Lumières N° 38 - MARS 2022
PROJET
Pressoria, voyage sensoriel au cœur du champagne Conception lumière : Atelier Hervé Audibert DOSSIER
Magasins de mode et accessoires
Lumières N° 38 - MARS 2022
Éditorial
Isabelle Arnaud rédactrice en chef
PROJET
Pressoria, voyage sensoriel au cœur du champagne Conception lumière : Atelier Hervé Audibert DOSSIER
Magasins de mode et accessoires
Centre Pressoria à Aÿ-Champagne Maître d’ouvrage : CCGVM (Communauté de communes de la grande vallée de la Marne) Architecte : Philéas Architecture Scénographe : Casson Mann Conception lumière : Atelier H. Audibert © BOEGLY + GRAZIA
Chut ! Chut ! Plus de bruit, écoutons la nuit
J’ Directeur de la publication Jean Tillinac Édition 3e Médias 17, rue de l’Amiral Hamelin 75016 Paris www.filiere-3e.fr Rédactrice en chef Isabelle Arnaud Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80 lumieres.redaction@filiere-3e.fr Publicité Sandrine de Montmorillon Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68 sdm@filiere-3e.fr Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Frédéric Bergossen, Roger Narboni, CONCEPTO Abonnements Juliette Aguelon compta.3emedias@gmail.com Corrections Laurence Chabrun laurencechabrun@gmail.com Conception graphique et réalisation Planète Graphique Studio 95, boulevard Berthier 75017 Paris Impression et routage Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-La-Pendue
ai peur du noir, je l’avoue. Pas vous ? J’ai peur du noir mais pas de l’obscurité. C’est pareil, me direz-vous ! Eh bien non, pas du tout. Nombreux sont ceux qui vous l’expliqueront, et en particulier les concepteurs lumière, Rozenn Le Couillard (Noctiluca), Charles Vicarini (Studio Vicarini), Sara Castagné (Concepto), Mark Major (Speirs Major) qui interviennent dans le cahier technique « Obscurité(s) » de cette édition, rédigé à quatre mains avec Roger Narboni, le précurseur de la conception lumière et des trames noires. C’est dire si l’obscurité se rapproche plus de la lumière que du noir. Parce qu’elle laisse voir, tout comme l’éclairage. Jean-Michel Woulkoff, président de l’Unsfa, interviewé avec Virginie Nicolas, parle de « transmettre une émotion particulière », tandis que la présidente de l’ACE évoque la lumière comme « un pinceau qui donne à voir ». Philippe Mombellet, concepteur lumière (Ponctuelle), préfère quant à lui « imaginer des états lumineux ». Finalement, il existe dans tous ces vocables qui désignent le fait d’éclairer, une part d’obscurité. Tout est question de nuances, comme le souligne Vincent Thiesson, concepteur lumière, agence ON, qui évoque une trame évolutive et rappelle que le travail du concepteur lumière consiste à « intervenir dans une finesse extrême ». Finesse et aussi délicatesse que l’on découvre au sein des projets signés de l’Atelier Hervé Audibert et de l’agence I.C.O.N. où les bulles de lumière et les lignes lumineuses aériennes accompagnent les architectures sobres et élégantes de Pressoria et des boutiques Dior. Et pour Anne-Valérie Dujaud-Rondelez, directrice générale d’Erco France et Afrique, l’expertise du fabricant se met au service de l’architecture en proposant « une lumière centrée sur l’humain, présente uniquement lorsqu’elle est nécessaire ». Nous y sommes : tout le monde s’entend pour préserver une part d’ombre au milieu de toutes ces lumières. Les solutions présentées par les fabricants dans le dossier « Éclairage des magasins de mode » le démontrent aussi : conçus pour moduler la lumière, baisser les intensités, faire varier les températures de couleur, les luminaires participent à cette approche sensible et raisonnée de mises en lumière discrètes et silencieuses. Alors, suivons les paroles de la comptine et « Chut ! Chut ! Plus de bruit, écoutons la nuit… »
© 3e Médias, Paris. Reproduction interdite. Dépôt légal : mars 2022 ISSN : 2259-3772
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Lumières Sommaire
PROJETS 18 Fines bulles de lumière au centre Pressoria (Atelier H. Audibert)
6
© DR
© Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia
22 Dior s’habille en lumière (Akari-Lisa Ishii, I.C.O.N.)
© DR
INTERVIEW CROISÉE 06 Virginie NICOLAS, présidente de l’Association
des concepteurs lumière et éclairagistes Jean-Michel WOULKOFF, président de l’Union nationale des syndicats français des architectes Architectes et concepteurs lumière : travailler en symbiose
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ACTUALITÉS 10 Benoît Gamas nommé directeur général d’Etap France
David Meyer : la Cohérence au cœur du développement 12 Marcel Ragni élu président de l’UIMM Côte d’Azur
13 Janus de la Cité 2021 attribué à Comatelec Schréder
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
Catalogues Lucibel et Lébénoïd Integratech Thorn et Zumtobel sur la route ! Rénovation de l’éclairage public : une aide de 10 millions d’euros
22
et Aurel Design Urbain Jean-Michel Vergain nommé directeur général de Roger Pradier Light+Building reporté du 2 au 6 octobre 2022
14 P rix ACEtylène 2021
PERSPECTIVES 26 Anne-Valérie DUJAUD-RONDELEZ,
ENTRETIEN
directrice générale d’Erco France et Afrique Erco : une expertise au service de l’architecture !
16 Vincent THIESSON,
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© Ingrid Hoffmann
© DR
concepteur lumière, agence ON Nuances de lumière
Lumières Sommaire
© Marco Zanin Benetton Group
© Sécurlite
50
© Juliette Maricourt, CONCEPTO
29 52 CAHIER TECHNIQUE 52 Obscurité(s)
PRODUITS
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59 Beamer d’Erco 60 Ragni lance Aro
Ledvance présente Streetlight 61 Détecteur PD4-GH de B.E.G.
Siderea groupControl de Tridonic
DOSSIER 29 Magasins de mode 30 Interview : Philippe Mombellet, concepteur lumière,
agence Ponctuelle - Imaginer des états lumineux
62 Nouveautés
RENDEZ-VOUS 64 Lumières picturales de culturespaces
44 Enquête produits : Défilé haut en couleur © Culturespaces/Cutback
DESIGNER 48 Nicolas Forget, Kraken Lighting :
Lumière, bois et écoconception
MANUFACTURE 50 Sécurlite : conçu et fabriqué en France de A à Z
66 Index
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Lumières Interview
croisée
Architectes et concepteurs lumière : travailler en symbiose L’Association des concepteurs lumière et éclairagistes (ACE), fondée en 1995, compte une centaine de membres. Elle fédère à l’origine des éclairagistes de théâtre, des plasticiens ou ingénieurs de bureaux d’études. Aujourd’hui, une nouvelle génération s’affirme, constituée d’architectes, de paysagistes et de designers. Son but est de développer le métier au sein de rencontres professionnelles afin de le faire mieux connaître et également de proposer des formations au sein de partenariats avec des écoles d’enseignement supérieur et universités. Elle a également pour objectif de favoriser un usage rationnel et innovant de la lumière, de contribuer aux débats sur l’environnement et l’aménagement du cadre de vie et de s’engager sur le respect des règles déontologiques relatives à l’exercice du projet. L’Union nationale des syndicats français d’architectes (Unsfa) fédère des syndicats départementaux et régionaux, et représente 250 agences, soit 7 000 personnes et environ 80 % des parts de marché. Une partie de sa mission est dévolue aux actions liées à ce qui relève du social et du paritarisme, tandis qu’une autre partie concerne plus particulièrement le fonctionnement de la profession d’architecte, ses aspects réglementaire, juridique, éthique, ainsi qu’économique. Ainsi, l’Unsfa intervient auprès de plusieurs institutions telles que l’Ordre des architectes, les différents ministères dans le cadre de la réglementation sur la construction.
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Lumières Interview
© DR
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Virginie NICOLAS
Jean-Michel WOULKOFF
Présidente de l’Association des concepteurs lumière et éclairagistes
Président de l’Union nationale des syndicats français d’architectes
Quel rôle, selon vous, la lumière joue-t-elle dans les espaces intérieurs ? Virginie Nicolas – Je distinguerais deux grandes catégories : tout ce qui a trait à révéler l’architecture et ce qui est lié au bien-être des personnes dans les espaces intérieurs. Cela ne va pas toujours dans la même direction et la conception lumière sait trouver les compromis et apporter les bonnes réponses. Encore que, quand l’architecture est belle, on s’y sent bien ! En fonction des champs d’application et du type d’espace, selon la fonction d’apparat ou la grandiosité du site, on va plutôt avoir tendance à révéler l’architecture ; si, en revanche, il s’agit d’établissements de soins, d’hôtels, de restaurants, c’est le bien-être qui va primer. Dans tous les cas, il faut tenir compte de la lumière du jour qui occupe une place primordiale dans nos projets : on ignore souvent que les concepteurs lumière « travaillent » sur la lumière naturelle avant de définir les principes de l’éclairage artificiel. L’approche et l’étude de la lumière du jour relèvent de la pensée complexe car ses deux composantes, la direction et l’intensité, changent tout le temps. Nous commençons donc par une analyse paramétrique de la pénétration de la lumière diffuse et de la lumière solaire dans le bâtiment par toutes ses ouvertures. Ce qui permet de jauger les seuils et de déterminer en quoi la lumière naturelle est bénéfique ou négative en termes d’éblouissement, d’autonomie
lumineuse. Il s’agit de voir comment elle suffit aux besoins visuels et émotionnels des occupants des espaces intérieurs. L’ancienne approche consistait, au contraire, à se protéger de la lumière naturelle, quitte à allumer en plein jour. Aujourd’hui, on parvient à mieux faire dialoguer les projets d’éclairage artificiel et les projets de lumière du jour, même si cette question reste encore assez peu prise en compte. C’est là, je pense, que les architectes et les concepteurs lumière se rejoignent pour réfléchir ensemble à tout le potentiel de la lumière du jour. Dans notre métier, nous devons aussi faire face à un champ de plus en plus complexe de normes et de recommandations qui nous contraignent, avant de commencer un projet, à digérer beaucoup de tableaux, afin de garantir qu’on tient les cibles en fin de projet. L’émotion n’a pas trop de place dans tout ça et il existe un risque de fournir des réponses trop scolaires. Jean-Michel Woulkoff – Je suis très heureux d’entendre Virginie évoquer cet aspect sensible de la lumière. En effet, toutes les réponses ne sauraient être uniquement quantitatives. Dans nos projets, grâce à l’évolution de la maquette numérique, nous parvenons à modéliser la quantité et la qualité de lumière que vont recevoir les différentes façades du bâtiment et, donc, en même temps, d’évaluer la lumière dont vont bénéficier les espaces intérieurs. Cela marque un
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réel progrès qui nous permet à la fois de répondre à des exigences et à des niveaux d’éclairement en dimensionnant des ouvertures, et de gérer la partie thermique des bâtiments. Qui dit lumière naturelle, dit apport de chaleur. Aujourd’hui, il nous est désormais possible de travailler sur des projets en anticipant ce qui peut se passer avec le réchauffement climatique sur les cœurs d’îlots : indispensable à prendre en compte dans l’ensemble des métropoles dans lesquelles nous vivons. Dans la pratique, cette approche de la lumière du jour est fondamentale, et cela reste une notion pourtant peu enseignée en école d’architecture. Il faut se garder de confondre seuils et normes. Tout le travail de l’architecte consiste, d’un côté, à répondre à des exigences afin de rester en conformité avec la réglementation, et d’un autre côté, à exprimer des émotions. En créant des lignes, des patios, des ouvertures, on veut provoquer une émotion, une sensation particulière dans le bâtiment. Le Corbusier disait que le travail de l’architecte « est le jeu subtil et délicat des volumes assemblés sous la lumière ». Notre travail de concepteur prend en compte cette dimension supplémentaire que l’on amène dans le bâtiment avec la lumière qui arrive sur la façade, mais qui, aussi, la pénètre et la traverse jusque dans les espaces intérieurs. Par conséquent, on ne construit pas le même bâtiment à Nîmes et à Dunkerque, la perception de la lumière y est différente.
En quoi la lumière peut-elle interagir avec l’architecture ? Jean-Michel Woulkoff – Je pense immédiatement à la symbolique de la lumière telle que l’abbé Suger l’a définie. Selon lui, un lieu religieux éclairé est plus accueillant et plus chaleureux que l’obscurité des édifices romans. Il faut faire entrer la lumière dans l’église. C’est ainsi que l’architecture gothique a cherché à capter plus de lumière. Un autre exemple est celui du monastère Sainte-Catherine du Sinaï qui, le 25 mars, est éclairé de la même façon par la lune et par le soleil grâce à un trou percé dans la voûte. Virginie Nicolas – Pour ma part, je parlerais plutôt de l’interprétation de l’architecture. La lumière est comme un pinceau qui permet de donner à voir tel ou tel élément de l’architecture. Souvent, l’étude repose sur une analyse volumétrique pour comprendre les atouts, les circulations, comment les gens s’approprient l’espace et pour choisir quels matériaux mettre en valeur, par exemple. Ainsi, la lumière peut jouer un rôle correcteur.
Quels sont les autres enjeux en éclairage intérieur ? Virginie Nicolas – La notion de réparabilité, de réemploi des luminaires prend de plus en plus d’importance. Ce qui change complètement la façon de penser un projet, et c’est plutôt satisfaisant. De même, la tendance est à l’intégration de l’éclairage dans le mobilier : les luminaires sont de plus en plus petits et discrets et donc dissimulés, laissant voir la lumière sans en percevoir l’origine. Jean-Michel Woulkoff – Je suis assez d’accord : la led a apporté son lot de révolution en la matière, en réduisant l’emprise du luminaire sur l’architecture. La miniaturisation des appareils d’éclairage a ouvert d’autres champs des possibles et nous a aussi permis d’échanger davantage avec les concepteurs lumière, les architectes d’intérieur, les designers, les ingénieurs, pour à la fois répondre au cahier des charges et transmettre une émotion particulière, caractériser une ambiance dans une pièce. Le covid a été un accélérateur du besoin de bien-être dans l’habitat où les gens ont passé tout à coup beaucoup de temps. Cela nous a incités aussi à repenser la conception des logements devenus des espaces de travail. Mais il ne faut pas confondre la qualité du logement et la qualité de l’habitat et le fait de bien vivre. Virginie Nicolas – C’est vrai et en même temps, nous rencontrons une nouvelle difficulté liée à la led qui peut générer un inconfort visuel. Plus les seuils montent en exigences environnementales et plus notre marge de manœuvre, pour obtenir ce confort visuel, diminue. Les grands principes lumineux du diffusant, de la lumière indirecte, qui apportent tout le côté agréable et chaleureux, deviennent de plus en plus souvent incompatibles avec les exigences d’efficacité. Atteindre les niveaux d’éclairement demandés, procurer un certain bien-être et créer du même geste des émotions s’avère compliqué et les arbitrages ne sont pas faciles. Tout l’enjeu consiste alors à concilier ces deux aspects. Les projets y gagnent en élégance et en finesse. Nous y trouvons plus de liberté et de plaisir à concevoir, je crois, et cela ouvre davantage le dialogue avec l’architecte.
Comment l’architecte et le concepteur lumière travaillent-ils ensemble ?. Virginie Nicolas – Cela dépend beaucoup du moment auquel le concepteur lumière arrive dans le projet et si les deux équipes se connaissent. Les échanges passent par un processus itératif et collaboratif qui permet d’aboutir à des concepts très justes et cohérents. Parfois, nous n’arrivons qu’en fin de
“La lumière est comme un pinceau qui permet de donner à voir tel ou tel élément de l’architecture” Virginie Nicolas 8 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
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“La lumière de demain est celle qui procure un bien-être et apporte une certaine forme de sensualité” Jean-Michel Woulkoff projet, surtout s’il est complexe, un peu comme un expert à qui on demande de répondre aux contraintes normatives avec une marge d’interprétation et de créativité assez fermée. À ce stade de la consultation, malheureusement, il reste peu de temps pour l’exploration. On a vu, ces dernières années, de jeunes architectes rejoindre les agences de conception lumière. Aujourd’hui, il nous est de plus en plus demandé de bagages techniques, il faut savoir maîtriser les logiciels et trouver son chemin dans la gestion de projets. La formation d’architecte, de maître d’œuvre de manière plus générale, permet d’acquérir ces compétences avec notamment une approche technique et volumétrique. Jean-Michel Woulkoff – La validation du projet ne peut se faire qu’en symbiose avec toute l’équipe. Le projet d’éclairage est un travail sur les sens, il ne peut donc pas se faire au dernier moment ; c’est un long cheminement, un sentier, pas une autoroute. Réfléchir en équipe permet d’explorer les différentes pistes qui s’offrent à nous pour aller vers le projet final, tout en se nourrissant des découvertes au fur et à mesure que l’on avance. Le fait de nous associer avec des concepteurs lumière ne dépend pas de la taille du projet ni du budget, mais plutôt de sa nature. Et j’entends parfaitement ce que dit Virginie à propos des architectes qui rejoignent les concepteurs lumière : il faut savoir que deux tiers des étudiants en architecture ne deviennent pas architectes ! Ils se dirigent en effet vers d’autres métiers, comme la conception lumière, surtout s’ils ont reçu dans leur cursus un enseignement sur l’éclairage.
Comment abordez-vous la mise en lumière extérieure (des bâtiments) ? Virginie Nicolas – Dans notre métier, l’éclairage des bâtiments est un grand classique puisque c’est même un contrat type ! Tout le monde veut que son bâtiment soit la lanterne de la ville, mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça, pour des raisons de nuisances lumineuses d’abord, et aussi parce que ce n’est pas forcément légitime ni judicieux à l’échelle urbaine d’éclairer un bâtiment sous prétexte qu’il est neuf et beau. En revanche, les maîtres d’ouvrage font souvent appel à nous lorsqu’il s’agit de mettre en lumière un bâtiment public et nous travaillons dans ce cas en étroite collaboration avec les architectes des monuments historiques. Jean-Michel Woulkoff – L’engouement pour les illuminations des bâtiments s’est calmé ces dernières années. Si la
maîtrise d’ouvrage nous le demande, nous faisons appel aux concepteurs lumière dès l’avant-projet et collaborons pour mettre en valeur certains éléments architecturaux symboliques.
Quelles actions communes les architectes et les concepteurs lumière mènentils ensemble ? Virginie Nicolas – L’ACE et l’Unsfa en tant qu’organismes ne se connaissent pas. En revanche, les relations entre agences sont fréquentes : il existe des moments de rencontres en petits groupes qui fonctionnent bien pour développer les relations avec les architectes. Par exemple, nous aimons bien organiser des visites de nuit avec les maîtres d’œuvre, raconter notre projet et échanger nos expériences, sans fard et sans « promotion », avec un discours sans filtre. Ce sont là des procédés faciles à mettre en place et très fructueux. Et c’est quelque chose qui peut se déployer à l’échelle nationale : l’ACE pourrait par exemple inviter les architectes aux événements qu’elle organise en région, ce qui permettrait aux uns et aux autres de se mettre au courant de ce que nous faisons. Jean-Michel Woulkoff – C’est souvent la vision commune de nos deux métiers qui donne toute la pertinence à ces rencontres, et sur lesquelles on peut bâtir des méthodologies.
Comment imaginez-vous la lumière de demain ? Virginie Nicolas – Je répondrai plus à titre personnel qu’au nom de l’ACE. J’aimerais que la lumière de demain apporte de la douceur dans notre quotidien, beaucoup plus qu’aujourd’hui. Avec les led est arrivé le changement de couleur facile, parfois sans discernement, mais aussi un engouement pour un éclairage domestique plus créatif. On peut faire de très beaux dégradés, des atmosphères délicates avec peu de moyens… La qualité d’ambiance lumineuse ne doit pas rester un luxe de grands hôtels et de beaux restaurants. Il faut y passer un peu de temps, y mettre du cœur. Jean-Michel Woulkoff – La lumière de demain, c’est sans doute la pertinence de l’usage ; elle doit s’inscrire dans une notion de frugalité. Ne pas en avoir n’est pas gênant, des niveaux faibles d’éclairement peuvent être reposants. La lumière de demain est peut-être celle qui procure un bien-être et apporte une certaine forme de sensualité. Propos recueillis par Isabelle Arnaud
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Lumières Actualités
Benoît Gamas, nommé directeur général d’Etap France
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près une formation à l’ESSEC BBA à Cergy-Pontoise, Benoît Gamas intègre le groupe Bolloré, puis entre, en 2001, chez Philips Éclairage en tant que responsable commercial sur la région Île-deFrance, en relation avec les installateurs, les distributeurs et les prescripteurs. En 2007, il poursuit sa carrière dans le secteur de l’éclairage chez Targetti comme chef de projets, où il crée une cellule dédiée aux foncières commerciales. En 2012, il devient directeur commercial au sein de la société Aric, marché du résidentiel, et pilote le département marketing. Directeur du canal distribution et du marketing chez Zumtobel pendant quatre ans, Benoît Gamas rejoint Etap en tant que directeur général France en décembre 2021. Etap (ElektroTechnische APparaten – appareils électrotechniques) bénéficie d’une longue tradition dans l’éclairage technique des bâtiments et l’éclairage de sécurité. « Nous concevons et produisons à 100 % depuis notre siège à Malle (Belgique), explique Benoît Gamas, et vendons à l’international depuis différentes implantations européennes. » Dès 2000, Etap y a ouvert son showroom, le Pavillon de la Lumière (LIPA), qui permet de ressentir en conditions réelles l’impact de l’éclairage au travers d’espaces reconstitués de bureaux, de retail ainsi que de salles de classe. « Nous souhaitons mettre l’accent sur la circularité totale dans l’industrie
de l’éclairage et rester financièrement indépendants. Notre stratégie s’appuie sur trois axes majeurs : le marché du LaaS (Light as a Service). Nous fournissons aux clients une solution clé en main (matériels, installation, maintenance et financement). Etap reste propriétaire du matériel et après la durée du contrat, de 10 à 20 ans, nous le réintégrons dans nos chaînes de fabrication : la circularité comme meilleur allié de la planète ! Nos produits sont donc élaborés avec une prise en compte de leur maintenabilité dès la conception par la R&D de l’usine. Deuxième axe, le marché du “retrofit” : nos clients conservent leurs structures d’éclairage et nous ne remplaçons que les modules éclairants grâce à une production sur mesure. Les déchets sont réduits au minimum et l’installation en est largement simplifiée, en temps et en coûts. Enfin, nous proposons des solutions de rénovation classique, avec des économies d’énergie substantielles portées par un excellent facteur de maintenance. » Etap a été approuvée par la SBTi (Science Based Target initiative) qui encourage les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit de promouvoir des stratégies alignées sur le niveau de décarbonation requis pour maintenir l’augmentation des températures mondiales en deçà de 1,5 °C, conformément aux recommandations du GIEC et à l’Accord de Paris sur le Climat. « L’objectif d’Etap, conclut Benoît Gamas, est de réduire de 55 % nos émissions de CO2 d’ici 2025. » n www.etaplighting.com/fr
La cohérence au cœur du développement
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avid Meyer, fort de plus de 20 ans d’expérience en marketing, management, gestion de centre de profit, dont 14 ans en éclairage, lance Cohérence Développement pour partager son expertise. David Meyer est entré dans le monde de l’éclairage en 2007, chez Osram, où il a successivement occupé les postes de chef de produits et de responsable projet pour finalement se voir confier la responsabilité du marketing professionnel. En 2015, il a pris la codirection de la division éclairage de Sermes et de sa marque Lamdalux. Vous poursuivez votre aventure dans l’éclairage, mais pas seulement. Expliquez-nous. David Meyer – J’ai tout de suite aimé l’éclairage, qui mélange la précision technique et un aspect beaucoup plus sensible, personnel. Aujourd’hui, animé par une volonté d’autonomie et de partage, j’ai créé Cohérence Développement qui me permet de mettre à profit mon expérience en stratégie, marketing ou achat au service des clients du secteur de l’éclairage, mais aussi au-delà. En effet, afin de conserver une certaine cohérence à mes nouvelles activités dans le respect d’une éthique professionnelle, et pour éviter d’intervenir auprès d’industriels directement en concurrence, j’ai choisi d’élargir mon secteur au-delà de l’éclairage. Dans la filière électrique et plus largement dans l’industrie, les possibilités sont nombreuses… Mon objectif : être opérationnel très vite et mettre au service des PME et des PMI des outils et méthodes empruntés aux grands groupes et rendus concrets.
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Pourquoi avoir choisi ce nom « Cohérence Développement » ? J’ai longtemps cherché un mot qui caractérise ma façon de travailler. Je souhaitais dépasser la simple notion d’efficacité, montrer qu’il fallait donner du sens et du corps à ce que je veux faire, et surtout, privilégier l’humain. Le mot cohérence s’est progressivement imposé. Dans l’Univers, c’est la cohérence qui tient le tout ; la cohérence, lorsqu’elle est cardiaque, évoque aussi le calme que l’on peut acquérir indépendamment des événements. Quant au développement, qu’il soit économique ou personnel, cela reste un but. Le logo reprend ainsi la première lettre de chaque nom, le C et le D, et forme un cadenas ouvert, symbolisant mon intention d’aider concrètement les entreprises et les personnes à déverrouiller les situations. En pratique, comment cela se passe ? Grâce au temps partagé, je m’implique directement au sein de plusieurs entreprises tout en portant un regard extérieur. J’interviens principalement en marketing stratégique et opérationnel, c’est-àdire analyse de marché, redéfinition de l’offre, lancement de produits, promotions, communication… Fort de mon expérience dans des groupes internationaux, je participe au besoin à la transformation des demandes des maisons mères en actions locales concrètes. Dans le cadre de Cohérence Développement, j’interviens également en tant que formateur sur mes domaines de compétence, notamment le management. n www.coherencedeveloppement.fr
Lumières Actualités
Marcel Ragni élu président de l’UIMM Côte d’Azur
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ervent défenseur du savoirfaire français, Marcel Ragni porte fièrement l’étendard tricolore, notamment à travers son rôle d’ambassadeur de la French Fab et d’éclaireur Coq vert des AlpesMaritimes, le label lancé par Bpifrance, l’ADEME et le ministère de la Transition écologique. Profondément engagé dans la lutte pour la réindustrialisation française et porté par sa foi en l’humain, il se voit aujourd’hui nommé à la présidence de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) des Alpes-Maritimes. Président depuis treize ans de la société Ragni, Marcel Ragni est à la tête d’une entreprise quasi centenaire et labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant. « À l’heure où nous parlons d’une nouvelle souveraineté industrielle française et en grand défenseur de la fabrication française, je consacrerai mon mandat à représenter et soutenir l’industrie de la métallurgie, ainsi qu’à accompagner nos entreprises locales », a déclaré Marcel Ragni. Il entend ainsi poursuivre l’engagement de ses prédécesseurs à l’UIMM Côte d’Azur, autour, entre autres, des chantiers engagés en matière d’attractivité de l’industrie, de la formation des futurs talents industriels au travers du développement massif de l’apprentissage, de l’accompagnement des salariés à la montée en compétences
nécessaires et indispensables à la performance, ainsi qu’à la compétitivité de l’industrie française de demain, à la transformation de cette dernière dans un objectif d’industrie du futur et des possibles, sans oublier les sujets de la mixité (féminisation de l’industrie) et de l’inclusion. « Durant ces deux dernières années, face à une crise sanitaire mondialement inédite ayant entraîné la crise économique que nous côtoyons au quotidien, l’UIMM a toujours été présente à nos côtés, poursuit Marcel Ragni. C’est au travers de l’engagement et de l’expertise de l’ensemble des acteurs des UIMM territoriales, des pôles de formation, des fédérations, et en partenariat avec les institutions territoriales et régionales que l’UIMM puise sa richesse et sa force. C’est aussi au travers de la qualité de son dialogue social, et de son expertise juridique reconnue par tous et jusqu’au plus haut sommet de nos institutions que l’UIMM poursuit son engagement sans faille à “Fabriquer l’Avenir”. Alors ensemble, en 2022, poursuivons la transformation de nos entreprises industrielles vers un modèle social et industriel ambitieux. » Ayant adhéré au Pacte mondial des Nations unies en 2018 et créé un service Dialogue et Développement durable en 2020, Marcel Ragni a entériné les engagements de l’entreprise en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), matérialisés par des objectifs de développement durable. « La RSE est un outil indispensable aux entreprises. L’engagement dans cette démarche aujourd’hui devenue essentielle peut garantir la performance et la pérennité de l’industrie. » n www.uimmcotedazur.fr www.ragni.com
Thorn et Zumtobel : sur la route !
Catalogue Lucibel
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our son catalogue 2022, le groupe Lucibel propose un tout nouveau design, en ligne avec les cibles. La présentation des marques et technologies y est plus simple et surtout l’intégralité des produits a été réorganisée pour en optimiser la lecture. Cette dernière est devenue homogène d’une page à l’autre et les pictogrammes comme les images, facilement lisibles, ont pris une place plus importante. Ainsi, grâce à une structure identique aux pages et aux contenus le lecteur gagnera en efficacité dans ses recherches. Pour en découvrir la version interactive, il suffit de scanner le QR Code. n www.lucibel.io
Catalogue Lébénoïd et Integratech
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e nouveau catalogue regroupant pour la première fois les offres Lébénoïd et Integratech est désormais disponible directement en ligne. Cet ouvrage présente la majeure partie des 2 400 références standards d’éclairages fonctionnels et industriels et 720 références d’accessoires d’éclairage et électriques. n www.lebenoid.fr
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L’
éclairage améliore désormais les environnements de travail, protège les écosystèmes, rend les routes plus sûres et aide les gens à apprendre. Les solutions modernes d’éclairage peuvent être bénéfiques à l‘industrie, permettre de meilleures relations avec les consommateurs et améliorer les niveaux de durabilité. Tel est le leitmotiv du Light(s) on tour – édition 2022 : une exposition itinérante qui permettra aux visiteurs d‘explorer et de découvrir les tout derniers produits et technologies d‘éclairage de Thorn et Zumtobel. Partez à la rencontre des experts de l’éclairage sur l’une des 7 dates à travers la France. Lyon le 8 mars – Aix-en-Provence le 10 mars – Bordeaux le 16 mars – Nantes le 22 mars – Lille le 31 mars – Strasbourg le 5 avril – Paris le 7 avril. n Plus d’informations sur les sites : https://www.thornlighting.fr/fr-fr ou www.zumtobel.com/fr-fr/
Rénovation de l’éclairage public : une aide de 10 millions d’euros
A
fin d’accompagner les collectivités locales dans la rénovation de l’éclairage public et ainsi de faire des économies d’électricité, Barbara Pompili lance le programme Lum’ACTE, porté par la FNCCR. Avec un parc avoisinant les 10 millions de points lumineux, l’éclairage public représente plus de 40 % des consommations d’électricité des collectivités, et pèse notamment sur la pointe de demande en électricité lors de l’allumage en début de soirée. Doté de 10 millions d’euros, ce programme permettra de soutenir les collectivités territoriales pour diagnostiquer, d’ici 2 ans, 3 à 4 millions de points d’éclairage répartis dans une zone géographique couvrant la moitié de la population française, et en rénover au moins 70 %. n
© Roger Pradier © Comatelec Schréder - Photographe JB Guerlesquin
Janus de la Cité 2021 attribué à Comatelec Schréder et Aurel Design Urbain
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omatelec Schréder s’est vu décerné le Janus 2021 de la Cité par l’Institut français du design, prix reçu pour le luminaire Voûte de Perrache développé avec Marc Aurel. Le luminaire, conçu à partir d’un modèle led existant, a été repensé à destination d’un usage urbain et offre un éclairage qui varie en intensité et s’adapte précisément aux usages et aux intentions de la ville. Le jury a particulièrement apprécié la scénographie lumineuse du passage France Pejot, sophistiquée et esthétique en même temps que performante et pratique, qui facilite l’appropriation piétonne de la ville, favorise les mobilités douces, renforce la sécurité des espaces publics et met en valeur le patrimoine lyonnais.
Jean-Michel Vergain, directeur général de Roger Pradier
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ort d’une formation complémentaire en marketing à HEC, puis dernièrement au CRA pour la reprise d’entreprise et à l’Insead sur la transformation digitale, Jean-Michel Vergain apporte son expérience de la direction et l’exécution d’activités stratégiques de marques sélectives au sein de PME et de grands groupes. Après 22 ans dans le secteur du luxe, de la mode et des accessoires au sein de marques internationales comme Louis Vuitton, Lacoste, Polo Ralph Lauren, puis à la direction de sociétés à dimension entrepreneuriale, Jean-Michel Vergain, avec l’ensemble de l’équipe de direction, renforcera les relations de Roger Pradier avec les clients et partenaires à travers le monde. www.roger-pradier.com
Light + Building reporté du 2 au 6 octobre 2022
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n décembre dernier, des discussions intensives avec les clients et les partenaires avaient déjà permis d’examiner des alternatives à la date initiale de mars. « Nous avons pris les préoccupations de nos partenaires très au sérieux et avons bien sûr également pesé les opportunités et les risques entrepreneuriaux, explique Wolfgang Marzin, président directeur général de Messe Frankfurt. Nous avons réussi à trouver une date d’automne attrayante et à la rendre possible grâce à une reprogrammation interne de Light + Building. Cela signifie que la perspective d’un lancement fort et international du secteur à Francfort en 2022 demeure. » n
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Lumières Actualités
Prix ACEtylène 2021
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’Association des concepteurs lumière et éclairagistes récompense, par les prix de l’ACEtylène, des concepteurs lumière indépendants ayant réalisé des mises en lumière pérennes opérationnelles depuis le 1er septembre 2019. Les lauréats sont récompensés par la communication de leur projet ainsi que par la remise d’un trophée « objet lumière » offert par les fabricants partenaires : LEC, Linea Light, Nowatt Lighting, Ragni et WE-EF. L’ACE souhaite, par le biais de ces prix, communiquer autour du projet lumière dans les revues spécialisées en lumière, architecture, paysage et urbanisme. Cinq prix ont été attribués.
Prix de la conception lumière extérieure et paysagère (ex æquo) Isabelle Corten, Radiance 35 www.radiance35.eu Site de la Confluence à Namur (Belgique) La lumière se veut « organique », en symbiose avec les individus, évoluant avec eux. Choix d’un éclairage doux, jouant subtilement avec des tonalités de blancs et des intensités s’adaptant aux saisons et aux usages des lieux, une lumière travaillée en dentelle pour des effets de matière, de courbes, de reflets dans l’eau…
© les éclaireurs
© Le Morse
© Aurore Studio
Charles Vicarini, Studio Vicarini www.vicarini.com Ganivelles à Mantes-la-Jolie (Voir le projet complet dans Lumières N° 31-32.) Faire de ce nouvel accès une porte d’entrée annonciatrice du lointain, de l’horizon et de l’immensité, marqués par une pause naturelle à l’entrée des ZAC et des aménagements urbains progressifs et adaptatifs.
Prix de la mise en lumière du patrimoine bâti Lucas Goy, les éclaireurs www.leseclaireurs.net les éclaireurs Le bâtiment Silex2 comprend une partie réhabilitée augmentée de nouvelles épaisseur et hauteur de bureaux. Le volume dégagé est porté par une grande structure triangulée et mise en lumière par des lignes de LED, selon une matrice portant différents scénarios, pour l’éclairage quotidien comme pour des animations particulières. 14 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
Lumières Actualités
François Gaunand, Seulsoleil - www.seulsoleil.fr Siège social Orange à Issy-les-Moulineaux Lorsque l’on pénètre dans le nouveau siège social, un grand atrium paysager accueille le visiteur. D’une hauteur de 30 m, il s’étend sur près de 80 m de longueur à l’instar d’une ville intérieure aux volumes suspendus. L’atrium végétalisé constitue le point d’orgue de l’architecture du bâtiment. Les plateaux de bureaux prolongés par des balcons s’y élèvent sous trois grandes verrières. Ces dernières sont scindées par deux bâtiments ponts qui assurent une jonction de part et d’autre de l’édifice. L’espace intérieur est baigné d’une lumière naturelle zénithale.
© François Gaunand, Seulsoleil
Prix de la conception lumière intérieure
Prix « petit budget » 2020 (budget éclairage inférieur à 70 000 € HT)
© Radiance 35
Isabelle Corten, Radiance 35 - www.radiance35.eu Maison des Arts à Bruxelles La Maison des Arts étant un lieu de création et de rayonnement culturels, le projet s’est développé autour de l’invitation à y pénétrer et y découvrir ses richesses. Chacun des espaces est l’objet d’une mise en lumière spécifique qui convie le visiteur à une expérience sensorielle poétique en le guidant par un cheminement.
Mourka Glogowski Lanternes tournantes à Verdier (Suisse) L’idée était de créer des lanternes tournantes pour candélabres sur le principe du théâtre d’ombres. En journée, l’objet ressemble à une lanterne décorative. Le soir, les lanternes s’allument, des personnages apparaissent et tournent en farandole, créant des saynètes sur la thématique de la montagne.
© Mourka Glogowski
Coup de cœur catégorie lumière extérieure et paysager
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© DR
Lumières Entretien
Parcours• • • Vincent Thiesson, architecte de formation (École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville), fait ses débuts à l’agence de conception lumière Concepto, et devient chef de projet. Après sept ans, il tente de travailler au sein de plusieurs cabinets d’architecture en tant que concepteur lumière, avant de fonder en 2003 sa propre agence, ON, à Paris. ON réunit 14 salariés aux profils complémentaires : urbanistes, architectes, ingénieurs et designers constituent des équipes ad hoc, en fonction de la nature et de la complexité des projets. Depuis 2003, l’Agence ON appréhende la dimension nocturne de lieux et d’espaces d’une grande variété. Au cœur de cette réflexion, le sens et la valeur des usages nocturnes sont réinterrogés de façon singulière.
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Vincent THIESSON
Concepteur lumière, agence ON
Nuances de lumière Vincent Thiesson, concepteur lumière, architecte de la nuit, structure les espaces urbains ou ruraux d’une lumière tantôt douce et discrète, tantôt fonctionnelle et nécessaire, mais toujours pertinente et tout en nuances. Est-ce que vous vous définissez comme un concepteur lumière qui porte un regard particulier sur l’architecture ou un architecte qui façonne la lumière ? Lorsque j’ai créé mon agence ON en 2003, je n’étais pas obnubilé par la lumière et aujourd’hui, je déteste parler lumière quand j’aborde un projet ! Je m’intéresse en premier lieu à la problématique du projet architectural, paysager ou urbain. Je demande aux architectes, paysagistes et urbanistes quels sont les besoins et les contraintes. Et à partir de ce cahier des charges, je vois comment nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice. Le premier appel d’offres que j’ai gagné en tant qu’indépendant concernait le quartier SainteCatherine au Havre : j’ai tout de suite pensé à apporter un élément identitaire lumineux qui puisse faire référence auprès de tous les habitants. Lorsque nous avons travaillé sur les espaces extérieurs de la Part-Dieu à Lyon, l’AUC, urbaniste, architecte et mandataire de l’équipe, nous a demandé de définir la notion de sols faciles, un des fondamentaux de ce projet, afin de rendre plus aisés les déplacements. Au cœur du dialogue, nous parlions la même langue avec le même vocabulaire et les mêmes objectifs. La réflexion
sur la lumière est venue dans un second temps. Nous sommes partis de l’usage du parvis : les voyageurs viennent de passer du temps dans le train et en sortant de la gare, ils ont envie de prendre l’air, de faire une pause. De là est née l’idée d’accessoiriser les mâts avec des tablettes, des miroirs, des porte-manteaux, etc., ce qui a permis de transformer le mât en véritable mobilier urbain adapté à d’autres usages que celui d’éclairage. En quoi votre « signature lumière » est-elle reconnaissable ? Ma formation à l’Ensa de Paris-Belleville a laissé son empreinte, j’en suis convaincu, notamment cet apprentissage de la spatialité qui constitue sans doute le marqueur de mon travail avec ce côté fonctionnalisme. Je ne me préoccupe pas de la notion de « beau », ou « pas beau », je crée des espaces avec la lumière et surtout je me mets à la place de l’usager. Viennent ensuite se greffer ce que j’appellerais des obsessions. C’est la technique qui vient me nourrir : par exemple, je ne voulais plus voir des taches lumineuses au sol, donc j’ai essayé de texturer la lumière comme sur les boulevards de l’Écusson à Nîmes. Au début de la led, les produits, au lieu de se
© ON
Lumières Entretien
renouveler, recopiaient les designs d’anciennes technologies. Pour nous démarquer de ce processus, nous avons développé le « cactus », un mât qui peut recevoir jusqu’à 60 petits projecteurs ; résultat, de mât il est devenu objet lumineux. Nous l’avons décliné sur plusieurs projets, entre autres au pied de la tour Eiffel et récemment à Calais. Autre particularité de notre façon de travailler : nos conceptions lumière anticipent le devenir des projets afin de faciliter l’adaptation de la lumière aux futurs usages. C’est ce que nous faisons notamment pour les Jeux olympiques 2024. C’est tout l’enjeu de notre démarche : créer un environnement nocturne modulable et savoir rester frugal. Peut-on considérer que cette lumière frugale participe à la préservation de l’obscurité ? Collectivement, nous abordons tous depuis longtemps la notion d’obscurité, de pénombre et de ciels étoilés avant même que les termes de trame noire ne soient apparus. Pour ma part, je préfère parler de trame évolutive. Il s’agit d’éclairer des espaces qui ont besoin de lumière et présentent aussi d’importants enjeux environnementaux. Les leds nous ont permis de relever ces défis et de créer une lumière évolutive qui peut s’adapter aux usages, à la temporalité de la ville et à la biodiversité. Nous pouvons intervenir dans une finesse extrême, grâce à la télégestion, en préservant les ciels nocturnes, en maîtrisant les consommations, et répondre en même temps aux préoccupations des écologues et à celles des usagers. Tous les ans, j’organise une promenade nocturne dans le quartier de la Part-Dieu pour la Fête des lumières, et cette année, toute une zone était éteinte. Cela a été perçu comme quelque chose de très anxiogène par certains participants. Je pense que tout est question de nuance et fonction de l’usage. On pourrait imaginer que, dans certains contextes, les promeneurs décident eux-mêmes d’allumer au moment où ils passent, grâce à des boutons-poussoirs…
© Didier Boy De La Tour
Front de mer Calais
Boulevards de l'Écusson à Nîmes
Aujourd’hui, les concepteurs lumière sont plus écoutés et l’éclairage urbain est en pleine évolution. Cela signifie que les différents acteurs portent un autre regard sur l’éclairage urbain ? Oui, désormais, tout le monde est en ordre de bataille, même si ce n’est pas au même niveau : concepteurs lumière, industriels et même les politiques commencent à prendre conscience de l’importance de la biodiversité et du ciel nocturne. Nous travaillons en étroite collaboration avec les services techniques, ce sont nos premiers interlocuteurs. Le projet de Calais en est une parfaite illustration : c’est ensemble que nous avons pris le parti de laisser la mer et la plage dans l’obscurité, tandis que nous avons éclairé les promenades, les aires de jeu, les espaces récréatifs. Nous avons fait évoluer l’étude d’éclairage initiale afin d’intégrer de nouveaux critères pour préserver le ciel nocturne. Globalement, les mentalités évoluent : éteindre dans certains espaces pour préserver la biodiversité, alors qu’ailleurs on se concentre sur l’éclairage selon les usages, est quelque chose d’admis, comme le rôle que le concepteur lumière doit jouer dans l’aménagement nocturne des espaces extérieurs. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 17
Projets
© Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia
Lumières
Maître d’ouvrage CCGVM (Communauté de communes de la grande vallée de la Marne) Architecte : Philéas Architecture Scénographe : Casson Mann Conception lumière : Atelier H. Audibert Programmation : Equivalent / ETC Solutions éclairage : Barrisol, Equivalent, iGuzzini, Ledpuck Souffleur de verre : Baptiste Haladjian Électricien : AMG / Spie
FINES BULLES DE LUMIÈRE AU CENTRE PRESSORIA Situé au pied des coteaux historiques classés au patrimoine de l’UNESCO dans la commune d’Aÿ-Champagne, Pressoria s’est approprié un ancien centre de pressurage de la Maison Pommery. En 2020, les pressoirs de Pommery ont été transformés en un centre d’interprétation sensorielle dédié aux vins de Champagne. La mise en lumière est confiée à l’Atelier H. Audibert.
© Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia
À
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la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Pommery, qui connaît un essor considérable, impose son style et pare ses ensembles architecturaux de gris bleu et de rouge brique. Construit en 1902 au pied des coteaux, cet édifice est resté pendant près d’un siècle le témoin du savoir-faire des métiers viticoles et vinicoles, faisant de lui un lieu symbolique du patrimoine immatériel. Réhabilité, le bâtiment-musée propose un parcours permanent, avec des expériences immersives qui illustrent leur élaboration et en parallèle, des expositions temporaires, des ateliers thématiques, des séances de dégustation… « À l’extérieur, nous avons créé une série d’événements lumineux qui résonnent entre eux, explique Aurore Assimon Amata, conceptrice lumière, chef de projet, Atelier H. Audibert. L’extension de la terrasse, sa façade opalescente ainsi que les ouver-
tures désormais obstruées pour les besoins de la scénographie, deviennent, la nuit, une lanterne et des écrans qui attirent le regard vers le musée. Ces éléments sont mis en œuvre techniquement au moyen de mailles pixels déployées derrière des panneaux diffusants et animées d’une programmation lumineuse. » Sur le toit du bâtiment repose l’extension, une « boîte » à l’enseigne de Pressoria, qui s’illumine à la nuit tombée. « Nous avons travaillé sur la double peau, précise Aurore Assimon Amata, dans laquelle nous avons disposé la maille lumineuse qui dessine des bulles de champagne remontant sur cette façade. » Des points lumineux encastrés dans le sol balisent le parvis et les terrasses éclairés en complément par de petits projecteurs installés sur le toit et des lignes lumineuses intégrées dans les marches.
Voyage sensoriel au cœur du champagne « À l’intérieur, poursuit Aurore Assimon Amata, la mise en lumière des différentes séquences de l’exposition contribue à la création d’atmosphères spécifiques et immersives. Ponctuellement, la lumière anime et accompagne les espaces d’exposition sans interférer avec les équipements multimédias. Dans la vaste salle de l’accueil, le plafond, en relief, qui représente les territoires de la Champagne, est ponctué de points lumineux légèrement teintés qui permettent de repérer les différents coteaux et cépages de la région. » Dans la boutique, les objets en cristal Lalique sont éclairés par des dalles lumineuses posées au fond des vitrines et des spots positionnés autour. Le parcours débute par une présentation de la Terre que l’Atelier H. Audibert a choisi de laisser dans une certaine pénombre. Les petits couloirs, qui relient les différentes salles d’exposition, bénéficient d’un éclairage discret réalisé à partir d’encastrés muraux disposés à 45 cm du sol. Dans la première salle d’exposition où le visiteur découvre l’histoire du bassin champenois, le massif bloc de calcaire est éclairé par un puits lumineux factice. Inspirés par les fameux essorts de Champagne qui permettent de ventiler les caves, les concepteurs lumière ont
© Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia © Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia
© Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia
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créé un éclairage qui émane des parois intérieures de cette cheminée et varie en intensité et en température de couleur en rythme avec la projection vidéo attenante, exprimant ainsi le temps qui passe. Les salles suivantes, où l’histoire du champagne est racontée par des vidéos, bénéficient d’un éclairage standard, complété par des cadreurs orientés spécifiquement sur les cartels. Placée au centre de la salle dédiée au travail de la vigne, la grande table, créée par l’agence de scénographie Casson Mann, expose des cloches en Plexiglas qui présentent des feuilles de vigne ou des insectes ravageurs, et des panneaux de bois informatifs, mis en lumière par des cadreurs orientables. « Pour la grande photo de vignes qui se reflète dans les miroirs tout autour, ajoute Aurore Assimon Amata, nous avons utilisé un caisson lumineux en rétroéclairage. » Dans la dernière salle du rez-de-chaussée, Casson Mann a disposé une multitude d’écrans, agencés tels des tableaux sur des chevalets. « Nous avons installé en plafond deux grands cadres rétroéclairés dans lesquels nous avons disposé du ruban led blanc en tunable white dont la programmation est synchronisée avec les images vidéo qui défilent sur les écrans. » LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 19
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© Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia
La salle de dégustation
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La fabrication du champagne mise en scène par la lumière Au premier étage, la salle des pressoirs propose, là encore, de nombreux écrans. Les changements de couleur des rubans led RGB white y simulent les différentes intensités de pression nécessaire pour obtenir le jus de raisin souhaité. Dans l’espace suivant, où le scénographe a reconstitué des citernes en acier, des vidéos détaillent la fabrication du champagne et les différentes techniques de mise en bouteille. Casson Mann a créé un grand mur de fausses bouteilles colorées, éclairées de manière dynamique en fonction des choix que les visiteurs effectuent sur les écrans. Le dernier espace a été éclairé à l’aide de cadreurs qui mettent en lumière les flacons de parfums de cépages élaborés par un « nez ». La visite se termine par la salle de dégustation, habillée de miroirs et de baies vitrées qui ouvrent sur la terrasse et les coteaux. « Ici, souligne Aurore Assimon Amata, nous avons dessiné des suspensions lumineuses sphériques de diamètres différents que nous avons fait réaliser par un souffleur de verre. Transparentes ou bullées, elles ponctuent l’espace à des hauteurs variables. » En redescendant, le visiteur arrive dans un couloir noir de 30 m de long qui dessert l’accueil et le restaurant. « Expérience effervescente s’il en est, remarque la conceptrice lumière, sa traversée s’avère une plongée dans une des prestigieuses cuvées de Champagne. Plus de 150 points lumineux semblent pétiller. Encastrés dans les parois miroirs latérales, ils s’illuminent dans un mouvement très lent ascendant, semblable aux bulles d’une flûte de champagne. » Enfin, le restaurant accueille les visiteurs dans une vaste salle baignée de lumière naturelle, s’ouvrant sur les coteaux de vignes. « Nous avons pris le parti de ne pas encombrer le volume de cet espace, nous avons positionné discrètement les luminaires linéaires qui disparaissent entre les lames de bois du plafond, ne laissant filtrer que la lumière chaude dorée telle la couleur du champagne. » n Isabelle Arnaud
© Atelier H. Audibert. Photo Boegly+Grazia
“Grâce à ce dispositif en immersion côté vignes, le restaurant propose une contreplongée dans les vignes, quand, au-dessus, une immense terrasse en bois fait plonger le visiteur dans le paysage.” Philéas Architecture
La salle de restauration
Projets
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
Lumières
Corner Dior Bon Marché Paris
DIOR S’HABILLE EN LUMIÈRE En 2018, la Maison Parfums Christian Dior confie à Akari-Lisa Ishii, conceptrice lumière, I.C.O.N., la mission de renouveler le concept lumineux de ses boutiques et corners. Les premiers projets sont réalisés en France, puis se déclinent un peu partout dans le monde. Akari-Lisa Ishii est intervenue notamment sur la boutique des Champs-Élysées et les corners du Bon Marché et de Lyon Part-Dieu.
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
«N
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ous avons été mandatés, explique Akari-Lisa Ishii, pour travailler sur la mise à jour du concept global (guidelines) lumineux représentant les trois univers de la marque déclinés dans le monde entier : l’univers Appartement parisien (parfums), l’espace Backstage (maquillage) et la zone Prestige (soins de beauté). Chaque étude technique comprend une ambiance différente propre à chaque univers, avec notamment des températures de couleur et des intensités de lumière spécifiques, des sélections de matériels et des implantations types. » Lors de la rénovation ou de la création de certaines boutiques spécifiques, I.C.O.N. effectue l’étude et
parfois le suivi du projet, afin de le rendre cohérent avec les guidelines et préserver ainsi l’image lumière de la marque partout. Il s’agissait donc pour Lisa Ishii de choisir la technologie la plus optimale pour ces trois ambiances et de définir un effet d’accentuation sur les produits et les décorations tout en assurant un excellent rendu des couleurs et surtout, de représenter l’esprit de chaque univers, en respectant l’image globale cohérente de la marque. Le concept lumineux des univers Dior Le concept lumineux de l’univers parfums a été créé afin d’accompagner l’atmosphère d’un appar-
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
Lumières Projets
tement parisien imaginé par l’architecte designer, qui associe des tonalités chaudes (blanc et gris) à une ambiance feutrée. L’éclairage général est réalisé à partir de spots orientables encastrés au plafond, dotés d’une température de couleur de 3 500 K, tandis que l’éclairage d’accentuation des produits est en 4 000 K. Pour l’éclairage indirect, ce sont des lignes de led dissimulées dans les corniches, en 4 000 K également, qui ont été préconisées. La guideline définit aussi l’implantation des luminaires, notamment les rubans led, installés dans les nez ainsi qu’à l’arrière des étagères sur lesquelles sont disposés les flacons qui semblent ainsi flotter dans l’espace.
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
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Corner Dior Bon Marché Paris t Dior Parfums Champs-Élysées, Paris
« Pour la liste des matériels d’éclairage, précise Akari-Lisa Ishii, nous proposons toujours deux ou trois options, c’est-à-dire deux ou trois fabricants par type de luminaires, afin de permettre aux boutiques ou corners Dior d’installer des luminaires aux caractéristiques esthétiques et techniques équivalentes un peu partout dans le monde. » Le deuxième univers, appelé Backstage, concerne l’espace consacré au maquillage avec une ambiance « loft new-yorkais » complètement différente. « Parfois, souligne Akari-Lisa Ishii, les deux univers se côtoient, notamment dans les corners des grands magasins ; aussi, pour bien les distinguer, nous avons pris le parti de définir des mises en LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 23
Projets
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
Lumières
Corner Dior centre commercial Lyon Part-Dieu
lumière spécifiques à chaque univers plutôt que de créer un concept lumineux identitaire homogène. » Ici, la couleur noire du mobilier et du cadre des écrans fait ressortir les nuances des rouges à lèvres, des ombres à paupières et des fards à joues. Les niveaux d’éclairement y sont très élevés (plus de 2 000 lux), associés à une température de couleur de 4 000 K. La disposition des rubans led a été étudiée dans les moindres détails afin qu’ils s’adaptent aux présentoirs, comptoirs et différentes étagères. L’éclairage du poste maquillage où les clientes peuvent essayer les produits, défini par la Maison Parfums Dior, est intégré aux miroirs et dispose d’un système de changement de température de couleur et d’intensité préprogrammée. Le troisième axe, Prestige, concerne un mini-salon de soins, souvent une cabine avec un petit espace d’attente attenant. Il bénéficie d’un éclairage en blanc dynamique qui varie de 2 700 K à 4 000 K avec des niveaux lumineux plus tamisés. La boutique des Champs-Élysées La boutique Dior située au 52, avenue des Champs-Élysées est une boutique Parfums qui bénéficie donc du concept lumineux « Appartement parisien ». « Afin de conserver l’ambiance cosy d’un intérieur, des spots de plafond diffusent un éclairage général, détaille Akari-Lisa Ishii. De plus, l’espace étant entièrement vitré, il fallait penser à la confrontation avec la lumière extérieure. Ainsi, la grande verrière centrale la complète en 24 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
simulant la lumière du jour. Un scénario d’éclairage a donc été élaboré en fonction des saisons et des moments de la journée afin d’obtenir différentes nuances de blanc : 4 000 K l’été et à midi et plutôt 2 700 K le soir et l’hiver. Mais la mise en scène produits demeure également importante avec, par exemple, des petites sources placées sous chaque flacon. Pour répondre à la demande du client qui souhaitait un niveau d’éclairement important, un équilibre subtil a été trouvé afin de ne pas perturber l’atmosphère douce. Nous avons opté pour des niveaux d’éclairage les plus adaptés possibles, soit 2 000 lux pour la partie périphérique et 2 500 lux pour la partie centrale. » La puissance totale de l’éclairage architectural installée ne représente que 23 W/m². Le corner du Bon Marché Paris Le corner de 60 m² du Bon Marché, à Paris, comprend les trois univers de la Maison Parfums Dior. La lumière accompagne harmonieusement l’aménagement des différents espaces. « Le défi à relever ici, remarque Akari-Lisa Ishii, consistait à mettre en œuvre le concept lumineux pour chacun d’eux tout en prenant en compte l’architecture du magasin, même si le corner Dior était doté de son propre plafond. » Cela a permis d’y encastrer les spots pour l’éclairage général tandis que les rubans led étaient intégrés dans les parois verticales, conformément au concept lumineux. Là aussi, les niveaux d’éclairement élevés associés à
des températures de couleur relativement chaudes enveloppent les clients d’une lumière douce et apaisante, en particulier dans l’espace soins qu’il fallait rendre le plus « cocooning » possible. Akari-Lisa Ishii a développé une guideline spécifique au présentoir de lunettes de soleil : « L’opération n’est pas aussi simple qu’il y paraît au premier abord, précise-t-elle, car il faut tenir compte de la forme de l’objet, de la transparence et de la couleur des verres. » Une autre partie, « bijoux », est venue s’ajouter et a, elle aussi, demandé une étude particulière pour mettre en valeur les pierres et les différentes matières. La boutique du centre commercial de Lyon PartDieu regroupe également les trois axes sur une surface de 60 m². L’agence de design a proposé de disposer des spots sur tiges longues sur un rail au plafond. Le reste de l’éclairage, présentoirs, corniches et étagères, reprend les principes définis par Akari-Lisa Ishii. Il s’agit du premier espace du concept renouvelé, une version 2.0 avec de nouveaux détails, notamment le style de spots. n
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
© Akari-Lisa Ishii & I.C.O.N.
Lumières Projets
Corner Dior centre commercial Lyon Part-Dieu
Isabelle Arnaud Solutions éclairage Dior Parfums Champs-Élysées : Loupi et Prolicht, Cooledge Lighting Dior Bon Marché : DGA, Formalighting, Mawa, Dior Lyon Part-Dieu : Flos LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 25
Lumières Perspectives
Erco : une expertise au service de l’architecture
Anne-Valérie Dujaud-Rondelez
© Ingrid Hoffmann
Directrice générale d’Erco France et Afrique
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Spécialiste international de l’éclairage architectural, utilisant à 100 % la technologie led, Erco, entreprise familiale fondée en 1934, est aujourd’hui un acteur mondial avec des filiales indépendantes et des partenaires implantés dans 55 pays et qui compte un millier de collaborateurs dans le monde entier. Anne-Valérie Dujaud-Rondelez, directrice générale Erco France et Afrique, détaille pour nous les dernières innovations qui ont marqué l’entreprise, tant en termes de produits que de développement durable. Comment est organisé Erco aujourd’hui ? Erco occupe une place forte en Europe, notamment grâce à son site de production situé à Lüdenscheid en Allemagne. Alors que le développement de nos innovations peut, à certains égards, être plus représentatif de l’approche agile et en réseau des start-up du monde digital, nous combinons notre expérience industrielle avec notre approche traditionnelle de la lumière architecturale. Le fait que la conception, la production et le montage soient réalisés sur un seul site simplifie notre dialogue entre les différents départements et permet de proposer des luminaires de très haute qualité. Erco France, créée en 1978, est installée dans le 7e arrondissement de Paris où le showroom va se transformer en 2022 en un « Experience Center » d’Erco. L’équipe est composée d’une vingtaine de personnes travaillant dans les fonctions commerciales, marketing, administration et finances, et nous disposons également d’un service d’études techniques. Avec la led, Erco a étendu ses gammes. Quels domaines d’application l’entreprise couvre-t-elle ? Nous avons défini trois priorités : l’éclairage des bureaux, des musées, et tous les projets publics ou privés qui offrent des espaces de grande hauteur comme les aéroports, les gares, les auditoriums, les lieux de culte. Nous proposons aussi bien des solutions d’éclairage intérieur qu’extérieur et sommes également présents sur les segments boutiques, hôtellerie et espaces résidentiels. Nos solutions d’éclairage confèrent aux bâtiments, aux bureaux et aux installations extérieures une dimension supplémentaire en termes de design et apportent une valeur ajoutée aux personnes qui les utilisent au quotidien. Le débat sur les univers de bureaux attrayants, créatifs et flexibles bat son plein, pourtant, une grande partie de ces projets est encore approchée sous un angle purement quantitatif. Or, la qualité de l’éclairage contribue de manière significative à améliorer les conditions de travail et à favoriser le dialogue et la concentration. Un très bon exemple de réalisation dans des conditions particulièrement difficiles est le projet d’éclairage des bureaux du cabinet d’architecture AHMM
Lumières Perspectives
“Erco Greenology traduit notre engagement pour un éclairage durable” à Londres, car ils ne bénéficiaient que de très peu de lumière naturelle : nous avons utilisé notre approche conceptuelle et technique pour rendre ces espaces plaisants et dynamiques. Pour ce qui concerne les musées et les galeries d’art, collectionner, conserver, rechercher et exposer restent les priorités pour définir un éclairage adapté. Avec sa longue tradition d’éclairage des musées et des galeries, Erco propose des solutions qui offrent une mise en valeur optimale des œuvres d’art. Erco a également développé ces dernières années des solutions pour l’éclairage des bâtiments publics de grande hauteur (aéroports, gares, théâtres) et l’éclairage extérieur… La lumière y assume bien plus que des tâches fonctionnelles : elle détermine le caractère et la force symbolique représentative de ces bâtiments. Dans les environnements urbains, la lumière favorise la vie publique, la nuit. Outre les besoins en matière de sécurité, l’éclairage nocturne répond à des objectifs culturels et commerciaux en mettant en valeur les façades ou en animant les espaces urbains avec des luminaires robustes, dotés d’une technologie d’éclairage LED précise, qui garantissent des investissements durables et pérennes et dont le design s’harmonise avec la vision diurne de la ville. À ce propos, comment le design des produits Erco est-il défini ? Le design a toujours été au cœur du processus d’Erco. Des concepts forts et la créativité forment l’épine dorsale de notre équipe de designers. Elle se concentre sur la création d’un langage distinct et se fonde sur les principes du minimalisme fonctionnel. En même temps, notre équipe s’efforce en permanence de faire progresser les principes de notre système de luminaires modulaires, dans lequel les aspects esthétiques reçoivent la même attention que les paramètres fonctionnels tels que la gestion thermique efficace et le contrôle de l’éblouissement. Disponibles en plusieurs tailles et avec différentes options de montage, nos luminaires offrent des solutions appropriées à une grande variété d’applications, de configurations et de dimensions spatiales. Pour ce faire, nous proposons de nombreux accessoires, par exemple, la gamme Eclipse, qui offre pas moins de 28 000 combinaisons possibles !
Quels sont les thèmes de recherche et d’innovation d’Erco pour 2022 ? Erco a renforcé sa démarche pour un éclairage durable et a créé Erco Greenology qui est une marque déposée. Nous avons travaillé sur deux notions essentielles : d’une part, une approche de la lumière centrée sur l’humain (Human Centric Lighting) et présente uniquement lorsqu’elle est nécessaire ; d’autre part, l’utilisation de bons outils d’éclairage, c’est-à-dire performants, développés et produits dans le respect des principes de l’économie circulaire. La lumière est notre contribution pour accompagner la société et l’architecture et, en même temps, préserver notre environnement. La marque Erco Greenology allie responsabilité écologique et compétence technologique : elle représente notre stratégie pour un éclairage durable. Innovation, efficience, efficacité et durabilité sont les quatre piliers de cette stratégie. Notre objectif est de produire des appareils neutres en CO2 afin de rendre la lumière aussi efficace et donc aussi durable que possible dans son application. Erco investit en permanence dans le développement de nouvelles technologies pour améliorer ses produits et ses processus de production – et notamment sur le plan écologique. Nous devons mesurer chaque innovation par rapport à nos objectifs de développement durable, et ce, afin de réduire la consommation d’énergie et de ressources de nos installations d’éclairage et tout en améliorant l’utilisation que nous faisons de la lumière. À souligner que depuis 2017, près de 200 000 « abeilles » font partie de notre Fabrique de lumière, et nous disposons, depuis 2007, d’une installation photovoltaïque sur le toit de notre bâtiment de production à Lüdensheid. Nous produisons environ 155 000 kWh d’électricité par an, ce qui correspond à une économie d’environ 54 tonnes de CO2. Ainsi, des processus qui suivent les principes de l’économie circulaire, une écoconception dans le développement de nos produits, des mesures de gestion de l’énergie et de l’environnement à grande échelle participent à notre effort pour une neutralité en matière de CO2 et impliquent tous les domaines de l’entreprise. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud
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Lumières Dossier
Magasins de mode et accessoires Dossier réalisé par Isabelle Arnaud
© Marco Zanin Benetton Group
Benetton Florence Architecte : Retail design dpt - Benetton Group Conception lumière : Retail Design dpt + Engineering dept - Benetton Group Solution éclairage : iGuzzini
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Philippe MOMBELLET Concepteur lumière Directeur de l’agence Ponctuelle L’agence Ponctuelle, fondée en 1998 par Philippe Mombellet, emploie aujourd’hui 13 personnes dont 10 chefs de projet : 12 à Paris et 1 personne à l’antenne de Bordeaux. L'agence est spécialisée dans l’éclairage intérieur qui représente 80 % des projets, principalement boutiques, hôtels, restaurants, villas privées ; et 20 % qui se répartissent en mises en lumière de façades de bâtiments et d’espaces d’exposition, et recherche et développement avec les fabricants.
Imaginer des états lumineux Les plus grands noms de la mode vous ont confié la mise en lumière de leurs boutiques. Comment l’éclairage intervient-il dans la mise en valeur de ces produits ? La première image que le client perçoit de la marque ou du magasin est la vitrine, il faut donc accorder un soin particulier à cet espace qui se trouve à l’intérieur mais qui est conçu pour être regardé de l’extérieur. Il faut se projeter comme sur une scène de théâtre dont les acteurs seraient immobiles ; de la même façon, nous avons un décor, des personnages, des matières, des couleurs. Au théâtre, « l’œil du prince » désigne la place qui offre la meilleure vue sur le spectacle, généralement réservée au prince. Elle permet de regarder toute la scène, sans déformation de perspective du décor. C’est ce que nous devons faire pour proposer la meilleure « scène » possible aux passants. Nous travaillons en étroite collaboration avec les décorateurs et les scénographes, les metteurs en scène de la vitrine. L’étude d’éclairage de la vitrine revêt un caractère assez complexe, à commencer par l’analyse de la lumière naturelle : les apports de lumière du jour diffèrent selon l’orientation et le moment de la journée, autant de facteurs qui vont conditionner nos choix, notamment en ce qui concerne le matériel d’éclairage. D’ailleurs, nous utilisons souvent des petits projecteurs motorisés, que nous concevons parfois nous-mêmes, et qui permettent d’éclairer en toute discrétion pendant la journée et d’augmenter l’intensité le soir venu. Il est aussi possible de changer la direction de la lumière et la température de couleur. La vitrine ressemble à un petit théâtre : si les
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acteurs ne bougent pas, la lumière, elle, est en mouvement. Il faut aussi, bien entendu, rester attentifs au « spectateur », le client, car lui, en revanche, se déplace et doit, à un moment donné, entrer dans le magasin. Quels sont les principaux paramètres qui vont définir la ou les lumières à l’intérieur ? Le pluriel est de mise car on n’éclaire pas une zone de vente mais plutôt plusieurs espaces avec des agencements et des mobiliers très différents ; nous traitons le projet d’éclairage du magasin de mode comme un espace qui reçoit du public. Le client va se souvenir de cette première vision de la boutique, lorsqu’il découvre les produits, l’ambiance, l’architecture ; dès l’entrée, la lumière l’entraîne vers les rayonnages, les nouvelles collections, et le fait pénétrer dans un autre univers en créant des émotions. Pour ce faire, nous agissons sur le contrôle de l’éblouissement, la limitation des luminances, les contrastes ; l’éclairage uniquement centré sur la présentation des produits peut vite devenir agressif. D’où l’intérêt d’échanger très tôt avec les décorateurs et les scénographes car le choix des luminaires est déterminant : leur taille, leur type d’implantation (encastrés, en saillie, suspendus, sur rail, etc.), l’indice de rendu des couleurs, les flux, les faisceaux, l’orientation des appareils, etc. Tout cela doit être pensé de façon à faire disparaître les luminaires afin de laisser les effets lumineux créer une ambiance confortable dans laquelle le client va se sentir à l’aise. Et si le client se sent bien, il va rester plus longtemps dans la boutique, explorer davantage les différents
espaces et sans doute passer à l’acte d’achat. Nous allons jouer sur les directions de la lumière, les ouvertures de faisceau, les intensités. Ce travail permet de restructurer les zones, par exemple hommes/femmes, ou vêtements/accessoires, ou de délimiter les espaces de repos ou d’essayage, et de créer différents états lumineux dans le magasin. Qu’entendez-vous par « états lumineux » ? C’est tout ce que nous pouvons imaginer et réaliser en travaillant la lumière, par exemple en faisant appel à la gradation, à des cellules crépusculaires, à des détecteurs de présence dans les espaces les moins visités, pour moduler l’éclairage et créer des cycles qui vont rythmer les ambiances et suivre une certaine temporalité comme jour, soir, ménage, ou adaptés aux saisons, et donc aux collections, avec des scénarios printemps, été, automne, hiver. Tout est possible avec les technologies à notre disposition. De plus, il est facile aujourd’hui d’inscrire le projet d’éclairage dans une démarche de développement durable dans le respect de l’environnement, avec de faibles consommations, la traçabilité des produits que nous installons, l’optimisation de la performance énergétique et des matériels qui s’intègrent parfaitement dans l’architecture. Ces états lumineux sont aussi et surtout le résultat d’un échange fructueux avec les scénographes et les architectes, pour apporter une lumière de qualité sur les produits de la boutique, et aussi pour offrir du bien-être aux clients et assurer un confort durable aux personnes qui y travaillent. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud
© Ponctuelle
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Boutique Chanel à Florence. Maîtrise d’ouvrage : Chanel SAS, Groupe Chanel International BV. Designer : Peter Marino. Conception lumière : Ponctuelle.
En matière d’éclairage, les magasins de mode font en quelque sorte « bande à part ». En effet, ces espaces, libérés des contraintes de normalisation et de règlementation (hormis les heures d’allumage hors périodes d’ouverture) permettent aux concepteurs lumière de donner libre cours à leur créativité : effets variés, jeux de contrastes, lumières dynamiques. Conçus comme pour des salles d’exposition, les projets d’éclairage s’adaptent aux objets présentés, à l’architecture, à l’identité de la marque, pour offrir une expérience unique aux clients à la recherche d’émotions et de bien-être. Pour mettre en œuvre ces multiples « états lumineux » comme les définit le concepteur lumière Philippe Mombellet, agence Ponctuelle, des spots et des projecteurs miniaturisés, dotés d’un large choix de faisceaux et de températures de couleur, et motorisés afin de contrôler, diriger et façonner la lumière.
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© Ponctuelle
Boutique Chanel à Florence. Maîtrise d’ouvrage : Peter Marino. Conception lumière : Ponctuelle. Solution d’éclairage de la vitrine : Formalighting, projecteurs motorisés via le système Casambi.
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C
omme le souligne Philippe Mombellet, concepteur lumière, agence Ponctuelle, dans son interview en ouverture de ce dossier, l’éclairage des magasins de mode commence par l’extérieur. Et parfois même, par la mise en lumière de la façade, notamment s’il s’agit des grandes Maisons, enseignes prestigieuses, qui occupent souvent des immeubles à l’architecture remarquable. Outre les logos des marques placés au-dessus de la vitrine ou en drapeau, un éclairage architectural, aussi discret que doux, peut être réalisé. On est loin désormais des « gamelles » disposées sur des tiges installées perpendiculairement à l’entrée. « Notre intervention relève certainement de la mise en scène, commente Philippe Mombellet, le concepteur lumière analyse la marque pour en comprendre les demandes et les contraintes et surtout pour proposer, dès l’extérieur, des lumières qui attirent le regard sans l’agresser. » La vitrine : une véritable scène de théâtre À l’image du metteur en scène, le concepteur lumière donne à voir le spectacle immobile qui se déroule dans la vitrine, mais contrairement au spectateur de la salle de théâtre, le passant n’a pas encore décidé de s’arrêter pour regarder, et à défaut de pouvoir l’attirer avec des personnages, seule la lumière en mouvement va permettre d’animer les silhouettes statiques. Ce n’est pas un hasard si Philippe Mombellet parle de « scénographes », ces décorateurs aguerris aux techniques de mise en scène de vêtements et accessoires portés par des mannequins si dociles. Ces deux thèmes, décor et mannequins, déterminent les choix de la conception lumière qui doit anticiper les changements inévitables de couleurs au fil des saisons. Avec la led, il n’est plus nécessaire de refaire l’éclairage à chaque collection : il suffit d’un peu de « magie », « de faire croire », comme le dit Philippe Mombellet. Les petits projecteurs constituent LA réponse pour pouvoir accentuer, orienter, incliner, faire tourner, pivoter et varier la lumière. Intensifs ou larges, les faisceaux se concentrent sur les produits ou enveloppent, les températures de couleur jouent sur les teintes chaudes ou au contraire froides tout au long de la journée et, suprême de l’éclairage des vitrines, l’indice de rendu des couleurs (pas moins de 90) restitue fidèlement les tons des matières si minutieusement sélectionnés par les créateurs de mode.
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© Marco Zanin Benetton Group
© Marco Zanin Benetton Group
© Marco Zanin Benetton Group
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Architecte : Retail design department - Benetton Group Conception lumière : Retail Design department + Engineering dept - Benetton Group Solution éclairage : iGuzzini
Benetton, Florence par iGuzzini
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enetton a ouvert un nouveau concept de magasin à Florence, en Italie, caractérisé par des technologies avancées et durables d’économie d’énergie qui en font un véritable précurseur d’une nouvelle approche de la vente au détail à faible impact environnemental. Fruit d’une recherche et d’une innovation considérables, le nouveau magasin fait partie d’un projet de durabilité que Benetton développe pour consolider ses meilleures pratiques, améliorer ses performances sociales et environnementales tout au long de sa chaîne d’approvisionnement et devenir un modèle en Italie et dans le monde pour la mode durable. Le point de vente s’étend sur un seul étage de 160 m², avec des matériaux naturels régénérés. Le sol est constitué de gravier provenant du fleuve Piave et de bois de hêtres abattus par la tempête Vaia. Les murs sont traités avec une peinture minérale résistante aux bactéries et aux moisissures qui réduit également les polluants dans l’environnement.
Outre les matériaux naturels, on trouve des matériaux créés à partir d’un mélange de déchets de l’industrie textile. Des boutons usagés ont été mélangés à de l’hydrorésine pour devenir des plateformes de périmètre et des bases de stands d’exposition. La laine recyclée a été réutilisée comme motif sur le revêtement du périmètre et comme décoration pour les rideaux des vestiaires. Et un matériau spécial, appelé « rossino », fabriqué à partir de fibres textiles recyclées mélangées, donne vie aux étagères, aux bases d’exposition et aux mannequins. La consommation d’énergie a également été réduite de 20 % par rapport à un magasin standard. Grâce à de minuscules capteurs, à l’intelligence artificielle et à l’analyse des données, un système a été conçu qui permet de maximiser l’efficacité énergétique du point de vente et de garantir le confort des clients en contrôlant automatiquement les systèmes en fonction du flux de personnes présentes.
iGuzzini a contribué à réduire les consommations d’énergie grâce à ses luminaires, équipés de la technologie DALI, qui peuvent interagir avec l’ensemble du système d’intelligence artificielle en modulant l’intensité lumineuse en fonction des entrées physiques et techniques et du flux de personnes. À l’intérieur du magasin, les luminaires Laser Blade et Underscore ont été choisis en fonction des matériaux utilisés et de leur pourcentage élevé de matériaux recyclés et facilement recyclables. Les luminaires Laser Blade ont été installés parallèlement aux panneaux qui distinguent le plafond du magasin, tandis que les luminaires encastrés qui complètent le design sont situés à angle droit et projettent un cône de lumière directement sur les panneaux. Les luminaires Underscore, en revanche, sont utilisés à la base de certaines des zones de design, qui, de cette manière, apparaissent légères et ajoutent du mouvement à l’espace.
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© Ponctuelle
© Ponctuelle
Boutique flagship store Givenchy à Londres New Bond Street Maîtrise d’ouvrage : Givenchy, Groupe LVMH. Design : Clare Waight Keller, directrice de la création de Givenchy. Conception lumière : agence Ponctuelle.
• • • Suite de la p. 32 « C’est un peu notre rôle, explique Philippe Mombellet, de donner vie aux décors : on travaille avec des contre-jours, des lumières latérales, etc., en dissimulant le plus possible les luminaires et surtout en pensant toujours au confort du “public”. On n’imaginerait pas au théâtre orienter les projecteurs vers les spectateurs ! » Le projet d’éclairage de la vitrine doit tenir compte d’une autre composante, et pas des moindres, le soleil. Ainsi, le concepteur lumière étudie dès le début l’orientation de la vitrine : les choix ne seront pas les mêmes selon qu’elle est tournée vers le nord ou le sud ou si elle est située sur une large avenue ou dans une rue étroite. « Pour répondre le mieux possible à ces contraintes techniques, précise Philippe Mombellet, nous proposons des solutions qui mettent en œuvre des systèmes de détection crépusculaire ou à gradation asservis aux apports de lumière de jour afin de conserver les caractéristiques de la mise en lumière, quel que soit le moment de la journée. » Ces dispositifs permettent également de fournir un éclairage 34 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
artificiel lorsque c’est nécessaire, dans le respect de l’environnement. Il existe peu de normes, si ce n’est celles relatives aux appareils d’éclairage eux-mêmes et aux règles d’installation. En revanche, la réglementation relative aux durées d’allumage de l’éclairage des vitrines et de l’intérieur du magasin est bien précise. Il s’agit du décret du 12 janvier 2012 qui impose d’éteindre les enseignes (lumineuses) entre 1 h et 6 h du matin, si l’activité du commerce a cessé, ou au plus tard une heure après la cessation de cette activité. Seuls le maire et le préfet ont la possibilité d’octroyer des dérogations. Les enseignes clignotantes sont interdites. L’arrêté du 25 janvier 2013 exige, quant à lui, l’extinction de l’éclairage intérieur une heure après la fin de l’occupation des locaux. Pour les vitrines, l’extinction doit avoir lieu au plus tard à 1 h du matin, ou une heure après la fin de l’activité si celle-ci se prolonge au-delà de minuit. L’illumination des façades est possible du coucher du soleil à 1 h du matin. • • • Suite p. 38
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© ERCO. Photo Dirk Vogel, Dortmund
L
es détails qui distinguent les vêtements stylés pour homme se révèlent souvent dans un second temps : une coupe parfaite, des matières nobles, des finitions soignées. Ces qualités, la marque de luxe italienne Kiton, spécialisée dans le sur-mesure, les met brillamment en scène dans son nouveau showroom milanais. Malgré les huit mètres de haut de la vaste halle principale du bâtiment Art nouveau, la lumière led brillante oriente consciencieusement le regard des clients sur les costumes, chemises et accessoires. Un subtil rendu des couleurs, des contrastes et des accents prononcés font ressortir matières et détails. Mais outre l’éclairage précis des articles, il s’agissait de souligner l’architecture historique, notamment son ample plafond de verre et les pilastres. Les œuvres contemporaines au mur devaient retenir l’attention, et la grande halle devait dégager une atmosphère à la fois chaleureuse et empreinte d’élégance. Ces impératifs multiples qu’imposait le showroom Kiton, les concepteurs d’éclairage du Gruppo C14 les ont respectés en adoptant une solution totalement inédite et très innovante d’ERCO : le projecteur Opton, d’une puissance extrême et d’une lumière led en blanc chaud, a été spécialement étudié pour le commerce de détail. Les variantes choisies, de 38 W et 28 W, à faisceau Narrow spot de 6° et 10 150 mA répondent aux exigences de la marque italienne. Si le plafond est très éloigné des articles, ces projecteurs ERCO surmontent facilement la difficulté avec la répartition très étroite de leur lumière led et un flux lumineux très élevé, pour mettre en valeur les produits par des contrastes marqués. Peints en noir et montés sur des rails lumière, ces appareils répondent à un concept cohérent, jusqu’à devenir un élément architectural stylé, qui allie histoire et modernité.
© ERCO. Photo Dirk Vogel, Dortmund
Kiton Store, Milan par Erco
© ERCO. Photo Dirk Vogel, Dortmund
Architecte : Franco Raggi, Milan, Italie Bureau d’études : Gruppo C14, Milan, Italie.
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Kiton Store, Milan Architecte : Franco Raggi, Milan Bureau d’études : Gruppo C14, Milan Solution éclairage : ERCO Les concepteurs d’éclairage de Gruppo C14 ont adopté le projecteur Opton 38 W et 28 W en blanc chaud.
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© ERCO – Photo Dirk Vogel
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Le Track Spot Zoom Dim de Ledvance présente un flux de 1 500 lm pour deux températures de couleur, 3 000 K et 4 000 K et un IRC de 97.
t
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© Disano
© Ledvance
Le spot Matrix Q9 Dark “A” de Disano offre t un flux de 1 098 lm à 1 348 lm en 3 000 K.
• • • Suite de la p. 34 Invitation à l’achat La finalité de l’éclairage des magasins de mode peut paraître ambiguë : il faut à la fois apporter un peu de poésie avec la lumière et inciter le client à rester le plus longtemps possible, dans un environnement confortable (on parle de bien-être, désormais), pour qu’il passe à l’acte d’achat. Bien entendu, on va s’attacher à créer des atmosphères chaleureuses dans lesquelles le client se sent bien, mais l’objectif reste avant tout de mettre en valeur les produits présentés, les promotions, les nouvelles collections, les espaces des accessoires. De même que les ambiances sonores sont en harmonie avec les catégories de magasins, les concepts lumineux s’adaptent aux scénographies et aux produits présentés. Les articles de luxe, par exemple, bénéficient plutôt de lumières discrètes aux tons chauds intégrées dans le mobilier ou les parois, tandis que des vêtements de prêtà-porter sont plutôt éclairés dans des teintes plus froides. Les températures de couleur sont choisies en fonction des matières et des coloris. Les fabricants tiennent compte de tous ces critères pour développer des produits qui répondent aux différentes fonctions de l’éclairage. Erco, par exemple, propose des projecteurs Flood ou à faisceau mural flexibles « qui favorisent une mise
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en scène expressive des produits. La qualité de la technique d’éclairage détermine non seulement la précision de la répartition de lumière – au profit d’une expérience d’achat agréable –, mais aussi les dépenses d’éclairage à long terme. La comparaison entre luminaires en matière d’efficacité doit se faire à partir de valeurs caractéristiques sur la base de données d’éclairage identiques. Les systèmes optiques appliquant le principe de projection au moyen de lentilles présentent des avantages qualitatifs et quantitatifs par rapport aux solutions conventionnelles avec réflecteur », affirme le fabricant. Pour Oktalite, « les panneaux arrière peuvent répondre aux exigences les plus diverses. Les surfaces verticales fournissent une certaine orientation dans l’espace : elles communiquent des informations, créent une certaine atmosphère et attirent le regard des clients. Un éclairage adapté aux articles, au groupe ciblé, à l’identité de la marque et à l’architecture du magasin, guide les clients vers le fond de l’espace de vente, ils y restent donc plus longtemps. Un rendu des couleurs optimal ainsi que la mise en scène des articles leur permet de parfaitement identifier les matières et textures ». • • • Suite p. 40
© Lucibel
© Lucibel
© Lucibel
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Maître d'ouvrage : Centre Leclerc Pont Michel, Nice.
L’instant Beauté, par Lucibel
I
l y a quelques années, le groupe Lucibel a entièrement refait l’éclairage du centre Leclerc Pont Michel de Nice. À l’automne 2021, son directeur a démarré une réfection de la galerie marchande, et a souhaité continuer sa collaboration avec la marque. La rénovation du salon de coiffure, L’instant Beauté, devait repositionner le lieu dans les codes esthétiques du moment, alliant le noir profond, le blanc lumineux et les matériaux nobles tels que le bois et le cuir. Le salon devait également présenter deux espaces distincts et complémentaires : une partie barbier et une partie coiffure. L’éclairage met en valeur chaque espace, offrant
des ambiances différentes tout en garantissant une forte cohérence d’ensemble. Pour l’éclairage général, et afin d’unifier le lieu, on a installé un chemin lumineux de forme carrée. Ce choix fait également écho aux mêmes structures utilisées dans l’hypermarché : c’est la gaine aluminium Loline d’une efficacité de 145 lm/W qui fut sélectionnée. L’angle de 90° permet de parfaitement éclairer la partie centrale tout en laissant la possibilité de souligner les espaces latéraux avec des luminaires sur rails. Ces derniers sont placés sur une structure carrée encadrant celle de l’éclairage général. D’une teinte de 4 000 K et avec une émission lumineuse de 5 000 lm, ils rehaussent l’espace
shampoing et coiffage. Directionnels, ils ont été ajustés très précisément sur les fauteuils. L’ambiance lumineuse blanche et homogène permet au personnel de travailler efficacement, sans ombre et avec un bon rendu des couleurs. L’espace barbier a demandé, quant à lui, des traitements complémentaires. Dans une volonté d’uniformité, il est également éclairé par la structure centrale et les luminaires sur rails, mais l’enjeu était, là, de réchauffer l’ambiance. Des suspensions type industrielles renforcent le design de l’ensemble et font ressortir les tons chauds du mobilier. La température de couleur, de 3 000 K, parfaitement adaptée au bois et au cuir, confère une atmosphère de détente, propice au lieu. LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 39
Valextra Boutique, Milan Designer produit : Michael Anastassiades Solution d’éclairage : Flos.
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© Sylvania
© Ponctuelle
© Flos. Photo Daniele de Carolis
Boutique Chanel à Madrid t Maîtrise d’ouvrage : Chanel SAS Design : Jean-Michel Othoniel, Groupe Chanel International BV Designer : Peter Marino Conception lumière : agence Ponctuelle.
Le luminaire Pixo de Sylvania produit des faisceaux de lumière précis grâce à différentes ouvertures de faisceau 24°, 36° ou 54°.
• • • Suite de la p. 38 Créer des émotions… Les boutiques de mode ne vendent pas que des vêtements : les chaussures, sacs, ceintures, lunettes de soleil, bijoux sont autant d’accessoires et de petits objets à mettre en valeur. Des rubans led, des luminaires linéaires intégrés aux étagères, des gorges lumineuses constituent des solutions pour dissimuler les systèmes d’éclairage pour ne laisser voir que les articles. « L’éclairage des circulations n’est pas vraiment le sujet, affirme Philippe Mombellet. Tout le travail des décorateurs consiste à capter le regard des clients et à les conduire là où l’on souhaite qu’ils s’attardent. » La subtilité consiste à procurer des niveaux d’éclairage suffisants pour permettre aux clients de déambuler aisément dans le magasin, sans pour autant diriger la lumière dans les allées, mais sur les présentoirs, verticaux ou horizontaux. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’éclairage centré sur l’humain (HCL) prend toute son importance dans les magasins. Si la personne ne fait pas l’objet de l’éclairage, elle n’en est pas 40 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
moins le centre de toutes les attentions avec pour objectif de créer un ressenti, des émotions. Et c’est exactement le rôle des systèmes développés par les fabricants, notamment le dispositif LumiNature de Sylvania. « LumiNature offre une distribution spectrale complète et équilibrée, toutes les couleurs de la lumière naturelle sont représentées de manière uniforme, explique Sophie Houde, directrice marketing, Sylvania. LumiNature permet d’obtenir une lumière douce qui favorise la relaxation et le sommeil ou, au contraire, une lumière dynamisante. LumiNature offre un rendu des couleurs de 97. » Créer des émotions, c’est « créer des états lumineux » comme l’a défini Philippe Mombellet. L’enquête produits de notre dossier (voir pages 44, 45 et 46) le montre bien : les projecteurs sont conçus pour proposer de multiples effets lumineux. Il ne faut pas pour autant oublier des espaces fonctionnels tels que les cabines d’essayage et les caisses, points stratégiques s’il en est. • • • Suite p. 42
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Aeschbach à Genève, par Ansorg
L
un éclairage efficient et parfaitement ciblé des produits. L’aménagement de l’espace et du plafond, combiné avec une conception de l’éclairage pensée dans son intégralité, contribue à démarquer clairement les catégories de produits, à établir un sens de circulation et à créer une agréable atmosphère pour les différents groupes cibles. Pour ce faire, Ansorg a assorti les luminaires selon leur couleur et les a intégrés dans leur environnement sous formes encastrée et en saillie. L’ajustement final et l’orientation précise des luminaires, ainsi que l’utilisation de l’éclairage dans un spectre de rendu de couleurs défini selon le groupe de produits et la section du magasin, apportent la touche finale au concept global.
© Boris Golz
© Boris Golz
© Boris Golz
orsque les clients pénètrent dans le magasin phare Aeschbach 1904 aux fenêtres cintrées situé rue du Marché, à Genève, ils découvrent un univers flamboyant – des produits de maroquinerie et des chaussures de haute qualité. Ils s’immergent dans une atmosphère détendue alliant harmonieusement aménagement intérieur, architecture et produits, sous une lumière confortable. Ansorg a veillé à ce que l’éclairage réponde avec justesse aux différentes attentes et exigences de la clientèle variée du magasin. En jouant sur la couleur de la lumière, Ansorg est parvenu à créer une atmosphère de bien-être, en accord avec la configuration et la
disposition des différents espaces, mais aussi avec le design haut de gamme du point de vente. Grâce à la concertation étroite avec le bureau d’architecture intérieure Magma vision d’espace & Design, Ansorg est intervenu sur le projet, de la conception globale de l’éclairage à l’orientation finale de chaque luminaire, en passant par l’intégration des unités d’éclairage dans les différents styles de design du magasin. Les particularités architecturales d’un bâtiment classé monument historique ainsi que la norme Minergie – en vigueur en Suisse – concernant le confort et l’efficience, ont été intégrées au concept et validées notamment par la faible consommation énergétique de 14 W/m², avec un éclairage permanent faisant appel à la couleur lumineuse « brillant ». Les réflecteurs utilisés garantissent
© Boris Golz
Architecte : Magma vision d’espace & Design, Genève Ruth Falise-Grauer
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© Amphytype
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Boutique MCS, Milan La température chaude choisie pour la lumière met en valeur les couleurs principales des collections MCS et rend l’atmosphère du magasin plus accueillante et confortable. Solution d’éclairage : Linea Light.
© Zumtobel
© Photo Antonio Buonsante
Buccellati, Londres Architectes : Studio Quadrilatero + Ink Associates Solution d’éclairage : A.24 Magnetic + Vector Spot Carlotta de Bevilacqua, Artemide.
Boutique Issey Miyake, Anvers La boutique est divisée en plusieurs zones équipées de capteurs de mouvement qui réagissent interactivement et déclenchent une augmentation subtile du niveau de clarté lorsqu’une personne pénètre dans une zone. Solution d’éclairage : Zumtobel.
• • • Suite de la p. 40 Éclairages fonctionnels La cabine d’essayage joue un rôle déterminant dans l’acte d’achat, toutes les exigences y sont concentrées : températures de couleur chaudes, indice de rendu des couleurs supérieur à 90, niveaux d’éclairement élevés, contrôle de l’éblouissement… Ces espaces peuvent même être équipés de détecteurs de présence associés à une baisse de l’intensité lumineuse à 30 %, par exemple. Certains fabricants, à l’instar d’Ansorg, ont même développé un dispositif spécifique. « Un nombre relativement élevé de consommateurs se plaignent de l’équipement insuffisant des cabines, affirme le fabricant, une situation pour le moins inquiétante au vu de la pression croissante exercée par le commerce en ligne. Et tous ont déjà vécu cette situation : dans une cabine mal éclairée, même les plus beaux vêtements n’ont aucune chance. La cabine d’essayage 42 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
est un lieu de retraite intime, véritable havre de paix dans l’effervescence du shopping ; elle ne doit pas être réduite à sa simple fonction, mais offrir une véritable expérience. » Le système Youzon n’est rien moins qu’une refonte complète de la cabine d’essayage classique, en adéquation avec les attentes du client. Le concept de base est inspiré de la photographie : les yeux du client sont les lentilles de l’appareil, le miroir est le cadre délimitant toutes les informations significatives et l’espace arrière constitue l’arrière-plan, neutre et valorisant le sujet. Tous les luminaires utilisés diffusent une lumière blanche réglable en continu et offrent un rendu des couleurs élevé. Enfin, les zones de caisses doivent bénéficier d’un éclairage spécifique, au-dessus des comptoirs, qui diffusent une lumière homogène sans ombre portée. Des dispositifs HCL peuvent y être associés pour un meilleur confort visuel. n
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Enquête produits
Défilé haut en couleur Ils sont tous là, les petits spots prêts à rayonner, à animer, à éclairer. La tendance est au noir, plus chic, plus élégant, mais aussi plus sobre. Cependant, les coloris sont disponibles sur demande. Alors, haut en couleur ? S’agit-il du large choix de températures de couleur qui rivalisent de chaleur et de douceur ? Oui, mais aussi de cet indice de rendu des couleurs qui s’affiche au minimum à 90. Des luminaires orientables ? Ils le sont. Inclinables ? Aussi. Et faciles à intégrer dans l’architecture ou le mobilier, bien sûr.
Pixo de SYLVANIA D’un design simple et épuré, ce projecteur intègre directement l’appareillage afin qu’aucune vis ne soit visible. Ce luminaire produit des faisceaux extrêmement précis grâce à des optiques de grande qualité : angle de faisceau de 24°, 36° ou de 54° (3 optiques incluses). Disponible en deux températures (3 000 K et 4 00 K) et deux couleurs (blanc RAL 9016 et noir RAL 9005), il affiche un IRC de 90. www.sylvania-lighting.com
Track Spot Zoom Dim de LEDVANCE Ce spot sur rail 3 allumages est gradable avec lentille de zoom. Il comprend un adaptateur 3 allumages compatible avec les rails standards. Il offre un angle ajustable par rotation manuelle de l’optique de 15° à 55°. Il présente un flux de 1 500 lm pour deux températures de couleur 3 000 K et 4 000 K et un IRC de 97. Garantie de 5 ans. www.ledvance.fr
Linor Zoom de LUCIBEL Ce projecteur sur rail présente un IRC de 98. La possibilité de l’orienter à 85°, sa rotation à 355° et de faire varier l’angle de 13 à 48° permettent une mise en valeur précise et modulable. Il est disponible en 3 000 K ou 4 000 K et émet jusqu’à 2 000 lm. Existe en version Bluetooth Casambi. Les optiques, la led et le driver sont interchangeables facilement pour une maintenance simplifiée et une démarche écoresponsable. www.lucibel.io
Asso de FOSNOVA La gamme de ces spots s’enrichit de versions offrant différents formats et adaptateurs rails, des downlights orientables, tous équipés de led high performance à haute perception visuelle. Les flux lumineux se déclinent de 2 825 lm à 3 080 lm en 3 000 K et 4 000 K avec un indice de rendu des couleurs supérieur à 80. Version gradable DALI -1241 et -6841 pour une utilisation avec le rail Omnitrack Plus. www.disano.it
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Calido Clickbeam Maxi de RZB Ce projecteur sur rail est complètement orientable : il tourne à 356° horizontalement et pivote à 90° verticalement. Son système optique hybride comprend une lentille en polycarbonate et un réflecteur en aluminium à facettes pour un éclairage homogène. La lentille Clickbeam convient à différents angles de rayonnement, elle est réglable grâce à un mécanisme de mise sous pression. 3 650 lm ou 3 900 lm selon l’angle (23°ou 38°) en 4 000 K. www.rzb.de
Camera de FLOS Signé de Knud Holscher, ce luminaire comprend un système optique exclusif et breveté appliqué à de multiples largeurs de faisceaux. Le luminaire peut être orienté à 90° sur l’axe horizontal pour un éclairage zénithal. Le kit optique comprend 5 largeurs de faisceau, chacune étant développée pour une application spécifique. Il est doté d’un IRC de 97 et se décline en 3 000 K et 3 500 K. www.flos.com
Vivo II de ZUMTOBEL Optimisé pour un éclairage de mise en valeur efficace et puissant dans les magasins, ce projecteur triphasé avec convertisseur intégré dans l’adaptateur universel propose un flux lumineux de 2 200 lm à 2 400 lm, soit une efficacité entre 83 lmW et 93 lm/W. La tête du projecteur est orientable sur le plan horizontal à 337° et sur le plan vertical à 90°. Il propose l’option température de couleur Stable White : 2 700 K/3 000 K ou 3 500 K/4 000 K et l’option Tunable White (2 700 K à 6 500 K). IRC > 90. www.zumtobel.com
Twister de FAGERHULT Avec un IRC de 90 et un flux de 1 824 lm, ce spot minimaliste d’une forme attrayante et intemporelle propose une température de couleur de 2 700 K. Il est monté sur rail et compatible avec un rail triphasé standard (marche/arrêt), un Control Track (DALI) et adapté à la commande d’éclairage sans fil Bluetooth. Disponible avec trois distributions de lumière, petite, moyenne et large. www.fagerhult.com
Lenty d’OKTALITE La nouveauté de ce projecteur est l’utilisation d’une lentille de haute qualité pour un éclairage plus ciblé et très focalisé avec des luminances élevées. Sa tête peut tourner de 320° et pivoter de 90°. Il propose des flux lumineux de 1 000 lm, 1 500 lm ou 2 000 lm ; avec des faisceaux Spot, Medium Flood à Flood. Il est doté d’un IRC supérieur à 90 dans toutes les températures de couleur : 2 700 K, 3 000 K, 3 500 K et 4 000 K. www.oktalite.com
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Ink System de LINEA LIGHT Profils lumineux et lampes à suspensions linéaires avec émission diffuse ou avec UGR contrôlé grâce à des cellules spéciales darklight, projecteurs réglables avec trois optiques différentes et suspensions ponctuelles... ce système comprend un grand nombre de luminaires. Le câble agit comme un conducteur sûr et fiable, ne nécessite aucune protection ou mesure d’installation spéciale et permet une liberté de positionnement maximale. Il adopte le protocole « DALI Point-to-Point », qui permet de faire varier individuellement l’intensité. www.linealight.com
Kenzo de NEKOLIGHTING Cette série propose des spots avec une technologie à lentille, disponibles en trois diamètres : 30 mm, 55 mm ou 70 mm. Les têtes lumineuses rondes prennent place dans un boîtier rond. Les modules led peuvent être positionnés à l’intérieur ou à l’extérieur du boîtier. Le système optique est orientable sur 90° et pivotant sur 350° via deux axes. 3 températures de couleur : 2 700 K, 3 000 K ou 4 000 K. Deux couleurs d’appareil : blanc ou noir et 3 collerettes diffusantes en blanc, noir ou doré. www.nekolighting.com
Diadem de SUNLUX Disponible en deux diamètres, 62 mm et 75 mm, ce spot affiche un IRC supérieur à 92, voire > 97 en option. 1 700 lm ou 2 900 lm, il se décline en deux températures de couleur, 3 000 K et 4 000 K. Les lentilles et les accessoires sont interchangeables : le corps et la collerette existent en noir, blanc, et couleur sur demande ; la bague se décline en rouge, bleu, vert, or, orange et sur demande. Le système optique propose différentes focales ; D62 : 10° (XN), 18°(N), 32°(W) et 54° (XW) – D75 : 14° (XN), 26°(N), 36°(W) et 55° (XW). www.sunlux-group.com
La Linea d’ARTEMIDE Cette ligne lumineuse repose sur un principe de base qui génère un système ouvert et une relation globale avec l’espace et les humains. Elle s’intègre facilement dans les espaces intérieurs et extérieurs en s’appuyant sur la qualité de la lumière, le degré de protection IP, la flexibilité et la modularité. Son flux est de 960 lm/m en 3 000 K. Avec son dos en aluminium, il est possible de suspendre des modules La Linea en créant des géométries linéaires ou courbes dans des compositions personnalisées. www.artemide.com Tecnica Evo d’iGUZZINI Avec un IRC de 90 (en 3 000 K et 4 000 K), une efficacité jusqu’à 130 lm/W, trois distributions Spot, Medium et Flood, ce projecteur compact, efficace et puissant est dédié à l’éclairage des magasins. Il existe en deux tailles avec des diamètres de 92 et 117 mm, dans les finitions blanche et noire. Le réflecteur optique est en aluminium P.V.D. (dépôt physique en phase vapeur) qui augmente la réflectance, par rapport à un réflecteur en aluminium anodisé. Possibilité d’inclinaison de 90° sur le plan horizontal et rotation de 360° autour de l’axe vertical. www.iguzzini.com 46 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
Pyxis d’HOLIGHT Doté d’une lentille à facettes, ce projecteur offre trois flux : 710 lm, 760 lm, 810 lm associés à trois températures de couleur respectivement de 2 700 K, 3 000 K et 4 000 K. Il propose deux ouvertures de faisceau : 24° et 36°. Il peut s’orienter par rotule à 360°/0-90°. Il est disponible en blanc, gris ou noir et RAL sur demande. www.holight.com
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Lumière, bois et écoconception Comment est né votre intérêt pour l’éclairage ?
Je suis graphiste et imprimeur de formation. J’ai travaillé dans des agences de publicité, où j’éditais des catalogues et notamment un catalogue d’éclairage. J’ai ensuite intégré cette marque de distribution comme responsable communication et marketing. Ces 14 années m’ont permis d’acquérir un solide bagage en éclairage. J’ai finalement mis mes connaissances au service d’un autre distributeur, où j’ai rencontré mon associé, Bertrand Gilbert, où il occupait la fonction de prescripteur terrain pour le tertiaire et les boutiques.
Pourquoi votre choix s’est-il porté sur le bois ?
Le bois est une matière très rapidement esthétique, sans finition ou peinture. Lors de notre phase de réflexion, nous avons constaté que l’offre de luminaires techniques en bois était quasiment inexistante, à l’inverse de l’aluminium par exemple, ce qui nous laissait une véritable place libre. Dans le tertiaire, la finition en bois massif apporte de la chaleur aux espaces. Nous créons des luminaires simples, mais esthétiques, qui s’intègrent à tous les projets et offrent des capacités techniques très intéressantes. Le bois est un matériau qui vit et qui dissipe assez mal la chaleur. La question du respect des normes s’est donc posée, notamment le classement au feu qui impose, pour tous les luminaires, l’application pendant 30 secondes d’un fil incandescent à 650 °C. Nous n’avions pas de données techniques et nous avons donc fait des tests au feu dans les laboratoires TÜV de Lyon, en
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utilisant différentes épaisseurs de bois. Il s’agissait d’une étape très importante en vue de la commercialisation. Aujourd’hui, nous avons donc tous les tests nécessaires à l’installation de nos luminaires en ERP.
Pouvez-vous nous expliquer la démarche vous ayant conduit à concevoir la moulure 57 x 50, déclinée pour toute une série de luminaires ?
Cette moulure est une pièce maîtresse de nos luminaires, l’équivalent des profilés aluminium. Cette pièce est déclinée sous toutes ses formes. Lorsque je conçois un produit, ma démarche est plutôt celle d’un fabricant que celle d’un artiste. Je me concentre donc sur la production et les déclinaisons possibles. Mon objectif est également de simplifier l’installation des luminaires, en pensant toujours à l’électricien qui assemble et pose les produits, pour qu’il y parvienne en 5 à 10 minutes, avec le moins d’outils possible. D’un autre côté, j’essaie de m’adapter aux contraintes de production. Lorsque j’ai conçu les premières collerettes de downlights, par exemple, j’avais défini une épaisseur de bois de 10 millimètres, mais lors d’un échange avec l’ébéniste, nous avons établi que cela rendait la pièce trop fragile et que l’épaisseur idéale serait de 12 millimètres. Cela renforçait le luminaire et évitait également de raboter le bois et donc de mettre en poussière de grandes quantités de matière. De mon point de vue, il est très important de s’adapter aux contraintes en phase de conception.
Lumières Designer
Graphiste et imprimeur de formation, Nicolas Forget a cofondé la société Kraken Lighting en 2020 avec son associé Bertrand Gilbert. Tous deux issus du monde de l’éclairage, après un passage chez un distributeur de solutions dédiées aux bureaux et aux magasins, ils se sont lancés dans la création de luminaires techniques en bois massif, respectueux de l’environnement et adaptés aux contraintes d’éclairement des espaces tertiaires. Au départ, ils conçoivent des cadres en bois massif pour habiller des dalles led, puis ils s’orientent vers la conception de produits finis, à base de moulures en bois adaptable à toute une série d’applications.
Quelles sont ses différentes déclinaisons ?
Initialement, cette moulure était destinée à un rail 3 allumages, mais je trouvais dommage de l’utiliser exclusivement pour cette application. La moulure 57 x 50 sert donc d’accessoire d’habillage de rails 3 allumages (K’CHE), mais aussi à la fabrication de suspensions pouvant aller jusqu’à 3 mètres de long, avec diffuseur opale en PMMA 100 % recyclé et recyclable (K’LASS), avec un système optique à lentille et noir (K’LYN). Cette moulure est également utilisée pour les lampadaires de bureau (K’LAMP et K’ATAM), pour les suspensions carrées (K’RRE), pour les appliques murales déportées (K’FKA) dédiées à l’éclairage des bibliothèques et des espaces de bureaux, ou encore pour le bras du projecteur sur rail (K’CHEW)… et je continue encore à décliner la moulure. Je viens notamment de créer sa petite sœur, qui aura tout autant de déclinaisons en 33 x 33 mm.
Pouvez-vous nous dire un mot du mode de production de vos luminaires ?
Nous proposons à nos clients un catalogue avec différentes essences de bois, exclusivement du chêne et du frêne issus de forêts françaises écogérées, différentes teintes et finitions, mais aussi un choix de teintes de led, d’IRC et avec ou sans gradation. Tous les luminaires sont fabriqués à la demande. Nous avons la liberté de répondre à toutes les exigences des prescripteurs. Pour la production des pièces en bois, notre volonté était de travailler avec des artisans locaux, ce qui était assez complexe pour les commandes importantes. Nous avons finalement trouvé Brut de Bois, situé à moins de 50 km de notre atelier. Grâce à ce partenaire de grande qualité, qui produit par ailleurs des ouvrages d’art pour les monuments historiques, des ouvertures, des meubles ou même des parquets, nous avons pu envisager d’autres designs techniques. Nos luminaires sont conçus pour être réparables, en évitant au maximum le collage et les soudures et en favorisant le vissage. Pour l’assemblage, nous travaillons souvent avec des ESAT (établissement et service d’aide par le travail) et nous voulons aller plus loin dans cette démarche. Les
Nicolas Forget, Kraken Lighting
ESAT ont une formidable capacité d’adaptation et sont capables de réaliser de petites commandes. De plus, l’économie sociale et solidaire fait partie intégrante de notre démarche.
Avec votre associé Bertrand Gilbert, vous souhaitiez vous orienter vers une démarche de développement durable très avancée. Pouvez-vous nous l’expliquer ?
C’est ce point qui nous a rassemblés dès le départ. Nous voulions créer des produits écoconçus, fabriqués localement, avec une gestion durable de nos approvisionnements en matière première. Nous souhaitions atteindre la marche suivante, en utilisant des déchets de bois. Nous nous sommes donc orientés vers un bureau d’études spécialisé dans l’économie circulaire, La Matière, situé à La Rochelle. Nous avons répondu à un appel à projets de l’Ademe pour sortir des gammes de luminaires à partir de déchets, pour lequel nous avons été lauréats. L’Ademe a donc financé une partie de notre étude. Nous avons ensuite réfléchi à créer de petites moulures à base de déchets et des luminaires avec du bois issu du réemploi d’anciennes menuiseries. Nous voulons mener ces deux projets de front. Les prix de la matière s’envolent et la majorité du bois massif fabriqué en France part en Chine. Le réemploi peut poser des problématiques d’approvisionnement, de quantité et de qualité de matière.
Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir déjà proposer certains de nos produits à base de déchets. Notamment des dalles led 600 x 600 pour bureaux, fabriquées à base de contre-plaqué issu de chantiers d’aménagement de bateaux, ou des collerettes d’encastrés en bois exotique sauvé des bennes. Rubrique réalisée par Alexandre Arène
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SÉCURLITE : CONÇU ET FABRIQUÉ
en France de A à Z
© Sécurlite
Lumières Manufacture
L’usine de La Ferté-Bernard dans la Sarthe est l’unique site de production de Sécurlite, qui propose des solutions d’éclairage haute résistance et durables pour les logements et des appareils techniques pour les transports, les collectivités et les espaces fermés. La société a été fondée en 1986 en région parisienne et le site de production a été implanté en 2000 avec la volonté de fabriquer les produits en France pour maîtriser la production et la qualité des appareils. Stéphane Aubry, directeur général de Sécurlite, nous dévoile les particularités du site.
Laboratoire de conception électronique
© Sécurlite
« Les modules led sont conçus dans le laboratoire et dimensionnés pour répondre aux besoins des luminaires . »
L’une des particularités de Sécurlite est de maîtriser sa chaîne de production de A à Z. Les modules led, qui seront intégrés dans un second temps dans les luminaires, sont dessinés et dimensionnés selon les caractéristiques de chaque luminaire. Les composants, qui ne sont pas fabriqués par Sécurlite, sont sélectionnés et testés, et les données affichées par les fournisseurs sont vérifiées en conditions réelles. Les ingénieurs du laboratoire fabriquent des prototypes de cartes led et de détecteurs de mouvement et effectuent de la R&D pour les logiciels intégrés aux détecteurs.
Conception des luminaires
Sécurlite intègre un bureau d’études, chargé de trois missions : concevoir les luminaires, les adapter pour faire de la demi-mesure ou du sur-mesure et effectuer des études d’éclairage pour le compte de ses clients, principalement pour des ensembles de bâtiments résidentiels. Le respect des normes, la maîtrise du processus de production de la conception à la fabrication, les économies d’énergie, mais aussi la conception, la fabrication française et l’accompagnement client constituent l’ADN de Sécurlite.
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© Sécurlite
« Le bureau d’études est chargé de la conception mécanique des produits, mais aussi de leur adaptation pour répondre aux besoins des clients. »
Lumières Manufacture
Fabrication des moteurs
« Les modules led et les détecteurs de mouvements intégrés aux luminaires sont fabriqués au sein de l’usine. »
© Sécurlite
© Sécurlite
Les circuits imprimés (PCB) passent dans une machine qui fixe les composants sur la carte. Une carte compte 30 à 60 composants selon les besoins. Ensuite, une pâte à braser est déposée sur un pochoir. Les têtes de la machine piochent dans les différents composants, les apportent sur la carte et les positionnent à leur place dans le bon sens. Enfin, les circuits imprimés sont placés dans un four (au fond de l’image), qui fait monter progressivement en température la pâte à braser, avec des temps de passage précis pour la faire fondre et souder les composants sur la carte électronique. Après ces différentes étapes, qui constituent la ligne CMS (composants montés en surface), vient la soudure par vagues des composants traversants. Une fois tous les composants intégrés, on passe à la phase de test de la qualité et des fonctionnalités.
Production des luminaires
© Sécurlite
« Lors de cette phase, les modules led fabriqués précédemment sont assemblés dans les luminaires. »
L’atelier de production des luminaires compte cinq lignes de production, deux pour les appareils dédiés aux logements et trois pour les appareils techniques. Certaines lignes assurent la production de gros volumes, d’autres produisent les petites et les moyennes séries. La polyvalence est essentielle, dans les compétences des opérateurs et dans les lignes de production qui, en cas de grosses commandes, peuvent être réaffectées. Tous les appareils de Sécurlite sont testés à l’allumage et le taux de SAV est parmi les plus bas du marché. Une partie de la production est stockée pour plus de réactivité, et les produits sur mesure sont fabriqués à la demande. 210 000 luminaires sont sortis de l’atelier de production en 2021. L’usine accueille également des travailleurs handicapés de l’ESAT de La FertéBernard.
Showroom
« L’usine possède son propre Showroom, pour permettre aux clients de découvrir et de manipuler les produits. »
Rubrique réalisée par Alexande Arène
© Sécurlite
Créé en 2019 lors de l’agrandissement du site de production, le showroom présente l’ensemble des solutions d’éclairage dédiées aux logements et les appareils techniques. Il regroupe les best-sellers du groupe, mais aussi les dernières innovations, notamment les solutions connectées pour faire remonter les informations aux services de maintenance, améliorer la gestion des parcs lumineux et les interfaces pour gérer les appareils à distance. Cet espace d’exposition accueille les clients installateurs, distributeurs, prescripteurs, ainsi que les clients finaux.
SÉCURLITE Z.I. des Ajeux 72400 La Ferté-Bernard – France Tél. : 02 43 60 40 00 - contact@securlite.com LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 51
Lumières Cahier
technique
Obscurité(s) Dossier réalisé par Roger Narboni, concepteur lumière, et Isabelle Arnaud L’obscurité est définie comme « une absence de lumière » et non pas comme un état ou une ambiance à part entière. Ce mot évoque ainsi à la fois des sensations positives, reposantes, propices à la découverte de la nature et du ciel étoilé, mais il procure aussi des ressentis négatifs, inquiétants ou d’inconfort. L’obscurité est trop souvent perçue en ville comme un facteur d’insécurité et opposée systématiquement à un défaut d’éclairage censé sécuriser les usagers, sans jamais prendre en compte les faibles capacités de notre vision nocturne. Pourtant, l’obscurité totale n’existe pas en milieu urbain et même à la campagne, elle est toujours perturbée par nombre de points lumineux, notamment domestiques. En conception lumière, elle est donc devenue un enjeu et un défi majeur pour maîtriser la pollution lumineuse, protéger le ciel nocturne et préserver la biodiversité. Elle est donc tout naturellement intégrée dès le début aux projets d’éclairage extérieur et englobée dans l’étude des trames noires en plein développement. Mais nous sommes encore loin d’exploiter les possibilités qu’elle pourrait nous offrir dans le futur pour réenchanter la nuit de nos villes. Ce dossier permet donc de faire le point sur la manière dont les conceptrices et les concepteurs lumière abordent aujourd’hui ce sujet et en quoi il a transformé leur pratique professionnelle. Roger Narboni
Sdal et Trame noire du site archéologique d’AlUla en Arabie saoudite Paysagistes : agence TER. Copyright infographie : Juliette Maricourt, CONCEPTO
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Lumières Cahier
technique
Comment définiriez-vous l’obscurité ? C’est la pause essentielle dont les êtres ont besoin, autant l’Homme que la faune et la flore. Cette ressource nécessaire et qui nous est volée par la lumière et que l’on essaie de retrouver. Elle est différente en fonction des lieux et des contextes, selon qu’elle est urbaine, rurale, que l’on se trouve sur une plage, que l’on observe un ciel nuageux ou étoilé… Nous avons besoin d’une obscurité bienveillante, afin que la lumière rende l’obscurité agréable. Notre métier consiste donc à donner ces repères lumineux dans la nuit sans pour autant la supprimer. Il nous faut trouver cet équilibre en travaillant avec beaucoup de finesse, en contrôlant la lumière afin d’offrir des espaces où l’on se sent bien. La lumière, pour moi, représente un vecteur social dans la nuit urbaine et c’est ainsi que je l’aborde dans mes projets. Je m’efforce de rester dans un langage juste et poétique. Est-ce que ce langage peut être le même en milieu urbain que dans un environnement rural ? Les petits villages pratiquent beaucoup l’extinction de l’éclairage public à partir de 23 h ; ce qui nous laisse la possibilité d’éclairer d’autres endroits de façon ponctuelle et en douceur, par exemple les chemins qui conduisent à l’école, les marchés nocturnes. De plus, on peut jouer sur les temporalités et limiter les durées d’allumage en fonction des usages et révéler différents éléments du patrimoine. Malheureusement, il arrive que d’autres interventions viennent contrer le projet initial. Il y a deux ans, nous sommes intervenus dans le square Hervo sur le front de mer de Pornichet, avec des niveaux d’éclairage extrêmement bas. L’ambiance y est douce et intimiste sur la promenade piétonne où les gens s’assoient sur les bancs pour regarder vers le large. Dans ce champ de vision apparaît un pont emprunté par les véhicules que nous avions choisi de laisser dans l’ombre. Mais les choix, principalement financiers, de la maîtrise d’ouvrage, ont doté ce pont d’un puissant éclairage, visible de très loin, et qui enlève tout le caractère de douceur particulier au
© Noctiluca
Rozenn Le Couillard, conceptrice lumière, Noctiluca, appréhende la nuit en associant lumière et obscurité en tenant compte des usages et du contexte temporel. Avant de savoir comment, Rozenn Le Couillard se pose la question de quoi et quand éclairer. Préserver l’obscurité fait partie intégrante du projet d’éclairage extérieur.
site. Dans les grands projets d’éclairage urbain, je me suis rendu compte que les habitants approuvaient généralement notre choix d’éclairer les trottoirs et pas la voirie, en dessinant les perspectives par des accents de lumière sur certains espaces. On peut même aller plus loin et programmer la gradation de l’éclairage qui permet de baisser les flux à certaines heures ou selon les saisons, par exemple.
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Pornichet Urbanistes mandataires : Magnum Paysagistes : Campo Infrastructure : Arcadis Mise en lumière : Noctiluca Mosaïste : Delphine Deltombe Entreprise sociale et solidaire de recyclage : Bathô
Est-ce que le concept d’obscurité est admis aujourd’hui ? Très certainement, et c’est même une attente de la part des usagers comme des politiques. Nous devons encore beaucoup expliquer et nous organisons de plus en plus souvent des promenades nocturnes qui permettent de se rendre compte de ce qui est agréable et confortable au fil de la déambulation. On a oublié de penser la ville de nuit, charge à nous, concepteurs lumière, d’intervenir et d’être pédagogiques au sein des équipes pluridisciplinaires et de valoriser notre rôle. Les confinements et couvre-feux ont donné lieu à une prise de conscience, de la part des élus, du rôle de la lumière : que veut-on éclairer, quand, quelle ambiance souhaite-t-on proposer. Les collectivités acceptent de ne pas tout éclairer ou tout éteindre. Le fait de préserver des zones plus sombres est de plus en plus admis. Nous travaillons au projet de réhabilitation de la caserne des pompiers Mellinet à Nantes qui va être transformée en logements avec une école et des commerces. Seuls le mail piétonnier et les pistes cyclables vont être éclairés, la chaussée restera dans l’ombre. Autre exemple, le parc Simone Veil à Alençon. Nous avons souhaité réhabiliter les anciennes cours de prison et la tour dans le respect de leurs histoires respectives tout en révélant le ciel et la nuit. La tour, habillée de Corten perforé, est tissée de lumière, comme une dentelle, et invite à une immersion dans la nuit où l’ombre frôle la lumière. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 53
technique
© Lemorse
Lumières Cahier
Charles Vicarini, concepteur lumière, Studio Vicarini, est à l’origine de la démarche de l’Hypernuit : l’obscurité est en fait un cadre propice à la mise en valeur de certaines choses, choisies et remarquables afin de qualifier une identité et une ambiance particulière au site. L’obscurité ne doit pas être vécue comme un obstacle au développement de la ville, à la promenade, à la vie nocturne, mais plutôt comme un phénomène à apprivoiser.
Que vous évoque le terme « obscurités » ? Je pense à créativité, invention ; à la découverte des ciels étoilés et à l’approche de la nuit, lorsque j’étais enfant. Je pense également à ma première visite des carrières de Lumières, aux Baux-de-Provence, à la façon dont la lumière se réinventait dans ces caves sombres. C’est à ce moment-là que j’ai compris que l’on pouvait construire et dessiner l’espace en jouant avec la lumière et l’obscurité. Ce que j’ai mis en pratique plus tard, en tant que concepteur lumière, lorsque j’ai travaillé sur l’environnement nocturne. Je me souviens notamment de mon premier parcours nocturne en Alsace qui conduisait d’un village jusqu’à une table d’orientation en pleine campagne, et que j’avais intitulé « Au clair de vigne ». Le défi consistait à aider les habitants à entrer dans la nuit avec le moins de lumière possible et à vaincre la peur du noir en faisant en sorte qu’ils se sentent à l’aise et guidés dans l’obscurité. J’avais demandé qu’on éteigne l’éclairage public au début de la promenade en centre-ville et que les habitants laissent les lumières allumées à l’intérieur des maisons. Bien plus tard, j’ai éclairé le pont de pierre de Beaugency, très hétéroclite car il avait subi de multiples interventions au cours des siècles. Pour mettre en scène les différentes époques constructives, j’avais joué sur un dégradé chromatique, des blancs chauds aux blancs froids en préservant des espaces sombres. C’était sans doute là mon premier pas vers ce que j’ai appelé « l’Hypernuit ». Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce concept « d’Hypernuit » ? L’Hypernuit est fondée sur notre capacité à accommoder notre vision à la nuit de façon progressive et adaptative, par la scénographie de transition : à savoir quand commencer l’éclairage et quand l’arrêter. Comme l’éclairage public continu est lié en grande partie à l’usage de la voiture, comment peut-on modifier les paysages nocturnes par des discontinuités ? J’ai travaillé sur plusieurs échelles : celle du piéton, du cycliste, de l’automobiliste, car
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Rives de l’étang de Berre, Saint-Chamas – Transition vers les rives sombres. Conception lumière : Studio Vicarini
les vitesses de déplacement sont différentes et les distances à traiter ne sont donc pas les mêmes. Comment, en tant que concepteur lumière, prendre en compte cette donnée ? L’Hypernuit qualifie cette opportunité de concilier obscurité et lumière pour le bien-être du vivant. Il s’agit donc d’aménager de façon progressive et adaptative les espaces et les temps de la nuit, afin de diminuer l’impact de l’éclairage artificiel sur l’Homme, la faune et la flore. L’objectif : donner à lire de nouveaux paysages nocturnes plus attractifs où l’éclairage routier est moins présent. Considérons le périphérique à Paris : il n’y a que des voitures, on pourrait donc tout éteindre et n’éclairer que des zones d’entrée et de sortie, et ce, sans nuire à la sécurité. La scénographie de transition est un élément clé qui peut prendre des formes multiples en fonction du contexte et de l’endroit où l’on se trouve. Cette notion pourrait être plus présente dans les cahiers des charges… Comment peut-on intégrer cette notion de transition selon vous ? Lors de rénovation de l’éclairage public et des contrats de performance énergétique, on peut réfléchir à une autre façon d’éclairer. C’est l’occasion de diminuer l’éclairage routier pour repenser le paysage nocturne en allant vers plus de créativité pour une belle ville la nuit. Éclairer ce qui est beau est tout de même plus intéressant que du bitume ! Trop souvent, nous, concepteurs lumière, n’avons pas le pouvoir d’influencer les décideurs. On voit fleurir partout des plans de réduction énergétique de très grande échelle, mais ils ne posent pas les bonnes questions : est-ce que je dois éclairer la chaussée ? Est-ce que les habitants en ont besoin ? Est-ce qu’il ne faudrait pas les consulter ? Les élus pourraient davantage se saisir du sujet car l’éclairage public peut être un élément plastique qui participe au renouvellement du paysage nocturne urbain en offrant aux citadins des nuits plus agréables. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud
Sara Castagné, conceptrice lumière, directrice générale de Concepto et associée, dirige actuellement les SDAL de Fribourg, en Suisse, et de Plaine Commune (93) où la trame noire joue un rôle majeur et les études des mises en lumière du Village olympique et paralympique de Paris 2024 et des aménagements de la porte de la Chapelle à Paris. Qu’évoque pour vous le mot obscurité ? Je m’applique à positiver l’obscurité, en faire « quelque chose de doux » comme le sujet du livre de Sigri Sandberg, Éloge de l’obscurité. Je pense qu’elle nous manque en ville, qu’il serait formidable de pouvoir offrir des expériences d’obscurité aux citadins qui le souhaitent. Existe-t-il plusieurs sortes ou types d’obscurité en ville ? Comme la clarté, l’obscurité me semble relative. Donc oui, il existe différentes nuances d’obscurité. Sous 0,003 cd/m² seuls les bâtonnets de la rétine contribuent à la vision scotopique. Je situe le début de l’obscurité à partir du moment où seuls les bâtonnets permettent de voir, avec une vision sans information spectrale. En ville, nous sommes rarement confrontés à l’obscurité, nous flirtons avec elle et notre tolérance à l’expérimenter n’est pas la même dans un parc, dans une ruelle ou sur une place publique. En pleine nature, le contexte est différent et l’expérience de l’obscurité totale nous paraît plus logique. Je réalise régulièrement des expériences de visite sans lumière et à la surprise générale tout le monde semble découvrir que nous voyons dans la nuit sans éclairage ! Bien sûr, on ne voit pas précisément où on marche, mais il suffit de ralentir et d’adapter sa déambulation à ce contexte. Ces visites procurent une sensation de bien-être formidable ! Comment ce sujet complexe devenu un véritable défi est-il aujourd’hui abordé dans vos concepts lumière, notamment sur vos études pour le Village olympique et paralympique à Saint-Denis ? Pour le Village olympique, il s’agira d’offrir des îles d’obscurités ressourçantes, qu’elles soient pénétrables ou non, elles vont contribuer à la mise en condition des usagers pour contempler un paysage véritablement nocturne, ouvert sur le ciel, sur le lit de la Seine, avec des skylines lumineuses au loin. Est-ce que le thème de l’obscurité est devenu important dans vos dernières études de SDAL à Fribourg en Suisse et Plaine Commune en Île-deFrance ? La population de la ville de Fribourg accepte plutôt bien l’idée de l’obscurité ; je rappelle que la délinquance y est quasiment nulle, c’est donc plus
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© Infographie : Gaïa Lemmens, CONCEPTO
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facile. De plus, la présence de la nature en ville est bien réelle : cette commune de 38 000 habitants et 3 200 points lumineux est située dans une vallée rocheuse au bord de la Sarine, avec de nombreuses zones boisées dans la ville et un grand paysage naturel autour de la ville. Il a donc été facile de ne pas éclairer ou de baliser très légèrement certains chemins, et de proposer des niveaux lumineux très bas, de la détection de présence, d’équiper des installations d’un interrupteur pour éteindre en partant. Par ailleurs, nous avons mis en place deux périodes : la « human friendly » où il fait nuit tôt, où beaucoup d’espèces nocturnes hibernent et où des ambiances lumineuses généreuses peuvent être déployées. Et une période « biodiversity friendly », de mars à octobre, avec des restrictions, lorsque nos besoins sont moins importants et où, justement, la faune nocturne est en pleine activité. Cette alternance permet de mieux légitimer l’installation d’obscurité en ville. Quant au territoire de Plaine Commune (437 000 habitants, 42 000 points lumineux), il est au cœur de la région parisienne, très densément urbanisée et lumineuse, sa priorité reste d’offrir un service d’éclairage public qui fonctionne en continuité pour renverser une image nocturne anxiogène. Le contexte social n’a rien à voir non plus. Cependant, les rencontres avec la population dans le cadre de la concertation ont révélé que certains habitants sont prêts à revoir leurs exigences pour respecter la biodiversité nocturne. Plaine Commune exprime une forte ambition d’appliquer une trame noire sur son territoire, notre défi sera de trouver comment traiter les espaces interstitiels entre lumière et obscurité, l’occasion pour nous d’innover !
Village olympique et paralympique de Paris 2024 Paysagistes : Agence TER Conception lumière : CONCEPTO - Maelle Tertrais, cheffe de projet
Et dans le futur, comment voyez-vous l’évolution de notre perception et de notre regard sur l’obscurité en ville ? Repenser l’éclairage d’une ville à partir de l’obscurité me paraîtrait déjà un grand pas en avant, partir d’une page noire et réorganiser l’ombre et la lumière autour des usages, prendre soin des gens, offrir des émotions, donner les conditions pour sentir la nuit, la présence du ciel étoilé, tout cela présente un véritable défi. n Propos recueillis par Roger Narboni LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 55
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Shakespeare’s New Place, Stratford-Upon-Avon, Royaume-Uni. Un jardin mémoriel sur le site de la maison originale de Shakespeare. Un concept lumière qui équilibre l’éclairage des différents éléments paysagers et artistiques avec l’obscurité existante. Conception lumière : Speirs Major.
Mark Major est associé principal de Speirs Major, studio de conception lumière indépendant reconnu comme l’un des leaders mondiaux. En plus de 25 ans, le studio a réalisé des centaines de projets dans le monde (SDAL, parcs, grands bâtiments municipaux, petits espaces communautaires, aéroports, ponts, cathédrales et monuments), dont le Dôme du Millénaire, l’aéroport international de Pékin et l’intérieur de la cathédrale Saint-Paul à Londres. Qu’est-ce que le mot obscurité vous évoque ? L’obscurité signifie, dans l’absolu, l’absence de lumière. Mais en éclairagisme, ce n’est pas tout à fait le cas. En revanche, on peut parler des différents types d’obscurité qui existent. Considérons la pénombre « naturelle », ces zones où il n’y a jamais eu d’éclairage artificiel, ce qui est très rare dans les grandes villes, mais qui existe cependant. Ensuite, je pense aux espaces faiblement éclairés, perçus comme des lieux sombres par les usagers. À Londres, ils sont situés dans des quartiers résidentiels huppés comme Hampstead ou les environs du palais de Westminster, comme si l’obscurité était le privilège des riches. Enfin, le troisième type d’obscurité correspond aux zones très contrastées d’ombre et de lumière. Souvent, comme la lumière y est trop forte à certains endroits, les autres espaces, par contraste, paraissent plongés dans l’obscurité et semblent inquiétants. C’est l’exemple typique de la rue principale suréclairée et des petites rues adjacentes qui donnent l’impression d’être très sombres et procurent un sentiment d’insécurité. Cette pénombre ne constitue pas vraiment une bonne version de l’obscurité, elle est en quelque sorte « imaginaire » et ne correspond pas à la réalité car ces voies sont probablement suffisamment éclairées.
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Comment et à quel moment prenez-vous en compte ces différentes nuances de noir dans vos projets d’éclairage urbain ? Notre philosophie repose sur un double principe : la manière dont nous allons apporter de la lumière et la façon de préserver l’obscurité. Au début du projet, je pars d’une zone totalement sombre, un canevas complètement noir, et je me demande ce que je veux donner à voir. Où vais-je mettre de la lumière, quelle quantité, quelles couleurs, dans quelles directions, etc. Et, inversement, je me demande aussi où je vais laisser des zones d’obscurité, ce qui est très difficile à expliquer à nos clients. Cependant, aussi surprenant que cela puisse paraître, on s’attend à un rejet total et c’est tout le contraire qui se passe. En effet, si on explique correctement les enjeux liés à l’obscurité, les architectes, les paysagistes, les collectivités et même parfois les usagers, comprennent et acceptent nos arguments. Depuis quelque temps déjà, nous nous efforçons de démontrer les valeurs de l’obscurité. Le paradigme d’Edison reposait sur le désir de prolonger le jour. Nous ne sommes pas dans ce registre, nous réfléchissons à la qualité de la nuit et au rôle qu’y joue l’éclairage artificiel. L’idée est de proposer aux gens deux visions différentes de la même chose : de jour et de nuit. Il s’agit davantage de préserver la qualité de la nuit que de supprimer la nuit !
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Est-ce le même constat lorsque vous intervenez à l’étranger ? Tout est fonction de culture et les réactions diffèrent selon que l’on se trouve en Chine, en Russie ou au Moyen-Orient. Nous devons donc nous adapter. Hong Kong, par exemple, a une réglementation très stricte concernant la maîtrise de l’énergie et cela impacte énormément les projets d’éclairage. La Russie est le pays où j’ai rencontré le plus d’opposition à baisser le niveau de l’éclairage et à réduire les nuisances lumineuses ; les bâtiments sont suréclairés dans un blanc très froid. J’ai grandi dans un pays du Golfe et je me souviens que c’était la surenchère dans les boutiques du souk : plus elles étaient éclairées et plus elles affichaient leur puissance ! Que pensez-vous de l’extinction de l’éclairage public ? En France, nous avons de nombreuses demandes des municipalités d’éteindre une partie de la nuit. Et en Angleterre ? Il y a 4 ou 5 ans, le Royaume-Uni a connu une sorte de mode en effet, et pendant un moment, les petites villes éteignaient l’éclairage public pour économiser de l’argent, pas vraiment pour lutter contre les nuisances lumineuses ou sauver la planète ! Les habitants ont assez mal réagi, se sont plaints des accidents que cela générait ainsi que de la recrudescence des agressions nocturnes. Aujourd’hui, on s’aperçoit que ce n’est pas très pertinent d’éteindre, et qu’il est plus judicieux de réduire la puissance ou d’installer des systèmes de détection de présence. Désormais, on a plutôt tendance à baisser l’éclairage à 10 % de minuit à l’aube. Les notions de biodiversité commencent tout juste à émerger, par exemple sur le choix de températures de couleur très chaudes (2700 K), notamment en milieu rural. Ces actions sont généralement mieux acceptées que d’éteindre complètement, mais dans les milieux ruraux, notamment où j’habite, la question ne se pose pas vraiment car l’éclairage public y est pratiquement inexistant. J’ai remarqué que dans ces zones très rurales, il arrive parfois que des îlots pavillonnaires se construisent en bordure d’un village et que l’on
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Il faut donc trouver un équilibre entre obscurité et éclairage ? La plupart du temps, nous commençons par faire une marche, équipés d’un luxmètre et d’un luminancemètre et demandons à nos clients de deviner le niveau lumineux. Souvent, les ingénieurs nous répondent 20 lux alors qu’il n’y a que 3 lux ! Nous regardons aussi d’où vient la lumière : à Londres, il n’est pas rare de constater qu’elle émane des bureaux des immeubles environnants et non de l’éclairage public, ce qui surprend plus d’un élu et leur fait prendre conscience du potentiel d’économies rien qu’en agissant sur l’éclairage, du point de vue financier mais aussi des émissions de CO2.
voie surgir tout à coup des candélabres d’éclairage public de forte puissance dans toutes les rues de la nouvelle zone. Nous n’avons pas besoin d’autant d’éclairage artificiel en milieu rural : bien souvent, le clair de lune suffit à apporter la lumière nécessaire. Comment ce concept d’obscurité va-t-il évoluer selon vous à l’avenir ? Je suis convaincu, en tous les cas au RoyaumeUni, que nous nous orientons vers plus d’écologie, nous accordons plus d’importance à notre santé, le grand public a plus de connaissances sur le sujet de la lumière et donc plus d’exigences. Je pense que la réglementation va se développer, notamment en ce qui concerne le contrôle de l’éclairage public. De là à imaginer l’extinction de l’éclairage dans les grandes villes, je ne pense pas. Je crois qu’en ville, on associe trop, psychologiquement, l’obscurité au déclin de la société ! Ce qui n’empêche pas qu’on puisse espérer tendre vers moins d’éclairage en faisant prendre conscience aux gens de la valeur de la lumière et en leur faisant comprendre qu’on ne doit pas la prendre pour argent comptant. Nous devons expliquer l’importance de l’obscurité, sans pour autant retourner au Moyen Âge. Il ne faut pas tomber non plus dans l’excès inverse : dans nos cultures, nous pensons avoir trop de lumière, mais n’oublions pas que de nombreux pays aimeraient avoir accès à l’éclairage ! En conclusion, j’aimerais ajouter que nous n’avons pas abordé le sujet des ombres qui, à mon avis, pose encore d’autres questions, de jour comme de nuit. n
Gazomètres, King’s Cross, Londres, Royaume-Uni. Deux des gazomètres, classés monuments historiques, sont devenus des immeubles d’appartements tandis que le troisième a été conservé comme un espace vide transformé en parc de poche. Le concept lumière était basé sur le cycle lunaire et la sauvegarde de l’obscurité. Conception lumière : Speirs Major.
Propos recueillis par Roger Narboni Traduit par Isabelle Arnaud LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 57
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La lumière dans les espaces extérieurs répond à de multiples besoins. L’aspect harmonieux que revêt, la nuit, un bâtiment, un quartier ou une ville entière constitue l’arrière-plan. C’est grâce à leur concept d’éclairage spécifique que des zones et objets individuels ressortent. Il faut plutôt des instruments d’éclairage aussi bien précis que modulables, grâce auxquels il est possible d’intervenir même dans les nuances les plus fines et qui maîtrisent la lumière et l’obscurité dans l’espace extérieur.
© Erco
Les projecteurs extérieurs Beamer d’Erco
Du design à l’efficacité lumineuse Le projecteur Beamer est doté d’un verre protecteur antireflet et abrite l’optique à lentille qui ne comporte qu’un seul point led lumineux. Celui-ci est si bien protégé qu’il n’éblouit pas, quelle que soit la perspective. La sortie de lumière, sans lumière parasite, semble sombre même lorsque le projecteur est en fonction – d’où le terme Darklight. Erco utilise déjà cette technologie d’éclairage dans la gamme des projecteurs Eclipse qui fournit la lumière adéquate dans les musées et galeries. Beamer propose un large choix d’optiques Darklight interchangeables, et de haute précision pour des faisceaux lumineux à symétrie de révolution, allant de Narrow spot (5°) à Extra wide flood (82°). À cela viennent s’ajouter des répartitions de lumière telles qu’Oval flood (19° x 65°), Oval wide flood (60° x 87°) ou wallwash, qui utilisent la technologie des lentilles Spherolit développées par Erco et ayant fait ses preuves. Les deux optiques réglables en continu Zoom spot (17° - 66°) et Zoom oval (28° x 68°- 66° x 71°) constituent une nouveauté pour l’extérieur. D’autres lentilles et filtres disponibles en tant qu’accessoires permettent un réglage fin supplémentaire. Outre des interfaces qui ont fait leurs preuves telles que DALI, Erco offre la possibilité de piloter et de configurer les projecteurs Beamer sans fil grâce à la technologie Casambi Bluetooth. Cette interface utilisateur permet de régler de manière confortable la valeur de gradation, la température de couleur ainsi que la chromaticité RGBW pour toutes les variantes disponibles. Il est possible de sélectionner des paramètres d’éclairage adaptés à chaque situation et de les programmer dans des scénarios d’éclairage adéquats. Une fois réglés, des programmes de minuterie ou l’horloge astronomique intégrée assurent, par exemple, l’ambiance lumineuse appropriée à tout moment de la nuit.
Solutions intelligentes pour le boîtier et le montage Que ce soit au sol, en façade ou sur de grands mâts, les appareils d’éclairage se montent toujours rapidement et de manière sûre avec les accessoires y afférant. Pour le montage sur des mâts munis de trous taraudés G1/2 réalisés par le client, Beamer existe avec des filetages de connexion correspondants. Un disque gradué sur l’articulation facilite l’alignement. Le boîtier optique est en fonte d’aluminium à double revêtement par poudre, le boîtier et la patère sont faits d’une matière synthétique spéciale, robuste et résistant aux UV et à la corrosion – ce qui permet aux appareils de faire également face, de manière durable, à des conditions ambiantes difficiles. Les projecteurs Beamer existent en deux tailles : S avec un diamètre de 104 mm fournit des flux lumineux jusqu’à 1 484 lm pour une puissance connectée de 12,4 W ; la taille M, avec un diamètre de 144 mm fournit, quant à elle, jusqu’à 2 598 lm pour une puissance connectée de 21,6 W. Les couleurs de lumière représentent une autre spécificité du système : des modules led en blanc chaud (3 000 K), blanc neutre (4 000 K) ainsi qu’en Tunable White ou RGBW sont déjà disponibles en standard. Le service « Erco individual » réalise, en outre, sur demande, des variantes en 3 000 K (IRC 97) ou en 2 700 K, 3 500 K, 4 000 K (IRC 92) – et propose la possibilité de coordonner parfaitement le boîtier des projecteurs et l’environnement architectural du projet grâce à 10 000 coloris personnalisables. www.erco.com
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Ragni lance Aro, un luminaire routier Le luminaire Aro est composé d’un corps en aluminium et d’une finition en verre trempé. Avec son design circulaire orné de rainures en relief, il peut adopter une configuration sur console ou en top de mât grâce à un manchon flexible permettant une inclinaison par pas de 5°. Il peut s’accompagner d’accessoires optionnels tels qu’une console dédiée, équipée d’un projecteur situé à l’arrière offrant la possibilité de créer un scénario de mise en valeur. Dotée d’un bras courbe, la lyre Aro peut également être ajoutée pour apporter de l’harmonie à l’ensemble. Il est disponible en 2 tailles. De classe électrique I ou II, Aro accueille de 8 à 80 led pour fournir un éclairage asymétrique routier de haute performance. Un dissipateur intégré assure une régulation thermique performante du luminaire. Compatible avec les standards Zhaga et répondant aux exigences des smart cities, il est IP66 et son énergie de choc correspond à l’indice IK09. Le manchon flexible avec rotule crantée est réglable de 5° en 5° permettant l’installation sur tout type de console ø34, ø42, ø48, ø60 ou en top de mât. Idéal pour rétrofit sur crosse très inclinée. PCB de 8 à 48 LED au standard Zhaga – de 1 000 à 19 300 lm. Driver intelligent intégré (commande, abaissement automatique, CLO, gradation par variation de tension,
DALI ou Zhaga D4i). ULR 0 % (ULR : pourcentage du flux lumineux directement dirigé vers le haut). Ce luminaire a été conçu dans le respect des critères environnementaux de rentabilité énergétique, de recyclabilité et d’interopérabilité. www.ragni.com
Ledvance présente Streetlight pour l’éclairage public Les luminaires Streetlight Flex sont conçus pour l’éclairage public et des parkings. Alliant performance et robustesse, cette gamme de luminaires met au service des villes un éclairage efficace et durable. Qu’il s’agisse de rues, de parkings ou de zones urbaines extérieures, une distribution uniforme de la lumière est cruciale. La distribution lumineuse du Streetlight Flex est homogène et aucun flux lumineux n’est émis au-dessus de la ligne d’horizon (ULR 0 %) lorsqu’il est monté à 0° d’inclinaison. Il est disponible en trois tailles : Small (13 W à 36 W), Medium (58 W à 80 W) et Large (110 W à 158 W) avec un flux lumineux de 1 650 lm jusqu’à 23 900 lm pour répondre à de vastes applications en éclairage public.
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L’ouverture de la trappe d’accès se fait sans outil et génère la coupure automatique du courant pour un travail sécurisé sur le luminaire. Le raccordement automatique s’effectue facilement grâce au bornier automatique, assurant ainsi une connexion facile et rapide. L’embout flexible permet un montage top et latéral. Un réglage plus fin de l’inclinaison sur une plage de +/- 15° est réalisable sans ouvrir le corps de la lanterne. Le luminaire possède également une protection contre les surtensions jusqu’à 10 kV et il bénéficie d’une garantie de 5 ans. La durée de vie de ce luminaire est estimée jusqu’à 100 000 heures L90, offrant ainsi un confort non négligeable pour des projets de grande envergure. Il présente une efficacité lumineuse jusqu’à 155 lm/W et propose trois températures de couleur : 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K avec un IRC > 70. Streetlight Flex offre deux angles de faisceau pour l’éclairage routier et le stationnement et les protections IP66 et IK08. www.ledvance.fr
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Détecteur PD4-GH de B.E.G. Les hauts plafonds, les longs couloirs, les grandes salles sont tous des endroits où le détecteur PD4-GH Brück Electronic GmbH peut être utilisé. Grâce à sa cellule de lumière intégrée dans un tube télescopique amovible, la plage de mesure peut être optimisée pour une hauteur d’installation pouvant atteindre jusqu’à 16 mètres. La plage de détection ellipsoïdale est conçue de manière optimale pour une utilisation dans de longues allées : elle a un diamètre de 30 m dans le sens longitudinal, même pour les mouvements dans l’axe frontal du détecteur. Ainsi, les détecteurs PD4-GH créent sécurité et confort pour les utilisateurs du hall. Ces détecteurs sont disponibles en version commutation et pour les réseaux KNX, DALI, DALI-SYS, DALI-LINK et BMS DALI-2. Les modules Bluetooth intégrés du fabricant finlandais permettent le contrôle sans fil des modèles PD4-CAS-GH DALI-2 et PD4-CAS-GH à travers l’appli. Casambi. Le modèle PD4-CAS-GH DALI-2 dispose d’une alimentation DALI-2 intégrée à laquelle l’équipement de commande DALI peut être directement connecté. Les appareils individuels, qui sont également visibles sous forme de luminaires dans l’appli, peuvent être logiquement mis en réseau les uns avec les autres. Il n’y a pas besoin d’une connexion physique au bus DALI. Le modèle PD4-CAS-GH est livré sans alimentation DALI-2, mais possède par ailleurs les mêmes fonctions. Il peut également être connecté sans fil à toutes les unités après l’avoir raccordé à la tension secteur. www.beg-luxomat.com
Siderea groupCONTROL de Tridonic Le système permet de contrôler jusqu’à 60 points d’éclairage extérieur en milieu urbain. Un atout pour des lieux tels que les parcs ou les pistes cyclables et piétonnes. Siderea groupCONTROL inclut une fonction d’éclairage dynamique qui s’appuie sur la technologie Tunable White pour contrôler les luminaires de façon flexible afin de répondre aux différents besoins d’éclairage qui peuvent se présenter dans les villes en fonction des heures de la journée. Le Multi Master Controller CIS 30 DA RF, appareil de commande certifié Zhaga D4i, garantit l’interopérabilité des luminaires, des drivers, des nœuds de connexion et des dispositifs périphériques. La cerification impose également que les luminaires soient connectés à des douilles conformes aux critères du consortium Zhaga. Le contrôleur CIS 30 DA RF peut gérer jusqu’à huit canaux DALI-DT6 ainsi que le capteur de lumière ambiante intégré conçu pour offrir des scènes d’éclairage dynamique et à la demande. L’application configTOOL garantit une gestion simple depuis n’importe quel appareil (smartphone, tablette et ordinateur portable). Afin que la mise en service sur site se passe sans problème, le programmateur groupCONTROL alimenté par batterie est fourni dans un boîtier IP40 stable avec un bloc d’alimentation et un chargeur 12 V permettant une recharge en voiture. Une fois chargé, le dispositif peut fonctionner de façon autonome jusqu’à 50 000 heures. www.tridonic.fr/fr/
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ARTEMIDE
DISANO
EAS SOLUTIONS
VINE LIGHT
RADON
MILLET
Une section constante de 16 mm de diamètre dessine la structure et renferme tous les éléments opto-électroniques et mécaniques. Ce qui semble une continuité est en réalité une succession de composants : l’optique brevetée, une lentille conçue pour contrôler avec précision la lumière émise par une bande de led afin d’obtenir un éclairage précis et uniforme d’une efficacité optimale. La tête comprend un variateur tactile. Ce luminaire se décline en lampe à fixer au plan de travail, deux versions murales (applique et avec bras) et de sol.
Cette gamme de projecteurs pour les secteurs de l’industrie, de la logistique, de l’horticulture vient de s’enrichir d’un nouveau modèle à trois modules. Elle propose un flux lumineux de plus de 141 000 lm en 4 000 K et offre par ailleurs un indice de rendu des couleurs supérieur à 70. Ces luminaires sont disponibles avec optiques symétriques et asymétriques et avec plusieurs puissances pour réaliser un projet lumière « sur mesure ».
Dotée d’une efficacité lumineuse jusqu’à 167 lm/W et d’un UGR < 19, cette suspension fournit un éclairage direct et indirect. Elle est disponible en 3 000 K et 4 000 K, avec deux types de diffuseurs en polycarbonate, prismatiques et opales, et trois couleurs : blanc, noir et aluminium. Elle fonctionne à des températures allant de - 25° à + 45°, en on/off avec alimentation et driver intégrés, sur variateur protocole DALI inclus ou en « smart facility », qui propose différents niveaux d’éclairement. www.eas-solutions.fr
www.artemide.com/fr
www.disano.it/it/home
LOUIS POULSEN
LUCIBEL
WE-EF
LP GRAND SUSPENSION
RUBAN LED
DAS100 ET 140 SUR CATÉNAIRE
Cette lampe circulaire associe lumière diffuse et antiéblouissante dirigée vers le bas et éclairage indirect réfléchi par les anneaux supérieurs incurvés. Sur le pourtour, la luminosité du diffuseur est atténuée par le large réflecteur évasé qui l’enveloppe. Autour du réflecteur, l’abat-jour coloré réverbère la lumière, ce qui a pour effet de créer un jeu de lumière se diffusant à l’extérieur, vers le haut et vers le bas du réflecteur. L’ensemble dessine quatre anneaux de lumière qui entourent le diffuseur central.
Ce ruban LED repose sur l’utilisation de led permettant un rendu des couleurs extrêmement fidèle avec un spectre large et très proche de celui du soleil. Les rubans sont disponibles en 2 700 K, 3 000 K ou 4 000 K, mais aussi en version blanc dynamique, DALI et même Bluetooth pour un flux lumineux allant de 740 à 1 700 lm/m. La durée de vie est de 50 000 h L80B20. Il est adapté aux applications muséographiques et l’éclairage d’objets de luxe, et est livré assemblé sur mesure en France selon les besoins spécifiques. IRC de 97.
La forme cylindrique du boîtier en aluminium se fond dans le paysage urbain et ses proportions peuvent être adaptées individuellement à tout environnement : les deux modèles DAS120 et DAS140 sont disponibles avec différentes hauteurs de boîtier. Tout aussi polyvalente : la sélection de photométries et de températures de lumière, la DAS140 étant même disponible en option Tunable White. Avec les lentilles en retrait dans le boîtier, ces lanternes assurent une bonne protection anti-éblouissement. IP66. Classe I. IK07. Existe en 3 000 K et 4 000 K ; version en 2 200 K disponible.
www.louispoulsen.com/fr-fr/
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www.lucibel.io
www.we-ef.com
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Sylvania propose Raiden, un projecteur polyvalent Grâce à son indice de protection élevé (IP66) et à son boîtier résistant (IK08), Raiden, à la fois très fin (34,50 mm d’épaisseur seulement) et robuste, constitue une solution d’éclairage destinée aux zones industrielles et de stationnement, aux façades de bâtiments, et aux installations omnisports intérieures. Raiden propose de nombreuses options d’éclairage avec quatre dimensions, sept flux lumineux : 3 000 lm, 8 000 lm, 12 000 lm, 21 000 lm, 30 000 lm, 40 000 lm et 50 800 lm. Son efficacité lumineuse peut atteindre 138 lm/W, et trois angles de faisceau : intensif de 25°; large : 60°; asymétrique : 50°x 110. Il se décline en deux températures de couleur : blanc chaud (3 000 K) et blanc neutre (4 000 K) pour un indice de rendu des couleurs supérieur à 80. Les versions DALI sont disponibles sur demande. Il présente une protection contre les surtensions : mode différentiel jusqu’à 6 kV et mode commun jusqu’à 10 kV. Testé au brouillard salin 1 000 heures. Il est également disponible en version « Aqua » pour l’éclairage des piscines (résistante aux atmosphères chlorées). Il affiche une durée de vie de 100 000 heures (L90). Garantie 5 ans. L’installation est simple et rapide grâce au pré-câblage de 1 m et à l’étrier ; de plus, les angles d’inclinaison sont indiqués sur le produit. www.sylvania-lighting.com/fr-fr/
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Lumières Rendez-vous
Lumières picturales de culturespaces DU 18 FÉVRIER 2022 AU 2 JANVIER 2023 L’ATELIER DES LUMIÈRES
Après la forêt, la promenade continue dans des parcs et jardins au son vif et joyeux de guitares. Les espaces s’ouvrent, les panoramas se dégagent et le visiteur est entraîné au milieu de scènes de vie : déjeuners et virées au bord de l’eau.
Production : CULTURESPACES DIGITAL® Création artistique : Gianfranco Iannuzzi Mise en scène et animation : Cutback
La plénitude : l’intimité des corps Dans les interstices des arbres apparaissent des corps, sensuels, étranges et énigmatiques. Le visiteur se trouve au milieu des baigneuses et des baigneurs, fascinants et mystérieux personnages, aux traits extraordinairement variés et aux touches de couleurs douces et légères. Le groupe des baigneurs se fond dans la végétation et le paysage.
L’exposition numérique et immersive de l’Atelier des Lumières présente les chefs-d’œuvre les plus significatifs de Cézanne (1839-1906) tels que Nature morte aux pommes, Les joueurs de cartes (1890-95) et Les grandes baigneuses (vers 1906). Peintre autodidacte aux 900 toiles et 400 aquarelles, Cézanne représente des portraits, des natures mortes, des paysages, des scènes historiques… et réalise de multiples versions d’un même sujet, expérimentant sans cesse les possibilités de la matière picturale. L’exposition immersive s’ouvre sur l’ambiance des expositions officielles de la fin du XIXe siècle : tableaux de maîtres, dorures, jury… envahissent l’espace de l’Atelier des Lumières, en hommage aux heures passées par Cézanne à contempler des œuvres du Louvre. Le calme apparent de cette séquence est soudain interrompu par le motif de la pomme issu de ses natures mortes : les fruits bousculent alors la tranquillité préétablie, cassent les attendus et créent une rupture avec ce premier décor, clin d’œil à l’esprit frondeur de Cézanne.
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La confiance : sous les voûtes de la tranquillité Cette première partie conduit le visiteur dans la nature, au milieu des arbres. C’est la révélation du plein air. Comme une ode à la nature, cette séquence mêle plusieurs périodes picturales, de l’impressionnisme aux dernières œuvres du peintre.
64 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
La torture intérieure : la tourmente des portraits Dans cette séquence, le cadre idyllique des Baigneurs se transforme brusquement en une ambiance cauchemardesque : des peintures de scènes d’enlèvement, de crimes et de peurs remplissent les murs. Cette transition brutale révèle la tourmente intérieure de Cézanne et rappelle ses nombreuses réinterprétations des peintures des maîtres anciens. Les images dures et
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38, rue Saint-Maur, 75011 Paris Cézanne, Lumières de Provence
angoissantes se dégagent peu à peu pour laisser place aux autoportraits de l’artiste qu’il peint d’après des photographies. Le regard du visiteur croise sous tous les angles celui de Cézanne, partage son humeur, l’intensité de sa torture intérieure et de son interrogation intime sur ses contemporains. La sérénité : l’apaisement du quotidien Dans cette nouvelle séquence, la tension s’apaise et le visiteur se retrouve au cœur des villages de Provence. Maisons et paysages colorés alternent dans une ambiance méridionale et populaire. En Provence, Cézanne peint ses proches, ses voisins et les personnes qui l’entourent. Ses dernières toiles représentent des paysans, des fumeurs de pipe, des joueurs de cartes, des employés de café… C’est ensuite le quartier du Jas-deBouffan qui est représenté : le visiteur se promène dans le jardin du Jasde-Bouffan, découvre la bastide, le bassin et l’allée des marronniers. La structuration : l’atelier, composition et natures mortes L’Atelier des Lumières se transforme en l’atelier de Cézanne, « grand atelier d’artiste à la campagne », sur l’air d’ouverture des Noces de Figaro de Mozart. Le peintre compose, structure des scènes, étudie la perspective, expérimente les couleurs, les traits. Ces images créent une rupture : le visiteur assiste à cet art de la structuration, à la force moderne de la composition. S’ensuit une profusion de natures mortes : les cadrages, les variations de couleurs, le jeu de lignes verticales et horizontales, les perspectives dénotent une réelle modernité. Cézanne peint parfois ses sujets à partir de plusieurs points de vue, lui permettant de rechercher et d’étudier l’incidence de la
Lumières Rendez-vous lumière sur les objets. Des compositions florales viennent enrichir le décor et emportent le visiteur dans un tourbillon de couleurs. La maturité : les paysages de Provence L’exposition immersive s’ouvre maintenant vers de vastes panoramas maritimes, des couleurs irradiantes de l’Estaque, dans un rappel de la tradition du paysage classique. Le soleil brûle, la lumière est crue, éblouissante, la puissance des couleurs et leur modulation sont mises en avant. Au fur et à mesure, le paysage maritime laisse place à celui des carrières de Bibémus. C’est une nouvelle vision, où prime la sensation que procurent les couleurs des paysages de Provence dans lesquels Cézanne trouve les structures essentielles et immuables de la nature : la nature pour nous, hommes, est plus en profondeur qu’en surface, d’où la nécessité d’introduire dans nos vibrations de lumière, représentées par les rouges et les jaunes, une somme savante de bleutés pour faire sentir l’air.
chromatique, on découvre les œuvres les plus significatives de cet élan de modernité – Composition VIII (1923), Jaune, rouge, bleu (1925) – jusqu’à ses dernières créations biomorphiques. S’approchant de la musique, la peinture s’affranchit progressivement de la contrainte de la représentation et ne prend plus pour référence le monde réel mais l’intérieur de l’être. Véritable voyage dans le cosmos intérieur de Kandinsky, l’exposition immersive invite le visiteur à perdre ses repères pour arriver à une osmose finale abstraite et libérée.
DU 11 FÉVRIER 2022 AU 2 JANVIER 2023 LES BASSINS DES LUMIÈRES, BORDEAUX Venise, la Sérénissime Production : CULTURESPACES DIGITAL® Création artistique : Gianfranco Iannuzzi Mise en scène et animation : Cutback
Kandinsky, l’odyssée de l’abstrait
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Production : CULTURESPACES DIGITAL® Création artistique : Virginie Martin Mise en scène et animation vidéo : Cutback
Après l’exposition consacrée à Cézanne, l’Atelier des Lumières propose une création d’une dizaine de minutes, réalisée à partir des œuvres de l’artiste Vassily Kandinsky (1866-1944). L’exposition immersive se déroule en deux temps, scindée par l’avènement majeur de l’invention de l’abstraction. La première partie évoque les débuts figuratifs de l’artiste, teintés d’impressionnisme, de fauvisme onirique et d’une touche de pointillisme. La seconde partie est plus expérimentale, dévoilant la force de mouvement et de rythme des formes et de la couleur. Plongé dans une explosion
L’exposition immersive propose un voyage exceptionnel à Venise et invite à découvrir ses trésors artistiques et architecturaux. En déambulant le long du Grand Canal et des canaux, des ruelles et des places, des bâtiments et des églises, le public est invité à une promenade entre intérieurs et extérieurs, sacré et profane, à la découverte d’un passé exceptionnel. En une quarantaine de minutes, le visiteur est immergé dans l’art byzantin et les mosaïques dorées de la basilique Saint-Marc, dans les chefs-d’œuvre du Tintoret, de Bellini ou de Canaletto ou encore dans la fameuse Mostra del Cinema avec des photographies d’actrices et acteurs du néoréalisme italien.
Sorolla, promenades en bord de mer Production et création artistique : CULTURESPACES DIGITAL® Mise en scène et animation vidéo : Cutback Peintre de la lumière, Joaquín Sorolla (1863-1923) est l’un des grands noms de la peinture espagnole du XXe siècle. Entre réalisme et lyrisme, l’artiste restitue la richesse sensible des bords de mer. L’exposition immersive retrace l’ensemble de son œuvre : de l’interprétation régionaliste de l’Espagne à ses portraits de famille, paysages et jardins, en passant par les plages.
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La Sainte-Victoire Le parcours se termine sur les représentations de la montagne SainteVictoire. Cézanne réalise au total 44 huiles et 43 aquarelles de ce paysage. Fasciné, l’artiste reproduit sans cesse ce décor, développant sa manière de peindre et sa technique, révolutionnant la peinture.
LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022 - 65
Lumières Index
ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS
Integratech...................www.integratech.be/fr/..............................................12
ACE..............................www.ace-fr.org.................................... 6, 7, 8, 9, 14, 15
Kraken Lighting............https://kraken-lighting.fr/.....................................48, 49 Lébénoïd......................www.lebenoid.fr.........................................................12
Agence ON...................http://www.agence-on.com/................................16, 17
Ledvance.....................www.ledvance.fr..................................................38, 44
Ansorg..........................https://ansorg.com/fr/#/.............................................41
Linea Light...................www.linealight.com/fr-fr......................................42, 46
Artemide......................www.artemide.com/fr/...................................42, 46, 62
Louis poulsen...............www.louispoulsen.com/fr-fr/......................................62
Atelier d'architecture....www.atelier-phileas.com/..............................18, 19, 20 Philéas
Lucibel.........................www.lucibel.io.........................................12, 39, 44, 62
Atelier des Lumières....www.atelier-lumieres.com...................................64, 65 Atelier H.Audibert.........www.atelierherveaudibert.com......................18, 19, 20 Bassins des Lumières...www.bassins-lumieres.com.................................64, 65
Neko Lighting...............www.nekolighting.com/fr/..........................................46 Noctiluca......................www.noctiluca.fr........................................................53 Oktalite.........................www.oktalite.com/fr/.................................................45 Ponctuelle Light Design...www.ponctuelle.com............. 30, 31, 32, 34, 38, 40, 42
B.E.G............................www.beg-luxomat.com/fr/.........................................61
Radiance 35.................www.radiance35,reu............................................14, 15
Casson Mann...............www.cassonmann.com..................................18, 19, 20
Ragni............................www.ragni.com....................................................12, 60
Cohérence....................www.coherencedeveloppement.fr..............................12 Développement
Roger Pradier...............www.zumtobel.com/fr-fr/...........................................13
Comatelec Schréder.....https://fr.schreder.com/fr............................................13 Concepto......................www.concepto.fr..............................................3, 52, 53 Culturespaces..............www.culturespaces.com/fr/home........................64, 65
RZB..............................www.rzb.de.fr............................................................45 Sécurlite......................www.securlite.com..............................................50, 51 Seulsoleil......................www.seulsoleil.fr.......................................................15 Speirs Major.................www.smlightarchitecture.com.............................56, 57
Disano..........................www.disano.it/it/home...................................38, 44, 62
Studio Vicarini..............www.vicarini.com................................................14, 54
EAS Solutions...............www.eas-solutions.fr.................................................62
Sunlux..........................www.sunlux-group.com.............................................46
Etap Lighting................www.etaplighting.com/fr............................................10
Sylvania.......................www.sylvania-lighting.com/fr-fr.....................40, 44, 63
ERCO............................www.erco.com/fr/............ 26, 27, 35, 36, 37, 40, 44, 59
Thorn...........................www.thornlighting.fr/fr-fr...........................................12
Fagerhult......................www.fagerhult.com/fr/...............................................45
Tridonic........................www.tridonic.fr/fr/......................................................61
FLOS............................www.flos.com/en/...............................................40, 45,
Trilux............................www.trilux.com/fr/.....................................................45
Holight..........................www.holight.com.......................................................46
Unsfa............................www.unsfa.fr...................................................6, 7, 8, 9
I.C.O.N..........................www.icon-lighting.com/fr/.......................22, 23, 24, 25
WE-EF..........................www.we-ef.com/#!/fr.................................................62
iGuzzini........................www.iguzzini.com/fr......................................29, 33, 46
Zumtobel......................www.zumtobel.com/fr-fr/...............................12, 42, 45
ANNONCEURS LEDVANCE...................www.ledvance.fr...........................4e couv. RAGNI..........................www.ragni.com............................2e couv. AGI ROBUR..................www.agi-obur.com.......................3e couv. B.E.G...........................www.begfrance.fr.................................11 DISANO.......................www.disano.it/it/home..........................13 LUCIBEL......................www.lucibel.io......................................21 ARCHITECTATWORK....www.architectatwork.fr........................28 SYLVANIA.....................www.sylvania-lighting.com/fr-fr............43
SALONS
MAISON & OBJET Parc des expositions Paris Nord Villepinte 24-28 mars 2022 08-12 septembre 2022 Stimulateur de business et d’échanges entre les acteurs de la décoration, du design et de l’art de vivre. www.maison-objet.com/paris/ ARCHITECT @ WORK Lyon : 11 et 12 mai Paris : 22 et 23 septembre Ce salon, qui présente conférences et produits, est exclusivement réservé aux architectes. www.architectatwork.fr
BEGA...........................www.bega.com/fr-fr/............................47 ELECTRICIENS ............https://electriciens-sans-frontieres.org/....58 SANS FRONTIÈRES RZB.............................www.rzb.de.fr.......................................61 CITEL...........................www.citel.fr/fr.......................................63 66 - LUMIÈRES N° 38 - MARS 2022
WORKSPACE EXPO 30, 31 mai et 1er juin Paris Porte de Versailles, Hall 7.2 Le salon annuel dédié au design, au mobilier et à l’aménagement des espaces de travail. www.workspace-expo.com