C’EST COMMENT ?
PAR EMMANUELLE PONTIÉ
DOM
C’EST DÉJÀ TROP TARD ! Je sais, c’est un sujet récurrent ici. Mais c’est volontaire. Et l’actualité l’exige. En effet, le second volet du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de sortir. Alors, certes, entre les menaces djihadistes, les coups d’État et les transitions incertaines en Afrique, la guerre en Europe et, hier, le Covid-19 pour tous, la question de l’urgence climatique passe régulièrement à la trappe. Pourtant, nous allons tous payer l’addition. Et pas demain, mais dès maintenant. António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, à sa lecture, a fait une déclaration qui se passe de commentaire : « Un recueil de la souffrance humaine et la preuve de l’abdication criminelle des dirigeants mondiaux. » C’est exactement ça. De COP en COP, rien n’avance. Les fonds promis à l’Afrique ne sont toujours pas débloqués. Et si la prise de conscience des populations est réelle, face aux effets visibles des vagues de chaleurs démesurées, des précipitations en abondance délirante ou de l’élévation vertigineuse du niveau de la mer, je ne suis pas sûre que les États, riches ou pauvres, aient pris le taureau par les cornes. La politique politicienne gère le présent, c’est connu. Pas le futur. Alors, que faire ? Selon ce nouveau rapport, fruit des analyses de 270 chercheurs du monde entier sur 34 000 études disponibles depuis 2014, notre inactivité nous a menés à un point de non-retour sur la plupart des dégradations de notre planète. À tel point que l’urgence est moins de les enrayer (elles sont déjà là) que de s’y adapter. Parmi les pistes : repenser les villes, en limitant les îlots de chaleur et en facilitant l’évacuation des eaux. Pas gagné en Afrique où « isoler la chaleur », ça ne va pas être simple. Pire : la plupart des routes du continent ont été conçues sans évacuation ! Il ressort que ce genre de chantiers, longs et onéreux, prendra tellement de temps que… la sécheresse et les inondations mettront en péril la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, la santé. Quels que soient les programmes, ceci ou cela lancé par les gouvernements. S’il ne tape pas du poing sur la table côté financements et ne met pas le climat en tête des priorités, le continent risque de sombrer. Corps et biens. Car, en effet, si l’Afrique pollue très peu en comparaison du reste du monde, elle est la plus fragile et la première impactée. Donc, faut bouger là ! ■ AFRIQUE MAGAZINE
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426 – MARS 2022
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