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Le Cameroun veut lancer son « biochar »

Cofondé

notamment par un entrepreneur et un climatologue, NetZero capte le CO2 contenu dans les déchets agricoles pour le transformer en engrais.

La diversité des profils des cofondateurs de la start-up française NetZero est sans doute révélatrice des mutations du capitalisme à l’ère de l’urgence climatique : en 2021, l’entrepreneur camerounais Aimé Njiakin s’est en effet associé aux Français Axel Reinaud, qui a notamment collaboré au centre d’expertise financière du cabinet Boston Consulting Group (BCG), et Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Leur entreprise, NetZero, a été récompensée par un chèque de 1 million de dollars lors du concours XPRIZE Carbon Removal, organisé par la fondation d’Elon Musk. Elle a ensuite décroché le label « Efficient Solution », délivré par la Fondation Solar Impulse, pour son impact climatique jugé positif. Après trente années passées en France, Aimé Njiakin a en effet racheté l’usine de décorticage et de torréfaction de café abandonnée où travaillait jadis son père, à Nkongsamba (à environ 150 km au nord de Douala). Rebaptisée Synergie Nord Sud, elle récupère les rebuts agricoles des producteurs de café des environs, et notamment les parches (résidus du décorticage), afin de les valoriser : chauffés à haute température sans oxygène (un processus appelé « pyrolyse »), ces déchets végétaux trouvent une seconde vie en étant transformés en biochar. Contraction des termes anglais « biological » et « charcoal » (« charbon de bois biologique »), le biochar possède la faculté de concentrer le dioxyde de carbone (CO2) capté par les végétaux et de le séquestrer en l’empêchant de se répandre dans l’atmosphère.

CORRIGER L’ACIDITÉ DES SOLS

La fabrication de biochar est reconnue depuis 2018 par le GIEC comme l’une des solutions permettant de lutter contre le réchauffement climatique. L’usine Synergie Nord Sud a obtenu de l’organisme finlandais indépendant Puro.earth une certification lui permettant d’émettre des crédits carbone, revendus par le biais d’un partenariat avec BCG. Au niveau local, le biochar produit à Nkongsamba est ensuite utilisé comme engrais par les agriculteurs de la région, notamment les producteurs de café. Ce capteur de carbone permet notamment de corriger l’acidité des sols en milieu tropical. NetZero travaille avec des ingénieurs agronomes de l’université de Dschang afin d’évaluer l’impact du biochar sur les rendements des différentes cultures vivrières locales.

NetZero et Synergie Nord Sud prévoient de produire jusqu’à 2 000 tonnes de biochar par an à Synergie Nord Sud, où sont employées environ 50 personnes. Cette année, la start-up a pour projet de s’implanter au Brésil – là également près d’une usine de café –, puis envisage en 2024 d’ouvrir un nouveau site dans un autre pays africain, pour le moment non précisé. Selon le cabinet Rystad Energy, le marché de la captation carbone devrait quadrupler d’ici à 2025 pour atteindre 50 milliards de dollars par an. ■

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