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Morgan, conflit de générations

Conflit de générations…

Morgan, vénérable constructeur de Malvern Hills, ultime pourvoyeur de pure passion automobile, a présenté récemment la descendante de sa célébrissime «Plus Four», une nouveauté qui cache pas mal de surprises sous sa robe traditionnelle. Par Gérard Vallat

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Discrète dans le changement, respectueuse de la tradition, cette nouvelle héritière de la fameuse lignée Morgan Plus 4 lancée en 1950, rend scrupuleusement hommage aux codes esthétiques du constructeur britannique. Néanmoins, sous des atours en tous points fidèles aux codes de la marque, se cache une véritable révolution. Pratiquement tout l’équipement, ainsi que l’ensemble mécanique, sont radicalement différents des versions précédentes. Toujours fabriquée à la main dans les ateliers originels, cette New Plus Four lancée en été 2020 conserve bien son design intemporel, avec son long capot nervuré et sa calandre traditionnelle. Pourtant, la majorité des éléments de ce roadster sont aux antipodes des normes faisant foi jusque-là. En y regardant de près, seuls quelques petits pourcents de composants de la précédente Plus 4 sont communs à cette version du XXIe siècle. Premier «choc», l’intérieur est d’un niveau de finition radicalement différent, avec un tableau de bord et une console recouverte d’un impeccable placage de bois. Nouveaux également, ces sièges visiblement «onctueux» poussent le vice jusqu’aux limites du luxe. Deuxième élément de nouveauté qui éveille la curiosité, le typique levier de boîte de vitesses automatique BMW, doublé de ses palettes au volant, donne immédiatement un autre indice concernant l’identité du propulseur caché sous le capot de cette Morgan. Mais terminons le tour de l’habitacle, avant d’aborder les entrailles, en relevant encore ces deux bouches d’aérations trahissant la présence de l’air conditionné. Un dernier détail qui ponctue encore davantage cette entrée dans un univers de confort, délibérément banni sur les Morgan Plus 4 de la génération précédente.

Les fans de la Morgan pure et dure se réjouiront pour leur part que, malgré des poignées de portes modernes, l’accès à bord n’ait pas changé. Ce dernier nécessite toujours une certaine souplesse, voire une souplesse certaine capote fermée. Au fait, n’oublions pas ces quelques autres «petites» révolutions pour la marque telles que: verrouillage central, direction assistée, ABS, optiques à Leds, instrumentations de bord à cristaux liquides, sièges chauffants, interface audio Bluetooth, etc.. A cette liste s’ajoute celle sans fin des options permettant de

«DiSCrèTE DAnS LE CHANGEMENT, rESPECTUEUSE DE LA TrADiTiOn, CETTE NOUVELLE HÉRITIèRE DE LA FAMEUSE LignéE MORGAN PLUS 4 LAnCéE En 1950, rEnD SCrUPULEUSEMEnT HOMMAGE AUX CODES ESThéTiqUES DU COnSTrUCTEUr briTAnniqUE.»

personnaliser votre Morgan. Néanmoins, il lui reste une petite liste de défauts charmants, comme sa capote manuelle qui nécessite un entraînement «à blanc» avant de devoir la fermer d’urgence, mais aussi le légendaire caractère affirmé de ses suspensions, typiques du roadster anglais. Ouf, l’honneur est presque sauf!

FIGURE ANGLO-SAXONNE ?

L’histoire de la «very british» Morgan remonte au début du XXe siècle. Aujourd’hui, de par l’implantation d’un cœur germanique dans la dernière née de la marque, il est amusant de rapprocher cette saga de celle de la perfide Albion, beaucoup plus ancienne évidemment. Ce raccourci est un peu facile, certes, puisqu’on doit associer cet épisode Morgan à celui de la naissance de l’Angleterre, découlant de mouvance des peuples germaniques lors des premiers siècles de notre ère. Ce nouvel épisode, grand écart de l’histoire, provenant de l’association de la mécanique BMW au châssis Morgan.

Equipée du moteur 4 cylindres biturbo de la BMW Z4 3.0i, associé à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports, cette Morgan 2.0 dispose d’une cavalerie de 258 pur-sang allemands. Des arguments permettant de prendre de réelles distances avec sa devancière, qui compose avec le 4 cylindres Ford Duratec de 155 ch, associé aux 5 rapports d’une boîte de vitesses Mazda. Voilà pour la partie propulseur, reste maintenant à évoquer les changements structurels. La nouvelle plateforme inédite en aluminium collé, baptisée CX, remplace la précédente en acier. Une fois encore, l’histoire est respectée puisque les éléments de châssis en bois de frêne, caractéristiques de Morgan, figurent toujours dans le cahier des charges. Honorant la tradition, ces derniers font partie de l’ADN de la marque, sans jouer aucun rôle structurel.

TOUT CHANGE, MAIS LE PLAISIR RESTE

On ne fait pas l’acquisition d’une Morgan pour des raisons d’ordre pratique, le seul objectif demeurant la recherche du plaisir pur. Plaisir de conduire, plaisir de vivre la route d’une autre manière, cheveux au vent, pour ceux qui en ont encore! Très proche de la nature, assis quasiment sur l’essieu arrière, coude à la portière, à seulement quelques centimètres du sol qu’on pourrait presque toucher avec la main. Cette sensation, unique au volant d’une voiture moderne au look d’ancienne, n’est aujourd’hui guère plus possible qu’avec une Morgan. D’ailleurs, il n’est pas rare que les passants interpellent un conducteur de Morgan pour lui demander s’il est l’auteur de la restauration de cette vénérable ancêtre.

Au volant, cette voiture procure des sensations uniques, qu’elle soit motorisée avec le précédent moteur Ford ou avec ce puissant propulseur BMW. Mais il faut avouer que l’ensemble moteur/boîte de Munich, de même que le nouveau châssis, offrent à la Plus Four de notables agréments d’utilisation. Sous ses airs assumés de vétéran, elle affiche un poids plume de 1013 kilos pour 258 ch, ce qui lui permet d’avaler le 0 à 100 km/h en 4,8 secondes et de franchir la barre des 240 km/h. Des performances qui, paradoxalement, la mettraient en concurrence avec passablement de sportives à la vocation plutôt bien affirmée. Pourtant, c’est un terrain de jeu sur lequel nous ne nous aventurerons évidemment pas, étant donné la quasi-absence de concurrentes, hormis Suite page suivante

peut-être l’originale Lotus Seven et ses nombreuses répliques. Appréciable, car pratique pour opérer un dépassement, cette puissance trouve ses limites au travers d’un châssis, certes nouveau de par ses matériaux, mais toujours «vintage» dans ses réactions.

La tenue de route générale de la Morgan Plus Four n’est pas à remettre en cause, mais elle nécessite tout de même un peu de vigilance de la part de son conducteur, notamment lorsqu’il exerce de la pression sur la pédale de droite. Sans antipatinage ni ESP, et ce pour canaliser la puissance et le couple moteur, on retourne là aussi aux fondamentaux de la conduite plaisir. Mais pour revenir à l’essentiel de cette Morgan, il convient de la faire évoluer dans le cadre qui lui convient le mieux, celui des petites routes de campagne et des cols. Bercés par la douce mélodie du 4 cylindres BMW, conducteur et passager peuvent alors profiter pleinement de la nature, presque comme en chevauchant une moto, le casque en moins.

Pour des renseignements et l’organisation d’un essai de cet objet du type «retour vers le passé», adressez-vous à John McNally, Britannique pur jus, responsable passionné de la marque au garage Autobritt.

Caractéristiques techniques

DIMENSIONS

Longueur Largeur Hauteur capoté Volume du coffre Capacité du réservoir Pneumatiques Poids à vide

3830 mm 1650 mm 1250 mm pas de coffre 46 l. 205/60 R15 1 013 kg

MOTEUR

BMW 4 cylindres turbo Cylindrée Puissance Couple Boîte de vitesses

PERFORMANCES

0 à 100 km/h Vitesse maxi 1 998 cm3 258 ch. à 4400 tr/min 400 Nm de 1000 à 4300 tr/min automatique - 8 rapports avec modes Sport, Plus et Manuel

4,8 s 240 km/h

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