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La faillite de FTX impacte le continent

L’effondrement de la plate-forme américaine d’échange de cryptomonnaies a affecté ses clients africains et fait plonger le cours du bitcoin.

Le 11 novembre dernier, FTX, deuxième plate-forme la plus importante du secteur des cryptomonnaies, se déclarait en faillite, accusant une perte de 30 milliards de dollars en une semaine. Les autorités financières américaines reprochent au groupe le détournement de 8 milliards de dollars, appartenant à environ 1 million de déposants : son fondateur, Sam Bankman-Fried, et plusieurs de ses collaborateurs auraient utilisé l’argent de leurs clients pour spéculer par le biais de leur société Alameda Research, investir dans l’immobilier aux Bahamas (où l’entreprise avait ses bureaux), et faire des donations au Parti démocrate.

Beaucoup de leurs clients n’ont pas pu retirer leurs fonds avant la banqueroute, et leurs placements ont été bloqués, sinon perdus… Trois jours après le krach, le PDG de la start-up nigériane Nestcoin, Yele Bademosi, annonçait sur Twitter que son entreprise était « contrainte de licencier », ayant « conservé [ses] actifs chez FTX pour gérer [ses] dépenses opérationnelles », et se trouvant dès lors dans l’impossibilité de les récupérer. Des particuliers sont également affectés : un jeune artiste zimbabwéen, Liam Vries, a par exemple raconté au journal britannique The Times, le 23 novembre dernier, avoir placé chez FTX environ 2 260 dollars, désormais « gelés et inaccessibles » :

« Je crois que j’aurais dû mieux m’informer avant d’investir », a-t-il admis. Le site Afrique IT News évalue à 100 000 les victimes africaines de cette débâcle. Ce groupe connaissait en effet un certain succès sur le continent, où les cryptomonnaies séduisent, car se présentant comme une solution aux problèmes liés aux transferts internationaux d’argent liquide, aux monnaies nationales volatiles et à la faible bancarisation de nombreux habitants. Peu avant sa faillite, la plate-forme avait envisagé d’ouvrir un bureau au Nigeria. En mars 2022, elle avait même signé un partenariat avec la société sud-africaine AZA Finance.

Sa PDG, Elisabeth Rossiello, a tenu à préciser que FTX n’était que client de son entreprise, qui ne serait donc nullement affecté par la banqueroute. La République centrafricaine, seul État au monde avec le Salvador à avoir adopté le bitcoin comme monnaie légale [voir Afrique Magazine n° 430], est indirectement impactée par ce krach : en décembre, Bangui annonçait le report de la cotation du sango, le jeton centrafricain de cryptomonnaie, invoquant « les conditions actuelles du marché ». Le cours du bitcoin s’effondre : après avoir culminé à 69 000 dollars fin 2021, il était, début janvier 2023, à moins de 16 000 dollars…

Extradé des Bahamas, Sam Bankman-Fried est accusé de huit chefs d’inculpation, dont « fraude » et « association de malfaiteurs ». Le 3 janvier, il a plaidé non-coupable devant un tribunal fédéral de New York. Le paiement d’une caution de 237 millions de dollars lui a évité l’incarcération. Placé en résidence surveillée chez ses parents, il attend son procès, prévu en octobre. Le milliardaire déchu, âgé de 30 ans, pourrait finir sa vie en prison. ■

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