subventions) pour des puissances de froid de 100 à 1 000 kW. La technologie utilisée est de l’absorption avec le couple de réfrigérant ammoniac / eau, il est alors possible de produire à l’évaporateur de l’eau glacée ayant une température inférieure à 0 °C. Suivant les locaux et la puissance à fournir, la climatisation peut être couplée à un plancher chauffant/rafraîchissant ou bien encore à des ventilo-convecteurs ou à une centrale de traitement d’air. Avantages et inconvénients du froid solaire Pour François Boudehenn, « l’avantage principal du froid solaire est l’adéquation entre les besoins (en froid) et la ressource (solaire). Cette adéquation permet de limiter le recours aux énergies fossiles ou nucléaires en privilégiant l’utilisation de l’énergie solaire. L’énergie solaire remplaçant l’énergie électrique, il est ainsi possible également de limiter les surcharges des réseaux électriques en périodes estivales. Enfin, les cycles thermodynamiques utilisés n’ont aucun impact sur la couche d’ozone ou le réchauffement climatique ». Son coût reste son principal handicap, car les systèmes actuels ne sont pas produits en volume (tout du moins en Europe) ; l’AIE (Agence internationale de l’énergie) recense pourtant plusieurs centaines de projets de climatisation solaire, mais « 75 % des groupes froid à absorption commercialisés sont installés en Asie », ajoute l’expert. Une industrialisation complète est possible et certains acteurs français sont dans la dynamique de ce sujet, notamment Helioclim et Alsolen qui produit à partir du solaire de l’électricité, mais également du chaud, du froid et la distillation de l’eau (dessalement). Le Serm, à Montpellier, a ainsi équipé un ensemble de bâtiments (tertiaire, logements et commerces) d’un système
...
Légende : L’arche solaire est constituée de capteurs installés à la fois en position verticale et horizontale. La pergola solaire ainsi créée permet également de réduire l’ensoleillement direct sur le bâti.
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 25
Énergie
Climatisation solaire Airbus Bâtiment M24, Toulouse Au niveau de la machine à absorption, les rejets de chaleur à l’absorbeur et au condenseur peuvent être réutilisés à condition de trouver l’application pour cela. « Il faut que les niveaux de température le permettent et qu’il y ait à la fois des besoins de chaud et de froid simultanément. C’est le cas de l’installation financée dans le cadre du programme Emergence de l’Ademe dans les locaux d’Airbus, à Toulouse, où les rejets de chaleur peuvent être valorisés en préchauffage d’une veine d’air », note François Boudehenn. Le bâtiment concerné est constitué d’un hall d’essais et de locaux d’exploitation. La climatisation et le chauffage issus de l’énergie solaire sont en complément des productions centralisées existantes. Les capteurs solaires à tube Vitosol couvrent une surface de 67,8 m2. Ils sont connectés à une machine à absorption H2O/LiBr de 17,5 kW frigorifique (Yazaki WFC SC 05). Le froid produit à l’évaporateur de la machine à absorption est distribué via le circuit général d’eau glacée existant. Les rejets de chaleur à l’absorbeur/condenseur, de même que les surchauffes du stockage solaire, sont valorisés sur le circuit de distribution d’eau chaude existant. Les capteurs solaires alimentent en eau chaude à 95 °C maximum le ballon tampon solaire. Ce ballon alimente ensuite le groupe à absorption (température d’eau entre 70 et 95 °C). La température minimale est gérée via une vanne trois voies et un circulateur à vitesse variable qui optimisent l’entrée d’eau chaude dans le ballon. Concernant la température maximale et afin de protéger l’installation, un circuit permet de réguler la température du ballon en évacuant les calories sur l’air extérieur : • en été, via un aérotherme ; • en hiver, ces calories réchauffent une veine d’amenée d’air neuf des centrales de traitement d’air via un échangeur sur le circuit de récupération. La productivité solaire utile a été de 351 kWh/m² de mars 2013 à avril 2014. Le COP électrique est voisin de 6.
26 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
Les dossiers du mois
de climatisation solaire. Le COP électrique annuel ou ratio entre la production d'énergie thermique solaire (en climatisation et en production d'eau chaude sanitaire) et la consommation d'énergie électrique des auxiliaires du système solaire est d’environ 16. Ces technologies présentent l’avantage d’un haut potentiel de valorisation de la ressource solaire toute l’année, d’une faible consommation électrique (réduite à la pompe de circulation du fluide et à la régulation du système) et utilisent des fluides frigorigènes non nocifs pour l’environnement. Autre avantage non négligeable du climatiseur solaire, les nuisances sonores qui sont considérablement réduites (du fait notamment de l’absence de compresseur électrique). Ajoutons que, plus récemment, avec la baisse du coût du panneau solaire photovoltaïque et la production massive de machines frigorifiques à compression de vapeur, des couplages directs entre des panneaux photovoltaïques et des
Énergie
Les dossiers du mois
climatiseurs à compression de vapeur sont étudiés. Ce couplage vise à développer des systèmes de nouvelle génération, principalement de petite puissance. Une méthodologie de mise en œuvre est établie Une méthode complète d’accompagnement à la mise en œuvre a été développée dans le cadre du projet MéGaPICS intégrant la définition d’indicateurs, mais également des valeurs cibles à atteindre en termes de performances en fonction du schéma d’installation et de ses conditions de fonctionnement. Des outils d’ingénierie de mise en œuvre existent et permettent, par exemple, de prédimensionner et de prévoir les performances des installations solaires de rafraîchissement ou clima-
tisation et de chauffage, de production d’eau chaude sanitaire avec ou sans système d’appoint d’énergie. Des documents existent également pour aider la maîtrise d’œuvre dans la préparation de ces dossiers de consultation aux entreprises (DCE) ainsi que des guides pour la maintenance, le télécontrôle des installations. Guide pour la maîtrise d’œuvre : http://www.solaire-collectif.fr/ megapics/00_index.html Le potentiel solaire français est encore sous-exploité D’autres pays sont en avance sur le sujet, notamment en Europe avec l’Allemagne et l’Espagne. En France, quelques projets de climatisation solaire sont en cours comme,
par exemple, à Quimper, en Bretagne, où le projet est soutenu par l’agence locale de l’énergie. « Il n’y a plus de financement direct car le programme Emergence ayant été achevé, les projets de froid solaire sont désormais soutenus au cas par cas par les délégations régionales de l’Ademe. Ils ne sont pas éligibles au fonds chaleur », nous confie Céline Coulaud, précédemment en charge du programme Emergence au sein de l’Ademe. Avec le développement de la transition énergétique, aussi bien en France qu’en Allemagne, ce type de solutions pourrait progressivement se multiplier, notamment si des machines de faible puissance (5 à 20 kW froid) à prix compétitifs venaient à être lancées. Jean-François Moreau
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 27
Performance énergétique
Les dossiers du mois
DATACENTERS
Le courant continu va-t-il supplanter le courant alternatif dans les datacenters ? Le courant continu revient dans la distribution électrique haute et basse tension. Il est déjà très présent dans les énergies renouvelables, la recharge des véhicules électriques ou le transport d’électricité en très haute tension. Son retour dans l’alimentation sécurisée des datacenters et centres de télécommunications est plus récent, mais veut répondre à la demande des utilisateurs pour des installations plus économes en énergie et plus simples. Encore faut-il que des charges (serveurs, climatiseurs…) alimentées en courant continu soient disponibles et que les utilisateurs soient convaincus des avantages d’une solution encore peu utilisée.
28 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
L
es contraintes et besoins des exploitants de datacenters, mais aussi de centres de télécommunications, sont aujourd’hui bien identifiés : optimiser les investissements en équipements et la surface au sol tout en gardant un haut niveau de disponibilité, de résilience, de sécurité pour les personnels et de maintenabilité. Mais aussi, dans un contexte économique plus difficile, une exigence de diminuer drastiquement la consommation électrique : les TIC (Technologies de l’information et de la communication) représentent aujourd’hui plusieurs % de la consommation mondiale d’énergie et cette progression ne ralentit pas (croissance des réseaux et terminaux, demande de services à haut débit, déploiement massif d’Internet et des services associés dans le monde entier). D’où des installations électriques complexes, de l’arrivée HT jusqu’à la distribution terminale des équipements informatiques. Ces installations incluent presque obligatoirement des solutions de secours en énergie pour pallier toute défaillance du réseau électrique : groupes électrogènes, onduleurs et batteries ainsi que des distributions redondantes de ces sources jusqu’à l’alimentation des équipements informatiques (serveurs, baies de stockage et de télécommunications). Ce sont de multiples étages d’adaptation ou de changement de tension alternative (AC), de conversion alternatif/continu (AC/ DC) ou DC/AC dans des onduleurs pour arriver à des tensions continues très basses (entre 1,5 et 12V) au niveau
de la « puce » électronique au cœur de l’équipement informatique. Ces multiples changements entraînent des pertes et ce sont des calories qu’il va ensuite falloir évacuer au niveau du refroidissement des locaux techniques et informatiques. D’où l’idée des chercheurs, ingénieurs ou bureaux d’études, depuis quelques années, de repenser toute cette chaîne d’alimentation électrique et cela d’autant plus que l’intégration progressive des énergies renouvelables dans ces bâtiments apporte de nouvelles opportunités. L’intérêt renouvelé pour le courant continu Le courant continu n’est pas une nouveauté dans la distribution électrique depuis la fin du XIXe siècle lorsque les pionniers de l’électrotechnique Edison et Westinghouse misaient l’un sur le courant continu avec l’électrification de New York en 110 VDC, et le second sur l’invention du transformateur ou du moteur alternatif de Tesla, qui permettront au transport en courant alternatif de s’imposer. Pourtant, le courant continu n’a pas disparu en restant présent en haute tension continue dans le ferroviaire ou en basse tension de sécurité 48 VDC dans les télécommunications. Mais le véritable retour se fait à la fin des années 1990, aidé par le développement de l’électronique de puissance qui permettra la conception de convertisseurs AC/DC, DC/AC ou DC/DC de plus en plus puissants, performants en terme de rendement et de montée en tension. Des solutions qui ont permis le développe-
Les dossiers du mois
Performance énergétique
ment du transport en courant continu haute tension (HVDC) : des réalisations en Chine de plusieurs GW en 800 kV transportent l’électricité sur des milliers de kilomètres. Au début des années 2000, le 380/400 VDC est entré dans l’ère industrielle pour les alimentations des serveurs de datacenters et d’équipements télécommunications avec les premiers sites pilotes ou expérimentaux. Des premières expérimentations aux derniers sites réalisés en courant continu Pour Denis Finck, responsable Datacenters de Socomec, « le premier site important est probablement l’aéroport de Roissy où, dès les années 1990, ADP a retenu une solution avec une distribution en courant continu sur le site de l’aéroport, mais en conservant une alimentation finale en courant alternatif. Cette utilisation du courant continu avait surtout pour objectif de réduire les coûts des câbles et les pertes sur un site présentant de longues distances entre l’alimentation de secours centralisée (redresseurs et batteries) et les utilisations dispersées sur le site ». Peu de réalisations suivront avant les premiers petits datacenters en 380 VDC réalisés à l’Université de Californie à San Diego en 2003 ou pour Duke Energy en 2010. Les réalisations de datacenters en courant continu dépassant quelques dizaines de kW et quelques baies de serveurs ont vraiment vu le jour depuis 2011. Le plus puissant est sans doute celui de Steel Orca aux USA, d’une surface de 30 000 m2 et d’une puissance de 45 MW. Ce datacenter en service depuis mi-2014 met en œuvre une distribution mixte AC et 380 VDC. Plus près de nous, en Suisse, le datacenter de Green, au-dessus, dont la première tranche a été mise en service en 2012, utilise deux architectures de distribution secourue, en courant alternatif pour 3 MW et 1 MW en courant continu. Le second module inauguré fin 2014, de 4 000 m2, est alimenté entièrement en courant continu 380 V et bénéficie de l’expérience d’ABB pour la première tranche. ABB annonce ainsi un gain de 10 % de consommation d’énergie par rapport à une distribution AC mesurée « du réseau à la puce » à 40-60 % de charge des serveurs.
La distribution en courant continu en sortie de redresseurs redondants va se faire par deux jeux de barres indépendants pour alimenter une entrée d’alimentations redondantes des différents équipements.
Mais les réalisations les plus nombreuses se trouvent en Chine où China Telecom aurait plus de 1 000 sites alimentés en 240/300 V DC, et son concurrent China Mobile développe des sites de télécommunications alimentés en 380 VDC. Des opérateurs japonais font aussi le choix du courant continu 380/400 V, en particulier NTT dont le dernier site de Tokyo a une puissance de 4 MW. Globalement, la plus grande partie de ces nouveaux sites DC est aux USA et en Asie où des travaux de recherche sont menés depuis de nombreuses années au Lawrence Berkeley National Laboratory ou par NTT. En France, les travaux de recherche et premières mises en œuvre dans un datacenter sont à mettre au crédit d’Orange Labs qui s’implique beaucoup dans les travaux internationaux de normalisation. Ces réalisations permettent d’avoir les premiers retours de terrain en terme de gains/disponibilité des matériels/ réticences des acteurs du marché dans un domaine où le camp des acteurs de l’« alternatif » et les partisans du « continu » se sont souvent affrontés à coup de chiffres plus ou moins réalistes. Quels gains/bénéfices attendre de ces nouvelles solutions ? Il y a des gains qui découlent de la disparition d’étages de conversion (DC/
AC) et à la simplification des schémas de distribution : - moins de matériel électronique installé ; - diminution de la surface utile de l’infrastructure d’alimentation ; - gain d’efficacité énergétique et de fiabilité ; - maintenance plus simple avec des redresseurs modulaires plus faciles à mettre en parallèle. L’utilisation du courant continu est aussi intéressante en terme d’équilibre du réseau : - pas de problème d’équilibrage de la puissance consommée sur les phases ; - moins d’harmoniques et de rayonnement électromagnétique ; - pas de problème de synchronisation des sources ; - rendement des redresseurs constant sur une plage de charge très large. Tous ces éléments techniques devraient se traduire par une réduction des coûts d’investissement (Capex) et des coûts d’exploitation (Opex). Pour Didier Marquet, ingénieur expert senior Système d’énergie d’Orange Labs, des améliorations sont encore possibles : « Il existe un fort potentiel de gains sur le rendement des alimentations des serveurs. Des serveurs à alimentation universelle AC et DC ont une plage de tension trop large, 200-420 V au lieu de 260-400 V
...
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 29
Performance énergétique
pour la norme ETSI. Un étage avec correction de facteur de puissance est aussi inutile en DC. L’inversion de sources arrivée réseau AC et groupes électrogènes pourrait être remplacée par un couplage en courant continu sur le bus des redresseurs. » Quels matériels disponibles en 380/400 VDC ? Il existe plusieurs freins au remplacement du courant alternatif par le courant continu 380/400 V, le plus important étant la disponibilité des matériels du datacenter disponibles en tension continue et au premier rang les serveurs. Depuis 3 ou 4 ans, les principaux fabricants de serveurs (IBM, HP, Sun, Dell…) proposent des équipements à tension d’entrée 380 VDC, mais les gammes sont encore limitées. À noter que des essais ont été faits pour utiliser en 380 VDC des serveurs conçus pour une alimentation en courant alternatif. Dans certains cas, le serveur fonctionne (éventuellement avec une alarme), mais l’on peut se poser la question d’une incidence à long terme sur la fiabilité de son étage d’alimentation, dans d’autres cas le serveur ne fonctionne pas. Pour André Rouyer, délégué du Gimelec pour les datacenters, « cela pose un problème pour les rénovations de sites qui représentent une part importante du marché et pour lesquelles les clients ne veulent pas changer toutes les baies, serveurs ou climatiseurs alimentés en énergie secourue ». Côté redresseurs dédiés à ce type d’applications, l’offre se développe. Emerson Network Power a ainsi lancé une gamme de redresseurs multi-baies NetSure 7100 et 8100 de conception modulaire et évolutive et ayant un rendement maximum de 96,2 %. Pour Mark Murrill, directeur des initiatives liées à l’alimentation DC 400 V d’Emerson, « les normes internationales nécessaires à la généralisation de l’alimentation DC 400 V sont désormais en bonne voie, comme le montre l’adoption de la norme EN 300 132-3-1 de l’Institut européen des normes de télécommunications (Etsi). Comme les fournisseurs sont de plus en plus nombreux à prendre en compte cette norme, l’adoption du courant continu 400 V progressera rapidement pour de nombreuses applications, et d’autres normes seront clarifiées et adop-
30 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
tées ». [voir encadré Normalisation] D’autres constructeurs proposent des gammes de redresseurs souvent de faible puissance ou en 48 V issues de redresseurs développés pour des applications industrielles. Toutefois, les professionnels concernés se rassemblent et travaillent dans le groupement EMerge Alliance, né aux USA, pour développer des normes et spécifications favorisant l’adoption du courant continu dans les bâtiments commerciaux. Car, malgré les travaux en cours, les normes de produits, de sécurité, de mise en œuvre ne couvrent pas encore tous les besoins de ces nouvelles applications. Les réponses des constructeurs d’onduleurs : un débat souvent animé Les débats (techniques) ont souvent été assez animés entre les promoteurs de la nouvelle solution « tout courant continu » et les défenseurs des solutions alternatives qui ont fait leurs preuves dans l’alimentation sécurisée des datacenters. Le débat porte souvent sur le calcul des gains en rendement de toute la chaîne dans les deux configurations et sur les valeurs annoncées dans différentes études. Ainsi, pour Neil Rasmussen, Senior VP of Innovation de Schneider Electric, « la comparaison des gains obtenus en passant pour un datacenter de l’alterna-
Tableau général basse tension en courant continu 380 V/3000 A sur le site de Green.ch Suisse.
Les dossiers du mois
tif à une distribution en courant continu va de 28 % pour l’étude LBNL à 15 % pour l’étude EPRI et 1 % seulement pour l’étude du Green Grid. Cette dernière valeur étant confirmée par l’étude de Schneider Electric ». La cause des écarts se trouve souvent dans la majoration des pertes des systèmes d’onduleurs actuels dans les études comparatives en faveur du courant continu. Le rendement de la chaîne redresseur-onduleur est souvent pris entre 80 et 90 %, alors que les nouveaux produits mis sur le marché dépassent souvent 96 %. Ce que confirme Patrick Bois, IT Business Development Director de Schneider Electric : « Les nouvelles générations d’onduleurs triphasés Galaxy VM qui viennent d’être lancées ont un rendement qui dépasse 96,5 % en mode double conversion grâce à un nouveau schéma multi-niveau, et ce rendement est supérieur à 95 % dès 25 % de charge. Et sur un réseau peu perturbé (zone urbaine), ces appareils disposent d’un nouveau mode de fonctionnement ECOnversion™ programmable qui permet d’atteindre 99 % de rendement avec une correction des harmoniques. » Une voie suivie aussi par Socomec avec sa gamme Delphys GP Green Power 2.0 dont le rendement dépasse 96 % et dispose d’un mode Energy Saver pour optimiser le rendement des ASI en parallèle et de nombreuses fonctionnalités pour améliorer encore l’intégration dans l’environnement et la communication. C’est aussi le choix fait par Eaton qui, comme l’explique Stéphane Levillain, Datacenter Business Development Director EMEA, « continue à faire le choix de l’alternatif et a développé une gamme Eaton 93E (80 à 400 kVA) adaptée aux datacenters, avec un rendement supérieur à 95 % et la possibilité d’utiliser un mode éco ayant un rendement de plus de 98,5 %. Et ces appareils ont aussi une gestion intelligente des batteries pour augmenter leur durée de vie ». Ainsi, tous ces constructeurs d’onduleurs misent fortement sur l’augmentation du rendement qui n’est effectivement pas très loin de celui d’un simple redresseur, avec des appareils dont le courant d’entrée est sinusoïdal (pas d’harmoniques), une maîtrise de l’encombrement, de
Les dossiers du mois
la modularité et de la communication avec l’environnement. Tout en reconnaissant que le courant continu prendra probablement une part de marché des datacenters dans le futur, pour les nouveaux sites et lorsque l’offre, aussi bien des redresseurs que des charges (serveurs…), sera complète et mature. Pour Denis Finck, « cela reste un marché de niche car les bureaux d’études ne sont pas familiers avec le courant continu et sa mise en œuvre qui pose des problèmes de sécurité spécifiques, d’autant que certaines normes internationales sont en cours de rédaction ». Mais Didier Marquet pense que les sites de télécommunications basculeront en 380 VDC avant les sites de services car le gain de cuivre est énorme par rapport au 48 V. Et, à terme, l’élargissement de l’usage du DC pourrait se faire à des sites commerciaux, tertiaires, voire résidentiels, et à des « micro-grids » liés aux énergies renouvelables. Jean-Paul Beaudet
Performance énergétique
AVIS d’expert DIDIER MARQUET, expert Groupe Orange en charge Énergie et Environnement technique
« Les normes internationales couvrant les équipements et la distribution en courant continu jusqu’à 400 V sont de plus en plus complètes. » Les principaux travaux de normalisation se font à l’Etsi en Europe, l’Ansi/ Atis aux USA et au niveau international à l’UIT et à la CEI. La première norme Etsi a été publiée en 2003 et révisée en 2012 en Etsi EN 300 132-3-2 pour prendre en compte tous les équipements TIC. Cette série de normes ETSI EN 300 132 est complète avec 6 parties couvrant les sources courant alternatif et continu jusqu’à 400 V. L’UIT a en prépublication la norme L.1202 sur les performances comparées en efficacité énergétique et fiabilité/disponibilité. L’UIT-T travaille sur plusieurs normes sur l’évaluation de
l’efficacité énergétique au niveau d’un site en collaboration avec Etsi. L’Ansi/ ATIS est en train d’adopter pour les USA les normes Etsi et UIT-T, la Chine et le Japon font de même pour leurs normes nationales. La CEI, de son côté, travaille sur les normes produits pour les prises électriques 400 VDC, et une norme produit UPS DC est en cours d’étude. Etsi : European Telecommunications Standards Institute. UIT : Union Internationale des Télécommunications. CEI : Commission Électrotechnique Internationale.
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 31
Sécurité
Les dossiers du mois
Objets connectés et sécurité
Le piratage et l’utilisation des données, des risques à prendre très au sérieux
V
éritable révolution industrielle, le secteur des objets connectés a connu une croissance impressionnante ces deux dernières années. Il en existe pour tous les usages et pour toutes les bourses, allant du frigo connecté aux bracelets pour mesurer l’exposition aux UV, en passant par la voiture communicante.
© Fotolia
Depuis quelques années, les objets connectés se multiplient dans les logements, mais aussi dans les bâtiments tertiaires et collectifs. Cette prolifération permet de simplifier la vie des occupants d’un bâtiment, mais présente également des risques à prendre très au sérieux pour leur sécurité et celle de leurs données. Se prémunir contre d’éventuels piratages est aujourd’hui nécessaire et les solutions se multiplient.
Un appareil connecté sur cinq transmet en clair les données générées (mails, adresses, noms, mots de passe, etc...) par ses utilisateurs.
32 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
Les objets connectés envahiront bientôt notre quotidien, nous permettant d’interagir avec eux en temps réel et pour des usages variés. La révolution de l’Internet mobile ne s’est pas faite en douceur. On était habitué jusquelà à des innovations par améliorations successives de l’ancêtre WAP, mais c’était sans compter sur l’arrivée brutale de l’iPhone et d’Androïd, qui ont bouleversé le marché. Même constat concernant l’IoT (Internet of Things), qui constitue une rupture importante. La connectivité s’adapte aujourd’hui aux usages et permet de rendre communicant chaque objet de notre quotidien. L’IoT prolifère Encore au stade de discussions et d’expérimentations il y a peu, les prévisions pour 2015 laissent perplexe : selon une étude de l’institut GFK, le marché de l’Internet des Objets devrait atteindre un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros pour l’année 2015. Les objets connectés sont devenus un secteur stratégique, fait assimilé par la plupart des géants de l’Internet, lancés dans une course aux rachats. L’an dernier, Google a déboursé la somme impressionnante de 3,2 milliards de dollars pour racheter Nest Labs, start-up fabricant le premier thermostat connecté, ainsi que Dropcam (caméra connectée) et Revolv (Smart Home). Et les exemples sont nombreux, comme Intel, qui s’est
offert Basis début mars, le spécialiste Des risques à considérer des objets connectés, pour la somme de Parmi les cas de piratage effectifs, l’un 100 millions de dollars et Samsung des plus remarquables est celui obserqui a racheté Smar tThings, une vé il y a moins d’un an, sur un réfrigéplate-forme pour objets connectés. rateur connecté : un jour, cette famille Un secteur très sans hisLa sécurité des personnes p o r t e u r, q u i toires a devrait poureu la surd’abord constitue le facteur suivre sa croisprise de de risque le plus important. sance exporecevoir nentielle pour un parc prévu, en 2020, une visite de la police à son domicile. de 50 à 80 milliards d’objets connectés La raison évoquée, la présence d’un site dans le monde. pédophile, hébergé au sein du domiIl en existe de toutes sortes, pour cile. Après perquisition de l’ensemble n’importe quelle utilisation, allant des du matériel informatique de cette faapplications médicales au contrôle mille connectée, le signal persiste. En d’accès, parfois portés à même le réalité, des hackers ont utilisé le sercorps. Ces objets, truffés de capteurs, veur du frigo connecté pour héberger jouent le rôle de périphériques et le site. Un exemple encore sans trop communiquent à distance avec un de conséquences et qui peut décrosmartphone, une tablette ou une box cher un sourire, mais l’histoire peut se ADSL servant de « hub ». Ces derniers terminer beaucoup plus violemment traitent les informations fournies par parfois. Dans certains cas, surtout en les objets eux-mêmes. Il en découle ce qui concerne les intrusions dans un donc une foultitude de données di- bâtiment ou un véhicule par exemple, verses, dont une partie est stockée dans l’infraction ne peut pas être constatée l’objet et une autre transmise à l’unité par les experts, car il s’agit en fait d’une centrale. Des données qui offrent à un cyber-infraction, sans marques phyutilisateur d’objets connectés un aper- siques. Compte tenu de cette impossiçu sur ses consommations diverses, ses bilité à constater l’infraction, il est posaptitudes sportives, son état de santé, sible pour une compagnie d’assurance ou encore ses déplacements. Seul pro- de se retourner contre l’assuré pour blème, si l’utilisateur a accès à ses don- fraude, sans que ce dernier ne puisse nées, il n’est pas le seul. Qu’il s’agisse se défendre. d’un hacker ou même d’un opérateur, ces données sont récupérables et Risque pour les usagers exploitables si elles ne sont pas sécu- Parmi les possibilités d’attaques ou risées. d’utilisation de données observées par piratage, deux types se distinguent.
L’agence de conseil The Links a réalisé une étude afin de fournir un aperçu du marché des objets connectés. Il ressort de cette étude que : 68 % des Français ont l’intention d’acheter un objet connecté. Parmi eux, 59 % le feraient pour équiper leur auto, 56 % pour équiper leur maison, 52 % pour une utilisation multimédia, et 47 % pour surveiller leur santé ; 43 % sont curieux, 27 % dubitatifs, 11 % craintifs, 9 % réfractaires, et 10 % seulement se sentent enthousiastes. Pour 89 % du panel interrogé, « les objets connectés peuvent rendre des services intéressants » et 83 % affirment que les objets connectés « vont s’ancrer durablement dans notre quotidien ». Cependant, ils peuvent être perçus comme un danger pour la santé (69 % des interrogés) ou facteur d’une certaine intrusion dans la vie privée (76 %).
Sécurité
© DR
Les dossiers du mois
Gildas Avoine - Professeur en cryptologie et en sécurité informatique à l’Insa Rennes.
La sécurité des personnes d’abord constitue le facteur de risque le plus important. Il est induit par la prise de contrôle par un hacker d’un objet connecté, lui permettant de l’utiliser à sa guise à la place de son utilisateur. Par exemple, beaucoup de contrôles d'accès déployés dans nos bâtiments ne résistent pas à des attaques de ce type. D’après Gildas Avoine, professeur en cryptologie et en sécurité informatique à l’Insa Rennes, un tel piratage est assez simple : « J’ai fait faire l’expérience à des étudiants sur un système de contrôle d’accès. Ils sont partis avec une connaissance proche de 0 sur ce type de système. En quelques jours, ils avaient réussi à faire un clone de la carte d'accès. » Pourtant, toutes les protections ne se valent pas et, dans certains cas, le dispositif montre un peu plus de résistance : « Il y a certains systèmes que l’on sait faibles. Si vous prenez un système qui a déjà été cassé, vous téléchargez les outils sur Internet et vous entrez dedans. Par contre, si vous prenez un système qui n’est pas encore cassé, ça va demander un travail lourd pour essayer de le casser, et les étudiants en seraient certainement incapables. Malheureusement, en termes de contrôle d'accès, la majorité des systèmes que l'on trouve sur le marché sont faibles. » Il est également possible de prendre le contrôle d’une voiture ou du système de contrôle d’accès d’un bâtiment,
...
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 33
Sécurité
Les dossiers du mois
© DR
exemple de deux téléphones portables : l'un est situé à côté du lecteur pendant que l'autre est à côté de la carte de la victime, par exemple lorsque cette dernière laisse son portefeuille dans sa veste au vestiaire.
Dimitri Carbonnelle - Fondateur de Livosphere.
par le biais d’une simple « attaque par relais », menée par un hacker. Cette attaque consiste à relayer la communication entre le lecteur du contrôle d'accès et la carte d'accès, à l'aide par
communique. Selon Gildas Avoine, c’est sur ce point qu’il serait possible d’apporter certaines améliorations : « Aujourd’hui, la vraie question qu’il faut se poser est : a-t-on vraiment besoin de garder ces informations à ces endroits ? Si vous êtes intégrateur, Risque pour la donnée fabricant et que vous mettez sur le marVient ensuite le problème de la sécu- ché une solution, c’est la première quesrité des données des consommateurs tion qu’il est nécessaire de se poser. » Il d’objets connectés. Prenons le cas, faut donc séparer les données pripar exemple, d’un bâtiment, dont les mordiales, essentielles au fonctionneconsommations et les usages divers ment de l’objet et les données privées, sont surveillés et analysés par un dis- issues de l’utilisation de l’objet par le positif de comptage intelligent (smart consommateur. Concernant les donmetering). Les informations fournies nées primordiales, il est possible de par un tel dispositif sont gardées un les sécuriser par chiffrement. Pour les certain temps données privées, par l’objet La Cnil travaille activement la façon la plus (compteur) pour poser très prochainement sûre de les sécuou la carte et riser est donc par le serveur un cadre législatif concernant de les détruire avec lequel il la réutilisation de ces données. ou de les trans-
Schéma de fonctionnement d'une attaque par relais.
34 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
Sécurité
Les dossiers du mois
mettre à l’unité centrale dans un délai assez court après leur apparition. Risque d’utilisation des données La donnée est aujourd’hui une ressource qui vaut cher. Il est donc tout à fait possible pour un opérateur d’objets connectés de récupérer l’ensemble des données de consommation quelles qu’elles soient, pour les réutiliser ou, pire, les revendre. Cette question est d’ailleurs un point essentiel et les entreprises du secteur en sont souvent conscientes, comme nous l’explique Dimitri Carbonnelle, fondateur de Livosphere : « Si les entreprises surveillent leurs clients, elles savent que personne n’achètera leurs produits. Nest ne fournira pas ses données à Google, sauf en cas d’acceptation de la part de l’utilisateur. C’est le consommateur qui a la maîtrise de ses données, il lui appartient donc d’en prendre soin et de ne pas les partager n’importe comment et avec n’importe qui. » Le problème avec les objets connectés est donc le même que pour Internet ou Facebook. Il est également nécessaire, pour éviter les risques, de préférer à des produits peu connus, ceux développés par des entreprises établies et connues. Une question de volonté « Le traitement sérieux de la question du piratage dépend de la volonté du fabricant et des moyens techniques qu’il est prêt à mettre en place », explique Pierre de Beaucorps, président et cofondateur de la start-up Domora. En effet, la question de la sécurité dépend du bon vouloir des entreprises, mais est également confrontée à un principe de réalité. Depuis quelques années, de petites entreprises germent un peu partout dans ce secteur en pleine expansion. Aux vu des coûts de développement de ces objets high-tech, il en va de la réussite financière d’une start-up de mettre sa solution sur le marché le plus rapidement possible, pour rentabiliser son investissement. Point confirmé par Gildas Avoine, qui apporte une précision : « De manière générale, la sécurité s’améliore dans l’informatique ubiquitaire. C’est la prolifération des objets communicants et des solutions qui font
exploser les risques. » Avant d’ajouter : « Ce que l’on trouve sur le marché aujourd’hui a un niveau de sécurité relativement faible. Il est possible de faire beaucoup mieux. » L’obligation de sécuriser l’usage et les données de ces objets connectés « Pour le moment il n’existe aucune contrainte législative portant sur l’utilisation des données des usagers par les fabricants, cette question dépend donc du bon vouloir des exploitants », explique Pierre de Beaucorps. En effet, si la Cnil oblige les entreprises à faire une demande auprès des consommateurs au sujet de l’utilisation des données nominatives, rien n’est prévu aujourd’hui concernant l’utilisation des données générales. Il est donc possible pour un fabricant de savoir comment, quand, et à quelle fréquence le consommateur fait usage de sa solution, permet pour le cas d’un réfrigérateur de savoir ce qu’il consomme… En revanche, la Cnil travaille activement pour poser très prochainement un cadre législatif concernant la réutilisation de ces données. Bref, si ces informations sont évidemment moins sensibles pour les consommateurs, elles peuvent constituer une manne pour les exploitants. Mais, selon Dimitri Carbonnelle, les entreprises auraient tort de s’y risquer : « Quand un exploitant utilise les données de ses consommateurs ou les revend à leur insu, ça finit toujours par se savoir et provoquera la fuite de ses clients. La question de la confiance est essentielle pour les entreprises et la plupart l’ont bien compris. » D’un autre côté, il est important de rappeler que certaines données permettent à l’exploitant d’améliorer son système et d’offrir davantage de services à l’utilisateur. Certaines informations sont donc nécessaires pour une utilisation optimale du produit. La question de la confiance entre l’exploitant et l’utilisateur quant à l’utilisation des données est donc un point clé et un équilibre fragile qu’il convient de respecter.
Les solutions pour se prémunir contre le piratage Avant toute chose, il faut savoir que la manière la moins onéreuse de mettre en place un système de sécurité est de le prévoir au moment de la conception de l’objet connecté. Sinon, il est possible d’améliorer sensiblement le niveau de sécurité en optimisant la gestion des informations présentes dans les serveurs ou les objets connectés eux-mêmes. Enfin, pour les informations nécessaires au fonctionnement de l’objet, il est préférable de mettre en place un système de sécurité renforcé et de chiffrement des données ou encore de sécurisation de leur transmission par l’envoi d’informations parcellaires. Mais inutile de rappeler que cela ne fait que compliquer le travail d’un pirate qui dans la plupart des cas, s’il le veut vraiment, parviendra à s’introduire dans la majorité des systèmes de sécurité. Dans le cas des objets connectés, un élément vient compliquer le problème : chaque application est un cas particulier. Il est ainsi difficile de mettre en place un système de sécurité générique, applicable à l’ensemble des objets connectés ou des serveurs. Si la théorie semble inquiétante, la pratique l’est souvent un peu moins. Le nombre de cas effectifs de piratage reste encore relativement faible. Mais, à en croire Dimitri Carbonnelle, « il risque d’y avoir cette année des hackings massifs d’objets connectés », principalement en raison des faibles niveaux de protection et de leur prolifération impressionnante. Nous sommes donc dans une phase de transition. À l’image des ordinateurs, les objets connectés seront nettement plus protégés dans quelques années. La question de la sécurité de ces nouveaux venus du monde de la high-tech est donc une question qu’il est nécessaire de traiter convenablement. C'est d'ailleurs une des principales questions sur laquelle la sélection devrait se faire, entre les entreprises qui vont prendre de l’importance et celles qui vont disparaître dans l’année ou les quelques années à venir. Alexandre Arène
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 35
RéALISATION
EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE
EcoZA, une zone d’expérimentation de l’efficacité énergétique pour les PME
À
Au printemps 2012 démarre le projet expérimental. Il repose sur la mesure en continu des consommations d’énergie des bâtiments (chauffage, électricité, éclairage…), dans le but de déceler et d’exploiter des gisements d’économies d’énergie. « Les bilans énergétiques que nous avions réalisés jusqu’ici ne représentaient qu’une photographie à un instant T, indique Hervé Courtel, pilote de la commission Énergie au sein de l’association ECE. Ils n’étaient pas suffisants pour dénicher des sources d’économies d’énergie dans la durée, suivant la saison, les périodes de la semaine, de la journée… Heureusement, nous avions la chance d’avoir parmi nos membres une société éditrice de logiciels, QOS Energy, capable de développer un ou-
© DR
l’origine du projet EcoZA, il y a ECE, une association d’entreprises de l’agglomération nantaise, la Chapelle-surErdre. Cette association, créée en 2009, regroupe près de 70 PME formant un bassin d’emplois essentiellement tertiaire en fort développement. Elle se veut d’emblée pionnière dans les projets collectifs axés sur le développement durable. ECE commença ainsi par inciter chacun de ses membres à réaliser des bilans carbone et thermique, ainsi que des formations collectives à l’éco-conduite. Elle mit également en place un plan de déplacements inter-établissements. Ainsi naquit l’initiative EcoZA.
Le bâtiment de la société VIF bénéficie de mesures pour améliorer sa performance énergétique.
36 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
© DR
Près de Nantes, plus d’une douzaine de PME regroupées au sein d’une zone d’activités mènent une initiative collective baptisée EcoZA, qui leur permet d’optimiser la consommation énergétique de leur bâtiment. Une initiative qui pourrait en inspirer bien d'autres.
Hervé Courtel, pilote de la commission Énergie au sein de l’association ECE.
til de mesure en ligne de la consommation énergétique permettant de pousser plus loin notre diagnostic énergétique. L’idée est donc venue de porter un projet collectif plus ambitieux, EcoZA, avec l’aide de l’Ademe et la Région Pays de Loire, qui s’appuierait sur un tel outil, mais aussi sur les conseils de Geolia, un cabinet expert dans l’efficacité énergétique. » Pour Franck Le Breton, PDG de QOS Energy : « La maîtrise énergétique représente un enjeu économique grandissant, y compris pour les PME, à cause du renchérissement du coût de l’électricité et surtout du fait des possibilités nouvelles d’optimisation de la consommation, qui en font un facteur de performance économique important désormais. En outre, comme dans beaucoup de zones industrielles, à la Chapelle-sur-Erdre, une bonne partie des bâtiments ont une trentaine d’années d'existence et ont rarement été bien pensés au niveau de l’efficacité énergétique. Si nous ne pouvons agir sur les bâtiments eux-mêmes, au travers de l’initiative EcoZA, nous avons constaté qu'une entreprise de services de taille moyenne pouvait réaliser de 5 à 10 % d’économie énergétique sans faire aucuns travaux, simplement en mettant en œuvre de nouveaux modes de
RéALISATION
© DR
rance d’amortir en un ou deux ans leur investissement dans l'audit grâce aux économies réalisées.
Franck Le Breton, PDG de QOS Energy.
consommation du chauffage ou de l’éclairage. Ainsi, même si ces économies sur la facture énergétique d’une PME ne sont pas énormes, cela représente une économie significative à l'échelle de l’ensemble d’une zone industrielle. » L'enjeu d'EcoZA est aussi d'élaborer un montage partenarial et financier privépublic autour de la mise en place d'audits énergétiques dans la durée (installation des outils de mesure et analyses régulières du cabinet expert) ne coûtant à une PME pas plus cher que sa consommation annuelle et qui puisse dès lors être répliquée ailleurs. Ainsi, sur un budget global de 3 000 e par entreprise pour le suivi sur une année, entre 1 200 e et 1 700 e étaient pris en charge par l'Ademe et la Région Pays de Loire. Ainsi, les treize PME participantes avaient-elles l’assu-
Un bilan mitigé d'EcoZA Pour autant, malgré cette aide significative des pouvoirs publics, après un an d’observation de l’efficacité énergétique des bâtiments dans la zone industrielle, le bilan d’EcoZA est plutôt mitigé. Quelques entreprises importantes de la zone n’ont pas participé suffisamment activement à cette opération. « Pourtant, comme l’explique Hervé Courtel, directeur administratif et financier de la société VIF, les entreprises actives dans EcoZA, y compris la mienne, qui disposaient d’un bâtiment récent en ont retiré des bénéfices réels. Au sein du bâtiment de ma société, VIF, dont la surface est de 2 500 m2 et est occupé par 170 personnes, nous avions par exemple pris l’habitude d’utiliser un plancher chauffant en tant que chauffage principal et des climatisations réversibles avec pompe à chaleur en appoint. À l’issue d’un an de mesures, nous avons constaté que nous surconsommions de cette manière l’énergie, car nos climatisations réversibles avaient dans la plupart des cas une performance énergétique très supérieure au plancher chauffant, sauf quand la température extérieure descend en dessous de 5 °C, ce qui reste assez rare dans notre région. Nous avons donc adapté notre
La société Atemis a constaté avec surprise, grâce à EcoZa, que le week-end sa consommation électrique était équivalente à la semaine, car il n'y avait pas de modulation de la chauffe suivant l'occupation du bâtiment.
mode de consommation et réalisons des économies. De même, la mise en chauffe journalière du bâtiment a été ajustée de manière plus précise pour correspondre exactement à nos besoins et aux habitudes du personnel. » Franck Le Breton ajoute à son tour : « Cette initiative a mis en évidence chez certaines entreprises l’inadéquation entre leur système de chauffage et le bâtiment, mais aussi des pratiques énergivores au quotidien comme le fait de chauffer en continu des zones inoccupées d'un bâtiment telles que des salles de réunion. Sur la base de l'audit énergétique EcoZA, se sont révélés également les moyens d'optimiser les scénarios de chauffe suivant les spécificités d’un bâtiment et son mode d'occupation. » Fort de ces premiers résultats à l’impact, certes limités, mais très concrets et positifs sur la vie des entreprises, les initiateurs d’EcoZa ont décidé de continuer à mener une veille régulière sur leur consommation énergétique et à élargir le cercle des entreprises participantes au projet. Vu qu’EcoZa concerne la consommation des bâtiments et non pas les process industriels qui peuvent varier beaucoup d'une entreprise à l'autre, tout porte à croire qu’une telle action soit reproductible sur de nombreuses autres zones d’activités. Marc Bourhis
Les partenaires du projet EcoZa L'association ECE (Entreprises de la Chapelle-sur-Erdre), porteuse du projet EcoZA, a pu se reposer sur plusieurs partenaires techniques et financiers. L’Ademe et la Région Pays de Loire ont financé 50 % des diagnostics réalisés par les experts du cabinet d’audit Elogia, spécialisé dans la performance énergétique, tandis que l’éditeur de logiciels QOS Energy a mis à disposition Quantum, sa solution en ligne de mesure et de suivi dynamique en temps réel de la consommation énergétique d’un bâtiment. Les données étaient récoltées sur la base de trois sondes minimum installées sur les compteurs électriques et à un certain nombre de points névralgiques du bâtiment. L’Ademe, au travers de l’association Alisée, a également réalisé des opérations de sensibilisation aux gestes écodurables auprès des personnels des entreprises participantes.
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 37
CVC
Chauffage hybride, une solution adaptée pour le tertiaire et le collectif
Solution hybride pour le chauffage et l’ECS Les systèmes hybrides ou biénergie ont le vent en poupe. L’optimisation des consommations qu’ils permettent repose sur l’utilisation de l’énergie de chauffage la plus performante thermiquement ou économiquement. C’est applicable aussi bien pour le tertiaire au travers de solutions multi-usages que pour le collectif, notamment pour les solutions d’ECS. La solution la plus répandue, chaudière hybride et PAC électrique Une solution hybride associe le plus souvent chaudière et pompe à chaleur (soit une énergie fossile et l’énergie électrique, l’ensemble fournissant l’énergie thermique), mais on qualifie également d’hybride ou biénergie des solutions basées sur d’autres couplages d’énergie, dont les trois principaux : chaudière à condensation + solaire thermique, chaudière biomasse + solaire thermique, chaudière condensation gaz + pompe à chaleur. Ces solutions sont également multi-usages (chauffage, climatisation, ECS…) et sont aujourd’hui parmi les plus pertinentes d’un point de vue
énergétique, environnemental et économique, selon une étude récente de l’Ademe. D’ailleurs, les différents fabricants proposent des solutions depuis début 2013 aussi bien pour le marché individuel que pour le collectif ou le tertiaire. Et il semble que tant pour le neuf que pour la rénovation, ces solutions s’installent sur le marché de façon durable : « Le marché est encore naissant, mais a trouvé ses marques, la dynamique de 2014 s’accélère avec de plus en plus de sollicitations par les bureaux d’études, et des cahiers des charges qui ouvrent à l’usage de solutions hybrides », indique Stéphane Silvi, responsable produits chez Atlantic Guillot. Ajoutons que la stratégie énergétique dictée par la réglementation thermique et la loi de transition énergétique ouvre de toute évidence la voie à la complémentarité des énergies et donc à ce type de solution. Un principe de fonctionnement simple « Prendre la meilleure énergie au meilleur moment ». Tout l’intérêt d’un système hybride (PAC + gaz ou autre énergie) réside dans le fait que la PAC n’a pas besoin de répondre aux besoins de chauffage pour toutes les conditions de température d’air extérieure.
Dans le tertiaire, l’utilisation d’une PAC réversible assurant le chauffage, mais aussi la climatisation des bâtiments, présente des performances très intéressantes… à condition d’être bien utilisée. En particulier, lorsque la température d’air extérieur diminue, c'est-à-dire lorsque les besoins de chauffage des bâtiments augmentent, la puissance délivrée par les PAC air/air ou air/eau diminue progressivement, tout comme les performances. Cette caractéristique liée aux technologies à base de PAC électriques aérothermiques conduit parfois à surdimensionner ces installations, pour qu’elles puissent couvrir le besoin de chauffage du bâtiment par grand froid. L’investissement initial est alors plus important et la PAC électrique se trouve surdimensionnée la majeure partie de l’année, donc fonctionnant souvent à charge partielle. La régulation sur énergie primaire ou l’optimisation du rendement L’hybride permet de s’adapter aux conditions rencontrées (en fonction de la température extérieure et des charges de chauffage/eau chaude sanitaire). La régulation minimise la consommation d’énergie primaire selon trois possibilités de fonctionnement et garantit le choix de l’énergie la plus performante quelle que soit la température extérieure. La chaudière prend le relais de la PAC pour des températures extérieures aux alentours de 0 °C, suivant les constructeurs et performances de la PAC. La PAC est utilisée seule lorsqu’il fait relativement doux (partie verte du schéma et ce jusqu’à la température extérieure de bascule). Quand elle ne peut plus assurer la totalité des besoins de chauffage, le brûleur gaz est allumé pour assurer l’appoint de puissance
... j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 39
CVC
puis mai 2014 l’Aquaciat2 Hybrid qui autorise, en sus de la régulation sur rendement, la permutation sur la chaudière gaz à tout moment par un simple contact extérieur. Ainsi, sur ordre de la GTC ou bien dès l’atteinte d’un seuil de consommation électrique, il est possible de répondre également aux besoins d’effacement de la pointe de consommation sans générer d’inconfort pour les usagers. Le niveau de puissance calorifique délivré est conservé et s’intègre ainsi dans la logique des réseaux smart grid.
Principe de fonctionnement hybride gaz&PAC. (Source Ciat Aquaciat2 Hybrid)
Dans la pratique, les températures de bascule sont fixées par le fabricant en fonction des rendements des deux technologies utilisées (PAC et brûleurs). Ciat, par exemple, commercialise de-
© DR
nécessaire et la PAC reste en fonctionnement tant que son rendement sur énergie primaire est meilleur que celui du brûleur gaz (partie intermédiaire entre les deux températures de bascule).
Optimiser la facture énergétique Le principe consiste à choisir à tout moment la technologie qui présente le coût énergétique le plus avantageux. La régulation intègre alors, d’une part, les prix des énergies de chaque technologie, et, d’autre part, les rendements sur énergie finale des équipements. La consommation par énergie multipliée par le coût de l’énergie concerné devient donc le pilote du choix de la bascule.
Huit combinaisons de machines possibles pour la gamme hybride réversible de Ciat de 47 à 75 kW de froid pour 47 à 83 kW de chaud 40 à 65° C.
40 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
CVC
Pour donner un exemple, c’est le choix fait par un hôtel Ibis de 80 chambres. Ici, la PAC hybride Aquaciat est une machine de 75 kW chaud, avec un module chaudière gaz de 85 kW. Elle a été installée en remplacement d’une ancienne PAC air/eau au R22 avec un ballon tampon équipé de thermoplongeurs en appoint.
Exemple de solution hybride pour l’ECS en rénovation, Opac, 36 Le Blanc
© Atlantic
- Maître d’ouvrage : Opac 36 - Résidence Les Menigouttes avec 20 logements à desservir - Raisons du choix d'Hydramax par le MO : diminuer la facture énergétique avec un objectif de baisse significatif - Solution retenue : production d'ECS thermodynamique collective avec appoint hydraulique assuré par un accumulateur gaz condensation - Matériels Atlantic Guillot installés : 1 x Hydramax 11B25 (11 kW) + 1 x Corhydro 1500L + 1 x Sanigaz Condens 370-50 (50 kW) Coût d’investissement approximatif : 30 000 €.
Hydramax Gaz avec trois modèles de pompes à chaleur de 11 à 16 kW (jusqu’à 48 kW en parallèle) avec des ballons de 500 à 3 000 l.
Les atouts combinés de deux technologies connues et éprouvées Premier atout avec une fiabilité et une longévité plus grandes que les solutions tout électrique ou les solutions bi-énergies en « base + appoint ». La PAC électrique est moins soumise aux charges partielles, aux éventuels cycles courts, ainsi qu’aux cycles de dégivrage. Elle est de plus utilisée moins longtemps en l’hiver car, à partir d’une certaine température, elle s’arrête. Sa durée de vie est donc sensiblement augmentée. Ensuite, l’hybride constitue le plus souvent un ensemble compact et particulièrement facile à installer. L’hybride permet également d’assurer une continuité de services importante et une sécurité supplémentaire en toutes circonstances grâce aux deux énergies de réseaux disponibles et complémentaires. Pour le tertiaire, les solutions hybrides sont utiles non seulement pour le chaud mais aussi pour le froid (PAC réversible). Les systèmes hybrides aussi pour le collectif Pour le collectif, les systèmes hybrides se positionnent pour répondre aux besoins de chauffage ou d’ECS. « Pour répondre aux besoins d’ECS et également à une éventuelle exigence de part ENR ou bien à une ambition de réduction de la facture énergétique ou bien encore à une volonté de performance dans le calcul thermique, un système hybride « PAC + gaz » peut se révéler une excellente alternative aux solutions « solaire + gaz . On peut faire varier le taux de couverture thermodynamique de 20 à 80 % et suivant l’objectif souhaité. Ainsi, la solution que nous proposons est très compétitive si l’on compare le coût total investissement et/ou exploitation », indique Stéphane Silvi. Le principe de fonctionnement pour l’ECS « thermodynamique + gaz » est un peu différent de ceux énoncés précédemment. La PAC fonctionne en accumulé de nuit (absence de soutirage) afin que la régulation maximise le temps de montée en température du ballon pour maximi-
ser l’usage de l’inverter et donc le COP. L’appoint gaz intervient pour éventuellement compléter la charge et assurer le réchauffage de la boucle dans le ballon d’appoint, ajoute l’expert. Le COP moyen annuel du système global de production est entre 3 et 3,5 selon la zone géographique et le dimensionnement effectué. Le volet environnemental est aussi pris en compte Les systèmes hybrides sont le plus souvent conçus en suivant une démarche d’écoconception reposant sur la norme ISO 14062, avec pour objectif la diminution de l’impact environnemental sur la base de l’analyse de son cycle de vie (ACV). Citons pour exemple le système hybride de Ciat avec un objectif, en fin de vie de la machine, de recyclage de 92 % des matériaux la constituant. Les solutions hybrides aussi bien pour la rénovation que le neuf Neuf ou rénovation, les marchés sont réellement ouverts, surtout compte tenu de la fin des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité. L’avenir des solutions hybrides passe aussi par un travail approfondi de la fusion des deux technologies (PAC électrique et brûleur gaz naturel), notamment au niveau du basculement d’une technologie à l’autre. Ce travail est largement entamé par les fabricants, et les solutions se déclinent pour tous les marchés depuis le chauffage individuel, collectif, aux systèmes multi-usages tertiaire. La régulation du système est donc clé pour optimiser, d’une part, le rendement sur énergie primaire, et, d’autre part, minimiser le prix d’achat des énergies. Ainsi les solutions hybrides garantissent davantage l’utilisation de l’énergie de chauffage la plus performante en maîtrisant les consommations et par conséquent également la facture énergétique. L’enjeu de 2015 est de pouvoir modifier simplement les réglages en fonction de l’évolution des prix des énergies. Jean-François Moreau
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 41
ÉVÉNEMENT
Retour du CES 2015 : entre French Tech et objets connectés Le Consumer Electronics Show de Las Vegas, salon consacré à la haute technologie, est aujourd’hui devenu le plus important événement du genre. Constructeurs, journalistes et férus de nouvelles technologies s’y côtoient sur 185 000 m2 d’exposition. Annonces majeures et présentation des innovations donnent le ton pour l’année qui suit à la planète technologie. Lors de cette édition 2015, deux tendances étaient à retenir : la forte présence de la France et le décollage de l’Internet des objets.
Une vitrine internationale pour la technologie française Pour une entreprise, venir au CES, c’est accéder à une vitrine internationale, avec ses 150 000 participants venus de 140 pays. Pour les 3 600 exposants, dont les géants de l'électronique Samsung, LG et Sony, sur une surface de 185 000 m2 entre le centre de convention de la ville et les grands hôtels, l’enjeu est de développer de la visibilité. La mission French Tech pilotée par Bercy avait fédéré les start-up françaises sous le slogan « France is innovante ». De fait, la France a emmené sur place la première délégation européenne et cinquième au niveau mondial avec 120 entreprises, loin devant l'Allemagne (39) et le Royaume-Uni (33), allant des grands groupes tels que Dassault Systèmes, L'Oréal, La Poste ou Valéo, aux start-up (66 contre 38 l'an dernier). Soit une sur trois dans l'espace dédié du salon Eureka Park ! Si le succès de communication est indéniable, il reste
42 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
à la French Tech à transformer cette forte impression en succès économique durable. Parmi les applications liées à la ville intelligente, on retiendra la start-up Soyhuce, fondée il y a un an, qui développe plusieurs solutions dans le domaine du Big Data à l’attention de la smart city et de la smart industry. Au CES 2015, elle propose une nouvelle application intitulée City together, qui permet aux mairies d’avoir une communication étroite avec les citoyens de façon bijective, montante et descendante, améliorant ainsi la qualité de services urbains et l’implication des habitants. Les objets connectés, du discours à l’industrialisation Déjà grande tendance de 2014, la démocratisation des objets connectés a clairement continué à croître en 2015. Si les deux dernières années ont vu émerger de nouveaux objets dédiés au sport et au bien-être, on a vu cette année des produits destinés à des usages plus spécifiques. Pas moins de 900 entreprises du monde entier opérant dans le secteur des objets connectés étaient présentes à travers les innovations proposées par des acteurs bien connus du marché, comme Withings, Cityzen ou Archos, mais également des start-up encore peu
connues comme Airboxlab, Photonotix, 3DRudder, Ticatag, 12 Monkeys... La concurrence augmentant fortement sur ce marché, il sera intéressant de voir si les innovations présentées sauront convaincre le grand public à moyen terme. Outre la mesure de soi, il est clair que la thématique de la maison connectée et de la domotique sous des formes très variées a fortement émergé lors de cette édition 2015. Le patron de Cisco, John Chambers, qui s’est s’exprimé lors d’un keynote, a insisté, tout comme son homologue d’Intel, sur la révolution que représente l’Internet des objets (IoT, Internet of things), notion qui est clairement le cœur de cette édition 2015 du CES. Si l’Iot va avoir un impact « peut-être dix fois supérieur à celui qu’a eu Internet », a-t-il déclaré, c’est que, au-delà des connexions individuelles (un réfrigérateur, une voiture, un bracelet, des chaussures…), la généralisation et la combinaison de toutes ces informations nous amène à un véritable Internet « total » (« Internet of everything »). Après salon : des enjeux multiples De retour de Las Vegas, ces start-up innovantes auront vraisemblablement à faire face à un enjeu majeur qui est celui de l’industrialisation et de la distribution, rappelle Dimitri Carbonnelle, expert en objets connectés auprès de la mission French Tech. Pour les entreprises traditionnelles, l’enjeu est de prendre conscience rapidement de l’urgence à se poser la question de l’influence de l’Internet des objets sur leur activité, sous peine de se retrouver pour certaines marginalisées sur leur propre marché. En première ligne, l’automobile, l’hôtellerie et l’équipement de la maison. À la vitesse où certains secteurs se réinventent, des réponses seront certainement données chez ces acteurs d’ici le CES 2016. Aymeric Bourdin
62% 3%
85%
64%
ChIFFRES CLés
64%
57%
Les objets connectés Étendue du parc et taux de pénétration en France 46%
1,5%
1,5% 46%
62%
150 millions d’euros c’est la valeur du marché des objets connectés en France pour l’année 2014
3%
3%
pour le marché français 64% 85% 85% 57%3% 3% 64% 3%
85% 3% 64% 85% 3% 64%
pour le marché des objets connectés en France entre 2013 et 2016
57%85% 64% 64% 85% 57%3% 85%
3%
3% 64% 85% 57%57% 3% 64% 85%
64% 85% 57%3%
1,5%
46% 1,5% 1,5% 500 millions1,5% d’euros c’est la valeur que pourrait atteindre 1,5%des le marché1,5% objets connectés en France en 2016 46%
1,5%
,
57%57% 85% 64% 85% 64%
64%
85%
46% des dépenses
46%46% 1,5% 1,5%
46% 62% 1,5%
3%
85%
85%
46% 46% 46%produits high-tech 46% 62% 62% 46% 62% 62% des 1,5% achetés en62% 2020 en France 46%46% 46% 62% 62% 46% 1,5% 62% seront des objets connectés 1,5% 62% 46% 46% 62% 64%
64%
46%
46%
57%
57%
Acceptation par le grand public
85%
85%
64%
64%
64%
57% 1,5%
1,5%
57%
57%
des Français46% pensent pensent que les objets 62% 62% que les objets connectés 46%connectés vont inéluctablement sont des gadgets dont se développer et devenir aussi on peut se passer incontournables que les ordinateurs et les smartphones
64%
6 57%57%
57% 64%
62% 46% 1,5% 1,5% 1,5% 1,5% high-tech des Français en 2016
1,5% 3%
57% 64% 57%85% 64%
85%
57%85% 64%
3%
% 1,5%
%
Prévisions économiques 3% 85% 3% 3% 85% 64% 85% 3% 3% 85% 85% 3% 85% 3% 85% 64%
49%
de croissance
c’est la proportion des objets connectés dans les dépenses high-tech (ordinateur, téléphones, tablettes...) des Français en 2014
46%
62%
62%
62%
des Français se laisseront facilement convaincre par l’acquisition d’un objet connecté
pensent que les objets connectés vont rapidement se généraliser auprès du grand public
Sources : Etude Ifop novembre 2014, Etude Xerfi, Etude Harris Interactive
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 43
46%
4 62%
portrait d’entreprise
Par Olivier Durand
Cap Technologie, un savoir-faire technique et des produits symboles de ses valeurs, « autonomie, évolutivité et sensibilisation »
44 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
P
arler de Cap Technologie, c’est d’abord faire le récit « d’une aventure humaine », confie son patron, Franck Ferrari. De fait, je risque de ne pas avoir assez de place pour évoquer les dix années écoulées. Dix ans, pour développer un savoirfaire technique unique, jouer des coudes pour « se frayer un passage au milieu des grands opérateurs du secteur de la GTB ». La Gestion technique du bâtiment, ce système informatique supervise l’ensemble des équipements installés dans un édifice, contrôles d’accès, éclairage, chauffage... Il est constitué d’automates qui recueillent les informations des équipements,
© DR
Est-il besoin de rappeler l’importance de la maîtrise de l’énergie dans les bâtiments ? Oui, au moins pour deux raisons, parce que le bâti est le principal pourvoyeur de CO2, cela pour le comportement écoresponsable, et parce que le coût de l’énergie ne cessera d’augmenter, cela pour l’impact économique. D’où la nécessité pour un gestionnaire de biens immobiliers de mettre en place les outils performants pour faire face à ces défis. L’amélioration de l’efficacité énergétique est le quotidien de Cap Technologie, spécialiste des softwares de suivi énergétique. La petite PME innovante tient tête aux grands du secteur. Rencontre.
Franck Ferrari, PDG de Cap Technologie.
d’un réseau qui les relie à un poste de gestion, équipé d’un logiciel de supervision, le chef d’orchestre ! Ce sont ces programmes que Cap Technologie développe. À sa tête donc, Franck Ferrari, sourire franc, poignée de main dynamique, paroles passionnées et un parcours professionnel sans temps mort, qui tient de la course des cent mètres. Enfant de Corse, la mer en ligne de mire, cinq ans d’École nationale supérieure maritime, qui le mèneront tout droit à la barre d’un porte-conteneurs, comme capitaine de première classe de la marine marchande. « Pour le romantisme des voyages ! », pirouette qui ne trompe pas. Lui, qui ne s’épanouit que dans le mouvement, troquera vite le sextant et les coursives de son navire pour la calculatrice et les couloirs de l’École des mines, histoire d’alourdir un CV déjà brillant. Sa vie d’ingénieur le conduit à prendre la responsabilité du Centre technique de réalisation Grand Ouest de Siemens Building Technologies. Sa carrière, « en phase ascendante », semble sur des rails, mais l’homme aime à bousculer la routine : « Je démissionne », dit-il en toute simplicité. Nous sommes en 2002, amarré dans les faubourgs de Nantes, à une encablure de l’océan, Cap Technologie peut prendre la mer ! Épaulé par deux associés, Patrice Château et Yann Le Chalony. Trois ingénieurs, trois profils complémentaires, une idée en tête – « quelle que soit l’issue, pouvoir nous dire que nous avons tenté notre chance » – et un client quasi unique, Siemens.
portrait d’entreprise
Cap Technologie innove constamment pour proposer de nouvelles solutions aux acteurs de la gestion technique et énergétique du bâtiment.
Une parenthèse vite refermée, « nous ne voulions pas rester sous-traitant et évoluer dans l’environnement technique d’un unique donneur d’ordre », développe Franck Ferrari. Point d’inflexion qui change tout. La vraie nature de Cap Technologie peut se révéler et mettre en œuvre ses capacités à déplacer des montagnes. Car, c’est le défi qui attend
Cap Technologie dépense l’équivalent de 10 % de son chiffre d’affaires en R&D la PME qui vient « de tirer un trait sur 80 % de [son] chiffre d’affaires ! » Du panache, mais aussi un avis de gros temps : « Nous serrons les boulons, nous allons chercher les affaires, sans véritables compétences commerciales, mais on apprend vite, c’est le projet qui nous motive. » Le questionnement : « On est qui ? On est quoi ? » Puis le positionnement technique : quelle valeur ajoutée proposera l’entreprise. Une réflexion qui débouche sur une profession de foi
en trois mots : « Autonomie, évolutivité, sensibilisation ». L’autonomie, « la porte d’entrée de la satisfaction client », soutient Franck Ferrari. Tous les ans, Cap Technologie dépense l’équivalent de 10 % de son chiffre d’affaires en R&D pour élaborer des logiciels sophistiqués, mais rendus abordables à l’utilisateur. Une ergonomie qui « d’un simple clic de souris permet un changement de configuration », des systèmes « Plug and Play », modifiables par des utilisateurs non spécialistes. Si les changements souhaités vont au-delà des compétences du gestionnaire, « liberté lui est donnée de faire appel à nous ou nos prestataires, mais le client reste le pilote de son bâtiment ». Le gestionnaire a une vue globale, en temps réel, du fonctionnement et des automatismes via une multitude de données, des alarmes (panne, arrêt anormal, dépassement de seuil…), des états de fonctionnement des équipements, des mesures (température, nombre de pannes…). Vision panoramique qui anticipe l’insatisfaction et l’inconfort des usagers, « bien avant que ceux-ci ne se rendent compte des éventuelles défaillances ». L’évolutivité, l’autre pilier de Cap Technologie,
des protocoles de communication abusivement dits « ouverts », mais qui, en définitive, n’autorisent pas l’utilisateur à faire bouger lui-même son installation et le maintiennent dans une situation de mono-fournisseur. « Un bâtiment bénéficie d’une espérance de vie d’au moins 30 ans, la GTB est pensée pour l’usage initial de l’ouvrage, ce qui n’a aucun sens », rétorque Franck Ferrari qui ajoute, « le soft doit être aidant et non un frein à l’évolution des édifices dans le temps, sinon les changements peuvent coûter énormément et ne pas être en corrélation avec les moyens financiers de l’utilisateur ». Une construction est un organisme qui subit des métamorphoses, les softs de Cap Technologie « sont dès l’origine conçus pour permettre au gestionnaire d’assurer lui-même cette mue qui pérennise son investissement et lui donne de la valeur ». Le client a le dernier mot. Cap Technologie se positionne au plus près des usagers, c’est son troisième pilier, la sensibilisation. Ses programmes contrôlent les dérives en matière de consommation énergétique de l’entreprise. Des capteurs de mesure, des compteurs, communiquent en temps réel les données qui peuvent être diffusées sur des écrans, dans des lieux à fort passage (accueil, cafétéria…) pour sensibiliser les usagers et suggérer un comportement éco-citoyen. Cap Technologie estime que ses solutions permettent « un potentiel de réduction de 30 % de la consommation énergétique des bâtiments d’habitation et tertiaires et de 25 % pour les bâtis industriels ». Des chiffres qui font mouche, les références en témoignent : le nouveau stade du Mans, le siège social de la MAIF ou encore la Mairie de Paris. Du grain reste à moudre pour les 20 collaborateurs, qui ont réalisé 2,5 Me€ de chiffre d’affaires en 2014, et cinglent toutes voiles dehors au-delà du Grand Ouest, leur marché traditionnel, visant l’ensemble du marché national, voire l’international à plus long terme. Il y aura encore beaucoup à dire sur les « aventures » à venir.
@oliver.durand
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 45
LE PLUS LU SUR www.filiere-3e.fr Le 08/01/2015 par Filière 3e
De l’IoT à l’IoE : la conférence de John Chambers au CES 2015 Après Brian Krzanich (le PDG d’Intel ) hier, c’était aujourd’hui au tour de John Chambers (Cisco) de s’exprimer lors d’un keynote au CES 2015. Comme son homologue d’Intel, le patron de Cisco a insisté sur la révolution que représente l’Internet des objets (IoT, Internet of things). Une notion qui est clairement le cœur de cette édition 2015 du CES. delà des connexions individuelles (un réfrigérateur, une voiture, un bracelet, des chaussures…), la généralisation et la combinaison de toutes ces informations nous amène à un véritable Internet « total » (« Internet of everything »). Croissance impressionnante Pour illustrer la dimension exponentielle du phénomène (et après un intermède humoristique avec la comédienne Sarah Silverman), le PDG de Cisco a rappelé qu’en 1984 seulement 1 000 appareils étaient connectés à Internet, alors qu’en 2014, 10 milliards d’appareils mobiles commandaient plus de 70 milliards d’applications.
© DR
L
ors de cette conférence, John Chambers a ainsi déclaré que « l’Internet des objets représente la plus importante évolution du monde de la technologie depuis plus de dix ans ». Selon Chambers, l’IoT était encore inconnu il y a un an, mais fait désormais partie intégrante de la réflexion, non seulement des professionnels de la technologie, mais également des gouvernements qui ont pris conscience du potentiel de l’Internet des objets en terme de croissance et d’emplois. Si l’Iot va avoir un impact « peutêtre dix fois supérieur à celui qu’a eu Internet », a-t-il déclaré, c’est que, au-
Multipliant les exemples concrets (enlèvement des ordures, éclairage public, grande distribution…), Chambers a notamment estimé le potentiel économique de l’IoE à plus de 19 000 milliards de dollars. • • •
Retrouvez la suite des articles sur www.filiere-3e.fr
AILLEURS L'ÉNERGEEK
SUR LE WEB
Californie : une feuille de route pour le stockage d’électricité
Extrait du site L’énerGeek, rédigé par Guy Belcourt le mardi 20 janvier 2015
État américain leader dans les technologies de stockage d’énergie, la Californie vient de publier une feuille de route détaillée portant sur la manière dont les systèmes de stockage d’électricité pouvaient être utilisés pour moderniser le réseau électrique et favoriser l’intégration des énergies renouvelables intermittentes. « défis » que représentent l’intégration des technologies de stockage d’énergie peuvent être groupés en 3 catégories : réduction des coûts d’intégration et de connexion, identification et rationalisation des contraintes politiques pour accroître la sécurité, et augmentation des possibilités de revenus. Prioriser les enjeux Le document ne se veut donc pas comme un plan concret d’intégration de nouvelles capacités de stockage, mais
© guzzphoto
C
ette feuille de route a été développée grâce à l’apport de plus de 400 organismes différents (sociétés, services publics, groupes environnementaux…). Les données récoltées ont pour objectif une meilleure prise en compte de l’état du marché énergétique californien ainsi que des politiques réglementaires en vigueur, au cours du processus d’intégration de nouvelles capacités de stockage d’énergie. Selon cette feuille de route, les
a plutôt vocation à mettre en lumière les points prioritaires à identifier pour une meilleure adéquation entre les technologies et l’environnement dans lequel elles seront intégrées. • • •
Retrouvez la suite sur www.lenergeek.com 46 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
PRODUITS
Onduleurs
Deux nouveaux onduleurs qui parient sur la modularité
© DR
Spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques, Legrand élargit son offre dans le domaine des onduleurs. Disposant d’un large spectre de puissance allant de 1,25 à 480 kVA, ces onduleurs reconnus pour leur grande modularité sont disponibles en deux gammes. Megaline constitue l’offre monophasée, pour des puissances allant de 1,25 à 10 kVA. Elle se caractérise par différents modules de puissance contenus dans un même coffret, assurant une modularité et une fiabilité optimales. La seconde offre, Archimod HE, s’adapte aux installations fonctionnant en triphasé, pour des puissances dépassant les 10 kVA. Cette gamme admet un facteur de puissance de sortie de 1, signifiant une absence totale de perte de puissance entre l’entrée et la sortie de coffret. Par ailleurs, les onduleurs modulaires Archimod HE permettent une continuité de service : il est possible de remplacer « à chaud » les modules de puissance et de batteries.
Sécurité
© DR
Trois nouveaux détecteurs de mouvement Finder élargit sa gamme de détecteurs de mouvement avec trois nouveaux éléments, venant compléter sa série 18 et adaptés chacun à des applications bien précises. Utilisée principalement dans les couloirs d’hôtel, les bureaux et les zones de passage, la série 1841 permet une détection sur une longueur de 30 m et une largeur de 4 m. Vient ensuite la série 1851, spécifique à la détection de micromouvements, particulièrement adaptée aux bureaux ou aux écoles, elle permet de définir 2 zones de lecture : « zone de mouvement » et « zone de présence ». Enfin, spécifique aux parois, la série 1861 offre un angle de lecture de 180° et couvre un demi-cercle de 9 m, pour une utilisation adaptée aux petits espaces type toilettes ou couloirs. Ces trois modèles permettent un réglage de la luminosité ainsi que du retard à l’extinction.
Électromobilité
Hager lance Witty, une borne de recharge pour véhicules électriques et hybrides, qui s’adapte aussi bien au résidentiel individuel ou collectif qu’au tertiaire. Simple d’utilisation et avec une puissance de 7 kW, elle permet une charge complète en 4 heures. En face avant, un système de voyant lumineux indique l’état de fonctionnement de la borne et, au-dessus, un panier de rangement permet de déposer aisément la fiche d’alimentation du véhicule. Au-delà de ces solutions techniques, Hager s’est associé à Renault pour développer deux labels officiels : EV et ZE Ready 1.2. Il sera possible pour les installateurs d’obtenir ces certifications suite à une formation, leur permettant ainsi de réaliser des installations de bornes de recharge en toute conformité avec les exigences normatives.
© DR
Borne de recharge wallbox pour véhicules électriques
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 47
PRODUITS
Informations et services
Le Centre scientifique et technique du bâtiment a développé un nouveau portail Web comportant l'ensemble des ressources et services en ligne indispensables à la gestion des projets de construction. Batipedia permet d’accompagner les professionnels dans leurs recherches d'informations technico-réglementaires et thématiques grâce à un portail adapté, au contenu 360° et sur mesure. Le site comprend plus de 4 200 documents techniques et réglementaires de référence (Reef, DTU…), permet un accès à des avis techniques, des articles et des vidéos d’experts et présente des réalisations exemplaires dans les domaines de l’architecture, du chantier et du développement durable. Un agenda offre également un aperçu sur les principaux événements du secteur de la construction, et des outils pratiques sont mis à la disposition des professionnels du secteur. Le portail Batipedia est accessible sur le site : www.batipedia.com.
© DR
Un portail web destiné aux professionnels de la construction
Efficacité énergétique
© DR
Une solution avancée de management énergétique et environnemental Plus qu’un simple outil de mesure de la performance énergétique, la solution EasyView, mise au point par le Groupe Betom, intègre également un programme de conseil et d’accompagnement porté par les experts du groupe. Ce paramètre fait d’EasyView une solution entièrement orientée utilisateur et permet de répondre à l’ensemble des problématiques des gestionnaires, propriétaires ou encore exploitants de parcs immobiliers. La solution évolue au fil des réglementations, garantit à ses utilisateurs des résultats fixés au préalable et offre une utilisation simple ainsi qu’un suivi en temps réel. EasyView permet également à ses utilisateurs de paramétrer les données de manière personnalisée. L’ensemble des informations est ensuite accessible depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
GTB
Cap Technologie élargit sa gamme de GTB avec pour objectif de proposer une solution puissante et adaptée techniquement et économiquement à la gestion de sites de petites et moyennes tailles. La mise en œuvre du serveur Web GTB sure921 ne demande aucun paramétrage ni mise en œuvre, il est intégralement « Plug & Play ». Le serveur Web sure921 est embarqué dans l’UTL. Il intègre une interface graphique utilisateur complète et puissante via un navigateur Web accessible en local depuis un écran tactile couleur 10’’ fixe ou nomade. Il est également serveur ModbusTcp Bacnet IP. Les pages sont créées automatiquement et sont autoadaptatives sans aucune ingénierie. Elles sont accessibles sous la forme de menus et tableaux personnalisés et sécurisés. Toute modification ou adjonction effectuées par la suite dans les UTL (évolution du bâtiment) seront mises à jour automatiquement dans la présentation graphique du serveur Web sure921.
48 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
© DR
Une solution qui répond à la demande d’autonomie de l’utilisateur
PRODUITS
Location d’équipements de test & mesure
Une solution alternative à l’investissement pour vos besoins ponctuels
© DR
Livingston Services, récemment racheté par Microlease, vous donne accès au plus grand parc européen d’équipement de test & mesure avec plus de 57 000 appareils. Le parc Livingston, essentiellement composé d’équipements télécoms, radio & hyperfréquence et instrumentation générale, s’est particulièrement développé ces dernières années sur des activités de mesures pour les environnements industriels. Livingston fournit ainsi les dernières générations de caméras thermiques des marques Flir, Fluke, Testo, mais aussi des analyseurs de réseaux électriques des marques Chauvin Arnoux, Fluke, Dranetz, en passant par le contrôle des installations électriques avec des marques comme Megger, Fluke, Chauvin Arnoux. La location permet de bénéficier d’une livraison en 24 heures, d’un support technique et des dernières générations d’appareils de test & mesure avec une solution tout compris : matériel calibré, accessoires complets, accessoires complémentaires, prêts à l’utilisation.
GTB
© DR
Solution KNX décentralisée d’automatisation de la pièce Particulièrement adaptée aux applications neuves de bureaux, la gamme de boîtiers et d’actionneurs mise au point par Siemens (division Building Technologies) permet de gérer de manière flexible des applications liées à la gestion de l’éclairage et des ouvrants. Basée sur le protocole KNX, cette solution s’intègre dans la plupart des systèmes de GTB et s’adapte à tout type d’installation (en applique, semi-encastrée ou encastrée). Basés sur une plate-forme unique, ces équipements de domotique modulaire sont destinés à être utilisés avec le coffret de gestion de la pièce Gamma AP 641, le boîtier d’automatisation AP 118 ainsi que des dispositifs encastrés avec ou sans bâti. Le système permet ainsi de commander, en fonction des besoins et de l’usage de la pièce, un store, une protection solaire, une porte ou une fenêtre motorisées ainsi que l’éclairage.
Ondulateurs UPS
La gamme d’alimentation sans interruption monophasée VCL et VH de GE Industrial Solutions offre une solution compacte, légère et économique. Elle connecte le réseau d’alimentation à votre charge critique afin d’assurer, en cas de baisse de la tension d’alimentation ou en cas de coupure de courant, une source d’énergie propre, constante et fiable jusqu’à ce qu’un arrêt de la charge, en douceur et en toute sécurité, soit effectué. Le matériel et les données sont protégés et la continuité des opérations est assurée de façon fiable. GE Industrial Solutions propose 2 technologies : soit une technologie interactive en ligne, soit une technologie double conversion indépendante de la tension et de la fréquence d'alimentation (VFI), pour une puissance qui s'étend de 400 à 3 000 Va.
© DR
Une gamme compacte, légère et économique
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 49
3 questions à
Dimitri Carbonnelle, Expert en objets connectés, Dimitri Carbonnelle fait partie du plan Objets connectés du gouvernement, qui œuvre à la promotion des objets connectés de la French Tech, et est expert auprès de la BPI. Livosphere accompagne les entreprises qui veulent réduire leurs coûts, fidéliser leurs clients et en conquérir de nouveaux. Soit à travers la création d’objets connectés, soit la transformation de produits existants en produits connectés, soit enfin l’adaptation d’objets connectés existants. j3e - Sur quelles solutions emblématiques travaillez-vous ? Dimitri Carbonnelle - J’ai une démarche structurée pour accompagner les entreprises à identifier les besoins, les usages et le modèle économique, le pricing et la partie commerciale : distribution des produits, le parcours client et jusqu’aux technologies à utiliser : capteurs, modes de transmission, infrastructures à mettre en place, plate-forme de services, etc. Tout cela est réalisé en lien avec des designers, des entreprises de prototypage et d’industrialisation. Ensemble, nous sommes capables d’accompagner l’entreprise durant tout le processus et ce jusqu’à la commercialisation de ses produits. Voici trois exemples récents sur lesquels j’ai travaillé : Dans le domaine du mobilier connecté, par exemple, il s’est agi d’identifier les problématiques des clients afin d’en déterminer les fonctions et usages qui pourraient en découler. L’objectif est d’éviter de créer un meuble connecté qui ne réponde pas à des besoins clients et ne soit pas utilisé. Après la phase de recueil des attentes clients (à travers des focus groups), nous allons entamer la phase prototypage et l’industrialisation des meubles. Une autre mission avait trait à la fabrication de matériel connecté pour les boulangers afin de prévenir les pannes et ajuster la température d’un « tunnel de fermentation » selon le type de pain à fabriquer (normal, spécial…). Enfin, je citerai l’accompagnement
50 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr
de la start-up Seven Hugs qui travaille sur la qualité du sommeil pour la famille. Au départ, elle avait un positionnement très large sur la domotique. La mission de conseil a eu pour but d’avoir un positionnement et une stratégie beaucoup plus percutants en se concentrant sur un usage, le sommeil. j3e - Quel est votre diagnostic sur les objets connectés à l’issue de l’édition 2015 du CES ? D.C. - Le thème était certes déjà présent en 2014, où l’on parlait beaucoup d’objets connectés. Mais, en 2015, on est dans l’action. Les entreprises passent de « j’en parle » à « je le fais ». Même si elles ne sont pas toutes concernées et que cela vient au fur et à mesure, on se rend compte que les entreprises traditionnelles, et pas seulement les start-up, commencent à s’y mettre. J’en veux pour preuve que La Poste et Dassault Systèmes étaient au CES, ainsi que Legrand à travers le stand ZigBee. Il faut voir que ces entreprises sont dans une démarche partenariale. Elles reconnaissent qu’elles ne savent pas tout faire et s’appuient sur un écosystème d’innovation extérieur, à travers des partenariats avec des laboratoires de recherche, des start-up et des PME. Enfin, avec la baisse de coût des capteurs, on commence à en voir un peu partout, sur les caméras, les écouteurs audio, les biberons, sur tous les objets. Dans certains cas, cela a du sens, dans d’autres pas : le consommateur fera le tri.
j3e - Quels sont selon vous les enjeux postsalon ? D. C. - L’enjeu pour de nombreuses start-up est déjà d’industrialiser leurs produits et de les distribuer. C’est un énorme enjeu du fait du nombre d’acteurs présents sur le marché. Deuxième enjeu : les entreprises traditionnelles qui ne font pas encore appel aux objets connectés. Beaucoup d’entreprises se disent : ce n’est pas pour moi ou pas tout de suite. Or les évolutions vont extrêmement vite et si elles ne se posent pas les questions aujourd’hui, elles risquent d’être dépassées dans trois ans, comme l’a été Kodak ou Nokia. Concrètement, il y a un risque de ce que l’on appelle « Uberification », c'est-àdire que de nouveaux acteurs viennent se positionner en relation directe avec le client et que les entreprises traditionnelles risquent de ne vendre que des « commodités » dégageant moins de valeur que s’ils étaient en lien direct avec le client. Toutes les entreprises sont potentiellement concernées, même si certains secteurs vont être plus touchés encore que d’autres. Le secteur de l’automobile, le domaine de l’hôtellerie le sont déjà avec l’arrivée de Uber et BlaBlaCar d’une part, et Booking et AirBnb d’autre part. Tous les fabricants de matériel qui peuvent détecter et anticiper les pannes, les usages, grâce aux informations collectées sur leurs produits le sont aussi. Globalement, tous les équipements de maison, les produits électriques ou électroniques sont concernés au premier degré. Propos recueilli par Aymeric Bourdin
© DR
Livosphere
LE PLUS LU SUR www.filiere-3e.fr Le XX/XX/2015 par XXX
Titre Titre Chapô
Texte Inter Texte Signature (1) Note
© DR
Légende
j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr 51
PRODUITS
Surtitre
Titre
© DR
Texte
Surtitre
Titre
© DR
Texte
Surtitre
Titre
© DR
Texte
52 j3e 832 / février 2015 - www.filiere-3e.fr