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Voiture d’exception - Ford GT40

FORD EN ÉMOTIONS !

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ANNÉE DU RETOUR OFFICIEL DE FORD AUX 24 HEURES DU MANS, 2016 EST ÉGALEMENT LE MILLÉSIME QUI CÉLÈBRE LE TRIPLÉ HISTORIQUE DE LA MARQUE AMÉRICAINE DANS LA SARTHE, MAIS AUSSI POUR VOTRE SERVITEUR L’OCCASION UNIQUE DE FOUILLER SA MÉMOIRE POUR EXHUMER L’INOUBLIABLE SOUVENIR DU JOUR OÙ J’AI PILOTÉ UNE VÉRITABLE FORD GT40. Par Gérard Vallat

I.

Les années ont passé, mais je n’oublierai jamais ce moment d’exception passé sur le circuit de Dijon, derrière le volant de l’illustre GT40 frappée du No de châssis 1078, identique à la voiture victorieuse des 24 Heures du Mans 1968 avec Pedro Rodriguez-Lucien Bianchi, puis en 1969 avec Jacky Ickx-Jackie Oliver. Frappée du numéro de châssis 1078, l’icône Gulf a une proximité numérique troublante avec la Ford de mon sujet. Cette voiture a éveillé le rêve de générations de passionnés depuis le début des années soixante. J’avais 15 ans en 1968, à cette époque la télévision n’était pas l’unique complice de la F1, et les 24 Heures du Mans représentaient LE grand événement de sport automobile. Incontournable, cette course me scotchait devant le poste noir/blanc de mes parents, et je me souviens encore parfaitement de ce samedi de juin pluvieux, avec des directs sur Le Mans. Je ne manquais aucune intervention, pendant lesquelles je rêvais en imaginant ce qui se passait dans la tête de ces pilotes que j’admirais. A cette époque, jamais, au grand jamais, je n’aurais imaginé seulement m’asseoir un jour dans cette GT40. Une voiture qui a été un révélateur et le détonateur de la passion d’une vie pour le sport automobile.

I. Ford GT40 1078 dans son ancienne livrée, avec en arrière plan la Ford GT40 1016, arrivée 3e des 24 Heures du Mans 1966

SUR UN MOTEUR PUISSANT, DONT LA TONICITÉ RÉCLAME AU MOINS UN RÉGIME DE 3500 T/MIN POUR QUE SES 460 CHEVAUX S’EMBALLENT.

LE RÊVE S’EST RÉALISÉ Aujourd’hui encore, j’ai de la peine à le croire, mais je me suis glissé dans ce baquet recouvert de toile aux caractéristiques rondelles de laiton, typique de la Ford. J’étais assis face à un volant que les plus grands pilotes ont manié avec tant de virtuosité. Trentecinq ans plus tard j’y étais. Je me souviens, Contact, démarreur, le gros V8 ronronne de ses 5000 cm3 nourris par les quatre carburateurs double corps Weber de 48mm. Non non, je ne m’étais pas réveillé, j’étais bien seul avec «ma» GT40, j’enclenche le premier rapport en amenant le court levier vers la gauche, avant de le tirer en arrière. Un peu de gaz en remontant lentement le pied de l’embrayage, et voilà c’est parti, le moteur lâche ses décibels en prenant les tours. Je passe la deux et j’écrase l’accélérateur au moment où la piste s’offre au capot agressif de la Ford GT40. Une vraie gueule de légende. Quelques tours de pur bonheur plus tard, l’heure est au bilan, et il autant inutile que prétentieux de se hasarder à porter un jugement sur une voiture pareille. Tout au plus peut-on émettre quelques appréciations, sur un moteur puissant, dont la tonicité réclame au moins un régime de 3500 t/min pour que ses 460 chevaux s’emballent, sur une boîte de vitesses ZF au maniement très ferme et précis, sur des freins et une tenue de route qui n’ont vraiment pas souffert de mon passage à bord. Non, n’est pas Jacky Ickx qui veut.

LA FORD GT40 EST UNE VOITURE DONT

CHAQUE MODÈLE A UNE HISTOIRE GÉNÉRALEMENT FASCINANTE.

LA LONGUE VIE DE 1078 Aujourd’hui objet de collection, magnifique, rare et coûteux, dont quelques exemplaires sont régulièrement utilisés en circuit, à l’exemple de la «1078» que son propriétaire maintient «vivante» en lui offrant encore l’ivresse de la compétition, la Ford GT40 est une voiture dont chaque modèle a une histoire généralement fascinante. De la petite centaine d’exemplaires assemblés, cette 1078 est certainement l’une des plus belles restantes. Son histoire a débuté le 5 avril 1968, jour de la livraison à son premier propriétaire, le Britannique Geoffrey Edwards qui l’a engagée en compétition aux mains de David Piper et Mike Salmon. Participant à quasiment toutes les épreuves classiques, des 24 Heures du Mans aux courses de 1000 kilomètres, cette GT40 s’est illustrée sur les circuits de Nürburgring, Zeltweg, Monza, Paris et Spa-Francorchamps, ou elle fut gravement accidentée à l’Eau Rouge.

En 1969, le pilote Alain De Cadenet en fait l’acquisition et il l’engagera également sur les distances de 1000 kilomètres dès 1970, avant de la céder en 1980 à un nouveau propriétaire qui l’emmènera en Ecosse. En 1982, Phil Rudd, le batteur du groupe AC/ DC achètera cette Ford GT40, qu’un de ses amis accidentera en circulant dans Londres – eh oui, à cette époque les voitures de ce type pouvaient rouler sur route ouverte – Plus tard, en 1984 la déjà vénérable machine traversera les océans pour rejoindre son nouveau propriétaire, un Australien qui la gardera jusqu’en 1990, avant de la revendre à un Britannique qui rapatriera la voiture en Grande-Bretagne. Changeant encore une fois de main, c’est Peter Livanos, un actionnaire d’Aston-Martin, qui s’offrira la merveille jusqu’au jour où son propriétaire actuel en fera l’acquisition pour compléter une collection riche de plusieurs modèles de l’épopée Ford. Collectionneur, mais également pilote, il a ramené «1078» sur le site historique du circuit des 24 Heures à quelques éditions du Mans Classic et du «Le Mans Légend» de juin 2015, avec une victoire à la clé.

I. 1078 aux 24 Heures du Mans 1968 II. Victoire de la course Le Mans Légend en 2015 (Bernard Thuner/Claude Nahum) III. Engagée régulièrement dans les courses classiques (CER), 1078 a retrouvé la robe de ses origines. I.

II.

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