N° 02 JUIN 2012
Lumières intérieure, extérieure & architecturale.
Éclairages urbains
L’image nocturne est à
réinventer
ÉVÉNEMENT
INTERVIEW
Retour sur Light&Building p. 8
Benoit Quéro : Allume-moi des images magiques ! p. 6
Association de concepteurs lumière et éclairagistes, partenaire de
Edito Par Jean-Claude Karpelès
La complémentarité des compétences « Dessiner suspend la pensée » estime Jacques Herzog qui, avec Pierre de Meuron, ont imaginé le luminaire « Gota » dont le style « goutte d’eau » apporte une touche poétique au paysage urbain (voir p. 10).
Les nombreuses réactions positives que nous avons eues du premier numéro de 3eLumières démontrent s’il en était besoin cette nécessaire complémentarité des compétences de la filière éclairage. La diversité des marchés, qui vont de l’éclairage domestique, en passant par les jardins, les villes, les monuments, jusqu’à la lumière moyen médical, conduisent à faire appel à des professions qui de par leurs expériences du terrain contribuent à faire évoluer à la fois le produit, mais aussi les systèmes et les services. C’est en effet une offre globale qu’il faut offrir, intégrant la source, mais prenant en compte également la continuité de service, la sécurité et l’efficacité énergétique. Le partenariat que nous avons avec les concepteurs lumière, et la proximité avec les professions qui vont de la distribution de l’élec-
Directeur de la publication : Jean-Claude Karpelès Edition 3e Group 23, rue Galilée F-75116 Paris Tél : +33 (0) 1 44 92 50 50 Fax : +33 (0) 1 44 92 50 51
tricité à la source lumineuse, permet à 3eLumières d’offrir
Ont collaboré a ce numéro : Jacques Darmon, David Le Souder Correctrice : Catherine Legrand Assistante de production : Joëlle Daemen (50 62) jdaemen@cpi-media.com Responsable commercial : Thierry Meunier (50 56) tmeunier@cpi-media.com
dans une logique de la demande toujours plus exigeante et
Production : Impression : Imprimerie de Champagne - 52500 Langres Routage : ARS Dépôt légal : Juin 2012 ISSN : 2259-3772
font progresser dans ce souci permanent que nous avons d’être
cette approche globale des concepts. C’est dans cet esprit que 3eLumières consacrera les prochains numéros à des thèmes spécifiques permettant ainsi à l’ensemble des acteurs du marché de s’exprimer en exposant leurs rôles respectifs
contrainte par la nécessité d’une gestion active de l’efficacité énergétique. La diffusion de 3eLumières sur Internet facilite à la fois l’échange et une diffusion large auprès de tous les intervenants sur le marché concerné par la « Lumière ». Les réactions que nous avons d’ores et déjà sur le blog3e nous
un lien de dialogue et d’échanges du monde de la Lumière.
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© Spectaculaires_BenoitQuero
Sommaire
Allume-moi des images magiques
Interview
Benoît Quéro (Spectaculaires) 6
8 Retour sur Light&Building
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© Lucis
Événement
© DR
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ACTUS
8 © M.Djaoui
10 Donner du sens à l’éclairage urbain 11 Le métro parisien sera « tout LED » en 2017 11 Tower bridge en bleu-blanc-rouge Dossier
Éclairages urbains :
L’image nocturne est à réinventer
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Aides sous conditions
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Jean-Louis Raes : « L’éclairage LED est une évidence et une ambition. »
Marc Aurel, designer : « La double exigence d’une lumière séduisante et techniquement innovante. »
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À Jérusalem, la lumière souhaite contribuer à réinitier le dialogue
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Smart lighting pour voies douces Les lumières de Biganos font référence en Gironde
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Association des Concepteurs lumière et Éclairagistes
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Produits
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EXCLUSIVITÉ
"LUMIÈRES"
3 questions à
33 34
À partir de votre téléphone mobile préalablement équipé d'une application permettant de décoder les codes barre 2D (voir : www.flashcode.fr), visez, avec votre écran, tout flashcode réparti dans les articles pour, automatiquement, accéder à des contenus multimédia : informations, vidéos, photo...
François Séguineau (Toshiba Lighting Europe) Avenir LED
TOSHIBA : 2e de couverture MINILAMPE : 4e de couverture COMATELEC : 27 EBV ELEKTRONIK : 12-13
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IAE : 11 OSRAM : 5 SEIFEL : 9 TRACE SOFTWARE : 21
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© DR
LISTE DES ANNONCEURS
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© Pascal Calmettes
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Applications
© Philippe Ruault
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+ D’INFOS
Benoît Quéro : « Dans la majorité des projets, la médiation est nécessaire, qu’elle soit artistique ou fonctionnelle. Pour notre part, nous marions les deux avec le souci de développement et d’impact le plus durable possible ; tout en nous inscrivant dans le monde d’aujourd’hui qui semble souhaiter une plus grande harmonie de nos environnements… »
BEnoît QUéRo
(Spectaculaires)
C’est un peu par hasard que Benoît Quéro est « tombé » dans le monde de la lumière ; au début il y eut un job d’étudiant dans la fabrication de décors et puis ensuite une transition vers la lumière qui éclairait ces mêmes décors. Grâce à plusieurs rencontres, en particulier avec Henri Alekan, l’un des plus grands chefs opérateurs français, dont le livre, Des lumières et des ombres, fait toujours référence, il constitue une équipe avec le projet d’œuvrer dans l’univers des services aux spectacles et à l’événement. Mais, d’emblée, il s’intéresse à la valorisation des patrimoines, qu’ils soient urbains ou naturels. Depuis lors, il suit un parcours de lumière et cultive son expertise d’Allumeur d’Images.
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Lumières - Cette année, vous fêtez le 25e anniversaire de la création de Spectaculaires. Avec votre équipe, vous vous considérez, depuis lors, comme des « Allumeurs d’Images ». Pouvez-vous préciser ? Benoît Quéro - Cette locution représente le label créatif de Spectaculaires et un peu notre « philosophie maison ». Pour moi, pour nous, l’image, c’est de la lumière. Mais c’est aussi une idée, un imaginaire, voire de la matière sonore… en relation avec un support, une
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architecture et de la musique. C’est aussi un moment humain qu’il nous faut concevoir et travailler, en toute humilité, mais avec générosité et ambition ! et pour ça, être entouré par une équipe géniale, ça aide ! D’abord, dès 1987, date de la création de Spectaculaires, je m’ouvre au métier d’« Allumeur d’Images » pour mettre en lumière, valoriser et sublimer le patrimoine, urbain ou naturel, tout en y racontant des histoires. Ensuite, en 1994, je complète cette
des images magiques vocation en adoptant le métier de concepteur lumière en créant la s o c i é t é « Pa rco u r s Lumière ». Aujourd’hui, pour mon équipe et moi-même, ces métiers ne font plus qu’un ! Lumières - Que proposezvous aujourd’hui ? B. Q. - Notre « Parcours de lumière », au sein de Spectaculaires, propose plus que de la lumière. Il s’agit souvent de concevoir et réaliser des scénographies et © Spectaculaires_BenoitQuero des mises en scène « cousues main » nécessitant un regard pluriel, que ce soit au niveau artistique ou technique. (« Rendez-vous place Stan» à Nancy, « On dirait que… » à Lyon, « Le Parvis des gentils » à Paris, « Bordeaux fête le vin » à Bordeaux) Chemin faisant, l’équipe s’est ainsi étoffée au rythme de presqu’ une embauche chaque année (23 personnes aujourd’hui). À la fois artisans, artistes et ingénieurs de haute technologie, les « allumeurs d’images » forment un ensemble pluridisciplinaire original capable de concevoir un projet de A à Z, en y maîtrisant l’écriture artistique et les conceptions techniques associées : lumière, images, sons… pour des projets permanents (aménagements urbains, illuminations…) ou événementiels. Lumières - Pour vos diverses activités, la lumière est essentielle. Comment la maîtrisezvous pour ce qui est au niveau de la valorisation du patrimoine urbain et naturel ? B. Q. - L’éducation du regard représente le premier outil de travail du concepteur lumière. Elle sert à discerner, lire un paysage et proposer d’y faire des cadrages un peu à la manière d’un photographe, lequel choisit ainsi l’essence (les sens) de sa photo…
Essentielle à la vie, la lumière sert dans nos métiers à « éclairer » et à sublimer… Aussi, quitte à consommer un peu d’énergie, autant le faire avec goût ! Bien évidemment, c’est rarement la quantité qui apporte un résultat qualitatif ! Il m’apparaît plus judicieux d’insérer l’éclairage dans son environnement avec l’art d’en renforcer l’intérêt par une réflexion portant sur la nature de la concurrence lumineuse et ses perspectives de découvertes depuis le tissu urbain ou naturel qui l’entoure ! Avec de la lumière, que l’on fasse un projet d’équipement pérenne ou événementiel, la problématique est la même : donner à voir avec le plus de sens possible… On pourrait presque parler de réalité augmentée ! Lumières - Votre spécialité porte sur la projection d’images fixes ou défilantes. Est-ce de la mise en lumière ou du spectacle ? B. Q. - Notre offre est souvent scénographique. Selon les projets, sont inclus la lumière, le son synchronisé, des interventions plastiques… et force images fixes ou défilantes. Par ailleurs, il est de plus en plus fait appel aux images monumentales permettant des narrations dynamiques. Ces différentes prestations se sont mises en place progressivement. Comme bien d’autres, nous avons commencé par pratiquer de la projection « diapo » et rêver à ce que ces très belles images deviennent monumentales… La fameuse idée de l’Autrichien Pani, consistant à réaliser des décors pour l’opéra avec des projections d’images, a ouvert la porte à nos rêves urbains. Il suffisait de sortir les projecteurs des théâtres. Puis, vinrent les téléprojecteurs permettant le défilement des images (les TP6 de Caméléon et le Pigi d’ETC). Ces avancées étaient fabuleuses pour « raconter des histoires » et produire des effets spectaculaires… jusqu’à ce que la vidéo-projection arrive à gagner en qualité et en dynamique d’animation. Aujourd’hui, elle est devenue notre outil
“
Allume-moi
principal d’expression. Ici comme ailleurs, la technique n’est pas une finalité en soi, mais un outil asservi à l’ambition artistique ou, autrement dit, au service de la relation spectateur et de prestations spectaculaires ! S’agit-il alors de « son et lumière », de spectacles lumineux ou autres ? À nos yeux, les « rendez-vous… » que nous proposons s’inscrivent comme un nouvel art de la rue, sublimant l’apparence habituelle des lieux en « ré-éclairant » tel ou tel site avec son histoire et son imaginaire. Lumières - L’émergence des nouvelles technologies d’éclairage, telles que les LED, représentent-elles, pour vous, de nouvelles possibilités de création ? B. Q. - En général, les gadgets technologiques et autres effets « mode » s’usent très vite. En fait, la technologie ne se suffit pas à elle-même, surtout si elle n’est pas « au top du top ». En ce qui concerne plus spécifiquement la lumière, il est évident que la palette de produits innovants, incluant les sources à LED, par exemple, enrichit les possibilités créatives du concepteur ou du programmateur en charge de finaliser la dynamique de respiration des installations lumière. Nous réfléchissons à enrichir notre relation au public en développant des outils d’inter activité (projet de recherche Maelt dans le cadre du grand emprunt national) avec également l’introduction des techniques de réalité augmentée dans nos propositions… Mais encore faut-il imaginer qu’en ces temps où l’image sous toutes ses formes, souvent trépidante, a envahi bon nombre d’espaces publics et privés, le juste regard du concepteur consiste peut-être à réfléchir à des propositions chargées d’une certaine approche de la lenteur ? Toujours en quête du beau, évidemment, ce qui, in fine, permet l’élévation ! // Propos recueillis par Jacques Darmon
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Evénement
© Lucis
Imaginé par le jeune designer René Sulc pour la société Lucis, fabricant tchèque d’éclairage intérieur, le système Infinity permet de « customiser » murs et plafonds grâce à des modules assemblables. Équipés de LED, assurant un éclairage direct ou indirect, ces luminaires sont disponibles en version graduable.
Retour sur
Light &Building
© Messe Frankfurt/Jochen Günther
Considéré comme le plus grand salon mondial de la lumière et de la technique des bâtiments, 196 000 visiteurs sont venus visiter le salon Light+Building du 15 au 20 avril derniers à Francfort-sur-leMain. En l’absence de concurrence étrangère, ce salon est devenu incontournable et attire toujours plus d’exposants et de visiteurs… certains d’entre eux trouvant toutefois que l’offre devient « affligeante ».
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C
e qui a marqué en parcourant les allées de Light+Building est le pragmatisme. Aucune fioriture, que de l’opérationnel. En 2010, les produits présentés étaient bien souvent des prototypes. Aujourd’hui, le marché a basculé et les fabricants proposent des gammes complètes et des produits répondant aux différents besoins. Que ce soit dans l’éclairage intérieur, dans l’éclairage routier ou la mise en lumière architecturale, tout le monde trouve réponse. Les stands ont exprimé un secteur en croissance, la progression du marché devant encore s’accélérer dans les années à venir avec l’avancée de la technologie LED liée à l’évolution de la réglementation et à l’engouement du consommateur pour un design plus accessible.
Les LED emportent les suffrages En pleine évolution, les LED présentent désormais des performances lumineuses remarquables et aucun fabricant n’est plus aujourd’hui absent de ce marché d’avenir. Ainsi, tous les fabricants proposaient une offre complète de LED au point qu’il en devient difficile de comprendre
les différences exactes. Cette technologie est présente dans toutes les applications et sur tous les stands, dont ceux de Philips, Toshiba, GE Lighting ou Thorn, pour ne citer qu’eux, avec des solutions en intérieur, extérieur, éclairage public. Bon nombre de fabricants disposent de solutions LED jusqu’à 4 m sur mât, mais pas au-dessus où le traditionnel l’emporte encore. Dans le domaine des sources, le pôle consacré aux créateurs a vraiment montré qu’aujourd’hui la source LED intègre complètement l’œuvre artistique. Lucis en est l’exemple type (photo page ci-contre). Comme toujours, les Italiens et les Espagnols sont très créatifs, mais il y a de nouveaux entrants comme les Polonais ou
les Thaïlandais avec un design très nature. Avec l’augmentation des performances des LED, la nouveauté vient du secteur de l’éclairage public où l’offre est conséquente. Là où en 2010 l’offre était modeste, les fabricants et les designers proposaient à Light+Building 2012 une offre pléthorique destinée à chaque utilisation.Que ce soit le balisage, l’éclairage des squares, des rues, des autoroutes ou des parkings. Ensuite se pose la question du pilotage et de la gestion à distance. Le débat existe encore entre ceux qui privilégient la source et ceux qui intègrent les réseaux de communication pour centraliser les données, comme par exemple Gradilux de GE Energy // David Le Souder (voir p. 32).
© Valentino LED de SchréderGünther
« La progression du marché doit encore s’accélérer avec l’avancée de la technologie LED. »
Pour conjuguer l’avant-gardisme technologique et le design patrimonial urbain, le groupe Schréder propose le luminaire « Valentino LED » installé sur un mât « Gardone » Le bloc optique est proposé en plusieurs variantes esthétiques offrant un Ulor < 3 %.
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Actualités la gamme des luminaires LED Anima + dont le design témoigne de l’exposition la plus visible du mariage entre la forme, le volume et l’espace.
© DR
Dessiner suspend la pensée L’offre compte plusieurs gammes de luminaires conçues en collaboration avec des designers. Citons : - la gamme Rio, dessinée par Mario Ruiz, solution optimale pour les applications extérieures à hauteur modérée ; - la gamme Venus, dessinée par Eulalia Sandoval, dont l’esthétique en relief du losange joue avec les ombres et la lumière du soleil ; - la gamme Gaïa + , inspirée des sculptures monumentales de Daniel Coulet qui, souligne-t-il, « tient beaucoup à intervenir dans les lieux où les gens passent et vivent » ;
Donner du sens Après 20 années d’expérience acquise dans la commercialisation de marques de luminaires urbains, Arnaud Dubrisay se lance dans la fabrication sous l’enseigne Klarsens. Son ambition ? Donner du sens à l’éclairage urbain.
I
l y a 20 ans, Arnaud Dubrisay créait la société ADS dans le but de représenter diverses marques d’éclairage urbain, principalement en Ile-de-France(1) : Aubrilam, mâts d’éclairage en bois ; Azuly, mâts d’éclairage minéraux ; les luminaires de l’italien Platek Light ; depuis un an, Blachère Illumination, après 10 années de
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représentation de Leblanc Illuminations ; Indal, jusqu’en mai 2011 ; à présent, Klarsens SARL créée en septembre 2011 et dont Arnaud Dubrisay assure la gérance.
Naissance d’une marque Tout a commencé en 2010, grâce aux relations établies avec deux société catalanes installées près de Barcelone : - d’une part, avec la société Lamp Lighting créée il y a tout juste 40 ans ; - d’autre part, avec la société Salvi, fondée il y a plus d’un siècle. En s’appuyant sur les capacités industrielles de ces deux entreprises, il décide de constituer une offre réunie dans un catalogue de plus de 120 pages. Privilégiant le haut de gamme, cette offre, arborant la marque Klarsens, a rapidement été singularisée par
© DR
à l’éclairage urbain
- la gamme Gota + (ci-dessus et en couverture de cette édition de la revue), imaginée par Pierre de Meuron et Jacques Herzog pour qui « dessiner suspend la pensée ». À noter que la gamme Gota singularisera l’éclairage de La Confluence, le nouveau quartier de Lyon. « Un immense désir est à l’origine de ce projet », soulignent ses promoteurs. Le désir d’une ville accessible, qui répond aux changements climatiques, s’ouvre à tous et favorise des liens sociaux de qualité ; une ville en harmonie avec la nature, une ville humaniste, vivante et animée, une ville rayonnante et attractive pour l’activité économique. Une ville qui s’ouvre à l’innovation tout en préservant son identité. (1) Aujourd’hui, ADS emploie 9 personnes et réalise près de 8 M€ de CA.
+ D’INFOS Voir page 32
Le métro parisien sera
« tout LED » d’ici 2017
© DR
F
in 2009, la RATP confiait à Gil Riemenschneider, du département « maintenance des équipements et systèmes des espaces » (M2E), la réalisation d’une expérimentation d’éclairage LED dans la station Censier-Daubenton, à Paris. Pour ne pas modifier l’ensemble des luminaires, équipés de tubes fluorescents récemment installés, Gil Riemenschneider innova en optant pour l’utilisation de tubes LED. « Solution qui suscita alors beaucoup de réserves », se rappelle-t-il. Et pourtant ! Deux années plus tard, les enseignements de Censier-Daubenton se sont révélés positifs ainsi que ceux de quelques autres expérimentations : le siège social depuis 2009, le centre industriel de SaintDenis, la station du Val d’Europe depuis le
1er janvier dernier. C’est pourquoi la RATP vient de décider de « passer au tout LED » dans l’ensemble des stations de métro réparties tout au long des 16 lignes urbaines et des 2 lignes RER que gère la régie. « De janvier 2013 à la fin 2017, nos propres équipes de travaux modifieront environ 250 000 points lumineux », en précisant les 4 000°K de température de couleur qui seront standardisés. Un appel d’offre sera lancé au cours de l’été portant sur plusieurs gammes de produits : remplacement des 150 000 tubes fluorescents traditionnels de 120 cm ; remplacement de tubes fluo 150 et 60 cm ; remplacement des 3 standards T5 ; projecteurs et rubans LED ; remplacement de 2 500 têtes de candélabres… Résultats en novembre 2012 !
Tower bridge
en bleu-blanc-rouge
D
ans quelques jours, les îles britanniques seront à la une de l’actualité… notamment les J.O. Le groupe EDF contribue à cette aventure olympique en apportant son expertise d’électricien. Il alimentera pendant la période des Jeux, les infrastructures sportives et les
installations du parc, ainsi que le village olympique. Il fournira également l’énergie de la flamme olympique qui alimentera les 8 000 torches du relais de la flamme et la vasque olympique. Par ailleurs, sa filiale Citelum a imaginé la mise en lumière du fameux Tower Bridge, qui sera éclairé et mis en valeur par plus de 2 km du système Tétra Contour de General Electric Lighting, tandis que des projecteurs LED « Floodlights » de 90 W et 44 lampes CMH viendront remplacer les anciens éclairages. Ce sera la première fois en 118 ans que le pont D’INFOS de Londres exhibera de nuit tous ses détails architecturaux.
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Dossier Éclairages urbains
Sous les feux de la citadelle Les 1er et 2 octobre prochains, les JNL 2012 (Journées nationales de la lumière) seront accueillies par Besançon, ville pilote au niveau européen pour sa politique relative à la gestion énergétique. Tout d’abord, dès 2007 la cité bisontine a obtenu le label « Cit’ Energie ». Ensuite, son maire, Jean-Louis Fousseret, a signé, à Bruxelles, en 2009, la convention des maires contre le réchauffement climatique. Enfin, y est développé un ambitieux programme d’économie d’énergie visant à réduire, de 40 à 50 % , la consommation électrique nécessaire au fonctionnement de l’éclairage public de la ville. En agissant à la fois sur les lanternes, les réseaux et les armoires, les électriciens de la voirie de l’éclairage public, dirigés par Claude Vuillemin ont, en 2 ans, économisé 1 500 000 kWh au niveau de la consommation totale d’électricité, soit un gain de 105 000 € permettant d’assurer le remboursement du capital et des intérêts de l’emprunt nécessaire au financement de l’opération. Parallèlement, l’illumination des plus beaux sites historiques, dont la Citadelle Vauban, a bénéficié des mêmes mesures. Il y a encore peu de temps, confirme Nicole Weinman adjointe au maire, déléguée à la voirie et aux déplacements urbains, « l’éclairage public représentait rarement une priorité pour une équipe municipale ».
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L’image noc à
réinv
L’éclairage public reste, encore aujourd’hui, dédié essentiellement à la circulation automobile. Même si dans les villes au fort passé historique, à la morphologie urbaine dense et aux fronts bâtis continus, l’éclairage dédié aux piétons tend à reprendre un peu d’importance dans la grande majorité d’entre elles et peut-être plus encore dans les mégalopoles au tissu urbain lâche et distendu, « l’éclairage public reste désespérément centré sur les surfaces des chaussées », regrette le concepteur lumière Roger Narboni (agence Concepto). Pourtant, confirme-t-il, les politiques urbaines tendent, pour la plupart, à la régulation, à la maîtrise et à la diminution de la circulation automobile pour favoriser, en ville, les transports en commun et les modes de circulation douce.
L’
heure est à la réappropriation des espaces publics par les piétons, en élargissant les trottoirs, en réduisant les emprises des chaussées, en limitant la vitesse des véhicules, en donnant la priorité aux usagers, en créant des places arborées, des jardins et des lieux de pause.
Images nocturnes uniformisées Mais le dogme ancestral de l’éclairage public, confirmé en 2005 par la publication des normes européennes ayant inspiré depuis nombre de pays non européens (en Afrique et au Moyen-Orient par exemple) continue à différencier et à privilégier visuellement en termes de niveaux lumineux la chaussée par rapport aux espaces piétonniers. D’où des villes aux images nocturnes uniformisées, ce quelle que soit leur position géographique, composées de voies plus ou moins rapides,
Le dogme des candélabres
enter
longées systématiquement et régulièrement par des candélabres de voirie de plus ou moins grande hauteur ou plus exceptionnellement surmontées de luminaires suspendus, au dessin banal, très majoritairement équipés, pour encore de nombreuses années, de lampes au sodium haute pression. Les développements et les innovations technologiques même récentes semblent avoir entériné cette dictature de l’éclairage des chaussées pour se concentrer sur l’amélioration des performances des sources et des luminaires, sur leur possible gradation et sur le contrôle et la maintenance supposés intelligents de ces éclairages.
© M.Djaoui
turne est
On peut regretter la non-remise en cause du décor urbain nocturne, resté identique depuis près d’un siècle (seuls les modèles de candélabres ont peu ou prou changés). Ce décor qui semble devenir éternel y compris dans la représentation qu’en donnent les films de sciencefiction des dernières décennies. On perpétue inlassablement et sans imagination ce dogme des candélabres disposés régulièrement en bord de chaussée. Aucune réflexion sur la nuit des villes de demain ; aucune démarche prospective sur la rénovation du code de voirie, sur l’invention de nouvelles politiques urbaines d’éclairage qui redéfiniraient, par exemple, la limite et les droits entre la propriété privée bâtie et l’espace public. Aucune recherche sur la trame viaire du futur et la nouvelle ingénierie en VRD qu’elle pourrait et devrait impliquer. L’éclairage public reste indifférent aux architectures illuminées ou non qu’il côtoie. Il reste pensé séparément de l’apport lumineux des commerces ou des logements, et s’affranchit du mobilier urbain lumineux disposé à proximité. À tel point que, dans un nombre grandissant de villes, l’éclairage public disparaît visuellement à la nuit tombée, dominé par des éclairages architecturaux ou des écrans de plus en plus lumineux et invasifs. L’éclairage des voiries reste systématiquement conçu indépendamment des îlots bâtis, y compris dans les projets d’éco-quartiers ou dans les Zac supposées réinventer la ville de demain. Les stratégies d’aménagement continuent à différencier spatialement et chronologiquement les lots architecturaux du système viaire, ce qui perpétue des réponses simplistes d’éclairage public où seul le modèle de candélabre fait au final débat.
« Ré-enchanter » la nuit « Comment sortir de cette pensée unique ? Comment envisager de nouvelles manières d’éclairer en ville ? » s’interroge Roger Narboni, pour qui le développement des LED pourra, peut être, permettre enfin une réinvention de l’éclairage urbain…
LE PROJET DEDRA Dans l’édition de mars dernier de la revue Lumières, nous avons rendu compte des travaux de 2 des 4 groupes de « projets collaboratifs » constitués au sein du Cluster Lumière (1). À présent, résumons les projets du groupe « éclairage public ». La mission de ce groupe, piloté par Philippe Badaroux (BH Technologies) et Carole Horlaville (CSTB), se décline en quatre thèmes de travail : les économies d’énergie ; les installations durables ; la gestion de l’éclairage et l’optimisation de la maintenance. « Il s’agit d’évaluer différentes solutions mises sur le marché dans le but d’offrir, aux décideurs, un cadre
de bonnes pratiques », explique Philippe Badaroux, en présentant le projet Dedra (Démonstrateurs d’éclairage public durable en région Rhône-Alpes). L’objectif de ce projet ? « Apporter une aide méthodologique aux petites collectivités et les soutenir dans leur démarche de maîtrise de la dépense énergétique tout en recherchant un service rendu de qualité », répond Carole Horlaville, en ajoutant qu’il s’agit, également, d’évaluer de manière objective le multicritère, les performances de l’éclairage public et de suivre l’évolution de ces performances dans le temps. Trois « démonstrateurs » ont d’ores
et déjà été réalisés à Poisat (38), Gières (38) et Divonne-les-bains(1). Des premiers résultats étant annoncés, nous aurons donc à en reparler, d’autant plus que deux nouveaux démonstrateurs sont programmés : sur le site du parc technologique « Inovallée », à Meylan/Montbonnot, et sur le Campus du domaine scientifique de la Douà, à Lyon-Villeurbanne. Enfin, est envisagée la mise en valeur de projets globaux d’éclairage durable et économe pendant la Fête de Lumières du 8 décembre 2012. (1) Les groupes « éclairage des commerces » et « éclairage tertiaire et industriel ».
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Dossier Éclairages urbains surfaces à éclairer, des flux de circulation, de la densité d’occupation, des besoins, de la temporalité) et se commander à la demande des visiteurs ou des usagers. Les candélabres de voirie pourraient alors progressivement disparaître de l’espace La ville éclairée constitue un tout, une entité public pour laisser la place aux surfaces à grande échelle. Le territoire nocturne émettrices de lumière disposées sur des demeure souvent incompris des élus, des parois verticales ou horizontales entraînant responsables du grand public. ainsi une refonte complète de la rigide réglementation de l’éclairage public. Dans un premier temps, le nouveau livre Ce découplage inespéré des éclairages de Roger Narboni, présente l’histoire des des chaussées par rapport aux éclairages éclairages urbains, l’identité nocturne des piétonniers ouvrirait enfin la voie à des villes, l’urbanisme lumière, les stratégies ambiances lumineuses urbaines originales, lumière et l’avenir. diverses et insolites. L’éclairage piétonnier, Il offre ensuite 23 « cartes postales totalement émancipé des candélabres de nocturnes » de villes. Nées de voyages voirie, voire des trottoirs, devra alors être professionnels ou de visites touristiques, réinventé pour offrir des usages et des ces « cartes postales » racontent les visions services aux citadins. fugitives et les sensations d’un visiteur, Infolio : Collection Archigraphy Poche : Ce travail prospectif ne pourra se faire que conjuguées au regard d’un expert. prix 12 € si tous les acteurs de la ville (urbanistes, architectes, paysagistes, concepteurs lumière, ingénieurs VRD et ingénieurs voyers, designers, élus, maîtres d’ouvrage et exploitants) mettent « en « à condition que les fabricants de luminaires cessent de les considérer comme commun leurs savoirs et leurs savoirs-faire de manière à "ré-enchanter" de simples lampes de substitution plus performantes » anticipe-t-il. la nuit et à réinventer ensemble l’image nocturne de nos espaces urbains L’éclairage public pourrait alors s’adapter, automatiquement et en de demain », conclut Roger Narboni. temps réel aux usages urbains (analyse de la lumière ambiante, des
L’avenir
de la ville nocturne
LES PROJETS « SMART » D’EDF À l’occasion de la réunion à Lyon du Cluster Lumière du 9 février dernier, Bruno Guerpillon (ERDF DOR RhôneAlpes Bourgogne) et Bernard Genest (EDF Direction commerciale Rhône-Alpes/Auvergne) ont respectivement présenté deux projets entrant dans l’évolution « Smart Cities ».
. Expérimentation d’un service d’éclairage public dans le cadre du projet de démonstrateur smart grid « GreenLys ». L’objectif consiste à réaliser un outil Internet sécurisé permettant, à toute collectivité ou à son délégataire, de piloter et gérer l’éclairage public à partir de l’interface « Linky ». Trois services en résulteront : gestion de l’allumage et de l’extinction de l’éclairage public en remplacement des instructions
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175 hz émises par ERDF ; maîtrise des consommations et des appels de puissance ; identification des pannes et optimisation des opérations de maintenance. « La proposition retenue par ERDF porte sur la conception du serveur informatique et du site Internet sécurisé par la société WDB », souligne Bruno Gererpillon. En complément, le service d’éclairage public de la ville de Lyon a proposé des sites pilotes sur la zone Linky du 5è arrondissement. À suivre donc… . Projet de démonstrateur industriel « Smart-Electric-Lyon » Son objectif ? « Proposer aux clients une pédagogie destinée à mieux gérer son énergie », répond Bernard Genest en rappelant l’ambition du Grand Lyon : « Faire des Smart Grids un axe de son plan d’action PCET »(1).
D’où un projet quinquennal (2011/2015) caractérisé par un démonstrateur à grande échelle (le plus grand d’Europe) piloté par EDF. Au total, 10 000 clients expérimentateurs résidentiels, secteurs tertiaires et éclairage public. Pour ce qui concerne cette dernière application, des expérimentations vont démarrer cette année dans 2 ou 3 rues tests. « Ces expérimentations visent à la recherche de technologies et d’applications performantes en éclairage, permettant de réaliser des économies d’énergie et pilotables depuis une "bax énergie" ou une GTB. De plus, il leur faut réagir aux signaux tarifaires du fournisseur EDF véhiculés via le réseau électrique intelligent », conclut Bernard Genest. (1) PCET : Plan Climat Energie Teritorial
sous conditions
À
l’issue de la table ronde nationale sur l’efficacité énergétique (TRNEE), organisée le 16 décembre dernier, l’Ademe s’est vu confier la tâche d’aider les communes de moins de 2 000 habitants (soit 31 900 communes) à rénover leur parc d’éclairage public en les soutenant financièrement. La procédure est aujourd’hui construite.
Contractualisation L’aide, calculée par point lumineux rénové, inclut l’ensemble « source, luminaire, candélabre, ballast » et la part correspondante éventuelle des travaux réalisés au niveau de l’armoire électrique, des travaux de voirie et des systèmes de gestion de l’éclairage. L’Ademe contractualise directement avec les communes ou avec les maîtres d’ouvrage réalisant les travaux dans une ou plusieurs communes de ce type, qui bénéficieront d’un transfert explicite de la compétence éclairage public (notamment syndicats d’énergie, régies œuvrant pour une ou plusieurs communes). Les communes candidates ayant conservé leur compétence de maîtrise d’ouvrage peuvent se regrouper pour déposer un unique dossier. Dans ce cas, les aides seront calculées et versées commune par commune.
Obligations Les opérations éligibles à l’aide financière doivent répondre à quelques obligations : - elles doivent viser un objectif minimum de division par 2 des consommations sur la partie rénovée (360 € HT d’aide par point lumineux). Quelques opérations exemplaires sont soutenues plus fortement pour des projets de division par 3 (jusqu’à 1 600 € HT ; 40 % maximum d’aide) voire par 4 (jusqu’à 3 000 € HT ; 50 % maximum d’aide) ; - elles doivent aussi viser un objectif minimum de réduction des consommations de 50 % sur la partie rénovée. Le nombre de foyers lumineux subventionnés s’élève au maximum à 50 par commune. Mais les
dossiers concernant un nombre significatif de points lumineux traités seront privilégiés ; - les opérations prioritaires privilégient le remplacement des luminaires type « boules » pourvus de lampes à vapeur de mercure. Les points lumineux faisant l’objet de la demande d’aide doivent être destinés à l’éclairage fonctionnel ou d’ambiance
Pour connaître la procédure d’obtention de l’aide apportée par l’Ademe, cliquez sur www.ademe.fr © Ademe
Aides
des voies publiques ou des espaces publics (places, parcs, etc.). Ils peuvent avoir pour objet un éclairage fonctionnel ou d’ambiance ; - enfin, dans tous les cas, l’article L. 1111-10 du code général des collectivités territoriales oblige à un financement minimum de 20 % des coûts par les collectivités.
Adapter l’éclairage pour protéger l’environnement nocturne le 3 février dernier, l’AFA (Association Française d’Astronomie) et l’association Noé Conservation ont organisé un séminaire au cours duquel plusieurs intervenants se sont interrogés : « Peut-on adapter l’éclairage pour protéger l’environnement nocturne ? » parmi eux, Lory Waks(1) a fait un point législatif. Suite à la la parution, en début d’année, du décret relatif aux enseignes lumineuses(2), les pouvoirs publics doivent donner un « avis » sur la question de l’extinction de l’éclairage public et ses conséquences en termes de responsabilité juridique, civile et pénale d’un maire. Concernant les textes en cours d’élaboration, un décret transversal portant sur l’éclairage du patrimoine bâti naturel devrait sortir au cours du 2è semestre 2012. Il sera question de la temporalité de l’éclairage pour la mise en valeur du patrimoine et des possibilités de dérogations préfectorales dans le cadre de manifestations exceptionnelles du type fête des lumières. Il reste à trouver un consensus portant sur des valeurs de luminance et de quantité de lumière et de répondre à la question : « Où éclaire-t-on ? »
Concernant l’éclairage public en agglomération, il faut dissocier les nouvelles installations, et celles du parc existant (plus de 30 ans en moyenne). À cette l’époque, on ne se posait pas les questions de performance énergétique, ni de nuisances lumineuses. Aujourd’hui la question qui préoccupe les maires est l’échéance de mise aux normes. Avec une certitude pour les pouvoirs publics : cadrer la quantité de lumière émise en fonction des besoins. Il y a consensus sur l’objectif entre les groupes d’experts, mais il faut maintenant trouver des indicateurs faciles à contrôler : puissance lumineuse, etc. Autre interrogation : la température de couleur des spectres. Ce critère impacte beaucoup l’environnement nocturne. Enfin, concernant la protection du ciel nocturne, il faut aller au-delà de l’approche traditionnelle consistant à sanctuariser les zones « préservées ». Il faut intégrer un territoire plus grand : trames vertes et bleues, parcs naturels régionaux, etc. À suivre ... (1) DGPR / Mission « bruit et agents physiques » au sein de l’ex-ministère de l’Écologie et du Développement durable, des Transports et du Logement. (2) http://www.afanet.fr/protectionduciel/ FICHIERS/decretPCN.pdf
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Dossier Éclairages urbains
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Marc et Caterina Aurel
« La double exigence d’une lumière séduisante et techniquement innovante. » Marc Aurel aspire à l’embellissement de l’espace public, « espace de passage
et de rassemblement à l’usage de tous ». Depuis peu, ce lieu complexe, carrefour d’intérêts multiples, en perpétuelle évolution, représente un véritable enjeu… y compris pour les systèmes d’éclairage. Une opportunité pour le designer de développer, depuis 20 ans, une logique de réseau et de coopération avec les plus importants fabricants du secteur (Voir page 30).
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epuis son enfance, ce qui intéresse Marc Aurel, c’est de raconter des histoires, de manipuler des idées et de créer des univers. Par ailleurs, au moment où il cherche sa voie professionnelle, l’enseignement quelque peu libre et anticonformiste de l’École des beaux-arts l’a séduit. Après cet apprentissage de la liberté, Marc crut bon de restructurer sa pensée. D’où son entrée à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille. Dans cet établissement, deux opportunités ont orienté sa vie professionnelle : - d’une part, J.-C. Decaux, souhaitant offrir une chance aux jeunes talents, crée, en 1987, le concours « Dessinez le mobilier urbain de la ville ». Avec un groupe d’étudiants, Marc Aurel y participe et le gagne. Il prend alors conscience de son intérêt pour la création de mobiliers urbains ;
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Marc Aurel (designer) œuvre depuis plusieurs années avec son épouse Caterina (urbaniste), l’île de la Réunion ayant été leur premier territoire d’expérimentations. En tant qu’architecte-urbaniste, Caterina développe une approche cartésienne totalement différente de celle de Marc, plus intuitive. Partant de l’analyse d’éléments contextuels avérés et quantifiables, elle organise chaque ensemble avec méthode et rigueur pour ensuite construire la structure raisonnée d’un plan directeur. Le travail de leur agence repose sur cette complémentarité d’approche et de regard, le travail du designer commençant là où se termine celui de l’urbaniste.
Lumière évolutive pour abri-bus
- d’autre part, au cours d’une conférence prononcée par Jean-Michel Wilmotte dans l’école d’architecture marseillaise, il apprend que ce dernier recrute. Il se porte candidat. Il est embauché ! Au sein de l’agence Wilmotte, il est chargé de dessiner le mobilier urbain du Grand Lyon. Il aime à penser que le design peut contribuer à pourvoir notre quotidien d’un surcroît d’émotions… notamment au niveau des luminaires qui, pour lui, représentent plus que de vulgaires « gamelles éclairantes ». Depuis lors, Marc Aurel n’aspire qu’à perfectionner ses compétences de designer.
Pour que les gens se sentent vivants « Ce n’est pas parce que la lanterne d’un luminaire se situe à 12 m du sol qu’elle doit être négligée. » Jouant toujours sur l’aspect qualitatif de la matière et du détail formel, associé à l’efficacité fonctionnelle, son travail se caractérise par la notion d’objet décoratif et de ville décorative, tout en apportant une dimension humaine au projet. Préconisant une approche fonctionnelle et rationnelle de l’espace, il ne veut pas être un intellectuel qui théorise mais, plutôt, un
Dans le cadre du projet européen EBSF (European Bus System of the Future), la RATP a imaginé une station de bus expérimentale multiservice qui, inaugurée le 22 mai dernier, est installée (jusqu’en décembre 2012) devant la gare de Lyon, à Paris. Ce projet résulte d’une réflexion menée, depuis 3 ans, par Marc Aurel en collaboration avec la RATP. Pour la première fois dans l’espace urbain, sont ainsi restées des innovations (matériaux et technologies) telles que le mobilier en céramique développé par le designer, les verres chauffants dits « intelligents », le design sonore intégré dans la structure même du mobilier ainsi que l’éclairage LED, conçu en collaboration avec Philips, « assurant une lumière évolutive, dynamisant et régulant, de jour comme de nuit, la vie de la station ». Voir p. 11 : Le métro parisien passe au « tout LED » instinctif qui ressent les choses. Une sorte de « no design » conduisant à concevoir des dispositifs intégrés à l’environnement en offrant discrètement les fonctions de base, incontournables, que l’espace public se doit d’assurer (sécurité, visibilité, information…). En contrepoint de ce « service minimum », Marc propose des objets urbains précis et travaillés, capables de définir des îlots de bien-être bénéficiant d’ambiances agréables et sensibles. Il fait ainsi référence à Ettore Sottsass, considéré comme l’un des plus importants designers du XXe siècle, qui concevait « des objets pour que les gens se sentent vivants ». En 1995, avec Caterina, son épouse, il crée son agence de design et d’urbanisme. En ce qui concerne la conception de luminaires, il
y développe trois premiers grands principes : - les appareils doivent être esthétiques de jour comme de nuit ; - il convient de travailler les formes et les matériaux afin de jouer au mieux avec les luminances ; - il est judicieux de privilégier l’effet luminance au niveau des lanternes. À présent, l’avènement de la technologie LED l’amène à développer sa créativité pour des luminaires résidentiels de 4 m… en considérant que, « avec cette nouvelle technologie, l’éclairage intérieur possède déjà une décennie d’avance ». En extérieur, les possibilités restent donc grandes…
// Propos recueillis par Jacques Darmon
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Dossier Éclairage des bureaux
Jean-Louis Raes (P-DG de Comatelec)
« L’éclairage LED est une évidence et une ambition. »
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choix les plus judicieux possibles. Aussi, à partir d’études comparatives réalisées, projet par projet, entre « décharge » et « LED », nous aidons nos clients à estimer les meilleurs gains potentiels en fonction des coûts d’exploitation, des économies d’énergie et des émissions de CO2… Bien entendu, le choix final reste celui des clients, dont les objectifs diffèrent souvent en fonction de leurs contraintes et de leurs priorités. Jean-Louis Raes. Les technologies « à décharge » et « LED » cohabitent toujours, la première progressant également. Par exemple, l’augmentation de la durée de vie des lampes à « décharge » a progressé de 16 000 à 24 000 h. Il n’empêche que, rapidement, la technologie LED va acquérir une importante part de marché.
D’ici la fin de l’année, anticipe Jean-Louis Raes, devraient être appliquées les exigences de « l’outil Sleec » (comprenez Street Lighting Energy Efficiency Criteria) qui va mesurer la performance d’une installation en fonction du nombre de watts nécessaire pour obtenir un certain niveau d’éclairement sur une certaine surface. Cet outil européen de mesure de la performance énergétique, dédié à l’éclairage extérieur, a été pris en compte pour la conception du luminaire HapiLED(1) présenté à Light+Building. Une occasion d’évoquer avec le P-DG de Comatelec l’évolution actuelle du marché de l’éclairage extérieur. Lumières – À Light & Building, SchréderComatelec n’a présenté, en tant que nouveautés, que des luminaires à LED. Pourquoi ? Jean-Louis Raes - En effet, nous avons présenté des luminaires à LED dans tous nos secteurs d’activité (éclairage routier et urbain, tunnels, illuminations), la technologie LED représentant, pour nous, à la fois une évidence et une ambition. Il est évident qu’est en marche une révolution dans l’éclairage. Elle stimule notre ambition de proposer des solutions toujours
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plus performantes en termes d’efficacité énergétique, d’intelligence et de design. Lumières – À terme, cette évolution condamne-t-elle les lampes à décharge et quelle sera son implication concernant la gestion des parcs d’éclairage urbain ? J-L. R. – Au fur et à mesure de l’augmentation des performances de la technologie LED et de la diminution de ses coûts, il y aura substitution aux technologies traditionnelles. Actuellement, les utilisateurs doivent faire les
Lumières – En quelques mots, quelles seront, selon vous, les principales caractéristiques de l’éclairage urbain de demain ? J-L. R. – L’avènement de la technologie LED a notamment ouvert de larges possibilités en termes de systèmes de pilotage intelligents. Ainsi, afin d’assurer le bon niveau d’éclairage, à la bonne place et au bon moment, nous proposons trois types de solutions : - tout d’abord, des solutions simples traitées au point lumineux. C’est notamment le cas avec le luminaire HapiLED + qui, en option, peut être équipé d’une intelligence intégrée permettant la variation d’intensité, le maintien du flux constant dans le temps et la détection de mouvement ; - des mini-réseaux intelligents, comptant une trentaine de points lumineux, pilotant l’éclairage en fonction de l’usage du moment (trafic, détection de personnes, événements spéciaux, conditions climatiques…) ; - des systèmes complets de télégestion permettant de surveiller, contrôler, mesurer et piloter l’ensemble des luminaires implantés dans les espaces urbains. C’est ainsi que l’éclairage urbain de demain répondra mieux encore au défi énergétique et environnemental visant à réduire les consommations d’énergie, tout en diminuant les coûts de maintenance et en augmentant le confort et la sécurité… cette dernière restant encore la fonction principale de l’éclairage. // Propos recueillis par Jacques Darmon (1) L’HapiLED a été dessiné par Michel Tortel auquel le groupe Schréder doit déjà bon nombre de créations.
+ D’INFOS Voir page 32
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À Jérusalem, la lumière souhaite contribuer à réinitier le
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es objectifs de l’étude étaient de définir quel rôle le mur devait jouer dans la forme et la silhouette nocturne de la vieille ville, d’imaginer le paysage nocturne avoisinant, les ambiances lumineuses des rues et l’éclairage architectural des principaux monuments situés à l’intérieur et à l’extérieur de la ville fortifiée. La consommation d’énergie, la pollution lumineuse, une approche durable faisaient aussi partie des enjeux stratégiques et politiques de ce schéma directeur d’aménagement lumière.
Révéler La ceinture verte autour de la vieille ville a été considérée dans l’étude comme un territoire obscur soulignant et augmentant le contraste avec les remparts illuminés d’une lumière dorée. « L’éclairage peut aider le visiteur à mieux comprendre la morphologie nocturne, la forme fortifiée et la relation particulière qu’entretiennent la ville avec la topographie et le paysage environnant », explique Roger Narboni, fondateur de l’agence Concepto, en promettant que les principaux monuments illuminés seront facilement identifiables et vont créer une carte mentale qui guidera les gens à travers l’espace et l’extraordinaire passé de Jérusalem. La lumière va révéler les diverses strates qui composent la vieille ville : les collines,
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Jérusalem est devenue une destination de pèlerinage très prisée pour les trois principales religions monothéistes. Les autorités israéliennes en charge du développement de Jérusalem ont donc décidé de créer un schéma directeur d’aménagement lumière pour la vieille ville et ses environs afin d’y développer et d’y promouvoir des améliorations culturelles et touristiques à la nuit tombée. La réalisation de ce Sdal est revenue à l’agence française Concepto.
De droite à gauche : Agnès Jullian, PDG de Technilum ; Moty Hazan, DG de Jérusalem Development Authority ; Roger Narboni, Concepto ; Shlomi Waisman, ingénieur au sein du bureau d’étude EECC ; Benoît Saes, directeur commercial de Technilum, et Eduardo Hübscher, directeur « projet » pour Amel Municipality.
les vallées et le paysage environnant, les remparts, les bâtiments et les ruelles, les arbres, les éléments architecturaux verticaux et les nombreux dômes. Cette « lumière en strates » va créer à terme une image nocturne unique et symbolique qui évoquera une pierre monumentale de jaspe paysage (ce minéral très spécial et coloré qui contient tout le paysage en une seule pierre, et qui était bien connu dans l’Antiquité, comme l’attestent les langues hébraïque, assyrienne, perse, grecque et latine).
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Porte de Jaffa :
À Jérusalem, au niveau de la porte de Jaffa, l’entreprise biterroise Technilum a fourni une première tranche de lampadaires « Mikado PM » + , concept exclusif breveté City Module Construction. Réalisé et aluminium, intégralement sans soudure ce modèle a initialement été créé pour le projet urbain de réhabilitation de la place Pey Berland, à Bordeaux. Il a conjointement été conçu en D’INFOS collaboration avec le concepteur lumière Yon Antonolano. Voir page 32
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Véritable défi « Concevoir un schéma directeur d’aménagement lumière pour une si vieille ville a vraiment représenté un véritable défi. » Ce type d’étude questionne le rôle que peut jouer la lumière contemporaine dans un site antique et comment elle peut révéler différemment la nuit un site patrimonial doté d’une image diurne mondialement célèbre. Par ailleurs, la situation politique complexe et très spécifique de Jérusalem a bien sûr été prise en compte de manière à imaginer et proposer un plan d’éclairage qui puisse être accepté par le gouvernement israélien comme par les autorités palestiniennes. « Ainsi, la lumière et l’éclairage peuvent aider un tout petit peu à réinitier un dialogue entre ces deux voisins millénaires qui partagent cette ville merveilleuse ; le processus du schéma directeur d’aménagement lumière aura alors été un grand succès », souhaite Roger Narboni en guise de conclusion.
nouvelles ambiances nocturnes À l’automne 2010 a été confié à l’agence Concepto l’étude du Sdal de la vieille ville de Jérusalem et de ses environs. En premier lieu, vient d’être mise en lumière la porte de Jaffa et la citadelle de David.
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a porte de Jaffa et la place Omar Ibn El-Khattab qu’elle dessert forment l’entrée principale ouest de la vieille ville de Jérusalem, dominée par le minaret et les nombreuses tours de la citadelle de David. L’intention des autorités israéliennes consistait à réduire l’impact de la circulation automobile à l’intérieur des remparts, à simplifier les devantures commerciales sur la place et à libérer autant que possible l’espace ... public disponible pour les piétons.
« Je crois à une évolution vers le design et à la convivialité des lignes et des matériaux qui influent sur l’image des lieux. »
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Toutes les rues intérieures seront traitées avec une lumière blanc chaud. Des luminaires, spécialement dessinés, suspendus ou fixés sur les façades, diffuseront à l’arrière des éclats de lumières colorées. Les nombreux détails architecturaux situés le long des rues principales (arches, fenêtres, balcons, portes sculptées, fontaines) seront soulignés par des éclairages dédiés.
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© Philippe Ruault
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Dès sa fondation, la vieille ville fortifiée de Jérusalem a été construite, déplacée et développée en accord avec les possibilités d’approvisionnement en eau. Et sa longue et si célèbre histoire peut être toujours lue et comprise aujourd’hui en regardant le paysage sculpté à main d’homme qui entoure la vieille ville.
Agnès Jullian, PDG de Technilum
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permis d’embellir la vision des hauts murs de la citadelle de David et de donner un accès clair à la rue de David, axe principal ouest-est de la vieille ville. L’éclairage blanc chaud a créé de nouvelles ambiances nocturnes tout en dévoilant la monumentalité des murs de la citadelle et en soulignant les détails architecturaux et les particularités des façades principales qui l’entourent. Les groupes de grands mâts au design contemporain, disposés face à la citadelle, libèrent l’espace public et accordent leurs silhouettes à l’élancement des grands murs illuminés.
qui a fait quoi ? Client Jerusalem Development Authority et Ariel Municipal Company, Eduardo Hübscher, chef de projet. Conception du schéma directeur d’aménagement lumière de la vieille ville et de la mise en lumière de la porte de Jaffa et de la citadelle de David : Roger Narboni, agence Concepto, Melina Votadoro, Florence Serre et Fanny Guerard, chefs de projet. Aménagement de la Porte de Jaffa et de la place Omar Ibn El-Khattab Gaï Igra, architecte : Itzik Ackerstein, chef de chantier ; EECC Bureau d’études électriques. Matériels utilisés - Technilum Mikado PM, mâts d’éclairage et luminaires en console sur façade (Philips CPO lampe – 2 800 K). - Thorn Contrast et Thorn Qba, projecteurs architecturaux (Philips CDM-T lampe, 3 000 K). - Thorn Corniche, appareil linéaire (lampe T5 49 W, 3 000 K). - Firalux Lucioled, micro-projecteurs (LED 1,2 W, 3 000 K). - Weef, appareils encastrés de sol (lampes CDM-T 70 W and 150 W, 3 000 K).
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Smart lighting pour voies douces
Partout en France se multiplient les kilomètres de « voies douces » (voies piétonnes, pistes cyclables…). Deux raisons expliquent principalement l’intérêt qu’elles suscitent. D’une part, elles participent à l’attractivité touristique des territoires qu’elles traversent. D’autre part, elles améliorent le cadre de vie des habitants. Pour leur éclairage, trois exemples témoignent de l’association « innovation » et « économies d’énergie ».
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n Isère, à une quinzaine de kilomètres au sud de Grenoble, la commune de Vif se singularise, aujourd’hui, par une voie « verte », piétonne et cyclable, longue de 1 450 m, éclairée de façon doublement innovante : - d’une part, 67 lampadaires LED City Soul y apportent la lumière ; - d’autre part, le système de gestion LumiMotion contrôle de façon autonome le niveau d’éclairement en fonction de la présence d’usagers dans la zone à éclairer. Explications ! Le système mis en œuvre à Vif est basé sur l’utilisation de détecteurs de forme installés sur chaque mât et capables de communiquer entre eux par radiofréquence, via des puces RFID (Radio Frequency Identification). « Ce mode de communication présente l’avantage de ne pas nécessiter de câblage supplémentaire et
donc de limiter le coût d’installation », expliquet-on chez Philips. Lorsque la présence d’un usager est détectée, un signal est envoyé aux deux mâts qui suivent pour en déclencher l’allumage. Les lampadaires s’illuminent ainsi progressivement lors d’un passage de piétons ou de cyclistes, passant du mode veille (10 % de puissance lumineuse, soit 4 W au mode actif, 100 % soit 40 W). L’éclairage reste ensuite allumé à pleine puissance durant une minute après le départ de la source de mouvement, puis repasse en mode veille. « Pour un investissement de 150 000 e, nous économisons 21 000 kWh par an et 1,7 tonne de CO2 », se félicite aujourd’hui Jean Mourey, maire de Vif, qui, au cours des années à venir, envisage la multiplication d’installations à l’identique dans sa commune. « Quand nous avons pensé la création de ce cheminement, c’est tout naturellement que nous avons choisi une solution durable », Marie-Noëlle Strecker, directeur du cabinet du maire.
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... L’aménagement a
Flashcode est un code barre en deux dimensions permettant d'accéder à du contenu multimédia sur un site Internet depuis votre mobile. Utilisez le flashcode ci-contre pour accéder à la vidéo dans laquelle André Mourey, maire de Vif, présente "la vague de lumière LED" éclairant la voie piétonne et cyclable.
L’éclairage intégré dans la main courante devient une alternative aux solutions traditionnelles.
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Éclairer lorsque c’est indispensable et baliser le reste du temps diminue par 20 la consommation d’énergie pendant les heures de balisage.
« Le plan des "circulations douces" doit permettre de créer des espaces spécifiques pour les cyclistes, les piétons et les personnes à mobilité réduite. » C’est dans ce contexte qu’Olivier Richefou, maire de la commune de Changé, dans la Sarthe, a décidé la création d’une piste cyclable, longue de 850 m. Cette véritable colonne vertébrale relie les principaux équipements publics (pôle artistique, parc sportif, centre commercial…) faisant d’elle, explique l’élu, « un atout majeur pour l’accessibilité de la commune ». Son installation d’éclairage la singularise également. Tant qu’aucun usager n’emprunte la piste cyclable, les luminaires LED Stela restent éteints tandis que seules les collerettes (3W) intégrées dans les mâts Lunik, visibles à plus de 100 m, balisent le cheminement de façon permanente afin d’inciter les piétons et les cyclistes à s’engager. Dès qu’un piéton ou un cycliste se présente, il est détecté par l’un des trois capteurs positionnés à l’entrée, à la sortie et au milieu de la piste cyclable. « Éclairer lorsque c’est indispensable et baliser le reste du temps diminue par 20 la consommation d’énergie pendant les heures de balisage », estime Grégory Flipo, dirigeant de TMC Innovation, l’inventeur, en 2009, du concept de balisage installé sur un mât d’éclairage public… Invention complétée, en 2011, par le concept Uniklic, cordon de balisage adaptable à des mâts existants (voir page ?.)
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Le concept du balisage
Se protéger du vandalisme Brest se singularise, notamment, par le pont levant de Recouvrance, l’un des plus longs d’Europe. Arrivée du tramway oblige, cet ouvrage d’art a dû être modernisé. Une occasion pour mettre en lumière ses 4 piliers de 70 m de haut, illuminés en trichromie sur 44 m, et d’éclairer le cheminement piéton par des projecteurs à LED School 5640 de LEC intégrés dans la main courante. « Un premier projet prévoyant un éclairage avec des bornes nous avait été présenté », explique Hubert Le Sech, responsable de l’éclairage public de Brest Métropole Océane, en précisant que « la crainte du vandalisme nous a amenés à chercher d’autres solutions ». Les projecteurs elliptiques, installés tous les 3,75 m dans la main courante, offrent un rendu lumineux uniforme, sans perte de flux et conforme aux normes PMR (personne à mobilité réduite) imposant un niveau d’éclairement moyen de 20 lux.
qui a fait quoi ? À VIF (38) . Maîtrise d’ouvrage : commune de Vif . Installateurs : ETDE (Pôle énergie et service de Bouygues Construction) . Luminaires et système de gestion d’éclairage : Philips Lighting. À CHANGÉ (72) . Maîtrise d’ouvrage : commune de Changé . Maître d’ouvrage : Topo Concept . Installateur : SPIE . Matériels d’éclairage : TMS Innovation pour les collerettes de balisage ; Indal pour les luminaires. À BREST (29) . Maîtrise d’ouvrage : Brest Métropole Océane . Architecte : AOA, Thomas Lavigne et Christophe Cheron . Maître d’œuvre : Setec ITS . Installateur : Clemessy, Comely . Matériel d’éclairage : LEC.
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Les lumières de Biganos font référence en Gironde
Pour Patrick Belliard, adjoint au maire en charge des aménagements, équipements, travaux, transport et réseaux, comment concilier un budget d ’ i nve s t i s s e m e n t limité, malgré l’importante quantité de luminaires à renouveler, avec une solution d’éclairage performante et pérenne ? Pour le SDEEG (Syndicat départemental d’énergie électrique de la Gironde), La solution Plurio LED + , utilisée à Biganos, permet d’obtenir un niveau d’éclairement sur la chaussée de 6 lux (à comparer à une moyenne de 3 lux pour les solutions précédentes), tout en assurant un IRC de 65 (contre 50 auparavant) et une température de couleur de 4 200 K. Par ailleurs, l’Ulor est nul, et deux photométries sont disponibles en fonction des sites : distribution « street » ou sur 360°. Enfin, la puissance complète installée est tombée de 51,65 KW à 15,54 KW.
qui assure la maîtrise d’œuvre déléguée, comment, au niveau des luminaires, respecter les normes techniques et photométriques, tout en s’adaptant aux supports existants, hauts de 4 m et caractérisés par un emmanchement de 60 mm de diamètre ? Face à ces contraintes, « il y a des moment où il importe d’innover », poursuit Patrick Belliard. D’où le choix de la technologie LED, choix partagé par Bruno Lafon en considérant avoir « travaillé pour l’avenir ».
Une vitrine en Gironde En 2011, ont été remplacés 370 luminaires « boules » dont 325 étaient équipés de ballons fluorescents de 125 W et le reste de lampes SHP 100 W (38) et 70 W (7). En remplacement, ont été installés, sur les mâts existants, des luminaires Flurio LED (42 W chacun). Avec cette solution, « ce sont 42 kWh de consommation économisée et un gain, sur
10 ans, de 735 tonnes de CO2 », indique Daniel Fioriani, directeur de la région Sud-Ouest de Thorn. Plus concrètement encore, ajoute Patrick Belliard, « ce sont 40 k€ économisés chaque année sur la facture d’électricité, qui s’élevait à environ 110 k€, tout en tenant compte du cadre de vie et de la sécurité des Boïens », nom donné aux habitants de Biganos. Enfin, pour Stéphan Oulié, directeur du SDEEG, « c’est une opération vitrine dont l’avant-gardisme fait référence en Gironde ».
qui a fait quoi ? . Maître d’ouvrage : commune de Biganos . Maître d’œuvre : SDEEG . Installateur : Topo Concept . Matériel d’éclairage : SPIE . Matériels d’éclairage : THORN
Hier
+ D’INFOS Voir page 32
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Comme la plupart des communes françaises, le parc d’éclairage public (2 600 points lumineux) de la ville de Biganos (9 600 habitants) comptait bon nombre de luminaires obsolètes. Pour son maire, Bruno Lafon, face au renchérissement du coût des énergies, aux impératifs de développement durable et aux évolutions réglementaires, la rénovation du parc devenait prioritaire. Deux lignes budgétaires (300 K€ chacune), réparties en deux exercices, lui ont ainsi été consacrées. Après la 1re phase de travaux, Biganos fait déjà référence en Gironde.
Roger Narboni « éclairage urbain :
les LED révolution ou invasion ? » L’arrivée, tant de fois annoncée, des LED en éclairage urbain semble enfin être devenue une réalité comme en a témoigné le dernier salon Light&Building à Francfort. Mais, paradoxalement, alors que cette supposée révolution aurait dû nous faire frémir d’excitation, d’envies et de rêves, nous (les concepteurs et conceptrices lumière) avons assisté sur tous les stands à une uniformisation et à une homogénéisation des modèles de luminaires destinés aux voiries ou zones piétonnières proposés par les fabricants. Dorénavant, les appareils se ressemblent tous : gris foncé, plats, allongés ou ronds, mais tous avec des LED consciencieusement et banalement rangées sur une trame orthogonale ou (seule excentricité !) hexagonale. Les boules version LED font même incroyablement leur retour et les lanternes de style (version LED également mais déshabillées de leurs faces de verre) semblent hélas avoir aussi retrouvé une nouvelle jeunesse. Les effets lumineux générés par cette nouvelle technologie sont dorénavant tous standard avec, en prime, un éblouissement important mais supposé efficient. La dictature de Ulor minimal continue à faire beaucoup de dégâts et les ambiances lumineuses urbaines semblent avoir totalement disparu des préoccupations des fabricants. Comme semble loin le temps où les modèles de luminaires rivalisaient, à chaque salon, de formes originales, sculpturales, surprenantes, lumineuses ou colorées. Les surprises, la prospective, les candélabres futuristes ou porteurs de rêves sont relégués aux oubliettes de la crise économique. Au contraire, ce sont dans les temps difficiles qu’il faudrait faire preuve de créativité et d’inventivité pour générer de nouveaux marchés. Alors, de grâce, essayons de réinventer ensemble l’éclairage urbain de demain, de « ré-enchanter » nos projets d’éclairage et nos espaces publics nocturnes. Mettons-nous au travail pour que cette « LED révolution » ne désespère pas aussi demain les citadins.
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RÉALISATIONS
Conçois-moi un luminaire urbain !
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epuis sa création, en 1995, l’ACE œuvre à promouvoir la profession de concepteur lumière et éclairagiste indépendants ainsi que le matériau lumière. Intervenant principalement dans le domaine de l’éclairage pérenne, associé à l’architecture et à l’aménagement urbain, ces professionnels sont souvent conduits à concevoir des luminaires adaptés à leur projet. Les trois exemples ci-dessous en témoignent.
LES « SALONS » DE LUMIèRE DE VILLENEUVE-LA-GARENNE Au cœur de l’aménagement des quartiers sud de Villeneuvela-Garenne (92), la voie promenade en affirme à présent l’identité en créant des « salons » de lumière. Un mât composé d’un « abat-jour » et d’un éclat de lumière rythme les espaces en s’installant irrégulièrement selon les fonctions de cette promenade. Dans la partie piétonne, la sortie d’école, les jeux d’enfants, des espaces de repos et de convivialité sont valorisés. Dans la partie mixte, voirie/ piéton, le même mât associe l’abat-jour à une lanterne de type voirie afin de répondre aux besoins d’éclairement.
QUI FAIT QUOI · Environnement
Lumière : 8’18’’ ; concepteurs lumière, François Migeon et Emmanuelle Sébie.
· Luminaires : Fivep Cariboni.
© Xavier Testelin
POINT DE VUE
EN BREF La 10ème édition des Rencards de l'ACEtylène
Lumière et paysage
QUI FAIT QUOI · Environnement
et Lumière : 8’18’’ ; concepteurs lumière, François Migeon et Rozenn Le Couillard.
· Mâts d’éclairage : Valmont.
© DR
· Matériel d’éclairage : We-ef, Borover
OMBRES ET LUMIèRES À RENNES Depuis mars 2009, la place de la Communauté, à Rennes, est dominée par quatre grands mâts d’éclairage de 23 m, surmontés chacun par un trait de lumière équilibrant visuellement la luminance du halo lumineux de l’hôtel de la Communauté. Quelques projecteurs à faisceaux serrés projettent leur lumière légèrement colorée à travers le feuillage des arbres, le jeu des ombres et des lumières se dessinant sur le sol. Le parterre central est rehaussé, en lumière, par une série de projecteurs à faisceaux plus larges assurant un volume de lumière sur cet espace.
FACE À LA GARE DE BORDEAUx L’aménagement du pôle intermodal sur le parvis de la gare Saint-Jean à Bordeaux est notamment caractérisé par la conception de mâts monumentaux (18 m de hauteur) assurant une triple fonction. Tout d’abord, un éclairage fonctionnel du parvis et la mise en lumière de la façade ; ensuite, un relais à l’éclairage précité ; enfin, un éclairage de balisage.
QUI FAIT QUOI · Environnement
Lumière en projet urbain : 8’18’’ ;
concepteurs lumière Georges Berne et François Migeon, assistés de ClaireLise Bague et Rozenn Le Couillard. · Architectes : Brochet Lajus Puyeo.
· Entreprise électrique : SPIE Sud-Ouest.
· Sous-traitant pour la fabrication du mât :
Groupe Sirech Hostier.
L’ACE (association des concepteurs lumière et éclairagistes) prépare ses prochains « Rencards de l’AcEtylène » qui, le jeudi 20 septembre prochain, se tiendront à Chaumont-sur-Loire (41). Leur thème ? « La lumière et le paysage ». Pour cette 10e édition, l’association renouvelle son souci de partager avec un large public les thèmes et les débats qui, liés à la pratique du projet lumière, intéressent des professionnels de la conception et de l’espace. Le thème « La lumière et le paysage » sera abordé à travers trois chapitres : - Paysagisme : la lumière et le paysage ; - Biodiversité : la lumière et le vivant ; - Perception sensorielle dans le paysage urbain.
Création du "Prix de l'ACEtylène" : A l'occasion de ces prochains Rencards de l'ACEtylène, l'ACE lance la première édition des Prix de l'ACEtylène qui récompenseront cette année, les mises en lumière des paysages urbains. Chaque année, un thème sera ainsi proposé pour ce prix, en lien direct avec la rencontre des Rencards. Ce concours a pour objectifs : - la reconnaissance du métier de concepteur lumière - la reconnaissance d'un concepteur lumière ou d'une agence de conception lumière - la reconnaissance de l'ACE Cette année, la remise des prix se déroulera à Tours le 19 septembre au soir après l'Assemblée générale de l'ACE. ACE - 17 rue Hamelin 75783 Paris Cedex 16 Tél .: (33) 02 33 94 48 61 06 98 68 53 39
© DR
a c e .v i n c a g u e z e n n e c @ orange.fr w w.ace-fr.org Contact : Vinca Guezennec
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Produits
20 ans de design d’éclairage urbain Domestiquer l’espace public. Tel est le titre de l’ouvrage, édité par Archibooks, dans lequel, au fil des 200 pages, Marc Aurel, au travers de la plume de Fabrice Pincin, résume 20 ans de design dédié au mobilier urbain… dont, à son actif, la conception de nombreux luminaires (1).
« Ce n'est pas parceque la lanterne d'un luminaire se situe à 12 m du sol qu'elle doit-être négligée » explique Marc Aurel pp. 18 et 19. Il le prouve : - Pour Eclatec, la conception du luminaire Clip (200 000 appareils commercialisés à ce jour) qui marque un tournant décisif dans la carrière de Marc Aurel. Aujourd’hui, l’Enza, le « descendant » du Clip, prolonge ce premier succès ; - pour Valmont France, il conçoit une série de mâts et de crosses d’éclairage à faible coût. Baptisée Fashion-Pol, leur originalité repose sur l’application, par sublimation, d’un film présentant l’aspect souhaité ; - pour Aubrilam (Fig. 1), spécialiste des mâts en bois lamellé-collé, Marc Aurel étudie une série de crosses adaptables aux nouveaux
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mâts cylindriques et cylindro-coniques tout en leur permettant de recevoir la majorité des lanternes mises sur le marché ; - pour Comatelec (Fig. 2), à l’occasion de l’implantation du tramway à Marseille, il imagine le luminaire Cristella. En suggérant l’élégance du cristal, sa vasque en verre prismatique joue des reflets de la lumière naturelle de jour, et artificielle de nuit. Toujours pour le compte de la filiale française de Schréder, il crée le luminaire Kiera caractérisé, outre par sa grande fluidité de forme, par le raffinement et la sophistication du bois ;
- pour 3e International (groupe Indal), qui lui a demandé d’imaginer un mobilier urbain antivandalisme, il crée la gamme de luminaires Ikone (Fig. 3) dont l’esthétique évite l’identité « armature provocante » ; - pour Rohl, il conçoit la collection des luminaires Organic dont l’état de surface est rendu
précieux grâce à l’association du verre et de l’aluminium texturé ; - avec Philips, Marc Aurel renoue avec la technologie LED pour « éclairer la ville autrement ». Il imagine des luminaires moins hauts, positionnés pour le bien-être des piétons, dont les designs plus innovants et décoratifs conjuguent « efficacité lumineuse » et « ambiance lumière » ; - avec iGuzzini, dans le cadre de l’aménagement de Poitiers, il imagine l’éclairage des villes comme une extension de notre espace domestique. De par la liberté qu’elle offre dans la mise en œuvre et le choix des températures de couleur permis, il adopte alors la technologie LED pour la conception de l’Anello destiné à équiper les places et jardins de la ville ; - enfin, Marc imagine l’utilisation de nouveaux matériaux, dont la céramique, matière qu’il a apprise à travailler, dès 2008, lorsque lui a été confiée l’étude du mobilier urbain de Tripoli. Aujourd’hui, le fort potentiel de ce matériau, très résistant, facile à nettoyer, à mettre en forme et à teinter, l’inspire toujours. Pour preuve, il travaille à la conception d’un luminaire totalement innovant annoncé pour 2013. À suivre donc… (1) Pour 2013, Marc Aurel prépare l’édition d’un 2e ouvrage qui sera dédié aux lumières urbaines.
Adéquation entre
savoir-faire et
créativité
« La naissance d’un produit doit s’entendre comme l’adéquation entre le savoir-faire de l’industriel et la création du designer afin d’apporter au produit une valeur ajoutée qui le mettra à l’abri de la mode, de la copie et des caprices des marchés », rappelle le designer Jean-Marc Schneider, pour qui l’intervention du design doit rendre le produit cohérent (ergonomie) et dépasser le simple relooking (esthétique). Enfin, il permet de développer une réflexion sur la périphérie de l’objet et le cadre environnemental dans lequel il va évoluer. C’est ainsi que, depuis 1982, date de création de son agence, Jean-Marc Schneider exerce en collaboration avec bon nombre de fabricants de luminaires. Dont, depuis une quinzaine d’années, le constructeur allemand Hess AG qui, depuis le 15 mai 2011, a conclu, avec Thorn Europhane, un accord de commercialisation, en France, des gammes d’éclairage extérieur et de mobilier urbain. Lors du dernier salon Light&Building, ont été présentés deux nouveaux luminaires imaginés par le designer haut-savoyard : • Tensso structure les grandes voies de circulation sans pour autant négliger l’esthétique. Avec les lignes
+ D’INFOS
+ D’INFOS EN BREF incurvées de la console et de la tête de luminaire, il semble flotter au-dessus de l’espace de circulation. Équipé de la technique modulaire Levo de Hess, prévoir de 2 à 5 modules de 23 W. Hauteur de source lumineuse comprise entre 6 et 8 m.
+ D’INFOS • Ankor exploite le dynamisme des formes triangulaires pour obtenir une tête de luminaire offrant toujours au regard une perspective intéressante, quel que soit le point d’observation. Ce luminaire, conçu pour une hauteur de source lumineuse de 6 m, s’inscrit dans le paysage des boulevards et places contemporains. Il peut être équipé de 2 ou 3 modules
Le design épuré du
Wow
Renzo Piano, architecte postmoderne et hightech, ne perd rien dans la qualité des matériaux, du dessin, des détails, de la lumière. Qualités que l’on retrouve dans le luminaire Wow qu’il a dessiné pour iGuzzini. Faible épaisseur, design épuré et lignes courbes, telles sont les caractéristiques du Wow, un ap-
Levo à LED en fonction de la géométrie de l’espace à éclairer. Trois températures de couleur sont possibles : blanc lumière du jour (5 600° K) ; blanc neutre (4 000° K) ; blanc chaud (3 000° K°). La modularité de la platine Levo, équipée de LED, permettant à tout instant de la changer sans modifier le système optique.
pareil à LED pour l’éclairage routier des zones urbaines et extra-urbaines à trafic motorisé, pensé pour s’intégrer harmonieusement dans les différents contextes architecturaux. Disponibles en deux versions (petite et grande), ce luminaire peut être installé en tête de mât et sur bras simple ou double en saillie, ainsi qu’en position intermédiaire. Selon iGuzzini, comparé à un produit qui utilise des sources traditionnelles, la puissance absorbée d’un appareil à LED équipé, par exemple, de 24 LED 4 000° K, est de seulement 36 W pour une quantité et une qualité de lumière sur la route équivalente à celle d’un appareil utilisant des lampes sodium haute pression de 70 W, mais qui, lui, absorbe 85 W.
CONCEPTION MINIMALISTE – EFFET LUMINEUx MAxIMALISTE Dessiné par Sven von Boetticher pour Hess, le luminaire LED York, destiné à l’éclairage des voies résidentielles, allie les atouts de la technique de fabrication d’un objet en fonte à la technique modulaire LED permettant l’accès à la gamme LED du constructeur. Pour les municipalités, il représente l’occasion de promouvoir l’emploi de l’éclairage urbain LED à grande échelle sans pour autant grever leur budget.
LA DOUCE LUMIèRE FLUORESCENTE D’IPLAN À Light&Building, iGuzzini a confirmé ne pas abandonner la fluorescence pour l’éclairage des bureaux en présentant la gamme iPlan combinant l’élimination de l’éblouissement, condition essentielle de l’ergonomie de l’éclairage des bureaux, et la douceur de la lumière grâce aux micro-prismes de la superficie interne du diffuseur. Les solutions applique et suspension intérieures, comme la lampe sur pied, ajoutent un élément supplémentaire de confort car la lumière est répartie dans l’espace, soit vers le plafond, soit vers le bas. iPlan est aussi disponible en encastré d’intérieur. Tous les appareils sont équipés de lampes fluorescentes T16 avec transformateurs électroniques, compatibles avec les systèmes de gestion Dali.
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Produits Module LED pour magasins Adaptable aux luminaires existants équipés de douilles G12, le Tecoh MHx, de 36 W, affiche de bonnes performances en termes d’éclairage et de maintien du flux lumineux. De mêmes dimensions que les douilles G12 des lampes aux iodures métalliques à brûleur céramique, ce module représente une alternative à la lampe 39 W G12 avec, en plus, les avantages suivants : - durée de vie jusqu’à 40 000 heures à 70 % du flux lumineux, d’où une réduction des coûts de maintenance ; - deux températures de couleur : 3 000 K (Ra 82/3 000 lm), 4 000 K (Ra 85/ 3 300 lm) ; - démarrage et redémarrage à chaud instantanés ; - fonctionnement sur variateur (100 – 1 %) ; - stabilité des couleurs (déviations standard de concordance de couleur > 5) tout au long de la vie du produit et indépendamment de sa position de fonctionnement) ; - aucune radiation UV ; - aucune substance dangereuse. Pas de risque d’exposition au Kr85 Megaman radioactif en cas de bris de la lampe.
+ D’INFOS EN BREF « ANIMA » (Klarsens) Proposé en 4 versions (14, 18, 20 et 40 LD), doté d’une optique 3D-LEDR et d’une platine électronique installée en pied de mât, ce luminaire de classe III consomme, selon la version, de 44 à 180 W (voir p. 10 ) ;
« GOTA » (Klarsens) Ce luminaire de classe II est équipé de iodures métalliques de 35, 70 ou 150 W. Les composants structuraux sont réalisés en aluminium A13Mg moulé sous pression et anodisé nuance marine tandis que l’enveloppe est en PPMA résistante au UV et aux chocs (IK10). Protection IP65 (voir p. 10) ;
« GAIA » (Klarsens) Sa matière « tirant sa puissance de la terre » et ses lignes irrégulières créent une nouvelle relation avec le mobilier et l’environnement urbains. Équipé de lampes aux iodures métalliques ou sodium HP (70150 W), ce luminaire de classes I et II offre un IP de 67 et un IK de 09 (voir p. 10 ) ;
« HAPILED » (Comatelec) Qualifié de « solution élégante et confortable pour créer une ambiance extérieure chaleureuse », ce luminaire limite la nuisance lumineuse (Ulor 3 %) et compte
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de multiples distributions photométriques. À noter l’application du concept Futur Proof permettant le remplacement sur site du système optique LED et, en option, 3 systèmes d’intelD’INFOS ligence intégrée : variation d’intensité autonome ; maintien du flux constant dans le temps ; détection de mouvement (voir p. 20) ;
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« MIKADO PM » (Technilum) Adoptant le concept breveté City Module, ce luminaire est construit en aluminium intégralement sans soudure. D’une hauteur de 4 à 8 m, son profil est de section trapézoïdale 140 x 180 x 210 mm. La tête de mât amovible peut être équipée de lampes aux iodures métalliques de 70 W ou 150 W, d’autres puissances étant possibles (voir p. 23) ;
« PLURIO » (Thorn) Conçues pour les espaces urbains et résidentiels, ces lanternes LED sont proposées en deux styles de chapeau : rond (Plurio R) ou original (Plurio O), cette version étant disponible en bicolore. Trois puissances : 20, 30 et 40 W. Deux optiques : symétrique et routière (voir p. 26).
Stabilisateur-réducteur de flux lumineux Adaptant, à chaque instant, la lumière à la puissance utilisée aux réels besoins et p er mettant d’éviter les problèmes liés aux surtensions nocturnes, la gamme Gradilux s’étend de 3,5 à 45 kVA de puissance. L’absence de transformateurs se traduit par un format compact et léger qui facilite son intégration au sein des systèmes d’éclairage neufs ou existants. En outre, chacune des phases est commandée par un module indépendant qui peut être remplacé séparément en cas de besoin ; ce qui permet de maintenir l’économie sur les modules restants. Enfin, Gradilux est intégrable dans les systèmes Scada (Systèmes de contrôle et d’acquisition de données). En revanche, il ne convient pas aux systèmes LED ou à ceux équipés d’un ballast électronique General Electric stabilisé.
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+ D’INFOS
François SÉGUINEAU (Toshiba Lighting Europe)
3 Questions à
© DR
Lumières En 2008, Toshiba a créé la division « New Lighting Systems ». Quels sont ses objectifs et se limite-t-elle à l’éclairage LED ? François Séguineau - C’est effectivement en avril 2008 que l’expertise combinée de Toshiba Lighting & Technology Corporation et de Toshiba Semiconductor Company a conduit à la création de la division Toshiba New Lighting. Son objectif ? La commercialisation des systèmes d’éclairage LED en élargissant cette activité au reste du monde. Dans ce contexte, considérant que le marché français de l’éclairage est l’un des plus dynamiques et prometteurs, tant en installations intérieures qu’extérieures, c’est
l’éclairage des places, jardins, parking extérieurs, ou des luminaires Roadlight pour l’éclairage routier. Lumières Quelles sont les ambitions européennes de Toshiba, plus particulièrement sur le marché français ? F. S. - D’ici 2015, nous souhaitons nous situer parmi les 3 premiers généralistes de l’éclairage LED.
“ En Europe, on ne s’interdit rien pour se développer ” C’est le 25 mars 1884 qu’à Tokyo le professeur Ichisuke Fujioka a allumé la 1re lampe Toshiba(1). Depuis lors, à la faveur des évolutions technologiques, l’entreprise nippone est devenue le leader de l’éclairage général sur le marché japonais. En revanche, elle n’était quasiment pas présente à l’international. Depuis 2008, l’événement de la technologie LED a changé la donne, comme l’explique François Séguineau, vice-président Europe de Toshiba Lighting.
en France, en 2009, qu’ont été menées les premières expériences européennes. C’est en tenant compte de leur enseignement qu’a été créée, en 2010, la structure européenne implantée à Düsseldorf. Lumières La division NLS propose-t-elle des luminaires extérieurs et intérieurs ? F. S. - La double expertise éclairage semiconducteur de la division New Lighting Systems lui assure une maîtrise de la production des modules LED tout en lui permettant d’offrir une gamme complète d’éclairage professionnel et domestique. En Europe, on ne s’interdit rien pour se développer ! À partir de notre design center implanté à Düsseldorf, nous analysons les spécificités des marchés européens. Ainsi, autour des modules LED Light Engine produits au sein du groupe, nous concevons des luminaires adaptés dont nous sous-traitons la fabrication à des entreprises européennes. C’est notamment le cas de notre nouvelle gamme de downlights 1100/1300 ou de la série Urbanlight, conçue pour
Mais notre ambition ne se limite pas seulement aux matériels d’éclairage. Nous y associons aussi les systèmes de gestion, activité confortée, depuis mai 2011, par l’acquisition du suisse Landis+Gyr, spécialiste des solutions de gestion de l’énergie pour les services publics et les collectivités… C’est pour le groupe Toshiba une preuve de son intérêt vis-à-vis du « Smart Community » et, pour la division NLS, une avancée vers le « Smart Lighting ». À ce titre, nous a été confiée la réalisation du premier démonstrateur européen de « Smart Community » implanté au sein du quartier Lyon Confluence. Ce projet résulte d’une convention d’engagement signée, le 15 décembre dernier, par le Grand Lyon et le Nedo, l’équivalent japonais de l’Ademe. Nous aurons à en reparler. // Propos recueillis par Jacques Darmon
(1) En fait, l’appellation de Toshiba Corporation a été créée un siècle plus tard, en 1984.
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La qualité d’intégration des modules LED importe La technologie LED, appliquée à l’éclairage extérieur, évolue dans le bon sens, tendance sur laquelle je n’aurais pas misé il y a encore quelques mois. Mais attention, si la technologie des modules LED est devenue mature, leur intégration dans les luminaires peut poser problème si la qualité n’est pas privilégiée.
Georges Zissis, directeur du groupe de recherche « Lumière & Matière » du laboratoire Laplace(1), au sein de l’université Paul Sabatier à toulouse, t étudie, depuis plusieurs années, l’évolution de la technologie LED appliquée à l’éclairage. Quel est son sentiment vis-àvis des solutions urbaines ?
En effet, une bonne intégration industrielle, principalement au perforniveau de la gestion des contraintes thermiques et de la perfor mance des alimentations, peut permettre de corriger le défaut d’un composant. L’inverse n’est pas vrai ! La responsabilité des intégrateurs est donc essentielle. Quand certains fabricants de luminaires, peu estimables, affichent, que avec un module LED de quelques watts, il est possible de remplacer (à revoir) une lampe de décharge de 100 W… ils oublient de préciser que le niveau de l’éclairement identique obtenu n’est atteint qu’à quelques dizaines de centimètres de la chaussée. De tout temps, les bonimenteurs ont existé, même pour promouvoir certains types de lampes sodium haute pression à meilleur rendu mais d’une efficacité moindre. Aujourd’hui, je me félicite que les avancées soient importantes… à condition de bonnes intégrations : efficacité lumineuse en progression ; plus de lumière au sol. En conséquence, les solutions deviennent matures pour les voies piétonnes, les zones résidentielles, les places et jardins. Pour les voies rapides et les autoroutes, on verra plus tard. (1) Laplace : Laboratoire plasma et conversion d’énergie.
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