J3e 833 mars 2015

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Pour la gestion active du bâtiment tertiaire, industriel et collectif

Récupération

Utiliser la chaleur des datacenters Production

La nouvelle donne Bepos Réglementation

Les CEE pour l’éclairage

Bâtiment et production d'énergie INTERVIEW

Michèle Pappalardo Coordinatrice de Vivapolis

« Exporter la ville durable à la française. »

La revue de l’ÉCO-EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

ISSN 0758-3826 / mars 2015

833



éDITO

Fonctions dérivées

S

e chauffer avec des datacenters ou produire de l’énergie avec des bâtiments : autant d’idées innovantes qui permettent d’ajouter une deuxième fonction à un usage premier, en optimisant de ce fait le dispositif. Développées aujourd’hui à petite échelle, ces technologies posent encore de nombreuses questions.

© DR

Les datacenters sont aujourd’hui l’un des piliers du développement des TIC. Même s’il existe actuellement des développements pour récupérer une partie de leur chaleur, il y a encore sur le terrain des freins ou des difficultés pratiques à résoudre pour un large déploiement.

Demain, le bâtiment Bepos sera sans doute à considérer comme participant à un équilibre production/ demande au niveau d’un quartier ou d’un territoire.

Dans le cas d’un bâtiment qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, comment optimiser son fonctionnement et pour quels objectifs ? Pour couvrir quelles consommations ? L’article de Jean-François Moreau le montre : demain, le bâtiment Bepos sera sans doute à considérer comme participant à un équilibre production/demande au niveau d’un quartier ou d’un territoire. Et le site pilote Kergrid l’illustre bien : la « nouvelle donne » Bepos, c’est un bâtiment connecté au smart grid, c'est-à-dire capable de s’effacer, de produire de l’énergie renouvelable, mais aussi de la stocker ou bien de la réinjecter sur le réseau. Les spécialistes constatent que le Bepos n'a de sens durable et économique que sur un territoire et avec un stockage. Il faut changer de paradigme et raisonner à l’échelle de territoires et d’usages différents, disent-ils. Raisonner à l’échelle de territoires différents, c’est également ce à quoi travaille Vivapolis, la marque qui promeut la ville durable à la française à l’export. En fédérant des filières, elle contribue à organiser la présence du savoir-faire français, reconnu dans des pays à très forte croissance, urbaine et économique, autour de principes communs de développement. Son outil principal de promotion ? Les villes françaises elles-mêmes, appréciées par le monde entier. À cette échelle aussi Aymeric Bourdin, rédacteur en chef

En couverture : La ville durable « à la française » est le meilleur moyen pour Vivapolis de promouvoir l’export de la filière. En fédérant les acteurs, elle contribue à organiser la présence du savoir-faire français, reconnu dans des pays à très forte croissance, urbaine et économique, autour de principes communs de développement. Dans ce numéro, J3e revient sur les formidables atouts de la ville « durable » française, considérée dans son ensemble, depuis les technologies qui la composent, jusqu’aux moyens de la faire sortir de terre, de l’exploiter et de l’exporter.

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sommaire j3e N° 833 MARS 2015

« Exporter

j3e est un périodique inscrit à la Commission paritaire des publications et agences de presse sous le n° 0617 T 85793. Il est édité par la Société 3e Médias, SAS au capital de 140 000 euros ; siège social, 23, rue Galilée, 75116 Paris ; représentant légal Jean Tillinac.

la ville durable à la française.

»

Impression : IPPAC / Imprimerie de Champagne 52500 Langres. Directeur de la publication : Jean Tillinac Administrateur : Xavier Desmaison Rédaction 3e Médias 9, rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris Tél. + 33 (0) 9 82 34 89 62 Email : redaction@filiere-3e.fr Rédacteur en chef : Aymeric Bourdin Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Jean-François Moreau, Jean-Paul Beaudet, Isabelle Arnaud. Diffusion Marketing-développement : David Le Souder Relations abonnements : Solène Collat Abonnement pour la France : voir page 5. Pour l’étranger : 155 E­HT franco ; 175 E HT par avion Prix au numéro : 17 E Publicité 3e Médias Sandrine de Montmorillon Responsable publicité print & digital 39, rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris Tél. + 33 (0) 9 82 34 89 62 sdm@filiere-3e.fr

Michèle Pappalardo

Michèle Pappalardo

Coordinatrice de Vivapolis actualité

12 - R éseaux de chaleur : Un développement qui séduit les Français

T rophées : Le sparadrap WTE primé au Forum Netexplo 2015 Géothermie : Construction d’une centrale géothermique clés en main en Indonésie é clairage : Nordeon équipe les parkings Apcoa de ses tubes LED Smart Electric Lyon : Panasonic poursuit son expérimentation dans le tertiair 14 - Transition énergétique : Les quatre propositions de l’AIMCC électromobilité : SPIE lance avec IBM une solution globale de supervision et de gestion des IRVE Trophées : Lancement du 4e prix national de la Construction Bois Trophées : Happy City récompense le bien-être et la qualité de la ville Trophées : Le prix « Connectique » du SPDEI décerné à Molex France 15 - EnR : 2014, année réussie pour l’électricité renouvelable en France éolien : Cofely Services s’associe à Partnering Robotics pour développer les services aux bâtiments 16 - Salons : Batimat, Interclima+elec et Idéobain forment le premier Mondial du Bâtiment Rénovation des bâtiments : AGOR@LON 2015 : Une journée de témoignages projets

à lire

17 ComST Edition : Manuel de prévention du risque électrique Energies renouvelables : Panorama de l’électricité renouvelable 2014 Plan bâtiment durable : Publication du rapport d’activité 2014 Plaquette DRIEE : Sensibiliser les maîtres d’ouvrage aux enjeux du Smart Building 18

AGENDA évènement

19

Integrated System Europe

L’intégration audiovisuelle à l’honneur analyses 19

20 Le charbon : un bilan pour 2014 21 L’éclairage de demain ne sera pas smart, il sera « pay per lux »

LISTE DES ANNONCEURS - N° 833 - mars 2015 Salon IBS Salon des achats et de l’environnement de travail Agi Robur Nissan

4 j3e 833 / MARS 2015 - www.filiere-3e.fr

2e de couv. 3e de couv. 4e de couv. 11 - 13

Coexens CNPP Schneider Electric Wago Contact Salon Datacenter Management

15 16 25 28 39

© DLS

Conception graphique - Réalisation : Planète Graphique Studio - Paris 17e

6

© DR

Interview

© 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Toutefois, des photocopies peuvent être réalisées avec l’autorisation de l’éditeur. Celle-ci pourra être obtenue auprès du Centre Français du Copyright, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, auquel 3e Médias a donné mandat pour le représenter auprès des utilisateurs. Tél. : + 33 (0) 1 44 07 47 70. Dépôt légal : février 2015


sommaire

Les dossiers du mois

Offre papier + numérique

Récupération

23

n A bonnement

Et si on récupérait la chaleur des datacenters ?

Offre tout numérique bonnement n A

23

Efficacité énergétique :

La nouvelle donne Bepos

n Règlement par chèque bancaire à l’ordre de 3e Médias

Oui, je souhaite m’abonner au multimédia

27 Réglementation

32

1 an : 100 e TTC

9 numéros du magazine en version électronique uniquement (diffusion par e-mail) + accès à l’ensemble du site Internet

Production

27

1 an : 150 e TTC

9 numéros du magazine papier + accès à l’ensemble du site Internet

Datacenters :

Bulletin à découper ou à photocopier et à nous retourner dûment complété à l’adresse suivante : j3e Service Abonnement – 23, rue Galilée – 75116 Paris Cedex Pour tout renseignement sur votre abonnement, contactez Solène Collat. Tél. : 01 44 92 50 41 ou par e-mail : scollat@filiere-3e.fr

Performance énergétique :

Les Certificats d’économies d’énergie pour l’éclairage

© ERCIB - T. LewenbergSturm

32

réalisation

36 Construction bioclimatique

Projet Solaris, le Bepos reproductible

Nom ................................. Prénom........................................ Société ................................................................................... Activité ................................................................................... Adresse .................................................................................. ................................................................................................ Code postal ...................... Ville ............................................. Tél. ..................................... Fax .............................................. E-mail .....................................................................................

36

chiffres clés

40 L’électricité renouvelable en France en 2014

À compléter F Fournisseurs Energie FP n Production

évènement

41

FT n Transport

Energies renouvelables

FD n Distribution

16e colloque du SER : les EnR, un levier de croissance encore mal exploité

C Construction / Fabrication CE n Equipement Electrique CL n Eclairage CG n Génie climatique

Le plus lu sur www.filiere-3e.fr

CM n Mesure, Contrôle

42 L’énergie solaire redevient à la mode ?

CA n Automatismes

ailleurs sur le web

42

© DR

CI n Micro informatique

42 Créteil : plus de 50 % d’énergie renouvelable

Produits ●

Wago Contact FLIR Systems Bosch GE Lighting Lutron

CO n Outils O Maîtrise d’Ouvrage

pour le réseau de chauffage 43

CV n VDI - Sécurité, communication

• Eaton Fluke Maxwell Technologies Codra ●

I I nstallation / Maintenance IE n Electricien IC n Chauffagiste, climaticien IA n Automaticien, informaticien, instrumentiste IV n Installateurs Réseaux, VDI U Exploitants UI n Utilisateurs industrie UT n Utilisateurs tertiaire UF n Utilisateurs infrastructures UC n Collectivités territoriales G Enseignement / formation GA n Enseignant GB n Etudiant GC n Stagiaire S Services

OP n Promoteur, constructeur

SA n Direction générale

OT n Collectivités territoriales

SC n Direction commerciale

OE n Etat (Ministères, DDE, DDA)

SK n Chargé d’affaires

PP rescription / Maîtrise d’œuvre PA n Architecte

SL n Direction marketing SM n Direction des travaux SB n Direction des études

PI n Architecte d’intérieur

SN n Services techniques

PE n BE, ingénierie, conseil

SX n Autres

PC n Bureau de contrôle PM n  Métreur, économiste, géomètre

3 questions à

D Distribution

46 Jean-Louis Bal,

DI n Importateur

président du SER 46

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E Effectif de l’entreprise E0 n 1 à 4 E1 n 5 à 10 E2 n 11 à 50 E3 n 51 à 300

DG n Grossiste

E4 n 301 à 1000

DD n Détaillant

E5 n + 1000


INTERVIEW

« Exporter

la ville durable à la française.

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© DR

»


INTERVIEW

Propos recueillis par Aymeric Bourdin

Michèle Pappalardo Coordinatrice de Vivapolis. Vivapolis est la marque ombrelle qui fédère les acteurs

français – publics et privés- voulant promouvoir à l’international un développement urbain durable. La démarche est collectivement développée et soutenue par les pouvoirs publics français et par des fédérations professionnelles du secteur privé. Ancienne Commissaire générale au développement durable, Michèle Pappalardo, Conseillère maitre à la Cour des Comptes, est en chargeaujourd’hui de fédérer autour de cette marque pour développer la ville durable à la française hors des frontières hexagonales.

j3e - Comment est née la marque Vivapolis ? Michèle Pappalardo - Cela fait plusieurs années que les acteurs de la ville sont conscients des talents des entreprises françaises, mais aussi de leurs difficultés à l’export, parce qu’elles arrivent en ordre dispersé. Au printemps 2013, Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, a organisé le discours sur l’exportation autour des quatre thèmes suivants : mieux se nourrir, mieux communiquer, mieux se soigner et mieux vivre en ville, avec un fédérateur sur chaque thème. Pour ma part, j’ai été nommée fédératrice du « mieux vivre en ville ». Nous avons commencé par créer une marque, dans l’optique de faire le marketing de la ville durable à la française, avec un nom, un logo, une « définition » et un site web. Le sujet était mûr car il y avait eu en amont des travaux et des réflexions, notamment dans deux groupes de travail, l’un du Cosel (Comité d’orientation des éco-entreprises) présidé par Patrick-Yann Dartout, qui est également un des coanimateurs de Vivapolis, et l’autre de l’Afep, réunissant plutôt les grandes entreprises. Nous avons essayé de définir les caractéristiques de la ville durable à la française en quatre points : 1 - Mettre l’homme au cœur du projet en améliorant les conditions de vie des habitants, ce qui a des conséquences en termes de logement, de santé, de mobilité, de pluri-activités… C’est la

recherche d’une ville « attractive » pour les hommes comme pour les entreprises. 2 - Améliorer la performance, qui reste un moyen et est mesurée en termes de sobriété en ressources naturelles : eau, énergie, économie circulaire, occupation des sols, et donc densité de l’habitat… À travers cette performance, on retrouve la notion de ville « verte » et « intelligente ». Le numérique permet en effet d’ajouter une « couche d’intégration » et d’optimisation, pour être encore plus performants en termes de services proposés aux habitants, mais aussi de consommation des ressources naturelles. Cela passe, par exemple, par l’optimisation énergétique à travers les smart grids et l’intermodalité qui permet de faciliter les déplacements et, par conséquent, de réduire les gaspillages de carburants dans les embouteillages. Cela réduit les « coûts de fonctionnement » de la ville et améliore sa compétitivité, ce qui fait aussi partie de son attractivité. 3 - Avoir une gouvernance forte et participative. Il s’agit d’un préalable aux deux sujets précédents. Si la puissance publique n’arrive pas à planifier et mettre en œuvre des projets à moyenlong terme, aucun résultat ne sera atteint, ni en termes de mobilité, ni en termes de performance et de services. Or, il n’est pas évident d’avoir cette visibilité à long terme. Au Mexique, par exemple, les mandats d’élus locaux sont de trois ans, non renouvelables pour

l’instant. Les équipes que je vais voir en mars ne seront pas celles d’après les élections en avril, ce qui est un facteur de complexité. Nous avons donc besoin d’une gouvernance forte, transversale et participative. Forte, cela signifie être capables d’appliquer une planification, d’avoir des normes et de les contrôler dans la durée pour lancer des financements à long terme. Transversale, cela nécessite une capacité à imaginer des structures intégrées. Participative, notamment pour attirer des financements publics-privés et pour que le citoyen s’approprie les projets de la ville et participe à leur mise en œuvre. 4 - Enfin, le dernier principe : l’adaptation. La ville que l’on prône n’est pas un modèle figé. À partir de ces principes, Paris, Bangkok, Casablanca ou Bordeaux n’auront pas les mêmes réponses car elles n’ont pas le même contexte géographique, climatique, culturel, religieux ou historique. C’est pourquoi l’on ne pourra pas plaquer des solutions toutes faites. Cela prend un peu le contre-pied des démarches plus anglo-saxonnes qui sont sans doute plus simples, ce qui a ses avantages en termes de mise en œuvre, mais aussi ses inconvénients, face à la complexité de la ville. Cela conduit, par exemple, à généraliser la construction de garages à vélo dans des pays où son développement est limité par d’autres contraintes que les problèmes de parking, comme dans les émirats, par exemple, uniquement parce que cela fait partie des

...

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INTERVIEW

Michèle Pappalardo

« Aujourd’hui, il y a environ 130 entreprises membres : pratiquement toutes les grosses entreprises qui travaillentsur le sujet de la ville et de plus en plus de PME et d’ETI. » ... éléments listés comme nécessaires pour avoir une certification développement durable du bâtiment « dans l’absolu ». Autour de ces quatre principes que tout le monde s’est maintenant approprié, les entreprises peuvent montrer leurs capacités et leur savoir-faire sur chacun des thèmes, chacun selon son sujet, mais en restant dans la démarche globale.

© Arnaud Bouissou MEDDE-METL

j3e - Quels sont les acteurs qui composent Vivapolis ? M. P. - Il y a d’une part les partenaires : six ministères, les organismes publics comme l’Ademe, la Caisse des dépôts, l’AFD, Businessfrance, ou le CSTB et le Cerema, pour ne citer qu’eux. Et enfin les réseaux et groupements professionnels, dont l’Afep, le Syntec Ingénierie, le Pexe, le Club Ademe International ou encore le pôle de compétitivité Advancity. Notre objectif est de réunir les entreprises qui ont envie de se faire connaître à l’extérieur et de nous aider à exporter avec les supports nécessaires en devenant membre de Vivapolis. Cela

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nous permet de les connaître et de leur envoyer directement de l’information. Aujourd’hui, il y a environ 130 entreprises membres : pratiquement toutes les grosses entreprises qui travaillent sur le sujet de la ville et de plus en plus de PME et d’ETI. Notre action s’adresse à tous les secteurs concernés par la ville : des acteurs de la planification à l’ingénierie en passant par les architectes, les constructeurs et les acteurs de la mobilité collective et individuelle. Mais aussi les services urbains : déchets, eau, énergie, espaces verts et de plus en plus ce qui regroupe ces activités, c'est-à-dire le numérique. C’est cette partie « smart » qui rajoute une couche aux autres activités. Elle nous intéresse parce qu’elle permet de faire des bonds en matière d’intégration des fonctions urbaines. Or notre objet est de développer la ville intégrée, où l’ensemble des fonctions sont associées et non pas seulement juxtaposées, comme cela a longtemps été fait et pensé. Pour le moment, Vivapolis n’a pas de structure juridique. C’est une marque,

originale par le fait qu’elle fonctionne sur un mode collaboratif, de manière bénévole. Pour ma part, je suis conseillère maître à la Cour des comptes. Les autres membres du « bureau exécutif virtuel » (puisqu’il n’y a pas de structure juridique) sont respectivement responsable des relations internationales du Syntec Ingénierie (Patrick-Yann Dartout) et responsable international du bureau d’études Burgeap et vice-président international d’Advancity (André Dubec). Du point de vue du réseau, les services économiques et les ambassades s’impliquent de plus en plus. À moyen terme, si l’Institut de la ville durable est créé, Vivapolis y sera intégré, sinon nous créerons notre propre structure. j3e - Concrètement, depuis 2013, quelle est l’action de Vivapolis ? M. P. - Notre action est une démarche de promotion et de revendication d’un savoir-faire français en matière de ville durable. Dans ce domaine, ce sont souvent d’autres pays qui viennent dans un premier temps à l’esprit, parce qu’ils savent mieux faire leur promotion, notamment à partir de quartiers souvent cités en référence en Allemagne (Fribourg…) ou en Grande-Bretagne (Betzed…). Mais, dès qu’on cite les grandes entreprises françaises qui interviennent dans le domaine de la ville (souvent parmi les leaders mondiaux de leur secteur) et quelques villes françaises, connues et admirées, ce savoir-faire

Le quartier de La Défense à Paris.


INTERVIEW

Michèle Pappalardo

devient évident : encore faut-il revendiquer l’expertise nationale sur le sujet, car ce ne sont pas les autres qui vont faire notre promotion à notre place ! Nous menons donc des actions très opérationnelles. Nous accueillons des délégations, nous nous déplaçons à l’étranger dans des salons, nous participons à des conférences, nous créons des manifestations spécifiques, comme cela a été fait à Istanbul l’année dernière avec Ubifrance, pour faire connaître le sujet. Par ailleurs, nous nous efforçons de soutenir des projets de ville durable intégrée et même d’en susciter lorsque cela est possible. Bien sûr, nos membres continuent à vendre leurs prestations et leurs produits séparément, mais nous essayons aussi d’exporter plutôt des projets agrégés et globaux, qui sont en général des éco-quartiers. Nous avons commencé à travailler sur des projets d’éco-quartiers en Chine, où nous avons deux accords sur la ville durable avec l’équivalent du Medde et de Bercy là-bas. C’est assez complexe, mais on avance petit à petit. Si c’est long, c’est qu’il y a une difficile phase d’apprentissage et de compréhension mutuelle. On a l’impression d’utiliser les mêmes notions, mais souvent on ne parle pas de la même chose. Par exemple, pour les Chinois, éco-quartier signifiait une zone industrielle où des entreprises françaises « vertes » allaient s’installer.

© Arnaud Bouissou MEDDE-METL

La ville de Montpellier s'inscrit dans une démarche durable, à l'image de son réseau de tramways.

Ce qui n’est pas du tout notre acception... À l’origine, nous avons défini quatre priorités géographiques pour diversifier les approches : la Chine, la Turquie, le Maroc et le Brésil. Finalement, il est apparu assez complexe de travailler au Brésil, jusqu’à présent, alors que nous avons travaillé plus que prévu en Turquie, à partir d’un Fasep (subvention du ministère de l’Économie) pour un projet porté par des entreprises françaises dans la ville de Gaziantep, à la frontière avec la Syrie. Il s’agit d’un projet d’éco-quartier sur lequel nous avons fait des propositions de solutions innovantes en termes de gestion d’énergie, d’eau, etc. Aujourd’hui, en pleine zone kurde, les problèmes de sécurité et d’accueil des réfugiés a pris un peu le pas sur l’éco-quartier, mais le sujet est toujours d’actualité. Dans ce contexte, nous avons organisé une manifestation qui a beaucoup intéressé les Turcs à Istanbul en juillet dernier. Nous avons aussi travaillé dans des pays qui n’avaient pas été définis ini-

tialement comme prioritaires en saisissant des opportunités diverses. Par exemple, nous avons beaucoup de relations avec les Émirats arabes unis et en particulier Mazdar City, et nous leur avons proposé de réfléchir ensemble à la possibilité de faire un quartier qui pourrait être réalisé par des entreprises françaises. La notoriété de Mazdar et l’Exposition universelle de 2020, qui se tiendra à Dubai, rendent cette perspective très intéressante. Dernier exemple en date : le Mexique, qui est venu nous proposer, par la voix de son ministre de l’Urbanisme, de venir travailler au Mexique, plus particulièrement dans la ville de Campeche, dans le Yucatan. Il s’agit d’une ville qui est doublement classée au Patrimoine de l’humanité, pour des raisons historiques et écologiques et qui doit se développer, du fait du pétrole découvert dans le golfe du Mexique. Les Mexicains souhaitent donc développer la ville tout en préservant son patrimoine, et ils considèrent que le savoir-faire français peut les y aider. ...

« Nous nous efforçons de soutenir des projets de ville durable intégrée et même d’en susciter lorsque cela est possible. » j3e 833 / mars 2015 - www.filiere-3e.fr 9


INTERVIEW

Michèle Pappalardo

« La population mondiale augmente et la part de la population urbaine augmente aussi. Comment orienter un minimum la croissance urbaine ? » ... Cette année, nous allons nous efforcer d’être également présents dans l’ASEAN et en Afrique, en Côte-d’Ivoire notamment, mais aussi dans d’autres régions africaines, par la suite. j3e - Les autres pays européens ont-ils des dispositifs similaires ? M. P. - Les Suédois ont un dispositif similaire, avec SymbioCity depuis les années 1990, qui est à la fois le modèle de la ville suédoise et leur outil de travail à l’international. Les Allemands mettent en avant leur réalisation de ville modèle avec Fribourg. Les Britanniques ont une démarche globale d’innovation, avec le programme Catapulte, au sein duquel ils ont une section ville qui s’apparenterait plutôt à nos pôles de compétitivité et qui agrège des acteurs, finance de la recherche, etc. Barcelone et Lisbonne font des choses très intéressantes sur la ville. Aujourd’hui, c’est un sujet partagé sur lequel chacun apporte sa pierre. C’est pourquoi il est important de mettre en avant son savoir-faire. L’intérêt de Vivapolis pour nos interlocuteurs, c’est que nous leur donnons une vision cohérente, ce qui est rassurant et permet d’organiser le contact avec un interlocuteur unique. Le risque est que les villes se tournent vers des grands cabinets d’urbanisme qui sont souvent américains, allemands ou anglais, et que les marchés échappent ainsi aux entreprises françaises. Même si nous ne nous substituons pas du tout à ces cabinets, nous essayons de donner envie de voir comment les Français traitent ces sujets dans leur globalité. Après, il reste à trouver les financements et à ce que les entreprises s’organisent pour répondre de manière intégrée. Dans tous les pays, il est impossible aujourd’hui de « vendre » une ville si elle n’est pas « sustainable ». Cela n’a pas de sens et toutes les grandes villes du monde sont impliquées dans la démarche. Mais, selon les contextes, le

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contenu du mot peut être très différent et c’est tout l’intérêt de notre 4e caractéristique : l’adaptation ! j3e - Le sujet de la ville durable trouve-t-il un écho aussi fort chez les émergents qu’en Europe ? M. P. - Le sujet est partout sur tous les continents. La population mondiale augmente et la part de la population urbaine augmente aussi. Les pays se trouvent face à des créations spontanées de villes et sentent qu’ils n’en ont pas la maîtrise. Comment arrive-t-on à orienter un minimum la croissance urbaine ? Comment contribuer à organiser ce développement ? Ce sont les questions auxquelles il faut ajouter une couche « numérique » qui vient bouleverser la posture des uns et des autres. Aujourd’hui, avec la COP 21, tout le monde s’attend à ce que les Français parlent de climat, ce que nous avons toujours fait, d’ailleurs. Nous avons des outils de réflexion et un savoirfaire dans ce domaine également. Dans le cadre de la COP 21, dans l’agenda des solutions, la ville est en très bonne place. Compte tenu du fait qu’elle représente environ 70 % des consommations d’énergie, c’est l’endroit où l’on doit trouver des solutions. Mais il ne faut pas oublier qu’on ne bâtit pas une ville POUR lutter contre le changement climatique, mais qu’on peut la construire pour les hommes tout EN luttant contre le changement climatique ; nous insistons beaucoup sur ce point car il ne faut pas se tromper d’objectif si l'on veut vraiment avancer. j3e - S’il fallait mentionner deux ou trois atouts français à faire valoir… M. P. - Globalement, ce sont nos villes qui portent l’image positive de notre savoir-faire, même si nous sommes souvent très critiques vis-à-vis de nousmêmes, et que nous n’en sommes plus conscients, contrairement à tous les

touristes qui viennent nous voir et nous envient. En particulier, nous disposons d’« espaces publics » de grande qualité, qui ont su intégrer, avec le temps, les différents modes de transports, des commerces, des cafés, des lieux piétonniers, des services, des bureaux, des espaces verts organisés, vivants et harmonieux. C’est assez rare, quand on se promène sur la planète, de trouver des endroits aussi vivants parce que diversifiés. Cette multi-activité, dans son « fouillis » même, est difficile à créer ex nihilo. Cela, nous savons le faire, même si on ne sait pas toujours comment on le sait ! Notre deuxième point fort, c’est la diversité de nos entreprises dans tous les domaines urbains. Sur le plan technique, nous savons quasiment tout faire : de l’ingénierie au smart grid, en passant du génie civil aux entreprises de pointe et à la gestion des flux de personnes comme de ressources ou de déchets. Ce qui nous manque est peutêtre l’assemblage de ces offres. Nous avons de nombreuses entreprises qui ont plus appris à se faire concurrence qu’à travailler ensemble. Bien sûr, il ne s’agit pas d’assembler des entreprises directement concurrentes, mais plutôt de faire travailler ensemble verticalement des entreprises complémentaires sur des projets globaux. C’est pourquoi nous invitons les entreprises à travailler en grappes pour faire avancer cette ville intégrée. Comment faire la ville intégrée en termes de business models ? Comment faire pour que toutes ces entreprises s’échangent de l’information et que ce soit rentable pour tous au final ? Comment mettre cela en ordre de marche juridiquement ? Pour cela, il faudrait travailler tous ensemble sur quelques sites pilotes dans des villes françaises, afin de tester de nouvelles formules juridiques et économiques. Cela fait partie des sujets qui sont examinés actuellement.



ACTUALITé

Réseaux de chaleur

Un développement qui séduit les Français

A

vec 250 000 nouveaux logements, bureaux et commerces raccordés en 10 ans, ce sont aujourd’hui plus de 7 millions de Français qui sont chauffés grâce aux réseaux de chaleur. Selon une enquête de l’association Via Sèva, 87 %

des sondés se montrent intéressés par un raccordement au réseau de chaleur à titre personnel. Selon Guillaume Planchot, président de l’association Via Sèva : « Cette progression va aller crescendo puisque ce type de chauffage répond à la fois

Trophées

© L’énergeek

Le sparadrap WTE primé au Forum Netexplo 2015

T

ransformer la chaleur corporelle en électricité, voilà la mission du sparadrap WTE (Wearable Thermo Element), mis au point par une équipe de chercheurs coréens. Une fois posé sur la peau,

ce sparadrap souple et ultrafin récolte la chaleur du corps humain pour produire de l’électricité. À l’heure de l’IoT, cette technologie pourrait permettre de recharger de petits appareils électroniques de façon renouvelable et entièrement respectueuse de l’environnement. Pour le moment, ses concepteurs assurent que le prototype génère assez d’énergie pour alimenter un bracelet connecté. 

Géothermie

Construction d’une centrale géothermique clés en main en Indonésie

A

lstom a remporté un contrat de plus de 60 millions d’euros pour la fourniture et l’installation d’une centrale géothermique de 30 MW dans la province de Java occidental, en Indonésie. Cet archipel abrite le plus gros potentiel géothermique au monde

12 j3e 833 / mars 2015 - www.filiere-3e.fr

sous son sol, estimé à près de 30 000 MW et dont seuls 5 % sont exploités. Dans ce projet, Alstom sera en charge de l’ingénierie, de l’approvisionnement, de la construction et de la mise en service. La livraison est prévue d’ici fin 2016. 

aux attentes des Français, mais également aux objectifs environnementaux de notre pays dans le cadre de la transition énergétique. » Selon l’enquête du SNCU, la part des énergies vertes dans les réseaux de chaleur atteint 40 % et a progressé de

50 % sur les neuf dernières années. Les réseaux de chaleur valorisent les énergies renouvelables ou de récupération locale, permettant d’offrir aux utilisateurs un chauffage écologique avec une facture stable dans le temps. 

éclairage

Nordeon équipe les parkings Apcoa de ses tubes LED

D

ans les 18 prochains mois, le leader européen du stationnement en parking se verra fournir plus de 35 000 tubes TLed Nordeon en plusieurs versions, pour éclairer ses espaces de stationnement. Pour la plupart, ces tubes LED seront installés dans des

espaces existants. Depuis le mois de décembre dernier, près de 20 000 lampes conventionnelles ont déjà été remplacées par des tubes LED Nordeon. Un choix motivé par les critères de performance énergétique des luminaires, mais aussi par leur large garantie.

Smart Electric Lyon

Panasonic poursuit son expérimentation dans le tertiaire

A

près avoir équipé 6 maisons avec le projet Smart Electric Lyon, Panasonic Chauffage et Climatisation met en place un de ses DRV 2 tubes dans le showroom du projet. Ce système permet d’assurer le chauffage et la climatisation du showroom, ainsi que de tester la connectique de ses

systèmes avec les protocoles actuels en cours d’expérimentation. Pour rappel, le projet Smart Electric Lyon a pour objectif de contribuer à donner à tous l’accès à une énergie maîtrisée, disponible et sûre. Jusqu’à maintenant, 6 maisons ont été équipées de pompes à chaleur reliées au compteur Linky.



ACTUALITé

Transition énergétique

Trophées

Les quatre propositions de l’AIMCC

Lancement du 4e prix national de la Construction Bois

A

llier efficacité énergétique et baisse des coûts dans le bâtiment, telle est la ligne directrice des quatre grandes solutions proposées par l’Association des industriels de produits de construction (AIMCC) : favoriser la mise en œuvre effective des innovations sur les chantiers, amplifier la formation des professionnels du BTP, promouvoir une approche globale de la performance environnementale et faire entrer le secteur de la construction

dans la transition numérique. Présentées à quelques jours du vote au Sénat de la loi sur la transition énergétique, ces quatre grandes propositions intègrent les 11 pistes d’actions établies par l’AIMCC, misant sur l’innovation. L’objectif est de développer des constructions plus efficaces, moins onéreuses, plus écologiques, ce qui pourrait également permettre de relancer le secteur du bâtiment. 

L

es architectes, maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage, entreprises de construction, ont jusqu’au 27 mars 2015 pour déposer leurs réalisations en bois, construites en France après le 1er janvier 2012. Les résultats seront révélés le 16 septembre et les remises de prix s’organiseront en deux étapes : le 25 septembre à Angers, lors des états

généraux du Bois dans la construction, et fin novembre à Paris lors du Salon des collectivités. Fort de 3 années d’existence et plus de 2 000 réalisations en compétition, ce prix récompense le dynamisme et l’inventivité de l’architecture de la construction bois en France. Inscriptions sur le site : www.prixnationalconstructionbois.org.

Trophées électromobilité

SPIE lance avec IBM une solution globale de supervision et de gestion des IRVE

L

e 11 février dernier, SPIE a annoncé la signature d’un contrat de coopération avec IBM pour le développement d’une offre commune de supervision et de gestion des IRVE. Articulée autour de la

plate-forme Evep (Electric Vehicle Enablement Platform), développée par IBM, cette solution aura pour objectif d’offrir un service complet et optimisé aux collectivités et aux opérateurs privés.

Happy City récompense le bien-être et la qualité de la ville

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rganisé par Nexity, AG2R La Mondiale, Sodexo et Suez Environnement, le prix Happy City a pour objectif de récompenser les meilleures initiatives destinées à améliorer durablement la qualité de vie et le bien-être des habitants d’un quartier. Le prix sera décerné par un jury

indépendant, présidé par le vice-président du GIEC, Jean Jouzel. Par cette initiative, l’ensemble des partenaires montre son ambition de favoriser l’intelligence collective, de valoriser la créativité d’entreprises écoresponsables et de contribuer à l’émergence de nouvelles solutions.

Trophée

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e Syndicat professionnel français de la distribution en électronique industrielle a décerné à Molex France le prix de la catégorie « Connectique »,

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permettant de saluer son engagement envers les distributeurs. « Nous sommes à la fois ravis et honorés d'être de nouveau récompensés par le trophée du

SPDEI pour notre gamme de connecteurs », s'est réjouie Christèle Dubruque, responsable de la distribution de Molex France, lors de la remise des prix. 

© Julia Brechler

Le prix « Connectique » du SPDEI décerné à Molex France


ACTUALITé

EnR

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ur l’année 2014, les énergies renouvelables ont représenté 19,5 % de la consommation électrique française. Selon le communiqué de RTE, l’énergie électrique produite par les EnR autres qu’hydrauliques dépasse la production d’énergie thermique fossile pour la première fois. Plus de la moitié de cette électricité est d’origine éolienne, le reste réparti entre solaire, photovoltaïque et biomasse. Le parc éolien français

s’élève à 9 120 MW, avec 963 MW supplémentaires raccordés aux réseaux, soit une progression du parc installé de 12 % pour la seule année 2014. Avec 17 TWh produits, l’éolien fournit 3,7 % des consommations électriques des Français en 2014. Parmi les raisons de cette croissance, la simplification des procédures administratives, qui offre une belle éclaircie après plusieurs années de croissance ralentie. 

© DR

2014, année réussie pour l’électricité renouvelable en France

éolien

Cofely Services s’associe à Partnering Robotics pour développer les services aux bâtiments e parc éolien offshore Kriegers Flak, au Danemark, sera prochainement raccordé au réseau électrique national par des câbles XLPE Nexans en aluminium de 400 kV. Nexans assurera donc la fabrication, la fourniture et sera également chargé de superviser le processus d’installation des 57 km de câbles, inclus dans un système souterrain permettant de raccorder le parc au réseau danois, sur une longueur de 19 km.

© DR

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ACTUALITé

Salons

Rénovation des bâtiments

Batimat, Interclima+elec et Idéobain forment le premier Mondial du Bâtiment

AGOR@LON 2015 : Une journée de témoignages projets

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n 2015, les trois salons phares du bâtiment, Batimat, Interclima+Elec et Ideobain se tiendront au Parc des expositions de Paris Nord-Villepinte, du 2 au 6 novembre prochains. Pour la première fois cette année, ils constitueront le tout premier Mondial du Bâtiment, une plate-forme unique qui s’adresse à tous les professionnels

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du bâtiment et de l’architecture, regroupant des offres exhaustives en termes de solutions, d’innovations, de démonstrations et de formations. Avec plus de 2 600 exposants français et internationaux et plus de 350 000 visiteurs attendus, le Mondial du Bâtiment affirme sa position d’événement leader et référent du secteur.

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onMark France annonce le prochain séminaire gratuit Agor@ Lon qui se déroulera le jeudi 26 mars 2015 au Mercure de Paris, Porte d’Orléans. Le marché de la rénovation du bâtiment est un enjeu capital et gigantesque. En dehors de la volonté des gestionnaires et propriétaires,

des questions reviennent souvent : Comment faire ? Pour quel coût ? Pour quels objectifs et quels résultats ? Avec quelles solutions ? Venez écouter et échanger avec ceux qui ont réalisé ces rénovations. Le LonMark France vous invite à les rencontrer... Plus d’informations sur www.lonmark.fr 


à lire

ComST Edition

Manuel de prévention du risque électrique

© ComST Edition

Le nouveau manuel de prévention du risque électrique « d’ordre électrique sur ouvrages de distribution et installations extérieures » de ComST Edition est désormais disponible. Illustré par de nombreux schémas explicatifs, ce carnet de prescription s’adresse à toutes les personnes habilitées pour effectuer des opérations d’ordre électrique sur les ouvrages publics des domaines de tension BT et HTA ainsi que sur les installations électriques extérieures (éclairage public BT, production photovoltaïque,..). Comme pour les deux précédents manuels de la collection Prévention du risque électrique dédié aux électriciens et non électriciens habilités, ce troisième recueil a été rédigé en collaboration avec des experts membres de commissions de normes. Le manuel est disponible en intégralité (134 pages) et sur commande (16 €) sur le site www.comstedition.com 

Energies renouvelables

© DR

Panorama de l'électricité renouvelable 2014 Le développement des installations de production d’électricité renouvelable et leur bonne insertion dans le système électrique représentent des enjeux importants en matière d’adaptation des infrastructures de réseau et de gestion du système électrique en France et en Europe. La transparence, la concertation et l’innovation sont des leviers essentiels pour atteindre l’objectif que s’est fixé notre pays en termes de déploiement des installations de production d’électricité renouvelable. C’est dans cet esprit que RTE, le SER, ERDF et l’ADEeF ont engagé ensemble depuis 2013 une collaboration pour la publication d’un « Panorama de l’électricité renouvelable ». La version 2014 est disponible gratuitement et en intégralité (92 pages) sur le site : www.enr.fr 

Plan bâtiment durable

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Publication du rapport d’activité 2014 Comme chaque année, le Plan Bâtiment Durable publie son rapport d’activité annuel. Le rapport d’activité 2014 revient sur les faits marquants de l’année écoulée et dresse le panorama complet des actions de la filière et l’état des lieux, sur chaque segment du parc, du déploiement du plan de rénovation énergétique des bâtiments. Il rappelle l’étendue et la diversité des interventions du Plan Bâtiment Durable et confirme la place centrale du bâtiment dans la transition énergétique de notre économie. « 2014, une année utile ! » pour Philippe Pelletier, avocat et président du Plan Bâtiment Durable. Le rapport d’activité 2014 est disponible en intégralité sur le site : www.planbatimentdurable.fr 

Plaquette DRIEE

© DRIEE - Jérôme Ricolleau

Sensibiliser les maîtres d’ouvrage aux enjeux du Smart Building La DRIEE Ile-de-France (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie) publie une plaquette à l’attention des maîtres d’ouvrage pour les sensibiliser à la réalisation de smart buildings dans le domaine du tertiaire, dans le neuf comme en réhabilitation, illustrée de nombreux témoignages. Cette plaquette se base sur les études menées par la DRIEE concernant le recensement de réalisations concrètes de smart buildings et l’évaluation des besoins en compétences des professionnels du secteur. Il se présente sous la forme de fiches descriptives pour 11 bâtiments (neufs ou rénovés) recoupant divers usages (bureaux, hôtels, écoles, autres établissements publics). La plaquette est disponible gratuitement et en intégralité (5 pages) sur le site : www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr 


AGENDA

Le salon des Achats et de l’Environnement de travail Du 31 mars au 2 avril 201 // Paris Expo, Porte de Versailles

Le salon réunira toutes les directions Achat, les directions Environnement de travail, Facility Managers, directions Immobilier et Property Managers, conviés à se retrouver pour échanger sur les problématiques actuelles, découvrir les évolutions de demain afin d’aborder la prospective avec les experts et les chercheurs. Contacts/informations : www.sgparis.fr / snicolas@corp-agency.com

Solutions Datacenter Management Du 1er au 2 avril 2015 // Cnit Paris La Défense

Le datacenter devient un levier de l’économie locale et globale. Il facilite le développement de nouveaux services, leur exploitation et les nouveaux usages. Ces trois phases, hier distinctes, évoluent de façon continue avec le cloud computing. Pour sa sixième édition, le salon Solutions Datacenter Management proposera aux visiteurs à la fois un espace d'exposition et un forum d'informations consacrés au cloud et aux datacenters. Contacts/informations : www.datacenter-expo.com / info@datacenter-expo.com

Congrès SG Paris Du 27 au 29 mai 2015 // Espace Grande Arche Paris La Défense

Le congrès Smart Grids Paris permettra aux acteurs du marché d’appréhender les enjeux et pourquoi pas de transmettre leurs opinions et participer ainsi activement à la définition des engagements mondiaux. Contacts/informations : www.sgparis.fr / snicolas@corp-agency.com

CapUrba Du 2 au 4 juin 2015 // Lyon Eurexpo

CapUrba est le carrefour entre l’innovation des entreprises et l’approche institutionnelle du développement des villes intelligentes. Du 2 au 4 juin 2015, à Lyon, rendez-vous sur CapUrba, le lieu de rencontre privilégié entre les sociétés innovantes et les collectivités dynamiques impliquées dans le développement de leur territoire. Contacts/informations : www.capurba.com / info@capurba.com

LumiVille Du 2 au 4 juin 2015 // Lyon Eurexpo

Pour découvrir les solutions actuelles et futures en matière d’éclairage extérieur, public et intelligent, pour s’informer sur les enjeux et tendances du secteur, rendez-vous au salon LumiVille, du 2 au 4 juin 2015, à Lyon, référence pour tous les acteurs de la filière de l’éclairage. Contacts/informations : www.lumiville.com / info@lumiville.com

Light on Architect Du 2 au 4 juin 2015 // Lyon Eurexpo

Light on Architect est un espace d'excellence conceptualisé et original regroupant une exposition de produits d’éclairage, un espace de conférences, des lieux d’échange et d’animation. Vingt exposants innovants, des conférences, des ateliers de créativité rassemblant architectes et concepteurs lumière, et une mobilisation sans précédent des réseaux d’architectes, Light on Architect assure une visibilité maximale auprès des prescripteurs et bureaux d’études, décideurs de collectivités, dirigeants et décideurs d'établissements privés. Contacts/informations : www.lightonarchitect.com / info@lumibat.com

Préventica Toulouse Du 9 au 11 juin 2015 // Parc des expositions de Toulouse

L’événement est aujourd’hui la référence nationale pour tous les acteurs de la maîtrise des risques, tant dans l’entreprise que dans les services publics. En permettant réflexion, retours d’expériences et rencontres professionnelles sur les conditions de bien-être au travail, aussi bien sur les enjeux de la sécurité globale des entreprises, les congrès//salon Préventica s’inscrivent depuis leur origine dans le champ du développement durable des organisations. Contacts/informations : www.preventica.com

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ÉVÉNEMENT

Integrated System Europe

L’intégration audiovisuelle à l’honneur

Le stand Crestron au salon ISE 2015.

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ouze halls répartis sur plus de 36 000 m², pour un total de 1 000 exposants et surtout de 59 350 visiteurs, record absolu pour l’ISE et en augmentation de 16,4 % par rapport à l’édition 2014. Une année particulièrement réussie donc, qui voit au fil des stands se succéder les solutions, qu’il s’agisse d’audiovisuel, de pilotage de la lumière, et, fait plus récent, la convergence numérique prend une place de plus en plus prégnante. À l’image de Crestron, sponsor de l’événement, nous assistons de plus en plus à la rencontre des systèmes d’automatisation et de programmation avec ceux concernant davantage l’audiovisuel. La convergence numérique est aujourd’hui au point et procure le sentiment à l’utilisateur de se retrouver au centre d’un écosystème exclusif, capable d’interfacer l’audio, la vidéo, tous types d’écrans et de sources pour créer un ensemble multiroom de haute qualité.

Le bureau connecté, tendance de cette édition Les systèmes de pilotage appliqués aux bureaux au sein des logements tertiaires constituent une des avancées du salon. Pour optimiser le confort de ses occupants, quoi de mieux que de mettre en place une solution alliant efficacité énergétique et services. Le service, nouveau maître mot de ce bâtiment toujours plus connecté : il est aujourd’hui possible de piloter la lumière du bureau, mais aussi les zones d’occupation, les postes… des possibilités quasi infi-

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Sans oublier le smart building Douzième hall sur douze, on retrouve la partie dédiée au bâtiment intelligent, à l’écart de l’exposition. Les grands acteurs sont bien entendu présents : alliance KNX et alliance Z-wave, Fibaro, Jung, Ekinex, ou encore les Français Krika et Lifedomus. Pourtant, la solution ayant retenu notre attention ne se trouve pas dans ce petit hall 12, mais au cœur du salon. Retour sur le stand de Lutron, fabricant américain de solutions LED pour l’éclairage : l’entreprise a mis au point un ensemble de systèmes pour le pilotage d’une chambre d’hôtel, allant de la gestion de la lumière du jour à l’ouverture automatique des rideaux en passant par la détection de présence. Une solution complète, permettant d’allier efficacité énergétique, ambiance lumineuse optimisée, mais surtout service aux occupants d’un hôtel.

Hall 12, le stand de l’alliance Z-wave.

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Du 10 au 12 février derniers s’est déroulé à Amsterdam le grand rendez-vous européens des systèmes d’intégration audiovisuelle. À l’honneur de cette édition, les réseaux VDI (voix, données, images) pour les bâtiments tertiaires et les hôtels, allant du bureau connecté au home-cinéma avec enceintes encastrées. Quelques applications smart home étaient également présentes, bien que perdues dans l’immensité du salon.

L’ISE a battu un record d’affluence pour cette édition avec 59 350 visiteurs.

nies qui continuent encore d’être développées. Quoi qu’il en soit, l’ISE affirme cette année encore son ancrage sur les sujets du numérique et de l’intégration audiovisuelle. Fort de cette réussite, le salon Integrated Systems Europe devient la référence européenne du secteur, et se déroulera l’an prochain du 9 au 12 février 2016, au RAI d’Amsterdam.  Alexandre Arène

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ANALYSES

Le charbon : un bilan pour 2014 Par Jean-Marc Guillier

Le charbon a été le moteur de la révolution industrielle au XIXe siècle. Son exploitation comme source d’énergie est sans doute la cause la plus directe de la transformation radicale du style de vie d’une bonne partie des habitants de la planète. L’AIE s’alarme cependant car le rôle du charbon ne faiblit pas malgré sa nocivité pour l’environnement, d’autant plus que de nouveaux pays aspirent à expérimenter les mêmes transformations grâce à cette ressource peu chère et facile à exploiter.

L

e charbon est la première source de cycle sous-critique – en référence à Toujours dans l’optique d’une respond’énergie primaire, et pèse pour la pression dans la turbine – sont les sabilité environnementale, la capture et 41 % dans le mix énergétique moins efficaces. Entre 2006 et 2010, la le stockage du carbone progressent et mondial. La quantité d’énergie générée Chine a fermé 77 GW de production sont encouragés par les cycles à gazéien 2011 par la combustion du charbon sous-critique, et prévoit d’éliminer fication intégrés, une technologie qui s’élevait à 9 100 térawatts heure, 50 % encore 20 GW d’ici 2015. L’Allemagne, avait jusqu’alors souffert de prix rédhide plus que dix ans auparavant. Seule elle, a déjà mis fin à 1,4 GW de généra- bitoires, mais qui se développe avec les exception à ces tendances alarmantes, tion sous-critique et vise encore 1,5 GW impératifs de la lutte contre le changela transition du charbon vers le gaz aux pour 2015. Ces unités de production ment climatique. États-Unis a fait baisser la part du char- sont remplacées par des cycles super- Les mesures politiques en faveur de bon dans la génération d’énergie des critiques voire ultra-supercritiques. l’environnement constituent en effet pays de l’OCDE de 33,4 % à le seul ralentisseur significatif 32,1 % entre 2011 et 2012. à l’utilisation accrue du char« Ces procédés permettent La Chine est responsable pour bon dans la génération d’énerde réduire de 25 % les émissions l’essentiel de l’explosion de la gie. La Chine, sous les projecdemande de charbon et d’éner- de carbone par rapport à une centrale teurs étant donné son rang gie : pour la satisfaire, le géant de premier consommateur de à efficacité moyenne. » asiatique a accru ses capacités charbon, a ratifié le « Air Polde 48 gigawatts (GW) pour la lution Action Plan », qui vise seule année 2012 et pèse pour 50 % de 64 % des centrales en construction à réduire la part du charbon dans le la consommation mondiale de char- appartiennent ainsi à ces deux der- mix énergétique national de 79 % en bon, avec un total de 3 678 millions nières catégories, aux rendements bien 2011 à 65 % en 2017. La province de de tonnes (Mt). Suivent ensuite l’Inde meilleurs. Beijing prévoit ainsi de retrancher et ses 753 Mt, représentant 10 % de la Cette évolution s’accompagne égale- 73 Mt à sa consommation annuelle consommation mondiale. L’Allemagne, ment d’une augmentation de la taille de charbon, soit 10 % de son niveau géant industriel, a mis en activité des centrales. Des progrès sont aussi de 2012. Les États-Unis suivent de 2,7 GW supplémentaires en 2012. Au accomplis en termes d’émission de car- près la Chine en termes de consomtotal, la demande de charbon devrait bone, pour compenser. Ainsi, la centrale mation, et les deux pays se sont engapasser de 7 697 Mt à 8 799 Mt entre japonaise Isogo Power Station Unit 2, gés à développer leur coopération 2012 et 2018, soit une augmentation d’une capacité de 600 mégawatts, est bilatérale pour diminuer l’impact moyenne de 2,3 % par an. équipée de dispositifs pour limiter les environnemental. Les États-Unis ont En parallèle, les progrès technolo- émissions de gaz dangereux (tout en par ailleurs endossé l’objectif des giques rendent la production d’éner- minimisant en outre les rejets d’eaux 500 grammes de CO2 maximum par gie plus efficace, grâce à une réduction usées) ; ces procédés permettent de KWh pour toutes leurs nouvelles des pertes et des émissions de carbone. réduire de 25 % les émissions de car- centrales, un niveau qui ne peut être Trois types de centrales coexistent : les bone par rapport à une centrale à effi- atteint sans recours aux technologies de capture et de stockage de carbone.  centrales équipées de la technologie dite cacité moyenne.

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ANALYSES

L’éclairage de demain ne sera pas smart, il sera « pay per lux » Lionel Brunet*, délégué général du Syndicat de l’éclairage

Le constat du manque cruel de financement pour les opérations d’efficacité énergétique en direction du secteur public ou privé est partagé depuis longtemps. Pour dépasser ce statu quo, il existe de ssolutions déployées pour notre secteur à grande échelle, notamment celles utilisées outre-Manche.

U

n an avant la tenue de la confé- trer leurs efforts d’investissements sur compétitivité sans mobiliser leur caparence Climat à Paris, l’ambition leurs outils de production ou de création cité d’autofinancement. partagée de sobriété énergé- de richesses. Les LED, grâce à la capacité de commutique nécessite désormais d’être nication intégrée dans chaque conjuguée avec les exigences « Plus de la moitié des fonds engagés luminaire, sont parfaitement de confort et de bien-être auxadaptées à ce futur mode de en Grande-Bretagne a permis quelles personne, aujourd’hui, consommation qui ne fait l’imdes milliers de projets ne saurait se soustraire. passe ni sur la durée de vie, ni L’éclairage possède indiscutablesur la qualité éclairagiste. Les de rénovation d’éclairage. » ment cet atout : il dépasse cette produits proposés notamment apparente contradiction, grâce au déve- Existe-t-il une solution tierce ? Regar- par les fabricants adhérents au Syndicat loppement dons les bonnes pratiques en Europe, de l’éclairage en témoignent. des LED et systèmes de pilotage dédiés et notamment en Grande-Bretagne qui viennent pallier « intelligemment » qui possède deux institutions dédiées à Brunet, cadre dirigeant de l’industrie, a rejoint, le défaut d’éclairage naturel. l’investissement public : la Green Invest- *enLionel 2013, le Syndicat de l’éclairage qui regroupe une cinCapable de satisfaire dès aujourd’hui ment Bank et Salix, deux entités fon- quantaine d’entreprises. Outre sa mission de défense des collectifs et individuels de ses membres, il a à coeur aux objectifs écologique et énergétique dées sur des dotations en capital public. intérêts d’inscrire l’efficacité énergétique et son financement dans pour 2050 (le « facteur 4 »), son avenir La première en possède 5 milliards ses échanges avec les responsables politiques et de l’adminis(ministères, ADEME, Plan Bâtiment durable, etc.) « radieux » fait l’unanimité. La remise du d’euros. La seconde finance sous forme tration dans le cadre de l’évolution législative et réglementaire de prix Nobel de physique aux inventeurs de prêts à taux zéro des opérations spé- l’industrie de l’éclairage. japonais de la LED bleue (pour l’éclai- cifiques de rénovation de l’éclairage. rage) a définitivement rallié les derniers Les retours sur investissement pour sceptiques. les réalisations qui en bénéficient se Pourtant, un frein subsiste dans le sec- mesurent : 5 ans pour les lieux de santé teur professionnel, public et privé. et 8 ans pour les lieux d’enseignement. Ne nous y trompons pas, le principal Or, ces lieux représentent en France frein réside dans le financement de cet 80 % des m² appartenant au secteur investissement. Bien sûr, personne ne public quand ce dernier possède la conteste le retour sur investissement à moitié du parc des bâtiments tertiaires. moyen terme, d’autant que le secteur a Aujourd’hui, plus de la moitié des fonds l’avantage, sur beaucoup d’autres, d’être engagés en Grande-Bretagne a permis mesurable et mesuré. des milliers de projets de rénovation Pour le secteur public, la tension sur le d’éclairage… le succès est certain. montant futur de son investissement Une offre de type « pay per lux » permetsera structurelle du fait du poids de la trait, pour le secteur privé, de dépasser dette locale et nationale. Dans le secteur ses contraintes actuelles. Le paiement privé, les entreprises préfèrent concen- à l’usage offre en effet une plus grande

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Les dossiers du mois Récupération

Datacenters

Et si on récupérait la chaleur des datacenters ?

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23 Production

Efficacité énergétique

La nouvelle donne Bepos

27 Réglementation

Performance énergétique

© Philips Lighting

Les Certificats d’économies d’énergie pour l’éclairage 32 22 j3e 833 / mars 2015 - www.filiere-3e.fr


Récupération

Les dossiers du mois

Datacenters

Et si on récupérait la chaleur des datacenters ? Les datacenters sont aujourd’hui l’un des piliers du développement des TIC, leur nombre augmente tous les ans ainsi que leur consommation d’énergie électrique. Or toute cette énergie est transformée en chaleur qui, dans la plupart des cas, va être dissipée dans l’atmosphère. Mais des développements sont en cours pour récupérer une partie de cette chaleur, même s’il existe sur le terrain des freins ou des difficultés pratiques.

L

10 000 m2 et leur consommation globale doit représenter 2 à 3 % de l’électricité produite en France. Toute cette énergie est consommée par les groupes froid, la distribution électrique sécurisée et, de 60 à 90 %, par les serveurs et machines informatiques. Mais au final

Des réalisations en nombre encore limité Des réalisations avec récupération de la chaleur fatale d’un datacenter existent, mais en nombre encore assez limité et rarement avec une récupération totale

...

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e nombre de datacenters en France doit dépasser 140 ou 150 et augmente tous les ans de 4 à 5 %. Leur consommation d’électricité, pour les plus importants, peut dépasser celle d’une ville de 50 000 habitants pour une surface de

toute cette énergie est transformée en chaleur qui dans la plupart des cas est rejetée dans l’atmosphère. Les concepteurs et exploitants, ainsi que les fabricants de serveurs, travaillent à réduire ces consommations, en particulier au niveau du poste important du refroidissement et du taux de charge des serveurs, mais l’idée de récupérer toute ou partie de ces calories et chauffer des locaux ou équipements publics se développe même s’il subsiste de nombreuses difficultés techniques, voire financières.

Celeste : son datacenter Marilyn de Marne-la-Vallée.

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Récupération

Les dossiers du mois

Le réseau d'eau de refroidissement du datacenter de Business et Decisions de Grenoble permet de chauffer des locaux, y compris à l'extérieur. (Source : Business et Décisions)

Dijon, Marne-la-Vallée, Grenoble : trois réalisations différentes L’Université de Bourgogne (uB), à Dijon, a fait un choix plus ambitieux pour son nouveau datacenter de calcul scientifique opérationnel mi-2015. Celui-ci sera installé près de l’ancienne chaufferie du campus, et le bâtiment sera connecté au réseau de chauffage via un échangeur et chauffera ainsi une partie des locaux de l’uB. Pour Claude Dos Santos, directeur général de la société Jerlaure, maître d’œuvre de ce nouveau datacenter évolutif, « l’uB bénéficiera à terme de 800 kW de chaleur gratuite pour chauffer ses locaux. Le retour sur investissement supplémentaire pour cette récupération est de 2,5 ans, mais le projet est éligible à

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des problèmes techniques, financiers, voire contractuels, qui peuvent rebuter leur exploitant. Le cas de récupération le plus fréquent est une utilisation sur le site de cette chaleur. C’est la solution retenue par le fournisseur d’accès Internet Celeste pour son datacenter Marilyn de Marne-la-Vallée. Dans un bâtiment à la conception architecturale innovante (les salles sont sur 5 niveaux avec un effet de tirage naturel vertical), le refroidissement se fait par free cooling à l’air extérieur mais une partie de l’air chaud sortant des machines sert à chauffer les bureaux. Une utilisation que l’on retrouve à une plus grande échelle sur le Technopole de Bouygues Telecom à Meudon-la-Forêt. Pour ce bâtiment de 57 000 m2 hébergeant 3 500 personnes, un système de récupération d’énergie installé dans la centrale de production de froid des salles informatiques couvre 60 % des besoins de chauffage en hiver et 100 % de l’eau chaude sanitaire. Cette récupération peut aussi se faire lorsque le refroidissement du site est en free cooling indirect, comme l’explique Damien Giroud, directeur France Solutions Datacenter de Schneider Electric : « CFI Informatique, pour son datacenter de Civrieux (01), va à partir d’un module de free cooling Ecobreeze chauffer l’air neuf des VMC double flux des bureaux et diviser par deux son besoin de chauffage en hiver ».

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... de la chaleur car celle-ci pose souvent

Le réseau de chauffage de Val d’Europe, raccordé au centre informatique, va distribuer l’eau chaude dans toute la zone d’activités le la ZAC du Prieuré. (Source : Dalkia)

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des aides (Certificats d’économies d’énergie - CEE) qui ont absorbé la plus-value. Et comme il s’agit d’un centre de calculs universitaire, il va démarrer à 80 % de sa puissance nominale ». Une des réalisations les plus importantes est sans doute celle de Val d’Europe, à Marne-la-Vallée, où un réseau de chaleur urbain est alimenté par une énergie de récupération d’un datacenter bancaire. Un échangeur permet de récupérer la chaleur dégagée par les groupes froid et c’est une eau à 55 °C qui est envoyée en sortie d’échangeur dans les canalisations du chauffage urbain du parc d’activités. Pour Dalkia, qui a conçu et réalisé ce réseau, il est 100 % sécurisé, car en cas d’arrêt du datacenter la production nécessaire au chauffage peut être secourue par des installations fonctionnant au gaz naturel. Ce projet qui, à terme, devrait alimenter 450 000 m2 de bâtiments, a bénéficié d’une aide de l’Ademe de 1 Me et comporte un taux d’EnR&R très important (> 90 %) et permet de maîtriser dans le temps le coût de la chaleur. C’est une autre solution qui a été retenue par Schneider Electric pour le nouveau datacenter performant et « vert » Pilsi (Pôle d’innovation pour les logiciels et systèmes intelligents) de l’Université de Grenoble d’une puissance de 300 kW dans un bâtiment de recherche d’une surface de 15 000 m2 de bureaux, espaces de séminaires, laboratoires. Cette puissance de 300 kW représente plus de 10 fois la puissance nécessaire

...



Récupération

Les dossiers du mois

Schéma du Q.rad. (Source Qarnot Computing)

... au chauffage des bâtiments, mais une duction de chaleur peut dépendre de la partie de l’air chaud repris dans les allées chaudes des salles sera envoyé vers des pompes à chaleur air/eau assurant le chauffage et dont l’efficacité sera améliorée. Cela permet pour Damien Giroud « de combiner le free cooling air direct-confinement thermique allée froide et allée chaude avec récupération d’une partie de la chaleur et également l’utilisation de la géothermie à partir de la nappe phréatique pour le refroidissement ou le chauffage des bâtiments ». De nombreuses difficultés limitent encore le développement de cette récupération Ces quelques exemples montrent que des solutions existent et sont mises en œuvre, mais elles sont loin d’être généralisées ou étudiées systématiquement dans chaque nouveau projet, leur mise en œuvre étant encore plus difficile sur des sites existants. Pour Claude Dos Santos, « peu de clients sont intéressés pour des raisons financières, mais il faut aussi des conditions d’environnement favorables : cela marche bien s’il y a des logements ou bureaux proches avec un réseau d’eau récent basse température 30-50 °C ou dans un contexte de “smart city”. C’est plus compliqué si l’on doit s’adapter à des réseaux existants à haute température 70-80 °C, mais c’est ce qui se fera pour la première fois à l’Université de Bourgogne. Dans d’autres cas, cela ne se fait pas car il faudrait mettre en place des partenariats avec des gestionnaires de réseau de chauffage et s’engager sur des contrats à long terme alors que la pro-

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charge du datacenter durant son exploitation ». Ce qui est intéressant pour de petits centres de calculs peut se révéler beaucoup plus difficile pour de gros centres de 10 à 50 MW qui produisent de la chaleur toute l’année avec de l’air moyennement chaud difficile à transporter. « Les objectifs du gestionnaire de datacenter sont différents de ceux d’une compagnie de chauffage, sa préoccupation est la qualité de service (SLA) vis-à-vis de ses clients, et ses objectifs de rentabilité (TCO) ne sont pas les mêmes. Le problème se pose également en phase de démarrage d’un datacenter qui peut être peu chargé, donc ne pas fournir toute la quantité de chaleur demandée par le réseau. Se pose également le problème d’un arrêt du centre (travaux, rénovation) qui ne pourrait plus remplir son contrat », confirme Damien Giroud. On voit que le problème n’est pas simple pour ces très gros datacenters qui représentent pourtant des productions de chaleur fatale très importantes, et souvent en région parisienne. Les opérateurs préfèrent souvent produire du froid à moindre coût par le free cooling ou le free chilling air/eau et réduire ainsi leur PUE. Et si d’autres solutions se développaient ? L’idée est de transporter non pas la chaleur de l’informatique vers l’utilisateur, mais d’installer des serveurs près, voire chez le consommateur de chaleur. C’est la proposition sous 2 formes différentes de deux start up innovantes. La jeune

société grenobloise Stimergy a inventé la « chaudière numérique ». Une chaudière est constituée de serveurs (jusqu’à 20) plongés dans un bain d’huile pour les refroidir : installée dans la chaufferie d’un immeuble, elle va réchauffer l’eau chaude sanitaire. Pour Christophe Perron, fondateur de Stimergy, « l’eau chaude sanitaire est un besoin constant sur toute l’année, et la chaudière va fournir 30 à 60 % des besoins car un serveur produit 80 l d’eau chaude par jour. Le complément est assuré par la chaufferie classique, mais l’utilisateur ne paye pas ces calories, simplement un “droit de raccordement” pour financer une partie de l’installation ». La première installation de 5 serveurs fonctionne depuis 18 mois dans un immeuble de Grenoble et fournit 30 % des besoins en eau chaude. Et, en décembre 2014, l’Université Lyon 3 a inauguré sa chaudière de 6 serveurs reliés à la bibliothèque et qui fournissent 40 % de l’énergie du ballon d’eau chaude du bâtiment. Cette idée a valu à son inventeur Christophe Perron le grand prix 2013 du concours Énergie Intelligente d’EDF. De son côté, Qarnot Computing, start up parisienne, propose d’installer chez des particuliers des microprocesseurs montés sur un radiateur, qui chauffent le logement tout en traitant des données de calculs facturés aux entreprises utilisatrices, un système de répartition des calculs se fait automatiquement pour réguler la température. L’utilisateur du « radiateur » Q.rad ne paye rien : sa facture d’électricité lui est remboursée. Rien ne distingue ces radiateurs-ordinateurs de simples convecteurs, mais ils sont connectés à Internet. Une expérimentation grandeur nature s’est faite dans le parc de HLM de Paris, et Paul Benoît son inventeur prévoit d’en installer à terme plus de 100 000. On va passer du free cooling au free heating. Toutes ces initiatives vont dans le bon sens si l’on veut atteindre les objectifs 2020 du paquet européen climat-énergie concernant les énergies renouvelables et la récupération d’énergie. Le gisement est à notre porte, mais il faut maintenant l’exploiter.  Jean-Paul Beaudet


Production

Les dossiers du mois

Efficacité énergétique

La nouvelle donne Bepos

Les bâtiments Bepos, une réalité en France et dans le monde

S

ur le plan international, plus de 300 projets ont été analysés (1) dans le cadre des travaux de l’Agence internationale de l’énergie. Dans le tout récent observatoire Bepos, géré par effinergie en partenariat avec l'Ademe, 388 projets sont répertoriés dont 70 bénéficient d’une analyse détaillée (2). Yan Dervyn, directeur du collectif effinergie , ajoute que « les projets recensés sont tantôt labellisés effinergie Bepos ou bien des projets "autoproclamés" Bepos, c’est-à-dire ne respectant pas forcément toutes les exigences du label ». Ainsi, les projets Bepos ont été conçus

avec des moteurs de calcul (RT 2005, RT 2012) et des périmètres d'études différents (5 usages réglementaires, tous usages...). Une variété de projets qui n’a pas échappé aux parlementaires à l’occasion du débat du projet de loi relatif à la transition énergétique : « L’article 4 du projet de loi propose l’anticipation de l’échéance de 2020 en indiquant que, chaque fois que possible, toute nouvelle construction sous maîtrise d’ouvrage de l’État ou des collectivités locales sera à énergie positive ou à haute performance environnementale. À l’occasion de l’examen de cet article au Sénat, les parlementaires ont adopté un amendement visant à préciser la notion de bâtiment à énergie positive », précise Anne-Lise Deloron, directrice adjointe du Plan Bâtiment durable. « Il y a en effet une grande diversité de bâtiments Bepos, on peut être à énergie positive de plusieurs façons, il est important de donner un cadre stable pour atteindre ce qualificatif et il faut pour cela s’appuyer sur les premiers retours d’expérience de la filière », poursuit-elle. Une ambiguïté qui pourrait peut-être être levée en utilisant comme référence le label Bepos-effinergie qui propose une définition, qui peut certes toujours être éprouvée, mais ayant le mérite d’exister.

tif de consommation pour les 5 usages réglementaires de la RT 2012 avec un maximum de 40 kWep/m2/an, et, d’autre part, de 70 kWep/m2/an de consommation pour les autres usages (cette dernière valeur variant de 70 à 100 suivant le type de bâtiment et d’usage). Les valeurs de consommation (5 usages et autres usages) sont modulées en fonction du type de bâtiment (logement ou tertiaire), de l’altitude, de la zone géographique et de la surface. « Un outil permettant l’estimation et la conformité à l’exigence sur les autres usages va être mis à disposition prochainement », ajoute Yann Dervyn. La valeur objectif de production est quant à elle modulée en fonction du nombre d’étages du bâtiment et de la zone géographique (potentiel solaire). Yann Dervyn explique qu’un écart est accepté sur le bilan consommation-production suivant la nature du projet, en particulier pour les bâtiments défavorisés en production d’énergie renouvelable (collectifs de plusieurs étages, régions moins ensoleillées). Avec le label Bepos, le bâtiment doit aussi faire l’objet d’une évaluation de la

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Il y a Bepos et… Bepos , le label impose une sobriété tous usages et la production d’EnR « Le label Bepos-effinergie ne s’arrête pas aux 5 usages de la RT 2012, il va plus loin et intègre l’ensemble des usages dans l’exigence de compensation énergétique entre consommation et production », précise Yann Dervyn. Avec le label Bepos, pour prendre une valeur moyenne, la compensation de production d’énergie renouvelable pourrait, par exemple, être de 110 kWhep/m2/ an, soit la somme, d’une part, de l’objec-

© DR

Le Bepos… un bâtiment qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, mais, aujourd’hui, concrètement, avec quels objectifs et comment ? Une production d’énergie pour couvrir quelles consommations ? Et demain le bâtiment Bepos est-il à considérer comme une unité isolée ou bien comme participant à un équilibre production/ demande au niveau d’un quartier ou d’un territoire ?

Yann Dervyn, directeur du collectif effinergie.

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Production

Les dossiers du mois

... consommation d’énergie grise au travers optimisation dynamique des appels de d’une analyse du cycle de vie qui estime l’énergie grise nécessaire pour fabriquer les matériaux composant le bâtiment, sa mise en œuvre et jusqu’à son recyclage. « Un potentiel d’éco-mobilité des usagers du bâtiment est également demandé et peut être réalisé avec un outil d’évaluation disponible gratuitement sur le site www. effinergie-ecomobilite.fr », précise Yann Dervyn. Les panneaux photovoltaïques installés au sol sont exclus du dispositif sauf s’ils ont une fonctionnalité autre que la production d’énergie (ombrière de parking, par exemple). Autrement dit, avec le label Bepos-effinergie, un bâtiment qui ne ferait pas suffisamment attention à sa consommation tous usages et qui multiplierait le nombre de panneaux photovoltaïques en toiture, voire en emprise supplémentaire au sol, pour arriver à l’équilibre « 0 consommation », ne pourrait pas être labellisé Bepos. Qui plus est si cette compensation se limitait aux 5 usages de la RT 2012. Demain, un objectif de consommation par personne et non pas seulement par m2 ? La RT 2012 a conduit à diviser par 2 à 4 les consommations d’énergie réglementées sur les 5 usages : « Les progrès des étapes suivantes, tout en s’appuyant sur les acquis de ces réglementations, nécessiteront un changement de point de vue pour intégrer tous les usages de consommation. Les efforts de réduction sur les 5 usages ne seront pas suffisants pour diminuer de façon forte la facture énergétique d’un bâtiment et ce quel que soit son usage », souligne Antonin Briard du Gimélec. La logique poursuivie par la Suisse, qui fixe un objectif d’une puissance moyenne de 2 000 W par habitant à ne pas dépasser, pourrait-elle être reprise ? Mais, aussi, au-delà de la qualité constructive, le bâtiment Bepos devra développer une approche dynamique de la notion « à énergie positive ». En particulier pour valoriser la contribution du bâtiment à son environnement territorial, mais aussi au système énergétique dans son ensemble : - réduction des besoins globaux et

puissance ; - usage des mécanismes de marché (en direct ou via un agrégateur) et possibilité d’autoconsommer, de stocker, de mutualiser l’énergie produite localement avec les bâtiments voisins, sans obligatoirement la réinjecter sur le réseau. Demain, c’est la contribution positive globale du bâtiment à son environnement énergétique et territorial qu’il faudra considérer, poursuit Antonin Briard. La mise en place d’une tarification dynamique des énergies permettra aux acteurs d’intégrer économiquement cette contribution. Enfin, la nouvelle donne Bepos pose aussi la question du maintien de l’équilibre à énergie positive dans la durée. « Et pourquoi pas demain une démarche de labellisation avec un contrôle périodique après quelques années de fonctionnement pour constater le caractère "à énergie positive" sur la base des bilans annuel, mensuel, journalier », ajoute Antonin Briard. Ce point est également un axe de réflexion au niveau de effinergie, il reste à définir la périodicité et, en cas de problème ou dérive, une méthodologie et des règles pour déterminer les responsabilités. Les freins au déploiement des projets Bepos Pour Gérard Vidal, directeur général adjoint de Square Ingenierie, société spécialisée dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre notamment sur ce type de projet, les freins sont à deux niveaux : - Le budget : il doit bien prévoir des automatismes et régulations nécessaires pour piloter de façon fine le confort et la sobriété énergétique. Les techniques sont désormais éprouvées, mais il faut suffisamment de temps et de moyens, et les délais imposés sont aussi parfois déraisonnables. Il arrive aussi que les lots GTB et Régulation souffrent également par ailleurs des retards du chantier. - Second frein : la méconnaissance de ce qu’il faut faire pour faire fonctionner ce genre de bâtiment. « La compétence des entreprises n’est donc pas un frein, et le plus serait une incitation financière pour lancer à grande échelle ce type de projet », conclut-il.

La RBR 2020 et non pas RT 2020 : la réglementation 2020 ne sera pas que thermique Dès 2011, le Plan Bâtiment durable a mis en place un groupe de travail « Réflexion bâtiment responsable 2020 » (RBR 2020) pour identifier les principales caractéristiques des bâtiments en 2020, et, d’évidence, la future réglementation ne sera pas seulement thermique. En effet, les réflexions sur la RBR 2020 ont un champ de vision élargi au-delà des exigences de consommation d’énergie primaire non renouvelable kWhep/m2, et d’informations sur les émissions de gaz à effet de serre. Dans son dernier rapport de septembre 2014, le groupe de réflexion du Plan Bâtiment durable liste des champs supplémentaires sur : l’intégration des consommations des usages domestiques, un confort accru, la qualité de l’air avec notamment des tests sur les réseaux et systèmes de ventilation… Mais aussi sur la gestion de puissance, la capacité d’effacement et de « pilotabilité » du bâtiment, c’est-à-dire définir de nouveaux indicateurs incitant à la conception des bâtiments « réseaufriendly ». « La vision du groupe de travail RBR 2020 est que les lignes forces de la RBR 2020 seront multiples : prise en compte du poids carbone tout au long du cycle de vie du bâtiment, obsolescence des matériaux, qualité de l’air, confort, adaptabilité des bâtiments à l’évolution des usages, prise en compte de la biodiversité, capacité à s’intégrer au réseau et au territoire, connectivité, etc. Avec la RBR 2020, c’est une tout autre dimension qui s’ouvre. D’ici 2020, nous serons sans doute matures pour que certaines de ces lignes forces se transforment en indicateurs obligatoires, là où d’autres seront seulement encouragées », souligne Anne-Lise Deloron. Souhaitons que la loi sur la transition énergétique donne le la rapidement sur le calendrier de l’ensemble de ces travaux, que cela soit l’évolution des labels comme des réglementations pour le neuf et la rénovation. (1) source : http://www.enob.info/en/net-zero-energybuildings/map/ (2) source : www.observatoireBepos.org

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Production

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Projet Kergrid : la nouvelle donne Bepos, c’est le bâtiment connecté au smart grid

M

arc Aubry, directeur général des Services du Syndicat d’énergie du Morbihan (SDEM), explique la genèse du projet Kergrid, initié en collaboration avec « Eau du Morbihan » et l’Association des maires et présidents d’Epci du Morbihan, en précisant que c’est tout d’abord la volonté de réaliser un bâtiment exemplaire concourant à deux objectifs : - La sobriété énergétique (le bâtiment est de niveau Passivhaus), son enveloppe a été particulièrement soignée (triple vitrage, isolation extérieure double couche) et les systèmes de chauffage et ventilation performants (chauffage géothermique, ventilation double flux). - La mise en place d’un bâtiment Bepos connecté au smart grid, c’est-à-dire

capable de s’effacer, de produire de l’énergie renouvelable, mais aussi de la stocker ou bien de la réinjecter sur le réseau. « Le bâtiment peut soit être en autoconsommation et aller jusqu’à s’effacer complètement (2 heures d’autonomie avec le stockage par batterie) ou bien au contraire, si besoin, réinjecter de l’énergie au réseau », ajoute-t-il. Ce fut le cas cet été où il a été effectué un premier test en injection avec la fourniture de l’électricité à un lotissement et une salle de sport. « Les flux d’énergie consommée sont liés aux flux humains, dans le tertiaire il n’y a en général personne le week-end et le soir : l’optimisation et la nouvelle donne Bepos passent par un territoire d’usage et non le bâtiment seul », précise Marc Aubry.

Cet effacement est géré par le système « Power Management System » (PMS) mis en place par Schneider Electric. La solution PMS gère les flux d’énergie entre le réseau de distribution, la production locale (photovoltaïque, éolienne), le stockage sur batteries, la recharge des véhicules électriques et, bien entendu, les charges du bâtiment. C’est également ce dispositif qui déclenche les mécanismes d’autoconsommation, de stockage ou de revente de l’électricité. En 2015, capitaliser sur Kergrid pour bâtir un modèle de projet industriel Bepos reproductible Le réseau électrique breton connaît des périodes de saturation régulières, notamment lors des pics de consommation. « Ainsi ce type de bâtiment,

Principe des flux d’énergie et de données au sein des systèmes du bâtiment Kergrid.

Hall accueil éoliennes

PV

Mode de fonctionnement GTB

Gestion de flux

stockage

TGBT

VE Flux Energies Flux de données

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© Schema issu du site SDEM

Mode sécurisé et îloté


Production

© p.labbe@balloide-photo.com

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réplicable pour d’autres projets, nous les panneaux sont posés en inclinaison Vue aérienne du bâtiment Kergrid situé dans le quartier de Fétan-Blay, aide à limiter les travaux de renforcement de 5-6° et sont non orientables. Idem Vannes Ouest. Coût des travaux HT du réseau car le réseau doit être dimen- pour le stockage à base de batterie 1 800 € HT / m2. sionné pour la pointe électrique. Le temps lithium-ion. Nous pourrions peut-être de retour sur investissement est de l’ordre tester d’autres technologies de batte- Kergrid, en synthèse, c’est : un bâtiment ries : électrolyte permanent ou volant de 3 300 m2 incluant un chauffage avec de grandeur de 7 ans. » géothermie et pompe à chaleur eau/eau, Multiplier ainsi les sources de secours à d’inertie magnétique. triple vitrage, détecteurs de présence, l’échelle du territoire sur un ensemble luminosité, membrane d’étanchéité, significatif de bâti tertiaire en période La technique a fait ses preuves, reste le volet juridique VMC double flux, climatisation passive, de pointe prend donc tout son sens. « En 2015, nous allons continuer la pré- Il n’existe pas en France de cadre juri- une production de 126 kWC (soit 850 paration du business plan pour permettre dique concernant la revente de l’élec- m²) de panneaux photovoltaïques, de de faire de Kergrid un projet reproduc- tricité stockée. Le projet interroge deux mini-éoliennes de 2 kW et 2,5 kW, d’une batterie lithium-ion tible applicable aussi bien à un bâtiment neuf qu’en rénovaLe Bepos n'a a priori de sens durable de 56 kWh et de bornes de pour véhicules élection. » et économique que sur un territoire recharge triques d’une puissance comL’analyse des données de foncet avec un stockage. Il faut changer prise entre 3 kVA et 22 kVA. tionnement recueillies sur l’année écoulée va également de paradigme et raisonner à l’échelle Bâtiment prévu pour consommer moins de 15 kWhep/m2/ aider en ce sens. EDF R&D a de territoire et d’usages différents. an avec un objectif de consomd’ailleurs décidé d’effectuer une étude comportementale d’analyse l’autorité publique sur ce point et sur la mation globale (tous usages confonpossibilité de mettre à disposition sur le dus) d’énergie primaire inférieur à 120 des données. En parallèle, nous allons travailler à réseau, au moment opportun, l’énergie kWhep/m²/an.  l’optimisation du bâtiment : la produc- stockée par le bâtiment. C’est une des Jean-François Moreau tion n’est pas optimisée si, par exemple, priorités du SDEM pour 2015.

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Réglementation

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Performance énergétique

Les Certificats d’économies d’énergie pour l’éclairage

L

e dispositif des CEE repose sur une obligation triennale de réalisation d’économies d’énergie, exprimée en kWh cumac d’énergie finale, imposée par les pouvoirs publics aux fournisseurs d’énergie, les « obligés ». Les obligés sont incités à promouvoir activement l’efficacité énergétique auprès de leurs clients : ménages, collectivités territoriales ou professionnels. Trois types d’actions peuvent donner lieu à la délivrance de CEE : la réalisation d’opérations standardisées, la valorisation d’opérations spécifiques, le financement d’un programme d’accompagnement. Les opérations standardisées représentent 95 % du volume des CEE délivrés. Elles sont répertoriées sous forme

de fiches qui permettent de calculer rapidement et de façon forfaitaire le nombre de kWh cumac résultant de la mise en œuvre d’une opération standardisée. Les valeurs indiquées dans les fiches sont le résultat de calculs réalisés, à partir d’une situation de référence, construite avec des données statistiques reconnues au plan national (études

Certificats d’économies d’énergie : la troisième période a débuté en janvier 2015. Ville de Talence : éclairage extérieur réalisé avec des luminaires Iridium3 (Philips Lighting) éligible CEE (fiche RES-EC104 cas n°1).

© Philips Lighting

Le dispositif des Certificats d’économies d’énergie (CEE) a été créé par les articles 14 à 17 de la loi 2005-781 du 13 juillet 2005 du programme fixant les orientations de la politique énergétique (loi Pope). La troisième période a commencé en 2015 (jusqu’en 2018) et a pour objectif de réaliser 700 TWh cumac d’économies d’énergie.

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Réglementation

Les dossiers du mois

ADEME, données du Ceren, etc.), sur les consommations des différents usages et du niveau de performance des différents équipements. Des fiches d’« opérations standardisées » (OS), définies par arrêtés publiés au JORF, sont élaborées pour faciliter le montage d’actions d’économies d’énergie. Elles constituent le pivot du dispositif et définissent les montants forfaitaires d’économies d’énergie en kWh cumac. Elles sont classées par secteur. « En éclairage, on les trouve dans le résidentiel (fiches BAR), le tertiaire (BAT), l’industrie (IND) et les réseaux (RES) pour ce qui concerne l’éclairage extérieur, explique Dominique Ouvrard, délégué général adjoint au Syndicat de l’éclairage. La définition du bâtiment tertiaire est assez large : le Pôle national CEE y compte les activités suivantes : commerce, hébergement et restauration, enseignement, santé, services marchands divers, télécommunications et postes, administrations et services non marchands… » Les CEE sont attribués, sous certaines conditions, par le Pôle national des CEE (PNCEE), attaché à la direction générale Énergie Climat du ministère en charge de l’énergie, aux acteurs éligibles, obligés, mais aussi d’autres personnes morales (éligibles non obligés) : SA HLM, collectivités… Les obligés ont également la possibilité d’acheter des CEE à d’autres acteurs

© Trilux

Le kWh cumac est l’unité du dispositif CEE. Les économies sont comptabilisées en kWh d’énergie finale, cumulés sur la durée de vie de la mesure et actualisés, d’où « cumac ».

ayant mené des actions d’économies d’énergie, en particulier les éligibles non obligés. Les certificats délivrés sont matérialisés par leur inscription sur un compte individuel ouvert dans le Registre national des CEE, dont la tenue est déléguée à emmy.fr (www.emmy.fr). Le registre transcrit l’ensemble des transactions (ventes et achats) de CEE et fournit une information publique régulière sur le prix moyen d’échange des certificats.

Des kilowattheures cumulés actualisés Le kWh cumac est l’unité du dispositif CEE. Les économies sont comptabilisées en kWh d’énergie finale, cumulés sur la durée de vie de la mesure et actualisés, d’où « cumac ». Le montant de kWh cumac économisés suite à l’installation d’un appareil performant correspond au cumul des économies d’énergie annuelles réalisées durant la durée de vie de ce produit. En outre, les économies d’énergie réalisées au cours de chaque année suivant la première sont actualisées. Le taux d’actualisation est fixé à 4 %. Cette actualisation est à la fois financière (le CEE a une valeur économique) et technique (amélioration de la référence dans le temps, donc dépréciation progressive du gain). CEE (kWh cumac) = gain annuel (kWh) x durée de vie (an) x coefficient d’actualisation.

En fin de période, les vendeurs d’énergie obligés doivent justifier de l’accomplissement de leurs obligations par la détention d’un montant de certificats équivalent à ces obligations. En cas de non-respect de leurs obligations, les obligés sont tenus de verser une pénalité libératoire de 0,02 euro par kWh manquant. Première période (2006-2009) : objectif 54 TWh cumac Durant la première période du dispositif, l’objectif national d’économies d’énergie était de 54 milliards de kWh cumac. Étaient obligés, au-delà d’un certain seuil de vente annuelle en GWh, les fournisseurs d’électricité, de gaz, de gaz de pétrole liquéfié (GPL), de fioul et de chaleur ou de froid par réseaux. Les 54 TWh ont été répartis, dans un premier temps, entre les différentes énergies en fonction de leur poids dans la consommation nationale et de leur prix TTC, puis, dans un second temps,

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Réglementation

Les dossiers du mois

© Thorn

Les fiches d’opérations standardisées sont classées par secteur : en éclairage, on les trouve dans le résidentiel (fiches BAR), le tertiaire (BAT), l’industrie (IND) et les réseaux (RES) pour ce qui concerne l’éclairage extérieur.

... pour chaque énergie, entre les ven- dustrie, 1,3 % pour les réseaux et 0,4 % deurs au prorata de leurs ventes respectives, pour les années 2004 à 2006, aux ménages et aux entreprises du secteur tertiaire. Les obligations individuelles d’économies d’énergie ont ensuite été notifiées, par arrêté, par le ministère chargé de l’énergie, à chaque obligé. Pour la période mi 2006-mi 2009, le périmètre des personnes susceptibles de demander des certificats était très large puisqu’il englobait les obligés, les collectivités publiques ainsi que l’ensemble des personnes morales, à la condition que leurs opérations d’économies d’énergie n’entrent pas dans le champ de leur activité principale et ne leur procurent pas de recettes directes. L’objectif de la première période a été largement dépassé.

pour le secteur des transports. « Les fiches éclairage ont représenté au global moins de 5 % du total, les plus utilisées étant : lampe de classe A en résidentiel, luminaire EP », précise Dominique Ouvrard. Dans l’attente de la publication au JO de la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (loi Grenelle II) et de ses textes réglementaires d’application, une période transitoire a été créée entre le 1er juillet 2009 et le 31 décembre 2010. Tous les CEE délivrés au cours de cette

période, soit près de 110 TWh, étaient utilisables pour la seconde période. Deuxième période (2011-2013), objectif : 255 + 90 TWh cumac L’article 78 de la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement a prorogé le dispositif des CEE, pour une seconde période de trois ans, de 2011 à 2013. La loi du 12 juillet 2010 restreint le périmètre des éligibles, aux obligés, aux collectivités publiques, dont les syndicats d’énergie, à l’Agence nationale de l’habitat, aux organismes visés à l’article L. 411-2 du code de la construction et de l’habitation et aux sociétés d’économie mixte exerçant une activité de construction ou de gestion de logements sociaux. La loi a augmenté le seuil minimal pour un dépôt de dossier à 20 GWh cumac (contre 1 GWh cumac en 1re période). Les niveaux d’obligations pour la seconde période étaient de 255 TWh cumac, pour l’ensemble des vendeurs d’électricité, de gaz, de fioul domestique, de GPL et de chaleur ou de froid par réseaux, et de 90 TWh cumac pour les vendeurs de carburants pour automobiles. Le volume de CEE réalisé audelà de leur obligation par les obligés de la première période a été déduit de leur niveau d’obligation pour la seconde.

L’ADEME estime que le dispositif des CEE permet d’économiser chaque année environ 7,77 milliards de kWh, soit 0,95 % de la consommation annuelle en énergie des secteurs résidentiel et tertiaire.

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© Osram

Au 1er juillet 2009, des économies d’énergie avaient été certifiées pour un volume de 65,3 TWh. Ces économies d’énergie se répartissaient de la façon suivante : 86,7 % pour le secteur résidentiel, 4,3 % pour le secteur tertiaire, 7,4 % dans le domaine de l’in-


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Réglementation

Troisième période (2015-2018), objectif : 700 TWh cumac La troisième période a commencé le 1er janvier 2015, avec un objectif d’économies d’énergie de 700 TWh cumac, soit une multiplication par 2 de l’ambition de la deuxième période. Cet objectif est réparti équitablement entre les vendeurs d’énergie sur la base du prix TTC des énergies (à hauteur de 75 %) et des volumes de ventes en kWh (à hauteur de 25 %).

Les fiches d’opérations standardisées BAR EQ 101 – Lampe fluocompacte de classe A et BAR EQ 111 – Lampe à LED de classe A+ concernent le secteur résidentiel.

© Trilux. Lateralo Plus LED

Une révision complète de l’ensemble des fiches d’opérations standardisées a été engagée et un premier arrêté définissant une première série d’opérations standardisées d’économies d’énergie pour la troisième période a ainsi été élaboré par la direction générale de l’Énergie et du Climat du ministère chargé de l’énergie, l’ADEME et l’Association technique énergie et environnement (ATEE). Ce texte prévoit la révision de 27 fiches anciennes conduisant à 19 fiches nouvelles révisées. Il s’agit de l’arrêté du 22 décembre 2014 qui définit les opérations standardisées d’économies d’énergie pour les actions les plus fréquemment réalisées. Des fiches sont associées à ces opérations et déterminent un forfait d’économies d’énergie correspondant, ainsi que les différentes parties de l’attestation sur l’honneur. Cet arrêté présente, dans ses annexes, 89 fiches d’opérations standardisées applicables aux opérations enga-

© Osram

Révision des fiches pour la troisième période

gées depuis le 1er janvier 2015. Il abroge les fiches d’opérations standardisées en vigueur en deuxième période, et prévoit des dispositions transitoires. Pour l’éclairage, les nouvelles fiches sont les suivantes : • Secteur résidentiel - BAR EQ 101 – Lampe fluocompacte de classe A : 280 kWh cumac - BAR EQ 111 – Lampe à LED de classe A+ : 520 kWh cumac. • Secteur tertiaire - BAT EQ 116 – Lampe à LED de classe A+ (France d’outre-mer) : 830 ou 1 300 kWh cumac - BAT EQ 127 – Luminaire d’éclairage général à modules LED : 1 600, 2 200 ou 2 800 kWh cumac. • Pour l’éclairage extérieur

- RES EC 101 – Système de régulation de tension en éclairage extérieur - RES EC 102 – Système de maîtrise de la puissance réactive en éclairage extérieur - RES EC 103 – Système de variation de puissance en éclairage extérieur - RES EC 104 – Rénovation d’éclairage extérieur ; 9 300 ou 7 200 kWh cumac (il s’agit de la fiche relative au luminaire, HID ou LED) - RES EC 107 – Horloge astronomique pour l’éclairage extérieur : 17 500 kWh cumac. Dominique Ouvrard précise qu'« un arrêté devrait paraître avec, entre autres, une fiche concernant les luminaires à module LED pour l’éclairage des parties communes d’immeubles résidentiels ; suivront d’autres arrêtés concernant notamment une fiche Lampe LED ou Luminaire à module LED pour l’éclairage d’accentuation (tertiaire) et une fiche relatives aux tubes LED ».  Isabelle Arnaud

La montée en puissance du dispositif et la mise en place d’un système déclaratif respectant l’égalité de traitement entre les acteurs rendent indispensable une standardisation des documents, en particulier des attestations sur l’honneur exigées dans le cadre d’une demande de certificats.

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RéALISATION

© ERCIB - T. Lewenberg-Sturm

Le jardin intérieur du bâtiment Solaris contribue à son équilibre bioclimatique

Construction bioclimatique

Projet Solaris, le Bepos reproductible Situé à Clamart sur l’Avenue Réaumur et bâti à l’initiative du Sercib, l’immeuble Solaris est le premier concept de bureaux à énergie positive reproductible. Si Solaris produit plus d’énergie qu’il n’en consomme et dépasse les recommandations du Grenelle de l’environnement, cet immeuble d’avant-garde reste dans les prix du marché en termes de loyer et de réduction des charges. En exploitation depuis 2014, Solaris affiche un premier bilan très positif. Économiser et produire de l’énergie Avant de produire de l’énergie, un immeuble doit avant tout… en économiser. Le premier objectif lors de la conception de Solaris a donc été de réduire la consommation énergétique en deçà du seuil BBC. Sercib, promoteur à l’initiative du projet, souhaitait également qu’au-delà du Bepos les volets confort et qualité de l’air soient particulièrement soignés, et que le bâtiment soit au maximum respectueux de l’environnement. « Enfin, le bâtiment se devait d’être reproductible en milieu urbain, et donc

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ne pas utiliser de terrain autour de son emprise au sol pour implanter les panneaux photovoltaïques, sa sobriété était donc de ce fait primordiale », ajoute Pascal Tigreat, responsable du département Automation de Wago. La bonne coordination en conception est vitale « La cohérence et la cohésion doivent être encore plus fortes et sans faille dès le début de ce type de projet. La coordination joue bien entendu un rôle clé et la phase de synthèse où l’on va vérifier tous les réseaux et leurs emplacements réservés est désormais acceptée comme un élé-

ment de contrôle incontournable », note Gérard Vidal, directeur général adjoint de Square Ingenierie. Le BIM devrait d’ailleurs aider à lever les problèmes de synthèse, mais d’ores et déjà les promoteurs et assistance à maîtrise d’ouvrage ont compris l’utilité d’une bonne synthèse. Le point névralgique reste cependant souvent le manque de temps et des délais trop courts imposés à toutes les étapes, note l’expert. Que l’on choisisse une entreprise en macro-lot ou plusieurs sociétés chacune spécialiste de son corps de métier, il est important de privilégier la complémen-


RéALISATION

tarité et la solidarité entre celles-ci, et non la compétitivité afin d’atteindre un but commun, celui de la performance globale, en les synchronisant et en les suivant avec une coordination serrée.

sont l’éclairage et la gestion de la température ». L’éclairage LED est géré sous Dali avec une gradation et une adaptation en fonction de l’occupant et des apports externes de lumière naturelle. Plus de 4 000 luminaires sont ainsi gérés par des automates par étage et par zone. Pour compléter ces dispositifs, les façades sont agrémentées de façon dif-

bien le jour, en cas de grosses chaleurs, par la circulation passive d’eau froide. La terre joue donc le rôle d’un stock qui fonctionne dans les deux sens. En hiver, la chaleur est fournie par la géothermie et les pompes à chaleur ; De la nécessité d’un pilotage compte tenu des apports internes en fin et efficace journée, le bâtiment se met en chauffe « Les technologies de pilotage sont elles aux environs de minuit suivant les aussi essentielles, et le lot GTB doit faire conditions données par la station l’objet d’un ensemble de tests et météo locale et les prévisions d’une optimisation adaptée », note Metéofrance, et s’arrête à 6 heures les deux points importants Gérard Vidal. du matin. Il y a environ six heures du bâtiment à la fois pour le Souvent pourtant c’est le premier de dynamique thermique avec la lot que l’on cherche à réduire, confort et la sobriété énergétique structure béton. parce que trop souvent certains En cas de besoin de réaction sont l’éclairage et la gestion décideurs ne comprennent pas rapide, le renouvellement d’air de la température. toute son importance dans le suieffectue un apport à 19 °C l’hiver vi et la gestion de ces immeubles et jusqu’à 26 °C l’été. Bepos. férente en fonction de leur orientation : Les automates pilotent cette double Il semble, actuellement, difficile de lui panneaux réfléchissant la lumière au régulation, ainsi que la gestion de la donner plus de légitimité sans inciter nord, stores extérieurs au sud-ouest et à centaine d’aiguilles géothermiques, des les décideurs, par exemple par des arti- l’est et commandés en tout ou rien par PAC, et des vannes motorisées de distrifices fiscaux, à lui accorder une impor- la GTB, brises soleil au sud. bution du chauffage. tance capitale dans la réussite de ce type Pour la température, l’énergie (chaud Mais pas seulement : « En tout, ce sont de bâtiment, précise-t-il. ou froid suivant les saisons) est stockée environ 120 automates Wago qui sont Pour Pascal Tigreat de Wago, « les deux dans les planchers grâce à l’inertie de la installés pour gérer les régulations et aupoints importants du bâtiment à la fois structure béton du bâtiment. tomatismes et assurer la supervision du pour le confort et la sobriété énergétique Le dégagement calorifique d’exploita- bâtiment », ajoute Pascal Tigreat. tion produit dans la journée est absor- Pour l’ECS, des panneaux solaires therbé par les masses des structures et est miques sont installés sur le frontal d’enÉcran de supervision d’une zone d’un étage évacué par surventilation nocturne, ou trée. Ils servent à la fois de casquette et du bâtiment

...

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RéALISATION

Hypervision gérant 120 automates WAGO pilotant les étages, les CTA, la géothermie, les PAC, l'ECS, le confort, l'élimination des consommations résiduelles

... de fourniture d’énergie pour 32 % de l’eau nécessaire aux besoins du restaurant et de la cafétéria d’entreprise tout proches. Le bâtiment est occupé depuis fin juillet 2014, et le ressenti de confort global des usagers est des plus élogieux, souligne l’expert. Les occupants, priorité au confort Gérard Vidal insiste sur le fait que les occupants d’un bâtiment tertiaire, très souvent, n’ont pas le même comportement au bureau que chez eux. Il est donc nécessaire d’agir sur le comportemental et notamment l’affichage des consommations en instaurant, par exemple, des challenges entre services au sein de l’entreprise. « Comme le bâtiment a des fenêtres qui peuvent s’ouvrir manuellement, il est possible de pointer à l’usager l’impact de l’ouverture de sa fenêtre (en hiver comme en été) et la surconsommation possible qui y est associée », précise Pascal Tigreat. Gérard Vidal ajoute que « pour garantir le bon niveau de confort, il faut impliquer les exploitants le plus tôt possible dans la construction ou la mise au point des systèmes afin qu’ils soient formés et qu’ils puissent bien assimiler tous les réglages et intégrer toutes les subtilités du fonctionnement et des asservissements réalisés. Pour cela, ces lots GTB et Régulation, qui dépendent de la fin des lots techniques principaux, demandent un peu de temps pour assurer une bonne mise au point, et

38 j3e 833 / mars 2015 - www.filiere-3e.fr

Automate d'étage

c’est justement ce temps qui leur est rarement accordé à force de subir les retards cumulés de chaque lot concerné ». Le volet financier du projet Pour Solaris, le surcoût était de l’ordre de 9 % sur l’ensemble des coûts (construction et coûts fixes). « Il y a forcément un surcoût qui devrait être largement compensé par la diminution du coût d’exploitation et des consommations énergétiques. Le hic, c’est qu’il y a deux intervenants qui n’ont pas les mêmes objectifs : - l’investisseur qui doit respecter son budget ; - l’utilisateur qui arrive après la construction, qui veut maîtriser ses consommations et réduire sa facture énergétique.

C’est pour cette raison que l’incitation fiscale de l’un permettrait une exploitation optimisée de l’autre », indique Gérard Vidal. Pour Pascal Tigreat, au-delà de charges moindres, les atouts d’un tel bâtiment sont aussi dans sa valorisation en prix de location au m2, dans son confort et son excellent taux de service, mais aussi dans sa rapidité d’adaptation à de nouveaux usages. Solaris, en synthèse, c’est : un bâtiment tertiaire de 31 000 m2 incluant un chauffage à géothermie composé de 116 aiguilles géothermiques descendant à 100 m de profondeur, couplé à des PAC eau/eau. Situé sur la commune de Clamart, l’immeuble est composé de deux bâtiments de 15 000 m2 chacun avec des plateaux de 5 000 m2 en moyenne. Un jardin intérieur de 1 000 m2 participe également à l’équilibre bioclimatique du bâtiment. Les panneaux photovoltaïques sont installés en toiture sur une surface de 4 223 m² et orientés plein sud à 17° d’inclinaison ; leur production vient en compensation de la consommation sur les 5 usages. Le bilan : - Consommation en énergie primaire au sens de la RT 2005 : 43,49 kWhep/ m²/an. - Production photovoltaïque : 58,1 kWhep/ m²/an. - Gain en CO2 avec PV : 134,6 t équivalent CO2/an.  Jean-François Moreau



ChIFFRES CLés

L’électricité renouvelable en France en 2014 Part d’énergies renouvelables dans le mix électrique français 19,5% 50% 19,5%

19,5%

19,5%

19,5%

50%

19,5%

19,5%

50%

50%

19,5% 50%

C’est la part d’électricité renouvelable dans la consommation électrique française en 2014

50%

Pour la première fois, l’énergie électrique produite par les EnR autres qu’hydrauliques a dépassé celle issue de l’énergie thermique fossile.

50%

50%

de cette production sont d’origine éolienne

Panorama des différentes sources d’électricité renouvelable (hors hydraulique) 19,5%

50%

3%

85%

3%3% 32%

32%

3% 3%

3%

85%

3% 3% 3%

32% 32%

éolien 32%

5,9 TWh

12 %

d’augmentation de la puissance installée en 1 an

21 %

3,7 %

de la consommation électrique française

1,3 %

1,5%

Produits

85% 85% 85%

3%

Photovoltaïque

17 TWh32%Produits 32%

64%

85% 85%

40 j3e 833 / mars 2015 - www.filiere-3e.fr

64% 64% 64%

puissance installée en 1 an

1,5% 1,5%

1,5%

46%

Produits

8,4 %

d’augmentation de la puissance installée 46% en 1 an

1,1 %

de la consommation électrique française

46% 46%

32%

Sources : RTE, SER, ERDF, ADEeF

85%

5 TWh

32% Tendance et objectifs

d’électricité renouvelable en 2030, c’est ce que prévoit le projet de loi sur la transition énergétique pour une croissance verte, actuellement en examen au Sénat.

64% 57% 64%

64%

Bioénergies

1,5% 1,5% d’augmentation de la de la consommation

85% 85% BIO

(déchets ménagers et de papeteries, biogaz, bois-énergie et biocombustibles renouvelables)

1,5%

électrique 1,5% 1,5% 1,5% française

64% 64%

200 000 emplois créés d’ici 2030 dans la filière des EnR

46% 46% 46%

46% 46% 62


ÉVÉNEMENT

énergies renouvelables

16e colloque du SER : les EnR, un levier de croissance encore mal exploité

P

our sa 16e édition, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a choisi le Grand Auditorium de l’Unesco pour convier les acteurs de la filière, venus du monde entier, partager leurs expériences sur ce secteur encore en développement. Au programme, près de dix heures de tables rondes et d’allocutions, pour balayer l’ensemble des problématiques relatives à l’implantation et à l’exploitation des EnR, qu’elles produisent de l’électricité, du gaz ou des carburants. Une réunion ouverte par le Premier ministre et soutenue par la ministre de l’Écologie, pourtant en plein débat au Sénat sur son projet de loi sur la transition énergétique pour une croissance verte. Les EnR, formidable gisement d’emplois Parmi les axes de cette réunion, la possibilité offerte à l’économie par les EnR, qui pourraient à terme, selon les prévisions du SER, générer près de 200 000 emplois à l’horizon 2030 en France. Un

Allocution de Ségolène Royal lors du 16ème colloque du SER à l'Unesco.

axe soutenu par la plupart des intervenants présents, du président de l’Irena (International Renewable Energy Agency), à l’immortel Éric Orsenna. Parmi les intervenants étaient présents : le président du Giec (Groupement intergouvernemental sur l’étude du climat), le pilote du célèbre Solar Impulse ou encore la présidente de l’AIE, venue montrer une façade renouvelable quand son organisation promeut habituellement une énergie aux effets bien plus contestables. Un premier frémissement en 2014 Premier constat de cette réunion : 2014 a été la première véritable année de production d’énergie renouvelable. L’an dernier et pour la première fois en France, la production d’électricité renouvelable a d’ailleurs dépassé celle de l’énergie thermique. Ces résultats sont pourtant à relativiser : 2014 a été une bonne année pour les EnR, mais seulement en comparaison aux années précédentes… désastreuses. Sur l’éolien et le photovoltaïque, on constate certes une augmentation des puissances installées, restant encore bien loin des objectifs prévus pour 2020. L’espoir vient davantage des réseaux de chaleur (géothermie, biomasse), dont la capacité devrait doubler dans l’année à venir. « Les EnR ont eu très longtemps la réputation d’être chères. Aujourd’hui, elles ont atteint un niveau de maturité économique très satisfaisant. On peut produire de l’éolien sur terre ou du

photovoltaïque au sol dans la partie sud de la France, à des coûts qui sont inférieurs à ceux que l’on va obtenir bientôt avec l’EPR. Quand on repense au remplacement à venir du parc de production actuel, il faut convenir que les EnR constitueront une solution possible pour une partie du parc. C’est un grand changement par rapport aux dernières années », explique Jean-Louis Bal, président du SER. Des freins réglementaires encore trop présents Malgré les formidables potentiels offerts par les EnR, leur mise en place reste gênée par une mauvaise réputation et des freins institutionnels conséquents. Cette situation devrait changer dans l’année à venir grâce, entre autres, au projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, en cours d’examen par le Sénat. Pourtant, un amendement a été déposé par la chambre, visant pour l’éolien à contraindre une implantation à une distance minimale de 1 000 mètres d’une habitation. Une mesure qui, selon Jean-Louis Bal, mettrait en terre « entre 80 et 90 % des nouveaux projets éoliens », impliquant un quasi-arrêt de la filière. Si la question de l’implantation en France reste assez délicate, une échappatoire existe pour les acteurs français de la filière : l’exportation. Les entreprises françaises sont parmi les plus avancées sur les technologies relatives aux énergies renouvelables et pourraient davantage proposer leurs solutions dans le monde. Une problématique entre les mains du SER qu’il conviendra de traiter rapidement, afin d’assurer la rentabilité et la pérennité des solutions développées. Alexandre Arène

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LE PLUS LU SUR www.filiere-3e.fr Le 08/01/2015 par Filière 3e

L’énergie solaire revient-elle à la mode ? Malgré le projet de loi sur la transition énergétique, la filière de l’énergie solaire s’inquiète des perspectives à venir en France. Pourtant, le cabinet Globaldata souligne les importants progrès réalisés par cette énergie. Avec les nouveaux panneaux photovoltaïques, l’énergie solaire pourrait bien redevenir à la mode, comme le montrent aussi les dernières créations de Tommy Hilfiger…

E

n novembre dernier, Daniel Bour, vice-président de France Territoire Solaire, le think-tank qui édite l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque, s’inquiétait : « Sans visibilité, pas de pérennité. » En dépit des engagements

de Ségolène Royal, les appels d’offres se font toujours attendre… Ainsi, « cette industrie évalue la perte d’emplois dans l’Hexagone à 15 000 en quatre ans, pour tourner aujourd’hui autour de 10 000, loin du potentiel de 40 000 emplois que la filière pourrait atteindre ».

© DR

« L’énergie solaire devient compétitive » Une situation d’autant plus paradoxale que l’énergie solaire progresse à l’échelle mondiale. Comme l’indiquait le PDG de Keolis, Jean-Pierre Farandou, « l’énergie solaire devient compétitive ». Selon Thierry Lepercq, du cabinet Globaldata, la puissance installée pourrait même tripler d’ici 2020, afin d’atteindre

414 gigawatts. Pour le spécialiste du photovoltaïque, « la part de marché du solaire peut atteindre 20 %. Au-delà, la question de l’intermittence, la nuit par exemple, se posera  ». C’est pour avoir tenté de lever cette limite technique que le groupe EDF a été récompensé par l’académie des sciences chinoise. Dans son centre de R&D asiatique, l’électricien serait en train de développer l’énergie solaire thermodynamique, « un nouveau prototype de centrale solaire à concentration destiné à optimiser la production d’électricité à partir de miroirs réfléchissants et d’un système de stockage sous forme d’huile et de vapeur ». • • •

Retrouvez la suite des articles sur www.filiere-3e.fr

AILLEURS

SUR LE WEB

L’Energie d’avancer

Créteil : plus de 50 % d’énergie renouvelable pour le réseau de chauffage Publié le 12 février 2015 sur le site L’énergie D’avancer

La société Dalkia, filiale du groupe EDF, annonce que le réseau de chauffage urbain de la ville de Créteil, située dans la banlieue de Paris, est dorénavant alimenté à plus de 50 % par les énergies renouvelables. Grâce à l’installation d’une nouvelle pompe à chaleur, la centrale géothermique est en mesure aujourd’hui de fournir en eau chaude et en chauffage plus de 33 000 foyers.

à © Sebfun

Créteil, la production de chaleur est produite par 2 types d’énergies renouvelables : la géothermie et la récupération de la chaleur issue de l’incinération des

ordures ménagères. En 2013, des travaux d’optimisation ont été engagés sur la centrale géothermique de la ville afin de porter à 54 % la part de ces énergies vertes sur le réseau de chaleur. Une nouvelle pompe à chaleur a pour cela été installée et mise en service en novembre 2014. Cette dernière puise l’eau dans la nappe phréatique du Dogger à quelque 1 800 m de profondeur, où la température est de 76 °C. Cette eau est ensuite refroidie lors de

la valorisation de la chaleur, avant de reprendre la direction du sous-sol. Augmenter la production de chaleur Désormais optimisé, le dispositif est en mesure de refroidir l’eau à 37 °C au lieu de 56 °C auparavant, ce qui permet d’augmenter la production de chaleur. En chiffres, la production de chaleur géothermale passe de 54 000 MWh à 81 000 MWh par an à Créteil. • • •

Retrouvez la suite sur www.lenergiedavancer.com. 42 j3e 833 / mars 2015 - www.filiere-3e.fr


PRODUITS

Alimentations

Des alimentations à découpage plus compactes, pour une intégration facilitée

© Wago

La gamme Classic-Power fait peau neuve, avec une compacité poussée à son maximum et des boîtiers plus fins et repensés pour un meilleur confort d’utilisation. En plus d’une LED de signalisation d’état et d’un potentiomètre de réglage de la tension de sortie, on trouve désormais en face avant un contact de signalisation DC OK (sortie digitale ou contact sec), idéal pour une surveillance à distance. Certaines versions proposent également la fonction TopBoost, pour la protection des circuits entre l’alimentation et les charges avec des disjoncteurs magnétothermiques (cette fonction garantit un déclenchement du disjoncteur avant que l’alimentation ne s’autoprotège). Avec en sortie une tension 12, 24 ou 48 V DC et un courant de 1 à 20 A, Wago propose une gamme complète avec un large choix de puissances, afin d’optimiser vos armoires électriques. 

Caméras thermiques

© Flir Systems

Nouvelle gamme disposant d’une résolution augmentée FLIR Systems ajoute de nouvelles fonctions à sa série T de caméras thermiques, ainsi que deux nouveaux modèles dans cette série, la T460 et la T660. Les caméras FLIR série T bénéficient maintenant d’UltraMax™, un traitement d’image qui améliore de manière significative la résolution IR et la sensibilité. Les images UltraMax comptent quatre fois plus de pixels thermiques, possèdent une résolution double et une sensibilité 50 % supérieure aux images non traitées. Ces images sont visualisées et traitées avec le logiciel FLIR Tools, à installer sur ordinateur. Les images UltraMax permettent de zoomer sur les petites anomalies thermiques, d’obtenir des mesures plus exactes et de voir plus de détails qu’avec les images non traitées. Certaines caméras série T présentent maintenant une meilleure sensibilité, de 20 mK à peine, et une plus grande exactitude des mesures de température.

Lames de scies circulaires

©Robert Bosch GmbH

Des solutions pour des coupes nettes Pour couvrir l’ensemble des besoins et des applications, même les plus extrêmes, sur scies stationnaires, scies plongeantes et scies circulaires, Bosch lance de nouvelles références dans sa gamme de lames de scies circulaires Expert for. Que ce soit pour réaliser des coupes extrêmement nettes, avec moins de vibrations et une grande précision, dans du fibrociment, des panneaux stratifiés à haute pression, des plaques de plâtre, des bardages, de l’aluminium... Les nouvelles lames Expert for bénéficient de toute l’expertise Bosch en termes de fabrication et d’innovation pour répondre à chaque application. Un revêtement de protection empêche l’échauffement, un anneau de précontrainte assure la tenue de la lame et son corps en acier la rend indéformable. Cette nouvelle gamme de lames de scies circulaires Bosch Expert for offre une haute précision pour chaque application.

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PRODUITS

Éclairage extérieur

Une solution pour améliorer le confort visuel et réduire l’éblouissement

© GE Lighting

Spécialement conçu pour une utilisation dans les espaces piétonniers, les parcs ou encore les rues de centre-ville, le luminaire Navona, développé par GE Lighting, offre une reproduction chromatique de premier ordre. Destiné aux décideurs publics (collectivités locales et mairies), ce luminaire facilite la reconnaissance faciale et permet un confort visuel optimal en reflétant au mieux les couleurs réelles. De plus, la disposition optique de cette solution offre une amélioration majeure en termes d’uniformité verticale et horizontale, par rapport aux installations traditionnelles. Enfin, le luminaire Navona est équipé du système de contrôle d’éclairage Dali, permettant d’optimiser l’utilisation de l’éclairage tout en favorisant l’efficacité énergétique. 

GTB

© 2015 Lutron Electronics

Système de pilotage des chambres d’hôtel Lutron présente myRoom™, un système de gestion de la lumière, de la température et des stores, qui s’intègre aux systèmes de gestion de la chambre et de la GTC (gestion technique centralisée). Son design contemporain, son ergonomie et son efficacité énergétique différencient les hôtels et propriétés qui en sont équipés, en assurant la satisfaction de leurs visiteurs. Comme son nom l'indique, la vocation de myRoom est de se sentir « comme à la maison » grâce à ses commandes murales, sa programmation automatique qui assure un contrôle et un confort optimal. Cette solution économise l'énergie, réduit les coûts de fonctionnement et favorise la satisfaction des clients et donc leur fidélité. « myRoom Prime » et « myRoom Plus » sont disponibles pour tous types de chambres d'hôtel. 

Datacenters

Eaton, spécialiste de la gestion d’énergie, annonce le lancement des nouveaux racks IT série REC, venant ainsi compléter son offre dédiée aux infrastructures IT. Ces nouvelles unités, qui peuvent également être assemblées en configuration éco-énergétique de confinement d’allée, élargissent la gamme de racks REC, lancée début 2014, en disposant de l’intégralité des fonctions : roulettes, mise à la terre préinstallée, rails de positionnement modulables, marquage U et panneaux latéraux à dégagement rapide. Parmi les autres caractéristiques figurent notamment une augmentation de la hauteur, de la profondeur et de la capacité de charge, ce qui permet ainsi l’adaptation des armoires, prêtes à l’emploi, aux datacenters de petites, moyennes et grandes tailles. 

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© Eaton

Systèmes de racks modulaires dédiés aux infrastructures IT


PRODUITS

Testeurs de batteries

Une gamme pour simplifier les tests des systèmes d’alimentation de secours

© Fluke®

Fluke lance sa nouvelle gamme de testeurs de batteries pour réaliser des tests d'alimentation de secours de datacenters, hôpitaux, aéroports, services publics, entreprises pétrolières et gazières, et des chemins de fer. Les testeurs de batteries Fluke série 500 ont été spécifiquement conçus pour tester des batteries in situ dont des batteries GEL, AGM (Absorbed Glass MAT), lithium-ion et plomb-acide à plomb liquide. Ces nouveaux testeurs de batteries (Fluke BT510, Fluke BT520 et Fluke 521) effectuent toutes les mesures clés, dont la résistance de la batterie, la tension et le courant DC et AC (Fluke BT521), la tension d'ondulation, la fréquence et la température de la batterie (Fluke BT521). Les sondes de test avec afficheur rationalisent le processus en affichant les résultats de mesure sur leurs écrans LCD intégrés. 

Ultracondensateur

Module 48 V amélioré adapté aux véhicules de transport hybrides

© Maxwell

Solution de stockage d’énergie idéale pour les bus hybrides et les véhicules utilisant un système de récupération d’énergie au freinage, le module ultracondensateur 48 V intègre désormais la technologie de résistance aux chocs et aux vibrations DuraBlueTM. Testé selon les classifications les plus élevées du secteur en matière de chocs et de vibrations, ce nouveau module mis au point par Maxwell Technologies dépasse les critères d’essai pour les applications de transports en commun. Ce nouveau module offre également des options de gestion de condensateur avancées permettant de renforcer sa fiabilité, ainsi que des améliorations de sécurité incluant une alarme redondante contre les surtensions, tout en conservant les caractéristiques de durée de vie du produit. 

GTB

Panorama E2 a fait ses preuves aussi bien sur des installations simples et traditionnelles que sur le pilotage d’installations industrielles et scientifiques à très haut niveau de sécurité et de complexité. Avec Panorama E2, Codra propose une solution qui s’adapte aux exigences spécifiques des industriels (chimie, pharmacie, pétrochimie, agroalimentaire, pétrole et gaz, énergies, eau et environnement), mais aussi aux demandes des exploitants d’infrastructures (bâtiments, transports). Panorama E2 est ainsi utilisé sur de nombreuses applications ayant des besoins variés, et permet de partager les données avec l’ensemble des autres applications au sein de l’entreprise (GMAO, ERP…). Cette solution propose en une seule et même plateforme évolutive, une infrastructure d‘accueil et des services communs constituant le véritable socle d’un système d’information industriel. 

© Codra 2015

Plateforme de supervision globale et multi-métiers

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3 questions à

Jean-Louis Bal, Depuis 2011, Jean-Louis Bal, ancien directeur productions et énergies durables de l'Ademe, occupe le poste de président du Syndicat des énergies renouvelables, association professionnelle qui couvre la totalité du secteur des énergies renouvelables : éolien, solaire, hydroélectricité, biomasse, énergies marines, géothermie. Le SER a pour principal objectif de promouvoir les EnR, notamment par l’intermédiaire de colloques, dont le dernier s’est tenu à l’Unesco le 12 février dernier. dans les pays cibles. Nous venons d’ailleurs d’être désignés par l’État comme maîtres d’œuvre du volet exportation du plan énergies renouvelables, sous le patronage des ministres Emmanuel Macron et Ségolène Royale. j3e - Quels sont les domaines d’intervention du SER en faveur du développement des énergies renouvelables ? Jean-Louis Bal - La principale fonction du SER est de défendre les intérêts de la filière renouvelable et de participer avec les pouvoirs publics à l’élaboration de politiques de développement des EnR. Le travail que nous faisons est aussi bien d’ordre législatif que d’ordre réglementaire. Nous aidons les pouvoirs publics et les parlementaires à élaborer des textes législatifs qui concernent le renouvelable, notamment en ce moment, avec le projet de loi sur la transition énergétique. Pour le travail d’ordre réglementaire, nous travaillons en collaboration avec les associations. La base de ce travail c’est aussi la communication. Nous avons une série de publications et de colloques, dont le dernier s’est tenu il y a quelques jours. Notre rôle est avant tout d’assurer le dialogue au sein de la filière, interne d’une part, pour les dialogues entre entreprises et, d’autre part, externes pour les dialogues avec les pouvoirs publics. Enfin, le dernier aspect de notre action est la promotion de nos entreprises à l’international, donc à l’export. Nous avons lancé plusieurs initiatives depuis 3 ans, notamment France Solar Industry, une marque qui regroupe plus d’une trentaine d’entreprises du secteur de l’énergie solaire, avec lesquels nous organisons des missions

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j3e - L’année 2014 a été une année de croissance pour les EnR, comment l’expliquez-vous ? J.-L. B. - Il faut relativiser ce chiffre. 2014 a été une année de croissance par rapport aux années précédentes, qui étaient très mauvaises. À la fois sur l’éolien et le photovoltaïque, nous avons connu une progression des puissances installées, mais ça ne veut pas dire pour autant que l’année était totalement satisfaisante. Nous sommes satisfaits de la tendance, mais, si nous voulons atteindre les objectifs de 2020, il faudra faire beaucoup mieux que ce que l’on a fait en 2014. Les chiffres sont encourageants pour l’éolien avec 963 MW installés, bien plus que l’année précédente qui se situait plutôt autour de 630 MW. Pour rester dans les objectifs de 2020, il faudrait maintenant installer plus de 1 600 MW par an en éolien, et nous en sommes loin. Pour le photovoltaïque, 2014 a été une année de progression, mais c’est un effet qui est temporaire dû au déstockage de projets, qui malheureusement ne se renouvellent pas. Nous ne sommes pas très optimistes. Concernant l’éolien, les premiers effets des mesures de simplification adoptées commencent à être perceptibles, notamment avec la loi Brotte et l’expérimentation en régions des autorisations uniques pour l’éolien, la méthanisation et l’hydroélectricité. D’autres mesures sont en préparation.

j3e - Vos objectifs de croissance prévoient le passage de 5,6 Mtep d’électricité renouvelable en 2005 à 12,6 en 2020. Quelles mesures permettront d’y parvenir ? J.-L. B. - Il faut tout d’abord dire que pour 2020, vu le retard pris, les objectifs ne sont plus atteignables. Ce qui est important serait de pouvoir se remettre sur une bonne tendance et essayer d’atteindre les nouveaux objectifs pour 2030, qui seront fixés dans le cadre de la loi actuellement en discussion. Pour y arriver, les principales recommandations que nous faisons sont de continuer la simplification de l’encadrement réglementaire, de mettre en place des systèmes de soutien stables dans le temps par la programmation d’appels d’offres, avec des volumes suffisants et programmés. Concernant la chaleur renouvelable, issue de la biomasse ou de la géothermie, notre recommandation est de doubler progressivement sur 3 ans le fonds chaleur mis en place par l’Ademe, de façon à permettre de financer plus de projets biomasse, solaire et géothermie. Avec les départements d’outre-mer, nous avons également des territoires particulièrement intéressants pour le développement des EnR et où l’activité est aujourd’hui réduite à pas grandchose. Nous demandons à l’État de reprendre les rênes sur le pilotage du développement du renouvelable dans les DOM, avec notamment le développement de réseaux intelligents et de stockage de l’énergie, indispensables sur les territoires insulaires.  Propos recueillis par Alexandre Arène

© DR

président du SER



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