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Les belles avancées de la médecine

TECHNOLOGIES ET MÉTHODES NOUVELLES, progrès sur divers fronts sensibles, traitements qui font leurs preuves… Des innovations et des évolutions marquantes vont changer la façon de soigner et améliorer la santé.

par

Annick Beaucousin

L’ARN messager va refaire parler de lui

Avec l’épidémie de Covid-19, le terme « ARN messager » est devenu presque familier. Et pour cause : le procédé a permis de mettre au point dans l’urgence des vaccins dans les pays occidentaux. Longtemps remisée au statut de recherche peu intéressante, cette technologie apparaît dorénavant comme une panacée thérapeutique. Les ARN messagers sont des brins de code génétique capables de faire produire par les cellules n’importe quelle protéine. Autrement dit, il est possible de faire synthétiser des médicaments par notre corps, en lui donnant le plan de fabrication de la protéine dont il a besoin. Ces commandes codées génétiquement pourront être utilisées pour traiter des cancers, des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, des maladies génétiques comme la mucoviscidose, ou encore des maladies cardiaques. Les essais cliniques sont déjà lancés dans plusieurs domaines, la difficulté restant de faire en sorte que l’ARN messager transmette son message aux bonnes cellules. La technique devrait également être utilisée pour concocter d’autres vaccins, par exemple contre le VIH, le virus Zika…

Cancer : des approches inédites

Tout d’abord, deux types d’anticorps thérapeutiques sont à l’étude. Les premiers sont les anticorps drogue-conjugués : associés à une thérapie classique, ils vont reconnaître la cellule tumorale, se faire absorber par cette dernière pour y déposer la molécule de chimiothérapie. La toxicité du traitement est ainsi diminuée, et son efficacité augmentée. L’autre famille d’anticorps, dits bispécifiques, a démontré également son efficience. Reconnaissant d’une part les cellules immunitaires et d’autre part les cellules tumorales, ces anticorps font en sorte que les deux types de cellules se touchent afin que les premières détruisent les secondes.

Autre progression de taille : la mise au point d’un vaccin thérapeutique. Dans de nombreux cancers, la reproduction illimitée des tumeurs est liée à la télomérase, une enzyme que ce vaccin détecte et détruit en activant le système immunitaire. Une aubaine pour les cancers difficiles à traiter, comme celui du poumon, l’un des plus mortels dans le monde. Son innocuité, sa bonne tolérance et son efficacité ont été observées chez 80 % des patients atteints de cancer du poumon métastatique. Prochaine étape : démontrer ses performances sur les tumeurs du cerveau, le cancer du foie ou les cancers liés aux papillomavirus. Les essais cliniques sont en cours.

Enfin, notons des progrès dans le domaine du dépistage. On sait qu’un peu d’ADN de chacune de nos cellules circule dans notre sang. Des recherches ont montré que des modifications chimiques de l’ADN permettent de détecter de manière précoce une cinquantaine de cancers. Des tests sanguins sont en cours d’expérimentation aux États-Unis.

VIH, le traitement intermittent efficace

Améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et réduire les coûts médicaux sont deux enjeux majeurs. Selon le projet Quatuor, mené en collaboration avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), la prise de médicaments intermittente (quatre jours consécutifs, puis trois jours de pause), au lieu d’une quotidienne classique, se révèle tout aussi efficace pour supprimer la charge virale chez le porteur, et donc tout risque de transmission. L’observance, l’acceptabilité et la tolérance du traitement s’en trouvent accrues. Une annonce encourageante, alors que la lutte contre l’épidémie au niveau mondial est toujours de mise.

Drépanocytose et bêta-thalassémie : vers la thérapie génique

Ces deux maladies génétiques sanguines fréquentes se caractérisent par une baisse anormale du taux d’hémoglobine, réduisant l’espérance de vie. La seule option curative actuelle consiste à greffer des cellules de moelle osseuse issue de donneurs compatibles, ce dont peu de malades peuvent bénéficier. Une étude clinique de thérapie génique consistant à transplanter chez les patients leurs propres cellules souches de moelle osseuse génétiquement modifiées présente des résultats très prometteurs, qui se sont maintenus dans la durée. Chez les personnes bêta-thalassémiques, le taux d’hémoglobine est revenu à la normale, et a été corrigé pour deux tiers des personnes drépanocytaires.

Une lueur d’espoir pour les malades d’Alzheimer

Depuis de longues années, des chercheurs du monde entier sont dans la course pour trouver un traitement à cette affection neurodégénérative. Un tournant s’est produit avec la publication par The New England Journal of Medicine, en décembre dernier, des résultats d’un essai clinique mondial conduit sur dix-huit mois. Ceux-ci montrent l’efficacité d’un médicament expérimental, le Lecanemab : cet anticorps monoclonal ralentit la progression de la maladie d’environ 30 %, les meilleurs résultats jamais obtenus. Le déclin cognitif et fonctionnel des personnes traitées est beaucoup moins sévère que dans le groupe placebo. De plus, les images médicales mettent en évidence une forte régression des plaques amyloïdes, anomalies typiques de la maladie qui conduisent à la mort des neurones. Par ailleurs, une approche radicalement différente va être explorée par la Fondation Rothschild, à Paris. De récentes études ont démontré que les personnes souffrant de maladies inflammatoires chroniques (comme la polyarthrite rhumatoïde) présentent 60 % de risque supplémentaire de développer la maladie d’Alzheimer. Mais, quand elles sont traitées par un anti-inflammatoire de type anti-TNF alpha, ce taux de risque redevient identique à celui de la population générale. Partant de ce constat, la technique du doppler transcrânien va être employée pour ouvrir, de façon brève et indolore, par ultrason, la barrière hémato-encéphalique du patient, facilitant ainsi la pénétration de l’anti-TNF alpha, dont l’action sur l’inflammation du cerveau sera potentialisée. Atouts : la pratique du doppler transcrânien est maîtrisée de longue date, et le traitement à l’anti-TNF alpha est bien connu.

Des prothèses toujours plus high-tech

Dotées d’une technologie ultramoderne, elles ouvrent des perspectives inédites. Citons la prothèse destinée à remplacer un bras à la suite d’un accident, par exemple : en la « commandant » uniquement par la pensée, le détenteur peut bouger le bras et la main, saisir des objets, et éprouver en partie le toucher grâce à des électrodes connectées à des nerfs. Une prothèse de jambe, conçue en partie sur le même principe et aujourd’hui en cours d’essai clinique, permet au patient de marcher, tout en lui faisant ressentir le sol et ses aspérités pour prévenir les chutes. Enfin, une puce informatique pour rendre la vue aux personnes aveugles devrait être bientôt implantée dans le crâne des premiers volontaires, et plus précisément cousue dans la matière grise pour former des connexions avec les neurones. ■

De bons résultats pour le vaccin contre Ebola

De nombreux pays d’Afrique subsaharienne font régulièrement face à des flambées épidémiques de virus Ebola. Dans ce contexte, la vaccination est essentielle. Le consortium international PREVAC, regroupant des scientifiques de l’Inserm et d’institutions africaines, américaines et britanniques, a publié dans The New England Journal of Medicine les résultats d’un large essai clinique effectué en Afrique de l’Ouest, chez les adultes et les enfants : ils montrent la sûreté de trois schémas vaccinaux, leur bonne tolérance, et le maintien de la réponse immunitaire à douze mois.

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