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Keith Wynn, Swiss Classic British Car Meeting
from ACS Auto
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Il a donné ses lettres de noblesse aux quais de Morges
Le «Swiss Classic Lifetime Award» 2020, principale récompense attribuée par un jury de spécialistes à une personnalité ayant œuvré en faveur de la cause du véhicule historique, a été attribué à Keith Wynn, fondateur du Swiss Classic British Car Meeting. Par Pierre Thaulaz
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AUTO: Comment est née l’idée du Swiss Classic British Car Meeting, en 1992?
Keith Wynn: Je faisais partie d’un petit club automobile à Genève et nous cherchions de nouveaux membres. J’ai donc décidé d’organiser un petit rassemblement en pensant que l’on attirerait quelques visiteurs susceptibles de venir nous rejoindre. J’ai pensé à une journée «british», dès lors que nous étions 12 membres dans le club et que nous avions 12 voitures anglaises. La journée était programmée un samedi matin au Signal de Bougy. J’étais sûr qu’il y aurait au moins 12 voitures! J’ai néanmoins passé une petite annonce dans la Vie de l’Auto et on s’est retrouvé avec 150 voitures. Pas mal pour une première édition qui s’est déroulée sous une pluie battante. Reste qu’on n’a pas recruté un seul nouveau membre!
Comment s’appelait le club?
Vous voulez vraiment savoir? Le «Bielle Epoque», un club qui a vite disparu.
Ce qui n’est pas le cas du regroupement d’anglaises…
En repartant du Signal de Bougy, tout le monde m’a dit: «On refait ça l’année prochaine?» J’ai répondu: «Ce n’est pas prévu, mais pourquoi pas?» Nous avons donc remis le couvert et on a recensé cette fois 250 voitures. J’avais besoin de publicité et de sponsoring, mais le patron du Signal de Bougy n’en voulait pas car le site appartient à une fondation. J’ai donc commencé à chercher un autre emplacement. Ma femme m’a glissé à l’oreille qu’une rue du centre de Morges pourrait faire l’affaire. J’ai écrit à la police, laquelle m’a demandé: «Combien de voitures?» Je n’avais aucune idée puisque les propriétaires de véhicules n’ont pas besoin de s’annoncer. J’ai lâché le chiffre de 400. «Vous voulez quelle rue?» J’ai répondu: «La rue Louis-de-Savoie.» «Ce n’est pas possible, il faut que vous acceptiez les quais.» C’était mon rêve, mais je n’aurais pas osé demander. Depuis, la manifestation n’a cessé de grandir et la ville a mis toujours plus de place à notre disposition, que ce soit dans le parc de l’Indépendance ou dans la cour du château. Et on est passé de 400 à 1600 véhicules en 2019.
Comment expliquez-vous ce succès?
Il n’y a rien d’organisé, c’est ça le miracle, et c’est aussi la raison pour laquelle ils viennent. Ils n’ont pas l’obligation de participer à un concours d’élégance, ils arrivent à l’heure qu’ils veulent, ils repartent quand ils veulent, c’est vraiment libre. Au début, les gens venaient une demi-heure ou une heure, mais avec le temps j’en vois qui arrivent tôt le matin et qui ne repartent pas avant la fin de l’après-midi.
C’est un lieu de rencontres?
Oui. On est à la fin de l’été, c’est parfois la dernière sortie de l’année. Mais je ne pourrais pas vous expliquer pourquoi certains viennent d’Ecosse, d’Espagne ou du Sud de l’Italie pour garer leur voiture l’espace d’une journée à Morges.
Il n’y a rien à gagner?
C’est sans doute l’une des raisons qui motive leur venue. Il n’y a pas le stress de présenter sa voiture, et ce côté relax doit être préservé. Parfois j’entends: «Moi, j’ai une Bentley et je suis choqué de voir une Mini à côté.» Et je lui réponds: «Il ne faut plus revenir!»
« C’EST PARFOIS LA DERNIÈRE SORTIE DE L’ANNÉE. C’EST SANS DOUTE L’UNE DES RAISONS QUI MOTIVE LEUR VENUE MÊME S’ILS VIENNENT DE LOIN. IL N’Y A PAS
LE STRESS DE PRÉSENTER SA
VOITURE, ET CE CÔTÉ RELAX DOIT ÊTRE PRÉSERVÉ.»
Il y a parfois des jalousies entre eux?
Non. L’homme à la Bentley demeure une exception. En règle générale, celui qui vient avec sa Rolls parle avec celui qui vient avec sa Spitfire. Ce sont tous des collectionneurs, donc il n’y a pas trop de jalousies. Surtout, on les incite à sortir des voitures qu’on ne voit jamais le reste de l’année. Ils peuvent parquer leur voiture sur les quais sans avoir peur. Une année, on a accueilli une Aston Martin DB3S qui avait été vendue aux enchères quelques semaines avant pour 3 millions de francs.
Les gens en profitent aussi pour prendre leurs vacances?
Oui, et depuis quelques années des clubs organisent un tour en Suisse ou en France voisine. Morges fait figure de lieu de rassemblement.
Des personnages connus qui sont venus à Morges?
L’Aga Khan est arrivé avec sa Rolls-Royce et avec le chauffeur derrière, tout simplement parce qu’il exige de conduire lui-même à l’occasion du British Car Meeting. Mais de nombreuses personnalités viennent aussi incognito.
Votre plus belle rencontre?
Plutôt que de rencontres spéciales, je préfère parler du plaisir de croiser des gens qui vous saluent et vous disent: «C’est bien organisé, merci.» Chacun doit remplir une fiche avec le nom, l’adresse et le modèle de la voiture. Un jour, j’ai vu arriver une jeune dame avec une Mini et un monsieur avec une Spitfire. Ils ont mentionné deux adresses, l’une à Nyon et l’autre à Lausanne. L’année suivante, tous les deux ont inscrit la même adresse. Et lors d’une nouvelle édition, ils avaient le même nom. 20 ans plus tard, leur fils est venu avec la Mini.
Quel est le charme des voitures anglaises?
C’est très écologique puisque toutes les voitures anglaises ont de l’huile qui coule. Un véritable retour à la terre au bénéfice des générations futures. En fait, je n’en sais rien. Elles tombent en panne, elles perdent de l’huile comme je l’ai dit, ce ne sont pas de belles mécaniques mais ça plaît aux gens. Et à moi aussi.
«AVEC 15’000 VISITEURS ET 1’500 VOITURES, LE PARI ÉTAIT BIEN TROP RISQUÉ DE MAINTENIR L’ÉDITION 2020»
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Norbert Wicht (à droite), membre du jury du «Swiss Classic Life Award», remet le trophée à Keith Wynn.
Vous possédez des anglaises?
Oui. Une Triumph TR3 et une MGB Roadster.
Vous roulez beaucoup avec ces deux voitures ?
De moins en moins, d’autant plus que 2020 était une année spéciale. Lors du confinement, j’ai commencé à rouler avec l’une de ces voitures mais c’était mal vu car les rues étaient vides. J’ai pensé que si elle tombait en panne, personne ne viendrait me dépanner.
Que pensez-vous de la décision d’annuler la manifestation d’octobre 2020?
C’était une bonne décision. Avec 15’000 visiteurs et 1500 voitures, le pari était bien trop risqué.
Le nombre de visiteurs a lui aussi pris l’ascenseur au cours de ces dernières années?
La police a estimé à plus de 20’000 le record de visiteurs en 2018. C’est un chiffre important pour une ville comme Morges. Au début, ils faisaient le marché puis venaient voir les voitures, maintenant ils viennent directement sur les quais.
Le cadre est exceptionnel ?
Ah, c’est fabuleux!
Mais vous avez souvent eu de la pluie… Ça arrive, oui. Mais Vaud, c’est quand même un peu plus sec que Genève. Le samedi matin, j’ai souvent reçu des appels téléphoniques du style: «Il pleut à
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Genève, on ne vient pas.» Je réponds: «Ecoute, honnêtement ici ce n’est pas le grand soleil mais c’est sec.»
Vous vivez à Rolle ?
Oui, depuis la retraite. On est en Suisse depuis 1974.
Votre profession?
J’ai travaillé comme fonctionnaire dans des organisations internationales. Je continue de collaborer avec la publication de textes en lien avec le Covid-19.
Et l’automobile, c’est un peu votre hobby?
C’est vraiment ma passion.
Vous faites aussi de la mécanique?
Moins aujourd’hui, mais par le passé j’ai entrepris des restaurations totales de voitures françaises.
Important, ce titre qui vous a été décerné?
Oui, mais cette récompense va d’abord aux participants, parce que ce meeting n’existerait pas sans leur présence. Ils font l’effort de sortir de belles voitures juste pour un jour.
Certains sont devenus vos amis?
Oui. J’ai beaucoup de copains qui ont accepté de devenir volontaires pour une journée.
Important d’avoir transmis le flambeau à Reto Defrancesco?
J’avais fait 25 ans et j’avais toujours du plaisir, mais avec les obligations de la ville, de la gendarmerie ou du canton, ça devenait de plus en plus difficile. Reto a beaucoup plus l’habitude de faire ce genre de choses. C’était donc un plaisir de transmettre le meeting au Veteran Car Club tout d’abord, et à Reto qui en a pris la charge en 2016. Il continue dans le même esprit, ce qui est le plus important. Et puis, je suis toujours là pour aider. Je suis son bras droit, comme il a été mon bras droit durant des années. Ce sera encore le cas le 2 octobre prochain, avec les marques Morgan et Triumph à l’honneur.