AM Hors-série

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ORGANISATION UN GRAND EFFORT NATIONAL

INTERVIEWS ELLES ET ILS VOUS PARLENT DU SPORT ET DU PAYS

Traveler Guide LA VIBE, LES SPOTS ET LES BONNES ADRESSES

DÉCEMBRE 2023 JANVIER 2024

COMPÉTITION LES FAVORIS, LES OUTSIDERS ET LES AUTRES

HORS-SÉRIE

LA CÔTE D’IVOIRE ACCUEILLE LA CAN Le pays est fin prêt. Cinq villes hôtes (Abidjan, Bouaké, Yamoussoukro, San-Pédro, Korhogo),, 24 équipes et 52 matchs du 13 janvier au 11 février. Bienvenue à la 34e Coupe d’Afrique des nations, l'événement football incontournable!

Le pont de Cocody et, derrière, le Félicia de nuit.

L 13978 - 16 H - F: 5,90 € - RD F r a n c e 5 ,9 0 € – A f r i q u e d u S u d 4 9,9 5 r a n d s ( t a x e s i n c l .) – A l g é r i e 3 2 0 DA – A l l e m a g n e 6 ,9 0 € A u t r i c h e 6 ,9 0 € – B e l g i q u e 6 ,9 0 € – C a n a d a 9,9 9 $ C – D O M 6 ,9 0 € – E s p a g n e 6 ,9 0 € – É t a t s - U n i s 8 ,9 9 $ G r è c e 6 ,9 0 € – I t a l i e 6 ,9 0 € – L u x e m b o u r g 6 ,9 0 € – M a r o c 3 9 D H – P a y s - B a s 6 ,9 0 € – P o r t u g a l c o n t . 6 ,9 0 € R o y a u m e - U n i 5 , 5 0 £ – S u i s s e 8 ,9 0 F S – T O M 9 9 0 F C F P – Tu n i s i e 7, 5 0 D T – Z o n e C F A 3 5 0 0 F C F A I S S N 0 9 9 8 - 9 3 0 7 X 0



édito PAR ZYAD LIMAM

QUE LA FÊTE COMMENCE! Bienvenue, donc, à cette 34e Coupe d’Afrique des nations. Du 13 janvier, match d’ouverture, au 11 février, jour de grande finale. Bienvenue dans les villes hôtes, à Abidjan, la perle des lagunes, à San-Pédro, entre le port et les plages, à Yamoussoukro, sur les terres d’Houphouët-Boigny, à Bouaké, entre le nord et le sud, et à Korhogo, la perle du Sahel. Avec «Babi», Abidjan, comme porte d’entrée, mégalopole de plus de 5 millions d’habitants, industrieuse, survitaminée, en chantier permanent, musicale, et nuiteuse aussi. Bienvenue en Côte d’Ivoire, un pays carrefour, un pays à la fois métis et ancré dans ses traditions, comptant près de 30 millions d’habitants. Une nation sur le chemin de l’émergence, la première puissance économique de l’UEMOA et la neuvième à l’échelle du continent. Depuis 2011, et l’arrivée du président Alassane Ouattara, le pays est en croissance rapide. Soucieux de transformation, de modernisation, d’adaptation. Il faut rattraper le temps perdu, construire l’avenir, désenclaver, absorber la croissance démographique, s’engager dans l’éducation, la formation et les opportunités pour la jeunesse, en particulier pour les jeunes filles. Relever les défis multiples du développement, tout en se démocratisant pas à pas et en assurant la sécurité dans une région troublée. Cette CAN sera certainement particulière. Peut-être plus « africaine », justement, que d’habitude. Avec 24 équipes, une bonne partie du continent est représentée – dont, et surtout, de nombreux pays voisins, le Mali, la Guinée, le Burkina, le Ghana… Il y aura du monde et de l’ambiance pour «la meilleure des CAN jamais organisées», moins de stades dépeuplés. Et puis, le prestige du pays est en jeu. C’est la première fois que la Côte d’Ivoire accueille un événement de cette taille et de cette complexité, avec autant de monde et des matchs diffusés aux quatre coins de la planète. Une visibilité majeure. Et des retombées en matière d’image de marque, de soft power, d’investissements, de tourisme, etc. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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24 équipes pour un titre. De grandes stars présentes (sauf pépin de dernière minute): entre autres, Riyad Mahrez, Sadio Mané, Mohamed Salah, Victor Osimhen, Yassine Bounou, etc. Douze pays anciens vainqueurs du trophée, dont le Sénégal, champion en titre, tenteront à nouveau d’inscrire la coupe à leur palmarès. Des outsiders pourraient certainement venir déranger tous les pronostics. Cette 34e CAN sera probablement particulièrement exigeante sur le terrain, à l’image de la dernière Coupe du monde au Qatar, avec ses multiples rebondissements. Une Coupe du monde qui a montré la progression du football africain, notamment la formidable épopée du Maroc, demi-finaliste de la compétition. Évidemment, les Ivoiriens seront derrière leur onze national, les Éléphants, à la recherche de leur troisième titre (vainqueurs en 1992 et en 2015). L’équipe est héritière de grands noms, mais elle se cherche depuis quelques années. En entrant dans ses stades fétiches, tout est possible, et surtout, aussi, si l’on joue avec un ballon officiel de la CAN nommé Pokou, du nom du célèbre Laurent Pokou, première grande gloire du football ivoirien. Les supporters, eux, sont à fond: ce qu’ils veulent, c’est avant tout être à la hauteur de l’événement. Et après, que le meilleur gagne! Cette Coupe d’Afrique des nations, tout de même, elle a de la résistance, de l’endurance, de la continuité. Malgré les critiques, les obstacles, les difficultés d’organisation, les crises économiques, elle existe ! Le premier tournoi a eu lieu à Khartoum en 1957… il y a 66 ans! Il se joue plus ou moins tous les deux ans depuis 1968, en basculant au fil du temps entre années paires et impaires. On est passés de 4 équipes à 6, à 8, à 12, à 16, puis à 24. Après la Côte d’Ivoire, on se retrouvera au Maroc en 2025, avant un long voyage (sauf changement d’ici là) jusqu’à 2027, en Ouganda, Tanzanie, Kenya. Et elle s’est imposée dans le calendrier mondial du sport roi. Maintenant, que la fête commence! ■ 3




DÉCEMBRE 2023 - JANVIER 2024

UN HORS-SÉRIE ÉDITO Que la fête commence!

par Zyad Limam

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DES GRANDS ANGLES ET DES IMAGES POUR VOUS RACONTER

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Une économie en compétition

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François Albert Amichia: «Aucun match ne se disputera devant des gradins vides!»

MELTING-POT

LES GENS, LES LIEUX, LES SONS ET LES COULEURS

par Emmanuelle Pontié

par Philippe Di Nacera

propos recueillis par Emmanuelle Pontié

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Drogba, l'incontournable 130 POUR CONCLURE Des stades pleins!

TEMPS FORTS La longue marche vers la coupe

par Zyad Limam avec Dominique Mobioh Ezoua

ZOOM

par Zyad Limam

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Françoise Remarck: «Célébrer notre diversité et notre richesse» propos recueillis par Philippe Di Nacera

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24 équipes pour un trophée par Pierre René-Worms

P.86 P.22

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P.40

HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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JANVIER 2024

ISSOUF SANOGO/AFP - PRÉSIDENCE CI - NABIL ZORKOT

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FONDÉ EN 1983 (40e ANNÉE) 31, RUE POUSSIN – 75016 PARIS – FRANCE Tél.: (33) 1 53 84 41 81 – Fax: (33) 1 53 84 41 93 redaction@afriquemagazine.com Zyad Limam DIRECTEUR DE LA PUBLICATION DIRECTEUR DE LA RÉDACTION zlimam@afriquemagazine.com Assisté de Laurence Limousin

llimousin@afriquemagazine.com RÉDACTION Emmanuelle Pontié DIRECTRICE ADJOINTE DE LA RÉDACTION epontie@afriquemagazine.com

P.60 70

Isabella Meomartini DIRECTRICE ARTISTIQUE imeomartini@afriquemagazine.com

Yacine Idriss Diallo: «Nous sommes gonflés à bloc et déterminés»

Camille Lefèvre PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION sr@afriquemagazine.com

propos recueillis par Philippe Di Nacera

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Amanda Rougier PHOTO arougier@afriquemagazine.com

Le City Tour

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO

par Jihane Zorkot

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Cinq villes, six stades

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Jacques Anouma: «Nous allons être à la hauteur de l'événement»

Philippe Di Nacera, Aurore Hennion, Élise Lejeune, Dominique Mobioh Ezoua, Pierre René-Worms, Jihane Zorkot.

par Dominique Mobioh Ezoua

VENTES EXPORT Laurent Boin TÉL.: (33) 6 87 31 88 65 FRANCE Destination Media 66, rue des Cévennes - 75015 Paris TÉL.: (33)1 56 82 12 00

propos recueillis par Dominique Mobioh Ezoua

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Joseph-Antoine Bell: Dans la lucarne!

ABONNEMENTS ABONN’ESCIENT – TBS GROUP 20, rue Rouget de Lisle 92130 Issy-les-Moulineaux Tél.: (33) 1 40 94 22 22 Fax: (33) 1 40 94 22 32 afriquemagazine@cometcom.fr

propos recueillis par Pierre René-Worms

propos recueillis par Dominique Mobioh Ezoua

102 Un ballon pour chacune

P.50 COMPÉTITION LES FAVORIS, LES OUTSIDERS ET LES AUTRES

par Dominique Mobioh Ezoua

106 Prendre les chemins de traverse 113 LE TRAVELER GUIDE

INTERVIEWS ELLES ET ILS VOUS PARLENT DU SPORT ET DU PAYS

Travel Guide

LA VIBE, LES SPOTS ET LES BONNES ADRESSES

par les voyageurs de la rédaction

Le pays est fin prêt. Cinq villes hôtes (Abidjan, Bouaké, Yamoussoukro, San-Pédro, Korhogo),, 24 équipes et 52 matchs du 13 janvier au 11 février. Bienvenue à la 34e Coupe d’Afrique des nations, l'événement football incontournable!

ANNONCEURS Teyliom Waterfront p. 2 – AICI p. 4-5 – COCAN p. 18-21 – CEPICI p. 25 – Children of Africa p. 31 – SIFCA p. 33 – Teyliom Properties p. 38-39 – Port autonome d'Abidjan p. 45 – IDT p. 84-85 – Mangalis Hotel Group p. 125 – ANAH p. 131 – TotalEnergies p. 132.

PHOTO DE COUVERTURE: NABIL ZORKOT - SHUTTERSTOCK

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JANVIER 2024

AFRIQUE MAGAZINE EST UN MENSUEL ÉDITÉ PAR

Photogravure: Philippe Martin Imprimeur: Léonce Deprez, ZI, Secteur du Moulin, 62620 Ruitz. Commission paritaire: 0224 D 85602. Dépôt légal: décembre 2023.

Le pont de Cocody et, derrière, le Félicia de nuit.

L 13978 - 16 H - F: 5,90 € - RD F r a n c e 5 ,9 0 € – A f r i q u e d u S u d 49,9 5 r a n d s (t a x e s i n c l .) – A l g é r i e 32 0 DA – A l l e m a g n e 6 ,9 0 € A u t r i c h e 6 ,9 0 € – B e l g i q u e 6 ,9 0 € – C a n a d a 9,9 9 $ C – D O M 6 ,9 0 € – E s p a g n e 6 ,9 0 € – É t a t s - U n i s 8 ,9 9 $ G r è c e 6 ,9 0 € – I t a l i e 6 ,9 0 € – L u x e m b o u r g 6 ,9 0 € – M a r o c 3 9 D H – P a y s - B a s 6 ,9 0 € – P o r t u g a l c o n t . 6 ,9 0 € R o y a u m e - U n i 5 , 5 0 £ – S u i s s e 8 ,9 0 F S – T O M 9 9 0 F C F P – Tu n i s i e 7, 5 0 D T – Z o n e C FA 3 5 0 0 F C F A I S S N 0 9 9 8 - 9 3 0 7 X 0

regie@afriquemagazine.com AM International 31, rue Poussin - 75016 Paris Tél.: (33)1 53 84 41 81 Fax: (33)1 53 84 41 93

31, rue Poussin - 75016 Paris. SAS au capital de 768200 euros. PRÉSIDENT : Zyad Limam.

LA CÔTE D’IVOIRE ACCUEILLE LA CAN

LE VOYAGE, LES SPOTS, LES GENS!

DR - NABIL ZORKOT

ORGANISATION UN GRAND EFFORT NATIONAL

HORS-SÉRIE

par Jihane Zorkot

HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

COMMUNICATION ET PUBLICITÉ

DÉCEMBRE 2023 JANVIER 2024

100 Mariam Dao Gabala: «Nous avons la capacité de réhumaniser ce milieu»

La rédaction n’est pas responsable des textes et des photos reçus. Les indications de marque et les adresses figurant dans les pages rédactionnelles sont données à titre d’information, sans aucun but publicitaire. La reproduction, même partielle, des articles et illustrations pris dans Afrique Magazine est strictement interdite, sauf accord de la rédaction. © Afrique Magazine 2023.

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ZOOM Des grands angles et des images pour vous raconter présenté par Zyad Limam

ABIDJAN, BIG CITY! sur la région, sur le continent et sur le monde. Un melting-pot assez phénoménal de langues, de cultures, une ville métisse d’entrepreneurs, d’artistes et de pirates à la recherche de la

fortune, aussi. Une des rares cités afro globales du continent. Comme toutes les grandes métropoles émergentes, Abidjan fait face à d’immenses défis. Elle n’échappe pas à la pollution,

Le 5e pont, inauguré le 12 août, relie Cocody au quartier du Plateau.

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NABIL ZORKOT

C’EST LA PORTE D’ENTRÉE. Incontournable. La capitale économique, avec près de 7 millions d’habitants, née de l’histoire coloniale, est devenue une métropole, nuit et jour ouverte


aux inégalités, aux quartiers spontanés, à l’impératif de la mobilité, aux besoins permanents d’infrastructures, à la nécessité de se déconcentrer. Et il faut tenir compte des effets durables

HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

du changement climatique, de la fragilité de l’environnement, de la poussée démographique. Mais ici, tout le monde y croit. Ici, c’est la ville. Ici, c’est Babi! Le chantier est permanent, en

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particulier pour accueillir la CAN, mais pour préparer demain. Là, au bord des lagunes, entre les tours et les ponts, avec les nantis et les déshérités, s’écrit une page du futur urbain de l’Afrique.

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ZOOM

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PAUL LEMAIRE/SAIF IMAGES

LA TERRE DU CACAO

Un entrepôt d’une coopérative de Man.

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ICI, C’EST LE ROYAUME DE LA FÈVE, de l’or brun, de la fameuse cabosse. Le pays est le premier producteur mondial de cacao, avec près de 2 millions de tonnes annuelles, soit 45% de la production mondiale. 600 000 planteurs sont à la manœuvre, et un quart de la population vit, directement ou non, de ce fruit. C’est la richesse du pays, mais c’est une richesse fragile. Le fonctionnement du marché mondial, avec des achats à terme (avant la récolte), ne favorise pas le producteur. Les planteurs, acteurs essentiels, sont au bout d’une chaîne largement dominée par les grands traders et les géants américains et européens du chocolat, qui engrangent une trop grande part des bénéfices. Les conditions météorologiques peuvent jouer sur les récoltes, comme cette année. Et le changement climatique affecte les rendements. Mais la Côte d’Ivoire est bien décidée à garder sa place de numéro 1 et à remonter la pente ardue de l’échelle de valeurs de la filière. En protégeant les sols, en favorisant l’agroforesterie et en incitant les industriels à s’investir dans la transformation locale de la fève. 11


ZOOM

COMME UN PEU PARTOUT EN AFRIQUE, la jeunesse ivoirienne compte. Elle est l’avenir et le présent de la nation. 75% des Ivoiriens et des Ivoiriennes ont moins de 35 ans. 45% ont moins de 15 ans. La perspective démographique est toujours puissante. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire compte près de 27 millions d’habitants. En 2050, on évoque une population de 50 millions d’habitants. L’impact socio-économique de ces chiffres est considérable. La Côte d’Ivoire, pays quasi émergent, doit rattraper son retard dans l’éducation et la formation. Faire entrer dans le système un nombre croissant d’enfants. Investir dans la qualité. Protéger particulièrement les jeunes filles pour qu’elles restent sur les bancs de l’école. Il faut s’assurer du maillage universitaire du pays (nombre d’établissements ont été construits ou rénovés depuis 2011). Et construire pas à pas une économie capable de fournir des emplois à tous et à toutes. C’est un véritable enjeu stratégique. Et 2023 a été déclarée année de la jeunesse par le président Alassane Ouattara! 12

JIHANE ZORKOT POUR AM

LE POUVOIR JEUNE

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L’éducation demeure un enjeu majeur pour le pays, qui entreprend depuis 2011 des travaux de réhabilitation colossaux de ses universités.

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ZOOM

PETIT À PETIT, ON PARLE D’ART, en particulier d’art contemporain. La Côte d’Ivoire s’impose comme l’un des marchés émergents africains de la création. La ville d’Abidjan, accessible, s’y prête, avec son altérité et son ouverture. Aux côtés de la croissance, il y a du capital, prêt à s’investir, des collectionneurs, des acheteurs. Le mélange entre tradition et urbanité contemporaine débridée

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est détonnant, générateur de créativité et d’audace. De jeunes artistes suivent les traces de leurs illustres aînés, comme Ouattara Watts, Ernest Dükü, Jems Koko Bi, Francois-Xavier Gbré, le designer Jean Servais Somian… Le phénomène Aboudia, ou bien Jacobleu, pur produit de l’école des Beaux-Arts, sont des artistes réellement made in Côte d’Ivoire. Des galeristes

passionnés investissent, soucieux de structurer un marché encore juvénile, et en particulier porté par des femmes, comme Cécile Fakhoury, Illa Donwahi ou Simone Guirandou. Bref, ça bouge. Et ça imagine. On aimerait que la cité accueille un jour une grande foire de stature internationale. Et l’on parle d’un projet de musée pour les années à venir. Tout est possible!

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ISSAM ZEJLY

LE TEMPS DE L’ART


L’exposition Vestiges de la Mé, Mé, par Jems Koko Bi, à la galerie Cécile Fakhoury, à Abidjan.

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NABIL ZORKOT POUR AM

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GRANDS LARGES ET IL Y A AUSSI LE TOURISME. La Côte d’Ivoire cherche à mieux exploiter un potentiel réel, même s’il faut faire parfois avec une saison des pluies très généreuse. Les visiteurs connaissent tous Assinie, cette station balnéaire ultrachic à deux heures d’Abidjan. Ou encore les plages de San-Pédro et la fameuse Baie des sirènes. D’une frontière (Ghana) à l’autre (Liberia), on peut compter plus de 500 kilomètres de littoral, de sables fins, d’écosystèmes lagunaires aussi fragiles qu’uniques au monde. Au-delà de ses rivages, le pays est à découvrir et à redécouvrir, y compris pour les Ivoiriens: parcs nationaux, paysages de forêts et de savanes, identités locales puissantes, sans oublier Yamoussoukro et sa célèbre basilique. Un voyage en Côte d’Ivoire, c’est un peu un voyage dans toutes les Afrique! ■

La très huppée station balnéaire d’Assinie accueille touristes et locaux avides de dépaysement.

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DU 13 JANVIER AU 11 FÉVRIER 2024

“AKWABA” AU PAYS DE L’HOSPITALITÉ

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éputée pour sa diversité sité culturelle, cultu ll sa riche histoire ett son dynamisme économique, la Côte d’Ivoire est le foyer de plus de 60 groupes ethniques, chacun contribuant à sa mosaïque culturelle unique. La nation ivoirienne, qui a entamé depuis les années 2000 une marche résolue vers le progrès, est entrée dans une période de renouveau. Avec des infrastructures à la pointe de la technologie et un développement avéré de son capital humain, la nation se distingue aujourd’hui par sa croissance économique soutenue, et par son économie classée parmi les plus prospères de la région ouest-africaine. C’est cette Côte d’Ivoire, solidaire et résolument engagée sur la voie du développement, qui s’est parée de ses plus beaux atours pour accueillir toute l’Afrique.

Perle des lagunes et hub économique d’Afrique Afrique d de l’Ouest : les 27,48 millions d’habitants d’h de la belle nation accueillent l’un des événements sportifs les plus tio prestigieux et les plus attendus du continent africain, à savoir la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en 2023. Bien plus qu’un tournoi de football, c’est un moment de célébration, d’unité et de fierté pour toute une nation. Le Comité d’organisation de la CAN (COCAN) en Côte d’Ivoire, présidé par le ministre François Albert Amichia, est chargé de planifier, d’organiser et d’œuvrer à la réussite de cet événement d’envergure mondiale. Le COCAN traduit la vision du gouvernement ivoirien et travaille en étroite collaboration avec les partenaires internationaux et la population locale pour faire de la CAN 2023 une réussite inoubliable. Placée sous le thème: « La CAN de l’hospitalité », la compétition met en n avant lengagement l’ de la Côte te d d’Ivoi Ivoire à offrir un accueil chaleureux et la tolérance envers tous, quelle que soit leur origine. La compétition rassemblera non seulement les Ivoiriens, mais aussi les peuples d’Afrique et du monde entier. Akwaba, bienvenue en Côte d’Ivoire !

5 villles, 6 stades, 24 4 nations pour célébrer less valeurs du football!l!

DR

La Côte d’Ivoire d Ivoire e acccueille i la 34 édition de la CAN


LE COCAN, CHEVILLE OUVRIÈRE DE L’ORGANISATION DE LA CAN 2023

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© COCAN

u cours de la dernière décennie, la Côte d’Ivoire a réalisé des progrès significatifss en matière matiè d de stabilitéé politiq politique et de sécurité, instaurant ainsi i un environnement propice à l’organisation de la CAN TotalEnergies 2023. Le pays a également consenti d’importants investissements dans la construction et la rénovation d’infrastructures sportives, de voies d’accès et de lieux d’hébergement, afin de garantir des conditions optimales d’accueil pour les équipes, les officiels et les fans. La Côte d’Ivoire, nation riche d’une histoire sportive glorieuse et d’une population animée par une ferveur inégalée pour le jeu, se tient prête à recevoir et à offrir une expérience inoubliable à tous ceux qui participeront à cet événement historique.

Le Comité d’organisation n de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN) 2023 remplit un rôle essentiel dans la préparation et la rééalisation de cette compétition majeure. Depuis sa crréation en 2018 par décret du président de la Républiq que, sur proposition de la Fédération ivoirienne de fo ootball (FIF) et du ministère des Sports, sa mission est de coordonner les différents aspects liés à l’organisattion de la CAN 2023, en veillant à ce que l’événement sse déroule sans heurts et réponde aux normes qualitativves fixées par la CAF. Le COCAN supervise la constructtion et la rénovation des infrastructures sportives, assure re la coordination logistique, q , ll’accueil accueil des d parties prenantes et la médiatisation de la compétition, en partenariat avec des entités nationales et internationales.

Entités organisatrices de la CAN 2023 L’organisation de la CAN 2023 repose sur une collaboration étroite entre plusieurs entités clés, chacune occupant un rôle spécifique dans la préparation et la réalisation de l’événement. Outre le COCAN, on compte la Confédération africaine de football (CAF), propriétaire de la compétition, la Fédération ivoirienne de football (FIF), le ministère des Sports et l’Office national des sports (ONS). Chaque entité possède des responsabilités distinctes, allant de la construction des installations sportives à la promotion de l’événement vénement à l’échelle internationale onale. Le Comité C d’organisation de Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire (COla C CAN) 2023 est l’entité centrale chargée de mettre en place toute l’organisation de la compétition. Interface de la CAF, le COCAN comprend onze membres : un président, un vice-président, huit présidents de commissions techniques et deux présidents de commission ad hoc. Le comité est également doté d’une direction exécutive, véritable cheville ouvrière de l’organisation, et d’une direction administrative et financière. Placé sous l’autorité du Premier ministre, le COCAN est présidé depuis 2021 par l’ex-ministre des Sports et Loisirs François Albert Amichia. •••

Présentation des plans de stades au président du COCAN, M. François Albert Amichia, lors d’une séance de travail.

PUBLIREPORTAGE




MELTING-POT

FRANCK SEGUIN/L’ÉQUIPE

Les gens, les lieux , les sons et les couleurs

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Drogba

ICÔNE

Zinédine Zidane et Didier Drogba, maître de cérémonie, lors de la remise des prix du Ballon d’Or, à Paris, le 17 octobre 2022.

l’incontournable

Ancienne gloire du FOOTBALL MONDIAL, admiré de tous, la FIF lui a taillé un rôle sur-mesure pour la CAN. PAS DE CAN sans Drogba! Ce dernier commune populaire d’Abidjan, Drogba a échoué en avril 2022 à conquérir la est considéré comme l’un des meilleurs présidence de la Fédération ivoirienne joueurs africains de tous les temps et de football (FIF), malgré son statut l’un des plus grands attaquants de sa envié de star absolue du ballon rond, génération. Il totalise 360 buts, marqués mais il ne pouvait rester éloigné plus en clubs et avec les Éléphants, en longtemps des sphères footballistiques, vingt ans de carrière professionnelle. à l’approche de la CAN 2023. Ce Celui qui est parvenu à conduire rapprochement s’est produit à l’initiative trois fois l’équipe nationale ivoirienne des instances dirigeantes de la FIF, jusqu’aux phases finales de la Coupe qui ont voulu capitaliser sur l’image, du monde a très tôt quitté le pays pour la popularité et le prestige de la se former en France (Dunkerque, célébrité. Il compte en effet parmi les Tourcoing, Levallois-Perret, Le Mans). personnalités préférées des Ivoiriens et L’avant-centre commence sa carrière a été le capitaine le plus marquant des professionnelle en 1998 au Mans, avant Éléphants. En le nommant ambassadeur de rejoindre Guingamp en première du football ivoirien en division en 2002, puis Pas de CAN sans juin 2023, aux côtés de l’Olympique de Marseille lui : les symboles deux autres anciennes en 2003, où il dispute gloires de ce sport, Yaya comptent quand ses premières rencontres tout un peuple Touré et Gadji Celi, européennes. Sa carrière vainqueurs respectifs explose. Il imprime sa se mobilise pour de la CAN 1992 et 2015, un événement marque dans le club Yacine Idriss Diallo, d’une telle envergure. phocéen. Au grand dam président de la FIF, a des supporters, celui réalisé un joli coup: donner un rôle, que l’on considère déjà comme un futur même symbolique, à son ancien rival grand du football ne reste qu’un an à dans la course à la présidence de la l’OM, attiré par les sirènes d’Angleterre. FIF, avant l’organisation de la Coupe Il ne résiste pas à l’appel du mythique d’Afrique des nations. Les symboles entraîneur portugais José Mourinho, comptent quand tout un peuple se qui vient de prendre les rênes de mobilise pour un événement d’une Chelsea. Un choix gagnant. Pendant telle envergure. Né à Yopougon, une huit ans (de 2004 à 2012), Didier 23


zones rurales. Le droit à l’éducation et la jeunesse, la santé et l’amélioration de la place des femmes dans la société sont ses priorités, en phase avec les objectifs de développement durable des Nations unies. Elle intervient surtout en appui aux initiatives locales visant à l’amélioration des conditions de vie des plus vulnérables. Depuis l’élargissement de ses activités, Didier Drogba a pris une place incontournable dans l’espace public ivoirien. Il prête volontiers son image quand la cause l’intéresse ou pour des raisons commerciales. Et il n’hésite pas à affirmer ses positions quand il l’estime nécessaire. Pas une semaine sans que son nom apparaisse dans l’actualité. Si l’on examine les seuls mois d’octobre et novembre derniers, il y a de quoi en avoir le tournis. «Je vous invite à venir courir avec moi», lance-t-il sur ses réseaux sociaux, confirmant sa participation au 19e marathon international du district autonome d’Abidjan (MIDAA) le 25 novembre 2025. Invité à la Foire commerciale intra-africaine, au Caire, début novembre 2023, il soutient en guest star le programme Creative Africa Nexus, qui vise à promouvoir le secteur créatif africain en pleine croissance. Il était également présent en Arabie Le footballeur en action lors des éliminatoires pour la CAN 2008. saoudite, en octobre 2023, au forum rond, l’homme se reconvertit dans les Peace and Sport, et il a présenté la Drogba forge sa légende et devient affaires et la philanthropie. À travers cérémonie de remise du Ballon d’Or, le la star que l’on connaît. Il remporte la Fondation Didier Drogba, créée en 30 octobre dernier, au cours de laquelle plusieurs titres du championnat anglais 2007 et reconnue d’utilité publique par il a fait sien le combat contre le racisme et la Ligue des champions UEFA en décret présidentiel en 2015, il s’investit dans le football, apportant un vibrant 2012. Après son départ de Chelsea, les dans l’action sociale en soutien à Vinicius Junior. La supporters l’élisent «meilleur joueur Côte d’Ivoire. Levées de À travers liste de ses activités publiques de l’histoire du club». Dès 2002, fonds, construction d’un sa fondation, est très longue. Drogba se Didier Drogba entre dans l’équipe il s’investit dans centre de santé, dons démultiplie. Quand on l’a nationale de Côte d’Ivoire, où il totalise aux orphelinats, arbres l’action sociale interrogé, alors qu’il procédait 104 sélections jusqu’en 2014. Meilleur de Noël se succèdent. au tirage au sort des groupes buteur de la sélection Ivoirienne, il est en Côte d’Ivoire. L’autonomisation des de la CAN 2023, pour savoir deux fois finaliste de la CAN, en 2006 femmes est, pour lui, «un prérequis qui, selon lui, gagnera la compétition, et 2012, sans toutefois parvenir à indispensable pour le développement». l’ambassadeur du football ivoirien soulever la coupe. Ambassadeur de La fondation prend également sa part fait le job: «Mon favori, c’est la Côte bonne volonté de l’OMS pour le sport dans la lutte contre le paludisme, le d’Ivoire», dit-il, fier que son pays soit et la santé depuis 2011, il termine sa virus Ebola et le Covid-19. Elle construit bientôt à l’honneur, sous les regards carrière aux États-Unis, avec les Phoenix des écoles et des classes numériques en du monde entier. ■ Philippe Di Nacera Rising, en 2018. Jamais loin du ballon 24

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CHRISTOPHE GUIBBAUD/PRESSESPORTS

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Akwaba

Un hymne… «EH OH, EH OH! EH OH, EH OH! Africa, chez nous, c’est l’hospitalité. Bienvenue à Babi, on est prêts pour Salif Traoré, alias A’Salfo, chanteur du mythique collectif ivoirien Magic System. vous, oh!», tel est le refrain chaleureux de l’hymne officiel de la CAN 2023. Composé par l’artiste franco-congolais Dany Synthé et interprété par un trio d’artistes africains de haut vol – les Ivoiriens du groupe Magic System, la chanteuse nigériane Yemi Alade et le rappeur égyptien Mohamed Ramadan –, il a été dévoilé le 12 octobre 2023, à l’occasion du tirage au sort des groupes en vue de la compétition. Les paroles entraînantes véhiculent des valeurs positives: la paix, la fraternité, la joie de se Le rappeur égyptien Mohamed Ramadan. retrouver pour «s’enjailler» La chanteuse nigériane Yemi Alade. Véritable cri du cœur lancé par les autour de la fête du football. Magic System, en forme d’hommage au pays, en particulier Quant au rythme, quoi de mieux que l’afrobeats pour faire à l’esprit ouvert et accueillant des Ivoiriens, «Akwaba» écho sur tout le continent? se poursuit en anglais pour s’adresser aussi à l’Afrique Les Ivoiriens de l’intérieur du pays ne sont pas oubliés. anglophone: la deuxième partie de la chanson lance un Une «caravane de la CAN» s’est mise en mouvement pour les appel vibrant à l’unité du peuple, à travers la voix de la mobiliser et leur faire comprendre que la fête est proche et diva nigériane Yemi Alade. Et c’est ensuite à l’Égyptien qu’elle ne se fera pas sans eux. En Côte d’Ivoire, à quelques Mohamed Ramadan de rappeler, en arabe et sur des notes semaines du coup d’envoi de la compétition, la mobilisation orientales, que l’Afrique porte aussi une partie du monde générale était déjà décrétée. De ville en ville, cette caravane arabe, et qu’il faudra compter sur ses équipes de plus en plus s’est arrêtée sur les places publiques, où la population, efficaces lors de la compétition, qui s’annonce d’un niveau appelée à se rassembler, pour ne pas dire communier, a particulièrement élevé pour cette édition. ■ P.D.N découvert, à chaque halte, l’hymne de leur CAN. 26

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CYRIL ENTZMANN/DIVERGENCE - DR - DR

Le chant officiel de la CAN 2023, aussi entraînant que joyeux, se veut une représentation de la diversité de l’Afrique et une adresse à son unité.


… et une mascotte

Quoi de mieux qu’un PACHYDERME pour représenter dignement le pays des Éléphants ? Tout sourire, l’emblème de la 34e édition incarne aussi l’hospitalité caractéristique des Ivoiriens !

ISSOUF SANOGO/AFP

ELLE NOUS SOURIT DÉJÀ. La mascotte officielle a été révélée lors d’une cérémonie, le 7 juillet dernier, à la salle des fêtes du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, par le président du COCAN François Albert Amichia. Comme son nom l’indique – «akwaba» signifie bienvenue en langue akan –, ce nouvel ambassadeur de l’hospitalité sera l’emblème de l’amitié, de la générosité et de l’esprit d’équipe pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations 2023. Plus de 300 artistes ivoiriens, résidant en Côte d’Ivoire ou à l’étranger, ont participé à la compétition organisée par le COCAN. À l’issue du dépouillement mené par un jury d’experts en art et graphisme, trois lauréats ont été retenus. Le concepteur gagnant, Kouadio Raoul Frédéric, a remporté la somme de 10 millions de francs CFA. L’image de la mascotte, affichée en ville, sur les bus, à la télévision, est d’ores et déjà adoptée par la population locale. Akwaba, vêtu aux couleurs du drapeau, représente le

pays hôte de la CAN. Habillé d’un maillot orange et d’un short vert à motifs de pagne, qui symbolise le travail manuel des artisans, il porte également des chaussures de football. Une large coiffe akan, un groupe ethnique local, ornée de cabosses de cacao dorées, et une trompe dressée au-dessus de ses défenses sont censés dissuader les adversaires d’avancer. Sur son oreille gauche, le drapeau de la nation est également tatoué. Sa bonne humeur et sa joie communicative représentent la bonne entente et le fair-play pour cette compétition. L’éléphant Akwaba doit animer les stades des différentes villes accueillant le tournoi, à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, San-Pédro, Korhogo, sur l’hymne éponyme officiel de la Coupe. La chanson est interprétée par le groupe ivoirien Magic System, la Nigériane Yemi Alade et l’Égyptien Mohamed Ramadan. Un morceau aux notes particulièrement endiablées, dont les auteurs promettent d’«enjailler» et de «gâter le coin». ■ Jihane Zorkot

Présenté le 7 juillet 2023, l’éléphant Akwaba est la mascotte officielle de la CAN.

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ESPACE COCO

NIGHTLIFE À BABI ABIDJAN, CAPITALE DE LA FÊTE, connue à travers la sous-région comme une ville en pleine ébullition. Qu’il s’agisse du zouglou, du coupé-décalé, en passant par le rap ivoire, la jeunesse ivoirienne est sans cesse friande de nouveaux sons sur lesquels se déhancher. Les milliers de visiteurs attendus pour la CAN ne viennent pas juste pour l’ambiance des stades, ils veulent vivre la nuit ivoirienne. Thomas Lerousseau et Vico Downie, respectivement français et franco-jamaïcain, fondateurs de l’Espace Coco, ont su entendre cette demande de la jeunesse en créant un lieu inédit, un espace alternatif, itinérant, hétéroclite, où tous les styles se mélangent, et qui accueille le Tout-Abidjan. «Beaucoup de personnes nous demandent souvent: “Mais c’est où, Espace Coco?” Et on trouve ça assez marrant, parce que notre concept, c’est d’être nulle part et partout à la fois.» C’est lors d’une soirée entre amis que ces deux musiciens se rencontrent. Thomas est DJ, Vico chanteur, et ensemble, ils sont animés par la même envie: «Mettre des gens dans un espace qui lutte pour une même cause: s’ambiancer!» Espace Coco est un véritable microcosme, où nos deux 28

amoureux du son souhaitent partager house, afrobeats, dancehall, disco, reggae ou bien rap avec leurs invités. En 2021, ils commencent l’aventure avec 50 entrées à leurs soirées; aujourd’hui, ce sont 350 personnes qui s’y pressent. Avec plus de 23 éditions à leur actif et 45 DJ différents aux platines, c’est toute la scène panafricaine qu’ils mettent en valeur. Leur but est de faire émerger de nouveaux genres underground pour qu’ils se normalisent dans la capitale économique, scène de découverte, vraie plateforme pour ces artistes à qui ils laissent entièrement carte blanche. Les espaces se distinguent les uns des autres, au gré des concepts musicaux. Certaines soirées, comme à l’AZK Live, sont plus reggae, ambiance jamaïcaine, d’autres sont disco ou house. Et c’est précisément ce qui fait la force du concept: les personnes qui rejoignent la fête ne savent jamais où elle aura lieu ni qu’elle en sera l’ambiance, mais ils se sentent toujours à la maison. Pour surfer sur la vague de la CAN, en plus de leurs événements mensuels, à partir de janvier, ils mettront en place des afterwork tous les jeudis. Et vous pourrez très bientôt les retrouver à l’Institut français du plateau! ■ J.Z. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Concept alternatif, Espace Coco poursuit un objectif : surprendre et AMUSER LA JEUNESSE avec des soirées inédites et itinérantes. DJ sets, esprit festif et ambiance de folie sont au rendez-vous !


HUMOUR

LE MAGNIFIC LA COUPE D’AFRIQUE DU RIRE!

NABIL ZORKOT POUR AM

Le talentueux touche-à-tout s’appuie sur l’événement sportif pour faire rayonner son pays à travers des SHOWS HILARANTS. POUR HONORER les couleurs du pays et mettre les citoyens dans l’ambiance, l’humoriste Le Magnific a mis en place la Coupe d’Afrique du rire (CAR), un spectacle qui réunit une dizaine de comédiens venus de tout le continent. La Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Cameroun, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal, le Niger, le Ghana, mais aussi la France seront à l’affiche. Sélectionnés après des épreuves éliminatoires, les artistes ont ensuite été tirés au sort. Et les vainqueurs auront la chance de se voir remettre un trophée! Ancien footballeur, dont la carrière s’est arrêtée subitement à cause d’une blessure, Jaques Silvère Bah, surnommé Le Magnific, a tenu à apporter sa pierre à l’immense édifice que représente la Coupe d’Afrique des nations. Pour ce comédien, la compétition n’est pas juste un événement sportif. Elle offre l’occasion de faire rayonner la Côte d’Ivoire, de partager et faire vivre sa culture, le tout dans une ambiance conviviale et chaleureuse. Un moment de cohésion et de partage, pour montrer aux futurs invités ce qu’est la légendaire hospitalité ivoirienne. «La Coupe d’Afrique ne se jouera pas seulement sur le terrain ou dans les stades, elle sera également dans la rue, sur scène et dans les maquis. La fête se déroulera dans tous les espaces et sera un véritable show à l’ivoirienne», promet-il. Comique, chanteur et écrivain, cet ancien videur a plus d’une corde à son arc. Mais c’est à sa grandmère, qui était elle aussi une grande comédienne dans son village, qu’il doit son humour. Ce natif de Tessian a commencé sa carrière d’artiste en tant que chanteur et, curieusement, il a fait ses premiers pas dans la comédie lors d’une veillée funèbre. Adepte des situations cocasses, il s’inspire du quotidien, et parmi ses sujets de prédilection, on retrouve l’univers du sport. Le Magnific, qui croit fortement au pouvoir des mots et au poids des noms, est certain que son alter ego lui portera bonheur. Il a été révélé, il y a plus de dix ans, grâce à son passage dans la célèbre émission Bonjour 2010. Et depuis, ce clown professionnel enchaîne les scènes nationales et HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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internationales, sur des planches renommées, comme Le Marrakech du rire ou le Jamel Comedy Club. Aujourd’hui, en virtuose de l’humour, souhaite redonner un souffle nouveau à son pays. Avec déjà 14 one-man-shows à son actif et aux commandes de l’organisation du festival Merci depuis quatre ans, il souhaite encourager et aider les novices à se former aux métiers artistiques, avec, à l’appui, la construction d’un studio, qui serait un lieu d’apprentissage pour cette jeunesse qui fait la force de la Côte d’Ivoire. ■ J.Z.

« La Coupe d’Afrique ne se jouera pas seulement sur le terrain ou dans les stades, elle sera également dans la rue, sur scène et dans les maquis. » 29


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Laurène Buffet, fondatrice des P’tits Tours.

LAURÈNE BUFFET LES P’TITS TOURS

Amoureuse du pays, cette BAROUDEUSE née propose des visites authentiques pour explorer les merveilles de la nature locale. DÉCOUVRIR la Côte d’Ivoire loin des sentiers battus, arpenter sa nature sauvage, partir à la rencontre de ses habitants, sur terre ou en mer, tel est l’objectif que s’est donné Laurène Buffet, fondatrice des P’tits Tours. Après plusieurs voyages en Afrique, elle est tombée amoureuse de la Côte d’Ivoire lors d’un stage effectué dans le cadre de ses études. Aventurière depuis sa tendre enfance, cette ex-cadre de l’infanterie marine décide de plier bagage et de faire de la terre des Éléphants son nouveau terrain de jeux. Créatrice de séjours de découverte écotouristiques, elle révèle les trésors cachés du pays de manière inédite et insolite. Que ce soit à moto, en canoé, à cheval ou en bateau, tous les moyens sont bons pour sortir de sa zone de confort. Séduisant aussi bien les locaux, les expatriés que les touristes, ces excursions s’adressent aux baroudeurs aguerris autant qu’aux novices. Le temps d’une journée, d’un week-end ou même de plusieurs jours, immergezvous dans la nature, pique-niquez au bord du lac Kossou ou faites des randonnées dans des forêts classées. Le tout dans une optique écologique, car les «aventuriers» sont sensibilisés au respect et à la protection des espèces en voie de disparition. Le côté sauvage séduit: sauter sur une mobylette, parcourir les grands espaces, dormir à la belle étoile ou dans des hôtels de fortune. Ce tour-opérateur s’éloigne du tourisme de masse. Prenez-en plein les yeux avec la mission Grand Bleu, qui propose de découvrir le temps d’une journée les baleines qui longent la côte. ■ J.Z. 30

Elle sensibilise également les voyageurs à la protection des espèces protégées.

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AV E N T U R E

Sa mission Grand Bleu offre la possibilité d’aller à la rencontre des baleines.

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YÉO

MARTIAL «DIEU VEILLE SUR LES ÉLÉPHANTS»

L’EX-ENTRAÎNEUR de la sélection nationale lui a permis de soulever la Coupe en 1992. Il revient sur les moments marquants de sa carrière. À BIENTÔT 80 ANS, Yéo Martial reste un sentimental. Technicien du football, l’ancien entraîneur et sélectionneur des Éléphants, qui leur a permis de remporter la Coupe d’Afrique des nations à Dakar en 1992, a été formé en Côte d’Ivoire, en France, puis en Allemagne. Aujourd’hui, il n’a plus la force de porter une équipe ou de travailler avec le staff officiel du football ivoirien, mais il se dit toujours prêt à servir son pays et à partager la longue expérience qu’il a acquise dans le milieu du ballon rond.

on m’a demandé de céder ma place à Philippe Troussier. Jamais je ne cesserai de remercier les joueurs qui ont décidé de faire un sit-in devant le bureau du ministre ivoirien des Sports de l’époque, afin de lui dire que c’était moi, et personne d’autre, qu’ils souhaitaient avoir comme coach.

AM: Vous êtes une personnalité importante du football ivoirien. Pourtant, on entend peu parler de vous! Yéo Martial: C’est parce qu’on m’a mis à l’écart.

Êtes-vous heureux que la Côte d’Ivoire accueille la 34e CAN?

Qu’êtes-vous devenu après la performance que vous avez réalisée avec la sélection?

Le souvenir le plus vivace que je garde, après le sacre, est la grande tristesse que j’ai ressentie lorsqu’en récompense du travail accompli avec notre équipe nationale, 32

Non. Si on me sollicite, je suis prêt à tout moment. Même 30 ans après avoir remporté la CAN 1992, c’est toujours une joie pour moi lorsque le public me reconnaît, me salue, me félicite, comme si la victoire de 1992 venait de se produire!

Oui, l’Afrique entière voit à quel point la Côte d’Ivoire est émergente. À mon avis, c’est l’une des raisons qui a poussé la CAF à confier cette organisation d’envergure à notre pays – qui est aussi celui de l’hospitalité! Quel est votre pronostic?

Je ne veux prendre aucun risque. Mais à chaque jour suffit sa peine. Dieu veille sur nous et sur les Éléphants. Je ne peux que le remercier pour tout ce qu’il fait pour notre football. Nous avons gagné la CAN en 1992, sans encaisser le moindre but, puis remporté la Coupe de 2015. Que Dieu nous accorde encore du courage et de la réussite au moment opportun. ■ propos recueillis par Dominique Mobioh Ezoua HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Mais je suis fier d’avoir été l’entraîneur qui a permis aux Éléphants de remporter leur première CAN, et d’avoir personnellement remis le trophée au président Félix Houphouët-Boigny, aux côtés, ce jourlà, d’Alassane Ouattara, alors Premier ministre, et actuel président de la République de Côte d’Ivoire.

En voulez-vous aux dirigeants du football ivoirien?



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MEIWAY

«CETTE FOIS, NOUS ALLONS DÉGUSTER LA VICTOIRE!»

L’incontournable chanteur ivoirien, aficionado du BALLON ROND, espère que la nation hôte ne laissera pas filer le trophée. IL EST SUR la scène musicale depuis 35 ans. Frédéric Ehui, alias Meiway, est l’inventeur du zoblazo, une musique de variété chère à l’enfant de GrandBassam, sa ville d’origine. Auteur, compositeur, interprète, arrangeur, réalisateur et producteur, l’artiste ivoirien fait partie des icônes musicales africaines. Grand fan de football, il est fier que la Côte d’Ivoire accueille toute l’Afrique à l’occasion de la compétition.

Pouvez-vous risquer un pronostic sur le tiercé gagnant? Selon vous, quelle équipe remportera la CAN 2023?

Meiway, Légende, Meiway Organisation.

m’inspire une énorme responsabilité vis-à-vis de mon public. Cela m’exhorte à l’exemplarité constante au travail. Surtout pour mon pays, la Côte d’Ivoire, qui demeure la plaque tournante de la musique africaine.

me posera plus cette question. On le constatera de fait.

Vous venez de glaner une nouvelle distinction, qui vous a été remise aux Kilimandjaro Music Awards 2023 à Toronto, le 28 octobre dernier. Diriez-vous que votre but est atteint? Celui de rayonner sur le continent et au-delà?

C’est une fierté et un honneur d’accueillir cet immense événement international dans notre pays. À nous, Ivoiriens, de faire en sorte qu’il soit historique, inoubliable. L’un des plus beaux jamais réalisés, en matière d’organisation comme d’hospitalité!

Oh là! On peut toujours mieux faire! Car, le jour où je rayonnerai sur le continent et au-delà, on ne

Quelle place tient le sport en général, le football en particulier, dans votre vie?

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En janvier et février 2024, la Côte d’Ivoire accueille, pour la deuxième fois la CAN. En tant qu’Ivoirien, que ressentez-vous?

Je ne prendrai aucun risque. Car, désormais, dans le sport, comme l’a démontré l’actualité en boxe, celui qui perd peut quelquefois gagner [Francis Ngannou est convaincu d’avoir remporté un combat, malgré la décision des juges, ndlr]. Je dirai simplement: que le meilleur gagne! Mais, cette fois, qu’on ne serve pas la sauce à une nation étrangère, comme en 1984. Au contraire, qu’on mette tout le monde dans la sauce que nous allons déguster avec joie, pour la victoire de la Côte d’Ivoire. ■ propos recueillis par Dominique Mobioh Ezoua

En concert le 23 décembre au Palais de la culture d’Abidjan, le 30 décembre au Noom Hôtel d’Abidjan, et les 13 et 14 avril 2024 aux Folies Bergère à Paris (France).

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AM: Vous êtes une référence artistique depuis des décennies. Qu’est-ce que cela vous inspire? Meiway: Cette affirmation

Je suis simplement un sportif «domestique». Je pratique pour entretenir ma forme et améliorer sans cesse ma santé. Mais je suis un grand fan de football. Après la musique, cette activité est ma deuxième passion.


KOBEA IRABÉ PHOTOGRAPHY

Je suis un grand fan de football. Après la musique, c’est ma deuxième passion.

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Le travail de l’apparence et la culture du sport sont omniprésents dans ce mouvement où être fort est essentiel.

Les Ziguéhis font leur come-back

SOCIÉTÉ

C’EST UN MOUVEMENT issu des rues d’Abidjan. Apparu dans les années 1970, alors que la capitale économique prend, avec ses constructions et ses hautes tours, des allures de ville moderne, le mouvement Ziguéhi naît au sein des quartiers populaires. Son ascension et son influence sont fulgurantes. Et il connaît son apogée dans les années 1980 et 1990, quand le président Houphouët-Boigny transforme ses membres en alliés, dans le but de les canaliser. Ziguéhi, c’est l’autre nom de «loubard» en plus chic, plus ivoirien, plus tendance à l’époque. Ces jeunes issus des quartiers populaires peaufinent leur attitude entre eux. «C’est la rue qui nous a formés, parce que nos parents nous avaient laissés. Nous sommes passés par le sport, le karaté, le taekwondo, pour nous protéger et protéger les plus faibles», précise Jacky Lolo,

leader du collectif Ziguéhi. Ce mouvement s’oppose à la jeunesse dorée issue de la nouvelle bourgeoisie, créée de toutes pièces par Houphouët-Boigny pour accompagner le «miracle économique ivoirien». L’économie, dont les fondements sont les énormes ressources en cacao et en café, décolle pour faire de la Côte d’Ivoire un modèle envié et le pays le plus riche de l’Afrique de l’Ouest. Les Ziguéhis dansent et draguent dans les rues. Ils inventent une langue argotique, mélange de français, de langues locales et de mots inventés, le nouchi, ainsi que des codes et des comportements. Une imprégnation «par le bas», qui va gagner toutes les couches d’une société en construction, parfois jusqu’au sommet, puisque l’on entend des hommes politiques s’emparer du nouchi pour parler au peuple, par exemple. L’influence est telle qu’elle a aussi gagné

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SIDY YANSANÉ

Né dans les QUARTIERS D’ABIDJAN, dans un pays florissant, le mouvement renaît de ses cendres dans un contexte de joie sportive, avec un titre musical qui promet déjà d’être un tube !


SIDY YANSANÉ - DR

mouvement, à travers les valeurs qu’ils prônent désormais: l’étranger via la diaspora. Les bandes ziguéhis rivalisaient l’entraide, la solidarité, l’amitié. «Quand on voit les jeunes d’ingéniosité pour mieux performer que les autres, que ce soit frères dans les quartiers qui fument, se droguent ou volent, en danse, en sports de combat, en panache, en notoriété… nous qui avons connu cela, nous leur disons que ce n’est pas Et en musique. Car rythme et chanson s’invitent rapidement bon. Nous aidons les parents à gérer certaines situations», dans le mouvement. Mais les groupes rivaux commencent explique-t-il encore. Surtout, c’est leur musique qu’ils entendent à donner du poing. Bagarres et agressions sont fréquentes, et souvent violentes. Peu à peu, dans la seconde partie des années 1980, ceux-là mêmes qui les regardaient avec tendresse se méfient des dérives. Un sentiment de rejet s’installe alors dans la population. Le président ivoirien, qui sent poindre le danger, voit aussi dans cette situation une opportunité. Il veut constituer une sorte de légion civile de jeunes gens en charge d’assurer la sécurité des activités et des membres du parti au pouvoir, le PDCI-RDA. «J’ai été le chef des volontaires de sécurité à Yopougon, dit Jacky Lolo. J’avais plus de 50 éléments et nous étions rémunérés chaque mois 50000 francs CFA par tête.» Un coup de maître, qui atteint Youssouf Sidibé, dit Baya, est Ziguéhi depuis les années 1980. trois objectifs: canaliser les Ziguéhis, « Faire revivre la flamme On peaufine faire retomber la pression dans la l’art du combat à travers les valeurs société et s’offrir pour pas très cher dans les rues. qu’ils prônent : l’entraide, une société de sécurité parallèle et la solidarité, l’amitié. » informelle. Les Ziguéhis, appointés par la présidence, rentrent dans le rang, relancer pour renouer avec les Ivoiriens. Ils se travaillent pour le parti au pouvoir et se structurent en associations, mais des rivalités focalisent désormais sur leur musique. se font jour. Aujourd’hui, deux groupes se Le système est brutalement disputent la visibilité du mouvement. interrompu après le décès, en 1993, du Malgré tout, les Ziguéhis ne veulent pas président fondateur de la Côte d’Ivoire laisser passer la CAN, un événement d’envergure indépendante. Pour Jacky Lolo, «on continental et même mondial, sans brandir a voulu arrêter pour [les] disperser, leur étendard pour soutenir l’équipe nationale et cela s’est mal terminé. Même si ivoirienne. «Cet événement nous touche, parce quelques-uns ont continué à travailler qu’il est une fête pour toute l’Afrique. C’est une pour le président Bédié». Le coup d’État grande joie pour nous, Ivoiriens, d’accueillir la du général Gueï en décembre 1999 CAN», affirme le leader de Collectif Ziguéhi 225. incite certains Ziguéhis, qui ne se La plus belle façon d’exister encore est de chanter les louanges sentent plus en sécurité, à quitter le pays pour l’Europe. des Éléphants. Leur nouvelle mélodie, écrite pour l’occasion, «On nous poursuivait dans les rues d’Abidjan, des amis ont enregistrée à Abidjan et à Paris, arrangée par le faiseur de été tués par des militaires. C’est comme cela que nous nous tubes ivoirien Kakou Honoré, s’appelle «Éléphant connaît sommes retrouvés en France», évoque Jacky Lolo. La plupart ballon». Ça ne s’invente pas! «Tout est dit dans notre chanson», ne reviendront plus vivre en Côte d’Ivoire. Pendant la terrible précise Jacky Lolo. «Il faut les soutenir, il faut y croire! Et il décennie des années 2000, ceux qui sont à l’étranger se faut être sages. Nous sommes des patriotes, nous soutenons taisent, les autres rasent les murs. Le mouvement s’essouffle, fermement notre équipe, et nous voudrions que toute la les Ziguéhis ont perdu leur voix, leur musique, leur panache. jeunesse reste cool, sans débordement, sans agression, pour La fin des crises politiques et militaires en Côte d’Ivoire que la fête soit plus belle.» Un tube qui, on l’espère pour les donne envie aux Ziguéhis, dont certains ont réussi dans les joueurs et les supporters, les mènera jusqu’au sommet. ■ P.D.N affaires ou l’administration, de faire revivre la flamme du HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Commerces

162 000 m2 Résidentiels

218 000 m2 Commerces

Bureaux

190 000 m2 Bureaux

2 mn

5 mn

25 mn

Parc des expositions d’Abidjan

Aéroport international FHB

Plateau


LA LONGUE MARCHE VERS LA COUPE récit

Depuis 2014, la Côte d’Ivoire s’organise et investit pour acueillir la CAN. Un effort réellement national et un enjeu en matière de visibilité et d’image globale.

par Zyad Limam avec Dominique Mobioh Ezoua

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Le Premier ministre Robert Beugré Mambé aux côtés du président Alassane Ouattara.

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PRESSE DE LA PRÉSIDENCE DE CÔTE D’IVOIRE

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e pari et l’engagement étaient d’ampleur. Le 19 septembre 2014, à Addis-Abeba, Lambert Feh Kessé, président du Comité de pilotage, présente le dossier de candidature de la Côte d’Ivoire pour l’organisation de la CAN 2019 ou 2021. Pour un pays en train de panser les plaies d’une crise armée encore fraîche dans les mémoires, la démarche revêt un caractère presque thérapeutique et offre un horizon motivant. Alassane Ouattara, le chef de l’État nouvellement élu, cherche à mobiliser les énergies et à replacer la Côte d’Ivoire sur la carte. Le football reste un dénominateur commun à tous les Ivoiriens, et la Coupe d’Afrique des nations est devenue au fil des années un rendez-vous sportif majeur à l’échelle globale. Le pays des Éléphants a des arguments à faire valoir. La Côte d’Ivoire a déjà organisé

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la Coupe d’Afrique en 1984, avec deux villes hôtes: Abidjan et Bouaké. Elle a remporté deux fois la compétition, en 1992 (avec la bande de Yéo Martial) et en 2015 (avec celle d’Hervé Renard), et à chaque fois face au Ghana. Les Éléphants ont participé à trois Coupes du monde d’affilée en 2006, 2010 et 2014, mais sans pourtant passer le premier tour. Le pays compte de grands noms du football, comme le regretté Laurent Pokou, et depuis les frères Yaya et Kolo Touré, Youssouf Fofana, Basile Boli, Bonaventure Kalou, Gervinho, d’autres encore, sans oublier évidemment l’incontournable Didier Drogba. Depuis le milieu des années 2010, la sélection nationale se cherche. Voir revenir la Coupe d’Afrique en terre ivoirienne pourrait lui donner un nouveau souffle ! La Côte d’Ivoire avait voulu organiser l’édition 2006, une candidature sans succès. Pas question, cette fois-ci, d’échouer! Le Comité de pilotage propose un thème fédérateur: «Côte d’Ivoire, terre d’intégration.» Une approche qui va bien au-delà du slogan marketing. Avec plus de 30% de résidents aux origines étrangères, le pays est un creuset vivant du brassage des peuples. L’appartenance de la Côte d’Ivoire à un espace de libre circulation des biens et des personnes, au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), permettra aussi d’en faire un événement régional. Et au moment de la candidature, à Addis, la Côte d’Ivoire peut déjà arguer d’un dynamisme économique notable, avec des taux de croissance élevés (7,6% et 10,8 %, en 2012 et 2013). Le président Ouattara a annoncé des plans ambitieux en matière de rénovation et d’investissements dans les infrastructures. L’ambition est là. Le pays paraît déjà suffisamment solide, politiquement et financièrement, pour accueillir cette CAN.

le retrait de la Guinée. Enfin, arrive la prise en compte d’une évidence climatique. Difficile de jouer au football en pleine saison des pluies et sous des trombes d’eau. Retour, donc, à une édition en janvier… Mais de changements en décisions, et comme souvent en Afrique, les choses se mettent en place à la fois dans la douleur, mais avec une sorte de constance et de résilience. La 34e édition de la CAN se jouera donc bien en Côte d’Ivoire, du nord au sud, et de l’est à l’ouest du pays, dans quatre villes différentes (Abidjan, Bouaké, San-Pédro,

C’est la première fois qu’elle accueille un événement de cette ampleur, avec toutes les répercussions possibles.

DES INVESTISSEMENTS AUX INFRASTRUCTURES

En 2014, la CAF (Confédération africaine de football) attribue en une fois les trois éditions de la CAN : 2019 au Cameroun, 2021 à la Côte d’Ivoire et 2023 à la Guinée. On connaît les péripéties calendaires qui suivront. En juillet 2017, la CAF décide de passer de 16 à 24 équipes, et de bouger la compétition du mois de janvier à juin, sur l’été européen, pour mieux s’insérer dans le calendrier international. Puis, viennent les retards des uns et des autres. En 2019, l’Égypte a été amenée à suppléer la défaillance du Cameroun. Et la CAN se reprogramme pour 2021. C’est alors qu’intervient la crise du Covid-19, qui bouleverse tous les chronogrammes, et 42

Korhogo, Yamoussoukro), du 13 janvier au 11 février 2024. Pour le pays hôte, il va s’agir de ne pas lésiner sur les moyens et de relever les multiples défis financiers, humains, organisationnels d’une compétition que les officiels annoncent comme «la meilleure des CAN jamais organisées». Le prestige du pays est en jeu, la Côte d’Ivoire joue gros. C’est la première fois qu’elle accueille un événement de cette ampleur, avec toutes les répercussions possibles – positives ou négatives – en matière d’image de marque, de retombées politique, économique, touristique, etc. Le COCAN (Comité d’organisation) est mis sous l’autorité du Premier ministre et présidé par François Amichia, ancien ministre des Sports et maire PDCI-RDA de la commune de Treichville, à Abidjan. Le budget est ambitieux, aux alentours de 800 millions d’euros (520 milliards de FCFA), largement financé par l’État ivoirien. L’enveloppe concerne la rénovation de certains stades (ceux d’Ebimpé, dit Alassane Ouattara, et de Félix Houphouët-Boigny, à Abidjan, ou encore le stade de la Paix à Bouaké). Et la construction de nouvelles enceintes aux normes internationales (à San-Pédro, Yamoussoukro, Korhogo). Il y a aussi les cités de la CAN, les infrastructures d’accès, l’amélioration du réseau routier, en particulier les connexions entre les villes hôtes, dont la célèbre Côtière. L’autoroute menant à Yamoussoukro a été prolongée jusqu’à Bouaké. Les plateaux techniques des dispensaires et des hôpitaux ont été modernisés pour répondre aux besoins de la compétition, des joueurs, des staffs et des milliers de supporters. Le pays, en tout cas, est en chantier permanent. Évidemment, les «luttes de territoires» ne vont pas manquer lors de ce long processus de préparation. Entre le COCAN et le ministère des Sports, les escarmouches sont nombreuses. Le Premier ministre d’alors, Patrick Achi, très engagé sur le HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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dossier de la CAN, doit arbitrer en permanence, avec un calendrier toujours plus exigeant… L’énergie est entièrement tournée vers la date du 13 janvier, jour du match d’ouverture. Et au moment où ces lignes sont écrites, courant novembre, c’est pratiquement tout de suite ou demain matin. Le 12 septembre 2023, une forte pluie, un petit déluge comme les connaît régulièrement Abidjan, s’abat sur le stade d’Ebimpé, au nord de la capitale économique. La pelouse est rapidement inondée. L’eau ne s’évacue plus. Impossible de jouer. L’arbitre doit suspendre le match entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Le test grandeur nature tourne au cauchemar. Les réactions sont vives. La pelouse d’Ebimpé a coûté à elle seule 1,2 milliard de francs CFA (1,8 million d’euros), une facture plus élevée, dit-on, que pour les grands stades européens. Cette «déconvenue» aura des effets. Il faut « réparer » Ebimpé au plus vite, sur la base d’un bon diagnostic. Le COCAN et la CAF (Confédération africaine de football) vont se montrer nettement plus pointilleux sur l’état des stades et des pelouses. Les inspections se multiplient.

DR - NABIL ZORKOT

DES TESTS RÉUSSIS

Le nouveau stade d’Ebimpé et les routes ont été rénovés pour l’occasion.

Le 16 octobre 2023, le président Alassane Ouattara procède à un remaniement du gouvernement. Un nouveau Premier ministre est nommé, Robert Beugré Mambé, alors gouverneur du district autonome d’Abidjan. Le PM prend le dossier à bras-le-corps, en occupant lui-même la fonction de ministre des Sports et du Cadre de vie, accompagné d’un ministre délégué, Adjé Silas Metch. À 71 ans, Robert Beugré Mambé n’a rien d’un inconnu. Membre du PDCI-RDA, il préside de 2005 à 2010 la Commission électorale indépendante (CEI) dans une ambiance politique particulièrement polarisée. Il tient tête au président Gbagbo et devient l’une des bêtes noires du régime, avec lequel il ferraille pendant des mois sur la composition des listes électorales et les conditions d’organisation du scrutin de décembre 2010. Il est débarqué sans ménagement à la veille du vote. Alassane Ouattara, élu président, le nomme à la tête du district autonome d’Abidjan en 2011, puis ministre chargé des Jeux de la francophonie en 2016. Lorsque le PDCI-RDA quitte la coalition au pouvoir en 2018, Mambé sera l’un des tout premiers à rejoindre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Le président n’a pas oublié, il apprécie la loyauté. Ce qui compte aussi à ses yeux, c’est que HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

Beugré Mambé avait justement mené à bien «le sauvetage» des Jeux de la francophonie en 2017. Consensuel, avec des amis sur une grande partie de l’arc politique ivoirien, fidèle au président, c’est donc aussi un technicien à qui l’on demande de piloter, au plus près, la dernière ligne droite avant la Coupe. Depuis, les réunions d’évaluation se tiennent sous l’autorité du PM, chaque semaine ou presque. Le budget est surveillé à la loupe. Tout comme le calendrier. Et l’on décompte les jours. Les bonnes nouvelles sont aussi de retour. Le 17 novembre der-

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nier, les Éléphants de Côte d’Ivoire sont opposés aux Pirates des Seychelles, en éliminatoires de la Coupe du monde. Le test sera probant et la pelouse du stade Alassane Ouattara semble désormais prête à toutes les rencontres prévues, dont le match d’ouverture et la finale. Le 19 novembre dernier, lors de la finale de la Ligue des champions féminine de football, qui a opposé les Mamelodi Sundowns d’Afrique du Sud à la formation marocaine du Sporting Club de Casablanca, 43


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la pelouse du stade Amadou Gon Coulibaly a également subi son stress test, lequel s’est révélé positif. À ce jour, chacun des six stades de la compétition a été officiellement réceptionné par la CAF et déclaré apte à abriter les différentes rencontres. Le patron de la Confédération africaine de football a tenu à s’exprimer publiquement: «Je voudrais que le monde entier voie ces magnifiques réalisations. Et que plus personne ne se pose la question de savoir si la Côte d’Ivoire est prête pour l’organisation de la CAN», a déclaré Patrice Motsepe. Autre enjeu majeur de cette 34e CAN : la sécurité. Celle de l’accueil du public, de la circulation des foules à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo et San-Pédro, de la formation des stadiers et des agents sur site. Et la mise à niveau des différentes forces de sécurité (police, gendarmerie, forces armées) impliquées dans la CAN, en particulier sur l’aspect très sensible de la menace terroriste. Mais aussi la lutte contre la criminalité «traditionnelle». Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Vagondo Diomandé est en première ligne. Des pays amis, comme la France et les États-Unis, apportent leur appui. Comme l’a souligné le Premier ministre Beugré Mambé, «la Côte d’Ivoire doit

ivoirien, «les peuples se connaissent, nous sommes cousins, nous sommes terre d’accueil, et la magie du football et de la CAN, c’est aussi cette capacité de rassembler et de transcender». Pour la nation, la mobilisation, l’investissement et les enjeux sont plus que conséquents. La Coupe d’Afrique est une compétition qui se regarde aux quatre coins du monde, relayée par les télévisions, les réseaux sociaux. Une CAN bien organisée, sans incidents notables, aura certainement un impact en matière de soft power pour un pays quasi émergent, mais finalement encore assez méconnu à l’échelle globale. Une belle CAN est un coup de projecteur, la possibilité d’attirer, demain, des talents, de nouveaux investisseurs étrangers, des touristes. Sur le plan interne, la question des retombées pour la population est tout aussi essentielle. Une partie de la facture globale doit avoir un impact positif. Les infrastructures routières permettront d’accélérer le désenclavement des villes secondaires, de favoriser le développement hors les murs d’Abidjan. La mise à niveau de certains services hospitaliers et de sécurité devrait bénéficier à tous. La compétition elle-même devrait favoriser le commerce, la restauration, les célèbres maquis, l’hôtellerie, l’artisanat, avec des créations d’emplois dans le transport, le tourisme, les services.

Une bonne organisation, sans incidents notables, aura certainement un impact en matière de soft power pour un pays émergent. être à même d’assurer la sécurité de chaque personne qui viendra faire la fête du football sur son sol». Une déclaration qui engage pleinement la responsabilité des unités de défense et de sécurité. Celles-ci multiplient les simulations des dispositifs sécuritaires à Abidjan, ville test, pour en vérifier l’efficacité. Des schémas et des stratégies de sécurisation, notamment au niveau de la circulation, sont régulièrement exposés et discutés. Il en est de même aux frontières de la Côte d’Ivoire, où des dispositions particulières sont prises pour renforcer le filtrage. Car cette 34e CAN est particulière. Quasiment tous les pays voisins de la Côte d’Ivoire sont qualifiés pour la phase finale: Mali, Burkina Faso, Guinée, Ghana. Il devrait y avoir du monde, ce qui augure une belle fête populaire, mais ce qui est aussi presque une première pour une Coupe d’Afrique. Avec des risques possibles et de vastes frontières à contrôler. Les tensions diplomatiques au sein de l’UEMOA sont réelles entre Abidjan et les pays sous régime militaire, comme le Mali et le Burkina. Mais comme le souligne ce haut responsable 44

ÉVITER LES ÉLÉPHANTS BLANCS

Reste enfin la question délicate de l’aprèsCoupe d’Afrique pour les infrastructures en dur de la compétition elle-même. Dans les milieux du football continental, le débat sur le cahier des charges imposé par la CAF est toujours aussi vif, avec un certain nombre de stades à la mode ancienne, en béton, destinés à durer, la construction des cités adjacentes et des terrains d’entraînement, etc. Le football ivoirien pourrait en profiter, mais cela reste malgré tout un petit championnat qui ne draine pas des foules immenses. Et ces infrastructures ont un coût d’entretien récurrent. Il faut à tout prix éviter les «éléphants blancs», ces monuments dispendieux et abandonnés, comme la piscine olympique de Rio ou celle d’Athènes. Les stades et leur environnement ne devront pas qu’être utiles au football. Il faudra leur imaginer une seconde vie, de nouvelles vies, accueillir d’autres compétitions et d’autres sports, promouvoir l’événementiel culturel et associatif, créer autour de ces enceintes des opportunités pour les jeunes. En attendant, tout est prêt ou presque. Place au jeu, et que le meilleur gagne! ■ HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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UNE ÉCONOMIE EN COMPÉTITION Depuis 2012, le pays est entré dans une dynamique de forte croissance et d’émergence. Une vision à long terme, dans laquelle s’inscrit pleinement cette CAN 2023. par Philippe Di Nacera photos Nabil Zorkot pour AM

La route de la Côtière, qui relie Abidjan à San-Pédro, a récemment été réhabilitée.


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n dépit des tourments mondiaux, marqués par les répercussions dévastatrices de la guerre en Ukraine et les stigmates persistants de la pandémie de la Covid-19, la Côte d’Ivoire maintient le cap de ses ambitions. Elles sont consignées dans deux documents, véritables boussoles du gouvernement: le Plan national de développement 2021-2025 et la Vision 2030. Le déploiement du PND 2021-2025 et le partenariat renforcé avec le FMI sont la toile de fond d’une croissance économique anticipée à 7% en 2024. Le projet de budget pour l’année 2024, qui s’élève à 13720,7 milliards de FCFA, incarne la vision du chef de l’État Alassane Ouattara. Un dosage subtil entre recettes budgétaires, ressources de trésorerie et recettes des comptes spéciaux du Trésor, volonté de réduire les déficits publics et optimisation des dépenses, maintien d’un haut niveau d’investissements et accompagnement social de certaines catégories de la population, en particulier la jeunesse: ce sont les termes d’une complexe équation à plusieurs inconnues, parmi lesquelles l’évolution du coût de la dette n’est pas moindre. Dans un pays où le football n’est pas qu’un simple jeu, mais une quasi-religion et un véritable ciment national, la force motrice de tout un peuple, la CAN 2023 représente une occasion unique d’afficher des performances enviables aux yeux du monde, de se montrer aussi beau et accueillant que possible, et de crier son optimisme dans sa marche vers l’émergence. Un événement au croisement du sport et du développement. UNE CROISSANCE LOUÉE PAR LE FMI

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. De 2012 à 2019, le pays a maintenu une croissance du PIB réel de 8,2% en moyenne, établissant les fondations d’une excellente stabilité économique. Face aux secousses mondiales de 2020, où la plupart des nations ont connu une évolution en dents de scie, la Côte d’Ivoire a pu maintenir une croissance à 2%. Cette dernière est remontée à 7% dès 2021. Ces succès économiques ont résonné au-delà des frontières, trouvant écho dans les éloges récents de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva. Lors de sa visite à Abidjan le 5 octobre 2023, elle a salué la «résilience remarquable» de l’économie ivoirienne, soulignant la métamorphose du pays, figurant parmi les plus dynamiques du continent: «J’ai eu l’occasion de traverser le magnifique pont Alassane Ouattara. Ce nouveau pont symbolise la transformation de la Côte d’Ivoire d’un pays fragile et touché par un conflit il y a dix ans à une économie dont la croissance est parmi les plus rapides en Afrique. Le monde entier a besoin du même esprit


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d’optimisme!» La mission de cette institution internationale à Abidjan en septembre 2023 a jeté les bases d’une trajectoire sans accroc, mais pas sans contrainte. Car si son accord pour un financement à hauteur de 3,5 milliards de dollars, approuvé en mai 2023, illustre la résilience de l’économie ivoirienne, il ne masque pas la permanence des difficultés de l’épargne mondiale, engendrées par la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid, et notamment celles des pays en développement pour accéder aux marchés financiers internationaux. L’objectif est clair: préserver la stabilité macroéconomique et orienter la Côte d’Ivoire vers le statut convoité de «pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure» à moyen terme. Le tout sous le regard scrupuleux du FMI, qui sait imposer ses conditions, notamment en ce qui concerne la gestion budgétaire. Les performances, jusqu’à présent, sont satisfaisantes, avec une croissance estimée à 6,2% en 2023, démontrant une réelle capacité à faire face aux chocs mondiaux. Toutefois, des défis demeurent, dont un déficit budgétaire à 5,3% du PIB pour 2023. Les plans pour réduire ce déficit à 4% du PIB en 2024 témoignent d’un engagement à s’inscrire dans une démarche vertueuse et d’une détermination à maintenir une notation de risque de surendettement qui soit modérée. UN CRESCENDO DE PROSPÉRITÉ

Dans le cadre de la CAN 2023, tous les secteurs de l’économie participent à la fête, qui s’annonce comme une célébration de la réussite financière ivoirienne. Le secteur secondaire, sous l’influence positive de l’énergie, des BTP, et de l’industrie agroalimentaire, s’épanouit et progresse de 12,2% en 2023. Le tertiaire, entraîné par la dynamique du secondaire, atteint une croissance de 8,3%, portée par des secteurs tels que le transport, les télécommunications, le commerce et divers services. Bien que le secteur primaire connaisse une légère baisse de 0,4%, des lueurs d’optimisme émergent dans l’agriculture vivrière et l’élevage, la pêche et la sylviculture. Une inflation maîtrisée à 4,8% témoigne de la stabilité économique, tandis que la reprise de la consommation finale (+4,8%) et la consolidation des investissements (+12,1%) attestent d’une demande intérieure toujours plus importante. Les échanges extérieurs, avec une hausse de 4,1 % des exportations, révèlent la vitalité de l’économie ivoirienne à l’échelle mondiale. La Côte d’Ivoire joue donc sa partition financière dans un contexte international complexe. Les recettes budgétaires, totalisant 5962,8 milliards de FCFA, surpassent les prévisions grâce à une mobilisation fiscale efficace (5492,2 milliards de FCFA) et des dons (360,2 milliards de FCFA). Cependant, ce chapelet de bonnes nouvelles n’est pas exempt de défis. Les dépenses budgétaires, s’élevant à 8739,8 milliards de FCFA, dépassent les prévisions de 589,5 milliards de FCFA. Au centre 48

de sa stratégie, la Côte d’Ivoire, de tradition agricole, marche vers la diversification économique et se présente comme une nation prête à accueillir le monde sur fond de croissance et de stabilité. Il s’agit d’un pays jeune (70% de la population a moins de trente ans) et urbanisé. Et toujours en pleine croissance démographique ! La population est passée de 3,8 millions d’habitants en 1960 à 29,4 millions en 2021, avec un taux d’accroissement annuel moyen de 3,1 %. Le taux d’urbanisation est passé de 17,7 % en 1960 à 52,5 % en 2021. Une dynamique qui représente un atout pour le développement économique du pays. Abidjan, qui est la capitale économique de la Côte d’Ivoire, est aussi la ville la plus peuplée du pays. Elle abrite plus de 5,6 millions d’habitants, soit environ un quart de la population totale. C’est une cité attractive pour les migrants, qu’ils viennent de l’intérieur du pays ou qu’ils soient originaires de l’étranger. Elle offre, en effet, de nombreuses opportunités d’emploi, notamment dans le secteur informel, qui embauche la majorité de la population. Celle que l’on surnomme parfois Little Manhattan est également un centre économique et culturel important, avec un port maritime, un aéroport international et de nombreuses institutions universitaires. Cependant, l’urbanisation rapide du pays représente également un challenge, puisque ses villes ne sont pas toujours préparées à accueillir une population en forte croissance. Les infrastructures sont souvent insuffisantes, et l’accès aux services sociaux de base, tels que l’éducation et la santé, est inégalement réparti. Pour tirer parti de la dynamique démographique et de l’urbanisation, il convient encore d’améliorer les infrastructures urbaines, en particulier les routes, les transports publics, l’assainissement et l’énergie. Accroître l’accès aux services sociaux de base, tels que l’éducation, la santé et le logement. Et réduire les inégalités sociales, qui sont exacerbées par l’urbanisation. CAN 23: UN VÉRITABLE CATALYSEUR

L’organisation de la Coupe doit permettre de mettre en lumière les défis de l’urbanisation et de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la planification urbaine. Elle est une occasion pour le pays de démontrer ses capacités à accueillir un événement d’une telle envergure. Pour cela, il faudra également répondre au défi majeur de la sécurité. En particulier, personne à Abidjan ne sous-estime la menace terroriste. Car un événement de cette importance ne peut qu’attirer l’attention des groupes djihadistes, qui pourraient être tentés d’en profiter pour marquer les esprits. Le déploiement sécuritaire imposant devra prouver son efficacité. Des stades majestueux aux réseaux routiers repensés, la Côte d’Ivoire s’engage, à la faveur de la rencontre sportive, dans un ambitieux projet de modernisation. La CAN 2023 HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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devient ainsi un catalyseur pour une transformation de l’économie et des infrastructures. Les autorités, conscientes de l’opportunité unique que représente cet événement, ont mobilisé des ressources importantes pour moderniser le pays. « Les infrastructures que je viens de visiter s’annoncent dignes de la Coupe du monde de la FIFA. Elles seront de classe Coupe du monde», s’exclame le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba, le 17 février 2023. Au-delà du sport, la vision de développement à long terme de la Côte d’Ivoire se dessine à travers ces investissements. DES AMBITIONS AU-DELÀ DE LA COMPÉTITION

Les routes, artères vitales du progrès, sont aussi au cœur des ambitions nationales. Avec une enveloppe dépassant les 2 500 milliards de FCFA en 2022, l’État investit massivement dans la modernisation des voies de communication. Le ministre de l’Équipement et de l’Entretien routier, Amédé Koffi Kouakou, annonce la construction de 1900 kilomètres de routes neuves et le renforcement de 1 000 kilomètres de routes existantes en 2023. Dans cette frénésie de construction, la capitale économique voit émerger une voie de contournement, la Y4, à l’image du périphérique parisien. Un projet évalué à 75 milliards de FCFA, qui vise à réduire la congestion urbaine et à offrir une certaine fluidité dans la métropole en expansion. La Côte d’Ivoire s’attaque au défi crucial de l’héritage des infrastructures après la compétition. Plus de 500 milliards de FCFA ont été investis dans la construction et la réhabilitation de six stades principaux, 24 terrains d’entraînement et trois villages dédiés. Ces installations, stratégiquement positionnées à Bouaké, San-Pédro et Korhogo, ne sont pas des arènes sportives temporaires, mais un héritage durable. Attention, toutefois, aux mauvaises habitudes… Premier ministre depuis octobre 2023, Robert Beugré Mambé, jusque-là gouverneur d’Abidjan, a mis les pieds dans le plat: «Pas un centime de plus! On reste dans le budget et on exécute toutes les tâches.» Sous les yeux du monde, la Côte d’Ivoire veut se montrer exemplaire. Au-delà de la CAN, les autorités envisagent des alternatives pour maintenir l’utilisation des structures. Le thème de «l’héritage» est au centre des débats. Les stades pourraient devenir le cœur battant de la Ligue 1 ivoirienne, des lieux pour accueillir concerts, compétitions internationales ou expositions. Les villages de la compétition pourraient être transformés en logements ou en installations communautaires. Mais les ambitions de la Côte d’Ivoire ne s’arrêtent pas à la HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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CAN. Abidjan a été sélectionnée pour accueillir les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) en 2025, tirant parti des améliorations en cours dans la capitale économique. Dans une dynamique de développement durable, l’objectif est de faire du pays une destination de choix pour diverses compétitions sportives dans différentes disciplines, et de la CAN le moteur de la modernisation du pays. La vague d’investissements majeurs dans les infrastructures sportives, dans le cadre de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations, a eu un impact positif significatif sur l’ensemble du secteur de la construction et sur l’emploi. La Côte d’Ivoire s’est ainsi transformée en un chantier géant, et se tient prête à accueillir spectateurs et sportifs du 13 janvier au 11 février 2024. Face à l’anticipation d’un déplacement massif de populations, notamment de touristes, la Coopérative de gestion intégrée de l’industrie du tourisme en Côte d’Ivoire (Cogit-Ci) a conclu une convention stratégique avec la Fondation Awi.

La population, jeune, compte 70 % de moins de 30 ans.

Cette alliance, conclue le 18 septembre 2023, vise à sécuriser l’approvisionnement abondant en vivres des réceptifs hôteliers et restaurants à travers tout le pays et, au-delà, à créer des opportunités économiques pour les femmes actives dans la production et la transformation. Encore un secteur – le tourisme, donc – qui, grâce à l’héritage de la CAN, devrait durablement bénéficier de ses retombées. Les infrastructures concernées, qui toutes se mettent à niveau, se préparent à une marée humaine. Le président du COCAN (Comité d’Organisation de la CAN), François Albert Amichia, dévoile les contours d’une vision à long terme, l’idée étant de transcender les frontières matérielles et immatérielles, et d’unifier le pays autour d’une vision commune. Le COCAN Business Club devient ainsi la toile où se tisse l’héritage économique pour les générations futures. ■ 49


entretien

François Albert Amichia «Aucun match ne se disputera devant des gradins vides!» Le défi est grand, et le président du COCAN compte bien le relever. Proposer une Coupe d’Afrique bien organisée, chaleureuse, ouverte à tous et toutes. Avec un spectacle sportif de haut niveau! propos recueillis par Emmanuelle Pontié (envoyée spéciale à Abidjan) 50

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NABIL ZORKOT

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ENTRETIEN

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e siège du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN), situé dans le quartier de MarcoryRésidentiel, ne désemplit pas à quelques jours du coup d’envoi. À 71 ans, actuel maire de Treichville et ministre à trois reprises (Jeunesse et Sports de 2002 à 2003, Sports et Loisirs de 2015 à 2018, et ministre de la Ville de 2018 à 2021), son président, François Albert Amichia, est parfaitement rodé au monde du sport en général, et du ballon rond en particulier. Il nous a reçus avec un grand sourire dans son vaste bureau ceint d’une belle terrasse et situé en haut du petit bâtiment du siège, entouré d’une demi-douzaine de collaborateurs. Avec cette décontraction que l’on prête aux vrais pros, et le visage plutôt détendu pour la période d’effervescence qu’il traverse, il nous raconte l’histoire de l’organisation de cette 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations, depuis les stades jusqu’aux questions de sécurité, en passant par l’avenir des infrastructures et leur participation, demain, au développement de la Côte d’Ivoire. AM: Nous sommes à l’approche du lancement de la CAN. Comment vous sentez-vous? François Albert Amichia : Serein. Et, en même temps,

sous pression. Nous préparons cet événement depuis des années. J’ai été nommé à la tête du COCAN en juin 2021. Au début, nous voyions la compétition venir, mais avec beaucoup de distance. Aujourd’hui, même si nous nous sentons prêts, nous éprouvons une certaine angoisse. Nous pensons cependant tenir les engagements que nous avons pris vis-à-vis de la Confédération africaine de football (CAF), du peuple ivoirien et de tous les amoureux du ballon rond. Six stades ont été soit construits, soit rénovés. Aujourd’hui, tout est fin prêt. Parlons des voies d’accès. Où en est-on?

Concernant les stades, quatre ont été construits, deux ont été réhabilités. Tous sont homologués par la CAF et ont été testés grâce à des matchs que nous avons organisés à cet effet. Du 5 au 19 novembre, huit équipes de la Women’s Champions League se sont affrontées à San-Pédro et à Korhogo. Nous avons ainsi pu mesurer notre organisation. Les stades d’Ebimpé et Félix Houphouët-Boigny ont aussi accueilli des matchs test. Concernant les accès, notamment à Abidjan, nous avions évidemment des soucis. Mais tout est résolu à présent. En octobre, le Premier ministre a effectué une visite de la principale voie menant au stade d’Ebimpé et de celle que nous appelons la «Y4», une voie de 52

contournement de la ville. Les travaux sont pratiquement achevés. Nous avons également construit 24 terrains d’entraînement, afin que chaque équipe dispose du sien, contrairement à ce qui se faisait ailleurs, où le même terrain était partagé par deux ou trois équipes. Là encore, nous avons rencontré quelques problèmes d’accès à cause d’une saison des pluies particulièrement intense, mais les voies sont en train d’être terminées. Je souhaiterais préciser que, à la suite du tirage au sort, les équipes ont effectué ce que l’on appelle des «visites de familiarisation», et les retours ont généralement été plutôt favorables. Il reste quelques détails à régler, mais que ce soit au sein du COCAN ou du gouvernement ivoirien, des dispositions ont été prises afin de tenir compte des observations que nous avons reçues. Quel est le budget global de la CAN, et y a-t-il eu des dépassements?

Il est difficile de parler d’un budget global parce que, depuis 2014, année à laquelle la CAF a attribué l’organisation de cette 34e édition à la Côte d’Ivoire, différents départements ministériels, en prévision de la CAN, ont eu à effectuer des travaux avec les crédits qui leur ont été accordés pour leur exécution. Le gouvernement ivoirien a investi un peu plus de 500 milliards de francs CFA pour financer la construction d’infrastructures sportives. Il ne m’est pas possible de vous donner les budgets alloués aux accès routiers, au relèvement du plateau technique des infrastructures sanitaires des villes hôtes ou à tout autre domaine. Le budget de fonctionnement du Comité d’organisation avoisine, quant à lui, les 130 milliards depuis mon arrivée, c’est-à-dire lors des trois dernières années: 2021, 2022 et 2023. Savez-vous si des imprévus se sont présentés en chemin, qui ont nécessité de revoir à la hausse certaines dépenses?

Honnêtement, je ne saurais vous répondre. Je peux, en revanche, signaler qu’en 2014, nous avions prévu d’organiser une CAN à 16 équipes. En cours de route, la CAF a modifié les règles, et nous sommes passés à 24 équipes, ce qui a complètement changé la donne. Il fallait un nouveau terrain. Aussi, le stade Félix Houphouët-Boigny, à Abidjan, a été rénové. De nouveaux terrains d’entraînement étaient également requis, ce qui a induit l’ajout d’un certain nombre de crédits. En dehors de ça, je ne peux pas parler véritablement de surcoûts. Il est certain que, jusqu’à la dernière minute, il peut y avoir des changements positifs, parce que nous avons reçu pour instruction, de la part de monsieur le président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara, d’organiser la meilleure édition qui ait jamais existé. Donc, animés par le HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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De jeunes garçons du village de Koonan jouent au football devant le foyer polyvalent, géré par l’association Life on Land.

désir et la volonté de faire toujours plus, nous pouvons être amenés à améliorer encore certaines choses. Il a ainsi été, par exemple, demandé à plusieurs départements ministériels d’organiser des événements en marge de la CAN pour faire connaître la Côte d’Ivoire sur les plans touristique, culturel, gastronomique. Ce qui augmente, en quelque sorte, les coûts. Mais ces derniers ne sont pas imputables à notre organisation.

VINCENT BOISOT/RIVA PRESS

Pourquoi avez-vous choisi d’appeler cette édition la «CAN de l’hospitalité»?

Tout d’abord, en référence à notre hymne national. Et aussi, du fait du contexte actuel, qui fait de notre pays une terre d’accueil, où l’hospitalité est une règle. Pour recevoir 24 équipes et la foule de visiteurs que nous attendons, nous avons choisi de mettre en avant l’hospitalité. À côté de ce mot, nous avons ajouté «et de l’héritage», parce que nous ne souhaitons pas organiser une Coupe d’Afrique des nations qui finirait le 11 février. Nous souhaitons que les retombées de l’événement puissent profiter à la Côte d’Ivoire, en matière d’infrastructures et de capital humain. Ce rassemblement nous permet de former des jeunes gens issus de l’Institut national de la jeunesse et des sports et de l’Office national des sports. Nous avons espoir qu’après la compétition, ils pourront s’orienter vers les métiers du sport et se mettre au service des collectivités territoriales, ou même d’autres pays africains qui auront la possibilité d’organiser un grand événement sportif. Nous avons appelé cette édition la «CAN de l’hospitalité» pour montrer les capacités d’accueil de la Côte d’Ivoire et la tradition du respect de l’autre. C’est une CAN ouverte, une CAN de l’Afrique. Et donc aussi celle de l’héritage! HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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L’événement nous permet de former des jeunes gens. Nous avons espoir qu’après la compétition, ils pourront s’orienter vers les métiers du sport. Comment travaillez-vous au quotidien?

Au départ, nous avions un règlement intérieur, avec des réunions périodiques interministérielles et autres, mais depuis la cérémonie de tirage au sort, tout cela est bien loin! Nous tenons maintenant des réunions pratiquement toutes les heures, en visioconférence avec nos interlocuteurs de la CAF, avec monsieur le Premier ministre ou les membres du Comité interministériel, ou encore nous menons des visites de 53


ENTRETIEN

chantiers, organisons des rencontres avec des opérateurs qui veulent jouer leur partition, participons à des tables rondes, des colloques. Nous faisons aussi des interviews pour donner de la visibilité à la CAN. Enfin, nous rencontrons des légendes du monde du football ou du sport… Bref, nous avons un agenda qui nous fait regretter que les journées ne comptent que vingt-quatre heures et les semaines sept jours! Nous avons une date butoir, qui est le 13 janvier. Nous ne ménagerons aucun effort pour que tout soit prêt sur tous les plans le jour J. Au niveau de l’organisation, quels sont les volets qui vous semblent les plus épineux?

Nous sommes responsables de l’organisation dans un cadre bien précis. De ce point de vue, nous n’avons aucune crainte. Nous travaillons selon des règles claires. Néanmoins, nous connaissons la passion qu’engendre le football, où chacun pense qu’il est spécialiste et se rêve en professionnel. Nous avons ainsi reçu beaucoup de propositions et de recommandations. Il nous est impossible de ne pas en tenir compte, mais en même temps, nous sommes obligés de respecter le cahier des charges. C’est peut-être là la principale difficulté. Avec l’importance aujourd’hui des réseaux sociaux, tout le monde s’est transformé en entraîneur ou en organisateur; il convient de parvenir à faire le tri. Nous nous efforçons de mettre à disposition de la Côte d’Ivoire, de la CAF et des amoureux du ballon rond tout ce qu’il faut pour que cette 34e édition de la CAN soit un grand rendez-vous de la jeunesse africaine, un vrai moment sportif et convivial. Comment s’est passée l’installation des comités locaux ? Avez-vous rencontré des soucis, et de quel ordre?

Les COLOCAN étaient très attendus, parce que tout le monde veut s’impliquer dans l’organisation de cette édition. Nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures, si ce n’est qu’il fallait trouver une place pour chacun. Tout s’est déroulé avec la compréhension des uns et des autres. Les comités locaux sont présidés par les préfets de région, qui, pendant toute la période de préparation, tenaient déjà des réunions régulières avec les directeurs régionaux des différents départements ministériels. Comme le souligne le cahier des charges de la Confédération africaine de football, le second du COLOCAN, c’est le maire de la localité, car il convient d’inclure les populations et les collectivités territoriales. Nous avons également ce que nous appelons un «conseil d’honneur», qui réunit toutes les personnalités politiques, religieuses, coutumières, militaires, policières de la ville. Avec ceux qui ont été choisis pour travailler à la réussite de l’événement localement, avezvous rencontré des soucis de compétences?

Il y a donc les comités locaux, mais nous décentralisons aussi des forces du COCAN. Dans chaque site, nous avons 54

35 personnes: un coordonnateur général, un directeur de site, et dans chaque commission, des représentants qui travaillent dans les domaines de la santé, de la sécurité, des transports, etc. Ces derniers ont été formés avec l’appui de la CAF. Vous avez annoncé en début d’année 2023 que la CAN allait générer de nombreux emplois, directs et indirects. Qu’en est-il?

Nous sommes toujours en phase de recrutement. Nous avions commencé à embaucher entre 200 et 300 personnes, puis ce chiffre a augmenté au fil des mois. En novembre dernier, nous comptions environ 600 emplois directs en ce qui concerne le personnel administratif et technique. Il faut aussi compter les 10000 volontaires que nous avons sélectionnés pour la CAN. Le gouvernement lui-même s’est engagé à recruter 20000 bénévoles. N’oublions pas non plus tous ceux qui ont trouvé un travail de guide touristique, de tenancier de nouveaux maquis ou de réceptifs hôteliers, qui eux-mêmes ont souvent engagé du personnel supplémentaire. La CAN crée beaucoup d’emplois, directs et indirects. Comme je le disais, ce qui nous préoccupe, c’est l’après. Que ferons-nous de tous ces jeunes? Nous souhaitons pouvoir les mettre à la disposition de l’État ou des collectivités, et même du secteur privé. Dans le milieu sportif, plusieurs initiatives viennent du privé, et tous ces jeunes gens qui auront eu une spécialisation pourront être utiles. Combien attendez-vous de visiteurs?

Nous avons estimé entre un 1,2 et 1,5 million de spectateurs et de visiteurs. La Côte d’Ivoire est un pays qui attire, reconnu pour son hospitalité. Et ses infrastructures permettent des déplacements. Janvier-février est une période idéale: le climat est propice et les températures sont agréables. Tous les pays voisins font partie des nations qualifiées, que ce soit le Mali, le Burkina Faso, la Guinée ou le Ghana. Le flux de spectateurs venant par voie terrestre sera donc difficilement chiffrable. Rien ne dit qu’on ne dépassera pas les estimations. C’est ce que nous souhaitons, d’ailleurs, puisque nous avons fait le pari qu’aucun match ne devra se disputer devant des gradins vides. Nous voulons accueillir le maximum de personnes! Ce maximum de personnes risque de dépasser les réceptifs hôteliers, sauf à Abidjan et peut-être à Yamoussoukro. Ailleurs, la situation sera sûrement plus compliquée…

Je ne suis pas tout à fait d’accord. Korhogo, par exemple, regorge de réceptifs hôteliers. Les cadres du secteur privé de la région, dès l’annonce de la CAN, se sont organisés pour construire des hôtels. De ce point de vue, il n’y a aucun souci. La station balnéaire de San-Pédro, quant à elle, abrite déjà de nombreux hôtels. Là, également, pas de problème. Il y avait un souci à Bouaké, mais le maire, le préfet, le président du conseil régional et le ministre-gouverneur se sont organisés avec le HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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ministère du Tourisme pour recenser toutes les résidences que les habitants pourraient mettre à la disposition du COCAN. Ce qui fait qu’aujourd’hui, là aussi, le problème semble résolu. D’autant plus que l’État a réhabilité le Ran Hôtel, qui peut également servir à accueillir des participants, en plus des hôtels deux ou trois étoiles réservés au COCAN. J’aimerais ajouter – par habitude, car j’ai été pendant six ans le président du Comité national de soutien aux équipes nationales de Côte d’Ivoire, et j’ai donc accompagné nos supporters à l’extérieur – que l’on trouve toujours des solutions. En Afrique, il n’y a pas d’étrangers, c’est le voisin qui rend visite à son voisin. Par ailleurs, grâce à la modernisation du réseau routier, les distances ont été réduites. D’Abidjan à Bouaké, il faut compter aujourd’hui 400 kilomètres par autoroute. On peut assister à un match et revenir à son lieu de résidence le même jour. Parlons des cités CAN, censées accueillir les équipes et leur staff.

Dans le cahier des charges de la CAF, pour loger les équipes, il fallait des réceptifs hôteliers quatre ou cinq étoiles. Dans certaines villes, il nous était difficile d’offrir ce classement. Nous avons donc décidé de construire des villages CAN, exclusivement réservés aux équipes qualifiées affectées à ces sites. À Korhogo, à Bouaké et à San-Pédro, ce seront les quatre équipes affectées qui résideront dans ces cités CAN. Dans un contexte parfois tendu aux frontières ivoiriennes, le dispositif de sécurité a vraisemblablement été adapté. Qu’est-ce qui a été mis en place, y compris dans les stades?

La sécurité est bien entendu une préoccupation majeure du COCAN et du gouvernement ivoirien. Nous connaissons le contexte général dans la sous-région, et même dans le monde aujourd’hui. Bien entendu, des dispositions efficaces ont été prises. Étant donné que c’est un secteur stratégique, permettez-moi de ne pas trop entrer dans les détails. Je peux simplement dire que le gouvernement ivoirien, le président de la République et le Premier ministre ont demandé à certains de nos pays amis de nous aider dans ce domaine, dont les méthodes difficilement décelables et gérables évoluent très rapidement de nos jours. Il nous faut donc l’appui de pays qui ont connu des événements semblables. Et la coopération sur ce terrain fonctionne très bien. Quels pays, par exemple?

La France et les autres pays de l’Union européenne nous accompagnent, de même que les pays voisins avec lesquels nous entretenons de bonnes relations pour les contrôles réciproques et mutuels de part et d’autre des frontières. Avez-vous une crainte ou une angoisse personnelle?

Tout ce qui est humainement possible a été réalisé. Maintenant, je dirais qu’à l’impossible nul n’est tenu. Nous attendons avec impatience et un peu d’angoisse la cérémonie HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Nous nous efforçons de mettre à disposition des amoureux du ballon rond tout ce qu’il faut pour que cette 34e édition soit un grand moment sportif et convivial. d’ouverture, c’est vrai, car c’est elle qui déterminera le succès ou non de l’événement. Pour ce qui est de la partie technique, sur la pelouse, on connaît les équipes et leurs valeurs, et on sait que le niveau sera très élevé. Depuis la dernière Coupe du monde, on a été témoins des prestations du Maroc, du Sénégal, etc. On a vu les matchs de qualifications et constaté que le niveau est très haut. Quant aux problématiques liées au changement climatique, aux personnes ou autres, on se dit qu’on a pris les dispositions nécessaires, et que Dieu fera le reste! Que cette Coupe attendue par le monde entier se déroule le mieux possible! Avez-vous un pronostic quant au gagnant de cette 34e édition? Avec interdiction de répondre la Côte d’Ivoire, ce serait trop facile…

Tout le monde a vu la prestation de l’équipe du Maroc à la Coupe du monde, dont elle est sortie demi-finaliste. C’est exceptionnel. Le Sénégal a également raflé tous les trophées ces dernières années. Mais on a aussi la Côte d’Ivoire! Elle organise cette coupe et s’y prépare depuis longtemps. Un élément, personnellement, me fait pencher en faveur de nos Éléphants: en 1992, le président de la République actuel était Premier ministre, et nous avons remporté la CAN. En 2015, quand nous avons décroché notre deuxième étoile, il était devenu président. Jamais deux sans trois. Il est là, aujourd’hui, et je crois qu’il lui reviendra de remettre le trophée dans les mains du capitaine de l’équipe de Côte d’Ivoire! ■ 55


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entrevue

Françoise Remarck «Célébrer notre diversité et notre richesse» Pour la ministre de la Culture et de la Francophonie, la compétition est aussi une opportunité majeure de mieux faire connaître le pays hôte et ses opportunités, de rayonner bien au-delà des frontières du football!

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propos recueillis par Philippe Di Nacera

inistre de la Culture et de la Francophonie depuis le 20 avril 2022, Françoise Remarck compte parmi les six femmes du gouvernement ivoirien. Issue du secteur privé, elle a travaillé pendant 25 ans dans l’industrie des médias, en particulier au sein du groupe Canal+, où elle a occupé plusieurs fonctions, et notamment participé à la création de la filiale de Canal+ Horizons en Côte d’Ivoire, qu’elle a ensuite dirigée, ou encore supervisé la communication de Canal+ Afrique. Avant sa nomination au gouvernement, elle occupait les mêmes fonctions à la Compagnie française d’Afrique occidentale (CFAO) et était vice-présidente de la CGECI, le patronat ivoirien. En vue de la CAN 2023, le gouvernement lui a confié la coordination de tous les événements «hors compétition», à savoir la valorisation de la culture sous toutes ses formes et la mise en valeur du patrimoine en Côte d’Ivoire. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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AM: La CAN est un grand événement sportif, mais pas seulement. Pouvez-vous expliquer ce qu’elle représente d’autre pour le pays d’accueil? Françoise Remarck: La Coupe d’Afrique des nations 2024

qu’organise la Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février est portée par le président de la République, Alassane Ouattara. Le dossier de candidature a été défendu avec détermination, car tout cela représente bien plus qu’un événement sportif majeur pour le pays d’accueil. C’est une chance unique de montrer notre capacité à nous réunir pour relever ce défi, et c’est aussi une opportunité exceptionnelle de visibilité. En organisant cette CAN 2023, la Côte d’Ivoire confirme qu’elle est un carrefour pour l’organisation de très nombreux rassemblements aux contenus protéiformes. C’est, en addition, une belle opportunité pour promouvoir notre tourisme sous toutes ses formes. Cette compétition permettra également de stimuler le développement économique, sur le plan local, avec des retombées directes et indirectes. Enfin, nous soutenons 57


ENTREVUE

notre équipe nationale! N’oublions pas que notre pays a organisé sa première Coupe il y a de cela quarante ans. Le sport est par essence fédérateur, et nous porterons les Éléphants, mais les équipes participantes ne seront pas seules. Vous verrez et vivrez notre ambiance! Enfin, cette CAN sera celle de l’hospitalité. La culture et le sport sont souvent les deux faces d’une même pièce. Ils seront pour la première fois très ouvertement mis en valeur, avec l’accord de la CAF, dans le cadre de cette édition. En quoi est-ce une avancée pour la Coupe d’Afrique des nations elle-même?

En effet, ces deux éléments ne sont jamais très éloignés. Mais il faut saluer cette initiative de la CAF qui, à partir de la CAN 2023, offre officiellement la possibilité au pays hôte de présenter tous ses atouts. La star sera, certes, le football, mais il y aura aussi une mobilisation de tous les secteurs pour faire de ce rendez-vous un moment inoubliable. En mettant en valeur la culture ivoirienne aux côtés du sport, cette rencontre sportive devient une plateforme pour célébrer la richesse et la diversité culturelle du pays hôte, créant ainsi une expérience immersive pour les participants et les fans du monde entier. La Côte d’Ivoire est une mosaïque de cultures, et évidemment nous proposerons un programme culturel varié, sans oublier les actions du ministère du Tourisme et des Loisirs. Cette décision a été accueillie avec beaucoup de joie par la population, tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Dans le gouvernement, vous êtes justement celle qui coordonne ce qui ne relève pas strictement de la compétition sportive. Qu’est-ce que les visiteurs pourront découvrir du pays?

Au sein du gouvernement, je suis responsable de la culture. Sans entrer dans l’ensemble des détails, ceux qui se rendront en Côte d’Ivoire pour la CAN 2023 auront l’occasion de découvrir la diversité de notre pays et sa richesse. Tous les secteurs et les acteurs culturels se sont mis ensemble: art visuel, de la scène, spectacle vivant, mode, gastronomie, sans oublier nos festivals patrimoniaux pour proposer des programmes dynamiques. L’approche est inclusive. Il faut savoir que la gastronomie est partie intégrante de la culture, et on pourra apprécier la diversité de nos plats. Après les premiers tours, il y a des pauses, et nous allons montrer toutes les facettes de notre culture aux touristes, aux supporters et à tous ceux qui nous auront fait l’amitié de participer à ce rendez-vous footballistique. La cuisine, la musique, la créativité, les arts plastiques, l’artisanat, ou même le caractère joyeux des Ivoiriens. Quels «marqueurs» de la diversité culturelle et touristique de la société souhaitez-vous mettre en avant?

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« Nous montrerons les facettes de notre culture à tous ceux qui nous auront fait l’amitié de participer à ce rendez-vous. » Très honnêtement, ils seront tous mis en valeur, afin que les visiteurs, qu’ils soient amateurs de football, d’humour ou autres, y trouvent leur compte. La Côte d’Ivoire offre une telle richesse que toutes les personnes qui auront décidé d’être parmi nous à partir de janvier 2024 apprécieront leur séjour. Et tout sera mis en œuvre dans ce sens. Vous savez, nous travaillons collectivement dans cet objectif. Il y a, certes, la compétition, que nous espérons remporter. Mais n’oublions pas la qualité de l’accueil. Il y aura des bénévoles et des volontaires totalement dédiés à nos visiteurs. Comment cela va-t-il s’organiser sur une période aussi courte que celle d’une compétition sportive?

Nous allons profiter de tous les moments, évidemment lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, mais également dans les zones qui seront dédiées à l’animation lors des rencontres et sur toute l’étendue du territoire. Une plateforme informative sera par ailleurs mise à disposition avant le 13 janvier 2024. La mise en valeur de tous ces trésors, est-ce cela qui conduit les responsables ivoiriens à dire que cette CAN sera «la plus belle» jamais organisée?

Il ne s’agit pas seulement de mettre en valeur ces trésors. Il y a, d’abord, une véritable fierté à organiser ce rendez-vous qui sera suivi par des millions de personnes, et ce quarante ans après 1984. Mais «la plus belle CAN jamais organisée», c’est surtout l’engagement, en premier lieu, du président de la République Alassane Ouattara, du Premier ministre, aussi ministre des Sports et du Cadre de vie, Robert Beugré Mambé, de l’ensemble du gouvernement, des autorités locales, régionales, et des Ivoiriennes et des Ivoiriens. Il s’agit d’un engagement fort, partagé par des femmes, des jeunes, des citoyens qui veulent montrer au monde le sens donné à la CAN de l’hospitalité. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Le Parc des expositions d’Abidjan, inauguré en juillet 2023, a été conçu par l’architecte Pierre Fakhoury et réalisé par PFO Africa.

NABIL ZORKOT

Les retombées d’un tel événement devraient donc être conséquentes. Quelles sont les attentes du gouvernement en matière d’héritage, d’image, d’économie, et même sur le plan politique?

Cette compétition représente aussi l’opportunité pour les nombreux jeunes de se réunir. En réalité, l’héritage a déjà commencé! Il a été procédé à la transformation et la construction des stades, à celles de plusieurs infrastructures, dont le réseau routier. Cela permet, par exemple, de rejoindre Bouaké ou San-Pédro en trois heures, depuis Abidjan, au lieu de cinq ou six heures originellement. Il faut également prendre en compte les infrastructures hôtelières et sanitaires qui ont été construites ou remises à niveau. Tous ces travaux ont permis la création d’emplois, depuis plus de cinq ans. Imaginez la restauratrice aux abords du stade Félix Houphouët-Boigny réhabilité. Depuis plusieurs années, elle a vu son chiffre d’affaires croître en fournissant des repas à des centaines d’ouvriers HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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commis à ce chantier: c’est d’ores et déjà de l’héritage économique. Plusieurs compétences ivoiriennes ont été mobilisées et impliquées, la technicité et le savoir-faire des personnes mis en valeur. Et on pourrait multiplier les exemples ! La CAN 2023 se déroulera dans nos cinq villes hôtes: Abidjan, Bouaké, Korhogo, San-Pédro et Yamoussoukro. Ces localités sont totalement impactées, et l’ensemble du pays pourra bénéficier de cet héritage, qui devrait nous permettre d’organiser d’autres événements sportifs et culturels d’envergure sur les plans national et international. Aujourd’hui, de jeunes talents comme Didi B sont capables de remplir le Parc des expositions, situé dans la capitale économique. Les jeunes sont définitivement prêts, sur le plan culturel. Croyez-moi, la Côte d’Ivoire a tous les atouts pour devenir ce creuset sportif et culturel incontournable pour nos jeunes et notre population. Les retombées seront donc de tous ordres, et il s’agit là d’un investissement pérenne pour notre pays. ■ 59


24 ÉQUIPES POUR UN TROPHÉE compétition

Rénové à l’occasion de la CAN 2023, l’historique Félicia accueillera équipes et supporters pour cet événement très attendu.

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Il y a évidemment le pays hôte, sur lequel pèse une sacrée pression, les favoris aussi, les outsiders, les habitués, les surprises possibles… Les plus forts veulent soulever la coupe le jour de la finale. Les plus modestes rêvent de l’exploit. Revue de détail sportive. par Pierre René-Worms

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COMPÉTITION

Le pays hôte CÔTE D’IVOIRE QUARANTE ANS après avoir accueilli la CAN, le pays subit une pression forte. Soulever le trophée et oublier l’humiliation de l’édition de 1984, où ils avaient été éliminés dès le premier tour, les Ivoiriens n’envisagent rien d’autre. Depuis lors, deux étoiles continentales sont venues arborer leur tunique orange. S’ils ont malmené les Marocains, quatrièmes de la dernière Coupe du monde, en match amical en octobre dernier, les Éléphants marquent peu, et ce malgré des joueurs de grande qualité évoluant dans les meilleurs championnats européens: Sébastien Haller en Allemagne, Wilfried Singo en France, Jonathan Bamba en Espagne, Christian Kouamé et Evan Ndicka en Italie, Franck Kessié au Barça jusqu’en août 2023 (et depuis en Arabie saoudite), Wilfried Zaha et Max-Alain Gradel en Turquie, et Ibrahim Sangaré et Serge Aurier en Angleterre. Au sein d’une équipe où les joueurs sont valorisés à hauteur de 265,38 millions d’euros (1,735 milliard de FCFA), les coéquipiers de Serge Aurier forment un commando chic et choc pour monter sur le toit de l’Afrique. Même si les Éléphants n’ont pas dépassé les quarts de finale depuis leur dernier sacre en 2015 en Guinée équatoriale, ils demeurent réguliers au plus haut niveau, et forment une équipe redoutable et redoutée. Mais la gestion de la fin des matchs est un chantier majeur pour l’entraîneur JeanLouis Gasset, car on ne compte plus les matchs perdus par les pachydermes dans le dernier quart d’heure. Nul doute que le soutien de tout un peuple et de ses comités de supporters dans les stades gonflera à bloc le mental du groupe pour arriver au bout de son rêve, qui est aussi celui de toute une nation.

Les favoris

CÔTE D’IVOIRE Ibrahim Sangaré lors du match amical Côte d’Ivoire-Maroc en octobre 2023.

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LE COACH MAROCAIN Walid Regragui avait dit avant le Mondial: «Mon objectif, c’est la CAN. Pourquoi mentir au peuple marocain? Moi, je suis venu pour ramener un titre. Là, je prépare un groupe pour la Coupe du monde, mais l’objectif est la CAN.» On a vu le résultat au Qatar. L’équipe fera-t-elle mieux en Côte d’Ivoire? Installés à San-Pédro dans un groupe à leur portée, avec la RDC, la Tanzanie et la Zambie, les Lions de l’Atlas vont HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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PA IMAGES/ICON SPORT

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AYMAN AREF/NURPHOTO/ NURPHOTO VIA AFP

MAROC Les Lions de l’Atlas victorieux face à l’Espagne en huitièmes de finale de Coupe du monde, en 2022, au Qatar.

pouvoir tranquillement monter en puissance pour atteindre leur objectif majeur. Mais la CAN est une compétition qui ne leur réussit pas: leur dernière victoire remonte à 1976, en Éthiopie – une éternité. Et le climat tropical de Côte d’Ivoire ne risque-t-il pas de leur jouer un vilain tour? Car les Marocains, comme nombre d’équipes du nord du continent, n’aiment pas l’humidité des pays du sud. Tiendront-ils la distance en Côte d’Ivoire? Pour mettre un terme à quarante-huit années de disette, l’arrière HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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droit du PSG Achraf Hakimi entend bien pousser ses coéquipiers à poursuivre la dynamique initiée au Qatar, où ils avaient atteint les demi-finales. Car ce qui fait la force du Maroc, c’est bien l’esprit d’équipe d’un groupe soudé, dans le jeu comme dans l’esprit. En Côte d’Ivoire, les Marocains voudront prouver qu’ils sont bien les nouveaux rois de l’Afrique. Les Lions de la Teranga n’ont qu’à bien se tenir s’ils veulent garder leur couronne continentale. 63


COMPÉTITION

SÉNÉGAL Lors de la CAN 2022, les Lions de la Teranga décrochent enfin leur première étoile face à l’Égypte.

LE PAYS CONSERVERA-T-IL SON TITRE? Dans un groupe compliqué, aux côtés des voisins gambiens et guinéens, où chaque derby verra s’affronter deux équipes qui montent en puissance, et avec un match au sommet le 19 janvier face aux Lions indomptables à Yamoussoukro, les Sénégalais devront démarrer cette CAN le pied au plancher. Contrairement au Maroc, qui a bénéficié d’un tirage au sort clément pour ses matchs à San-Pédro. Mais les Lions de la Teranga ont soif de victoire et restent sur une dynamique positive depuis leur sacre à Yaoundé. En huitièmes de finale lors du Mondial au Qatar, invaincus lors des qualifications de la CAN, et victorieux du Brésil 4-2 lors d’un match amical spectaculaire à Lisbonne, la bande d’Aliou Cissé sera en Côte d’Ivoire pour conserver sa couronne et réaliser le doublé. 64

Les outsiders TUNISIE

SEIZIÈME PARTICIPATION consécutive pour les Aigles de Carthage! Mais, en fin de compte, pour combien de sacres? Un seul, celui de 2004, l’année où Roger Lemerre mena son équipe au titre continental à domicile. La victoire historique du 30 novembre 2022 face à la France (1-0) lors du Mondial qatari a-t-elle été un déclic pour renouer avec une victoire finale? À Korhogo, dans un groupe où le Mali et l’Afrique du Sud seront des adversaires coriaces, les Aigles de Carthage, sur la lancée de leur victoire en amical contre l’Égypte, prouveront-ils enfin toutes les qualités de cette équipe compacte, soudée et conquérante, emmenée par le renard des surfaces Youssef Msakni? HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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MOHAMED ABD EL GHANY/REUTERS

SÉNÉGAL


TUNISIE Le Tunisien Anis Ben Slimane face au Français Axel Disasi lors de la Coupe du monde 2022. ÉGYPTE Le Président Abdel Fattah al-Sissi félicite Mohamed Salah et les Pharaons en juin 2019.

JOSÉ BRETON/NURPHOTO/NURPHOTO VIA AFP - AO/EGYPTIAN PRESIDENCY/AFP PHOTO

ALGÉRIE LES FENNECS DE DJAMEL BELMADI ont soif de revanche après leur contre-performance au Cameroun, où ils avaient quitté la compétition dès le premier tour, et leur non-qualification pour le Mondial au Qatar. Et s’ils renaissaient enfin de leurs cendres? Vainqueurs à Dakar des Lions de la Teranga, champions en titre, les Algériens arrivent revanchards pour leur premier tour à Bouaké, dans un groupe à leur portée, avec le Burkina, la Mauritanie et l’Angola. Sans pression sur le dos et avec l’apport de binationaux, tel le milieu de l’AS Roma Houssem Aouar, l’Algérie sera redoutable et offensive en Côte d’Ivoire.

ÉGYPTE PAYS LE PLUS TITRÉ EN COUPE D’AFRIQUE des nations avec sept victoires, l’Égypte voit tout de même son dernier sacre remonter à 2010. Autant dire que les campagnes pour accorder une huitième étoile à Mohamed Salah et ses coéquipiers ont toujours été vaines. Mais les Pharaons ont passé les qualifications sans encombre, avec cinq victoires en six matchs, et joueront le premier tour à Abidjan dans l’historique stade Félix Houphouët-Boigny rénové. Dans un groupe où seul le Ghana pourrait lui tenir la dragée haute, Mo Salah trouvera-t-il enfin l’élan pour décrocher une consécration continentale, qui lui échappe depuis son arrivée en équipe nationale en 2011? Un bail, pour un joueur de cette trempe à la recherche du Graal. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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NIGERIA LES SUPER EAGLES sont de retour et seront difficiles à arrêter! Une attaque de rêve portée par la star Victor Osimhen, qui évolue à Naples, complétée par des joueurs comme Victor Boniface ou Taiwo Awoniyi, qui écument au plus haut niveau les championnats européens: le groupe a la gagne. Avec la valeur marchande la plus importante de la CAN – 346,20 millions d’euros, soit 226 milliards de FCFA – et la meilleure attaque des qualifications – 22 buts marqués –, les Nigérians sont prêts à scorer face aux deux Guinée du groupe. Les Équato-guinéens et Bissau-guinéens devront rester sur leurs gardes, car leurs adversaires sont bien décidés à laver l’affront de la défaite en phase de qualifications (0-1) à domicile face à la Guinée-Bissau. Des joueurs qui ont prouvé leur efficacité face aux buts et qui sont parmi les favoris du tournoi. Le match du jeudi 18 janvier contre la Côte d’Ivoire aura valeur de test pour une équipe remontée après les désillusions des précédentes CAN. Il s’agira pour le coach portugais Peseiro de résoudre le problème récurrent de gardien de haut niveau mondial, handicap majeur qui a coûté sa place à l’équipe lors de la dernière Coupe du monde au Qatar. Dix ans après son dernier sacre en Afrique du Sud, ajoutera-t-elle une quatrième étoile sur son maillot vert? 65


COMPÉTITION

Les habitués CAMEROUN APRÈS UNE COUPE DU MONDE RATÉE, et malgré un succès historique face au Brésil, les Lions indomptables se sont qualifiés in extremis pour la CAN. Installés dans le «groupe de la mort», avec la Guinée et la Gambie, parviendront-ils à tenir tête aux Lions de la Teranga? Pour ce choc du groupe C à Yamoussoukro, la présence dans les buts du revenant André Onana, qui avait claqué les portes de la sélection en décembre 2022, sera précieuse, et il devra contrer les inspirations incisives de Sadio Mané et des siens. En attaque, le trio Choupo-Moting, Aboubakar, Toko-Ekambi devra être efficace et faire oublier les prestations fades et indigestes des matchs amicaux perdus 1-0 face à la Russie et au Sénégal. La force tranquille des Lions sera-t-elle au rendez-vous à Yamoussoukro? Quoi qu’il en soit, ils devront batailler ferme pour se qualifier car, comme le dit leur entraîneur Rigobert Song: «Toutes les équipes africaines ont progressé, et cela ne va pas être facile.»

MALI LES AIGLES vont pratiquement jouer à domicile à Korhogo et, face à la Tunisie et à l’Afrique du Sud, ce sera un atout majeur. Les Maliens ont des artistes dans tous les compartiments du jeu et proposent une tactique séduisante. L’équipe a survolé ses matchs au premier tour, lors des deux dernières éditions, puis s’est fait éliminer dès les huitièmes. C’est le triste constat d’un football malien qui a connu des déconvenues, mais qui pourrait enfin se relever en Côte d’Ivoire. À l’occasion de leur quatorzième participation à la CAN, les joueurs retrouveront pour la troisième fois d’affilée les Tunisiens, et porteront un maillot en hommage à Salif Keita. Avec cet illustre prédécesseur sur le cœur, les Aigles feront-ils aussi bien que lui, qui avait participé à la seule finale du Mali à la CAN? C’était en 1972, à Yaoundé, lors de la défaite 3-2 face au Congo.

BURKINA FASO POUR LEUR TREIZIÈME PARTICIPATION, les Étalons joueront à Bouaké, profitant du soutien de la forte communauté burkinabè résidant sur le sol ivoirien. Quatrièmes de la dernière CAN, après avoir manqué la qualification en Égypte, les coéquipiers de Bertrand Traoré devraient pouvoir atteindre 66

le second tour au sein d’un groupe où l’Algérie part favorite, Mauritaniens et Angolais semblant à la portée de cette équipe ambitieuse et confiante. Mais les Étalons ne craignent pas les Fennecs, qu’ils ont rencontrés lors des qualifications du Mondial qatari, les deux équipes n’ayant pu se départager lors des deux rencontres (1-1 et 2-2). Le sélectionneur burkinabè Hubert Velud, fin connaisseur du football algérien, trouvera-t-il les clés de la victoire lors du match au sommet du 20 janvier?

GHANA LES BLACK STARS ont frôlé l’élimination à domicile face à la Centrafrique, devant leur salut au but du Lyonnais Ernest Nuamah lors de la dernière journée des éliminatoires. Pour leur dixième participation d’affilée à la phase finale, les coéquipiers de Jordan Ayew doivent chasser leurs doutes et repartir d’un nouvel élan à Abidjan, dans un groupe qui leur est accessible, composé des Cap-Verdiens, Mozambicains et Égyptiens. Le talentueux milieu offensif de West Ham, Mohammed Kudus, 23 ans, qui a aussi fait les beaux jours de l’Ajax d’Amsterdam, devrait se mettre en valeur comme il l’a fait en 2022, en signant le premier doublé du Ghana dans l’histoire de la Coupe du monde.

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO LES LÉOPARDS DE CHANCEL MBEMBA étaient au fond du trou en mai dernier, avant que la CAF leur accorde la victoire sur tapis vert face à la Mauritanie et qu’ils battent au forceps la sélection gabonaise emmenée par Aubameyang à Franceville. Depuis l’arrivée de leur nouvel entraîneur le Français Sébastien Desabre, et avec l’apport de nouveaux joueurs binationaux et le retour d’anciens, comme Gaël Kakuta ou Cédric Bakambu, les Congolais sont en mode commando. Après avoir manqué la dernière édition, les Léopards, basés à San-Pédro, affronteront les redoutables Lions de l’Atlas du Maroc, leur bête noire qui les avait eus lors des derniers éliminatoires de la Coupe du monde 2022. Face à la Zambie et la Tanzanie, ils ont une carte à jouer, qui pourrait leur permettre de créer la surprise dans les matchs à élimination directe à partir des huitièmes.

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CAMEROUN Les Lions indomptables fêtent leur victoire 3-0 face à l’île Maurice lors des qualifications pour la Coupe du monde 2026, le 17 novembre 2023.

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GUINÉE

ET SI LA GUINÉE de Kaba Diawara franchissait enfin un cap pour cette CAN chez le voisin ivoirien? Dans un «groupe de la mort» où chaque affrontement comptera comme un match à élimination directe, le Syli National, emmené par Naby Keita, pourra alimenter en ballons offensifs son attaquant vedette Serhou Guirassy, qui était, avant sa blessure début octobre, le meilleur buteur des cinq grands championnats européens, avec quatorze buts à Stuttgart en Bundesliga. Mais gare au manque de concentration d’une défense parfois fébrile!

ZAMBIE LA FIN DE LA TRAVERSÉE du désert pour les Zambiens ? Depuis la victoire de 2012 sous la houlette d’Hervé Renard, les Chipolopolos ont été éliminés dès le premier tour en 2013 et 2015, et absents des trois éditions suivantes. Pour leur dix-huitième participation à la CAN, les Copper Bullets, sur la lancée de leurs quatre victoires consécutives en qualifications, dont un mémorable 3-0 face aux Éléphants de Côte d’Ivoire, joueront leur place en huitièmes à San-Pédro face aux voisins de la RDC et de la Tanzanie, dans un groupe qui devrait être largement dominé par les Lions de l’Atlas.

AFRIQUE DU SUD LES BAFANA BAFANA sont de retour à la CAN. Après avoir dominé le football africain à la fin des années 1990, l’équipe nationale est en perte de vitesse depuis 2002, malgré une prestation honorable en 2019 en Égypte, où elle avait atteint AFRIQUE DU SUD Des supporters en liesse lors de la Coupe du monde 2010, dont le pays était hôte.

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Les très grosses cotes GAMBIE

LES GAMBIENS avaient créé la surprise au Cameroun en atteignant pour leur première participation les quarts de finale. Pour ce faire, les Scorpions de l’entraîneur Tom Saintfiet avaient battu en huitièmes la Guinée (1-0) avant d’échouer face au Cameroun (0-2). Deux équipes qu’ils retrouveront à Yamoussoukro dans le «groupe de la mort», après avoir rencontré dès le premier match, pour un derby à l’odeur de poudre, le voisin sénégalais tenant du titre. Qualifiés dans le temps additionnel pour cette CAN face au Congo-Brazzaville, les Gambiens auront fort à faire pour renouveler leurs exploits camerounais.

MOZAMBIQUE LES MAMBAS sont de retour après une dernière participation en 2010 à la phase finale en Angola. Feront-ils de la figuration à Abidjan face à l’Égypte, au Ghana et au Cap-Vert, dans un Félicia rénové au bord de la lagune Ébrié? Les Mozambicains, qui ont arraché leur qualification face au Bénin, tenteront malgré tout de prouver que leur présence en Côte d’Ivoire n’est pas le fruit du hasard.

MAURITANIE IL Y A CINQ ANS, la Mauritanie n’avait jamais participé à une phase finale de la CAN. Et depuis sa première en 2019 en Égypte, elle les enchaîne, avec une troisième participation d’affilée! Les Mourabitounes ont eu chaud lors de ces qualifs, perdant leurs deux matchs sur tapis vert face à la RDC pour avoir aligné un joueur inéligible en sélection, car né au Sénégal. Leur victoire face au Gabon d’Aubameyang confirme leur régularité au plus haut niveau continental, mais ils devront se dépasser à Bouaké face à l’Algérie et au Burkina. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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PHIL COLE/GETTY IMAGES EUROPE VIA AFP

Les surprises possibles

les quarts de finale à la plus grande stupéfaction, après avoir éliminé le pays hôte de l’épreuve (1-0). Absents au Cameroun, ils tenteront à nouveau de se qualifier parmi les meilleurs troisièmes à Korhogo, dans un groupe qui devrait logiquement être dominé par la Tunisie et le Mali.


GUINÉE ÉQUATORIALE La joie des joueurs qualifiés pour les quarts de finale de la CAN face au Mali en janvier 2022.

CAP-VERT LES BRÉSILIENS DE L’AFRIQUE seront à Abidjan dans le groupe de l’Égypte et du Ghana. Arriveront-ils à accéder au second tour ? Éliminés en huitièmes au Cameroun par les Lions de la Teranga (2-0), les Requins bleus, qui participent pour la troisième fois à une phase finale de la CAN, se sont qualifiés notamment en battant 3-1 le Burkina Faso. Ambitieux et joueurs, franchiront-ils le plafond de verre de leurs quarts de finale de 2013 en Afrique du Sud?

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THAIER AL-SUDANI/REUTERS

LES PALANCAS NEGRAS ont obtenu in extremis leur qualification lors de la dernière journée, après leur match nul 0-0 face à Madagascar. Absents en 2021, ils devront se démarquer à Bouaké face à des Algériens revanchards, des Burkinabè toujours aussi incisifs et des Mauritaniens réguliers au plus haut niveau ces dernières saisons.

NAMIBIE LES NAMIBIENS ont fait sensation en venant à bout des Lions indomptables lors des qualifications. Après un nul (1-1) à Yaoundé, ils les ont battus 2-1 à Windhoek. Face aux voisins sud-africains et aux ogres tunisiens et maliens, les Brave Warriors auront du pain sur la planche lors de cette quatrième participation en finale pour atteindre les huitièmes. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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TANZANIE LES ÉTOILES DU KILIMANDJARO seront à San-Pédro avec le Maroc, la RDC et la Zambie. Les Tanzaniens ont arraché leur qualification en Algérie (0-0) grâce à une équipe largement remaniée pour une troisième participation à la CAN, après 1980 et 2019. La marche sera haute dans ce groupe où elle risque de faire office de Petit Poucet.

GUINÉE-BISSAU QUATRIÈME CAN consécutive pour les Djurtus. Ils auront fort à faire dans le groupe A, face à la Côte d’Ivoire et le Nigeria (qu’ils ont battu 1-0 en qualifs), pour atteindre pour la première fois le second tour. Véritable habituée de la CAN, depuis que l’entraîneur Baciro Candé a pris la tête de la sélection en 2016, cette puissance émergente du football africain se frayera-t-elle enfin un chemin vers les huitièmes?

GUINÉE ÉQUATORIALE QUALIFIÉS pour la seconde fois consécutive à la CAN, les Équato-Guinéens sont au pied du mur. Après une déroute 4-0 face à la Tunisie, ils ont enchaîné quatre succès d’affilée, dont celui à Malabo face aux Aigles de Carthage (1-0). Au Cameroun, l’équipe avait éliminé le Mali en huitièmes aux penaltys. Cette fois, le Nzalang Nacional devra montrer les dents face à la Côte d’Ivoire et au Nigeria. Les joueurs, issus essentiellement des championnats espagnols de 2e, 3e et 4e divisions, sauront-ils faire vaciller les gros bras des championnats? ■ 69


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SIA KAMBOU/AFP

Yacine Idriss Diallo «Nous sommes gonflés à bloc et déterminés» I

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Le président de la FIF souligne les retombées positives de la compétition en matière d’infrastructures, de transfert de compétences, de développement local et de mobilisation de la jeunesse. Et il lui faut aussi présenter une équipe nationale compétitive. propos recueillis par Philippe Di Nacera

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lu il y a un an à la tête de la Fédération ivoirienne de football, Yacine Idriss Diallo a toujours été proactif. Dès sa prise de fonction, il a nommé Jean-Louis Gasset en tant que sélectionneur national et s’est donné pour mission de fonder une équipe compétitive pour la CAN, que la Côte d’Ivoire doit accueillir dès janvier 2024. Vice-président du mythique club abidjanais l’ASEC Mimosas, dans les années 1980 et 1990, il a aussi cofondé en 2005 l’Académie de football Amadou Diallo (AFAD) à Djékanou. En tant que président de la FIF et vice-président du COCAN, le Comité d’organisation de la CAN, il est l’un des artisans de la transformation du football ivoirien, dont il développe aussi le sponsoring et le merchandising. AM: La Côte d’Ivoire va-t-elle organiser la «plus belle» CAN jamais réalisée, comme on le dit à Abidjan? Yacine Idriss Diallo: Nous sommes prêts. Accueillir cette

compétition est un honneur. C’est pourquoi le gouvernement et les Ivoiriens dans leur ensemble ont fait tous les efforts humainement possibles pour en faire une célébration de la jeunesse africaine et une fête du football. Certes, quelques ultimes réglages sont encore nécessaires. Mais nous mettons tout en œuvre, en rapport étroit avec la CAF. Et le jour J, tout sera fin prêt, par la grâce de Dieu. L’incident malheureux au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé lors du match amical Côte d’Ivoire-Mali, interrompu à cause d’une pelouse détrempée et rendue impraticable, a fait mauvais effet. Toutes les installations sportives seront-elles opérationnelles à temps? Quels efforts ont été déployés pour remédier aux problèmes constatés à Ebimpé?

Le comité exécutif de la CAF a défini les critères d’organisation dans tous les domaines, à travers un cahier des charges précis. Qu’il s’agisse des infrastructures sportives HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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ou d’autres secteurs, tels que la sécurité, le transport, la billetterie, la communication, etc., la CAF a donné des directives pour chaque activité. À l’heure actuelle, nous procédons toujours à des contrôles et à des évaluations. S’agissant des aménagements, quatre nouvelles infrastructures, dont celle d’Ebimpé, ont été construites, et le stade Félix Houphouët-Boigny a été entièrement réhabilité. Dans chacun de ces stades, nous avons programmé les matchs amicaux et éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Ceux-ci ont été l’occasion de faire des tests grandeur nature, qui nous ont justement permis de déceler, à Ebimpé, des failles au niveau de la pelouse. Sur les autres stades, aucune anomalie n’a été constatée pour l’instant. Le comité technique qui supervise ce type de problèmes s’en est rapidement saisi et a pris les mesures qui s’imposaient. Nous avons mis un terme au contrat du prestataire pour défaillance grave, et nous avons confié à une autre société la remise aux normes de la pelouse. Pour ne pas la nommer, il s’agit de la société Grégory, qui a démontré sa maîtrise de ce type de chantiers à travers les travaux réalisés à Yamoussoukro et à San-Pédro. Et la pelouse entièrement réhabilitée d’Ebimpé a pu être livrée. Celle-ci a fait l’objet d’un nouveau test le 17 novembre 2023, à l’occasion du match opposant la Côte d’Ivoire aux Seychelles, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Ces inquiétudes n’ont plus lieu d’être. Je rappelle que, hormis celle évoquée, aucune anomalie majeure n’a été relevée sur les pelouses des autres stades. Quel rôle joue la FIF dans l’organisation de la CAN?

La première mission de la FIF est de préparer une équipe compétitive, qui puisse représenter dignement notre pays lors de cette rencontre sportive – la plus prestigieuse du continent! Ensuite, la CAN est un événement de la CAF, qui est attribué de façon souveraine à un pays. La nation désignée met en place un comité d’organisation au sein duquel la Fédération de football joue un rôle d’interface entre le comité d’organisation et la CAF. L’objectif est de veiller au respect du cahier des charges. C’est à ce titre que je suis le vice-président du COCAN. D’autres collaborateurs de la FIF tiennent également des rôles à divers niveaux de l’organisation de cette compétition en rapport avec la CAF et le COCAN. En tant que président de la Fédération ivoirienne de football, êtes-vous satisfait du collectif sélectionné et confiant quant à l’issue de la compétition pour les Éléphants?

Dans le dernier classement FIFA des équipes africaines, la Côte d’Ivoire est à la 8e place. A priori, nous ne sommes pas favoris. Notre avantage, s’il en est vraiment un, c’est d’accueillir la compétition. Je rappelle que le dernier pays à avoir organisé et remporté la CAN, c’était l’Égypte en 2006, il y a dix-huit ans. Conscients de cette réalité, nous nous sommes attelés à construire une sélection compétitive, que nous avons baptisée «l’équipe commando». Notre objectif est d’aller le 71


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plus loin possible, et peut-être accéder à la plus haute marche du podium. Mais rien n’est gagné, et c’est pour cela que nous continuons de travailler d’arrache-pied. Nous sommes gonflés à bloc et déterminés à nous battre jusqu’au bout. Vous avez choisi Didier Drogba comme ambassadeur de la Fédération ivoirienne de football, votre compétiteur à la tête de l’institution. Quel sera son rôle pendant et après la CAN?

Dans le cadre de l’organisation de la CAN, l’assemblée générale de la FIF a décidé de magnifier le football ivoirien, en mettant en évidence ses icônes de différentes générations. Ainsi, c’est le football, voire le sport national dans son ensemble, qui s’exporte grâce à ses plus grands talents. Plusieurs footballeurs ont été désignés comme ambassadeurs. Naturellement, Didier Drogba devait faire partie de cette liste. Ce serait un oubli impardonnable. L’assemblée a procédé à trois nominations: Didier Drogba, capitaine de l’équipe ivoirienne, qualifiée pour la première fois à la Coupe du monde de 2006 ; Gadji Celi, capitaine de la 1re sélection nationale ayant remporté la CAN en 1992; et Yaya Touré, capitaine de celle qui a remporté le 2e trophée de la CAN. Leur mission est de mettre leur image, leurs expériences respectives et leurs conseils au service du football du pays, pendant et après la CAN. Au sein du COCAN, dont vous êtes le viceprésident, vous dirigez également la commission Marketing et Hospitality. En quoi consiste ce travail? Et la Côte d’Ivoire sera-t-elle à la hauteur de l’«akwaba» qui la caractérise?

Cette mission consiste à mettre en œuvre les directives de la CAF dans ces deux domaines d’activité. Il s’agira, d’une part, de gérer les actions marketing et promotionnelles, et, d’autre part, de penser et proposer des offres personnalisées permettant aux visiteurs de vivre l’événement comme une expérience unique. La Côte d’Ivoire est une véritable terre d’hospitalité, comme l’indique notre hymne national. L’«akwaba», c’est-àdire l’art de recevoir un hôte, et l’esprit d’ouverture font partie de notre culture. Quand tout cela est porté par la volonté politique affichée par nos dirigeants, je ne peux qu’être confiant et affirmer que le pays tout entier sera à la hauteur en matière d’hospitalité. « L’Afrique vous attend, la Côte d’Ivoire vous accueille»: ce slogan, lu sur les communiqués de la CAF, trouve un sens particulier au sein de notre nation, qui est l’une des plus cosmopolites de la sous-région. Quels impacts cette compétition aura-t-elle sur le football ivoirien dans son ensemble?

L’impact est à plusieurs niveaux. Outre les stades construits, qui constituent un formidable patrimoine en matière d’infrastructures sportives, la CAN offre aussi un transfert de compétences, permettant l’organisation de compétitions selon 72

« Outre les infrastructures construites, c’est pour les Ivoiriens un moment d’exaltation, d’unité et de solidarité. » les standards internationaux. C’est aussi pour nous, Ivoiriens, un moment d’exaltation, d’unité et de solidarité. Toute la nation pensera football. Notre sport sera au centre de toutes les préoccupations. Au-delà de la compétition, que devrait apporter la CAN à la Côte d’Ivoire?

Les retombées de la CAN sont immenses. Elle génère d’abord une belle publicité pour le pays, et pour le continent tout entier. Au niveau des installations sportives, comme indiqué, quatre nouveaux stades ont été construits par l’État. Les structures existantes ont toutes été réhabilitées. Le football et les autres disciplines se trouvent ainsi dotés d’infrastructures de qualité, qui permettront de pratiquer et d’organiser nos compétitions dans de meilleures conditions. Vous avez certainement noté les efforts immenses réalisés en matière de routes et d’autoroutes, ainsi que la construction et la réhabilitation d’hôtels. Je ne fais que citer les investissements les plus visibles, auxquels j’ajoute la promotion de l’image du pays. En fait, la CAN est un véritable coup d’accélérateur pour le développement local. En ce qui concerne la Fédération ivoirienne de football, c’est une énorme fierté d’avoir été au cœur de tout cet écosystème, à la fois en tant qu’acteur et bénéficiaire. À cette occasion, je tiens à remercier le président de la République et son gouvernement, qui ont mobilisé et mis à notre disposition les moyens nécessaires à la bonne organisation de la présente édition sur nos terres. Une fois la CAN terminée, il reviendra à la population de conjuguer ses efforts pour tirer le meilleur parti de tous ces aménagements et réalisations. Il y va de l’intérêt de tous – particulièrement de notre jeunesse, qui en est d’ores et déjà la première bénéficiaire. ■ HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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LE CITY Elles sont cinq villes hôtes aux quatre coins du pays, chacune avec une identité bien affirmée. Du nord au sud, et de l’est à l’ouest, visite guidée. par Jihane Zorkot photos Nabil Zorkot pour AM

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TOUR ABIDJAN

Bouillonnante, c’est la commune du Plateau, véritable centre des affaires.

La perle des lagunes

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ituée au sud de la Côte d’Ivoire, au bord du golfe de Guinée, la capitale économique suit son chemin au fil de l’eau, nichée entre océan et lagunes. À l’origine, la ville est un petit village de pêcheurs où vit le peuple Atchan, mais en 1899, suite à une épidémie de fièvre jaune, les colons français se délocalisent de Bassam vers Bingerville, puis à Abidjan, qui deviendra officiellement le 10 août 1933 la troisième capitale du pays. La nouvelle cité s’articule autour

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de l’actuel Plateau, qui était alors le centre administratif, mais également le lieu d’habitation des colons, puis de l’autre côté, le quartier de Treichville, celui de la cité ouvrière, les deux reliés par un pont flottant en bois. Aujourd’hui, nous sommes très loin de cette petite agglomération naissante. La terre des Bidjans (un sous-groupe des Ébriés) regroupe à elle seule près de 6 millions d’habitants, classée comme la troisième ville francophone du monde après Kinshasa et Paris, selon une étude de l’OIF en 2009. Près de 99% des Abidjanais savent lire, écrire et parler le français. 75


FOCUS

Terre natale du nouchi (argot parlé par la population), elle est en perpétuelle croissance. Elle accueille au sein du quartier du Plateau, surnommé Little Manhattan, de grandes institutions internationales telles que la Banque africaine de développement (BAD) ou l’Organisation internationale du cacao (ICCO), délocalisée de Londres depuis 2017. Elle concentre à elle seule près de 80% de l’activité économique du pays, et son port est un passage maritime obligatoire pour le commerce dans le golfe de Guinée. La ville a su se relever après plusieurs années de crise, pour devenir, aujourd’hui, une cité de bâtisseurs, hérissée de chantiers. Les inaugurations vont bon train. Récemment, le pont Alassane Ouattara, petit bijou architectural qui donne de nuit une dimension futuriste à la mégapole, a été ouvert au public. Les projets de ponts se chevauchent, permettant ainsi de désengorger la circulation. La Tour F, imaginée par l’architecte Pierre Fakhoury, verra bientôt le jour. Elle pourra se vanter d’être la plus haute d’Afrique, culminant à 400 mètres et symbolisant l’ouverture de la ville vers le monde. La capitale économique accueille aussi un véritable melting-pot africain. Tout le monde rêve de cet eldorado à l’ivoirienne. Ici, se côtoient toutes les nationalités, de l’Ivoirien au Malien, en passant par le Sénégalais, le Français, le Libanais, ou encore tout nouvellement le Chinois. Chacun travaille pour atteindre un même but: pousser l’économie à son maximum. Abidjan, c’est aussi des villes dans la ville. Chaque quartier a sa singularité et s’articule de manière indépendante. Plus au nord, on retrouve Yopougon et ses maquis à perte de vue, et le quartier d’Abobo, qui à eux seuls concentrent près de la moitié de la population abidjanaise. Au centre, le Plateau se rafraîchit et se modernise. Cocody fait toujours la belle, avec ses grandes avenues et ses maisons qui évoquent Beverly Hills. De l’autre côté de l’eau, comme on aime le dire ici (comprenez de l’autre côté du pont), Marcory et Koumassi restent les lieux phares de la vie nocturne. Véritable carrefour des arts, Abidjan rayonne à travers la sous-région. Chanteurs, stylistes, peintres et musiciens s’y côtoient. Le célèbre groupe Magic System a su exporter le zouglou (style musical ivoirien) vers les scènes internationales, et graver le petit quartier d’Anoumabo dans la mémoire collective. La cité est aussi devenue l’un des principaux marchés d’art contemporain en Afrique de l’Ouest. Certaines galeries, telles que celle de Cécile Fakhoury, ou bien la Fondation Donwahi, ont hissé leurs artistes au plus haut. Aujourd’hui, Babi se refait une beauté. Prête à accueillir la CAN, elle est bien consciente que les spectateurs viennent pour sa réputation de ville ambianceuse, car ici, «la nuit, tous les chats sont gris ». Elle sera l’épicentre de cet événement sportif attendu, puisqu’elle concentre deux des six stades prévus pour la Coupe d’Afrique des nations 2024: le stade Félix Houphouët-Boigny au Plateau, et le stade Alassane Ouattara olympique d’Ebimpé. 76

YAMOUSSOUKRO Une ambition présidentielle

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amoussoukro, communément appelée Yakro, est née d’un rêve, celui du père fondateur de la nation de faire de son lieu de naissance l’une des plus grandes capitales du continent. Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire, a fait de ce petit village baoulé la capitale politique et administrative du pays le 21 mars 1983. Succédant ainsi à tour de rôle à Grand-Bassam (1893), Bingerville (1900) et Abidjan (1933), considérées comme des décisions prises par les colons, une nouvelle ville permettait ainsi de marquer solennellement l’indépendance du pays. Ce petit village, qui ne comptait que 475 habitants en 1901, gouverné par la reine Yamoussou, ancêtre de l’ancien chef d’État, dont la ville a hérité du nom («kro» signifiant village en langue baoulé), est aujourd’hui une agglomération avoisinant les 340000 habitants. Située à 240 km d’Abidjan au centre du pays, dans la région des Lacs, traversée par des cours d’eau, dont la Marahoué et le N’zi, elle bénéficie d’un climat influencé HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Notre-Dame de la Paix, le plus grand édifice chrétien au monde.

par un positionnement à la lisière entre la zone forestière et la savane. Yamoussoukro est l’épicentre des grands changements du pays. En 1965, a eu lieu lors d’une journée désormais connue comme «la grande leçon de Yamoussoukro» une visite des plantations organisée par le président, enjoignant ses invités à transposer au niveau de leurs propres villages les efforts et réalisations agricoles menés à bien jusqu’ici. Feu Houphouët voulait faire de la Côte d’Ivoire une nation prospère. Et pour cela, il souhaitait miser sur l’agriculture, notamment la culture du cacao et du café. Il offre ainsi en juillet 1977 ses propres plantations à l’État, symbolisant son dévouement à la terre mère. Pari réussi, puisqu’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est le premier pays exportateur de cacao dans le monde. Contrairement à la ville d’Abidjan, qui s’est rapidement industrialisée, le district de Yamoussoukro est resté très agricole, préservant ainsi son identité villageoise, en dépit de sa remarquable urbanisation. L’économie locale est principalement axée sur les secteurs primaires et tertiaires. Elle est la seule ville du pays à avoir été construite selon un plan d’urbanisme. À Yakro, tout est démesuré: les avenues sont grandes et larges, et les édifices tous plus imposants les uns que les autres. L’ambition était de délocaliser toutes les grandes institutions d’Abidjan, et de faire de la ville un véritable centre politique, mais sa concurrente reste le centre névralgique du pays, et comme le dit une expression populaire ivoirienne, «Yamoussoukro est une capitale… en attendant». Cependant, elle se distingue HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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des autres villes de l’intérieur par deux fonctions qui lui sont propres: le tourisme et l’éducation. Yamoussoukro abrite le plus grand lieu saint catholique d’Afrique, la basilique NotreDame de la Paix, conçue sur le modèle de la basilique SaintPierre de Rome, avec une capacité de 7000 places assises, 14000 m2 de marbre et 37 hectares de jardins à la française. Le palais présidentiel, entouré par un lac peuplé de crocodiles du Nil, ainsi que l’hôtel Président et son golf sont les attractions phares de la ville. Elle est également connue pour ses tisserands. Les étudiants affluent de tous les pays pour y étudier. La ville abrite trois lycées d’État, soit trois fois plus qu’Abidjan, et l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny, moderne, avec des équipements de dernière génération, rassemble neuf écoles supérieures, avec une capacité d’accueil de 3000 étudiants. Située sur un axe majeur des routes de Côte d’Ivoire, la cité profite d’un positionnement qui en fait un arrêt obligatoire pour les voyageurs, et ses routes desservent de nombreuses autres destinations du pays. Ici, transitent les cars de voyageurs, ainsi que les gros camions remplis de matière première, venant soit de l’intérieur, soit d’autres pays, comme le Burkina Faso ou le Mali. Yamoussoukro, la ville aux taxis blancs, sera également parmi les hôtes de la CAN, avec le stade Charles Konan Banny (Premier ministre de 2005 à 2007) et sa capacité d’accueil de 20 000 places. Réputée pour ses maquis, Yamoussoukro saura chaudement mettre les spectateurs dans l’ambiance. 77


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Abritant parmi les plus belles plages du pays, le site balnéaire est aussi le premier port exportateur de cacao au monde.

SAN-PÉDRO Entre le port et le soleil

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écouverte à la fin du XVe siècle par le navigateur portugais Soeiro da Costa, qui lui donna le nom du saint célébré ce jour-là, Saint-Pierre, San-Pédro est la capitale régionale du district du Bas-Sassandra. Après son ascension au pouvoir, le père fondateur, Félix Houphouët-Boigny, entame les travaux du port de San-Pédro, longtemps relayé au second plan par Sassandra et son wharf. Jusqu’à 1968, ce petit village de pêcheurs ne comptait qu’une quarantaine d’habitants. Aujourd’hui, c’est une ville peuplée de près de 400000 âmes. Acteur majeur de l’économie ivoirienne, le lieu abrite le second port du pays en eau profonde, et le premier port exportateur de cacao au monde. Une véritable plaque tournante de la sous-région. Les camions arrivent chargés, 78

permettant l’acheminement des matières premières vers l’extérieur, favorisant par la même occasion le tourisme d’affaires. Tous les secteurs d’activité, aussi bien primaire, secondaire que tertiaire, s’y développent. De nombreuses usines sont présentes, opérant principalement dans l’industrie cacaoyère, la minoterie, le ciment, l’agro-industrie et le domaine du bois. La terre y est également cultivable, et on retrouve dans la région de nombreuses plantations, comme l’hévéa, le palmier à huile et le cacaoyer, ce qui en fait l’une des régions les plus actives dans le secteur primaire. Son produit local brut (PLB) représente à lui seul près de 4% du PIB du pays. Toutes les grandes enseignes de la capitale économique y tiennent des comptoirs. Outre son statut de port commercial, San-Pédro est également un port de pêche. Le long de la berge, se rencontrent les marins venus des pays limitrophes, tels que le Liberia, HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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le Ghana et la Sierra Leone, voguant en mer aux côtés des bateaux ivoiriens. Située à environ 350 km d’Abidjan, à l’extrême sud-ouest de la Côte d’Ivoire, la cité balnéaire héberge les Kroumen (du peuple Krou, qui travaillait principalement en tant qu’hommes d’équipage sur les navires européens, d’où le nom krou-men venu de la compilation crew-men), vivant surtout de la pêche et de l’agriculture. La vie locale s’articule essentiellement autour du port. Tout à côté des somptueuses villas ombragées, se trouve le quartier Bardot, connu pour être l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique de l’Ouest, situé sur l’axe principal menant à Grand-Béréby. Le tourisme joue également un rôle important dans son développement. Le golfe de Guinée lui offre 150 kilomètres de plages, et la récente réhabilitation de la Côtière, cette route mythique qui longe les berges depuis Abidjan jusqu’à San-Pédro sur près de 350 kiloHORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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mètres, permet de nouveau l’afflux des nombreux touristes. Les plus belles plages du pays se succèdent: Sassandra et la mythique cascade de la Haute-Dodo, Monogaga et son sable fin, l’illustre baie de Grand-Béréby, les piscines naturelles de Tabaoulé. Outre le tourisme thermal, le tourisme animalier est également mis en avant. Le site de Béréby, par exemple, constitue un lieu privilégié pour la ponte des tortues, tandis que la rivière Nero et ses mangroves sont le terrain de jeu préféré des chimpanzés. En s’aventurant plus loin dans la région, on trouve également le parc national de Taï, avec ses 508186 hectares, second au classement des plus grandes forêts primaires d’Afrique. La cité portuaire est bel et bien prête à accueillir les supporters au stade Laurent Pokou, baptisé en hommage à la légende du football ivoirien, longtemps meilleur buteur de la CAN. 79


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BOUAKÉ La cité au centre 80

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ppelée Gbékékro jusqu’en 1900, Bouaké est la principale cité du district de la vallée du Bandama. Son nom provient de la contraction de deux mots de la langue baoulé : « boua », qui signifie mouton, et « ké », qui veut dire sec. Avec près de 1,5 million d’habitants, en comptant les localités avoisinantes, il s’agit de la seconde ville du pays. Également classée troisième sur le plan économique, elle génère 3% du PIB. Elle est située à 350 kilomètres d’Abidjan, dans le centre du pays, et son positionnement géographique en fait un axe de passage obligatoire pour toute la sous-région. Véritable carrefour commercial entre le Mali, le Burkina Faso et Abidjan, elle est aussi desservie par la ligne de chemins de fer Abidjan-Niger. L’agriculture, notamment la culture vivrière, y est encore très marquée. L’une des spécialités de la région est la culture de l’anacarde, dont la Côte d’Ivoire est le premier pays exportateur au monde. Grâce à la création du barrage de Kossou, qui a donné naissance à un lac couvrant 1750 km2, la pêche, autrefois peu pratiquée en pays Baoulé, a connu à partir de 1969 un essor considérable. On y trouve notamment des carpes et des capitaines. Après la tentative de coup d’État de septembre 2002, et la coupure du pays en deux, Bouaké devient la capitale des Forces nouvelles, la coalition de mouvements rebelles. Elle se réconciliera avec sa rivale Abidjan le 30 juillet 2007, lors de la cérémonie de la Flamme de la paix au stade de Bouaké, rebaptisé à cette occasion stade de la Paix. La ville accueille également l’un des plus grands marchés d’Afrique de l’Ouest, le marché de gros (MGB), une plateforme bâtie sur une surface de 28 hectares. Il comporte 370 magasins, spécialisés dans la commercialisation de produits vivriers et agroalimentaires, notamment l’igname, les fruits, les céréales, et tant d’autres. Sur ses étals, on retrouve des produits et des épices venant de tous les pays voisins. Indissociable de ses motos, qui lui donnent un petit air de Ouagadougou, la cité est également riche culturellement, avec ses nombreux tisserands qui fabriquent encore à la main le pagne Baoulé, ou encore le village des potiers de Tanou Sakassou, nommé ainsi en référence à sa production de céramiques fabriquées à l’aide de techniques traditionnelles. On y trouve encore des bâtiments coloniaux, traces du passage des Français. Bouaké s’est fait connaître des touristes grâce au N’zi River Lodge, une réserve naturelle de biodiversité située à 45 kilomètres. Longé par le fleuve N’zi, cet éco-lodge propose du tourisme animalier, et abrite notamment le célèbre éléphant Ahmed. On peut également escalader les collines baoulés typiques de la région, ou s’adonner à des activités nautiques telles que le canoé.

Le troisième centre urbain du pays compte près de 1,5 million d’habitants.

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KORHOGO

La perle des savanes

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œur culturel du nord du pays, Korhogo signifie en langue sénoufo « héritage ». Celui d’une civilisation, d’un savoir-faire et d’un mode de vie qui, malgré la modernisation, tentent de conserver les traditions. Peuplé principalement par les Sénoufos, le peuple autochtone, le site abrite diverses communautés, dont les Malinkés, mais également des Maliens et des Burkinabè. Elle est la 4e agglomération du pays, tant au niveau économique que démographique. À la recherche de bonnes terres, partis du delta intérieur du Niger, les Sénoufos seraient arrivés aux environs du premier millénaire dans la région du Poro. Après plusieurs années d’isolement dû au conflit ivoirien, de 2002 à 2007, lors duquel elle a parfois été le théâtre d’affrontements, elle reprend vie peu à peu. Situées à 560 kilomètres d’Abidjan, dans la région des Savanes, ses 82

terres sont principalement agricoles. Ici, on cultive le coton, l’or blanc, qui représente la principale richesse de la région. Les cultures vivrières sont également abondantes: l’anacarde, le maïs, le riz, l’arachide, l’igname, le tabac, le fonio, etc. Une autre particularité est la production de karité, que l’on retrouve sous plusieurs formes sur tous les étals de marchés, et qui est indispensable au secteur cosmétique. Korhogo est également une région d’élevage. Des bergers sénoufos ou peuls itinérants se partagent les pâturages, et la viande du nord, plus particulièrement celle de Ferké, est très appréciée dans le pays. Surplombée par le mont Korhogo, la ville savane est sillonnée par mobylettes et taxis-brousses. Y cohabitent des communautés musulmane et chrétienne. Il est courant de voir une mosquée et une église côte à côte dans la même rue. Autour du centre urbain, il y a encore des villages traditionnels, construits en terre cuite, avec des toits en chaume. Côté artisanat, les toiles HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Au nord du pays, la cité du Poro est connue pour son folklore et son artisanat.

de Korhogo, fabriquées dans le petit village de Fakaha, font la fierté de la région. Les artistes peignent des scènes où se mêlent animaux totems et personnages humains – au total, il existe plus de 80 motifs! Autrefois, ces tableaux étaient de véritables hiéroglyphes, dont les textes se lisaient à l’horizontale. Aujourd’hui, ces graphismes sont devenus des symboles du pays, et sont régulièrement repris par les stylistes. La légende raconte même que Pablo Picasso, qui est passé dans la région au cours des années 1930, se serait inspiré de ce mode d’expression artistique pour certaines de ses œuvres. La cité du Poro, l’autre nom de Korhogo, est aussi l’un des sites les plus importants en matière de folklore ivoirien. On y pratique des danses et des cérémonies datant de plusieurs siècles. Et ici, le Poro est un authentique mode de vie. Une société secrète et d’initiation, organisée en classes d’âge. Sous la conduite des anciens, le Poro a pour fonction de recueillir et de transmettre HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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le savoir collectif, et agit comme un puissant lien social. Initialement, cette formation s’entreprend sur vingt et un ans, en trois cycles de sept ans chacun. À travers des rites initiatiques souvent éprouvants, les jeunes Sénoufos apprennent les lois secrètes qui les amèneront progressivement à s’affranchir de leurs passions et à se défaire de leurs pulsions inutiles. Une autre singularité de la région est la confrérie des chasseurs dozos. D’origine sénoufo aussi, ces chasseurs sont réputés pour leurs pouvoirs mystiques. Korhogo et ses nombreux mystères accueilleront donc les rencontres de la CAN 2023. Le stade Amadou Gon Coulibaly, flambant neuf, a été nommé en mémoire du défunt Premier ministre, compagnon de route du président Alassane Ouattara. Un enfant de la ville, ancré dans la région et ses traditions, qui fut longtemps maire et député, et qui nous a quittés brutalement, en plein travail, le 8 juillet 2020. ■ 83


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CINQ VILLES SIX STADES

Abidjan (deux enceintes), San-Pédro, Korhogo, Bouaké et Yamoussoukro accueilleront les 52 matchs de la CAN 2023. Tour d'horizon avant le coup d'envoi. par Dominique Mobioh Ezoua

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photos Nabil Zorkot pour AM (sauf mention)

ans l’immense cahier des charges déployé en vue de l’événement majeur que représente la CAN 2023, figure, en priorité, la réhabilitation ou la construction des stades devant accueillir la compétition. Six structures réparties sur cinq villes : Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo et San-Pédro. Trois nouveaux édifices sont sortis de terre, ceux de Yamoussoukro, Korhogo et San-Pédro. À Abidjan, le stade Alassane Ouattara d’Ebimpé, en périphérie, et le stade Félix Houphouët-Boigny, en plein cœur de la cité, ont fait l’objet d’une rénovation ambitieuse (et parfois complexe, dans le cas d’Ebimpé). Tout comme le stade de la Paix à Bouaké, qui garde son nom d’origine, si symbolique pour cette ville à mi-chemin entre le nord et le sud du pays. Charles Konan Banny, ancien Premier ministre, a donné son nom à l’enceinte de Yamoussoukro, Laurent Pokou, gloire du football ivoirien, à celle de San-Pédro, et l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a été associé à Korhogo, sa ville de naissance et de cœur. Dans trois des cinq cités hôtes de la CAN 2023, que sont Bouaké, Korhogo et San-Pédro, l’État a bâti des cités villages pour héberger les délégations. La Cité CAN de San-Pédro est composée de 32 villas – cinq pièces chacune et tout équipées – réparties en quatre blocs de huit, dont trois hébergements sont dédiés aux footballeurs. Également au cœur du projet, la réhabilitation de 24 terrains d’entraînement (un par équipe). Pour l’État, l’investissement est conséquent, avec un budget global dédié aux infrastructures d’environ 500 milliards de FCFA. Des infrastructures qui doivent aussi jouer un rôle d’appui au développement. En témoignent les travaux engagés sur tous les fronts, notam86

ment en matière de réseau routier, de voirie dans les villes hôtes et d’infrastructures sanitaires. D’où l’importance, aussi, que ces stades connaissent une longue vie, bien après la CAN, avec en particulier le développement des championnats nationaux et des événements grand public.

Abidjan STADE OLYMPIQUE ALASSANE OUATTARA/EBIMPÉ SITUÉ DANS LE VILLAGE D’EBIMPÉ, dans la sous-préfecture d’Anyama, cité de la kola toute proche de la capitale économique, le stade Alassane Ouattara, 60000 places, est le plus grand du pays. Don de la Chine, pourvu des nécessaires équipements VVIP, c’est ici que s’ouvrira et se clôturera la CAN 2023, avec le match d’ouverture le 13 janvier, et la finale le 11 février. Ebimpé est doté d’une loge et d’un salon présidentiels, et de trois loges annexes. La salle des médias compte 150 places, mais le stade pourrait accueillir davantage de journalistes, avec la construction envisagée d’un centre des médias de 500 places dans sa cour. L’infrastructure, qui porte le nom du président de la République, est bâtie sur une superficie de 20 hectares, et dispose d’un parking à même d’accueillir plus de 10000 véhicules. Sa pelouse, dite «hybride» (gazon naturel et synthétique), a récemment défrayé la chronique, après avoir été inondée au cours d’un match amical. L’incident a permis de rectifier le tir et des travaux supplémentaires ont été entamés de toute urgence pour apporter les correctifs nécessaires. L'édifice d'Ebimpé, le plus grand du pays, est capable d'accueillir jusqu'à 60 000 spectateurs..

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Au cœur de la capitale économique, l'historique Félicia a été le tout premier stade de football du pays.

Abidjan STADE FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY LES IVOIRIENS L’APPELLENT AFFECTUEUSEMENT LE FÉLICIA. Un stade étonnant en plein cœur du Plateau, le quartier des affaires de la capitale économique. C’est historiquement le tout premier terrain de football de Côte d’Ivoire. Bâti au temps colonial, il s’appelait Géo André jusqu’en 1964, date à laquelle il prend le nom du premier président ivoirien. Avec le temps, le «doyen» des stades du pays avait pris quelques rides, que viennent d’effacer des travaux de réhabilitation d’une durée de trois ans. Sa toiture a été entièrement refaite, avec une structure métallique et textile. Un parking souterrain a été réalisé pour résoudre les problèmes de stationnement généralement inextricables du Plateau. Un héliport y a, par ailleurs, été construit. Le Félicia accueille la prestigieuse Coupe d’Afrique des nations de football pour la deuxième fois de son histoire, après la CAN 1984, dont elle a abrité le match d’ouverture et la finale, remportée par les Lions indomptables du Cameroun face au Green Eagles du Nigeria. 88

Bouaké

STADE DE LA PAIX BIENVENUE DANS LA SECONDE VILLE DU PAYS, comptant plus de 830000 habitants. Située au presque centre du pays, la cité a été au cœur des déchirements qui ont marqué son histoire récente. Elle fut, à partir de 2002, le bastion des rebelles opposés au pouvoir de Laurent Gbagbo. Le stade a été construit pour accueillir des matchs de la CAN 1984 (avec le Félicia d’Abidjan). Déserté pendant les années de conflit, l’édifice renaît à la vie le 30 juillet 2007. Le match retour voyant s’affronter la Côte d’Ivoire et Madagascar, comptant pour les éliminatoires de la CAN 2008, a eu lieu ici. Les Éléphants, emmenés par Didier Drogba, assurent la victoire (5-0), et baptisent en quelque sorte ce stade de la Paix. En rénovation depuis 2019, l’enceinte historique a fait sa mue. Aujourd’hui, et grâce à d’importants investissements, la structure, qui disposait de 25000 places, peut accueillir près de 40000 spectateurs. Disposant de tous les aménagements nécessaires, il est entièrement couvert. Et son gazon naturel est venu du Portugal. Tout est prêt pour le premier match Algérie-Angola le 15 janvier! Initialement construite pour accueillir les rencontres de la CAN 1984, l'enceinte de Bouaké (ci-contre) a fait peau neuve.

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Véritable bijou d'architecture, ce terrain haut de gamme compte 20 000 places assises.

Yamoussoukro STADE CHARLES KONAN BANNY NOUS SOMMES À DEUX PAS DE LA CÉLÈBRE BASILIQUE, et non loin du prestigieux lycée scientifique, dans un stade au nom historique, celui d’un enfant du pays, Charles Konan Banny, ancien gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et ex-Premier ministre de Côte d’Ivoire. Représentant un coût de 47 milliards de FCFA, le stade aura été la première infrastructure sportive de la CAN 2023 à être livrée. Construit sur un espace de près de 25 hectares, il compte 20000 places assises. Véritable joyau architectural, son aire de jeu est doublée d'une piste d’athlétisme. Il est aux normes internationales, avec salle de conférences, salle de presse, structures médicales, etc., et deux salons VIP et VVIP (pour les hautes personnalités). Une enceinte haut de gamme au sein de la capitale politique, pour la CAN, mais aussi pour le Yamoussoukro Football Club, bien décidé à accéder rapidement à la première division.

San-Pédro

STADE LAURENT POKOU ICI, C’EST LE GRAND PORT D’EXPORTATION DU CACAO. C’est aussi une région connue pour abriter les plus belles plages du pays. Le site a été retenu pour accueillir des matchs de la CAN. En février 2019, Amadou Gon Coulibaly, alors Premier ministre, pose officiellement la première pierre. L’inau90

guration a eu lieu le 8 septembre dernier, et l’infrastructure a accueilli un premier match officiel dès le lendemain entre les Éléphants et l’équipe du Lesotho! Un calendrier au pas de charge pour une structure particulièrement élégante de 20 000 places. Le stade porte le nom mythique de Laurent Pokou, considéré comme l’un des plus grands footballeurs ivoiriens et qui a marqué l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations en s’adjugeant le titre de meilleur buteur lors de l’édition de 1968, puis celle de 1970. S’il nous a quittés en 2016, le joueur est bien présent aujourd’hui, à l’approche de cette CAN 2023. Bâti en forme de couronne ovale, le stade se dresse sur une colline à l’entrée de San-Pédro, occupant une superficie de plus de 23 hectares.

Korhogo

STADE AMADOU GON COULIBALY C'EST LA CAPITALE DU PORO, CE RITE SECRET DU PAYS SÉNOUFO. Nous sommes loin de la mer, à un peu moins de 600 kilomètres d’Abidjan, aux portes du Sahel. Spécialement sorti de terre pour l’occasion, le stade Amadou Gon Coulibaly, du nom de l’illustre fils de la région brutalement arraché aux siens en juillet 2020, alors qu’il était Premier ministre de Côte d’Ivoire, peut accueillir 20000 spectateurs. Les travaux ont démarré en septembre 2018 et se sont terminés en septembre 2023, avec l’installation du gazon naturel. Construit sur une superficie globale de 20,17 hectares, le stade AGC, que certains ont déjà surnommé le stade du Poro, est entièrement couvert et dispose d’un parking de 2000 places. Il a été officiellement livré le 4 novembre 2023. ■ HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Baptisé en hommage au meilleur buteur des CAN 1968 et 1970, le stade Laurent Pokou est prêt à accueillir les rencontres 2024.

Spécialement construit pour l'occasion, le bâtiment a été inauguré le 4 novembre 2023.

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Jacques Anouma «Nous allons être à la hauteur de l’événement»

PHILIPP SCHMIDLI/GETTY IMAGES

Animé depuis ses jeunes années par la passion du football, «sport roi» dans son pays, l’actuel conseiller spécial senior du président de la CAF, met son expertise au service de la Coupe d’Afrique des nations.

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propos recueillis par Dominique Mobioh Ezoua

ouissant d’une expérience de trente ans dans la gestion des activités du football à l’échelon mondial, surtout en Afrique, il a été le témoin privilégié de nombreuses compétitions de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et de la Coupe du monde. L’ex-président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), ancien membre de plusieurs comités exécutifs de la Confédération africaine de football (CAF) et de la FIFA, est aujourd’hui pleinement engagé dans l’organisation de la 34e édition de la CAN, dont la phase finale se tiendra dans son pays du 13 janvier au 11 février 2024.

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AM: Vous avez révolutionné le football ivoirien, en tant que président de la FIF, de 2002 à 2011. Pour la seconde fois de son histoire, la Côte d’Ivoire est le pays hôte de la Coupe d’Afrique des nations. Qu’est-ce que cela vous inspire? Jacques Anouma: Je pense que c’est l’aboutissement

d’un très long processus. En 2002, lorsque je suis arrivé à la tête de la FIF, j’ai souhaité que la Côte d’Ivoire participe à au moins une Coupe du monde, et elle a depuis pris part, à deux reprises, à cette prestigieuse compétition planétaire. J’ai également été le premier Ivoirien à entrer au comité exécutif de la FIFA. Aujourd’hui, la

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Côte d’Ivoire a la possibilité d’accueillir une CAN qui, du reste, est la toute première organisée sous le label FIFA. En effet, auparavant, plus précisément au cours des années 1980, les CAN se préparaient à la bonne franquette. Quand Issa Hayatou était président de la CAF, on s’arrangeait pour trouver un pays qui accepte d’héberger la CAN – les exigences n’étaient pas très élevées. On faisait des CAN «à l’africaine», comme j’ai l’habitude de le dire. À son arrivée, Patrice Motsepe, l’actuel président de la confédération, a souhaité une CAN labélisée FIFA, qui affiche le même niveau de performance que la Coupe du monde, aussi bien en matière d’organisation que d’attractivité. Ce relooking de la CAN s’est opéré au moment où la Côte d’Ivoire s’est engagée à accueillir la 34e édition de ce grand événement du football africain. Certaines personnes ont l’impression que l’organisation est balbutiante. Cependant, il convient de rappeler qu’après l’approbation, en 2014, de notre candidature à l’organisation de la CAN 2023, nous nous sommes retrouvés dans l’obligation d’en reprendre tout le schéma initial. En 2021, il nous a été recommandé de relever le niveau, afin de lui conférer une dimension nouvelle, plus édifiante. Ce remaniement a été à l’origine de la mise en chantier de nombreux travaux, notamment pour la construction et la rénovation des stades. Pensez-vous que nous nous sommes préparés assez tôt à cet événement? Souvent, les pays africains peuvent accuser un certain retard…

Il est vrai que l’attribution de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations s’effectue environ six ans avant son exécution. Nous, Africains, devrions le comprendre et surtout l’intégrer pleinement. Mais en ce qui concerne notre pays, aujourd’hui, il est bel et bien prêt! Cette situation est-elle propre aux seuls pays africains?

J’ai passé huit ans au sein de la FIFA et assisté à trois Coupes du monde, celles de 2006 en Allemagne, de 2010 en Afrique du Sud et de 2014 au Brésil. Certes, ces pays ont accusé quelques retards, au même titre que certains pays africains. Dans ces nations, la FIFA se montre plus regardante, plus rigoureuse. Ainsi, pour plusieurs Coupes du monde, comme celles qui ont eu lieu au Qatar, en Allemagne ou au Brésil, l’institution s’est installée dans chacun de ces pays, presque trois ans avant le début du tournoi. Pour autant, je pense que la Côte d’Ivoire a toute la légitimité d’organiser cette édition de la Coupe d’Afrique des nations. D’abord, parce que l’équipe ivoirienne a remporté deux fois la compétition; ensuite, parce qu’elle a enregistré trois qualifications successives au Mondial. À ces acquis, s’ajoute la capacité du pays à hisser à un plus haut niveau son football. Ce niveau de performance, désormais conféré à la CAN, offre en outre l’opportunité à la Côte d’Ivoire de se doter d’infrastructures sportives de qualité. Aujourd’hui, nous bénéficions de six stades de compétition, 94

« Si je dois risquer un pronostic, je dirais que la Côte d’Ivoire peut faire partie des six nations favorites. Bien entendu, tout se jouera sur le terrain.» dont les pelouses n’ont rien à envier à celles de certains stades d’Europe, ainsi que de 24 terrains d’entraînement répondant aux normes de la FIFA. Si des dispositions idoines sont prises pour assurer à ces aménagements un entretien régulier et efficace, il est évident que le pays se retrouvera à un niveau très élevé au cours des prochaines années. Cela ne fait aucun doute! Diriez-vous que le football africain a pris du galon?

Si l’on tient compte de la dernière performance du Maroc lors du Mondial au Qatar, je peux répondre par l’affirmative. Pour autant, je pense que ce résultat cache nos lacunes. Certes, nos équipes africaines ont passé le cap des quarts de finale. On s’est alors dit: «On a réussi!» En réalité, nous observons un football africain à trois niveaux. Le football de l’Afrique du Nord se situe sur le palier le plus haut: il suffit de citer le Maroc – la référence en Afrique –, qui, pour l’instant, reste inégalé en matière d’infrastructures et de professionnalisme. Aucun autre pays africain ne lui arrive à la cheville, pour le moment. Je souhaite de tout cœur que mon pays atteigne un tel niveau. Après le Maroc, vient l’Afrique de l’Ouest, même si le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire connaissent une baisse de régime. Pendant longtemps, cette région a été, pour le continent, pourvoyeuse de joueurs à la Coupe du monde. Souvent, parmi cinq équipes, elle en présentait trois. Enfin, en troisième position, se placent tous les autres pays. Quel rôle jouez-vous dans l’organisation de la CAN 2023?

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Le 11 mars 2010, à Accra, l’ex-président de la CAF Issa Hayatou remet à Jacques Anouma un trophée célébrant la Côte d’Ivoire après que Didier Drogba a été élu « Ballon d’Or » 2009.

J’assume les fonctions de conseiller spécial senior auprès de Patrice Motsepe à la CAF et de conseiller spécial du président du Comité d’organisation de la CAN. À ce titre, j’apporte mon expertise. Je continue également à présider mon association, l’AFAD, ce qui me permet de figurer parmi les présidents dans le football local et d’être président d’honneur de la FIF. Patrick Achi, à l’époque Premier ministre de Côte d’Ivoire, et François Amichia, président du COCAN, ont voulu que je participe à l’organisation de cette deuxième Coupe d’Afrique des nations en terre ivoirienne. Ils m’ont demandé de piloter le programme des volontaires, qui représente un grand volet. Les volontaires, dans toutes les Coupes ou les Jeux olympiques, sont immédiatement visibles quand on arrive dans le pays organisateur. Là, il s’agit d’encadrer 10000 jeunes, répartis dans les six sites qui accueilleront les rencontres. Je suis également membre des organes du COCAN, ainsi que de ses neuf commissions. Enfin, j’assiste aux réunions hebdomadaires que préside le Premier ministre, afin d’évaluer l’évolution des préparatifs de l’événement.

SIA KAMBOU/AFP

Quel est votre pronostic pour cette CAN?

Le meilleur indicateur est généralement le classement FIFA. Récemment, la Côte d’Ivoire y a fait son entrée, et figure désormais dans le top 50 mondial. Cela signifie que des pays africains, dont le Maroc, le Sénégal, l’Algérie ou encore l’Égypte, sont largement devant. L’équipe de Côte d’Ivoire ne part donc pas favorite. Toutefois, il lui reste un peu de temps HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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pour améliorer la qualité de son jeu. Si on s’intéresse aux pronostics, on constate que peu de pays organisateurs de cette Coupe l’ont remportée. Les Éléphants subissent ainsi une forte pression, et l’équipe a le désavantage d’être encore en phase de construction. Mais il peut se passer beaucoup de choses. La CAN a lieu en terre ivoirienne, ce n’est pas rien. Si je dois risquer un pronostic, je dirais que la Côte d’Ivoire peut faire partie des six nations favorites. Bien entendu, tout se jouera sur le terrain. Pensez-vous que les Ivoiriens manifestent un réel engouement pour cet événement?

Et tout particulièrement pour notre équipe nationale! Cet enthousiasme s’est déjà fait sentir lors des matchs amicaux. Les Ivoiriens espèrent que leur équipe atteindra au minimum le dernier carré. Et l’engouement est partagé à grande échelle, par les étrangers, notamment ceux venant de pays participant à cette grande compétition du ballon rond africain. Mes collègues du comité exécutif de la FIFA et les présidents des fédérations attendent avec impatience cette édition. Le président de la République, Alassane Ouattara, a investi suffisamment de moyens pour que sa mise en œuvre rencontre un succès éclatant. Il appartient donc aux organisateurs que nous sommes d’être à la hauteur. Je ne suis pas inquiet, et je reste persuadé que nous assisterons à une très belle CAN. N’oublions pas que la Côte d’Ivoire est le pays de l’hospitalité; un atout non négligeable pour la réussite de ce type d’événement! ■ 95


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rencontre

Joseph-Antoine Bell Dans la lucarne! C’est indéniablement une légende du football. D’aucuns le considèrent comme un sage. D’autres comme un trublion au regard incisif. Quoi qu’il en soit, l’ancien portier des Lions indomptables ne laisse personne indifférent.

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propos recueillis par Pierre René-Worms

oueur emblématique de l’âge d’or de la sélection camerounaise, celle des années 1980, il a mené son équipe au premier titre continental en 1984 à Abidjan, avant de faire le doublé en 1988 au Maroc. Avec 70 sélections entre 1976 et 1994 en équipe nationale, il a connu une longévité sportive rare, disputant les championnats au Cameroun (Union de Douala de 1975 à 1980), en Côte d’Ivoire (Africa Sports d’Abidjan de 1980 à 1981), puis en Égypte (Arab Contractors de 1981 à 1983), avant de rejoindre le championnat français avec l’OM (1985-1988), Toulon (1988-1989), Bordeaux (1989-1991), et de terminer sa carrière pro à Saint-Étienne de 1991 à 1994. Désormais consultant sportif pour de nombreux médias et président du Conseil d’orientation de l’office national des infrastructures et équipements sportifs (ONIES), qui gère la valorisation et la promotion des stades ayant accueilli la dernière édition de la CAN au Cameroun, il est l’un des observateurs les plus fins et les plus aguerris du football africain. Entretien incisif avec un spécialiste du ballon rond qui ne mâche pas ses mots.

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AM: Quels sont vos plus beaux souvenirs en tant que joueur? Joseph-Antoine Bell : C’est une question difficile, car

chaque match, chaque compétition, est particulier. Si je prends la CAN 1984, que le Cameroun a remportée pour la première fois, je ne peux pas dire que le meilleur souvenir soit forcément la finale, que nous avons gagnée 3-1 face au Nigeria. La demi-finale remportée aux tirs au but à Bouaké face aux Algériens est autant gravée dans ma mémoire que cette finale au stade Félix Houphouët-Boigny. J’ai joué trois CAN, j’en ai gagné deux, et Côte d’Ivoire 1984 restera un souvenir majeur de ma carrière, car c’est la première que j’ai gagnée! Et quel est votre meilleur souvenir en tant que consultant sur la CAN, après avoir raccroché les crampons?

Le meilleur souvenir, c’est justement d’être passé de joueur à consultant. Du terrain à l’extérieur du terrain. Cela fait prendre conscience qu’il y a une autre vie. Quand on est joueur, on ne connaît la compétition que les jours de match. On arrive une heure et demie avant le coup d’envoi, on est escorté, il n’y a pas d’embouteillages, on arrive au vestiaire et on joue. Lorsqu’on est consultant, on est spectateur avant tout, et on voit comment les gens arrivent au stade, comment ils sont inquiets. On est témoin des embouteillages, comme en Angola, à Luanda, où il faut passer par les champs pour

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RENCONTRE

arriver à l’heure, ou ailleurs, prendre un hélicoptère pour assister au coup d’envoi… Je suis heureux, parce que j’imagine que j’aurais pu raccrocher et regarder tout ça de loin, devant mon petit écran, sans connaître ces moments intenses. Quel regard portez-vous sur le niveau et l’évolution du football africain ces dernières années?

En essayant de mieux s’organiser, le football africain a un peu perdu de son authenticité. Aujourd’hui, on est à la CAN comme on est sur une coupe d’Europe ou un championnat du monde. Auparavant, il y avait plus de simplicité, les journalistes contactaient les joueurs par affinité. «L’encadrement» a mis des règles à toutes ces relations informelles. Les confédérations ont édicté des normes strictes, et cette façon de tout gérer au carré est arrivée sur le terrain. Ce sport et la façon de le pratiquer sont de plus en plus carrés, souvent sans saveur. Il y a peu d’improvisations. Et quand il n’y a pas de grands joueurs dans une équipe pour sortir du lot, c’est un peu la caricature du foot. On dirait des joueurs de PlayStation, mais sans les gestes de génie. Comment percevezvous les grands joueurs africains du moment?

monde et toujours les mêmes peuvent participer. On ne peut pas redéfinir la compétition en disant simplement: «On va prendre tout le monde.» N’oublions pas non plus que la Coupe d’Afrique commence par les éliminatoires! Ceux qui ne sont pas en phase finale ont participé et se sont fait éliminer. Pendant la CAN 1988, au Maroc, Claude Le Roy disait qu’il était aiguilleur du ciel, car il devait gérer vos déplacements entre Marseille, où vous jouiez le week-end, et le Maroc, où vous rejoigniez la sélection nationale pour les matchs en semaine. Il y a à nouveau des polémiques sur les relations avec les clubs européens. Qu’en dites-vous?

Cela revient, mais le problème est moins pesant aujourd’hui. À mon époque, ce n’était pas seulement pour la phase finale que les joueurs étaient dans l’incertitude. Ils l’étaient à chaque fois que l’équipe nationale jouait. Or, maintenant, pour le calendrier des équipes nationales, lors des

La perspective de retrouver la Côte d’Ivoire représente toujours un très grand plaisir pour moi.

Je pense qu’on est en train de changer d’époque, de passer d’une génération à une autre. Il faudra encore quelques années pour voir émerger des joueurs de génie. On avait Didier Drogba, Samuel Eto’o, Michael Essien aussi. Puis Sadio Mané, Mohamed Salah… Eux sont encore là – et tant mieux pour nous! –, mais plus pour très longtemps. Il faudrait que d’autres jeunes puissent percer. On les attend. Même s’ils ne gagnent pas la CAN, on va vite les repérer. Le Nigérian Victor Osimhen est un grand buteur, et on a hâte d’en voir d’autres dans tous les compartiments du jeu. Et comme je serai sur un maximum de matchs en Côte d’Ivoire, ils ne m’échapperont pas! Faut-il conserver ce rythme, à raison d’une CAN tous les deux ans?

Honnêtement, je ne crois pas que la question se pose. La population n’a rien d’autre. Pas d’autre compétition majeure. Si vous lui enlevez la CAN tous les deux ans, vous lui donnez quoi à la place? Si on doit l’organiser tous les quatre ans, c’est parce qu’une réflexion à l’échelle continentale aura abouti, et il faudra alors expliquer aux Africains pourquoi.

matchs éliminatoires des Coupes du monde, Coupes d’Afrique ou pour les matchs amicaux, tout le monde est logé à la même enseigne, et les joueurs sélectionnés rejoignent normalement leurs «onze». Il reste juste la phase finale de la CAN. Et là, il faudrait rappeler que nous venons d’un temps où la trêve hivernale était la règle dans la plupart des championnats européens, de décembre à février pour certains. Et c’est pour cela que la CAN avait été placée à cette période. Quand les championnats européens ont décidé de ne plus avoir de trêve, sauf Noël et le Nouvel An, ils n’ont pas demandé aux Africains ce qu’ils en pensaient. Ils ont fait un calendrier qui était bon pour eux et ils l’ont appliqué. Il faudrait que l’on apprenne à tous vivre ensemble, et ne pas oublier que les clubs européens ont pris les joueurs africains pour leur talent, mais que ces derniers ont un passé et surtout un avenir sur le continent.

Êtes-vous favorable au format de la CAN avec 24 équipes?

Lors de la dernière Coupe du monde, le Maroc a fait sensation. Comment percevez-vous cet exploit? Est-ce dû à un nivellement du niveau international?

Je pense que la compétition, c’est la compétition. Par définition, cela implique de sélectionner. Donc si on est passés à 24 pour donner la possibilité à de nouvelles équipes de se qualifier, pourquoi pas, mais c’est une fausse bonne raison. Le très grand nombre de qualifiés ne signifie pas que tout le

Non, je pense surtout qu’ils ont bien progressé pour arriver jusque-là! Ce n’est pas le nivellement des autres qui compte, mais les progrès de l’équipe. Longtemps, la France a été raillée dans le monde du foot. Elle a organisé la Coupe du monde en 1998, et l’a gagnée. On aurait pu parler de nivellement, mais

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ce n’était pas le cas. Les Bleus ont ensuite gagné le championnat d’Europe (2000), récidivé en gagnant une seconde Coupe du monde (2018), puis ont perdu deux finales (2006 et 2022). Non, il faut savoir apprécier les progrès de ceux qui arrivent en haut, et ne pas y voir systématiquement une baisse de niveau générale. Le Maroc a bénéficié d’une politique de formation des jeunes joueurs au plus haut niveau. Est-ce un exemple à suivre?

Bien évidemment! Le Maroc est organisé depuis très longtemps, et le pays récolte aujourd’hui les fruits de ce travail mené en profondeur. Il a connu des hauts et des bas, on le voyait s’acharner au travail, à l’organisation. Comme pour la France, entre 1966 et 1998, le temps des échecs a été long. Les Marocains sont arrivés à ce résultat probant, et maintenant, il faut poursuivre, ne pas s’arrêter. Ils ont fait une demi-finale de Coupe du monde, c’est très bien. Leur prochaine grande compétition, c’est la Coupe d’Afrique, et ils doivent confirmer qu’ils ont leur place parmi les grands.

PHILIPPE LAURENSON/BLUEPIX/DPPI VIA AFP

Quel est le niveau actuel du Cameroun, qui sera dans le «groupe de la mort» avec le Sénégal, la Guinée et la Gambie?

Difficile de parler de « groupe de la mort», selon moi, même si c’est la mode. Dans une compétition entre 24 nations, il y a six pays éliminés au premier tour: une équipe par groupe. Donc si vous êtes éliminé, c’est que vous avez été mauvais, que vous n’avez pas été au niveau. On donne ce L’ancien joueur de l’OM au match surnom à ce groupe, car les quatre équipes de Ligue 1 qui voit s’affronter étaient là lors de la dernière édition. L’une Marseille et Saint-Étienne ira à l’échafaud et fera forcément moins bien le 24 septembre 2013. que la fois précédente, au Cameroun. Avec les Lions, il y a un passé flatteur et un présent terni par des chiffres qui ne plaident pas en leur faveur. Vous serez à Abidjan. Avez-vous une relation Tout est possible, mais on peut légitimement se demander quel particulière avec la Côte d’Ivoire? Cameroun on aura! On peut aussi se consoler en se disant Lorsque je jouais à l’Africa Sports d’Abidjan en 1982, j’ai qu’en ce moment, chacun est inquiet pour son propre sort remporté un doublé coupe-championnat. Puis, mon équipe jusqu’au début de la compétition. On ne sait pas dans quel état y a été victorieuse lors de la CAN en 1984. Enfin, j’y ai de de forme arriveront les joueurs. On peut toujours déplorer une nombreux amis. Donc évidemment, la perspective de retrouabsence due à une blessure, qui pourrait tout changer dans ver la Côte d’Ivoire représente toujours un très grand plaisir une équipe. Et donc c’est l’incertitude pour tout le monde. pour moi. ■ HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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interview

Mariam Dao Gabala «Nous avons la capacité de réhumaniser ce milieu» 100

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Pour l’ancienne présidente du Comité de normalisation de la FIF, les femmes ont un rôle essentiel à jouer dans la gestion du football ivoirien.

le milieu du foot, tant cela a été différent de tout ce que j’ai ressenti à l’occasion d’autres défis! J’ai vécu une expérience à la fois personnelle et collective. Il existe peu de milieux professionnels où cette sensation d’être seule tout en étant avec les autres existe. Même en politique, cela n’existe pas! L’univers du ballon rond, c’est le jardin d’enfants de la politique, où la passion appelle les émotions. Le football rassemble, efface les différences et met tout le monde d’accord.

propos recueillis par Dominique Mobioh Ezoua

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emme de terrain et de réflexion, Mariam Dao Gabala est, depuis 2019, sénatrice de Côte d’Ivoire. Son leitmotiv : promouvoir les femmes à tous les niveaux de prise de décisions, afin d’avoir un impact positif sur la société. De janvier 2021 à mai 2022, elle a occupé le poste de présidente du Comité de normalisation de la Fédération ivoirienne de football (Conor-FIF). Habituée aux missions difficiles, cette diplômée en finance, nommée par la FIFA, a accompli avec brio les tâches qui lui ont été assignées : réviser les textes de la Fédération ivoirienne de foot et organiser les élections de son prochain président.

Cette 34e CAN est la toute première organisée sous le label de la CAF. N’est-ce pas une belle reconnaissance faite à la Côte d’Ivoire?

Ce sera une CAN exceptionnelle, que ce soit en matière de budget, de rayonnement, de qualité de jeu, de maîtrise de l’organisation, d’image de notre pays. C’est comme si on accueillait une mini-Coupe du monde. C’est à la fois une fierté nationale et un sacré challenge à relever! Un pronostic pour le carré gagnant?

La leçon que j’ai apprise avec le football, c’est qu’il n’y a ni petites ni grandes équipes. Seules celles qui se sont préparées à une stratégie sur la durée atteignent le sommet. Il n’y a pas de génération spontanée. Mon souhait est que la Côte d’Ivoire crée la surprise. Or, il faut garder à l’esprit que le football est une entreprise dans laquelle on investit pour en récolter les fruits deux ou trois ans après. J’en veux pour preuve: l’évolution de l’équipe nationale sénégalaise, qui n’a pas commencé à se former hier et qui a une vision: consolider son équipe. Ça n’a donc pas été une surprise, que ce pays remporte la dernière CAN. Il en est de même pour le Maroc ou l’Afrique du Sud, dont les investissements et la stratégie mis en œuvre portent leurs fruits. Cette discipline sportive est désormais comme une industrie, où la technicité a pris le dessus sur le talent. ■

AM: Une femme à la tête de la FIF, c’était inédit! Qu’en dites-vous aujourd’hui? Mariam Dao Gabala: Cette expérience me permet de

dire que, plus que jamais, les femmes sont légitimes dans le milieu du football, et qu’elles devraient accepter de s’investir davantage dans ce sport. Elles y ont leur place, autant sur le terrain qu’au niveau de la gestion du football et de son management. Certes, c’est un milieu très masculin, où le jeu et l’argent ont pris énormément de place, au point de l’avoir rendu presque inhumain, et où les joueurs sont souvent traités comme des produits marketing. Les femmes, plus pragmatiques, ont la capacité de réhumaniser ce milieu, car elles ne voient pas les choses à travers le prisme du pouvoir. Lorsque j’étais encore à la FIF, je disais aux membres des équipes féminines qu’elles n’ont pas besoin de ressembler à des hommes pour fournir du très beau jeu. Il faut qu’elles gardent leur allure féminine. D’autre part, je me suis battue au sein de la Fédération pour que des femmes soient nommées à des postes décisifs. Je me bats toujours, afin qu’au moins un tiers des femmes investissent ce milieu.

Ici, aux côtés de Jean-Marc Yacé (maire de Cocody), Patrice Motsepe (président de la CAF), Véron Mosengo-Omba (SG de la CAF) et Paulin Claude Danho (ministre des Sports), à l’inauguration d’un bureau de la CAF à Abidjan, le 4 avril 2022.

Mon passage à la tête du Comité de normalisation de la FIF m’a permis, alors que je n’étais pas une «fana de foot» au départ, de ressentir tous les types d’émotions qui traversent une vie et qui existent chez un être humain: l’anxiété, la joie, le suspense, le sentiment de servir… Des émotions que je n’aurais peut-être pas ressenties si je n’étais pas passée par HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Qu’en est-il de vous, particulièrement? Quels souvenirs marquants gardez-vous de cette période?

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UN BALLON POUR CHACUNE

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Clémentine Touré et son équipe après une victoire contre le Mali à Abidjan, le 16 mai 2019.

Au pays des Éléphants, le football est avant tout «une affaire de mecs». Mais les joueuses sont arrivées avec volonté et passion, et désormais, les terrains se conjuguent aussi au féminin. par Dominique Mobioh Ezoua

D ISSOUF SANOGO/AFP

epuis quelques années, grâce à la FIFA, le football féminin est devenu une discipline respectée. «Ce qu’il se passe est un véritable renouveau », clame la Comorienne Kanizat Ibrahim, présidente de la Commission du football féminin au sein de la CAF. La Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération ivoirienne de football (FIF) l’ont bien compris et ont décidé que, dorénavant, les clubs ivoiriens masculins de Ligue 1 disposeraient obligatoirement d’une équipe féminine en leur sein. Voilà quelques années que le football féminin existe en Côte d’Ivoire. Désormais mieux structuré, notamment en ce qui concerne les formations de l’Asec, de l’Athlético FC,

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ANALYSE

de l’Inter FC et du Juventus de Yopougon, il comprend deux divisions: la Ligue 1, avec douze clubs, et le championnat de 2e division, qui n’existe que depuis 2022. En 2014, la Côte d’Ivoire s’est placée en 3e position lors de la CAN féminine, ce qui lui a permis, en 2015, de prendre part pour la première fois de son histoire à la Coupe du monde féminine qui a eu lieu au Canada. Récemment, du 5 au 19 novembre derniers, l’Athlético Football Club a participé à la phase finale de la 3e édition de la Ligue des champions, qui s’est tenue à Korhogo et San-Pédro, deux des villes hôtes de la CAN 2023. Cet événement lancé en 2021 «se révèle être un pas audacieux dans la bonne direction», affirme la CAF. D’autre part, c’est une femme, Clémentine Touré, entraîneuse de football de profession, qui est l’actuelle sélectionneuse des Éléphantes de Côte d’Ivoire. Nommée instructrice FIFA permanente, avec pour mission de promouvoir davantage le football féminin sur le continent, elle a déjà réalisé une sacrée performance, en offrant une CAN à la sélection nationale féminine de Guinée équatoriale. De plus, elle a conduit les Ivoiriennes à deux Coupes d’Afrique et au Mondial féminin 2015. DES INTERMÉDIAIRES INDISPENSABLES

Bien que le football féminin nourrisse modestement celles qui s’y adonnent et qui en vivent, «être une joueuse professionnelle de football peut permettre à une jeune fille d’évoluer en Europe, au même titre qu’un jeune homme. Le football féminin, c’est l’avenir», explique la coach ivoirienne. Désormais, en Côte d’Ivoire, la subvention par saison allouée à chaque club, qui était de 7500 euros (5 millions de FCFA), est passée à 15000 euros (10 millions de FCFA) sous le mandat de l’actuel président de la FIF, Yacine Idriss Diallo. Pour l’heure, de nombreuses joueuses ivoiriennes évoluant en France, en Espagne ou en Turquie ont intégré la sélection nationale. À 50 ans révolus, Christine Ezoua non plus «ne lâche pas l’affaire». Car son objectif est de développer et de vulgariser le football féminin ivoirien à tous les niveaux, et ce afin de le rendre plus autonome dans sa conception et son organisation quotidienne. C’est en 2016, sous l’ère du regretté Sidy Diallo, alors président de la FIF, qu’elle est nommée présidente de la Commission du football féminin pour un premier mandat de quatre ans. Puis, elle rempile en 2022, après la victoire de Yacine Idriss Diallo à la présidence de ladite fédération. En 2001, la passion qu’elle voue au football lui a permis de fonder avec son époux, Jacques Aka, disparu en 2009, le Moossou FC, un club 100% masculin. Désormais seule à le diriger, elle y consacre énormément de son temps : « Dans ce milieu, on ne s’est jamais moqué de moi. Je reste persuadée que les femmes peuvent apporter beaucoup. C’est la raison pour laquelle je me bats sans relâche pour vulgariser le 104

Le jour où une femme deviendra coach d’une équipe masculine, et que ce sera la norme, on pourra dire que le football en Côte d’Ivoire s’est réellement émancipé. football féminin.» En Côte d’Ivoire, d’autres profils de femmes émergent également dans le milieu. Crystelle Mony, Mélanie Zaïpo ou Fabienne Renard, pour ne citer que celles-ci, font partie des nombreuses femmes aussi engagées que les hommes dans leur passion du ballon rond! Crystelle Mony, la quarantaine, exerce une activité peu connue: intermédiaire de joueurs. Celle qui a grandi avec ses frères et cousins, qu’elle suivait dans les dédales des rues du quartier Lycée technique de Cocody, à Abidjan, a fait de sa passion une profession. «Lorsqu’on n’avait pas école, on n’avait que ça à faire: taper dans le ballon!» En tant qu’intermédiaire sportive, elle se charge de mettre des footballeurs en relation avec des clubs – une spécialité qui consiste à présenter un joueur potentiel, afin qu’il soit recruté dans une équipe et qu’un contrat soit signé entre le joueur, l’intermédiaire et le club. À charge pour l’intermédiaire de suivre et d’accompagner le joueur tout au long de sa carrière. «La CAN 1992 a été un déclic pour moi», précise Crystelle Mony. «Quand on a gagné la Coupe, soudain, tout le monde voulait devenir gardien de but, comme Alain Gouaméné, puisque c’est lui qui avait finalisé notre victoire. En 2008, mon petit frère, qui s’était lancé dans le football, voulait devenir professionnel. J’ai donc commencé à l’encadrer. C’est à ce moment-là que je me suis sérieusement intéressée à cette discipline. Ma passion s’est alors transformée en un challenge HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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de vie.» En 2017, elle se professionnalise véritablement. Dans quelques mois, d’ailleurs, elle passera le concours FIFA, qui lui permettra, si elle est admise, de devenir agente de joueurs. «En Côte d’Ivoire, nous sommes à peine quatre ou cinq femmes à évoluer dans cette spécialité. Mais nous tenons bon. Même s’il est difficile de vivre de ce métier dans le contexte actuel, car rares sont les clubs qui payent les commissions des agents ou des intermédiaires de joueurs», révèle-t-elle.

SIA KAMBOU/AFP

REDÉFINIR LE PAYSAGE

muscles. Puis, c’est la répétition de notre programme d’animation, avec nos tenues d’apparat et les instruments dans lesquels nous nous égosillons. C’est un programme d’animation ordonné, avec des prestations très étudiées», explique-t-elle. Environ 700 supporters, dont 80% sont des femmes qui agissent dans les organes décisifs du comité, animent les matchs, notamment au rythme de l’hymne national et de celui du CNSE. Mais aussi avec des ballets, des chansons, des danses, et autres battements de tambour ou sons de la traditionnelle corne de buffle. Les femmes se font chorégraphes et danseuses, quand les hommes se saisissent du rôle d’instrumentiste. Pour Mélanie Zaïpo, «il s’agit de rééditer notre exploit de 2015. Nous ferons en sorte [l’équipe nationale et le CNSE, ndlr] que la dernière minute ne nous échappe pas. Dieu et nos ancêtres feront le reste!»

Rencontrée au siège du Comité national de soutien aux Éléphants (CNSE), situé dans la commune de Cocody, à Abidjan, Fabienne Renard (dont le patronyme ne la lie pas à l’ancien sélectionneur qui a remporté la CAN 2015 avec les Éléphants, Hervé Renard) est une ancienne puéricultrice de collège. C’est le sélectionneur français Aimé Jacquet qui lui a fait aimer le football. Quand, en 1998, il réussit contre toute attente à faire des Bleus les vainqueurs de la Coupe du monde, la petite fille, originaire de Saint-Étienne, en est fortement éblouie, car la France n’était pas donnée favorite. Installée avec sa famille à Abidjan depuis octobre 2020, Fabienne est une férue de ballon rond. C’est la raison pour laquelle elle a adhéré au CNSE. « Je kiffe quand je vois la manière avec laquelle les supporters et les joueurs ivoiriens mouillent le maillot et font le show. Il n’y a pas ça, en France. En tout cas, pas comme ça. Je me définis comme un Kinder à l’envers: blanche à l’extérieur et noire à l’intérieur. J’ai du temps à donner. Je veux supporter les Éléphants au cours de cette CAN. Cela me permettra de communier avec l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, À Koumassi, à l’occasion d’un match de poules Argentine-Côte d’Ivoire (2-1) d’être au plus près de la culture ivoirienne et de pour la Coupe du monde 2006, on célèbre le but marqué par Drogba. ses richesses musicales, de partager, découvrir Même si, en Côte d’Ivoire, le milieu reste un tantinet et faire de nouvelles rencontres.» macho, on peut espérer que l’évolution des mentalités, la mise Mélanie Zaïpo, est «une des vieilles mères du coin». Resà disposition de moyens financiers conséquents, le développeponsable de l’animation au sein du CNSE, cette assistante de ment des infrastructures, une formation sérieuse des joueuses direction est une ancienne handballeuse qui, jadis, a signé et l’émergence de talents sauront imposer le football féminin avec l’équipe féminine de handball de la CNPS de Bouaké. dans le cœur des Ivoiriens. Pour Kanizat Ibrahim, également Depuis qu’elle est gamine, elle a le sport dans la peau. Perchée 5e vice-présidente de la Confédération africaine, «la Ligue des sur les épaules de son père, elle ne manquait jamais de regarder avec lui les matchs que disputait l’Alliance Bouaké. Certes, champions féminine de la CAF permet de redéfinir le paysage elle «reste une femme, une épouse et une maman», même si du football féminin en Afrique, en offrant de nouvelles opporle football l’a forgée tout au long de ces années. tunités aux femmes et, par la même occasion, en créant des En pleine préparation de la CAN à venir, Mélanie Zaïpo plateformes pour son développement.» Pour autant, le jour où et les autres membres du CNSE se retrouvent chaque samedi, une femme deviendra coach d’une équipe masculine, et que ce de 14 heures à 17 heures, au palais des sports de Treichville. sera la norme, on pourra dire que le football, en Côte d’Ivoire «Nous nous entraînons très sérieusement, afin de réveiller les comme ailleurs, s’est réellement émancipé. ■ HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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PRENDRE LES CHEMINS DE TRAVERSE

évasion

Évidemment, il y a Abidjan, ses beaux hôtels, ses restaurants, la nuit animée. Mais la Côte d’Ivoire a bien plus à offrir aux voyageurs en matière de nature, de découverte et de traditions. Un tourisme authentique, qui pourrait devenir l’un des secteurs majeurs de l’économie. par Jihane Zorkot photos Nabil Zorkot pour AM

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orsque la Côte d’Ivoire a pris son indépendance le 7 août 1960, le père fondateur Félix Houphouët-Boigny souhaitait faire du pays, comme le dit l’hymne national, une « terre d’espérance et d’hospitalité». C’est avant tout un lieu d’accueil, où vivent toutes sortes de communautés, ce qui en fait une mosaïque culturelle unique dans la région. Plus de soixante ethnies se partagent le territoire, chacune avec sa propre langue, histoire, culture et tradition. Il bénéficie également d’une situation géographique favorable. Situé dans la partie occidentale du golfe de Guinée, il est bordé le long de ses côtes par des plages encore à l’état sauvage, des régions de montagnes et de savanes, des forêts primaires et une multitude de paysages, qui lui confèrent un potentiel touristique conséquent. Le pays a connu un important développement économique jusqu’au milieu des années 1980, qui a favorisé l’essor d’un tourisme principalement d’affaires. Avec la hausse du niveau de vie et du pouvoir d’achat, ainsi que la présence d’une forte communauté d’expatriés, des établissements haut de gamme se

sont développés. Le groupe Accor s’y installe en 1979, avec l’ouverture de trois hôtels à Abidjan: le Pullman, le Novotel et I’Ibis. Les Européens en quête d’exotisme accourent pour profiter des plages paradisiaques d’Assinie et de Bassam. Des établissements tels que Valtur et le Club Med sont également présents et assurent le tourisme balnéaire, si bien qu’en 1978, le célèbre film Les Bronzés fut tourné au club Valtur d’Assinie. Avec les années de crise, le secteur a été lourdement touché. La machine économique du pays devant être relancée, le milieu agricole a longtemps été privilégié, notamment la culture du cacao, de l’hévéa et du palmier à huile. Pourtant, l’environnement regorge de ressources pour attirer les voyageurs. Un de ses atouts majeurs, et bien souvent négligé, est le tourisme culturel. Le folklore traditionnel ivoirien est aussi riche et varié que ses ethnies. Avec ses masques colorés, ses danses et ses rites de passage transmis au fil du temps, chaque région rivalise avec l’autre. Correctement conservée, la tradition se transmet de génération en génération, préservant ainsi ses secrets, bien qu’aujourd’hui, avec la mondialisation, la jeunesse soit de plus en plus détachée de ses

Grand-Bassam, la première capitale du pays, est classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

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ÉVASION

Célèbre pour ses plages à l’état sauvage, Sassandra est une destination prisée des locaux et des visiteurs.

fêtes et coutumes. Des tour-opérateurs proposent des circuits qui permettent d’aller à la rencontre des peuples, mais les initiatives pourraient peut-être se multiplier à l’échelle nationale. Que ce soit les Sénoufos au nord, avec la danse des hommes panthères, les échassiers de Man à l’ouest ou, plus au centre, le folklore gouro avec le zaouli, ou encore les fêtes de génération chez les Ébriés, chacune de ces traditions saura vous porter et vous surprendre. Le folklore ne repose pas seulement sur des cérémonies. Il s’agit d’un mode de vie, d’une tradition culinaire, de villages bien conservés aux maisons en terre cuite et aux toits en paille, capables de transporter dans le passé. UNE GRANDE DIVERSITÉ DES ÉCOSYSTÈMES

D’un point de vue géographique, la terre d’Éburnie est gâtée par la nature. Avec 520 km de côtes, le pays offre encore des plages à l’état sauvage, avec des criques, falaises et rochers. L’impression d’être seul au monde dans un espace préservé. La région d’Assinie est particulièrement appréciée. Le lieu, prisé des Abidjanais pour le week-end, avec ses complexes hôteliers, ou petites villas de charme, est une destination incontournable. Vers la côte ouest, de Sassandra à Grand-Béréby, on retrouve des sites majestueux. À Sassandra, les plus témé108

raires s’adonnent au surf. À Monogaga, on se laisse aller sur le sable fin et dans les eaux translucides. Et à Grand-Béréby, on se laisse émerveiller par la célèbre Baie des sirènes, avec un complexe hôtelier du même nom. Pendant longtemps, ces sites ont été inaccessibles par la route. Les visiter impliquait un détour extrêmement long. Mais grâce à la réhabilitation de la voie côtière, le trajet s’effectue plus rapidement, ce qui devrait redonner un coup de boost à ces plages abandonnées. Le potentiel écotouristique du pays est infini. Trois sites naturels sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco, et six inscrits sur la liste Ramsar. Plus de 300 réserves naturelles offrent une grande variété de faune et de flore. Les parcs nationaux, du Banco, d’Azagny et de Taï sont accessibles aux visiteurs, et les guides forestiers ne manquent pas de les sensibiliser à la protection de l’environnement. En plus de mangroves, qui constituent un milieu privilégié pour la reproduction des espèces maritimes, le pays possède un vaste réseau lagunaire, idéal pour les amoureux de la pêche. Des initiatives se sont mises en place, et des particuliers ont su tirer avantage du potentiel de la nature ivoirienne. Le domaine Bini, une activité écotouristique situé à 51 km d’Abidjan sur l’autoroute du nord, accueille de plus en plus de monde. Le projet du N’zi HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Le boloye, autrement appelée « danse des hommes panthères », est un rituel sénoufo.

Le potentiel est infini : trois sites sont classés au patrimoine culturel de l’Unesco et six sont inscrits sur la liste Ramsar. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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ÉVASION

À 145 km d’Abidjan, le parc archéologique d’Ahouakro abrite d’impressionnants mégalithes.

River Lodge, pensé par la famille Diakité, est unique en Côte Ivoire. Situé au beau milieu de la réserve du N’zi, non loin de la ville de Bouaké, cet écolodge offre une immersion totale dans la nature. Bâti selon le modèle sud-africain, il propose des safaris animaliers, permettant d’apercevoir la faune locale. L’établissement accueille notamment l’éléphant Ahmed, l’hôte star du site. Cependant, entre 1960 et 2021, le couvert forestier de la Côte d’Ivoire a fortement diminué, passant de 16 millions à 2,97 millions d’hectares. Des initiatives sont mises en place pour reboiser et préserver la flore, notamment le projet «1 jour 50 millions d’arbres», lancé en 2021 sous la tutelle de l’ex-ministre des Eaux et Forêts, Alain-Richard Donwahi. Le pays, qui accueillait 3 116 000 touristes en 2015, en comptait 4081943 en 2019. Mais à la suite de la crise sanitaire de la Covid-19, les séjours ont fortement baissé, passant à 1816386 visiteurs. Sous l’impulsion du ministre du Tourisme Siandou Fofana, a été lancé un vaste plan visant à relancer le tourisme étranger: le projet Sublime Côte d’Ivoire, représentant un coût de 3200 milliards de francs CFA, soit 4,8 milliards d’euros. «Notre ambition est de devenir, d’ici à 2025, la cinquième destination touristique africaine», pour que le tourisme pèse « 12 % du PIB contre actuellement 5,5 % de 110

36 milliards de dollars de la Côte d’Ivoire, soit un poids de 300 milliards de francs CFA (457 millions d’euros), et de créer 365000 emplois contre 270000 générés en 2016», a déclaré l’ambitieux homme politique. L’une des actions principales était la réhabilitation de la côtière. Pari réussi, puisqu’elle est déjà opérationnelle. L’autre axe de travail serait de créer davantage d’établissements hôteliers dans la région de San-Pédro, les chambres disponibles dans le pays restant encore centrées sur Abidjan, qui représente à elle seule 60% des logements. Le réseau routier et aérien s’est considérablement amélioré au cours des dernières années. La compagnie de transport aérien Air Côte d’Ivoire dessert les villes de l’intérieur du pays, notamment Yamoussoukro, Bouaké, San-Pédro, Man et Korhogo. Les autoroutes ont pour la plupart été réhabilitées et, aujourd’hui, il est possible de faire Abidjan-Korhogo sur des tronçons entièrement rénovés. Mais il reste encore un grand pas à franchir pour se positionner pleinement comme nation touristique, et beaucoup d’efforts sont à fournir. La première contrainte est celle du climat, alternant entre petites et grandes saisons des pluies. Pour cette raison, il ne faudrait pas se reposer sur un tourisme HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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Situé à proximité de Bouaké, le N’zi River Lodge offre une immersion en pleine nature.

uniquement balnéaire, mais penser à d’autres formes de développement, notamment à un écotourisme qui, lui, suivrait le cours des saisons. Les anciennes villes coloniales sont laissées à l’abandon et mériteraient un rafraîchissement, couplé à un réel plan de conservation du patrimoine architectural. La ville de Grand-Bassam, qui a été la première capitale du pays, voit ses belles bâtisses tomber en ruines, et les plantes envahissent peu à peu l’espace. Bien qu’elle soit classée au patrimoine mondial de l’Unesco, aucune initiative n’a été mise en place pour préserver ce symbole de l’histoire du pays. Dans la même optique, l’ancienne ville coloniale de Grand-Lahou a été entièrement engloutie par les eaux, et celle de Sassandra, ancien comptoir portugais, voit ses maisons disparaître sous l’érosion. Des actions citoyennes ont été menées, mais restent bien trop timides au vu des enjeux. La Côte d’Ivoire, contrairement à ses voisins, est loin dans l’échelle des pays à risque. Peu d’événements sont véritablement à déplorer sur ces dernières années, et le voyageur peut compter sur la bienveillance de la population lors de ses séjours. Cependant, les logements et les hôtels en dehors d’Abidjan sont encore limités, ce qui dissuade certains de voyager. Nous sommes encore loin d’un tourisme de masse. HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

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L’environnement regorge de ressources pour attirer les voyageurs. Un de ses atouts est le tourisme culturel. La Coupe d’Afrique des nations, qui se tiendra du 13 janvier au 11 février 2024, tiendra lieu d’exercice d’accueil. Le bilan permettra de voir si les infrastructures sont aptes à recevoir autant de voyageurs, et comment elles supporteront cet afflux. L’événement a été également annoncé comme une «CAN culturelle», offrant l’occasion au pays de rayonner et de présenter son principal atout, à savoir la diversité de sa population. ■ 111


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LE TRAVELER

ZYAD LIMAM

GUIDE

Terrasse et piscine du Noom Hôtel.

LE VOYAGE, LES SPOTS, LES GENS! RÉALISÉ PAR LES VOYAGEURS DE LA RÉDACTION


LE TRAVELER GUIDE

BIENVENUE !

E-visa Il est toujours préférable de se renseigner auprès de l’ambassade ivoirienne de votre pays pour les formalités d’entrée. Les ressortissants français peuvent obtenir un visa électronique à Paris auprès de la diplomatie, ou sur Internet (snedai.com). À noter que certains pays africains ne sont pas soumis au visa : les pays de la zone Cedeao, évidemment, ou la Tunisie et le Maroc, par exemple.

Rouler en ville

Tout est possible, mais soyez prudent. Les taxis orange d’Abidjan (et ceux de couleur jaune de la commune du Plateau) appliquent moyennement les règles du Code de la route. L’idéal : la location d’un véhicule avec chauffeur en passant par les hôtels, ou d’un VTC avec une application comme Yango, la plus populaire, ou Heetch.

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Découvrir le territoire

Pour se faciliter la vie, il vaut mieux louer un véhicule privé avec chauffeur, en planifiant le trajet (en voiture ou en avion). Grand-Bassam et Assinie vers l’est, tout comme SanPédro, Yamoussoukro ou Bouaké, sont facilement accessibles par l’autoroute.

Précautions de santé

Climat : vive la saison sèche ! C’est la raison pour laquelle la CAN a été décalée de quelques mois : le temps ! Ici, la saison des pluies peut engendrer des flux diluviens. Les matchs se dérouleront donc entre janvier et février, en pleine saison sèche (de décembre à mars). Au sud, le ciel est souvent voilé et l’atmosphère moite, et les températures oscillent entre 29 et 32 °C. Au nord, ciel bleu, air sec et nuits fraîches. Mais attention, l’harmattan peut souffler fort !

Soyez vigilants sur l’essentiel, en particulier les vaccins exigés à l’entrée (le contrôle est souvent tatillon) et les traitements antipaludéens pour les personnes à risque. Pour le reste… du bon sens et de la prudence ! En cas d’urgence, contacter le Samu (Samu de Cocody) au +225 27 22 44 53 53 ou le 185 (numéro abrégé).

SHUTTERSTOCK (3)

COMME UN ROAD TRIP

Ici, presque tout le monde parle français (ou d’autres langues européennes) et une multitude de langues africaines. Le métissage est au cœur de la société. Le pays est un carrefour de migration et de culture, et les Ivoiriens sont tournés vers le monde. Accueillants, ils ouvrent facilement leur porte et sont toujours prêts pour des festivités (« la nuit, c’est la nuit »). Mais à Abidjan, comme dans n’importe quelle grande ville, la vigilance est de mise à certaines heures et dans les endroits dits « chauds ».

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LES BASIQUES

Le village des Jeux de la francophonie servira aussi à loger des équipes à Abidjan.

NABIL ZORKOT - SHUTTERSTOCK (2)

LES CITÉS CAN

ET POUR L’ADDITION? La monnaie officielle est le franc CFA (1 euro = 657 francs CFA). Les euros et les dollars sont généralement acceptés. Le réseau des distributeurs de rue est en constante amélioration, et les terminaux de paiement se multiplient (surtout dans les hôtels et les restaurants). Mais ayez toujours sur vous un peu de cash, essentiel pour les opérations de la vie courante.

SE LOGER EN MODE TECH

POUR VOUS METTRE TOUT DE SUITE dans l’ambiance de cette 34e édition, sachez que la Côte d’Ivoire a construit trois cités CAN, destinées à accueillir les équipes sélectionnées, avec leur staff, coach, diététiciens, soigneurs, etc. Vous les verrez aux abords des stades à Bouaké, San-Pédro et Korhogo. Chacune des « cités » est destinée à accueillir quatre équipes et est composée de quatre blocs de huit villas luxueuses, avec service haut de gamme, salles de sport, cuisines et salles de soins. Elles sont toutes équipées de matériels de nouvelle génération, avec un service de blanchisserie et d’entretien ménager digne d’un 4 étoiles. Mais avis aux aficionados : elles sont aussi super bien gardées ! Donc si vous tournez autour de l’une d’entre elles pour tenter d’obtenir un autographe de votre star du ballon rond préférée, ce n’est peut-être pas gagné !

Abidjan n’échappe pas aux nouveaux modes de voyage. N’hésitez pas à aller jeter un œil aux sites d’Airbnb et de ses concurrents pour trouver des locations chez l’habitant – dont le standing est variable, mais les prix souvent avantageux.

Les cités CAN, à San-Pédro, Bouaké et Korhogo.

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ABIDJAN

UNE (OU PLUSIEURS) NUIT(S) À BABI Hôtel Ivoire L’un des palaces historiques du continent, dans le quartier chic de Cocody, avec une vue à couper le souffle sur la lagune et le Plateau. Une vraie petite ville dans la ville, avec ses restaurants, ses bars, son spa, sa piscine, son casino, sa galerie marchande, son cinéma, son palais des Congrès, etc. Voulu par Houphouët-Boigny, le bâtiment central est inauguré en 1963, et la tour Ivoire en 1969. Les plus anciens ont connu la patinoire – longtemps unique en Afrique et qui a fermé à la fin des années 1980. Le palace a traversé les hauts et les bas de l’histoire, mais a été entièrement rénové entre 2009 et 2015 par les équipes de l’architecte Pierre Fakhoury. 8, bd Hassan II, Cocody. Tél.: +225 27 22 48 26 26. sofitel.accor.com.

❷ Noom Hôtel Abidjan Plateau Dernier fleuron 5 étoiles du Plateau, développé par le groupe Mangalis (de Yérim Sow), il offre au 7e étage un bar avec vue panoramique, donnant sur la lagune. Chambres et suites aux décors élégants, ambiance sobre et moderne, resto afrofusion, spa et espace fitness. 116

8XFG+9H3, bd de Gaulle, Plateau. Tél. : +225 25 20 00 80 00. noomhotels.com.

❸ Pullman Abidjan Entièrement rénové, le Pullman est au cœur du Plateau et surplombe la lagune. Hôtel 5 étoiles à la déco très mode, avec une piscine moderne urbaine et un bar couru par l’élite locale. À noter: le dimanche, il offre l’un des meilleurs brunchs de toute la ville.

1, rue Abdoulaye Fadiga, Plateau. Tél.: +225 27 20 30 20 20. accorhotels.com.

❹ Hôtel Tiama Abidjan Ce 5 étoiles, fondé il y a un demi-siècle par les familles Khalil et Omaïs, est une référence au Plateau, surtout depuis sa rénovation en 2012. Service de qualité et ambiance presque familiale. C’est le seul hôtel de standing situé dans le quartier des affaires qui n’appartient pas à une chaîne internationale. Idéal pour un tourisme business ou de loisirs et une clientèle qui aspire au calme, avec piscine, salle de sport et massages.

4, bd de la République, Plateau. Tél.: +225 27 20 31 33 33. hotel.tiama.ci.

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❶ Sofitel Abidjan

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Idéalement logé au centre du complexe Plaza Nour-Al Hayat, avec ses restaurants et ses commerces. Ce bel hôtel de luxe 5 étoiles offre un confort moderne, avec un salon exécutif qui surplombe la lagune. Design contemporain, avec un bar à vin décoré d’œuvres d’artistes de la région, très prisé pour les rendez-vous du soir. Avenue Terrasson de Fougères, Plateau. Tél.: +225 27 20 23 20 23. movenpick.com.

❻ Seen Hotel Abidjan Plateau Situé en plein cœur du quartier des affaires, cet hôtel 3 étoiles ne désemplit pas. Il est idéalement conçu pour les courts séjours ou les voyages d’affaires, avec un cadre contemporain et une connexion Wi-Fi impeccable. Rue Colomb, Plateau. Tél.: +225 25 20 00 67 00. seenhotels.com.

❼ Azalaï Hôtel Hôtel de haut standing panafricain, sur le célèbre «VGE», renommé boulevard Félix Houphouët-Boigny. 118

❻ C’est l’un des vaisseaux amiraux du groupe dirigé par Mossadeck Bally. Fonctionnel et pratique, il se trouve à courte distance des grands centres commerciaux, et pas si loin de l’aéroport. Bd Valéry Giscard d’Estaing, Marcory. Tél.: +225 27 21 22 25 55. azalai.com.

❽ Novotel Plateau Ce 4 étoiles est situé en bordure de la lagune Ébrié, proche du palais des Congrès et de la cathédrale d’Abidjan. 258 chambres, dont douze suites, une piscine extérieure, et de nombreuses salles de réunion. Idéal pour les séjours business.

10, avenue du général de Gaulle, Plateau. Tél.: +225 27 20 31 80 00. accorhotels.com.

ET AUSSI… ❾ Onomo Hotel Abidjan Airport C’est la petite chaîne qui monte en Afrique.

Bd de l’Aéroport, Port-Bouët. Tél.: +225 27 21 21 21 91. onomohotels.com.

❿ Radisson Blu Hotel

Le chic moderne, à seulement 500 mètres de l’aéroport. Bd de l’Aéroport, Port-Bouët. Tél.: +225 27 21 22 20 00. radissonhotels.com.

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❺ ❺ Mövenpick

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L’hôtel La Madrague.

Le Palais Wia.

Les boutiques hôtels

DR - DR - ISSAM ZEJLY

Depuis quelques années, ils fleurissent dans la capitale économique et sont très prisés par une clientèle aisée, friande d’un service de qualité. On peut citer La Maison Palmier, une oasis verdoyante et contemporaine dans le quartier des Deux Plateaux. Ou le Lepic Villa Hotel, ouvert en 2019, avec sa piscine à débordement et ses jardins luxuriants. Le tout nouveau Palais Wia a, lui, pris la place de l’ancienne Villa Mobutu, propriété du premier président du Zaïre, avec ses neuf suites présidentielles et sa table raffinée aux saveurs locales revisitées. La Maison Palmier, rue des Jardins, Cocody. Tél.: +225 27 22 22 00 00. lamaisonpalmier.com. Lepic Villa Hotel, rue Lepic, BPV 230, Cocody. Tél.: +225 27 22 46 34 57. hotel-lepic.com. Palais Wia, rue des Hortensias, Cocody. Tél.: +225 05 44 04 38 38.

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Le Kafolo Lagoon.

ET EN SORTANT D’ABIDJAN… Hôtel La Madrague Grand-Bassam

Cet hôtel convivial se trouve pratiquement en face de la Drogba Beach (l’autre nom de la plage de GrandBassam). Toutes ses chambres ont un patio avec vue sur le jardin. Avec sa piscine et sa cuisine francoivoirienne, elle reste l’une des meilleures adresses de l’ancienne capitale du pays. Quartier France, Grand-Bassam. Tél.: +225 27 21 30 15 64. hotellamadrague.com.

Kafolo Lagoon, Bingerville

Une bouffée d’air pur aux portes de Babi… Seuls les initiés connaissent

ses charmants bungalows, sa ferme animalière et son jardin botanique. Authentique, sans prétention et confortable, ce 3 étoiles offre Wi-Fi, soins, spa et activités multiples. Route de Bingerville, à droite au grand carrefour d’Abatta, Bingerville. Tél. : +225 07 47 04 44 02. kafolo.net.

Maison d’Akoula, Assinie-Mafia

C’est le petit palace de ce spot branché, à 1 h 30 de route d’Abidjan. Pour la détente entre la lagune et les vagues de l’Atlantique. Route d’Assinie-Mafia, KM 5, Assinie-Mafia. Tél. : +225 07 49 60 16 63. lamaisondakoula.com.

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LE TRAVELER GUIDE

ABIDJAN TABLES ET GOURMANDISES

Nama Restaurant C’est la toute dernière adresse chic du Plateau. Avec une ambiance moderne très épurée, le Nama est situé à côté du Noom Hôtel, face à la lagune. On y déguste une cuisine ambitieuse, qui marie des saveurs européennes, asiatiques et africaines, esprit fusion. Le chef ivoirien Naël Fakhry est un ancien du Pavillon Ledoyen et du Peninsula, à Paris, entre autres références. C’est nouveau, c’est bon, c’est branché, et le Tout-Abidjan s’y précipite.

LE COMPTOIR

Bd de Gaulle, Plateau. Tél.: +225 07 02 02 07 07. Du lundi au samedi, de 12 h à 15 h, puis de 19 h à 23 h 30. namarestaurant.fr.

Ivoire Trade Center, bd Hassan II, Cocody. Tél.: +225 27 24 30 38 90. ivoiretradecenter.com. Tous les jours, de 11 h30 à minuit.

KAJAZOMA

et cossue accueille une clientèle aisée de décideurs autour de spécialités italiennes haut de gamme. On y déguste des rôtis de poulpe, des pâtes savoureuses agrémentées des meilleurs produits méditerranéens. On y célèbre aussi le terroir ivoirien revisité à la sauce du chef, avec de la purée d’ignames ou des ravioles fourrées au cacao. L’une des plus belles expériences gustatives d’Abidjan et un service impeccable. Bd de Marseille, Marcory. Tél.: +225 27 21 35 86 03. Du mardi au samedi, de 11 h à 15 h, puis de 19 h à 23 h.

tables les plus courues de la ville. Dans la fraîcheur d’un jardin ombragé et habillé d’œuvres d’art contemporain, on sert une cuisine savoureuse composée de spécialités afro-européennes, comme de la salade de langouste au kedjenou. Une adresse prisée par la jetset, qui y organise volontiers ses rendezvous business du soir. Bd Latrille, Cocody. Tél.: +225 27 22 41 78 62. Tous les jours, de 11 h à 23 h, le dimanche, de 18 h à 23 h.

➀ Cette villa discrète

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➁ C’est l’une des

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VILLA SAVOIA

C’EST THE PLACE TO BE, notamment pour les déjeuners d’affaires, avec une carte internationale, très «brasserie». Excellents produits et service nickel. La carte change au gré du marché et des saisons, et les desserts maison sont délicieux. Mention gourmande pour le pain perdu et sa boule de glace vanille caramélisée. Le soir, c’est une adresse très prisée par les jeunes dandys pour des afterwork.

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ET EN SORTANT D’ABIDJAN

De haut en bas, Chez Hélène, le Maquis du Val et Chez Ambroise sont des enseignes très prisées.

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TRADITION MAQUIS LE CONCEPT EST D’ABORD IVOIRIEN, voire abidjanais, avant de s’être développé dans toute l’Afrique de l’Ouest. Le maquis, c’est un bar-restaurant où l’on mange, le plus souvent en plein air, du poulet, du poisson braisé ou des brochettes relevés d’une ou deux sauces locales, avec quelques accompagnements au choix, le plus souvent pommes frites, attiéké (semoule de manioc) ou allocos (bananes plantains frites). Le terme « maquis » vient de l’idée d’aller s’y perdre, s’y cacher. Souvent, il s’agit d’un bar où l’on boit des bières par casiers entre amis jusqu’au bout de la nuit, en commandant à la « braiseuse » qui tient son stand HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

juste devant le poulet ou le poisson qu’elle cuit devant vous. Le quartier roi, c’est Yopougon, qui en compte des milliers, pratiquement dans toutes les cours en bord de route. Autrement, trois enseignes tiennent le haut du pavé dans la capitale économique : Chez Hélène, pour son poulet, le Maquis du Val, qui propose aussi quelques plats locaux, toutes deux à Cocody, ainsi que l’institution Chez Ambroise, à Marcory. Dans chaque commune de la ville, vous trouverez également des allocodromes, souvent ouverts par les mairies. Le concept est le même : manger savoureux et simple, pas cher, en palabrant entre potes ! Incontournable. I

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ASSOYAM BEACH, GRAND-BASSAM Sur le sable, face à la mer, Assoyam Beach offre 30 bungalows rénovés, l’un des restaurants les plus savoureux de GrandBassam, placé sous la houlette du chef Pascal Favier, un bar, une piscine, ainsi que des salles et espaces pour organiser des séminaires. C’est l’escale la plus prisée par les « grands quelqu’un », comme on dit. Et pour cause : paix totale, plages à perte de vue, végétation luxuriante. Bref, la meilleure adresse de l’ancienne capitale du pays. Route d’Azuretti, Grand-Bassam. Tél.: +225 27 21 30 15 57. assoyam.com. COUCOUÉ LODGE, ASSINIE-MAFIA Un espace ouvert sur trois sites : Coucoué Lodge, Lodge by Coucoué et, sur la plage, Le Margouillat. Au restaurant et au bar, vous êtes quasi certains de croiser des VIP en mode relax. Route d'Assinie-Mafia, KM 8, Assinie-Mafia. Tél.: +225 07 07 07 77 69. coucoue-lodge.com. Le Margouillat.

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BRASSERIES ET SPOTS IN Sélection forcément subjective… Abidjan bouge en permanence. Restez branché !

➀ Com chez soi Bienvenue dans le nouveau vrai bistrot parisien de Monsieur David, figure de la restauration à Abidjan. Long comptoir et tables sans chichi. Tout est dans l’assiette savoureuse et terroir.

Résidence Manouchka, Zone 4. Tél.: +225 07 07 97 11 00. Du mardi au samedi, de 11 h 30 à 22 h 30, et le dimanche, de 11 h 30 à 16 h 30.

➁ Le Bar blanc Excellent bar pour s’encanailler gentiment en Zone 4, s’attabler au comptoir avec une carte courte et efficace dans une ambiance festive et musicale. 7, rue du 7 décembre, Zone 4. Tél.: +225 27 21 35 09 82. Tous les jours, de 18 h à 2 h.

➂ Le Saakan Pour déguster la fameuse queue de bœuf braisée, qui attire les amateurs locaux ou de passage. Décor akan et balafon en live pour ce gastro afro.

Avenue Chardy, Plateau. Tél.: +225 07 58 55 47 63. Tous les jours, de 12 h à 15 h et de 19 h à 22 h 30. saakan.ci.

➃ Le Méchoui Incontournable table libanaise de qualité, terrasse en bord de piscine, avec une grande variété de plats végétariens. Athletic Club, bd. de Marseille, Zone 4. Tél.: +225 27 21 24 68 93. Du mardi au dimanche, de 12 h à 15 h et de 19 h à 23 h. restaurantlemechoui.com.

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Au pied des tours du Plateau, le lieu n’est pas vraiment italien ! C’est la brasserie french incontournable : VIP, happy few et habitués se bousculent autour d’une carte savoureuse. Bd Lagunaire, à côté de l'hôtel Pullman, Plateau. Tél.: +225 27 20 21 89 51. Du mardi au dimanche, de 12 h à 14 h 30 (sauf le samedi) et de 19 h à 22 h 30. taverne-romaine.com.

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➄ La Taverne romaine


ABIDJAN TABLES ET GOURMANDISES

À Babi, la livraison à domicile, dont Jumia est l’un des piliers, est désormais à portée de clic.

SHUTTERSTOCK - DR - DR

Traiteurs et livraisons à domicile du japonais Nushi.Sushi, ou encore de l’italien Regina Margherita, qui vous livrent rapidement. Et, depuis longtemps, a été ajoutée aux cartes une activité traiteur traditionnelle, pour l’organisation de cocktails d’affaires, de mariages et autres cérémonies. Dans les familles aisées d’Abidjan, se faire livrer à domicile est devenu très courant et commander une food box pour sa pause déjeuner au bureau également.

DANS LA PLUPART des grandes villes du monde, le service de livraison de repas à domicile s’est généralisé (davantage dopé par la période Covid!). Et en la matière, Abidjan n’est pas en reste. Il est loin, le temps où l’on envoyait le chauffeur chercher un poulet braisé et des allocos au maquis du coin. Aujourd’hui, on commande un Burger King ou autre au bureau, et ses dîners à la maison. Deux sites spécialisés à recommander: Jumia Food (food.jumia.ci) et Resto Money (resto-money.com). On peut aussi organiser un dîner chic ou à thème chez soi sans lever une spatule, la plupart des restaurants proposant un service de livraison. On peut ainsi déguster des mets africains, asiatiques, indiens, européens ou encore japonais. C’est le cas, sur un simple coup de fil, du français La Taverne romaine, HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE

Les bars de nuit du Plateau ON Y ACCÈDE par un petit escalier: l’endroit est presque confidentiel. Vous êtes au royaume de la famille Bictogo. Le grand frère, Michel, accueille le Tout-Abidjan, avec des écrans diffusant des clips de musiques africaines. Politiciens, businessmen ou hauts fonctionnaires échangent les dernières news autour d’une bouteille de champagne ou d’un vieux rhum. On y dîne aussi. C’est Happy Hours. Juste à côté, se trouve Le Filjim, autre resto-bar de nuit, avec concerts live du patron, fana de Johnny Hallyday. La clientèle est internationale et l’ambiance bon enfant. Vous avez le choix! Happy Hours, bd Botreau Roussel. Tél.: +225 07 07 22 31 12. Du lundi au samedi, de 11 h 30 à minuit, et le dimanche, de 17 h 30 à minuit. Le Filjim, bd Botreau Roussel. Tél.: +225 05 05 07 83 14. Du lundi au vendredi, de 12 h à 16 h et de 18 h à 2 h, et le samedi, de 18 h à 4 h.

Regina Margherita propose des mets d’inspiration méditerranéenne.

Le Filjim.

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ABIDJAN NIGHTLIFE

ET APRÈS? Monak et 40/40 L’ex-40/40 de la rue Paris Village est devenu le Monak ! Le Gros Bedel est toujours aux commandes pour accueillir sa clientèle de jeunes branchés avides de fête. Dans la discothèque, il propose des soirées à thème, au son de la musique ivoirienne ou internationale. Depuis octobre dernier, le 40/40 est en Zone 4, à l’emplacement de l’ex-Mixx Night Club, géré un temps par DJ Arafat. À cette nouvelle adresse, le même Gros Bedel a créé un bar lounge, concept très en vogue dans la capitale économique, avec une collection de cocktails hors pair et un bar à chicha. Ça cartonne ! Monak, rue Paris Village, Plateau. Tél.: +225 07 49 74 18 21. Tous les jours de 18 h à 4 h.

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SITUÉ AU 5E ÉTAGE de l’immeuble Ivoire Trade Center, à Cocody, le Mandjaro est un bar lounge sélectif qui offre une vue panoramique imprenable sur la ville et sa lagune.

40/40, rue du Dr Blanchard, Zone 4. Tél.: +225 07 08 40 46 03. Du jeudi au samedi, de 20 h à 6 h.

Jungle Bar Avec des bambous, du cuir et des lumières rouges, ce bar de nuit décontracté attire les jeunes à la mode et tendances. Située à Angré, dans le nouveau quartier de la commune de Cocody, l’adresse est faussement décontractée, car la clientèle est plutôt huppée. Dans une atmosphère détendue, vous pourrez dîner, boire et danser sur de la musique festive. Angré, 8e tranche, CNPS, Cocody. Tél.: +225 07 09 92 20 31. Tous les jours, de 16 h à 1 h (2 h le vendredi et le samedi, minuit le dimanche).

Ivoire Trade Center, bd Hassan II, Cocody. Tél. : +225 07 47 35 17 72. Du dimanche au mercredi, de 18 h à 0 h 30, et du jeudi au samedi, de 18 h à 2 h.

Churchill

Le Comptoir

Un bar aux influences multiples. À l’intérieur, musique à fond et ambiance métisse, à mi-chemin entre Orient et Occident : fauteuils club, chandeliers et miroirs. Et à l’extérieur, un petit jardin tropical où se retrouve une jeunesse élégante et branchée.

C’est le restaurant du rez-de-chaussée de l’Ivoire Trade Center, et il fait aussi after, avec son bar où une clientèle chic et jeune se réunit dans une ambiance électrique proposée par des DJ. Ou simplement pour passer un bon moment entre amis.

Rue Fleming, Zone 4. Tél.: +225 07 88 40 87 31. Du mercredi au jeudi, de 22 h à 5 h, le samedi et le dimanche de 18 h à 5 h.

Ivoire Trade Center, bd Hassan II, Cocody. Tél.: +225 27 24 30 38 90. Tous les jours, de 11 h 30 à minuit.

VIRGINIE GIROU - DR

Le Mandjaro, adresse inévitable d’Abidjan, a été lancé par le sémillant communicant Fabrice Sawegnon, déjà patron de la discothèque Life Star au Plateau.

pour les jeunes raffinés locaux. On s’y donne rendez-vous pour un afterwork entre collègues, ou plus tard pour une soirée entre amis. Le Tout-Abidjan et la clientèle étrangère se retrouvent aussi au Sofitel, situé à deux pas.

Son rooftop à la vue imprenable attire une clientèle sophistiquée, d’abord abidjanaise mais aussi internationale. Les membres qui ont la chance d’adhérer au club privé peuvent bénéficier de services VIP personnalisés. L’espace plein air au mobilier en bois et à la décoration blanche très épurée séduit par son cadre intime. L’endroit est vite devenu un incontournable

L’ambiance délicate et feutrée du Churchill.

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En nous inspirant de ce riche passé et en l’utilisant comme fondement, nous construisons l’hospitalité africaine de demain.

welcome to the New African Hospitality


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YAMOUSSOUKRO

Quartier Millionnaire. Tél. : +225 07 08 97 87 08. villadeshotes.com.

Florence hôtel Firenze

100 logements garçon, Cité Marly. Tél. : +225 07 69 38 48 59. hotelflorencefirenze.com.

Onyx hôtel

Morofé Résidentiel. Tél. : +225 07 01 79 79 71.

Hôtel Attoungblan

Collège Eden. Tél. : +225 27 30 64 25 15.

Hôtel Le Brennus

Savane Appart’Hôtel

Hôtel La Résidence Saint Pierre Saint Paul Quartier 220 logements. Tél. : +225 01 43 60 43 93.

Plada Hôtel

Morofé Ebenezer. Tél. : +225 05 55 00 35 35.

Hôtel Le Rocher

Quartier Millionnaire. Tél. : +225 27 34 77 26 48. hotellerocherci.com.

Hôtel Fondy

Quartier Assabou. Tél. : +225 27 30 64 30 65.

Royal Hôtel

Quartier 220 logements. Tél. : + 225 07 89 07 07 07.

AVEC SES 285 CHAMBRES et sa tour futuriste en béton, l’hôtel mythique est une icône de la capitale administrative. Construit dans les années 1970 sous le président HouphouëtBoigny, l’établissement fatigué a profité de la CAN pour se refaire une beauté méritée. On peut parier qu’il attirera le gratin venu assister aux matchs. Son restaurant panoramique surplombe au sommet ses courts de tennis, son golf et son imposante piscine. Quartier Administratif, rue de la Fondation. Tél.: +225 05 01 37 80 80. info@hotelpresident.ci.

Quartier N’Zuessi. Tél. : +225 07 59 12 91 47. Quartier Nanan. Tél. : +225 78 18 84 71. savaneapparthotel.com.

HÔTEL PRÉSIDENT

BASILIQUE NOTRE-DAME DE LA PAIX C’EST L’UN des plus hauts édifices chrétiens au monde. Ambitieux projet du président HouphouëtBoigny, elle a été construite en 1986, sur le modèle de la basilique Saint-Pierre à Rome et réalisée par l’architecte Pierre Fakhoury. Rue de Sainte-France. Tél.: +225 27 30 64 10 21. Tous les jours, de 8 h à 17 h.

HÔTEL HP RESORT C’EST L’AUTRE adresse chic de la ville, appelée jadis l’hôtel des Parlementaires. Les chambres et les salles de conférences sont spacieuses. La piscine et ses aires de jeux offrent une belle vue sur la ville. Situé à deux pas de la Grande Mosquée, l’établissement a été rénové à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations. Quartier Administratif. Tél.: +225 27 30 64 68 00.hp-resort.ci.

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DR - DR - SHUTTERSTOCK

Villa des Hôtes Toumodi


KORHOGO

LES PERLES DE KAPÉLÉ

C’EST UNE TRADITION ANCESTRALE de la région. Des artisans travaillent des billes en argile, qu’ils font sécher et cuire, puis utilisent des pigments naturels pour les transformer en perles multicolores. On les trouve sur les marchés de la ville, et bien sûr dans le village d’origine de leur fabrication. Village de Kapélé (15 km à l’ouest de Korhogo).

HÔTEL MONT KORHOGO OUVERT EN 1965, et récemment rénové, cet établissement 4 étoiles est idéalement niché au cœur du centre historique de la ville. Il dispose d’une piscine, d’un mini-zoo, d’un night-club, d’une salle de conférences, d’une galerie marchande et d’un service de location de véhicules. Ses chambres et ses suites sont modernes et spacieuses. Un des bons choix d’hébergement à Korhogo. Quartier Commerce, rue des Banques. Tél.: +225 27 34 77 37 25. contact@hotelmontkorhogo.ci.

DANYE KEEDEE - DR - BACKUP DIGITALLY

HÔTEL DES SAVANES

Complexe hôtelier Olympe

Route de l’Aéroport. Tél. : +225 27 36 80 01 80.

Hôtel La Rose blanche Quartier Résidentiel. Tél. : +225 07 09 24 00 73. sieth.ci.

Hôtel Non-Stop

Quartier 14, Korhogo savanes. Tél. : +225 07 57 99 21 65.

Hôtel Chigata

Quartier Soba. Tél. : +225 07 07 57 30 96.

Éco-ferme de Lokoli

Sinématiali. Tél. : +225 05 74 10 74 10.

Hôtel Harmonie

Route de l’Aéroport. Tél. : +225 07 08 25 48 58.

Hôtel Résidence Le Missionnaire

Quartier Logokaha, Résidentiel. Tél. : +225 01 01 62 10 18.

Hôtel Éléphant

Résidentiel 2, route du Cafop. Tél. : +225 01 41 14 14 14. hotel-elephant.ci.

OUVERT EN NOVEMBRE DERNIER, l’hôtel est le plus récent de la cité du Poro. Ses 53 chambres donnent sur une belle piscine, et il dispose d’un spa. Son restaurant, le Calao, propose des mets frais. Il est surtout idéalement situé à l’entrée de la ville, non loin du stade. Un plus pour les visiteurs de la CAN.

Hôtel Le Cristal Quartier Sinistre.

T.Hôtel des Savanes

Quartier 1, Route de l’Aéroport. Tél. : +225 05 06 97 29 06.

Quartier CHR. Tél.: +225 07 88 94 94 94. hoteldessavanes.com.

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BOUAKÉ

Avenue Jacques Aka. Tél. : +225 27 31 63 14 93. hoteldelart-ci.com.

Telma Résidence

Quartier Commerce. Tél. : +225 27 31 63 35 12.

Eden Golf Hôtel

01 BP 81, Bouaké 01P. Tél. : +225 07 67 97 61 45.

N’zi River Lodges

Riviera Attoban, Cité Attoban. Tél. : +225 07 88 08 88 50. nziriverlodges.com.

Résidence hôtel Éléphant

Quartier Air France. Tél. : +225 31 63 28 88. residencehotelelephant.com. Quartier N’Gattakro, route de Béoumi. Tél. : +225 05 04 77 03 77.

BLACK AND WHITE

Hôtel Le Cauris d’Or

CE GRAND maquis ne désemplit pas. Véritable institution dans la ville, c’est aussi l’une des tables les plus anciennes, puisqu’elle a ouvert en 1986. On y déguste des pizzas, des grillades au feu de bois et des spécialités africaines et européennes.

Hôtel du Commerce

Centre-ville. Tél. : +225 07 78 62 28 57.

Hôtel Le Paradis

Quartier Municipal. Tél. : +225 07 07 02 75 02.

Ran Hôtel

Quartier Commerce, Rue Reine Pokou. Tél. : +225 27 31 63 32 70.

Hôtel Le Printemps

Quartier Commerce. Tél. : +225 27 31 63 57 67.

C’EST L’UNE DES ENSEIGNES les plus courues de la ville. Situé dans un havre de verdure à la lisière de la ville, l’hôtel Mon Afrik, tenu avec rigueur par Mme Delon, propose à ses clients une belle piscine et une carte savoureuse. Entourées d’animaux apprivoisés, les chambres ont été construites dans d’anciens boxes à chevaux, des cases à toit de chaume ou des maisons blanches de style sahélien. Quartier Kennedy. Tél.: +225 01 01 12 40 40.

Hôtel du Stade

Quartier TSF sud. Tél. : +225 31 63 09 83. hotelcaurisdor.com.

HÔTEL MON AFRIK

Avenue Jacques Aka. Tél.: +225 05 05 92 60 80. Du mardi au dimanche, de 11 h à 15 h et de 18 h à 23 h.

LE VILLAGE DES POTIERS POUR CEUX QUI séjourneront à Bouaké, avant ou après les matchs, le village de Tanou Sakassou, situé à environ 10 km de la ville, vaut le détour. Des artisans perpétuent la fabrication traditionnelle de poteries baoulées, continuant à extraire l’argile manuellement. Vous pourrez visiter les ateliers gratuitement et acheter l’une des réalisations en céramique et des œuvres noires incrustées de paillettes de silice. Tanou Sakassou. Tél.: +225 05 05 16 22 84. Tous les jours, de 8 h à 18 h.

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DR (3)

Hôtel de l’Art


SAN-PÉDRO

HÔTEL LES JARDINS D’IVOIRE UNE BONNE ADRESSE près de la mer et du centreville. Le patron italien, chaleureux, propose à ses clients 18 chambres bien tenues et une table délicieuse près d’une piscine et d’un très beau jardin. Bd Houphouët-Boigny. Tél.: +225 07 48 29 61 51. hotellesjardinsdivoire.com.

Quartier de la Corniche, bd Houphouët-Boigny. Tél. : +225 27 34 71 16 15.

Enotel Beach

Bd Houphouët-Boigny. Tél. : +225 27 34 71 00 85. groupenotel.com.

Hôtel Palm Rock Beach

HÔTEL SOPHIA 75 CHAMBRES EN BORD DE PLAGE, avec piscine d’eau de mer, piano-bar et salle de conférences. Pour la petite histoire, c’est l’équipe du Maroc, l’une des favorites de la Coupe, qui a jeté son dévolu sur cet établissement de la station balnéaire. La Fédération royale marocaine de football (FRMF) a réservé, dès début novembre, l’hôtel pour les Lions de l’Atlas. Ou, dit-on, plutôt les chambres et les climatiseurs : ils devraient venir avec leurs propres literie et nourriture ! Bd Houphouët-Boigny. Tél.: +225 27 34 71 92 90/07 04 31 90 44.

HÔTEL LA BAIE DES SIRÈNES

DR - NABIL ZORKOT - NABIL ZORKOT

Hôtel Cannelle

Bd Houphouët-Boigny. Tél. : +225 07 08 27 39 54.

Hôtel Ixora

Route de l’Hôtel Balmer. Tél. : +225 01 02 20 10 71.

Hôtel Résidence Christy

Quartier Cité. Tél. : +225 27 34 71 15 47.

La Case de Tiho

Quartier du Lac. Tél. : +33 6 83 85 67 78.

Kossipo Hôtel

Route de l’Hôtel Balmer. Tél. : +225 01 02 58 00 59.

Hôtel Rialto

Quartier de la Corniche. Tél. : +225 07 47 12 12 22. hotelrialtosanpedro.com.

À QUELQUES KILOMÈTRES de San-Pédro, laissez-vous aller dans un lieu unique, un petit paradis balnéaire. Situé sur la baie de Grand-Béréby, l’une des plus belles plages du pays, il s’agence autour de bungalows disséminés entre océan et jardins. Les chambres sont chics et fonctionnelles, la restauration efficace et la palette des offres – massage, piscine, sports de plage, minigolf, tennis, etc. – immense, ce qui en fait un endroit idéal pour un moment de détente entre amis ou en famille.

Gillier Lodge

Quartier Balmer. Tél. : +225 07 77 06 19 01. gillierlodge.com.

Hôtel Nahoui

Quartier Balmer. Tél. : +225 27 34 71 22 33.

Hôtel Maria

Route de l’Hôtel Balmer. Tél. : +225 27 48 84 26 21.

Grand-Béréby. Tél.: +225 07 77 78 34 34.

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pour conclure PAR EMMANUELLE PONTIÉ

DES STADES PLEINS! Samedi 11 novembre: ouverture de la billetterie en ligne pour cette 34e édition. Une heure plus tard, le premier lot de tickets est épuisé! Et déjà, 15% des précieux sésames pour le match d’ouverture sont partis. Deux mois avant le coup d’envoi, l’engouement exceptionnel pour cette 34e édition accueillie par la Côte d’Ivoire s’affichait déjà. Pourquoi? Allez, soyons francs: grâce, d’abord, aux atouts incontestables de la terre d’accueil. On sait que la plupart des hommes d’affaires africains se débrouillent pour transiter le plus souvent possible par Babi, lors de leurs déplacements professionnels. Et on les comprend. Abidjan et son développement vertigineux en font l’une des mégapoles où il fait le mieux vivre, avec sa multitude d’ambiances, de restaurants, d’hôtels confortables, de services. Hors CAN, chacun se précipite pour y séjourner. Alors, avec un immense tournoi de foot en prime, il est normal que l’affluence soit forte. Seconde raison : les deux dernières CAN étaient drôlement moins attractives. Là encore, il faut être honnêtes, le rendez-vous de 2019 en Égypte se heurtait à deux inconvénients: la distance par rapport à la plupart des supporters africains, et aussi une image d’insécurité pour pas mal de visiteurs étrangers. Et pour l’édition camerounaise de 2022, en plus de la réputation plus que moyenne du pays des Lions indomptables quant à sa capacité à organiser correctement de grands événements, la période marquait le début de la fin du Covid, qui planait encore dans l’esprit des visiteurs, pas très chauds à l’idée de venir se

Et surtout, il n’y a pas qu’Abidjan. Son réel développement offre au pays la luxueuse opportunité d’accueillir des milliers de visiteurs dans quatre autres villes où se dérouleront des matchs: la capitale Yamoussoukro, Bouaké, San-Pédro et Korhogo. Grâce, notamment, au déploiement d’un réseau routier moderne et efficace. Aujourd’hui, depuis Babi, vous êtes à 4 heures de Bouaké ou de San-Pédro par l’autoroute, ce qui est une véritable révolution. Cela servira grandement les spectateurs qui ont envie d’aller voir un match tout en ayant le désir de revenir dormir dans la capitale économique. Et cela procure une grande liberté de mouvements et de choix. Mais il y a aussi ceux qui pourront en profiter pour passer quelques jours dans les villes en question, où les réceptifs hôteliers, villas d’hôtes et autres bonnes idées confortables ont poussé comme des champignons depuis des semaines. Car lorsque l’on parle de villes secondaires en Côte d’Ivoire, il ne s’agit pas de pauvres bourgs perdus dans la brousse. Chacune des cités sélectionnées regorge d’intérêts. Yamoussoukro, abritant l’incroyable cathédrale rêvée par le président Houphouët-Boigny et construite sur le modèle de SaintPierre de Rome. Les plages à perte de vue de San-Pédro, son Palais du gouverneur datant de 1893, ou encore le wharf de Sassandra. Bouaké, 3e économie du pays, et son marché géant, le premier du pays en taille. Et enfin, Korhogo, la ville du Poro, avec sa case aux fétiches de Niofoin, les tisserands de Waraniéné

jeter dans les foules. Tout ça pour dire qu’au-delà de l’attractivité de la Côte d’Ivoire en général, les assoiffés de sport et d’une belle CAN sont prêts à faire le chemin, après deux éditions vécues en demi-teinte.

ou encore les incroyables perles colorées de Kapélé. Bref, le foot et ses grands rendez-vous continentaux, c’est bien. Mais la Côte d’Ivoire aussi. Alors, les deux ensemble, c’est super top: enjoy la CAN pour tous! ■

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A G E N C E N A T I O N A L E D E L’ H A B I T A T

ANAH L’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat) institué par décret du 15 décembre 2021 est une société d’Etat au capital social de 4.566.200.000 FCFA. Elle est placée sous la tutelle technique du Ministère de la Construction du Logement et de l’Urbanisme et la tutelle financière du Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat. L’ANAH est dotée d’un Conseil d’Administration de onze (11) membres. Ce conseil est dirigé par un Président, Monsieur Pierre Nandjui DANHO L’ANAH est dirigée par un Directeur Général, Monsieur Brahima TRAORE qui est assisté dans ses fonctions par des Directeurs Opérationnels et des Chefs Services rattachés.

NOS MISSIONS •

Accès au logement à des coûts d’acquisition et de location compétitifs,

Amélioration et entretien du cadre de vie,

Programmation des travaux et gestion des projets,

Location simple,

Location-vente,

Accès direct à la propriété.

NOS OBJECTIFS Les objectifs assignés à l’ANAH sont les suivantes: • •

Faciliter l’accès aux logements à des coûts abordables Veiller à l’amélioration du cadre de vie

NOS RESSOURCES Les ressources financières de l’ANAH proviennent essentiellement de : • • •

De la Maitrise d’ouvrage déléguée De la commercialisation de logements Des produits de ses biens meubles ou immeubles d’emprunts effectués dans les conventions des textes.


TotalEnergies, partenaire du football africain. Ensemble, vibrons football dans les stations-service TotalEnergies.

#FootballTogether


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