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Bee Joe, le « papa »
Il est des hommes qui inspirent le respect. Bee Joe, alias Joseph Baffrou, est un pionnier en Côte d’Ivoire, fondateur en 2013 du premier grand collectif, Au nom du slam, et président de la Fédération ivoirienne de slam. On ne l’imagine pas comptable et marketeur (il est sorti d’un lycée d’excellence, celui de Yamoussoukro), mais Bee Joe a travaillé pendant quatorze ans pour les grandes entreprises Unilever et Agrisud. Depuis 1990, cet amoureux des mots écrit : « Entre chanson, rap, et poésie », explique-t-il. Et aime partager ses textes avec ses amis. En 2011, invité par-ci par-là, il arrête de travailler pour se consacrer au slam, essentiellement dans un cercle universitaire.
« Je travaillais sur la matière humaine, le quotidien des gens. J’écrivais sur l’espoir de s’en sortir en dépit des difficultés. » Il se souvient de la date de son premier spectacle, à La Case des arts, à Abidjan : le 25 mai 2013. Il y propose 20 titres. Puis enchaîne dans des salles réputées : l’Acoustique, le Stand Up (qui n’existe plus), l’Institut Goethe… Comme tous les slameurs, il souligne le rôle majeur joué par cette institution allemande dans le développement de ce jeune art dans le pays.
En décembre 2013, il a connaissance d’une compétition internationale qui se déplace dans une dizaine de grandes capitales africaines. Il s’inscrit, décroche une place en finale et remporte le prix spécial du jury. Avec les 10 finalistes, il constitue le collectif Au nom du slam, dont il prend la première présidence. La même semaine, l’organisateur du Festival international de slam et humour du Mali, Aziz Siten’K, qui se trouve dans la salle où se joue la finale, l’invite. C’est sa première sortie internationale. Elle sera suivie de beaucoup d’autres : Durban (2014), Bamako (2015), Niamey (2015 et 2016), puis N’Djaména, Dakar, Conakry, etc. Cela ne s’arrêtera plus. Avec son collectif, ils sortent l’album Au nom du slam en 2015, et écrivent le texte inaugural des Jeux de la francophonie de 2017, qui se déroulent à Abidjan.
Bee Joe a une âme de passeur. Beaucoup de jeunes slameurs ivoiriens se réfèrent à lui, car il en a encouragé, rassuré et lancé sur scène un certain nombre. Et d’aucuns continuent de lui demander conseil quand ils peinent sur l’écriture d’un texte. De son côté, il poursuit son chemin, travaille sur ses projets personnels. Avec l’Institut français de Côte d’Ivoire, il développe le concept « Un livre, un slam » consistant à écrire un texte à partir d’un ouvrage choisi, sur des thématiques données (immigration, éducation, environnement, violences faites aux femmes, etc.). Bee Joe prépare également son premier album ainsi qu’un livre, toujours en lien avec sa pratique artistique. L’année 2023 le « trouvera » (en bon français ivoirien) en studio et en librairie… ■