La Sentinelle Juin 2017 - n° 06
Avant-propos
Plus de pensionnés, moins de jeunes !
Périodique mensuel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Bruxelles X - P109013
le syndicat militaire
Avant-propos
Mieux vaut garder un vieux militaire qu’un jeune ! AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
En lisant ce titre, vous penserez que je suis proche de la folie. Pourtant, il traduit bien ce qui se joue en ce moment dans notre armée. Alors que la Vision stratégique du ministre Vandeput en prédit le rajeunissement, l’état-major assouplit les conditions d’exécution de la « prestation volontaire d’encadrement » (PVE) pour les militaires pensionnés. L’erreur est humaine. Et la persévérance est diabolique ! Selon le principe n°9 tiré de la « Vision stratégique 2016-2030 », « il faudrait abandonner autant que possible le Life Time Employment, pour faire de la Défense une organisation globalement plus jeune. » Ainsi, le gouvernement espère abaisser la moyenne d’âge de 40 ans et plus, à 34 ans. À la mi-octobre 2016 – plusieurs mois après la publication de la Vision stratégique – le gouvernement est allé à l’encontre de ses propres principes une première fois, en relevant brutalement l’âge de la retraite pour tous les militaires. En conséquence, face à l’incertitude qui règne à propos de la nouvelle réglementation sur les pensions, nombre de militaires ont opté pour la proie et non pour l’ombre. Depuis l’annonce de la décision de principe de la mi-octobre sur les nouvelles règles en matière de pension, l’état-major constate une augmentation significative des requêtes de « pension à la demande » et d’arrêts de la « prolongation volontaire de la carrière militaire ».
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Par ce biais, les effectifs de la Défense diminuent plus vite que prévu. Combinée à une incertitude persistante sur plusieurs plans, cette situation mène peu à peu et inexorablement à un exode réel. Au début de ce mois de juin, l’état-major de la Défense a lancé un appel pour le moins surprenant, par lequel il donne la chance à plus de militaires d’effectuer une « prestation volontaire d’encadrement » (PVE). Pour tout poste pour lequel on ne trouverait pas de remplaçant dans le planning normal de mutation, la présence d’un PVE sera permise. Un militaire en PVE est déjà pensionné et effectue cette prestation en tant que réserviste. L’état-major de la Défense souhaite ici, d’une part, répondre à la demande de certains militaires voulant travailler plus longtemps et, d’autre part, amortir la diminution rapide des effectifs. A première vue, cela semble être un objectif noble. Du moins pour quelques élus dont la demande doit encore être approuvée.
Ce qui a attiré notre attention dans l’appel en question, c’est que la Défense a décidé de débloquer un budget supplémentaire pour combler la différence entre le montant de la pension et le dernier traitement de ceux qui opteraient, en 2018, pour une PVE. Là où le robinet du recrutement était fermé pour causes budgétaires et empêchait ainsi l’arrivée de jeunes militaires, on ouvre les cordons de la bourse pour garder les vieux plus longtemps. Un relèvement brutal de l’âge de la pension et la libération de moyens financiers pour retenir en service plus d’anciens : cela n’a rien à voir avec les objectifs de rajeunissement de la Vision stratégique. Entre-temps, les unités opérationnelles demeurent en sous-effectifs, pauvres en moyens et encaissent encore toutes les charges opérationnelles. La seule solution logique est somme toute très simple : recruter plus de jeunes !
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Photo : Orban Daniel
Juin 2017 - n° 06
Colophon
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Avant-propos Mieux vaut garder un vieux militaire qu’un jeune !
La Sentinelle est le mensuel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.
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Dossier pensions : ça va coûter combien?
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Des promesses pour plus tard, des misères pour tout de suite
Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01
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Quand le militaire fait son shopping pour assurer la mission
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Journée du Bien-être pour la sécurité et la santé au travail
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La sécurité en vrai et simulée
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Dossier pensions : ça va coûter combien? Le gouvernement insiste : les militaires devront travailler jusqu’à 67 ans, comme tout le monde. Là où « tout le monde » voit sa carrière prolongée de 2 ans, les militaires devraient consentir à un allongement dépassant parfois 10 ans. Outre l’impact désastreux de ces mesures sur le fonctionnement de la Défense, on peut se demander si la « décision de principe » du gouvernement est tout simplement compatible avec les finances de l’État. Sortons les calculettes… En 2016(1), le budget de la Défense s’élevait à 2,43 milliards d'euros (sans compter les pensions). La part du budget réservée au personnel représente près de 1,5 milliards. Cela correspond à un salaire moyen de 45.000 € (brut) par employé et par an, y compris les primes et allocations diverses mais sans les manœuvres. Par ailleurs, on peut aisément calculer la différence de revenu brut moyen entre un militaire d’active âgé et un jeune :
Ce n’est pas tout ! La Vision stratégique prévoit de diminuer les effectifs à 25.000 militaires FTE (3). Mais si la pension est reportée de 8,5 ans, la baisse sera retardée d’autant. Il faudra donc payer plus d’employés pendant toutes ces années. Dans la situation actuelle, le nombre de 25.000 FTE serait déjà atteint naturellement en 2021. En cas de report de la pension, les projections montrent que la popula-
tion militaire stagnerait à 29.000 FTE jusqu’en 2021, pour ensuite diminuer graduellement. À terme, les salaires cumulés de tous ces militaires en trop représenteraient alors un... excédent de personnel de 1,5 milliards d’euros ! Le coup fatal au plan du gouvernement se trouve en-dehors de l’armée. En effet, la mesure
Jeune militaire de 22,5 ans : 24.000 €/an Vieux militaire de 55 ans : 57.000 €/an Actuellement, 36% des militaires ont 50 ans et plus (2). Si ces 10.800 personnes doivent prester en moyenne 8,5 ans de plus, cela correspond à un… surcoût salarial de 3 milliards d’euros ! Photo : Orban Daniel (1) Source: Vision stratégique pour la Défense, p. 43. Ministre Vandeput, 29 juin 2016
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(2) Données DG HR, avril 2017 (3) FTE : Full Time Equivalent ou Equivalent temps plein
Les militaires âgés sont bien plus coûteux que les jeunes. Beaucoup d’accidents impliquent des collaborateurs âgés, moins alertes et moins en forme physiquement. Photo : Patrick Brion
aura un effet néfaste sur le recrutement et donc le chômage des jeunes Belges, surtout pour les moins qualifiés. En considérant une allocation de chômage moyenne de 12.000 € par an, si 10.800 vieux militaires occupent la place d’un jeune pendant 8,5 ans de plus, cela correspond pour l’État à un… surplus d’allocations de 1,1 milliards d’euros ! Tout ça pour garder des vieux militaires dont la Défense n’a pas vraiment besoin… Ce constat déjà inquiétant n’est pourtant que la face cachée de l’iceberg. En effet, entre un vieux militaire d’active et un jeune, le surcoût ne se trouve pas seulement dans l’allocation pécuniaire mais aussi dans une multitude de frais cachés. Prestations : les primes de manœuvres et d’opérations, les indemnités, prestations de
weekend, etc. sont plus importants pour les vieux militaires que pour les jeunes car proportionnels au salaire brut ou dépendants du grade. Indisponibilité : mobilité réduite, cancer, maladies cardio-vasculaires, burn-out et dépressions, … L’armée doit tenir compte d’un absentéisme plus élevé chez ses employés âgés, ce qui pour un même niveau d’ambition oblige à maintenir un effectif plus important, mais aussi une infrastructure (bureaux, outils, armement, …) inutile. Équipement : ordinateurs, outils de travail, véhicules, armes & tenues pied de guerre, … Un militaire âgé coûte autant, voire plus, en matériel qu’un jeune mais il ne contribue pas directement au core business. Accidents de travail & prévention des risques : dans ces domaines aussi, les vieux sont bien plus coûteux que les
jeunes. Beaucoup d’accidents impliquent des collaborateurs âgés, moins alertes et moins en forme physiquement. Temps partiel : les vieux militaires sont plus enclins à faire appel aux formules de temps partiel, mi-temps ou 4/5e. Cette situation oblige la Défense à maintenir un effectif plus important que le nombre de fonctions FTE, ce qui implique aussi une infrastructure (postes de travail, outils, armement,…) supplémentaire. Rendement : l’armée a besoin d’exécutants. Si elle doit payer une majorité de militaires âgés, occupant des fonctions d’état-major et d’appui, elle ne peut remplir ses missions de base. Le prix des opérations s’envole parce qu’on paie des gens dont on n’a pas besoin. Soins de santé : les militaires, comme tous les citoyens belges, coûtent beaucoup plus cher
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Info
au-delà de 50 ans. Or, la Défense assume une grande partie des frais médicaux de son personnel.
Infrastructure : bureaux, mobilier administratif, … autant de facilités nécessaires à un militaire en fin de carrière mais pas à un jeune en unité. Index : quand les salaires sont indexés, l’augmentation des vieux militaires est supérieure à celle des jeunes. Pensions : les militaires pensionnés entre 63 et 67 ans bénéficieront d’une pension moyenne plus élevée qu’à 56 ans. Ces différents frais cachés sont très difficiles à chiffrer mais il est clair que la décision de principe du gouvernement coûtera une fortune. Au final on parle de…
plus de 5,6 milliards d’euros !
Photo : Orban Daniel
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Par rapport à la situation actuelle, la décision de principe de Michel 1 coûtera 1,4 milliards d’euros aux … prochains gouvernements ! En effet, presque rien ne changera jusqu’aux élections de 2019. La coalition actuelle ne prend donc aucun risque, les effets néfastes de ses décisions ne la concernent pas. Ce cadeau empoisonné à nos futurs dirigeants s’ajoutera à l’urgent refinancement de la Défense exigé par l’Otan. Celui-ci est d’ores et déjà planifié par le ministre Vandeput pour… 2020 ! Cet énorme boulet ne pourra provenir que d’une augmentation
significative des impôts ou en faisant des économies draconiennes dans des secteurs eux-mêmes déjà en difficulté : enseignement, soins de santé, police, … Projection des effectifs et des coûts de 2017 à 2030 (voir cadre ) Vert : Situation actuelle, avec un départ à la pension à 56 ans Non seulement le plancher de 25.000 militaires est atteint rapidement, mais la pyramide des âges et des grades se rééquilibre naturellement. En 2030, la moyenne d’âge du personnel sera inférieure à 35 ans (contre 45 ans aujourd’hui). Dès 2022, le recrutement de jeunes militaires pourra être fortement accru, augmentant les capacités opérationnelles de l’armée de façon spectaculaire. Bien sûr, le gouvernement devra à la fois payer les pensions des ex-militaires à partir de 56 ans (3,1 milliards d’euros sur 8,5 ans), mais aussi les salaires des jeunes qui les remplacent. Ce dernier poste peut être estimé à 2,2 milliards d’euros. Cependant, ce recrutement va diminuer autant le chômage des jeunes, surtout pour les moins qualifiés. En considérant une allocation de chômage moyenne de 12.000 € par an, on s’aperçoit que la facture pour l’État s’élèvera à 4,2 milliards d’euros. 2017
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Photo : Patrick Brion
Orange : Décision de principe du gouvernement appliquée à partir de 2018 La pension est portée à 57 ans en 2018 et chaque année six mois sont ajoutés pour atteindre 63 ans en 2030. Les départs se font donc au compte-goutte. Le plancher des 25.000 militaires n’est atteint qu’en 2029. L’âge moyen des militaires est toujours de 45 ans en 2030. Au-delà de 2030, l’âge de la pension continue à augmenter et atteint 67 ans en 2038 pour ceux qui n’ont pas une carrière complète avant cette échéance. Dans cette situation, le gouvernement doit payer un excédent de personnel et de salaires élevés pour un total d’au moins 4,5 2022
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milliards d’euros, comme on l’a vu plus haut. En comptant l’effet néfaste de la prolongation de la carrière sur les chiffres du chômage des jeunes, on s’aperçoit que la facture pour l’État s’élèvera à 5,6 milliards d’euros. Projection sur base des effectifs actuels par tranche d’âge Le calcul est effectué en tenant compte d’un recrutement annuel effectif d’au moins 500 jeunes militaires court terme (BDL 8 ans), augmenté si nécessaire pour atteindre l’objectif de 25.000 militaires. Le recrutement effectif ne tient compte que du personnel restant durablement à la Défense et non pas des places ouvertes, beaucoup plus nombreuses.
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Des promesses pour plus tard, des misères pour tout de suite Avec ou sans la pression des Américains, les pays de l’Otan sont d’accord pour augmenter leurs budgets militaires. Pas pour faire plaisir à Donald Trump, mais parce que les terroristes sont parmi nous, suivis de près par l’Armée rouge. Devant les chefs d’État réunis à Bruxelles, notre premier ministre s’engage à son tour. Que fera la Belgique ? Des promesses. Et à court terme ? Plus d’économies, pardi !
Si on en croit l’Alliance, nous devrions dès aujourd’hui doubler le budget et quadrupler les effectifs. Charles Michel l’affirme clairement : « Cette législature (entamée en 2014) marque un tournant. Et le tournant, c'est d'abord stabiliser les dépenses, stopper les économies puis renouer avec une logique de croissance pour renforcer nos capacités militaires et faire en sorte que la Belgique soit un partenaire fiable. » Au même moment, le ministre de la Défense Steven Vandeput, tempère les déclarations de son patron : « Vu les difficultés budgétaires actuelles, nous ne pourrons pas respecter les 2% prévus, mais j’ai un plan pour amener le budget
de l’armée dans la moyenne européenne. » Comme par hasard, ce plan de recapitalisation commence par… des économies ! Mesures du gouvernement « en faveur » de l’armée pour la fin de la législature (2017-2019) : 1. Réduction du budget ( -39 Mio € en 2018 et -45 Mio € en 2019) 2. Diminution du nombre de militaires (de 30.000 vers 25.000) 3. Arrêt du recrutement suite à l’augmentation brutale de l’âge de la pension 4. Arrêt des investissements suite aux frais de personnel supplémentaires des plus de 56 ans
5. Économies massives dans les frais de fonctionnement, sauf au profit du secteur privé (subvention de firmes privées sur le budget de la Défense dans le cadre de l’outsourcing) 6. Presser davantage les missions du « citron » militaire pour satisfaire l’Otan à court terme. La « Vision stratégique » du ministre prévoit une augmentation progressive du budget militaire après la fin de l'actuelle législature, pour arriver à 1,3 % du PIB en 2030. Non seulement on sera loin des 2 % réclamés par l’Otan, mais on n’arrivera même pas aux 1,47 % de la moyenne européenne actuelle. Sans oublier qu’en 2030 cette moyenne aura elle-même augmenté. Donc, même si notre pays applique cette « Vision stratégique » (sic), on sait déjà que nous finirons dans les derniers, comme d’habitude. Au nom du prochain gouvernement ?
Photo : Bart Rosselle
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Hypocrisie suprême, le gouvernement ne s’engage pas lui-même
Au moment où vous lisez ces lignes, de nombreux spécialistes sont soit sur le départ, soit ne seront pas remplacés. Photo : Christian Decloedt
mais refile ses demi-mesures à une hypothétique future coalition, après avoir lui-même largement puisé dans la « manne » militaire. Or, tout le monde sait que la formation d’une majorité en 2019 risque de durer des années, si elle aboutit un jour. Dans le climat politique futur, les deux plus grandes communautés du pays seront toujours plus éloignées l’une de l’autre, réduisant à néant les possibilités d’un accord entre elles. Pendant ce temps, l’équipe en « affaires courantes » n’aura pas l’appui politique nécessaire pour investir massivement dans la Défense et combler le retard créé par Michel 1. Notre pays se dirige tout droit vers une crise à la fois institutionnelle, sécuritaire et budgétaire. À qui profite le crime ? Le sabotage de notre armée, un des derniers symboles de l’unité nationale, ne profite qu’à une minorité politique et au lobby industriel, avide de personnel qualifié. Pourtant, c’est toute la nation qui en pâtit. Car le mal est fait, la Défense est
déjà en faillite. Au moment où vous lisez ces lignes, de nombreux spécialistes sont soit sur le départ, soit ne seront pas remplacés. Comme les deux derniers « dresseurs de canons », un métier d’armurerie essentiel à notre profession et pour lequel une formation interne de trois ans est nécessaire. Quand ces deux « dresseurs » seront partis, les canons endommagés ne pourront plus être réparés. La facture d’emploi des armes légères explosera mais il sera trop tard pour y remédier car ce savoir-faire centenaire aura définitivement disparu. La fuite des militaires touche toutes les catégories et tous les âges. Si les 35+ doivent quand même travailler jusqu’à 67 ans, nombre d’entre eux quitteront l’armée pour une carrière plus rentable, plus proche et plus gratifiante dans le privé, surtout dans les domaines les plus demandés : informatique, mécanique, logistique, sécurité, médecine, technique... Les plus jeunes ne sont pas en reste. On leur a promis un métier passionnant, des perspectives intéressantes et
une fin de carrière valorisante, mais ces avantages disparaissent l’un après l’autre. La Défense n’est plus crédible en tant qu’employeur. La confiance est perdue et de nombreux jeunes démissionnent rapidement, quitte à rembourser leur période de rendement, dans le cas des officiers. Restent les « anciens », ceux qui n’ont plus que quelques années « à tirer » et à qui on impose des prolongations impopulaires. « Il existe des plans pour investir 9 milliards d’euros dans la Défense entre 2020 et 2030 », annonce fièrement le gouvernement. Frégates, avions de combat, drones, etc. On nous promet de beaux jouets tout neufs ! Mais qui sera aux commandes ? Les « visions » de nos gouvernants oublient systématiquement que si le matériel est important, il ne sert à rien sans opérateurs convenablement entraînés, en bonne forme physique et bien motivés. Car si acheter un canon est aisé, on ne peut pas acheter un artilleur.
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Quand le militaire fait son shopping pour assurer la mission Sans doute avez-vous suivi les informations parlant de la « faillite de la Défense » et de la problématique des gilets pare-balles destinés aux militaires. Le ministre Vandeput déclarait, après les déclarations de l’ACMP-CGPM, que le syndicat militaire mentait. Nous avons rencontré plusieurs militaires pour tâter le terrain et voir, à la fin, qui dit la vérité.
Retenons deux témoignages représentatifs de la situation vécue par nombre de nos collègues. Stéphane, 25 ans, est fantassin. Il est ce qu’on appelle « un bon élément », fier de porter l’uniforme et de rendre service à la Nation. Mais cet uniforme, Stéphane commence à lui trouver des défauts : « Il faudrait déjà revoir la tenue de base, qui n’est pas adaptée aux missions actuelles. Mais passe encore… », tempère notre fantassin.
du gilet militaire pour les mettre dans le porte-plaque acheté par nous, déclare Stéphane. Probablement que la Défense investit dans du matériel, mais c’est souvent la solution la moins chère qui est adoptée. Nous nous retrouvons donc avec du matériel inadapté et de moindre qualité. »
Si ce n’était que le gilet… Le gilet pare-balle, symbole de la protection de l’individu autant que son casque ou son arme et fourni par la chaîne militaire à son personnel, trouve peu de locataire heureux. Trop petit ou trop grand dans beaucoup de cas, cet équipement manque surtout d’entretien entre les rotations de personnel qui le porte, même s’il est séché et aéré. Il accumule ainsi les couches d’odeurs nauséabondes pour l’utilisateur. « Nous prenons alors les plaques Kevlar
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Photo : Patrick Brion
Pour le soldat de base, il ne s’agit pas seulement d’avoir un gilet pare-balles à sa taille. « La première chose à changer, ce sont les
radios. Entre hommes déployés en opération ou en manœuvre, la communication doit être parfaite. Si les BAMS fonctionnent bien, ce n’est pas le cas des radios HH », souligne Stéphane. « Les batteries se déchargent en quelques minutes. » Certains ont déjà acheté des radios personnelles qu’ils utilisent entre eux. Mais les HH sont nécessaires, puisqu’elles peuvent communiquer avec le BAMS. Coût des radios personnelles : entre 50 et 100 €. Citons quelques exemples d’articles qui ont dû être remplacés par des articles trouvés dans le civil (+ prix) : - le porte-plaques (gilet pareballe vide) : 150 € - le sac à dos Day Pack (avec gourde souple de type Camel Bag) se révèle limité en volume. Une capacité doublée serait bien accueillie. Coût : 200 € - les porte-chargeurs ne sont pas adaptées. Coût : 25 €/pochette. Ajoutons au passage que les grandes poches cargo ne sont pas compartimentées. « À l’intérieur, tout se mélange », précise Stéphane.
Photo : Patrick Brion
- Le holster d’arme de poing : ne peut être porté que sur la cuisse. Idéalement, un holster pouvant être clipsé sur la cuisse et sur la poitrine ferait le bonheur des utilisateurs. « Mais dans un véhicule, il faut pouvoir dégainer rapidement, si possible à partir de la poitrine, à hauteur de la fenêtre. » Coût : entre 150 et 200 € (+ 100 € pour 2 supports du holster) - le gilet d’assaut : « Faute de chest webbing en suffisance à la Défense, nos chefs nous ont encouragés à en acheter un dans le civil. Puis, un nouveau modèle est arrivé par la chaîne militaire et nous avons dû abandonner celui que nous avions acheté en 2016. » Coût : 250 € - le porte-tourniquet : ne tient pas le tourniquet de manière adéquate. Coût : 20 € - la ceinture de combat : 90 € - la veste de pluie imprimée de camouflage belge : 90 € - les protections auditives inadaptées : « On ne les porte que sur une oreille, pour pouvoir
entendre tous les sons. Nous risquons donc d’avoir des problèmes d’ouïe en cas de tir. » Coût : 90 € - une boussole de qualité : 70 € - un GPS (pour les chefs de section par exemple) : entre 150 et 300 € - les lunettes de tir de piètre qualité : souvent rayées, parfois déjà cassées quand on les déballe pour la première fois. « Le verre s’écaille à la première goutte de sueur tombée sur le verre ! » La note est donc salée pour Stéphane : 1.410 € (en prenant les prix les plus bas de cette liste). Achats online Autre son de cloche auprès de Bruno, lui aussi « fantassin ». Il est fortement sollicité pour l’opération Vigilant Guardian. « J’ai la chance d’avoir reçu ce qu’il fallait, pour le gilet pare-balles. C’est vrai qu’au début on nous avait confié des modèles américains qui n’étaient pas adaptés », explique Bruno. « Par contre, il y aurait du progrès à apporter pour beaucoup d’autres pièces d’équipement. Les porte-chargeurs ABL offrent beaucoup de résistance à l’ouverture. Sur un site internet allemand, j’achète des porte-chargeurs (23 €/pièce) très faciles à ouvrir. Et lors du changement de chargeur, c’est ultra important. » La sangle tactique du SCAR cisaille le cou, quand elle ne casse pas. « Pour 30 €, j’ai une sangle tactique dite « à un point » plus confortable et solide », selon Bruno, qui précise que le holster rigide de cuisse se révèle inconfortable : « Vous
cognez la jambe de votre voisin, dans le véhicule, avec le holster. Et quelqu’un pourrait tenter de prendre votre arme, en venant par derrière, quand elle est portée à la jambe. Alors que sur la poitrine, votre pistolet se trouve au plus près et devant vos yeux. » Citons aussi le tourniquet contenu dans la trousse de premiers soins. « Certains tourniquets semblent usés et pourraient casser », ajoute Bruno. « Les gants fournis par la Défense se dégradent très vite. Les coutures ne résistent pas. Pour 40 €, je trouve des gants plus solides. » Spray au poivre et bâtons télescopiques devraient être contrôlés plus souvent : « Soit la date de péremption est dépassée, soit il a déjà été utilisé. Et pour le bâton télescopique, il faut bien le lubrifier avec de l’huile pour pouvoir l’ouvrir tant il est grippé. » Notons toutefois certains points positifs, surtout pour l’armement. Généralement, le SCAR distribué aux militaires trouve un écho positif, même si certains doutes subsistent quant à la solidité de certaines pièces en plastique et la disponibilité des pièces de rechange. Idem pour le pistolet Five-seveN. Le message commun à plusieurs témoignages s’adresse principalement au personnel militaire chargé des études et analyses de l’équipement à fournir aux unités de terrain : « Demandez-nous notre avis et prenez-le vraiment en compte ! » La balle est maintenant dans le camp du Ministre et de DG MR.
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Bien-être
Journée du Bien-être pour la sécurité et la santé au travail Dans le cadre de la Journée mondiale sur la sécurité et la santé au travail, le département d’état-major Well-Being organisait un séminaire pour le haut management et les Chefs de Corps de la Défense. Plusieurs exposés ont été donnés par des orateurs internes et externes.
Dans son discours d’ouverture, le général-major Geert Laire a plaidé pour une intégration maximale des systèmes de soins et de management. D’après le chef du département d’état-major WellBeing, nous devons évoluer vers une organisation structurelle dans laquelle les gestions qualitative, sanitaire, sécuritaire et environnementale doivent être plus intégrées et mieux ancrées dans la politique générale d’entreprise.
dents avec lésion et qui ont occasionné 718 jours d’absence pour motif de santé. Capacité de travail « Pour garder les gens plus longtemps au travail, nous devons aussi miser sur la capacité de chaque individu », propose le docteur Sofie Vandebroeck de la KU Leuven.
Opérationnalité durable Il est certes important d’éviter les accidents du travail, d’une part pour préserver la santé du personnel mais, d’autre part, pour maintenir l’opérationnalité de la Défense. Le but poursuivi par le département d’état-major Well-Being est, entre autres, l’amélioration constante de l’opérationnalité durable et les efforts consentis pour l’atteindre ou la maintenir. En 2016, l’opération Homeland, par exemple, a connu 38 acci-
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et de la responsabilité partagée pour l’employeur et l’employé. Pour déterminer la capacité de travail d’un individu ou même de toute une organisation, il faut tenir compte de quatre niveaux. Le Dr Vandebroeck a comparé ces derniers avec les étages d’une maison. Au rez-de-chaussée se trouvent la santé et les capacités fonctionnelles de l’employé. Au premier étage, vous trouverez les compétences et au deuxième, les valeurs, l’attitude et la motivation de l’individu. Ces trois niveaux définissent la volonté et la capacité de l’employé. À l’étage supérieur, il y a des conditions de travail, la direction ainsi que les mesures de développement prises par l'employeur.
La capacité de travail, c’est l’équilibre entre la capacité et la volonté du travailleur et les exigences de l’employeur. Cette capacité de travail, c’est aussi la colonne vertébrale de l’engagement durable
Ces dernières sont des solutions quantitatives et qualitatives qui prennent en compte l’âge fonctionnel de l’employé. Le Dr Sofie Vandbroeck a terminé son exposé avec la proposition suivante :
On peut réduire la portion de viande d'un repas chaud de 180 à 150 grammes.
Ne pas DEVOIR travailler plus longtemps, mais POUVOIR et VOULOIR travailler. Body Mass Index Depuis plusieurs années, les militaires passent pour être une population en surpoids. D’après le docteur Patrick Mullie, conseiller en nutrition auprès du département d’état-major Well-Being, 14.000 collaborateurs ont un poids normal, 15.000 sont en surpoids et 4.000 sont considérés comme obèses. Lors de sa présentation, le docteur-professeur Mullie a introduit la notion de nudging, par laquelle les
consommateurs sont stimulés de manière positive pour adopter un comportement adéquat. Les cuistots peuvent aussi collaborer en améliorant la planification des repas et en revoyant l’apport énergétique des repas. On peut réduire la portion de viande d’un repas chaud de 180 à 150 grammes et servir des pommes de terre au moins trois fois par semaine. Une portion de 100 grammes de pommes de terre ne représente que 70 Kcal alors que le riz ou les pâtes atteignent le double pour le même poids. L’on peut aussi standardiser les sandwiches et augmenter l’offre des salade-bars. Pour le dessert, il faudrait idéalement servir des fruits, au moins deux fois par semaine. Une autre solution simple serait de revoir l’ordre des boissons proposées dans les distributeurs automatiques, en plaçant l’eau à hauteur des yeux et les boissons sucrées aux étages inférieurs. À Melsbroek et Eupen, un projet de «nudging » est en cours, évalué
tous les trois mois. A Beauvechain, ce projet a débuté en mars dernier.
Au département Well-Being tout le monde est conscient qu’un accident de travail est un accident de trop. Les analyses de risques, les sensibilisations à la sécurité individuelle et collective lors de la formation et tout au long de la carrière, les campagnes de prévention, les programmes de nutrition, l’appui psychologique, moral et religieux, la gestion des incidents et de l’absentéisme etc. sont autant d’outils visant à protéger l’intégrité psychologique et physique de l’individu.
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Bien-être
La sécurité en vrai et simulée Tous les deux ans, les Road Safety Days (RSD) sont l’occasion pour le personnel de la Défense de rafraîchir certaines notions de sécurité. En fonction du thème choisi, c’est aussi le moment pour environ 1.400 militaires de s’informer, entre autres, sur les techniques d’apprentissage à la conduite de véhicules militaires. Le thème de cette quatrième édition des (RSD) mettait l’accent sur la sécurité routière. Durant six jours (22, 23 et 24 mai à Marcheen-Famenne – 30, 31 mai et 1er juin à Bourg-Léopold), toute la population militaire qui le désirait pouvait se rendre à ces « portes ouvertes » de la route. L’on pense parfois tout savoir sur la conduite et les gestes à poser en cas d’accident ou ce qu’il faut faire pour l’éviter. Devant un véhicule militaire à la face écrasée et le pare-brise défoncé, un secouriste nous glisse à l’oreille : « Vous voyez, il ne faut pas penser que l’airbag vous sauvera alors que vous n’êtes pas ceinturé. Sans ceinture, lors du choc, le passager part en avant et glisse au-dessus de l’airbag. Avec un peu de chance, le pare-brise l’arrête. » Précisons qu’il est de la responsabilité juridique du chauffeur que tous les occupants du véhicule aient attaché leur ceinture de sécurité. Et ce secouriste d’ajouter : « Saviez-vous que les deux barres de fixation des appuie-têtes peuvent vous sauver ? Si votre portière est bloquée, elles servent à en briser la vitre. Vous pourrez alors sortir du véhicule. »
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Ergonomie Plus loin, un film projeté dans un container traite de l’ergonomie dédiée aux chauffeurs de poidslourds. « Très souvent, le chauffeur saute de sa cabine. Les genoux et le bas du dos encaissent alors 8 fois le poids du corps. Il vaut mieux donc prendre appui sur les poignées et la marche placée sous la porte. Pensez aussi à prendre des pauses lors de longs trajets, à bouger pour éviter l’ankylose des muscles. Le bon réglage des rétroviseurs évitera des problèmes aux cervicales. »
Photo : C. Bandinelli
Les chauffeurs simulent Ces RSD ont aussi montré l’utilité de l’apprentissage. À Marcheen-Famenne, six simulateurs de conduite ont été montés à la Compagnie Ecolage (et six autres à Bourg-Léopold) pour former les chauffeurs du camion Astra, du Dingo et du Piranha.
Photo : C. Bandinelli
Ces cabines reconstituées à l’identique reposent sur des vérins hydrauliques reproduisant les mouvements du véhicule au freinage, à l’accélération ou sur des dénivellations du terrain. Le but est de former, sous la supervision d’un moniteur placé aux commandes de la machinerie, un maximum de chauffeurs sans devoir avoir recours à un vrai véhicule. L’économie en carburant, la diminution du risque d’accident et l’interaction entre les différents simulateurs (formation d’une colonne virtuelle ou d’un déploiement) constituent assurément les principaux atouts de ces systèmes de conduite modernes. L’ACMP-CGPM salue le travail de la cellule MIRS ayant organisé ces RSD et ne peut que l’encourager à continuer sur cette voie.
NAISSANCES
BAPTISTE – 15/03/2017 né dans la famille de Audrey JENNART (Namur) CELYAN – 26/03/2017 né dans la famille de Anthony BAYET (Charleroi)
MARIAGES
06/05/2017 Samuel ALEXANDRE et Christelle DELMARTINO (Flémalle)
Indice des prix à la consommation du mois de mai 2017
KLARA – 27/03/2017 née dans la famille de Pierre JACQUEMIN (Liège) NAYA – 21/04/2017 née dans la famille de Steven DRIESEN (Overpelt) JACK – 22/04/2017 né dans la famille de Edwin VANDOORNE (Tournai) ELLA – 14/05/2017 née dans la famille de Damien PARDONCE (Soignies)
NECROLOGIE
DÉSIRÉ BURTON (Chimay) 1929 - ✝ 28/04/2017 WALTER DEVOS (Ieper) 1939 - ✝ 01/05/2017 FRANÇOIS PHILIPSEN (Deurne) 1931 - ✝ 07/05/2017 RITA HOLLANDERS (épouse de M. Eduard VERVOORT) (Duffel) 1933 - ✝ 17/05/2017
L'indice des prix à la consommation s'établit à 105,00 points en mai 2017, contre 105,09 points en avril 2017, ce qui représente une baisse de 0,09 point ou 0,09 %. L'indice santé, tel que prévu dans l'arrêté royal du 24 décembre 1993, s'élève pour le mois de mai 2017 à 105,42 points. La moyenne arithmétique des indices des quatre derniers mois (février, mars, avril et mai 2017) s’établit à 103,21 points. L’indice-pivot pour la fonction publique et les allocations sociales, fixé à 103,04 points, est donc dépassé ce mois-ci. Dès lors, les allocations sociales et les pensions seront indexées de 2% en juin. Les salaires du secteur public seront indexés de 2% en juillet. Le dernier dépassement de l'indice-pivot remontait au mois de mai 2016. Source : Direction générale Statistique et Information économique
JEAN-MARIE GAIL (époux de Mme Rose-Marie COEURDEROI) (Saint-Nicolas) 1938 - ✝ 21/05/2017
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