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La mobilité dans la société du 1,5 mètre : Comment allons- nous nous déplacer après le corona ?

La mobilité dans la société du 1,5 mètre

Comment allons-nous nous déplacer après le corona ?

S'il y a une chose que nous pouvons dire, c'est que le coronavirus a bouleversé toutes nos habitudes. "Il y aura un avant et un après COVID" : c'est le genre de propos que l'on entend/lit souvent. Est-ce vrai aussi pour la mobilité ?

Mika Tuyaerts – mika.tuyaerts@effectivemedia.be

De nombreux experts y sont allés de leur interprétation de la mobilité post-COVID. « La mobilité en Belgique et dans le monde entier est probablement à un tournant », déclare Erik Swerts, Managing Director d’Alphabet Belux. « Le télétravail se répandra-t-il en masse, maintenant que nous sommes tous sortis des embouteillages depuis des semaines, voire des mois ? Les belges ont-ils envie de se déplacer différemment dans un monde post-coronavirus ? Et, par conséquent, les employés veulent-ils explorer davantage les options de mobilité alternatives offertes par leur employeur ? » Erik Swerts plaide en tout cas pour un débat sur la mobilité avec toutes les parties prenantes. Mais quels sont les opportunités et les défis pour nos déplacements domicile-lieu de travail dans la société du mètre et demi ? Quelles sont les formes de mobilité les plus viables ? De nombreuses questions qui méritent des réponses. Nous les énumérons ici...

Le télétravail se poursuivra-t-il ?

De nombreux employés et entreprises ont découvert les avantages et inconvénients du travail à domicile pendant le confinement. Cette « expérience forcée » a été bien accueillie. Au cours des derniers mois, 62 % des salariés ont travaillé principalement à domicile. Les travailleurs belges sont en tête du peloton européen. Pour 41 % des salariés belges, le télétravail semble également être une nouveauté. Seuls 20 % d'entre eux travaillaient déjà occasionnellement à domicile avant la crise du coronavirus. Pour 1% seulement, le télétravail constituait déjà une habitude avant le lockdown. Mais ce mouvement connaîtra-t-il une suite ? Le télétravail complet ne deviendra pas pour autant la norme. C'est qu'il y a des entraves. «Les gens ressentent le manque de contact avec leurs collègues. Se regarder vraiment dans les yeux et lire le langage corporel de l'autre, c'est autre chose que de regarder les quatre écrans de votre visioconférence», déclare Tim De Troch, directeur des ressources humaines chez Attentia. Et il poursuit : « De nombreux salariés n'ont pas encore pu en faire l'expérience complète. Lorsque les enfants ne sont pas à la maison, vous pouvez planifier votre journée encore plus librement. Ce n'était pas possible pendant le confinement. » Mais tous les employeurs ne sont pas disposés à admettre le télétravail systématiquement. « Certains employeurs qui n'osaient pas autoriser le travail à domicile constatent que les employés peuvent travailler ensemble efficacement même sans contact physique. Mais il y a aussi ceux qui aiment avoir le contrôle et font moins confiance », explique le directeur RH d'Attentia. En d'autres termes, nous allons continuer à prendre la route pour aller au travail, même si ce n'est que pour un jour ou deux par semaine. Mais les habitudes vont probablement changer.

« Les gens ressentent le manque de contact avec leurs collègues.»

Tim De Troch, Directeur RH chez Attentia

Le coup de grâce pour les transports publics ? Tous à vélo alors ?

« L'effet du coronavirus sur les transports publics se fera sentir au moins jusqu’à ce qu’il y ait un vaccin", déclare l'expert du trafic Hajo Beeckman. " Les gens tenteront d'éviter les transports en commun. Parce qu'ils préfèrent ne pas porter de masque buccal, par exemple. Dans les transports publics, vous devez souvent toucher toutes sortes de surfaces comme un poteau pour vous tenir ou un bouton d'arrêt pour descendre. Cela peut effrayer les gens. » La vision de M. Beeckman est déjà confirmée à l'étranger. Le métro de Shanghai a perdu 40 % d'affluence après le confinement. Que vont faire ces navetteurs ? Une partie continuera à travailler à domicile, une autre partie prendra la voiture, selon une enquête réalisée par VAB auprès de 10.000 personnes. 17% avaient déjà switché vers la voiture pendant le lockdown et 56% ont travaillé de la maison. En tout état de cause, en attendant qu'un vaccin soit disponible, les transports publics devront remettre leur fonctionnement en question s'ils veulent avoir un avenir. Selon une enquête du service MOBI (VUB), 40 % des navetteurs habitués aux transports publics indiquent qu'ils ne les utiliseront plus. Ils sont encore 40% à vouloir les fréquenter moins souvent. Mais l’information joue un grand rôle. « Il est frappant de constater que la plupart des usagers trouvent important de connaître le taux d'occupation des transports publics. Il semble que ce soit la mesure la plus convaincante pour faire remonter les usagers dans le train, plus encore que le port de masques buccaux », déclare la professeure Lieselot Vanhaverbeke, coordinatrice de l'enquête. « Les sociétés de transport public pourraient donc récupérer certains de leurs clients en fournissant ces informations. »

« Il est frappant de constater que la plupart des usagers trouvent important de connaître le taux d'occupation des transports publics.»

Si nous voulons éviter les transports publics, il y a certainement un potentiel pour le vélo. L'essor du vélo d'entreprise est une tendance que l'on observe fortement depuis quelques années, surtout en Flandre. Et d'autant plus pendant le confinement. L'étude susmentionnée de VAB a noté une utilisation plus fréquente du vélo pour les déplacements domicile-travail, au détriment des voitures de société notamment. Et ce, malgré le trafic fluide en avril. « Environ 10% des conducteurs de voitures (de société) sont passés au vélo », a calculé VAB. « L'influence du beau temps ne doit pas non plus être sous-estimée. A noter aussi que 7 % des Flamands qui se rendent normalement au travail à vélo ont opté pour la voiture (de société). »

On ne peut donc pas tirer de conclusions hâtives. Pourtant, il semble y avoir un énorme potentiel pour le vélo d'entreprise. 56 % des personnes qui se rendent au travail en voiture (de société) ou en transport public vivent à moins de 15 km de leur lieu de travail. La distance idéale pour passer au vélo (électrique). Un avantage supplémentaire : la bicyclette peut également - à l'instar de la voiture - assurer la distanciation sociale. Mais le vélo restera principalement un complément aux autres modes de transport (quelques jours par semaine, uniquement par beau temps, etc.).

Un avenir pour la voiture de société ?

Le lockdown a gravement touché de nombreux secteurs. Et cela se voit entre autres au nombre de nouvelles voitures de société. Sur FLEET.be, vous avez pu lire que le nombre d'immatriculations a chuté de manière drastique. Les sociétés de leasing conseillent même à leurs clients de prolonger les contrats existants. Cela leur donne en effet la souplesse nécessaire pour faire face à cette période de turbulences économiques. Afin de relancer le secteur automobile, qui génère chaque année 20 milliards d'euros de recettes publiques, les fédérations sectorielles ont demandé au gouvernement un (important) stimulant financier à l'achat de véhicules (propres/électriques). Dans cette relance, les sociétés de leasing jouent également un rôle. Par exemple, Arval a lancé une «offre COVID», pour apporter un soutien maximal à ses clients dans les mois à venir.

En tout cas, le coronavirus ne fera pas obstacle à l'écologisation du parc automobile. Selon une enquête sur FLEET.be pendant le confinement, 37,5% des fleetowners comptaient continuer à électrifier leur flotte conformément au plan d'avant la crise. 17% vont même intensifier leurs efforts. Et dans 20% des cas, elle restera le libre choix des employés... La voiture de société continuera certainement à réclamer sa place, peut-être sous une forme plus électrifiée. Et en combinaison avec le travail à domicile et/ou le vélo, il semble même que l'on puisse faire quelque chose pour résoudre les embouteillages.

Le lockdown a gravement touché de nombreux secteurs. Et cela se voit entre autres au nombre de nouvelles voitures de société.

La voiture de société continuera certainement à réclamer sa place, peut-être sous une forme plus électrifiée.

Plus compliqué pour les voitures partagées et de pool ?

Sur le terrain, nous devrons garder nos distances, et il en va de même pour les voitures de pool. Les mesures d'hygiène doivent y être respectées, ce qui rendra l'ensemble du système un peu plus lourd. Partager une voiture avec des collègues (pool) ou des étrangers (auto-partage), peut être rédhibitoire. Mais les sociétés de carsharing déploient beaucoup d'eff orts. Cambio, par exemple, affi rme avoir informé ses techniciens. Pour leur sécurité, ils sont mieux équipés pour eff ectuer l'entretien des voitures. Les nettoyages sont améliorés et multipliés. L'entreprise recommande également de se laver régulièrement les mains avec du savon ou un gel désinfectant. Mais elle ne fournit pas elle-même ces produits, car les pénuries surviennent rapidement et les clients les « empruntent » souvent. Ils demandent donc à leurs usagers de faire appel à leur sens de la citoyenneté et de respecter les règles élémentaires de santé et d'hygiène. Les experts s'attendent à ce que la crise du coronavirus soit à la fois une menace et une opportunité pour le secteur à plus long terme. « La mysophobie ne disparaîtra pas soudainement et c'est un aspect important à garder à l'esprit », explique Jeff rey Matthijs d’Autodelen.net, un site web qui promeut la mobilité partagée. Cela rendrait à nouveau la possession d'une voiture privée plus attrayante.

Mais la crise off re aussi une énorme opportunité. En donnant moins d'importance aux déplacements, en rendant le télétravail obligatoire, en revalorisant son propre environnement et l'impact écologique positif, il y a une réelle chance qu'une partie de la société change de comportement après la crise. C'est au secteur d'y répondre. »

La mysophobie ne disparaîtra pas soudainement et c'est un aspect important à garder à l'esprit.

C'est clair : le COVID va changer radicalement la manière dont nous nous déplaçons - pour autant que nous quittions encore la maison.

CONCLUSION

C'est clair : le COVID va changer radicalement la manière dont nous nous déplaçons - pour autant que nous quittions encore la maison. Trois quarts des travailleurs belges veulent prendre leur mobilité en main, selon une enquête d'Alphabet. Le coronavirus sera-t-il le catalyseur d'une mobilité à la carte, sûre, confortable et adaptée aux besoins individuels des employés ? Ce serait un bel eff et secondaire d'un terrible virus. Il y a beaucoup d'options sur la table, tant pour les employeurs que pour les employés. Et c'est rassurant. Place désormais au débat avec tous les acteurs de la mobilité...

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