LES ANNONCES DE LA SEINE Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35
Jeudi 7 juin 2012 - Numéro 36 - 1,15 Euro - 93e année
Barreau de Bordeaux Rentrée solennelle - 1er juin 2012 Julie Ravaut, Marc Dufranc, Michèle Delaunay et Bernard Quesnel
RENTRÉE SOLENNELLE
Barreau de Bordeaux
Impératifs de liberté et évolution des structures par Bernard Quesnel ............................................................................
2 AGENDA ......................................................................................5 AU FIL DES PAGES
Une promenade européenne dans Bordeaux
par Bertrand Favreau ...........................................................................
PALMARÈS
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10ème Prix du Sénat du Livre d’Histoire....................................8
JURISPRUDENCE
Engagement de la caution Cour de cassation - 1ère chambre civile - 4 mai 2012 pourvoi n° 11-11.461 .......................................................................
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L’héritier renonçant ne peut faire obstacle au droit de retour Cour de cassation - 1ère chambre civile - 23 mai 2012 pourvoi n° 11-14.104 .......................................................................
10 ANNONCES LEGALES ...................................................11 DIRECT Autorité des Marchés Financiers ..........................................23 Compagnie Nationale des Experts en Activités Commerciales et Techniques ...............................24
SUPPLÉMENT
Conférence du Jeune Barreau de Bordeaux
ébut janvier Bernard Quesnel a succédé à son confrère Michel Dufranc, c’est donc lui qui a présidé la Rentrée Solennelle du Barreau de Bordeaux ce 1er juin 2012 dans le prestigieux Palais de la Bourse, lieu magique de l’art du XVIIIème siècle, siège du Tribunal de Commerce de Bordeaux depuis son inauguration le 9 septembre 1749. Le nouveau Bâtonnier a accueilli chaleureusement Michèle Delaunay, Ministre déléguée auprès de la Ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes âgées et de la Dépendance, députée de la Gironde. Au rang des personnalités on a également noté la présence de Jean-Luc Forget, Président de la Conférence des Bâtonniers, du Procureur Général de la Cour d’Appel de Bordeaux André Ride, du Président du Tribunal de Grande Instance de Bordeaux Jean Seither, du Président du Tribunal Administratif de Bordeaux Daniel Richer, du doyen de l’Université Montesquieu Bordeaux IV, ainsi que de nombreux Bâtonniers, Présidents ou représentants des Ordres des Avocats de Bruxelles, d’Anvers, de Barcelone, de Gand, de Genève, de Mons, de Lausanne, des Hautsde-Seine, de Lille, de Lyon, de Marseille, de Montpellier, de Rennes, de Rouen, de Seine-Saint-Denis, du Val-deMarne et de Versailles, de Bilbao, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de Liège, de Munich, du Québec, du Sénégal et du Togo. Pour Bernard Quesnel, le Barreau de Bordeaux doit : « s’imprégner du rappel de l’Histoire pour défendre les libertés dans les règles que nous nous choisissons ». Pour cette 189ème édition le Bâtonnier, homme de lettres et de culture, dans le prolongement du discours de son prédécesseur en 2011 le Bâtonnier Michel Dufranc, a placé son allocution dans
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le cadre historique d’un Barreau qui met depuis toujours « son art et son cœur au service des critères des autres qui compte les plus célèbres : De Sèze, Vergniaud, à la période contemporaine, les Habasque, René Roy de Clotte, Peyrecave, Ludovic Trarieux, Louis Chalès… »(1). C’est en nous appuyant sur notre histoire, que nous tenterons de poursuivre le chemin vers la liberté en cette volonté d’une « humanité partagée » si chère à Hannah Arendt. C’est dans cet esprit que le Bâtonnier Quesnel a évoqué les problèmes qui se posent à sa profession dont « la nécessaire évolution des structures et la mutualisation des moyens », sujets délicats en raison de la diversité et du nombre de Barreaux en France. Son Barreau a confirmé, suite à la délibération de la Conférence des Bâtonniers de 2009, son refus au projet de l’avocat dans l’entreprise et également son hostilité au rapport Prada. Le jeune Barreau est ensuite entré sur scène pour se livrer aux joutes oratoires d’usage. Julie Ravaud (première Secrétaire) et Marc Dufranc (deuxième Secrétaire) ont choisi de plaider sur les thèmes suivants : “La parole de Thérèse, plaidoyer pour Thérèse Desqueyroux” et “L’éloge de Manon Cormier : avocate, féministe et héroïne”. Jean-René Tancrède Note : 1 - Sous le bâtonnat d’Henri Boerner, à l’occasion d’une journée organisée le 15 octobre 1982 par la section européenne du Barreau de Bordeaux, une exposition conçue et organisée par le futur Bâtonnier Bernard Favreau a en quelques pages résumé la légende du Barreau de Bordeaux de 1462 à l’époque contemporaine.
J OURNAL O FFICIEL D ’A NNONCES L ÉGALES - I NFORMATIONS G ÉNÉRALES , J UDICIAIRES ET T ECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne
12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : as@annoncesdelaseine.fr FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE
Rentrée solennelle
LES ANNONCES DE LA SEINE Siège social : 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS R.C.S. PARIS B 339 349 888 Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr e-mail : as@annoncesdelaseine.fr
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Bernard Quesnel
Etablissements secondaires : 4, rue de la Masse, 78910 BEHOUST Téléphone : 01 34 87 33 15 1, place Paul-Verlaine, 92100 BOULOGNE Téléphone : 01 42 60 84 40 7, place du 11 Novembre 1918, 93000 BOBIGNY Téléphone : 01 42 60 84 41 1, place Charlemagne, 94290 VILLENEUVE-LE-ROI Téléphone : 01 45 97 42 05 Directeur de la publication et de la rédaction : Jean-René Tancrède Comité de rédaction :
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Didier Chotard Frédéric Bonaventura
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2011
Impératifs de liberté et évolution des structures par Bernard Quesnel
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Titres : chacune des lignes constituant le titre principal de l’annonce sera composée en capitales (ou majuscules grasses) ; elle sera l’équivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi à 4,5 mm. Les blancs d’interlignes séparant les lignes de titres n’excéderont pas l’équivalent d’une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de l’annonce sera composée en bas-de-casse (minuscules grasses) ; elle sera l’équivalent d’une ligne de corps 9 points Didot soit arrondi à 3,40 mm. Les blancs d’interlignes séparant les différentes lignes du sous-titre seront équivalents à 4 points soit 1,50 mm. Filets : chaque annonce est séparée de la précédente et de la suivante par un filet 1/4 gras. L’espace blanc compris entre le filet et le début de l’annonce sera l’équivalent d’une ligne de corps 6 points Didot soit 2,256 mm. Le même principe régira le blanc situé entre la dernière ligne de l’annonce et le filet séparatif. L’ensemble du sous-titre est séparé du titre et du corps de l’annonce par des filets maigres centrés. Le blanc placé avant et après le filet sera égal à une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Paragraphes et Alinéas : le blanc séparatif nécessaire afin de marquer le début d’un paragraphe où d’un alinéa sera l’équivalent d’une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces définitions typographiques ont été calculées pour une composition effectuée en corps 6 points Didot. Dans l’éventualité où l’éditeur retiendrait un corps supérieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.
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Thierry Bernard, Avocat à la Cour, Cabinet Bernards François-Henri Briard, Avocat au Conseil d’Etat Antoine Bullier, Professeur à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne Marie-Jeanne Campana, Professeur agrégé des Universités de droit André Damien, Membre de l’Institut Philippe Delebecque, Professeur de droit à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne Bertrand Favreau, Président de l’Institut des Droits de l’Homme des Avocats Européens, ancien Bâtonnier de Bordeaux Dominique de La Garanderie, Avocate à la Cour, ancien Bâtonnier de Paris Brigitte Gizardin, Substitut général à la Cour d’appel Régis de Gouttes, Premier avocat général honoraire à la Cour de cassation Serge Guinchard, Professeur de Droit à l’Université Paris II Panthéon-Assas Françoise Kamara, Conseiller à la première chambre de la Cour de cassation Maurice-Antoine Lafortune, Avocat général honoraire à la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat à la Cour, Maître de conférence à H.E.C. - Entrepreneurs Jean Lamarque, Professeur de droit à l’Université Paris II Panthéon-Assas Christian Lefebvre, Président de la Chambre des Notaires de Paris Dominique Lencou, Président du Conseil National des Compagnies d’Experts de Justice Noëlle Lenoir, Avocate à la Cour, ancienne Ministre Philippe Malaurie, Professeur émérite à l’Université Paris II Panthéon-Assas Jean-François Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptes Gérard Pluyette, Conseiller doyen à la première chambre civile de la Cour de cassation Jacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate à la Cour, Présidente d’honneur de l’UNAPL Yves Repiquet, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de Paris René Ricol, Ancien Président de l’IFAC Francis Teitgen, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de Paris Carol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International
e discours de la Rentrée Solennelle de la Conférence du Stage est un moment privilégié de notre confraternité. Ce discours est essentiellement destiné à transmettre les valeurs que le Barreau de Bordeaux a, à travers les siècles, porté et portera encore, tant il est vrai que la pérennité de notre institution a subsisté à toutes les évolutions qu’elle a eues à connaître. Nous savons que nous disposons aujourd’hui des femmes et des hommes mais aussi des techniques nous permettant d’aborder en toute conscience notre futur. Alexis de Tocqueville, dans l’Ancien Régime et la Révolution, ne relevait-il pas que la centralisation « administrative est une institution de l’Ancien Régime et non pas l’œuvre de la Révolution ni de l’Empire… ». Il ne sert donc à rien d’attendre une solution venant de l’extérieur, car, c’est à nous et à nous seuls de prendre en main notre destinée. C’est pourquoi, comme nombre d’institutions, notre Barreau doit s’imprégner du rappel de l’Histoire pour défendre les libertés dans les règles que nous nous choisirons.
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I. Le rappel de l’histoire « L’histoire de l’Humanité est un mouvement constant du règne de la nécessité vers le règne de la liberté ».
Ce rappel d’une citation du Président Mao Tsé Toung utilisée, je le confesse bien volontiers, avec un certain goût pour la provocation, n’en est pas moins une évidence. La nécessité commença à la fin de la guerre de Cent Ans qui, comme le rappelait mon prédécesseur dans son discours l’année passée, imposa à la ville de Bordeaux de souffrir de sa loyauté envers la couronne d’Angleterre. C’est donc par la grâce de Louis XI qui décida de la création d’une Cour souveraine de Guyenne le 12 novembre 1462 que Bordeaux se dota enfin de son Parlement. Certes, il y eut chicane avec les Parlements de Bourgogne et de Bretagne pour l’ordre des préséances mais celui de Bordeaux rétroactivement fixé à 1451, devint le troisième dans l’ordre protocolaire après ceux de Paris et de Toulouse. Nous fêterons cette année son 550ème anniversaire qui n’est pas qu’une date dans une chronologie mais le symbole de son inscription immémorielle dans notre histoire. Songeons que ce n’est que le 12 octobre 1492, soit trente années plus tard, que Christophe Colomb découvrira les Amériques. Dès l’origine, il fut demandé que la compagnie des avocats désigne un représentant, l’histoire du Barreau s’inscrivait alors dans celle de son Parlement. Quatre périodes assez remarquables se succédèrent. La première commence en 1462 et a pour fin l’année 1547 (Cour souveraine et rédaction des coutumes). La deuxième période prit fin vers l’année 1615 un demi-siècle après la fin des guerres de religion.
Les Annonces de la Seine - jeudi 7 juin 2012 - numéro 36
Rentrée solennelle C’est à cette époque que la juridiction consulaire bordelaise, où se déroule notre rentrée, fut créée par l’enregistrement de l’édit royal du 25 mars 1563. La troisième période eut pour terme l’année 1770 (Frondes et Ormée). La quatrième s’acheva à l’orée de la Révolution. L’inauguration du Tribunal de Commerce dans le Palais de la Bourse eut lieu le 9 septembre 1749 et survécut à la période révolutionnaire, le décret d’application du 30 juillet 1792 fixant à nouveau sa composition.
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Les plus emblématiques resteront certainement Gensonné, Vergnaud et Guadet, dont l’amitié sans faille s’était scellée lors de l’inscription au Barreau des deux derniers en 1781. L’extraordinaire faculté d’adaptation et le rayonnement du Barreau de Bordeaux ont été magnifiquement rappelés dans l’ouvrage « La Gironde et les Girondins » de François Furet et Mona Ozouf. Pendant ces années troublées, l’Ordre continua à exister secrètement de la volonté même de ses membres et de son doyen Guillaume
Faut-il attendre dans l’univers de nos spécialités, l’émergence de celle de « l’avocat plaideur » pour comprendre, trop tard, que nous aurons perdu notre statut d’avocat pour devenir des Bernard Quesnel techniciens du droit ?
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Brochon, ce qui lui permit notamment de réguler sa discipline. La restauration des Ordres le 14 décembre 1810 portera à sa tête Léonard Gay de Martignac comme premier Bâtonnier. Depuis, comme l’ensemble du barreau français, le souci constant de la défense des plus démunis, des libertés individuelles et publiques, constituent le pacte social liant l’avocat et les citoyens. Près d’un siècle plus tard, Ludovic Trarieux, Bâtonnier de Bordeaux en 1877, s’illustra dans la défense inlassable qui fut la sienne du
II. Les impératifs de la liberté Jules Michelet dans son introduction à l’Histoire de France rappelait déjà « La France a fait la France, et l’élément fatal de race m’y semble secondaire. Elle est fille de la liberté. » Nous vivons sur une terre chère à François Mauriac, héritière de son passé, composée de
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La suppression des Ordres, conséquence erratique de l’agitation législative de l’époque, intervint le 11 septembre 1789. Le 30 septembre 1790, Arnaud et non Armand Gensonné qui avait été élu procureur syndic le 20 juillet 1790 et exerçait les fonctions de procureur de la Commune, apposa les scellés sur le Palais de l’Ombrière qui devait être voué à la destruction. La Révolution à laquelle succéda la Terreur stigmatisa l’affrontement entre les Montagnards et les Girondins.
Capitaine Alfred Dreyfus, dont il ne put voir l’aboutissement. Ce personnage illustre, qui fut député puis ministre enfin sénateur, est devenu l’un des emblèmes les plus représentatifs de notre Barreau. A l’occasion de la création de l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Bordeaux le 2 mars 1984 fut inauguré un buste de Ludovic Trarieux qui, aujourd’hui encore, trône majestueusement en haut des escaliers d’honneur du Palais Thiac, face aux anciens locaux de notre Ordre. Son prix éponyme, Prix International des Droits de l’Homme dédié à un avocat a été attribué pour la première fois le 29 mars 1985 à notre confrère, l’ancien Président sud-africain, Nelson Mandela. De 1986 à 1990, le prix Ludovic Trarieux n’a pas été attribué. Il est aujourd’hui porté par l’Institut des Droits de l’Homme des Avocats Européens en concours notamment avec l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Bordeaux et, cette année, a pour lauréat : notre confrère Muharrem Eerbey. Et c’est ainsi, nous appuyant sur notre histoire, que nous tenterons de poursuivre le chemin vers la liberté en cette volonté d’une « humanité partagée » si chère à Hannah Arendt.
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Rentrée solennelle
Julie Ravaut
humaines, dont les activités de marché. C’est pour cela que nous devons être particulièrement attentifs au champ des sirènes du modernisme qui, du rapport Darrois au rapport Prada, du vote du CNB au nouveau document de travail remis par la Chancellerie, remettent encore et toujours, au centre du débat pour des impératifs supposés de modernité et de compétitivité, le modèle anglo-saxon comme supérieur à notre modèle romano- germanique. Le Barreau de Bordeaux, en cela soutenu par nombre de barreaux français, a choisi de savoir quelle était la véritable opinion des avocats quant aux « projets » qui sont proposés. Cela est chose faite aux termes d’un récent sondage s’étant déroulé du 24 février au 9 mars 2012. Sur un échantillon représentatif de près de 1% de l’ensemble du barreau français, l’opinion sur le projet de réforme de la profession d’avocat démontre que 62% de nos confrères est hostile à l’unification des professions du droit. Ce sondage démontre également que 64% de la profession est opposée à la création du statut d’avocat salarié en entreprise. Comme nombre de mes confrères investis de responsabilité, j’affirme que ce projet n’est donc pas aujourd’hui d’actualité, pour la majorité du barreau français. Il faut donc chercher d’autres voies que celle du passage en force car les cicatrises seront à jamais exacerbées et elles constitueront un frein puissant sur la voie du futur. Certes, nous devons apprendre des autres pays, notamment européens et parler avec eux, c'està-dire communiquer dans une langue qui n’est plus nécessairement aujourd’hui celle de Molière. Certes, nous devons investir les institutions, notamment supra nationales et nous impliquer ensemble pour ne pas subir l’histoire que d’autres alors écriront pour nous.
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zones de lumière et parsemée de zones d’ombre. Ces ombres ne doivent plus être cachées car le seul courage c’est bien « de ne pas avoir peur d’avoir peur », Antonio Lobo Antunes (Entretiens) ». Or, notre recherche de liberté se heurte toujours, même dans notre société à une culture dogmatique qui, tel que le rappelait Mohamed Arkoun, enclave toutes nos civilisations et nos religions. Notre liberté doit être celle des passeurs, mais nous devons combattre car, comme l’affirmait Julien Green dans son Journal « c’e st cela qui importe même si on est battu chaque fois ; accepter, acquiescer est affreux ». Il s’agit de la traduction moderne de la maxime de Guillaume Le Taciturne que j’affectionne tout particulièrement : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. » Cette volonté de combat, cette volonté de résistance doit nous animer au plus profond de nous-mêmes, au moment où, comme le relève
fort à propos Michel Serres, le XXIème siècle est celui des ruptures, bien plus radicales qu’entre le Moyen Age et la Renaissance. C’est pourquoi nous devons veiller à ce que la fracture numérique ne devienne pas une fracture d’égalité restreignant le champ des libertés. Cependant, même à l’heure du tout numérique, les justiciables que nous assistons dans nos missions d’avocats doivent pouvoir être entendus. Nous avons tous à l’esprit l’affirmation des généreux principes de l’article 10 de La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et celle de l’article 6 de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales qui toutes deux garantissent à « Toute personne (le) droit à ce que sa cause soit entendue publiquement… ». Mais n’est-il pas nécessaire au moment même où le recours au juge devient en fait de plus en plus limité dans tous les domaines et où le règlement alternatif des conflits est en passe de devenir pour des impératifs avancés comme étant budgétaires, la règle, d’affirmer que « Ces réformes achèvent de tout confondre en voulant tout améliorer », Alexis de Tocqueville, précité. Faut-il attendre dans l’univers de nos spécialités, l’émergence de celle de « l’avocat plaideur » pour comprendre, trop tard, que nous aurons perdu notre statut d’avocat pour devenir des techniciens du droit ? Car, pour défendre nos principes, vient nous contredire la vision mercantile, qui, sous le costume du marché du droit, tend à réguler ce qui fait l’essence même de nos relations citoyennes. S’il existe certes un secteur concurrentiel du conseil, ce dernier ne doit en aucun cas placer le marché au centre du droit, mais à l’inverse, le droit au centre de l’ensemble des activités
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Rentrée solennelle Nous nous devons également de nous souvenir de notre aveuglement de l’époque coloniale et accepter la réalité existentielle des autres. Le combat que nous devons mener, avec tous nos confrères dans la francophonie notamment avec nos partenaires du droit OHADA ne peut être fondé que sur la notion d’égalité. Car en effet « Une société libre, c’est une société dans laquelle on a le droit d’être en profond désaccord les uns avec les autres sans pour autant cesser de vivre ensemble » (Salman Rushdie, Entretiens).
III. La nécessaire évolution de nos structures Notre évolution dépendra certainement, plus que d’une position de refus, d’une analyse et d’une réflexion, que nous ferons à la fois de notre « identité, de notre culture et de notre devenir » selon les termes de l’ouvrage de Louis Assier-
Agenda
Ainsi, il est une évidence qu’au XXIème siècle, l’impérieuse nécessité d’évolution de nos Ordres s’impose. Faut-il pour cela adopter un Ordre National dont la sémantique nous renvoie à nos heures les plus sombres ? A ce stade, tout n’est encore question que de vocabulaire. Mais la nécessité est là, et on observe attentivement la faible place que tient le barreau français en Europe et dans le monde. Or, suivant une sémantique usuellement adoptée par tous, partout où il existe un président et un procureur, il doit y avoir un Bâtonnier. Ce principe doit cependant supporter une nécessaire réflexion de la distinction profonde qui existe, entre le rôle du bâtonnier et celui des Ordres. La mutualisation des moyens et des compétences, tout en maintenant un maillage territorial étroit, est un enjeu crucial de l’effectivité de nos institutions. Comment en effet ne pas observer attentivement le fonctionnement des
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Il est une évidence qu’au XXIème siècle, l’impérieuse nécessité d’évolution de nos Ordres s’impose. Faut-il pour cela adopter un Ordre National dont la sémantique nous renvoie à nos heures les plus sombres ? A ce stade, tout n’est encore question que de Bernard Quesnel vocabulaire.
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professions réglementées, qui nous sont les plus proches, et les plus directement concurrentes. L’enjeu est donc de trouver les structures qui, tout en préservant l’autonomie locale, nous assureront une véritable influence, à peine de voir notre profession soumise plutôt qu’actrice de sa destinée. La suppression de la profession d’avoué près les cours d’appel a profondément modifié le périmètre actuel de la postulation. Elle est un signe majeur de son irrévocable évolution et, pour être plus précis, de sa disparition.
La prévention des litiges : question d’actualité ? 19 juin 2012 Paris 1 Sorbonne Renseignements : elodie.abitbol@gmail.com 2012-392
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L’expertise Judicaire Civile et Commerciale : quel régime procédural ? 19 juin 2012-Paris Conseil National des Barreaux Renseignements : s.lagorce@avocats-conseils.org www.avocats-conseils.org ÈME
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Marc Dufranc
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Andrieu mais également de notre inscription dans la réalité politico-économique de notre monde. D’aucun parmi nous rejette le terme de gouvernance qui, par définition, est « la manière de concevoir et d’exercer l’autorité à la tête… d’une organisation…». Reprenant en cela la formule de notre Président Christian Charrière-Bournazel « On ne gouverne pas les avocats ». Cependant, au-delà de cette affirmation Goeth nous interroge : « Quel est le meilleur gouvernement ? Celui qui nous enseigne à nous gouverner nous-mêmes » (Sentences en proses). Dans cette acception, l’autorégulation voulue et conçue par les avocats pour les avocats est une forme de gouvernement. Charles-Louis de Montesquieu ne précisait-il pas dans son ouvrage « De l’esprit des lois » : « Il y a trois espèces de gouvernement : le républicain, le monarchique et le despotique. Le gouvernement républicain est celui où le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la souveraine puissance. Le monarchique, celui où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies, Au lieu que, dans le despotisme, un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices. » C’est pourquoi notre structure républicaine doit être à présent adaptée et modernisée.
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Rentrée solennelle Andreas Von Mariassy et Julie Ravaut
REPÈRES Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35
Prix 2012 Médaille du Barreau de Munich Julie Ravaud, Premier secrétaire de la Conférence, par Andreas Von Mariassy, Vice-Président du Barreau de Munich, et Christian Klima, Président de la Commission Internationale du Barreau de Munich. Prix de la Cravate du Barreau de Bordeaux Marc Dufranc, Deuxième secrétaire de la Conférence, par Bernard Quesnel, Bâtonnier de l’Ordre. Prix du Concours d’improvisation Jacques-Brice Momnougui par Alain Corrèges, Directeur des agences de la société BNPParibas à Bordeaux.
La communication électronique, dont le Barreau de Bordeaux sous l’impulsion de mes prédécesseurs s’est emparé, démontre la capacité de notre Barreau à investir le champ de notre propre évolution, et nous devons donc continuer à être les instigateurs et les promoteurs de ces nouveaux modes d’échanges. Pourtant, il n’aura échappé à aucun d’entre nous que cette communication électronique, clé de voûte de notre futur, a fait l’objet récemment par un arrêté du 18 avril 2012 d’un traitement où l’amateurisme n’a d’égal que la précipitation. Je dois cependant remercier l’ensemble des acteurs du monde judiciaire de s’être immédiatement mobilisés pour permettre que les graves conséquences et la confusion résultant de ce texte soient immédiatement réparées. Je remercie également l’ensemble des Barreaux du ressort pour avoir su avec rigueur et souplesse accepter le surcroît d’activités imposé par ces évènements. Cependant, il n’existe aucune liberté sans indépendance économique. Cette dernière est assurée par les CARPA et nous donnons depuis de longues années l’exemple de ce que la mutualisation et la solidarité professionnelle peuvent apporter aux barreaux composant la CARPA du Sud-Ouest.
Prix de thèse en Droit public Gaële Chamming’s pour sa thèse « Le droit français de la commande publique à l’épreuve du contrat de partenariat », par le Bâtonnier Michel Dufranc, fondateur de l’Institut de Droit Public et des Collectivités Territoriales. Prix de thèse en Droit privé et des affaires Emmanuelle Palvadeau pour sa thèse « Le contrat en droit pénal » par le Bâtonnier Philippe Duprat, fondateur de l’Institut de Droit des Affaires du Barreau de Bordeaux. Prix spécial du Barreau de Bordeaux Yannick Capdepont pour sa thèse « Essai d’une théorie générale des droits de la défense » par le Professeur Saint-Pau et Bernard Quesnel, Bâtonnier de l’Ordre.
la prééminence du « colloque singulier » et veut apporter une réponse sémiologique. Le Barreau de Bordeaux a ainsi créé, par délibération du 17 janvier 2012, l’Institut de Conseil et d’Assistance aux Résidents Etrangers. Cet institut polyglotte se décline en langues
Jacques-Brice Momnougui et Alain Corrèges Photos © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35
Gaële Chamming's et Michel Dufranc
Sans renier la spécificité des barreaux qui la composent, un travail en commun nous permet plus aisément de répondre aux coûts sans cesse grandissant des obligations, notamment financières, mises à la charge de la profession pour assurer les missions du service public de la justice et la défense des plus démunis. Nous devons donc aller de l’avant car, comme l’affirme Joseph Joubert dans ses « Pensées » : « Si l’on peut convaincre les autres par ses propres raisons ; on ne les persuade que par les leurs ». Le Barreau de Bordeaux a su démontrer à travers ses instituts dédiés aux plus faibles, qu’il s’agisse de l’Institut de Défense des Etrangers, de l’Institut de Défense Pénale ou encore du Centre de Recherches d’Information et de Consultation sur les droits de l’enfant, que la vocation militante au sens premier du terme « militis » de l’avocat, était une réalité d’aujourd’hui. Le développement des instituts techniques sous l’impulsion durable de mes prédécesseurs inscrit notre Barreau dans l’environnement socioéconomique actuel et conduit un nombre croissant d’entre nous à être acteur de leur formation professionnelle avec une vitalité insoupçonnée. Dans notre société multiraciale, multiculturelle et multiconfessionnelle, notre Barreau réaffirme
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Rentrée solennelle
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Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35
allemande, anglaise, arabe, espagnole et portugaise. Notre Barreau s’enorgueillit de pouvoir ainsi couvrir la totalité de l’espace linguistique audelà de nos frontières maritimes et terrestres. De nombreuses réformes ont été accomplies, d’autres se réalisent, les plus nombreuses sont à venir. Comment ne pas évoquer Montesquieu dans Les Lettres Persanes qui rappelait qu’il « y a bien loin de la profession à la croyance, de la croyance à la conviction (et) de la conviction à la pratique ». C’est pourquoi, cet avenir ne se réalisera que si nous sommes assez forts pour analyser nos faiblesses, résoudre nos contradictions, et grâce à la volonté de nos confrères et plus particulièrement des plus jeunes, vouloir toujours et encore, un monde meilleur. Voilà pourquoi, mes confrères, je voudrais en guise de conclusion vous dire : Réveillez-vous !
Bernard Quesnel et Marc Dufranc
Au fil des pages
Une promenade européenne dans Bordeaux par Bertrand Favreau ne promenade européenne dans Bordeaux... Ainsi, se présente ce premier itinéraire. Car, ce n'est qu'un itinéraire. Dans le passé. Dans Bordeaux. A moins qu'il ne soit qu'en Europe. L'Europe ce sont d'abord les hommes. Il y a ceux qui sont venus, ceux qui sont partis. Qui s'en sont allés, volontairement ou involontairement. Ceux qui ont été mal reçus. Ceux qui sont venus en « vrai ». Ceux qui ne sont venus qu’« en œuvres ». Mais d'autres aussi, qui sont restés. A quoi bon visiter tant de lieux qui ne sont plus,
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dira-t-on ? Mes amis d'Europe ne m'en voudront pas de retrouver, ici, le périple qu'ils ont fait avec moi, dans l'ordre ou dans le désordre, en tout ou en partie, de jour ou de nuit. Ils le savent, il reste encore un peu de l'âme de ceux qui sont venus. Les lieux demeurent quand les hommes ne sont plus. Aussi bien les lieux présents, intacts ou transformés, que les lieux disparus, enfouis à jamais. Ce ne sont pas des textes mais des prétextes. Des prétextes pour des instants enfuis. Un contexte pour que revivent des lieux détruits. L'Europe vaut bien tous les prétextes. 2012-389 Bertrand Favreau
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Palmarès
10ème Prix du Sénat du Livre d’Histoire
Jacques Krynen, Jean-Pierre Bel, Yvan Jablonka, Jean-Noël Jeanneney et Jean-Pierre Filiu epuis 2003, le Prix du Livre d’Histoire du Sénat rend hommage aux historiens, jeunes auteurs, chercheurs ou historiens confirmés. Pour la 10ème édition présidée par Jean-Noël Jeanneney, professeur émérite des universités, ancien ministre, le jury composé d’éminents historiens : Hélène Ahrweiler, Jean-Pierre Azéma, Jean Cabannes, Directeur du Secrétariat du Bureau, du Protocole et des Relations internationales du Sénat Philippe-Jean Catinchi, Journaliste au Monde Marc Ferro, Jean
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La Révolution arabe, 10 leçons sur le soulèvement démocratique par Jean-Pierre Filiu Depuis la chute des présidents Ben Ali et Moubarak, pas un pays arabe n'est épargné par un vent de contestation qui, à défaut d'être irrésistible, laissera partout des traces irréversibles. Ce livre représente la première tentative d'interprétation de ce bouleversement historique et s'efforce d'en tirer dès maintenant un certain nombre de leçons, qui battent en brèche bien des idées reçues. Non, l'islam n'est pas le facteur systématique d'explication des
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Garrigues, Valérie Hannin, Directrice de la rédaction du magazine L'Histoire Alain Méar, Conseiller d’Etat, Membre du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, Claude Mossé, Jean-Pierre Rioux, Directeur de Vingtième Siècle, Maurice Sartre, Benjamin Stora, Laurent Theis, Conseiller pour l'histoire au Point et Annette Wieviorka, a retenu les trois ouvrages suivants :
- Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus, d’Ivan Jablonka (Seuil) ; - L'état de justice en France, XIIIème-XXème siècle, (Volume II) L'emprise contemporaine des juges de Jacques Krynen (Gallimard).
- La révolution arabe, dix leçons sur le soulèvement démocratique de Jean-Pierre Filiu (Fayard) ;
La remise du Prix s’est déroulée le mercredi 6 juin 2012 dans les salons de Boffrand, sous le haut patronage et en présence de Jean-Pierre Bel, Président du Sénat. Nous adressons nos chaleureuses félicitations aux auteurs. Jean-René Tancrède
comportements politiques. Oui, la jeunesse est en première ligne, elle conteste à tous les niveaux le système patriarcal. Non, l'alternative à la démocratie n'est plus la dictature, c'est le chaos, un chaos déchaîné par les nervis des régimes autoritaires et iniques. Oui, on peut gagner sans chef. La rupture est radicale avec toute une culture du leader charismatique, alors que s'affirme une forme très avancée d'autodiscipline citoyenne. Non, il n'y aura pas d'effet domino, ni d'entraînement
mécanique d'un pays à l'autre. Dans chaque pays, cette Révolution arabe se déclinera à chaque fois dans le cadre de l'Etat moderne et des frontières postcoloniales, les régimes ayant le choix entre la réforme substantielle ou la violence suicidaire. Nous ne sommes qu'au début d'une seconde renaissance qui, en écho à la Nahda du XIXème siècle (menée, déjà, par la Tunisie et l'Egypte), cherche à renouer avec les promesses des Lumières arabes.
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Paris - 6 juin 2012
Palmarès Pour écrire ce livre, à la fois travail d'historien et biographie familiale, j'ai exploré une vingtaine de dépôts d'archives et rencontré de nombreux témoins en France, en Pologne, en Israël, en Argentine, aux Etats-Unis. Ai-je cherché à être objectif ? Cela ne veut pas dire grand-chose, car nous sommes rivés au présent, enfermés en nous-mêmes. Mon pari implique plutôt la mise à distance la plus rigoureuse et l'investissement le plus total. Il est vain d'opposer scientificité et engagement, faits extérieurs et passion de celui qui les consigne, histoire et art de conter, car l'émotion ne provient pas du pathos ou de l'accumulation de superlatifs : elle jaillit de notre tension vers la vérité. Elle est la pierre de touche d'une littérature qui satisfait aux exigences de la méthode.
Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus par Ivan Jablonska Je suis parti, en historien, sur les traces des grands-parents que je n'ai pas eus. Leur vie s'achève longtemps avant que la mienne ne commence : Matès et Idesa Jablonka sont autant mes proches que de parfaits étrangers. Ils ne sont pas célèbres. Pourchassés comme communistes en Pologne, étrangers illégaux en France, juifs sous le régime de Vichy, ils ont vécu toute leur vie dans la clandestinité. Ils ont été emportés par les tragédies du XXème siècle : le stalinisme, la montée des périls, la Deuxième Guerre mondiale, la destruction du judaïsme européen.
professionnels non réductibles aux décisions du pouvoir politique. Dans tous les domaines de la vie privée et publique, la France est redevenue, au XXème siècle, sous les auspices de « l'Etat de droit », l'Etat de justice qu'elle avait été sous la monarchie. Comment et pourquoi en est-elle revenue là ? Comment est-ce compatible avec le dogme démocratique ? 2012-395
L’état de justice en France, XIIIème-XXème siècle Volume 2 L’emprise contemporaine des juges par Jacques Krynen La justice fait bien plus que trancher les procès, la voici gardienne des valeurs de la République et de la démocratie. Plus rien ni personne n'échappe à ses interventions, à ses sanctions. Cette emprise de la magistrature sur la marche du pouvoir est un phénomène décelable dès le Moyen Age et qui s'amplifie sous l'Ancien Régime, avait montré Jacques Krynen dans un premier volume. Si elle a été combattue par la réforme des institutions, des formes et des procédures judiciaires sous la Révolution, ce fut sans lendemain, ajoute-t-il dans ce second. Au XIXème siècle, les juges ont recommencé d'affirmer un savoir et une conscience
Agenda Anciens Combattants du Palais
Assemblée Générale ouverte Mardi 12 juin 2012 - 17 heures Maison du Barreau - 2, rue de Harlay - 75001 PARIS et sera suivie à 17 heures 30 d’une conférence-débat de : Jean-Louis Bruguière, ancien magistrat spécialisé, sur « Droit et justice face au terrorisme » Avec la participation de plusieurs membres de l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM), de l’Union Nationale des Combattants (UNC), et du Cercle d’Etude et de Réflexion de la Défense (CERD) Renseignements : Maître Bertrand Hohl, Président des APC - Téléphone : 06 86 97 96 07 - 58, avenue d’Iéna - 75116 PARIS - Courriel : hohlbertrand@orange.fr 2012-396
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Jurisprudence
Engagement de la caution Cour de cassation - 1ère chambre civile - 4 mai 2012 - pourvoi n° 11-11.461
La Cour, Sur le moyen unique pris en ses quatre branches tel qu'il figure au mémoire en demande et est reproduit en annexe du présent arrêt : Attendu, selon l'arrêt attaqué (Riom, 17 février 2010 ), que le 17 novembre 2005 M. X..., gérant de la société Appli poudres, s'est porté caution solidaire à hauteur de 75 000 euros du prêt d'un montant de 150 000 euros consenti à la société par la caisse régionale de crédit agricole mutuel Centre France ; que la société créée par M. X... a été mise en redressement, puis en liquidation judiciaire, en raison des dysfonctionnements affectant le matériel acheté ; que M. X... qui soutenait le caractère disproportionné de son engagement de caution, a été condamné au paiement de la somme de 75 000 euros ;
Attendu qu'appréciant souverainement les facultés contributives de M. X... au regard, notamment, des perspectives de développement de l'entreprise qu'il avait créée, la cour d'appel a estimé que le cautionnement souscrit par celui-ci n'était pas disproportionné à ses biens et revenus ; que c'est cette appréciation, qui est souveraine, qu'en ses diverses branches le moyen tente, en réalité, de contester ; qu'il ne peut donc être accueilli ; Par ces motifs : Rejette le pourvoi. Président : M. Charruault (président) – Avocat(s) : SCP Gadiou et Chevallier, SCP Yves et Blaise Capron. 2012-397
L’héritier renonçant ne peut faire obstacle au droit de retour Cour de cassation - 1ère chambre civile - 23 mai 2012 - pourvoi n° 11-14.104
La Cour, Sur le moyen relevé d’office, après avis donné aux parties conformément à l’article 1015 du code de procédure civile : Vu les articles 1183, 738-2, 805, 951 et 952 du code civil, ensemble les articles 25, 31 et 125 du Code de procédure civile ; Attendu que l’héritier renonçant est censé n’avoir jamais été héritier ; qu’il en résulte qu’un descendant renonçant ne peut faire obstacle au droit de retour qu’il soit légal ou convenu au cas de prédécès du donataire ; Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par actes des 1er juin 1983 et 6 juillet 1992, Mme Y... a donné à son fils, Jean-Claude Y..., d’abord une maison d’habitation, puis des terrains ; que le premier acte énonce que « la donatrice fait réserve expresse à son profit du droit de retour prévu par l’article 951 du Code civil, sur tous les biens par elle donnés ou sur ce qui en serait la représentation, pour le cas où les donataires ou l’un d’eux viendraient à décéder avant elle sans enfants ni descendants et pour le cas encore où les enfants desdits donataires viendraient eux-mêmes à décéder sans postérité avant la donatrice » ; que le second énonce que « les donateurs font réserve à leur profit du droit de retour conventionnel sur les biens par eux donnés ou sur ce qui en serait la représentation pour le cas où les donataires ou leurs descendants viendraient à décéder sans postérité avant les donateurs » ; que Jean-Claude Y... est décédé le 16 février 2007 en laissant pour lui succéder ses deux enfants, lesquels ont renoncé à la succession de leur père ; que Mme Y... a saisi par requête un tribunal de grande instance afin d’obtenir, en application des articles 951 et 952 du Code civil, le retour dans son patrimoine des biens donnés ; Attendu que, pour déclarer recevable cette demande, mais la rejeter, au motif que la condition à laquelle le droit de retour était subordonné ne s’est pas réalisée, la cour d’appel, après avoir relevé qu’il ressort des actes que le ou les donateurs ont expressément voulu que les biens donnés
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leur reviennent en cas de prédécès du donataire et de ses descendants, et ce, à l’exclusion de toute autre condition, retient que la renonciation de ses enfants à la succession de Jean-Claude Y... ne saurait avoir une quelconque incidence sur la mise en œuvre du droit de retour convenu, dans la mesure où, d’une part, la renonciation par des descendants à la succession de leur auteur ne peut être assimilée au décès de ceux-ci, d’autre part, l’hypothèse de la renonciation des héritiers du donataire n’a pas été anticipée dans les donations avec stipulation du droit de retour conventionnel, enfin, ce droit n’est pas un droit de succession mais s’analyse en une condition résolutoire de la donation ; Qu’en statuant ainsi, alors qu’il résultait de ses constatations que la condition s’était réalisée, le donataire ne laissant aucune postérité pour lui succéder, de sorte que les biens donnés se retrouvaient de plein droit dans le patrimoine de la donatrice et qu’ainsi celle-ci était irrecevable à agir pour voir reconnaître sa qualité de propriétaire en dehors de toute contestation, la cour d’appel a violé les textes susvisés ; Et vu l’article L. 411-3 du Code de l’organisation judiciaire ; Par ces motifs : Casse et annule.
Président : M. Charruault - Rapporteur : M. Savatier, conseiller - Avocat général : M. Domingo - Avocat(s) : Me Copper-Royer.
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Annonces judiciaires et légales
Direct
Autorité des Marchés Financiers Lancement d’une consultation publique sur l’application des dispositions de l’article 314-76 du règlement général de l’AMF relatif aux rémunérations et avantages dans le cadre de la commercialisation et la distribution indirecte d’instruments financiers. ’A MF lance une consultation publique portant sur l’application des dispositions de l’article 314-76 de son règlement général relatives aux rémunérations et avantages dans le cadre de la commercialisation et la distribution indirecte d’instruments financiers. Les réponses à la consultation doivent être retournées au plus tard le 7 août 2012 à l’adresse suivante : contactcom@amf-france.org Le document s’articule autour des trois axes suivants : - l’organisation et les procédures internes d’identification et de classification ; - l’information des clients sur les avantages et rémunérations perçus ; - l’amélioration de la qualité du service au client et la capacité à agir au mieux des intérêts de ce client. Il présente une synthèse issue de
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JRT
SERVICES
Domiciliations commerciales
01 42 60 36 35 jr.tancrede@jrtservices.fr 12, rue Notre-Dame des Victoires 75002 PARIS
l’analyse d’une cinquantaine de rapports sur ces mêmes thèmes transmis à l’AMF par les responsables de la conformité des services d’investissement (RCSI) et les responsables de la conformité et du contrôle interne (RCCI). L’A MF y formule également toute une série de positions et recommandations qui sont soumises à consultation. Source : Communiqué du 7 juin 2012 2012-399
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Direct
Compagnie Nationale des Experts en Activités Commerciales et Techniques
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Dîner au Bristol - Paris, 4 juin 2012
Philippe Labro, Alain Abergel et Jean-Claude Marin a Chambre de la Compagnie Nationale des Experts en Activités Commerciales et Techniques (CNEACT), présidée par Alain Abergel, a tenu son traditionnel dîner gastronomique préparé par le chef Eric Fréchon (trois étoiles), le 4 juin 2012 dans le cadre prestigieux de l’Hôtel Le Bristol à Paris, dirigé par Didier Le Calvez. Cette année encore, les plus personnalités du monde judiciaire ont honoré de leur présence cette magnifique soirée : Jean-Claude Marin, Procureur Général près la Cour de Cassation, Jean-Louis Nadal, Procureur Général honoraire près la Cour de Cassation, Daniel Tricot, Président honoraire de la Chambre commerciale de la Cour de cassation, Jacques Degrandi, Premier Président de la Cour d’Appel de Paris, Chantal Arens, Président du Tribunal de Grande Instance de Paris, François Molins, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Paris, JeanMichel Hayat, Président du Tribunal de Grande Instance de Nanterre, Michèle de Segonzac, Président du Tribunal Administratif de Paris, Gilles Rosati, Président du Tribunal de Grande Instance de Créteil, Nathalie Bécache, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Créteil, Sylvie Moisson, Procureur près le Tribunal de Grande Instance de Bobigny, Jean-Bertrand Drummen, Président de la Conférence Générale des Juges Consulaires de France, Franck Gentin, Président du Tribunal de Commerce de Paris, Yves Lelièvre, Président du Tribunal de Commerce de Nanterre, Dominique Olivier, Président du Tribunal de Commerce de Versailles, Georges
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Teboul, Président de Droit & Commerce et membre du Conseil National des Barreaux, Marc Sénéchal, Président du Conseil National des Administrateurs Judiciaires et des Mandataires Judiciaires, Marc Taccoen, Président du Conseil National des Compagnies d’Experts de Justice, ou encore Didier Kling, Président de la Compagnie des Experts Agréés par la Cour de Cassation. Pour cette édition 2012, Philippe Labro était l’invité d’honneur de la Compagnie, succédant ainsi à Jean-Louis Debré, Stéphane Bern, Jacques Chancel, Philippe Bouvard, Jean d’Ormesson, Axel Kahn ou Jean-Marie Rouard. Pour débuter cette soirée très conviviale, Alain Abergel a rappelé le parcours professionnel remarquable de Philippe Labro, écrivain à succès, journaliste, réalisateur de films et parolier, notamment pour Johnny Hallyday. Il a évoqué le prix Scopus qui lui a été remis en mars 2012 par les amis français de l’Université
de Jérusalem, cérémonie au cours de laquelle son ami Alain Duhamel avait déclaré que ce dont Philippe Labro pouvait être le plus fier c’était ses parents et Robert Badinter l’avait qualifié de “Clint Eastwood” du journalisme. Au sein d’une bibliographie riche d’une vingtaine de succès littéraires, une de ses dernières œuvres écrite en 2009 « Les Gens » a été choisie comme thème principal de cette soirée, placée une nouvelle fois sous les signes du plaisir, de la détente et de l’humour. Dans cet ouvrage se croisent les destins d’une jeune orpheline d’une rare beauté, d’une parisienne trentenaire et d’une célébrité de la télévision mégalo et parano. Le débat a été ouvert sur le mystère entourant ce dernier personnage, qui ne pouvait être que le fruit de l’imagination de l’auteur. C’est donc dans un climat très détendu, devant un auditoire toujours aussi nombreux (quelques 220 personnes), que Philippe Labro a évoqué son parcours littéraire et journalistique, régalant l’assistance de quelques anecdotes dont seuls des hommes de médias de son charisme ont le secret. Les invités ont pour la plupart découvert l’étendue de sa carrière de réalisateur, dont des films devenus cultes sont encrés dans les mémoires et surtout qu’il était l’auteur des paroles de très nombreux succès populaires. De sa vie d’étudiant passée à sillonner les routes américaines à tout juste 18 ans, ses premières rencontres professionnelles à Europe 1 puis RTL, sa mobilisation en 1960 pour la guerre d’Algérie et l’é vocation du rôle joué par ses parents dans l’encouragement de sa vocation, Philippe Labro en a tiré des leçons de vie, la certitude que si l’on a une passion, la force et la structure familiale permettent de surmonter bien des difficultés. Sa manière drôle et attachante d’é voquer les sujets qui ont marqué sa vie, riche de multiples rencontres et de succès professionnels, a comblé les invités à qui il a dédicacé, en fin de soirée, son ouvrage « Les Gens », édité chez Gallimard.
REPÈRES
Les gens par Philippe Labro « Le sage doit rechercher le point de départ de tout désordre. Où ? Tout commence par le manque d’amour », Mo-tzu, philosophe chinois 479-391 avant Jésus-Christ. ne jeune fille au pair perdue en Californie, une femme jetée par son amant et un animateur télémégalo : trois destins réunis par
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le même manque d’amour. A travers une fresque romanesque en crescendo, Philippe Labro dresse avec subtilité les contours d’une comédie humaine taillée pour ce début de siècle.
452 pages - 21 € - Editions Gallimard - www.gallimard.fr
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Jean-René Tancrède 2012-400
LES ANNONCES DE LA SEINE Supplément au numéro 36 du jeudi 7 juin 2012 - 93e année
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Julie Ravaut et Marc Dufranc
Conférence du Jeune Barreau de Bordeaux Rentreé solennelle - 1er juin 2012 e Barreau de Bordeaux a célébré sa Rentrée Solennelle dans le magnifique cadre du Palais de la Bourse ce 1er juin 2012 en présence d’éminentes personnalités des mondes judiciaire, politique, juridique, économique et universitaire. Les lauréats du concours d’éloquence oratoire de la Conférence du Stage du Jeune Barreau ont prononcé les discours d’usage : “La parole de Thérèse, plaidoyer pour Thérèse Desqueyroux” par Julie Ravaut, Première Secrétaire, et “L’éloge de Manon Cormier :
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avocate, féministe et Héroïne”, par Marc Dufranc, Deuxième Secrétaire. Depuis 189 ans, le concours de la Conférence du Stage participe au maintien d’une tradition d’excellence orale en écho à la devise de l’Ordre des Avocats de Bordeaux “dicendi torrens tibi copia”, (l’éloquence d’un torrent qui ne saurait se tarir ou être tari). Nous félicitons les jeunes et talentueux orateurs. Jean-René Tancrède
J OURNAL O FFICIEL D ’A NNONCES L ÉGALES - I NFORMATIONS G ÉNÉRALES , J UDICIAIRES ET T ECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne
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Rentrée solennelle La parole de Thérèse Plaidoyer pour Thérèse Desqueyroux par Julie Ravaut hérèse, Viens là, Ici, Approche-toi, Tout près de moi, de nous, N'aie pas peur Thérèse. Toi qui n'as pas eu droit à une justice, nous ne sommes pas ici pour te juger ou te condamner. Non, Thérèse, ce soir nous sommes réunis pour briser le silence, pour éclairer ton geste. Non-lieu ! C'est bien de cela dont il s'agit. Thérèse Desqueyroux plaide pourtant coupable, mais la Justice des hommes ne sera pour Thérèse qu'un déni de Justice. Thérèse Desqueyroux est bien coupable, oui, d'empoissonnement sur son époux, Bernard, sa victime et son bourreau. Crime dont la sentence ne sera que plus dure, Bernard, échappant au trépas pour mieux la punir. Mais Thérèse, celle qui dérange, qui n'est ni jolie ni belle mais dont le charme fascine ; celle qui touche à l'ordre familial et social établi, n'aura droit, ni à une instruction, ni une explication, encore moins un début de compréhension de la part des siens. Du bureau du juge d'instruction du Tribunal de Bazas, son avocat la fera sortir par une porte dérobée. Cachée, Effacée. Thérèse va confectionner alors, seule, son plaidoyer et son réquisitoire. Comprendre, à tout prix. Mais, face à son mari, elle ne pourra une fois de plus mettre des mots sur son acte, sur son crime. Celui dont elle espérait pourtant l'absolution est incapable de la comprendre, d'accepter qu'elle justifie son geste par les tréfonds de son âme. Ses doigts, où se mêlent l'odeur de l'arsenic et de la nicotine ne sont cependant pas ceux d'un monstre. Je veux, ce soir, rendre sa place à l'accusée, sa parole, à Thérèse Desqueyroux ! Au travers de l'un de ses plus beaux personnages, François Mauriac écrit en effet un réquisitoire sur son milieu, Sur cette famille, dont les membres sont les barreaux vivants de nos cachots individuels, Mais aussi, et surtout, sur ce que peut être, parfois, trop souvent, la justice des hommes. Non-lieu ! C'est bien de cela dont il s'agit. Une justice sans lieu ni temps, Tronquée, bafouée, Qui n'a de juste que le nom, Et terriblement incapable de juger la criminelle, la renvoyant, seule, face aux siens, dont la condamnation ne sera que plus terrible. Alors, Ce soir, Thérèse, faisons comme si, Comme si Bernard n'avait pas fait un faux témoignage, Oh, non pas en ta faveur mais afin de protéger la famille,
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Julie Ravaut Comme si, de non-lieu il n'y avait pas eu, Comme si, tu avais été poursuivie devant les Assises de la Gironde, Et comme si, Thérèse, si tu le veux bien, j'avais été ton avocate. Amène-nous le long de l'un de ces chemins de sable qui parcourent ta propriété d'Argelouse, Entraine-nous, au travers de ces pins, dont la sève coule dans tes veines, Montre-nous cette lande, sèche, qui ne demande qu'une étincelle pour s'embraser, Parle-moi, Confie-moi tes mots, La parole est à la défense ! Pour mieux comprendre qui est notre accusée, il faut tout d'abord se pencher sur ce jeune bordelais, fréquentant les Cours d'Assises, foulant la salle des Pas Perdus de la Cour d'Appel
de Bordeaux, devenu chroniqueur d'audiences, après avoir été élevé rue du Pas Saint-Georges et rue Duffour Dubergier. De ces moments de justice François Mauriac retiendra notamment le procès de Madame Canaby, auquel il assista et qui lui laissera un profond sentiment de douleur. De l'histoire de cette femme, accusée d'avoir empoisonné son mari et livrée en pâtures aux hommes de justice, avocats et magistrats, avides de mots et d'effets de manches mais oubliant leur accusée, Mauriac tirera l'essence même de Thérèse Desqueyroux, Sa Thérèse, Son accusée. Thérèse est donc profondément humaine, spectre vivant d'une humanité où le tragique prend toute sa place.
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La bruyère est désormais brûlée, Seule une odeur de menthe, parfois, rafraichit les âmes. Mais le feu n'est jamais loin, obligeant Thérèse à éteindre ses cigarettes avec minutie. Alors, lorsque Bernard, cet homme fade et primaire, tombe malade et se voit prescrire quelques gouttes quotidiennes d'arsenic, le tourbillon prend place. Thérèse ne sait l'expliquer mais n'a pu s'en empêcher. Le crime, à portée de mains, semble trop facile cependant pour être réel. Quelques gouttes, Uniquement quelques gouttes, Et pourtant, tant de nuits à veiller le mourant. Démasquée par de fausses ordonnances empruntées à Madame Canaby, Thérèse se plie aux questions du juge d'instruction. Mais son crime n'aura pas de juge. François Mauriac oppose alors à la lumière nécessaire à la découverte de la vérité un monde de ténèbres où le silence de Thérèse laisse place au mensonge de sa victime. Thérèse a voulu tuer son mari mais la justice des hommes décidera que le crime n'a pas été commis. Ce mur de silence, Thérèse, « hors-la-loi », refuse encore une fois de s'y soumettre et croit pouvoir avoir le pardon de Bernard. Mais Thérèse est déjà condamnée, Par les siens, Parce que l'on ne peut risquer de ternir la carrière politique de son père par un tel scandale, Parce que l'on ne peut admettre que l'intérêt de la famille, du nom, du nom de Marie, sa fille, soit bafoué. Non-lieu ! C'est de cela dont il s'agit. Thérèse n'a pas le droit à être jugée, telle qu'elle est, à amorcer une explication à son crime, à solliciter une justice, juste. Non, Défaite de ce droit fondamental, Thérèse perd tous ses droits, et sa liberté.
Bernard Quesnel Cachée, effacée. Thérèse est condamnée, assignée à résidence à Argelouse, emmurée vivante dans cette prison de pins. Mais le masque de l'homicide deviendra insupportable, L'asphyxie de Thérèse, renvoyée comme une accusation à Bernard. Dans un dernier élan, Bernard, voit que l'on ne peut garder enfermé cet être avide de liberté. C'est peut-être finalement lui qui la comprendra le mieux, lui posant la question, sur un coin de trottoir parisien où il la laisse. Thérèse répondra encore une fois par une boutade : « Pourquoi ? Mais pour les pins bien sûr ! » C'est faux, Il le sait, Elle aussi. Mais Thérèse est libre, Seule, mais libre. De cette liberté retrouvée, loin de ses gemmes, elle ne fera rien, Incapable, Déjà effacée, Encore étrangère, Hors du temps.
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Thérèse Laroque, avec son front immense et ses mains trop grandes, est l'héritière de cette bourgeoisie provinciale que Mauriac n'aura de cesse de dépeindre. Bourgeoisie terrienne et chrétienne, propriétaire de pins, où l'individu, et particulièrement la femme, n'existe pas, s'efface, devant le joug familial, la lignée et la race. Alors, Thérèse Laroque épousera Bernard Desqueyroux dont la propriété familiale jouxte la sienne, Là-bas, A Saint Clair, Près de Bans. Oh… lui plutôt qu'un autre… Mais le jour de ses noces Thérèse, devenue Desqueyroux, comprend, Sent le poids de cette famille, L'air se raréfier, Etouffe, Prisonnière, déjà, Regarde, envieuse, la cime de ses pins côtoyant l'azur et dansant avec le vent. Ces pins, qu'elle aime et qu'elle déteste à la fois, accompagneront, pourtant, sa « difficulté d'être » par leur plainte continue. Et puis, Thérèse, déjà simple spectatrice de sa propre vie, niant tout désir, toute sensualité, tout amour maternel, ne pourra que prendre conscience du vide de son existence. Cette torpeur, Ce fourmillement, Quand et comment exactement a-t-il commencé à se faire sentir ? Les mots de Jean Azévédo ? Cet homme qu'elle aurait pu aimer et qui, lors de leurs entretiens, l'ouvrira à la possibilité d'une autre vie, de Paris, de l'indépendance et de la liberté ? La complainte amoureuse d'Anne de la Trave, sœur de Bernard, jeune esthète à la fougue si étrangère à Thérèse ? Se sauver. Oui. Mais Thérèse n'a pas les armes pour. Dans ce monde-là une femme ne se sauve pas, ne quitte pas son rang. L'atmosphère dans la lande devient lourde, irrespirable,
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Rentrée solennelle
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Rentrée solennelle Ce soir, tu n'es pas seule. Je veux dire ce geste de liberté d'une femme trop intelligente pour rester hagarde, à son rang. Ce geste, si simple d'une femme qui ne sait pas comment « être ». Oui, Thérèse, on dit de toi que « tu as la propriété dans le sang », signe de ta faille, de la part de mal en toi. Mais ton crime est plus grand et tu ne feras pas croire à Bernard qu'il ne s'agit que de cela. Ce geste est celui du taureau, jouant dans l'arène son dernier combat et faisant valoir sa caste dans la danse morbide que lui impose le torero, l'homme. Il est possible, oui, de gracier celui qui aura fait preuve d'une grande bravoure ! Légitime défense pour Thérèse Desqueyroux ! Avait-elle un autre moyen ? Et dans son esprit, comment se sauver du joug de son mari sinon de le tuer ? Légitime défense pour Thérèse Desqueyroux ! Thérèse, tu fascines les hommes mais chaque femme se retrouve en toi, Et les soirs de tempête, lorsque j'entends se déchainer la forêt je comprends combien ton crime est le geste ultime d'une femme désespérée. Thérèse, je suis si différente de toi, si libre comparée à toi, Et pourtant, Pourtant, Je veux, par ces mots rendre hommage à la beauté de ton personnage, à ce roman qui a accompagné ma jeunesse et que je relis aujourd'hui autrement, A la si pure et enivrante écriture de François Mauriac, Son humanisme, sa rigueur, Et comme lui, A Bordeaux et à la lande, Deux lieux qui désormais se mêlent en moi.
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Pourquoi alors ce jeune bordelais, écrivain désormais reconnu, humaniste averti, inflige-til à sa Thérèse ce non-lieu dont nous parlons ? En réalité Thérèse Desqueyroux n'est que la toile de fond d'une accusation assumée de l'institution judiciaire. Pour François Mauriac, le monde, les hommes, sont marqués du mal. Dès lors, la justice ici rendue n'est autre que celle de Pilate, condamnant le Christ, Par peur, Par soucis du maintien de l'ordre dans la cité. Une Justice des hommes, faillible, parce que
partiale, jouant le jeu de classes sociales protégées, Une justice de vengeance, Une justice où l'accusé n'est qu'un spectateur, Où le criminel n'est jugé qu'en monstre, Caché et effacé. Une justice où d'aucun ne fait preuve de charité, ne sait se mettre à la place de l'autre, de cet accusé, accepter cette part sombre qui constitue l'humanité. Mauriac, le chrétien, le croyant, pour qui seule la justice divine vaut, n'est pas un idéaliste. Lors des procès de l'épuration il fera entendre sa voix. Ne pas faire acte de vengeance, Ne pas rendre une justice sur l'affecte, Là où d'autres assument d'accepter la justice humaine avec ses imperfections pour une répression immédiate et un jugement implacable. Mauriac le réaliste, l'humaniste, n'est pas non plus désabusé et croit que la vraie justice peut exister. II n'y a pas de fatalité. Se référer, encore et toujours, aux règles de droits garantissant la séparation des pouvoirs, la présomption d'innocence et une justice impartiale. Ne jamais oublier d'appréhender un accusé dans le respect de sa dignité, quel que soit son acte, Dans la compréhension d'une vie entière. Punir, oui, mais sans avilir. Il existe, il le sait, des hommes de justice dignes de ce nom, et qui mènent ce combat acharné pour les droits de la défense, Et je veux en être. Ainsi, Thérèse, je t'avais dit de ne pas avoir peur. François Mauriac te le susurre doucement par ces mots : « du moins, sur ce trottoir où je t’abandonne, j’ai l’espérance que tu n'es pas seule. » Voilà Thérèse,
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Rentrée solennelle
Marc Dufranc
Eloge de Manon Cormier : avocate, féministe, héroïne par Marc Dufranc « Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'e xaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit... » ’est en ces termes prononcés lors d’un des discours les plus fameux du 20ème siècle que le 19 décembre 1964 André Malraux ouvrit la porte du Panthéon des grands Hommes de la République française à Jean Moulin. C’est en ces termes, qu’il y fit entrer avec lui, les figures de la Résistance, héros de l'ombre, connus et inconnus, qui ont permis de libérer la France au prix de leur sacrifice. Ce jour-là, Manon Cormier faisait partie du cortège de Jean Moulin. Ce jour-là, son nom n’a pas été prononcé mais comme des milliers d’autres ombres dont l’histoire n’a retenue qu’un patronyme gravé sur une stèle, elle était bien là…A côté de l’Armée secrète, des Francs-tireurs et Partisans, des
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membres des différents réseaux de renseignement et d’action, des résistants isolés et de tous ceux qui ont refusé de cesser le combat et qui y ont perdu la vie. Manon Cormier ne fait pourtant pas partie de la masse des inconnus et son histoire n’est pas de celles que l’ont peut qualifier de commune. Elle appartient même, à l’instar de Vergniaud et des Girondins, d’Aurélien de Sèze ou de Ludovic Trarieux, à cette catégorie d’avocats bordelais qui ont conquis un destin national. Madeleine Berthe Elisa dite Manon Cormier est née à Bordeaux le 27 août 1896 durant une période sombre et peu glorieuse de l’histoire de France où se construisait dans la rancœur de la défaite de 1870, sur fonds d’antisémitisme et de nationalisme, les bases des deux grandes guerres du 20ème siècle qui changeront le destin du monde et marqueront au fer rouge la propre vie de notre héroïne. Elevée au sein d’une famille bourgeoise de quatre enfants où son père était fondé de pouvoir au Crédit lyonnais puis maire de la commune de Bassens, elle fit ses études au lycée de jeunes filles de la rue Mondenard où elle obtint de nombreux prix d’excellence. Une fois diplômée du baccalauréat, elle s’inscrivit à la faculté de droit de Bordeaux le 30 novembre 1914. Son parcours y fût particulièrement brillant de sorte qu’il semblerait qu’elle ait été la première femme licenciée en droit de l’université. Elle quitta alors une première fois les bancs de la faculté et devint avocate au Barreau de Bordeaux où elle se fera rapidement remarquée pour son éloquence hors du commun. Naturellement, elle est élue secrétaire de la Conférence du Stage ce qui constitue alors une première en France pour une femme. Son discours prononcé le 12 décembre 1921
intitulé « le Procès de Madame Roland », en référence à la célèbre révolutionnaire girondine, restera l’é vènement le plus marquant de sa carrière d’avocat. Car Manon n’est pas particulièrement passionnée par la robe et l’exercice des droits de la défense. Sa vocation est en réalité politique et son engagement voué au service de la cause féministe. A ce titre, elle fonde à bordeaux la section girondine de la « Ligue Française pour le droit des femmes » dans laquelle elle déploiera une inlassable activité progressiste en faveur du vote des femmes ; elle est aussi membre de l’association « Les Française au service de la Nation » et sera présidente fondatrice de l’antenne bordelaise du « Soroptimist Club », une organisation mondiale de femmes, engagée dans la défense de leurs droits. Elle publiera encore un ouvrage en hommage à Juliette Adam la célèbre féministe républicaine du 19ème siècle. Parallèlement, Manon Cormier revient à l’université pour entreprendre la rédaction d’une thèse en droit des sociétés qui sera soutenue le 9 juin 1932. Là encore Manon fait partie des pionnières, elle sera la première femme docteur en droit de l’université bordelaise. Ces activités font de Manon Cormier un personnage bordelais de premier plan qui sera appelé à exercer des fonctions nationales. D’abord attachée au cabinet du ministre des pensions, elle devient sous-directrice au ministère du Ravitaillement dès le début de la Deuxième Guerre mondiale. Son existence en fût bouleversée. C’est à partir de 1939 que débute la seconde vie de Manon entre résistance et déportation.
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Rentrée solennelle Gebhardt, surnommaient « les lapins » véritables cobayes humains pour lesquels Manon expliquera « qu’un jour on leur enlevait un muscle, un autre jour un tendon et un autre jour encore du sang ». Elle côtoyait aussi « des soldates de l’armée rouge » qui avaient refusé de participer aux travaux imposés par les Allemands et qui avaient préféré se condamner plutôt que de servir le Reich. Il y avait encore des femmes rescapées d’Auchwitz qui faisaient toute son admiration pour leur incroyable ténacité. Ensemble, dans cette antichambre de l’enfer, ces femmes se sont unies pour ne pas se laisser mourir. Chacune apportait sa pierre à l’édifice. Manon, pour entretenir le moral de ses amis, organisait selon ses termes, des « causeries » sur des sujets qui lui étaient familiers, la condition féminine, le droit de vote des femmes, Juliette Adam, les héroïnes de la Révolution française. Mais ces mini-conférences ne permettent toutefois pas de masquer la dure réalité du camp. Chaque matin les détenues subissent d’interminables appels, devant se tenir debout au garde à vous de 3 heures 30 à 8 heures avant des journées de travail de 12 heures. Les violences physiques y sont aussi quotidiennes, Manon était d’ailleurs particulièrement terrorisée par celui qu’elle nomme « le Marchand de Bétail » qui était en réalité le responsable des « transports noirs » destinés à faire disparaître les femmes les plus âgées et les plus malades. Celui-ci qui n’était pas avare en coups ne manquait pas de la frapper quotidiennement. Le corps de Manon est fatigué, elle est atteinte de dysenterie, en deux mois ses cheveux sont
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messages pour le « Front Manon fit ses premiers pas dans National de la Résistance » et la résistance dira-t-elle « afin apporte son soutien à d’aider dans la mesure de tous les « Philippe » le Chef des FTPF moyens dont elle disposait, des pour la région Sud-Ouest. français qui n’hésitaient pas, pour se procurer des armes, à abattre, Manon en fait beaucoup, elle en la nuit avec un marteau, les fait tellement qu’elle finit par se sentinelles allemandes. » Manon Cormier mettre en danger. La violence de cette formule Ce qui devait arriver, arriva le prononcée sur son lit de mort retranscrit parfaitement la force de son 30 septembre 1943. engagement et l’absence de compromission du Sur indication de la police française, elle est arrêtée aux Invalides par la Gestapo puis personnage avec l’occupant nazi. Engagement d’autant plus remarquable que les incarcérée à la prison de Fresnes pendant un autorités bordelaises de l’époque, municipales mois et demi. et administratives en particulier, n’ont pas brillé, Le 11 novembre, elle est transférée à Bordeaux c’est le moins que l’on puisse dire, par leur où elle sera enfermée au Fort du Hâ jusqu’au mois de mars 1944. opposition à l’envahisseur. Je vous rassure, loin de moi l’idée de faire tomber Durant cette période elle subit les des têtes ou d’appuyer sur celles qui sont déjà interrogatoires musclés du commissaire de par terre… d’autant que pour ce qui nous police Pierre-Napoléon Poinsot tristement concerne il semblerait que le Barreau de célèbre pour avoir été au service de l’occupant Bordeaux n’ait compté en son sein que très peu tant dans la chasse des communistes que dans de collaborateurs même si selon notre confrère la traque des résistants. Jean Odin « le gouvernement du maréchal Pétain Mais Manon ne dit rien et ne trahira pas ses y comptait de nombreux partisans et que les amis. résistants actifs n’y étaient pas très nombreux. » Elle est alors une nouvelle fois transférée à Paris En tout état de cause, notre conseil de l’ordre pour être déportée en Silésie au camp de ne prit, durant toute l’occupation et à la Lauban situé à l’est de Dresde. différence de certains autres corps, aucune Là-bas elle sera affectée dans un kommando au battage du lin, tâche particulièrement dure et délibération déshonorante. éprouvante qui provoquera chez elle des Ouf ! malaises à répétition. Revenons à notre héroïne. Depuis son poste au ministère du Ravitaillement Fin octobre 1944, elle intègre le plus important Manon ne ménage pas sa peine au service de camp de concentration de femmes du Grand la Résistance, elle s’occupe de l’hébergement de Reich, celui de Ravensbruck. réfractaires au STO, participe à un réseau de Dès son arrivée elle est torturée et stérilisée puis renseignement, fournit à ses risques et périls décrétée du bloc de NN (Nacht und Nebel) des cartes d’alimentation et des pièces d’identité Nuit et brouillard - condamnée à mort. Dans ce block, elle côtoie celles que les nazis, à à des patriotes. A partir de 1942, elle aide à la transmission de l’initiative du tristement célèbre docteur
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devenus entièrement blancs et son souffle court ne lui permet plus des efforts prolongés. S’en est alors trop pour ses tortionnaires qui la déclarent « ferfugbar » - disponible, destinée à la mort en camps d’extermination. Par chance, l’avancée des troupes soviétiques lui accorde un sursis. Le camp de Ravensbruck est vidé, les NN sont transférés en Bavière au camp de Mauthausen. Manon y restera 45 jours dans des conditions toujours aussi inhumaines avant d’y être secourue par la Croix Rouge à la fin avril 1945. De retour à Paris, elle est hospitalisée à l’hôpital Bichat puis à l’hôpital Boucicaut où elle s’éteindra le 25 mai 1945 à 18 heures, 1 mois à peine après son retour. Avant de mourir, elle prononça ces quelques mots : « Qu’il est beau le ciel bleu de la France là bas, il était toujours gris. » « J’ai fais mon devoir, si c’était à refaire, je recommencerais ». Dans le contexte actuel où les droits ont supplantés les devoirs, on l’on veut recevoir sans ne jamais rien donner, où tout nous est acquis, sans soucis de l’effort et de l’intérêt général, Manon Cormier nous donne une grande leçon, une leçon de vie et d’humilité, une leçon de courage et de sacrifice. Elle nous rappelle à juste titre que la patrie est le bien de chacun et qu’il nous appartient à tous de défendre notre identité. Que si la France a été libérée c’est en partie grâce à ces inconnus qui ont considéré que c’était justement de leur devoir de se battre pour la France, celle des Lumières, celle de Ferry, de Jaurès et du Général de Gaulle. Nous sommes tous débiteurs de ces Anciens. Le cortège de Jean Moulin est ainsi composé de destins d’hommes et de femmes comme
Manon Cormier qui ont fait, du don d’euxmêmes, du devoir envers la patrie et de l’amour de la France le fil conducteur de leur vie de martyrs. Gardons-les en mémoire, ils nous rappellent avec autorité que nos soucis matériels ne sont que futilité. Dans notre société égoïste où la seule valeur morale est l’individualisme, où la peur de l’autre enfante la xénophobie, où la crainte de l’avenir fait frémir le petit, ne nous laissons pas séduire par la facilité des extrêmes de tous poils qui attisent la discorde et promettent la justice. Rappelons Chateaubriaud qui écrivait « La justice est si sacrée, elle semble si nécessaire aux succès des affaires, que ceux mêmes qui la foulent au pied prétendent n’agir que d’après ses principes ». N’oublions jamais que c’est la vox populi qui a amené Hitler au pouvoir. N’oublions jamais que la shoah a fait 6 millions de morts. Servons-nous du passé pour avancer avec certitude afin d’éviter les pièges du populisme. Comprenons que le patriotisme n’est en aucun cas du fanatisme, que le fanatique c’est d’abord celui qui stigmatise le drapeau. Choisissons bien nos combats et ne nous trompons pas entre les fausses valeurs dont on nous gave et les véritables maux de notre société. Manon Cormier avait choisi les siens : la défense du droit des femmes et l’amour de la France. Le droit de vote a été accordé aux femmes le 21 avril 1944 par le Comité Français de Libération Nationale. A cette époque Manon battait le lin au camp de Lauban.
Qu’ils étaient loin les droits des femmes et le temps des conférences bordelaises ! Qu’importe, sans le savoir Manon remportait son premier combat. Le second, pour la France, elle le remportera aussi. Ombre parmi les ombres loin de la lumière avec les près de 550 000 morts français de la Deuxième Guerre mondiale. 2012-387
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