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ADJIM DANNGAR

Le dessinateur et auteur tchadien signe la SUPERBE

BD Djarabane : l’histoire d’un artiste débutant dans un pays en guerre, sous la dictature.

AM : Que raconte le tome 1 de votre bande dessinée ?

Adjim Danngar : « Djarabane » signifie « Que faire ? » en sara. Le premier tome narre le parcours de Kandji, qui rêve de devenir artiste peintre, de son enfance à Sarh, dans le sud du Tchad, jusqu’à son adolescence à N’Djamena. L’histoire débute en 1984 : en guerre contre la Libye, le pays est dirigé par Hissène Habré. Son règne, qui a duré huit ans, a été marqué par la terreur, des répressions, des crimes de masse, des enlèvements… Il sera condamné pour crimes contre l’humanité en 2016. Mon personnage traverse, ressent ce contexte politique, social, historique, économique. Malgré cette violence et les difficultés, il s’accroche à ses rêves, se construit, s’émerveille devant la beauté des tableaux de peinture. Il résiste. J’ai puisé dans mes souvenirs, insufflé des éléments autobiographiques, mais Djarabane est une fiction. De quelle façon êtes-vous devenu dessinateur ?

Autodidacte, je dessine depuis l’enfance. Je recopiais les vignettes des bandes dessinées : Tintin, Astérix, Lucky Luke… Et croquais ma famille. Au collège, j’ai imaginé l’histoire d’un superhéros africain qui vainquait les dictateurs. À 17 ans, j’ai intégré L’Atelier Bulles du Chari, où j’y ai appris le b.a.-ba du scénario. Je publiais dans la presse des dessins satiriques pleins de colère – j’exècre la politique de mon pays – et voulais soulever des montagnes. Je suis arrivé en France en 2004, où je vis désormais. Comment travaillez-vous ?

Il faut trouver l’équilibre entre le dessin et le texte, qui se complètent, influent l’un sur l’autre. Ma joie est de chercher la beauté graphique. Mon synopsis de départ évolue, rien n’est définitif. J’effectue les dessins à l’encre de Chine, les zones colorées aux crayons et à l’aquarelle, et les séquences de rêves avec des papiers découpés. Je voyage avec plaisir entre ces différentes techniques. ■ Propos recueillis par Astrid Krivian

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