8e art magazine - n°26

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8 e art magazine โ ข juillet-aoรปt 2013


8e art est une publication bimestrielle des Editions Bagatelle 19, avenue de Delphes 13006 Marseille 09 81 80 63 79 Numéro ISSN : 2267-4837 Dépôt légal : Juillet 2013 Directeur général : Nicolas Martin n.martin@8e-art-magazine.fr Directeur de la publication : Frédéric Guerini f.guerini@8e-art-magazine.fr

# 26

Rédactrice en chef : Emmanuelle Gall e.gall@8e-art-magazine.fr Direction artistique : Jonathan Azeroual j.azeroual@8e-art-magazine.fr Logistique, diffusion et partenariats : Romuald Protin r.protin@8e-art-magazine.fr 04 91 41 63 79

MARSEILLE-PROVENCE ART&CULTURE FREEMAGAZINE

Juillet-Août 2013

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EN

Webmaster éditorial : Léa Coste l.coste@8e-art-magazine.fr Ont collaboré à ce numéro : Joël Assuied, Léa Coste, Marco Jeanson, Eva Journeaux, Fred Kahn, Olivier Levallois, Marie-Line Lybrecht, Jean-Pierre Vallorani. Traduction anglaise : Aaron Ashby / Wall Street Institute Service commercial : 09 81 80 63 79 Impression : ZAC St Martin - 23, rue Benjamin Franklin 84120 PERTUIS Tél. 04 90 68 65 56 La reproduction même partielle des articles et illustrations sans autorisation est interdite. 8e art décline toute responsabilité pour les documents et articles remis par les annonceurs. Dépôt légal à parution.

L’ÉTÉ DE TOUTES LES EXPOSITIONS Par

Emmanuelle Gall, Rédactrice en chef

C’

est un record historique ! La pluie d’expositions qui s’abat cet été sur la région est un phénomène culturel d’une ampleur inédite. Au-delà des hasards et nécessités des chantiers, cette profusion est liée au fait que les expositions sont, pour reprendre la formule du géographe Boris Grésillon, « les tracteurs d’une capitale culturelle ». Dans son essai Un Enjeu « capitale », il rappelle que les plus prestigieuses d’entre elles (telles, jadis, Cézanne à Aix ou César à Arles) attirent entre 300 000 et 500 000 personnes. Soit un flux continu de visiteurs pendant plusieurs semaines susceptibles de venir, le soir, au concert ou au théâtre, de manger au restaurant et dormir à l’hôtel… Il est donc tout naturel que Marseille-Provence 2013 sorte ce joker pendant les vacances, à une époque où le tourisme culturel fait de plus en plus d’adeptes. Et que l’offre soit la plus diversifiée possible. Un fil d’Ariane est cependant commun à une grande partie de ces expositions : la Méditerranée. Abordée sous un angle historique, sociétal pictural, photographique… elle est la grande star de l’été 2013, et pas seulement pour les baigneurs.

THE SUMMER OF ALL EXHIBITIONS

En couverture. Création de Evgenia Tabakova & Pedro Noronha-Feio. Photo © João Bacelar retravaillée par © Mark Blezinger pour l’exposition Marseille M la Mode (lire article, p. 83).

It’s a historical record! The rain of exhibitions that have poured down this summer onto the region is a cultural phenomenon of unheard magnitude. Beyond the hazards and necessities of construction, this profusion is linked to the fact that the exhibitions are – to quote the geographer Boris Grésillon – “cultural capital tractors.” In his essay, A “Capital” Challenge, he reminds us that the most prestigious ones (such as, Cézanne in Aix or César in Arles, in the past) attract between 300 000 and 500 000 people. In other words, there is a continual flow of visitors over the course of several weeks that are likely to come for a concert or the theater in the evening, to eat at a restaurant and to sleep at a hotel. As such, it is entirely natural for Marseille-Provence 2013 to pull out this trump card during the summer holidays, at a time when cultural tourism has become increasingly popular, and offer the most diversification possible. And yet, there is a common thread running through a large part of these exhibitions: the Mediterranean. Approached from a historical, societal, pictorial and photographic angle, it is the great star of summer 2013…and not only for swimmers.


SOMMAIRE

MARSEILLE-PROVENCE ART&CULTURE FREEMAGAZINE FR

#26

EN

Juillet-Août 2013 06

LA PHOTO

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JR réveille la Belle de Mai THE PICTURE • JR

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réveille la Belle de Mai

ACTUS News

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LA RENCONTRE

Jean-François Chougnet, MP 2013 à la mi-temps THE INTERVIEW • Jean-François

Chougnet

MP 2013 at Mid-term 18

L’OEUVRE

Station sanitaire maritime THE WORK • Sanitary

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Post

L’ENDROIT

34

Le MAMO THE PLACE • The

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MAMO

THE ALBUM • Yvi

26

LE RESTAURANT THE RESTAURANT • The Georgiana workshop

Slan 38

L’OBJET

LA BALADE

Le sac de plage

Hôtel du Nord

THE THING • A

THE RIDE • Hôtel

beach bag

du Nord

LE MUR

Chat noir, chat blanc THE WALL • Black

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cat, white cat

LE GUIDE

M THE GUIDE • M

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LE ROMAN

Marseille’s burning THE BOOK • Marseille’s

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burning

L’ARTISTE

Gilbert Garcin THE ARTIST • Gilbert

4

Nevchehirlian

L’Atelier de Georgiana

Yvi Slan

24

Frédéric Nevchehirlian THE VILLAGE • Frédéric

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L’ALBUM

20

LE VILLAGE DE

Garcin

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50

UN

GRAND

A GRAND TOUR OF THE MEDITERRANEAN IN 15 EXHIBITIONS

TOUR

DE LA

MÉDITERRANÉE QUINZE EXPOSITIONS EN

52

p.40

42

Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen

66

Giuseppe Penone, Alfabeto

46

Au Bazar du genre, féminin-masculin en méditerranée

68

Mon île de Montmajour

48

2031 en Méditerranée, nos futurs

70

Égarements

50

Rodin, la lumière de l’Antique

72

Yazid Oulab

52

Le Grand Atelier du Midi

74

Les Choses de ce côté du monde

58

Picasso céramiste et la Méditerranée

78

Yto Barrada, la courte échelle (ou l’échelle des voleurs)

62

Le Pont

80

Château Borély

83

Marseille M la Mode

PORTFOLIO

98

L’ÉVÉNEMENT • The event

Arles rencontre l’Afrique du Sud Arles meets South Africa

100 SCÈNES • Theater, dance...

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106

Europride 2013

106 MUSIQUES • Music 112 CINÉMA • Cinema 116 ENFANTS • Kids 8 e art magazine • juillet-août 2013

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LA PHOTO

JR RÉVEILLE LA BELLE DE MAI

La mythique Belle de Mai n’est plus ce qu’elle était. D’un côté La Friche, le Pôle média et le Centre de Conservation et de Ressources du MuCEM (CCR), de l’autre un quartier qui n’en finit pas de décliner. Depuis le mois de mai, les collages de JR sur les façades d’une quinzaine d’immeubles l’ont transformé en galerie à ciel ouvert. Éphémère et soumise aux aléas de la météo comme à d’éventuelles malveillances, cette œuvre collective restera comme l’une des grandes réussites de Marseille-Provence 2013.

JR WAKES UP THE BELLE DE MAI The mythical Belle de Mai is no longer what it was. On one side, La Friche, the Media Center and the Center of Conservation and Resources of the MuCEM (CCR), on the other, a neighborhood in continual decline. Since last May, JR’s collages on the facades of some fifteen buildings have transformed it into an open air art gallery. Ephemeral and subject as much to volatile weather as to potential malicious acts, this collective artwork will remain as one of the great successes of Marseille-Provence 2013.

© Sam Mertens

Photo : Sam Mertens

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ACTUS

EN BREF

HOMMAGE À MARCEL DADI

TRIBUTE TO MARCEL DADI Ever since his premature death in 1996 while aboard a TWA Boeing crash, the guitarist Marcel Dadi has been the subject of frequent and moving tributes. For its third edition, the festival of Musiques au jardin, has dedicated two concerts and one exhition to him in the Maison Blanche (White House) Park. Planned in partnership with the Fesitval de Jazz des Cinq Continents (the Five Continent Jazz Festival) and the Alcazar library, the event begins on July 11 with a collective concert-tribute, uniting about 15 musicians centered around Marcel Dadi’s repertoire. The next day, the pianists Henri Florens and Cyril Benhamou will play as a duo for the first time, a program alternating compositions, classical pieces, jazz standards and improvisations. After a vernissage on July 11 at 6.30pm in the presence of the artist’s family, the exhibition Marcel Dadi, A Myth will present, until July 26, a selection of his instruments and personal possessions, as well as the original covers of his albums, CDs and posters, designed for him by Jean-Pierre Charbonnier. 8

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Depuis sa mort prématurée en 1996, lors du crash d’un Boeing de la TWA, le guitariste Marcel Dadi fait l’objet d’hommages aussi réguliers qu’émouvants. Pour sa troisième édition, le festival Musiques au jardin, lui dédie deux concerts et une exposition dans le parc de Maison Blanche. Programmé en partenariat avec le Festival Jazz des Cinq Continents et la bibliothèque de l’Alcazar, l’événement débute le 11 juillet avec un concert-hommage collectif, réunissant une quinzaine de musiciens autour du répertoire de Marcel Dadi. Le lendemain, les pianistes Henri Florens et Cyril Benhamou joueront pour la première fois en duo, un programme alternant compositions, pièces classiques, standards jazz et improvisations. Après un vernissage, en présence de la famille de l’artiste, le 11 juillet à 18h30, l’exposition Marcel Dadi, un mythe présentera, jusqu’au 26 juillet, quelques-uns de ses instruments et objets personnels, ainsi que les dessins originaux des vinyles, CDs et affiches, réalisées pour lui par Jean-Pierre Charbonnier. Concerts, les 11 et 12 juillet, 20h30. Exposition jusqu’au 26 juillet. Salons et parc de Maison Blanche, Mairie des 9e et 10e arrondissements, 150, boulevard Paul Claudel, Marseille 9e. 04 91 14 63 50. Entrée libre. www.marseille9-10.fr


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ACTUS

CAMPUS 2013

PAS DE VACANCES POUR LES ÉTUDIANTS EN ART Dans le cadre de Campus 2013 (plateforme d’échanges autour de la jeune création), sept projets réalisés par de jeunes artistes méditerranéens avec les écoles d’art du territoire ont pu être coproduits. Pilab création est celui de l’École Supérieure d’Art et de Design de Marseille. Prolongeant le programme Pisourd, une action d’enseignement en art et en design pour les étudiants sourds et malentendants, il est le fruit d’un atelier de deux ans, organisé autour de différents workshops (danse, vidéo, écriture…) et d’artistes invités. Son objectif : porter les réflexions nées de la situation de surdité (transmission, interprétation, traduction, incommunicabilité, signes verbaux ou gestuels…) à travers une production d’œuvres. « Il s’est agi de procéder comme un laboratoire, en expérimentant sans a priori, tout en conservant une grande vigilance pour que les questionnements restent véritablement artistiques », indique la coordinatrice pédagogique Franca Trovato. La galerie MaD présente, en juillet, les différents travaux – chorégraphie, écritures, film… – nés de cette aventure. Jusqu’au 30 juillet. Galerie MaD, 30 bis, boulevard Chave, Marseille, 5e. 04 91 82 83 46. Entrée libre. www.esadmm.fr

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NO HOLIDAYS FOR ART STUDENTS In the framework of Campus 2013 (a platform for information exchange), young Mediterranean artists with regional art schools, were able to coproduce seven projects. Pilab Création is the project of the Marseille Academy of Art and Design. An extension of the Pisourd program, an art and design teaching initiative for deaf and hard ot hearing students, it is the fruit of a two-year workshop structured around dance, video, writing and guest artists. Its objective: to promote, through a body of artwork, a discussion about the situation of the deaf (transmission, interpretation, translation, incommunicability, verbal and gestural signs). “It’s like proceeding in a lab”, specifies Franca Trovato, the pedagogical coordinator, “experimenting without preconceptions, all the while maintaining a great vigilance so that the issues remain truly artistic.” In July, the MaD gallery presents the various artwork – choreography, writings, film – born from this adventure.


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ACTUS

2013 OFF

YES WE CAMP ! ACTE III

Après avoir évité les récifs administratifs, puis traversé, en plein montage, des conditions climatiques peu clémentes, le camping écolo et artistique du off 2013 est finalement arrivé (et arrimé) à bon port. En l’occurrence, celui du Port de la Lave à l’Estaque. Tout est maintenant fin prêt pour accueillir les campeurs estivaux. À commencer par le programme d’activité. Au vu de sa diversité, on ne risque pas de s’ennuyer. Aux Apérospots et autres Open barbecue quotidiens s’ajoutent les rendez-vous hebdomadaires. Le mercredi et le samedi, c’est ateliers participatifs (couture, danse, bricolage, jardinage, cerfs-volants…). Le mercredi, en soirée, on pousse la chansonnette sur la scène ouverte. Le jeudi, apéro et DJ précèdent le cinéma de plein air. Le vendredi, la musique se joue (et s’écoute) en live. Le samedi, on dresse les tablées pour les soirées Bonnes bouffes. Le dimanche, Yes we brunch. Le lundi et mardi, on se repose… si on veut. Certains week-ends sont l’occasion de grandes fêtes thématiques, telle La Méditerranée, le 3 et 4 août. Des invités, des ateliers, des concerts… Le détail exhaustif de la programmation est à consulter sur le site Internet. Jusqu’au 30 septembre. 175, plage de l’Estaque, Marseille, 16e. Adhésion d’été : 3 €. www.yeswecamp.org

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YES WE CAMP !, ACT III After overcoming the administrative hurdles, then crossing through mountains in harsh weather conditions, the ecological and artistic campground of Off 2013 has finally arrived (and weighed anchor) safely in port. In this case, we are talking about the Port de la Lave in l’Estaque. At last, everything is now ready to welcome summer campers. Let’s begin with the program of activities. Given its variety, there is no risk of getting bored. In addition to Apérospots and the daily Open Barbecue, there are several weekly rendez-vous. On Wednesday and Saturday, there are collective workshops (sewing, dance, DYI, gardening, kites, etc). On Wednesday evenings, you can sing a tune at the open-mike. On Thursday, aperitifs and DJs precede the open air cinema. On Friday, live music fills the air. On Saturday, the tables are set for evenings of Bonne Bouffes (Great Dining). And on Sunday, Yes We Brunch. On Monday and Tuesday, we rest… if we’d like. On some weekends, big thematic parties are held, such as La Méditerranée, on the August 3rd and 4th. Guests, activities, concerts… The detailed, exhaustive program is available on the Internet.


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« UNE CAPITALE CULTURELLE, C’EST UN PROTOTYPE QUI NE SORT JAMAIS EN SÉRIE. »

LA RENCONTRE

JEAN-FRANÇOIS CHOUGNET, MP 2013 À LA MI-TEMPS JEAN-FRANÇOIS CHOUGNET MP 2013 AT MID-TERM

Propos recueillis par Emmanuelle Gall • Photos : Benjamin Bechet 14

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LA RENCONTRE

u fil des mois, l’année capitale semble avoir trouvé son public (plus de trois millions de visiteurs) et son patron : Jean-François Chougnet. Le successeur de Bernard Latarjet, nommé sur sa recommandation à la direction générale de la manifestation en avril 2011, a su s’imposer en douceur, grâce à une présence constante sur le terrain et une diplomatie certaine. À l’heure des premiers bilans, il reste optimiste et plaide pour le droit à l’erreur. Entre la presse, les professionnels du tourisme, le public, le premier épisode de Marseille-Provence 2013 n’a pas fait l’unanimité. De votre côté, quel bilan dressez-vous ? Je pense que nous sommes les moins bien placés pour faire des bilans. L’équipe a une vision opérationnelle et travaille davantage sur le mode de l’anticipation. Cela dit, nous tenons les comptes. Sur le plan quantitatif, depuis l’ouverture du MuCEM, on a allègrement franchi la barre des trois millions de visiteurs. Sur le plan qualitatif, je ne suis pas le meilleur spectateur, car je ne peux pas être partout. Personnellement, il y a évidemment des choses que j’ai préférées à d’autres. Reste qu’on n’a pas fait de four ni « pris de taule », comme on dit aujourd’hui, et aucun incident n’a été à déplorer. Certains événements ont dépassé nos attentes, notamment les manifestations au J1, tandis que d’autres n’ont pas eu le retentissement escompté. C’est le cas par exemple de l’exposition Koudelka, pourtant très réussie. Il semble que le public soit plus avide d’expériences que de culture classique. Mais une part de mystère demeure et c’est tant mieux : on ne fait pas des bestsellers sur commande ! Apparemment, un problème de lisibilité demeure. Entre des événements surpeuplés et des manifestations pourtant intéressantes qui ont parfois du mal à trouver leur public. Comment résoudre cette équation ? C’est une équation quasi impossible. Le principe d’une capitale culturelle repose sur la profusion, et la profusion – comme la dispersion – entraîne un problème de lisibilité. Il y a plus de cinq cents événe-

JEAN-FRANÇOIS CHOUGNET

Over the past several months, the capital year seems to have found its audience (more than three million visitors) and its boss: Jean-François Chougnet. As successor to Bernard Latarjet, appointed at his recommendation in April 2011 to senior management of the event, he has been able to establish himself smoothly, thanks to a constant presence in the field and a certain measure of diplomacy. As the first assessments come in, he remains optimistic and advocates for the right to make mistakes. Between the press, tourism professionals, the public, the first episode of Marseille-Provence 2013 has not met unanimous approval. For your part, what is your assessment? I think that we are the least well placed to make assessments. The team has an operational vision and spends more of its time anticipating. This said, we are held accountable. As far as the quantitative aspects are concerned, since the opening of the MuCEM, we have quickly surpassed three million visitors. With regard to the qualitative, I am not the best spectator because I cannot be everywhere. Personally, there are obviously some things which I preferred to others. At least, we haven’t had flop nor has anything “bombed”, as we say, and no serious incident has occurred. Some events have gone beyond our expectations, notably the J1 exhibitions, whereas others haven’t had the expected impact. This is the case, for example, of the Koudelka exhibition, in spite of its great success. It appears that public is more eager for experiences rather than classic culture. But part of the mystery is still there, and all the better: you can’t make a best seller on demand! Apparently, the problem of clarity remains between the overcrowded events and the manifestations, which are interesting, but sometimes have difficulty finding their audience. How can this equation be resolved? It’s a virtually impossible equation. The principle of a cultural capital rests on profusion, and profusion – like diffusion – leads to a problem of clarity. There are over five hundred events to publicize, in other words, more than one per day, without even talking about audience segmentation. In this area, this isn’t a panacea, but some solutions prove effective. We started off with an undeniable handicap: an Internet site that was too institutional. We needed to rectify the situation and do more editorial work, notably through the creation of a newsletter. At the same time, creating a hierarchy bears the risk of putting certain events and cities on the sidelines. Equally, the Pavillon M needed time to break itself in: the principle of daily meetings allowed audiences to discover lesser known projects. Setting up a common graphic layout also allowed for a more efficient display of 8 e art magazine • juillet-août 2013

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LA RENCONTRE

JEAN-FRANÇOIS CHOUGNET

ments à médiatiser, c’est-à-dire plus d’un par jour, sans parler de la segmentation des publics. Dans ce domaine, il n’existe pas de panacée, mais certaines solutions se révèlent efficaces. Nous sommes partis avec un handicap indéniable : un site Internet trop institutionnel. Il a fallu corriger le tir, éditorialiser davantage l’offre, notamment à travers la création d’une newsletter. En même temps, la hiérarchisation risque de mettre sur la touche certains événements et certaines villes… Un temps de rodage a également été nécessaire pour le Pavillon M : le principe des rencontres quotidiennes a permis de donner une audience à des projets moins connus. La mise en place d’une charte graphique commune a également permis un affichage plus efficace des événements. Si cela n’a pas été simple au début, les villes se sont approprié le système : Miramas, Aubagne, Istres… La principale difficulté de MP 2013 ne réside-telle pas, justement, dans la taille de son territoire, entraînant un certain saupoudrage des manifestations et pas mal de frustrations de part et d’autre ? Lille 2004, c’était déjà quarante communes, et en termes de population concernée, Marseille-Provence est comparable à Liverpool ou Essen dans le passé. Certaines villes nous reprochent évidemment de ne pas assez parler d’elles, mais la vraie question, c’est plutôt l’articulation entre des événements à portée locale et nationale ou internationale. C’est aussi d’initier une meilleure coordination des politiques culturelles sur le territoire et de permettre aux villes d’échapper au phénomène de saisonnalité. Si on parvient à faire comprendre au public qu’on peut venir à Arles toute l’année, le pari sera gagné. Les gens circulent beaucoup sur le territoire pour des raisons professionnelles, pourquoi ne le feraient-ils pas pour leurs loisirs ? Chaque fois que des transports supplémentaires ont été créés pour accompagner la programmation de MP 2013, il y a avait foule ! Si c’était à refaire, resigneriez-vous ? Et si oui, que feriez-vous différemment ? Bien sûr, c’est à la fois très difficile et très exaltant. C’est un processus lourd, long, à Marseille comme ailleurs. Si c’était à refaire, je ne changerais rien aux fondamentaux et aux axes élaborés par Bernard Latarjet. En revanche, il faudrait avoir la possibilité de maturer le groupe avant d’envisager le programme. Car, nous avons dû inventer la règle du jeu en même temps que le projet. Les interlocuteurs étaient très nombreux et le réseau s’est constitué au fur et à mesure. Derrière les deux poids lourds, Marseille et Aix, les autres villes qui se sont elles-mêmes bapti16

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sées le G6, ont beaucoup échangé, surtout à travers des rencontres informelles. Le groupe fonctionne bien désormais, et comme l’ont remarqué nos prédécesseurs, on est très au point quand on a fini. Il a fallu s’accorder un droit à l’erreur et au réajustement permanent, car une capitale culturelle ne saurait être la transposition d’une autre, elle doit tracer son propre chemin, en respectant les identités locales. C’est un prototype qui ne sort jamais en série.

events. Even if this wasn’t simple at the beginning, cities have managed to appropriate the system, in Miramas, Aubagne, Istres, among others… Doesn’t the main difficulty of MP2013 lie precisely in the size of its territory, leading to a rather thin spreading of events and quite a bit of frustration on both sides? In Lille 2004, there were already forty communities, and in terms of compared populations, Marseille-Provence is comparable to Liverpool or Essen in the past. Certain cities have obviously criticized us for not having spoken enough about them. But the real question is rather the articulation between events at local, national and international levels. It is also about initiating an improved coordination of cultural policies throughout the territory and allowing cities to combat the phenomenon of seasonality. If we succeed in making the public understand that you can go to Arles all year round, the gamble has paid off. People often move throughout the territory for professional reasons, so why don’t they do it for leisure? Every time that extra public transportation has been provided to accommodate MP 2013’s scheduling, there’s been a crowd! If you had to do it again, would you re-sign? And if yes, what would you do differently? Of course, it’s very hard and very rewarding at the same time. It is a cumbersome and long process, in Marseille as elsewhere. If I had to do it again, I would change none of the fundamentals or the axes drawn up by Bernard Latarjet. In contrast, it would be a necessity to let the group mature before the program could be envisaged, because we had to invent the rules of the game and the project at the same time. There were a great many interlocutors and the network developed incrementally. Behind the two heavy weights, Marseille and Aix, other cities, who had baptized themselves the G6, frequently exchanged views, especially through informal meetings. Since then, the group functions well, and as our predecessors have noticed, when we’ve finished, we’re ready. We needed to allow ourselves the right to make mistakes and to readjust constantly, because a cultural capital can’t simply be transposed from one capital to another. It has to find its own path, taking into account local identities. It is a prototype that can never be mass-produced.


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L’OEUVRE

STATION SANITAIRE MARITIME

IN MEMORIAM

Devenue le musée Regards de Provence en mai dernier, l’ancienne station sanitaire de Marseille a été immortalisée par Georges Rousse. Opening as the Regards de Provence museum last May, this former Marseille sanitary post has been immortalized by Georges Rousse. Texte : Emmanuelle Gall

éfions-nous des apparences ! Cette image, réalisée par Georges Rousse lors de son passage à la Station sanitaire à l’été 2011, ne résulte d’aucune manipulation numérique. Aujourd’hui accrochée dans le hall du musée Regards de Provence, elle témoigne d’un processus d’élaboration complexe comme de l’histoire du bâtiment. Depuis une trentaine d’années, Georges Rousse parcourt le monde, avec une prédilection pour les lieux abandonnés, qu’il considère comme autant d’espace de liberté. Il y construit des anamorphoses : des formes peintes éclatées dans l’espace qui trouvent leur cohérence lorsqu’elles sont observées depuis un point de vue unique. Celui du photoGeorges Rousse, Station Sanitaire Maritime, Marseille, 2011, photographie, 120 x 160 cm. graphe, qui fixe en deux dimensions, ces installations en trois dimensions. Architecte, peintre et photographe, l’artiste est aussi le metteur of anamorphosis : painted forms exploded in space that become coen scène d’un théâtre de la mémoire. Sensible à l’histoire de la herent only when observed from a specific point of view. Just as a phostation sanitaire, construite après-guerre par les architectes tograph is fixed in two dimensions, these art installations work in three. Pouillon, Champollion et Egger, l’artiste a choisi de travailler Architect, painter and photographer, the artist is also the director of a dans l’emblématique salle des DDT. Les voyageurs y étaient détheater of memory. Rousse, selected to work in the emblamatic DDT sinfectés au dichlorodiphényltrichloroéthane avant de quitter room, is aware of the sanitary post’s history, which was constructed folles lieux. Dans cet espace, rapidement devenu obsolète et abanlowing World War II by the architechs Pouillon, Champollion and Egger. donné, puis squatté, Georges Rousse a été frappé par la couleur Here, travellers were disinfected with dichlorodiphenyltrichloroethane des murs noircis par les flammes d’un incendie. Il a eu envie before leaving the room. In this space, which quickly became obsolete de travailler sur la lumière et le feu : « Ce grand rectangle qui and abandonned, Georges Rousse was struck by the color of the walls, traverse tout l’espace, c’est la vision panoramique d’un lever de blackened by the flames of a fire. He wanted to work with light and fire : soleil sur l’horizon. C’est la dernière image de ce lieu, avant son « This large rectangle that crosses the entire space is a panoramic virenouveau ». En effet, les travaux de réhabilitation du bâtiment sion of a sunrise against the horizon. This is the final view of this place ont commencé juste après son passage. Ouvert depuis le mois before its renewal ». Indeed, the rehabilitation of the building began just de mars, le musée conserve désormais, avec la série de photos after his visit. Opened since March, the museum preserves, thanks to de Georges Rousse, le souvenir de son installation éphémère George Rousse’s series of photos, the memory of its ephemeral instalinscrite dans un paysage disparu. lation written on vanished landscape. Don’t trust appearances ! This image, made by Georges Rousse during his visit to the Sanitary Post in the summer of 2011, has not been digitally altered in any way. Hanging today in the entrance hall of the Regards de Provence museum, it bears witness to a development process as complex as the hisroty of the building. For about 30 years, Georges Rousse travelled the world, with a partiality for abandonned places, which he considered as spaces of freedom. Here, he worked in the art 18

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MUSÉE REGARDS DE PROVENCE

rue Vaudoyer, Marseille, 2e. 04 96 17 40 40

WWW.

museeregardsdeprovence.com

© Georges Rousse

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UN CENTRE D’ART CONTEMPORAIN AU CORBU Il y avait du beau monde sur le toit du Corbu, le 8 juin dernier, pour inaugurer le centre d’art créé par Ora-ïto. À trente-cinq ans, l’enfant terrible du design français, s’offre le MAMO et y invite son ami Xavier Veilhan. On June 8, high society gathered on the roof of the Cobusier to inaugurate the arts center created by Ora-ïto. At thirty-five years old, the enfant terrible of French design, treated himself to the MAMO and invited his friend, Xavier Veilhan

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ue penserait Le Corbusier s’il voyait le gymnase posé sur le toit de sa Cité radieuse transformé en centre d’art ? L’auteur de ce projet, le designer d’origine marseillaise Ito Morabito, alias Ora-ïto, dit vouer à l’architecte une véritable passion depuis son enfance. Passion en partie liée au fait que son arrière-grand-père, un architecte argentin de renom, avait perdu un concours face au Corbusier. Lorsqu’en 2010, Ora-ïto apprend que le toit de la Cité radieuse est en vente, il n’hésite pas à liquider sa collection d’art contemporain pour l’acquérir. « L’idée de re­don­n­er vie à ce bâ­ti­ment est de­v­enue comme une mis­sion pour moi. S’il a croisé mon chemin, c’est qu’il y a une rai­ son, je ne crois pas au hasard. » Le jeune homme commence par débarrasser le gymnase de sa « verrue » : une extension postérieure à la construction du bâtiment (entre 1945 et 1952). Pour le reste, il s’attache à restaurer le site dans les règles de l’art, en collaboration avec la fondation Le Corbusier. Restait à y accueillir des artistes et le public, pour lui donner une fonction en accord avec la philosophie de l’architecte. Si Ora-ïto a choisi Xavier Veilhan pour inaugurer le MAMO, (comme « Marseille Modulor », l’unité de mesure créée par Le Corbusier), ce n’est pas seulement par amitié. Le plus célèbre des jeunes artistes contemporains, qui a exposé au château de Versailles en 2009 et participé récemment au parcours L’Art à l’endroit à Aix, y présente un nouveau volet de son projet Architectones. Le terme, emprunté aux maquettes-sculptures de Malevitch, désigne une série d’expositions dans des architectures mythiques, constituant son « panthéon personnel ». Après deux maisons d’architectes modernistes (Richard Neutra et Pierre Koenig) à Los Angeles, l’été dernier, c’est donc au tour de la Cité radieuse d’accueillir les installations et sculptures – spécialement conçues pour elle – de Xavier Veilhan. L’artiste a semé sur la terrasse et dans le gymnase une dizaine d’œuvres inspirées par le génie des lieux et de l’architecte. Ici, un buste du Corbusier en résine dessine à même le sol, 20

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© Olivier Amsellem

Texte : Emmanuelle Gall

Ora-ïto, sur son toit.

« L’IDÉE DE RE­DON­N­ER VIE À CE B­TI­MENT EST DE­V­ENUE COMME UNE MIS­SION POUR MOI. »

comme émergeant de sa propre construction ; là, un bronze le représente à bord du pédalo qu’il a conçu avec Jeanneret, en train de croiser Buckminster Fuller sur un catamaran de son invention. Cette scène ordinaire de la vie d’architectes modernistes s’inscrit dans Le Monument : une extension qui redonne vie au petit théâtre de béton de la Cité radieuse, en le rendant conforme aux règles de sécurité désormais en vigueur. Bel hommage !


LE MAMO

© Sam Mertens

L’ENDROIT

Le Corbusier, selon Xavier Veilhan, faisant corps avec sa création.

What would Le Corbusier think if he saw the gymnasium he’d built on the roof of his Cité Radieuse transformed into an arts center? The project’s creator and Marseille designer, Ito Morabito, aka Oraïto, says that he has been devoted to architecture since childhood. This devotion is linked, in part, to the fact that his great-grandfather, a well-known Argentine architect, had lost a competition to Le Corbusier. When in 2010, Ora-ïto heard that roof of the Cité Radieuse was up for sale, he didn’t hesitate to sell his contemporary art collection in order to acquire it. “The idea of giving a new life to this building was like a mission for me,” he says. “If it’s crossed my path, it’s because it was for a reason. I don’t believe in happenstance.” He began by removing the gymnasium from its “wart”, a postconstruction addition dating between 1945 and 1952. For the rest, he attached a great importance to restoring the site according to the rules of art, in collaboration with Le Cobusier Foundation. He only had to welcome artists and the public – to make the building functional – in accordance with the architect’s philosophy. If Oraïto chose Xavier Veilhan to inaugurate the MAMO (as in “Marseille Modulor”, the unit of measure created by Le Corbusier), it wasn’t strictly because of friendship. The most celebrated of young contemporary artists, who had shown his work at the Château de Versailles in 2009 and had recently participated in the L’Art à l’endroit show in Aix-en-Provence, presents here a new dimension of his Ar-

chitones project. The term, borrowed from Malevitch’s scale modelsculptures, outlines a series of exhibitions in mythic architecture, constituting his “personal pantheon”. Last summer, after two houses in Los Angeles from modernist architects, Richard Neutra and Pierre Koenig, it is now the Cité Radieuse’s turn to welcome the installations and sculptures of Xavier Veilhan, conceived especially for it. The artist has spread out a dozen artworks on the terrace and in the gymnasium, inspired by the genius of the place and its architecture. Here, a resin bust from Le Corbusier outlined directly on the ground. There, a bronze statue shows him on a pedal boat that he had conceived with Jeanneret, crossing Buckminster Fuller aboard his own invented catamaran. This ordinary scene of the life of modernist architects falls within Le Momument: an extension which gives new life to the concrete theater of the Cité Radieuse, where it complies with the rules of security henceforth in place. A glowing tribute!

MAMO, CENTRE D’ART DE LA CITÉ RADIEUSE

280, boulevard Michelet, Marseille, 8e. 01 42 46 00 09. 3 €.

WWW.

mamo.fr 8 e art magazine • juillet-août 2013

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L’ALBUM

YVI SLAN

DU BLEU SANS BLUES BLUE WITHOUT THE BLUES

Entre new wave et electro dance, le dernier EP du très indépendant musicien marseillais Ivy Slan joue la carte du personnel et du collectif. Between New Wave and Electro Dance, the latest album from the very independent Marseille musician Yvi Slan plays his personal and collective card. Texte : Marco Jeanson

A

près trois ans d’un relatif silence, passés à produire des sons pour les autres, dans le studio de son label (Boombop Rec), Yvi Slan est de retour. Le musicien, chanteur, mixeur producteur indépendant et Marseillais sort un EP de trois titres (« Blue », « Dubland », « Backdeep ») et trois remixes du premier par Nasser, Dubmood et Danton Eeprom. Ce « Blue » d’ouverture se veut résolument dans l’air du temps : new wave eighties par ses sonorités et sa mélodie simple et entêtante, dynamisée par l’efficacité rythmique de l’electro dance des années 2000 (Jestofunk, Daft Punk), le tout emballé dans une production lyrique et légèrement saturée façon Justice. La voix, quant à elle, évoque un Matt Johnson (The The) de bonne humeur, période Dusk. Yvi Slan dit de « Blue » qu’il est « léger, entraî­ nant, aérien et qu’il n’a pas d’autre vocation que d’apporter une bouffée d’air. » Pourtant c’est précisément du contraste entre un fond (inconscient ?) plus assombri et la vitalité de surface, que découlent le plaisir et l’intérêt de l’écoute. Les deux autres morceaux prolongent cette direction dans une veine purement instrumentale. Les titres d’un artiste à l’âme new wave, bien décidé à faire la fête aux sons de 2013. Il parait que ça s’appelle du shoegaze. 22

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After three years in relative silence in his sound studio (Boombop Rec), a time he spent making sound for others, Yvi Slan is back. The Marseille musician, singer and independent mixer-producer has come out with a three-titled album (“Blue”, “Dubland”, “Backdeep”) and three mixes of the first title by Nasser, Dubmood and Danton Eeprom. The opening track “Blue” aims resolutely to capture the spirit of the times: reflecting the Eighties New Wave with its sound and simple, compelling melodies, and the Electro Dance of the 2000s (Jestofunk, Daft Punk), energized by its rhythmic efficiency, and all of this wrapped up in a lyrical and lightly saturated production à la Justice. The voice evokes the upbeat mood of Matt Johnson (The The) in his Dusk period. Yvi Slan says of “Blue” that it’s “light, danceable, ethereal and has no other purpose than to bring a breath of fresh air.” Yet, it is precisely from this contrast between the darkened depths (unconscious?) and the vital surface that come the enjoyment and the interest in listening. The two other tracks follow this direction in a purely instrumental vein. This is the work of an artist whose soul is New Wave, but has clearly decided to party like it’s 2013. Apparently, this is called shoegazing.

YVI SLAN

Boombop Rec, 24 juin 2013.


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L’OBJET

LE SAC DE PLAGE

LE CABAS À L’AIR DU LARGE A BEACH BAG ON THE WIDE OPEN SEA

Ringard le cabas de plage ? Les modèles fabriqués par Les Toiles du large, en voile recyclée, allient robustesse et authenticité. De vrais sacs marseillais ! The beach bag outdated ? The models, produced by « Les Toiles du large » from recycled sails, unite resilience and authenticity. These are genuine Marseille bags! Texte : Eva Journeaux

Pas de neuf, que du navigué ! » Depuis 2007, Anne Couderc fabrique ses sacs et accessoires à partir d’anciennes voiles de bateau destinées au rebut. Basée à La Ciotat, son entreprise baptisée Les Toiles du Large offre une seconde vie inespérée à ces voiles recyclées après une longue vie de plaisance ou de régates. « La voile, c’est long à mouiller et ça sèche vite. En plus, c’est ré­ sistant et, surtout, ça raconte une histoire », explique Anne Couderc. À chaque marin lui apportant sa voile à recycler, elle offre un sac fait sur mesure en souvenir de ses traversées : « Plus je fabrique de sacs, plus les voiles affluent ». L’authenticité est sa principale préoccupation. Elle met le matériau en valeur sans le dénaturer. Il reste marqué, usé, numéroté, blanc ou coloré d’origine. Il est ensuite transformé en sac, transat ou set de table, de manière artisanale et localement, grâce à un partenariat avec des structures d’aide par le travail. Solidaire et « made in Provence », le maxicabas des toiles du Large ne manque pas d’élégance et remplit généreusement son office de sac de plage. Tout terrain – il en a vu d’autres ! –, il ne craint ni la chaleur, ni le sel, le sable ou les taches de monoï et se lave en machine. Mousqueton, anses en bout et œillets rappellent sa vie antérieure tout en assurant sa solidité. Cerise sur le gâteau : les cabas comme les balluchons, polochons et autres besaces, sont toujours des modèles uniques. On les trouve, entourés d’objets de décoration, de meubles et d’accessoires dans l’atelier-boutique ouvert par Anne Couderc sur le site des chantiers navals à La Ciotat.

© Les Toiles du large

«

« Nothing new, only navigated. » Since 2007, Anne Couderc manufactures her bags and accessories from worn-out boat sails destined for scrap. Her La Ciotat based company, christened « Les Toiles du large » (Sea Canvasses), offers an unhoped for second life for these recycled sails, after a long life aboard pleasure boats and regattas. « Sails take a long time to get wet and they dry quickly », explains Anne Couderc. « In addition, they’re resistant and more importantly, they have a story to tell ». For each sailor who brings her a sail to recycle, she offers a custom-made bag in memory of its crossings. Says Couderc, « The more bags I make, the more the sails flourish ». Authenticity is her main concern. She hightlights the material’s merit without misrepresenting it. It remains labelled, worn, numbered, in white or in its original color. Next, it is transformed into a bag, a deck chair or a table placemat, using traditional and local methods, thanks to supporting work structures. In an effort to main the spirit of solidarity and “made in Provence”, the ample tote bags of Les Toiles du large are elegant and generously fulfill their purpose as beach bags. They are entirely weatherproof – these bags have seen it all! Fearing neither heat nor salt, nor sand,

LES TOILES DU LARGE

46, quai François Mitterand, La Ciotat. 04 88 39 26 96. Cabas de 44 à 120 €.

WWW.

lestoilesdularge.com 24

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nor Monoi oil stains, they are machine washable. The swivel snap hooks, end handles and eyelets recall the sails’ past life while ensuring us of their strength. And the icing on the cake: Each bag – as well as each bundle, pillow case and knapsack – is always a unique model. They can be found, surrounded by decorative items, furniture and other accessories, in Anne Couderc’s workshop-boutique at the La Ciotat shipyards.


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LE MUR

CHAT NOIR, CHAT BLANC

26, RUE PASTORET, 05 JUILLET 2013 Photo : Olivier Levallois

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LE GUIDE

M

UN GUIDE POUR SE PERDRE A GUIDE TO GET YOU LOST

Depuis quatre ans, trois passionnées d’art partagent leurs coups de cœur en montant des expositions, organisant des balades et publiant des livres. Leur dernier projet est une collection d’antiguides, très arty. Over the last four years, these three art enthusiasts have shared their favorite works by setting up exhibitions, organizing walking tours and publishing books. Their latest project is a collection of very arty “anti-guides”. Texte : Marco Jeanson

D

eux Françoise, une Florence. Trois copines qui adorent l’art et adorent se promener, musarder dans la ville au gré des rencontres avec des artistes. Elles viennent de mitonner M, un Arty Guide de Marseille. Ce petit livre se veut un « antiguide », totalement subjectif. Il propose sept balades, « une pour chaque jour de la semaine », à pied, à vélo ou en tram, au gré des coups de cœur glanés par les auteures. Des balades en forme de jeu de piste avec topo, carte et indices, articulées autour d’une rencontre avec un acteur culturel de la ville et ponctuées par une photographie évocatrice. « Une boucle dans le Panier », « La balade de l’eau » ou « Un chassé-croisé très branché »…, c’est selon l’envie du moment. Si ce road book refuse a priori l’exhaustivité, il balise aussi quelques endroits incontournables et permet de s’arrêter en chemin pour se restaurer dans quelques bons restos, fureter dans des galeries d’art, fouiner dans des librairies et dénicher des trouvailles. Les trois copines n’en sont pas à leur coup d’essai puisque ce M découle de leur premier ouvrage, La Planque, 13 ateliers d’artistes, et qu’elles sont à l’origine, avec leur association L’artprendl’air, de la venue de Bernar Venet au Pharo. Elles ne manquent pas non plus de projets, puisque M inaugure une série consacrée à un certain genre de villes. La prochaine édition s’intitulera I, pour… Istanbul, bien sûr. « On n’aime pas les villes trop lisses », précisent-elles. Two of them are named Françoise, one of them Florence. Three friends who love art and love visiting the city’s museums depending on the artists they run into. They’ve just thought up M, an Arty Guide of Marseille. The little book passes for a completely subjective “anti-guide”. It talks about seven different tours, “one for each day of the week”, by foot, bike or tram based on the authors’ favorite spots. There are tours in the form of treasure hunts with sketches, maps and clues, combined with the discovery with one of the city’s cultural players and punctuated with evocative photos. “A Sidetrack to the Panier”, “The Water Tour”, or “A Really Hip Hustle and Bustle”, etc., depending on your fancy. Although this “road book” theoretically refuses to be exhaustive, it also points out a few must-see places and lets you stop along the way to eat in good restaurants, rummage through art galleries, nose through bookshops and discover your own treasures. 28

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The three friends aren’t just starting out with M because it’s based on their first book La Planque, 13 Artist Workshops, and along with their association “L’artprendl’air” are also responsible for bringing Bernar Venet to the Pharo. They have no shortage of projects because M is only the beginning of a series dedicated to a certain kind of city. The next one will be I, which stands for Istanbul, of course. “We don’t care for cities that are too smoothed over,” they specify.

M ARTY GUIDE MARSEILLE

Édité par l’association L’artprendl’air. 14 €.

WWW.

lartprendlair.fr


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LE ROMAN

MARSEILLE’S BURNING

À FEU ET ACCENT MARSEILLE’S BURNING

Pour son quatrième roman, l’auteur et journaliste marseillais, Cédric Fabre, suit ses personnages dans l’ombre d’une capitale culturelle aussi factice que vénéneuse. For his fourth novel, the Marseille author and journalist, Cédric Fabre, pursues his characters in the shadow of a cultural capital that is as artificial as it is poisonous. Texte : Jean-Pierre Vallorani

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n avait laissé Phil les pieds dans l’eau et la tête dans le bleu du ciel à la fin de Dernier rock avant la guerre. On le retrouve quelques années plus tard sur le parking de la Porte d’Aix, participant un peu à contrecœur à la performance artistico-politique de son ami Le Gabian, dont on cherchera en vain, et c’est bien dommage, le nom sur la programmation officielle de MP2013. On l’aimait bien Phil, qui fracassait ses idéaux d’adolescent sur les dures réalités de la vie. Batteur de rock, vendeur de sandwiches, barman cabossé mais toujours debout, il a fini par acquérir le cuir qui va lui permettre de protéger ceux qu’il aime dans la jungle impitoyable qu’est devenue Marseille, ville à double-fond en pleine métamorphose postindustrielle. Mais comme le titre du dernier roman de Cédric Fabre ne l’indique pas, Marseille ne brûle toujours pas, malgré les départs d’incendie fréquents et la poudre accumulée par tant d’années de crise. Alors pourquoi ? Est-ce cet humour absurde qui éclabousse les terrasses, fuse des arrêts de bus et désamorce les explosions ? Est-ce ce sens particulier de l’amitié désintéressée des sans-grades et des traîne-savates qui relativisent les conflits fratricides ? Et si c’était tout simplement l’omniprésence de l’eau, qui baigne généreusement les pieds d’une cité trompeuse, égoïste, sans pitié, où tout ce qui se fait de beau se construit malgré elle. Marseille’s burning nous entraîne dans une valse à quatre temps avec basse et guitares saturées, une virée distanciée, où les femmes sont évidemment sublimes, les hommes évidemment faibles et lâches. Et dont il ne reste que la chaleur de l’amitié et le goût du sel dans la bouche. CÉDRIC FABRE, MARSEILLE’S BURNING

La manufacture de livres. 214 pages. 20,90€. 30

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We had left Phil with his feet in the water and his head in the blue sky at the end of Dernier rock avant la guerre (Last Rock before the War). We find him a few years later, in the parking garage at the Porte d’Aix, as a reluctant participant in the artistico-political performance of his friend, Le Gabien. We search for his name, sadly in vain, in the official program of MP2013. We liked Phil, who shattered our adolescent ideals about life’s hard realities. Rock drummer, sandwich vender, banged-up bartender who always maintained his footing, he ended up developing the hard shell that would allow him to protect those he loved in the ruthless jungle that Marseille had become, a false bottomed city in full post-industrial metamorphosis. But as the title of Cédric Fabre’s latest novel implies, Marseille is not always burning, despite the frequent flare ups and the gunpowder accumulated by so many years of crisis. But why ? Is it this absurd humor that splashes across terraces, that streams from bus stops and defuses explosions ? Is is this particular sense of disinterested friendship of the rank and file and of the slackers who put fratricidal conflicts into perspective ? What if it was just simply the omnipresence of water that generously bathes the feet of a deceptive, selfish, merciless city, where, in spite of itself, so much beauty is found ? Marseille’s Burning dances us through a waltz full of saturated bass and guitars, a wide and distant trip where the women are most evidently sublime and the men are most obviously cowards. And from this, all that remains is the warmth of friendship and the taste of salt.


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L’ARTISTE

Dr GILBERT ET MISTER GARCIN

GILBERT GARCIN

« Je vois les idées comme des soucis, des préoccupations... Dit brutalement, je mets en scène mes emmerdements. »

DOCTOR GILBERT AND MR. GARCIN Né à La Ciotat en 1929, Gilbert Garcin est devenu artiste à l’âge de la retraite. Born in La Ciotat in 1929, Gilbert Garcin became an artist when he reached retirement age. Texte : Marco Jeanson • Photos : Gilbert Garcin

L

e vieux monsieur est fatigué. Bien au frais dans son appartement marseillais, il ne sait pas encore s’il va faire le déplacement à Arles, où il est pourtant à l’honneur cet été. Les Rencontres photographiques, placées cette année sous le signe du « noir et blanc », lui consacrent une rétrospective. Celui que l’on connaît désormais comme Mister G. (pour Gilbert ? Pour Garcin ?) a commencé la photo à sa retraite, il y a un peu plus de vingt ans. Il aurait pu passer au numérique à « mi-carrière », mais il n’y a jamais touché. « La technique photographique ne m’intéresse absolument pas », dit-il simplement. Par contre, à l’heure de Facebook et d’Instagram, cet obsessionnel de l’autoportrait et monomaniaque de l’autopromotion est dans l’air du temps. Mais si Mister G. n’a qu’un seul sujet, lui-même, c’est davantage pour des raisons pratiques que narcissiques. En effet, Gilbert a toujours été disponible pour se faire tirer le portrait par Garcin. Il ne restait plus qu’à imaginer un personnage récurrent, quelque part entre Monsieur Hulot et Alfred Hitchcock, s’armer d’une paire de ciseaux, de bouts de carton et de colle, d’injecter une bonne dose d’humour métaphysique dans tout cela, et le tour était joué. Il n’y a pas d’âge pour devenir artiste. The old man is tired. He is happy in the cool of his apartment in Marseille and doesn’t know yet if he will travel to Arles, where he is being featured there this summer. Photographic Encounters, themed this year on “black and white”, is giving him an retrospective. The man who now goes by Mr. G (which stands for Gilbert, or Garcin?) began photography when he retired a little over twenty years ago. He could have started using digital cameras in the middle of his “career”, but he has never even touched one. “Photographic technique doesn’t interest me at all,” he says simply. However, in the age of Facebook and Instagram, his obsession with self-portraits and self-promotion is quite timely. Even though Mr. G has only one subject, himself, it’s more for practical reasons than narcissistic ones. Indeed, Gilbert has always been available to have his portrait taken by Garcin. He only

Lorsque le vent viendra, Gilbert Garcin, 2007. Courtesy galerie Les filles du calvaire.

had to imagine a recurring character, somewhere between Mr. Hulot and Alfred Hitchcock, pick up a pair of scissors, scraps of cardboard and some glue, add a dash of metaphysical humor, and there he had it! There is no set age to become an artist.

RÉTROSPECTIVE GILBERT GARCIN

Jusqu’au 22 septembre, Atelier de Chaudronnerie, Parc des Ateliers, avenue Victor Hugo, Arles. 04 90 96 76 06. 8 €

WWW.

rencontres-arles.com 8 e art magazine • juillet-août 2013

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LE VILLAGE DE

FRÉDÉRIC NEVCHEHIRLIAN

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Texte : Olivier Levallois • Photos : Marco jeanson

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LE PARC VALMER

« C’est un lieu que les Marseillais connaissent trop peu. Quand j’étais petit, j’y allais, accompagné de mon grand­oncle. Ce parc est mythique pour moi. Tout me semblait immense alors. C’était un terrain de jeu for­ midable, propice à l’imagination. Un peu comme une jungle, avec ses arbres, ses plantes, ses feuillages, tout ça juste au bord de la mer. » “The Marseillais don’t know about this place very much. When I was little, I would go there with my great uncl. This park is legendary for me. Everything seemed so big to me. It was a fantastic playground that stimulated the imagination. A little like a jungle, with its trees, plants, greenery all by the sea.”

> 271 Corniche du Président John F Kennedy, Marseille, 7e.

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Frédéric Nevchehirlian, poète, slameur, musicien, a grandi entre la cité des Olives, Bompard et L’Estaque. « Des quartiers nord aux bords de mer, je me suis toujours senti appartenir à l’ensemble de la ville. Ici, tout se côtoie. C’est ce que je trouve magnifique. » Ce refus des clivages et des étiquettes, on le retrouve dans ses textes comme dans sa musique. Marseille, c’est justement le premier titre de son nouvel album, attendu à l’automne. Entretemps, on pourra voir, fin juillet, le résultat de sa collaboration sur Roméo et Juliette, adapté par la chorégraphe Josette Baiz. Le Marseille de Nevchehirlian est celui, fondateur, de sa jeunesse. Frédéric Nevchehirlian – a poet, slam artist and musician – grew up between the Les Olives, Bompard and L’Estaque housing projects. “The northern neighborhoods near the sea. I’ve always felt as if I belonged to the entire city. Here, everything is next each other. This is what I think is fantastic.” This refusal of division and labels can be found in his texts as well as his music. Marseille is the first track of his new album expected for the upcoming fall. Meanwhile, in late July, we can see the result of his collaboration in Romeo and Juliette, an adaptation of choreography by Josette Baiz. Nevchehirlian’s Marseille is what founded his youth.

ÊTRE UNE VILLE « MARSEILLE PEUT PALPABLE EN RUGUEUSE ET IM AGE EST AUSSI LA PL MÊME TEMPS. C’ T VENU FINIR. » OÙ RIMBAUD ES and city that is tough “Marseille may be the me time. It’s also sa e th impalpable at .” up d de en ud ba beach where Rim


LE VILLAGE DE

FRÉDÉRIC NEVCHEHIRLIAN

LE THÉÂTRE DU GYMNASE

« Alors que je me trouvais sur la scène du théâtre, Dominique Bluzet me déclare que Jacques Brel s’est produit là. Me revient alors un souvenir oublié, et je lui réponds qu’au moment où Jacques Brel se tenait là, mon père, lui, se trouvait dans la salle. Ce qui me touche profondément, c’est d’être sur cette scène où mon père, qui vouait une véritable passion à Brel, l’a vu chanter de nombreuses fois. » “When I found myself on the theatre stage, Dominique Bluzet told me that Jacques Brel was discovered there. I suddenly remembered a lost memory, and I told her that when Jacques Brel was there, my father was in the audience. This touched me deeply, baing on the stage where my father, who had a real passion for Brel, saw him sing many times.”

> 4 Rue du Théâtre Français, Marseille, 1e.

« Ces plages sont un hommage à mes parents qui m’y emmenaient gamin. Les Catalans, c’est la première plage où je suis allé tout seul, parce qu’elle était privée et surveillée. La plage est un élément essen­ tiel de cette ville, car Marseille dessine un immense croissant au bord de l’eau. D’une certaine façon, on peut considérer que la ville est constituée autant d’eau que de terre. C’est ce qui maintient son équi­ libre. » “These beaches are homage to my parents who would bring me here when I was a kid. The Catalans is the first beach where I went alone because it was private and had life guards. The beach is an essential element of this city because Marseille is like an enormous croissant against the water. In a certain way, you could consider that the city is made up of water as much as land. This is what keeps its balance.”

> 4 Rue du Théâtre Français, Marseille, 1e.

LES PLAGES DES CATALANS ET DU PROPHÈTE

LE PARKING DE NOTRE-DAME-DE-LA-GARDE « Aujourd’hui, on n’y a plus accès après 20 heures. Mais autrefois, avec mes copains, on y passait une partie de nos soirées. On n’y faisait rien… mais on était prêt à tout. On discutait, fumait, écoutait de la musique dans les voitures. De là haut, on regardait en direction de l’autoroute qui part vers le nord… qui part vers la France. »

“Today, you can’t get in after 8. But long ago, with my friends, we would spend some of our evenings there. We wouldn’t really do anything… but we were ready for anything. We would chat, smoke, and listen to music in our cars. From up there, you can look toward the highway that goes north… toward France.”

> Rue Fort du Sanctuaire Marseille, 6e.

ROMÉO ET JULIETTE

Les 26 et 27 juillet, 20 h. Grand Théâtre de Provence, 380, Avenue Max Juvenal, Aix-en-Provence. 08 20 13 20 13. 10-20 €

WWW.

festival-aix.com nevche.fr

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LE RESTAURANT

L’ATELIER DE GEORGIANA

CECI N’EST PAS UN RESTAURANT THIS IS NOT A RESTAURANT

Gorgiana enseigne la cuisine, n’écrit pas ses recettes et ne propose pas de carte à ses clients. Depuis 2011, le succès de sa table ne se dément pas. Georgiana teaches cooking, doesn’t write her recipes and doesn’t have a menu for her customers. Since 2011, the success of her table has not waned. Texte et photos : Marco Jeanson

L’ASSIETTE THE PLATE Chez Georgiana, on ne mange que du frais et que du saisonnier, pour des raisons gustatives autant qu’économiques. On notera la récurrence des légumes, de la marinade, du poisson, et un principe : une cuisson lente, très lente… Parmi les succès de la maison : le sorbet framboise-poivron ou le gaspacho tomate-fraise. At Georgiana’s there are only fresh and seasonal products, not only for reasons of taste but for economic reasons as well. One will notice the recurrence of vegetables, of marinades, of fish, and one principle – slow, very slow cooking. Among the great successes of the house: the raspberry bell pepper sorbet and the tomato strawberry gazpacho.

LE CHEF THE CHEF « Comment tu fais ton riz au chou, maman ? » Georgiana Viou appelle régulièrement sa mère à Cotonou pour lui demander conseil. Sa culture culinaire, elle la localise dans ses racines béninoises, chez sa grand-mère et sa mère, où il n’était pas rare de cuisiner pour des centaines de personnes. « Préparer un repas gastronomique pour une dizaine de convives, ça me fait peur, dit-elle. Mais un banquet pour deux cents, tant que c’est ma cuisine, je suis tranquille. » “Mom, how do you make your cabbage rice?” Georgian Viou often 36

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calls her mother in Cotonou for advice. Her culinary culture can be found in her Beninese roots, at her grandmother’s or her mother’s house, where it wasn’t unusual to cook for hundreds of people. “Preparing a gourmet meal for ten guests, now that scares me,” she says. “But a banquet for two hundred, as long as it’s my cooking, then I’m calm.”

LE CADRE THE SETTING L’Atelier n’est pas le lieu idéal pour un dîner aux chandelles en tête-à-tête. Ici, on vient échanger, parler de tout et principalement de cuisine. Tous assis autour de la même table, comme à la maison. The Atelier is not the ideal location for a candlelight dinner tête-àtête. Here, one comes to share, to talk about everything, especially about food. Everyone seated around the same table, just like home.

L’ATELIER DE GEORGIANA

19, rue Saint-Jacques, Marseille, 8e. 09 53 08 39 72. Cours 40-60 €. Carte : 16 €, le midi seulement.

WWW.

georgiana.fr


8 e art magazine โ ข juillet-aoรปt 2013

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« Imaginé en 2009 et testé en 2010 », Hôtel du Nord a tenu sa promesse pour 2013 : proposer cinquante balades aux curieux et aux passionnés d’histoire(s). Cet été, les quartiers nord se visitent à pied et en bateau. « Imagined in 2009 and tested in 2010 », the Hôtel du Nord has kept its promise in 2013, proposing fifty walks and strolls for those curious and passionate about history. This summer, the Northern Quarter is open to visits by foot and by boat. Texte : Emmanuelle Gall

L

’oppidum de Verduron a beau être classé « monument historique » depuis 2004, on y accède librement. Aucun grillage ni périmètre de sécurité ne vient limiter la déambulation. Pour combien de temps encore ? Selon Nathalie Cazals, archéologue de formation qui y anime régulièrement des balades, « la meilleure des pro­ tection, c’est la reconnaissance de la valeur du site. En portant à la connaissance des visiteurs l’histoire et l’importance de l’oppidum, nous contribuons à le protéger. » En sa compagnie, on apprend à lire les ruines de cet ancien village gaulois du IIIe siècle avant notre ère, tout en accédant à une meilleure compréhension du paysage environnant. Depuis le sommet du « Pain de sucre », nom local de la colline de Verduron, on domine la rade de Marseille, de Niolon à Marseilleveyre. Et c’est l’occasion de revenir non seulement sur le mythe fondateur de Marseille et ses –réelles – motivations économiques, mais aussi sur l’histoire des quartiers nord : la construction des hameaux à l’ère industrielle, puis des grands ensembles… Dans leur grande diversité, les balades proposées par la coopérative Hôtel du Nord, relèvent de la même philosophie : valoriser le patrimoine du secteur à travers des balades et des récits conjuguant passé et présent. Où les faits historiques offrent des clés pour comprendre la ville contemporaine et ses enjeux. Le sérieux de la structure 38

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et la qualité de ses prestations n’ont d’ailleurs pas manqué de séduire les organisateurs de MarseilleProvence 2013, qui ont décidé de coproduire les balades cette année. Et tandis que les vacanciers s’agglutinent sur les plages ou se bousculent dans les embouteillages, le programme estival d’Hôtel du Nord offre une alternative plus qu’intéressante, allant de la sortie nocturne à bord d’une goélette, sous le signe de Pythéas et des étoiles, à des marches en compagnie de Christine Breton. La conservatrice honoraire du Patrimoine, qui est aussi l’une des fondatrices d’Hôtel du Nord, a publié une série de « récits d’hospitalité » présentant le secteur sous un angle totalement inédit. L’Oppidium de Verduron may be classed as an “historical monument”, yet there is still is open access. One wanders freely, unimpeded by fences or safety perimeters. But for how much longer? According to Nathalie Cazals, archeologist by training, who regularly leads these hikes, “Recognizing the site’s worth is the best protection. By making visitors aware of the history and the importance of l’Oppidium, we contribute to its protection.” In her company, we learn to read the ruins of this ancien Gaul village dating from the third century B.C, all the while arriving at a better appreciation of the surrounding environment. From the summit of the “Pain de sucre” (Sugarloaf), the local name for this Verduron hill, we overlook the harbour of Marseille, from Niolon to Marseilleveyre.

© D. Poulain - Hôtel du Nord

CAP AU NORD DIRECTION NORTH


LA BALADE

HÔTEL DU NORD

© Hôtel du Nord

+

OÙ DORMIR ?

Chez Michèle, à Mourepiane.

VALORISER LE PATRIMOINE À TRAVERS DES BALADES ET DES RÉCITS CONJUGUANT PASSÉ ET PRÉSENT. And it is the occasion to retrace not only to the founding myth of Marseille and its real economic motiviations, but also the history of the Northern Quarter – the construction of hamlets during its first industrial age, followed by larger developments... In their wide variety, the walks proposed by the cooperative “Hôtel du Nord”, reveal this same philosophy: through hikes and tales, combining the past and present, and thereby enhancing the area’s heritage. Where historical facts are the keys for a better understanding the modern city and its challenges. Moreover, the seriousness of the structure and the quality of these offerings have not failed to seduce the organizers of Marseille-Provence 2013, who have decided to co-produce the hikes this year. And while vacationers clog the beaches or are stuck bumper to bumper in traffic jams, the summer program proposed by Hôtel du Nord offers a much more interesting alternative – from an evening outing abord a schooner under the stars and the sign of Pythéas, to a stroll accompanied by Christine Breton. The honorary Curator of Heritage, who herself is also one of the founders of Hôtel du Nord, has published a series of “hospitality tales”, presenting the area in a totally new light.

HÔTEL DU NORD

La coopérative Hôtel du Nord propose également une trentaine de chambres d’hôtes, de la Belle de Mai à l’Estaque. L’hospitalité étant au cœur de ses préoccupations, elle a créé un réseau atypique, très différents de ses homologues professionnels. La centrale de réservation propose deux rubriques aux internautes : « accueilli chez » ou « accueilli à ». Sur leur page personnelle, les hôtes se présentent : Agnès et Louis, apiculteurs au vallon des Mayans, la pianiste Danièle Ducellier à l’Estaque ou Karine qui s’est installée dans l’ancien bar des Aygalades… La diversité des prestations est grande : de la chambre dans un appartement en ville (à partir de 35 €), à la cabine d’une goélette ou un appartement dans une villa classée (210 €, pour six personnes). Mais le principe reste le même, c’est celui de la chambre d’ami, où l’on retrouve les différents produits et éditions labellisés Hôtel du Nord. The Hôtel du Nord cooperative has about thirty guest rooms available de the Belle de Mai to l’Estaque. Hospitality being at the heart of its concerns, Hôtel du Nord has created an atypical network quite different from its professional counterparts. The reservation center proposes two options to Internet users : « Hosted by someone » and « Hosted at... » . On their personal web pages, the hosts introduce themselves : Agnès and Louis, beekeepers in the « vallon des Mayans », the pianist Danièle Ducellier in l’Estaque or Karine who is settled at an old bar in Ayglades. The range of propositions is wide : from a room in an apartment in the city (starting at 35€), to a cabin in a schooner or an apartment in a classified villa (210€ for six people). But the principle remains the same, that of a guest room, where one can find varied and diverse products bearing the Hôtel du Nord name.

www.hoteldunord.coop/chambre-d-hote-a-marseille/les-chambresd-hote-marseille/

LE PROGRAMME DE L’ÉTÉ 15 juillet : Enquête-jeu à l’oppidum du Verduron avec Nathalie Cazals. 16 juillet : Balade en barquettes traditionnelles de l’Estaque à l’île de l’Erévine avec l’association Boud’mer. 19 juillet : Pythéas sous les étoiles, promenade nocturne à bord d’une goélette avec Goelen. 27 juillet : Urbanisme arlequin, balade avec Nicolas Mémain dans le centre de Marseille. 30 juillet : Balade en mer en barquettes traditionnelles vers le Planier avec l’association Boud’mer. 5 août : Marche avec Christine Breton, à partir de son sixième « récit d’hospitalité », Zone arrière portuaire. 31 août : Balade en barquettes traditionnelles vers le port de Saumaty avec l’association Boud’mer. 2 septembre : Marche avec Christine Breton, à partir de son sixième « récit d’hospitalité », Histoire d’un ruisseau. 6 et 7 septembre : Parade maritime avec Boud’mer et Goelen.

www.hoteldunord.coop/calendrier/programmation-2013 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN

GRAND

TOUR

DE LA

MÉDITERRANÉE QUINZE EXPOSITIONS EN

A GRAND TOUR OF THE MEDITERRANEAN IN 15 EXHIBITIONS Dossier réalisé par

Emmanuelle Gall, Marco Jeanson, Eva Journeaux, Fred Kahn, Olivier Levallois et Jean-Pierre Vallorani

Love Difference-Mar Mediterraneo, 2003-2007, © Michelangelo Pistoletto-CNAP-GalerieofMarseille

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« Il est profondément significatif que les paroles de guérison nous viennent de cette Provence hautaine et tendre, funèbre et déchirante dans ses soirs, jeune comme le monde dans ses matins et qui garde, patiemment, comme tous les pays de la Méditerranée, les fontaines de vie où l’Europe épuisée et honteuse viendra un jour s’abreuver ». Cette prophétie de 1948, inspirée à Albert Camus par la poésie de René Char résonne étrangement aujourd’hui. L’exposition censée célébrer le centenaire du Prix Nobel n’aura pas lieu et la Méditerranée est traversée par de multiples crises. Mais la voix du poète est immortel et l’histoire récente ne fait que confirmer l’extraordinaire richesse culturelle et artistique du berceau de notre civilisation. Les très nombreuses expositions programmées cet été dans le cadre de Marseille-Provence 2013 le confirment : la Méditerranée, qui a fait rêver les voyageurs et les artistes au XIXe, mérite bien aujourd’hui encore un Grand Tour. Et, pour ce voyage initiatique en quinze étapes, les seuls tickets nécessaires seront ceux des musées et galeries de la région. “It is profoundly significant that the healing words that come to us from this lofty and loving Provence, haunting and heartbreaking in its evenings, young like the mornings of the world and who, like all of the countries of the Mediterranean, patiently tends the fountains of life where an exhausted and ashamed Europe will one day come to drink.” This prophecy, inspired by Albert Camus in 1948 from the poetry of René Char, sounds strangely familiar today. The exhibition that was supposed to celebrate the one hundredth birthday of the Nobel Prix winner will not happen and the Mediterranean has been struck by a series of crises. But the poet’s voice remains and recent history only confirms the extraordinary cultural and artistic richness of the cradle of our civilization. The large number of exhibitions planned this summer within the framework of Marseille-Provence 2013 confirms this: The Mediterranean, that has inspired travelers and artists in the 19th century, well deserves today a “Grand Tour”. And, for this voyage of discovery in fifteen steps, the only tickets necessary will be those to the region’s museums and galleries.

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE CIVILISATION

LES

CONTOURS D’UN

POSSIBLE

Propos recueillis par Fred Kahn

Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen ne donne pas à voir une vision idyllique de la Méditerranée. La violence et les conflits ne sont pas occultés. Peut-on parler d’un rêve lucide ? Avec la commissaire associée, Anissa Bouayed, nous n’avons pas du tout cherché à nous inscrire dans un discours irénique et lénifiant. Le noir et le bleu construisent une polarité. En Méditerranée, comme ailleurs, l’ombre et la lumière, la civilisation et la barbarie sont indissociables. Ce rêve méditerranéen est composé de douze moments. À quoi correspond un tel découpage temporel ? Ce projet est le fruit d’une bonne vingtaine d’années de recherches, de réflexions et de publications. Le parcours, que j’espère singulier, suit le fil du temps, depuis le XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, sans être pour autant prisonnier d’un ordre chronologique. Ces douze moments résultent d’un choix parmi bien d’autres configurations possibles. Autre parti pris évident : la volonté de mettre en regard les deux rives de la Méditerranée et de ne pas uniquement focaliser sur un point de vue européen. L’écriture de l’exposition repose en effet sur le principe du miroir renversé. Par exemple, dans la section intitulée « Conquête et civilisation », nous renversons les cartes mentales. Les conquêtes de l’Égypte et de l’Algérie sont aussi présentées à partir des regards égyptiens et algériens. Nous ne sommes pas face à une exposition d’art ou d’histoire, mais, plutôt dans une forme d’entre-deux. Des œuvres majeures côtoient des documents d’archives. Comment avez-vous opéré la sélection ? Nous avons envisagé cette proposition comme une invita42

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MONDE

COMMUN

THE OUTLINE OF A POSSIBLE COMMON WORLD ©Agnès Mellon

Commissaire de l’exposition Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen, Thierry Fabre est également le responsable du développement culturel et des relations internationales du MuCEM. Un lieu qu’il envisage comme une passerelle entre les cultures, entre lucidité et espoir de changement, entre le noir et le bleu.

Thierry Fabre is the commissioner of the exhibit Le Noir et le Bleu – Un rêve méditerranéen (Black and Blue – a Mediterranean Dream), and is also responsible for cultural development and international relations at MuCEM. This is a place he hopes will become a link between cultures, between lucidity and the hope for change, between black and blue. Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen does not give an idyllic view of the Mediterranean. Violence and conflict are not masked. Is this possibly a lucid dream? With Anissa Bouayed, the associate commissioner, we didn’t try at all to take part in a soothing, smoothed-over discourse. Black and blue are a polarity. In the Mediterranean, like elsewhere, shadow and light, civilization and barbarianism are inseparable. This Mediterranean dream is made up of twelve moments. Why did you split up the time like this? This project is the result of a good twenty years of research,


Henry Léopold Levy, Bonaparte à la grande mosquée du Caire. Musée des Beaux-Arts de Mulhouse - Collection Société Industrielle de Mulhouse

© Christian Kempf.

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Gustave Le Gray, Ciel chargé, Méditerranée, 1857. Collections du MuCEM, dépôt au musée des Beaux-Arts de Troyes

© Gustave Le Gray.

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tion au voyage dans les imaginaires et les représentations de la Méditerranée. Ainsi, des manuscrits, des revues, affiches et journaux, des images d’archives, des films documentaires et de fiction sont associés à des peintures de Goya, Miro, Picasso, Masson, Tàpies, de Staël. Le public pourra également découvrir des sculptures de Maillol, de Thorvaldsen, grande figure de la statuaire du XIXe siècle, de Julio Gonzàlez qui fut l’un des meilleurs amis de Picasso. Nous exposons aussi un buste tout à fait vertigineux de Mussolini réalisé par Renato Bertelli... Et l’une des dernières œuvres présentées renoue avec l’utopie d’un possible monde commun : la table en miroir de la Méditerranée réalisée par Michelangelo Pistoletto.

reflection and publications. The process, which I hope is unique, follows time from the 18th century to today, yet is not a prisoner of any chronological order. These twelve moments are the result of a choice between many other possible configurations.

Ce possible monde commun correspond-il au message politique de cette exposition inaugurale et plus généralement au message qu’entend faire passer le MuCEM ? Ce projet est politique, mais pas au sens institutionnel du terme. Nous sommes certes un musée national, mais, en tant qu’établissement public de l’État, nous bénéficions d’une autonomie de programmation très grande. Il me semble que, pour définir ce lieu, la métaphore de la passerelle fonctionne bien. Une passerelle relie les deux sites du musée qui sont de

We don’t see an exhibit of art or history, but rather a halfway point. Major works are presented next to archive documents. How did you make your selection? We imagined this proposition as an invitation to travel into the imaginations and representation of the Mediterranean. Manuscripts, journals, posters and newspapers, archive images, documentary and fictional films are associated to painting by Goya, Miro, Picasso, Masson, Tàpies and De Staël. The audience can also find scuptures by Maillol and Thorvaldsen, a big name in 19th century statue work,

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Another obvious commitment: the desire to showcase both sides of the Mediterranean and not focus exclusively on a European perspective. Writing on the exhibit is indeed based on the principle of a reversed mirror. For example, in the section entitled “Conquest and Civilization” we reverse the mental map. The conquest of Egypt and Algeria are also presented from Egyptian and Algerian points of view.


UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE

CIVILISATION

« NOUS TENTONS DE RELIER LES CULTURES ENTRE ELLES. SANS ÊTRE DANS UN FAUX CONSENSUS, NOUS CHERCHONS À SURMONTER LES DÉCHIRURES, LES PEURS ET LES REPLIS. »

factures très différentes : un monument historique, le fort Saint-Jean, et un bâtiment contemporain conçu par l’architecte Rudy Ricciotti. De la même manière, nous tentons de relier les cultures entre elles. Sans être dans un faux consensus, nous cherchons à surmonter les déchirures, les peurs et les replis. Bien sûr, nous devons regarder lucidement l’histoire et l’actualité. Nous sommes conscients du chaos méditerranéen actuel, mais, comme le montre le dernier moment de l’exposition, les peuples à Tunis, au Caire, à Madrid, à Tripoli, à Athènes, ont aussi su tirer « une salve d’avenir » pour changer le cours de l’histoire. Cette « obstination à rêver » dont parle l’écrivain Wajdi Mouawad permet de ne pas consentir au pire. Vous êtes également responsable de la programmation artistique du MuCEM. Cette dimension vivante est assez surprenante dans un musée ? C’est l’une des singularités de ce musée des civilisations du XXIe siècle. Nous créons une véritable cité culturelle avec une programmation très dense. Elle a été construite autour de trois grandes thématiques : le temps de la parole, le temps des images et le temps des spectacles. Depuis l’inauguration, Les Intensités de l’été proposent des apéros-concerts, du cinéma en plein air, des rencontres... Ce premier cycle estival se conclura par une série de propositions artistiques sur les sons de la vie quotidienne de Marseille. L’occasion d’entendre une création du compositeur Erdem Helvacioglu, mais aussi d’ouvrir le MuCEM au hip-hop, une musique dont la singularité est, par ailleurs, un peu trop sous-estimée. Et dès septembre, une programmation quotidienne rythmera les semaines du musée avec une offre artistique et culturelle très diversifiée.

LE NOIR ET LE BLEU. UN RÊVE MÉDITERRANÉEN

Jusqu’au 7 janvier 2014, MuCEM, 1, esplanade du J4, Marseille, 2e. 04 84 35 13 13. 5-8 €.

WWW.

Julio Gonzàlez, who was one of Picasso’s best friends. We are also exhibiting a truly dizzying bust of Mussolini made by Renato Bertelli. And one of the latest works presented makes a link between utopia and a possible common world: the mirror table of the Mediterranean by Michelangelo Pistoletto. Does this possible common word correspond to the political message of the inaugural exhibit, and more generally to the message that the MuCEM wants to convey? This project is political, but not in the institutional meaning of the word. We are indeed a national museum, but as a public state institution, we enjoy great autonomy in programming. It seems to me that in order to define this place, the metaphor of the bridge fits very well. A bridge links two sites of the museum with very different purposes: a historical monument, the Fort Saint-Jean, and a contemporary building designed by the architect Rudy Rocciotti. In the same way, we are trying to link cultures. Without claiming to have consensus, we are trying to overcome rupture, fear and withdrawal. Of course, we have to look at history and current events lucidly. We are well aware of the current chaos in the Mediterranean, but as the final moment of the exhibit shows, the people of Tunis, Cairo, Madrid, Tripoli and Athens also know how to cause a “blast for the future” to change the course of history. This “stubbornness to dream” mentioned by the writer Wajdi Mouawad lets us not consent to the worst of things. You are also in charge of artistic programming at the MuCEM. This lively aspect is rather surprising in a museum. This is what’s special about this museum of 21st century civilization. We are creating a real cultural edifice with a very dense program. It was built on three main themes: the time of speech, the time of images and the time of showmanship. Since its inauguration, The Intensities of Summer offer concert events, outdoor cinema, meetings, etc. This first summer cycle will end with a series of artistic propositions about the sounds of daily life in Marseille. The opportunity to hear a creation by the composer Erdem Helvacioglu, but also to open the MuCEM to hip hop, a musical genre whose uniqueness is still a little underappreciated. And starting in September, there will be daily programs that will feature a very diverse artistic and cultural offering for Museum Week.

mucem.org 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE CIVILISATION

Pierre et Gilles, Les Mariés, 1992 © Pierre et Gilles

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HOMMES/FEMMES (NOUVEAUX)

MODES D’EMPLOI MEN/WOMEN : A (NEW) USERS’ MANUAL

Peut-on mesurer l’évolution des sociétés méditerranéennes à l’aune des relations hommes-femmes et des bouleversements des identités sexuelles ? C’est la question posée par l’une des expositions inaugurales du MuCEM. Can we measure the evolution of Mediterranean society in the light of male-female relations and the upheaval of gender identities ? This is the question asked by one of the inaugural exhibitions at the MuCEM. Texte : Olivier Levallois

«

S’il existe une spécificité méditerranéenne sur ces questions d’identité sexuelle, elle est à rattacher à l’importance des sentiments de honte et d’honneur existants dans les familles. » Pour étayer son propos, Denis Chevallier, le commissaire de l’exposition, a réuni sur 500 m2 des pièces de provenance très diverses. Inspirée, comme son titre l’indique, par l’ordonnancement du bazar, l’exposition propose un capharnaüm d’objets, œuvres et documents sociaux, domestiques, politiques, culturels, technologiques… Au-delà d’une apparente confusion, le parcours s’articule autour de cinq sections, comme autant de degrés de progression des mentalités : l’identité sociale de la femme redéfinie par le droit à la contraception ; les luttes des féministes et des homosexuels pour l’égalité (et leurs multiples formes d’oppressions et de ségrégations) ; l’affirmation des différences identitaires ; la transformation des modes de rencontres via les nouvelles technologies ; l’autodétermination sexuelle. En écho à l’approche ethnologique portée par les documents présentés, on trouve aussi de nombreuses œuvres d’art. Elles sont signées, entre autres, Louise Bourgeois, Hassan Hajajj, Nibar Gürec, Michèle Sylvander, Niki de Saint Phalle, ou encore Nan Goldin… À chaque instant, l’humour (Les Mariés de Pierre et Gilles, La Torera à la cocote minute de Pilar Albarracin) et le prosaïque (les affiches des plannings familiaux) se mêlent au sérieux, voire à la gravité (Les Condamnés de Philippe Castetbon). On peut trouver les étapes présentées un peu schématiques et la démonstration de l’auto-détermination sexuelle comme accomplissement identitaire discutable. Reste qu’à l’heure où ces questions d’identité citoyenne et sexuelle agitent le débat public, traduisant l’enjeu sociétal d’une lutte entre tradition et modernité, cette exposition ouvre des perspectives de réflexion bienvenues.

« If there exists a specific Mediterranean nature concerning the question of gender identity, it is related to the importance of feelings of shame and honor that exist within families ». To support his argument, Denis Chevallier, the exhibition’s commissioner, has gathered – over 500 m² – works of widely diverse origins. Inspired, as the title suggests, by an ordering of the bazaar, the exhibition proposes a hodgepodge of objects, works, and social, domestic, political, cultural and technological documents. Beyond this seemng confusion, the exhibition tour is based around five sections, like the development of so many degrees of mentality : the social identity of women redefined by the right to contraception ; the feminist and homosexual struggles for equality (and its multiple forms of oppression and segregation) ; the affirmation of differences in identity ; the transformation of the methods of meeting via new technologies ; and sexual self-determination. Responding to the ethnological perspective brought by the documents presented, we equally find numerous works of art. They signed by, among others, Louise Bourgeois, Hassan Hajajj, Nibar Gürec, Michèle Sylvander, Niki de Saint Phalle or Nan Goldin. At each moment, humor (Pierre et Gille’s Les Mariés, Pilar Albarracin’s La Torera) and mundane (family planning posters) mix with the serious, even the solemn (Phlippe Castetbon’s Les Condamnés). One may find the steps presented as rather diagrammatic and the demonstration of sexual self-determination as a debatable acheivement of identity. For the time being, these questions of citizen and sexual identity stir the political debate. Reflecting the societal struggle between tradition and modernity, this exhibition opens the horizon on a most welcomed reflection.

AU BAZAR DU GENRE, FÉMININ-MASCULIN EN MÉDITERRANÉE

Jusqu’ au 6 janvier 2014. MuCEM, 1 esplanade du J4, Marseille, 2e. 04 84 35 13 13. 5-8 €.

WWW.

mucem.org 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE CIVILISATION

QUEL

AVENIR

L’HOMO

POUR

MEDITERRANEUS

?

WHAT FUTURE FOR THE HOMO MEDITERRANEUS ?

La Villa Méditerranée a ouvert ses portes, une semaine après son voisin, le MuCEM. Née de la volonté de Michel Vauzelle, le président de la région PACA, elle a été conçue comme « une plateforme d’échanges », aux multiples activités. Le parcours 2031 en Méditerranée, nos Futurs ! donne la parole aux Méditerranéens de demain. Texte & photos : Jean-Pierre Vallorani

«

Mur blanc, peuple muet ». Les câbles électriques courent au plafond, comme sur les murs d’une ruelle méditerranéenne. S’y accrochent des mots et slogans inscrits sur des feuilles volantes, quelques croquis et le son de voix juvéniles, gaies, insolentes ou rageuses. Le bleu profond de la peinture inonde les murs blancs : Benoît Bonnemaison-Fitte s’est fait « dessinateur public » pour traduire, en images, les mots et représentations de jeunes Méditerranéens. 2031 en Méditerranée, nos Futurs ! est le fruit d’ateliers animés par Régis Sauder en Turquie, au Liban, en Tunisie et en France. Pendant plus de deux ans, le réalisateur de Nous, Princesses de Clèves (2011), déjà élaboré sur le principe d’ateliers participatifs, a donné la parole aux adolescents : « Le cliché qu’on répète facilement, nous sommes tous frères, n’est pas vrai ! Dans ce temps où l’ex­ ception culturelle est menacée, où la jeunesse est désespérée, mon positionnement est politique, nous avons voulu dire aux jeunes : ce lieu vous appartient. » Régis Sauder et son équipe refusent le rouleau compresseur de l’image journalistique sans mémoire et s’attachent à faire émerger une poésie porteuse d’espoir et d’action. Dans l’exposition, divisée en quatre espaces, les portraits filmés ou peints à même les murs renvoient aux révolutions en cours. Les images projetées sont porteuses de réflexions sur l’identité, l’environnement, le pouvoir... Le temps passé lors des ateliers avec les jeunes participants pour élaborer un discours à la fois artistique et politique s’est cristallisé en une superbe construction, qui doit beaucoup à l’intervention fluide et puissante de Benoît Bonnemaison-Fitte. 48

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« DANS CE TEMPS OÙ L’EXCEPTION CULTURELLE EST MENACÉE, OÙ LA JEUNESSE EST DÉSESPÉRÉE, MON POSITIONNEMENT EST POLITIQUE. NOUS AVONS VOULU DIRE AUX JEUNES : CE LIEU VOUS APPARTIENT. »

The Villa Méditerranée has opened its doors, a week after its neighbor, the MuCEM. Emerging from the determination of Michel Vauzelle, president of the PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) region, it has been conceived as a « plateform of exchange », of extensive activities. The itinerary « The Mediterranean in 2031, our Futures! » allows tomorrow’s Mediterraneans to express themselves. « White wall, silent people ». Much like on the walls of a Mediterranean alley, electonic cables run the length of the ceiling. Words and written slogans hang like so many floating leaves, amid sketches and sounds of voices young and cheerful, insolent and angry. The deep blue of the paint radiates from the white walls. Benoît Bon-


De jeunes Turcs, Libanais, Tunisiens et Français prennent la parole.

nemaison-Fitte has designated himself « public draughtsman » in order to translate, into images, the words and representations of young Mediterraneans. « The Mediterranean in 2031, our Futures! » is the result several workshops led – in Turkey, Lebanon,Tunisia and France – by Régis Sauder. Having already developped the concept of collective workshops, the director of « Us, Princesses of Clèves » (2011) lets teenagers express themselves. « The cliché that we so easily repeat – that we are all brothers – just isn’t true! » exclaims Sauder. « At a time when cultural exception is threatened, when youth is without hope, my positioning is political. We wanted to say to young people : This place belongs to you. » Régis Sauder and his team reject the steamroller that is the journalistic image without memory, and instead seek to awaken a poetry of hope and action. Divided into four spaces, the exhibit’s filmed and painted portaits are projected directly on to the walls and re-

fer to the current and ongoing revolutions. The projected images are bearers of reflections on identity, the environment and power. Working to develop a discourse that is at once artistic and political, the time spent with the young participants in these workshops has crystallized in a beautiful construction, one which owes much to the powerful and seamless intervention of Benoît Bonnemaison-Fitte.

2031 EN MÉDITERRANÉE, NOS FUTURS !

Jusqu’au 27 septembre. Villa Méditerranée, Esplanade du J4, Marseille, 2e. 04 95 09 44 00. 7-5€.

WWW.

villa-mediterranee.org 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE BEAUX-ARTS

LES

MUSES

GRECQUES DE Le musée départemental Arles antique accueille une exposition audacieuse, juxtaposant les sculptures de Rodin aux chefs-d’œuvre de l’Antiquité qui n’ont cessé de l’inspirer. La démonstration est lumineuse...

RODIN RODIN’S GREEK MUSES

Texte : Jean-Pierre Vallorani

Exposition Rodin, la lumière de l’antique © Service communication Ville d’Arles, Patrick Mercier. 50

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Auguste Rodin, Main gauche tenant un pan de manteau, marbre, Musée Rodin, Paris © Musée Rodin.

«

Venez me voir demain matin à Meudon, nous parle­ rons de Phidias et de Michel-Ange, et je modèlerai de­ vant vous des statuettes d’après les principes de l’un et de l’autre. Vous saisirez ainsi parfaitement les différences es­ sentielles des deux inspirations... » L’écho de cette invitation, lancée en 1910 par Rodin à Paul Gsell, résonne aujourd’hui entre les murs du musée arlésien, à l’occasion d’une exposition qui entend recréer l’esprit de son atelier. Par passion de collectionneur autant que dans un désir de respecta-

DANS SON ATELIER, RODIN DISPOSAIT, CÔTE À CÔTE, LES ŒUVRES SUR LESQUELLES IL TRAVAILLAIT ET LES SCULPTURES ANTIQUES QU’IL ALLAIT CHERCHER JUSQU’EN ITALIE OU EN ANGLETERRE.

bilité, le sculpteur y disposait, côte à côte, les œuvres sur lesquelles il travaillait et les sculptures antiques qu’il allait chercher jusqu’en Italie ou en Angleterre. En confrontant notamment la Venus d’Arles prêtée par le Louvre et La Voix intérieure, Rodin, la lumière de l’Antique permet de lire clairement l’influence des maîtres grecs. Y apparaît également, à chaque coup d’œil, l’épanouissement de l’art de Rodin : du Penseur à La Centauresse, en passant par L’Homme qui marche, L’Homme au nez cassé ou Minerve sans casque. Dans les trois espaces scénographiés, cent trente-deux antiques dialoguent avec autant d’œuvres de Rodin, grâce à l’apport d’une trentaine de prêteurs privés et publics, dont le British Museum ou le musée Rodin à Paris, qui coproduit l’exposition et en proposera sa version l’année prochaine. Grâce à une collaboration fertile entre le musée parisien et l’Atelier de conservation et de restauration du musée arlésien, une soixantaine de sculptures de Rodin et sa collection ont pu bénéficier d’une restauration.

The departmental museum Arles Antique houses a daring exhibition, juxtaposing Rodin’s sculptures with masterpieces of Antiquity that inspire us continuously. The demonstration is bright… “Come see me tomorrow in Meudon, we’ll talk about Phidias and Michelangelo, and I’ll model statuettes for you made according to the principles of both of them. You’ll then fully understand the essential differences between the two inspirations…” The echo of this invitation in 1910 by Rodin to Paul Gsell resounds today off the walls of the museum in Arles during an exhibition that hopes to recreate the spirit of his workshop. Through the passion of a collector as well as a desire for respectability, the sculptor would lay out works he had worked on side by side and the ancient sculptures he retrieved from Italy and England. By confronting namely the Venus of Arles, on loan from the Louvre and The Inside Voice, Rodin, Light of Antiquity clearly shows the influence of the Greek masters. At every glance, you can also see the flourishing of Rodin’s art: from The Thinker to The Huntress, from The Walking Man, The Man with the Broken Nose and Minerva without Helmet. In three designed spaces, 132 antiquities dialog with as many of Rodin’s works, thanks to the contribution of some 30 private and public lenders, including the British Museum and the Rodin Museum in Paris, who are coproducing the exhibition and will offer their own versions next year. Thanks to a fruitful collaboration between the Parisian museum and Conservation and Restoration Workshop of the museum in Arles, some 60 Rodin sculptures and his collection were able to be restored.

RODIN, LA LUMIÈRE DE L’ANTIQUE

Jusqu’ au 1er septembre. Musée départemental Arles antique, Presqu’île du Cirque Romain, Arles. 04 13 31 15 25. 5-8€.

WWW.

arles-antique.cg13.fr 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE BEAUX-ARTS

COMMENT LE

MIDI DEVENU EST

MODERNE

HOW THE SOUTH OF FRANCE BECAME MODERN

Avec près de deux cents œuvres des XIXe et XXe siècles, exposées au musée Granet et au Palais Longchamp, rénové pour l’occasion, Le Grand Atelier du Midi s’annonce comme l’exposition phare de Marseille-Provence 2013. On y (re)découvre le rôle de la région, et plus généralement de la Méditerranée, dans l’invention de l’art moderne. Rappel des faits… Texte : Emmanuelle Gall

L

a modernité de l’art ne se mesure pas seulement à l’actualité de ses sujets. Pour comprendre comment le Midi de la France est devenu une terre d’élection pour l’avant-garde artistique au début du XXe siècle, il faut faire un effort d’imagination. Fermer les yeux et se représenter le littoral, depuis longtemps bétonné et livré aux touristes, comme un rivage sauvage, émaillé de petits ports de pêche. Et un arrière-pays tout aussi pittoresque, avec son agriculture artisanale et ses villages perchés. Grâce au développement du chemin de fer, les Parisiens de l’époque sont chaque année plus nombreux à découvrir le climat et les paysages méditerranéens. Parmi eux, des peintres fuyant la capitale, son rythme de vie infernal et les paysages industriels qui fascinent pourtant certains de leurs collègues. Entre 1880 et 1960, parmi les artistes dits modernes, nombreux feront des séjours plus ou moins longs, sur un territoire qui s’étend du Languedoc à la frontière italienne. Les plus grands, Bonnard, Matisse et Picasso, finiront même leurs jours sur la Côte d’Azur. Au-delà de la douceur de vivre, tous sont venus chercher dans le Midi l’inspiration et la lumière, sur les traces de deux maîtres : van Gogh et Cézanne.

L’ÉTERNEL DÉBAT DE LA COULEUR…

« Qu’une nouvelle école coloriste prendra racine dans le Midi, j’y crois, voyant de plus en plus que ceux du nord se fondent plutôt sur l’habileté de la brosse et l’effet dit pittoresque que sur le désir d’exprimer quelque chose par la couleur même. » Rendons à van Gogh ce qui lui appartient. « L’Atelier du Midi », c’était son rêve. Lassé de la vie parisienne, le peintre 52

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With nearly two hundred works from the 19th and 20th centuries exhibited at the Musée Granet and Palais Longchamp, which have been renovated for the occasion, Le Grand Atelier du Midi is set to become the flagship exhibition of Marseille-Provence 2013. You can (re)discover the region’s role, and more generally the Mediterranean’s role in the invention of modern art. Let’s go over the facts… The modernity of art is not only measured by the modernity of its subjects. To understand how the South of France became the chosen land for the artistic avant-garde in the early 20th century, you’ll need to stretch your imagination a bit. Close your eyes and imagine the seaside, which has long been plastered in concrete and given up to the tourists, as a wild shore, peppered with little fishing ports. And a hinterland that is just as picturesque with old-fashioned farming and quaint villages. With the development of the railway, Parisians of the era came in ever increasing numbers to discover the Mediterranean climate and countryside. Among them, many painters fled the capital city with its infernal pace of life and the industrial landscapes that still fascinated some of their colleagues. Between 1880 and 1960, among the so-called modern artists, many of them would take longer and longer holidays in a territory stretching from Languedoc to the Italian border. The greatest of them, Bonnard, Matisse and Picasso would even finish out their lives on the French Riviera. Beyond the sweet life, all of them came to the South to seek inspiration and light, all on the same path of two masters: Van Gogh and Cézanne.


Vincent Van Gogh, L’Arlésienne, Madame Ginoux, huile sur toile, 91 x 73 cm, Paris, Musée d’Orsay.

© Rmn - Grand Palais (Musée d’Orsay) / Gérard Blot.

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Claude Monet, Vue de Bordighera, 1884, huile sur toile, 33 x 40.7 cm, Los Angeles, The Armand Hammer Foundation, Hammer Museum, © Hammer Museum, Los Angeles

projette de se rendre à Marseille, la patrie de Monticelli. Il s’arrête à Arles, qu’il découvre sous la neige, en février 1888. La région le fascine et lui semble un nouveau Japon. Chevalet à la main, il arpente la nature, alors située à deux pas de la ville, et produit sans relâche. Dans ses lettres, van Gogh évoque régulièrement son intention de créer une colonie d’artistes dans la région. Gauguin vient le rejoindre et lui ouvre de nouveaux horizons. Mais rapidement, les hommes se disputent et le projet avorte. Van Gogh mourra en 1890, loin du Midi, avant d’avoir pu vérifier le caractère prophétique de son intuition. L’inventeur de « la haute note jaune » fera pourtant, rapidement et pour longtemps, de nombreux émules chez les peintres. En 1901, l’exposition que lui consacre la galerie Bernheim-Jeune à Paris est une révélation pour les futurs « fauves » : Matisse, Derain et Vlaminck. Ils y découvrent l’usage en peinture de la couleur pure, comme son expressivité : une révolution picturale, contemporaine de celle de la forme. … ET DU MOTIF

À la même époque que van Gogh et dans une indifférence tout aussi grande, Cézanne peint inlassablement la SainteVictoire. Né à Aix-en-Provence, il est familier de la lumière et la couleur locale. Sa quête est ailleurs, c’est celle du motif. 54

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AU-DELÀ DE LA DOUCEUR DE VIVRE, TOUS SONT VENUS CHERCHER DANS LE MIDI L’INSPIRATION ET LA LUMIÈRE, SUR LES TRACES DE VAN GOGH ET CÉZANNE. The eternal debate of color… “I believe that a new school of color will take root in the South, given that more and more of those from the North are focused more on skill with the brush and the so-called picturesque effect rather than the desire to express something through color itself.” Let us give Van Gogh what belongs to him. “L’Atelier du Midi” was his dream. Deluded with life in Paris, the painter planned on going to Marseille, the hometown of Monticelli. He stopped in Arles, which he found blanketed in snow in February 1888. The region fascinated him and seemed to him like a new Japan. With his easel in tow, he crisscrossed the wild countryside, which was then just outside the city, and relentlessly painted. In his letters, Van Gogh regularly mentioned his intention to create an artist’s colony in the region. Gauguin joined him and opened up new horizons to him. Yet quickly, the men


UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE

BEAUX-ARTS

Amedeo Modigliani, Le Petit Paysan, vers 1918, huile sur toile, 100 x 65 cm, Londres, Tate, don de Melle Jenny Blaker en mémoire de Hugh Blaker, 1941.

© Tate, Londres, 2012.

started arguing and the project was abandoned. Van Gough would die in 1890, far from the South, before he could see how prophetic his intuition would be. The inventor of the “high yellow note” would quickly and sustainably be emulated by painters. In 1901, the exhibit dedicated to him at the Galerie Bernheim-Jeune in Paris was a revelation for the future “fauves”: Matisse, Derain and Vlaminck. They discovered the use of pure color in painting as its expressiveness: a pictorial revolution, at the same time as the revolution of form. … and of motif At the same as Van Gogh, and in just as high indifference, Cézanne relentlessly painted Sainte-Victory. He was born in Aix-en-Pro-

vence and was familiar with the local light and color. His mission was elsewhere: that of motif. “Everything is nature is modeled on the sphere, the cone and the cylinder. You must learn to paint these simple figures to be able to do whatever you want,” he wrote in 1904 to Émile Bernard. Cézanne was exhibited in Paris in 1895 so unlike Van Gogh, he would have had the time to discuss with the new generation of painters and transmit his discoveries to them. But he would die before seeing the first “cubist” works painted in L’Estaque by Dufy, Braque and Derain. Considering that “color threw him in”, Derain would move away from the heritage of Van Gogh and follow the school of Cézanne, with slightly exaggerated radicalness. For most of his contemporaries, especially Matisse and Picasso, there 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE

BEAUX-ARTS

Paul Cézanne, Sept baigneurs, 1900, huile sur toile, 38 x 46 cm, Riehen/Bâle, Fondation Beyeler, © Fondation Beyeler, Riehen/Basel / Photo: Christian Baueur, Basel.

« Tout dans la nature se modèle selon la sphère, le cône, le cylindre. Il faut s’apprendre à peindre sur ces figures simples, on pourra ensuite faire tout ce que l’on voudra », écrit-il, en 1904, à Émile Bernard. Exposé à Paris dès 1895, Cézanne aura eu le temps, contrairement à van Gogh, d’échanger avec la nouvelle génération de peintres et de lui transmettre ses découvertes. Mais il mourra avant de voir les premières toiles « cubistes » peintes à l’Estaque par Dufy, Braque et Derain. Considérant que « la couleur [l’]a foutu dedans », ce dernier se détourne d’ailleurs de l’héritage de van Gogh pour suivre les cézaniens, avec une radicalité un peu caricaturale. Car, pour la plupart de ses contemporains, et notamment Matisse et Picasso, il est moins question de choisir entre les maîtres que de poursuivre leurs recherches et de trouver une résolution à l’éternel débat entre la couleur et la forme. Et, en la matière, le dernier mot revient à Cézanne : « Le dessin et la couleur ne sont pas distincts ; au fur et à me­ sure que l’on peint on dessine ; plus la couleur s’harmonise, plus le dessin se précise. Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude ». 56

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was less a question of choosing from among the masters than of carrying on their research and to find resolution to the eternal debate between color and form. And in this matter, the final work came from Cézanne: “Design and color are not distinct; the more you paint, the more you design; the more color harmonizes, the more the design takes shape. When color reaches richness, the form becomes full.”

LE GRAND ATELIER DU MIDI,

jusqu’au 13 octobre.

DE CÉZANNE À MATISSE, AU MUSÉE GRANET,

Place Saint Jean de Malte, Aix-en-Provence. 04 42 52 88 32. 9-11 €.

DE VAN GOGH À BONNARD, AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS,

Palais Lonchamp, boulevard Montricher, Marseille, 4e. 04 91 14 59 18. 9-11 €.

WWW.

grandatelierdumidi.com


Raoul Dufy, Les Barques aux Martigues, 1908 © Musée Ziem, Martigues.

DUFY, DE MARTIGUES À L’ESTAQUE Associée au Grand Atelier du Midi, comme Picasso céramiste et la Méditerranée à Aubagne (voir page suivante), l’exposition consacrée à Raoul Dufy par le musée Ziem revient sur les prémices méridionales de l’art moderne. En 1903, la découverte de Martigues par le peintre d’origine normande va constituer un tournant dans sa carrière et le point de départ d’une quête stylistique qui s’achèvera dans les années vingt. Entretemps, il séjourne régulièrement dans la région, et notamment à l’Estaque. Dans un souci de réhabilitation de Dufy, souvent qualifié de « suiveur », parce qu’il a été tour à tour postimpressionniste, fauve et cubiste, les commissaires de l’exposition ont retracé son parcours, en compagnie de Derain, Vlaminck ou Braque, puis du couturier Paul Poiret. Influencé par Matisse, Gauguin puis Cézanne, Dufy a progressivement muri sa « touche », dont la devise pourrait être « légèreté, expressivité et liberté ». The exhibit is associated with the Great Workshop of the South, like Picasso the Ceramist and The Mediterranean in Aubagne (see next page), and is dedicated to Raoul Dufy by the Musée Ziem, referring to the early southern signs of modern art. In 1903, the discovery of Martigues by the painter from Normandy would be a turning point in his career and the starting point for a stylistic quest that would be achieved in the twenties. Meanwhile, he would regularly stay in the region, especially in L’Estanque. In an effort to rehabilitate Dufy, who is often qualified as a “follower” because he was successively a postimpressionist, fauvist and cubist, the commissioners of the exhibit followed his path, along with Derain, Vlaminck and Braque, then the couturier Paul Poiret. Dufy was influenced by Matisse, Gauguin and Cézanne, and he gradually developed his “touch”, whose motto could be “lightness, expressiveness and liberty”.

Jusqu’au 13 octobre. Musée Ziem, boulevard du 14 juillet, Martigues. 04 42 41 39 60. 5-8 €. www.ville-martigues.fr

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE BEAUX-ARTS

PICASSO, RETOUR TERRE LE

À LA

PICASSO RETURNS TO THE LAND

La Chapelle des Pénitents noirs d’Aubagne crée l’événement avec l’exposition Picasso céramiste et la Méditerranée. Pour la plupart inédites et issues de collections particulières, les cent cinquante œuvres présentées attestent de la relation profonde de l’artiste avec l’univers méditerranéen qui fut aussi celui de son enfance. Texte : Olivier Levallois

L

’histoire est connue. C’est en visitant la foire des potiers de Vallauris en 1946, que Picasso, âgé de soixante-cinq ans, rencontre Suzanne et Georges Ramié, propriétaires d’une fabrique de céramique, l’atelier Madoura. Par jeu, il façonne sur leur stand trois petites figurines en terre qu’il retrouvera l’année suivante, cuites par le couple de potiers. Il décide alors de se consacrer à cette technique et s’installe dès l’année suivante à Vallauris, où il demeure jusqu’en 1955. Le premier geste du Picasso céramiste consiste à détourner la totalité de la production d’ustensiles domestiques sortant des fours de l’atelier Madoura. Des poêlons à châtaigne, des pignates, des plats à viande, des plats espagnols, des vases, des tomettes, des assiettes Louis XV… deviennent, une fois passés entre ses mains, des têtes d’hommes ou de femmes, des figures de faunes, des hiboux, des danseuses… En abordant la céramique, Picasso renoue avec la Méditerranée de son enfance, sa sensualité, ses traditions et ses mythologies. Par le matériau tout d’abord : Malaga, sa ville natale est un important centre potier hispano-mauresque. Par les sujets représentés, inspirés de ses origines espagnoles et de la civilisation antique : les vases remodelés en Tanagra grecque, les figures de faunes, les motifs de Bacchanale, les scènes de tauromachie, les symboles de soleil. Même quand les sujets se font plus intimes, le style reste foncièrement antique (le portrait de profil de Jacqueline sur une assiette, ou celui de Françoise sur une gazelle de four). Cette Antiquité réinventée par l’artiste se révèle aussi dans le trait des dessins, souvent simple et épais, enfantin, ainsi que par la palette

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The Chapel of Black Penitants (La Chapelle des Pénitents noirs) in Aubagne holds the event with the exhibit Picasso the Ceramist and the Mediterranean. These 150 works, mostly newly-exhibited from private collections, show the deep relationship the artist had with the Mediterranean world, which was also the world of his childhood. The story is well-known. While visiting the potters’ fair in Vallauris in 1946, Picasso, aged 65, met Suzanne and Georges Ramié, owners of a ceramics factory, the Madoura Workshop. He playfully sculpted three small figurines at their stand out of clay, which he found the following year fired by the couple of potters. He then decided to devote himself to the technique and set up the following year in Vallauris, where he lived until 1955. Picasso the ceramist’s first action was to use the entire production of the household utensils produced by the kilns of the Madoura Workshop. Chestnut roasting pans, jugs, meat dishes, Spanish dishes, vases, floor tiles, Louis XV plates, etc. which would become, through his handiwork, heads of men and women, figures or animals, owls, dancers, etc. By working in ceramics, Picasso returned to the Mediterranean of his childhood, its sensuality, its traditions and mythology. Through the material first of all: Malaga, his birth city, is an important center of Hispano-Moorish pottery. Through the subject he represented, inspired by his Spanish origins and ancient civilization: the vases remodeled into Greek Tanagras, the figures of animals, the Bacchanalian patterns, the bullfighting scenes and the symbols of the sun. Even when the subjects were more


Pablo Picasso, Vase aux danseuses ou Bacchanale, 24 juillet 1950. Grand vase à col évasé (empreinte originale), terre cuite rouge, gravée et peinte à l’engobe ocre (H. 70 ; L. 32 ; Pr. 32 ; D. 16 cm), pièce unique, collection particulière.

© Succession Picasso 2013. Photo : Maurice Aeschimann

Pablo Picasso, Tête d’homme, 12 août 1950. Poêlon à châtaignes, terre cuite rouge chamottée tournée, peinte aux engobes, intérieur sous alquifoux (H.32,5 ; L.7,5 ; D. 22 cm), pièce unique, collection particulière.

© Succession Picasso 2013. Photo : Maurice Aeschimann

Pablo Picasso, Tanagra blanche, 1948. Terre cuite blanche, tournée et modelée, éléments appliqués, décor peint à l’engobe noir sur fond blanc mat (H. 47 ; L. 11 ; D. base 9 cm (FP), pièce unique, collection particulière. © Succession Picasso 2013

© Maurice Aeschimann

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE

BEAUX-ARTS

Pablo Picasso, Têtes de faunes, hommes barbus et soleils, 9 avril 1957. Plat espagnol, terre cuite brune tournée peinte et incisée, sur fond engobe (D. 43 ; Ep. 6 cm), pièce unique, collection particulière.

© Succession Picasso 2013. Photo : Maurice Aeschimann

EN ABORDANT LA CÉRAMIQUE, PICASSO RENOUE AVEC LA MÉDITERRANÉE DE SON ENFANCE, SA SENSUALITÉ, SES TRADITIONS ET SES MYTHOLOGIES.

restreinte. Les motifs en aplat sont prédominants, soutenus par des couleurs sobres comme anciennes, souvent unies, des ocres, des blancs solaires, le brun-rouge de la terre cuite, des noirs profonds, et quelques couleurs, rarement vives, des bleus, des verts, des jaunes passés. Ce dialogue entre l’expression intime de l’artiste, la familiarité des formes des poteries, la simplicité apparente de l’exécution et la référence antique, donne un immédiat sentiment de familiarité avec les œuvres exposées. C’est le paradoxe magique de Picasso, de réussir à créer des formes évidentes, tout en rénovant fondamentalement les principes et les techniques. Avec sa liberté créative unique, il peint, sculpte, grave, plie et cuit la terre, comme nul céramiste avant lui, trouvant là une pratique propre à recevoir pleinement les divers aspects de son talent et de sa vitalité artistique. Il produit ainsi près de 4500 pièces en vingt ans. Toutes témoignent de l’accomplissement de son génie d’homme mûr, confirmant avec majesté son propre aveu : « On met longtemps à devenir jeune ». 60

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personal, the style was still fundamentally ancient (the portrait of Jacqueline on a plate or the portrait of Françoise on a baking dish). This Antiquity reinvented by the artist is revealed also in the stroke of his designs which are often simple and thick, childlike, as well as through the restrained palette. Tinted patterns are predominant, supported by dark, “ancient” colors that are often unified, ochers, sunny whites, brownish-red of the terracotta, deep blacks and a few, rare bright colors such as blue, green and light yellow. This dialog between the artist’s personal expression, the familiarity with the shape of pottery, the apparent simplicity of execution and the reference to antiquity immediately gives a feeling of familiarity with the exhibited works. This is the magical paradox of Picasso; managing to create obvious shames while fundamentally renovating principles and techniques. With his unique creative freedom, he panted, sculpted, carved, kneaded and fired the clay like no other ceramist before him, finding his own practice suitable to receive the various aspects of his talent and his artistic vitality. He would then produce 4500 pieces in twenty years. All of them are a testimony to the accomplishment of the old man’s genius, majestically confirming his own admission: “We take a long time to become young”.

PICASSO CÉRAMISTE ET LA MÉDITERRANÉE

Jusqu’au 13 octobre 2013. Chapelle des Pénitents Noirs, Les Aires Saint-Michel, 13 400, Aubagne. 04 42 18 17 26. 6-8 €.

WWW.

aubagne.fr


8 e art magazine โ ข juillet-aoรปt 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE ART CONTEMPORAIN

MARSEILLE

ACCUEILLE AUSSI LES

ARTISTES MARSEILLE ALSO WELCOMES ARTISTS

Cet été, le MAC présente l’une des expositions les plus ambitieuses de son histoire. Dans le musée et dans la ville, Le Pont réunit les œuvres de cent quarante-cinq artistes internationaux autour du thème des migrations. Et Marseille y joue un rôle capital. Texte : Emmanuelle Gall

M

arseille, ville ouverte, terre d’accueil ou étape sur le chemin de la liberté… Le refrain est connu et ne date pas d’hier. Ce qu’on sait moins, c’est que parmi les hommes et les femmes en transit dans la ville, il y a toujours eu des artistes – et de plus en plus nombreux. Selon Thierry Ollat, conservateur du MAC et commissaire du Pont, « Marseille, où la vie est peu chère et où l’on trouve faci­ lement des espaces abordables, offre des conditions d’instal­ lation favorables, pour les jeunes artistes comme pour leurs ainés désirant s’off rir un temps de pause ou de réflexion. » Et depuis les années soixante-dix, avec la création des ateliers de résidence pour artistes et le développement du Fonds communal d’art contemporain (Fcac), la ville a vu naître une scène artistique structurée, alimentée par la présence de l’École des Beaux-arts. Observateurs et témoins privilégiés, les artistes de passage à Marseille n’ont cessé de puiser leur inspiration dans le spectacle de la diversité, ses résonances historiques et sociales. « Porte de service de l’Europe, chargeant et déchargeant son commerce avec l’Orient et l’Afrique, port préféré des matelots en bordée sans permission, infestée de toute racaille des pays méditerranéens […], cette ville semblait proclamer au monde entier que la chose la plus merveilleuse de la vie moderne était le bordel. » Il y a près d’un siècle, le Jamaïcain Claude McKay posait ses valises à Marseille, le temps d’y écrire Banjo : un roman culte, bien qu’encore méconnu, publié en

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OBSERVATEURS ET TÉMOINS PRIVILÉGIÉS, LES ARTISTES DE PASSAGE À MARSEILLE N’ONT CESSÉ DE PUISER LEUR INSPIRATION DANS LE SPECTACLE DE LA DIVERSITÉ, SES RÉSONANCES HISTORIQUES ET SOCIALES.


Karim Kal, Climat de France, 2006, tirage jet d’encre contrecollé sur dibond, 120 x 85 cm. © Karim Kal

This summer, the MAC is presenting one of the most ambitious exhibits in its history. In the museum and in the city, Le Pont features works by 145 international artists based on the theme of migration. And Marseille will play a capital role in it. Marseille: an open city, a land of welcome or a step on the path to freedom… This is a well-known song and isn’t anything new. What is less known is that among the men and women who have travelled through the city, there have always been artists – and there are more and more of them. According to Thierry Ollat, curator of the MAC and commissioner of Le Pont, “Marseille where living isn’t expensive and where you can always find affordable spaces offers favorable conditions for installations to young as well as established artists who want to take time for pause or reflection.” And since the seventies, with the creation of residence workshops for artists and the development of the Communal Fund for Contemporary Art

(Fcac), the city has seen the rise of a structured artistic scene nourished by the presence of the School of Fine Arts. Artists who pass through Marseille are privileged observers and witnesses, and have always found inspiration in the vision of diversity and its historical and social resonance. “This city is a gateway to Europe, loading and unloading its trade with the Orient and Africa, a port prized by sailors on unauthorized shore leave, infested with all the riffraff from all the Mediterranean countries […], this city seems to proclaim to the whole world that the most wonderful thing about modern life is its messiness.” Nearly one century ago, the Jamaican Claude McKay made a quick stop in Marseille, where he wrote Banjo: a cult novel, still very much unknown, published in 1929. In the same year, Lazlo Moholy-Nagy, who was a professor at Bauhaus at the time, came to Marseille to film the car ferry bridge. He was interested in the constructivist perspectives given by the modernity of the work, but also in the daily life in Vieux-Port and its passers-by. In 1998, when the Swiss Beat Streuli (assigned by the National Center of Fine Arts) landed in Mar8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE

ART CONTEMPORAIN

Beat Streuli, Marseille 98, Centre National des Arts Plastiques, ministère de la Culture et de la Communication.

© Beat Streuli

1929. La même année, Lazlo Moholy-Nagy, alors professeur au Bauhaus, vient à Marseille filmer le pont transbordeur. Il s’intéresse aux perspectives constructivistes offertes par la modernité de l’ouvrage, mais aussi à la vie quotidienne sur le Vieux-Port et à ses passants. En 1998, quand le Suisse Beat Streuli (missionné par le Centre national des arts plastiques) débarque à Marseille, lui aussi choisit de pointer son téléobjectif sur la population marseillaise et capture une mosaïque d’individus semblant venir du monde entier. Entretemps, Marseille a été aux premières loges de la décolonisation et ses conséquences, elle a accueilli quasi simultanément les pieds noirs et les Maghrébins répondant à l’appel des entreprises françaises. Les trente glorieuses s’y sont épuisées plus vite qu’ailleurs. Les cités des quartiers nord, providentielles en leur temps, sont devenues des ghettos. Parmi les jeunes artistes qui viennent aujourd’hui travailler à Marseille, nombreux sont ceux qui explorent ce nouveau visage de la ville, où apparaît avec plus d’intensité qu’ailleurs l’échec des utopies modernistes. Karim Kal, Matthieu Pernot, Valérie Jouve… font partie de ces « éclaireurs » qui, selon Thierry Ollat, « révèlent les enjeux du monde d’au­ jourd’hui » et « reflètent le caractère universel de l’expérience méditerranéenne ». 64

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seille, he also chose to shoot scenes of the Marseille population and to capture a mosaic of individuals who seemed to come from all over the world. Meanwhile, Marseille was in prime position during decolonization and its consequences, welcoming simultaneously the Pied Noirs and North Africans coming to work for their French companies. The Post-War Boom was over here more quickly than elsewhere. The housing projects in the northern outskirts, although heaven-sent in their era, became ghettos. Among the young artists who come today to work in Marseille, many of them explore the city’s new face, where the failure of modernist utopias failed earlier than elsewhere. Karim Kal, Matthieu Pernot, Valérie Jouve, etc. are among these “enlighteners” who, according to Thierry Ollat, “reveal the risks of today’s world” and “reflect the universal character of the Mediterranean experience.”

LE PONT

Jusqu’au 20 octobre, MAC, 69, avenue d’Haïfa, Marseille, 8e. 04 91 25 01 07. 4-8 €.

WWW.

lepontlexpo.com


Zined Sedira, Lighthouse in the Sea of Time , 2011.

Courtesy de l’artiste et la galerie Kamel Mennour, Paris.

ZINEB SEDIRA AU MUSÉUM

ZINEB SEDIRA AT THE MUSEUM Révélée au public marseillais par une exposition au MAC en 2010, sa première rétrospective en France, Zineb Sedira est l’une des invitées du Pont (hors les murs). Au Muséum d’histoire naturelle, l’artiste présente un projet de 2011, intitulé Lighthouse in the Sea of Time (Phare dans la mer du temps). Poursuivant son exploration de l’histoire francoalgérienne, la « gardienne de mémoire » a posé sa caméra dans deux phares, au cap Sigli et au cap Caxine. Dans ces constructions coloniales, hommes et objets témoignent du passage de l’Algérie française à l’indépendance. Cette fois encore, l’artiste explore l’histoire récente dans toute sa complexité, sans jugement et en donnant la parole aux hommes du commun. Elle joue le rôle de courroie de transmission et contribue par son œuvre au nécessaire travail de mémoire. D’ailleurs MarseilleProvence 2013 lui offre, à juste tire, une place d’honneur : déjà présente dans l’exposition Ici, ailleurs à La Friche et associée au programme des Ateliers de l’EuroMéditerranée, elle bénéficiera d’une exposition personnelle au J1 en novembre. Revealed to Marsille through an exhibit at the MAC in 2010, her first retrospective in France, Zineb Sedira is one of the guests of Le Pont (outside the walls). At the Museum of Natural History, the artist presented a project in 2011 entitled Lighthouse in the Sea of Time. The “guardian of memory” pursued her exploration of Franco-Algerian history and set up a camera in the two lighthouses at Cap Sigli and Cap Caxine. In these colonial constructions, men and objects are witness to the passing of French Algeria to independence. Once again, the artist explores recent history in all its complexity, without judgment and letting the common man speak. She plays the role of a conduit and takes part, through her work, in the required work of memory. Moreover, Marseille-Provence 2013 has rightly given her a place of honor: already present in the exhibit Here, Elsewhere, at La Friche and associated with the workshops at the EuroMediterranean, she will have her own exhibit at the J1 in November.

Jusqu’au 20 octobre, Palais Longchamp, aile droite, Marseille, 4e. 04 91 14 59 50. 3-5 €. www. museum-marseille.fr

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Giuseppe Penone, Idee di pietra (Idées de pierre). © Luca Stoppini

« LA FORÊT ÉTAIT MON TERRAIN DE JEU, ELLE EST DEVENUE MON LABORATOIRE ET MON ATELIER ». 66

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE ART CONTEMPORAIN

L’

HOMME

QUI SCULPTAIT

DES

ARBRES Le plus méditerranéen des courants d’art contemporain, l’Arte Povera, est né en Italie, à la fin des années soixante. Cet été, la chapelle du Méjean et le Château de Versailles rendent simultanément hommage à l’un de ses chefs de file, Giuseppe Penone, un fou de nature. Texte : Emmanuelle Gall

U

n homme enlaçant un arbre. L’une des premières œuvres connues de Giuseppe Penone, en 1968, était une action : dessiner le contour de son corps sur un tronc, au moyen d’un fil de fer. Dix ans plus tard, il est retourné photographier l’arbre dont la croissance avait amplifié la trace de ce premier contact. Le théâtre de cette œuvre emblématique de Penone, c’est la forêt de son enfance, près de Garessio, dans le Piémont. Né en 1947, dans une famille d’agriculteurs, l’artiste a choisi de puiser dans ses racines les matériaux et la philosophie de son art : « La forêt était mon terrain de jeu, elle est devenue mon laboratoire et mon atelier ». L’arbre est son totem : il dialogue avec lui, dans un « rapport d’égalité », refusant la posture occidentale de l’artiste démiurge. Il s’identifie à la nature, en mime les processus (croissance, métamorphose, érosion…) et s’inscrit dans sa temporalité, aspirant à « avoir le temps d’un arbre, de la pierre, du fleuve, du son, de la lumière, de l’escargot, de l’insecte, la stabilité, l’éternelle durée d’une fleur pour un papillon ». Chaque dessin, photographie ou sculpture de Giuseppe Penone traduit ce désir d’être au monde à travers un contact sensoriel et intime avec la nature. Si cette philosophie n’étonne plus vraiment aujourd’hui, il faut la resituer dans le contexte de l’Italie des années soixantedix pour mieux en cerner le caractère subversif. Tandis que leurs contemporains s’adonnaient pleinement aux joies de la société de consommation, certains artistes ont choisi de s’en détourner et de revendiquer un « art pauvre ». Autrement dit, un art qui prenait ses distances avec les industries culturelles et le marché, notamment en se tournant vers des matériaux simples : bois, terre, toile de jute… Ce n’est pas non plus le hasard si l’Arte Povera est né en Italie, un pays au patrimoine artistique aussi riche et sophistiqué. Quelle pierre ajouter à un tel l’édifice ? Penone a choisi la pierre plutôt que l’édifice.

THE MAN WHO SCUPTED TREES

The most Mediterranean of contemporary art trends, Arte Povera was started in Italy in the late sixties. This summer, the Méjean Chapel and the Château de Versailles are simultaneously honoring one of its greatest leaders, Giuseppe Penone, a man who is mad about nature. A man hugging a tree. One of his Giuseppe Penone’s first known works in 1968 started with an action: tracing the outline of his body against a trunk using a wire. Ten years later, he came back to photograph the tree whose growth had intensified the outline of this first contact. The setting of Penone’s first emblematic work is the forest of his childhood, near Garessio in Piedmont. The artist was born in 1947 to a family of farmers, and chose to go back to his roots for the material and the philosophy of his art: “The forest was my playground , so it became my laboratory and my workshop.” The tree is his totem: he speaks with it in on “equal footing”, refusing the western position of an artistic demiurge. He identifies with nature, mimicking its processes (growth, metamorphosis, erosion, etc.) and finding himself in its temporality, striving to “have the time of a tree, a stone, a river, sound, light, a snail, an insect, stability, the eternal duration of a flower to a butterfly.” Every drawing, photograph and sculpture by Giuseppe Penone shows this desire to be part of the world through sensory and intimate contact with nature. Even though this philosophy is nothing shocking today, you need to look back to the context of Italy in the seventies to better find its subversive nature. Whereas their contemporaries gave themselves over entirely to the pleasures of consumers’ society, some artists have chosen to move away from it and to stand for “poor art”. In other words, art that takes distance from cultural industries and the marketplace, especially by turning toward simple materials: wood, earth, burlap canvas, etc. It is not accident that Arte Povera came from Italy, a country with such a rich and sophisticated artistic heritage. Which stone should be used for such a building? Penone has chosen the stone rather than the building.

GIUSEPPE PENONE, ALFABETO

Jusqu’au 22 septembre. Chapelle du Méjean, Place Nina Berberova, Arles. 04 90 49 56 78. 5 €.

WWW.

lemejean.com 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE ART CONTEMPORAIN

LA

PASSION

ARTISTIQUE SELON

LACROIX

ARTISTIC PASSION ACCORDING TO LACROIX Le Centre des Monuments Nationaux a confié les clés de l’abbaye de Montmajour au couturier Christian Lacroix. Familier des lieux depuis son enfance arlésienne, il y fait dialoguer architecture religieuse et art contemporain, sacré et profane. Texte : Eva Journeaux • Photos : Jean-Pierre Vallorani

A

rtiste complet, Christian Lacroix est un commissaire et scénographe d’exposition hors pair. Le musée Réattu, passé entre ses mains en 2008, s’en souvient encore, comme les visiteurs qui ont afflué à l’époque. Après le grand prieuré, il investit donc l’abbaye de son enfance, tour à tour « terrain de jeux et d’escapades, de rendez­ vous d’amour et de travail, lieu de culture et de méditation », pour en faire son île aux trésors. Il a ainsi choisi de réunir des pièces majeures de la collection du CIRVA (Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques) de Marseille et des œuvres d’art contemporain. L’ensemble est enrichi de quelques-unes de ses propres créations et d’une sélection de vêtements et d’objets liturgiques issus du musée de la Visitation de Moulins. Du réfectoire au cloître, en passant par l’église, le monastère ou la tour, on déambule dans l’ensemble abbatial à la découverte d’objets de design, de peintures, photographies ou installations. Christian Lacroix joue avec l’architecture, sa lumière naturelle et changeante, pour raconter histoires et souvenirs autour des œuvres choisies. Un dispositif d’autant plus efficace lorsqu’il s’applique aux verres creusés de Bob Wilson, nichés dans les chapelles de la crypte. Le contrejour des meurtrières révèle avec précision la translucidité et le grain de la matière. Dans

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LACROIX ASSEMBLE, HABILLE, OPPOSE LA MASSIVITÉ DU BÂTIMENT ET LA FRAGILITÉ DU VERRE, LA BLANCHEUR DE LA PIERRE ET LES COULEURS CHATOYANTES DE LA MATIÈRE. le cloître, une inquiétante procession de prélats masqués porte les costumes créés pour Aïda à l’opéra de Cologne, en écho aux soieries des chasubles du XVIIIe pendues dans la sacristie. La sobriété architecturale du réfectoire tranche avec les verres ludiques et colorés d’Ettore Sottsass ou les appétissants loukoums roses en pâte de verre de Paul-Armand Gette. En grand couturier, Lacroix assemble, habille, oppose la massivité du bâtiment et la fragilité du verre, la blancheur de la pierre et les couleurs chatoyantes de la matière. Dans une mise en scène extrêmement soignée, il organise un défilé d’œuvres d’aujourd’hui sur fond de la bâtisse millénaire.


Des oeuvres issues des collections du CIRVA côtoient les crations du couturier.

The Center for National Monuments has given the keys of Montmajour Abbey to the fashion designer Christian Lacroix. He has been familiar with the place since his childhood in Arles, and he combines religious architecture and contemporary art; the sacred and the profane. Christian Lacroix is a full artist, an unequalled commissioner and exhibit scenographer. The Réaltu Museum was entrusted to him in 2008, and still shows it, as seen by visitors who flooded in at the time. After the great priory, he then turned the abbey of his childhood in turn into a “playground and a place to escape, for a romantic getway and one of work, a place of culture and one of meditation,” to make it his own island of treasure. He chose to gather major works from the collection of the CIRVA (International Center for Research on Glass and Fine Arts) of Marseille and works of contemporary art. The ensemble is enriched with some of his own creations and a selection of clothing and religious items from the Museum of Visitation in Moulins. From the refectory to the cloister, including the church, the monastery and the tower, you can wander through the whole abbey discovering objects of design, paintings, photographs and installations. Christian Lacroix plays with the architecture and its natural, changeable light to tell stories and memories about the selected works. The system is even more effective

when it is applied to the sculpted glass by Bob Wilson nestled in the chapels of the crypt. The backlight through the loopholes precisely highlights the translucency and the grain of the material. In the cloister, a creepy procession of masked prelates wear costumes designed for Aïda at the Opera of Cologne, echoed in the silks of the 18th century tunics hanging in the sacristy. The architectural sobriety of the refectory clashes with the playful and colorful glass works by Ettore Sottsass and the tasty-looking pink glass Turkish delights by Paul-Armand Gette. As a great fashion designer, Lacroix has assembled, outfitted and opposed the massiveness of the building with the fragility of glass and the whiteness of the stone and the playful colors of the material. In an extremely carefullymade setting, he has organized a parade of today’s works against the backdrop of a thousand-year-old structure.

MON ÎLE DE MONTMAJOUR

Du 5 mai au 3 novembre. Abbaye de Montmajour, route de Fontvieille, Arles, 04 90 54 86 40. 4,50-7,50 €

WWW.

montmajour.monuments-nationaux.fr 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE ART CONTEMPORAIN

2013,

UNE ODYSSÉE EN

CAMARGUE

2013, A CAMARGUE ODYSSEY

Le domaine départemental du château d’Avignon accueille une cinquantaine d’œuvres d’art contemporain. Disséminées dans le parc, la bâtisse et ses dépendances, elles invitent à « l’égarement » physique, historique et mental. Texte : Olivier Levallois

Martine Feipel et Jean Bechameil, Many Dreams, technique mixte, dimensions variables. Courtesy galerie Gouvernnec Ogor, Marseille.

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Rainer Gross, Open Ends, lattes bois laquées, production du Domaine départemental du Château d’Avignon, 2013.

© Rainer Gross

«

De monumentales lettres de bois sculptées formant le mot « Errer », érigées dans une prairie ; des meubles du XVIIIe siècle en suspension dans le grand salon du château ; une robe cousue dans une tapisserie inachevée qui émerge de la pénombre d’un lavoir en pierre ; un radeau calciné, échoué dans une salle des machines ; une profonde cicatrice d’origine inconnue éraflant le sol… Ce sont là quelques-unes des visions offertes par l’exposition Égarements. Ces rêves éveillés provoqués par les peintures, installations, dessins, photographies, œuvres sonores et films réunis là, sont le fait d’une quarantaine d’artistes. Inscrite dans l’ambitieux projet Ulysse, initié par

ON CIRCULE SANS MODE D’EMPLOI, POUR MIEUX RÉALISER CE QUI FAIT L’ATTRAIT DE L’ÉGAREMENT : LA DÉCOUVERTE, LA RENCONTRE.

le FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’exposition trouve au château d’Avignon un cadre idéal. Situé à la limite occidentale du delta du Rhône, entre mer et terre, et né entre deux siècles, le XIXe et le XXe, le site partage avec le héros, son caractère limitrophe. Autre corrélation avec le mythe homérique : c’est un micro-univers utopique, une sorte d’île composée de différents espaces juxtaposés. D’une œuvre à l’autre, on explore ainsi librement le lieu, de la cour au château, de la prairie au sous-bois, des bassins aux dépendances. On circule sans mode d’emploi, pour mieux réaliser ce qui fait l’attrait de l’égarement : la découverte, la rencontre. Avec l’architecture unique du domaine et ses machineries à la Jules Vernes, comme avec ces œuvres dont la présence se révèle toujours à nous de manière inattendue. Quelques heures plus tard, de retour, non pas à Ithaque, mais plus trivialement dans sa voiture, on comprend que l’égarement, loin d’être une perdition, mène vers de nouvelles façons d’appréhender le réel.

The regional domain of the Château d’Avignon welcomes some fifty contemporary artworks. Scattered throughout the park, the edifice and its outbuildings, they invite us on a physical, historical and mental “wandering”. Erected in a field, monumental sculpted wooden letters form the word “Roam”; 18th century furniture suspended in the spacious salon of the château; a dress sewn into an unfinished tapestry that emerges from the darkness of a wash house; a charred curtain abandoned in an engine room; a deep scar of unknown origin etched on the floor. These are a few of the images put forth in the exhibition “Wanderings”. These waking dreams – triggered by the paintings, installations, drawings, photographs, sound works and films gathered here – are the result of some forty artists. As part of the ambitious “Ulysses” project, initiated by the FRAC ProvenceAlpes-Côte d’Azur, the exhibition finds the perfect setting at the Château d’Avignon. Situated at the western limit of the Rhône delta, between earth and sea and born between two centuries – the 19th and 20th – the site, like the hero, shares borders as an element of their character. Another correlation with the Homeric myth is a utopian micro-universe, a sort of island composed of different juxtaposed spaces. As such, from one artwork to another, we freely explore the place, from the courtyard to the château, from the field to the meadow to the undergrowth, from the ponds to the outbuildings. We move about without a users’ manual, in order to better comprehend the appeal of wandering: the discovery and the encounter. With the domain’s unique architecture and its machinery straight out of Jules Verne, it is the same as with these artworks. Their presence continues to unveil itself to us in an unexpected manner. Returning several hours later, not to Ithica, but more trivially in our car, we understand that wandering, not far from perdition, leads us to new insight of the real.

ÉGAREMENTS

Jusqu’au 20 octobre. Domaine du château d’Avignon, route départementale 570, Les-Saintes-Maries-de-la-mer. 04 13 31 94 54. 2-4 €.

WWW.

chateaudavignon.fr 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE ART CONTEMPORAIN

YAZID À LA

OULAB,

CROISÉE DES

CULTURES

YAZID OULAB, AT THE CROSSROADS OF CULTURE Pour sa première exposition personnelle dans une institution française, Yazid Oulab installe au FRAC un ensemble de dessins, objets, vidéos et sculptures. L’occasion pour un large public de découvrir cet artiste né en Algérie en 1958 et installé à Marseille. Texte : Jean-Pierre Vallorani

P

lanté au cœur d’un quartier en pleine rénovation, le nouveau FRAC (Fonds Régional d’Art Contemporain) consacre sa deuxième exposition à un artiste au parcours original, détaché des mouvements et des effets de mode qui traversent l’art contemporain. Revendiquant le double héritage d’un père ouvrier et d’une mère intellectuelle, Yazid Oulab s’est constitué au fil des années un langage très personnel, à partir d’outils, d’objets ou de gestes directement issus du monde du travail et de l’artisanat. Avec une grande culture, nourrie de ses origines méditerranéennes, il réinterprète des éléments de sa propre expérience en les épurant jusqu’à l’extrême, jusqu’au mystère. Son utilisation du clou – dessiné, tordu, compressé dans la matière du papier, démultiplié, aimanté, sculpté dans du verre, du graphite ou de l’inox, minuscule ou monumental – ouvre à elle seule une multitude d’interrogations sur la fragilité, la résistance et l’oppression, la trace... Yazid Oulab utilise le fil de fer barbelé pour dessiner des figures poétiques, ou même écrire littéralement sur le mur le poème de Rimbaud : Ouvriers. À l’étage, on découvre une série de dessins, à la précision mathématique, de nuages d’électrons tracés à l’aide d’une pointe de graphite montée sur une perceuse électrique... En opposition, au centre de l’espace, un petit Mausolée d’inox poli impose sa perfection quasi inhumaine. Au moyen d’une grande diversité de supports et de formats et avec une exigence extrême, Yazid Oulab construit une œuvre sincère et subtile, ancrée dans l’histoire de l’humanité.

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REVENDIQUANT LE DOUBLE HÉRITAGE D’UN PÈRE OUVRIER ET D’UNE MÈRE INTELLECTUELLE, YAZID OULAB S’EST CONSTITUÉ UN LANGAGE TRÈS PERSONNEL.


Yazid Oulab, Mains, 2009, fil de fer barbelé, 110 x 200 cm environ. Collection privée.

For his first personal exhibition in a French institution, Yazid Oulab, installs an collection of drawings, objects, videos and sculptures at the FRAC. This is the opportunity for a greater public to discover this artist, born in Algeria in 1958 and settled in Marseille. Planted in the heart of a neighborhood in full renovation, the new FRAC (Region Fund of Contemporary Art) consecrates its second exhibition to an artist with a novel journey, far from the fashionable movements and effects of contemporary art. Claiming the duel parentage of a working class father and an intellectual mother, Yazid Oulab has, over the years, developed a very personal language, stemming from tools, object and gestures drawn directly from the world of work and craftsmanship. With a wide sense of culture, informed by his Mediterranean roots, he reinterprets aspects of his own experience, purifying them to the extreme, to the point of mystery. His use of nails – outlined, twisted, compressed into paper, multiplied, magnetized, sculpted in glass, in graphite or in stainless steel, miniscule and monumental – opens the way to a host of ques-

tions about fragility, resistance, oppression and memory. Yazid Oulab uses barbed wire to delineate poetic figures, or even to literally write a Rimbaud poem, Ouvrier (Workers), on the wall. On the next floor, we find a series of mathematically precise drawings of an electron cloud drawn using a graphite bit attached to an electric drill. In contrast, at the center of the room, a small, polished steel Mausoleum imposes its nearly inhuman perfection. Drawing from a wide variety of materials and formats and with stringent demands, Yazid Oulab constructs a work that is sincere and subtle, and rooted in the history of humanity.

YAZID OULAB

Jusqu’au 1er septembre. Frac, 20 boulevard de Dunkerque, Marseille, 2e. 04 91 90 30 47. 2,5-5 €.

WWW.

fracpaca.org 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE PHOTOGRAPHIE

PHOTOGÉNIQUE, LA

MÉDITERRANÉE

IS THE MEDITERRANEAN PHOTOGENIC?

?

Présenté comme « l’espace d’art et d’essai » du MuCEM, la salle GeorgesHenri Rivière consacre les six premiers mois de son existence à la photographie en Méditerranée. Une odyssée, en quatre épisodes, qui commence par une exposition collective. Texte : Marco Jeanson

Stéphane Couturier, Climat de France, 2011. © Stéphane Couturier 74

8 e art magazine • juillet-août 2013


Patrick Tosani, Portrait double, 2002, 79 x100 cm, photographie couleur c-print

© Patrick Tosani_ADAGP Paris 2013

a photographie a enfin trouvé un lieu officiel pour s’exposer à Marseille. Situé au beau milieu du fort Saint-Jean, il s’agit de la salle GHR : comme GeorgesHenri Rivière, le fondateur du Musée National des Arts et Traditions Populaires (dont est issue une bonne partie de la collection du MuCEM). Jusqu’en janvier 2014, les clés du bâtiment ont été confiées à François Cheval, le directeur du musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône, un haut lieu national de la photographie. Pour inaugurer les lieux, il s’est intéressé aux Choses de ce côté du monde, avec une proposition en forme de question : « Comment représenter les contradictions, les oppositions, mais aussi les lignes de force qui ont créé cet espace géographique si unique

L

« COMMENT REPRÉSENTER LES CONTRADICTIONS, LES OPPOSITIONS, MAIS AUSSI LES LIGNES DE FORCE QUI ONT CRÉÉ CET ESPACE GÉOGRAPHIQUE SI UNIQUE ET SI FORT ? »

et si fort ? » Le premier volet réunit huit photographes et vidéastes évoluant sur la scène artistique contemporaine et non dans le milieu de la photographie professionnelle. Un peu à l’étroit dans les 320 m2 de la salle d’exposition, les artistes livrent des images sans lien apparent. On découvre successivement les visages des enfants photographiés par Patrick Tosani dans un camp de réfugiés palestiniens en Syrie, vingt-et-une « tranches d’Orient », captées par Jean Luc Moulène entre Damas et Alexandrie, un rassemblement soufi filmé dans les rues du Caire par Ange Leccia, la

Presented as “a space of art and trial” of the MuCEM, the Georges-Henri Rivière Room dedicated the first six months of its existence to photography in the Mediterranean region. An odyssey in four episodes, beginning with a collective exhibit. Photography has finally found an official place to be exhibited in Marseille. Located right in the middle of the Fort Saint-Jean, in the GHR Room, as in Georges-Henri Rivière, the founder of the National Museum of Popular Art and Traditions (where the MuCEM gets much of its collection). Until January 2014, the keys to the building have been given to Fraçois Cheval, the Director of the Musée Nicéphore Niépce in Chalon-sur-Saône, a national hotspot for photography. To inaugurate the building, he focused on Things Beside This World, with a proposition in the form of a question: “How can we represent contradictions and oppositions, but also the strong ties that have created such a unique and strong geographical area?” The first component features eight photographers and videographer up and coming in the contemporary art scene rather than in the field of professional photography. In the somewhat cramped 320 m² of the exhibit hall, the artists show us images with no apparent theme between them. You can in succession children’s faces photographed by Patrick Tosani in a Palestinian refugee camp in Syria, twenty one “slices of the Orient”, shot by Jean Luc Moulène between Damascus and Alexandria, an assembly of Sufis filmed in the street of Cairo by Ange Leccia, the high-rise built by Fernand Pouillon in Algiers dissected by Stéphane Couturier… The Egyptian Waël Shawky recalls the assassination of Anouar el-Sadate as seen by children in the outskirts of Cairo, the Turk Servet Koçygit takes us to the valley where football games are commentated in the language of birds, the Breton André Merian notices the similarity of urban development in six major Mediterranean ports, and for Marseille, Claire Chevrier filmed the city for six months from various modes of transportation. Beyond their diversity, the artists share an offbeat point of view of the region, and political conception of the landscape and a constant interrogation of their medium. The images and sounds jostle with and feed off of each other, producing an almost cacophonic, very Mediterranean mosaic. 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE

PHOTOGRAPHIE

À SUIVRE AU GHR… Patrick Zachmann, Zarzis, Tunisie, 2011. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Antoine D’Agata, Odyssées, du 9 aout au 23 septembre Le plus célèbre et atypique des photographes marseillais a photographié et filmé, à la manière de road-movies, les parcours de migrants aux frontières de l’Europe. Il les a suivis surs les routes, dans les foyers, centres de rétention, zones portuaires… The most famous and unusual of Marseillais photographers shot and filmed the paths of migrants at the borders of Europe like a road movie. He followed them on the road, in foster homes, detention centers, port areas, etc.

cité construite par Fernand Pouillon à Alger disséquée par Stéphane Couturier… L’Égyptien Waël Shawky fait rejouer l’assassinat d’Anouar el-Sadate par des enfants de la banlieue du Caire, le Turc Servet Koçyigit nous emmène dans la vallée où les matchs de foots sont commentés dans la langue des oiseaux, le Breton André Mérian constate la similarité des développements urbains dans six grands ports méditerranéens et, pour Marseille, Claire Chevrier a filmé, pendant dix ans, la ville depuis différents modes de transports. Audelà de leur diversité, les artistes partagent un point de vue décalé sur la région, une conception politique du paysage et une interrogation constante sur leur médium. Les images et les sons se bousculent et se parasitent, produisant une mosaïque, parfois à la limite de la cacophonie, très méditerranéenne.

LES CHOSES DE CE CÔTÉ DU MONDE

Jusqu’au 29 juillet, MuCEM 1, esplanade du J4, Marseille, 2e. 04 84 35 13 13. 5-8 €

WWW.

mucem.org 76

8 e art magazine • juillet-août 2013

Kathtyn Cook, Memory of Trees, du 4 octobre au 18 novembre Photographe de l’agence Vu, l’Américaine travaille sur la mémoire de l’histoire arménienne de 1915 à nos jours. Elle présente des photographies et une vidéo qui confronte les archives historiques aux quelques traces qui subsistent en Arménie. From the agency Vu, the American photographer works on the memory of Armenian history from 1915 to today. She presents photographs and a video combining historical archives and the few traces that are left in Armenia.

Patrick Zachmann, Mare-mater, du 29 novembre au 28 janvier 2014 Patrick Zachmann, membre de Magnum Photos, a choisi de confronter sa propre histoire familiale à celles des migrants d’aujourd’hui, sous la forme d’un journal filmé. « La voix qui porte ce voyage va tisser le fil de toutes ces destinées que je croise, des migrants quittant leur pays de la Rive-Sud de la Méditerranée, fuyant le chômage, la dictature, l’absence d’avenir, des femmes, des mères, qui les laissent partir ou découvrent qu’ils sont partis, et moi, à la recherche des racines de ma mère, celles qu’elle a voulu oublier. » Patrick Zachmann, a member of Magnum Photos, has chosen to confront his own family history to those of migrant today, in the form of a filmed journal. “The voice that carries this voyage will form the thread of all these destinies I met, migrants who left their countries in the southern Mediterranean, fleeing unemployment, dictatorships, the absence of a future, women and mothers who let them leave or who discover that they’re gone, and me, searching for my mother’s roots, the ones she wanted to forget.”


8 e art magazine โ ข juillet-aoรปt 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE PHOTOGRAPHIE

LE

YTO BARRADA, MAROC AU

CŒUR

YTO BARRADA, THE HEART OF MOROCCO

2013, c’est aussi les dix ans de Laterna Magica, le festival consacré aux arts de l’image crée par l’association Fotokino. Pour l’occasion, le Studio s’offre dix expositions et reçoit, en juillet, la prolixe Yto Barrada. Texte : Emmanuelle Gall

I

ci, ailleurs à La Friche, Le Pont au MAC, Le Noir et le Bleu au MuCEM… Les commissaires des plus prestigieuses expositions d’art contemporain organisées dans le cadre de Marseille-Provence 2013 s’arrachent les photographies d’Yto Barrada. À quarante-deux ans, l’artiste qui a grandi entre le Maroc et la France, étudié les sciences politiques à la Sorbonne puis la photographie à New York, jouit d’une reconnaissance internationale. Cela ne l’a pas empêché de répondre à l’invitation du Studio Fotokino. En découvrant, il y a trois ans, les activités de l’association, Yto Barrada a immédiatement été séduite. Présidente de la cinémathèque de Tanger, qu’elle contribué à fonder en 2007, elle est une femme engagée et passionnée de pédagogie. Et l’un de ses projets, une collection de livres illustrés destinée à encourager les jeunes Marocaines à oser se former à des métiers d’hommes, lui a semblé en phase avec l’esprit de Fotokino. Aujourd’hui, Mia The Mechanic (Mia, la mécanicienne), le premier tome, n’est pas encore terminé, mais il a trouvé un financement, grâce à un partenariat entre Fotokino et les éditions MACK. Il est présenté au Studio à l’état de work in progress, entouré de photographies et d’affiches de la série A Modest Proposal : un inventaire des passions artistiques et politiques d’Yto Barrada. Des mots et des images pour partager son attachement au respect de l’humain, de la mémoire et de la nature, dans un Maroc en pleine mutation et en proie au capitalisme sauvage. 78

8 e art magazine • juillet-août 2013

À QUARANTE-DEUX ANS, L’ARTISTE QUI A GRANDI ENTRE LE MAROC ET LA FRANCE, JOUIT D’UNE RECONNAISSANCE INTERNATIONALE.

LA COURTE ÉCHELLE (OU L’ÉCHELLE DES VOLEURS)

Jusqu’au 28 juillet. Studio Fotokino, 33, allées Léon Gambetta, Marseille, 1er. 09 81 65 26 44. Entrée libre.

WWW.

fotokino.org


Yto Barrada, Radeau dans figuier étrangleur (Ficus Macrophylla) (Raft in Strangler Figtree), 2005, 150 x 150 cm. © Yto Barrada

2013 is also the tenth anniversary of Laterna Magica, the festival conscrated to visual arts, created by the Fotokino association. For this occasion, the Studio puts on ten exhibits and in July, welcomes the prolific Yto Barrada. Ici, ailleurs (Here, elsewhere) at La Friche, Le Pont (The Bridge) at the MAC, Le Noir et le Blue (Black and Blue) at the MuCEM…The commissioners of the most prestigious contemporary art exhibitions organized within the framework of Marseille-Provence 2013 are competing for Yto Barrada’s photographs. At forty-two years old,, the artist who grew up between Morocco and France, studied political science at the Sorbonne then photography in New York, boasts an international reputation. That didn’t stop him from responding to Studio Fotokino’s invitation.Yto Barrada discovered activities

of the association three years ago, and she was immediately seduced. President of the Tangiers cinematheque, which she help found in 2007, she is a woman committed to and passionate about pedagogy. And one of her earlier projects, a collection of illustrated books whose aim was to encourage young Moroccans girls to train for typically male professions, seemed, for her, in keeping with the Fotokino’s spirit. Today, Mia The Mechanic, the first volume, has yet to be finished, but it has found financing, thanks to a partnership between Fotokino and MACK publications. It has been presented to the Studio in the form of a work in progress, surrounded by photographs and posters in the series A Modest Proposal: an inventory of Yto Barrada’s artistic and political passions. Words and images to share his attachment to respect for humanity, memory and nature, in a Morocco in rapid transformation and in the throes of brutal capitalism. 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE ARTS DÉCORATIFS

LE

BORÉLY NOUVEAU ARRIVÉ !

EST

BORÉLY IS HERE!

Le 15 juin dernier, dix ans après sa fermeture au public, le château Borély est devenu le « musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode » qui manquait à Marseille. On June 15, ten years after closing to the public, Château Borély became the “Museum of Decorative Arts, Earthenware and Fashion” that Marseille was missing. Texte & photo : Marco Jeanson

La façade sud du château rénové, côté cour.

«

Ce n’est pas le musée de l’éventail et de la pipe en bois, c’est beaucoup plus funky que ça ! », prévient Christine Germain-Donnat. Quand elle est arrivée à Marseille en 2008, la conservatrice en charge du projet de restauration du château Borély a fait jouer différents musées de Marseille aux chaises musicales et accouché d’un projet d’envergure : « Je ne voulais pas d’un musée traditionnel, ni d’un “château meublé” ! » Une quarantaine d’entreprises, une centaine de restaurateurs et 20 millions d’euros plus tard, le chantier s’est terminé juste à temps pour l’inauguration officielle. À vrai dire, il s’agit plutôt de trois chantiers en un : la réfection de la bastide du XVIIIe siècle, la restauration des « décors » dans les « espaces remarquables » (chapelle, grand vestibule, bibliothèque) et enfin le chantier propre à la muséographie et à un fonds estimé à 2500 objets. « Le projet tient compte de l’écrin merveilleux qu’est cette bastide de fête. On a voulu montrer ce qu’était l’art de vivre au XVIIIe siècle, âge d’or de la faïence et du mobilier, dans une famille de la grande bourgeoisie », s’enthousiasme Christine Germain-Donnat. Le musée se veut aussi un reflet de l’histoire du goût et s’attachera à montrer l’évolu80

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« LE PROJET TIENT COMPTE DE L’ÉCRIN MERVEILLEUX QU’EST CETTE BASTIDE DE FÊTE. »

tion et les techniques des arts décoratifs. Premier signal fort dès l’entrée : un lustre contemporain signé du designer français Matthieu Lehanneur. La conservatrice prévoit de changer un cinquième de son contenu tous les trois mois, de quoi susciter le désir d’y retourner.

CHÂTEAU BORÉLY

134, avenue Clot Bey, Marseille, 8e. 04 91 25 26 34 - 5 €.

WWW.

marseille.fr


“It’s not just a museum of fold out fans and wooden pipes, it’s much more funky than that!” warned Christine Germain-Donnat. When she arrived in Marseille in 2008, the curator in charge of the project to restore Château Borély played musical chairs with many different museums in Marseille and gave rise to a major project. “I didn’t want a traditional museum or a ‘furnished castle’!” Around forty businesses, about a hundred caterers and 20 million euros later, the construction finished just in time for the official inauguration. Actually, it’s more like three construction project sin one: the restoration of the 18th-century fortification, the restoration of the “scenery” in “remarkable areas” (chapel, great vestibule and library) and finally, the construction of museography proper and a collection estimated at 2,500 objects. “The project accounts for the beautiful setting of this festive fortification. We wanted to show what the art of living was in the 18th century, the Golden Age of earthenware and furnishing, to a bourgeois family,” bubbled Christine Germain-Donnat. The museum also wants to be a reflection of the history of taste and will focus on showing the evolution and techniques of decorative arts. The first indication right at the entry: a contemporary chandelier by French designer Matthieu Lehanneur. The curator plans on changing one-fifth of its contents every three months, which will draw back repeat visitors. 8 e art magazine • juillet-août 2013

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UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE ARTS DÉCORATIFS

MODE LA

MÉDITERRANÉENNE MEDITERRANEAN FASHION LOVES MARSEILLE

AIME MARSEILLE

Marseille renoue avec la mode. Après l’ouverture du Château Borély, l’exposition Marseille M la Mode met à l’honneur la jeune création euroméditerranéenne. Marseille returns to fashion. After the opening of Château Borély, the exhibit Marseille M la Mode (Marseille Loves Fashion) features young Euro-Mediterranean designers. Texte : Emmanuelle Gall

I

ls s’appellent José Castro, Paolo Errico, Aleksandar Protic, Eymèle Burgaud, Ronald Abdala, Barra Ben Boubaker et Amina Agueznay, ils ont entre trente et cinquante ans et, comme leur nom ne l’indique pas toujours, ils viennent des quatre coins du Bassin méditerranéen. Ces sept créateurs confirmés ont formé, en 2010, la première promotion d’un programme inédit créé par la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode (MMMM). Le temps d’un semestre, ils sont venus apprendre à Marseille comment transformer leurs rêves et projets professionnels en entreprises viables. L’année suivante, sept autres créateurs méditerranéens ont pu bénéficier de ce programme d’accompagnement personnalisé élaboré par un collège d’experts. En 2012, à la suite de coupe budgétaire, la MMMM

© ART/C

L’EXPOSITION, EN FORME D’INSTALLATION VIDÉO, EST COMPLÉTÉE PAR LA PUBLICATION D’UN OUVRAGE COLLECTIF.

Une création du Marocain Artsi Ifrach

a reçu sept jeunes entreprises de mode marseillaises. Aujourd’hui, tous sont réunis à l’occasion d’une rétrospective labellisée Marseille-Provence 2013 et mise en scène par l’artiste multimédia Mark Blezinger. L’exposition, en forme d’installation vidéo, est complétée par des photographies de Ferrante Ferranti et la publication d’un ouvrage collectif. Préfacé par Maylis de Kerangal, Le Mook dresse un portrait sociologique, économique et culturel de la mode euroméditerranéenne et revient sur l’expérience de la MMMM. Elle a beau avoir perdu sa vitrine sur la Canebière, une partie de ses subventions, l’institution n’a pas dit son dernier mot et s’apprête à déménager dans de nouveaux locaux, dans le quartier de la Joliette. 8 e art magazine • juillet-août 2013

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ARTS DÉCORATIFS

© Francesco Brigida

UN GRAND TOUR DE LA MÉDITERRANÉE

Une création de l’Italien Paolo Errico

Their names are, Paolo Errico, Aleksandar Protic, Eymèle Burgaud, Ronald Abdala, Barra Ben Boubaker and Amina Agueznay, they’re in their early thirties and, as their name doesn’t always indicate, they come for all over the Mediterranean Basin. In 2010, these seven experienced designers formed the first graduating class of an unusual program created by the Mediterranean House of Fashion Careers (MMMM). In one semester, they came to Marseille to learn how to transform their professional plans and their dreams into viable businesses. The following year, sever other Mediterranean designers took advantage of this personalized support program developed by a faculty of experts. In 2012, after budget cuts, the MMMM received seven young Marseillais fashion companies. Today, they are all gathered for the occasion of a retrospective event for Marseille-Provence 2013 and staged by the multimedia artist Mark Blezinger. The exhibit takes the form of a video installation and is completed by photographs by Ferrente Ferranti and the 84

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publication of a collective book. Prefaced by Maylis de Kerangel, Le Mook drawes a sociological, economic and cultural portrait of EuroMediterranean fashion and deals with the experience of MMMM. Barely had it closed its shop on Canebière, which provided some of its subsidies, the institution wouldn’t take no for an answer and is getting ready to move to a new location in the neighborhood of La Joliette.

MARSEILLE M LA MODE

Jusqu’au 19 août. Galerie du 5e, Galeries Lafayette, 40-48, rue Saint-Ferréol, Marseille, 1er. Entrée libre.

WWW.

m-mmm.fr


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PORTFOLIO

ARLES RENCONTRE L’AFRIQUE DU SUD ARLES MEETS SOUTH AFRICA Par Emmanuelle Gall

I

l serait dommage que les préoccupations euroméditerranéennes de Marseille-Provence 2013 éclipsent, dans la région, La Saison sud-africaine. Cette manifestation nationale, qui se déploie dans une centaine de villes jusqu’en décembre, intervient alors que l’on commémore le centenaire du Land Act : première loi annonciatrice de l’Apartheid, réservant aux Blancs l’exploitation de l’essentiel des terres sud-africaines. Les Rencontres d’Arles ont choisi de s’associer à La Saison sud-africaine en créant une mission photographique, dans la grande tradition française initiée au XIXe siècle. Douze photographes sud-africains (Santu Mofokeng, Pieter Hugo, Zanele Muholi, Cedric Nunn, Jo Ractliffe, Thabiso Sekgala) et français (Patrick Tourneboeuf, Alain Willaume, Raphaël Dallaporta, Harry Gruyaert, Philippe Chancel, Thibaut Cuisset) ont sillonné le pays pour y réaliser des séries d’images en relation avec l’expérience de la terre. Une problématique au cœur de l’histoire sud-africaine, depuis longtemps traversée par des conflits de propriété, d’appartenance et d’identités. Fruit d’un partenariat avec le Market Photo Workshop de Johannesburg, cette commande est également l’occasion de rendre hommage à la vitalité de la photographie sud-africaine, qui a joué un rôle fondamental dans la lutte contre l’Apartheid et témoigne désormais des réalités contrastées d’un pays en transition. C’est d’ailleurs le titre retenu par François Hébel et John Fleetwood, les commissaires de l’exposition qui se tient à l’Atelier de Mécanique. Ironie du hasard, baptisée Arles in Black, l’édition 2013 des Rencontres explore la thématique photographique du noir et blanc à travers une cinquantaine d’expositions dans la ville.

It would be a shame if the region’s Euro-mediterranean preoccupations of Marseille-Provence 2013 overshadowed La Saison sudafricaine (The South African Season). This national event, unfolding across one hundred cities until December, takes place at the moment of the commemoration of the Land Act – the first law heralding Apartheid, in which the exploitation of a large part of South African territory was reserved for Whites. Les Rencontres d’Arles has joined up with La Saison sud-africaine to create a photographic misson, in the great French tradition initiated in the 19th century. Six South African photographers (Santu Mofokeng, Pieter Hugo, Zanele Muholi, Cedric Nunn, Jo Ractliffe, Thabiso Sekgala) and six French photographers (Patrick Tourneboeuf, Alain Willaume, Raphaël Dallaporta, Harry Gruyaert, Philippe Chancel, Thibaut Cuisset) traveled across the country in order to create a series of photos that relate the experience of the land. This is an issue at the heart of South African history, in a country torn apart by longstanding confilts over property, affiliation and identity. The fruit of a partnership with Market Photo Workshop of Johannesburg, this commission is also the opportunity to honor the vitality of South African photography, as it has played a fundamental role in the struggle against Apartheid and has born witness to the contrasted realities of a country in transition. It is, in fact, the title chosen by François Hébél and John Fleetwood, the commissioners of the exhibition, which will be held at Atelier de Méchanique. Named ironically Arles in Black, the 2013 edition of Rencontres explores the theme of black and white photography throughout fifty exhibits

TRANSITION, PAYSAGES D’UNE SOCIÉTÉ,

jusqu’au 22 septembre. Atelier de Mécanique, Parc des Ateliers, 33 avenue Victor Hugo, Arles. 04 90 96 76 06. 8 €.

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rencontres-arles.com 86

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Thabiso Sekgala, Sans titre. © Rencontres Arles


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Zanele Muholi, Sans titre. © Rencontres Arles

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Santu Mofokeng, Cartes postales du Karoo. © Rencontres Arles

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Pieter Hugo, Main Reef Road. Mabel Tsoka, Langaville, 2012. © Rencontres Arles

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Harry Gruyaert, Afrique du Sud. Près de la baie de Plettenberg. En attendant du travail. 2012. © Rencontres Arles

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Philippe Chancel, Platine. © Rencontres Arles

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L’ÉVÈNEMENT

EUROPRIDE 2013

FIER(E)S D’ÊTRE À MARSEILLE ? PROUD OF BEING IN MARSEILLE? L’EuroPride 2013 s’est ouverte le 10 juillet à Marseille, sur fond de polémique locale. Les organisateurs, qui espèrent 400 000 visiteurs, ont prévu une foule d’événements symboliques, sportifs, culturels et festifs.

A

vant même la promulgation du « mariage pour tous » en France, le milieu associatif homosexuel marseillais n’a cessé de donner le spectacle d’un lent divorce, lors des Gay Pride de ces dernières années. En 2010 et 2012, ces conflits se sont traduits par l’organisation de deux marches distinctes, celle de LGP (Lesbian & Gay pride) présidée par Suzanne Ketchian et celle de Tous&Go emmenée par Christophe Lopez. Cette vingtième édition de l’EuroPride – organisée pour la seconde fois seulement en France, depuis celui de Paris en 1997 – offrait l’occasion de se sortir d’une discorde peu en accord avec la philosophie fédératrice de l’évènement. Mais à ce jour, la polémique perdure et certains pronostiquent une EuroPride de quelques dizaines de milliers de personnes, loin des 400 000 attendus par les organisateurs (LGP), et encore plus loin du million de Rome ou des trois millions de Madrid. En attendant l’heure des bilans, l’événement se déploie dans la ville. Parmi les lieux phares de la manifestation, les romantiques apprécieront le parvis du MuCEM, où se sont ouvertes les festivités avec la célébration de l’union symbolique de 2013 couples. Les festifs, eux, rejoindront le Club EuroPride aux

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LE DERNIER JOUR, L’EMBLÉMATIQUE TECHNOPARADE CHEMINERA DU VIEUX-PORT JUSQU’AU DAVID, OÙ AURA LIEU LE CONCERT DE CLÔTURE.

Docks des Suds, avec ses soirées clubbing et ses concerts. Les sportifs, nageurs, beach-volleyeurs et autres adeptes du bronzage trouveront leur bonheur à la plage du Prado, dédiée à l’évènement. Et pour tous, l’Europride Park, le village associatif et QG des organisateurs, basé à La Friche, propose des conférences, débats et workshops, autour d’un salon du mariage gay, et de l’exposition Exhibition, Corps et Histoire, présentant des œuvres artistiques utilisant le corps comme médium. Le dernier jour, l’emblématique technoparade cheminera du Vieux-Port jusqu’au David, où aura lieu le concert de clôture. OL.


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SORTIR

Europride 2013 opened in Marseille on July 10, in the backdrop of local controversy. The organizers, who hope to welcome 400 000 visitors, have planned a variety of symbolic, athletic, cultural and festive events. Even before the “Marriage for All” act became law in France, the various associations in Marseille’s homosexual community couldn’t stop putting on display – during Gay Pride celebrations over the course of the past few years – its drawn out divorce. In 2010 and again in 2012, these conflicts ended in the organization of two distinct marches, that of the LGP (Lesbian & Gay Pride) presided over by Suzanne Ketchian, and that of Tous & Go led by Christophe Lopez. This twentieth edition of Europride – held for only the second time in France, since Paris in 1997 – off ered a way out of a divisive situation little in line with the unifying philosophy of the event. Yet to this day, the controversy continues and some predict a Europride of several tens of thousands of people, a far cry from the 400 000 expected by the organizers (LGP), and even further from the million in Rome and the three million in Madrid. While waiting for the moment of truth, the event has been deployed throughout the city.

Among the flagship venues of the event, romantics will appreciate the esplanade of the MuCEM where the festivities opened with a symbolic wedding of 2.013 couples. Partygoers will go to Club Europride at the Docks-des-Sud, with its clubbing events and concerts. Athletes, swimmers, beach-volley players and other sun worshippers with find their heart’s desire at Prado beach, which has also committed to the event. And for everyone, Europride Park at La Friche – the organizers’ headquarters and village for various associations – proposes conferences, debates and workshops, a gay wedding salon and the exhibit Exposure, Body and History, presenting various artistic works which use the body as medium. On the final day, the emblematic techno-parade will make its way from the Vieux-Port to David, where the closing concert will be held.

Du 10 au 20 juillet 2013. Divers lieux à Marseille. www.europride2013.com

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SCÈNES

Comme chaque, année le Festival d’Aix-en-Provence Every year, the Festival of Aix-en-Provence confronts leading confronte des artistes de premier plan aux grandes artists and great works of musical heritage. Thus, at the Grand œuvres du patrimoine musical. Ainsi, au Grand Théâtre Theater of Provence, Patrice Chéreau et Esa-Pekka Salonen will de Provence, Patrice Chéreau et Esa-Pekka Salonen vont revisit Richard Strauss’ Elektra. How are they going to deal with revisiter l’Elektra de Richard Strauss. Comment vont- this relentlessly tragic course of events? Another moment of “fuils se saisir de cette implacable mécanique tragique ? ror” in the enchanting setting of the Archevêché Theater: Robert Autre moment de « fureur » dans le cadre enchanteur Carsen and Gianandrea Noseda propose their reading of Verdi’s de L’Archevêché : Robert Carsen et Gianandrea Noseda Rigoletto. The European Capital of Culture has also provided the proposent leur lecture du Rigoletto de Verdi. La capi- means to develop specific projects. The great traveler and veritatale européenne de la culture a également permis de ble musician of the world, the composer Fabrizio Cassol has invitdévelopper des projets spécifiques. Grand voyageur et ed artists from Syria, Eygpt, Lebanon and Europe for the creation véritable musicien du monde, le compositeur Fabrizio of Alefba, conceived as a “street oratorio”. Another event not to be Cassol a invité des artistes syriens, égyptiens, libanais et missed: one hundred or so young dancers from the Aix region, européens à se joindre à lui pour une création, Alefba, having worked with the choreographer Josette Baïz on the myth construite comme un « oratorio de la rue ». Autre mo- of Romeo and Juliette, descend on the stage of the Grand Theater ment à ne pas manquer : la scène du Grand Théâtre de of Provence. This is a transdisciplinary work, bringing together Provence investie par une centaine de jeunes danseurs dance, music and the poetry of Frédéric Nevchehirlian. de la région aixoise, qui ont travaillé avec la chorégraphe Josette Baïz sur le mythe de Roméo et Juliette. Une Jusqu’au 27 juillet. Divers lieux à Aix-en-Provence. œuvre transdisciplinaire alliant la danse, la musique et 08 20 92 29 23. 10-240 €. www.festival-aix.com la poésie de Frédéric Nevchehirlian. F.K.

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© P.Berger Artcomart

FESTIVAL D’AIX, MYTHES ANTIQUES ET DÉFIS CONTEMPORAINS


DR

© Vincent Muteau

SORTIR

LE ROMAN DE MONSIEUR MOLIÈRE

LES MERCREDIS DU PORT Depuis 2009, chaque mercredi de juillet, les quais de Port-Saint-Louis-du-Rhône deviennent le cadre de soirées où le théâtre, la danse, le cirque, la musique et les arts plastiques s’accordent avec la cuisine locale. Pour les plaisirs de la bouche, les spectateurs se voient servir des mets à base de produits de la mer. Quant aux autres sens, c’est l’affaire du cadre magique et de la dizaine de troupes invitées, telles La compagnie Dynamogène et son cabaret industriel, Les Urbaindigènes, gymnastes acrobatiques et burlesques, ou encore la compagnie Carabosse, qui a « mis le feu » au Vieux-Port en mai dernier. Pour l’occasion, elle se propose d’éclairer un dîner de milliers de chandelles. Les plasticiens Olivier Grossetête et Christophe Blancard sont également de la partie : le premier pour bâtir une nouvelle construction monumentale participative et le second avec son gorille mécanique Ultimate, dernier représentant de son espèce. Pour de belles soirées d’été, conviviales, drôles et poétiques. O.L.

Every Wednesday, since 2009, the banks the quays of the Port-Saint-Louis-du-Rhône become the evening backdrop where theater, dance, circus, music and visual arts come together with local cuisine. For the enjoyment of the taste buds, spectators are served dishes based on fish and seafood. The other senses are left to a magical setting and to some ten guest troupes, such as the Compagnie Dynamogène and its industrial cabaret – the Urbaindigènes, acrobatic and burlesque gymnasts, or the Companie Carabosse, who set the Vieux-Port on fire last May. For this occasion, they propose to light up a dinner with thousands of candles. The visual artists Olivier Grossetête and Christophe Blancard are also involved: the first, to build a new and participative monumental construction, the second, with his mechanical gorilla Ulitmate, represent the last of his species. For a lovely summer evening that is convivial, funny and poetic.

Les mercredis 10,17 et 31 juillet, 19 h. Les quais du port, Port-Saint-Louis-du-Rhône. 04 42 48 40 04. Entrée libre. www.lecitronjaune.com

Il y a, au panthéon des auteurs, le Molière des livres d’écoles et des bustes en marbre. Et il y a JeanBaptiste Poquelin, fils d’un tapissier du roi, saisi très tôt par la passion du théâtre, affrontant son père puis, plus tard, le roi et ses censeurs. Pendant près d’une heure quarante, Jacques Weber, seul en scène, conte ce destin romancé parce que romanesque, d’un homme bien vivant, à travers ses luttes artistiques et politiques. Adapté du roman de Mikhaïl Boulgakov, victime du stalinisme, son Molière nous rappelle les fonctions essentielles de l’artiste dans la société : la résistance et la transgression. O.L. In the pantheon of authors, there is the Molière of school books and marble busts. And there is Jean-Baptiste Poquelin, son of the king’s tapestry-maker, seized early by a passion for the theater, confronting first his father, later the king and his censors. For nearly an hour and forty minutes, Jacques Weber, alone onstage, tells this novelistic tale of a living man’s artistic and political struggle. Adapted from a novel by Mikhaïl Boulgakov, a victim of Stalinism, his Molère reminds us of the artist’s essential role in society: resistance and transgression. Le 24 juillet, 21h00. Théâtre Silvain, Chemin du pont de la fausse monnaie, Corniche Kennedy, Marseille, 7e. 04 91 31 40 17. 11,80 €. www.capsur2013.fr

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SCÈNES

© Freddy Peretti

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GROUPE F Le quatrième épisode de la saga Révélations se déroulera sur la plage Napoléon de Port-Saint-Louis-du-Rhône, avec pour toile de fond, le patrimoine industriel de la ville. Depuis leurs exploits sur les quais du Rhône, dans la rade de Cassis et au fil des canaux martégaux, il n’est plus utile de présenter les Révélateurs, le « petit peuple de lumière » imaginé par le groupe d’artistes artificiers camarguais. Les Saint-Louisiens auront la chance de découvrir un autre show du Groupe F à l’occasion des Fêtes de la Mer, en attendant de les retrouver au Château d’If pour le cinquième épisode de Révélations, le 4 septembre. E.G.

L’association Officina, qui organise notamment le festival Dansem, a initié un processus de production artistique et de coopération culturelle très original. Pendant cinq ans, des artistes du bassin méditerranéen ont été invités en résidence à Casablanca, Barcelone, Le Caire, Tunis, Terni, Marrakech, Beyrouth, Séville, Florence, Istanbul, Ramallah, Turin... Chaque fois, ils ont créé une « Miniature », une forme courte, instantanée et vivante, sur le thème de l’amour et de l’altérité. Ces visions multiples vont être remises en jeu dans le cadre du temps fort Août en danse porté par MarseilleProvence 2013. La Friche La Belle de Mai sera ainsi investie par une vingtaine de performances chorégraphiques et d’installations vidéo. Le public cheminera à l’intérieur de ce tissage de propositions artistiques qui sont autant de tentatives sensibles pour résoudre l’équation du masculin et du féminin. Une mosaïque de désirs à partager. F.K.

The Officina Association, which notably organizes the Dansem Festival, has begun a very original process of artistic production and cultural cooperation. For the past fi ve years, artists from the Mediterranean basin have been invited in residence in Casablanca, Barcelona, Cairo, Tunis, Terni, Marrakesh, Beirut, Seville, Florence, Istanbul, Ramallah and Turin…Each time, they’ve created a “Miniature”, a short form – instantaneous and lively – on the theme of love and otherness. These multiple visions will be put back into play as a high point of Marseille-Provence 2013 in Août en danse (Dance in August). La Friche La Belle de Mai will thus be the location for some twenty or so choreographic performances and video installations. The public will be led through this weave of artistic proposals which like so many sensitive attempts to resolve the equation of the masculine and the feminine. A mosaic of desires to be shared.

Du 28 au 30 août, 12h, 15h, 17h et 20h. Friche la Belle de Mai, 41, rue Jobin, Marseille, 3e. 04 91 55 68 06. 5-10 €. www.mp2013.fr

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Du 8 au 10 août, en soirée, Plage Napoléon, Port-Saint-Louis-du-Rhône 04 42 86 900. Entrée libre. www.mp2013.fr

© Thierry Nava

MINIATURES OFFICINAE

The fourth episode of the Revelations unfolds on the Napoleon beach of Port-SaintLouis de Rhône, with the city’s industrial heritage as canvas. Since their exploits on the banks of the Rhône, in the bay of Cassis and on the canals of Martigues, it’s no longer necessary to introduce the Revelators, “the little people of light” conceived by the Camargue group of pyrotechnical artists. The people of Saint Louis will have the chance to discover yet another Groupe F show on the occasion of the Festival of the Sea, while waiting to find them again for a fifth episode of Revelations on September 4 at Châteu d’If.


© Virgilio Sieini

TROIS AGORAS MARSEILLE « Je veux faire danser le plus de gens possible, parce que qui­ conque s’approche de la danse est un ange », déclare Virgilio Sieni. Le chorégraphe italien ancre sa pratique dans le concret de la vie et il invente ainsi des créations partagées avec le plus grand nombre. A l’invitation de la scène nationale du Merlan, il a investi le « corps » de Marseille et construit, avec des amateurs d’ici et d’ailleurs, un vaste projet participatif sur L’Art du geste en Méditerranée. Trois agoras, qui sont autant de lieux symboliques de la ville, verront se déployer « une large fresque de gestes poétiques ». Le Mucem, le palais Carli et l’Esplanade du J4 serviront donc d’intermédiaire pour bâtir « une relation à l’autre dans la diversité, dans l’intimité de l’action et dans l’écoute ». Le mouvement, à la fois familier et terriblement mystérieux, devient le véhicule idéal pour partir à la rencontre de l’autre. F.K. “I want to make the maximum number of people dance because anyone who approaches dance is an angel,” declares Virgiio Sieni. The Italian choreographer roots his practice in life’s concrete aspects and as such he invents productions whose aim is to attract the greatest numbers. With the invitation on to the national stage of the Merlan, he has inhabited the “body” of Marseille and constructed, with the amateurs from here and abroad, a vast participative project on L’Art du geste en Méditerranée (The Art of the Gesture in the Mediterranean). “A wide fresco of poetic gestures” will unfold in three agoras at symbolic places throughout the city. Thus, the MuCEM, the Carli Palace and the J4 esplanade will serve as intermediaries in order to build “a relationship with one another based in diversity, in the intimacy of action and in hearing.” The movement, at once familiar and terribly mysterious, becomes the perfect vehicule for meeting others.

Du 28 au 31 août, 19h15, 20h et 21h30. MuCEM, palais Carli et Esplanade du J4. Marseille. 04 91 11 19 30. 6-8 €. www.merlan.org

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SCÈNES © La Zouze

OPÉRA BAROQUE Les frères Forman, fils jumeaux du réalisateur Milos Forman, véritables maîtres de l’art de la marionnette et de l’illusion, sont un peu comme les forains d’antan. Ils trimbalent avec eux tout un monde de fantaisie et d’émerveillement. Ainsi, ils vont à l’invitation du Bois de L’Aune, présenter dans plusieurs communes du Pays d’Aix leur Opéra baroque : un petit bijou musical, aussi poétique que philosophique. Des marionnettes en bois de 35 centimètres prennent vie devant nos yeux. Elles jouent et chantent avec une telle précision que l’on en oublierait presque la manipulation. Mais leur double humain et d’autres personnages viennent encore plus bouleverser les lois de la physique. Dans ce théâtre-là, tout est possible ! F.K. The Forman brothers, the twin sons of director Milos Forman and veritable masters of the art of the marionette and illusion, have little in common with the country fairs of yesteryear. They bring with them an entire world of fantasy and wonder. As such, they have been invited to Bois de l’Aune, to present in several communities in the Aix region, their Opéra baroque: a little musical gem that is as poetic as it is philosophical. Thirty-five centimeter, wooden marionettes come to life before our eyes. They play and dance with such precision that we almost forget that they are manipulated. But their human doubles and other characters defy even more the laws of physics. Everything is possible in their theater!

© Forman et Kolectiv

Du 29 août au 2 septembre, Pertuis, Meyrargues, Saint-Cannat, Peyrolles et Bois de L’Aune, Aix-en-Provence. 04 42 93 85 40. Entrée libre. www.mp2013.fr

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FAMA Le chorégraphe Christophe Haleb adore les formes hybrides et impures. Dans ses spectacles, la danse s’acoquine avec la performance théâtrale, l’intervention in situ, le cabaret… Les corps, animés par un mouvement collectif, passent ainsi d’un genre à l’autre. Derrière le masque des apparences sociales apparaît alors une vérité des êtres plus profonde et plus fondamentale. Avec son tout dernier projet, Fama, Christophe Haleb pousse encore plus loin ce dynamitage des conventions scéniques. Le public se retrouve immergé au cœur d’une installation multimédia. Images, sons et scénographies évoquent des paysages insulaires. Ces « rêves d’îles » sont parfois idylliques parfois cauchemardesques. Comment trouver sa place dans des territoires aussi vertigineux ? Des danseurs vont s’infiltrer dans l’exposition et nous proposer des pistes pour habiter en commun ce monde étrange. « Dans Fama, chaque vie est un corps qui compte, un espace d’actions possibles (…) Qu’est­ce qui fait geste d’hospitalité ? Geste d’ou­ verture et de repli, de domination et de fraternité ? » F.K.

The choreographer Christophe Haleb loves hybrid and impure forms. In his performances, dance teams up with theatrical performance art, artistic intervention in its element, cabaret… Bodies, driven by a collective movement, shift from one genre to another. Behind the mask of social appearances lies a truth of beings deeper and more fundamental. With his latest project, Fama, Christophe Haleb pushes even further this blasting of scenic conventions. The audience finds itself immersed in the heart of a multimedia performance. Images, sounds and sets recall insular county sides. These “island dreams” are sometimes idyllic, sometimes nightmarish. How does one find his place in such dizzying spaces? The dancers infiltrate the exhibition and suggest paths for living together in this strange world. “In Fama, each life is a body that counts, a space of possible actions… What is the act of hospitality? What is the gesture of opening and withdrawal, of domination and brotherhood?”

Du 28 au 30 août, 12h, 15h, 17h et 20h. Friche la Belle de Mai, 41, rue Jobin, Marseille, 3e. 04 91 55 68 06. 5-10 €. www.mp2013.fr

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MUSIQUES © Beti Niemeyer

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JAZZ AU PALAIS

Pour sa treizième édition, le Festival Jazz des Cinq For its thirteenth edition, the Five Continent Jazz Festival stays Continents reste fidèle à la formule qui a fait sa réussite faithful to the formula that has made its success: great names : des grands noms venus des quatre coins du monde, coming for the four corners of the world, associated with up associés à de jeunes artistes en devenir, un cadre ma- and coming young artists, and magical surroundings. This year, gique... Cette année, on se bouscule en tête d’affiche : Wayne Shorter, who just celebrated is eightieth birthday, Diana Wayne Shorter, qui vient fêter ses quatre-vingts ans, Krall, Chick Corea jostle for top billing, not to mention George Diana Krall, Chick Corea, mais aussi George Benson Benson and for the still undecided, Gilberto Gil. The most deou Gilberto Gil, pour convaincre les indécis. Les plus manding will tilt their ears toward the female trio ACS, Guillaume exigeants pointeront leurs oreilles en direction du trio Perret of the Savoy region or the South Korean Youn Sun Nah. féminin ACS, du Savoyard Guillaume Perret ou de la In this year of the capital, with the Massaliazz Trio, fronted by MiCoréenne Youn Sun Nah. En cette année capitale, on chel Zenino – one of the best double bassists at the moment, folne manquera pas l’ouverture au J4 avec le Massaliazz lowed by the trumpeter Paolo Fresu, the opening concert at the trio, autour de Michel Zenino, l’un des meilleurs J4 is not to be missed. The Marseille saxophonist Léo Mérie, who contrebassistes du moment, suivi du trompettiste presents Atmosphère Jazz on Radio Grenouille and has hit it big Paolo Fresu. Le saxophoniste marseillais Léo Mérie, as part of the supporting Marseille “sidemen” for Archie Shepp’s qui anime Atmosphère Jazz sur Radio Grenouille, a big band evening, says, “We’ve been training for several months coché la soirée du big band d’Archie Shepp, musclé with Shepp’s mythical album, Attica Blues. The result should be aux sidemen marseillais : « La formation travaille explosive!” And to relax, the festival has even foreseen musical depuis plusieurs mois autour de l’album mythique de siestas in the shade of Longchamp Park’s trees. Shepp, Attica Blues, le résultat devrait être explosif ! » Du 17 au 27 juillet. Jardins du Palais Longchamp, Et pour se reposer, le festival a même prévu les siestes Boulevard Philippon, Marseille, musicales sous les arbres du parc Longchamp... J.-P.V. 04 95 09 32 57. 35-40 €.www.fj5c.com

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© HR

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CONGOPUNQ

LA NUIT PASTRÉ « Le jour a des yeux et la nuit des oreilles », dit un proverbe persan. Produite par le Gmem, centre national de création musicale, La Nuit Pastré propose un parcours sonore nocturne dans le parc de la Campagne Pastré. Du début de soirée au milieu de la nuit, les visiteurs équipés d’une lampe de poche et d’une carte dite « d’es­ pace­temps », crée par l’artiste Francisco Ruiz De Infante, sont invités à déambuler librement dans le vaste domaine. En chemin, ils vont croiser des installations sonores, des musiciens, des performances, des conteurs, et une danseuse. En tout, une cinquantaine d’artistes, répartis dans le parc. Tandis que la nuit s’imposera progressivement, troublant et/ou éveillant les sens, et que les sons et les êtres sembleront soudain sortir de nulle part, il s’agira de retrouver l’expérience oubliée de l’enchantement, celui-là même des contes. Les différents lieux du domaine, renommés pour l’occasion accompagnent cette transmutation : La petite prairie, La forêt haute, L’étang, La forêt basse, Le château…O.L.

”The day has eyes and the night ears,” goes a Persian proverb. Produced by GMEM, the national center for musical creation, La Nuit Pastré (The Night Pastré) proposes a journey of evening sound in the Campagne Pastré Park. From the beginning of the evening until the middle of the night, visitors equipped with a flashlight and a card called “space-time”, created by the artist Francisco Ruiz De Infante, are invited to roam freely throughout this vast area. During the way, they will cross sound installations, musicians, performances, storytellers and a dancer. In all, fifty or so artists will be scattered within the park. As night progressively falls, troubling and/or awakening the senses, and as the sounds and beings seem to suddenly come from nowhere, it is a matter of finding anew a long lost sense of wonder, the same wonder as in fairy tales. Diff erent locations in the domain have been renamed for the occasion – the Little Prairie, the High Forest, the Pond, the Low Forest, the Castle – serving only to enhance this transformation.

Le 12 juillet, de 18h à 00h45, Parc de la Campagne Pastré, 155, Avenue de Montredon, Marseille, 8e.04 96 20 60 10. Entrée libre et continue. www.gmem.org

Les Suds à Arles, c’est aussi une foule de concerts gratuits dans des lieux inattendus. Invité au château d’Avignon, CongopunQ est un duo composé de Cyril Atef, percussionniste multi-instrumentiste (Mathieu Chedid, Brigitte Fontaine, Alain Bashung…) et du Dr. Kong, performer barbu et hirsute franco-roumain, sorcier dada et clochard céleste. Tandis que le premier improvise des boucles rythmiques dans son chaudron musical mêlant afro-beat, rumba, transe-electro, rap ou rock, le second réalise une performance avec divers objets incongrus. Un rituel de possession festive empreint d’un humour absurde. O.L. At les Suds à Arles (the South at Arles), there are plenty of free concerts in unexpected places. CongopunQ, invited to the chateau d’Avignon, is a duo composed of Cyril Atef, a multi-instrument percussionist (Mathieu Chedid, Brigitte Fontaine, Alan Bashung, etc.) and Dr. Kong, a hairy, bearded Franco-Romanian performer, Dada sorcerer and celestial tramp. While the first improvises rhythmic loops in his musical cauldron, mixing afro-beat, rumba, eletro-trance, rap or rock, the second performs with diverse incongruous objects. It’s a festive ritual of possession loaded with absurdist humor. Le 13 juillet, 16 h. Domaine du Château d’Avignon, RD 570, Les Saintes-Maries de la Mer. 04 13 31 94 54. Entrée libre. www.suds-arles.com

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MUSIQUES

© José Corréa

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© Cargo de Nuit

HUGH LAURIE

LA NUIT LÉO FERRÉ

Il y a vingt ans, Léo Ferré nous quit- Twenty years ago, Léo Ferré left us. It was a 14th tait. C’était un 14 juillet. Il tentait ainsi, of July, Bastille Day. He was trying thus, anaranarchiste jusqu’en son ultime souffle, chist to his dying breath, to substitute the date de substituer la date de sa mort à celle of his death for that of the national holiday. This de la fête nationale. Une occasion pour is an occasion for his old friend and Toursky son vieil ami et directeur du Toursky, Theater director, Richard Martin, to pay him tribRichard Martin de le célébrer le temps ute with an exceptional evening. An evening to d’une nuit exceptionnelle. Celui pour qui celebrate a man for whom liberty, equality and la liberté, l’égalité et la fraternité n’étaient fraternity wasn’t just a slogan, but a principal of pas qu’un slogan politique, mais un prin- humanity, a remarkable line-up of some thirty cipe d’humanité, réunit autour de son artists, actors, dancers and singers (Pierre Arsouvenir une affiche remarquable d’une diti, Michel Bouquet, Angélique Ionatos, Didier trentaine d’artistes, comédiens, dan- Lockwood, Sapho, Rufus, Marie-Claude Piettraseurs et chanteurs (Pierre Arditi, Michel gala, Michael Lonsdale, etc) gather in his memBouquet, Angélique Ionatos, Didier ory. A popular ball concludes the evening. As Lockwood, Sapho, Rufus, Marie-Claude part of this birthday celebration, the galleries of Piettragala, Michael Lonsdale…). Dans Molières, from the Miramas city hall, dedicates le cadre de cet anniversaire, la galerie an exhibition to the poet during the month of des Molières de la mairie de Miramas July. It presents numerous photos of the artist on consacre une exposition au poète durant stage, reproductions of the texts of several of his le mois de juillet. Elle présente de nom- songs, posters from his shows, and drawings. breuses photos de l’artiste sur scène, des reproductions de textes de quelques-unes Le 14 juillet, 21 h. Théâtre Toursky, 16, de ses chansons, d’affiches de spectacle et promenade Léo Ferré, Marseille, 3e. 04 91 02 58 35. 23-29 €. www.toursky.org de dessins… OL.

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Un pur produit de l’école de l’humour british made in Oxford chantant le blues des misérables Noirs de Louisiane ? Hugh Laurie assume cet anachronisme avec élégance et talent. Fini de jouer au docteur toxico et boiteux. L’égérie de L’Oréal s’est jetée corps et âme dans la musique depuis deux ans, en contredisant la théorie qui veut que les bons acteurs fassent de mauvais chanteurs. Avec son nouvel album, Didn’t it rain, sorti en avril dernier et produit par Joe Henry, il poursuit son exploration du répertoire jazz de l’Amérique d’autrefois et revisite une nouvelle fois une quinzaine de standards en compagnie du Copper Bottom Band, le groupe qui officiait déjà sur son premier disque. M.J. A pure product of the Made in Oxford school of British humor, singing the blues of miserable blacks from Louisiana? Hugh Laurie assumes this anachronism with elegance and talent. No more playing at drug-addicted, limping doctor. For the past two years, the ambassador of L’Oréal has thrown himself heart and soul into music, thus contradicting the theory that good actors make bad singers. With his new album, Didn’t It Rain, which came out last April and is produced by Joe Henry, he pursues his exploration of an American Jazz repertory of the past and revisits some fifteen standards in the company of the Copper Bottom Band, the group that he’d already performed with on his first album. 18 juillet, 21 h 30. Théâtre antique, Boulevard des lices, Arles. 04 90 49 55 99. 41,80 € - 48,40 € www.escales-cargo.com


© Cargo de Nuit

ARCHIVE

Archive est le groupe le plus « tripant » depuis Pink Floyd. La musique parfaite à écouter seul(e) dans une voiture sur une autoroute déserte, haut-parleurs au bord de la rupture sous un ciel chargé, quelque part entre Carlisle et Glasgow. Archive se déguste en prenant son temps. Nappes électroniques, textures blues, couches trip-hop et strates symphoniques pour un rock monumental à dimensions orchestral et cinématographique. Formant un combo évolutif autour des deux piliers historiques Darius Keeler et Danny Griffiths, l’entité a été, en près de vingt ans de carrière (déjà), très souvent suivie, mais rarement rattrapée. Il faut dire que la découverte de nouveaux territoires musicaux l’intéresse plus que leurs conquêtes. L’exploration sonore reprend ainsi à chaque nouvel album. Depuis ses débuts aux sources du trip hop en 1996, le groupe trace sa route entre ambient, progressif et electro avec pour mot d’ordre de rester impossible à classer. M.J. Archive is the “trippiest” group since Pink Floyd. The perfect music to listen to alone in the car on a deserted highway, speakers on the verge of blowing out, under a leaden sky somewhere between Carlisle and Glasgow. Archive is a group to be savored over time. Waves of electro beats, textured blues, layers of trip-hop and symphonic strata create a monumental rock of orchestral and cinematographic dimensions. An evolving combo formed around two historical pillars, Darius Keeler and Danny Griffiths, the group has often been followed, but rarely overtaken in a career spanning nearly twenty years (already). It has to be said that the discovery of new musical territory interests them far more than their conquests. Their exploration of sound extends with each new album. As such, since their trip-hop beginnings in 1996, the group has followed a course somewhere between ambient, progressive and electronic music, with “impossible to classify” as their watchword.

19 Juillet, 21h30. Théâtre antique, Boulevard des Lices, Arles. 04 90 49 55 99. 35-38 € www.escales-cargo.com

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MUSIQUES

© Kolektif Alambik

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DANIEL BARENBOÏM Durant un mois, le festival de la Roque d’Anthéron investit, comme il le fait depuis 1980, le parc du Château de Florans, ainsi qu’une quinzaine de scènes réparties sur le territoire (Lambesc, Rognes, Gordes, Lourmarin, Marseille…). Cette 33e édition s’inscrit dans l’année capitale avec un concert du West-Eastern Divan Orchestra, dirigé par l’Israélo-Argentin Daniel Barenboïm. Formé en 1999 à Weimar, pour le 250e anniversaire de la naissance de Goethe, l’orchestre symphonique qui réunit 80 jeunes instrumentistes d’Israël, des États arabes voisins (Syrie, Liban, Égypte, Jordanie) et des territoires palestiniens, interprètera, le 12 août des œuvres du répertoire de Wagner, Berg et Beethoven et, le 13, de Verdi et de Berlioz. O.L.

C’est l’un des projets phares de Mar- One of the highlighted projects of Marseilleseille-Provence 2013, qui propose de Provence 2013, which proposes, over the se réapproprier, le temps d’une nuit, le course of an evening, to re-appropriate the patrimoine et l’environnement indus- industrial heritage and environment of the triel de la région de Marseille, et plus Marseille region, and in particular, the entry particulièrement l’entrée de l’Étang de to the Etang de Berre (the Berre harbor), in the Berre, sur le territoire de la Commu- conurbation of the Martigues. This extraornauté d’agglomération Pays de Marti- dinary site gathers petrochemical activities, gues. Site extraordinaire, rassemblant la power plants and port facilities – dedicated pétrochimie, les centrales énergétiques, to economic efficiency, yet hard hit by the les installations portuaires, dédié à l’effi- crisis. This nearly unique assemblage will cacité économique, mais durement tou- serve as the backdrop for a series of artistic ché par la crise, cet ensemble presque creations, pedestrian, bicycle and maritime unique en Europe servira de décor à routes, a drive-in theater, concerts and perune série d’interventions artistiques, formances. There are two axes: the retro/blue itinéraires pédestres, cyclistes ou mari- collar axe, a quirky and unusual tribute to the times, un drive-in, des concerts, des working class, and the futuristic/electric blue performances. Deux axes esthétiques : axe, reflecting tomorrow’s industries. For the un axe rétro/bleu de travail, hommage last evening in August, rendez-vous between décalé et insolite au monde ouvrier, un the Port-de-Bouc and Martigues, along the axe futuriste/bleu électrique, miroir de Caronte canal, the EDF Ponteau power plant, l’industrie de demain. Pour cette der- as well as the Salins Theater, the Semaphore nière nuit du mois d’août, rendez-vous Theater and the Hall of Martigues. entre Port-de-Bouc et Martigues, le long du canal de Caronte, à la centrale EDF de Ponteau, ainsi qu’au Théâtre des Salins, Le 31 août, de 19h à 2h, Port-de-Bouc et Théâtre Le Sémaphore et à la Halle de Martigues.Entrée libre. www.mp2013.fr Martigues. J.-P.V.

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LA NUIT INDUSTRIELLE

During one month, the Mecca of piano comes, as it has since 1980, to the Château de Florans park, as well as to some fifteen stages spread out over the territory (Lambesc, Rognes, Gordes, Lourmarin, Marseille, etc.). This 33rd edition signs its capital year with a concert from the WestEastern Divan Orchestra, led by IsraeliArgentine Daniel Barenboïm. Formed in 1999 to celebrate the 250th anniversary of Goethe’s birth, the symphony orchestra which brings together 80 young instrumentalists from Israel, its neighboring Arab states (Syria, Lebanon, Egypt and Jordan) and Palestinian territories, will interpret the works of Wagner, Berg and Beethoven (on August 12) and Verdi and Berlioz (on August 13).

Le 12 aout, 21h. Château de Florans, La Roque d’Anthéron. Le 13 août, 19h. Opéra de Marseille 2, rue Molière Marseille, 1e. 04 42 50 51 15. 50-70 €. www.festival-piano.com


DR

© Music Beyond Mainstream

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ORCHESTRE FRANÇAIS DES JEUNES Depuis sa création en 1982, l’OFJ offre chaque année à une centaine d’étudiants issus des conservatoires et écoles de musique la possibilité de travailler dans des conditions professionnelles, sous la direction d’un chef de renommée internationale. En résidence à Aix-enProvence depuis 2007, l’OFJ dirigé par Dennis Russell Davies sera, en cette année capitale, entouré des jeunes musiciens venus d’Espagne, d’Italie et d’Irak lors de quatre concerts aux programmes séduisants, associant les grands maîtres et des compositeurs des différentes nationalités représentées. J.-P.V.

Since its creation in 1982, the OFJ (French Youth Orchestra) offers some hundred students – coming from conservatories and music schools – the possibility to work in professional conditions, under the direction of an internationally known conductor. Based in Aix-en-Provence since 2007 and led by Dennis Russell Davies, this capital year, the OFJ will be accompanied by young musicians from Spain, Italy and Iraq for four seductive concerts, associating great masters with composers originating from the different, represented nationalities. Les 7, 9, 13 et 14 août, 20h30.Grand Théâtre de Provence, 380, avenue Max Juvénal, Aix-enProvence. 08 20 13 20 13. 5-20 €. www.lestheatres.net

L’AFRIQUE DU SUD AU FESTIVAL DE MARTIGUES Le lion est mort ce soir et c’est à Martigues urbain, et pour finir Sibongile Mbambo, que ça se passe ! Certains disent que les une artiste native de Cape Town installée Zoulous ont développé cette extraordi- à Marseille, qui chante en xhosa. M.J. naire tradition du chant faute d’arbres dans This evening, the lion is dead, and it happens in lesquels fabriquer des instruments… Pour Martigues! Some say that the Zulus developed son édition 2013, le festival de Martigues their extraordinary tradition of singing because met l’Afrique du Sud à l’honneur, avec la they had no trees to construct their instruprésence de l’ensemble Sidlangaloludzala : ments… For its 2013 edition, the Festival of Martrente-cinq artistes (chanteurs, danseurs tigues honors South Africa, with the presence et percussionnistes) qui vont présenter les of Sidlangaloludzala: thirty-five artists (singers, arts sud-africains et plus particulièrement dancers and percussionists) who will present les cultures swazi, zulu et tswana. La pro- the South African arts, and more particularly, grammation culminera le samedi 27 et the Swazi, Zulu and Tswana cultures. The prodimanche 28, avec la présence de quelques gram culminates on Saturday the 27th and Frigrosses pointures de la musique sud-afri- day the 28th with some of the biggest names in caine. À commencer par les Mahotella South African music. Beginning with Mahotella Queens, légendes vivantes de la musique Queens, living legends of township music, three de township, trois femmes d’exception qui exceptional women who invented the mbaqanont inventé le mbaqanga, mélange déton- ga, an explosive mix of traditional (Zulu, Sotho), nant de musiques traditionnelles (zulu, marabi (South African jazz) and gospel. Equally sotho), de marabi (jazz sud-africain) et de headlining are Pu2ma (pronounced “Poutoutgospel. À l’affiche également, Pu2ma (pro- ma”), a rising star in afro-soul; Hugh Masekela, a noncer Poutouma), étoile montante de pioneering figure in South African jazz who shal’afro-soul, Hugh Masekela, figure pion- red top billing with Otis Redding and Jimi Hennière du jazz sud-africain qui partageait drix at the Monterey Festival in 1967; Thandiswa l’affiche du festival de Monterey en 1967 Mazwai, the “queen” of urban Zulu; and to finish, avec Otis Redding et Jimi Hendrix, Than- Sibognile Mbambo, an artist from Cape Town diswa Mazwai, la « queen » du zoulou now settled in Marseille, who sings in Xhosa. Du 23 au 30 juillet. Divers lieux à Martigues. 04 42 49 48 48. 10-30 €. www.festivaldemartigues.fr

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CINÉMA

2001, L’Odysée de l’Espace. DR

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INSTANTS D’ÉTÉ Pour la dixième année consécutive, les Instants d’été cinématographiques dressent leurs grands écrans dans plusieurs parcs d’Aix-en-Provence. La programmation est bien évidemment éclectique et populaire. Les grands classiques (Les Vacances de Monsieur Hulot, Il était une fois dans l’ouest…) côtoient des œuvres plus contemporaines (In the mood for love, Match point…). Le premier dimanche du mois d’août est toujours réservé aux courts métrages, dans le cadre d’une soirée organisée en collaboration avec les Rencontres Cinématographiques d’Aix. Et, Festival d’art lyrique oblige, deux Nuits d’Opéra, permettront de suivre, en direct et sur écran géant, les représentations d’Elektra (mis en scène par Patrice Chereau) et de Rigoletto (adapté par Robert Carsen et Gianandrea Noseda). FK.

Après avoir fait voyager les spectateurs dans sept salles, à la rencontre de réalisateurs prestigieux et de leurs films, les escales d’Écrans Voyageurs, en partenariat avec l’association Tilt, se poursuivent en plein air. Quelquesuns des chefs-d’œuvre du septième art sont projetés sous les étoiles de huit sites du département. De ciel et d’étoiles, il est justement question le vendredi 12 juillet à Gardanne, avec 2001 L’Odysée de l’Espace, l’opéra de science-fiction philosophique de Stanley Kubrick. Puis, dans un tout autre genre, le 20 juillet, au bord de l’Étang de l’Olivier à Istres, on projette l’une des comédies les plus enlevées et sans doute les plus drôles de Billy Wilder : Certains l’aiment chaud. Maryline Monroe et Toni Curtis y sont tous deux irrésistibles depuis 1959. Le 17 août, le parc de la Bastide du Jas-deBouffan à Aix, retentira d’une célèbre mélodie à l’harmonica, signée Ennio Morricone, et de l’éclat des colts du lyrique et crépusculaire Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone. Enfin, histoire de prolonger l’été jusqu’en septembre, trois autres projections de plein air sont prévues à Marseille, Roquevaire et La Ciotat. O.L.

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In June, after taking travelers on a voyage through seven movie theaters to meet prestigious directors and their films, the stopovers of Ecrans Voyageurs (Traveling Screens) continues, this time in the open air. Several masterpieces of the seventh art will be screened, under the stars, at eight sites throughout the region. Of sky and stars is exactly the question asked, on Friday, July 12 in Gardanne, with 2001: A Space Odyssey, Stanley Kubrick’s philosophical science fiction opera. Then, on July 20, in an entire diff erent mode, one of Billy Wilder’s liveliest and funniest comedies, Some Like it Hot, the 1959 film featuring an irresistible Marilyn Monroe and Tony Curtis, will be shown on the waterfront of the Etang de l’Olivier in Istres. On August 17, the Bastide du Jas-de-Bouff an Park in Aix will resound with Ennio Morricone’s celebrated harmonica tune and with Sergio Leone’s lyrical gunshots in the twilight of Once Upon a Time in the West. Finally, to extend summer into September, three other open air projections are planned in Marseille, Roquevaire and La Ciotat.

Jusqu’au 27 septembre. Marseille, Aix-enProvence, Roquevaire et La Ciotat. 04 91 91 07 99. Entrée libre. www.ecransvoyageurs.blogspot.fr

Jusqu’au 1er septembre, Parc Jourdan, pavillon de Vendôme, parc de la Torse, théâtre de Verdure, parc Rambot, bastide du Jas de Bouffan, promenade de la Duranne. Aix-en-Provence. 04 42 91 99 019. Entrée libre. www.aixenprovence.fr

DR

ÉCRANS VOYAGEURS, ESCALE EN PLEIN AIR

For the tenth consecutive year, the Instants d’été cinématographiques (Cinematic Summer Moments) put up their screens in various Aix-en-Provence parks. Clearly, the programs are eclectic and well-known. The great classics (Mister Hulot’s Holidays, Once Upon a Time in the West) rub shoulders with more contemporary works (In the Mood for Love, Match Point). The first Sunday in August is still consecrated to short films, in an evening event hosted in collaboration with Cinematic Meetings of Aix. And inevitably, the Festival of Lyrical Art’s two Opera Nights will show, live and on giant screens, the works Elektra (directed by Patrica Chereau) and Rigoletto (adapted by Robert Carsen and Gianandrea Noseda).


Cinéma Paradisio. DR

CINÉ PLEIN-AIR

La dix-huitième édition de Ciné Plein-Air propose, jusqu’en septembre, 28 projections de films destinés à toute la famille, dans différents quartiers de la ville. Au programme : une majorité de films d’animation (Un Monstre à Paris, Les Pirates bons à rien mauvais en tout, Tintin, le secret de la Licorne, Le Tableau)… et d’aventure (Le Détective Dee…), des comédies (La Folie des grandeurs, La Gloire de mon père…), des comédies musicales (Le Magicien d’Oz, West Side Story), et quelques drames tout de même (La Guerre est déclarée, Les Femmes du bus 678…). O.L. Until September, the eighteenth edition of Ciné Plein-Air (Open Air Cinema) proposes, in different neighborhoods throughout the city, 28 film projections for the entire family. On the menu: a majority of animated films (A Monster in Paris, The Pirates! Band of Misfits, The Adventures of Tintin: The Secret of the Unicorn, The Painting), as well as adventure films (Dee the Detective), comedies (Delusions of Grandeur, My Father’s Glory), musicals (The Wizard of Oz, West Side Story), and of course several dramas (Declaration of War, The Women of Bus 678).

Jusqu’au 7 septembre. 21h -22 h selon séance. Différents lieux à Marseille. 04 91 91 07 99. Entrée libre. www. cinetilt.blogspot.fr

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CINÉMA Le Guépard. DR

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LE FESTIVAL DU FILM PÉPLUM Le péplum a connu son apogée dans les années 50-60, avant d’être considéré comme un sous-genre ringard, jusqu’au Gladiator de Ridley Scott en 2000. Hors des modes, cela fait vingt-six ans que ce festival, entre hommage sincère et ironie bienveillante, fait découvrir les chefs-d’œuvre célèbres ou oubliés du genre, et ses nanars les plus comiques. Cette année, toujours dans le sublime cadre du théâtre antique d’Arles, on verra Ulysse (1953), Jason et les argonautes (1963), Hercule contre Moloch (1964), Hercule contre la reine de Lydie (1958), Le Choc des Titans (1980) et Quo Vadis (1951). Des animations, débats, rencontres, expositions, combats accompagnent ces soirées. Veni vidi… vidi. O.L. The Peplum – or epic fantasy feature film – had its heyday in the 50s and 60s, before being considered as an outdated subgenre, until the arrival of Ridley Scott’s Gladiator in 2000. Beyond trendiness, and situated somewhere between sincere tribute and tender irony, this festival has, for the past twenty-six years, introduced us to the genre’s celebrated, as well as forgotten masterpieces and to its most comical B-movies. This year as always, in the sublime ancient theater of Arles, we can see Ulysses (1953), Jason and the Argonauts (1963), Hercules against Moloch (1964), Hercules Unchained (1958), Clash of the Titans (1980) and Quo Vadis (1951). Featuring various activities, debates, meetings, exhibitions and staged combats. Veni vidi…vidi. Du 26 au 30 août, 21h. Théâtre antique, rue du Cloître, Arles. 04 90 93 19 55. 4-7 €. www.festivalpeplum-arles.com

ÉTOILES ET CINÉMA Dix soirées de projections en plein air dans cinq des plus beaux parcs de Marseille. C’est l’événement cinématographique de l’été pour l’année capitale. Les films, en version originale sous-titrée, réalisés par des cinéastes majeurs primés à Cannes, partagent une même thématique : Marseille et les grandes villes méditerranéennes. Les 26 et 27 juillet, au parc de la Campagne Pastré on verra Van Gogh de Maurice Pialat et Le Patient an­ glais d’Anthony Minghella ; les 2 et 3 août, au Palais Longchamp, sera projeté L’Aveu de Costa Gavras et French Connection de William Friedkin. Puis, les 9 et 10 août, le parc de Maison Blanche accueillera Ma­ rius d’Alexandre Korda et Marcel Pagnol et Le Guépard de Luchino Visconti. Le 23 et 24 août, on pourra voir, au Parc de la Moline, Le 6ème jour de l’Egyptien Youssef Chahine et Tout sur ma mère de Pedro Almodovar. Le festival s’achèvera le 30 et 31 août, à la bastide Saint-Joseph du parc du Grand Séminaire, avec Le temps des Gitans d’Emir Kusturica et La Graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche. Un festival placé, donc, sous le signe de la pluralité des cultures et des identités du bassin méditerranéen. O.L.

Ten evenings of open air screenings held in the Marseille’s loveliest parks. For 2013, this is the cinematic event of the summer. The films, shown in original language with subtitles and directed by Cannes awarded filmmakers, share a common theme: Marseille and the great Mediterranean cities. On July 26 and 27, at the Campagne Pastré Park, you can see Maurice Pialat’s Van Gogh et Anthony Minghella’s The English Patient; on August 2 and 3, at the Palais Longchamps, Costa Gravas’ The Confession and William Friedkin’s The French Connection. Next, on August 9 and 10, the Maison Blanche Park will welcome Marius by Alexandre Korda and Marcel Pagnol and The Leopard by Luchino Visconti. You can see, on August 23 and 24 at the Moline Park, The 6th Day from Egyptian Youssef Chahine and All About My Mother from Pedro Almodovar. The festival concludes, on August 30 and 31 at the Bastide Saint-Joseph and the Grand Séminaire Park, with Emir Kusturica’s Time of the Gypsies and Abdel Kechiche’s The Secret of the Grain. A festival characterized by the plurality of cultures and identities in the Mediterranean Basin.

Du 26 juillet au 31 août, 21h30. Parcs marseillais. Entrée libre. www.mp2013.fr

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ENFANTS

© Arthur Forjonel - Agence Let’s Pix

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LAPIN PLAT ET L’ÉTRANGE LIVRE

Un lapin plat comme un doudou, un livre trop grand parce qu’on est si petit, et de la musique plutôt rock parce que les comptines, ça fait plutôt dormir. Lapin plat et l’étrange livre raconte l’histoire d’un enfant qui s’ennuie jusqu’à ce qu’il trouve un drôle de livre. Ce spectacle signé par la compagnie marseillaise Tourniflex, nouvelle venue dans le monde du théâtre jeune public, est suffisamment drôle et intime pour captiver l’attention des plus petits (et des enfants jusqu’à huit ans). M.-L.L.

Le tour de France du miniBeaubourg en The Tour de France of the mini-Beaubourg kit kit s’achève. Il tendra une dernière fois, has finished. For one last time, in Aubagne, it will à Aubagne, ses tentes géométriques et hoist its geometric and colorful tents, as will the hautes en couleur, tout comme le parcours route through “Circles and Squares”. An invitation « Cercles et carrés ». Une invitation à par- to travel, stemming from the geometric shapes tir à la rencontre des formes géométriques found in 20th and 21st century art, with the works dans l’art des XXe et XXIe siècles avec les of emblematic artists such as Marcel Duchamp, œuvres d’artistes emblématiques : Marcel Vassily Kandinsky, Frantisek Kupka, Victor VasaDuchamp, Vassily Kandinsky, Frantisek rely, Daniel Buren, Dan Flavin, François Morellet Kupka, Victor Vasarely, Daniel Buren, and others. These sixteen artistic masterpieces Dan Flavin, François Morellet… Les seize are not, however, left unaccompanied. The Mobile chefs-d’œuvre de l’art abstrait ne sont Pompidou Center is innovative in the way that pas pour autant laissés en pâture et sans it accompanies its visitors. For the youngest, a accompagnement au public. Novateur, le guide entertains with a pedagogical suitcase out Centre Pompidou Mobile l’est aussi par la of which are drawn pictures, words and objects médiation qui accompagne les visiteurs. designed to show young visitors how to observe Pour les plus petits, un animateur inter- the works and discuss them. For teenagers (and vient avec une valise pédagogique d’où adults), an actor proposes a guided tour, associail sort images, mots et objets qui aident ting a simple staging with a fictional character who à regarder les œuvres et à en parler. Pour is both welcoming and passionate. Sound effects les ados (et adultes), un comédien propose are also present to encourage concentration. une visite associant une mise en scène simple et un personnage de fiction, à la fois Jusqu’au 29 septembre, Îlot des Berges, hospitalier et passionné. Des effets sonores 230 avenue Gabriel Péri, Aubagne. sont là pour favoriser la concentration. M.- 04 42 18 18 00. Entrée libre. L.L.

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www.agglo-paysdaubagne.com

Les 19 et 20 juillet, 10h. Divaldo Théâtre, 69, rue Sainte Cécile, Marseille, 5e. 04 91 25 94 34.6 €. www.divadlo-theatre.fr

© Dominique Clement

CENTRE POMPIDOU MOBILE

A flat rabbit as a stuffed animal, a book that is too big because one is so little, and rock music instead of nursery rhymes, because they put you to sleep. Lapin plat et l’étrange livre tells the story of a child who is bored until he finds an odd book. The show, created by the Marseille theater company Tourniflex and a newcomer to the world of children’s theater, is funny and intimate enough to hold the attention of youngsters and children up to eight years old.


© Ville d’Arles-Daniel Bounias

© Ville d’Aubagne

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ARGILLA Tous les deux ans, Argilla s’installe à Aubagne. Labellisée MarseilleProvence 2013, la douzième édition du « plus grand marché de la terre » s’apprête à accueillir près de deux cents artisans et plusieurs expositions. Les organisateurs n’ont pas oublié les enfants et leur ont réservé un boulevard entier pour des ateliers libres d’argile, un stand de modelage dans une ambiance de plage et, surtout, le Tour enchanté de Thomas Benirschke. Ce dernier accompagne les apprentis potiers dans un exercice à quatre mains, tandis que d’autres enfants actionnent le tour. M.-L.L. Every two years, Argilla comes to Aubagne. Branded Marseille-Provence 2013, the twelfth edition of the “biggest market in Earth” prepares to welcome nearly two hundred craftsmen and several exhibitions. Children aren’t forgotten. For them, there is an entire boulevard with free clay workshops, a stand for modeling and moulding in a beach-like atmosphere, and especially, Thomas Benirschke’s Magic Tower. Benirschke accompagnies apprentice potters in an activity requiring four hands, while the other children operate the tower. 17 et 18 août, 10-19h. Boulevard Jean Jaurès, Aubagne. 04 42 18 19 19. Entrée libre. www.agglo-paysdaubagne.com/ argilla2013

VOL SANS EFFRACTION Le Museon Arlaten est fermé depuis 2009 et il le sera encore jusqu’en 2016, pour cause de grands travaux. Histoire de participer tout de même à la grande fête de MP 2013 et faire patienter le public, le musée régional ethnographique propose une visite virtuelle du chantier bien dans l’air du temps. L’on peut ainsi, de l’extérieur du musée, rue de la République, s’installer dans une cabine de pilotage pour conduire un drone qui survole la cour intérieure située dans le forum romain. Le pilote a aussi tout le loisir, au cours de ce vol, de détruire huit cibles représentant chacune « des idées reçues à abattre » sur le musée : il est élitiste, vieillot… À chaque cible abattue correspond une petite vidéo d’explications destinées à « signer la mort des idées reçues ». Trois niveaux de jeux sont proposés, pour que chacun puisse participer selon ses capacités à ce vol numérique dans le Museon Arlaten rénové et se projeter dans le futur. Une idée sortie tout droit des méninges de Rémi Sabouraud, « consultant en créativité » pour l’agence Goût d’idées. M.-L.L.

The Museon Arlaten has been closed since 2009 for major renovations, and will remain so until 2016. But all the same, in order to participate in the great celebration of MP 2013 and to tide over the public, the regional’s ethnographic museum proposes a virtual visit of its building site, in the spirit of the moment. As such, from the museum’s exterior on rue de la République, you can settle into a cabin and pilot a drone which flies over the interior courtyard, situated in the Roman forum. During the course of the flight, the pilot will have the equal pleasure of destroying eight targets, each representing “preconceptions to shatter” about the museum, such as it is “elitist” or “old-fashioned”. For each shattered target there is a corresponding short explanatory video which aims to put these preconceptions “to death”. Three game levels are offered, so that everyone, regardless of your capacities, can participate in this digital flight through the renovated Museon Arlaten and see its future. This idea is the brain child of Rémi Sabouraud, the “creative consultant” for the Goût d’idées agency.

Jusqu’au 31 octobre, à partir de 18h30. 29, rue de la République, Arles. 04 90 93 58 18. Entrée libre. www.museonarlaten.fr

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DESTINATION - BORDEAUX

FRAC AQUITAINE, L’ENVERS DU DÉCOR

Pour fêter leur trentième anniversaire, plusieurs FRAC ont donné carte blanche à des créateurs. À Bordeaux, l’architecte et designer Olivier Vadrot présente Coulisses. To celebrate its thirtieth birthday, several FRAC have given free rein to several creators. In Bordeaux, the architect and designer Olivier Vadrot presents Coulisses.

À

À partir des 1 100 œuvres de la collection du Fonds Régional d’Art Contemporain Aquitaine, Olivier Vadrot a imaginé un parcours d’exposition proche de l’univers scénographique théâtral : « La déambulation dans l’exposition est réglée par une série d’épais rideaux, suspendus sur un plan de cercles concentriques espacés de trois mètres les uns des autres. Le spectateur est toujours en contact visuel avec une à deux œuvres d’art, jamais beaucoup plus (...). La scéno­ graphie privilégie au contraire une relation d’intimité entre l’œuvre et le visiteur. » Dix anneaux de couleurs accueillent des peintures, sculptures, photographies, vidéos et installations sonores. Créateur d’espaces et de projets électroacoustiques, Olivier Vadrot a également collaboré, avec Sébastien Roux et Célia Houdart, sur Oiseaux Tonnerre, une installation présentée à Gardanne et sur la montagne Sainte-Victoire dans le cadre de Marseille-Provence 2013. L.C. From the 1 000 artworks in the collection of the Regional Fund for Contemporary Art Aquitaine (FRAC Aquitaine), Olivier Vadrot has devised an exhibition route comparable to a theatrically staged universe: “The walk through the exposition is regulated by a series of thick curtains, suspended in the form of concentric circles, spaced three meters apart. The spectator is always in visual contact with one or two artworks, never more… The scenography favors an intimate relationship between the work and the visitor.” Ten colored rings house paintings, sculptures, photographs, video and sound installations. As a creator of spaces and electro-acoustic projects, Olivier Vadrot has also collaborated with Sébastien Rouet and Célia Houdart on Oiseaux Tonnerre (Thunder Birds), an installation presented in Gardanne and on the Sainte-Victoire mountain as part of Marseille-Provence 2013.

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OLIVIER VADROT A IMAGINÉ UN PARCOURS D’EXPOSITION PROCHE DE L’UNIVERS SCÉNOGRAPHIQUE THÉÂTRAL.

www.frac-aquitaine.net

BORDEAUX Vol direct au départ de l’Aéroport Marseille Provence à partir de 49 € www.airfrance.fr


Maquette et dessin préparatoire © Olivier Vadrot

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LES

ADRESSES MARSEILLAISES

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RESTAURANT

LE COMPTOIR MARSEILLAIS

Installé sur la Corniche avec vue sur la mer de la terrasse ou de la salle, Le Comptoir Marseillais, vous reçoit pour déguster une cuisine Bourgeoise. Les cartes évoluent au gré des saisons pour vous proposer à midi un déjeuner simple et rapide et le soir un diner plus élaboré, des vins à choisir dans une magnifique cave en verre. Le dimanche le brunch vient compléter la carte. Et tous les soirs des apéritifs ou digestifs dans notre espace bar. Si vous avez besoin d’un lieu pour vos évènements : www.lecomptoirmarseillais.com Infos & Réservation 04 91 32 92 54

5 Promenade Georges Pompidou 13007 Marseille www.lecomptoirmarseillais.com

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© Francis Amiand

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HÔTEL RESTAURANT

MAMA SHELTER

Plus qu’un endroit où dormir, le Mama Shelter est un centre de vie, un lieu où l’on se rassemble autour d’un « Live » de musique ou d’un plat à partager sur les tables d’hôtes. Une cuisine simple, conçue par les chefs Alain Senderens et Jérôme Banctel en hommage à la cuisine moderne de la Méditérranée. Au menu, Burrata fougasse aux olives, Beignets de Calamars, Cabillaud en croute de café poids gourmands goma sésame, grand baba de la Mama..pour le plaisir de tous ! Pour les aficionados de l’apéritif une dégustation s’impose au bar à anis : Une Boukha, un Raki, un Pastis, un Gambetta avec de la Poutargue coupée finement sont, entre autres, le moyen d’échapper un instant à la tourmente de la vie moderne afin de prendre le temps de ne rien faire tout simplement. Et après le repas, le ton est donné très vite avec un baby-foot de 4 mètres de long pour jouer à 8 ou 16, près de la scène « Live » et ses instruments de musique suspendus dans le vide. Mama loves you! Réservation restaurant 04 84 35 21 00 ou sur mamashelter.com

64 Rue de la Loubière 13006 Marseille

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RESTAURANT -PLAGE PRIVÉE

L’ACAPULCO

Cette plage privée bien connue des estivants des Lecques à Saint Cyr est réputée pour son cadre de rêve et sa cuisine de produits frais ! Depuis 1963, on vient tous «chez Nono» pour commencer l’été, le prolonger, et même plus... Élue plus belle plage de l’année 2010-2011, L’Acapulco vous accueille tous les jours du 15 avril au 15 octobre. Infos & Réservation 06 09 51 64 30

Les Lecques

RESTAURANT

LE BOUCHON PROVENÇAL

C’est dans un lieu totalement rénové où s’entremêlent modernité et tradition que vous pourrez venir découvrir la carte du Bouchon provençal pour des saveurs teintées de notre douce Provence. S’attabler au Bouchon «nouvelle version», c’est adhérer a l’idée qu’il est possible d’associer création, goût et décontraction ! Le Bouchon c’est un prix, c’est du goût, c’est un mode de vie, un concept... La promesse qu’une autre cuisine est possible.

6 place aux huiles - 13001 Marseille Infos & Réservation : 04 91 33 44 92

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RESTAURANT

ALBERT CAFÉ

PASSEZ À TABLE DANS UN JARDIN À BOMPARD... Au déjeuner comme au dîner, venez profiter du calme du jardin du Newhotel Bompard où oeuvres d’art et végétation méditerranéenne vous dépayseront. Dans une ambiance cosy l’hiver ou aux beaux jours sur la terrasse du jardin, le restaurant Albert Café vous accueille dans une ambiance détendue autour d’une cuisine de saison. Parking privé gratuit ­ Ouvert tous les jours ­ déjeuner et dîner Infos & Réservation 04 91 99 22 22

2 rue des Flots Bleus • 13007 Marseille • info@albertcafe.com • www.albertcafe.com

RESTAURANT

L’ENTRECÔTE DU HUITIÈME

Après vingt ans passés sur le port, L’Entrecôte du huitieme vous accueille tous les jours, à l exception du dimanche soir, pour déguster sa pièce de bœuf et sa fameuse sauce accompagnée de frites maison. Infos & Réservation 04 91 25 07 06

386 Avenue du Prado • 13008 Marseille

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RESTAURANT

L’INSOLITE

Un lieu, une exception à découvrir absolument ! Niché au fond d’une allée à 50 m de la préfecture, une terrasse sur les toits les pieds dans la pelouse vous attend pour déguster nos pizzas au feu de bois, une cuisine gourmande et colorée. Soirées à thèmes tous les vendredis soir • Possibilité de privatiser le lieu.

5 rue d’Italie 13006 Marseille Infos & Réservation 04 91 43 91 51 - Facebook : resto.linsolite

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HÔTEL & RESTAURANT

CHÂTEAU DE LA PIOLINE

Cessez de cherchez un lieu différent...Venez !

Aujourd’hui, la mémoire du passé subsiste dans cette élégante demeure, au sein de l’hôtellerie de luxe et traditionnelle de la ville d’Aix en Provence. Hôtel 4*, Restaurants, bar et évènementiel 260 rue Guillaume Du Vair 13546 Aix en Provence • 04 42 52 27 27 contact@chateaudelapioline.com • www.chateaudelapioline.com

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RESTAURANT

BURGER BANQUET’S

Et si la cuisine américaine et son mets emblématique, le hamburger, devenaient savoureux, originaux et même jouissifs ? Réinterprétés chez Burger’s Banquet selon le goût et la qualité française, ils s’avèrent même irrésistibles. Le cadre, à la fois atypique et chaleureux, participe aussi à la convivialité du lieu. Infos & Réservation 04 91 933 240

9 rue Molière • 13001 Marseille

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Sept. 2013 urbanisme / Architecture / Design 130

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