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Quelle valeur pour les… valeurs résiduelles ?

Après avoir endeuillé la Chine, le COVID sème la panique en Europe dès le mois de février. La fermeture des usines risque de provoquer un problème d’approvisionnement des voitures neuves, augmentant l’attrait des voitures d’occasion. En cas de persistance, les valeurs résiduelles de la seconde main pourraient en bénéficier. Sauf que les loueurs court terme sont au bord de l’asphyxie, notamment de par la fermeture des aéroports. On craint alors un retour massif de leurs jeunes occasions sur le marché. Pas bon pour les valeurs résiduelles… Le déconfinement désormais acté, qu’en est-il des valeurs résiduelles ? Qu’attendre à terme ? Prenons notre boule de cristal…

Grégory Livis – gregory.livis@effectivemedia.be

A la mi-avril, Miel Horsten, président (mais plus pour longtemps, vu sa promotion internationale) de Renta, la Fédération belge des Loueurs de Véhicules, se montrait rassurant quant aux valeurs résiduelles. « La production de voitures neuves a très fortement chuté aujourd’hui. Pour certaines marques, la production est complètement arrêtée. La valeur résiduelle des voitures que nous mettons sur la route aujourd’hui sera de toute façon bonne dans trois ans. Je ne pense donc pas qu’il devrait y avoir de grandes corrections des valeurs résiduelles aujourd’hui. La question est de savoir dans quelle mesure les ventes d’occasion vont redémarrer. Cela pourrait prendre un peu plus de temps que pour le reste du business. Aussi en raison du caractère international. Nous exportons près de 80 % de nos véhicules d’occasion. » Maintenant que le secteur automobile dans son ensemble est à nouveau au travail, que constate-t-on ?

La situation à la sortie du lockdown

Dans les 13 pays européens monitorés par l’observateur du marché de l’occasion Indicata - filiale du remarketer Autorola -, les ventes de véhicules d’occasion affichaient, pour l’ensemble du mois de mai, une baisse de 17% par rapport à l'année précédente. « La tendance est à la hausse, la dernière semaine de mai n’ayant enregistré qu’une baisse de 9% », apprend-on chez Indicata. « Le marché belge a connu l'un des rebondissements les plus rapides de tous les pays d'Europe », peuton lire dans un rapport d’Indicata. « Alors que les volumes de mai ont baissé de 15% sur l'ensemble du

EN BREF :

• La Belgique a connu une reprise assez rapide du marché de l’occasion. • Les prix n’ont pas trop baissé en mai, mais ça devrait s’aggraver d’ici la fin de l’année. • Les jeunes voitures d'occasion jusqu'à 24 mois devraient souffrir davantage.

Le désamour du diesel s’est poursuivi à la sortie du confinement avec un recul de 30% des ventes en mai.

Les ventes de véhicules hybrides d’occasion ont augmenté de 15% en mai 2020.

mois, le taux de rotation sur 7 jours a quadruplé depuis la fi n avril et est revenu à son niveau de l'année précédente. En plus d'un démarrage rapide des ventes, contrairement à de nombreux autres pays, les revendeurs belges ont activement rafraîchi leur stock, ce qui a également permis de maintenir le marché à fl ot. »

Toujours selon la fi liale d’Autorola, les prix de la seconde main ont commencé à bouger progressivement, la Suède, le pays le moins confi né d’Europe, ayant connu la plus forte réduction de prix (4,2 %) entre le 1er février et le 31 mai 2020. En termes de pricing, la Belgique fait d’ailleurs fi gure de bon élève, avec une réduction de « seulement » 1,8% sur cette même période.

Le prix est resté relativement stable au cours de la période COVID. Entre le 1er février et le 31 mai 2020, ils ont été réduits de 1,8% en Belgique.

Evolution des prix* de l’occasion dans diff érents pays (1/2 – 31/5/2020)

Turquie +13,2% Royaume-Uni +0,4% France -0,5% Belgique -1,8% Italie -1,9% Autriche -2,2% Espagne -2,2% Allemagne -2,6% Portugal -2,6% Danemark -2,7% Pologne -3,0% Pays-Bas -3,1% Suède -4,2%

Source : INDICATA * moyenne pondérée

Quels véhicules ?

En Belgique, toujours selon Indicata, quasiment tous les segments étaient en perte de vitesse en mai 2020 par rapport à mai 2019 sur le marché de l’occasion. Quasiment, car il y en a deux qui tirent leur épingle du jeu : les voitures luxe (+3%) et celles de sport (+18%). Une tendance relevée un peu partout par Indicata. Le segment qui souff re le plus – mais estce réellement une surprise ? – c’est celui des monospaces (-32%).

Le désamour du diesel s’est poursuivi à la sortie du confi nement avec un recul de 30% des ventes en mai. L’essence progresse de 6%, l’hybride de 15%.

Si les voitures de tous âges ont eu du mal à trouver acquéreur, force est de constater que les occasions plus récentes s’en tirent mieux :

• -8% jusqu’à trois ans • -14% de trois à six ans • -22% de six à neuf ans • -20% de neuf à 12 ans

Quelles perspectives ?

Le spécialiste des données Autovista a analysé 18 marchés européens. Onze d’entre eux présagent un scénario de risque moyen, avec une reprise lente en forme de U. Même si Eurotax, fi liale belge d’Autovista, ne néglige pas le risque (qu’elle évalue à 30%) d’une récession profonde, avec une reprise lente, elle estime qu’il y a

CHEZ LES CONCESSIONNAIRES

D’autres modèles de « remises ». Pour éviter de mettre en avant les remises, les concessionnaires doivent proposer d'excellentes conditions de leasing et de fi nancement. « Les remises peuvent être intégrées via des composants de service gratuits, un fi nancement à 0%, l'absence d'acomptes ou le report de plusieurs mois du premier versement », dit-on chez Autovista.

Modèles de leasing et abonnements. La demande de modèles de leasing et d'abonnement pour les voitures d'occasion augmente en Europe. Autovista : « Ces modèles commerciaux, si les concessionnaires les adoptent, contribueraient à atténuer la crise pendant cette période de transition. Individuellement, les concessionnaires et les groupes de concessionnaires peuvent réfl échir à la création d'off res attrayantes pour les petites entreprises et les fl ottes. »

Commerce électronique. Les clients ont concentré leur attention sur le commerce électronique. « Une stratégie omni-canal sera plus résistante que d'autres stratégies monocanal à l'avenir », dit-on chez Autovista. « Les marchés nordiques sont plus actifs dans l'espace numérique. Les concessionnaires doivent travailler sur une stratégie inclusive, qui préserve les acquis de la portée physique et de la couverture du réseau. Ces deux éléments sont essentiels pour répondre aux besoins des clients, quel que soit le modèle commercial. »

LE CHIFFRE

2.600.000.000

Selon une estimation d’Autovista, c’est – en euros - ce que les revendeurs et concessionnaires européens auraient perdu pendant le confinement, uniquement sur les activités « véhicules d’occasion ». Et ce, sans tenir compte des pertes éventuelles dans la phase de démarrage.

55% de chance de connaître une reprise en U. C’est donc sur ce scénario qu’est bâti la projection qui suit.

« Nous voyons la pression sur les prix s'accentuer », explique Idesbald Vannieuwenhuyze, Executive Chief Editor Autovista Benelux. « Pour la Belgique, nous prévoyons une correction des prix de l’occasion à la baisse de 3% en moyenne d'ici la fin 2020 par rapport au mois de mars. » A fin 2021, Eurotax prévoit des prix de 1,9% inférieurs à ceux de mars 2020. A fin 2022, ils devraient avoir repris encore un peu de poil de la bête. « Différents facteurs entrent en ligne de compte. Le changement de régime fiscal prévu en janvier 2021 favorisera le passage à une nouvelle voiture. Les jeunes voitures d'occasion jusqu'à 24 mois devraient donc souffrir davantage. Les remises offertes lors du Salon de l'automobile de Bruxelles de janvier 2020 ont exercé une pression supplémentaire sur les prix, et des remises élevées ont été observées pour la première fois dans d'autres pays. Une baisse des prix des voitures d'occasion à l'étranger aura un impact sur notre marché. Pour les véhicules plus anciens (plus de 36 mois), nous devrions assister à une correction du marché moins importante. A 4-5 euros près, il y aura même une stabilisation. »

Projection de l’évolution des valeurs résiduelles dans les pays voisins par rapport à mars 2020

12/2022 12/2020 12/2021

Belgique -1,4% France -5,3% Allemagne -1,7% Pays-Bas -0,2% Royaume-Uni +0,5% -3%

-1,5%

-2,2%

-1,1%

-0,8% -1,9%

-5,3%

-1,7%

-0,6%

-1,7%

Source : Autovista Group

Rien à voir avec 2008/2009 ?

L'impact de la crise économique sur les valeurs résiduelles sera ressenti différemment selon les circonstances dans chaque pays. Selon le groupe Autovista, la baisse de ces valeurs sera plus marquée dans les pays d'Europe du Sud, de l'ordre de 5 à 6 % au plus fort de la crise. En Autriche, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse et dans les pays nordiques, les régions ne seront pas aussi durement touchées, selon l'évaluation actuelle des risques. Une reprise plus élastique pourrait être anticipée en Europe de l'Est, notamment en République tchèque, en Pologne et en Slovaquie.

« Au cours de la crise financière de 2008/2009, nous avons assisté à une chute des valeurs résiduelles nettement plus importante que ce qui est actuellement prévu dans nos scénarios les plus probables. À l'époque, des baisses de 12 % en moyenne sur les segments se sont accumulées sur une période de 12 à 18 mois après le début de la crise. Nous sommes actuellement loin de nous attendre à ce niveau d'impact sur les marchés des voitures d'occasion », conclut-on chez Autovista. Des signes positifs se sont dessinés très vite après la fin du confinement strict, mais il reste des zones d’ombre. Par exemple : les discussions autour des programmes (financés par les pouvoirs publics) d’incitation à l’achat de véhicules qui feront pression sur les prix des voitures d’occasion.

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