Lumières N°39 – Juin 2022

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Lumières

N° 39 - JUIN 2022

INTERVIEW CROISÉE François DARSY, président de la commission Éclairage intérieur du Syndicat de l’éclairage

Christophe MARTINSONS, ingénieur expert en éclairage au Centre scientifique et technique du bâtiment PERSPECTIVES

Frédéric BIANCARDIN,

directeur général de Disano France

DOSSIER

Lumières et paysage



Éditorial

Isabelle Arnaud rédactrice en chef

Ville de Vendôme Concepteur Lumière : NoctaBene Entreprise : Ineo Pilotage DMX : Lumières Utiles Solution d'éclairage : LEC

Lumières et environnements

© Photographe Camille Saada

C Directeur de la publication Jean Tillinac Édition 3e Médias 17, rue de l’Amiral Hamelin 75016 Paris www.filiere-3e.fr Rédactrice en chef Isabelle Arnaud Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80 lumieres@filiere-3e.fr Publicité Sandrine de Montmorillon Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68 sdm@filiere-3e.fr Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Frédéric Bergossen Abonnements Juliette Aguelon compta.3emedias@gmail.com Corrections Laurence Chabrun laurencechabrun@gmail.com Conception graphique et réalisation Planète Graphique Studio 95, boulevard Berthier 75017 Paris Impression et routage Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-La-Pendue © 3e Médias, Paris. Reproduction interdite.

omme le soulignent François Darsy, président de la commission Éclairage intérieur du Syndicat de l’éclairage, et Christophe Martinsons, ingénieur expert en éclairage au Centre scientifique et technique du bâtiment, l’éclairagisme représente un enjeu majeur du projet d’éclairage ; il n’en reste pas moins un sujet essentiel au cœur des préoccupations environnementales. Les concepteurs lumière, les fabricants, et même le législateur, travaillent dans la perspective de rendre l’éclairage plus respectueux de l’environnement. Éric Monin, professeur en histoire et cultures architecturales et chercheur au Lacth, École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, affirme même que « architectes et éclairagistes peuvent produire des environnements finement calibrés, bien maîtrisés, pour rendre la lumière plus aimable ». Rendre la lumière plus aimable ! N’est-ce pas aussi participer à des ambiances plus plaisantes ? Construire un environnement plus convivial ? C’est ce qui se joue dans la mise en lumière du palais du Luxembourg, signée de Christophe Luquet, concepteur lumière, Ombrages : il ne s’agit pas là seulement d’une rénovation efficace, mais aussi de la création « d’ambiances agréables ». De même, Distylight et Rayflexion ont associé leurs savoir-faire pour éclairer le restaurant 39V et « conserver une ambiance très cosy » autant dans la salle que sur la terrasse. Et Régis Fontanez, chef de la section Énergie de la Direction de l’aménagement urbain de la principauté de Monaco, évoque la « démarche environnementale » au centre du réaménagement des Jardins d’Apolline. Frédéric Biancardini, directeur général de Disano France, se félicite quant à lui que l’entreprise ait reçu la médaille d’argent EcoVadis pour ses efforts RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Cette prise de conscience globale des enjeux environnementaux, comme l’explique en préambule du dossier Christophe Jegaden, paysagiste, directeur associé Land’Act, se retrouve au centre des préoccupations des paysagistes et des concepteurs lumière. De leur côté, les fabricants présentent dans l’enquête produits des solutions peu énergivores qui s’intègrent facilement au paysage et conçues dans le respect de la biodiversité. Les CEE, sujet du Cahier technique, montrent bien aussi comment les rénovations, en intérieur comme en extérieur, vont au-delà des considérations énergétiques, en créant des lumières adaptées aux besoins humains et aux différents environnements.

Dépôt légal : juin 2022 ISSN : 2259-3772

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INTERVIEW CROISÉE

© Ombrages

Lumières Sommaire

06 François DARSY, président de la commission Éclairage

intérieur du Syndicat de l’éclairage Christophe MARTINSONS, ingénieur expert en éclairage au Centre scientifique et technique du bâtiment

ACTUALITÉS

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ENTRETIEN

12 Éric MONIN, professeur en histoire et cultures architec-

turales et chercheur au Lacth, École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille Le pouvoir de la lumière

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© Bega. Photo Mark Wohlrab

Lysandre De Pizzol nommé directeur commercial d’Aubrilam Neko Lighting : la filiale française qui monte…

© Yann Deret

10 R idi : 70 ans d’expérience 11 10 ans de Clareo

PROJETS 16 Un parlement éclairé au palais du Luxembourg (Christophe

Luquet, Ombrages)

20 Restaurant 39V, Paris : une gestion de l’éclairage sur

mesure (Distylight et Rayflexion)

24 Monaco : les Jardins d’Apolline se renouvellent

PERSPECTIVES © Disano

26 Frédéric BIANCARDINI, directeur général de Disano France,

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Disano : 65 ans de savoir-faire « made in Europe »


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© B.E.G.

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© Selux. Photo Werner Nystran

Lumières Sommaire

48 DOSSIER 30 Interview : Christophe JEGADEN Paysagiste concepteur associé, Land’Act Intégrer la conception lumière : un must 44 Enquête produits : Des luminaires tout « éco »

DESIGNER 48 Henri Bursztyn

Lumière, rêve et technique

MANUFACTURE 50 B.E.G. : Exigence technologique et énergétique

CAHIER TECHNIQUE 53 Les certificats d’économies d’énergie

53

© Sylvania

28 Lumières et paysage

PRODUITS 58 Colossal de Concord by Sylvania

Cultega LED de Trilux

61 Notche d’Aubrilam

DownRay Clareo Optic de Clareo Entero de Delta Light

63 Mini Giovi de Disano

Lumatube d’EAS Solutions Low Bay Flex de Ledvance

64 Patricia Urquiola signe Almendra

pour Flos, un rameau de lumière

65 Catullo de Lorelux

PH 80 de Louis Poulsen Airwan de Lucibel

66 Index

Salons

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L’éclairagisme : un enjeu majeur du projet d’éclairage, selon le CSTB et le Syndicat de l’éclairage Le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), établissement public qui emploie environ 1 000 personnes, est représenté sur quatre sites en France. Il a pour ambition d’imaginer les bâtiments et la ville de demain en accompagnant et sécurisant les projets de construction et de rénovation durables, pour améliorer la qualité de vie de leurs usagers, en anticipant les effets du changement climatique. Il rassemble pour cela des compétences pluridisciplinaires et exerce cinq activités clés : la recherche et expertise, l’évaluation, la certification, les essais et la diffusion des connaissances. Son champ de compétences couvre les produits de construction, les bâtiments et leur intégration dans le quartier et la ville. Christophe Martinsons a la charge de l’éclairage, sous tous ses aspects, intérieur et extérieur, en lien avec la santé, l’énergie, le bien-être, le confort et, de façon générale, tout ce qui peut faire en sorte que la qualité de l’éclairage s’intègre bien dans les environnements intérieurs. Le Syndicat de l’éclairage regroupe une cinquantaine d’industriels, des groupes internationaux aux PME, représentant plus de 60 % du marché. Il est structuré autour de quatre commissions, dont la commission Éclairage intérieur présidée par François Darsy, focalisée sur la rénovation de l’éclairage. L’arrivée de la led a bousculé l’équilibre existant et révélé un enjeu majeur : rénover tous les éclairages pour passer à cette nouvelle technologie. Or, pour qu’il soit réussi, ce changement doit faire appel à des systèmes performants, connectés, intelligents, qui permettent de bénéficier d’un éclairage artificiel adapté aux besoins de l’utilisateur et asservi aux apports de lumière du jour. Les travaux de la commission portent sur les enjeux, certes énergétiques, mais aussi et surtout qualitatifs de l’éclairage, afin d’apporter des solutions centrées sur le confort et le bien-être. La mission de la commission Éclairage intérieur consiste à proposer des références communes à toute la filière : fabricants, maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, bureaux d’études, et l’ensemble des prescripteurs.

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François DARSY

Christophe MARTINSONS

Président de la commission Éclairage intérieur du Syndicat de l’éclairage

Ingénieur expert en éclairage au Centre scientifique et technique du bâtiment

Comment définiriez-vous la qualité de la lumière ? François Darsy – L’éclairage pensé pour les humains, le « Human Centric Lighting », constitue pour moi la meilleure façon de définir la bonne lumière. Cette dimension s’attache aux niveaux d’éclairement, aussi bien horizontaux que verticaux pour une meilleure perception des visages ; à l’uniformité, ainsi qu’au contrôle de l’éblouissement et des luminances qui participent au confort visuel. Ces facteurs sont calculables, vérifiables et cadrés depuis longtemps par la norme européenne EN 12464-1 qui a été mise à jour en septembre 2021. Deux autres paramètres entrent en jeu : d’une part, l’impact physiologique de la lumière sur le corps humain, lié à la qualité du spectre lumineux, soit la quantité de bleu cyan qui affecte notre horloge biologique ; d’autre part, l’aspect émotionnel : on n’apporte pas de la lumière seulement pour que les personnes travaillent dans de bonnes conditions, mais aussi pour mettre en scène l’espace, en lui donnant une fonction, une ambiance. Ces paramètres sont essentiels au confort et font désormais partie du projet d’éclairage général, en particulier dans l’hôtellerie, les Ehpad, les hôpitaux, etc., et également dans les espaces de travail. La qualité de l’éclairage passe par la prise en compte de ces trois dimensions, biologique, physiologique et émotionnelle de la lumière.

Christophe Martinsons – Je partage entièrement ce point de vue. Il ne faut pas oublier que « la » référence est la lumière du jour. Elle offre des attributs que l’éclairage artificiel a du mal à fournir, surtout en environnement intérieur, je pense notamment à son spectre et à sa directionnalité. Elle arrive horizontalement et donc, excite beaucoup mieux le système circadien que l’éclairage artificiel qui vient de haut en bas. Outre les trois thèmes qu’évoquait François Darsy, la performance visuelle, le bien-être et les aspects psychologiques, mentionnons l’importance de l’exposition à la lumière pour lutter contre le développement de la myopie chez les jeunes enfants, et la fatigue visuelle en général. On tend à se rapprocher le plus possible de la lumière naturelle, et à contrôler les phénomènes indésirables de l’éclairage artificiel, comme le flicker ou l’effet stroboscopique que la Commission européenne a d’ailleurs décidé d’introduire dans le nouveau règlement européen d’écoconception des produits d’éclairage. Le déséquilibre spectral des leds fait également l’objet de recherches.

On peut estimer cependant que les leds ont atteint leur pleine maturité technologique ? Christophe Martinsons – Oui, c’est exact : les produits led aujourd’hui sont de bien meilleure qualité qu’il y a une

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dizaine d’années. La difficulté reste de faire le bon choix, car les spectres d’un fabricant à l’autre peuvent être très différents et il peut exister des insuffisances de rendu des couleurs. Le Ra, basé sur un échantillon de 8 couleurs, est la référence qui sert à indiquer l’IRC de la plupart des produits ; le R9 (désormais obligatoire dans la base de données Eprel – European Product Registry for Energy Labelling) permet de restituer les nuances de rouges. Les Américains ont été les premiers à introduire la notion qu’il fallait deux indices de rendu des couleurs. Le Rf, indice de fidélité, basé sur 100 couleurs, traduit la capacité à discriminer de faibles écarts de couleur, donc il est très précis ; cet indice a même été normalisé par la CIE, mais n’est pas passé dans la réglementation. Il existe aussi le Rg (Gamut) qui porte sur la restitution des couleurs saturées, paramètre plus important dans les magasins, par exemple. François Darsy – Il faut reconnaître que les leds représentent une avancée spectaculaire en éclairage artificiel et offrent un spectre plus continu et plus régulier que les technologies conventionnelles, notamment fluorescentes. Même si, bien sûr, elles ne reproduisent pas parfaitement la lumière du jour, elles ont atteint aujourd’hui une maturité technologique incontestable et permettent de prendre le relais de la lumière naturelle tout en douceur. D’ailleurs, l’arrêté du 22 mars 2017 (modifiant l’arrêté du 3 mai 2007 relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants) rend obligatoire l’asservissement de l’éclairage artificiel à la lumière naturelle afin de ne pas suréclairer.

Dans la pratique, comment l’éclairage artificiel prend-il le relais de la lumière naturelle ? Christophe Martinsons – Sur le terrain, les choses ne sont pas si simples, et ce, pour plusieurs raisons : des capteurs de mauvaise qualité, mal placés, des systèmes mal programmés, ou encore l’ergonomie de l’utilisateur entraînent certains dysfonctionnements. Comment l’exploitant peut-il intervenir s’il veut modifier un paramètre ? Par exemple, si l’éclairage artificiel baisse trop, comment peut-on reprendre la main ? La plupart des capteurs de luminosité proposés par des fabricants intègrent aussi la fonction de détection de mouvement. Or, ce dernier doit être placé là où il y a du mouvement et le détecteur de luminosité là où il y a de la luminosité. Cela semble évident, mais il ne s’agit pas toujours du même endroit !

François Darsy – Aujourd’hui, il existe des capteurs intégrés aux luminaires, avec, par conséquent, la détection embarquée aux bons endroits. Pour résoudre les problèmes de zonage et obtenir une régulation fine de l’éclairage artificiel, il est conseillé de démultiplier les capteurs. Dans tous les cas, la distribution des capteurs dans l’espace en fonction de leur zone de détection fait partie intégrante du projet d’éclairage : c’est déterminant pour assurer une bonne expérience utilisateur.

On en vient à la question de la gestion de l’éclairage. Dans quelle mesure s’est-elle généralisée ? François Darsy – On peut parler de deux injonctions : d’un côté, la gestion technique du bâtiment avec un système central qui pilote le bâtiment et va monitorer l’énergie ; elle va servir d’interface pour optimiser la maintenance et le fonctionnement du bâtiment. Une interprétation étroite de la réglementation pourrait inciter à penser le bâtiment autour d’un cerveau unique qui va tout gérer ; cela conduirait à un nivellement par le bas de toutes les fonctions, avec une optimisation énergétique excellente, mais un seul point de captation des données, et un confort relatif, car on perdrait en expertise de chaque métier : finesse de gradation et pilotage pour l’éclairage. Au Syndicat de l’éclairage, nous sommes les fervents défenseurs de systèmes métiers, libres d’opérer selon leur propre expertise, et interopérables ; le confort d’usage s’en trouve amélioré sur le long terme. Le passage aux systèmes numériques dans le bâtiment ne doit pas se faire au détriment du bien-être des utilisateurs, ni aliéner les opérateurs par la complexité des solutions mises en place. Christophe Martinsons – Je crois, en effet, que les utilisateurs préfèrent avoir le contrôle. Ce n’est donc pas nécessairement une mauvaise chose que de pouvoir agir sur son environnement lumineux. Il faut vraiment intégrer cette notion à l’éclairagisme et se demander quelles commandes installer, où, pourquoi. La norme EN 12464-1 impose dans les salles de classe un gradateur manuel, accessible à l’enseignant pour qu’il puisse contrôler le niveau d’éclairage artificiel et l’adapter à l’activité : projection de contenus numériques, devoir surveillé, etc. Les commandes manuelles comme les automatismes sont des composantes essentielles du projet d’éclairage.

“Le projet d’éclairage ne peut pas se limiter à une question d’énergie. Il doit prendre en compte à la fois le facteur éclairagisme et la dimension humaine” François Darsy 8 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022


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“L’éclairagisme de base s’est considérablement enrichi : il permet de définir une lumière qui stimule le rythme circadien et accompagne notre état émotionnel” Christophe Martinsons L’éclairagisme occupe-t-il encore une place centrale dans les projets ? François Darsy – Oui, j’en suis convaincu, et pas seulement chez les concepteurs lumière et les bureaux d’études : les installateurs et les distributeurs sont de plus en plus nombreux à se spécialiser en éclairagisme, à monter en compétence. En revanche, en parallèle, on constate une tendance à l’opportunisme, notamment en rénovation, et l’on voit des intervenants qui s’improvisent éclairagistes alors que leur spécialité concerne plutôt l’énergie, voire la finance ! Ils vont remplacer un appareil par un autre, sans comprendre ce que le nouveau luminaire apporte vraiment en dehors de sa consommation d’énergie. Cela dit, même s’il faut continuer l’effort de formation, les acteurs historiques de la filière éclairage offrent un niveau de compétence assez élevé dans l’ensemble. Christophe Martinsons – Je crois que c’est plus problématique dans les bâtiments publics qui n’ont pas les moyens de faire appel à des compétences externes. Les personnes en charge de la maintenance doivent être polyvalentes et gérer des opérations de relamping gigantesques, dans des écoles, des collèges, des hôpitaux, etc., avec des marchés qui concernent des dizaines de milliers de produits. Malheureusement, elles sont un peu démunies, et interviennent sans vraiment de compétence en éclairagisme, par manque de formation. François Darsy – Je souhaiterais nuancer, car les appels d’offres publics intègrent de plus en plus une maîtrise d’œuvre experte en éclairage. C’est peut-être à nous d’aider les acteurs publics à mieux structurer leurs achats ! Il en va de même dans le privé : les logisticiens, les industriels, les grands centres commerciaux se focalisent sur la réalisation d’opérations à performance énergétique, et ne doivent pas oublier la dimension de l’éclairage.

Pensez-vous que le cadre normatif ou réglementaire puisse constituer un levier à la rénovation ? Christophe Martinsons – On part de loin ! La normalisation est très utile car tous les problèmes pratiques y sont abordés, notamment en éclairagisme. En revanche, ce que l’on ne trouve ni dans la réglementation ni dans la normalisation, ce sont les choix esthétiques et les préférences individuelles. François Darsy – Parfois, les normes vont plus loin que ce que l’on souhaite, sur les niveaux d’éclairement, l’uniformité.

On voit l’usage des espaces de bureaux profondément modifié : ils sont de plus en plus souvent scénarisés comme les hôtels. Il en va de même pour le salon à la maison, afin de créer une identité et un lieu où l’on se sent bien. Il faut savoir interpréter les normes en réalisant des projets avec des architectes et des designers afin de recréer une identité très forte des lieux éclairés. Christophe Martinsons – Il est indispensable, en effet, de laisser plus de place à la conception, à l’individualisation, à l’aspect artistique de l’éclairage, c’est très important.

Nous assistons à un déferlement d’innovations techniques : comment pourraient-elles être mieux intégrées par les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre ? François Darsy – Je pense qu’il est urgent de mettre en œuvre des solutions appropriées en informant et en formant les professionnels afin de réduire l’écart entre ce que permettent les innovations et ce qui est installé. Nos principaux facteurs de croissance, ce sont les luminaires connectés, avec des capteurs, des commandes sans fil ; ces technologies-là sont faciles à mettre en œuvre en tenant compte des paramètres d’éclairagisme dont nous venons de parler. Christophe Martinsons – Certaines innovations ne sont pas tout à fait matures, je pense plus particulièrement aux technologies qui consistent à changer la couleur de la lumière au cours de la journée. Il existe quand même un certain marketing outrancier qui nous explique qu’on va se sentir beaucoup mieux simplement en nous éclairant en bleu le matin et en rouge le soir ! Ces technologies doivent être expliquées avec la plus grande précision et utilisées tout en nuances. François Darsy – Aujourd’hui, ces systèmes de changement de teinte ne représentent pas encore grand-chose sur l’ensemble du marché et concernent surtout les locaux où il y a peu d’apports de lumière du jour. L’immaturité de ces solutions concerne davantage le marché que la technologie elle-même. Les études réalisées dans les écoles ou les Ehpad ont permis de mettre à jour ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. Ne l’oublions pas : on éclaire d’abord et avant tout pour améliorer le bien-être des personnes !

Propos recueillis par Isabelle Arnaud

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Ridi : 70 ans d’expérience

Éric Drivon, directeur général de Ridi France

Richard Diez, installateur électricien, fonde Ridi à Jungingen, en Allemagne, en 1952. 70 ans plus tard, l’entreprise compte plus de 600 salariés dans le monde avec 9 filiales en Europe, dont Ridi France à Geispolsheim, créée en 1994. Éric Drivon, directeur général de Ridi France, raconte l’ascension de la petite fabrique familiale, qui a toujours mis l’humain au centre de ses préoccupations.

Comment s’est développée la petite entreprise créée par Richard Diez ? Pour occuper ses employés pendant les mois de faible activité, Richard Diez lance la fabrication du premier luminaire de cuisine en 1952. Dans un premier temps, le luminaire est produit à partir de pièces sous-traitées, mais les premières machines sont rapidement achetées pour acquérir plus d’indépendance. La gamme est vite complétée par des luminaires résidentiels. Au fil des années, les luminaires deviennent de plus en plus techniques et un deuxième site est ouvert à Rellingen, puis un troisième à côté de Berlin. Nous couvrons quasiment tous les domaines de l’éclairage intérieur : tertiaire, enseignement, industrie et sportif. Mais Ridi Group, c’est aussi deux autres marques : Spectral, dédiée à l’éclairage architectural et Lify, plutôt orientée hôtellerie-restauration. Par ailleurs, depuis 2013, Ridi France distribue Norka, une marque dédiée aux applications transport et industrie. Sa particularité ? Nous avons coutume de dire que « Norka démarre là où les autres s’arrêtent », avec une gamme de luminaires exclusivement étanches (IP65 à IP69K). Quelle est l’histoire de la filiale française de Ridi ? Aujourd’hui, la France dispose d’une force de vente interne, sectorisée, qui travaille en amont sur les projets avec les maîtrises d’œuvre et d’ouvrage. Mais nous avons aussi depuis quelques années des hommes clés (Key account managers, KAM) qui ont un périmètre de jeu national par application : transports ou retail, par exemple. Notre filiale française compte à ce jour 19 personnes et nos effectifs croissent au gré des bonnes rencontres. Car c’est bien l’Homme qui fait le commerce avant tout… Pour ma part, j’ai intégré Ridi France il y a tout juste 20 ans. Tout d’abord technico-commercial sur la région Centre, je passe par la case responsable prescription en 2008 avant de devenir chef des ventes en 2011 (poste actuellement occupé par Raynald Vilaine). 2011 correspond également à l’arrivée de la led chez Ridi. Virage à 360° : de fabricant de luminaires, nous devenons fabricant de solutions led. Notre patron, Manfred Diez, fait le pari, réussi, d’investir dans la production de nos propres lignes de montage de modules led, ce qui a pour conséquence de nous rendre

Ridi Jungingen 1952 10 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022

totalement indépendants. Bien évidemment, nous continuons à intégrer les drivers des fabricants classiques comme Osram ou Philips, mais maîtrisons notre destin sur la partie « sources ». Pour être totalement honnêtes, ce que nous n’avons pas tout de suite appréhendé à l’époque, c’est que la décision de Manfred Diez allait avoir un double impact. L’indépendance est une chose. Rendre notre offre réparable en est une autre… Sur quoi est fondée la réparabilité des luminaires Ridi ? Notre capacité à fabriquer nos propres modules, quelle qu’en soit la forme, linéaire, circulaire, etc., nous permet de répondre aux besoins du marché extrêmement rapidement. Et quand les maîtres d’ouvrage se sont rendu compte qu’au moindre problème sur un appareil led il fallait dans de nombreux cas tout changer, ils ont alors compris l’intérêt que nos équipes poussaient depuis des années : proposer une offre réparable… Car la led a permis, et permet toujours, non seulement de réaliser des économies d’énergie, mais aussi d’entrer dans un cercle plus vertueux avec des luminaires non jetables. Révolutionnaire, à l’époque ! Le règlement de la Commission européenne sur le sujet ne date que du 1er octobre 2019 et précise que « Les fabricants ou importateurs de produits contenants, ou leurs mandataires, veillent à ce que les sources lumineuses et les appareillages de commande séparés puissent être remplacés à l’aide d’outils couramment disponibles et sans dommage irréversible pour le produit ». C’est dire si Ridi était en avance ! Pour Ridi France, tout a réellement commencé avec les équipements sportifs. Avec des hauteurs d’installation rendant la maintenance difficile, l’intérêt d’avoir non seulement des luminaires solides (résistance aux chocs de ballons), mais aussi facilement réparables sans outils, a été un « must ». Dire que nos luminaires sont réparables, c’est simplement permettre à l’utilisateur de remplacer le module led et le driver, deux éléments clés d’un luminaire. C’est notre façon de contribuer à l’économie circulaire. Rendre notre offre la plus « propre » possible, cela fait partie de notre démarche globale environnementale. Ne pas rénover, c’est continuer à perdre du temps et de l’argent ! n Propos recueillis par Isabelle Arnaud

Ridi Jungingen 2022


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10 ans de Clareo !

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ondé par Olivier Maschino et Damien Sipos, tous deux ingénieurs de formation, Clareo voit le jour en 2012. Fabricant et distributeur nouvelle génération, la société propose des produits et solutions d’éclairage led. Clareo connaît une croissance à 2 chiffres, depuis sa création : son chiffre d’affaires en 2021 est de 25 millions d’euros. L’entreprise possède un espace de stockage de plus de 20 000 m², emploie 70 personnes, et commence à se développer à l’international. En 10 ans, la société a réussi à se créer une place d’acteur référent sur le marché de l’éclairage led, avec un positionnement unique de fabricant et distributeur. Plus de 2 000 références produits développées Un seul produit en 2012, 84 en 2013 et aujourd’hui 2 000 références produits dont 250 conçues pour la seule année 2021. La société développe au quotidien des produits de plus en plus innovants avec l’émergence du Smart lighting et des bâtiments intelligents.

Lysandre De Pizzol nommé directeur commercial Europe d’Aubrilam

Plus de 4 millions de produits vendus En 10 ans, la société a multiplié par 60 le nombre de produits vendus. Pour la première fois en 2021, le million de produits vendus est dépassé. 190 grands projets réalisés En 2014, Clareo enregistrait pour la première fois un grand projet d’un montant de 70 000 € ; quatre étaient réalisés en 2015. En 2021, ce sont 57 grands projets qui ont été signés. Clareo accompagne au quotidien ses clients sur une grande variété d’applications, du retail à l’industrie en passant par les bureaux, les hôtels, ou le résidentiel. Quelques exemples : le siège de France Télévisions, les caves de Moët et Chandon, l’hôpital européen Georges Pompidou. Aujourd’hui, la société compte 70 collaborateurs dont 35 commerciaux et 15 ingénieurs. Elle poursuit son développement à l’international tout en continuant à répondre à la demande en France en s’axant vers le Smart lighting. n

Neko Lighting : la filiale française qui monte…

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près 10 années passées au sein de la filiale Bega France, Lysandre De Pizzol prendra la direction commerciale Europe d’Aubrilam le 11 juillet 2022. Jonathan Toulliou, précédemment responsable commercial Île-de-France pour la marque Selux, lui succèdera au poste de directeur commercial de Bega. Avec la présence du groupe Bega au capital de l’entreprise, il s’agit d’un signal fort en termes de valeur ajoutée sur le marché. « Les deux marques sont identifiées sur un segment de produit haut de gamme et apportent la complémentarité des gammes sur les secteurs de l’éclairage et du mobilier urbain, commente Lysandre De Pizzol. Cela passe par l’arrivée d’un nouveau catalogue courant juin qui marque un premier grand pas vers l’orientation de la marque pour les prochaines décennies. Par ma nomination en tant que directeur commercial Europe, j’entends apporter le développement de la marque à l’international, avec un renforcement de notre présence sur le marché européen et également américain, marché en très forte croissance actuellement. C’est une grande fierté pour moi d’intégrer la direction d’une PME française qui possède un savoir-faire hérité de plusieurs décennies de développement. Nous souhaitons envoyer un signal fort qui marque une nouvelle ère pour l’entreprise, faite d’investissements, de développements et d’innovations pour conquérir de nouvelles parts de marché. »

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eko Lighting existe depuis plus de 15 ans, et est implanté en Chine, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre et représenté dans les autres pays européens et hors Europe par un distributeur exclusif. La filiale française a été créée début 2019 par Bruno Touzery (sur la photo, 2e en partant de la gauche) qui est directeur associé, avec, (à sa gauche sur la photo), Martin Ariza et Gilles Bures, responsables du développement. « Neko Lighting est désormais implantée en France sur des bases solides avec une équipe de neuf personnes, commente Bruno Touzery. Nous apportons les garanties des majors européennes de l’éclairage, à savoir : garantie de 5 ans, CE, et nous répondons également aux normes UL pour le marché américain, poursuit Bruno Touzery. Les produits sont expédiés directement de notre usine en Chine vers nos clients, et nous avons également un entrepôt de stockage sur certains produits sur le site de notre filiale allemande (près de Dusseldorf). » Les bureaux sont situés au cœur du 2e arrondissement de Paris au 8, rue du Sentier, dans « La Maison Mozart » qui hébergea le célèbre compositeur vers 1766.

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Lumières Entretien

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Éric MONIN

Professeur en histoire et cultures architecturales et chercheur au Lacth, École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille

Le pouvoir de la lumière Éric Monin explique comment, entre histoire, architecture et technique, la lumière exerce un pouvoir magique sur notre corps et notre pensée. Et par le biais d’orchestrations bien pensées, elle sert notre quotidien et améliore notre bien-être.

Parcours• • • Architecte DPLG (École d’architecture Paris-Villemin, 1993), il rejoint en 1997 le laboratoire CERMA à l’École d’architecture de Nantes où il soutient, en 2001, un doctorat sur les fêtes publiques organisées en France au XVIIIe siècle. En 2002, il devient maître de conférences à l’École d’architecture de Lille où il construit un enseignement consacré à l’histoire des ambiances dans l’architecture du XXe siècle. En 2012, il obtient une Habilitation à diriger des recherches portant sur l’histoire des premiers spectacles son et lumière créés au début des années 1950, avant d’accéder, en 2014, au grade de professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val-de-Seine. De retour à Lille en 2017, il poursuit ses recherches au Lacth, le laboratoire de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, où il enseigne encore aujourd’hui.

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Comment l’intérêt de l’historien, de l’architecte et de l’enseignant a-t-il convergé vers la lumière ? Je me suis d’abord intéressé à la lumière à travers le prisme de l’histoire, en étudiant comment les pots à feu, les lampes à suif pouvaient servir à illuminer des bâtiments du XVIIIe siècle. Puis, en tant qu’enseignant, j’ai rapidement recentré mon attention sur l’histoire contemporaine qui occupe une place essentielle dans l’enseignement des écoles d’architecture, pour explorer plus finement la question de l’éclairage artificiel électrique et ses multiples applications. Je suis fasciné de voir comment dans la première moitié du XXe siècle, la lumière a donné un sens nouveau à l’architecture en s’installant dans de nombreux programmes pour les révolutionner ou les réinventer. L’éclairage n’a pas toujours été électrique et la transition du gaz à l’électricité n’est pas anodine. Elle a entraîné des bouleversements considérables dans l’aménagement des villes et dans la transformation des intérieurs. Wolfgang Schivelbusch, dans La nuit désenchantée, raconte parfaitement ce phénomène. Il est intéressant de voir comment cette lumière électrique va s’imposer au cours du XXe siècle, comme un matériau, une matière qui sert les

projets d’éclairage. Cela fait plus d’un siècle qu’on s’est déjà rendu compte du pouvoir de la lumière et de son effet sur les esprits. Les premières traces de cette action fabuleuse, stimulante, éblouissante, se trouvent dans les grandes expositions universelles. À l’occasion de ces manifestations, la lumière engage le corps, mais elle engage également la pensée. On ne peut pas se contenter de consommer la lumière. Une lumière qui agit, c’est une lumière capable de surprendre, de bousculer. Nous sommes d’ailleurs tous modelés et façonnés par des histoires d’éclairage qui nous renvoient à l’enfance. Mes parents étaient commerçants et nous habitions au-dessus de la boutique ; ma chambre était éclairée tous les soirs par une grande enseigne lumineuse clignotante dont j’ai récemment retrouvé le dessin ! Cette enseigne nous rappelle que la lumière électrique, quelle qu’elle soit, est presque toujours dispensée par un dispositif spécifique. Dans les écoles d’architecture, cet aspect est trop souvent oublié, éclipsé par l’attention portée aux effets lumineux, eux-mêmes largement dominés par les problématiques liées à l’éclairage naturel. À l’exception de quelques cas emblématiques,


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les architectes du XXe siècle donnent parfois l’impression d’avoir négligé cette approche, et c’est bien dommage. À qui pensez-vous en particulier ? Je pense à Louis Kahn, le pape de la lumière naturelle, qui maîtrise et crée des ambiances fabuleuses dans ses bâtiments, laissant croire que la lumière est magique. Mais la lumière, c’est un matériau, un outil qui permet de construire des ambiances de manière très rationnelle. Louis Kahn a critiqué la lumière artificielle comme une succession de « petits moments statiques », opposés aux grands moments dynamiques des cycles de la lumière solaire. Cependant, Louis Kahn travaillait avec l’un des plus grands éclairagistes du XXe siècle, Richard Kelly. Certains architectes de renom ont davantage assumé leur collaboration avec les concepteurs lumière, comme bien sûr Robert Mallet-Stevens avec André Salomon. C’est alors passionnant de voir comment, lorsqu’ils travaillent en bonne intelligence, architectes et éclairagistes peuvent produire des environnements finement calibrés, bien maîtrisés, pour rendre la lumière plus aimable. Comment peut-on rendre la lumière aimable ? Je dirais qu’il faut apprendre à conduire la lumière, notamment avec des appareils appropriés. Souvent très modestes, dotés juste d’un réflecteur, composés d’une plaque de tôle émaillée, ces appareils conçus avec soin vont largement conditionner la conduite de la lumière. Ce sont ces dispositifs un peu délaissés qui attirent mon attention, par exemple le système Holophane, breveté en 1893 par André

Blondel et Spiridion Psaroudaki, qui exploite les qualités réfléchissantes ou réfractantes du verre prismatique moulé pressé. Les courbes photométriques d’Holophane ont également donné aux concepteurs les outils leur permettant de contrôler, de domestiquer la lumière pour l’adapter aux besoins de l’usager. J’ai eu aussi l’occasion de travailler sur l’histoire d’un projecteur atypique, le fameux Mazda Infranor P1000 qui a permis le succès des premiers spectacles son et lumière. J’en ai récupéré un que je présente à mes étudiants dans mon cours de séminaire consacré à l’architecture lumineuse au XXe siècle. L’histoire de l’éclairage électrique raconte aussi comment les maîtres d’œuvre ont sans cesse cherché à masquer, escamoter tous ces appareils brièvement célébrés dans les années 1960 par le courant brutaliste qui donnait à voir les équipements de l’architecture. Aujourd’hui, je suis étonné de voir comment les étudiants architectes intègrent dans leurs planches de rendu des luminaires qui n’ont bien souvent qu’une fonction décorative. C’est pourtant très instructif de prendre la peine de considérer la dimension technique de ces dispositifs qui servent à façonner et penser la lumière ! Dans mon enseignement, je propose évidemment des lectures qui accompagnent cette phase d’acculturation, comme l’Éloge de l’ombre du Japonais Jun’ichir Tanizaki, un très beau livre qui aide les élèves architectes à prendre conscience des pouvoirs de la lumière et de tous les enjeux qui tournent autour de l’éclairage artificiel. Ce texte très stimulant montre comment l’architecture contribue elle-même pleinement au dispositif d’éclairage, comment la lumière interagit avec l’environnement pour profiler des lignes, esquisser des formes, et

“La lumière engage le corps, mais elle engage également la pensée.”

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“Lorsqu’ils travaillent en bonne intelligence, architectes et éclairagistes peuvent produire des environnements finement calibrés, bien maîtrisés, pour rendre la lumière plus aimable.”

Publications Parmi les différentes publications dirigées ou réalisées par Éric Monin, citons le livre L’architecture lumineuse au XXe siècle publié chez Snoeck en 2012, coordonné avec Nathalie Simonnot, ainsi qu’une série d’articles consacrés à l’histoire des appareils d’éclairage, la mise en valeur monumentale par la lumière au XXe siècle et à l’occasion des réjouissances publiques sous l’Ancien régime. On peut mentionner sa contribution sur « La lumière savante des verres prismatiques Holophane », parue dans l’ouvrage Le jeu savant. Luce e oscurità nell’architetettura del XX secolo – Light and Darkness in XX Century Architecture, édité en 2014 aux Mendrisio Academy Press, l’article « La fabrique lumineuse des paysages naturels souterrains » publié en 2018 dans le numéro 34 de la revue Les Carnets du paysage, ainsi que le chapitre consacré à l’ordonnancement des fêtes d’Ancien régime, dans le manuel universitaire dirigé par Harry Francis Mallgrave, The Companions to the History of Architecture, publié en 2017.

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construire des ambiances. Je conseille aussi La flamme d’une chandelle de Gaston Bachelard ou bien encore le livre de Chantal Hurault et Dominique Bruguière, Penser la lumière (2017), qui raconte comment, sur scène, la lumière peut interagir avec les décors, mais aussi avec les textes. Finalement, ce qui m’intéresse, c’est de voir comment la lumière devient un spectacle au quotidien, comment elle transforme l’architecture dans une orchestration maîtrisée et intentionnelle. Le concepteur lumière s’impose alors comme un acteur incontournable de la lumière, ayant la possibilité de la façonner comme il l’entend. Dans ce processus, l’éclairage s’accompagne aussi d’un vocabulaire spécifique. Il faut trouver les bons mots pour convoquer les bons dispositifs, comprendre les phénomènes qui permettent d’expliquer comment prendre la lumière à pleines mains et ne pas rester simplement spectateur. Quel lien faites-vous entre la lumière naturelle et l’éclairage artificiel ? Ce serait un peu simpliste de dire que l’éclairage artificiel vient seulement prolonger l’action de la lumière diurne le soir ; on sait très bien que quantité de programmes intègrent la lumière artificielle pendant la journée. Au XXe siècle, de nombreux efforts se sont concentrés sur la question de l’éclairage naturel et de l’« ensoleillement exact ». La même rationalité a contribué aux développements de techniques pouvant effacer les barrières entre intérieur et extérieur. Ainsi, l’enveloppe du pavillon tchèque construit en 1937 pour l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris étaient en Thermolux, une paroi composite faite d’une feuille de toile de verre écrasée entre deux vitrages, chargée de capter et diffuser abondamment la lumière à l’intérieur de l’édifice. Tandis que la lumière rentrait à flot pendant la journée, la logique s’inversait le soir, donnant au bâtiment des allures de grande lanterne magique. Bien d’autres dispositifs ont permis ce genre de combinaison, comme le béton translucide utilisé pour réaliser des voûtes et coupoles lumineuses, dès la fin du XIXe siècle. Dans ce type de mise en œuvre, certains pavés de verre prismatique permettaient de mieux diffuser la lumière diurne, en réfléchissant la lumière émise le soir par les lustres accrochés aux coupoles. Ce dispositif contribuait alors, à sa manière, à célébrer les vertus de la lumière. Quelles sont les avancées les plus marquantes, selon vous, de l’éclairage dans l’architecture ? Je souhaiterais revenir sur le brevet Holophane de Blondel, une invention absolument fascinante. Indépendamment de l’histoire des sources d’éclairage, l’incandescence, le néon, la fluorescence, l’éclairage à vapeur de mercure, de sodium et puis la led, la lumière comme l’architecture s’épanouissent pleinement quand

une pensée maîtrisée et aboutie peut leur donner leurs lettres de noblesse, une approche globale et assumée à des échelles variées et très complémentaires. Quels sont les acteurs qui ont marqué l’évolution de la lumière dans l’architecture, selon vous ? J’ai beaucoup d’admiration pour des inventeurs, comme Mariano Fortuny, André Blondel, Fernando Jacopozzi, Walter D’Arcy Ryan ou Matthew Luckiesh, André Salomon, Jean Dourgnon ou Richard Kelly, des gens qui ont su dompter la lumière pour l’accommoder convenablement dans un lieu précis. Ce sont tous des pionniers qui ont eu l’idée de faire projet avec la lumière. Jacopozzi, par exemple, s’est attaqué aussi bien à l’illumination de la tour Eiffel (1925) qu’à la mise en valeur de l’aven Armand (1927) pour lequel il a proposé des solutions chromatiques très osées pour l’époque. Walter D’Arcy Ryan et Matthew Luckiesh travaillaient à la General Electric Company. Le premier a illuminé, en 1907, les chutes du Niagara pendant 30 nuits consécutives, en utilisant 44 projecteurs à filtres colorés. Le second, directeur du laboratoire de recherche sur l’éclairage, était convaincu que les possibilités infinies de la technique pouvaient permettre de se passer de la lumière du jour. En France, André Salomon et Jean Dourgnon ont eux aussi joué un rôle important dans le développement de l’éclairage artificiel en construisant des collaborations fructueuses avec les architectes ou les décorateurs de l’entre-deux guerres. Quant aux interventions de Richard Kelly, elles illustrent une approche très rigoureuse et méthodique qui lui a permis de souligner ou d’exalter de nombreuses réalisations architecturales. Comment pourrait-on dépeindre la lumière du XXIe siècle ? La lumière fait rêver. Mais aujourd’hui, la question de l’éclairage est aussi liée au vaste problème de l’énergie ou de la pollution lumineuse. Le sujet n’est pas totalement original, comme le montre déjà F. Laurent Godinez dans son livre Display Window Lighting paru en 1914, quand il dénonce les gaspillages liés à une utilisation irraisonnée de la lumière électrique. Bien que la situation soit devenue critique, concepteurs lumière et architectes se doivent de poursuivre leur travail pour faire vivre et interagir la lumière avec notre cadre de vie afin de le rendre plus agréable, parfois plus acceptable. Certes, la lumière sert à éclairer, révéler, souligner, marquer les espaces qu’elle investit, mais nous ne devons pas oublier qu’elle a aussi cette formidable faculté d’estomper les lieux protégés de ses rayons. Si la lumière pouvait nous servir à effacer quelques-uns de nos problèmes, ce serait bien ! n Propos recueillis par Isabelle Arnaud



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Maîtrise d’ouvrage : Sénat Maîtrise d’œuvre : direction de l’architecture et des parcs et jardins, Séverin Fonrojet, directeur Architecte en chef du Sénat : Damien Dechelette Assistant maîtrise d’œuvre conception lumière : Ombrages Solutions d’éclairage : Erco, Lumenpulse, Martin, Soka Disderot, Thorn, Lumières Utiles (anamorphose gobos) Rayflexion (pilotage Casambi)

UN PARLEMENT ÉCLAIRÉ AU PALAIS DU LUXEMBOURG Remplacer le matériel vétuste, améliorer l’existant et ajouter des dispositifs constituaient les principaux axes de rénovation de l’éclairage de l’hémicycle sénatorial. Le projet, confié à la filiale française de conception lumière Ombrages, a permis d’obtenir un confort visuel élevé et une bonne uniformité, associés à une ambiance lumineuse agréable pour les sénateurs tout en répondant aux exigences de captation des caméras de la Chaîne parlementaire.

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e palais du Luxembourg, situé dans le 6e arrondissement de Paris, accueille le Sénat depuis 1799. En 1836, la salle sénatoriale, devenue trop petite, fut redessinée par l’architecte Alphonse de Gisors qui avança la façade du bâtiment de 31 m sur le jardin et aménagea ainsi un nouvel hémicycle, reconstruit après un incendie en 1859. La salle des séances a subi bien des transformations en ce qui concerne l’éclairage : sous le Second Empire, les lampes à gaz viennent remplacer, sous la forme de bras de lumière en bronze doré, les lampes à mouvements qui fonctionnaient avec de l’huile. En 1888, l’éclairage électrique succède aux lampes à gaz. Il est régulièrement amélioré au fil des progrès technologiques, mais les changements de

lampes sont rendus compliqués par la hauteur de la salle, et les travaux d’entretien s’effectuent de façon aléatoire. Depuis quelques années, les sénateurs se plaignent de cette lumière blafarde issue des lampes aux iodures métalliques situées derrière la verrière au-dessus du grand hémicycle. Ambiance chaude et température de couleur froide : des exigences contradictoires En plus des iodures métalliques, l’éclairage se composait de lampes fluorescentes sous la coupole et de projecteurs halogènes à découpe, installés on ne sait plus quand, pour révéler les détails architecturaux…


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Le grand hémicycle offre des dimensions impressionnantes : 28 m de diamètre, 17 m de profondeur, et une vingtaine de mètres de hauteur tandis que le petit hémicycle, sous la coupole, a un diamètre de 9 m. L’ensemble que constituent les tribunes du président et de l’orateur est en bois d’acajou habillé de bronze doré. Derrière, face aux sénateurs, se dressent sept statues de marbre monumentales, de gauche à droite quand on regarde le président : Turgot, contrôleur général des finances de Louis XVI, par Jean-François Legendre-Héral ; Aguesseau, chancelier de France, par Hippolyte Maindron ; L’Hôpital, surintendant des finances puis chancelier de France, par Achille Valois ; Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, par Jean Baptiste Joseph De Bay ; Molé, président du parlement de Paris puis garde des Sceaux à l’époque de la Fronde ; Malesherbes, soutien de l’Encyclopédie et défenseur de Louis XVI lors de son procès ; Portalis, l’un des rédacteurs du Code civil, par Joseph Marius Ramus. « Dans ce contexte, explique Christophe Luquet, concepteur lumière, Ombrages, nous devions répondre à plusieurs exigences, parfois antinomiques : assurer à la fois un bon confort visuel dans tout l’hémicycle et apporter une ambiance générale plus chaude ; répondre à la demande du directeur de la photographie de la Chaîne parle-

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Un niveau d’éclairement de 400 lux moyens était requis partout dans l’hémicycle avec une bonne uniformité et des éclairages horizontaux et verticaux cohérents.

mentaire qui souhaitait bénéficier d’une température de couleur plus froide pour les prises de vue vidéo ainsi qu’un éclairage renforcé pour le président. Ajouté à cela, un niveau d’éclairement de 400 lux moyens était requis partout dans l’hémicycle avec une bonne uniformité et des éclairages horizontaux et verticaux cohérents. » Là ne s’arrêtait pas le cahier des charges : il fallait aussi revoir complètement la mise en lumière, soit disparue, soit inexistante, des détails architecturaux tels que les peintures de Blondel de chaque côté de la voûte du petit hémicycle, les statues de Saint-Louis (par Augustin Dumont) et de Charlemagne (par Antoine Étex) de part et d’autre du grand hémicycle, les bustes en marbre de quatre maréchaux d’Empire disposés dans la partie supérieure de l’hémicycle, les quatre camaïeux au-dessus de l’entablement du grand hémicycle, et les trois médaillons peints par Théophile-Auguste Vauchelet. « Nous avons travaillé sur des technologies qui permettent de bénéficier de consommations plus faibles, poursuit Christophe Luquet, d’une durabilité plus importante car le facteur accessibilité constitue un élément important du projet, compte tenu de la hauteur à laquelle sont positionnés les luminaires. Et nous avons eu recours à des systèmes ajustables afin de pouvoir régler in situ les intensités et la température de couleur. » LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 17


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L’emplacement des projecteurs, sur les grandes corniches, a été conservé, même si des modifications ont été nécessaires. L’ensemble de l’hémicycle a été modélisé afin de déterminer le positionnement des 24 projecteurs placés derrière la verrière qui procurent l’éclairage général de la salle.

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Lumières Projets Un état des lieux exhaustif Compte tenu du fait que plusieurs décennies s’étaient écoulées sans que l’éclairage ait connu de rénovation en profondeur, les concepteurs lumière ont procédé à un état des lieux précis afin de déterminer quels systèmes allaient être remplacés, améliorés ou ajoutés. L’analyse de l’existant a également répertorié les consommations et les puissances installées. « Notre idée était de sublimer l’ambiance générale sans la dénaturer, précise Christophe Luquet, en faisant appel à des technologies récentes, mais en conservant les effets lumineux ; par exemple, nous avons repensé en détail l’éclairage de la coupole en agissant sur la température de couleur et les contrastes avec de nouvelles optiques. Cela a permis notamment de révéler les fresques de Vauchelet que l’on voyait à peine avec l’ancien éclairage. » Outre le recensement de tous les appareils et de leur positionnement ainsi que le relevé des consommations, les éclairagistes ont mesuré les éclairements horizontaux et verticaux, colorimétriques et de luminance de la verrière. Cette analyse a conduit à définir un éclairage variable et modulable afin d’ajuster au mieux les effets au moment de l’installation des luminaires et de tenir compte à la fois des préférences des sénateurs et des exigences de captation des caméras.


Lumières Projets Faire varier pour figer l’éclairage « Il était indispensable, ajoute Christophe Luquet, de pouvoir jouer avec cette variation, notamment de température de couleur, et cette modularité afin de pouvoir choisir la meilleure réponse au moment des réglages. Les effets ne sont pas dynamiques, au contraire, l’ambiance lumineuse est figée. » Comme la maîtrise d’ouvrage imposait de conserver le réseau existant, le concepteur lumière a proposé de passer tous les luminaires en gestion Casambi. Les luminaires disposent chacun de son propre module relais qui les rend indépendants les uns des autres, tout en leur permettant de communiquer entre eux. L’emplacement des projecteurs, sur les grandes corniches, a été conservé, même si quelques adaptations se sont avérées nécessaires, notamment pour la coupole : la ligne de luminaires, avec des modules de 300 mm, a été doublée, et la deuxième rangée s’allume en cas de panne, assurant ainsi la continuité de l’éclairage. Des projecteurs cadreurs à gobos anamorphosés positionnés sur les corniches éclairent les statues, ainsi que les horloges avec baigneurs au-dessus des portes d’entrée et les médaillons. Deux types de projecteurs ont été utilisés pour les voûtes : avec une ouverture de 29° pour la naissance du

médaillon et 49° en arrière-plan afin de créer une luminance de voile. « De plus, nous avons renforcé l’éclairage du pupitre du président et de l’orateur à l’aide de quatre cadreurs supplémentaires, détaille Christophe Luquet, et avons opté pour des systèmes de filtre qui cassent la luminance tout en conservant l’éclairage vertical. » L’ensemble de l’hémicycle a été modélisé afin de déterminer le positionnement des 24 projecteurs placés derrière la verrière qui procurent l’éclairage général de la salle, et de trouver le juste équilibre entre les niveaux d’éclairement de 400 lux et les températures de couleur (3 000 K et 5 700 K dans chaque module). La modélisation a permis de définir les faisceaux en fonction de la surface à éclairer (allant du plus intensif, soit 7°, au plus extensif, 49°). « Cet ajustement à la mise en service des intensités, des couleurs de lumière et des contrastes a pu se faire avec un arbitrage de toutes les parties présentes », conclut Christophe Luquet. n Isabelle Arnaud

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Le facteur accessibilité constitue un élément important du projet, compte tenu de la hauteur à laquelle sont positionnés les luminaires. Des systèmes ajustables permettent de régler in situ les intensités et la température de couleur.

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Maîtrise d’ouvrage : Bleecker Group Architecte : 100ème Étage Designer : Raphaël Navot Conception lumière : Distylight Gestion de l’éclairage : Rayflexion Solutions éclairage : Atea, Brick in the wall, Forma lighting, Kreon, LightGraphix, Loupi, Oty light Installateur : Pezant

RESTAURANT 39V, PARIS : UNE GESTION DE L’ÉCLAIRAGE SUR MESURE Situé au 6e étage d’un immeuble haussmannien, le 39V surplombe les toits parisiens de l’avenue George V. « Le 39V exhale une agréable impression d’harmonie et fait la part belle aux formes organiques et aux matières nobles comme la soie, le velours ou les matières transparentes », peut-on lire sur le site du restaurant dont l’architecture intérieure est signée du designer Raphaël Navot. En harmonie avec ces teintes et ces matières, les lumières créées par Distylight et orchestrées par Rayflexion.

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e projet a commencé par une rencontre entre Johan Sustrac, concepteur lumière, Distylight, le maître d’ouvrage dont les exigences reposent sur une économie de projet, le chef, Frédéric Vardon et sa cuisine authentique, sincère, durable, et le designer Raphaël Navot avec sa grande sensibilité au détail et aux matériaux bruts. Ils avaient tous des demandes un peu différentes que le concepteur lumière a dû synthétiser en offrant un outil efficace pour le chef, une mise en lumière qui accompagne le design et le mobilier, dans le respect des attentes du maître d’ouvrage, tout en proposant des ambiances lumineuses adaptées et confortables.

Le restaurant 39V combine de multiples sources de lumière, à commencer par la lumière naturelle dont les apports sont très importants et avec lesquels il a fallu composer pour définir l’éclairage artificiel. « Nous savions, dès le début du projet, explique Johan Sustrac, que nous aurions besoin des compétences de Rayflexion pour créer une mise en lumière dynamique avec une grande flexibilité et modularité en fonction des espaces et du moment de la journée, puisque le restaurant est ouvert le midi et le soir. » Pour Damien Joyeux, fondateur du bureau d’études spécialisé dans la gestion de l’éclairage Rayflexion, « il était essentiel d’être présent dès le début du


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projet afin de pouvoir anticiper et définir les différents besoins très en amont ». Chaque table, chaque élément a un besoin d’éclairage spécifique qui est adapté en fonction d’une temporalité. « Nous ne voulions pas créer d’effet miroir entre intérieur et extérieur, commente Johan Sustrac. Nous avons donc diminué fortement tous les niveaux d’éclairage de façon à conserver cette ambiance très cosy et la vue nocturne sur les lumières de la ville. » La gradation de l’éclairage reste relativement facile à des niveaux élevés, « en revanche, précise Damien Joyeux, cela devient beaucoup plus complexe de faire une gestion de l’éclairage très fine à de faibles niveaux. Certains réglages ont en effet été effectués à 3 ou 4 %, il est donc nécessaire de choisir la bonne technologie pour descendre aussi bas, surtout avec des typologies de gradation différentes, d’où l’intérêt d’intervenir très tôt dans le projet afin de pouvoir bien choisir le matériel, en particulier les drivers ». Tout le projet d’éclairage repose sur le design de Raphaël Navot, avec des teintes chaudes des banquettes, du parquet et des parois. « Notre volonté, poursuit Johan Sustrac, était d’intégrer au maximum le matériel d’éclairage dans l’architecture, car pour nous, un éclairage réussi est un éclairage qui ne se voit pas. » Seule exception, l’espace « table du chef » qui bénéficie d’un éclairage spécifique réalisé avec des suspensions en albâtre, objet lumineux imaginé par Raphaël Navot.

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Les températures de couleur peuvent être modulées de 2 400 K à 2 700 K afin de s’harmoniser avec les teintes chaudes du mobiler signé du designer Raphaël Navot.

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© Damien Joyeux. Rayflexion © Yann Deret

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© Damien Joyeux. Rayflexion

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Des espaces délimités par la lumière La salle de restaurant comporte un parquet marqueté doté d’un motif original, d’un blond chaud en harmonie avec la teinte brun clair de la banquette, signée de Raphaël Navot, qui s’adosse à la paroi sur toute la longueur de cet espace. Le plafond, dans les mêmes teintes, habillé d’un revêtement textile qui rappelle des fanons de baleine, est ponctué de petits projecteurs sur tiges, disposés par paires et orientés vers les tables. Des encastrés dotés de différents angles (asymétrique et symétrique) mettent en valeur les voilages de la paroi et soulignent les courbes de la banquette en arrière-plan, en éclairage indirect. « Afin de mieux accompagner le design de Raphaël Navot, ajoute Johan Sustrac, nous avons intégré un éclairage linéaire sous la banquette, réchauffant ainsi l’atmosphère tout en lui donnant du relief. »

La partie bar, passage obligé des clients qui arrivent au restaurant et vont attendre avant d’être placés, comprend également le comptoir de la caisse. Il fallait par conséquent un éclairage à la fois accueillant et reposant pour patienter, et suffisant pour le règlement. Dans cette zone, on retrouve donc les trois principes d’éclairage définis dans la salle : lumière fonctionnelle directe du plafond, éclairage indirect en sous-face du comptoir et éclairage des parois réalisé ici avec des appliques en albâtre. Côté baies vitrées, des projecteurs sont orientés vers les tables. Le concepteur lumière a opté pour des températures de couleur assez chaudes, allant de 2 400 K à 2 700 K, qui s’accordent harmonieusement avec les tons du mobilier et du parquet. Dans les cuisines, où un simple changement de sources a été opéré, les tubes fluorescents ont été remplacés par des tubes led de 3 000 K. Les sanitaires sont éclairés discrètement par


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Orchestrer la gestion de l’éclairage « La façon dont on positionne la lumière à l’extérieur, sur la terrasse, va influencer la perception des ambiances intérieures, souligne Johan Sustrac. Mais cela n’est possible qu’avec une gestion de l’éclairage sur mesure que nous avons confiée à Rayflexion. » Damien Joyeux a utilisé un système de gestion Casambi basé sur Bluetooth Low Energy. Casambi fournit un réseau maillé (mesh) où toute l’intelligence du système est répliquée dans chaque nœud, tous les modules communiquent ainsi les uns avec les autres. Ce réseau maillé sans fil auto-organisé peut contrôler un grand nombre de luminaires depuis n’importe quel point. Les puces sont intégrées soit dans les luminaires, soit dans les drivers, soit dans des modules spécifiques. Chaque appareil Casambi a sa propre intelligence et va transférer l’information, sans passer par un point de gestion centralisé. « Avec ce dispositif, il n’est pas nécessaire de tirer des câbles de commande, explique Damien Joyeux. Cette solution offre une très grande souplesse. Pour le restaurant 39V, par exemple, j’ai réalisé la programmation et j’ai laissé la main au gérant du restaurant qui peut intervenir très facilement à partir d’une tablette. » Chaque appareil d’éclairage, spot ou linéaire, peut être piloté individuellement. Damien Joyeux a élaboré plusieurs scénarios avec

quatre séquences – jour, soir, nuit et ménage – pour chacun des espaces : bar, salle, table du chef. Le bar bénéficie d’un scénario « fin de soirée ». « Le restaurant peut privatiser la salle, précise Johan Sustrac, et ce séquençage permet au client de choisir un éclairage complètement adapté à son événement. »

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des rubans led disposés au-dessus des vasques. Dans la zone d’accueil au rez-de-chaussée, où les clients s’enregistrent avant de monter, Johan Sustrac a associé des rubans led aux suspensions en albâtre de Raphaël Navot, offrant un avantgoût de la mise en lumière douce et chaleureuse qui attend le client au restaurant.

Le bon fonctionnement de la programmation dépend de l’anticipation de l’étude : l’étroite collaboration de Distylight et Rayflexion en amont du projet a permis l’orchestration efficace de la mise en lumière.

Variations à la carte « Il est possible de déclencher les scénarios de différentes manières, ajoute Damien Joyeux ; par déclenchement horaire, par exemple allumage de la séquence “jour” à 8 h, puis passage au scénario “soir” à 17 h et “nuit” une demi-heure après le coucher du soleil ; ou bien en choisissant un scénario à partir d’une tablette ou d’un smartphone ; l’extinction se fait manuellement. » Les ambiances lumineuses sont modulées en termes d’intensité et de températures de couleur, avec une transition douce entre elles. Une télécommande, pour chaque espace, a également été mise à disposition pour encore plus de souplesse d’utilisation. « Nous avons défini tous les éléments Casambi nécessaires, et les drivers, puis nous avons effectué les tests in situ avant de donner les synoptiques de principe à l’installateur, explique Damien Joyeux. Notre rôle repose sur ce travail transversal entre le concepteur lumière et l’électricien afin de bien organiser la gestion de l’éclairage. Le bon fonctionnement de la programmation dépend de l’anticipation de l’étude : plus nous travaillons en amont avec le concepteur lumière et plus l’orchestration de la mise en lumière sera efficace. » n Isabelle Arnaud LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 23


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Maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre : Gouvernement princier, principauté de Monaco, Direction de l’aménagement urbain, section Énergie (en collaboration avec l’architecte Emmanuel Deverini) Solution éclairage : Bega

MONACO : LES JARDINS D’APOLLINE SE RENOUVELLENT Dans le quartier de la Condamine, à Monaco, le complexe de 280 appartements domaniaux a été entièrement rénové. La cour intérieure du site a été réaménagée et couvre 1 200 m² d’espaces verts et de cheminements, éclairés désormais avec des solutions led. Régis Fontanez, chef de la section Énergie de la Direction de l’aménagement urbain de la principauté de Monaco, a supervisé les travaux relatifs à l’éclairage.

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a section Énergie de la Direction de l’aménagement urbain intervient sur tous les travaux d’entretien et de renouvellement de l’éclairage public. La principauté de Monaco compte 693 km de voies éclairées, soit un parc d’éclairage public constitué de 6 815 points lumineux. Aujourd’hui, la part des luminaires à technologie led représente 42 %, soit un peu moins de la moitié du parc ; environ 800 luminaires bénéficient d’une intelligence embarquée qui permet d’abaisser les puissances à distance ou encore de lancer des scénarios sur des périodes définies. 18 % des luminaires d’anciennes technologies sont équipés de sources sodium haute pression, 16 % de lampes aux iodures métalliques et 24 % de sources

fluorescentes. La puissance moyenne d’un point lumineux était de 80 W en 2021, toutes sources confondues. Pour atteindre un tel score, la Principauté s’est engagée depuis 10 ans dans une démarche sur la transition énergétique, notamment en renouvelant le parc d’éclairage public et en remplaçant les sources énergivores par la technologie led. « Aujourd’hui, remarque Régis Fontanez, on constate une économie de 30 % sur les consommations : cette baisse n’est pas seulement due à la rénovation, nous avons aussi supprimé quelques points lumineux, notamment ceux relatifs à l’éclairage de frondaison dans les espaces verts, sources de pollution lumineuse. »


Une typologie de luminaires adaptée à la topographie des espaces L’éclairage public fonctionne sur horloge ou en fonction de la lumière du jour : le déclenchement de l’allumage s’effectue principalement par un capteur crépusculaire, doublé d’une horloge si ce dernier est défaillant et fonctionne jusqu’au petit matin. C’est le cas des espaces des Jardins d’Apolline qui comptent 1 200 m² d’espaces verts et de cheminements qui permettent de relier deux quartiers. « Nous souhaitions mettre en valeur certains éléments, explique Régis Fontanez, comme les jardinières avec leurs formes très incurvées ou la rampe d’accès PMR avec sa géométrie sinueuse particulière. L’objectif : éclairer au plus juste pour limiter les nuisances lumineuses au niveau des logements et sur l’environnement direct de la cour. La Société monégasque de l’électricité et du gaz (SMEG) et le service technique de Bega nous ont accompagnés dans l’étude photométrique. » Les niveaux d’éclairement sont compris entre 15 et 20 lux, et la température de couleur choisie est de 3 000 K sur tous les espaces. Les cheminements sont éclairés par 14 mâts de 4 m de hauteur, disposés essentiellement sur la partie basse de la cour, tandis que des encastrés muraux ponctuent la rampe PMR ainsi que les escaliers. Çà et là, des bancs invitent les piétons à se reposer, à la lumière douce émanant des encastrés muraux installés sous les assises.

© Bega. Photo Mark Wohlrab © Bega. Photo Mark Wohlrab

© Bega. Photo Mark Wohlrab

© Bega. Photo Mark Wohlrab

Lumières Projets

Éclairer juste : un engagement global « Nous avons renoncé à la gradation et préféré éclairer à 100 % au plus près et au plus juste, poursuit Régis Fontanez. Ainsi, pour marquer l’entrée des marches et de la rampe, nous avons choisi des bornes de 1 m de hauteur qui apportent toute la lumière nécessaire sans éblouissement ni nuisance. » L’engagement de la principauté monégasque dans la rénovation de l’éclairage public constitue une démarche générale, commencée il y 10 ans avec la rénovation des points lumineux en led et se poursuit aujourd’hui avec un sdal (schéma directeur d’aménagement lumière) en cours de réalisation. En 2020, le parc d’éclairage public comptait 2 471 luminaires led et 2 835 en 2021. De plus en plus de sites mettent en œuvre des luminaires avec une intelligence embarquée, des systèmes de gestion à distance qui permettent un abaissement du flux au cœur de la nuit. « Notre démarche environnementale passe par une rénovation contrôlée, précise Régis Fontanez, il n’est pas question d’enlever des luminaires qui fonctionnent très bien. Nous choisissons de remplacer les appareils les plus vétustes et les plus énergivores. Certes, cela prend peut-être plus de temps, mais correspond à une rénovation raisonnée qui s’inscrit dans un engagement à long terme. » Isabelle Arnaud

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Lumières Perspectives

Disano : 65 ans de savoir-faire « made in Europe »

Frédéric Biancardini

Disano Illuminazione S.p.A. a été créée en 1957, son siège est installé à Rozzano en Italie où se trouve aussi le site de production sur 15 000 m². La logistique se situe en revanche à Dorno et s’étend sur une superficie de 16 396 m², qui comprend aussi un entrepôt à gestion complètement automatisée d’une capacité totale de 22 500 palettes. Avec 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, le Groupe Disano compte aujourd’hui 700 collaborateurs pour une dizaine de filiales dans le monde, dont Disano France, née en 1993. Elle est implantée à Allonzier-la-Caille, dans la région d’Annecy en Haute-Savoie. Frédéric Biancardini, directeur général de Disano France, en présente les derniers développements.

Directeur général de Disano France

© Disano

Quelle est la place de Disano France dans le groupe ? La société Disano France, qui exerce son activité sur l’ensemble du territoire français et les départements et territoires d’outre-mer, fonctionne avec une équipe de 47 personnes, dont 22 technicocommerciaux et chefs de vente, lesquels sont tous des éclairagistes. Leur rôle, tout comme celui des collaborateurs du siège, consiste à conseiller en éclairagisme l’ensemble de notre clientèle : architectes, bureaux d’études, concepteurs lumière, installateurs, distributeurs. Un service technique, situé au siège, les appuie et les soutient dans cette démarche. Les locaux de la société occupent 5 000 m² sur un terrain de plus de 10 000 m². L’essentiel de cette surface est réservé au stockage des produits, et environ 600 m² sont consacrés aux bureaux et à un showroom. Nous sommes fiers d’annoncer que la filiale française est la première du groupe, avec un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. En à peine deux ans, nous avons augmenté notre stock de 30 %, ce qui nous permettra d’atteindre l’objectif d’environ 34 millions d’euros de chiffre d’affaires à la fin de l’année 2022. Disano France connaît une belle croissance et vient, de plus, de recevoir la médaille d’argent EcoVadis qui récompense les efforts des entreprises en matière de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Je tiens à remercier la maison mère d’avoir alimenté ce dossier RSE.

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Quels critères sont pris en compte dans cette évaluation ? L’évaluation porte sur 21 critères regroupés en quatre thèmes : Environnement, Social & Droits humains, Éthique, Achats responsables. Disano suit une philosophie d’entreprise qui a fait le succès du « Made in Italy » dans le monde, axée sur la qualité et la fiabilité de ses produits, et aussi sur un éclairage plus respectueux de la santé de la planète et plus sensible au bien-être des individus. D’ailleurs, nous avons été peu impactés jusqu’à maintenant par les pénuries car le siège en Italie a su anticiper et nous commençons à peine à manquer de matières premières. Nous avons également engagé une démarche


Lumières Perspectives

“Disano France ouvre deux nouveaux showrooms,éclairage intérieur et éclairage extérieur, sur son site d’Allonzier-la-Caille” pour obtenir le label RGE (Reconnu garant de l’environnement) qui permet de valoriser notre savoir-faire. L’obtention du label RGE repose sur un examen de la conformité de l’entreprise à un référentiel d’exigences de moyens et de compétences. Cet examen et la délivrance consécutive du signe de qualité sont assurés par des organismes de qualification (Qualibat, Qualit’EnR et Qualifelec) ou de certification (Certibat et Cerqual) ayant passé une convention avec l’État et accrédités par le Comité français d’accréditation (Cofrac). Je suis personnellement attaché à ces certifications qui reconnaissent la valeur de nos engagements à différents niveaux. Disano a toujours été un généraliste. Est-ce que c’est encore le cas aujourd’hui ? Disano intervient dans tous les secteurs : aussi bien en éclairage extérieur (routier, sportif et espaces urbains) qu’en intérieur avec des produits pour l’industrie, les bureaux, les hôpitaux, et même des appareils antidéflagrants. Nous diffusons également la marque Fosnova, qui a intégré le groupe il y a plus de 40 ans et qui fabrique des luminaires pour l’éclairage intérieur uniquement, surtout pour l’agencement des magasins. Nous assurons la logistique et la distribution des produits Fosnova sur l’ensemble du territoire français. Disano garde cependant une activité importante en éclairage intérieur, et a développé notamment des systèmes de smart lighting et de Human Centric Lighting (HCL), deux opportunités de poids pour le secteur de l’éclairage. Vous évoquez là des solutions de contrôle de l’éclairage… Oui, Disano a beaucoup investi dans le développement de systèmes de gestion et de pilotage de l’éclairage. Dismart est basé sur des modules Wi-Fi et sur le protocole de communication ZigBee. Il a été mis au point pour apporter une économie significative d’énergie dans les grandes installations d’éclairage intérieur, en ajustant l’intensité lumineuse. Le système modifie le niveau d’éclairage artificiel via une gradation qui garantit l’éclairement prédéfini, quels que soient les apports de lumière naturelle. L’app Dismart présente une interface simple pour programmer et configurer l’ensemble du système. Elle permet à l’utilisateur de configurer tous les paramètres pour assurer un réglage constant de la lumière. Quant à l’éclairage centré sur

l’humain, il s’agit d’un concept qui implique un profond changement culturel pour instaurer un rapport plus sain et plus équilibré avec l’environnement dans lequel nous vivons. La recherche scientifique a démontré que la lumière était indispensable pour régulariser le fonctionnement de notre organisme, sur les plans biologique et psychologique. Ainsi, nous avons développé des luminaires afin de bénéficier de la bonne quantité de lumière, avec les températures de couleur adéquates pour stimuler, détendre, se concentrer selon les activités et le moment de la journée. Nous proposons également des solutions pilotées en DMX destinées à l’éclairage des stades, des salles polyvalentes, des gymnases qui peuvent transformer les salles sportives en purs sujets de marketing ! Disano a 65 ans cette année. Comment fêtez-vous l’événement ? Nous avons « customisé » un camion en l’équipant des dernières nouveautés de Disano disposées sur des présentoirs. Le véhicule fait le tour de France avec, aux commandes, un chef de produits et un technicocommercial qui vont à la rencontre des distributeurs et des installateurs. Cela nous permet d’être au plus près de nos partenaires pour les informer, les former, et leur permettre de manipuler les appareils, de poser des questions. Nos techniciens leur montrent et leur expliquent le savoir-faire de Disano, la qualité du « Made in Italy », mais pas seulement. Aujourd’hui, avec la pandémie, il devient de plus en plus compliqué pour les installateurs et les distributeurs d’aller se former ; il faut ajouter à cela les difficultés à se rendre sur les salons. C’est pour cette raison que Disano a mis en place des modules de formation qui vont au-delà de la présentation de produits et abordent les principes de base de l’éclairagisme, particulièrement en éclairage extérieur. Pas directement liée aux 65 ans de Disano, mais cela n’en est pas moins un événement important pour notre filiale française, je souhaiterais annoncer l’ouverture très proche de deux showrooms sur le site d’Allonzier : l’un sera dédié à l’éclairage intérieur avec principalement les produits Fosnova et l’autre consacré à l’éclairage extérieur avec des produits Disano. Les deux espaces ouvriront leurs portes pour accueillir nos clients à la rentrée de septembre. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud

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Maître d’ouvrage : Ville de Norrtälje Paysagiste : Sydväst arkitektur & landskap AB Conception lumière : Frida Nordmark / Light Bureau, Copenhague © Selux. Photo Werner Nystran

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Lumières et paysage Dossier réalisé par Isabelle Arnaud

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Christophe JEGADEN Paysagiste concepteur associé, Land’Act Land’Act est née de la fusion des agences de paysage et d’urbanisme TUP (Thébaud Urbanisme et Paysage) et TraitVert créées par Philippe Thébaud et Éric Manfrino. S’appuyant sur une véritable complémentarité de savoir-faire et de partage de valeurs, Land’Act est ainsi devenue le leader français indépendant dans le domaine de la conception de paysage urbain pour les villes durables de demain.

Intégrer la conception lumière : un must Land’Act comprend trois entités en France. Est-ce qu’il existe une agence plus spécialisée que les autres sur les questions de mise en lumière ? Non, pas vraiment. Nous proposons une offre intégrée sur tous les métiers attachés aux aménagements paysagers et urbains, dans une approche systémique et globale pour des villes plus vertes et naturelles. La maison mère est à Levallois, nous avons une agence à Nice et une autre à Bordeaux. Nous sommes organisés sous la forme de « pétales » (groupes d’environ 10 personnes animés par des directeurs/trices de projets) et chacun d’eux fonctionne indépendamment des autres. Land’Act n’a pas de spécialité particulière ; en tant que généraliste, nous travaillons aussi bien sur des opérations de logements que d’espaces publics, de renaturation, de bureaux sur dalles, et bien sûr des parcs urbains. L’agence compte en tout 50 personnes, avec une dizaine de directeurs associés, des chargés de projets. 95 % des collaborateurs sont des paysagistes, le reste est réparti entre architectes, urbanistes et designers d’espaces. Malheureusement, nous n’avons pas de concepteur lumière en interne, mais des personnes avec des sensibilités concernant la mise en valeur du paysage nocturne. Comment s’inscrit l’éclairage à la fois dans le paysage nocturne et diurne ? Je distinguerai deux types d’éclairages : celui de la voirie, qui très souvent se réfère à une charte bien établie et pour lequel nous ne faisons que proposer des appareils ; et la mise en lumière des espaces publics, piétonniers, des parkings. Dans ces cas-là, il nous faut aller au-delà de la réglementation : nous sommes plus attentifs au design du produit, car le 30 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022

matériel d’éclairage joue un rôle essentiel en journée. Par exemple, nous préférons les implantations en bouquet avec des mâts inclinés qui offrent une autre définition de l’espace. Des inclinaisons différentes, des projecteurs avec plusieurs orientations sont autant de paramètres qui participent à la perception globale de l’espace, le jour. Quant à la mise en lumière elle-même, nous sommes particulièrement intéressés par le mouvement des trames noires. Nos interlocuteurs n’ont pas toujours cette culture de la trame noire et n’étant pas experts, il est difficile de convaincre. J’avais assisté à une conférence de Roger Narboni qui évoquait ce sujet en expliquant le projet d’éclairage de façon telle qu’on pouvait presque palper la lumière ! C’était très intéressant. Le concepteur lumière est primordial, mais contrairement aux sociologues et écologues que l’on voit de plus en plus imposés, le concepteur lumière est rarement demandé dans les appels d’offres. Du coup, c’est à nous, paysagistes, de l’intégrer dans nos équipes, ce qui n’est pas toujours possible, tout simplement pour une question de budget. Comment abordez-vous le projet d’éclairage au sein de l’agence ? Quand nous avons la chance de travailler avec un concepteur lumière, nous lui laissons la main à 100 %. Dans le cas contraire, nous échangeons entre directeurs associés et choisissons des produits performants parmi les catalogues de fournisseurs avec lesquels nous avons l’habitude de travailler, par exemple Bega, Selux, Aubrilam, iGuzzini, Technilum, Comatelec, Eclatec, TMC Innovation. Au-delà des performances du produit, nous accordons

une grande importance à son aspect et son intégration dans le paysage urbain. Nous nous inspirons aussi de ce que font les concepteurs lumière. Nous nous efforçons d’être le plus contextuels possible et d’adopter une approche qui correspond au site : on n’éclaire pas de la même façon des jardins, des pistes cyclables ou une petite place en bord de mer… Nous avons parfois en face de nous des interlocuteurs qui ne se préoccupent que de l’aspect maintenance et c’est difficile de se faire entendre : malheureusement, on perd un peu toute la poésie du métier, celui de paysagiste mais aussi de concepteur lumière, pour laisser la place aux contrôles intempestifs techniques et énergétiques. Il manque une vision globale, un chef d’orchestre. On peut se demander pourquoi les collectivités n’imposent pas un éclairagiste, c’est ça, la vraie question, il faut être cohérent. Toute la difficulté de la lumière, justement, c’est qu’elle est impalpable. Pour un paysagiste, parler de lumière est difficile ; certes, on montre des images de référence, des études des fournisseurs, on voit bien les lux au mètre carré… Et si on est persuadé qu’on sait faire, en mettant un candélabre avec un spot led, cela ne s’appelle pas de la conception lumière, c’est de la mise en œuvre de la lumière, ce qui est différent. Ce n’est pas la même chose que d’éclairer une surface au sol et définir une philosophie de la lumière. Avoir une vraie démarche pour l’éclairage, c’est un métier et il faudrait que les donneurs d’ordre pensent un peu plus à l’aménagement nocturne des espaces publics. Ensemble, le paysagiste et le concepteur lumière peuvent raconter une véritable histoire de lumière. n Propos recueillis par Isabelle Arnaud


© Artemide

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Davide Oppizzi a créé Needoo pour Artemide : constitué d’une borne et de trois poteaux différents, ce système offre une lumière parfaitement contrôlée qui respecte la nature en éclairant uniquement ce qui est nécessaire. Le poteau inclut à son sommet un abri pour oiseaux, réalisé dans un matériau spécial qui garantit résistance aux agents atmosphériques, longévité, faible entretien et isolation exceptionnelle quelle que soit la saison et qui recrée des conditions optimales pour la vie des oiseaux et des petits mammifères ainsi que certaines espèces d’insectes. L’abri est réalisé en bois et ciment imprimé sans ajout de colles.

Dans son ouvrage La lumière et le paysage, Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto, définissait ainsi l’éclairage paysager : « un éclairage artificiel mettant en valeur des éléments constitutifs du paysage (arbres, arbustes, plantations, feuillages, roches et rochers, plans d’eau et jeux d’eau). Celui-ci, intégré dans un projet de mise en lumière plus global, permet par exemple : de souligner un ou plusieurs éléments d’un espace vert ; d’affirmer la composition graphique d’un jardin ou d’un parc ; de composer un tableau ; de donner de la profondeur à une perspective, de baliser ou de sécuriser un cheminement piétonnier ». Vingt ans après, cette définition n’a pas pris une ride ; en revanche, la façon d’aborder le sujet connaît une petite révolution avec la notion de trames noires, dont Roger Narboni fut le précurseur, comme le souligne Christophe Jegaden dans son introduction. En parallèle, les fabricants proposent des solutions, parfois en collaboration avec des concepteurs lumière, de plus en plus adaptables à la zone à éclairer et de plus en plus faciles à intégrer au paysage, de façon à laisser une plus grande place à l’effet lumineux. LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 31


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Shakespeare’s New Place, Stratford-Upon-Avon, Royaume Uni. Conception lumière : Speirs Major.

© Thorn Lighting. Photo Clorinda Scura, Scura Design

© Thorn Lighting

© Thorn Lighting. Photo James Newton

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ans la rubrique « Cahier technique » du N°38 de Lumières, nous abordions avec Roger Narboni, concepteur lumière, la question fort discutée, des trames noires. Nous avions pris le parti de donner la parole à d’autres concepteurs lumière, comme Mark Major de l’agence britannique Speirs Major, qui nous confiait entre autres illustrations, celle du jardin de Shakespeare’s New Place (situé à l’emplacement de la maison de Shakespeare), à Stratford-upon-Avon dans le comté du Warwickshire, au centre de l’Angleterre. Effet du hasard, une autre photo du même site, réalisée par le même photographe, nous a été donnée par Thorn Lighting cette fois ; elle montre l’approche discrète de l’éclairage du jardin : « nous réfléchissons à la qualité de la nuit et au rôle qu’y joue l’éclairage artificiel […] Il s’agit davantage de préserver la qualité de la nuit que de supprimer la nuit », confiait Mark Major à Roger Narboni. L’adaptabilité de la lumière Thorn Lighting explique « qu’avec un éclairage adapté, tout le monde peut profiter pleinement des espaces en plein air. L’éclairage est garant d’un accès permanent aux espaces publics, qu’il anime la nuit pour permettre aux citadins de se promener, se détendre, pratiquer du sport ou se retrouver ensemble, plus longuement chaque jour. Une conception appropriée peut remplir toutes ces fonctions tout en protégeant la nature et en préservant l’énergie ». Dans les exemples de réalisation du fabricant ci-contre, on trouve à deux reprises la lanterne Volupto, équipée d’un système optique de haute technologie qui réduit les éblouissements et optimise l’efficacité avec deux versions de vasque : claire (U1) conforme à l’arrêté sur les nuisances lumineuses (décembre 2018), striée (SF) pour le confort dans les parcs et jardins. Un luminaire intelligent qui dispose d’une détection de mouvement intégrée ainsi que d’autres options de gestion (réduction de puissance, gradation Dali, interfaces Zagha Up certifiée ZD4i). Pour être en adéquation avec sa démarche environnementale, Thorn Lighting a développé un système de gradation autonome à plusieurs niveaux (MLD) qui, de manière automatique, adapte le niveau du flux lumineux émis par un module led, ainsi que la température de couleur de celui-ci, en fonction de l’heure de la nuit et de l’intensité de la circulation. Ce système fournit de façon autonome un mélange de couleurs de leds chaudes et froides. Le pilotage distinct des deux groupes de leds permet d’obtenir une température de couleur de 2 200 K à 3 000 K avec des niveaux de luminosité tout à fait différents. • • • Suite p. 36

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our Novéa Énergies, il est capital de définir en amont l’utilisation future de ses candélabres solaires pour concevoir un scénario d’éclairage sur mesure, adapté dès l’installation à l’écosystème dans lequel il a vocation à s’intégrer. Tous les luminaires de l’entreprise angevine sont par ailleurs conformes à l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, la réduction et la limitation des nuisances lumineuses. En ce sens, le dimensionnement et le paramétrage des équipements obéissent donc à des contraintes strictes, notamment en matière de température de couleur, pour respecter les besoins des différents écosystèmes (zones protégées, sites d’observation astronomique…). La Ville de La Roche-sur-Yon souhaitait éclairer les abords de l’un de ses établissements scolaires, le lycée Nature. Novéa Énergies a déployé 36 ensembles solaires issus de deux gammes différentes pour répondre au besoin de sécurité de la ville, tout en s’adaptant aux contraintes liées à la biodiversité et aux spécificités des

© SYDEV. Photo P. Baudry

zones ombragées. Novéa Énergies a équipé ces dernières de 5 Multi Top 6, qui ont la particularité de pouvoir alimenter d’autres luminaires en énergie solaire (28 luminaires en tout, répartis sur les 5 centrales), résolvant ainsi la contrainte du manque d’exposition directe au soleil. Le reste de la zone est équipé de 8 Combi Top 2, le tout en coloris gris clair. En veille à 0 % avec 3 heures de détection cumulées prévues (240 passages maximum avec 45 secondes d’éclairage à chaque passage), ils s’éteignent complètement de 22 h à 5 h 30 (5 h pour les Combi Top 2) afin de s’adapter à la fréquentation du lieu. « Cette solution répondait à nos contraintes multiples : sécuriser le chemin situé sur un site naturel, traversé par une rivière, sans travaux lourds, sans nécessiter trop de maintenance et dans le respect de la biodiversité. Esthétiquement. De plus, le rendu a un côté presque magique », commente Alexandre Colonnier du SyDEV (Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée).

© SYDEV. Photo P. Baudry

© SYDEV. Photo P. Baudry

La Roche-sur-Yon (85) par Novéa Énergies

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Le Pont-Neuf de Toulouse, le plus ancien pont et le plus symbolique de la ville inauguré en 1632, a retrouvé toutes ses lumières. Les 80 projecteurs ont été remplacés par 74 Sculpflood 60 RGBW de Comatelec qui mettent en valeur l’architecture de briques et de pierres de l’édifice.

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© Comatelec Schréder – Photo Patrice Nin

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Lumières Dossier • • • Suite de la p. 32 Imaginons le scénario : dans la soirée, alors que les piétons et les conducteurs circulent encore, NightTune offre une température de couleur modérée. Au milieu de la nuit, lorsque le trafic est calme, la puissance des leds de couleur blanc neutre est diminuée, afin que l’éclairage soit moins fort, mais aussi plus chaud. À mesure que l’aube approche et que la circulation reprend, l’intensité lumineuse des leds de couleur blanc neutre augmente à nouveau, pour un éclairage plus lumineux, qui répond davantage aux exigences de la circulation en matière de sécurité. La technologie à elle seule ne suffit pas à intégrer l’éclairage de façon harmonieuse dans le paysage, car il faut aussi penser à la perception diurne des appareils. Christophe Jegaden, paysagiste associé Land’Act, le souligne en préambule (voir page 30), « le matériel d’éclairage joue un rôle essentiel en journée. Par exemple, nous préférons les implantations en bouquet avec des mâts inclinés qui offrent une autre définition de l’espace ».

Borne Bamboo de Roger Pradier

Encastré de sol Lun-Up d’iGuzzini

© iGuzzini

• • • Suite p. 38

© Roger Pradier. Photo Arnaud Childeric, Studio Kalice

La perception diurne de l’éclairage paysager On en vient à la forme des appareils, qu’ils soient sur des mâts, qu’il s’agisse de bornes telle Bamboo de Roger Pradier, légèrement inclinée, semblant apostropher le passant et se déclinant

en vert pour mieux se fondre dans le paysage ; ou qu’ils soient à encastrer comme le tout dernier Lun-Up d’iGuzzini, signé du designer Dean Skira, et qui paraît sourire de toutes ses leds. L’encastré est destiné à l’éclairage de terrasses, de cheminements, d’espaces de détente, dans des zones de verdure, à la base des arbres, par exemple. Il répond aux exigences élevées de non-éblouissement, de température et de maintenance, et offre une lumière douce, non intrusive. De son côté, LEC ne cesse de développer des projecteurs et encastrés pour éclairer façades, ouvrages d’art, parcs et jardins. Avec NoctaBene pour la conception lumière, Lumières Utiles pour le pilotage DMX, et Ineo pour l’installation, ils ont réuni leurs savoir-faire afin de réaliser le parcours lumière de la ville de Vendôme. Dans un souci de développement durable et pour parfaitement s’intégrer à l’environnement des abords du lac de Pont-et-Massène réaménagés par l’agence JDM Paysagistes, Selux a choisi des mâts en bois équipés de luminaires Olivio, ainsi que des bornes Elo, en bois également, « matériau qui permet de l’installer dans une grande variété de milieux et de configurations architecturales », souligne le fabricant.

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Semblançay (37) par Pascal Gougeon, atelier Kandela

© Citeos

Maîtrise d’ouvrage : SIEIL, Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire Maîtrise d’œuvre et conception lumière : Pascal Gougeon, atelier Kandela Architecte : Sativa Paysage Installateur : Citeos Tours Solution d’éclairage : WE-EF

© Citeos

© Citeos

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uccessivement place forte, lieu de pèlerinage pour sa « grotte au château de la source » où demeurent encore des vestiges de thermes romains, Semblançay, aujourd’hui commune rurale typique de la campagne tourangelle, conserve un patrimoine riche et éclectique, témoin de son évolution dans l’histoire. Sous le confort des lanternes, les axes pénétrants se rejoignent dans l’ambiance nuancée que distillent les mâts grappes d’appliques aux entrées de la ville. La teinte blanche de l’atmosphère lumineuse accompagne le noctambule, révèle la végétation et revêt le pont de trois points bleus qui se diffusent en reflets sur la rivière. La rue principale s’étoffe, montre, par la lumière émanant du sol, les détails des façades taillées aux signes des compagnons ainsi que celles, plus sobres, des autres maisons de même style. La lumière se décline en doré, orne la mairie et l’arbre centenaire autour duquel la place se dessine sous les couleurs des lucarnes qui se marient à la vie végétale nocturne. Joint aux bâtiments enrichis de lumière, le halo des lampadaires, en formant le triangle, distingue la place en la préservant de la rue. En continuant vers l’église, un balisage au sol rappelle la lumière harmonieuse de la voie et rassure le piéton, serein d’une place à l’autre. L’édifice religieux, ciselé de lumière dans les détails de ses abat-sons, rosaces, vitraux et pinacles, se révèle à la nuit et laisse au pied de son parvis les lanternes montrer le chemin vers l’autre entrée de ville. Ainsi, l’axe principal de Semblançay étalant son aura aux axes secondaires dans l’harmonie de ses teintes rappelle dans la nuit la sobre beauté de la commune.

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Vendôme. Solution éclairage : LEC Conception lumière : Christophe Canadell, NoctaBene Pilotage DMX : Lumières Utiles

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© Camille Saada

© Selux. Photo Urbaphotos

Pont-et-Massène, France. t Maîtrise d’ouvrage : Community of Auxois & SICECO Paysagiste : JDM Paysagistes Solution éclairage : Selux

Solution d'éclairage RZB

© RZB

© Disano. Photo Nicolas Tarantino

Solution d’éclairage Disano

• • • Suite de la p. 36 Pourtant, ce n’est pas seulement le design qui peut être adapté à chaque situation – plusieurs optiques et températures de couleur (de 2 700 à 4 000 K) répondent également aux contraintes d’éclairage les plus exigeantes de manière efficace et sans éblouissement : l’éclairage des cheminements et des parcs, des façades et l’éclairage d’accentuation des bâtiments. De plus, la casquette Olivio réduit la diffusion de la lumière vers le ciel. RZB a également opté pour la sobriété avec sa gamme Lupalo qui illustre la puissance d’un design épuré. « Ici, le superflu n’a pas sa place, indique le fabricant, chaque élément a été minutieusement étudié pour se concentrer sur l’essentiel : une lumière puissante et homogène couplée

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à des lignes cylindriques. La colonne s’intègre ainsi très facilement à presque tous les types d’architectures, dans le respect des exigences d’éclairagisme tout en mettant l’accent sur le design. Le large choix de répartitions de la lumière, de flux lumineux, de dimensions et de configurations augmente la flexibilité du luminaire qui s’adaptera à presque toutes les situations. » Selon les besoins et les envies de chacun, le luminaire Lupalo peut être utilisé comme borne, stèle, ou mât. L’effet « Dark Sky » basé sur des optiques led à rayonnement direct garantit qu’aucune lumière n’est émise dans l’hémisphère supérieur du luminaire, réduisant ainsi les effets de la pollution lumineuse. • • • Suite p. 42


© Ragni © Ragni

© Ragni

© Ragni

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Agde passe au Lampion par Ragni

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otée de lanternes quatre faces posées il y a une vingtaine d’années, la municipalité agathoise décide de rénover l’éclairage de certains quartiers de la ville afin de bénéficier des dernières technologies. « Ainsi, le quai des Dames, le quai du Chapitre, la rue Honoré Muratet et la place Jean Jaurès ont vu leur éclairage rénové, explique Bruno Adjadj, agent technico-commercial chez Ragni. La Ville souhaitait un luminaire original qui la distingue des communes environnantes, donc nous avons proposé le Lampion qui permet des motifs de découpe personnalisables. » Le luminaire était présent au catalogue mais n’avait jamais été fabriqué, ce qui répondait

parfaitement au critère de la ville. Dans un premier temps, Ragni présente une image de synthèse à la municipalité puis fabrique un prototype. « Le premier modèle était trop grand, précise Bruno Ajdadj, nous avons donc fourni un deuxième modèle plus petit qui a fait l’unanimité. C’est une des spécificités de Ragni d’ailleurs : pouvoir s’adapter constamment à la demande de ses clients. Nous avons opté pour une température de couleur de 3 000 K. » Plusieurs modèles ont été installés selon les espaces à éclairer : 16 leds avec un flux de 4 720 lm, 24 leds de 7 080 lm et 32 leds 9 440 lm. Le Lampion fait 400 mm de diamètre sur 660 mm de haut.

Pensé pour l’éclairage décoratif, Lampion est une gamme de luminaires cylindriques de type photophore se présentant sous la forme d’une cage ajourée en acier inoxydable suspendue à un logement électrique en aluminium et protégée par un verre trempé IK08. Pour restituer un éclairage d’ambiance, la gamme Lampion dispose d’un bloc optique IP66 et d’un driver compatibles Zhaga intégrés dans la tête du luminaire qui permettent, via une large gamme de températures de couleur et photométries, de répondre à de nombreux besoins en veillant au respect de la réglementation contre les nuisances lumineuses.

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© Abel Éclairage. Photos Xavier Boymond

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La voie verte de Brive-La-Gaillarde (19) par Abel Éclairage

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a voie verte, développée depuis 2007 par l’Agglo de Brive le long de ses principaux cours d’eau, la Corrèze et la Vézère, permet de relier le pont de Granges à Saint-Pantaléonde-Larche à la gare d’Aubazine, commune de Dampniat, soit 18 km au total. Sur la commune de Brive, cette traversée longe la Corrèze sur près de 11 km et offre un cheminement partagé entre modes doux, piétons et vélos, et un espace paysager agrémenté de 2 800 arbustes, 527 arbres, 2 600 vivaces et graminées. L’aménagement a pris la forme d’une voirie d’une largeur de trois mètres, revêtue d’un enrobé beige. La portion entre les ponts Cardinal et de La Bouvie a été livrée au printemps 2020, celle entre les ponts du Buy et Tourny au printemps 2021. La voie est éclairée par des candélabres à led à détection de mouvement. Le luminaire Ello d’Abel Éclairage a été retenu pour sa forme fine et intemporelle. Son design plan et aérien permet d’accueillir les équipements d’éclairage intelligent : un nœud de communication positionné sur le dessus du luminaire et un capteur de présence intégré sur le dessous de la fonderie. La connectivité créée entre les points lumineux sert à la configuration d’un éclairage dynamique de type chemin lumineux. Tel était le souhait de l’Agglo sur ce projet : optimiser

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l’éclairement en fonction de la fréquentation dans une logique d’économie d’énergie. La solution proposée par Abel Éclairage est une ambiance lumineuse réduite à 10 W en veille et une élévation de la puissance à 30 W pendant 40 secondes après une détection. Les points lumineux de la promenade restent ainsi allumés à un niveau suffisant la nuit pour le confort et la visibilité, et augmentent d’intensité dès que quelqu’un passe à proximité. Le premier luminaire déclenche l’allumage des deux suivants. Au fur et à mesure, le luminaire qui précède le luminaire déclencheur et les deux qui le suivent restent allumés pendant 40 secondes. Le parcours compte 107 luminaires Ello actuellement en service. Il reste encore à aménager la partie rive droite entre le pont Cardinal et le pont Tourny sur l’avenue Maillard, sur 450 mètres. En tout, près de 170 luminaires de conception et fabrication locales éclaireront la voie verte. À l’ouest de Brive, une piste reliant les berges de la Corrèze et la zone de Laroche viendra renforcer l’offre cyclable d’ici à 2024. Le franchissement des ponts de La Bouvie, du Buy et Charles-Ceyrac se fera grâce à des encorbellements de part et d’autre de la chaussée d’ici à 2029. Là aussi, l’éclairage public sera adapté pour faciliter les activités et les déplacements des usagers nocturnes. « Cette réalisation permet de se réapproprier les rives de la Corrèze et de la Vézère », déclarait Frédéric Soulier, président de l’Agglo et maire de Brive, au sujet de la voie verte. Le budget total des aménagements s’élève à près de 3 millions d’euros et a bénéficié de près de 54 % de subventions (FEDER, État, Région, Département).


© Abel Éclairage. Photos Xavier Boymond

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© Abel Éclairage. Photos Xavier Boymond

Square Boudy, Brive-La-Gaillarde - Luminaires Verso

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© Simes

© Sylvania

© Disano

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• • • Suite de la p. 38 Ne laisser voir que la lumière Comme Christophe Jegaden le rappelle, les paysagistes, « au-delà des performances du produit, accordent une grande importance à son aspect et son intégration dans le paysage urbain ». Si l’offre est pléthorique, il n’en est pas moins difficile de trouver, pour chaque situation, le luminaire qui s’intégrera le mieux. Les encastrés muraux ou de sol répondent bien à cette exigence, dans le respect de l’arrêté de décembre 2018, bien entendu. Avec Muro, Concord (par Sylvania) propose une solution murale encastrée, destinée au balisage autour des bâtiments, des escaliers et des cages d’escalier, qui bénéficie d’une conception robuste et répond aux exigences de résistance IK08. Les luminaires sont disponibles avec un boîtier carré ou rectangle, en 3 000 K et avec un flux lumineux allant jusqu'à 450 lm.

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D’autres, comme Simes (distribué par Trilux), ont choisi la miniaturisation avec Flower qui est un microprojectuer réglable conçu avec une attention particulière aux proportions, et pensé pour se dissimuler une fois installé. Il est décliné en version applique ou sur poteau, avec patère ou sur potelet et en deux tailles : « petit » et « très petit ». Son design rigoureux exclut des vis à vue et l’optique reculée permet un confort élevé et une réduction de l’éblouissement. La miniaturisation du produit prévoit l’utilisation d’un alimentateur à distance. Disparaissant dans le décor, les luminaires accompagnent le cheminement des piétons, habillent la pierre, guident à travers les parcs, ponctuent les berges, en restant discrets pour mieux privilégier l’effet lumineux.


© Comatelec Schréder. Photo Marc Detiffe

© Comatelec Schréder. Photo Marc Detiffe

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Parc de la Citadelle, Lille par Comatelec Schréder © Comatelec Schréder. Photo Marc Detiffe

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epuis 2005, la Ville de Lille met activement en œuvre des solutions pour réduire son empreinte carbone et protéger l’environnement. Les autorités locales remplacent progressivement toutes les solutions d’éclairage de la ville par des luminaires led plus économes en énergie, gérés par des systèmes de contrôle qui adaptent la lumière à l’endroit et au moment précis où elle est nécessaire. Ces actions ont permis à la ville de réduire sa consommation d’énergie de 50 % en 2020 par rapport à 2004, tout en améliorant la qualité de l’éclairage. Le parc de la Citadelle est le plus vaste espace vert de Lille, avec 110 hectares qui abritent une faune et une flore très variées, réunissant plus de 100 espèces animales, y compris des espèces vulnérables comme les chauves-souris. Toutes ces espèces cohabitent au sein de cette aire, il est donc important de respecter le rythme naturel de chacune. À proximité de la Citadelle se trouve le pont Léon Jouhaux qui est situé sur un corridor de passage des chauves-souris et de nombreux papillons de nuit. La Ville, soucieuse de préserver cette faune, est investie dans la protection de la biodiversité. Fin 2017 est né le projet LUCIOLE (Lumière citadine optimisée pour l’environnement) qui a pour objectif de restaurer la biodiversité du parc de la Citadelle, tout en améliorant la qualité de son éclairage pour les usagers. La Ville a souhaité créer un couloir nocturne pour que la cohabitation entre la faune et la flore et l’activité humaine se déroule au mieux. Pour répondre aux besoins du projet, l’éclairage s’adapte automatiquement à l’activité du site :

un éclairage agréable quand il y a une présence humaine et un éclairage préservant la biodiversité lorsqu’il n’y a pas d’usagers. Au travers de deux projets, les responsables ont sélectionné le luminaire Citea Midi NG. Les luminaires sont équipés de trois plateaux led, Ambre, 2 200 K, 3 000 K et d’un capteur de mouvement permettant de repérer l’arrivée de piétons, de cyclistes et de voitures. Cette installation est complétée pour le pont Léon Jouhaux de deux caméras numériques. Une solution qui a été conçue pour s’adapter au cycle de vie des chauves-souris : • d’avril à novembre, le coucher de soleil se faisant plus tard, les chauves-souris sont plus actives. Pour les préserver, seules les led ambrées s’allument et s’éteignent lorsqu’elles détectent la présence humaine ; • de novembre à mars, les chauves-souris hibernent, les modules led de 2 200 K ou 3 000 K entrent en action. Ils s’adaptent aux horaires et à l’activité humaine. En présence d’une voiture ou d’un cycliste, les capteurs entrent en scène et

les leds blanches s’activent provisoirement, puis s’abaissent lorsque l’usager s’est éloigné. Cette solution permet aussi d’adapter l’éclairage aux besoins des usagers tout en garantissant visibilité et sécurité optimales dans leurs déplacements. L’ensemble de l’installation d’éclairage est contrôlé par Schréder EXEDRA qui permet une gestion à distance et en temps réel des luminaires. Ainsi, la Ville est en mesure d’adapter les niveaux d’éclairage à tout moment et peut analyser les données enregistrées par les capteurs pour améliorer les scénarios d’éclairage. Au travers de ce projet, la Ville montre son fort intérêt pour les enjeux écologiques et s’inscrit dans la continuité du titre qu’elle avait remporté en 2012 : « Capitale française de la biodiversité ». Comatelec Schréder est fière d’accompagner la capitale des Flandres en lui fournissant des solutions intelligentes qui lui permettent de trouver le juste équilibre entre la protection de notre environnement et la création d’un espace de vie agréable et sûr.

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Des luminaires tout « éco » Écoconçues, économiques, écologiques, ces vocables caractérisent des gammes de projecteurs, de linéaires, d’appliques, d’encastrés respectueux de l’environnement, offrant des températures de couleur de plus en plus chaudes (il n’est pas rare de trouver 2 700 K, voire 2 500 K, et même 2 200 K) et affichant de longues durées de vie.

Sculpline de COMATELEC Ce projecteur permet d’obtenir une ambiance chaleureuse tout en offrant d’importantes économies d’énergie grâce à son moteur photométrique LensoFlex2. Il est disponible avec des distributions lumineuses symétriques et asymétriques, des leds blanches, monochromatiques, RGBW ou en blanc modulable. Il peut être contrôlé dynamiquement à l’aide des protocoles DMX-RDM ou DALI. Différents accessoires et types de fixations sont proposés pour offrir un montage à la carte. Existe en deux longueurs : 0,5 m ou 1 m. IP66. IK08. www.schreder.com/fr

Smart+ multicolor de LEDVANCE Ce projecteur avec technologie Wi-Fi combine éclairage fonctionnel général et éclairage d’ambiance. Il se décline en 630 lm, 1 260 lm, 2 190 lm. Il est contrôlable via la commande vocale disponible sur Assistant Google ou Amazon Alexa et comprend jusqu’à environ 16 millions d’options de couleurs réglables. 3 000 K et gradable. IP65. Dispose d’un étrier de montage avec une inclinaison allant jusqu’à 180°. www.ledvance.fr

Lun-Up Evo, conçu par Dean Skira pour iGUZZINI La lumière crée un effet rasant adapté à toutes les hauteurs. En combinant plusieurs luminaires, on peut réaliser un cercle ou une ligne ouverte dans une ondulation de lumière. Grâce à la technologie optique brevetée OptiBeam, le produit garantit deux distributions avec optique Flood et Wide Flood. L’adoption de câbles avec un système anti-humidité et de connecteurs IP68 apporte une extrême résistance. Il est facile à gérer avec un dispositif Bluetooth. www.iguzzini.com/fr/

Gobo de BEGA Les projecteurs de logos, d’images ou de textes créent des effets informatifs et optiques particuliers dans les mises en scène lumineuses. Ils sont dotés de lentilles en verre réglables. En version RGBW, ils peuvent être commandés via un système de gestion d’éclairage DALI. Ils peuvent être équipés de visières, grilles et lentilles optiques pour modifier la répartition lumineuse. Existe en 3 000 K. IP65. IK06. www.bega.com/fr

Beamer d’ERCO Outre les dix répartitions de lumière différentes, ce projecteur propose deux tailles : S avec un diamètre de 104 mm fournit des flux lumineux jusqu’à 1 484 lm pour une puissance connectée de 12,4 W ; M avec un diamètre de 144 mm fournit jusqu’à 2 598 lm pour une puissance connectée de 21,6 W. Il se décline en 3 000 K, 4 000 K ainsi qu’en Tunable White ou RGBW. Le service « ERCO individual » réalise sur demande des variantes en 3 000 K (IRC 97) ou en 2 700 K, 3 500 K, 4 000 K (IRC 92) et propose de coordonner le boîtier des projecteurs et l’environnement architectural du projet grâce à 10 000 coloris. www.erco.com/fr/

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Hector de ROGER PRADIER Disponible en version monocolore ou bicolore, ce luminaire se compose d’une tête constituée d’un complexe de 3 feuilles d’aluminium. En version symétrique ou asymétrique, entièrement gradable, le rendu lumineux est maîtrisé. La multitude de combinaisons de couleurs lui permet de s’adapter à tous les environnements. Hector se décline en appliques et mâts. IP65. www.roger-pradier.com Needoo, du designer Davide Oppizzi pour ARTEMIDE Constitué d’une borne et de trois poteaux différents, ce système offre une lumière contrôlée qui respecte la nature en éclairant uniquement ce qui est nécessaire. Le poteau inclut à son sommet un abri pour oiseaux (petits mammifères ainsi que certaines espèces d’insectes), réalisé en bois et ciment imprimé : un matériau composé entièrement de matières naturelles, sans ajout de colles. Il existe plusieurs diamètres du trou d’entrée. La tête lumineuse, en dessous du nid, est constituée d’un disque qui réfléchit la lumière. www.artemide.com/en

Muro de CONCORD Cette solution murale encastrée convient au balisage autour des bâtiments, des escaliers et des cages d’escalier. La gamme bénéficie d’une conception robuste qui répond aux exigences de résistance IK08 et de protection IP66. Les luminaires sont disponibles avec un boîtier carré ou rectangle, en 3 000 K et avec un flux lumineux allant jusqu’à 450 lm. Durée de vie de 90 000 h (L80). www.sylvania-lighting.com/fr-fr/

5713 Albi de LEC Lyon Ce petit encastré orientable sans saillie, 4 leds, offre une rotation à 360° du projecteur dans son encastrement pour orienter le flux dans la bonne direction sans contrainte de pose. Le module lumineux est inclinable (+30°/-10°). Il se décline en blanc chaud 2 700 K (F), blanc chaud 3 000 K (E), blanc neutre 4 000 K (N), blanc froid 6 000 K (W), rouge (R), ambre (O), vert (V), bleu (L), bleu royal (K). Il présente une résistance aux chocs de IK10, 60J et affiche un indice IP68 lui assurant une étanchéité à l’immersion prolongée. www.lec.fr Flower Zoom60 et 75 de SIMES Ce projecteur a été conçu pour être intégré facilement dans le paysage. Les variantes dimensionnelles peuvent être installées en applique, sur poteau, ou bien au sol en employant l’accessoire piquet. Il se décline en trois températures de couleur 2 700 K, 3 000 K et 4 000 K avec un IRC de 90. www.trilux.com

Expo LED, du designer Alessandro Pedretti pour DISANO Série de bornes qui propose un design minimaliste. Grâce à une surface concave, la lumière se propage à l’extérieur et, en même temps, illumine la borne totalement. Un effet d’impact qui reste dans les limites fixées par les normes sur la lutte contre la pollution lumineuse. L’appareil, totalement en aluminium, présente un corps central en profilé extrudé allongeable qui permet de régler plusieurs hauteurs en fonction des besoins de l’application. IP66 et IK09. www.disano.it/fr/

Lupalo de RZB Cette colonne lumineuse comprend un fût en profilé d’aluminium avec mât à enterrer et une tête en aluminium moulé sous pression protégé de la corrosion, traité époxy et résistant au brouillard salin, vis en acier inoxydable. Diffusion de la lumière asymétrique. Elle existe avec une température de couleur de 3 000 K pour un flux lumineux de 5 150 lm et propose plusieurs angles de faisceau 79°/64°/79°/50°. IP65. IK06. www.rzb.de/fr/

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Yloo de SELUX Ce luminaire se décline en version portée, latérale, caténaire ou suspendue. Il offre une grande variété de distributions photométriques et de températures de couleur (2 200 K, 2 700 K, 3 000 K et 4 000 K), et permet différentes applications d’éclairage à partir d’un seul système. La maintenance est également facilitée grâce à un accès rapide au bloc optique et aux auxiliaires électriques. Développé et fabriqué en France, avec des composants de l’Union européenne. www.selux.com/fra/fr/

Carat de THORN LIGHTING Avec des indices élevés, jusqu’à IK10 et IP66, associés à une haute protection contre les surtensions, ce luminaire offre une grande fiabilité dans le temps. Il est disponible en deux tailles et présente une efficacité élevée allant jusqu’à 165 lm/W. Il présente une température de couleur de 3 000 K. La gamme est équipée du système optique R-PEC avec un choix de 26 distributions lumineuses pour un contrôle précis de la lumière et une efficacité optimale. Ses optiques de haute précision permettent de réduire l’ULOR à 0 %. www.thornlighting.fr/ Combi Top3 de NOVÉA ÉNERGIES Orientable à 360°, ce panneau solaire haut rendement est dimensionné pour une production d’énergie optimale toute l’année. Il comprend une batterie qui peut résister aux températures extrêmes (-20 °C à +65 °C). Le régulateur Novems permet une gestion adaptée de la batterie et de l’éclairage. La capacité de la batterie évolue selon la puissance et la durée d’éclairage nécessaires pour répondre au besoin du projet. La puissance du panneau solaire est dimensionnée selon la zone géographique d’installation et la consommation d’énergie par nuit du luminaire. www.novea-energies.com

Luminaire Magic sur mât Ceramic de TECHNILUM Doté d’un flux de 3 591 lm, ce luminaire propose plusieurs températures de couleur : 2 200 K, 2 700, 3 000 K et 4 000 K, avec un IRC de 70. Il présente une durée de vie de 109 000 h (L80B10) et est pilotable DALI, 0-10 V (sur demande). IP65/IK08. www.technilum.com 46 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022

Absolut d’ABEL Cet ensemble comprend des colonnes lumineuses modulables et personnalisables pour une hauteur de feu à partir de 4,60 m. Le module d’éclairage propose une optique Ambiance qui se compose d’un module circulaire de 4 leds en partie haute de l’optique avec deux photométries, symétrique et asymétrique. L’optique directionnelle est constituée de 6 projecteurs orientés vers le sol. L’angle d’ouverture est prédéfini en usine. Grâce à l’ajout d’un connecteur Zhaga en tête de colonne, la ligne Absolut peut accueillir un module externe de communication et télégestion. La ligne Absolut prévoit l’intégration d’un point d’accès Wi-Fi, de prises électriques et l’ajout de caméras et d’éléments de sonorisation. www.abeleclairage.fr

Irys de RAGNI Avec son profil cylindrique, ce luminaire est composé d’un corps en aluminium IP66 et d’une finition en verre trempé IK08. Doté d’une intensité maximale de 700 mA, il intègre 1 led COB et la version méga peut accueillir jusqu’à 3 leds COB. En applique murale ou sur un mât, il propose une inclinaison allant à de +10° à -108° et une rotation de 360°. Il propose différentes distributions photométriques, une large variété de températures de couleur, ainsi que la possibilité d’un éclairage RGBW. www.ragni.com



Lumières Designer Architecte DPLG de formation, Henri Bursztyn a pratiqué l’architecture pendant de nombreuses années. Dans ce cadre, il a souvent eu l’occasion de dessiner des luminaires uniques pour ses clients. Depuis quinze ans, il conçoit à la fois des appareils d’éclairage et du mobilier design. Ses luminaires se distinguent par leur poésie, leur fonctionnalité et leur complexité technique. Le luminaire _B612 en est une parfaite illustration.

Henri Bursztyn

Lumière, rêve et technique Comment est née votre sensibilité pour la lumière ?

Tout petit, je pouvais rester des heures, hypnotisé devant un feu de cheminée, en profitant de sa chaleur, de sa lumière ambrée et de ses crépitements. Une véritable sensation de bien-être. C’est un peu ce que je recherche lorsque je conçois un luminaire. Je travaille la lumière comme une matière. Une lumière peut se découper ou prendre différentes couleurs, elle permet de délimiter les contours d’un volume et d’en accentuer les détails. Grâce à la lumière, on peut travailler une ambiance. Je considère que l’éclairage est une extension de l’architecture, car elle soulève des questions liées aux espaces et aux volumes. La lumière est une matière unique, qui parvient à véhiculer des sensations fortes et immédiates. Je constate que lors des salons, les clients qui observent mes luminaires sont comme happés. Je trouve très satisfaisant de créer des émotions et du bien-être.

Quelles sont, selon vous, les étapes de la création d’un luminaire ?

La fonction première d’un luminaire est d’éclairer. La forme doit découler de cette fonction, car mon objectif n’est pas d’électrifier une structure ou une œuvre. Selon moi, le design doit apporter autre chose que de l’esthétique et répondre à une réalité économique, sinon ce n’est plus du design, mais de l’art. Dans mes créations, j’aime l’idée que l’éclairage puisse varier selon l’heure, en s’orientant par exemple vers le haut dans la journée et vers le bas le soir pour un rendu « cosy ». L’éclairage doit également être dynamique, avec la possibilité de changer l’intensité lumineuse et la température de couleur selon notre activité du moment. En fonction de tous ces éléments, les formes se dessinent, en tenant compte de ma sensibilité esthétique, légères et intemporelles. Je reviens souvent à la simplicité. Lorsque c’est possible, j’aime que les usagers puissent

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toucher les luminaires, orienter la lumière et changer leur aspect, pour accaparer l’objet. Tous mes luminaires ont une inspiration céleste et onirique.

Comment choisissez-vous les matériaux et les sources qui composent vos luminaires ?

Je me focalise sur deux points. D’abord, je recherche la matière la plus adaptée au luminaire. Lorsque je souhaite inviter l’utilisateur à toucher l’objet, le matériau le plus agréable au toucher est le bois. Ensuite, je recherche une réalité économique à même de satisfaire le marché. Puis je m’interroge sur comment répondre au mieux à la demande du marché, et il m’arrive de décliner mes luminaires avec des matériaux différents. Concernant les sources, j’utilise des leds fabriquées sur mesure, avec un niveau de qualité très élevé. Tous les composants sont dessinés à l’atelier.

Pouvez-vous présenter le luminaire _B612 et revenir sur votre démarche de création ?

_B612 est le parfait exemple de cette volonté de laisser les usagers s’approprier le luminaire. Sa forme est inspirée de celle d’une sphère armillaire, qui servait dans le temps à positionner les astres par rapport à la Terre. Dans sa forme originelle, cette sphère est constituée de sept anneaux. Le nom _B612 est celui de l’astéroïde du Petit Prince. J’aime ce nom, qui apporte une dimension technologique, car c’est un luminaire très complexe. Il a fallu intégrer des leds sur les tranches très fines des anneaux. Ces derniers, concentriques, tournent les uns dans les autres, à 360 degrés, sans aucun fil pour les alimenter. J’aime bien que les gens aient la possibilité de se demander comment le luminaire fonctionne. Rubrique réalisée par Alexandre Arène



B.E.G. : EXIGENCE TECHNOLOGIQUE

et énergétique

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Lumières Manufacture

Situé à Lindlar, à quelques kilomètres de Cologne en Allemagne, le siège social de B.E.G. compte deux bâtiments : l’un, construit en 1975 et l’autre, en 2014. À la fois siège de l’entreprise, centre de formation, bureau d’études, entrepôt central et centre de logistique, les bâtiments abritent 4 000 m² de bureaux et 8 000 m² dédiés au stockage et à la distribution des produits. 150 employés y sont rattachés, sur un total de 250 collaborateurs à travers le monde. Le bâtiment est une vitrine technologique pour le fabricant allemand, doté d’un système d’éclairage automatisé KNX et d’une supervision, ainsi que de sources d’énergies renouvelables. Benoît Henneton, responsable marketing et communication B.E.G. France, nous dévoile les particularités de ce site. Stock et banc de test

« Les containers en provenance du site de production B.E.G. en Chine subissent un échantillonnage et une phase de test. »

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© B.E.G.

Depuis 1975, l’ensemble des produits de B.E.G. est fabriqué en Chine, dans une usine dirigée et cogérée de Hong-kong par le fils du président et fondateur du groupe : Friedrich Brück. Après leur arrivée, tous les produits passent sur un banc d’essai. Les détecteurs de présence et de mouvement sont branchés et leurs circuits électriques et électroniques sont testés. S’ils répondent aux critères de conformité, ils transitent ensuite vers le stock.

Préparation des commandes

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« L’entrepôt de B.E.G. est équipé d’un système de préparation automatisé des commandes. »

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Après leur passage par une phase de test d’une semaine, les produits validés intègrent le stock et sont disposés dans l’AutoStore, nom du système de préparation des commandes. En indiquant la liste de produits voulus, les chariots piochent de façon automatique dans les différents bacs afin de compléter chaque commande et de l’encartonner de manière automatisée avant expédition.


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Lumières Manufacture

Showroom et formation

« Le siège de B.E.G. forme les équipes européennes aux nouveaux produits qui sont présentés dans un showroom destiné aux filiales et aux clients.  »

Les équipes des filiales européennes de B.E.G. sont formées techniquement aux produits au sein du siège, avec la présentation par des formateurs des fonctionnalités et caractéristiques de chaque produit. Au sein du site, un showroom est également à disposition des forces de vente et des clients. Le stand prévu pour l’édition 2020 du salon Light+Building de Francfort a été installé au sein des locaux. Il présente les produits connectés de B.E.G. en fonctionnement, notamment les solutions KNX, DALI, DALI-SYS, ou encore les solutions d’éclairage circadien. Les produits sont manipulables et programmables. Des maquettes sont également à disposition des visiteurs pour mettre en lumière la gestion globale ainsi que la création de scénarios d’éclairage.

« Tous les produits B.E.G. sont conçus au sein du bureau d’études intégré au siège. »

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Les détecteurs sont développés par les équipes produits, à l’aide d’outils de CAO (Conception assistée par ordinateur). Pour concevoir de nouveaux détecteurs ou faire évoluer les existants, les chefs de produits interrogent leurs principaux marchés afin de faire remonter les besoins et proposer des développements spécifiques. Les équipes de recherche créent alors des prototypes et les testent dans des chambres anéchoïques, pour vérifier les émissions d’ondes électromagnétiques.

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Bureau d’études

Exigence énergétique

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« Le site de Lindlar a été conçu pour répondre aux plus hauts standards énergétiques. »

B.E.G. Brück Electronic GmbH

Le bâtiment a été construit et réalisé selon les normes les plus élevées en matière d’économies d’énergie. De plus, il est partiellement alimenté en électricité par des panneaux photovoltaïques implantés sur le toit de l’entrepôt. Il produit également sa propre chaleur, issue de 20 sondes géothermiques reliées à deux pompes à chaleur qui chauffent ou refroidissent le bâtiment par un système de gaines chauffantes intégrées aux planchers. Une supervision permet de suivre et de piloter les consommations du bâtiment et de les adapter aux besoins réels. Rubrique réalisée par Alexande Arène

Gerberstraße 33, 51789 Lindlar, Allemagne

B.E.G. France 42, rue Eugène Dupuis, 94000 Créteil 01 48 93 71 02 LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 51



Lumières Cahier

technique

Les certificats d’économies d’énergie Dossier réalisé par Isabelle Arnaud et Alexandre Arène

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AVANT

© Sylvania

APRÈS

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Lumières Cahier

technique

Le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) oblige les fournisseurs d’énergie à inciter les consommateurs à réaliser des économies d’énergie avec des objectifs à respecter pour des périodes données. Des fiches d’opérations standardisées ont été créées dans tous les secteurs, y compris l’éclairage, intérieur et extérieur.

L

e dispositif des CEE, créé par les articles 14 à 17 de la loi n° 2005-781 du 13 juillet 2005 de programme fixant les orientations de la politique énergétique (loi POPE), constitue le principal outil d’aide au financement de la rénovation énergétique. En effet, le système repose sur une obligation triennale de réalisation d’économies d’énergie en CEE imposée par les pouvoirs publics aux fournisseurs d’énergie (les « obligés »). Ceux-ci sont ainsi incités à promouvoir activement l’efficacité énergétique auprès des consommateurs d’énergie – les ménages, les collectivités territoriales ou les professionnels – en leur proposant des solutions leur permettant d’améliorer leurs installations sur le plan énergétique. Pour faciliter le montage des actions d’économies d’énergie, l’État publie des fiches d’opérations standardisées qui calculent un gain forfaitaire exprimé en kilowattheures cumac. Le terme « cumac » correspond à la contraction de « cumulés » et « actualisés ». Par exemple, le montant de kWh cumac économisé à la suite de l’installation d’un appareil performant d’un point de vue énergétique correspond au cumul des économies d’énergie annuelles réalisées durant toute la durée de vie conventionnelle de ce produit exprimée dans la fiche. Les économies d’énergie sont actualisées chaque année en divisant par 1,04 les économies de l’année précédente (taux d’actualisation de 4 %). Les obligés, comme les collectivités territoriales, déposent des dossiers de CEE auprès des services du ministère chargé de l’énergie (DGEC, direction générale de l’énergie et du climat). Les CEE sont attribués sous certaines conditions par le pôle

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national des CEE aux acteurs éligibles (obligés, mais aussi d’autres personnes morales non obligées) réalisant des opérations d’économies d’énergie. Ces actions peuvent être menées dans tous les secteurs d’activité (résidentiel, tertiaire, industriel, agricole, transport, etc.). Les obligés ont également la possibilité d’acheter des CEE à d’autres acteurs ayant mené des actions d’économies d’énergie. Ils peuvent aussi obtenir des certificats en contribuant financièrement à des programmes. Éligibilité des opérations Les certificats délivrés sont exclusivement matérialisés par leur inscription sur un compte individuel ouvert dans le registre national des CEE (emmy.fr). Le registre doit également enregistrer l’ensemble des transactions (ventes et achats) de certificats et fournir une information publique régulière sur le prix moyen d’échange des certificats. En fin de période triennale, les vendeurs d’énergie obligés doivent justifier de l’accomplissement de leurs obligations par la détention d’un montant de certificats équivalent à ces obligations. En cas de non-respect de leurs obligations, les obligés sont tenus de verser une pénalité libératoire pour chaque kWh cumac manquant. Afin d’obtenir des CEE, les fournisseurs d’énergie peuvent attribuer des aides financières aux particuliers pour financer partiellement ou totalement des travaux d’économies d’énergie. Des contrôles sont effectués par le Pôle national des CEE (PNCEE) afin de vérifier l’éligibilité des opérations donnant lieu à leur délivrance. En cas de manquements, des sanctions peuvent être prononcées.


AVANT

Les fiches d’opérations standardisées Définies par arrêtés, elles sont élaborées pour faciliter le montage d’actions d’économies d’énergie. Elles sont classées par secteur (résidentiel, tertiaire, industriel, agricole, transport, réseaux) et définissent, pour les opérations les plus fréquentes, les montants forfaitaires d’économies d’énergie en kWh cumac. Les économies d’énergie réalisées en dehors des opérations standardisées correspondent à des opérations spécifiques. Des fiches d’opérations standardisées, c’est-àdire d’actions dont les économies attendues ont été précalculées, ont été publiées par arrêté du ministère (ecologie.gouv.fr). Chaque fiche est caractérisée par : - sa dénomination, les conditions pour la délivrance de certificats, l’indication de la durée de vie conventionnelle du produit ; - le montant cumac ; - le contenu de l’attestation sur l’honneur que doit compléter le demandeur de certificats. La partie la plus importante d’une fiche est exprimée dans les « conditions pour la délivrance » des CEE qui déterminent les caractéristiques techniques que doivent respecter les produits mis en œuvre pour la rénovation de l’installation. En éclairage, par exemple, il s’agit de l’efficacité lumineuse, le facteur de déphasage (facteur de puissance), le taux de distorsion harmonique sur le courant, l’aptitude du produit à la gestion, le fait de pouvoir remplacer des composants, la production d’une étude de dimensionnement de l’éclairage… Les fiches d’opérations standardisées constituent le répertoire des meilleures technologies ou pratiques disponibles, dans tous les usages de l’énergie et tous les secteurs d’activités.

technique

© Sylvania

© Sylvania

Lumières Cahier

APRÈS

Les CEE pour l’éclairage intérieur Pour la rénovation des installations d’éclairage dans le bâtiment tertiaire, public ou privé, la fiche de référence est la BAT-EQ-127 « Luminaire à modules led ». « Les principales modifications de la nouvelle fiche pour le tertiaire, explique Dominique Ouvrard, délégué général adjoint au Syndicat de l’éclairage, concernent l’efficacité lumineuse de 140 lm/W (au lieu de 120 lm/W précédemment), la durée de vie des luminaires fixée à 50 000 heures pour tous les secteurs du tertiaire (bureaux, établissements de santé, d’enseignement, commerces, entrepôts et plateformes logistiques). À noter que si le luminaire est destiné à des applications spécifiques et qu’un IRC supérieur ou égal à 90 ou un IK10 sont obligatoires, l’efficacité lumineuse exigée est moindre. » Le maître d’ouvrage qui veut bénéficier de cette prime à la rénovation performante doit choisir des luminaires conformes aux exigences de cette fiche. La prime est relative à la puissance installée. C’est la facture qui constitue la preuve des travaux d’économies d’énergie réalisés. Il s’agit d’un élément essentiel du dossier de demande de CEE qui peut être négocié dans le cadre d’un marché de gré à gré et ainsi, concourir au financement de l’investissement. Il existe également les fiches IND-BA-113 « Lanterneaux d’éclairage zénithal » (France métropolitaine), IND-BA-114 « Conduits de lumière naturelle » et la nouvelle fiche IND-BA-116 pour les bâtiments industriels « Luminaires à modules led ». Les exigences sont les mêmes, sauf pour l’efficacité lumineuse qui est passée de 110 lm/W à 160 lm/W dans la nouvelle version. Le ministère a décidé que si l’entrepôt est attenant à l’usine l’éclairage dépend de la fiche IND-BA-116, s’il est séparé, il dépend de la fiche BAT-EQ-127. « Les deux fiches imposent, ajoute Dominique

La rénovation de l’éclairage du site (bureaux, entrepôts et quais de téléchargement) du Groupe Barré Logistique à Poincy en Seine-et-Marne a permis de réduire de 70 % les coûts d’exploitation de l’installation. Sur les quais, les luminaires énergivores ont été remplacés par des luminaires étanches Start Waterproof de Sylvania.

LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 55


technique

La Ville de Lodève a réalisé 60 % d’économies en remplaçant les appareils d’éclairage par des luminaires Philips CitySoul et Micenas, connectés avec InteractCity. Avec l’installation de plus de 3 750 luminaires led conçus par Signify, équipés du système d’éclairage intelligent Interact City, Talence (NouvelleAquitaine) vise 80 % d’énergie économisée sur l’ensemble de la ville. La collectivité a choisi la solution connectée Philips Iridium gen4, d’une efficacité lumineuse de 150 lm/W. Couplée à la plateforme de gestion connectée de l’éclairage public Interact City via des capteurs préintégrés, elle permet d’ajuster, à distance, l’éclairage aux différents moments de la journée, de mesurer avec précision la consommation d’énergie en temps réel ou encore d’anticiper une opération de maintenance sur certaines zones de la ville. 56 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022

led avec dispositif de contrôle pour les parties communes » n’a pas encore été révisée à ce jour (juin 2022). La fiche BAR-EQ-111 « Lampe de classe A++ » est abrogée depuis le 1er avril 2022. CEE pour l’éclairage extérieur Les fiches d’opérations standardisées sont les suivantes : RES-EC-103 « Système de variation de la puissance en éclairage extérieur » et la RESEC-104 « Rénovation d’éclairage extérieur par dépose de luminaires et mise en place de luminaires neufs dont la source lumineuse peut être remplacée ». Elles doivent être révisées en 2022. Les fiches RES-EC-101, RES-EC-102 et RESEC-107 ont été supprimées. « Le Syndicat de l’éclairage se félicite de l’abrogation de certaines fiches, commente Dominique Ouvrard, car soit elles ne correspondaient pas aux meilleures

© Signify. Photo Xavier Boymond

Ouvrard, que l’éclairage soit contrôlé automatiquement par détection de présence et gradation de flux en fonction des apports de lumière du jour afin d’obtenir un maximum d’économies et de garantir un éclairement constant sur la zone de travail. Il faut noter que cette exigence est cohérente avec la RT existant par élément, qui exige que de tels automatismes soient mis en œuvre dans les bâtiments non résidentiels lors de rénovation, avec un zonage de 25 m² au maximum pour la détection de lumière du jour. » Pour chaque application, le forfait de kWh cumac a été calculé sur la base d’une durée d’utilisation annuelle de l’éclairage (le forfait est calculé par watt installé). Le forfait est de 35 kWh cumac pour les bâtiments de bureaux, de 47 kWh pour l’hôtellerie, de 22 kWh (1 x 8 heures) et 36 kWh (2 x 8 heures) pour l’industrie... La fiche BAR-EQ-110 « Luminaires à modules

© Signify. Photo Xavier Boymond

Lumières Cahier


Lumières Cahier

technologies disponibles, soit elles présentaient des risques de fraude ou d’effet d’aubaine. » Contrôle des CEE Le dispositif de CEE représente en effet un flux financier de plusieurs milliards d’euros. Il a suscité l’intérêt de nouveaux opérateurs économiques et intermédiaires pour lesquels l’efficacité énergétique n’est pas toujours la première préoccupation. La question des contrôles, absente il y a 15 ans, est aujourd’hui une des priorités du ministère. Ce dernier exige désormais que les délégataires (mandatés par les obligés) aient mis en place un système de management de la qualité certifiée, qu’ils justifient d’une délégation pour au moins 150 kWh cumac et que ces dirigeants n’aient pas fait l’objet d’une condamnation selon l’article L123-11-3 du Code de commerce. « Par ailleurs, poursuit Dominique Ouvrard, paraît régulièrement au Journal officiel l’annonce

de sanctions pécuniaires ou d’annulation de CEE indûment réclamés. Ces actions sont bénéfiques et nécessaires. De même, le ministère a renforcé les preuves à apporter pour justifier de la conformité des produits aux fiches d’opérations standardisées. Notre crainte est toutefois que l’accumulation des contraintes administratives tarisse l’intérêt pour ces fiches, d’autant plus que les nouveaux forfaits n’ont pas été assez valorisés pour les rendre suffisamment incitatifs. » De plus, l’augmentation importante de l’exigence d’efficacité lumineuse interdit l’éligibilité de certains produits. « Sur ces derniers aspects, en fonction du nombre d’opérations réalisées dans les prochains mois, nous envisagerons de revenir vers le ministère, indique Dominique Ouvrard. Il est possible que les futures fiches CEE prennent en compte de nouveaux critères d’efficacité relatifs à l’installation d’éclairage comprise dans sa globalité. » n

technique

La marque CEE a été déposée en mai 2021 par l’État français, représenté par le ministère de la Transition écologique, auprès de l’Institut national de la protection industrielle (INPI). Cette marque collective a pour but d’améliorer la communication autour du dispositif, et de permettre au grand public de mieux l’identifier dans l’écosystème des économies d’énergie. La marque ne constitue toutefois en aucun cas un label ou une garantie de qualité.

Exemple de rénovation dans le tertiaire (source Ledvance) Coût de l’énergie (0,13 cts/kWh)

Installation existante

13 260 kWh

1 724

Remplacement des luminaires

7 956 kWh

Avec détection de présence (-50 %) Avec détection de présence et de luminosité (-70 %) (détection de luminosité valable pour la moitié du plateau)

© Ledvance

AVANT RÉNOVATION

Économie en kWh

Économie en euros

Réduction de consommation

Réduction de CO2 en kg/an

1 034

-5 304

-690

-40 %

-530

6 630 kWh

862

-6 630

-862

-50 %

-663

3 978 kWh

517

-9 282

-1 206

-70 %

-982

APRÈS RÉNOVATION

© Ledvance

Consommation annuelle

LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 57


Lumières Produits

Sylvania lance Concord Colossal une solution design efficace Cette suspension associe un aspect moderne pur aux dernières technologies d’éclairage les plus efficaces. La composition de l’anneau en aluminium légèrement incurvé et du diffuseur plat homogène offre une expérience lumineuse qui convient à de nombreuses applications intérieures. « Avec sa forme ronde, ce luminaire peut être positionné en suspension ou saillie et offre à l’architecte la possibilité de jouer avec les différentes tailles : diamètre 400 mm, 600 mm (installation en mural possible), 900 mm ou 1 200 mm, explique Benjamin Chapuis, chef produits Sylvania. Le diffuseur opale est prévu pour un éclairage général

avec une efficacité de transmission maximale et un éclairage homogène. Le diffuseur microprismatique à éblouissement réduit est optimisé pour les bureaux (UGR ≤ 19) et tout autre lieu de travail. » Colossal présente des flux lumineux compris entre 1 650 lm et 22 175 lm, avec une efficacité allant jusqu’à 144 lm/W et une luminance < 3 000 cd/m² à 65°. Toutes les dimensions sont compatibles avec SylSmart Connected et SylSmart Standalone. « La version SylSmart Connected comprend un capteur au centre du luminaire qui détecte la présence et la lumière du jour, précise Benjamin Chapuis. La version Standalone Bluetooth permet la gradation et la programmation à distance. » Colossal existe en versions directe et directe/indirecte. La distribution indirecte de la lumière à travers le diffuseur PC satiné crée un effet de halo pour l’éclairage des plafonds et des murs, jusqu’à 4 % du flux lumineux total. Avec le kit de suspension réglable en hauteur, même les plus grandes tailles peuvent être montées par un seul utilisateur, grâce au système de fixation de plafond supplémentaire et un kit de câble de suspension pour les versions 400 et 600 mm. Le luminaire est disponible en blanc chaud (3 00 K) et blanc neutre (4 000 K) avec des indices de rendus de couleurs de 80 et 90 (uniquement pour 4 000 K). Durée de vie estimée à 66 000 heures (L90B10). www.sylvania-lighting.com

Trilux présente Cultega LED pour un éclairage individualisé Conçue et fabriquée en Allemagne, la nouvelle lampe de bureau Cultega LED se distingue par son design épuré et ses matériaux robustes. Elle répond à tous les besoins au sein d’un même espace en offrant une solution individualisée et sur mesure pour chaque poste de travail. Cette solution mobile, adaptable à tous les environnements, sert également les nouveaux usages, notamment en matière de télétravail, pour garantir le même confort visuel qu’au bureau.

58 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022

Trois niveaux de performance (Comfort, Comfort+ et Smart Connect) permettent d’adapter l’éclairage en fonction des besoins : l’éclairage biodynamique (HCL) est disponible en appuyant simplement sur un bouton, suit les variations de la lumière naturelle et soutient le rythme circadien. Particulièrement pratique : les scènes lumineuses fréquemment utilisées peuvent être enregistrées et appelées via l’appli, même depuis un autre poste de travail. Comfort : 3 000 K ou 4 000 K. Comfort+ : de 2 700 à 6 000 K avec HCL. Smart Connect : 2 700 à 6 000 K avec HCL, mise en réseau possible avec les luminaires installés au plafond et pilotage par application. Grâce à ses trois articulations, Cultega LED peut être orientée d’un seul geste. La lampe de bureau fonctionne par raccordement sur secteur. Le positionnement sur le poste de travail est tout aussi simple : sur le pied du luminaire ou à l’aide d’une fixation à pince. Cultega LED présente un IRC > 90. L’accent a été mis sur la durabilité à toutes les étapes du développement du luminaire. Ainsi, tous les composants peuvent être remplacés individuellement, de la led à la tête du luminaire. Tous les matériaux sont recyclables. www.trilux.com/fr/




Lumières Produits

AUBRILAM

CLAREO

DELTALIGHT

Notche

DownRay Clareo Optic

Entero

Destiné à l’éclairage des cheminements, des abords de bâtiments, des placettes, des parcs et des parvis, ce profilé comprend des projecteurs à répartition lumineuse symétrique diffuse, avec angle à demiintensité 46° et raccord fileté G1/2. Le luminaire est en fonderie d’aluminium, aluminium et acier inoxydable, orientable à 180° en latéral et 85° en vertical. Il offre un flux lumineux de 1 942 lm (une efficacité de 102,2 lm/W) et une température de couleur de 3 000 K pour un IRC supérieur à 90.

Personnalisable avec 6 combinaisons de couleurs, ce downlight a été pensé pour une installation en petite/ moyenne hauteur comme des bureaux, couloirs, comptoirs ou encore restaurants. Le luminaire en kit est prêt à être assemblé en 15 secondes en clipsant le ou les réflecteurs dans le corps du luminaire. Il existe en deux tailles, 5 et 10 modules (et autres tailles sur demande). Il se décline en deux couleurs de corps (blanc ou noir) et trois couleurs de réflecteur (blanc, noir ou spéculaire). Angle de 30° et UGR très faible < 14. IRC > 90.

Ce downlight offre une série d’options en format rond ou carré, une puissance réglable, tout comme le choix d’angles de faisceau. Il se présente sous forme modulable, avec ou sans bordure, adapté aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Pour plus de flexibilité et de diversité dans les projets, des options telles que Soft Dim, Tunable White et Wall wash complètent la gamme. En plus de ses quatre angles de faisceau symétriques, il propose des optiques avec effet lèche-mur pour un éclairage uniforme des surfaces verticales.

www.aubrilam.com/fr/

www.clareolighting.com

www.deltalight.com/fr

LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 61



Lumières Produits

DISANO

EAS SOLUTIONS

LEDVANCE

Mini Giovi

Lumatube

Low Bay Flex

Ce luminaire pour éclairage public est doté d’un système optique capable de contrôler tout éblouissement potentiel dû à l’intensité lumineuse croissante des leds et d’atteindre des performances photométriques de haut niveau. Il présente un corps et cadre en aluminium moulé sous pression et le diffuseur en verre trempé transparent. Il se décline en une vingtaine de modèles offrant des flux de 2 430 lm à 15 250 lm avec deux températures de couleur 3 000 K et 4 000 K. Il est orientable de -20° à +10° pour une application en crosse, et de 0° à +20° pour application en top de mât.

Étanches et robustes, ces luminaires se déclinent en plusieurs dimensions (de 625 mm à 1 525 mm de long et diamètre 100 mm) avec un flux allant jusqu’à 10 764 lm pour une efficacité de 138 lm/W, et en 3 000 K et 4 000 K. Ils possèdent un corps en polycarbonate avec une double extrusion spécifique. Ils fonctionnent à des températures de -20 °C à +40 °C. IP67 et IK10. Disponibles en versions DALI, Digital Lumens ou en « smart facility » avec un système de gestion autorisant dans un même espace différents niveaux d’éclairement.

Cette solution, facile à installer, offre une efficacité élevée allant jusqu’à 160 lm/W et une durée de vie jusqu’à 100 000 heures. Elle est spécialement conçue pour les entrepôts, centres logistiques ou autres centres de production avec des hauteurs sous plafond comprises entre 4 à 10 m. L’appareil dispose de 3 angles, 60°, 90°, 120°, et d’une température de couleur 4 000 K. Il est équipé d’un câblage traversant pour les modèles ON/OFF (5 pôles) et DALI (7 pôles) afin de permettre une mise en ligne.

www.disano.it

www.eas-solutions.fr

www.ledvance.fr

LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022 - 63


Lumières Produits

Patricia Urquiola signe Almendra pour Flos, un rameau de lumière « L’amande (almendra en espagnol) est un organisme, explique Patricia Urquiola, une graine, une sorte de contenant ovale qui s’ouvre pour révéler le fruit qu’il contient. Pour Flos, j’ai imaginé un module en suspension inspiré par la forme de cette petite coque ouverte : une présence naturelle, mais qui est également mécanique, à la fois simple et poétique. Le module se compose d’une branche et de paires d’ailettes, qui font office de diffuseurs tout en évoquant l’amande. Il se décline en diverses configurations : les ailettes fixées directement à une branche, comme une amande, permettent le regroupement de plusieurs éléments arrangés verticalement ou horizontalement ; autre possibilité, la branche peut se scinder en deux ou trois ramifications, pour former dans l’espace une composition en toute légèreté. » Almendra est un système luminaire modulaire personnalisable et extensible, conçu pour les intérieurs qui ont su saisir l’air du temps : des espaces où l’expérience lumineuse se rapproche des tendances du résidentiel par l’esthétique, l’ambiance et la sensualité qu’ils dégagent. Almendra est un luminaire fonctionnel et performant, mais également doux et délicat, une lumière d’un confort absolu. Patricia Urquiola joue constamment sur la dualité entre technologie et nature. Dans sa démarche conceptuelle presque biophile, elle a imaginé un module dont la forme évoque celle des deux écales d’une amande en train de s’ouvrir, réunies par un axe central. C’est de ce centre que la lumière jaillit d’une source led pour se diffuser de manière homogène afin d’occuper l’intégralité de la surface ouverte. Le module, assemblé autour d’une tige linéaire ou courbe, se décline en une série de configurations différentes : trois, quatre ou six sources lumineuses, orientables vers le haut ou vers le bas. Une technologie invisible Alors que la tendance est à la dématérialisation des luminaires fonctionnels, les intérieurs actuels sont sans cesse à la recherche de luminaires avec une présence scénique forte, capables d’évoquer un univers et de créer une atmosphère chaleureuse. La simplicité de l’objet dissimule son raffinement technologique. L’épaisseur de la coque est réduite au maximum et la lumière provient d’une source led positionnée sur l’axe central, qui se diffuse de manière homogène le long des pétales latéraux grâce à un système de guidage optique (Edge Lighting technology). Le résultat est un confort lumineux absolu, associé à la possibilité de positionner les ailettes vers le haut ou vers le bas, y compris sur le même appareil, pour obtenir ainsi différents éclairages avec le même système. Des solutions qui limitent au maximum l’impact environnemental Le module Almendra a été conçu pour garantir un impact environnemental minimal, dans le prolongement des efforts constants engagés 64 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022

par Flos en faveur d’une production durable. Le choix des matériaux et le design (pensé pour le démontage) contribuent également à cet engagement. Le module Almendra est fabriqué à partir de polycarbonate dérivé d’un sous-produit de l’industrie papetière : le tallolja, en suédois, ou huile de tall en français (huile de pin littéralement). Cette substance liquide visqueuse, produite naturellement lors de l’extraction de la cellulose du bois pour la fabrication du papier, est utilisée pour produire un polycarbonate avec toutes les caractéristiques de son équivalent traditionnel. Almendra est donc produit à partir d’un matériau issu de ressources renouvelables d’origine naturelle, mais qui ne monopolise pas inutilement les terres et les réserves d’eau avec des cultures spécifiques. Plutôt que de finir en déchet, cette matière peut ainsi être revalorisée en entrant dans un autre procédé de production, en accord avec les principes de l’économie circulaire. L’intégralité du cycle de vie d’Almendra, depuis l’origine des matières premières jusqu’au traitement des déchets, est pensée en accord avec les critères stricts définis par les normes ISO en matière d’ACV (Analyse du cycle de vie). Cette particularité est rendue possible grâce à une conception qui n’utilise aucune colle pour l’assemblage des pièces, mais uniquement des vis, toutes invisibles, ce qui permet un recyclage simple de chaque pièce selon le matériau qui la compose. Ainsi, pour faciliter le traitement des différents éléments, les consignes de recyclage sont gravées sur le corps en aluminium ainsi que sur les pétales en polycarbonate. Enfin, la tige et la source lumineuse sur laquelle sont fixés les composants d’Almendra sont fabriquées à partir d’aluminium extrudé, 100 % recyclable. Des couleurs inspirées par la nature « En partant de la couleur de l’arbre, raconte la designer, j’ai proposé un vert mélangé à un bleu ciel, dans une version métallique qui raconte cette union entre nature et technologie (bleu Méditerranée). Dans la continuité de cette réflexion, nous avons choisi deux autres coloris d’inspiration arboricole : du blanc (blanc cassé) des fleurs à l’ocre des branches et des coques (avec une tonalité qui tend vers l’orange). » Quant au lilas métallisé, c’est la déclinaison la plus « tendance » de la collection, une couleur que Patricia Urquiola affectionne tout particulièrement et qui lui semble représentative de la poésie de son design. Enfin, un coloris anthracite offre une variation plus « sol » du noir classique, qui n’existe tout simplement pas. www.flos.com


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LORELUX

LOUIS POULSEN

LUCIBEL

Catullo

PH 80

Airwan

Le design de cette suspension est caractérisé par la composition de volumes géométriques simples, qui en font un système flexible utilisable dans des contextes aussi bien historiques que contemporains. L’appareil d’éclairage est réalisé en bio-polyéthylène, totalement recyclable et respectueux de l’environnement. Sa forme permet de dissimuler à l’intérieur tous les dispositifs dédiés au contrôle à distance. Il présente des flux de 2 130 lm à 10 800 lm, en 2 200 K, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K pour un IRC de 70 (80 et 90 en option).

PH 80 tire son nom de l’anniversaire de son créateur, le Danois Poul Henningsen, qui aurait eu 80 ans l’année du lancement de cette lampe. La nouvelle PH 80 existe désormais en noir et en blanc. Les deux nouvelles versions remaniées du lampadaire emblématique combinent un éclairage efficace avec une touche de modernité et une élégante simplicité. La version blanche ajoute une touche minimaliste à la gamme avec son réflecteur et sa plaque supérieurs et son pied entièrement blancs, et une répartition de la lumière très agréable, tandis que la version noire, avec sa plaque supérieure noire et son réflecteur blanc, présente un style plus raffiné.

Conçu et fabriqué en France, ce luminaire se décline en suspension et lampadaire sur pied et dans une version Cronos qui permet d’adapter l’éclairage en toute autonomie au rythme circadien naturel des utilisateurs. Ainsi, son intensité lumineuse et sa température de couleur évoluent automatiquement au fil de la journée. Son flux de 10 000 lm en direct (70 %) et indirect (30 %) offre une ambiance et un confort optimisés. Ce luminaire, UGR 17, utilise maintenant des leds full Spectrum qui restituent parfaitement les couleurs. Il intègre également une détection de présence pour plus d’économies d’énergie.

www.lorelux.eu

Lumières

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Lumières Index

ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS Abel Eclairage..............www.abeleclairage.fr.....................................40, 41, 46 Artemide......................www.artemide.com/fr/.........................................31, 45 Aubrilam.......................www.aubrilam.com/fr/.........................................11, 61 BEGA............................www.bega.com/fr-fr/...............................11, 25, 26, 44 B.E.G............................www.beg-luxomat.com/fr/...................................50, 51 Centre scientifique et technique du bâtiment..................www.cstb.fr/fr/.................................................6, 7, 8, 9 Clareo...........................www.clareolighting.com......................................11, 61 Comatelec Schréder.....www.fr.schreder.com/fr............................34, 35, 43, 44 Concepto......................www.concepto.fr..................................................31, 32 Delta Light....................www.deltalight.com/fr................................................61 Disano..........................www.disano.it/it/home.................26, 27, 38, 42, 45, 63 Distylight......................www.distylight.com.................................20, 21, 22, 23 EAS Solutions...............www.eas-solutions.fr.................................................63 ENSAPL........................www.lille.archi.fr........................................................12 ERCO............................www.erco.com/fr/................................................16, 44 FLOS............................www.flos.com/en/................................................20, 64 Forma Lighting.............www.formalighting.com.............................................20 Henri Bursztyn..............https://bursztyn.fr/.....................................................48 iGuzzini........................www.iguzzini.com/fr............................................36, 44 Land’Act.......................www.land-act.fr.................................30, 31, 32, 36, 42 LEC..............................www.lec.fr...........................................couv., 36, 38, 45

ANNONCEURS LOUIS POULSEN...........www.louispoulsen.com/fr-fr...............................4e couv. CLAREO........................www.clareolighting.com....................................2e couv. IBS...............................www.ibs-event.com...........................................3e couv. SYLVANIA......................www.sylvania-lighting.com/fr-fr.................................15 LUCIBEL.......................www.lucibel.io...........................................................47 BEGA............................www.bega.com/fr-fr/.................................................49

Ledvance.....................www.ledvance.fr............................................44, 57, 63 Lorelux.........................www.lorelux.com.......................................................65 Louis poulsen...............www.louispoulsen.com/fr-fr/......................................65 Lucibel.........................www.lucibel.io...........................................................65 Lumières Utiles............www.lumieresutiles.com......................................12, 36 Neko Lighting...............www.nekolighting.com/fr/..........................................11 NoctaBene....................www.noctabene.com.................................................36 Novéa Energies............www.novea-energies.com...................................3, 463 Ombrages....................www.ombrages.com................................16, 17, 18, 19 Ragni............................www.ragni.com....................................................39, 46 Rayflexion....................www.rayflexion.fr...............................16, 20, 21, 22, 23 Ridi...............................www.ridi.de/fr............................................................10 Roger Pradier...............www.roger-pradier.com.......................................36, 45 RZB..............................www.rzb.de.fr......................................................38, 45 Selux............................www.selux.com........................................28,29, 38, 46 Signify..........................www.signify.com/fr....................................................56 SIMES..........................www.simes.it/fr....................................................42, 45 Speirs Major.................www.smlightarchitecture.com...................................32 Sylvania.......................www.sylvania-lighting.com/fr-fr.......42, 45, 53, 55, 588 Syndicat de l'éclairage.www.syndicat-eclairage.com... 6, 7, 8, 9, 54, 55, 56, 57 Technilum....................www.technilum.com..................................................46 Thorn...........................www.thornlighting.fr/fr-fr...............................16, 32, 46 Tridonic........................www.tridonic.fr/fr/......................................................10 Trilux............................www.trilux.com/fr/...............................................45, 58 EQUIPHOTEL.................www.equiphotel.com/fr..............................................52 IGUZZINI.......................www.iguzzini.com/fr/.................................................59 ARCHITECTATWORK.....www.architectatwork.fr..............................................60 DISANO........................www.disano.it/it/home...............................................61 RENDEZ-VOUS DE LA MATIERE..................www.rendezvousdelamatiere.com/fr/........................62 RZB..............................www.rzb.de.fr............................................................63

SALONS

MAISON & OBJET

RENDEZ-VOUS DE LA MATIÈRE

Parc des expositions Paris Nord Villepinte 8 au 12 septembre Stimulateur de business et d’échanges entre les acteurs de la décoration, du design et de l’art de vivre. www.maison-objet.com/paris/

L’Atelier Richelieu, 60, rue de Richelieu, 75002 Paris 11 et 12 octobre Les Rendez-vous de la Matière + Fair(e) est un salon professionnel consacré aux matériaux innovants pour l’architecture, le design, la décoration et l’aménagement d’intérieur. www.rendezvousdelamatiere.com/fr

EQUIPMAG Paris Expo Porte de Versailles PAVILLON 5.2 - 20 au 22 septembre 2022 Le rendez-vous des professionnels de l’agencement et de l’équipement du point de vente de retour en 2022. www.equipmag.com

ARCHITECT@WORK Paris Event Center, 20, avenue de la porte de la Villette - 22 et 23 septembre Ce salon, qui présente conférences et produits, est exclusivement réservé aux architectes. www.architectatwork.fr

LIGHT + BUILDING Francfort-sur-le-Main - 2 au 6 octobre L’accent sera mis sur les solutions intelligentes et connectées, les technologies d’avenir et les tendances actuelles en matière de design. www.light-building.messefrankfurt.com 66 - LUMIÈRES N° 39 - JUIN 2022

EQUIPHOTEL Paris Expo, porte de Versailles 6 au 10 novembre L’hospitalité engagée sert de fil rouge à EquipHotel. Car terroirs, territoires, « slow tech », « slow living », économies d’énergies et mobilités douces sont devenus des points forts pour un établissement. www.equiphotel.com/

IBS Paris Expo Porte de Versailles - Pavillon 5.1 8 et 9 novembre Le salon de la performance des bâtiments tertiaires, industriels et collectifs. www.ibs-event.com




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