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EN TERRAIN MINÉ
Le traumatisme d’une guerre oubliée, sur trois générations de femmes… Un DESSIN ANIMÉ D’UNE GRANDE PUISSANCE.
COMMENT RACONTER une guerre qui a duré plus d’un quart de siècle, tué plus de 1 million de personnes, et laissé des millions de mines antipersonnel, qui continuent à exploser chaque année ? Une pièce de théâtre, deux voyages en Angola, cinq ans de recherches et de rencontres plus tard, voici le résultat proposé par José Miguel Ribeiro, sous la forme détonante d’un dessin animé aux couleurs puissantes, tirant sur le noir et l’hémoglobine… mais laissant entrevoir une certaine poésie et de superbes paysages. On suit trois personnages : d’abord une jeune femme à la recherche de son mari disparu dans la guerre civile qui déchire son pays, au lendemain d’une guerre d’indépendance déjà sanglante. Elle se retrouve plongée au cœur des combats, tour à tour prisonnière et meurtrière malgré elle, jusque dans le désert du Namib. Vingt ans plus tard, on découvre sa fille, rappeuse à la langue bien pendue, dans la Luanda à peine pacifiée des années 2010, ainsi que sa mère, fataliste et devenue obèse, comme pour amortir les coups du sort. Trois générations d’une même famille, trois regards de femmes qui permettent de s’immerger dans les traumas de la violence d’une guerre oubliée, et dont la portée universelle résonne aujourd’hui, de l’Ukraine au Nord-Kivu, du Yémen au Soudan du Sud… La richesse esthétique du film est soulignée par la musique angolaise, de David Zé à Bonga et son tube « Sodade », mythique chanson de l’Afrique lusophone, popularisée vingt-cinq ans avant Cesaria Evora. Avec toute la tristesse de la séparation qui suinte de ce court mot portugais… ■ J.-M.C.