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Tous des profiteurs ?
Suite à une plainte de la CGPM, la ministre de la Défense a annulé la nouvelle pro cédure de remboursement des lunettes. Au lieu d’avancer au profit des militaires, l’autorité profite maintenant de la situation pour revenir aux erreurs du passé.
Bien essayé ! Au début de septembre 2022, la Défense a publié ‘en douce’ une nouvelle procédure pour le remboursement des lunettes, verres et lentilles de contact. De timides avancées s’y trouvaient mais surtout une modification des montants remboursés. Or, la loi est claire : un texte qui touche aux droits pécuniaires et aux obligations des militaires doit être soumis aux partenaires sociaux. La Défense a tenté d’éviter les revendications légitimes des représentants du personnel en contournant cette obligation.
La CGPM se devait de saisir le Comité du contentieux pour faire respecter la loi, bien sûr, mais sur le fond, cette nouvelle ‘SPS’ ne répondait pas non plus aux attentes des militaires.
En effet, elle ne changeait pas fondamentalement la donne pour les porteurs de lunettes et/ou de lentilles : une procédure administrative toujours trop lourde, malgré une simplification très relative avec l’abandon du ‘Modèle Transfert’ (sauf cas particulier) pour voir l’ophtalmologue.
Nous revendiquons que chacun puisse obtenir sa correction optique rapidement, sans frais et sans tracasseries. Quand un civil a besoin de lunettes, il va chez un opticien. Pourquoi ne serait-ce pas possible à l’armée ? Si la Défense avait un accord avec des opticiens, elle pourrait définir une gamme standard de montures, verres et lentilles de contact dans laquelle les militaires pourraient faire leur choix sans rien payer. Est-ce donc si difficile ?
Business model
Au lieu de cela, aujourd’hui, retour à l’ancien système : si vous avez besoin d’urgence de remplacer vos lunettes usées, perdues, …, vous devez d’abord déranger un généraliste militaire ou agréé pour obtenir le ‘Modèle Transfert’ et ensuite voir un ophtalmologue. Comme les spécialistes sont rarement conventionnés, cela vous coûtera un max, sans remboursement possible des suppléments. Si vous obtenez un rendez-vous dans les trois mois (vu que les ophtalmos sont encore plus débordés que les généralistes), vous pourrez enfin acheter vos lunettes (si entretemps vous n’avez pas eu d’accident, faute de lunettes…). Restera à demander le remboursement.
Bien entendu, Evere traite chaque dossier comme s’il était estampillé ‘PROFITEUR’ ; gare à vous si vous avez oublié de cocher une case ! Deux absences du service, deux visites chez le médecin, plus le travail administratif dont l’utilité réelle pose question : combien cela coûte-t-il à la collectivité ? Evidemment, les médecins (militaires) dans les services qui décident, n’ont aucun intérêt à simplifier les choses et argumentent que le personnel doit consulter régulièrement un ophtalmologue car un opticien ne peut pas diagnostiquer une éventuelle maladie. Mais si c’est à ce point important, que font-ils pour les militaires qui ne portent pas (encore) de corrections optiques ou ceux découragés par la bureaucratie qui vont directement chez un opticien ?
Nada, parce qu’alors la médecine du travail devrait prévoir un examen (préventif) périodique chez un ophtalmologue pour tous les militaires ; cohérent, non ? Mais pas au goût de tous ! Voilà comment on complique inutilement la vie de 24.000 militaires pour protéger le ‘business model’ de quelques-uns. Et, pour preuve : fin janvier 2023, la Défense sort une instruction détaillée remaniée afin d’y officialiser en catimini une procédure incorrecte obligeant, dans tous les cas, le ‘Modèle Transfert’ pour obtenir l’intervention de la Défense dans les coûts de corrections optiques. Certains n’ont manifestement toujours pas compris que le ‘Modèle Transfert’ n’est requis que pour le (petit) remboursement (s’il est demandé par le militaire) de la consultation chez l’ophtalmo, mais pas pour le remboursement partiel des corrections optiques ! Ce sont deux ‘choses’ différentes ! Un âne n’est pas aussi têtu.
L’ACMP-CGPM continuera donc ses démarches sur tous les fronts afin que les militaires reviennent au centre des préoccupations et des procédures.