J3e 835 mai 2015

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Pour la gestion active du bâtiment tertiaire, industriel et collectif

Supervision

Un état de l'art Photovoltaïque

Développer l'autoconsommation Audit énergétique

Rénover les copropriétés

Développement durable et solutions industrielles INTERVIEW

Luc Rémont

Président de Schneider Electric France

« Apporter de la valeur ajoutée nécessite de repenser un certain nombre d’infrastructures et d’applications. » La revue de l’ÉCO-EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

ISSN 0758-3826 / mai 2015

835



éDITO

Et Paris, qui bat la mesure

s

tockholm, Rio, Kyoto, Copenhague… la valse des rendez-vous climatiques s’égrène depuis quarante ans, avec ses négociations et ses engagements, de crises économiques en catastrophes environnementales. Œuvre toujours recommencée, digne de Sisyphe ou des Danaïdes, ces négociations reflètent désormais les rapports de force internationaux, mais aussi la prise de conscience d’une urgence collective à mener la transition énergétique.

© DR

La notion de développement durable, qui apparaît pour la première fois en 1987 dans le rapport Bruntland, comprend évidemment un aspect environnemental, mais également sociétal et économique.

La notion de développement durable, qui apparaît pour la première fois en 1987 dans le rapport Bruntland, comprend évidemment un aspect environnemental, mais également sociétal et économique.

À cet égard, l’économie circulaire, abordée ici du point de vue de la filière électrique, constitue un des aspects de ce développement durable. Visant à changer de paradigme par rapport à l’économie linéaire, elle limite le gaspillage des ressources ainsi que l’impact environnemental. Dans ce numéro, nous avons voulu aborder le développement durable à travers trois pratiques en pleine évolution pour le secteur du bâtiment. - La rénovation des copropriétés, facilitée par l’audit énergétique. Grâce aux outils collaboratifs qui aident à la décision et aux logiques de financement dédié, la copropriété est en effet au centre des enjeux de la transition énergétique et fait l’objet de multiples attentions. - Une meilleure supervision. La GTB d’aujourd’hui s’avère un système complet d’exploitation du bâtiment. Cela implique des commandes vers les bâtiments pour effacer ou réduire les consommations, optimiser le fonctionnement des installations ou déterminer des arbitrages sur la production d’énergie. - L’autoconsommation d’énergie photovoltaïque. Consistant à produire sur son bâtiment l’électricité que l’on va consommer, elle est encore peu développée en France contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne. Pour autant, il y a aujourd’hui une volonté des professionnels et des pouvoirs publics de développer cette solution dans un marché qui reste difficile. Bonne lecture, Aymeric Bourdin, rédacteur en chef

Dans ce numéro : le développement durable est abordé à travers trois pratiques en pleine évolution pour le secteur du bâtiment : la rénovation des copropriétés, facilitée par l’audit énergétique, une meilleure supervision et l’autoconsommation d’énergie photovoltaïque.

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sommaire j3e N° 835 MAi 2015

« Apporter de la

j3e est un périodique inscrit à la Commission paritaire des publications et agences de presse sous le n° 0617 T 85793. Il est édité par la Société 3e Médias, SAS au capital de 140 000 euros ; siège social, 23, 44, rue avenue Galilée, du Général 75116 Paris Leclerc, ; 75014 Paris ;légal représentant représentant Jean Tillinac. légal Jean Tillinac.

valeur ajoutée nécessite de repenser un certain nombre d’infrastructures et d’applications.

»

Directeur Rédactionde la publication : Jean Tillinac 3e Médias Administrateur : Xavier Desmaison 39, rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris Tél. + 33 (0) 9 82 34 89 62 Rédaction Email 3e Médias : redaction@filiere-3e.fr Rédacteur 39, rue Jean-Baptiste en chef : Aymeric Pigalle,Bourdin 75009 Paris Ont + Tél. collaboré 33 (0) 9à82 ce 34 numéro 89 62: Alexandre Email : redaction@filiere-3e.fr Arène, Isabelle Arnaud, Jean-Paul Beaudet, Rédacteur en chef : Aymeric Olivier Durand, Bourdin Jean-François Ont collaboré àMoreau. ce numéro : Alexandre Arène, Jean-François Moreau, Diffusion Beaudet, Maïlys Kerhoas, Jean-Paul Marketing-développement Olivier Durand. : David Le Souder Relations abonnements : Solène Collat Abonnement pour la France : voir page 5. Diffusion Pour l’étranger : 155 E­HT Marketing-développement : David franco Le ;Souder Relations abonnements 175 E :HT Solène par avion Collat Prix Abonnement au numéro pour : 17la EFrance : voir page 5. Pour l’étranger : 155 E­HT franco ; Publicité 175 E HT par avion 3e Médias Prix au numéro : 17 E Sandrine de Montmorillon Responsable publicité print & digital Publicité 39,Médias 3e rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris Tél. + Sandrine 33 de (0) Montmorillon 9 82 34 89 62 Responsable + 33 (0) 9publicité 82 35 89 print 62& digital sdm@filiere-3e.fr 39, rue Jean-Baptiste Pigalle, 75009 Paris Tél. + 33 (0) 9 82 34 89 62 sdm@filiere-3e.fr

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Interview

© 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Toutefois, des photocopies peuvent être réalisées © 3e Médias, avec Paris. l’autorisation de l’éditeur. Celle-ci pourrainterdite. Reproduction être obtenue auprès du Centre Français du Toutefois, des Copyright, photocopies 20, rue peuvent des Grandsêtre Augustins,avec réalisées 75006 l’autorisation Paris, auquel de l’éditeur. 3e Médias Celle-ci pourra a donné être mandat obtenue pour auprès le du Centre représenter Français du auprès Copyright, des20, utilisateurs. rue des GrandsTél. : + 33 (0) Augustins, 75006 1 44Paris, 07 47auquel 70. Dépôt 3e Médias légala: donné avril 2015 mandat pour le représenter auprès des utilisateurs. Conception graphique - Réalisation : Tél. : + 33 (0) 1 44 07 47 70. Planète Graphique Studio - Paris 17e Dépôt légal : mai 2015 Impression : IPPAC / Imprimerie Conception graphique - Réalisation : de Champagne 52500 Langres. e Planète Graphique Studio - Paris 17 Directeur de la publication : Jean Tillinac Impression : IPPAC / Imprimerie de Champagne 52500 Langres. Administrateur : Xavier Desmaison

Luc Rémont

Luc Rémont

Président de Schneider Electric France actualité

12 - E fficacité énergétique : Quand les firmes aident les petits artisans

P erformance énergétique du bâtiment : Création d’un Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique Prix du développement durable : REC primé pour ses solutions d’énergie solaire 13 - Smart Grids : Eiffage pose la première pierre de smartseille intégration photovoltaïque : Energy Pool, Hydronext, Saft et Schneider Electric lancent SolaireFlex Innovation : Lancement du prix national de l’ingénierie 2015 14 - Forum Innov’eco : Les nouveaux challenges du stockage d’énergie Marquage électrique : Partex lance son nouveau site internet MPPE : Schneider Electric réalise les travaux de rénovation énergétique de sept lycées Nomination : Eric Chenu nommé Directeur commercial de Delta Dore 15 - IRVE : Schneider Electric et GEG expérimentent une borne de recharge rapide

16 17

AGENDA Interview SG PARIS 2015

éraldine Trapp : Pourquoi le marché des smart grids évolue-t-il ? G analyses

18

Loi DDADUE : une opportunité pour faire de la performance énergétique une

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performance d'entreprise L’économie circulaire ou la gestion durable des ressources à lire

20 Ademe : Fonds chaleur, bilan 2009-2014, relance et nouvelle dynamique Commissariat général au développement durable : Conjoncture énergétique janvier 2015 : zoom sur l’électricité Editions Maxima : Le Design Thinking au service de l’innovation responsable Plan Industriel réseaux électriques intelligents : Appel à candidature et à projets des territoires pour le déploiement des smart grids PERFORMANCE énergétique

21

GTB : Supervision : un état de l’art LISTE DES ANNONCEURS - N° 835 - mai 2015 SG PARIS LUMIVILLE SOLUTIONS COP 21

2e de couv. 3e de couv. 4e de couv.

AE&T APS COEXENS CNPP CAP TECHNOLOGIE

44 47 13 15 24

4 j3e 835 / MAi 2015 - www.filiere-3e.fr

CAP URBA CHAUVIN ARNOUX CITEL CODRA LIGHT ON ARCHITECT MERSEN PARTEX RIELLO SILVER ECONOMY EXPO

10 45 43 25 41 36 51 23 31


sommaire

Les dossiers du mois

Offre papier + numérique

Transition énergétique

n A bonnement

27

© fakestatar - Fotolia

Performance énergétique

32

© Roland Bourguet / Ademe

27

Audit énergétique : déclencher la rénovation des copropriétés

Métiers

32 Développement durable Filière électrique et économie circulaire

énergies renouvelables

37

Photovoltaïque

© Solardis

L’autoconsommation va-t-elle (enfin) se développer en France ?

37

Sécurité

42 D atacenters

Une alimentation sécurisée indispensable pour assurer la continuité de service

1 an : 150 e TTC

9 numéros du magazine papier + accès à l’ensemble du site Internet

Offre tout numérique bonnement n A

1 an : 100 e TTC

9 numéros du magazine en version électronique uniquement (diffusion par e-mail) + accès à l’ensemble du site Internet

n Règlement par chèque bancaire à l’ordre de 3e Médias

Oui, je souhaite m’abonner au multimédia

Bulletin à découper ou à photocopier et à nous retourner dûment complété à l’adresse suivante : j3e Service Abonnement – 23, 39, rue Galilée Jean-Baptiste – 75116Pigalle, Paris Cedex 75009 Paris Pour tout renseignement sur votre abonnement, contactez Solène Collat. Tél. : 01 09 44 82 92 34 50 89 41 62 ou par e-mail : scollat@filiere-3e.fr Nom ................................. Prénom........................................ Société ................................................................................... Activité ................................................................................... Adresse .................................................................................. ................................................................................................ Code postal ...................... Ville ............................................. Tél. ..................................... Fax .............................................. E-mail .....................................................................................

évenement

46 GTB et régulation

À compléter

L’ACR présente les résultats 2014 et perspectives 2015

F Fournisseurs Energie FP n Production

portrait d’entreprise

FT n Transport FD n Distribution

48 Citel, l’entreprise protectrice

C Construction / Fabrication Le plus lu sur www.filiere-3e.fr

CE n Equipement Electrique CL n Eclairage

50 L’énergie solaire prend sa revanche sur l’énergie fossile

CG n Génie climatique

ailleurs sur le web

51

CM n Mesure, Contrôle CA n Automatismes

Une centrale solaire made in France inaugurée dans le Gard

CI n Micro informatique CV n VDI - Sécurité, communication

chiffres clés

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Les dérèglements climatiques dans le monde

CO n Outils O Maîtrise d’Ouvrage

COP21 – Conférence de Paris 2015

54 Vingt ans d’efforts : une réussite attendue

Cap Technologie Metz Connect Finder France

HMS Industrial Networks Eaton Keyence

3 questions à

58 J érôme Ferrier,

Président de l’Union internationale du gaz Président de l’Association française du gaz

58

IC n Chauffagiste, climaticien IA n Automaticien, informaticien, instrumentiste IV n Installateurs Réseaux, VDI U Exploitants UI n Utilisateurs industrie UT n Utilisateurs tertiaire UF n Utilisateurs infrastructures UC n Collectivités territoriales G Enseignement / formation GA n Enseignant GB n Etudiant GC n Stagiaire S Services SA n Direction générale

OT n Collectivités territoriales

SC n Direction commerciale

OE n Etat (Ministères, DDE, DDA)

SK n Chargé d’affaires

PA n Architecte

SL n Direction marketing SM n Direction des travaux SB n Direction des études

PI n Architecte d’intérieur

SN n Services techniques

PE n BE, ingénierie, conseil

SX n Autres

PC n Bureau de contrôle

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IE n Electricien

OP n Promoteur, constructeur

PP rescription / Maîtrise d’œuvre

Produits

© Véronique FEL

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I I nstallation / Maintenance

PM n  Métreur, économiste, géomètre D Distribution DI n Importateur

E Effectif de l’entreprise E0 n 1 à 4 E1 n 5 à 10 E2 n 11 à 50 E3 n 51 à 300

DG n Grossiste

E4 n 301 à 1000

DD n Détaillant

E5 n + 1000


INTERVIEW

« Apporter de la

valeur ajoutée nécessite de repenser un certain nombre d’infrastructures et d’applications.

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»


INTERVIEW

Propos recueillis par Aymeric Bourdin

Luc Rémont Président de Schneider Electric France. Révolution des usages du bâtiment, intelligence des systèmes, marché de l’énergie : l’impact des mutations du secteur requiert des industriels une vision claire et un pilotage fin. Président de Schneider Electric France depuis bientôt un an, Luc Rémont revient, pour j3e, sur les différents enjeux de l’entreprise dans son environnement. Un éclairage qui s’étend à la filière électrique, terrain d’action de celui qui préside également depuis quelques mois le Gimélec. j3e - Comment définiriez-vous le positionnement stratégique de Schneider Electric en France ? Luc Rémont - En fait, on peut dire que le positionnement du groupe en France est d’abord historique, puisque c’est de France que tout est parti, de la région Rhône-Alpes et plus précisément de Grenoble, pour croître ensuite dans différents métiers et connaître un développement partout dans le monde. La France, aujourd’hui, est le lieu où une grande partie de notre R&D est toujours réalisée, tout comme l’est la conception de nos produits et solutions, mais c’est le lieu aussi où ces produits et ces solutions sont commercialisés, ce qui en fait une sorte de laboratoire. Et même si le marché français n’est pas le plus important en volume, il l’est en termes de maturité, de savoir-faire, de déploiement de nos différentes technologies. Tous nos métiers sont déployés, assez profondément dans l’écosystème, où il faut être physiquement proche des clients pour être performants, adaptés, réactifs. Nous développons beaucoup d’applications en France dans un premier temps, pour en maîtriser les processus et les déployer ensuite dans d’autres pays. Nous disposons également de nombreux sites de production, et, au global, près de 20 000 collaborateurs travaillent sur le territoire national.

Nos activités s’étendent dans différents secteurs du bâtiment au sens large. La maîtrise de l’énergie dans ces bâtiments, qu’ils soient résidentiels, tertiaires et industriels, est notre métier historique. Mais, au cœur des usines, nous travaillons aussi au niveau des procédés, notamment dans les systèmes de supervision et d’automatismes des processus industriels. Nous sommes également présents au niveau des réseaux de distribution d’énergie avec tout ce qu’ils incorporent d’équipements, d’automatismes et de solutions complètes pour ces réseaux qui deviennent aujourd’hui de plus en plus « intelligents ». En résumé, nos terrains d’action sont axés sur le bâtiment intelligent, sur l’usine intelligente et sur le réseau intelligent. Sans oublier des applications particulières comme le datacenter qui est une infrastructure de stockage de données, objet industriel énergétique en soi, pour lequel nous développons des solutions dédiées.

j3e - Quelles sont, selon vous, les perspectives de développement à attendre en 2015 et pour les prochaines années ? L. R. - En 2015, pour nous, comme pour la profession, nous espérons, bien sûr, une reprise de la croissance en France. Pour cela, nous croyons assez fermement que, pour la stimuler, il faut apporter de la valeur ajoutée supplémentaire à nos clients et aux clients finaux de la filière électrique. Apporter cette valeur ajoutée nécessite en grande partie de repenser un certain nombre d’infrastructures et d’applications, afin de tenir compte des dernières technologies. L’entrée du numérique dans l’ensemble de nos univers professionnels fait qu’aujourd’hui, par exemple, nous ne considérons plus un bâtiment de la même manière qu’il y a quelques années. C’est une petite révolution. Un bâtiment tertiaire était en effet une enveloppe relativement passive, dont on réalisait les installations pour assurer la distribution électrique et la protection des biens et des personnes. Aujourd’hui,

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Bâtiment le Hive, siège de Schneider Electric.

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INTERVIEW

Luc Rémont

« Nos terrains d'action sont axés sur le bâtiment intelligent, l'usine intelligente et le réseau intelligent. » ...

un bâtiment est un objet interactif, vivant, qui doit disposer de capacités d’action, pour que, indépendamment de la qualité intrinsèque de son bâti, il puisse s’adapter aux besoins de ses utilisateurs. Pour cela, il doit être équipé de capteurs, de systèmes de pilotage… Nous disposons des technologies pour, mais bien sûr nous n’y arriverons pas tout seuls. C’est toute une filière industrielle, allant jusqu’au propriétaire et à l’utilisateur des bâtiments, qui doit porter cette révolution. La construction neuve a fait de grands pas ces toutes dernières années, plus particulièrement dans les grandes constructions. Mais il reste un formidable enjeu, y compris pour la croissance dans notre pays, qui consiste à rénover les bâtiments existants, publics ou privés. Ces bâtiments représentent une part colossale de toutes les infrastructures, et près de

40 % des consommations énergétiques totales de la France. Chez Schneider Electric, nous nous positionnons comme une entreprise de technologies qui, à travers le contrôle actif de l’énergie, apporte des solutions concrètes pour transformer la relation des utilisateurs avec leurs bâtiments. Les investissements sont limités et s’amortissent sur des périodes courtes, de trois à cinq ans en moyenne, à mettre en regard d’économies de l’ordre de 30 % minimum sur la facture énergétique. Le but est de gagner en performance énergétique bien sûr, mais aussi en performance d’usage avec des applications nouvelles. La collecte des données, qui est indispensable pour mener des actions d’économies d’énergie, peut par exemple être restituée à l’utilisateur sous forme de services supplémentaires, non liés à l’énergie, pour la gestion des espaces, des salles de réunion… Ce sont des ouvertures nouvelles. C’est un marché potentiel très élevé, pour toute notre filière, qui doit être développé en France, et si possible avant d’autres pays, parce que nous considérons que le potentiel, le savoir-faire et la maturité des acteurs sont là.

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j3e - Dans cette révolution numérique, comment sont impactés les métiers traditionnels de l’électricité ? Au niveau de la filière, quelles sont les incidences en termes de changement de métier ? L. R. - C’est en fait un vrai challenge et chacun de nos partenaires, et nousmêmes, travaillons à ces évolutions de

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L'Ecole des métiers de l'Energie Paul Louis Merlin, à Grenoble, est une école d'entreprise technologique, privée, du groupe Schneider Electric.

compétences, sans jamais oublier les fondamentaux : un immeuble doit répondre aux normes qui garantissent la sécurité des biens et des personnes. Mais de nouvelles compétences sont nécessaires pour faire entrer le bâtiment dans le monde numérique. Nous y contribuons, à notre niveau, en développant celles de nos collaborateurs, mais aussi en accompagnant nos partenaires. Plus de dix mille professionnels suivent, chaque année, des sessions de formation chez nous. Les associer à ces évolutions technologiques fait partie de notre credo et de notre responsabilité. Cette responsabilité se retrouve également dans la formation des jeunes. C’est un engagement fort, qui se retrouve par exemple au sein de notre École de métiers de l’énergie, dans la banlieue grenobloise. Cette école prépare des jeunes qui sortent de troisième pour les amener vers un bac pro et pour certains jusqu’au BTS, dans les métiers de l’électro-technologie. Ils sortent ainsi parfaitement formés aux technologies numériques, ce qui est naturellement très recherché sur le marché du travail. j3e - L’ouverture des tarifs de l’électricité se profile d’ici quelques mois, quels en sont les enjeux pour vous ? L. R. - Rappelons que nous ne sommes pas producteurs d’énergie et nous n’avons pas d’implication directe dans la structure commerciale du prix de l’énergie. Nous sommes plutôt des « observateurs » de cette structure en tant que fournisseur de solutions techniques pour l’utilisateur, qui peut se poser des questions face à un marché de plus en plus ouvert. Avec la fin programmée du marché réglementé, les tarifs de l’électricité devraient connaître une certaine volatilité, absente jusqu’ici. Cela


INTERVIEW

Luc Rémont

Bâtiment le Hive, siège de Schneider Electric

engendrera pour les entreprises une forme d’incertitude quant à leur budget énergétique. Un plus grand nombre d’utilisateurs va chercher à mesurer ce qu’il consomme et où il consomme. Quand la structure du prix de l’électricité est déterminée, le choix du consommateur se limite globalement au « comment je consomme ». Si vous introduisez la variable supplémentaire qu’est l’évolution du prix, il va adapter ses stratégies en fonction du « comment j’achète ». Il lui faudra optimiser ses approvisionnements énergétiques en intégrant de nouvelles pratiques, de nouveaux acteurs… Cette évolution du comportement des utilisateurs est un sujet important pour nous et ouvre de nouvelles perspectives. j3e - Vous êtes président du Gimélec depuis début mars, comment abordez-vous votre mandat et quels vous paraissent être les enjeux de la filière pour les années qui viennent ? L. R. - Je tiens à dire que c’est avant tout une grande responsabilité pour moi, mais que cette responsabilité est très motivante. Je retrouve dans les enjeux du Gimélec beaucoup de ceux que j’ai cités pour Schneider Electric, notamment au sujet du bâtiment. Mais je voudrais en citer deux autres, majeurs également : l’usine du futur et les réseaux d’énergie.

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· Bâtiment de 7 niveaux et plus de 1800 résidents · 74 kWh/m²/an : consommation énergétique en 2014 (énergie finale, périmètre RT) · 1er bâtiment certifié BREEAM In-Use “exceptionnel” (6 étoiles) · 1er bâtiment au monde certifié ISO 50001 er · 1 bâtiment en France à obtenir la triple certification ISO 14001, NF EN 160001 et HQE Exploitation.

Le Gimélec s’est résolument engagé dans le processus d’alliance annoncé par le président de la République en vue du projet « Industrie du Futur ». Cette alliance a vocation à rassembler, autour d’un organe très opérationnel, les filières industrielles. Il s’agit de développer une vision intégrée de l’usine, pour avoir une approche la plus moderne et la plus complète possible de l’industrie du futur. Celle-ci ne doit pas en effet se limiter à la seule optimisation interne de l’usine, mais bien apporter des solutions qui vont d’un bout à l’autre de la production : de la conception des produits au marketing avancé. Ces solutions doivent favoriser la capacité d’adapter le produit en boucle très courte à la demande du client. Être capable de s’adapter rapidement, en agissant sur des outils de production flexibles, est un élément clé de compétitivité. La partie automatismes, placée à l’intérieur de l’usine, est un des axes de travail pour le Gimélec, partagé par l’ensemble de nos membres et que nous allons pousser avec beaucoup de volonté dans les prochains mois.

j3e - Sans oublier les réseaux de distribution d’énergie ? L. R. - Oui, et c’est le troisième enjeu. Avec des technologies qui évoluent, des consommations de plus en plus importantes, des réglementations qui bougent, les réseaux de distribution doivent s’adapter, en intégrant de plus des productions plus flexibles, dues notamment aux énergies renouvelables au fonctionnement décentralisé et intermittent. Tout cela conduit à revoir leur architecture et leur intégration dans la ville et dans les zones de consommation, pour en faire des outils beaucoup plus adaptatifs que les générations précédentes. Les enjeux technologiques, économiques, de gouvernance locale et nationale ou de réglementation sont très importants. Je conclurais en disant que ces trois axes majeurs sont tout particulièrement impactés par l’évolution rapide des technologies, mais ils ne sont pas les seuls... En fait, nous sommes à un moment charnière où les acteurs de ces domaines d’activité se posent des questions fondamentales sur l’évolution de leurs métiers. Notre rôle, au sein du Gimélec, est d’être à leur côté et de leur apporter des réponses.

« Être capable de s’adapter rapidement, en agissant sur des outils de production flexibles, est un élément clé de compétitivité. » j3e 835 / mai 2015 - www.filiere-3e.fr 9



ACTUALITé

3 questions à

Alexandre Moraine, directeur commercial, Tiag Industries

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Fondée en 1991 à Toulouse, la société Tiag Industries est aujourd’hui implantée à Gare de Corrèze avec 2 sites de production. Elle s’est spécialisée dans les domaines de l’extrusion-soufflage, de l'injection, du rotomoulage et de l'intégration de fonction par usinage-assemblage. Le développement des pièces techniques a été engagé afin de nous diversifier dans différents secteurs d'activité : hospitalier, éléments pour engins de chantiers, mobilier, énergie nouvelle, nucléaire, défense, transports. j3e - Quelles sont les activités de Tiag Industries dans le secteur du bâtiment tertiaire et notamment hospitalier ? Alexandre Moraine - Tiag Industries est spécialisée dans la fabrication de pièces techniques et d'aspect en extrusion soufflage, injection et rotomoulage. Depuis le 24 juillet 2009, Tiag Industries est certifié ISO 9001 V2008. Concernant nos capacités de production, nos machines permettent de produire des pièces soufflées de 100 g à 20 kilos nets pour des capacités de soufflage de 1 à 800 litres ; ainsi que des pièces injectées de quelques grammes à 5,5 kilos nets. Pour la finition, Tiag est équipée de trois commandes numériques et d’un robot poly-articulé. Nous travaillons pour les deux plus grands donneurs d’ordre de la fabrication de lits hospitaliers, Hill-Rom et Arjo, le premier américain, le second suédois. Nous livrons dans le monde entier pour les différentes usines de ces groupes. En France, nous avons

aussi des sociétés plus modestes en terme de taille, comme AHF, MMO-Rupin, Adhésia. Les produits que nous réalisons pour eux sont des pièces de lits, de mobilier environnant.

de l’information, via des indicateurs qui permettent de réagir vite. La sécurité pour assister les opérateurs sur les postes de travail est également impactée. La pénibilité avec le

Nous souhaitons nous développer dans l’énergie photovoltaïque comme nous le faisons depuis deux ans. Dans le bâtiment, nous fournissons Sicame pour des boîtiers de connexion souterrains, toutes les centrales nucléaires EDF pour des emballages pour déchets faiblement radioactifs. j3e - Vos activités sontelles impactées par la révolution numérique ? Si oui, comment cela se traduit-il ? A. M. - Nos moyens de production sont à la marge de nouveaux progrès : les machines et outils peuvent de plus en plus interagir entre elles, les moyens numériques fluidifient la communication entre nos moyens, assiste les hommes derrière les machines ; la productivité se retrouve sur le traitement

numérique est amoindrie grâce à des robots plus ludiques et des interfaces plus faciles à utiliser. j3e - Quels sont vos challenges commerciaux pour 2015 ? A. M. - Pour nous, il s’agit d’aboutir sur le marché aéronautique : nous développons des produits anti-feu pour nos procédés de soufflage et rotomoulage afin d’accéder au marché des sièges ; nous sommes en relation aujourd’hui avec Zodiac et Sogerma pour alléger les structures de sièges avec des pièces plastique alliant légèreté, valeurs ajoutées fonctionnelles, résistance au feu. Des programmes d’essais feu ont lieu en partenariat avec un grand groupe pétrolier.

50 % export (40 % actuellement), nous visons le renforcement de notre service commercial, ainsi que davantage de présence aux salons professionnels. Nous souhaitons nous développer dans l’énergie photovoltaïque comme nous le faisons depuis deux ans en proposant à nos partenaires des moyens permettant de réduire les coûts de production de 25 % pour remporter des appels d’offres très concurrentiels, en France mais aussi à l’étranger. Les moyens nécessaires sont des investissements de 3 millions d’euros, une remise en question totale de l’approche industrielle et de la conception. Nous avons été labellisés ISO 14001 en septembre 2015 : dans une démarche de progression et d’amélioration de la conception, des rebuts et des flux, nous devons prendre en compte les demandes de nos clients et correspondre à un modèle compatible au cahier des charges et aux chartes que nous suivons pour les conditions de travail. 

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ACTUALITé

Efficacité énergétique

Quand les firmes aident les petits artisans n contrat de partenariat a été signé courant mars, entre la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) et l’entreprise Gaz Réseau Distribution France (GrDF). Maximiser l’usage du gaz naturel en matière d’efficacité énergétique est le point phare de cette collaboration entre artisans et géant du gaz naturel en France.

Sur la période 2015-2017, une série de solutions techniques et un accompagnement seront proposés aux artisans du bâtiment. Le but, une utilisation optimale du gaz naturel afin d’accentuer la performance énergétique. Ce contrat permet également l’obtention d’une qualification RGE. Aldes, Butagaz, Cedeo Brossette s’engagent déjà en tant que partenaire, pour valo-

riser ces « éco-artisans » en les faisant bénéficier

des offres commerciales promotionnelles. 

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U

Performance énergétique du bâtiment

Création d’un Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique

L

e mercredi 25 mars 2015, un Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique a vu le jour. Il a pour but d'éclairer les pouvoirs publics dans la définition, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques publiques relatives à la construction. Le conseil est obligatoirement consulté sur les projets législatifs et

réglementaires concernant le domaine afin de promouvoir « l'amélioration et la performance énergétique des bâtiments ». La réflexion se pose aussi sur la promotion et l’amélioration des signes de reconnaissance de la qualité dans la construction, les produits et matériaux de construction, la

recherche et l’innovation dans le bâtiment. Les ministères du Logement et de l'Ecologie précisent que ce Conseil a pour ambition de « contribuer à la concertation avec les acteurs de la construction ainsi qu'à leur mobilisation autour des objectifs de qualité, de développement durable et de maîtrise des coûts de la construction ». Les parlementaires, les

collectivités territoriales, les professionnels de la construction mais aussi la société civile seront représentés lors de ce Conseil. Le décret précise que le président et le vice-président du Conseil seront nommés par le ministre chargé de la Construction et de l’Habitation. Le texte est entré en vigueur le 1er avril 2015.

Prix du développement durable

R

EC a remporté le prix « Best Company for Sustainability » de l’entreprise la plus durable dans la catégorie des solutions d’énergie solaire mondiales (« Global Solar Energy Solutions »),

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prix attribué par le groupe IAIR®. REC se voit décerner cette récompense pour la deuxième année consécutive. Attribuée par un jury d’experts et plus de 50 000 lecteurs du magazine et de l’institut

de recherche indépendant, cette distinction vient récompenser le savoirfaire de REC dans le domaine des produits écologiquement durables et dans sa politique d’entreprise responsable.

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REC primé pour ses solutions d’énergie solaire


ACTUALITé

Smart grids

Innovation

Eiffage pose la première pierre de smartseille

Lancement du prix national de l’ingénierie 2015

E

L

iffage a inauguré le 10 avril dernier le projet du futur écoquartier, baptisé Smartseille. Ce projet Allar, signé Eiffage et porté par Eiffage Immobilier a pour but de mettre à jour le 112e village de la cité phocéenne. Situé au nord de Marseille, Smartseille est un exemple en matière de développement durable. Réalisé au service des habitants et des usagers, il concernera 58 000 m² de logements, bureaux et équipements. Le projet s’étendra sur 2,7 hectares.

Partant des principes fondateurs de Phosphore, comme la solidarité énergétique, les innovations mises en place permettront notamment de récupérer gratuitement l’énergie libérée par la climatisation des bureaux pour le chauffage de l’eau chaude des logements. à terme, 4 000 personnes pourront vivre ou travailler dans l’écoquartier Allar. Les livraisons commenceront en 2016 et s’achèveront en 2018 pour un objectif d’efficacité énergétique de 30 %.

e grand prix national de l'Ingénierie récompense les professionnels de l’ingénierie, seuls ou en équipe, issus de TPE, PME, ETI ou grandes entreprises, pour la qualité de la conception et de la conduite d'un projet exceptionnel par ses innovations et sa créativité, qu’il s’agisse d’infrastructures et produits industriels (transports, énergie, réseaux), d’équipements publics, du bâtiment, de constructions industrielles, de systèmes complexes (services et

méthodes) ou de process industriels. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au lundi 1er juin à 12 heures. Les candidatures sont appréciées au regard des critères suivants : l’apport spécifique de la fonction ingénierie à la faisabilité technico-économique du projet ; la pluridisciplinarité de l’équipe et sa capacité d’intégration des outils, méthodes et compétences ; l’intégration des composantes du développement durable dans l’ingénierie du projet ; l’inventivité, la technologie.

Intégration photovoltaïque

Energy Pool, Hydronext, Saft et Schneider Electric lancent SolaireFlex

C

ette plateforme d’innovations rassemble les technologies numériques et savoir-faire des marchés de l’énergie pour permettre la transition d’un modèle subventionné vers des projets marchands et ainsi préparer le marché du solaire non subventionné. Cette nouvelle étape de développement du solaire repose sur une intégration flexible d’actifs de production décentralisés dans les systèmes énergétiques : autoconsommation, participation des centrales solaires à l’équilibrage du système électrique

(notamment aux réserves fréquentielles), commercialisation de l’énergie solaire sur les marchés, couplage du solaire avec de nouveaux modes de consommation (véhicules électriques…) ou encore ajout de capacités de stockage (lissage de production…). La mission de SolaireFlex est d’associer et de mettre en cohérence l’ensemble de ces solutions – technologies numériques, services, logiciels, équipements et savoir-faire – permettant ainsi de contribuer à la définition des futurs modèles économiques. 

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ACTUALITé

Forum Innov’eco

Marquage électrique

Les nouveaux challenges du stockage d’énergie

Partex lance son nouveau site Internet

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e prochain rendezvous Innov’eco aura lieu le 11 juin à Paris. Le forum sera consacré aux évolutions en matière de stockage d’énergie, brique technologique stratégique pour le déploiement à grande échelle de la transition énergétique. Les thèmes abordés seront l’augmentation des capacités, la compacité des systèmes

stationnaires ou embarqués, la disponibilité des installations et l’optimisation des rendements… Les nouveaux défis du stockage d’énergie et les solutions émergentes associées seront débattues par les experts et industriels intervenant à la tribune aux côtés des startup lauréates du Tremplin PME Innov’eco. 

C

e nouveau site offre un contenu plus complet, permettant de retrouver l’ensemble des informations sur les différentes méthodes de marquage et produits de repérage. Des conseils et des outils d’aide au choix

sont mis à disposition de l’utilisateur, tel que le Webshop, un magasin en ligne et MarkonLine, un outil d’aide à la conception pour la personnalisation de produits et la planification des productions en usines. 

MPPE

Schneider Electric réalise les travaux de rénovation énergétique de sept lycées

L

es Pays de la Loire sont l’unique région française à avoir reçu les Rubans du Développement durable en 2011. Ce label distingue les collectivités locales intégrant le développement durable dans leurs actions. La Ré-

gion débloque un budget de 40 millions d’euros en 2011, afin d’entreprendre des travaux d’efficacité énergétique dans près de 70 % des établissements d’enseignement. L’objectif de Schneider Electric : 20 % d’économies d’énergie.

Une solution personnalisée cohérente avec les besoins réels des bâtiments, en optimisant la production et la distribution de la chaleur. D’ici la fin du mois d’avril, près de 90 % des travaux seront achevés. Ces travaux devraient permettre d’éco-

nomiser 20 % de la facture énergétique annuelle de ces établissements. L’opération étant réalisée dans le cadre d’un MPPE d’une durée de huit ans, Schneider Electric s’engage contractuellement et annuellement à garantir ces résultats. 

Nomination

éric Chenu nommé directeur commercial de Delta Dore

© Delta Dore

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14 j3e 835 / mai 2015 - www.filiere-3e.fr

ette nomination s'inscrit dans le cadre de la stratégie globale d'expansion du groupe à l'international. éric Chenu aura pour mission de soutenir le développement commercial de l'ETI bretonne qui poursuit son développement à l'international, celui-

ci constituant un de ses principaux leviers de croissance. éric Chenu, 46 ans, diplômé d'un Executive MBA à Audencia Nantes, intègre Delta Dore en 2002 comme responsable régional avant d'être nommé, en juin 2008, directeur commercial en charge

du marché hexagonal. Depuis avril 2015, il occupe les fonctions de directeur commercial groupe, en charge du développement international en remplacement de JeanLuc Bouchery, en départ à la retraite, et intègre également le conseil de direction de Delta Dore. 


ACTUALITé

IRVE

U

ne borne de recharge rapide « expérimentale » pour véhicule électrique – baptisée Brève – vient d’être mise en service à Grenoble. Cette nouvelle borne offre une solution de recharge d’urgence qui sécurise l’autonomie des conducteurs de véhicule électrique. Brève est une Borne de Recharge rapide pour Véhicule électrique, développée et financée par Schneider Electric, et

exploitée par GEG. Située au sein de la station de mobilité durable de GEG (49 rue Félix Esclangon à Grenoble), elle est en libre-service 24h/24 et 7/7, accessible avec un badge d’accès. Cette borne va permettre des retours d’expériences à la fois techniques et sociologiques relatifs à l’impact de la charge rapide sur le réseau grenoblois et aux comportements des utilisateurs fortement

incités à recharger leur véhicule hors des pics de consommation. En effet, la loi pour la transition écologique encourage l’implantation de bornes de recharge pour véhicules électriques. Mais, quelles peuvent être les conséquences d’un déploiement massif et généralisé des solutions de recharge pour le réseau électrique ? Comment intégrer cette nouvelle charge sans aggraver les

© Schneider Electric

Schneider Electric et GEG expérimentent une borne de recharge rapide

pics de consommation ? Telles sont les questions auxquelles l’expérimentation menée autour de cette borne de recharge rapide permettront de répondre.

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AGENDA Congrès SG Paris Du 27 au 29 mai 2015 // Espace Grande Arche Paris La Défense

Le congrès Smart Grids Paris permettra aux acteurs du marché d’appréhender les enjeux et pourquoi pas de transmettre leurs opinions et participer ainsi activement à la définition des engagements mondiaux. Contacts/informations : www.sgparis.fr / snicolas@corp-agency.com

Congrès Mondial du Gaz Du 1er au 5 juin 2015 // Paris Expo Porte de Versailles

Paris accueillera la communauté mondiale de l’industrie gazière à l’occasion du 26ème Congrès Mondial du Gaz (WGCPARIS2015). Plus de 70 pays seront représentés au cours de cet événement reconnu comme le plus important du secteur, et plus de 4000 délégués sont attendus. Ils pourront participer à 70 sessions portant sur l’ensemble des thématiques de cette industrie stratégique. Contacts/informations : www.wgc2015.org

CapUrba Du 2 au 4 juin 2015 // Lyon Eurexpo

CapUrba est le carrefour entre l’innovation des entreprises et l’approche institutionnelle du développement des villes intelligentes. Du 2 au 4 juin 2015, à Lyon, rendez-vous sur CapUrba, le lieu de rencontre privilégié entre les sociétés innovantes et les collectivités dynamiques impliquées dans le développement de leur territoire. Contacts/informations : www.capurba.com / info@capurba.com

LumiVille Du 2 au 4 juin 2015 // Lyon Eurexpo

Pour découvrir les solutions actuelles et futures en matière d’éclairage extérieur, public et intelligent, pour s’informer sur les enjeux et tendances du secteur, rendez-vous au salon LumiVille, du 2 au 4 juin 2015, à Lyon, référence pour tous les acteurs de la filière de l’éclairage. Contacts/informations : www.lumiville.com / info@lumiville.com

Light on Architect Du 2 au 4 juin 2015 // Lyon Eurexpo

Light on Architect est un espace d'excellence conceptualisé et original regroupant une exposition de produits d’éclairage, un espace de conférences, des lieux d’échange et d’animation. Vingt exposants innovants, des conférences, des ateliers de créativité rassemblant architectes et concepteurs lumière, et une mobilisation sans précédent des réseaux d’architectes, Light on Architect assure une visibilité maximale auprès des prescripteurs et bureaux d’études, décideurs de collectivités, dirigeants et décideurs d'établissements privés. Contacts/informations : www.lightonarchitect.com / info@lumibat.com

Préventica Toulouse Du 9 au 11 juin 2015 // Parc des expositions de Toulouse

L’événement est aujourd’hui la référence nationale pour tous les acteurs de la maîtrise des risques, tant dans l’entreprise que dans les services publics. En permettant réflexion, retours d’expériences et rencontres professionnelles sur les conditions de bien-être au travail, aussi bien sur les enjeux de la sécurité globale des entreprises, les congrès//salon Préventica s’inscrivent depuis leur origine dans le champ du développement durable des organisations. Contacts/informations : www.preventica.com

APS, lE Salon des professionnels de la Sécurité Du 29 septembre au 1er octobre 2015 // Paris Expo, Porte de Versailles

Tous les deux ans, à Paris, Alarmes Protection Sécurité (APS) est l’événement dédié à la mise en relation des acteurs (offreurs, prescripteurs, acheteurs et utilisateurs), impliqués dans la mise en œuvre de solutions contre les actes de malveillance. Contacts/informations : www.salon-aps.com / juliette.bonk@reedexpo.fr

DCD Converged Paris Le 6 octobre 2015 // Eurosite, Saint-Ouen

Pour cette édition, DCD Converged présentera les meilleures pratiques et technologies pour optimiser l'informatique et les stratégies de centres de données, leur déploiement, leur sécurité et leurs opérations. Les principales autorités locales viendront également partager leurs points de vue sur la façon dont les entreprises peuvent s’adapter et innover dans ce marché unique en France. Contacts/informations : www.dcdconverged.com 16 j3e 835 / mai 2015 - www.filiere-3e.fr


Interview SG PARIS 2015 Par Géraldine Trapp, responsable du congrès SMART GRIDS PARIS

© DR

Pourquoi le marché des smart grids évolue-t-il, selon vous ?

La loi de transition énergétique va-t-elle avoir un impact sur le marché des smart grids ? La loi de transition énergétique devrait avoir une forte incidence sur le développement du marché des smart grids. Mais il va falloir attendre sa version finale pour mesurer précisément son impact. Cependant, il est déjà prouvé que le développement des énergies renouvelables et de l’autoconsommation entraîne des changements colossaux sur les réseaux de transport et de distribution électrique et gaz. Nous passons d’un système centralisé à un système décentralisé : la production peut venir de n’importe où, et non plus uniquement d’unités centralisées, et doit pouvoir non seulement s’intégrer sur le réseau mais aussi alimenter d’autres consommateurs. Le consommateur résidentiel est en effet en pleine évolution sur l’autoproduction et l’autoconsommation. Au vu de l’augmentation régulière et inévitable de l’électricité, le consommateur s’interroge sur le montant de ses futures factures électriques et se demande comment en limiter la hausse. Plusieurs options sont envisageables : • Consommer mieux en mettant en place des outils d’efficacité énergétique. • Consommer moins, soit en diminuant son confort (mais au vu des résultats des expérimentations, cette option est difficilement envisagée ou en tout cas

non pérenne), soit en s’effaçant, en annulant sa consommation lors d’une période de pointe, soit en la reportant. • La 3e option consiste à produire de l’énergie (solaire, éolien, géothermie…) pour sa propre consommation. Hormis le choix de l’énergie renouvelable, se pose également la question du stockage de l’énergie produite. Comment stocker cette énergie, afin de la consommer au moment souhaité ? Il est vrai que la voiture électrique apparaît comme une solution intéressante, mais d’autres solutions abordables financièrement vont-elles arriver sur le marché ? Elon Musk, fondateur de Paypal, Telsa et Space X, se lançant dans la batterie à usage domestique, va-t-il révolutionner le marché de la batterie ? Au-delà de cette réflexion individuelle, nous devons avoir une vision au niveau du quartier, voire à une échelle plus grande, pour s’orienter vers le partage de l’énergie, la mutualisation des ressources et des solutions de stockage. L’énergie produite pourrait ainsi s’échanger entre le résidentiel, le tertiaire, et pourquoi pas l’industriel. De plus en plus d’expérimentations se développent dans ce sens, j’espère que les consommateurs vont être de plus en plus nombreux à s’approprier ces attitudes de production et de consommation locale. Certaines collectivités, telle la Région de Bretagne, ont mis en place des boucles locales d’énergie, dont je trouve la dénomination très pertinente. Une autre actualité cette année pourrait avoir un impact sur le marché des smart grids : comment voyez-vous la COP21 avec votre prisme « smart grids » ? La COP21 se déroulera à Paris à la fin de l’année, et ce n’est pas anodin pour le marché des smart grids ! Du fait que la COP21 a lieu chez nous, en France,

nous devons montrer l’exemple. Nous ne sommes pas si mauvais que cela sur ce chapitre, et nous avons quelques leviers d’action non négligeables. L’AIE a réalisé une étude sur l’impact environnemental des smart grids, révélant que certaines solutions pouvaient participer à la diminution des gaz à effet de serre et influencer positivement le « dérèglement climatique » que nous vivons. Espérons que les actions décidées lors de la COP21 donneront des ailes à notre filière ! Vous parlez de la filière smart grids : quelle réalité a-t-elle et quelles perspectives en France mais aussi à l’international ? Depuis les 34 plans de la Nouvelle France industrielle lancés par Arnaud Montebourg, il est intéressant et révélateur de constater que certains d’entre eux ont perduré au-delà du ministre. Celui sur les REI (réseaux électriques intelligents) a été porté par Dominique Maillard de RTE, missionné dès l’origine, mais aussi par d’autres acteurs de la filière : ErDF, Alstom, Schneider Electric, mais aussi des académiques et des institutionnels : la DGE, DGEC, l’interpôle SmartGrid France. Dix actions de ce plan ou plutôt feuille de route REI ont été définies et commencent à se mettre en place. Il est prévu avant la fin du mois d’avril que la filière se structure afin de fédérer les acteurs. Hormis les incontournables champions français, les PME et start-up sont invitées à rejoindre ce regroupement pour vraiment porter la filière. 

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ANALYSES

Loi DDADUE : une opportunité pour faire de la performance énergétique une performance d'entreprise

© DR

Par Geoffroy de Labrouhe et Luc de Cremoux, Schneider Electric France

Luc de Crémoux

L’une des dispositions de la loi DDADUE, qui est la transposition en droit français de la directive européenne relative à l’efficacité énergétique (2012/27/UE du 25 octobre 2012), impose aux « grandes entreprises » de faire effectuer un audit énergétique sur 65 % de leur patrimoine avant le 5 décembre 2015.

Une opportunité pour améliorer la compétitivité des entreprises Dans le contexte économique actuel, cette nouvelle loi peut être interprétée comme une contrainte supplémentaire pour des entreprises déjà fortement sollicitées. Certaines d’entre elles seraient aujourd’hui réticentes à l’appliquer, et désireuses d’un report. Faut-il craindre de telles dispositions ? Bien au contraire, elles doivent être appréhendées comme une opportunité. Cette loi a pour objectif de conduire les entreprises à mieux gérer leurs énergies en adoptant une politique de performance énergétique systématique. Une telle démarche possède de nombreuses vertus : baisse des consommations et réduction de la facture énergétique grâce à une optimisation des procédés et à la maîtrise des coûts ; meilleure implication des collaborateurs et amélioration de la productivité, donc de la compétitivité ; exemplarité et essor de l’image de marque de la société. Rappelons qu’un contrôle du respect de cette obligation est prévu, ainsi que des sanctions en cas de non-conformité. Les entreprises contrevenantes risquent des pénalités financières : l’amende sera proportionnelle à la gravité du manquement à la loi, pouvant aller jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires, voire 4 % en cas de nouvelle violation. 18 j3e 835 / MAi 2015 - www.filiere-3e.fr

Des sanctions lourdes au regard de bénéfices importants : peut-on encore hésiter ? Comment tirer parti de cette loi ? À quelques mois de l’échéance, deux solutions sont possibles : l’audit énergétique ou la certification ISO 50001. L’audit énergétique peut présenter un certain nombre de contraintes : périmètre à retenir, quelle « profondeur » d’audit, complexité des procédés présents sur les sites, problématiques liées à l’activité d’audit sur plusieurs sites, voire sur des sites hébergeant des Siren différents, gestion de la phase « travaux » qui doit suivre… Car, si l’audit ne se prolonge pas par les travaux de mise en œuvre des préconisations, l’entreprise risque de perdre tous les bénéfices de la démarche. Cependant, ces difficultés ne doivent pas être rédhibitoires. Un bon accompagnement est la clé d’une approche efficace et sereine. La certification ISO 50001, quant à elle, implique l’adoption d’un système de management de l’énergie (SME) dont l’objectif est d’améliorer continuellement les performances énergétiques. La mise en œuvre de cette norme nécessite des compétences en gestion des énergies, en traitement des données par un système de mesure, une connaissance approfondie de la réglementation euro-

péenne et internationale, ainsi que la maîtrise de la conduite du changement. C’est pourquoi les entreprises souhaitant développer cette démarche ont tout intérêt à faire appel à un prestataire spécialisé dans le domaine : on ne peut improviser ici. Si certaines sont encore dans les temps pour obtenir cette certification avant l’échéance du 5 décembre 2015, ce n’est pas le cas de toutes. Pour celles qui ne pourraient y parvenir, il est tout à fait pertinent de s’engager dans la première étape – la phase « Plan » – de la certification. Cette phase comprend l’état des lieux de la gestion énergétique au sein de l’entreprise, la comparaison aux exigences de la norme ISO 50001, et la définition du processus à mettre en œuvre. Elle leur permettra d’être en conformité avec les dispositions de la loi, tout en appréciant les impacts financiers et humains et en se préparant pour la suite de la démarche de certification. L’application de la loi DDADUE est un incontournable. Les entreprises ont véritablement intérêt à saisir l’opportunité de transformer leurs obligations, qui représentent un coût en termes financiers et de temps, pour en faire des sources d’économies pour l’avenir. Reste pour elles à faire le (bon) choix quant à l’option à retenir pour s’y conformer.


ANALYSES

L’économie circulaire ou la gestion durable des ressources Par Dominique Bonet Fernandez, Ipag Lab, Ipag Business School, Paris, d.bonet@ipag.fr

La crise économique que traversent les économies développées depuis l’automne 2008 aiguise des questions essentielles quant aux capacités des entreprises à développer de nouveaux modèles d’affaires à la fois innovants, efficients, générateurs d’emplois et respectueux de l’environnement. Des modèles innovants, s’appuyant sur l’économie circulaire et de fonctionnalité, démontrent l’extraordinaire potentiel de développement d’activités médiatisées par des plates-formes Internet. Nous devons en tirer un certain nombre de conclusions sur l’intérêt économique et politique de promouvoir ces formes d’offres commerciales, dans un environnement politique favorable aux démarches d’entrepreneuriat.

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e concept de gestion de l'environnement, issu de l’écologie industrielle, peut être mis en œuvre à trois niveaux : région, zone industrielle et entreprise. Son objectif est de stimuler le développement économique local et ainsi la création d’emplois tout en réduisant l’impact de l’activité humaine sur l’environnement et les ressources par une coopération des acteurs locaux. L’EC représente un mode de management innovant, générateur de développement économique et social, de création d’entreprises. Le point de départ de la démarche est l’éco-conception. Il s’agit de concevoir des produits en pensant dès leur naissance à ce qu’ils deviendront en fin de vie, de transformer les déchets en matière première secondaire réutilisée pour la fabrication des produits, de réduire les résidus industriels, de préserver les ressources, de réduire l’impact environnemental de l’activité et de gagner en compétitivité. Tels sont les principes de l’économie circulaire qui requiert des synergies territoriales entre acteurs économiques et aboutit à la création d’emplois (extrait du rapport de présentation de l’IEC, 2013). Pour les précurseurs de ce modèle, Stahel et Reday, les avantages d'une économie circulaire pour une gestion durable des ressources sont multiples. Ils sont décrits depuis près de 40 ans mais n’ont com-

mencé à voir le jour dans des réalisations politiques que récemment, par exemple dans la directive de l'Union européenne (UE, 2008) concernant les déchets (Stahel, 2001a). Les auteurs soulignent les facteurs permettant d’expliquer la difficulté d’une mise en œuvre efficace. « Le monde politique a toujours tendance à régler les problèmes économiques en poussant à la croissance dans la perspective de l'économie de production industrielle – "prime à la casse", par exemple, mise en œuvre dans 22 pays en 2010 – ou en se focalisant sur des points particuliers, notamment les solutions concernant l'environnement. » La recherche de solutions durables et systémiques, traitant à la fois des questions

économiques, sociales et environnementales, a été compromise par les structures « en silo » des administrations publiques, des universités et de nombreuses entreprises. Stahel (2001) a montré que la plupart des solutions durables sont intersectorielles et interdisciplinaires. L’économie circulaire représente un mode de management fédérateur, générateur d’innovation, de développement économique et social, au niveau des territoires. L’EC peut être décrite comme un processus mobilisant 7 concepts clés qui contribuent à optimiser la gestion des ressources naturelles dans une perspective durable. 

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à lire

Ademe

Fonds chaleur, bilan 2009-2014, relance et nouvelle dynamique

© ADEME

Lancé en 2009, le « Fonds chaleur renouvelable » a été mis en place pour soutenir le développement de la production de chaleur issue de la biomasse, de la géothermie, du solaire thermique, du biogaz, des énergies de récupération ainsi que les réseaux de chaleur liés. En remplaçant des installations existantes fonctionnant avec des combustibles fossiles, en favorisant la mise en œuvre de nouveaux équipements, en développant les réseaux de chaleur qui valorisent de manière optimale les énergies renouvelables, le dispositif du Fonds chaleur apporte sa contribution à l'objectif du « Paquet européen climat-énergie ». Celui-ci fixe la part des EnR à 23 % de la consommation d'énergie nationale à l'horizon 2020 et 32 % en 2030. Le rapport est disponible en intégralité (12 pages) gratuitement sur le site : www.ademe.fr 

Commissariat général au développement durable

Conjoncture énergétique janvier 2015 : zoom sur l’électricité

© MEDDE

À 58,1 TWh en janvier 2015, la production totale d’électricité croît de 4,1 % en glissement annuel. Entamée en mai 2014, la hausse de la production nucléaire se poursuit en janvier (+ 2,6 % sur un an). À 43,8 TWh, elle retrouve son niveau de janvier 2011. La production hydraulique est en repli de 10,7 % par rapport à son niveau, particulièrement élevé, de janvier 2014. À 6,2 TWh, il faut remonter à 2011 pour trouver un niveau inférieur pour un mois de janvier. La production éolienne augmente de 8,5 % en janvier. À 2,3 TWh, son niveau est à peine inférieur à son record absolu de février 2014. Le rapport est disponible gratuitement et en intégralité (9 pages) sur le site : www.developpement-durable.gouv.fr 

éditions Maxima

Le Design Thinking au service de l’innovation responsable © Maxima, Paris 2015

Né d’un partenariat entre Altran et l’Essec, ce guide, à destination des organisations, vise à clarifier le concept d'innovation responsable et dans le même temps à fournir une méthode d'intégration de la responsabilité dans les processus d'innovation appelée DRiM (Design & Responsible Innovation Method), permettant de guider les équipes d'innovation ou tout porteur de projet innovant en alliant créativité et responsabilité pour atteindre une croissance durable. L’ouvrage (112 pages) est disponible en librairie (29,50 €) ou sur le site : www.maxima.fr 

Plan industriel réseaux électriques intelligents

© NFI

Appel à candidature et à projets des territoires pour le déploiement des smart grids

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Le 7 mai 2014, la feuille de route des réseaux électriques intelligents (REI), fruit du travail d’une équipe projet regroupant des entreprises du secteur, des opérateurs de réseaux, des centres de recherche et des entités de la sphère publique, a été présentée. Dix actions portant la vocation du plan à soutenir la création d’emplois ont été définies, puis mises en œuvre par les différents membres de l’équipe projet. L’action 6 du plan vise à organiser un déploiement à grande échelle des réseaux électriques en France. Le document est disponible en intégralité (38 pages) sur le site : www.entreprises.gouv.fr 


PERFORMANCE éNERGéTIQUE

GTB

Supervision : un état de l’art Avec l’arrivée de plus en plus forte des technologies IT et Internet dans le bâtiment, que devient la supervision ? Les besoins des utilisateurs de supervision ont-ils évolué ? Quelles sont les fonctions incontournables ? 2014 est pour beaucoup d’acteurs de la supervision une année record avec une croissance le plus souvent à deux chiffres. Ainsi pour Btib, Cap Technologie, Codra ou encore Newron System (groupe ABB) et en particulier pour le petit et moyen tertiaire ainsi que pour la supervision multisite. Comment peut s’expliquer cet engouement ? D’une part, par le taux d’équipements hors grand tertiaire qui est faible, de l’ordre de 25 %. D’autre part, les systèmes installés sont le plus souvent des GTB de première génération assez peu performantes et limitées à certains lots techniques. Or, la supervision d’aujourd’hui permet une mise en œuvre rapide, avec des fonctionnalités simples et une couverture étendue et multimétier.

Suivre mais aussi agir à distance La GTB d’aujourd’hui est un système complet d’exploitation du bâtiment. « Mais il faut anticiper les interconnexions avec systèmes externes (par exemple gestion des énergies) qui devront pouvoir déclencher des actions à distance sur les installations techniques d’un bâtiment », souligne Teddy Caroni, directeur marketing de Btib. Ces actions, ce sont des commandes vers les bâtiments pour effacer ou

réduire les consommations, optimiser le fonctionnement des installations, déterminer des arbitrages sur la production d’énergie. Avec des protocoles standard d’échange et de communication Le constat est partagé par l’ensemble des acteurs. Certains soulignent que l’échange d’informations utilisant des protocoles standard ne garantit pas des données forcément compatibles entre applications et donc ensuite des évolutions aisées. « L’important est que le client final ait l’autonomie pour faire évoluer les paramétrages, et cela ne doit pas être plus compliqué que de changer une consigne », précise Franck Ferrari, de Cap Technologie Enfin, dernière grande tendance, la supervision complète incluant notamment vidéosurveillance, sécurité incendie, contrôle d’accès et de nombreux échanges avec des systèmes externes, type management de l’énergie ou encore des applicatifs particuliers liés à ... certains métiers.

Exemple d’écran d’accueil de supervision par zone.

© Newron

System

Vers le plug and play, un constat partagé par tous les acteurs Les clients finaux sont aujourd’hui nettement plus ouverts pour s’abonner à des services de type SaaS ou cloud. Ainsi, l’usage d’applicatifs SaaS se développe-t-il, en parallèle de travaux en

cours chez presque tous les offreurs pour simplifier les mises en œuvre par le développement de systèmes « prêts à superviser » qui font rapprocher la GTB et la supervision des solutions pour le secteur résidentiel. De plus, les superviseurs proposent une accessibilité permanente sur smartphone ou tablette, grâce en particulier à l’usage d’applicatifs basés sur HTML 5, mais aussi des solutions et scénarios verticalisés (hôtellerie, santé, commerces…) de plus en plus affinées et… rapides à installer.

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PERFORMANCE éNERGéTIQUE

... La supervision à coût

de déploiement réduit

© DR

Pour Teddy Caroni, de Btib, les intégrateurs ont à cœur de délivrer des supervisions beaucoup plus ergonomiques et de standardiser leurs méthodes de programmation afin de réduire les temps d’intégration. « Et de diminuer les coûts de la supervision de manière à mettre des supervisions partout : 5 000 m2, 5 000 € ! et donc réduire les coûts des licences ainsi que les temps de création de la supervision et appliquer le concept de Place de Marché / Marketplace pour les vues de détail et en assurer l’accès gratuit », ajoute Serge Le Men, de Teddy Caroni, directeur Newron System. marketing de Btib.

Btib « Les bureaux d’études abordent de plus en plus les projets d’un point de vue fonctionnel. Auparavant, de 2010 à 2014, les cahiers des charges étaient principalement décrits sous un angle technique (protocoles de communication, architecture système...) », indiqueTeddy Caroni. Les bureaux d’études ont maintenant une approche de la GTB et de la supervision très orientées « Service ». L’objectif est de fournir à tous les acteurs du bâtiment (exploitants, propriétaires, occupants) les bons outils pour gérer au mieux le bâtiment. Pour illustration, il est de plus en plus courant que l’on nous demande de réaliser des rapports de synthèse automatiques pour le client final, ou de fournir à l’exploitant un accès rapide aux paramètres principaux des alarmes sans avoir à faire appel à un programmeur.

Souvent, les clients finaux demandent la possibilité d’avoir un connecteur Web Services pour remonter diverses informations à leurs prestataires spécialisés (gestion de l’énergie, gestion de l’occupation, gestion du confort, etc.). Deux autres sujets deviennent incontournables : • La mobilité. Les exploitants sont parfois équipés de smartphone, voire de tablette et ils demandent souvent de bénéficier d’interfaces adaptées à ces terminaux (dernièrement, ce sont les utilisateurs finaux qui sont encore plus moteurs sur ce sujet). • La sécurité. Les informations sont très régulièrement externalisées des bâtiments, et des applicatifs externes peuvent parfois agir, déroger et piloter le bâtiment. Ainsi, l’intégrité du système est primordiale. De plus, nous travaillons à créer pour nos partenaires intégrateurs des outils

- Des fonctionnalités de reporting intégré dans la supervision sont aussi de plus en plus demandées (collecte des données, mais aussi calcul, traitement et présentation des informations à différentes mailles de temps et niveau d’agrégation). « De plus en plus, nos clients utilisent également la supervision en outil de suivi multisite, notamment dans le cadre des CPE. » Ainsi pour l’un d’eux, Panorama supervise les bâtiments à piloter (écoles,

collèges, gymnases…) ; cela permet de gérer les améliorations énergétiques successives et de suivre l’engagement d’économies à respecter de 30 % d’amélioration par rapport à la situation initiale. La société Cram, basée au Havre, a ainsi plus de 300 000 variables déclarées dans son superviseur qui est à la fois multisite et multiclient. D’autres prestataires comme Dalkia et Idex suivent le même schéma, la supervision est partie intégrante de leurs services.

« Il y a une nécessité exprimée par tous les acteurs d’acquérir des données de terrain de plus en plus nombreuses. Mesurer, valoriser, capitaliser et ce avec une démultiplication de l’origine des informations, ainsi que de multiples échanges avec d’autres applicatifs », mentionne Cyril Rolland, responsable marketing de Codra. Pour nos clients, nous pouvons décliner trois points clés fonctionnels prépondérants : - La GTB et la supervision sont le noyau central incontournable de l’information dans le bâtiment. Il y a une tendance assez marquée vers des solutions d’hypervision, pour gérer des lots techniques très variés, mais aussi gérer à distance plusieurs sites. - L’information de la supervision doit pouvoir être accessible depuis n’importe où (tablette, smartphone, PC distant...), et la sécurité doit être parfaitement gérée.

Hôtel de la Cité (164 chambres sur 8 étages). Couplée au système de gestion de réservation de l’hôtel, la GTC a permis de réduire la consommation d’énergie du bâtiment et par conséquent les coûts d’exploitation de 20 %. Quelques chiffres : 9 CTA, 2 PAC géothermiques avec suivi de la conductivité de l’eau. Automatismes et intégrateur Sauter.

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PERFORMANCE éNERGéTIQUE

... d’intégration plus puissants afin de tique, sensibilisation aux comporteréduire les temps de programmation sur les tâches courantes et de leur permettre de se focaliser sur des tâches à plus forte valeur ajoutée pour leurs clients (ergonomie, reporting, gestion énergétique, etc.), conclut-il.

dédié aux applicatifs d’automatismes et de CVC, nous recherchions une solution simple et performante, laquelle, avec une simple formation, nous permettrait de réaliser en toute autonomie cette migration stratégique. » Après une formation de cinq jours, Fabrice Simon a remplacé (câblé, paramétré) tous les automates CVC du site et réalisé toute la supervision. Aujourd’hui, il fait évoluer son site en toute autonomie avec l’assistance de Cap Technologie quand elle est nécessaire. Un résultat concluant aussi avec une économie sur la facture fuel et électricité de plus de 30 % à l’issue de la première année d’exploitation. Newron System (ABB) « De plus en plus de demandes pour des applicatifs complets, incluant des fonctions énergétiques, mais aussi télécommandes virtuelles, facilités de recloisonnement… et une extension vers le suivi de tous les lots du bâtiment », mentionne Serge Le Men, président de Newron System. Le groupe ABB lance avec la solution Newron une nouvelle méthode de création de la supervision. Outre le fait que ce soit en pur Web HTML5, la particularité de la solution est de Serge Le Men, générer en autoprésident de Newron System. matique les pages de supervision à partir de l’outil d’installation. Cette méthode est bien plus efficace que les méthodes traditionnelles car elle évite les imports/exports de base de données suite à l’intégration. La création de supervision est de fait plus rapide, mais surtout se fait sans erreurs dues à de mauvaises manipulations. Autre particularité que nos clients demandent et apprécient : « Toute la structure de la supervision est en zone et non en produit. Ainsi la vue de détail n’est pas la vue de détail du produit (ventilo-convecteur …), mais de la zone qui peut inclure divers produits et divers sous-ensembles de produits. » La télécommande virtuelle

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CAP Technologie « Pour nous, la réussite d’un projet de "Build i n g   Au to m a tion" passe par la maîtrise de leur système par les utilisateurs », considère Franck Ferrari, PDG de Cap Technologie. Nous avons créé une suite de logiciels (GTB, Franck Ferrari, PDG de Cap Technologie. s u i v i  é n e r g é -

ments éco-citoyens) qui s’adresse à chaque type d’utilisateur : l’exploitant, le gestionnaire et la direction générale ont chacun une culture et une formation différentes. Nous devons donc concevoir des logiciels ad hoc. Nous utilisons notre capacité de R&D pour faire des logiciels que des non-spécialistes peuvent faire évoluer, seuls ou avec une aide externe, au gré des évolutions de leur bâtiment et de leurs besoins. Les systèmes doivent vivre ! Exemple avec la société Simah. Fabrice Simon, Services techniques, explique : « Au-delà de remplacer notre ancien système, nous souhaitions avant tout reprendre notre autonomie, réaliser nousmêmes la mise en œuvre d’un nouveau système et avoir la capacité par la suite de faire évoluer, au gré de nos besoins, nos équipements. Sans effectif interne

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PERFORMANCE éNERGéTIQUE

Siemens Building Technologies « Passer de la supervision à l’hypervision, regrouper de façon native toutes les disciplines du bâtiment et superviser des ensembles de bâtiments, tel est l’objectif de Desigo CC », souligne André Le Bihan, directeur de la division Building Technologies pour Siemens France. La plate-forme Desigo CC a été lancée il y a quelques semaines en France, et son objectif est clair : pouvoir appréhen-

der dans une unique solution tous les métiers et disciplines du bâtiment intelligent. Selon l’installation, la solution peut être utilisée pour superviser André Le Bihan, directeur de la division une discipline Building Technologies unique ou être pour Siemens France. étendue à l’ensemble des lots techniques du bâtiment. Par simple paramétrage, la suite logicielle procure la possibilité d’établir des scénarios qui mettent en service plusieurs métiers en même temps, permettant de nouvelles opportunités pour gérer l’efficacité du bâtiment et analyser le potentiel d’optimisation. La suite possède toutes les applications nécessaires à la gestion de la sûreté (contrôle d’accès, détection

© Siemens Building Technologies

fonctionne évidemment sur ce principe et pilote une zone et non un équipement. Elle est de surcroît compatible avec tout (re)cloisonnement. Et, bien sûr, une zone peut contenir d’autres zones déclinant ainsi le concept logique à l’infini. « La convergence de l’usage du protocole IP aide aussi à étendre la couverture de la supervision, ainsi par exemple l’utilisateur peut aussi manipuler les caméras sur IP, les piloter, insérer des images à la volée dans des synoptiques. »

d’intrusion, vidéosurveillance), de la sécurité incendie et du confort tout en garantissant l’efficacité énergétique et la performance optimale des installations. Partageant la même base de données, les disciplines peuvent facilement interagir.  Jean-François Moreau

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Audit énergétique : déclencher la rénovation des copropriétés Filière électrique et économie circulaire L’autoconsommation va-t-elle (enfin) se développer en France ?

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Transition énergétique

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Performance énergétique

Audit énergétique : déclencher la rénovation des copropriétés

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uivant les estimations, les copropriétés représentent un peu moins d’un tiers du parc de logements français, soit entre 7 et 10 millions de logements. Si l’on ajoute que près de 19 % des copropriétés sont d’une part en situation de dégradation avancée et d’autre part dans des situations financières délicates, audit énergétique et dispositifs collaboratifs sont autant de moyens pour obtenir une décision souvent longue et difficile à obtenir. Pour Max Maurel, directeur du bureau d’études thermiques Maya Construction durable, « l’audit est le point d’ancrage, nécessaire à la bonne connaissance de l’état de la copropriété, à la sensibilisation des acteurs, et enfin à la prise de décision. Comme l’audit est étendu au-delà du volet énergétique, c’est un accélérateur de décision car il n’y a pas que l’étiquette énergétique qui est considérée par les copropriétaires, mais aussi l’amélioration de la qualité globale du bâtiment, ce

qui permet d’obtenir un consensus souvent plus rapide sur un plan pluriannuel, mixant différents types de travaux ». Le cas du ravalement obligatoire que l’on peut opportunément coupler à une isolation thermique par l’extérieur est typique de l’approche globale issue de l’audit, ajoute-t-il. Les étapes clés de l’audit L’audit énergétique tel qu’il se présente dans le cahier des charges de l’ADEME et notamment par l’APC pour Paris et la région parisienne s’intitule d’ailleurs « audit architectural et énergétique ». Il est pluridisciplinaire et constitué de plusieurs phases. Pluridisciplinaire parce qu’il est recommandé une équipe ou tout au moins les compétences d’un architecte et d’un thermicien au minimum. Pour Marie-Line Tassius, présidente de Optimisme 23, jeune société spécialisée dans l’assistance organisationnelle et qualité auprès des acteurs de l’immobilier, notamment syndics et copropriétés, on peut retenir cinq phases : - réunion de démarrage et recueil des attentes de la copropriété ; - état des lieux architectural et technique ; - analyse et traitement des données ; - préconisations, programmes d’améliorations et définition du programme de travaux adapté à la copropriété ; - coordination, rapport et synthèse. Il y a donc une volonté de promouvoir une démarche en processus au plus proche des besoins des copropriétés. « Cependant, l'architecte et le thermicien sont avant tout des techniciens. On ne traite pas toujours forcément de manière

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Audit global et audit énergétique, outils collaboratifs pour aider aux décisions, logique de financement dédiée… la copropriété est au centre des enjeux de la transition énergétique et fait l’objet de multiples attentions. Est-ce suffisant pour avancer ?

Caroline Bouteloup, experte au sein de BEA Ingénierie

prioritaire l’accompagnement relationnel et la pédagogie de la démarche, ce qui est essentiel pour déclencher la décision. La compréhension du vécu de la copropriété et des attentes des copropriétaires sont clés, nécessitent dialogue et communication pour emporter l’étape suivante, la décision du plan de travaux », précise la spécialiste. « Avant d’envisager des travaux lourds, il faut souvent d’abord optimiser ce qui est en place, et parer aux urgences. La priorité est donc souvent donnée aux travaux apportant des amortissements les plus rapides, ce qui enclenche aussi une démarche positive rapidement », ajoute Caroline Bouteloup, directeur du département CVC et thermique du bureau d’études BEA Ingénierie. Ce qui revient donc le plus souvent sur les premières étapes du plan de rénovation énergétique et d’amélioration du confort, ce sont le changement partiel ou complet des systèmes de production (chauffage et/ou ECS), l’isolation des réseaux de distribution, l’équilibrage et le désembouage des réseaux, la mise en

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Transition énergétique

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L’approche est liée aussi à la date de construction de la copropriété, ajoute Max Maurel : avant 1948, 53 % des copropriétés en France avaient une consommation moyenne de 253 KWhep/ m2/an)) ; pour la période 1948-1975, environ 25 % des copropriétés avaient une consommation moyenne de près de 400 Kwhep/m2/an ; et, enfin, des années 1980 à ce jour, une consommation énergétique de 230 Kwhep/m2/an.

Exemple de scénario en résultat pour un immeuble à Saint-Gratien (Val d’Oise). Avant travaux, les déperditions étaient de 328 kWhep/m2/an. (source BEA Ingénierie)

... place de régulations plus fines avec par « L’audit doit aussi pointer les dysfonctionexemple une sonde extérieure, un meilleur contrôle des températures de départ et retour, et les systèmes de comptage individualisés, etc., ajoute-t-elle. Ensuite, sont traités les travaux un peu plus longs à amortir comme le changement des menuiseries, et dans certaines situations le changement de caissons ou la mise en place d’une VMC.

nements comme par exemple les aspects sécurité électrique, les points de vétusté des équipements et de l’architecture du bâtiment, et présenter les étapes des projets de la copropriété dans une vision pluriannuelle. Les problèmes vécus par les occupants (humidité, bruit, confort dans les parties communes…) seront également mis en évidence », ajoute Marie-Line Tassius.

La coordination est tout aussi importante que la qualité du contenu technique Pour Marie-Line Tassius, il y a au moins trois points cruciaux : - En phase 1, la réunion initiale et le recueil des attentes de la copropriété est le moment privilégié de prise de contact de l’équipe : c’est essentiel, car c’est le premier pas vers la confiance réciproque. La pédagogie de la démarche commence dès ce stade. Écouter, regarder, détecter les besoins implicites et surtout la qualité des relations entre

Vous avez dit collaboratif ? « Il y a nécessité de bien expliquer, pédagogie et dialogue sont clés indépendamment des résultats qui ne sont pas juste un calcul ou un rapport de situation », insiste Caroline Bouteloup. « Bien sûr, les outils informatiques sont des supports intéressants d’échanges, mais il ne faut pas confondre la fin et les moyens », ajoute Marie-Line Tassius. La copropriété participe à l’histoire du vivre ensemble, des êtres humains qui vivent dans une enveloppe construite commune. Ce n’est ni un gros mot, ni ringard que de parler de l'humain. Il est nécessaire d’apprendre à comprendre la complexité des rapports humains au sein de la copropriété, les

rapports de force de cette mini-démocratie, et pacifier les relations. La copro, c’est un petit concentré de notre société, précise-t-elle. Dans une situation économique difficile pour les ménages, au-delà du numérique, pourquoi ne pas encourager les sociologues, mais aussi les philosophes, les psychologues, à s’intéresser à la copropriété, ils ont des savoir-faire utiles qu’aucune application ne restituera complètement. « Nous animons bénévolement des ateliers participatifs avec des copropriétaires dans le XVIIIe à Paris, nous constatons bien que les gens sont pris dans des jeux de rivalités mimétiques, les

relations sont faussées et la communication physique se révèle très importante pour progresser dans les relations entre les acteurs. » Un outil collaboratif peut être très efficace notamment pour dispenser facilement de l’information, sensibiliser et partager, ce qui est le cas de CoachCopro, l’outil en ligne de l’Agence parisienne du climat (APC). Mais les outils collaboratifs et l’Internet ne font pas tout, ils doivent être maniés avec précaution car ils peuvent devenir aussi une arme de guerre psychologique (par exemple, échanges violents de messages sans modérateur, etc.).

Demain, la massification de la rénovation en copro? Petit à petit, le monde de la copropriété se met donc en mouvement, toutefois tout semble indiquer que le frémissement constaté est encore initié par les pionniers et que le mouvement de masse n’est pas encore engagé. Les copropriétaires investissent pour leurs parties communes parce qu’ils en perçoivent l’intérêt immédiat (confort, économie). « Les parties communes de l’immeuble, c’est plus

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abstrait, différent… faire pour l’autre est plus compliqué. Sauf que faire pour et avec l’autre, c’ est s’enrichir patrimonialement . Nous devons donc remettre l’intérêt commun au centre de la copropriété et arriver à des compromis d’intérêt franc au moment de la rénovation. La transition énergétique demeure très abstraite pour le grand public et résonne parfois comme un slogan politique de plus,

c’est dommage. Enfin, la loi Alur en réformant les règles de majorité et en permettant la constitution de provisions est une belle avancée », conclut MarieLine Tassius. Certains espèrent également que la loi de transition énergétique contribuera à accélérer ce processus, notamment si l’isolation par l’extérieur devient obligatoire en cas de ravalement à effectuer.


Transition énergétique

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- Enfin, la présentation en AG est à préparer avec soin et stratégie. « Par exemple, la présentation de l’audit ne doit pas être placée à l’avant-dernière résolution à 22 heures ! Et on ne laisse pas un thermicien expert mais avec un jargon particulier seul devant un auditoire épuisé. » L’audit aborde aussi la partie financement des travaux

Marie-Line Tassius, Optimisme 23.

copropriétaires, mais aussi entre copropriétaires et syndic. Cette phase permet également de bien identifier la position stratégique de celui ou ceux qui sont moteurs. Il peut y avoir des déconvenues (par exemple, le leader énergétique de la copro qui n’est pas soutenu par le conseil syndical, car il agit de façon solitaire). - Pour la phase 3 (ou 2 ??)et l’analyse des données, une vision pluridisciplinaire est essentielle : des besoins non énergétiques peuvent être importants à traiter pour la cohésion de la copropriété, par exemple les omettre peut freiner l’appropriation des copropriétaires.

C’est un point nouveau et prioritaire. L’audit doit permettre de prendre des décisions financières. « Aides, crédits, subventions, c’est le nerf de la guerre, et c’est surtout au niveau de l’accès à l’information, à la compréhension des articulations des différents financements et à la restitution de l’impact concret pour chaque propriétaire qu’il faudra s’attacher », note Marie-Line Tassius, de Optimisme 23. Cela suppose une analyse financière et patrimoniale la plus individualisée possible, or c’est difficilement soutenable économiquement pour les équipes d’auditeurs de pouvoir réunir ces compétences, cette disponibilité. L’intention de la réglementation est louable, mais la mise en place ne peut être réalisée sans un vrai travail d’équipe pluridisciplinaire en étroite

Exemple de schéma de répartition des déperditions de chaleur. (source ADEME)

association avec le conseil syndical et le syndic, poursuit-elle. Le regroupement et la collaboration entre professionnels est un bon moyen pour y parvenir, il permet à la fois de préserver les marges de chaque professionnel tout en enrichissant la restitution aux copropriétaires. Le prix de l’audit peut être un frein à la bonne décision Et pourtant le contexte est très favorable, l’audit est subventionné jusqu’à 70 % à Paris et des aides existent également dans d’autres régions.

...

1 rue du Clos Saint-Paul, façades SUD et EST I mpact déperditif important en partie haute des menuiseries. La loggia a été fermée. En l'absence d'isolant de façade, les nez de plancher se distinguent par la présence du plancher chauffant. Influence thermique plus importante dans les niveaux bas par rapport aux niveaux hauts.

1 rue du Clos Saint-Paul, façades OUEST Fenêtre ouverte ? Influence thermique entre un volet fermé (élément du haut) et ouvert. Les amenées d'air en cuisine non repérées par la caméra laissent supposer qu'elles ont été obturées.

Mise en évidence des déperditions et anomalies sur une façade avec caméra thermique infrarouge. (source BEA Ingénierie)

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Transition énergétique

... « Faire un travail sérieux et donc un

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typologies de la copropriété, le prix pour la partie audit thermique est situé entre 100 et 150 e par lot ».

Quelques exemples pratiques d’audit énergétique et retours d’expériences

partements, caves, parkings couverts), équipées d’un chauffage collectif et dont le permis de construire est antérieur au 1er janvier 2001. - Pour les copropriétés de moins de 50 lots, il y a obligation de réaliser un diagnostic énergétique (décret n° 20121342 du 3 décembre 2012). À compter également du 1er janvier 2017, la loi Alur oblige la constitution d’un « fonds de travaux », non remboursable, sous forme de cotisation annuelle obligatoire. Le fonds de travaux doit permettre de faire face aux dépenses engagées « pour les travaux prescrits par les lois et règlements » et des travaux décidés en assemblée générale.

Préconisation et bouquet de travaux - Immeuble Saint-Louis Paris Audit réalisé par Maya

Pour approfondir les données du sujet

audit complet avec un accompagnement global, cela a un coût qui va au-delà du simple calcul thermique », indique Caroline Bouteloup. Le hic, c’est que cela coûte plus cher, et que les copropriétés peuvent avoir le réflexe du moins-disant. Pour Max Maurel, « on commence cependant à voir émerger une logique de marché, le rapport qualité-prix est considéré plus souvent. En fonction des

Les obligations du contexte réglementaires Avant le 1er janvier 2017 : - Le décret no 2012-111 du 27 janvier 2012 impose que l’audit soit réalisé, et l’arrêté du 28 février rend opérationnel l’audit. Sont concernées les copropriétés de plus de 50 lots juridiques (ap-

État initial des consommations énergétiques de la copropriété.

Dans le tableau : Énergie x 2 – Éclairage Le premier bouquet proposé permet de passer de 350 kWhep/m2/an à 267 kWhep/m2/an. « Nous avons également proposé quatre autres points : l’isolation du plancher

suspendu (porche), l’isolation de la toiture, l’installation de chaudières gaz à condensation individuelles et enfin l’installation de panneaux photovoltaïques (90 m2) », ajoute Max Maurel, de Maya.

À gauche, bouquet de travaux avec isolation des murs accessibles (murs cour intérieure) en béton de chaux chanvre et changement des menuiseries (double vitrage peu émissif) – À droite le bouquet complet. (source Maya)

Si l’on ajoute ces points au bouquet initial, la performance serait de 128 kWhep/m2/an, ajoute l’expert. Les

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temps de retour sur investissement suivant les bouquets proposés s’échelonnent entre 10 et 18 ans.

- Les copropriétés très dégradées, Claude Dilain, sénateur et président de l’Anah www.territoires.gouv.fr/IMG/pdf/ RAPPORT_COPROPRIETES_DEGRADEES_2.pdf - Cahier des charges de l’audit architectural et énergétique de copropriété, Ademe APC http://www.apc-paris.com/actualites/2014/un-nouveau-cahier-descharges-audit-architectural-et-energetique-a-disposition.html - Rénovation : 70 Me supplémentaires pour l’Anah et pour financer la rénovation énergétique http://www.anah.fr/actualites/detail/ actualite/renovation-energetique70-millions-deuros-supplementairespour-lanah/ - Rénover les parties communes en copropriété, les financements par l’Anah. http://www.anah.fr/proprietaires/proprietaires-occupants/renover-les-parties-communes-de-votre-copropriete/ - Le tour d’horizon des financements en copropriété : http://optimisme23.com/wp-content/ uploads/2015/02/note-dinformation.00114.Financement-RGE-Audit-%C3%89nerg%C3%A9tique-encopropri%C3%A9t%C3%A9.pdf  Jean-François Moreau



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Développement durable

Filière électrique et économie circulaire

"L

orsqu’on parle d’économie circulaire, du point de vue des équipements électriques et électroniques, des enjeux forts émergent, autant en termes de matière et d’énergie que de comportement des acteurs et d’évolution de la société vers plus d’efficience matière et énergétique », rappelle Catherine Jagu, déléguée Développement durable au Gimélec. Ce que beaucoup oublient, c’est qu’il y a déjà en la matière une réglementation abondante. L’éco-conception, la frugalité, le recyclage, sont déjà une réalité concrète depuis plusieurs années. Et bien au-delà du niveau français, les impulsions sont souvent européennes. Aujourd’hui, le risque est que tout le monde veuille faire de l’économie circulaire et invente des critères qui ne sont pas forcément cohérents. « La directive éco-conception, par exemple, qui cible les produits liés à l’énergie, est en train de s’étendre à l’économie circulaire, avec des exigences d’indicateurs de recy-

clabilité qui ne correspondent pas forcément à des réalités mesurables », déplore la déléguée du Gimélec. Par ailleurs, on ne voit pas forcément le lien entre les nouvelles initiatives européennes sur les matières premières, sur l’éco-conception des produits et leur empreinte environnementale, et les directives existantes. C’est un point de vigilance pour les industriels. Les enjeux de la normalisation Avec les processus de normalisation en cours concernant le recyclage et la réutilisation, il apparaît peu évident de fixer des objectifs mesurables et cohérents. Que veut dire un pourcentage de produits réutilisés par rapport à une quantité de déchets quand les produits peuvent être réutilisés jusqu’à

Déchets d’équipements électriques et électroniques.

© Roland Bourguet / Ademe

L’économie circulaire, qui vise à changer de paradigme par rapport à l’économie dite linéaire, limite le gaspillage des ressources et l’impact environnemental. Elle s’applique à la fois à l’offre des acteurs économiques, au comportement des consommateurs et à la gestion des déchets. Quel est aujourd’hui l’état d’avancement des pratiques d’économie circulaire dans la filière électrique ? Comment évolue le traitement des déchets électriques et électroniques (DEEE) ? À l’heure où des enjeux technologiques et économiques nouveaux accompagnent une réglementation qui évolue, un point d’étape s’impose.

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© Jacques Le Goff, Ademe

Initiative WEEE 2020

Déchets d’équipements électriques et électroniques.

20 ans s’ils sont réparés, sans passer par le statut de produits en fin de vie ? Comment cela se traduit-il si un produit est remplacé par un autre plus efficient en énergie et que l’on revend le premier à l’export car il fonctionne très bien ? Comment faire sortir du statut de déchet des pièces détachées en bon état issues du démontage de produits en fin de vie ? Pourtant, on fait ainsi de l’économie circulaire.

La normalisation du processus de dépollution pose aussi la question de la mesure de cette dépollution : à partir de quelle valeur estime-t-on qu’une fraction est dépolluée ? Selon quelle méthode de laboratoire le mesurer ? Dernier objectif complexe : les produits doivent être traités dans le respect de l’environnement et de la santé-sécurité au travail à tous les stades du processus. Comment le vérifier et le mesurer ? On voit bien dès lors combien la démarche est complexe, car certains objectifs ne sont atteints qu’au détriment des autres, en particulier si les chiffres sont considérés à l’échelle nationale. Les produits encore en état de

La directive DEEE et son application La directive est transposée dans sa deuxième version en 2014. La première version demandait que chaque État membre atteigne un niveau de collecte de 4 kg de matériel usagé par habitant. Cette première étape était délicate dans la mesure où d’importantes disparités de consommation existent entre États de l’UE. Suite à la révision de la directive, les objectifs sont donc passés en pourcentages des mises sur le marché. Les derniers objectifs sont plus ambitieux puisque la nouvelle directive demande à ce que 45 % des équipements électriques et électroniques vendus soient collectés en 2016 et 65 % en 2019. En 2014, 43 % des lampes étaient recyclés. Sur les équipements électriques et électroniques professionnels, Récylum, bien que sans doute l’éco-organisme ayant le taux le plus élevé, n’est pourtant qu’à 12 %. Dans la façon dont la France transpose la directive, un volet répressif est en train de monter en puissance. La loi fait la différence entre les DEEE ménagers (par exemple l’électroménager grand public) et les DEEE professionnels, dont la collecte a démarré plus tardivement. Les pouvoirs publics ont fait évoluer le droit de manière à pouvoir sanctionner les producteurs et distributeurs qui ne remplissent pas leurs obligations. Il y a eu une centaine de mises en demeure et une vingtaine d’amendes infligées à des sociétés qui fabriquent ou importent du matériel électrique et électronique professionnel et qui ne remplissaient pas leurs obligations.

Des projets européens visent à développer de nouveaux business models, qui permettraient de récupérer les métaux qui sont dans les équipements. Le projet WEEE 2020 regroupe aussi bien des universités que des fabricants d’équipements (Digital Europe) ou des métallurgistes comme Umicore. L’ensemble des acteurs amont/aval se rassemble pour inventer de nouveaux business models et créer des technologies innovantes. Il s’agit d’un gros projet qui vise à traiter en Europe les DEEE et les transformer en matières premières secondaires pour ce qui est métallique.

marche, qui ne plaisent plus car ils sont passés de mode, ont encore plusieurs vies devant eux dans des pays à niveau de vie plus faible. Un bon exemple de changement rapide de comportement sociétal est celui du téléphone portable revendu d’occasion et passant de main en main avec le développement d’une économie de la réparation et de la revente en très peu d’années. Le public a évolué plus vite là-dessus que les autorités. Qui du public ou de la réglementation est à l’origine des évolutions ? « La réglementation est un processus assez classique, estime pour sa part Hervé Grimaud, directeur général de Récylum : des militants sonneurs d’alarme finissent par faire bouger le législateur et les pratiques du marché. On passe d’une impulsion militante à une impulsion réglementaire puis à une appropriation du marché. » À cet égard, la directive relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques, qui s’inscrit dans une démarche beaucoup plus globale au niveau européen, de gestion des déchets et d’économie circulaire, poursuit une démarche qui a modifié les pratiques il y a plus de vingt ans avec les ampoules, les piles et les accumulateurs. La directive européenne publiée à l’été 2012 et transposée en droit français en 2014 contient deux volets : celui relatif à la dépollution des matières dangereuses, puis l’économie circulaire et

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Métiers

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3 questions à

Hervé Grimaud, directeur de Récylum Récylum, n’est-ce que les lampes ? Non, Récylum c’est aussi les équipements électriques professionnels. Depuis 2009, nous avons lancé une filière de collecte et recyclage de DEEE du bâtiment, principalement. En 2012, notre action s’est étendue aux DEEE de l’industrie (automatismes, instrumentation de contrôle et surveillance) et du médical : de l’IRM au pousseseringue, en passant par le lit médicalisé électrique. Nous avons là une action qui vise à faire tourner tous les maillons de l’économie circulaire à la même vitesse. L’économie circulaire a entre autres pour objet de faire que les matières premières extraites des sous-sols pour fabriquer des produits soient extraites des déchets générés puis réintroduites dans la fabrication de nouveaux produits. Globalement, si l’on veut entrer dans une économie circulaire qui fonctionne, il faut que les fabricants aient l’assurance d’être approvisionnés régulièrement en matières secondaires de qualité. Pour cela, il faut collecter d’importantes quantités de déchets. Sous l’impulsion réglementaire des DEEE, la collecte des déchets a beaucoup été poussée. Maintenant, nous avons besoin de développer la réutilisation des matières secondaires, notamment les plastiques. Une de nos actions aujourd’hui a pour objet de développer des technologies qui permettent de démanteler ces équipements, d’isoler les parties plastique et de les trier avec une finesse qui permette de faire des lots de qualité homogène. La difficulté réside dans le foisonnement de plastiques de compositions très variées. Il y a un gros travail des

opérateurs de traitement pour développer des capacités techniques de tri automatique assez fines. Encore faut-il que les fabricants acceptent d’intégrer dans la fabrication de leurs équipements des matières plastique secondaires. C’est une des missions des éco-organismes que de susciter et accompagner cette évolution des pratiques industrielles. Le périmètre d’action de Récylum s’est élargi au fil des années. Avez-vous vocation à traiter tous les DEEE ? Les pouvoirs publics ont divisé les déchets électriques en déchets ménagers et professionnels. De chaque côté, il y a des sous-familles. Récylum s’occupe des lampes et des équipements électriques du bâtiment, de l’industrie et du médical. Les éco-organismes sont créés et gérés par les fabricants de matériel électrique et électronique. Les fabricants de matériel informatique se retrouvent plutôt chez notre confrère Ecologic. Les fabricants d’électroménager au sens large se retrouvent plutôt au sein d’Eco-systèmes. Avez-vous un message pour la filière en 2015 ? Oui, deux messages. Aux producteurs, je dirais : attention à ceux qui ont rempli jusque-là leurs obligations a minima. Les pouvoirs publics ont durci le ton. Des sanctions tombent. Soyez donc attentifs à bien remplir vos obligations, soit en montant une filière individuelle, c’est-à-dire en collectant chez vos clients – 45 % des équipements vendus d’ici 2016 – ou en rejoignant un éco-organisme qui assurera cette mission pour vous. Si vous êtes détenteur d’équipements électriques usagés, soyez attentif à ne pas les considérer comme de la banale ferraille, car ils nécessitent une dépollution et un recyclage adapté.

... plus particulièrement le recyclage. Sur vers un autre, en fonction de conflits la dynamique des DEEE, on est passé d’une impulsion militante il y a une quinzaine d’années à une impulsion réglementaire en 2003, avec la première directive DEEE, révisée en 2012. Nous sommes en train de rentrer aujourd’hui timidement dans une appropriation du marché. Marché international et trafic de déchets L’économie circulaire étant une dynamique globale d’efficacité des ressources, il ne s’agit pas seulement d’obtenir des matières premières à coût abordable : la raréfaction des matières premières la rend également utile. Conjoncturellement, la pression économique peut se déplacer d’un produit

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géopolitiques, d’accroissement de la demande ou d’intérêts géostratégiques. Aujourd’hui, les brokers peuvent acheter et revendre des DEEE partout dans le monde. Des fractions métalliques de DEEE achetées en Allemagne peuvent, par exemple, être revendues en Chine. « Si l’on souhaite conserver ces flux en Europe, cela revient à interdire leur exportation, ce qui va à l’encontre des principes de l’Organisation mondiale du commerce », souligne Catherine Jagu à ce sujet. Cela pose des questions car il n’y a pas que des trafiquants sur ce marché. Comment dès lors capter les flux de métaux précieux et critiques sans entraver le commerce et la libre concurrence ? Sans doute à travers une

filière de collecte organisée et efficace qui favorise un traitement de proximité des déchets, permettant ainsi à notre industrie locale de bénéficier d’un accès équitable aux matières premières issues du recyclage. Dans la pratique, comment fonctionne un circuit vertueux ? Les équipements électriques sont dépollués des substances dangereuses. Ensuite, il y a plusieurs possibilités technologiques : broyage ou déchiquetage, séparation des matières, chimie ou métallurgie. La première difficulté technologique provient du mélange de métaux et de plastiques. Dans certains cas, on peut directement passer en métallurgie sans étape de broyage et tri, dans d’autres non. Plus il y a d’étapes intermédiaires, plus cela coûte cher.


Métiers

Les dossiers du mois

Zone de tri de déchets.

En 2007, Récylum a initié un programme avec Rhodia – aujourd’hui Solvay – pour récupérer les terres rares contenues dans les poudres fluorescentes. À l’époque, la démarche relevait de l’impulsion réglementaire. À ce moment, la Chine avait imposé des quotas sur l’exportation de ces terres rares, tout en étant très majoritairement productrice de ces terres. Pour les fabricants de lampes, l’accès à ces terres rares était devenu impossible du fait de leur prix élevé. L’action de Récylum avec Rhodia a permis à des fabricants de lampes en Europe de continuer à s’approvisionner en terres rares dans des conditions acceptables.

© Nantet

Le recyclage des lampes, vecteur d’économie circulaire

Les lampes, ce sont aussi du verre, réintroduit dans le processus de fabrication et très majoritairement renvoyé dans les usines qui fabriquent des tubes fluorescents en Europe. Réutiliser du verre pour faire du verre contribue à réaliser des économies d’énergie. C’est une logique complète d’économie circulaire, le verre représentant plus de

AVIS d’expert

Erwann Fangeat, ingénieur à l’ADEME, expert DEEE

« Il faut développer de nouveaux canaux de collecte. » « À l’ADEME, nous avons une action d’information, de mesure et de suivi de la filière, ainsi qu’une mission d’appui du ministère, notamment sur les aspects réglementaires. Nous tenons un inventaire régulier des sites de traitement, nous menons des études. À propos du gisement des DEEE et de leur destination, le ménager et le professionnel ont été étudiés. D’autres études sont menées avec les fédérations professionnelles (Gifam, Simavelec). Nous essayons d’évaluer la durée de vie des équipements, ou encore l’attitude des consommateurs face à une panne. Deux études sont en cours avec le Gifam, l’une sur la faisabilité d’une filière de réemploi de pièces détachées, et l’autre comportant des ateliers d’autoréparation. Le consommateur peut arriver avec son équipement et avoir accès à des outils pour réparer lui-même. Sur le sujet, un atelier sera inauguré le 4 juin 2015 à Limoges.

Sur le plan réglementaire, la nouvelle directive est bien plus ambitieuse. La filière DEEE est à un vrai carrefour puisque les tonnages collectés devront être doublés d’ici 2019. Il faut développer de nouveaux canaux de collecte, par exemple en milieu urbain, où les déchetteries sont souvent rares. Le développement d’opérations de collecte chez l’habitant est une piste intéressante. Dans le XIe arrondissement de Paris, Emmaüs et Eco-Systèmes viennent récupérer directement chez l’habitant. Autre exemple, la collecte en entreprise, qui va faire face à une demande croissante. Troisième piste, la collecte chez les ferrailleurs et les broyeurs. Environ 200 000 tonnes de DEEE arrivent directement chez eux sans transiter par la filière réglementaire, esquivant parfois des phases de dépollution pourtant obligatoires. Les éco-organismes ont pour objectif de prendre en charge la dépollution et d’assurer la traçabilité nécessaire.

90 % du poids des lampes. Par ailleurs, il s’agit de l’équipement électrique qui se recycle le mieux actuellement. La nécessaire prise de conscience du grand public et des filières Avec la crise, le grand public a commencé à faire de son côté de l’achatrevente. Une nouvelle économie s’est donc déjà mise en place, avec un marché d’occasion très important sur des sites comme leboncoin.fr. Cela concerne également l’électronique, et certains grands distributeurs comme la FNAC se sont impliqués pour revendre des téléphones d’occasion. « Des avancées réglementaires permettraient de faire bouger les choses plus rapidement en faveur de l’économie circulaire, mais la France n’avance pas sur des sujets aussi importants que l’interdiction d’enfouissement ou la sortie du statut de déchet. Aujourd’hui, on enfouit encore des équipements qui contiennent des métaux », regrette Catherine Jagu.  Aymeric Bourdin

Information Les 2e Assises de l’économie circulaire Quand : 16 et 17 juin 2015 Où : Maison de la Chimie, 28, rue Saint-Dominique, Paris 7e Publics : Acteurs publics et privés Organisateurs : ADEME et Institut de l’économie circulaire.

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Les dossiers du mois

énergies renouvelables

PHOTOVOLTAïQUE

L’autoconsommation va-t-elle (enfin) se développer en France ?

P

our autoconsommer, l’installation photovoltaïque sera connectée soit uniquement à l’installation électrique du consommateur, soit en partage entre cette installation électrique et le réseau local du distributeur. Hormis les sites isolés non raccordés au réseau, l’autoconsommation est encore très peu développée en France, mais aujourd’hui elle revient sur le devant de la scène : groupes de travail et rapports des professionnels et des pouvoirs publics sur le cadre législatif et réglementaire, offre de produits et services adaptés par des entreprises qui voient là un moyen de développer une filière en difficulté, une loi sur la

© Solardis

L’autoconsommation/ autoproduction consiste à produire sur son bâtiment tout ou partie de l’électricité que l’on va consommer. Si elle est encore très peu développée en France contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne, il y a aujourd’hui une volonté des professionnels et des pouvoirs publics de développer cette solution dans un marché qui reste difficile. transition énergétique qui devrait aller dans le bon sens. Mais aussi des réalisations qui montrent que le sujet n’est pas théorique même si ces réalisations doivent être mesurées d’un point de vue économique et financier.

Cette nouvelle école de Montpellier est alimentée par des panneaux PV sur son toit et produit 10 % d'électricité de plus que sa consommation (bâtiment Bepos).

Un contexte plutôt favorable Le premier élément favorable est la baisse continue des coûts des équipements (panneaux, onduleurs, coffrets) par un effet combiné des volumes en forte augmentation, en particulier hors d’Europe, et de l’innovation (augmentation des rendements, procédés plus efficaces, réduction des matériaux). Philippe Malbranche, directeur général

de l’INES, estime ce facteur de progrès à 20 % sur la courbe d’expérience, certains systémiers étant passés au-dessous de 1 e/W : 0,8 à 1 e/W pour les grandes centrales, 1,2 à 1,8 e/W pour les toitures commerciales et 3 à 4 e/W pour le résidentiel individuel intégré au bâti. Ainsi, le prix de l’électricité solaire est en dessous de 0,1 e/kWh en Europe du Sud pour les grandes centrales, et

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énergies renouvelables

... Philippe Malbranche voit ce prix passer et des nouveaux usages : baisse du coût au-dessous de 0,05 e/kWh dans la prochaine décennie. Dans le même temps, on assiste à une hausse des prix de vente de l’électricité dans tous les pays européens, même si la France conserve des prix relativement bas, beaucoup des prix du kWh dépassant 20 ce. On s’approche donc de plus en plus de cette « parité réseau », c'està-dire lorsque le prix du kWh solaire sera inférieur au prix du kWh distribué. Comme le confirme Richard Loyen, délégué général du syndicat professionnel Enerplan, « cette parité est déjà atteinte pour certains segments dans le sud de la France et elle va progresser sur tous les segments jusqu’au nord de la France ; le prix du kWh solaire baisse tandis que celui du kWh distribué est de plus en plus élevé. Et la fin du tarif réglementé pour les puissances > 36 kW au 01/01/2016 va dans ce sens. On peut viser à moyen terme (2025) une parité réseau de l’électricité solaire incluant le stockage ». L’autoconsommation locale de cette électricité est aussi en phase avec le développement du véhicule électrique

des batteries de stockage du fait de l’augmentation de la production pour le véhicule électrique, utilisation de l’électricité PV pour la recharge du véhicule électrique (ombrières), mais surtout développement des éco-quartiers mixant différents usages et différents profils de consommation (résidentiel et tertiaire/industriel). Des modèles rapprochant production et consommation devraient se développer à l’échelle d’un immeuble ou d’un quartier (bâtiments Bepos à énergie positive), voire d’un territoire. L’autoconsommation devrait rentrer dans ce schéma associant production photovoltaïque, gestion intelligente de la demande, foisonnement des besoins et si nécessaire stockage. Pour Bruno Lechevin, président de l’ADEME, lors d’un colloque du SER, « si l’autoconsommation est une bonne idée, c’est, me semble-t-il aussi, une belle idée car apte à susciter l’adhésion voire l’enthousiasme de nos concitoyens à une époque où les circuits courts, la production et la consommation locales sont de plus en plus plébiscités ».

Opportunités sur le marché allemand de 2009 à 2014 du fait de l'autoconsommation.

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Les dossiers du mois

Le retour d’expérience de l’Allemagne En Allemagne l’autoconsommation a bénéficié entre 2009 et mars 2012 d’un soutien qui valorisait, pour les installations de moins de 500 kWc, la part de production autoconsommée à différents tarifs selon le taux d’autoconsommation. Et cela pour encourager la diminution de l’injection de cette production sur le réseau et résoudre des problèmes techniques rencontrés par ce réseau dans certaines régions. En avril 2012, cette politique de soutien a été modifiée en ne conservant qu’une seule formule : autoconsommation et vente du surplus limités à 90 % de la production. Comme l’explique Sven Rösner, directeur adjoint de l’Office franco-allemand pour les énergies renouvelables, « il est aussi possible d’avoir une consommation directe par des tiers, à proximité directe de l’installation, sans passer par le réseau électrique, cette électricité consommée devant être rétribuée : vente à son voisin ou aux locataires d’un immeuble par un bailleur social, par exemple ». Cette option est rentable du fait de l’exemption de certaines taxes ou redevances.


énergies renouvelables

Les dossiers du mois

1 200 panneaux de 250 W sont installés sur les toits des bâtiments de Alpes Coop Fruits dans les Hautes-Alpes.

Pour Sven Rösner, « il y a un véritable engagement des citoyens et des entreprises, une incitation économique et un facteur sociologique pour l’autoconsommation, avec comme résultat un relais de croissance pour l’industrie photovoltaïque allemande ». La part des installations autoconsommant une partie de leur production est importante : - 95 % pour P < 10 kW ; - 85 % pour 10 < P < 40 kW ; - 70 % pour 40 < P < 1 000 kW ; - 2 % pour P > 1 000 kW. En 2009, ces pourcentages étaient inférieurs à 7 %, la politique d’incitation à l’autoconsommation a donc bien porté ses fruits même si elle n’a pas résolu le problème de la puissance de raccordement pour la pointe de consommation en hiver. Mais l’autoconsommation est vraiment en Allemagne un élément très important du programme énergétique, avec un engagement des citoyens en faveur des énergies renouvelables.

© JP TOMAS

Les solutions techniques sont disponibles Du fait du développement depuis 2009 de ce marché allemand, mais aussi du marché italien, les constructeurs ont rapidement proposé des solutions adaptées en particulier pour la gestion de l’énergie produite et consommée. En effet, les habitudes de consommation ne sont pas

RÉALISATION

Jean-Pierre Tomas, président SAS J.-P. Tomas Consulting Ingéniérie, conseil-assistance, maîtrise d’ouvrage La coopérative agricole Alpes Coop Fruits, implantée dans les HautesAlpes, assure le stockage, conditionnement et commercialisation de 20 000 t de fruits par an et occupe une surface de 6 000 m2 dont 2 500 m2 d’entrepôt frigorifique et 3 000 m2 de conditionnement. La consommation électrique se répartit en : - 710 600 kWh pour 7 chambres froides ; - 328 200 kWh pour les lignes de calibrage/ensachage ; - 55 000 kWh pour les bureaux, éclairage, VMC. Nous avons proposé à la coopérative d’équiper la toiture du bâtiment de 1 200 panneaux solaires de 250 Wc. La production de 400 panneaux (100 kWc) est affectée à la revente à EDF, celle de 800 panneaux est autoconsommée sur place. La production annuelle s’élève à 337 000 kWh soit environ 30 % de

la consommation annuelle du site. Le bilan financier est très favorable : la partie « revente » permettant de cofinancer la partie autoconsommation : - la vente de 1/3 de la production va générer des revenus de 21 465 €/an, soit 429 300 € sur 20 ans. - la production des 800 panneaux est autoconsommée et les 224 666 kWh ainsi produits génèrent des économies estimées à 24 300 € au tarif actuel, soit 486 000 € sur 20 ans ; - le projet a bénéficié d’une subvention Agir de la région Paca de 124 145 € ; - l’investissement total de l’installation a été de 490 050 €. Cette centrale est bien adaptée avec des courbes de consommation et de production assez proches : - taux d’autoconsommation des 200 kWc : 100 % ; - taux d’autoproduction des 300 kWc : 30 %.

toujours adaptées à l’autoconsommation. Pour le résidentiel, ce sera de faire marcher son électroménager et aussi la production d’eau chaude sanitaire en journée plutôt que la nuit. Un constructeur comme SMA, avec l’expérience du marché allemand, propose un coffret Sunny Home Manager qui va assurer le pilotage des appareils électriques en fonction de leur consommation et de la production PV réelle. Pour David Lawson, directeur marketing de SMA France, « cela permet d’augmenter de 15 % l’autoconsommation par pilotage automatique ou manuel des appareils (prises radiocontrôlées). Ce taux peut encore être augmenté de 15 % avec un stockage intermédiaire dans un coffret batterie li-ion de 2 kWh optimisé pour une installation en toiture de 5 kW ». De son côté, Fronius va livrer dès juin 2015 son Fronius Energy Package 3 à 5 kW équipé d’une batterie lithium fer phosphate de longue durée de vie et avec une recharge courte. La capacité de stockage peut aller jusqu’à 9,6 kWh. Des solutions d’autoconsommation existent aussi pour de petites puissances de 250 W à 1 kW pour couvrir la consommation de base d’une maison ou résidence avec une installation simple en façade. Cet ensemble panneaux-onduleur est alors relié à l’installation électrique du bâtiment et sa production absorbée par les appareils fonctionnant en continu ou en veille (VMC, box Internet, congélateur, pompe de piscine…). Un premier pas vers l’autoconsommation.

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énergies renouvelables

Les dossiers du mois

à l’autoconsommation reste encore peu rentable en France du fait du coût des batteries, l’expérimentation menée par l’INES dans le cadre d’un projet francoallemand avec l’ensemble Sol-ION incluant des batteries li-ion et un onduleur 5 kW a montré que, sur 88 maisons en Corse, le pourcentage d’autoconsommation a plus que doublé, passant de 30 à 60-70 % suivant le nombre de batteries. D’où le développement d’offres de stockage comme l’armoire Billy de Technideal intégrant onduleur et batterie li-ion ou plomb. Cette société française a signé avec le constructeur breton d’onduleurs Imeon Energy un contrat de 1,5 MW de solutions « plug and play » pour les DOM-TOM. C’est dans ces îles que la production PV avec autoconsommation et stockage pour le résidentiel se développe le plus du fait de l’ensoleillement, mais surtout du coût élevé du kWh produit par des centrales thermiques polluantes. Dans ces territoires, la parité réseau est déjà atteinte et il faut plutôt gérer l’injection sur le réseau d’une production qui peut dépasser la barre des 30 % fixée par le distributeur. Forsee Power, autre PME 100 % française, a été choisie par Sunzil pour livrer 65 systèmes de stockage résidentiel pour La Martinique dans le cadre du programme pilote européen « Sun Stockage » ; la Martinique ayant pour ambition d’être autonome en énergie en 2050. Il semble bien que pour le résidentiel les premiers marchés apparaîtront dans ces ZNI (Zones non intercon-

© Enerplan

... Même si l’utilisation du stockage associé Progression dans la parité réseau pour la France

Progression de la parité suivant le type d'installation et la production annuelle d'électricité.

nectées) que sont les îles après des expérimentations passées telles que les projets Millener ou Pegase. Autoconsommation dans le tertiaire et l’industriel Alors que dans le résidentiel le profil de consommation est peu adapté au profil de production et rend difficile un dépassement du seuil de 30 % d’autoconsommation (sans stockage), le profil des consommateurs industriels/tertiaires est bien plus proche de la courbe de production et devrait permettre d’atteindre 70 %, en particulier en présence d’équi-

Rapport de la DGEC de février 2015 Après plus d’un an de travail, un groupe rassemblant plus de 40 organisations dont l’objectif était de caractériser les enjeux et opportunités soulevés par l’autoconsommation, d’identifier les différents types d’autoconsommateur/autoproducteur y compris dans les ZNI et d’étudier la rémunération et l’architecture d’un dispositif de soutien, a rendu son rapport en février 2015. Quelques recommandations : - expérimenter un dispositif de soutien pour des installations tertiaire/industriel > 100 kWc dans le cadre d’un appel à projet et expérimenter sur un volume limité un système de prime à l’énergie autoconsommée pour P < 100 kWc ; - mettre en place une expérimentation au niveau d’îlots urbains ; - soutenir le développement dans les ZNI ; - prévoir un dispositif spécifique pour le résidentiel diffus : recommandation d’une prestation globale standardisée ; - porter une attention particulière aux conditions et financement des installations dans la perspective du déploiement massif de ce modèle en substitution du dispositif actuel. Le rapport complet est disponible sur le site du ministère www.developpement-durable.gouv.fr

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pements de production de froid ou de machines (supermarchés, entrepôts). Et, pour ces bâtiments, l’espace est souvent disponible en toiture ou en façade (voir l’exemple d’Alpes Coop Fruits). Pour Richard Loyen, « ces établissements ont un bon profil avec des consommations diurnes régulières, comme pour les îlots urbains et quartiers avec leur foisonnement de consommations électriques diurnes ». Et de citer les réalisations du Syndicat intercommunal d’assainissement de Rennes (35) pour alimenter les machines de la station d’épuration, le Carlit Hôtel à Font-Romeu (66) pour alimenter les besoins de l’hôtel (44,8 kWc), la plate-forme logistique de Biocoop à Mélesse (35). Pour les professionnels, l’autoproduction et l’autoconsommation sont à encourager en priorité dans les secteurs tertiaires en favorisant les démarches répondant à une logique collective plutôt qu’individuelle et en mettant en place un dispositif de soutien. Des recommandations que l’on retrouve dans l’épais « Rapport sur l’autoconsommation et l’autoproduction de l’énergie renouvelable » de la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat), publié en février 2015, mais dont les propositions risquent bien de ne voir le jour qu’en 2016 [voir encadré]. Jean-Paul Beaudet



PERFORMANCE éNERGéTIQUE

DATACENTERS

Une alimentation sécurisée indispensable pour assurer la continuité de service Les entreprises, petites ou grandes, publiques ou privées, dépendent de plus en plus de la nécessité de garantir un haut niveau de disponibilité pour leur centre informatique ou datacenter. Or la disponibilité, mais aussi la sécurité d’un datacenter, repose pour une grande part sur son alimentation électrique et celle-ci doit être en conséquence hautement sécurisée. Les ASI (Alimentations statiques sans interruption), ou onduleurs, associées à des groupes électrogènes restent essentielles, mais leur technologie et leurs caractéristiques évoluent pour suivre les besoins des utilisateurs.

A

teurs Internet ou de télécommunications. Et dans le même temps la durée moyenne de coupure annuelle de l’alimentation électrique reste élevée en France, selon les statistiques d’ErDF, et aurait atteint 66 minutes en 2014. Dans ces conditions, l’installation d’onduleurs avec leur stockage d’énergie associés à des groupes électrogènes © DR

vec le développement du « cloud computing », du big data et de la virtualisation, mais aussi des réseaux sociaux ou de l’utilisation croissante d’Internet, le coût d’un arrêt ou d’une perturbation augmente fortement et va souvent se doubler d’une perte d’image pour la société lorsque cela affecte des opéra-

pour les installations les plus importantes reste la règle, mais ces équipements doivent être intégrés dans une distribution électrique sécurisée de l’arrivée du distributeur d’électricité à l’entrée dans les équipements informatiques (serveurs, baies) et l’alimentation des installations vitales de refroidissement et de sécurité (incendie, contrôle d’accès, supervision). Définir la solution d’énergie sécurisée la mieux adaptée à ses besoins Il n’existe pas une solution universelle mais des approches spécifiques en fonction des besoins des applications en termes de disponibilité, d’évolution prévisible dans le temps de la puissance, de la réglementation ou de la politique de maintenance. Ces solutions seront différentes s’il s’agit de la rénovation d’un datacenter ou d’un bâtiment neuf, sans oublier les questions de budget. L’utilisation de la redondance et la conception d’installations électriques résilientes constituent des principes de

Groupes électrogènes de 2 800 kVA installés dans des conteneurs refroidis sur le toit d'un bâtiment se 13 étages de la City à Londres.

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PERFORMANCE éNERGéTIQUE

base. Pour cela, les bureaux d’études et concepteurs se réfèrent généralement à la classification des installations en niveaux TIER 1 à 4 et/ou à la norme de l’ANSI TIA 942. Aujourd’hui, la plupart des datacenters d’entreprise ou de colocation sont réalisés en TIER 3 ou 4, le TIER 4 donnant une indisponibilité potentielle de 24 minutes par an, mais avec beaucoup d’éléments d’infrastructure doublés ou tolérants aux pannes. Pour Pascal Perrin, Group Business Developer Datacenter de Legrand, « les facteurs à considérer pour assurer la continuité de service sont multiples : MTTR (temps moyen de réparation), flexibilité et modularité des installations, viabilité du facteur humain, maintenabilité… Cependant le choix d’une architecture fonction du niveau de criticité et de tolérance de panne souhaité reste un choix majeur ». Quelques exemples de « bonnes pratiques » :

- des tableaux MT et BT spécifiés et testés de façon à garantir les niveaux de disponibilité et de maintenabilité quelle que soit la phase du cycle de vie ; - de l’appareillage de commande et de protection intégrant des possibilités de mesure et de communication ; - des canalisations électriques préfabriquées ; - une architecture de contrôle et de monitoring associée à celle de la distribution de puissance ; - une étude de sélectivité et des réglages pour toutes les protections MT et BT des tableaux et armoires pour toutes les configurations d’alimentation : réseau, onduleurs, groupes électrogènes. Onduleurs : modularité, redondance et efficacité énergétique Les dernières générations d’ASI triphasées mises sur le marché par les principaux constructeurs en 2014 et début 2015 mettent à profit l’évolution des

composants de puissance et la mise au point de nouveaux schémas électroniques pour proposer des équipements moins encombrants, avec des rendements plus élevés, y compris à faible charge (ce qui est souvent le cas lors de la phase de démarrage d’un datacenter), une communication plus complète pour s’intégrer dans tous les types de gestion du bâtiment ou les logiciels de DCIM (Datacenter Infrastructure Management), plus faciles à installer et à maintenir. Pour Patrick Bois, Business Development Director IT Business de Schneider Electric, « cela fait partie des bénéfices client apportés par la nouvelle gamme Galaxy VM grâce à son nouveau schéma breveté de convertisseur à 4 niveaux : rendement de 96,5 % dès 25 % de charge en mode double conversion et 99 % en mode ECOnversion TM avec correction des harmoniques, offre de batterie modulaire, large plage de tension d’entrée,

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PERFORMANCE éNERGéTIQUE

... communication Ethernet-modbus ou tème IEMi (Intelligent Energy Mana- exploitation grâce à un banc de charge/ Jbus ». Pour Jean-Marie Demarty, directeur général de Riello UPS France, « Riello a choisi la modularité pour sa nouvelle gamme Multipower avec des armoires pouvant contenir jusqu’à 7 modules de 42 kW, quatre de ces ASI pouvant être mises en parallèle pour atteindre 1MW de puissance avec une redondance. Ces onduleurs sont également disponibles avec des armoires de batteries modulaires pouvant contenir jusqu’à 9 packs de batteries avec un système de contrôle pour surveiller l’état de chaque module ». Cette évolution, nécessaire très souvent pour les salles d’hébergeurs qui vont peu à peu compléter leurs baies et leurs travées, peut aussi se faire en ajoutant des modules complets en parallèle avec les équipements existants. Une solution qui peut être proposée avec une gestion intelligente des modules telle que le sys-

gement Integrated) de GE Industrial Solutions, en utilisant ces modules de manière dynamique pour optimiser le rendement. Eaton a de son côté développé la technologie Hot Sync pour partager la charge d’une façon efficace et fiable entre les unités de puissance. Les batteries qui vont assurer une autonomie de plusieurs minutes doivent aussi être choisies avec soin, et il est important de suivre ces batteries pendant tout leur cycle de vie pour évaluer leur état et détecter une défaillance. C’est l’objectif du « Programme d’optimisation batterie » d’Emerson Network Power qui, par une combinaison personnalisée de tests de décharge et de tests de résistance interne, permet d’évaluer l’état de la batterie et ses besoins d’entretien. Les ASI, batteries et groupes électrogènes, ont également besoin d’être testés avant mise en service, mais aussi régulièrement en

décharge. Pour Emmanuel Bour, directeur général de Rentaload, un spécialiste français de ces charges mobiles, « il est important de simuler le comportement de ces équipements, mais aussi de simuler la charge réelle des futurs serveurs pour tester directement les moyens de climatisation. Rentaload a ainsi développé des bancs de charge rackables de 7 kW mono et 11 kW tri s’intégrant dans les baies 19’’ pour les tests de climatisation et tests électriques ». Les groupes électrogènes vont prendre le relais en cas de coupure longue Les ASI et leurs batteries vont assurer en cas de coupure l’alimentation du datacenter, mais pour des raisons de coût et d’encombrement cette autonomie ne dépassera pas 5 à 30 minutes. À partir d’un temps prédéfini, les groupes électrogènes prendront le relais pour des durées qui peuvent atteindre 48 à 72 heures. Xavier Manceau, directeur commercial de SDMO, donne l’exemple d’un datacenter ultrasécurisé dans une banque en Angleterre : « Le site dispose d’une redondance 2x (N+1) avec deux demicentrales composées de 4 jeux de barres de 2 groupes interconnectés par des disjoncteurs motorisés. La puissance installée de 16x2000 kVA est 2,5 fois la puissance totale requise. Ces groupes, comme c’est souvent le cas pour plus de flexibilité, sont installés en conteneurs insonorisés à l’extérieur. » Pour les groupes, la communication est aussi importante avec des systèmes de contrôle-commande et une supervision depuis une tablette, un smartphone ou un ordinateur, comme le système APM 802 de SDMO. Pour le classement TIER 3 ou 4, chaque groupe doit avoir des équipements auxiliaires redondants. DCIM : pour optimiser l’efficacité énergétique et la disponibilité Le DCIM (Datacenter Information Management) est un outil global de pilotage pour la gestion des capacités et la prise de décisions pour atteindre la meilleure efficacité en maîtrisant l’espace informatique avec des alertes et des alarmes pour l’alimentation

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PERFORMANCE éNERGéTIQUE

sécurisée et la climatisation. Ces solutions DCIM permettent par exemple d’identifier au niveau des alimentations les équipements non redondants avant la maintenance d’une chaîne électrique. Une partie des informations traitées viennent des prises « intelligentes » dans les baies de serveurs sur les PDU (Power Distribution Units). Cela va éviter par exemple de perdre un rack serveur lorsqu’un administrateur informatique surcharge par inadvertance une barrette d’alimentation qui était à son maximum. En effet, rien ne sert d’avoir une alimentation sécurisée si la panne se produit à l’entrée du serveur pour une simple surcharge d’une protection. Ne pas oublier quelques bonnes pratiques pour un site sensible Patrick Bois donne « quelques bonnes pratiques pour ces sites sensibles » : - concevoir l’architecture électrique et

dimensionner les installations en intégrant les besoins de demain ; - permettre la maintenance et les essais sans perturber le process ; - disposer des ressources en personnel, internes et externes, performantes ;

- se préparer à une gestion de crise électrique par des exercices et des entraînements ; - assurer la traçabilité des événements. Car, en cas de crise, le facteur humain reste très important dans ces installations comJean-Paul Beaudet plexes ». 

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ÉVÉNEMENT

GTB et régulation

L’ACR présente les résultats 2014 et perspectives 2015

L

e syndicat ACR (Automatismes du génie climatique et de la régulation) a dressé un bilan plutôt positif de son marché pour 2014, en très léger recul par rapport à l’année précédente (– 0,4 %), recul à tempérer dans un contexte économique morose. Un contexte réglementaire en évolution Pour Jean Daniel-Napar, président de l’ACR, « la filière se prépare pour les changements réglementaires à venir induits par » : • La loi de transition énergétique, qui fixe un certain nombre d’objectifs à atteindre, tels que la diminution de moitié de la consommation énergétique des bâtiments d’ici 2050 et la rénovation de 500 000 logements par an. La loi consacre son Titre II au bâtiment et propose d’agir notamment par la « Maîtrise de la consommation par des outils d’aide à la gestion active de l’énergie ». Un autre frein à l’installation de systèmes de gestion active de l’énergie devrait être levé grâce à la pérennisation du concept de tiers financement par des sociétés publiques. La loi donnera lieu également au déploiement de compteurs individuels de chaleur dans les immeubles et de compteurs intelligents d’électricité. • Les directives européennes pour 2015 et années suivantes, relatives à la performance énergétique des bâtiments, à l’éco-conception (Ecodesign) et à l’étiquetage des produits. Cet étiquetage,

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qui sera présent sur les packages des équipements, comprendra 8 classes différentes renseignant sur la performance énergétique des produits. • La RT 2020, qui, comme on le sait maintenant, s’appellera « RBR 2020 » et intégrera de multiples nouveaux indicateurs à prendre en compte (qualité de l’air, effacement énergétique, gestion de la puissance...). La RT 2012 subira, quant à elle, des modifications aux alentours de 2017/2018 portées par la directive européenne de performance énergétique des bâtiments. Elle intégrera 3 nouveaux indicateurs à savoir le contenu en CO2, l’utilisation d’EnR, la considération du cycle de vie des bâtiments. Ainsi, la filière régulation et GTB doit concentrer ses efforts sur la rénovation des bâtiments existants, la réduction des émissions de CO2, les EnR, la gestion active de l’énergie (smart grid, smart building, smart metering…) et sur les bâtiments à énergie positive. Le volet des équipements de régulation est en baisse de – 0,7 %, baisse induite par les équipements de chauffage individuel et collectif (– 2 %), principalement liée aux régressions du chauffage électrique dans le résidentiel neuf et des thermostats d’ambiance pour le chauf-

fage à eau chaude. Les bâtiments existants ont tendance à garder leur chauffage électrique, et à les améliorer. La sous-famille ventilation/climatisation est, quant Jean-Daniel Napar, à elle, en croisprésident de l’ACR. sance et représente un fort potentiel d’évolution dans les années à venir. « En effet, le traitement de l’air tend à devenir prépondérant, la filière a un vrai rôle à jouer dans la conception de nouvelles solutions techniques », souligne Jean-Daniel Napar. Le volet GTB enregistre une baisse de – 4,5 %. Toutefois, la régression est moins sensible dans les canaux de vente liés aux exploitants et utilisateurs finaux. La mise en place des équipements CVC devient un standard de plus en plus associé à l’installation de systèmes d’éclairage performants et de dispositifs de protection solaire. Enfin, le volet Services est en nette croissance (+ 6.9 %) et ce depuis déjà une période de 6 ans, signe pour l’ACR que les constructeurs gardent la confiance des utilisateurs.

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Quelle croissance observe-t-on dans les différentes activités de la filière ? Quels sont les enjeux et les perspectives 2015 ?

2014, des résultats contrastés par domaines d’activités. Depuis 2009, l’activité de services ne cesse de progresser.


ÉVÉNEMENT

Perspectives 2015 Entre attentions aux différentes évolutions réglementaires, mais aussi aux mutations technologiques déjà lancées, la filière va continuer ses efforts en 2015 notamment pour poursuivre la croissance des services et participer à l’évolution sur la gestion des lotissements de travaux. D’autres challenges seront à relever tels que : • l’optimisation du mix EnR pour les systèmes de chauffage ; • l’évolution des régulateurs et de leurs performances ; • la confidentialité des données pour le thermostat connecté (consentement des personnes à la diffusion de leurs informations – temps d’absence et de présence – et la protection des données). • etc. Pour Jean-Daniel Napar, « tous les efforts et investissements réalisés par la filière ne sont pas vains, et 2015, malgré la conjoncture incertaine, devrait être a minima au niveau de 2014 voire avec une légère croissance. » 

Marché global

Régulation - GTB - Services 15,9 % (+0,6) 60,1 % (+1,2)

2013

24 % (+0,5)

Services Régulation GTB

2014

17 % (+1,1) 60 % (-0,1)

23 % (-1)

Marché de la Régulation Chauffage & Climatisation

2013

62,2 % (-0,5)

37,8 % (+0,6)

Chauffage Climatisation

2014

62 % (-0,2)

38,2 % (+0,4)

Dans un marché du neuf en chute de 30 %, l’amélioration des systèmes existants est porteur de nouveaux projets.

Jean-François Moreau j3e 835 / mai 2015 - www.filiere-3e.fr 47


portrait d’entreprise

Par Olivier Durand

Citel, l’entreprise protectrice

48 j3e 835 / mai 2015 - www.filiere-3e.fr

é

lectrodes, céramique, gaz rares, trois éléments qui sont le cœur de Citel, une PME parisienne qui caracole dans le trio de tête mondial des acteurs de la protection contre les surtensions provoquées par la foudre. Avant d’atteindre les sommets, il aura fallu secouer la belle endormie fondée en 1937. Sa reprise en main en 1976 par la famille Guichard lui donne un coup de fouet, « implantée à Issy-les-Moulineaux, Citel comptait 5 cadres, 50 ouvriers, un client unique qui passait 4 commandes à l’année, et des fuites dans le toit… », se souvient Henri Guichard, le directeur général. Un brin d’audace fut donc nécessaire pour mener à bien la révolution copernicienne, « diversifier l’offre produit et se libérer de la contingence du client unique ». Mais le marché est là, « la foudre qui frappe un million de fois par an en France et provoque 27 % des dégâts occasionnés sur les équipements informatiques, pose la question de la protection des matériels connectés et branchés… d’autant que les conséquences financières, stratégiques et humaines sont potentiellement conséquentes ». Citel domine trois secteurs, les tubes de décharge à gaz rare (si la tension s’élève, le gaz conducteur provoque le court-circuit qui interrompt la course de la foudre) ; le parafoudre (assemblage de sous-ensembles constitués de plusieurs composants destinés à la protection de toutes sortes d’équipements) ; le balisage aérien (lampes qui permettent aux structures en hauteur d’être perçues de nuit, à l’instar de la tour Eiffel équipée par Citel). La classe ! Le site Planetoscope* estime « entre 750 000 et 1,8 million le nombre d'orages déclenchés sur la totalité du

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La foudre, aussi fascinante qu’elle peut être dangereuse, impossible à maîtriser, est même la plupart du temps subie. A contrario d’autres phénomènes météorologiques, aucun bureau de surveillance n’anticipe ses assauts. Les conséquences de ses frappes peuvent être néfastes pour l’intégrité humaine et matérielle, et rares sont les zones dans le monde qui sont épargnées. Si la domestication reste une utopie, se prémunir relève du présent, c’est possible. Citel en a fait son métier et déploie des trésors d’innovations pour protéger ce qui constitue la colonne vertébrale de l’économie mondiale, les réseaux et équipements de télécommunications et d'informatique.

Henri Guichard, directeur général de Citel

globe au cours d'une année entière », ce qui explique pourquoi l’entreprise réalise 80 % de son chiffre d’affaires hors des frontières. La filiale de Miami assure la couverture des deux Amériques, Düsseldorf celle du premier marché européen. La Russie, « marché prometteur malgré la corruption omniprésente », et l’Inde ont complété le réseau international un peu plus tard. En 1992, Citel acquiert la société Claude, un fleuron au savoirfaire technique élevé. Georges Claude, son fondateur, bien qu’associé à la collaboration pendant le dernier conflit mondial, n’en reste pas moins un chercheur et entrepreneur d’envergure. Inventeur des lampes à néon, ses travaux menés sur la liquéfaction de l’air ont favorisé la création d’Air Liquide. En 1995, Citel, qui subit le contrecoup de la chute des investissements dans la téléphonie fixe, se tourne vers la Chine qui continue d’injecter de l’argent dans le secteur. « On s’est battus, le marché certes compliqué nous a laissé notre


Participer au maintien du tissus industriel français est un objectif majeur de la direction. d’accéder au juteux marché de la protection des antennes relais en plein boum. Citel, qui « ne consacrait en 2005 que 2 % de son chiffre d’affaires en R&D, y consacre désormais 10 % ». Des chercheurs issus du CNRS furent recrutés pour le laboratoire de Reims, forge de Vulcain High Tech où scientifiques et techniciens ont le droit de

jouer avec le feu, « tous les tests possibles de surtension peuvent y être menés et à ce jour des recherches sur le déplacement des particules sont en cours. Pour rendre le produit final fiable dans sa conception et son utilisation ». Citel peut se vanter d’avoir obtenu la certification VDE, norme allemande draconienne destinée au marché parafoudre du photovoltaïque, contrairement à ses concurrents germains qui ne la possède pas. Les deux usines qui constituent le dispositif industriel sont complémentaires, Shanghai fournit les grandes quantités, Reims assure le sur mesure. Le site, entré dans le giron de Citel lors de l’achat de Claude, est doté d’une haute cheminée, vestige du passé, sorte de bras levé provocateur à destination de la foudre ! Participer au maintien du tissu industriel français est un objectif majeur de la direction qui explique qu’il n’est cependant « plus question de développer un projet industriel avec un unique fournisseur français qui risquerait de disparaître du jour au lendemain, nous sommes obligés © DR

chance, nous avons pu nouer des relations fructueuses à long terme et, depuis 1998, nous produisons sur place. » Le cru 1998, c’est aussi l’arrivée en Bourse de Citel, deux semaines avant le krach ! L’action prend le bouillon, mais n’entrave pas la marche en avant de l’entreprise qui mise sur le ressort de l’innovation. Jusqu’en 1998, la seule technologie disponible dans le secteur parafoudre est l’« Airgap », qui est susceptible de provoquer des courtscircuits et d’endommager les réseaux. Citel grimpe sur les épaules d’Ericsson pour développer avec le géant suédois la technologie « Varistance Gastube », « robuste, sensible, ce procédé annule les imperfections de l’Airgap », et permet

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portrait d’entreprise

de travailler en binôme avec des partenaires allemands ou chinois ». Les efforts de l’entreprise paient, « la croissance est continue depuis 2007, des chiffres équitablement répartis, notre plus gros client ne représente que 10 % du chiffre d’affaires ». La PME qui dispose des ressources pour répondre à toutes les normes demeure « suffisamment petite pour ne pas être contrainte par trop de procédures, nous veillons notamment à limiter les strates hiérarchiques, deux niveaux seulement entre le directeur du site rémois et les salariés de l’atelier ». Les collaborateurs, justement – 300 dans le monde dont 70 en France –, « sont notre compétence, la promotion interne est privilégiée, ce qui explique que beaucoup d’entre eux ont fait toute leur carrière chez nous, l’expression entreprise familiale a du sens pour nous, en cas de succès tout le monde est concerné et quand il faut se retrousser les manches tout le monde est sur le pont ». Trois vecteurs vont permettre de maintenir Citel sur le podium pour les prochaines années, « la communication, pour prévenir et gommer l’écart de perception non justifié qui existe encore entre nous et nos concurrents allemands réputés plus fiables ». La recherche, avec de nouveaux composants à la clé. La diversification, menée de front par le cadet des frères Guichard, qui a pensé et développé un logiciel capable de générer au quotidien les statistiques de chacune des filiales du groupe Citel, « un produit que nous souhaitons pouvoir proposer à nos clients ».  @oliver.durand * Planetoscope recense des données mondiales en temps réel sur le climat et l’environnement.

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LE PLUS LU SUR www.filiere-3e.fr Le 22/04/2015 par Mailys Kerhoas

L’énergie solaire prend sa revanche sur l’énergie fossile L’énergie solaire sera bientôt moins chère que l’énergie fossile. Dans une pièce secrète connue sous le nom de Growth Hall, à Bedford, dans le Massachussetts, des scientifiques travaillent sur une idée innovante. Le silicium est utilisé pour la fabrication de circuits intégrés dans la conception des panneaux solaires. Une nouvelle méthode de fabrication de ces wafers a vu le jour et tiendrait tête au gaspillage. En effet, la moitié des lingots de silicium sont perdus en sciure.

L'

idée serait de faire fondre la matière dans un four spécial à plus de 2 500 °C puis de le refondre en deux wafers fins. La perte serait réduite et le coût aussi avec une baisse de 20 % pour le silicium polycristallin. 1366 Technologies voudrait pouvoir commercialiser cette idée d’ici l’année prochaine. Son PDG, Frank van Mierlo, assure que cela permettra de « rendre l’énergie solaire aussi bon marché que le charbon et de changer radicalement la façon dont nous consommons l’énergie ».

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L’énergie renouvelable coûte trop cher ? Un stéréotype bientôt erroné Face au nucléaire et aux énergies fossiles, les énergies renouvelables ont su

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s’affirmer. Elles rivalisent maintenant avec le prix de vente au détail du kilowattheure. « Quand on regarde les prix vers lesquels on va, que ce soit pour l’éolien, le solaire, les nouveaux moyens de production en nucléaire ou en fossile, on est en train de converger vers une gamme entre 80 et 120 du MWh », affirmait récemment Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, selon lequel « les énergies renouvelables ne seront plus un facteur d’augmentation du prix de l’électricité, mais au contraire un facteur de stabilité du prix » dans les prochaines années. Le prix de l’énergie solaire réduit de moitié depuis les années 2000 Au début du siècle, le prix d’un panneau solaire était aux alentours de 4 dollars

par watt. L’énergie renouvelable était beaucoup trop chère face à ses rivaux. De 2007 à 2014, le prix a chuté de 50 centimes par watt. Une meilleure efficacité des panneaux, le recours à du plastique à l’encontre du verre pour composer les panneaux, une automatisation de la fabrication, des avancées technologiques de plus en plus performantes, permettent d’expliquer ce phénomène d’inversion des tendances. Cependant, les énergies renouvelables sont étroitement liées aux conditions météorologiques afin de répondre à la demande des consommateurs. Les technologies de stockage de l’électricité doivent alors aussi se développer et se perfectionner. Maison équipée de panneaux solaires.


AILLEURS SUR LE WEB l'énergeek

Une centrale solaire made in France inaugurée dans le Gard

Publié mercredi 22 avril 2015 / Écrit par Guy Belcourt

Si le temps n’est pas toujours au beau fixe pour la filière photovoltaïque française, les acteurs qui la composent ne se laissent pas abattre pour autant. La Générale du Solaire et la Sovafim l’ont notamment prouvé le 10 avril dernier, en inaugurant officiellement leur centrale solaire de Pujaut, dans le département du Gard. Un parc photovoltaïque 100 % made in France… ou presque.

© Forem presse

n effet, mis à part les onduleurs chargés de convertir l’électricité qu’elle produit, la centrale solaire de Pujaut est 100 % made in France. Développée par la Générale du Solaire et financée à hauteur de 6 Me par la Société de valorisation foncière et

immobilière (Sovafim), cette centrale affiche une puissance de 3,5 MW grâce à ses 10 740 panneaux photovoltaïques, de conception française donc (SunPower). D’un point de vue technique, elle permettra de produire annuellement quelque 6,2 GWh d’électricité renouvelable, notamment grâce aux trackers qui permettent à ces panneaux de suivre en permanence la trajectoire du soleil dans le ciel. Cette unité de production respectueuse de l’environnement permettra de répondre aux besoins de

2 000 foyers, tout en économisant l’émission de 500 tonnes de CO2. Le projet est également un bel exemple de reconversion écologique Ses 10 hectares de superficie s’étendent en effet sur une ancienne zone de dépôt de déblais industriels datant de la construction de la ligne TGV ParisMarseille. La valorisation de cette ancienne friche est conditionnée par un contrat de location signé avec la SNCF pour une durée de 30 ans. • • •

Retrouvez la suite sur www.lenergeek.com

Légende

© DR

E

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Publi rédactionnel

L'

Un Hub des Solutions climat : 1re plate-forme Web contributive multiacteur dédiée aux solutions climat, en français et anglais, pour tous les publics et acteurs concernés à travers le monde ; Des conférences/débats : pour faire connaître les Solutions climat, échanger et créer des synergies entre acteurs ; Des visites en régions : pour découvrir les innovations et les bonnes pratiques ;

Ce programme est réalisé de manière éco-responsable par le cabinet Alliantis et Le Public Système. http://www.solutionscop21.org/

Un pavillon au Bourget du 30 novembre au 12 décembre 2015 pendant toute la durée de la COP21, à proximité de la conférence officielle ; Une grande expo au Grand Palais à Paris du 4 au 10 décembre 2015 lors de la COP21 : plus de 4 000 m² d’exposition et 60 conférences pour montrer les solutions et innovations en faveur du climat au plus large public, avec accès gratuit. Venez rencontrer artistes, associations, entreprises, ONG, scientifiques, et les villes et territoires, pour partager solutions innovantes, créativité et optimiste, afin de lutter contre les dérèglements climatiques et ses impacts.

objectif est de montrer à un large public les multiples produits, services, process et innovations existants et en projet à travers le monde pour lutter contre le dérèglement climatique et ses impacts. Pour partager ces solutions, Solutions COP21 comporte plusieurs volets qui se dérouleront tout au long de l’année 2015 jusqu’à la COP21 :

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Créé en perspective de la conférence des Nations Unies qui se déroulera à Paris en décembre 2015. Cette initiative est portée par le Comité 21 avec le Club France Développement durable (rassemblant plus de 100 réseaux publics et privés).

SOLUTIONS COP21 est un dispositif inédit multiacteur de valorisation des solutions pour le climat


19,5%

19,5%

19,5% 50%

50%

50%

ChIFFRES CLés

Les dérèglements climatiques dans le monde Les marqueurs

Niveau de la mer

Fonte glaciaire

1,7 mm/an (± 0,3 mm)

8 % de diminution de la surface

Températures 0,63 °C (±20% 0,2 °C) d’augmentation 20%

de la température globale entre les températures du XXe siècle et celles de l’année 2013. En France métropolitaine, cette augmentation est de l’ordre de +0,9 °C

20%

d’augmentation annuelle du niveau moyen de la mer entre 1901 et 2010. Ce taux s’est accéléré durant les dernières décennies pour atteindre 3,2 mm/an (± 0,4 mm) sur la période 1993-2010.

de couverture neigeuse au printemps dans l’hémisphère Nord sur la période 1970-2010 par rapport à la période 1922-1970.

Les projections évolution des émissions de GES Projection des émissions liées aux énergies fossiles suivant les quatre profils d'évolution de GES (RCP) du Giec

30 Historique Profil RCP2,6 Profil RCP4,5 Profil RCP6,0 Profil RCP8,5

20 15

évolution du niveau de la mer

10

50%

19,5%

5 0

-5 1850

1900

1950

Année

2000

2050

évolution des températures Projection de la variation de la température moyenne suivant différents scénarios

6,0 4,0 °C

Moyenne 2081-2100

Historique Profil RCP2,6 Profil RCP4,5 Profil RCP6,0 Profil RCP8,5

2,0

2100

Niveau moyen de la mer à l'échelle modiale (m)

Gt CO2éq.

25

1,0 Des valeurs supérieures ne sont pas exclues

0,8

Contributions supplémentaires de possibles processus dynamiques des nappes glaciaires

0,6

Projection des modèles

0,4 19,5%

50%

0,2

0,0 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100 Année

0 -2,0 1950

2000

2050

2100

20%

Les décisions actées 2 °C d’objectif de stabilisation de l’accroissement de la température moyenne d’ici la fin du siècle

20%

$

100 milliards de dollars

d’ici 2020 crédités sur le Fonds vert par les pays développés

20%

Au niveau européen (paquet énergie climat)

✓ d’énergies renouvelables ✓ d’amélioration de l’efficacité énergétique ✓ de réduction des émissions de GES

Sources : GIEC et CDC Climat

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Vingt ans d’efforts : une réussite attendue

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L

a première conférence, placée sous l’égide des Nations Unies, s’est déroulée en 1972 à Stockholm. Cette conférence a marqué un tournant dans la prise en compte des questions environnementales, ouvrant le champ à la création du PNUE, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Il avait pour objectif de « fournir les moyens de stimuler la participation active des citoyens et mettre en avant l’intérêt et la contribution des organisations non gouvernementales pour la préservation et le développement de l’environnement ». En 1992 s’est déroulée à Rio de Janeiro la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, rassemblant 178 délégations et 2 400 représentants d’ONG. Ce sommet a lui aussi marqué un pas en avant dans la prise en compte du développement durable, par l’adoption de la déclaration de Rio, comprenant 27 principes précisant le contenu de l’expression de « développement durable ». Ce sommet a également permis l’adoption d’un programme d’actions pour le XXIe siècle : l’Agenda 21. 20 ans de COP et peu d’avancées réelles En 1997 fut signé à Kyoto le célèbre protocole du même nom, lors de la 3e conférence des parties (COP3). Il vient s’ajouter à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, dont les pays participants se rencontrent une fois par an depuis 1995. Ce protocole visait à réduire d’au moins 5 % les émissions de GES entre 2008 et 2012, par rapport aux niveaux de 1990. Les moyens pour y parvenir sont débattus lors des accords de Bonn et Marrakech de 2001. Après de nombreuses conférences sans actes concrets ou venues réajuster les engagements actés précédemment,

La notion de développement durable apparaît pour la première fois en 1987, dans le rapport Bruntland. Il comprend bien évidemment un aspect environnemental, mais aussi sociétal et économique. Depuis la première conférence sur le sujet en 1972, quelques engagements ont été pris, mais manquent d’ambition selon les défenseurs du développement durable. Pourtant, l’urgence commence à se faire sentir et le monde entier regarde vers Paris, où la COP21 se tiendra en décembre prochain.

l’espoir repose sur la conférence de Copenhague (COP15) de 2009 qui devait, avec la ratification du protocole de Copenhague, prendre la suite du protocole de Kyoto. Mais, cette fois encore, les parties ne parviennent pas à se mettre d’accord. Cette conférence fait émerger une nouvelle question dans l’approche du développement durable, soulevée par les pays émergents : celle de l’aide à l’accès aux technologies pour les pays en développement. Pour répondre à cette problématique, le Fonds vert est mis en place. Pour la première fois à la conférence de Copenhague est accolée à la question du climat celle du développement. Vient ensuite la conférence de Cancun en 2010, qui avait pour objectif d’imposer à tous les pays une contribution en termes de réduction d’émissions de GES : elle fixe un cadre global avec des objectifs particuliers. La conférence consistait également en la mise en place d’un mécanisme sur la transparence des résultats. À Cancun, un besoin en technologies a été mis en avant et le Fonds vert a progressé par rapport à Copenhague. La décision a donc été prise de créditer le fonds de 100 milliards de dollars d’ici 2020, à payer par les pays du Nord. Enfin, la conférence de Durban en 2011 a elle aussi été un échec cuisant : la décision a donc été prise, sans nouveaux accords ratifiés, de prolonger jusqu’en 2018 le protocole de Kyoto, déjà ignoré par les plus gros émetteurs de GES. Vient en 2013 la conférence de Varsovie, qui soulève davantage les questions de financement que de réglementation, puis Lima en 2014, censée poser les bases de la COP21 de Paris. Pour le moment, aucune conférence n’a donné de réels résultats ou n’a fixé de réels plans d’actions ou des bases solides pour un développement durable fort, imposé par la loi.


COP21 – Conférence de Paris 2015

DÉCROISSANCE

RESPONSABLE

▼ ▼

Pour préparer la COP21 En amont de la COP21, les 196 parties qui se retrouveront autour de la table des négociations avaient jusqu’à la fin du mois de mars pour rendre leurs engagements écrits. Au lendemain de cette date butoir, seuls 34 pays avaient effectivement rendu leur copie. En attendant les engagements des 162 pays manquants, la France fait tout son possible pour mobiliser la société civile autour de la conférence de Paris, qui se tiendra dans un peu moins de 200 jours au Bourget.  Alexandre Arène

RESPONSABLE

ÉTHIQUE

IMPACT

ECONOMIE

CIRCULAIRE

COMPTABILITÉ CONSOMMATION VERTE RESPONSABLE COLLABORATIVE CRÉDITS CARBONE

DÉCROISSANCE

ÉTHIQUE

DÉVELOPPEMENT L’économie circulaire est un concept économique inscrivant ses objectifs DURABLE dans le cadre du développement durable. Ce système s’oppose à l’économie linéaire, visant à consommer puis jeter. Le principe : faire de nos déchets quotidiens des matières premières. Cette technique s’inspire des cycles naturels, les déchets végétaux sont réintroduits dans les sols tandis que les déchets matériaux sont triés, transformés et réutilisés pour la fabrication d’autres objets. La connaissance du territoire et la coopération entre les acteurs sont nécessaires pour une utilisation optimale des ressources. L’économie circulaire permet une cohésion entre les différents pôles de compétitivités tout en réduisant le gaspillage. Elle permet le développement des pôles économiques, sociaux et environnementaux, à l’échelle des territoires.

RSE

IMPACT

DURABLE ÉTHIQUE

mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le sida, la malaria et d’autres maladies, assurer la durabilité de l’environnement et développer un partenariat global pour le développement), l’amélioration est visible sur la plupart des indicateurs, sauf ceux concernant l’environnement.

CLIMAT

économie circulaire

DÉCROISSANCE

Le climat et le développement, grands enjeux de la COP L’année 2014 a confirmé l’urgence de la prise en compte sérieuse des enjeux climatiques. Premier indicateur : pour la première fois, les capacités d’absorp-

tion du CO2 atmosphérique par la terre pour l’année 2014 ont été dépassées en août, avec des concentrations dépassant pour la première fois de l’histoire les 400 ppm dès le printemps. Les émissions de CO2 ont été multipliées par 4 au cours des 50 dernières années. Autre conséquence visible des changements climatiques, les sommes dépensées par les compagnies d’assurance et de réassurance américaines pour les réparations des dégâts causés par les intempéries. Selon une étude du réassureur helvétique Swiss Re, le coût des dommages liés aux tempêtes orageuses sévères est à la hausse depuis vingt ans. Entre 1990 et 2014, ces coûts ont bondi de 9 %. Autres indicateurs, la température atmosphérique, mais aussi océanique, qui poursuivent leur augmentation. Concernant la température atmosphérique, l’objectif se situe en dessous des 2 °C d’augmentation d’ici 2050. Pour le moment, les projections du GIEC vont de 1 °C d’augmentation pour le scénario le plus optimiste, à 4 °C d’augmentation pour la fin du siècle. En ce qui concerne l’autre facette du développement durable, le développement humain, des objectifs mondiaux de développement durable ont été fixés lors du sommet du millénaire de l’an 2000 à New York. Sur les huit objectifs de départ (éradiquer l’extrême pauDÉVELOPPEMENT vreté et la faim, insDURABLE taurer une éducation ÉTHIQUE primaire universelle, promouvoir l’égalité des sexes, réduire la

RESPONSABLE

Le développement durable mou devient fort Il s’agit là du principal problème de la mise en place du développement durable. Au fil des années, le développement durable mou, encouragé, est devenu un développement durable neutre, primé financièrement. Aujourd’hui, la question principale pour l’obtention de réels résultats sur les questions climatiques, mais aussi sociétales, est la mise en place d’un développement durable fort, imposé aux États par le biais d’un cadre réglementaire contraignant : jamais aucun accord n’a été trouvé sur ce point, et il s’agit d’un des principaux enjeux de la conférence de Paris, qui se déroulera en décembre au Bourget, réunissant 195 États et 196 parties (195 États + l’Union européenne). L’objectif sera de mettre d’accord l’ensemble des parties présentes, en vue d’un accord ambitieux, préparé depuis la COP20 de Lima. Il semble pourtant que, pour le moment, rien de très clair ne se dessine : les 196 parties avaient jusqu’au mois de mars, repoussé à avril, pour rendre leurs engagements en vue de la COP21. Seulement, ils sont très peu à l’avoir fait. Plus les années passent, plus l’urgence se dessine et l’année 2014 est venue confirmer ce point. Seul problème, beaucoup d’États refusent de voir ratifier un accord contraignant économiquement et notamment les pays émergents qui jugent, à juste titre, que les pays du Nord se sont développés en polluant, chose qui demain leur sera interdite.

ÉTHIQUE

DÉVELOPPEMENT DURABLE

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PRODUITS

GTB

Serveur web

© Cap Technologie

Pour répondre à la demande d’autonomie de l’utilisateur et aux besoins des intégrateurs, Cap Technologie complète sa gamme de régulateurs sure830 et de serveurs Web multiprotocole de GTB sure921, avec les fonctionnalités d’imagerie automatique pour un ensemble de 4 chaudières, 9 réseaux régulés et 3 CTA. La mise en œuvre du serveur Web GTB sure921 ne demande ni ingénierie, ni logiciel spécifique, ni paramétrage, il est intégralement « plug & play » et accessible à tous. Il s’applique à toute taille de bâtiments. Le serveur Web sure921 est embarqué dans le régulateur sure830, qui est configurable et si besoin programmable. Il intègre une interface graphique utilisateur complète et puissante via un navigateur Web accessible en local depuis un écran tactile couleur 10’’ fixe ou nomade. Il est également serveur ModbusTcp Bacnet IP, et le régulateur sure830 est maître Modbus RS485. 

Automatisation industrielle

© Metz Connect

Solution de raccordement flexible sur les circuits imprimés Les borniers à ressort individuels SM99 et SR99 destinés aux appareils plats et de petite taille, développés par Metz Connect, sont proposés en version SMT et THR en tant que produits en vrac ou dans l'emballage Tape & Reel. Les différentes variantes de couleur permettent des codages en fonction des applications. Grâce à la technologie d'insertion directe (push-in) pour raccorder le fil et au large bouton-poussoir pour détacher le fil, ces borniers permettent un raccordement de fil avec une section de 0,2 à 1,5 mm², le courant nominal pouvant aller jusqu'à 9 A. Les borniers à ressort individuels peuvent ainsi être utilisés dans pratiquement toutes les applications de l'automatisation de l'industrie et des bâtiments. 

Distribution d’énergie

Principalement utilisés dans le domaine de la distribution d’énergie pour la gestion des sectionneurs et disjoncteurs haute tension, les nouveaux relais bistables de la gamme RB de Finder France peuvent être commandés localement par deux boutons Set ou Reset en façade ou à distance selon le raccordement effectué. Modulaires ou embrochables sur support, les relais de cette série RB sont dotés de 2 ou 4 contacts 8A et possèdent également diverses tensions d’alimentation (24 / 48 / 110…125 / 220…250 V DC). 

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© Finder France

Relais bistables modulaires ou embrochables sur support


PRODUITS

Connectivité éthernet

Une gamme certifiée Profinet adaptée aux applications industrielles

© HMS

La gamme Anybus CompactCom 40 de HMS Industrial Networks fournit aux équipements industriels une connectivité multiréseau, et met l'accent sur l'éthernet industriel. Particulièrement adaptée aux applications industrielles de pointe nécessitant des performances élevées, elle est disponible sous forme de puce, de brique et de module. La solution de la gamme 40 pour Profinet permet des communications très rapides entre l'équipement hôte et Profinet (la latence de traitement des données est inférieure à 15 μs) et prend en charge Profinet RT classes 1 et 3. Elle intègre un switch éthernet IRT Profinet et prend en charge des fonctions Profinet comme MRP (Media Redundancy Protocol), le fonctionnement synchrone par rapport à un signal d'horloge, le démarrage rapide et PROFIenergy. 

Datacenters

© Eaton

Nouveau rack à châssis ouvert à 2 montants Eaton annonce le renforcement de sa gamme de baies informatiques avec le tout nouveau modèle RE Series à 2 montants pour les infrastructures IT. Cette nouvelle gamme disponible en 45U est conçue pour les applications allant de quelques baies, les salles télécoms ou en tant que rack passif pour les datacenters de toute taille où ils peuvent être utilisés pour la distribution des connexions LAN. Cette nouvelle gamme se compose d’un châssis intégralement ouvert accompagné de solutions de gestion des câbles. Les Racks RE Series à 2 montants sont boulonnés pour faciliter l’assemblage et proposer une charge statique uniformément répartie de 750 kg. 

Vision industrielle

Les systèmes de vision industrielle CV-X et XG de Keyence s’enrichissent de la solution d’éclairage LumiTrax. Grâce à cette solution, les industriels peuvent mettre en œuvre des applications, des plus simples aux plus complexes, sans expertise en matière d’éclairage. Avec LumiTrax, l’industriel n’a plus à se préoccuper du choix de l’éclairage et à chercher à s’affranchir des perturbations de l’environnement lumineux extérieur. Ce nouveau système combine un éclairage annulaire segmenté, une caméra très haute vitesse et un algorithme de traitement spécifique des images pour s’affranchir de conditions de surface variées et de l’influence de l’environnement.

© Keyence

Un système d’éclairage adapté à toutes les applications

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3 questions à

Depuis septembre 2013, Jérôme Ferrier est président de l’Association française du gaz et a été élu en 2008 président de l’Union internationale du gaz pour le triennat 2012-2015. Il est en charge en particulier de l’organisation du Congrès mondial du gaz, qui se tiendra à Paris du 1er au 5 juin. Au programme, 56 sessions portant sur l’ensemble des thématiques du secteur, 80 pays représentés et plus de 3 500 délégués attendus, qui viendront aborder les principaux défis à venir de l’industrie gazière. j3e - Quels sont les enjeux de cette transition énergétique, et pour lequel La question du gaz commence à être prise en compte et certains amendeédition française du Congrès mondial le gaz a été, au départ, le grand oublié. ments favorables déposés par nos pardu gaz ? Jérôme Ferrier - L’organisation de ce j3e - En quoi le gaz offre-t-il des pers- lementaires devraient être intégrés au texte final. Congrès vient conclure trois années pectives dans le cadre de la transition de mandat français à la tête de l’Union énergétique, quelle sera ou pourra j3e - Quelles sont les perspectives internationale du gaz. Pour cette édi- être sa place ? tion, trois axes majeurs seront déve- J. F. - Au centre du débat sur la transi- pour le gaz renouvelable dans le mix loppés, résultat des travaux de trois tion énergétique, on retrouve bien sûr énergétique ? task forces spécifiques : le premier, Gas l’électricité, et à juste titre. Seulement, J. F. - Les premiers signaux positifs Advocacy, aura pour objectif de trouver un point est à clarifier : il est totalement commencent à se faire sentir en Eules moyens d’améliorer la communica- contre-productif d’opposer l’électricité rope, mais une prise en compte réelle tion autour de la plus propre des éner- qui est une énergie secondaire et le gaz du potentiel offert par le gaz n’intergies fossiles, mise à mal par deux sujets : qui est une énergie primaire. En pre- viendra qu’à l’issue de la mise en application d’une politique forte sur l’exploitation des gaz de schiste et les émissions de CO2. Il faut le torchage du gaz sur les champs savoir que le gaz émet deux fois d’exploitation de pétrole. Le Il est totalement contre-productif moins de CO2 que le charbon second objectif sera de déved’opposer l’électricité qui est dans la génération électrique, lopper un dialogue constructif une énergie secondaire et le gaz pourtant utilisé pour produire avec l’ensemble des parties prequi est une énergie primaire. de l’électricité en période de nantes, comprenant des autopointe et 1,5 fois moins que le rités publiques, des ONG, des pétrole. L’alternative qui s’offre organisations internationales, le plus souvent par le biais d’accords nant pour exemple l’un des axes du pro- à nous aujourd’hui est le gaz issu de et en démontrant que le gaz peut être jet de loi présenté par le gouvernement la méthanisation, notre gaz vert. Pour un facteur de stabilité dans les relations français, celui du tout électrique pour le moment, les freins réglementaires internationales. Des accords ont été si- les véhicules, il faudra d’une manière sont encore trop importants pour un gnés récemment avec la Banque Mon- ou d’une autre produire cette électri- développement à grande échelle de la diale, l’Unece, l’International Peace cité nécessaire au fonctionnement des méthanisation. D’autant que ce nouInstitute, et d’autres sont en cours de véhicules, dans le meilleur des cas grâce vel arrivant pose certains problèmes finalisation. Enfin, le troisième axe est à des énergies renouvelables, dans le d’insertion au réseau : le gaz issu de celui lié au capital humain et développé pire, grâce aux centrales fonctionnant la méthanisation doit être mis aux en partenariat avec l’Unesco. En plus aux énergies fossiles. Quitte à utili- normes techniques du réseau en termes de ces trois thématiques principales, ser du gaz, du pétrole ou du charbon notamment de qualité. Cette nouvelle les quatre jours du Congrès porteront pour produire l’électricité nécessaire au production présente un enjeu consichacun sur un thème principal : gaz et fonctionnement des véhicules, pour- dérable pour la filière gazière, mais son développement durable, gaz en com- quoi ne pas réfléchir à un moyen d’uti- développement réel ne pourra se faire plément des énergies renouvelables, gaz liser directement le gaz pour les faire que progressivement.  Propos recueillis par dans les pays émergents… sans oublier fonctionner sans passer par une étape Alexandre Arène l’enjeu fondamental qu’est celui de la intermédiaire devenue sans objet ?

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© Véronique FEL

Jérôme Ferrier, Président de l’Union internationale du gaz Président de l’Association française du gaz




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