N°15
DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
SOIGNER AUTREMENT
SPORT SUR ORDONNANCE
VIE PROFESSIONNELLE
HEURES SUP, TRENTE-CINQ HEURES : LE CASSE-TÊTE À LA UNE
Soigner au cœur de l’épidémie RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM
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PROLO ONGATIO ON
PRATIQUES - La compression médicale des ulcères veineux - Comprendre l’ECG, un défi osé ?
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A LA UNE
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EN PAGE
- Soigner au cœur de l’épidémie Ebola
VIE LIBÉRALE
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- Quand les patients se déplacent au cabinet - Expérimental, le dossier infirmier informatisé et partagé - Dialyse à domicile
VIE PROFESSIONNELLE
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Le 190, un centre de santé sexuelle menacé ? Heures sup, trente-cinq heures : le casse-tête Quand les infirmiers découvrent le chômage Soigner des V.I.P. : discrétion à tous les étages ! Libérales de retour à l’hôpital Ces maux qui touchent les soignants
SOIGNANTS D’AILLEURS - Argentine : double emploi et heures sup
PORTRAIT - Vérène Praud : Combattre au quotidien la douleur
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SOIGNER AUTREMENT
INITIATIVE
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- Sport sur ordonnance
- Médiation animale pour adolescents incarcérés
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SE FORMER - Devenir cadre de santé : Pour qui ? Pourquoi ?
Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris R.C.S. PARIS 520180688 Directeur de la publication : Kamel Boudjedra • Numéro de commission paritaire : 0613 W 90939 ISSN : 2256-6260 Dépôt légal : à parution • Rédactrice en chef : Cyrienne Clerc
AGENDA 52
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(cclerc@actusoins.com) • Ont collaboré à ce numéro : Ont collaboré à ce numéro : Delphine Bauer, David Bréger, Laurent Demont, Olivia Dujardin, Caroline Guignot, Laurent Klein, Laure Martin, Laurence Piquard, Malika Surbled. • Photo de couverture : © Laurent Demont • Maquette : Pascal Fossier / Sylviane Lemy
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Otages, les infirmières ? A
l’heure où nous bouclons ce numéro, l’ensemble des mouvements de grève, des libéraux, puis des cliniques, sont maintenus. Si l’impact n’est donc pas encore connu, nous savons que l’AP-HP a déclenché le niveau 2 du plan « hôpital en tension » pour parer à l’afflux prévisible de patients. Quand les libéraux font grève, les patients, l’hôpital et les paramédicaux trinquent ! Une forme de prise d’otages… Côté formation, les IADE, ainsi que les sagesfemmes et les orthophonistes ont obtenu leur cadeau de Noël : le grade master. En revanche, les IBODE, les kinésithérapeutes… se sentent toujours pris en otage entre les ministères de la Santé et de l'Éducation nationale : accorder ce grade revient, à terme, à accorder également des revalorisations salariales. Désormais, ils espèrent des avancées pour 2015. Un engrenage difficile à gérer pour le ministère de la Santé qui a également promis avant la fin 2015 un référentiel d’études et un statut pour le nouveau métier d’infirmières en pratiques avancées. Enfin, 2015 sera aussi l’année d’une nouvelle loi pour la Santé et d’un texte législatif sur la fin de vie. Revenons un instant sur 2014 : les soignants qui interviennent sur le terrain pour soigner les patients victime du virus Ebola ont été désignés « personnalité de l’année 2014 » par le magazine américain Time. Retrouvez dans ce numéro, notre reportage en Guinée. ActuSoins souhaite à tous les soignants une excellente année 2015 et vous promet de l'information, des enquêtes, des reportages ! n CYRIENNE CLERC – RÉDACTRICE EN CHEF ACTUSOINS
• Illustrations : Nawak • Impression : Rotocayfo - Sta. Perpetua de Mogoda 08130 Barcelona • Routage : Routage Catalan • Contact rédaction : 09 72 40 47 17 - redaction@actusoins.com • Contact annonces d’emploi / publicité : 09 54 53 45 45 annie@actusoins.com • Tirage : 102 000 exemplaires
ACTUSOINS • 3 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • à la une
Soigner au cœur de l’épidémie
Ebola
C’est dans la sous-préfecture de Macenta, au cœur de la Guinée forestière, que l’épidémie Ebola a débuté en début d’année. C’est aussi ici que la Croix-Rouge française a implanté un centre de traitement Ebola. Soignants, logisticiens ou encore hygiénistes y travaillent jour et nuit pour prendre soins des malades. Leur quotidien est fait d’eau chlorée, de combinaison de protection, d’annonces de décès mais aussi, parfois, du sourire des personnes guéries.
L
a lutte contre l’épidémie de maladie à virus Ebola (MVE) dans les pays d’Afrique de l’Ouest mobilise des centaines de femmes et d’hommes. Expatrié ou guinéen, le personnel soignant est en première ligne. Infirmiers et médecins accueillent les malades dans les structures de santé traditionnelles ou dans les centres de traitement Ebola (CTE) tandis que les ambulanciers les transportent depuis leur domicile vers les CTE.
Un soignant indique sa température à une personne en voie de guérison. © Laurent Demont
ACTUSOINS • 4 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • à la une
Sur le papier, un CTE est assez simple. Il s’agit d’une structure de soins dans laquelle coexistent deux zones bien distinctes. La première, dite « zone à risque modéré », est réservée aux personnels et aux familles. La seconde, la « zone à haut risque », accueille les patients. Cette stricte séparation garantit l’isolement du virus et donc évite la propagation de l’épidémie.
La tente médicale du CTE de Macenta.
Eau, électricité : tout est complexe Mais si le fonctionnement est simple sur le papier, la mise en œuvre est beaucoup plus complexe. Plusieurs facteurs expliquent cette difficulté. Tout d’abord le contexte dans lequel le CTE s’inscrit. Situé à quelques kilomètres du centreville, le CTE ne bénéficie ni d’eau, ni d’électricité. Les équipes d’eau et d’assainissement surveillent constamment l’alimentation du centre. Un forage à 46 mètres permet de disposer d’une eau qui sert à alimenter des réseaux d’eau claire et d’eau chlorée. En effet l’enveloppe du virus Ebola est particulièrement sensible au chlore, et les solutions d’eau chlorée à 0,5 % et à 0,05 % le détruisent sur les surfaces ou sur la peau. L’alimentation électrique, quant à elle, provient de deux groupes électrogènes fonctionnant jour et nuit. Dans la zone à haut risque, le travail pour les personnels se fait impérativement avec une tenue n’exposant aucune partie de peau. La moindre parcelle de surface cutanée est protégée. Anne-Flore, infirmière, explique que « la difficulté n’est pas technique, je pose des intraveineuses, ce qui est à la portée de n’importe quelle infirmière, cependant il faut faire attention à soi et à son binôme dès l’habillage en combinaison ».
L’enjeu : la protection des soignants Les autres corps de métier s’astreignent également à ces mesures de biosécurité. Cyril, responsable de la gestion de
© Laurent Demont
l’eau et de l’électricité explique « dès que l’on intervient en zone à haut risque, on doit travailler en full PPE (combinaison intégrale). Réparer les fuites d’eau, faire du béton ou changer une ampoule nécessite une attention particulière ». L’enjeu du CTE est de garantir la sécurité des soignants, prodiguer les meilleurs soins possibles aux patients et également d’être accepté par la population. Les rumeurs sur Ebola vont bon train et sont nombreuses. L’équipe de sensibilisation avec ses « HP » (Health Promotionner - Sensibilisateur communautaire) assure le lien entre le CTE et l’extérieur. Ils accueillent les familles et organisent des visites pour les patients. En respectant une distance de sécurité d’au moins deux mètres, il n’y a pas de risque de contamination. Ils raccompagnent également les personnes guéries dans les communautés. Grâce à ce travail les HP peuvent éviter la stigmatisation des personnes guéries et prodiguer les messages de prévention pour stopper la progression du virus.
ACTUSOINS • 5 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • à la une L'habillage en binôme est primordial pour la sécurité.
Toujours avec mon binôme Tout comme dans la lutte contre l’épidémie, qui mobilise de nombreuses compétences, le CTE ne peut fonctionner que si les équipes travaillent main dans la main. Outre la garantie de l’efficacité opérationnelle, c’est aussi un gage de biosécurité. Depuis l’entrée du site avec le lavage des mains et des semelles de chaussure jusqu’à la procédure de déshabillage ; chaque geste est effectué à deux. Chacun veille sur l’autre, et ce principe permet à toutes et à tous de travailler sereinement malgré la proximité du virus. Médecins, infirmiers, cadres de santé ou pharmaciens participent au fonctionnement du CTE. Le centre ne ferme jamais ses portes ; 24 heures sur 24 des soignants veillent sur les malades. L’équipe de jour prend son service à 7 h du matin. Comme dans tous les établissements de santé, la journée commence par les transmissions. Les patients sont classés dans deux zones. Les « suspects » viennent d’être admis ou sont en attente du résultat de la PCR Ebola (Polymerase chain reaction) tandis que les « confirmés » sont des patients dont la virémie est positive.
Des formations spécifiques Les soignants ont toutes et tous suivis une formation spécifique, complétée par une période en binôme. Aminata, une infirmière guinéenne de 27 ans, confirme que « la formation m’a permis de me rassurer et de compléter mes connaissances spécifiques sur cette infection ». Elle a quitté le service d’infectiologie de l’hôpital de Donka dans lequel elle travaillait pour venir à Macenta. « C’est mon rôle, c’est ma responsabilité de Guinéenne de venir travailler ici et de participer à la lutte contre cette terrible épidémie. » Aminata a laissé sa fille, âgée d’un an, à Donka. Régulièrement sa maman lui demande « d’être prudente, je sais que c’est ton travail, mais fait attention ». Cette attention est la préoccupation première de l’encadrement de la mission de la Croix-Rouge française. Il faut préserver les soignants, sans eux l’épidémie ne pourra pas être contrôlée ni enrayée. Aminata indique à un autre infirmier comment faire boire un enfant.
© Laurent Demont
Michel, d’habitude infirmier au SAMU de Roanne, souligne également ce point : « Ce qui est nouveau, ce sont les procédures d’habillage et l’évolution dans le CTE. Il faut faire d’abord attention à soi et à son binôme ; il faut penser aux gestes que le patient pourrait faire et les anticiper pour se protéger. Toutefois, comme dans tous les services, le contact avec les patients est important. Malgré la combinaison il faut trouver le moyen de faire passer des sentiments. C’est compliqué de sourire seulement avec les yeux mais on peut leur prendre la main, les rassurer et échanger quelques mots pour les encourager à boire et à s’alimenter. »
C’est mon rôle, c’est ma responsabilité “ de guinéenne de venir travailler ici et de participer à la lutte contre cette terrible épidémie. Lorsqu’on évoque la peur chez les soignants, la réponse est unanime. Ils n’ont pas peur, ils sont et restent concentrés, prennent soin les uns des autres. Les équipes organisent également des formations pour améliorer leur compétence sur des pratiques plus ou moins techniques. À titre d’exemple, une formation nursing a permis aux infirmiers guinéens de compléter leur connaissance. En effet, traditionnellement en Guinée, c’est la famille qui s’occupe des personnes malades à l’hôpital.
D’autres pathologies © Laurent Demont
Le CTE ne travaille pas en vase clos, en effet les patients sont pris en charge pour Ebola mais peuvent présenter d’autres pathologies. À l’image de ce patient guéri d’Ebola, qui, à sa sortie du CTE, devait être adressé à l’hôpital local pour soigner une infection pulmonaire. Les soignants du CTE se mettent alors en relation avec l’hôpital de Macenta afin d’assurer le transfert des patients. Le CTE de Macenta est ouvert pour une période estimée à neuf mois, le temps nécessaire pour juguler l’épidémie. Toutefois les rotations de soignants, d’hygiénistes, de spécialistes de l’eau et de l’assainissement vont se succéder pour soigner les patients et travailler dans les communautés aussi longtemps que nécessaire. n LAURENT DEMONT
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Actusoins • pratiques
La compression médicale des ulcères veineux
La prise en charge des plaies chroniques d’ulcères de jambe représente un coût important de santé publique. Cette affection touche 1 à 3 % de la population générale et sa prévalence augmente avec le vieillissement de la population.
L
e coût moyen global de traitement d’une plaie d’ulcère est estimé1 à 888 euros/patient dont 50 % pour les pansements et les médicaments. Le coût de la prise en charge augmente considérablement à 1 079 euros/patient en fonction de l’ancienneté de la lésion ou si la prise en charge initiale est inadaptée. Le délai de guérison d’un ulcère nouveau est de 85,9 % (75 jours) contre 67,1 % (102 jours). Envisager le traitement uniquement « dermatologique » de la plaie serait une erreur d’analyse sémantique. Certes, l’analyse clinique de la plaie2 et de la peau périlésionnelle3 est indispensable pour orienter la prise en charge locale mais le traitement de l’ulcère de jambes est avant tout étiologique. Il repose sur des connaissances physiopathologiques de cette maladie veineuse. Toute prise en charge d’ulcère veineux doit être envisagée suivant 3 axes : • L’exploration vasculaire • La compression médicale • Les soins locaux adaptés aux plaies chroniques4
Adapter la compression médicale
Source : Le soins des plaies au cœur du savoir infirmier p 208/OIIQ 2007
La compression médicale, pierre angulaire du traitement, est la plus efficace dans le contrôle de l’hyperpression veineuse et dans l’amélioration de la cicatrisation des ulcères. Cependant, les ulcères veineux (qui représentaient 80 % des ulcères globaux) intègrent de plus en plus, avec l’évolution de la pyramide des âges, une composante artérielle. On parle d’ulcères mixtes. La part artérielle doit être systématiquement évaluée afin d’identifier le niveau de compression recommandé ainsi que les contre-indications absolues. L’Index de Pression Systolique (rapport entre la pression artérielle à la cheville et la pression artérielle brachiale) va permettre de déterminer une artériopathie associée et d’adapter la compression :
• IPS entre 0,9 et 1,3 : état hémodynamique normal. • IPS entre 0,7 et 0,9 : ulcère mixte à prédominance veineuse. • IPS entre 0,4 et 0,75 : arthériopathie peu compensée • IPS inférieure à 0,4 : arthériopathie sévère : Compression interdite • IPS supérieure à 1,3 : artères incompressibles (médicalcose) : diabète, insuffisance rénale. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande une compression médicale uniquement si le calcul de l’IPS a été réalisé au préalable et si le résultat est supérieur à 0,6. Les contre-indications absolues sont : • l’IPS inférieure à 0,6 (ou contention rigide uniquement si encadrée par la médecine vasculaire) ; • la phlébite constituée ; • l’érésipèle. Il est nécessaire de plafonner la compression à 30 mmHg (classe 3) pour la micro-angiopathie diabétique.
Comment prescrire la compression ? La prescription doit tenir compte de la mobilité du patient, de son activité professionnelle et de l’IPS. La HAS recommande de choisir un niveau de pression modéré (Classe 1 ou 2) pour la prévention et un haut niveau de pression à la cheville (Classe 3 ou 4) pour la gestion des ulcères ou des lymphœdèmes. La compression doit être adaptée à l’activité du patient : • une compression élastique à allongement long pour les patients à faible mobilité ou grabataires (la pression est exercée même au repos) ; • une compression à allongement court (rigide ou multicouche) pour les patients pouvant marcher ou mobiliser l’articulation de la cheville régulièrement au fauteuil (à la pression de repos s’ajoute la pression de travail accrue lors de l’activité).
(1) Prise en charge de l’ulcère de jambe à prédominance veineuse. Hors pansement. juin 2006. (2) Article débridement des plaies. www.actusoins.com (14-11-2013). (3) Article prise en charge de la peau périlésionnelle. www.actusoins.com (14-04-2014). (4) L’antiseptique est-il systématique dans le soin des plaies ? www.actusoins.com (21-01-2014).
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Actusoins • pratiques
Quels types de compression ? 1) Les bas Il est nécessaire d’adapter la taille et la mesure en fonction de la physionomie de la jambe. Il existe des tailles standardisées ou sur mesure. Ils doivent arriver 2 cm sous le genou. Classe 1 à 4 selon l’indication de traitement : • classe 1 ou 2 pour la prévention ; • classe 3 ou 4 pour le maintien des lymphœdèmes ou le traitement des plaies d’ulcères. Le bas est choisi pour l’entretien après un traitement initial par bande. Le traitement de l’insuffisance veineuse est un traitement à vie ! Astuces : • La superposition des bas additionne les classes : 2 bas de classe 2 (plus facile à mettre) correspondent à une classe 4. • Les bas se lavent à la main, à 30 degrés sans assouplissant et sans torsion pour l’essorage. Les fibres élastiques sont efficaces entre 3 et 6 mois (au-delà la compression est obsolète voire dangereuse). • Le taux de remboursement appliqué par l’assurance maladie est fixé sur la base d’un tarif réglementé et ne prend pas en compte les dépassements d’honoraires. Pour être remboursés, les bas de contention doivent faire l’objet d’une prescription médicale. Les bas et mi-bas de contention sont remboursés à hauteur de 65 % du tarif réglementaire fixé par l’assurance maladie soit : 22,40 € pour une paire de mi-bas unis (noir, chair ou marron foncé) et 29,78 € pour une paire de bas unis. 2) Les bandes : • Élastiques à allongement long (destinées aux patients grabataires ou à mobilité réduite). Elles exercent une pression au repos et lors de l’activité musculaire. Cet effet est souvent nommé compression dans la littérature française. Elles sont mises le plus tôt possible et retirées la nuit.
pression souhaité). Les liserets bleus indiquent le niveau de pression de la bande : 2 traits pour une pression classe 3 et 4 et 1 ligne pour une pression classe 1 ou 2. Le taux de remboursement appliqué par l’assurance maladie est fixé sur la base d’un tarif réglementé et ne prend pas en compte les dépassements d’honoraires. Pour être remboursés, les bas de contention doivent faire l’objet d’une prescription médicale. Le taux de remboursement dépend de la longueur de la bande (15,79 € pour une longueur de 3 m 50). • Sets multicouches mixtes (destinés aux patients qui conservent la marche ou la mobilité de la cheville volontaire au fauteuil). Ce sont des sets à usage unique, disponibles sur prescription médicale et remboursés à 100 %. Les bandes restent 3 à 5 jours en place, jour et nuit. Il est préférable d’appliquer le système de compression le matin au lever ou bien après avoir surélevé les jambes du patient pendant une heure, afin de minimiser l’œdème orthostatique. Le niveau de pression de travail est élevé à plus de 40 mmHg à la cheville lors de la marche (classe 4). En cas de diabète, d’insuffisance cardiaque ou de microvasculopathie avancée, le système de compression ne doit être utilisé qu’après avis médical, sous surveillance stricte et après traitement adéquat. Deux produits sont disponibles sur le marché : l’Urgo K2® (environ 20 € le kit pour 3 à 5 jours de traitement) et le Profore® (Smith et Nephew). • Élastiques à allongement court. Elles sont destinées aux personnes mobiles. Ìl faut 2 bandes/jambe (8 cm/10 cm). Elles sont laissées jour et nuit. La tension de repos est faible et augmente à la marche. Elles sont moins épaisses que les sets multicouches et permettent donc un chaussage plus facile. Elles sont non remboursées. Parmi les produits disponibles : Lastolan®, Tensoplusr, Flexidal®
Quelles poses pour les bandes de contention ? La compliance du patient au traitement compressif est intimement corrélée à la qualité de la pose. Si la pose est désagréable ou douloureuse, le traitement est voué à l’échec. Dans les cas les plus extrêmes, la responsabilité professionnelle du praticien peut-être engagée.
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Ces bandes existent en deux largeurs (8, 10 cm) et en différentes longueurs, (3, 3.5, 4 et 5 mètres). La plus utilisée d’entre elles est la Bande Bi-Flex® du laboratoire Thuasne. Elle dispose d’un repère de tension (le rectangle doit devenir carré pour exercer le niveau de com-
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Actusoins • pratiques
Les ĂŠtapes Ă respecter lors de la pose de compression mĂŠdicale 1. Ne jamais poser des bandes de contention sur la peau sans protection. La peau doit ĂŞtre protĂŠgĂŠe par une bande velpeau ou par un dispositif adaptĂŠ comme le TubifastÂŽ (Molnlycke). Cette protection servira de maintien ĂŠgalement au pansement mis sur la plaie d’ulcère. 2. Une bande de cellullose doit ĂŞtre utilisĂŠe pour combler le tour de cheville et les mallĂŠoles aďŹ n d’obtenir un diamètre de cheville identique Ă celui du mollet. La compression sera ainsi mieux tolĂŠrĂŠe par le patient. Les pansements ZetuvitÂŽ (Hartmann) peuvent-ĂŞtre utilisĂŠs, selon la physionomie de la jambe pour combler les espaces mort.
BIBLIOGRAPHIE : • EWMA : La compression des ulcères veineux de jambe. http://buff.ly/1jPpbf9 • Luc ThÊot - La contention Êlastique http://buff.ly/1o6H52U • H.A.S - Recommandations de pratique clinique et argumentaire 2006. Prise en charge de l’ulcère de jambe à prÊdominance veineuse. Hors pansement. http://buff.ly/1o6H3YK • H.A.S - La compression mÊdicale dans les affections veineuses chroniques - Recommandations 2010. http://buff.ly/1jPp3MC
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3. On commence à la base des orteils. On prend le talon. Talon mis à 90 degrÊs. Pose en 8 autour de la cheville uniquement ! 4. On monte de façon circulaire jusqu’à 2 cm sous le genou. Les bandes à allongement long ne se coupent pas. Les kits multi-couches peuvent-être ajustÊs. N.B : Ne pas hÊsiter à recommencer une pose douloureuse ou mal faite.
Š Molnlycke 2
Gestion de la plaie sous la compression ? La prise en charge de la plaie d’ulcère doit ĂŠgalement ĂŞtre envisagĂŠe sous un autre angle. En effet selon le système de compression choisit, il faudra dĂŠterminer le dispositif le plus adaptĂŠ. Si la plaie nĂŠcessite des soins quotidien le dispositif choisi sera non adhĂŠsif. Si la plaie nĂŠcessite des soins hebdomadaires, un dispositif adhĂŠsif pourra ĂŞtre envisagĂŠ selon l’Êtat de la peau pĂŠrilĂŠsionnelle. Les pansements hydrocellulaires siliconĂŠs trouvent alors leur indication : Askina DressilÂŽ Border (BBraun), AllevynÂŽ Gentle Border (Smith & Nephew), MepilexÂŽ Border (Molnlycke)‌ La gestion de l’exsudat ou du lymphoedème sera la problĂŠmatique principale Ă gĂŠrer. Des dispositifs absorbants ou superabsorbants supportent pleinement la compression. En fonction de la quantitĂŠ de l’exsudat, de la frĂŠquence de renouvellement de la compression, les classes d’hydrocellulaires, d’hydroďŹ bres comme AquacelÂŽ Extra (Convatec), de superabsorbant comme MextraÂŽ (Molnlycke) ou VliwasorbÂŽ (Lohmann & Rauscher) trouvent leur indication dans la gestion des plaies d’ulcères modĂŠrĂŠment Ă très exsudatives. n
Š macirculation.com 3
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ACTUSOINS • 12 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • pratiques
Comprendre l’ECG, un défi osé ?
Petit voyage au cœur des lignes électrocardiographiques ?
• du réseau de Purkinje : c’est un ensemble de ramifications qui parcourt les parois internes des ventricules du cœur.
L’ECG Il correspond à l’enregistrement de l’activité électrique de la contraction du cœur via des électrodes cutanées positionnées en différents points du corps. Il permet de reconnaître immédiatement : • des variations de la fréquence cardiaque (bradycardie, tachycardie) ; • des troubles du rythme (fibrillation ventriculaire…) et de la conduction (bloc auriculo-ventriculaire…) ; • des ischémies myocardiques (analyse de l’onde Q, du segment ST, de l’onde T) ; • des dysfonctionnements du pacemaker.
Figure A
L’ECG est un acte infirmier relevant de l’article R.4311-7 alinéa 28 du Code de la Santé Publique et se réalise sur prescription médicale.
Rappel anatomique Le cœur est une double pompe assurant l’éjection du sang dans la circulation pulmonaire et systémique afin d’assurer l’oxygénation des cellules de l’organisme. Le myocarde est composé de deux types de cellules : • les cellules du tissu nodal qui produisent spontanément et conduisent une impulsion électrique ; • les myocytes, sous le contrôle du tissu nodal, qui répondent à ces impulsions par la contraction des cavités cardiaques. Le tissu nodal est composé (figure A) : • du nœud auriculaire (ou nœud de Keith & Flack ou nœud sinusal) : il est situé dans la paroi supérieure de l’oreillette droite. Il est le chef d’orchestre du rythme d’où l’expression de « rythme sinusal » et déclenche une onde de dépolarisation à des intervalles réguliers ; • du nœud auriculo-ventriculaire (ou nœud d’Aschoff Tawara) : il est situé au niveau de la cloison inter auriculaire, à la base de l’oreillette droite, proche de la valve tricuspide ; • du faisceau de His : il est situé au niveau du septum inter-ventriculaire et se divise en deux branches droite et gauche ;
Les ondes de l’ECG (figure B) L’onde P C’est l’onde de dépolarisation des oreillettes. Elle représente l’impulsion électrique qui naît dans le nœud sinusal (ou auriculaire) et qui traverse les oreillettes entraînant leur contraction. La contraction des oreillettes permet le passage du sang des oreillettes aux ventricules à travers les valves tricuspide et mitrale. L’onde électrique poursuit son chemin jusqu’au nœud auriculo-ventriculaire. L’espace PR ou espace PQ L’intervalle PQ correspond au temps de conduction auriculo-ventriculaire (des oreillettes aux ventricules). Cette petite pause permet au sang de traverser les valves vers les ventricules. Le complexe QRS Cela correspond à la dépolarisation des ventricules et donc à la contraction des ventricules. L’impulsion électrique parcourt les deux ventricules à travers le faisceau de His et ses branches et entraîne la contraction des ventricules. Le segment ST Le segment ST correspond au début de la repolarisation des ventricules. L’onde T C’est l’onde de repolarisation des ventricules. Les myocytes ventriculaires « se relâchent » et se rechargent afin de pouvoir se dépolariser de nouveau.
ACTUSOINS • 14 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • pratiques
Pourquoi il n’y a pas d’onde de repolarisation pour les oreillettes ? L’onde de repolarisation des oreillettes est présente mais relativement faible en amplitude. Elle est masquée par le complexe QRS généré par les ventricules. Figure B
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P
Q
VOCABULAIRE Auriculaire : qui concerne l’oreillette Dépolarisation : Toute onde de dépolarisation engendre une contraction du myocarde Rythme sinusal : correspond à un rythme cardiaque normal BIBLIOGRAPHIE • Lecture accélérée de l’ECG – Dale Dubin – Editions Maloine • ECG : Comprendre et apprendre à interpréter – Pr Mohamed Alami (sur le site http://www.proecg.com)
AVR
AVL
Les six dérivations des membres sont disposées selon six angles différents.
S 1
2
3
1 contraction des oreillettes 2 contraction des ventricules 3 repolarisation des ventricules
DI
Ce tableau résume les différentes ondes de l’ECG ECG
D’un point de vue électrique
D’un point de vue physiologique
Onde P
Onde de dépolarisation des oreillettes
Contraction des oreillettes et éjection du sang dans les ventricules
Espace PQ
Temps de conduction des oreillettes aux ventricules
Passage du sang des oreillettes aux ventricules
Complexe QRS
Onde de dépolarisation des ventricules
Contraction des ventricules et éjection du sang dans les artères pulmonaires et l’aorte
Onde T
Repolarisation des ventricules
DIII
DII AVF
V6 V5 V1
V2
V3
V4
V1
V2
V3
V4
V5
Phase de repos des ventricules
Et les dérivations ? La compréhension des dérivations est souvent l’étape où la confusion fait son apparition et vous égare dans les méandres des lignes électrocardiographiques. Prenons un exemple simple pour vous aider à comprendre. Lorsque vous souhaitez acquérir une voiture, vous allez inspecter la carrosserie de cette voiture en la regardant sous tous les angles : de face (pare-chocs avant), les côtés latéraux droite et gauche (portières) et l’arrière (côté coffre). D’une manière très simplifiée, il en est de même pour les dérivations. Si vous imaginez le cœur à la place de cette voiture, vous allez enregistrer le signal électrique qui parcourt le cœur sous différents angles (les dérivations frontales : AVR, AVL, AVF, DI, DII, DIII et les dérivations précordiales V1 à V6 voir V7, V8, V9 et/ou V3R, V4R. L’ECG enregistre le même signal électrique du cœur dans chaque dérivation. Les ondes ont une morphologie différente selon les dérivations car le signal électrique est enregistré selon un angle différent pour chacune d’elle.
Grâce aux différentes dérivations (standards et précordiales), il est possible de localiser d’éventuelles anomalies en particulier lors d’infarctus du myocarde. n LAURENCE PIQUARD, INFIRMIÈRE ANESTHÉSISTE-FORMATRICE
Extrait d’un ECG 12 (femme de 40 ans) normal.
Dans votre prochain numéro d’ActuSoins : l’interprétation de l’ECG et la compréhension, d’un point de vue physiologique, de ce qui se passe au niveau du cœur.
ACTUSOINS • 15 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
V6
Actusoins • vie libérale
Quand les patients se déplacent au cabinet Installé en milieu rural à Donnemarie-Dontilly (Seine-et-Marne), Jean-Pierre Doussot, infirmier libéral depuis 28 ans, a souhaité modifier sa façon de travailler en incitant ses patients à venir consulter à son cabinet afin d’éviter les déplacements.
G
Aux côtés de Jean-Pierre Doussot Carole Sapierre et Nadine Versault, infirmières libérales. © DR
randes distances qui séparent les différents points de travail, éloignement des laboratoires de biologie médicale, réflexions à n’en plus finir des patients, à jeun, excédés dès que les infirmiers ont quelques minutes de retard ou encore tout simplement la route et les kilomètres à enchaîner : Jean-Pierre Doussot en a eu marre. Il a donc décidé en octobre 2009, de repenser sa façon de travailler. « J’ai acheté une grande maison, avec des places de parking, que j’ai transformé en cabinet libéral avec 40 m2 de salle d’attente et 40 m2 de salle de soins où nous assurons avec mes collaboratrices des permanences », explique-t-il. Son pari ? Amener les patients autonomes et valides, capables de se déplacer, à venir au cabinet plutôt que d’attendre le passage de l’infirmier chez eux. « J’ai expliqué à mes patients, que le domicile, c’est de la complaisance quand ils sont capables d’aller faire leurs courses », souligne l’infirmier.
Les trois collaborateurs travaillent donc tous les jours à deux, et divisent la tournée en plusieurs étapes. Dans la matinée, ils effectuent un premier passage avant 7h au domicile des patients. Ensuite, ils se retrouvent aux alentours de 7h - 7 h 15 à la permanence « où nous attendent déjà les premiers patients », se félicite Jean-Pierre Doussot. Le cabinet ouvre officiellement vers 7 h 30 jusqu’à environ 9h, « mais nous fermons uniquement lorsque la salle d’attente est vide », précise-t-il. Puis les deux infirmiers repartent en tournée auprès des patients qui ne peuvent pas se déplacer.
Organisation rodée Lors de la permanence, l’un des infirmiers s’occupe de l’administratif, pendant que l’autre dispense les soins. « Cela n’a pas été facile de faire bouger les patients », se souvient-il. Mais petit à petit, le projet a séduit, et ils ont commencé à affluer. Désormais, une vingtaine d’entre eux consulte à la permanence. « Nous sommes en train d’envisager d’agrandir les plages horaires, annonce Jean-Pierre Doussot. J’aimerais bien que nous fassions des journées non-stop à la permanence ou alors, au moins une matinée entière. Et puis, pourquoi pas ouvrir une deuxième salle de soins, à l’étage… » Financièrement, « certains me disent que je perds le déplacement, mais quand on enlève les charges et quand on voit la qualité de notre environnement de travail, je pense que nous sommes gagnants », assure-t-il. « Nous avons tout le matériel dont nous avons besoin au cabinet, avec de la lumière, des chariots, sans aucun chien qui vient nous tourner autour pendant le soin. Et puis nous avons des coursiers qui viennent chercher les prélèvements pour les laboratoires. » Jean-Pierre Doussot réfléchit à faire intervenir une quatrième personne pour organiser le travail différemment et avoir moins de contraintes par rapport aux horaires de la tournée. n LAURE MARTIN
ACTUSOINS • 16 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Actusoins • vie libérale
Expérimental,
le dossier infirmier informatisé et partagé Dans les Landes, des infirmiers expérimentent depuis quelques semaines le dossier partagé de soins infirmiers. Un outil qui pourrait bien s’avérer indispensable pour une meilleure coordination des soins autour du patient. «
N
ous avons tous connu des cas de confidentialité non respectée ou de dossiers égarés », déplore Patrick Experton, président de l’URPS Infirmiers Libéraux Aquitaine. De nombreux infirmiers intervenant au
domicile des patients utilisent un dossier infirmier papier. Considéré comme nécessaire, il n’apporte cependant pas de plus-value en termes de coordination des soins de proximité.
Antonio Moreira, infirmier libéral, et sa secrétaire intègrent des données dans le dossier partagé.
© DR
ACTUSOINS • 18 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie libérale
En revanche, le même document, informatisé et partagé entre professionnels, aurait un tout autre potentiel. Ce constat, l’URPS infirmiers libéraux Aquitaine l’a dressé il y a quelques mois. Avec l’aide du Conseil Régional et de l’Agence régionale de santé, il a mis sur pied une expérimentation, inaugurée au mois de mai dernier : évaluer la pertinence d’un dossier partagé sécurisé qui remplacerait le traditionnel dossier papier, centraliserait l’information et permettrait de tracer les actes infirmiers. « Cela permettra d’éviter la perte d’information et de communiquer plus facilement auprès des autres professionnels », complète Patrick Experton.
Un vrai besoin de terrain Dans les Landes, l’engouement des infirmiers a été immédiat, comme l’explique Yannick Giraudel, infirmier libéral à Saint-Justin : « ici, on est loin de tout et de tout le monde. Les outils dématérialisés sont donc très importants pour que nous puissions échanger autour des patients. Nous le faisons aujourd’hui à travers les systèmes de partage existants, mais nous devons pour cela anonymiser les données. L’outil va permettre la même chose de façon ergonomique et sécurisée ». Dès le lancement de l’initiative, la cinquantaine d’infirmiers expérimentateurs attendue par les opérateurs a été recrutée beaucoup plus rapidement qu’espéré. « Preuve que les besoins existent », assure Patrick Experton. Chacun de ces professionnels a reçu une tablette et a été formé à l’utilisation – « très simple » – de l’outil, également accessible sur smartphone. Depuis, ces infirmiers peuvent ouvrir un dossier pour chacun de leurs patients, contre une rémunération unitaire de cinquante euros. Ils peuvent y consigner des données médicales, des images, des commentaires… et les ouvrir aux médicaux, paramédicaux, services hospitaliers prenant en charge le patient, après en avoir fait la demande auprès de l’opérateur de télésanté. « Nous pouvons ouvrir la partie non confidentielle aux partenaires médico-sociaux et sociaux », ajoute Yannick Giraudel. In fine, l’idée est bien de transmettre facilement et en temps réel toutes les données indispensables au suivi du patient, auprès de l’ensemble des professionnels impliqués dans sa prise en charge.
Une image fiable du rôle de coordination infirmière « Dans mon cabinet, nous sommes cinq sur sept infirmiers à nous être dotés de l’outil. Il facilite vraiment les échanges entre nous ». Auprès des autres professionnels correspondants, Yannick Giraudel reconnaît « un effet de génération. Les professionnels qui sont le plus technophiles se montrent les plus intéressés. Mais on voit aussi que ce sont ceux avec lesquels nous travaillons le plus étroitement qui perçoivent l’intérêt
on est loin de tout et de tout le monde. “Ici,Les outils dématérialisés sont donc très importants pour que nous puissions échanger autour des patients. Nous le faisons aujourd’hui à travers les systèmes de partage existants, mais nous devons pour cela anonymiser les données. L’outil va permettre la même chose de façon ergonomique et sécurisée. de cet outil ». L’utilisation et l’accès du dossier partagé à tous les professionnels du territoire pourrait donc se généraliser progressivement, par effet « tache d’huile » autour de chacun des infirmiers utilisateurs locaux. La fin du dispositif est fixée au printemps 2016 : l’URPS délivrera alors les conclusions de cette expérimentation. « Nous évaluerons le profil des patients pour lesquels les dossiers sont créés, avec quels professionnels ils sont partagés, quels types de données sont stockées, … décrit le président de l’URPS. Nous aurons au final une image précise des besoins et de la pertinence de l’outil avant de le généraliser » résume-t-il tout en ajoutant : « cette analyse devrait aussi nous donner une bonne image du rôle de coordination des soins que les infirmiers revendiquent ». n
”
CAROLINE GUIGNOT
DP... DMP : OÙ EN EST-ON ? Plus de 24 millions de DP sont ouverts aujourd’hui en France. Par DP, comprenez Dossier Pharmaceutique, un outil de recueil des traitements déployé depuis 2009 par les officinaux. La réussite de l’outil est tel qu’il est maintenant évalué à titre expérimental dans certains établissements de santé pour favoriser le partage décloisonné d’informations entre ville et hôpital. Comme le DP, le dossier partagé de soins infirmiers expérimenté dans les Landes tend à prouver la pertinence des outils de télésanté adapté aux pratiques. Et que leur développement par les professionnels est gage de réussite et d’efficience. Voilà qui contraste violemment avec le Dossier Médical Partagé (DMP), véritable serpent de mer en développement… depuis dix ans. Après de nouvelles impulsions apportées au projet en 2011 puis en 2013, seuls 400 000 dossiers sont aujourd’hui créés en France. Dans la prochaine loi de santé, qui sera discutée par les parlementaires début 2015, les contours et les modalités de son déploiement devraient encore être redéfinis : administré par l’Assurance Maladie et recentré autour des patients chroniques. Dans le délai, les professionnels n’ont heureusement pas attendu les pouvoirs publics et s’organisent… n
ACTUSOINS • 19 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie libérale
Dialyse à domicile : une solution qui se développe
Les patients atteints d’insuffisance rénale peuvent avoir recours à la dialyse péritonéale à domicile. Une prise en charge qui requiert certaines conditions et une formation spécifiques des infirmiers libéraux.
L
orsque l’un de ses patients a été contraint de suivre une dialyse péritonéale, le cabinet de Jean Le Cheviller, infirmier libéral dans le 18e arrondissement de Paris, a décidé de se former à cette pratique afin de poursuivre sa prise en charge. « Nous avons été formés à l’hôpital Bichat au service de néphrologie pour mettre nos connaissances à jour », souligne l’infirmier. L’hôpital lui a alors proposé d’autres patients. « Cela fait maintenant 15 ans que nous prenons en charge des patients pour des dialyses péritonéales », indique-t-il. De son côté, Sébastien L’Homme, infirmier libéral à Montreuil, a découvert la dialyse lorsqu’il était infirmier à l’hôpital Beaujon. Après s’être installé en libéral avec quatre de ses collègues, ils se sont formés avec l’Association pour l'utilisation du rein artificiel en région Parisienne (AURA). « Un coordonnateur vient contrôler notre cabinet afin de s’assurer que nous effectuons les bons gestes, précise-t-il. Il s’agit d’un garde-fou pour le respect des normes. » Contrairement à l’hémodialyse très contraignante pour les patients qui doivent se rendre trois fois par semaine à l’hôpital, la dialyse péritonéale permet aux patients de rester à domicile. Cependant, « des enquêteurs se déplacent pour être sûr que le domicile est apte pour la dialyse péritonéale, rapporte Sébastien L’Homme. Il y a une hygiène à tenir qui est rigoureuse et compliquée. Il faut une pièce dédiée et une zone de stockage du matériel. »
Formation « On apprend à manipuler les poches, explique Jean Le Cheviller. Les méthodes évoluent et sont différentes en fonction des laboratoires. La base d’hygiène est identique mais la connectique varie. Nous sommes donc formés à tous les dispositifs vendus par les laboratoires, ainsi qu’au fonctionnement de la machine de dialyse la nuit. » La plupart du temps, l’hôpital forme également la famille ou le patient, à la dialyse péritonéale. « Il doit être apte à se brancher et à se débrancher en cas d’urgence lorsque nous ne sommes
© iStock/ErikaMitchell
pas là », fait savoir Sébastien L’Homme. « Nous avons une action de formation à l’égard du patient en fonction de son état de santé, poursuit Jean Le Cheviller. On lui répète ce qui lui a déjà été enseigné à l’hôpital mais qui est important, à savoir l’hygiène des mains, la propreté de la pièce, l’importance qu’il n’y ait pas de courant d’air quand on fait la connectique. » Les infirmiers adressent également aux patients des conseils d’hygiène alimentaire afin qu’ils évitent de manger trop salé et ils les encouragent à avoir une activité physique.
Se faire remplacer « La technicité de cette pratique n’est pas très compliquée mais elle demande une certaine rigueur », soutient-il. Pour l’infirmier, l’avantage de cette prise en charge est de permettre des échanges avec l’hôpital, de travailler en bonne collaboration avec un service et d’être au courant de l’évolution des technologies. La seule contrainte pour le cabinet est de trouver des remplaçants qui soient formés à cette prise en charge. « Un infirmier non formé ne peut pas me remplacer. Nous avons d’ailleurs parfois des soucis. Il y a des professionnels de santé qui refusent d’aller dans cette direction car ils savent qu’ils seront coincés », souligne Sébastien L’Homme. n
ACTUSOINS • 20 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
LAURE MARTIN
Actusoins • vie professionnelle
Le 190,
un centre de santé sexuelle menacé ?
Centre de santé sexuelle historique, implanté dans le XXe arrondissement de Paris depuis 2010, le 190 est aujourd’hui menacé d’expulsion. Sans autre solution de logement pour le moment… «
C
Le pansement Nounours est l'une des signatures du Centre de Santé.
omment allez-vous aujourd’hui ? » - « Oh, ça va, juste un peu fatigué »… Après avoir accueilli ce patient, l’un des deux médecins du Centre 190 fait entrer le jeune homme dans son cabinet en toute discrétion. Depuis son ouverture en février 2010, ce sont des milliers de patients qui sont venus bénéficier de l’expertise des personnels soignants en santé sexuelle, mais aussi d’une discrétion assurée. Aujourd’hui, 30 à 40 personnes franchissent les portes du 190 tous les jours. Si le lieu a fait ses preuves, les débuts ont été plus difficiles car il était novateur. Mais le 190 a été fondé avec une certitude, comme le rappelle Marc Frémondière, cadre de santé et l’un des membres fondateur du 190 : « Quand je travaillais à l’hôpital entre 2003 et 2008, je côtoyais Michel Ohayon, coordinateur de Sida Info Service. Au fur et à mesure de nos discussions, nous avons réalisé que le sida n’avait plus sa place à l’hôpital. Les patients allaient de « mieux en mieux », et ne venaient parfois que pour
© Natacha Soury
un suivi annuel. Il fallait le dire : le sida n’était plus une maladie d’exception. Mais il restait difficile d’aborder la question de la séropositivité et celle de la sexualité. Parler de plaisir ? Impossible. » Le concept du 190 était né. Financé par Sida Info Service, ce centre connaît aujourd’hui des chiffres de fréquentations exponentielles, avec 30 % de patients en plus chaque année. « Nous avons principalement un public HSH (hommes ayant du sexe avec d’autres hommes, ndla), mais aussi quelques femmes et des migrants. En somme nos portes sont ouvertes à toute personne porteuse du VIH, ou d’une IST, qui cherche à se faire dépister ou qui a besoin d’informations », précise Marc Frémondière. Certains viennent pour un suivi, d’autres, majoritaires, pour un check up.
Un lieu de dialogue et d’interactions En favorisant une meilleure détection, la prise en charge permet d’éviter de nouvelles éventuelles contaminations. « Nous préférons aborder toutes les facettes de la sexualité des patients. Parfois débridée, elle peut être à risque si elle est mal accompagnée », analyse Marc Frémandière. « Ici, nous proposons un cadre confidentiel. Le secrétariat est fermé pour instaurer une confiance éthique immédiatement », ajoute-t-il, en faisant la visite du lieu : deux salles de consultation et une salle de soins où les infirmiers peuvent prendre en charge les patients. La petite équipe, composée de deux médecins, un psycho-sexologue, un psychiatre (une fois par semaine), deux infirmiers et un secrétaire, permet la prise en charge complète d’un patient, et d’éviter la déperdition d’informations. Plus étonnant : la présence d’un dermatologue. « C’est essentiel pour combler les joues émaciées, la lypodystrophie provoquée par les traitements sévères, pour les patients le souhaitant », explique Marc Frémondière. « Nous essayons aussi de répondre aux questions les plus fréquentes : vais-je guérir un jour ? Si je prends un traitement depuis mes 25 ans, comment vais-je vieillir ? Et nous essayons de soutenir ceux qui s’effondrent en apprenant qu’ils sont séropositifs. »
ACTUSOINS • 22 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
L’épidémie du sida a fait bouger “ les lignes, le patient s’est dit : moi aussi, j’ai droit de cité. Quels sont mes droits ? Quel est mon choix dans un traitement ?
© Natacha Soury
Génération sida Dans les boxes de consultation, « les tables sont rondes », souligne le cadre de santé. Pour favoriser l’échange et « casser » la hiérarchie médecin-patient. Car pour Marc Fremondière, le sida a révolutionné les relations dans le domaine médical. « Aujourd’hui, on parle beaucoup des droits des patients. Avant le sida, cela n’existait pas. Les médecins ont, pour la première fois, montré une impuissance. Ils ont été descendus de leur piédestal et ont été perçus à égalité avec les patients. L’épidémie du sida a fait bouger les lignes, le patient s’est dit : moi aussi, j’ai droit de cité. Quels sont mes droits ? Quel est mon choix dans un traitement ? » Une méthode qui continue à être appliquée au 190 : l’éducation thérapeutique est au coeur du dispositif. Le dialogue aussi : « nous prenons plus de temps qu’à l’hôpital où un patient est reçu toutes les dix minutes. Ici, le temps est notre allié. » Au 190, les patients peuvent parler d’éducation thérapeutique, de leur vécu, de leur traitement, de leur maladie. Lutter aussi contre les discriminations qui existent dans le milieu médical parfois. Marc Frémondière parle même de « sérophobie », chez certains praticiens.
DELPHINE BAUER/YOUPRESS
© Natacha Soury
Dépistage et check up « Nous abordons aussi des thématiques comme les addictions, favorisant des conduites à risques, comme le « slam », qui débarque depuis quelques années, qui est la prise d’amphétamines lors de rapports sexuels », explique Alexandre, infirmier, 28 ans. Le jeune homme, arrivé il y a trois ans, travaille à mi-temps au 190. Il y réalise des soins basiques : injections, prélèvements, prises de sang.
”
C’est un endroit unique où les patients bénéficient d’un check up complet et total : VIH, hépatites, syphilis etc. Rien n’y est négligé. Alexandre insiste aussi sur le « soin relationnel. » « On s’adapte aux problématiques et on ne traite pas de façon standard, on voit où les patients en sont, on fait un état des lieux. » Alexandre, comme tous les autres soignants, doit aussi se renseigner sur les avancées thérapeutiques, qui permettent d’augmenter la qualité de vie des malades. « Par exemple, avec la sortie récente de quelques nouveaux médicaments – un comprimé par jour associant plusieurs molécules – qui allègent les prises. » Les horaires d’ouverture qui ont été largement augmentés : 8h-20h, soit une large amplitude pour permettre aux actifs de venir consulter. « Il existe une vraie demande, les gens ne connaissaient pas au début. Mais nous avons bénéficié d’une médiatisation d’infortune dernièrement », lâche-t-il. En effet, le 190 connaît actuellement des soucis de logement qui met les activités du centre en péril. Le délai accordé par l’actuel propriétaire du lieu est d’environ six mois. Ensuite ? « Nous cherchons activement un nouvel emplacement, mais ce n’est pas évident de trouver », reconnaît Marc Frémondière. Il a bon espoir, car il le rappelle, cet « endroit est unique en France. » n
Alexandre vaccine aussi contre la grippe.
ACTUSOINS • 23 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
HEURES SUP, TRENTE-CINQ HEURES :
LE CASSE-TÊTE Compteurs d’heures qui explosent, rappels des soignants sur leurs jours de repos et même sur leurs congés annuels, absentéisme récurrent lié à l’épuisement : les infirmiers font des heures supplémentaires, qu’ils le veuillent ou non. Faut-il changer la politique des établissements ou tout revoir à la source ? Les avis sont partagés. «
O
n a un problème majeur dans les hôpitaux actuellement : c’est l’absentéisme. On n’a pas les volets de remplacements suffisants, donc on sollicite les agents qui sont en repos, voire même en congés annuels, ce qui est totalement illégal. Les gens sont rappelés pour faire face et pour assurer la continuité des soins. Ce sont des heures qui viennent en plus de ce qu’ils avaient au planning, donc des temps supplémentaires qui bien souvent vont au-delà des bornes légales ». Ce constat amer de Nathalie Depoire, présidente de la CNI (Coordination Nationale Infirmière), est partagé par de nombreux soignants.
© iStock/J-Elgaard
ACTUSOINS • 24 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
« Je suis à 80 % pour m’occuper de mes deux enfants. Mais certains mois, on me demande de venir travailler à pleintemps, même plus, en incluant les quatre dimanches », témoigne Sylvie, infirmière à Montpellier. Faire travailler les agents à plus de 100 % sans aucune compensation financière : un droit que les établissements s’accordent depuis la parution d’un décret instaurant l’annualisation du temps de travail dans les établissements hospitaliers. Le concept est simple : l’agent doit effectuer un certain nombre d’heures sur une année (1 607 maximum pour un temps plein), libre à l’employeur de les répartir comme il le souhaite (sous certaines conditions, voir encadré). Donc une infirmière qui travaille à 120 % un mois devrait pouvoir travailler à 80 % un autre mois. « La plupart du temps, ce n’est pas le cas », explique Nathalie Depoire. « On fait stocker des heures sur un compte épargne temps et les soignants n’en voient jamais le fruit, ni financièrement, ni en termes de récupération. Il faut rappeler que dans les textes, les heures supplémentaires peuvent être soit payées, soit récupérées », rappelle Nathalie Depoire.
Un crédit sur le dos du personnel En temps de crise et par contrainte budgétaire, si la priorité est à l’économie, les soignants semblent lésés. « Les directions n’ont aucun respect pour notre travail, ni pour notre rythme. On nous rappelle le matin de bonne heure chez nous pour travailler la nuit suivante alors que l’on vient de finir une nuit et que l’on dort depuis deux heures. Mes collègues de jour, elles, sont parfois appelées à 23 heures pour le lendemain matin », témoigne Philippe, infirmier dans un service de chirurgie digestive. « Tout le monde s’attache à faire des économies, par contre cela ne gêne personne d’avoir un réel crédit sur le dos du personnel qu’on ne s’attache pas à rembourser, ni de mettre en jeu leur santé physique et morale », enchérit Nathalie Depoire.
Le casse-tête des heures sup… Pour ceux qui parviennent malgré tout à se faire payer des heures supplémentaires, c’est le problème du coût qu’elles impliquent qui revient souvent dans les discussions. Et la question qui se pose est d’ordre purement politique : Fallait-il re-fiscaliser les heures supplémentaires ? La défiscalisation des heures supplémentaires, qui était une mesure phare du dernier quinquennat présidentiel, a été supprimée en mai 2012. Cela s’est traduit par une hausse des impôts pour les salaires modestes. « Je répondais favorablement à la demande de ma clinique qui me demandait de faire des heures supplémentaires par besoin et par manque de personnel, car je savais que j’allais gagner en pouvoir d’achat », explique François, infirmier dans le privé. « Maintenant, je ne sais plus si ça vaut la peine de travailler plus ». Des propos nuancés par certains syndicats qui rappellent que les heures supplémentaires – lorsqu’elles sont payées –
On fait stocker des heures sur un compte épargne “temps et les soignants n’en voient jamais le fruit, ni financièrement, ni en termes de récupération. restent majorées. À l’heure où le chômage infirmier commence à être un phénomène de société, ne faudrait-il pas plutôt embaucher de nouvelles recrues plutôt que de proposer des heures supplémentaires aux actifs déjà en place, s’interrogent certains ?
”
… et celui des trente-cinq heures Les 35 heures, régulièrement remises en question dans les établissements hospitaliers, font également débat. « La remise en question des 35 heures passe par une gestion plus souple de celles-ci », estime Fatima Thor, directrice des soins. Ainsi, un agent signant pour plus de 35 heures, aurait au moins l’opportunité de voir ses quelques heures en plus payées systématiquement en fin de mois. Alors qu’un agent qui effectue 39 heures alors qu’il n’a signé que pour 35, risque de ne jamais voir ses quatre heures supplémentaires, stockées sur un compte épargne-temps sur ses fiches de paie… Encore faudrait-il pouvoir avoir le choix, rétorquent les professionnels. Le sujet est complexe et alimente les polémiques. n MALIKA SURBLED
FONCTION PUBLIQUE HOSPITALIÈRE : CE QUE DIT LA LOI Selon le décret du 4 janvier 2002 relatif au temps de travail, la durée de travail est fixée à 35 heures par semaine. Cette durée est réduite à 32,30 heures pour les agents travaillant exclusivement de nuit. Le décompte du temps de travail est réalisé sur la base d’une durée annuelle de 1 607 heures maximum (1 582 heures pour les agents en repos variable et 1 476 heures pour les agents travaillant exclusivement la nuit). Le temps de travail est donc annualisé : un agent peut être amené à travailler plus ou moins d’une semaine à l’autre, d’un mois à l’autre, d’un semestre à l’autre. C’est la durée de travail sur l’année qui sera prise en compte, selon un cycle de travail établi par l’établissement. Néanmoins, les employeurs, malgré l’annualisation du temps de travail, doivent respecter quelques règles. En voici quelques-unes : - La durée hebdomadaire de travail ne doit pas dépasser 48 heures. - Le nombre de jours de repos est fixé à 4 jours pour 2 semaines de travail. Deux de ces jours doivent être consécutifs, incluant un dimanche. - Le quota maximum mensuel d’heures supplémentaires est de 180 heures par an pour les infirmiers et de 220 heures par an pour les infirmiers spécialisés. - Lorsque la durée du cycle de travail est inférieure ou égale à un mois, le plafond mensuel d’heures supplémentaires est fixé à 15 heures pour les infirmiers et 18 heures pour les infirmiers spécialisés. - Les heures supplémentaires peuvent être soit récupérées, soit rémunérées (avec majoration). n
ACTUSOINS • 25 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
Quand les infirmiers découvrent
le chômage
L’idée du plein-emploi et de la pénurie infirmière est ancrée dans les esprits depuis des décennies. Pourtant, la FNESI a publié l’été dernier les résultats d’une enquête concluant à la précarisation des professionnels infirmiers. Les chiffres de pôle emploi confirment le déclin de l’offre.
«
O
n venait nous chercher à la sortie de l’IFSI » se souvient Gabrielle, diplômée de l’an 2000. « Et quand on faisait des missions d’intérim pour bien prendre le temps de choisir et organiser notre emploi du temps comme bon nous semblait, les cadres venaient presque nous supplier de prendre un poste dans leur service ». Il est loin le temps du plein-emploi. Il est loin le temps de l’embarras du choix. Non, l’infirmier n’est plus maître de ses choix en matière d’emploi. C’est ce que révèle l’enquête 2014 menée par la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) sur les difficultés d’insertion professionnelle et la précarisation de l’emploi des infirmiers. C’est aussi ce que confirme l’enquête annuelle de Pôle emploi concernant les besoins en main-d’œuvre. Depuis 2013, et pour la première fois, le métier d’infirmier ne figure pas parmi les quinze professions les plus recherchées en France. En 2014, elle enregistre même la plus forte variation à la baisse en nombre de projets de recrutements (après celle d’ouvrier qualifié en magasinage et manutention). Moins 4 350 offres à pôle emploi en un an, c’est un record.
Deux fois plus de chômage en quatre ans En ce qui concerne le chômage, là aussi, les résultats sont explicites. En 2009, 5 400 infirmiers étaient inscrits en qualité de demandeurs d’emploi. En 2012, 8 100. En 2014, même si aucun chiffre n’a encore été communiqué officiellement, il semblerait que les demandes soient encore en hausse. Selon la FNESI et d’après un rapport de la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP), 10 % des nouveaux diplômés n’ont pas d’emploi un an après leur sortie de formation (contre 3 % en 2011). « Notre propre enquête démontre même que 14 % des diplômés depuis 2009 se déclarent sans emploi et 44 % sont en contrats à durée déterminée.
Ces chiffres sont supérieurs aux difficultés d’insertion professionnelle constatées dans les autres filières », explique la fédération étudiante.
Inadéquation entre offre et demande
© pôle emploi
Et il semblerait que le phénomène prenne de l’ampleur avec le temps. Car selon certains syndicats, les hôpitaux suppriment des postes tous les ans, par souci d’économies. En cause aussi, des offres d’emploi qui ne correspondraient pas à la demande des nouveaux diplômés. « Les étudiants établissent au cours de leur formation un projet professionnel, avec notamment la possibilité d’orienter leur parcours de stage en fonction. Or, 41 % des jeunes diplômés disent ne pas avoir un poste qui correspondait à leur souhait. Pire, face à la difficulté à trouver un emploi, 44 % seraient prêts à prendre un poste dans un secteur autre que la santé », explique la FNESI. À ces problèmes, s’ajoutent le nombre et la répartition des étudiants sortants. « La question de l’adéquation entre maillage territorial et bassins de l’emploi se pose. Depuis quelques années, les quotas d’entrées en IFSI ont augmenté de manière sensible. Nombreux sont les étudiants infirmiers à être admis sans aucune prise en compte de la mobilité géographique des étudiants, ni de l’arrivée massive d’étudiants formés à l’étranger », explique Fatima Thor, directrice des soins. Solutions selon la FNESI : la gestion démographique des flux d’étudiants et la possibilité de poursuite d’études en lien avec la formation initiale et les besoins de santé publique dès la sortie de l’IFSI. n MALIKA SURBLED
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Soigner des V.I.P. : discrétion à tous les étages ! Le secret médical fait partie intégrante de leur métier. Mais parfois, ce sont d’autres secrets que les infirmiers gèrent… quand leurs patients ne sont autres que de grandes stars de la chanson, du cinéma, des hommes politiques ou de richissimes émiratis. Mais le soin prime ! «
L
orsque j’ai raccompagné cette célèbre journaliste de télévision après son accouchement par césarienne dans sa chambre, son mari, un humoriste très connu a eu juste l’attitude d’un père de famille lambda qui avait besoin d’être rassuré, » raconte Rémi* un infirmier ayant exercé un temps dans un grand hôpital privé parisien.
Pendant ces années, Rémi en a vu des personnalités : chanteurs, mannequins, acteurs, mais aussi des Emiratis qui viennent « chercher en France le meilleur système de santé et les meilleurs médecins. » Ce qui énerve passablement Véronique, infirmière, elle, dans le service public. « Privatiser des chambres et offrir deux poids deux mesures
© Natacha Soury
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aux patients, c’est grave, c’est le début du désengagement de l’État. La rentabilité prime. L’égalité de soins est finie », tranche-t-elle. En attendant, les hôpitaux privés ne se posent pas de question et font payer le prix fort à ces personnalités chouchoutées.
L’obligation de discrétion Dans son hôpital parisien, réputé pour sa grande discrétion, Rémi confirme que les personnalités médiatiques attendent un service haute qualité. Il n’est pas rare que les personnalités débarquent sous des noms d’emprunt. « Ils arrivent sous le nom de Dupont ou Durand pour plus de discrétion, car les données archivées peuvent être en libre-service dans l’établissement. Parfois on sait qu’ils sont dans le service mais pas pour quelle raison », explique-t-il. « Certains, comme les hommes politiques, ne font pas d’admission directe, montent directement dans leur chambre où l’on récupère les documents d’identité et on fait les dossiers d’admission a posteriori », révèle Denis*, directeur de soins d’un autre établissement. En termes de discrétion, les établissements ne sont pas tous aussi habitués à prendre en charge des personnalités. « Quand on avait des stars, on avait des consignes : ne pas renseigner les personnes par téléphone, ne pas faire rentrer qui que ce soit dans la chambre », raconte Véronique. Dans un autre centre, à Toulouse, Rémi, qui a expérimenté à la fois hôpital « grand standing » et un hôpital spécialisé dans le sport à Toulouse, a vu la différence. « Dans l’établissement sportif, c’était plus désorganisé. On a accueilli un rugbyman, et les médecins donnaient des consignes “Tu ne vas pas dans cette chambre, y a untel”. Deux semaines après, les gens du service en parlaient encore ! Les médecins en faisaient des caisses », balance-t-il. Mais, rappelle un directeur de clinique parisien : « Notre tradition, c’est la discrétion. Quel que soit le patient. Même lambda, il a droit à son anonymat. » Rappelant la mission première des soignants, ce directeur de clinique évoque des situations gênantes de femmes, maîtresses, amants… pour lesquels la discrétion est plus que nécessaire, à moins de créer un incident diplomatique.
Caprices, avantages et petites folies « Parfois j’ai vu des trucs de dingue : des Rolls Royce débarquer pour déposer des patients ! Une fois, c’est toute une aile de l’hôpital qui a été privatisée pour un Emirati », révèle Rémi. Certains poussent les folies très loin : un patient qui logeait dans une suite a loué du matériel de location de cuisine et a changé tous les meubles. Les gardes du corps étaient à l’autre bout de la suite. « Coût ? Environ 400 000 euros. Pour trois nuitées ! » Rémi ne tarit pas d’anecdotes, comme ce patient qui, après une opération de huit heures, n’est resté que trente minutes dans la salle de réveil, et a été emmené dans sa
chambre… surveillé pendant deux heures par l’anesthésiste qui d’habitude ne reste que quelques minutes. « Tout le matériel avait été déplacé spécialement, un vrai “merdier” », lâche-t-il, sans langue de bois. Les « pires », ce ne sont pas les vraies stars, « mais les starlettes qui font des caprices », n’hésite pas à dire Anthony*, directeur de clinique. « Une gagnante de la Star Ac’ est arrivée en limousine et s’est plainte de la présence des photographes. J’ai dit : Pardon, mais quand on ne prévient pas la presse, en général, ils ne viennent pas ». Elle n’a pas bronché », rigole le directeur de clinique.
Ce qui compte, c’est la qualité du soin. “ Quand on travaille, on a le nez dans le guidon, on ne fait plus de différence. Une fois, j’ai interrompu pour un soin un comédien célèbre dans la répétition de son texte, il répétait de long en large. Véronique se souvient d’un comédien qui « jouait beaucoup de sa célébrité. » Mais dans un sens positif. « Il faisait le pitre et rire tout le monde. Mais il restait très discret et restait dans sa chambre car il était vraiment très connu. » Denis évoque une autre femme, humoriste à grand succès, qui na pas tenu à bénéficier de passe-droit, Car, rappelons-le, venir à l’hôpital n’est jamais bon signe. « Les personnalités font moins les malins car l’hôpital, c’est la maladie, éventuellement la mort, parfois ils ont peur pour leur vie. Finalement cela les ramène à une condition plus… humaine », analyse Anthony.
L’intimité du soin « Savoir que quelqu’un est connu ne change rien pour moi. Pour les soins post-césarienne de cette journaliste célèbre, je devais vérifier les saignements des parties intimes, appuyer sur le ventre pour vérifier l’absence de caillots sanguins. C’est un soin violent et intime, mais pas le choix, t’y vas quand même. Je plaçais la mission de soignant en priorité et on se concentre là-dessus en oubliant à qui on a à faire », raconte Rémi. Véronique confirme. « Ce qui compte, c’est la qualité du soin. Quand on travaille, on a le nez dans le guidon, on ne fait plus de différence. Une fois, j’ai interrompu pour un soin un comédien célèbre dans la répétition de son texte, il répétait de long en large. » Une façon de rentrer dans son intimité qui passe très vite au second plan après le soin. Mais Rémi a l’honnêteté de dire que prendre en charge telle ou telle personnalité est « amusant ». « Quand les médias se demandent si c’est un garçon ou une fille, et le prénom éventuel et que je sais déjà, je trouve ça aussi marrant », plaisante-t-il. Il y a aussi des pathologies « propres » aux stars : elles vont beaucoup plus en hôpital psychiatrique. « Pour les starlettes
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il y a une personnalité, les chefs “deQuand service ont des égards particuliers. ”
Ne cherchez pas… ces panneaux n’existent pas (encore) !
Pour Véronique, ce qui devait être une expérience un peu hors du commun s’est très mal fini. « Il s’agissait d’un acteur de théâtre très célèbre qui venait pour des soins liés à une maladie de longue durée. Tous les soirs, il jouait sur scène et il avait demandé qu’une infirmière l’accompagne. Comme c’était un petit service, j’avais eu vent de son arrivée. Je suis la procédure et je demande à ma cadre si je peux l’accompagner un soir. Et là, sa réaction a été immédiate : “Qui t’a prévenue”, m’a-t-elle demandé d’un ton menaçant. J’ai refusé de répondre, je n’avais commis aucune faute. À partir de là, ça n’a été que harcèlement, jusqu’à ce que je demande ma démission… qui m’a été accordée sans aucun préavis. » Véronique en est sûre : « Si le patient n’avait pas été connu, je n’aurais pas subi cette pression. » Rémi se souvient, lui, d’un patient, arrivé avec garde du corps jusqu’au bloc opératoire, blessé par balles. « Un mafieux russe, je pense. Et là je me suis dit que s’il arrivait quoique ce soit, les conséquences pourraient être graves : les gardes du corps étaient armés. Même les médecins étaient plus stressés. »
Des avantages ?
Montage et photo ©Natacha Soury
surtout, quand la célébrité dure cinq minutes et disparaît, cela mène à l’obésité, l’anorexie, à des problèmes psychiques. La prise en charge est encore plus confidentielle. Souvent ces personnalités ont des problèmes d’ego non résolu, des dédoublements de la personnalité », reconnaît le directeur de clinique.
Des pressions éventuelles Ceci étant, Rémi reconnaît, qu’inconsciemment, « on se dit que si on fait une connerie, médiatiquement, il y aura des retentissements donc oui, d’une certaine façon, ça met une pression supplémentaire. » Du côté des médecins, Véronique est claire : « Quand il y a une personnalité, les chefs de service ont des égards particuliers. Pour le patient lambda, c’est une visite hebdomadaire, mais pour les V.I.P., ils viennent les voir personnellement tous les jours. » Rémi ajoute : « Pour les médecins, c’est l’occasion de se faire un carnet d’adresse, tandis que cela ne change rien, niveau salaire, pour les infirmiers. »
« Souvent ils ont des attentions, admet Rémi. Par exemple, les Emiratis, enfin leur secrétaire ou bras droit, vous demande “Vous voulez manger quoi ?” Et là, on vous livre du Fauchon », explique-t-il. « Un matin, on a reçu 15 kg de pâtisseries orientales en direct envoyé par le roi du Maroc. T’hallucines ! » Il raconte aussi volontiers les bouteilles de champagne, les chocolats envoyés pour remercier d’une bonne prise en charge. Une fois, il a même reçu un pourboire de 200 euros. « Je ne pouvais pas refuser, sinon ce patient l’aurait trop mal pris. Pour lui, c’était comme s’il donnait cinq centimes. » DELPHINE BAUER / YOUPRESS
FRÉDÉRIC BAUDE, directeur des opérations à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire (Générale de Santé) et référent communication pour la Pôle Paris de la GDS : « Il faut savoir s’adapter »
« Une procédure d’accueil des personnalités a été mise en place récemment à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire. Quand elle arrive en consultation, le chirurgien ou sa secrétaire doit prévenir la direction et donner les dates de la consultation d’anesthésie et la date de l’admission. Ensuite, nous organisons l’entrée, nous demandons à la personne si elle désire une admission confidentielle et anonyme. Nous lui demandons la liste des visiteurs autorisés qui est communiquée à l’accueil et au personnel à l’étage. L’arrivée peut se faire par une porte d’entrée plus discrète que l’entrée principale. Si la personnalité demande une procédure de sécurité spéciale avec des gardes du corps, elle l’assure elle-même avec son propre personnel et nous mettons à sa disposition, si nécessaire une chambre annexe. Il faut savoir s’adapter et proposer ce genre de services. » n Propos recueillis par Cyrienne Clerc.
ACTUSOINS • 30 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
PRIORITÉ BUDGET
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Libérales
de retour à l’hôpital
Revenir travailler à l’hôpital après avoir été libérale : ce revirement de carrière n’est pas rare, tant le métier d’infirmière offre de possibilités. Marie-Thérèse et Aurélie expliquent leur choix et racontent leur retour en milieu hospitalier.
M
arie-Thérèse, 45 ans, et Aurélie, 33 ans, ont toutes les deux travaillé à l’hôpital avant de se tourner vers le libéral. Pendant cinq ans, la première a travaillé aux urgences, en réanimation et dans un service de grands brûlés. La seconde a surtout travaillé en réa, en France et en Suisse. « J’ai choisi de travailler en libéral pour pouvoir plus m’occuper des patients », explique Marie-Thérèse. Elle débute par deux ans de remplacements avant de se fixer dans un cabi-
net urbain. Soins variés, bonne ambiance entre infirmières… elle s’épanouit professionnellement pendant douze ans. « Il y avait beaucoup de relationnel, se rappelle-t-elle. On intégrait l’entourage de la personne soignée. L’aspect social était plus important qu’à l’hôpital. Et puis au fil des années, les soins se sont de plus en plus résumés à des toilettes. Ou bien les patients étaient incités à s’occuper seuls de leurs pansements et nous n’étions appelées que pour retirer les fils. On récupérait après des pansements qui avaient mal évolué… »
Un rythme de vie chamboulé par le changement de mode d’exercice mais ni Marie-Thérèse, ni Aurélie, ne regrettent leur choix. © iStock/J-Elgaard
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Le manque de reconnaissance du rôle de l’infirmière en matière d’éducation thérapeutique a aussi fini par lui peser. Elle choisit de bifurquer et opte pour l’intérim. « C’est un choix, explique Marie-Thérèse. Je n’ai pas envie de m’accrocher. » Ou en tout cas pas encore. Depuis presque deux ans, elle travaille quelques jours ici, quelques jours là. En médecine, chirurgie, maison de retraite ou centre de rééducation. La nuit, de préférence. « Au départ, je travaillais de jour mais avec le fonctionnement actuel de l’hôpital, j’ai préféré passer de nuit », souligne l’infirmière. Le fait d’être souvent la seule infirmière en poste ne fait pas peur à cette ancienne libérale. Elle apprécie même de pouvoir organiser seule son travail et, surtout, de pouvoir consacrer plus de temps aux patients que le jour. Une sorte de position intermédiaire entre la libérale plongée en solo dans le quotidien des patients et l’hospitalière entourée par la structure… « La nuit, on travaille aussi plus en équipe que le jour », apprécie-t-elle.
L’impression de ne plus rien apprendre Aurélie, de son côté, a travaillé en libéral pendant cinq ans, en remplacement dans pratiquement un seul cabinet. Mais elle n’est pas tentée par l’association que lui proposent ces infirmières : la paperasse, ce n’est pas trop son truc… Pour autant, remarque-t-elle, « je n’avais pas envie de travailler dans un autre cabinet. Les infirmières avaient une façon de travailler qui me plaisait beaucoup. (…) Au départ, je pensais ne jamais retourner à l’hôpital ». L’idée fait pourtant son chemin. Le fait de travailler « en coupé » lui pèse de plus en plus. Elle ne vit pas non plus très bien la chronicisation des pathologies de personnes qu’elle aimait beaucoup. Ni le fait de passer encore souvent auprès de certains patients pour la « petite jeune » qu’on ne prend pas toujours au sérieux. Ou de peiner à trouver sa place au sein d’une équipe plus âgée, qu’elle respecte énormément… Elle déplore aussi d’avoir trop peu accès aux données médicales qui lui seraient utiles. En libéral, « on est assez éloignées des médecins », regrette-t-elle. Et pas si libres que cela au final. Au bout d’un moment, l’impression « de ne plus rien apprendre » s’ajoute… Elle retourne donc à l’hôpital, en réa, dans un service où le besoin de renfort facilite son accueil. Elle travaille en binôme deux jours (au lieu de trois semaines pour les novices) car elle connaît la réa, puis de manière autonome. Mais « l’organisation de ce service était très différente de tout ce que j’avais connu avant – les transmissions, le logiciel du service – et c’est ce à quoi j’ai eu le plus de mal à m’adapter », explique-t-elle. Au début, « c’était drôle, raconte Aurélie. En libéral on me disait que je me dispersais et là il faut regarder partout à la fois », surveiller les scopes de tous les patients en même temps et non plus l’un après l’autre… En revanche, elle qui avait quitté la réa en regret-
tant le manque de dimension humaine parvient aujourd’hui, grâce à son expérience en libéral, à associer technique et relationnel. « Ce n’est pas deux minutes passées à parler avec un patient qui va me retarder », résume-t-elle.
Un nouveau rythme de vie Toutes les deux reconnaissent que leur rythme de vie a été chamboulé par ce changement de mode d’exercice. Mais aucune ne regrette les longues journées coupées par une pause, pas vraiment pratiques pour organiser sa vie familiale et sociale… Comparé aux journées de 10-12 heures en libéral, le poste de huit heures d’Aurélie lui paraît très court ! Même en étant « à fond » tout le temps. Et une fois qu’il est terminé, c’est pour de bon ! « On pleure un peu sur le salaire, au début, mais on s’adapte. Et puis on a plus de vacances », souligne-t-elle.
choses dont j’avais perdu l’habitude. “IlIlyyaadesaujourd’hui à l’hôpital du matériel qui n’existait pas à mon époque. Quand j’ai besoin, je trouve toujours une collègue pour m’aider, me montrer. Il y a beaucoup d’entraide la nuit. Marie-Thérèse aussi « ne regrette pas du tout son choix ». L’intérim lui permet de travailler dans des secteurs différents, des établissements différents et de gérer son temps comme elle le souhaite, y compris en refusant certaines missions. Certes, reconnaît-elle, « il y a des choses dont j’avais perdu l’habitude. Il y a aujourd’hui à l’hôpital du matériel qui n’existait pas à mon époque. Quand j’ai besoin, je trouve toujours une collègue pour m’aider, me montrer. Il y a beaucoup d’entraide la nuit. Et de toute façon, il y a moins de gros gestes techniques la nuit. » Elle ne se verrait pas travailler dans des services hautement techniques comme la réa ou les soins continus. « Quand je cherchais un poste, j’ai souvent entendu des réflexions du type « après douze ans de libéral, on ne sait plus rien faire et on ne connaît plus les médicaments ». Mais en libéral aussi, on a des génériques et en cas de doute, on regarde dans le Vidal. Je me suis fait aussi un petit aide-mémoire que je garde avec moi. Ce n’est pas vraiment un problème. » Aurélie, qui voulait être IADE à ses débuts, a réuni des cours qu’elle compulse de temps en temps. Elle profite aussi de toutes les formations proposées, en interne par les médecins par exemple. Et l’infirmière de s’enthousiasmer : « je me retrouve passionnée par ce que je fais, comme au début ! ». n OLIVIA DUJARDIN
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Ces maux
qui touchent les soignants Manque de personnels et de temps, tâches administratives à répétition : cette réalité dans les services hospitaliers est bien connue. Qui en fait les frais ? Les soignants. Conséquence : une perte de motivation, une fatigue croissante, un esprit d’équipe qui flanche… Ces troubles peuvent conduire au burn-out mais aussi provoquer des troubles musculo-squelettiques (TMS).
Joëlle : « A force de lutter pour des choses qui auraient dû couler de source, je me suis épuisée ».
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ACTUSOINS • 34 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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L
a série de changements qui a affecté les services hospitaliers n’est pas étrangère à l’apparition des troubles chez les soignants. « Depuis les années 1980, les soignants sont confrontés à une dégradation de leurs conditions de travail, et la rationalisation des dépenses hospitalières entraîne une limitation de la croissance des effectifs », souligne Valérie Carrara, psychologue du personnel à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Or, ils ont de plus en plus de travail administratif, plus de protocoles à respecter, et donc moins de temps à passer au lit du malade. Les relations entre le pouvoir médical et le pouvoir administratif sont aussi devenues compliquées. « Il y a un réel problème de reconnaissance et les professionnels de santé sont en souffrance », ajoute-t-elle.
Épuisement émotionnel Cette souffrance au travail peut se manifester physiquement chez le soignant qui va alors développer des maux de tête, des maux de ventres, des pathologies conduisant jusqu’au burn-out. « Le burn-out n’est pas une maladie définie, mais davantage un processus lié à une façon d’envisager la pénibilité au travail », estime Marc Loriol, chercheur au CNRS, spécialiste de la fatigue et du stress au travail chez les professionnels de la santé. Il existe trois grands symptômes permettant de définir le burn-out qui prend forme dans un processus de cercle vicieux. Tout d’abord l’épuisement émotionnel, puis la déshumanisation de la relation à l’autre et enfin la diminution ou la perte de l’accomplissement professionnel. Pour se protéger, le soignant peut en venir à déshumaniser sa relation à l’autre, ce qui conduit parfois à de la maltraitance. « Il arrive que les infirmiers aient peur de commettre des erreurs en raison de leur état de fatigue, rapporte Valérie Carrara. La maltraitance vient quand il n’y a plus
de mots. » Auparavant, les chefs de service organisaient des espaces de paroles pour que les soignants puissent parler des patients. « Il faudrait les remettre en place », estime-t-elle.
C’est lorsqu’un soignant ne parvient pas à “trouver le juste milieu d’engagement vis-à-vis d’un patient, que le burn-out peut survenir. Les soignants perdent alors l’intérêt de leur engagement et de leur accomplissement professionnel. C’est lorsqu’un soignant ne parvient pas à trouver le juste milieu d’engagement vis-à-vis d’un patient, que le burn-out peut survenir. « L’équilibre est difficile à trouver, souligne Marc Loriol. Il n’est pas donné une fois pour toutes. Il dépend du contexte. » Valérie Carrara insiste cependant sur l’importance de l’aspect individuel de la souffrance au travail. « Elle dépend de chaque individu, de son histoire, de ses conditions de travail », soutient-elle.
Gestes nocifs Outre le burn-out, la dégradation des conditions de travail est également génératrice de troubles musculosquelettiques (TMS). « Depuis les années 1990, les pouvoirs publics se sont beaucoup intéressés à la prévention pour permettre les bonnes postures, explique Marc Loriol. Malgré tout, le nombre de TMS ne diminue pas », sans doute parce que des facteurs vont à leur encontre, notamment le manque de moyens, d’effectifs et donc de cohésion. Une partie de l’augmentation des TMS est liée à l’intensification du travail, à l’incapacité de prendre le temps, aux gestes répétitifs qui sont plus nocifs. « Pour lever le malade, il faut une collaboration au moins à deux, souligne-t-il.
POUR INFORMER SUR LES CANCERS
Parce que la lutte contre la maladie passe aussi par une meilleure compréhension des différents cancers, des moyens de prévention, de dépistage et de traitement, la Fondation ARC édite la collection « Comprendre et agir ».
Des informations clés sur la maladie Un texte illustré et un lexique Le témoignage d’un expert
ACTUSOINS • 35 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Actusoins • vie professionnelle
Parfois, il n’y a pas assez de soignants, ni une bonne cohésion. » Les TMS sont une maladie multifactorielle à la fois biomécanique mais également liée à des facteurs psychosociaux. « C’est souvent la combinaison des deux qui conduit à l’émergence des TMS », rapporte Sandrine Caroly, docteur en ergonomie et enseignante-chercheur à l’Université de Grenoble. Outre le lien avec l’organisation du travail, avec les transformations organisationnelles et l’intensification du travail qui accroissent la pression des soignants, il y a également un lien avec l’activité des soignants. « On distingue le travail prescrit du travail réel », expliquet-elle. Les soignants ont des procédures à respecter mais la tâche est parfois éloignée de l’activité car ils rencontrent des variabilités au niveau organisationnel. « Par exemple, lorsqu’il manque une personne, le soignant présent tente des stratégies d’adaptation et peut par exemple piquer sans gant ou ne pas engager la conversation avec le patient. C’est une forme d’abattage du travail mais qui lui permet de tenir les objectifs de performance. » Il va alors ressentir une tension, une pression, qui peut être à l’origine de TMS. Enfin, les TMS peuvent avoir un lien avec les collectifs de travail. « L’équipe ne partage pas nécessairement les mêmes valeurs, souligne Sandrine Caroly. Contrairement au collectif qui rassemble des professionnels partageant des manières de travailler, ce qui donne des ressources pour la santé individuelle de chacun. » En collectif, les professionnels décident ensemble de la façon d’organiser le travail et de se coordonner. « Il y a la réalité de la souffrance des infirmières et derrière cette souffrance, la capacité du groupe à faire face à la difficulté », conclut Marc Loriol. n LAURE MARTIN
© DR
L'équipe de formateurs du CHI de Marmande Tonneins (Lot-et-Garonne) montre des techniques non traumatiques de mobilisation des patients.
TÉMOIGNAGES Marion, 27 ans, infirmière depuis cinq ans « Je travaille dans un service de nuit et de réanimation. Quand on sort de l’école, on ne voit pas nécessairement les problèmes qui touchent la profession. Mais je constate que le burn-out s’installe rapidement. Nous, infirmières, avons peu de poids dans toute l’échelle médicale et paramédicale. On est toujours exécutrice, rarement preneuse de décision. En plus, on est toujours face à quelqu’un qui ne va pas bien, ce n’est pas facile de se détacher et on n’a pas forcément de soutien de la part de nos collègues médecins ou de la hiérarchie. Il y a un gros turnover dans mon service, car on se fatigue rapidement. Je ne suis peut-être pas encore dans une phase de burn-out car j’exerce encore mon métier, mais je ressens une grosse lassitude. J’ai l’impression d’être un pion, je reçois peu de considération. Depuis quelque temps, j’ai une hernie discale à cause de mon travail. Je n’ai eu qu’une demi-journée de cours sur la manutention alors que les aides-soignantes ont un vrai module. Maintenant, je dois faire de la kinésithérapie, mais tant que je continuerai ce métier, je ne guérirai pas. On travaille en effectif ultra-réduit, donc on ne prend pas le temps de bien faire les choses. De fait, le patient n’est pas pris en charge de la manière optimale. Je n’envisage pas d’arrêter mon métier, car j’aime encore ce que je fais. Mais j’essaye de changer d’hôpital. Il y a beaucoup d’idées reçues sur le métier. Ce n’est pas ce qu’on pense. » Joëlle*, ancienne cadre d’un pôle gériatrique « Mon burn-out, je n’en ai pas eu conscience. À un moment donné j’étais épuisée, je venais au travail avec une appréhension et un stress qui ne me quittait pas. L’élément déclencheur a été le non-partage de mes valeurs à mon travail. Je me sentais surmenée, j’avais de plus en plus de difficultés à accomplir mes tâches dans de bonnes conditions et en plus, le management ne me convenait pas. Je recevais beaucoup de mépris et de réflexions de la part de ma hiérarchie. À force de lutter pour des choses qui auraient dû couler de source, je me suis épuisée. Les soignants sont compléments méprisés, je ne peux pas l’accepter, c’est une question de considération. On nous demande d’être respectueux vis-à-vis des patients, mais la hiérarchie ne l’est pas avec nous. Un jour, j’ai croisé le médecin du travail dans le couloir, elle m’a dit qu’elle ne me trouvait pas en forme, m’a prise en entretien et là je me suis effondrée. Il y a un an, j’ai été arrêtée pendant un an par mon médecin traitant. Les six premiers mois, j’ai été retirée du monde. Quand on est en arrêt, on se complet dans notre enfermement. J’étais incapable de sortir. J’ai été happée par la descente aux enfers. Je suis allée voir un psychiatre, qui continue de me suivre. C’est lui qui a prononcé le mot burn-out. Toute seule, je n’aurais pas pu aller mieux et la médication s’est imposée. J’ai repris le travail en septembre mais j’ai changé de fonction, je mets en œuvre des projets d’amélioration de la qualité. Les soins et le contact avec les patients me manquent. Aujourd’hui, ce qui me dérange, c’est que je ne me sens plus la même. Mais c’est peut-être ce qu’il faut. L’investissement doit être mesuré, la distance doit être prise. Je vais mieux mais j’ai peur que ce soit un bien-être artificiel car je suis toujours sous traitement et je veux m’en passer. » *témoignage anonyme
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Actusoins • vos droits
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SUIS-JE COUVERT SUR LES ACTES NE RELEVANT PAS DE MON RÔLE PROPRE LORS DE L’EXÉCUTION D’UN PROTOCOLE DE SOINS VALIDÉ PAR MON SERVICE ?
L
es actes que l’infirmier réalise en exécution d’un protocole écrit, daté et signé (et qui ne font donc pas partie de son rôle propre), sont ceux qui sont listés à l’article R. 4311-7 du code de la santé publique (CSP). Il s’agit d’actes dont l’infirmier a la compétence, mais qu’il n’est pas autorisé à mettre en œuvre de sa propre initiative, une prescription médicale ou un protocole étant une condition indispensable.
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Le protocole est donc une condition posée à la réalisation de ces actes par l’infirmier. Pour autant, il n’a pas vocation à « couvrir » la responsabilité éventuelle de l’infirmier, c’est-à-dire à l’occulter pour la faire peser uniquement sur les auteurs du protocole. Dans le cadre de l’exécution d’un protocole, l’infirmier continue à répondre des actes dont il a la compétence, et sa responsabilité peut
donc se trouver engagée en cas de mauvaise exécution, au même titre que pour les actes réalisés dans le cadre de son rôle propre. Néanmoins, cette responsabilité peut être partagée avec le médecin qui a établi le protocole, si le protocole est erroné ou non-conforme aux bonnes pratiques. JURISTE MACSF
“
INFIRMIÈRE, JE ME SUIS FAITE AGRESSER PAR UN PATIENT AUX URGENCES. QUELS SONT MES RECOURS POSSIBLES. L’ÉTABLISSEMENT EST-IL OBLIGÉ DE ME PORTER ASSISTANCE OU DE M’AIDER ?
T
out d’abord, vous avez la faculté de déposer une plainte au pénal en qualité de victime de faits de violences. Nous vous précisons que la sévérité des peines encourues par l’auteur des faits est déterminée par la gravité de vos blessures. Les peines encourues sont même majorées lorsque les violences ont été commises sur « toute personne chargée d’une mission de service public, ainsi que sur un professionnel de santé ». Pour déposer plainte, il vous suffit de vous rendre au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie la plus proche de chez vous ou du lieu de l’infraction (vous pouvez toutefois déposer plainte n’importe où en France). Ces services ont l’obligation de prendre votre plainte. Il vous sera alors remis, à votre demande, un récépissé de votre dépôt de plainte. Vous pouvez autrement écrire directement au Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de votre domicile ou du lieu de l’infraction. Vous préciserez alors la nature et le lieu des faits, les coordonnées des éventuels témoins, le nom de l’auteur présumé (en joignant tous justificatifs). Le Procureur de la République reçoit les plaintes et décide de la suite à leur donner, qu’elles aient été déposées auprès des services de Police ou
de Gendarmerie ou directement auprès de lui. En cas de poursuites engagées par le Procureur de la République à l’encontre de l’auteur présumé de l’infraction, vous serez informé de la date et du lieu de l’audience devant le tribunal ou le médiateur pénal. Vous serez alors avisé par courrier des poursuites et de la date d’audience À cette occasion, vous pourrez vous constituer partie civile étant entendu que le but de cette démarche est de solliciter la réparation des préjudices résultant des violences (préjudice corporel et moral). Le Procureur peut également décider de classer votre plainte sans suite notamment dans le cas où l’auteur des faits n’a pas été identifié ou si les circonstances particulières liées à la commission des faits le justifient (article 40-1 du Code de Procédure Pénale). Quoi qu’il en soit, vous pourrez écrire au Procureur de la République afin de lui demander quelle suite a été donnée à votre plainte. Enfin et s’agissant des obligations de l’établissement de soins dans lequel vous exercez, vous voudrez bien noter que « la collectivité publique tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être
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victimes à l’occasion de leurs fonctions, et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté » (article 11 de la Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires. Loi dite loi Le Pors). La collectivité est tenue à une obligation de « protection juridique » à l’égard de ses agents qu’ils soient fonctionnaires, stagiaires ou non titulaires de la fonction publique territoriale (Loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale). Ce droit se manifeste par une aide à la recherche d’un avocat et à la prise en charge des frais d’assistance et de représentation en justice de l’avocat. La collectivité est également tenue d’une obligation de réparation des préjudices matériel et moral de ses agents. Le préjudice corporel est traité au titre de la réglementation relative aux accidents de service. La collectivité peut alors réclamer à l’auteur des faits le remboursement des sommes versées par la collectivité à son agent au titre de son obligation de réparation.
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Actusoins • portrait
VÉRÈNE PRAUD Combattre au quotidien la douleur Vérène Praud est référente douleur à l’institut Curie, à Paris. Avec un poste spécifique détaché à cette activité, elle participe à la formation des soignants et à la mise en place de techniques innovantes en termes de lutte contre la douleur.
Vérène Praud en 6 dates : 2003 : obtient son D.E 2004 : commence à travailler à l’institut Curie
2008 : devient correspondante douleur de son service
2009 : obtient un D.U Douleur et soins infirmiers
2010 : devient IDE douleur à temps plein
2011 : intervient dans des congrès et les IFSI. © Malika Surbled
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Actusoins • portrait
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orsque la question d’écrire un article à son sujet lui a été posée, Vérène s’est simplement interrogée : « je ne sais pas si cela se justifie, je n’ai rien d’exceptionnel ». Rien d’exceptionnel, certes. Pourtant, Vérène fait avancer le combat de la lutte contre la douleur. Et cela oui, mérite un article.
« Ce que je fais a un sens dans mon éthique de vie. Mon travail est en adéquation avec mes convictions », explique Vérène. Infirmière depuis dix ans, la jeune femme est directement passée des bancs de l’école aux lourds services d’oncologie. Et ne les a jamais quittés depuis. « Le cancer, c’est vraiment le mal du siècle, affirme-t-elle. Quand j’étais étudiante, cela me révoltait, il fallait que je trouve un moyen d’agir à mon niveau. D’autre part, j’ai toujours eu envie d’un travail en équipe, avec une prise en charge globale du patient, des projets de soins et une approche pluridisciplinaire. La cancérologie correspond à tout cela, et encore plus dans la prise en charge de la douleur ». Depuis 2009, Vérène est totalement détachée des services. Elle est l’une des deux référentes douleur de l’institut Curie. Son rôle est de suivre - avec des médecins de l’équipe douleur – les patients hospitalisés pour une prise en charge de la douleur et de répondre aux demandes des services. Il peut s’agir d’évaluation douleur, d’assistance pour des soins douloureux ou encore d’aide à la manipulation des PCA (Patient Controlled Analgesia). Elle gère aussi des soins très spécifiques et assez novateurs qui sont programmés en ambulatoire. « Il y a par exemple les applications des patchs de Qutenza®, destinés aux douleurs neuropathiques. Ce sont des patchs à base de capsaicine, un des composants du piment, qui peuvent potentiellement provoquer une sensation de brûlure. Cela implique un protocole particulier ainsi qu’une prémédication et des explications aux patients », précise cette référente douleur. Vérène gère aussi en consultation infirmière les électrostimulations à visée antalgique et coordonne les analgésies intrathécales. « Quand on fait des choses qui sortent un peu des traitements traditionnels, il faut que l’on soit là pour assurer la continuité des soins, pour expliquer et rassurer », explique Vérène. Car, entre deux services ou entre deux soins, la jeune femme organise toujours le suivi des patients. Que ce soit pour un relais de prise en charge par une unité ou par une structure d’hospitalisation à domicile, il faut qu’elle soit présente pour expliquer les soins : « je suis aussi là pour former et informer les autres soignants. Par exemple il y a des pompes que certains ne connaissent pas. Je fais le maximum pour ne pas partir en week-end sans avoir donné toutes les informations nécessaires au bon déroulement des soins ! ».
Les patients, eux aussi ont besoin d’être rassurés. « Parfois, il y a une difficulté de compréhension quant à la multitude d’intervenants. C’est important de se positionner et d’expliquer le rôle de chacun », souligne Vérène.
on fait des choses qui sortent un “peuQuand des traitements traditionnels, il faut que l’on soit là pour assurer la continuité des soins, pour expliquer et rassurer. Je suis aussi là pour former et informer les autres soignants. Par exemple il y a des pompes que certains ne connaissent pas. Je fais le maximum pour ne pas partir en week-end sans avoir donné toutes les informations nécessaires au bon déroulement des soins. Pour apaiser, elle utilise aussi des méthodes simples d’hypno-analgésie. « Je ne suis pas du tout hypnothérapeute. J’ai seulement appris les bases de l’hypnose avec une formation courte, mais cela m’a beaucoup servi et depuis j’ai changé beaucoup de choses dans ma manière de faire, dans mes attitudes. J’utilise beaucoup des bases d’hypnose conversationnelle en supprimant les termes négatifs de mon vocabulaire : ne pas induire la notion de piqûre quand on pique quelqu’un ou même la notion de douleur. Renforcer l’effet placebo, car il est prouvé que 30 % du soulagement d’un patient vient de l’effet placebo… », indique la jeune femme. « Il y a des patients, remarque-t-elle, qui ont besoin qu’on les accompagne pendant les soins. Ils essayent ainsi de se déconnecter de ce qu’ils vivent. L’hypnose permet aussi de travailler sur la respiration, sur le corps, de façon à favoriser cette déconnexion ». Quand elle parle de son activité, Vérène pourrait ne pas s’arrêter. À une question médicale concernant les pathologies les plus pourvoyeuses de douleur, elle dit ne pas pouvoir répondre précisément. Ce n’était pas un piège, loin de là. Mais sa réponse en dit long sur son côté bienveillant et humain : « ce n’est pas que je ne m’intéresse pas à la pathologie. Mais en général, je me souviens des gens, pas forcément de leur maladie. » Souriante et rieuse, Vérène semble se sentir bien dans ses pompes. Tout simplement. n MALIKA SURBLED
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Actusoins • soignants d’ailleurs
ARGENTINE : DOUBLE EMPLOI ET HEURES SUP Un infirmier pour un médecin : la profession d’infirmier ne fait pas recette en Argentine. Alejandro se bat face à des salaires en berne, une inflation en hausse, un manque de matériel… et pour ses petits patients en néonatalité.
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arcourant les couloirs de la maternité Ramon Sarda à Buenos Aires, Alejandro Miranda entrouvre doucement la porte qui mène à la salle commune où se reposent une dizaine de jeunes mamans et leurs nouveau-nés. Il montre les linges qui entourent les enfants : « ce sont des donations, le gouvernement ne paie pas pour cela », se désole-t-il.
© David Breger
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Actusoins • soignants d’ailleurs
À quarante-six ans, Alejandro a travaillé pendant près de quinze ans en service de néonatalité, une passion intacte pour cet infirmier qui aujourd’hui préside l’Association des Infirmiers de la Capital Federale (la région de Buenos Aires). L’AICF, une des plus anciennes associations infirmières du pays, se dédie à la formation et à l’éducation des soignants. Souriant et calme, Alejandro détaille ce qui préoccupe aujourd’hui la profession en Argentine : un manque cruel d’infirmiers et de moyens. Selon une étude de l’Observatoire Syndical de la Santé en Argentine, il manquerait près de 100 000 infirmiers dans le pays, alors qu’un infirmier sur trois à plus de cinquante ans et s’approche de la retraite.
Caissière et infirmière La raison principale : « le peu d’attrait pour la profession et un manque de considération autant dans les conditions de travail que les salaires », explique Alejandro. Dans la maternité où il exerce, dans la partie Sud de Buenos Aires, une zone ouvrière assez pauvre, on travaille tant bien que mal avec des moyens limités. Les infirmiers y effectuent des journées de garde allant de six heures en semaine jusqu’à quatorze heures le week-end. Pour trente à quarante heures de travail hebdomadaire, un infirmier débutant touche environ 600 euros par mois, à peine le salaire moyen du pays. L’Argentine connaissant une inflation très forte depuis plusieurs années (près de 20 % par an), c’est un salaire trop faible pour vivre. « Alors certains multiplient les heures supplémentaires ou ne prennent jamais de congés : c’est interdit par la loi, mais comme il manque des infirmiers, les hôpitaux laissent faire ». Certains infirmiers cumulent parfois deux ou trois emplois pour boucler les fins de mois. « J’ai des collègues qui sont aussi caissières ou ouvrières en usine… Moi, je travaille ici trente-cinq heures puis je donne vingt heures de cours à l’université et dans un institut de formation ». Les hôpitaux privés, un peu plus rémunérateurs cherchent à attirer les soignants en offrant des primes d’efficacité ou de ponctualité. Beaucoup d’entre eux partent aussi tenter leur chance à l’étranger. Dans le secteur public de la santé, le manque de moyens se remarque simplement. Alejandro montre les blouses de ses collègues aux couleurs dépareillées. « On nous donne un uniforme quand on commence à travailler, puis il faut les acheter soi-même. Les chaussures non plus ne sont pas fournies ». Plus préoccupant, le manque de moyens rend le travail dangereux : « il n’y a pas toujours le matériel nécessaire pour exercer en toute sécurité, des gants, ou des protections pour les yeux quand on fait des rayons X par exemple. Nous sommes sans cesse soumis à des risques d’infection ou de contamination ».
Un diplôme en deux ans face à la pénurie Dans ces conditions, le métier d’infirmier ne fait pas vraiment rêver les étudiants. Alejandro qui depuis 2008 donne des cours aux jeunes résidents revient sur la formation infirmière dans son pays. Outre le titre d’auxiliaire, équivalent d’aide-soignant, il y a en Argentine deux diplômes : celui d’infirmier qui peut s’obtenir en deux ans dans des écoles privées ou à la fac et la licence en infirmerie qui dure de quatre ans à plus et ne s’obtient qu’à l’Université.
Il n’y a pas toujours le matériel nécessaire “pour exercer en toute sécurité, des gants, ou des protections pour les yeux quand on fait des rayons X par exemple. « On a été obligé de créer ce diplôme en deux ans, un titre intermédiaire, pour remédier aux manques de soignants. Dans les écoles il y a beaucoup de jeunes étudiants, mais aussi une forte désertion. Certains arrêtent car on leur offre un emploi avant même qu’ils n’aient obtenu leur diplôme. Beaucoup de femmes abandonnent aussi pour commencer une vie de famille, même si la situation change peu à peu et qu’on assiste à un rajeunissement et à une masculinisation du métier ».
Un infirmier par médecin Alors que l’OMS recommande un rapport de quatre infirmiers pour un médecin, en Argentine il y a seulement un infirmier par médecin. En théorie, les auxiliaires qui représentent 30 % des soignants, effectuent les taches basiques, aident les patients à se baigner, à se lever ou prennent la température ou la pression sous le contrôle d’un infirmier, mais dans la pratique, avec les sous-effectifs tous les corps soignants effectuent les mêmes taches. « Lamentable » lâche Alejandro « car cela peut nuire à la qualité des soins ». Les études montrent que le taux de mortalité augmente à l’hôpital du fait de la baisse du nombre d’infirmiers. Alejandro essaie de se battre pour sa profession, mais c’est un combat difficile. « Il y a une vingtaine de syndicats qui représentent les infirmiers et ne s’unissent pas, le seul syndicat puissant représente tous les personnels de santé et les négociations ne concernent pas que les infirmiers ». Malgré les difficultés, Alejandro ne quitterait l’hôpital pour rien au monde. « Ce travail est ma passion, le contact des mères et des enfants me plaît beaucoup, l’atmosphère de la maternité est quelque chose d’unique ». Il suffit de le voir sourire, alors qu’il s’approche d’une couveuse et saisit délicatement un nouveau-né pour le comprendre. n DAVID BREGER/YOUPRESS
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Actusoins • initiative
Médiation animale pour adolescents incarcérés
L’Établissement pénitentiaire pour mineur (EPM) d’Orvault (Loire-Atlantique), a décidé, il y a six ans, de confier aux adolescents incarcérés, la responsabilité d’un animal. Oasis, une lapine naine bélier angora, est arrivée au sein de la structure, sous la responsabilité d’Anne-Lise Denieulle, infirmière rattachée au CHU de Nantes.
© DR
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es soins de l’EPM dépendent de deux services du CHU de Nantes : l’Unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) qui dispense des soins somatiques aux adolescents, et le Service médico psychologie régional (SMPR) dont fait partie Anne-Lise Denieulle. « La médiation animale s’est construite progressivement, explique-t-elle. Un jeune m’a un jour annoncé que sa copine
était enceinte et qu’il ne voyait pas comment s’occuper d’un bébé alors qu’il ne savait déjà pas s’occuper de lui. Cela m’a fait réfléchir et j’ai pensé qu’apprendre à s’occuper de quelqu’un d’autre pouvait aider à s’occuper de soi. » Elle s’est interrogée à ce sujet avec une collègue et en a conclu que les adolescents pourraient s’occuper d’un animal doux et autonome, d’où l’arrivée du lapin en 2008 avec
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Actusoins • initiative
l’accord du CHU et de l’EPM. En 2011, l’EPM a également accueilli un oiseau, Jack, qui a chuté au pied d’un adolescent et qui, après réflexion, a décidé de s’en occuper, seul.
Apaisement La participation d’un jeune, volontaire à la médiation animale est discutée avec toute l’équipe et lorsqu’elle est acceptée, il se rend au bureau pour s’occuper d’Oasis, la nourrir, la caresser, en présence d’Anne-Lise Denieulle. « Le jeune doit vouloir venir », souligne-t-elle. Par ailleurs, neuf fois par an, un vétérinaire intervient aux côtés de deux infirmières pour prendre soin de la lapine et pour faire découvrir d’autres animaux aux adolescents comme un python, un chien ou encore un perroquet. « La première fonction de la médiation animale est l’apaisement, explique Anne-Lise Denieulle. Pour les personnes qui aiment les animaux, qui aiment les caresser, cela peut apporter du bien-être et un apaisement. Le local est une bulle à part avec des fauteuils confortables, l’odeur du foin, de l’animal, de la sciure et avec des poils qui traînent. » Avec l’animal, les adolescents et l’infirmière travaillent aussi sur la prise de conscience du corps. « Au cours de la vie d’Oasis, on la voit grandir, perdre ses poils, elle a déjà eu une grossesse, raconte l’infirmière. Les jeunes posent alors des questions sur l’animal et sur eux. » La grossesse d’Oasis a été l’occasion de parler de sexualité et de contraception. Ils évoquent également l’alimentation de l’animal et donc la leur. Comme il s’agit d’une lapine naine, les adolescents qui n’ont pas nécessairement conscience d’eux-mêmes doivent s’ajuster. « Et le fait de voir l’animal en cage les renvoient également à leur propre détention, ajoute l’infirmière. C’est l’occasion d’aborder les difficultés liées à l’enfermement. » Cette médiation permet de soutenir le soin psychique et le choc carcéral est généralement atténué.
Mise en confiance La médiation ne sert pas forcément à aborder des sujets lourds. « Tous ces moments en groupe ou en individuel servent à valoriser les adolescents, à les faire reprendre confiance en eux et dans les autres, souligne Anne-Lise Denieulle. Je les valorise car ils prennent leurs responsabilités et viennent s’occuper d’Oasis avant les cours. » Cette médiation est également un moyen de travailler le lien et l’attachement pour ces adolescents qui ont souvent eu un parcours de vie chaotique.
Avec l’animal, les adolescents et “ l’infirmière travaillent aussi sur la prise de conscience du corps. La relation patient-soignant est différente de celle que l’on peut observer dans les services. « Quand j’ai commencé à exercer mon métier, on me disait de ne pas trop m’impliquer, se rappelle-t-elle. Mais je ne peux pas me retrancher derrière le fait que je suis infirmière pour ne pas dire ce que je ressens. Le jeune, quand il est avec l’animal, il ne triche pas. On fait appel aux émotions, au ressenti. » Les échanges entre les adolescents et l’infirmière sont souvent très riches et un lien de confiance s’établit rapidement. Les autres soignants aussi ont accepté l’animal et rares sont ceux qui ne demandent pas des nouvelles du lapin. Cela a permis aux différentes équipes de développer des liens privilégiés. « C’est une médiation tout en douceur, conclut l’infirmière. On ne brusque rien. On laisse la place à la surprise de chaque moment. Cette médiation permet de parler de beaucoup de sujets et permet un grand espace de rencontre. » n
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LAURE MARTIN
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Actusoins • soigner autrement
Sport sur ordonnance Que ce soit pour mieux vivre un traitement lourd, pour se maintenir en forme ou pour se rééduquer, le sport s’avère être le partenaire idéal des patients. Bien entendu, l’activité physique adaptée (APA) doit être encadrée. Tour d’horizon de quelques initiatives où les infirmières ont un rôle déterminant.
© Caraman/Dreamstime.com
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our les personnes qui ont du diabète, l’activité physique régulière permet de diminuer les doses d’insuline, et elle permet aussi de stabiliser les hypertendus », souligne le Dr Bruno Burel, du Pôle Santé Sport, à Rouen (Haute-Normandie), qui développe une prise en charge autour de l’activité physique pour les patients ayant des problèmes de santé. L’activité physique permettrait également, chez les femmes atteintes d’un cancer du sein, de mieux supporter le traitement et de diminuer de 50 % le taux de rechute. Mais elle doit bien entendu être adaptée à l’état de chaque patient.
« Le but est de maintenir une activité sportive régulière », souligne le Dr Estelle Salignat, médecin du sport qui a ouvert une consultation « femme et sport » au CHU de SaintEtienne (Rhône-Alpes). Chez la femme, l’activité physique entraîne une baisse des facteurs de risques cardiovasculaires et une réduction des risques d’ostéoporose, limite la prise de poids ou le diabète gestationnel. « J’ai mis en place cette consultation spécifique afin que les femmes sachent où aller lorsqu’elles veulent reprendre le sport », indique le Dr Salignat. Et d’ajouter : « La consultation a moins d’un an et si elle a du succès, je souhaiterais me mettre
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Actusoins • soigner autrement
en lien avec une infirmière qui fasse l’interrogatoire sur la pratique sportive, l’enquête alimentaire, le bilan infirmier et pourquoi pas un suivi diététique. »
Rééducation individuelle encadrée Au CHU de Rennes (Bretagne), le professeur de médecine du sport a mis en place en 2008, un programme d’entraînement pour les malades chroniques. L’année suivante, une collaboration a été instaurée avec le Centre régional de lutte contre le cancer Eugène Marquis (CEM). Désormais, le CHU propose aux patients un programme encadré par une infirmière, un médecin et un éducateur sportif. « Tous les professionnels médicaux et paramédicaux ont été sensibilisés au fait que l’activité physique procure un bien-être aux personnes malades », rapporte Régine Denoual, infirmière. De fait, les patients hospitalisés au CHU et ceux du CEM se voient proposer une activité physique. « Dans le cadre de la consultation infirmière, nous évaluons l’autonomie du patient, sa qualité de vie, nous recueillons ses souhaits et ses attentes vis-à-vis du sport », ajoute-t-elle. Puis, le patient bénéficie d’une consultation médicale avec le médecin du sport qui évalue sa condition physique, teste sa capacité à l’effort et prépare un programme de réentraînement en échangeant avec l’éducateur sportif. Les patients sont alors encouragés à effectuer pendant la semaine, de la course à pied, de la marche, du vélo, de la natation, des exercices d’assouplissement ou encore du renforcement musculaire. Ils peuvent également bénéficier d’activités proposées par la Ligue contre le cancer (gymnastique douce ou marche) ou par des fédérations sportives (canoë, dragon boat, escrime ou athlétisme), qui collaborent avec le CHU. Les patients sont orientés dans ces différentes activités en fonction de leur test à l’effort. « Ils sont suivis une fois par semaine, et nous avons des retours très positifs, indique Régine Denoual. Il y a beaucoup plus de femmes, atteintes de cancers du sein, que d’hommes qui participent. Elles retrouvent de l’énergie, certaines se remettent à faire des activités, elles sortent de l’isolement, retrouvent une vie sociale et reprennent confiance. »
Avec cette rééducation, les patients constatent “qu’ils peuvent continuer à vivre normalement. Ils ne sont plus isolés et nous les encadrons en permanence, nous les rassurons, les accompagnons et les faisons progresser.
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Pratique du sport en établissement Le CH de Valenciennes (Nord-Pas-de-Calais) a également mis en place une activité de sport adaptée, rattachée au service oncologie, organisée au sein même de l’établissement et encadrée par un médecin, un kinésithérapeute, un psychologue et un infirmier. « À l’origine, nous avons mis en place une activité sportive pour les patientes atteintes d’un cancer du sein, explique Sandrine Paix, infirmière à la consultation. Puis, nous avons élargi à tout type de cancers. » Cette activité est proposée lors d’une consultation d’annonce thérapeutique. « Lorsque les patients acceptent, © D.R.
L’activité marche à l’Unité de rééducation cardiaque et d’éducation thérapeutique (CH de Dax-Côte d’Argent).
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Actusoins • soigner autrement
nous les encadrons en permanence, nous les rassurons, les accompagnons et les faisons progresser. »
© Sunfire/Dreamstime.com
Bien-être psychiatrique L’activité physique peut également servir pour certains patients, à retrouver un équilibre dans la société. Par exemple, à l’hôpital de jour du Bas Landreau à Rezé (Loire-Atlantique), l’activité physique s’adresse, sur prescription, a des patients de 18 à 87 ans ayant des troubles psychiatriques. « Les patients ont des psychoses, des problèmes d’addiction à l’alcool, ils sont dépressifs ou névrosés », fait savoir l’infirmière, Virginie Harscoët. Une fois par semaine, ils vont venir jouer à des sports collectifs : basket-ball, handball, futsal ou encore ultimate.
j’organise le recrutement et le rendez-vous avec le kinésithérapeute pour voir s’ils peuvent intégrer l’activité sport », précise Sandrine Paix. Celle-ci a lieu au CH, une fois par semaine pendant 1 h 30. Ils peuvent choisir entre le tapis de marche, le vélo d’appartement, la gymnastique de renforcement musculaire et les abdominaux. Ainsi, après que l’infirmière a pris leur tension, ils bénéficient d’un échauffement. Vient ensuite le temps des étirements, de la relaxation et de nouveau la prise de tension. Les patients peuvent bénéficier de dix séances renouvelables deux fois, et généralement, ils vont au terme des trente séances. « Cette activité leur permet d’avoir une approche de ce qu’ils peuvent faire à l’extérieur et les sort du contexte de la maladie », constate l’infirmière. L’Unité de rééducation cardiaque et d’éducation thérapeutique (URCET) du Centre hospitalier de Dax-Côte d’Argent (Aquitaine) offre pour sa part une activité physique, sur prescription médicale, aux patients ayant besoin d’une rééducation cardiaque. Ils commencent par effectuer avec l’équipe médicale un test à l’effort et un test de marche, puis effectuent un point sur leurs habitudes alimentaires et leurs habitudes de vie. « Nous recevons dix à douze patients par jour, précise Françoise Lasalle, infirmière. Ils viennent en moyenne trois fois par semaine et bénéficient de vingt et une séances remboursées. » Ainsi, le patient arrive le matin pour la prise de ses constantes, puis il fait une demi-heure de réveil musculaire avec un kinésithérapeute, suivie de quarante minutes d’ergométrie sur un tapis ou un vélo. « On leur impose un niveau d’effort calculé, sous scope et sous la surveillance d’une infirmière ou du médecin », indique l’infirmière. S’en suit une séance de musculation, d’abdominaux ou de gymnastique au sol. Après la pause déjeuner, les patients font environ une heure de marche, avant de suivre un atelier d’éducation thérapeutique. « Avec cette rééducation, les patients constatent qu’ils peuvent continuer à vivre normalement, note Françoise Lasalle. Ils ne sont plus isolés et
Nous aussi, soignants, on participe et pendant “l’activité, on a tous un regard différent les uns sur les autres, et le patient ne voit plus le soignant comme un cadre de soin mais comme un coéquipier. Cela favorise la relation de confiance. Les professionnels élaborent avec le patient un contrat de soins et toutes les quatre semaines, ils font une évaluation avec l’infirmière référente et le médecin psychiatre. « On travaille avec le sport collectif car il y a une dynamique d’équipe, explique Virginie Harscoët. Nous aussi, soignants, on participe et pendant l’activité, on a tous un regard différent les uns sur les autres, et le patient ne voit plus le soignant comme un cadre de soin mais comme un coéquipier. Cela favorise la relation de confiance. » Actuellement, une vingtaine de patients participent à cette activité. « On travaille sur la convivialité, ajoute l’infirmière. Dans les sports collectifs, il y a une dynamique de compétition, mais là ils sont attentifs les uns aux autres et c’est valorisant. » Et de conclure, enthousiaste : « Il y a également une dynamique du dépassement de soi. C’est vraiment une belle expérience collective, les patients prennent plaisir à jouer et à construire quelque chose ensemble. » n
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LAURE MARTIN
L’activité physique et sportive adaptée est l’un des fils conducteurs du Programme national nutrition santé (PNNS) 2011-2015. Ce plan prévoit de réduire la sédentarité des adultes et de promouvoir l’APA chez les populations en situation de handicap, défavorisées, âgées ou atteintes de maladies chroniques. Les avancées de la recherche ont en effet précisé le rôle que jouent l’inadéquation des apports nutritionnels et l’insuffisance d’activité physique dans le déterminisme de nombreux cancers et maladies cardio-vasculaires, qui représentent plus de 55 % des 550 000 décès annuels en France. n
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Actusoins • se former
Devenir cadre de santé : Pour qui ? Pourquoi ? La formation de cadre de santé est accessible pour les infirmiers après quatre ans d’exercice professionnel à temps plein. Pour intégrer l’un des 39 IFCS (Instituts de Formation des cadres de santé) de France, il faut passer par un concours d’entrée. L’enjeu : devenir cadre dans un service ou encore cadre formateur.
E
nseigner, transmettre son savoir, manager une équipe, évoluer vers des postes de direction… Voici quelques raisons qui incitent les soignants à passer le cap et à s’orienter vers une carrière de cadre. « Ce projet professionnel est avant tout personnel. Il faut avoir la maturité suffisante, préparer son projet, se situer dans une posture réflexive. Il faut aussi une appétence pour être dirigeant,
TÉMOIGNAGE D’AURORE COULON, CADRE FORMATEUR EN IFSI, PARIS. « Pour être en phase en pédagogie, il faut savoir comment cela se passe sur le terrain ». « Ma carrière de cadre, je l’ai débutée en IFSI, il y a douze ans. J’avais une opportunité et à l’époque les postes en pédagogie étaient très prisés. Mais rapidement, j’ai ressenti le besoin d’être plus crédible et de savoir comment ça se passait vraiment dans les services. Depuis, j’alterne des postes de cadre de santé sur le terrain et des postes de cadre formateur en IFSI. Pour être en phase en pédagogie, il faut savoir comment ça se passe sur le terrain. Et inversement, pour être en phase avec l’encadrement des équipes et des stagiaires sur le terrain, il faut savoir ce qui est enseigné dans les IFSI. Mon choix d’alternance est un peu atypique, en marge de ce que font la plupart des cadres de santé. Car, malheureusement, aucun établissement ne propose de faire une partie de son emploi du temps en IFSI et l’autre partie en encadrement de service. J’apprécie les deux aspects de la fonction : quand je suis en IFSI, ma motivation première est de me dire que je forme les professionnels de demain, que je leur transmets des valeurs et que je les accompagne dans leur construction professionnelle. Quand je suis en service, j’apprécie cette fonction de manager qui permet d’accompagner une équipe. Pour moi, être cadre, c’est accompagner et permettre l’émergence des potentiels de chacun, qu’il soit étudiant ou professionnel confirmé. » n
conduire des projets et gérer des hommes », explique Gilles Desserprit, directeur de l’IFCS de l’AP-HP, à Paris. Le concours, ouvert à onze professions paramédicales, est accessible après quatre ans d’exercice effectif à temps plein. Pour constituer un dossier d’inscription, il faut être à jour de certaines modalités administratives et fournir une attestation de prise en charge financière de son employeur. La première épreuve est une épreuve écrite d’admissibilité. Elle dure quatre heures et consiste en un commentaire de texte sur un sujet d’ordre sanitaire et social. Si le candidat est admis (note au moins égale à 10/20), il pourra se présenter à une épreuve orale qui consiste en un exposé de son projet professionnel ainsi que la présentation de son dossier individuel écrit. Une fois admis, les candidats, quelle que soit leur profession d’origine, suivront la même formation. Les IFCS sont agréés pour un nombre d’étudiants par métier.
Une formation réflexive avant tout La validation d’une formation de cadre offre également la possibilité aux étudiants d’obtenir 60 ECTS (crédits d’enseignements) d’une première année de master dans la majorité des IFCS. Il restera donc une année pour valider un cursus universitaire complet, si tel est le choix du participant. La formation de cadre dure une année, avec la possibilité offerte par son texte de référence de suivre l’enseignement en alternance (en continuant donc à travailler en qualité d’Infirmier dans un service donc), avec un maximum de deux années pour valider la formation. Pour la majorité des IFCS, cette possibilité d’étudier de façon discontinue a néanmoins été interrompue car elle ne cadrait plus avec la temporalité universitaire. La formation se compose de six modules : initiation à la fonction de cadre, santé publique, analyse des pratiques
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Actusoins • se former
et initiation à la recherche, fonction d’encadrement, fonction de formation, approfondissement des fonctions d’encadrement et de formation professionnels. Des stages sont organisés (130 à 150 demi-journées). Un mémoire de fin d’études doit être réalisé, en complément de la validation de la formation.
Vers une réforme de la formation cadre ? En 2011, un groupe de travail de la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins) a débuté un travail sur la réingénierie de la formation, pour aboutir en 2013 à la rédaction des référentiels d’activités et de compétences. L’année 2014 n’a pas vu de suite donnée à ce travail. Si réforme il y a, celle-ci pourrait aussi bien concerner l’accès à la formation – changement des modalités du concours ou même suppression de celui-ci – que la formation ellemême. Le groupe de travail s’est prononcé en faveur d’une réforme différenciant davantage les enseignements destinés aux futurs cadres « managers » des enseignements s’adres-
ET APRÈS ? Niveau salaire, un cadre de santé paramédical au premier échelon, dans la fonction publique hospitalière débute à 1958 euros brut. Au 11e échelon, il pourra percevoir 2 935 euros (le salaire d’un cadre supérieur de santé pouvant s’élever à 3 111 euros). Les cadres issus de la filière infirmière ont l’obligation de se former tout au long de sa vie, via le développement professionnel continue (DPC). Néanmoins, ils n’y sont pas soumis en qualité de cadres, mais plutôt en qualité d’infirmier, car la profession de cadre paramédical n’est pas considérée comme une profession de santé au sens du Code de la Santé Publique. n
sant aux cadres formateurs. Reste à rédiger un référentiel de formation : déroulement du cursus, articulation entre les unités d’enseignements et à s’interroger sur la possibilité de VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). Affaire à suivre de très près. n MALIKA SURBLED
Si réforme il y a, celle-ci pourrait aussi bien “ concerner l’accès à la formation – changement des modalités du concours ou même suppression de celui-ci – que la formation elle même
”
© iStock/vm
ACTUSOINS • 51 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • agenda
DEUXIÈME FORUM RÉGIONAL : L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE EN PACA 22 JANVIER 2015 À l’aube de grands changements dans le milieu de la santé, l’URPS Infirmière PACA entend questionner les acteurs publics et privés du territoire sur la place de l’infirmière libérale dans les réformes du système de santé. Au programme, des débats, des ateliers et un village de stands destinés à tous. Parmi les sujets abordés : l’éducation thérapeutique du patient vs éducation à la santé, le burn-out du soignant dans le suivi de la pathologie chronique, les soins infirmiers et leurs répercussions sur l’environnement, infirmière libérale : profession à risques… Lieu : Acropolis à Nice Informations et inscriptions : www.forum-infirmiere-paca.fr
COLLOQUE TIC SANTÉ
SECOURS EXPO
LES 3 ET 4 FÉVRIER 2015
LES 6, 7 et 8 février 2015
Au cours de ces deux journées, les participants pourront identifier les évolutions induites par le développement des solutions de télémédecine et l’usage des applications mobiles et objets connectés, leur impact sur les pratiques soignantes, la relation avec les personnes soignées et la coopération entre professionnels et équipes de santé. Ils pourront également partager et échanger sur des pratiques professionnelles intégrant le numérique et des solutions mobiles à partir de projets innovants présentés par les lauréats des étapes régionales du Tour de France du numérique pour la santé.
Pour la première fois, secouristes et personnels de santé, des SAMU et de leurs SMUR, des SDIS et de leurs 3SM, ambulanciers, associations agréées de sécurité civile, entreprises, civils et militaires, partagent le même salon ! Afin de progresser, les professionnels du secours et des soins d’urgence, comme de la prévention, doivent intensifier leur dialogue, discuter de l’évolution de leurs pratiques et rechercher – ensemble – les synergies les plus efficaces et ce dans le respect des différences de chacun. Tels sont les objectifs que ce premier Secours Expo vous invite à partager.
Lieu : Cap Conférence GMF, Levallois-Perret (92) Informations et inscriptions : www.colloqueticsante
SÉMINAIRE : LES INFIRMIERS ET LA RECHERCHE FACE AU DÉFI DE LA QUALITÉ MARDI 10 FÉVRIER 2015 Cinq ateliers : - Améliorer la qualité et la sécurité des soins : une affaire d’infirmiers ? - Questions de recherche et recherche en questions : exemples de problématiques portées par des soignants. - Faire la recherche : à propos des obstacles rencontrés par la démarche d’objectivation sur le terrain infirmier. - Évolution des métiers, évolution des pratiques : quel visage pour l’infirmière de demain. - Mettre en œuvre la qualité : les soignants face aux indicateurs de qualité et de sécurité des soins. Lieu : ICM, Hôpital de la Salpêtrière, Paris Informations et inscriptions : www.ehesp.fr/info/actualites
Lieu : Paris, Porte de Versailles Informations et inscriptions : www.secours-expo.com
LES SALONS DE LA SANTÉ ET DE L’AUTONOMIE DU 19 AU 21 MAI 2015 Ce salon regroupe trois événements professionnels majeurs des secteurs du sanitaire et du médicosocial : HopitalExpo, GerontExpo-HandicapExpo et Health-ITExpo. Ces trois Salons de la FHF rassemblent sur trois jours ces secteurs en développant des espaces communs, des réflexions croisées, initiant ainsi les synergies. Trois thématiques : voir le monde hospitalier autrement, optimiser les systèmes d’information et embellir le quotidien des personnes en perte d’autonomie. Lieu : Paris, Porte de Versailles, Pavillon 1 Renseignements et inscription : www.salons-sante-autonomie.com
ACTUSOINS • 52 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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L’accompagnement des responsables techniques
L’accompagnement de l’accueil du résident et de sa famille La mise place de projets d’animation de l’établissement La détection et la prévention de la pré-dépendance et de la perte d’autonomie
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Hopital Privé Marseille Beauregard, 12ème arrondissement, appartenant au Groupe Sainte Marguerite, recrute :
s INFIRMIER(E)S D.E - CDI - Temps plein Réf : IDE + département souhaité. Sous la responsabilité du Cadre de Santé, et en relation avec l’équipe pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à l’organisation quotidienne de l’activité de l’équipe soignante, dans un souci de continuité et de qualité de la prise en charge. Au-delà des missions propres dévolues à votre fonction, vous inscrivez votre activité dans une démarche préventive et éducative et créez les conditions d’une prise en charge individualisée. Vous assurez la mise en œuvre des protocoles de soins et des plans de sécurité sanitaire. En lien avec l’équipe et les acteurs du réseau de santé, vous participez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme IDE exigé.
IADE INFIRMIER ANESTHESISTE H/F CDI - TEMPS PLEIN pour un bloc général de 9 salles, pour travailler en collaboration avec les anesthésistes.
s CADRES INFIRMIER / RESPONSABLES INFIRMIER
Poste à pourvoir immédiatement Horaires en 10h selon planning (3 ou 4 jours par semaine)
H/F
CDI – Temps plein
ADJOINT AU CHEF DES BLOCS OPÉRATOIRES H/F CDI - TEMPS PLEIN pour un bloc de 12 salles (toutes spécialités, hormis chirurgie cardiaque et neurochirurgie), il ou elle sera le véritable relais du chef de bloc : gestion des vacations opératoires, plannings du personnel, etc... Expérience exigée d’un management au quotidien d’un bloc opératoire. Possibilité de prendre des astreintes de bloc opératoire. Candidature à adresser à : Véronique Meynard Hôpital privé Marseille - Direction des Ressources Humaines 23 rue des Linots - CS 60081 - 13425 Marseille Cédex v.meynard@hp-beauregard.fr
Sous la responsabilité du Directeur d’établissement, vous avez en charge l’Animation, l’encadrement de l’équipe soignante, le recrutement, la formation, l’évaluation, l’intégration, et l’accueil des stagiaires. Vous organisez et coordonnez la prise en charge des résidents, conformément aux valeurs AREPA, aux projets de vie et de soins de l’établissement. Vous contribuez à la gestion des relations avec les familles et les divers acteurs de la santé, vous êtes garant du respect de la qualité des services dus aux résidents. Vous assurez la mise en œuvre des procédures et des protocoles de soins dans un souci de sécurisation des soins délivrés. Diplôme IDE exigé. Diplôme de Cadre de Santé apprécié. Expérience réussie de l’encadrement d’équipe. Connaissance de la gérontologie demandée. Qualités relationnelles et sens de l’organisation. Bonnes connaissances en informatique. Pour l’ensemble de ces postes, outre votre formation initiale, ce sont vos qualités professionnelles qui feront la différence : sens de l’écoute, intérêt pour les problématiques sociales et humaines, goût du travail en équipe, rigueur et patience.
Conditions de recrutement : CCN 51 + reprise d’ancienneté + prime. Avantages : Comité d’Entreprise, 1% patronal. Merci d’adresser votre dossier de candidature (CV + LM) en indiquant la référence correspondante et la zone géographique souhaitée à : AREPA - Service recrutement - 60 rue Etienne Dolet - 92245 MALAKOFF CEDEX. Par mail : recrutement@arepa.org
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ACTUSOINS • 56 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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ACTUSOINS • 57 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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ACTUSOINS • 58 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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