Psychiatries n°150

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L’écoute

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

SEPTEMBRE 2008 = N°150

L’écoute

AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

28 €

SEPTEMBRE 2008 = N°150

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

L’écoute

SEPTEMBRE 2008 = N°150

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


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PSYCHIATRIES N°150 SEPTEMBRE 2008

AFPEP-SNPP

L'Association Française des Psychiatres d'Exercice Privé (A.F.P.E.P.), fondée en juillet 1970, a promu une recherche théorico-pratique pluridisciplinaire sur la psychiatrie, son objet, son exercice, ses limites, en s'appuyant de façon plus particulière sur l'expérience de la pratique privée. Société scientifique de l'Association mondiale de psychiatrie (W.P.A.), affiliée à l'UNAFORMEC en tant qu'organisme de formation continue, l'A.F.P.E.P. anime de multiples cadres de travail nationaux ou décentralisés, prioritairement à l'intention et avec le concours des psychiatres privés, mais enrichis d'une très large participation nationale et internationale de cliniciens, chercheurs et théoriciens concernés par la psyché, dans toute la diversité de leurs orientations. Scandés par la tenue annuelle des “Journées nationales de la psychiatrie privée”, les travaux de l'A.F.P.E.P. s'articulent autour de sessions d'étude et de séminaires thématiques, régionaux ou nationaux. Productrice de modules de formation, elle accrédite et coordonne par ailleurs les activités de formation d'associations locales ou régionales de psychiatres privés. L'A.F.P.E.P. a élaboré en 1980 la “Charte de la psychiatrie” autour des références éthiques garantes de l'indépendance des praticiens ainsi que du respect des patients. L'A.F.P.E.P., association scientifique, à travers sa réflexion et ses recherches, donne socle à l'action du Syndicat National des Psychiatres Privés (S.N.P.P.) fondé en 1974. L'A.F.P.E.P.-S.N.P.P. a publié en 1995 le “Manifeste de la Psychiatrie”, synthèse des principes d'efficience d'une pratique confrontée aux risques contemporains de réduction bureaucratique et comptable de l'activité soignante des psychiatres privés.

AFPEP-SNPP 141, rue de Charenton - 75012 Paris - France Tél. : (33)1 43 46 25 55 - Fax : (33)1 43 46 25 56 E-mail : info@afpep-snpp.org - Site Internet : http://www.afpep-snpp.org


PUBLICATION DE L’AFPEP AOÛT 2008 - N°150 Secrétariat de la Rédaction 141, rue de Charenton 75012 Paris tél. : 01 43 46 25 55 fax : 01 43 46 25 56 psychiatries@afpep-snpp.org

Fondateur Gérard BLES Directeur de la Publication Olivier SCHMITT Directeur de la Rédaction Jean-Jacques LABOUTIÈRE Rédactrices en Chef Dominique JEANPIERRE Anne ROSENBERG Comité de Rédaction Jacques BARBIER, Antoine BESSE Hervé BOKOBZA, Pascal BOURJAC Martine BURDET-DUBUC, Patrice CHARBIT Pierre COËRCHON, Anne DESVIGNES Claude GERNEZ, Marie-Lise LACAS Jacques LOUYS, Marc MAXIMIN Patrick STOESSEL, Jean-Jacques XAMBO Traduction en anglais et en espagnol Pascale DUMONT-ROSE Conception Graphique Marie CARETTE / Gréta Réseau Graphique Impression Imprimerie Nouvelle Sté Angevin - Niort ISSN 0301-0287 Dépôt légal : 3ème trimestre 2008 28 €


SOMMAIRE ÉDITORIAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.7 INTRODUCTION Béatrice Bachy-Duquesne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.11

TABLE RONDE INAUGURALE Véronique Dumouchel-Testaert : L’écoute en médecine générale . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.17 Maryse Souchard : Le point de vue d’une mère de patient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.21 Antoine Besse : L’écoute d’un psychiatre de ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.29 Xavier Lagarde : Relation médecin généraliste et psychiatre dans le suivi ambulatoire des malades mentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.37 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.41 Pierre-Louis Druais : Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.55

ÉTHIQUE DE L’ÉCOUTE Jean-Daniel Causse : L’écoute comme premier acte éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.65 Patrice Charbit : Clinique de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.75 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.85 Jacques Louys : Le verbe « écouter » (y a-t-il une science de l’écoute ?) . . . . . . . . . . .p.91 Jean-Claude Ameisen : La volonté que la liberté de l’autre soit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.103 Discussion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.111 Thierry Delcourt : La leçon de Jean-Paul Sartre aux psychiatres . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.127

L’ÉCOUTE DU PSYCHIATRE Pierre Cristofari : L’écoute au risque de la prescription médicamenteuse . . . . . . . . . . . .p.139 Jean-Richard Freymann et Michel Patris : Écouter n’est pas entendre. Approche psychothérapique et psychanalytique de l’« interprétant » . . . . . . . . . . .p.149 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.161 Yannick Cann : Idéologie et écoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.171 Albert Le Dorze : Il importe de vivre chaud et penser froid plutôt que vivre froid et penser chaud. L’écoute du psychiatre n’est pas celle du psychanalyste . . . . . . . . . . .p.179 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.197 Jacques Louys : Explication aux psychiatres des deux totalitarismes . . . . . . . . . . . . . . .p.207

NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE Olivier Schmitt : La neutralité en consultation thérapeutique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.213 Éric Samama : La psy cause toujours ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.223 Romain Chepfer : Des places inouïes dans l’écoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.229 Bernard Chesnier : Place et champ de la parole pour un psychiatre écoutant . . . . . . . . . . . .p.237


SOMMAIRE

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Dominique Jeanpierre : Écouter, simplement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.245 Marie Hélène Doguet : Contre les « protocoles » standardisés, pour une clinique sous transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.251 Jean-Jacques Bonamour du Tartre : L’écoute, entre attitude, posture et imposture… . . . . . .p.257 Michel Formento : Jouissance de l’écoute. Perversion de l’écoute ou l’écoute « élément culte d’une profession » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.271 Dominique Texier : Le coût de l’écoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.277

QU’EST-CE QUI NOUS PRÉPARE À L’ÉCOUTE ? Dan Denis Bensoussan : Écoute et pulsion du savoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.287 Ly Thanh Huê : Une écoute humaniste remaniée à l’aune de la psychanalyse ? . . . . . . . . . .p.295 Claude Alombert : L’écoute de l’écoute : La réunion clinique, un outil indispensable au groupe soignant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.305

À L’ÉCOUTE DES ENFANTS ET DE L’ENTOURAGE Annie Stammler : Où il est question d’enfants issus de la marginalité . . . . . . . . . . . . . .p.315 Michel Fruitet : Écoute et présence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.323 Anne Desvignes : Histoire sans parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.327 Jean-Paul Douvier : Les effets de l’écoute écoutée : Écouter la mère/guérir l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.335

ÉCOUTE DES ÉVOLUTIONS DE LA MÉDECINE Jean-Marc de Logivière : Des souris et des hommes, l’exemple de la Procréation Médicalement Assistée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.347 Dominique Texier : Le corps s’écrie. De la dépression à la fibromyalgie, encore des antidépresseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.355

TABLE RONDE Animée par Yves Froger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.363

CONCLUSION Olivier Schmitt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.381

DÉSIRS DE LIVRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 387 ANCIENS NUMÉROS Liste de tous les numéros de PSYCHIATRIES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 391

BULLETIN D’ADHÉSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 395


En vue d’échanger entre nous et de transmettre aux jeunes générations une clinique vivante et inventive, la revue « Psychiatries » ouvre ses pages aux collègues d’autres pays qui souhaiteraient témoigner de leur pratique. Nous demandons aux lecteurs qui en ont la possibilité de faire connaître cette initiative à l’étranger et de demander d’adresser les textes à la rédaction : info@afpep-snpp.org


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ÉDITORIAL Oyez, oyez amis lecteurs, ouvrez tout grand vos oreilles. Nous allons vous parler d’un antique instrument. Nous le voulons garder envers et contre tous pour bien border toutes nos voiles. Un outil unique, exceptionnel, précieux, hors pair, efficace, encore présent chez nous malgré la concurrence, et que l’on nomme : L’ÉCOUTE. Faites attention d’où le vent souffle et nous entraîne. Le piège est là, kafkaïen. Monsieur K. nous le glisse à l’oreille : « Mon désir le plus grand, je dirai même le seul, est de me mettre en règle avec l’administration ». Nous pourrions donc ainsi, à l’instar de Monsieur K., nous débarrasser de la pensée, de toute responsabilité, si nous n’y prenions garde. Appel de nos collègues généralistes : « Parlez donc plus avec nous autres, nous soignons et écoutons, l’oreille chevillée au corps, au corps pensant ou exultant. La technique seule ne suffit pas car il s’agit de soigner une personne. » Thème que vous trouverez développé dans l’étude clinique qui nous enseigne un drôle de mot : « le bidouillage », qui remuera bien des esprits. L’écoute du psychiatre est bel et bien son premier instrument de travail qu’il tentera de manier sans idolâtrie. De sa manière d’être en disponibilité dans cette écoute va se constituer une réponse, réponse qui vise d’abord à la reconnaissance d’un sujet. Donner la


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primauté à la parole de l’autre, même quand elle est absente, c’est poser sa liberté comme étant première. L’écoute nous renvoie à une condition humaine qui est de toujours. L’écoute de l’appel qui s’adresse à nous fait signe dans le sens où il donne à reconnaître chacun par son nom. Écouter afin d’entendre, donner un sens à la parole en lui donnant de l’ombre. Et puis répondre. Le psychiatre à la différence du psychanalyste peut se servir de différents outils à condition qu’ils découlent tous de son écoute. C’est ainsi qu’il utilise non une ou des techniques mais une technè - au sens d’arts libéraux - afin de tenter une transformation de son patient. Il y a bien une éthique de l’écoute, celle de l’hospitalité, qui permet le transfert, le transport, l’accueil et le passage de l’étranger, l’accès à un lieu autre et qui en autorise aussi le départ. Voilà quelques idées - pour vous mettre en appétit - parmi d’autres tout aussi passionnantes à lire dans ce volume où se côtoient philosophes, médecins généralistes, chercheurs, psychiatres, et psychanalystes… Excellente lecture. Dominique Jeanpierre et Anne Rosenberg


INTRODUCTION



INTRODUCTION

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INTRODUCTION Béatrice Bachy-Duquesne*

’Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé a choisi Le Havre pour les 36es Journées Nationales et m’a demandé d’en être la coordinatrice. Dans l’élaboration de ce projet, j’ai trouvé un soutien auprès de la Mairie du Havre, que je voudrais particulièrement remercier, en la personne de l’Adjointe au Maire : Chantal Sayaret et de toute son équipe.

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Traditionnellement, la veille de ces journées professionnelles, l’AFPEP organise une conférence ouverte au public. Nous avons choisi comme thème « L’écoute » pour recentrer notre pratique autour de cette dimension fondamentale du soin, non seulement en psychiatrie mais aussi en médecine. Nous avons pensé qu’une table ronde regroupant psychiatres et médecins généralistes, serait très intéressante pour débattre sur ce sujet qui est à nos yeux si essentiel. L’écoute est un outil sémiologique très important pour toute discipline médicale : ici, nous allons débattre de l’écoute du psychiatre et de l’écoute du médecin généraliste. Mais n’est-ce pas également le cas pour d’autres spécialités médicales, aussi éloignées de « l’écoute » soient-elles ? Prenons l’exemple du chirurgien ou de l’anesthésiste : il vaut mieux que le *Psychiatre, psychanalyste, Le Havre


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chirurgien « écoute » avant d’opérer et que l’anesthésiste « écoute » avant d’endormir, l’inverse étant beaucoup plus difficile. Mais l’écoute ne se réduit pas uniquement à cet outil sémiologique, c’est-àdire au recueil de signes de la maladie, elle apprécie également ce qu’il en est de la relation du patient à sa maladie, c’est-à-dire comment il la supporte. De plus, cette écoute permet l’instauration de la relation humaine dans laquelle s’expriment les effets transférentiels si importants pour nous psychiatres car ils nous permettent d’envisager l’abord psychothérapeutique. Or actuellement, nous assistons à une dérive de l’exercice médical, sous la pression d’une multitude de facteurs : • Tout d’abord, l’amélioration des techniques scientifiques, donnant une grande place aux examens complémentaires, • Ensuite, comme autre facteur les contraintes administratives, de plus en plus envahissantes sur le temps de la consultation. Tous ces facteurs éloignent les praticiens de ce point d’ancrage, qu’est l’écoute. Voici donc les raisons du choix de ce thème. Pour la table ronde de ce soir, l’idée est venue d’un autre constat. Vous savez que le nombre des psychiatres en France, a sérieusement diminué, surtout depuis la suppression de l’internat de psychiatrie. Cette diminution des psychiatres fait que du côté du public, c’est-à-dire de l’hôpital psychiatrique, tous les postes ne sont pas pourvus, et du côté du privé, c’est-à-dire de la psychiatrie libérale, le nombre de psychiatres est insuffisant. Par exemple, pour une ville comme Le Havre, nous sommes environ 20 psychiatres libéraux, alors qu’à Rouen pour une population identique, il y a environ 60 psychiatres libéraux. Ce qui fait qu’une partie de la prise en charge ambulatoire des patients psychiatriques est effectuée par les médecins généralistes. C’est un surcroît de travail auquel les médecins généralistes font face, même si ce n’est pas toujours évident pour eux. Pour cela, ils demandent parfois l’aide du psychiatre comme ils demanderaient l’aide d’une autre spécialité médicale, attendant sans doute un courrier médical regroupant signes, diagnostic et traitement. Or, la psychiatrie n’est pas comme les autres spécialités ; elle a une certaine spécificité. Il est difficile, voire impossible, de traiter la maladie mentale comme des maladies d’organes. Dans le cadre de la maladie mentale, les informations médicales sont extrêmement liées à l’intimité du sujet et peuvent varier suivant son évolution. Voilà pourquoi les psychiatres sont très réticents pour donner des informations, que ce soit dans un courrier médical, ou dans le projet du dossier médical partagé.


INTRODUCTION

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Il me semblait important que nous débattions autour de ces points de difficultés qui certes concernent les psychiatres et les médecins généralistes, mais aussi et surtout les patients. *** Nous retraçons ci-après cette table ronde en présentant, dans l’ordre, les différentes interventions puis la discussion avec la salle et enfin les conclusions. (N.D.L.R).



TABLE RONDE INAUGURALE



TABLE RONDE INAUGURALE

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L’ÉCOUTE EN MÉDECINE GÉNÉRALE Véronique Dumouchel-Testaert*

e thème de l’écoute me paraît essentiel dans la pratique de mon métier de médecin généraliste. Cette question qui me tient à cœur. Nous vivons une époque où il faut parler, dire, mettre des mots… mais est-ce que l’on écoute vraiment l’autre ?

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Dans la pratique médicale, les médecins sont souvent à l’écoute. Mais la disponibilité, les horaires, la nécessité de diagnostic et de traitement sont autant de freins à une réelle écoute de l’autre. Les actes techniques prennent de plus en plus de place. Dans de nombreuses pathologies, il est prévu des grilles décisionnelles pour les diagnostics, les bilans et les traitements. Très étudiés, ces protocoles rassurent, permettent d’inclure le patient dans telle ou telle catégorie. Officiellement, pour son plus grand bien. En effet, le médecin est rassuré par cet aspect scientifique et le patient également. La société a besoin de certitudes. Chacun y trouve son compte. Il serait malvenu de ma part de critiquer cet aspect scientifique de la médecine. Il est indispensable. Il est évident que tous les médecins connaissent l’écoute du malade. Ils y passent du temps. Tout particulièrement les généralistes qui ont le privilège d’assister le patient dans sa globalité. Souvent aussi avec son entourage social et familial, ses conditions de vie. *Médecin généraliste, Le Havre


TABLE RONDE INAUGURALE

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LE POINT DE VUE D’UNE MÈRE DE PATIENTS Maryse Souchard*

Le contexte Mère d’une famille recomposée de six grands enfants, trois filles de 24, 20 et 17 ans et trois garçons de 19, 17 et 16 ans (les trois garçons et la plus jeune des filles vivent avec nous), j’ai adopté en mère célibataire mes trois garçons il y a 7 ans. Frères de naissance, ils n’avaient pas vécu ensemble leur période de placement en famille d’accueil (8 années), le puîné étant dans une famille, l’aîné et le cadet dans une autre. Ils se voyaient à l’école et un dimanche par mois. Mon fils aîné est entré dans l’adolescence au moment de notre rencontre. Il devait donc établir la distance nécessaire avec les adultes référents pour sortir de l’enfance en même temps qu’il créait le lien avec moi. Cette situation éminemment conflictuelle, nous a amenés à consulter des professionnels (assistante sociale, psychologue, psychanalyste, pédo-psychiatre) très régulièrement pendant 4 ans et à être en contact avec deux structures de placement administratif. Mon deuxième fils a, quant à lui, de grosses difficultés à se situer dans sa vie de jeune, il a des pratiques polytoxicomanes et, s’il n’est pas déscolarisé, se trouve en échec au lycée. Depuis 2 ans, nous consultons là aussi régulièrement des médecins, psychiatres, pédo-psychiatre, centre de soins pour adolescents, unité hospitalière de traitement des addictions, etc… Il a été hospitalisé pour un bilan toxicomane et a suivi deux traitements médicaux. *Maitre de conférence en communication, Université de Nantes/IUT de La Roche-sur-Yon


TABLE RONDE INAUGURALE

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L’ÉCOUTE D’UN PSYCHIATRE DE VILLE Antoine Besse*

sychiatre de cabinet depuis 30 ans, j’ai vraiment eu l’impression, comme tous les collègues médecins généralistes de la ville où j’exerçais, de me coltiner la souffrance des gens. Certaines personnes m’étaient envoyées par des médecins généralistes. Le psychanalyste-psychiatre pour adolescent et adulte a souvent besoin de la collaboration d’un confrère prescripteur. J’ai dû me positionner, selon Bouvet, un vieux maître, en me limitant au niveau « moral » comme je le disais aux patients. Donc lors des premières minutes, je laissais toujours mes patients penser qu’ils devaient continuer avec leur médecin généraliste tout un cheminement qui allait être très important pour moi : pour qu’il y ait du psychisme, il faut qu’il y ait du corps. Il m’arrivait de faire faire, pour un patient, un bilan à l’hôpital général tant sa dépression me paraissait nécessiter d’assurer un équilibre au niveau du corps, avant de se lancer dans un travail plus psychothérapique. La dimension de la prescription médicamenteuse me paraissait difficile à gérer en même temps que la celle de la parole. C’est en tout cas ma façon de travailler depuis mon installation. Je sais que mes collègues psychiatres « de ville » n’ont pas tous cette position et je respecte la leur.

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Il m’apparaissait aussi que le médecin généraliste a le droit de toucher le malade, de ce fait il reçoit, à mon avis, « un transfert de corps ». Il est sur un versant plutôt somatique, mais au sens très noble de la chose. En faisant cette *Psychiatre, psychanalyste, Saint-Germain-en-Laye


TABLE RONDE INAUGURALE

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RELATION MÉDECIN GÉNÉRALISTE ET PSYCHIATRE DANS LE SUIVI AMBULATOIRE DES MALADES MENTAUX Xavier Lagarde*

ans ce témoignage, j’ai pris le parti de prendre le mot écoute comme un élément de la relation ou du lien qui nous unit avec la personne malade et avec les confrères. Et de prendre également un des aspects de la phrase que nous propose Jean Bernard : Le médecin soigne l’homme et l’Homme, le soin de toute l’humanité. La personne souffrant d’une maladie mentale présente une surmorbidité très importante en termes de maladie infectieuse, de maladie respiratoire, de diabète et de maladie cardio-vasculaire. Ce fait est connu. Ces grands malades sont-ils pour autant mieux suivis et écoutés ?

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Je suis parti du dossier d’un monsieur de 40 ans qui vient me voir. Il est célibataire, n’a pas de famille pas d’emploi. Il est sous une mesure de tutelle aux prestations sociales. Il consulte en janvier 1999 pour le renouvellement du traitement d’un diabète découvert récemment à la suite d’une hospitalisation. Il est en bon état général mais semble présenter un retard intellectuel. Il dort beaucoup, est assez sédentaire et il s’alimente irrégulièrement. Suivi aussi par la diététicienne, il maigrit et marche régulièrement, il équilibre son diabète. En fin d’année 1999, les chiffres sont à peu près revenus dans l’ordre. Suit alors une première rupture de soin, en l’an 2000 pour environ 2 ans. Il ne reviendra me voir que 2 ans plus tard pour des douleurs du genou, qui le gênent beaucoup *Médecin généraliste, Le Havre


TABLE RONDE INAUGURALE

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Discussion

Jean-Jacques Laboutière Avant de donner la parole à la salle pour le débat, je voudrais relever quelques idées des intervenants. Je voudrais souligner quelque chose dans ce qu’a dit Antoine Besse qui me paraît aussi intéressant pour la suite, outre la question de la place du corps dont tu parlais au début et sur laquelle il faudra peut-être que l’on revienne. Quand tu dis auto consistant, c’est intéressant parce que cela renvoie à l’idée d’une pratique complètement dégagée des protocoles et qui est dans un rapport à la théorie qui s’est reconstruit à travers la pratique et l’expérience. S’il y a une spécificité de l’écoute du psychiatre, c’est peut-être aussi de ce côté-là, de savoir que l’on peut complètement s’affranchir d’une théorie pour y revenir à travers une élaboration personnelle dans sa pratique, pas sauvage non plus, d’ailleurs. L’exposé de Madame Souchard me semble effectivement bien poser certains points si fondamentaux sur cette question de l’écoute, sans s’engager pour l’instant dans la distinction entre l’écoute du psychiatre ou du médecin généraliste. Je crois que quelques points méritent d’être soulignés, surtout cette question d’être reçu dans la singularité de sa demande et de ne pas être enfermé dans une représentation a priori, comme certains professionnels semblent encore malheureusement le faire d’après votre témoignage.


TABLE RONDE INAUGURALE

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CONCLUSION Pierre-Louis Druais*

our un acteur, comme moi, de la discipline Médecine Générale, cette soirée est très riche car elle permet d’échanger avec nos confrères psychiatres. Je P voudrais préciser deux choses. Je suis installé en médecine générale depuis plus de 30 ans, j’exerce la profession de médecin généraliste tous les jours. Si je suis devenu généraliste, c’est un choix qui, il y a plus de 30 ans, était considéré comme une « erreur manifeste ». Je me sens bien dans votre assemblée parce que finalement, il y a 35 ou 40 ans, quand à l’hôpital un médecin vivait un échec avec un patient, j’avais déjà constaté deux types de recours : soit il faut « qu’il voit son psychiatre », soit « il faut qu’on le montre à son généraliste ». C’était une manière de s’en débarrasser… Cela a un peu changé : les évolutions des sciences humaines et des sciences médicales ont permis, face aux échecs, aux médecins de l’organe de comprendre que le médecin du corps peut être aussi le médecin de l’âme. Faire une synthèse et un commentaire après toutes ces présentations riches et variées est un exercice un peu compliqué et difficile : donc j’ai pris des notes et j’espère ne pas me perdre. Je constate vraiment deux choses : nous sommes dans la complémentarité professionnelle et elle a de vraies difficultés à être perçue. J’aime bien cette image de l’articulation et du lien qui existe quand vous évoquez le genou, cette partie du corps qui sépare et relie deux parties du corps. *Médecin généraliste, Le Port-Marly, Président du Collège Nationale des Généralistes Enseignants.


ÉTHIQUE DE L’ÉCOUTE

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L’ÉCOUTE COMME PREMIER ACTE ÉTHIQUE Jean-Daniel Causse*

1 – L’écoute et la définition de soi Il y a dans la notion de l’écoute – disons plutôt dans l’acte même d’écouter et de pouvoir entendre – une condition dont il faut dire qu’elle est « originaire ». L’écoute nous renvoie d’abord à une condition humaine qui est de toujours. C’est cette condition originaire qui constitue une première dimension éthique de l’écoute. L’écoute correspond d’abord à une structure anthropologique et à une définition de notre propre humanité. Celle-ci tient en ceci que nous avons pris la parole toujours en réponse à ce qui s’adresse à nous. Nous sommes donc des êtres de réponse. Nous advenons en réponse à ce qui nous appelle, nous interpelle, nous reconnaît et qui nous confère une identité subjective. La position première est celle de l’écoute qui ouvre sur la capacité de prendre la parole en son nom propre. À partir de là, on peut déjà faire quatre remarques: a) Que le sujet soit compris comme un être de réponse ou un être en réponse, signifie qu’il a toujours été précédé par de l’Autre (on peut l’écrire de façon lacanienne avec une majuscule pour indiquer qu’il s’agit bien de l’Autre du langage, de l’antécédence du langage et donc du lieu de l’Inconscient). En ce sens, nul ne prend la parole d’abord, en premier. Il ne peut la prendre qu’ensuite, dans une situation de secondarité, en réponse à ce qui l’appelle. *Professeurt d’éthique, Université Paul Valéry - Montpellier III


ÉTHIQUE DE L’ÉCOUTE

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CLINIQUE DE L’ÉTUDE Patrice Charbit*

e groupe « étude clinique » présente ses premières conclusions. Elles seront de facto succinctes et préalables à une publication plus exhaustive. Le fil qui va nous conduire aujourd’hui est ce que nous pourrions appeler une « créativité éthique » dont le point saillant a consisté à repérer quels étaient les moments clefs d’un suivi, dans quelles circonstances l’amélioration du patient devenait patente ou, a contrario, qu’est-ce qui faisait que rien ne se passait ou s’aggravait. Il se trouve que ce sont là des intrications éthiques.

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Pourquoi L’AFPEP-SNPP s’est-t-elle finalement décidée, non sans atermoiement, à engager une « étude clinique » ? Parce qu’il s’agit du fruit d’une analyse politique qui pourrait ne pas rester sans conséquences si nous en tirions quelques enseignements. Quelle est donc la situation ? Nous pouvons tous observer sans esprit subversif particulier, que nous avons à faire face à une logique financière qui privilégie une politique d’investissement à court terme. L’État, pour sa part, se dégage de ses responsabilités républicaines, veille à la compatibilité financière des institutions mais aussi à ce que tout marche droit, dans une transparence, disons… ciblée. La santé dans cette perspective, est un objectif de choix pour les adeptes du CAC40, tant demandes et innovations y sont grandes. À quels niveaux peuvent s’opérer les investissements dans le domaine médical ? Inutile d’être grand clerc pour repérer qu’il s’agît des plateaux techniques, des médicaments et des assurances. *Psychiatre, psychanalyste, Montpellier


ÉTHIQUE DE L’ÉCOUTE

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LE VERBE « ÉCOUTER » (Y a-t-il une science de l’écoute ?) Jacques Louys*

L’éthique, c’est la liberté de l’autre L’éthique commence avec la demande d’un autre, par exemple une demande de soin. On veut obtenir par notre intervention que l’autre soit plus libre qu’avant, c’est-à-dire qu’il soit moins aliéné par son problème psychique. On part d’une demande que l’on a intérêt à bien écouter et à bien comprendre, c’est-à-dire à ausculter comme il faut, si l’on veut utiliser l’étymologie du verbe “écouter”. Nous créons alors une relation de travail où il y a un autre à écouter et un écoutant. Nous créons une inter-locution. Si l’autre nous demande vraiment plus de liberté, on décide de l’aider. C’est notre profession. Par contre, si l’autre nous demande plus d’aliénation, c’est-àdire moins de liberté, l’éthique nous amène à ne pas répondre ou à biaiser, le temps de discuter de sa demande et de ce qu’elle implique. Car on doit discuter avec lui de ce qu’est vraiment la liberté pour chacun : - un névrosé est-il libre quand il nous demande d’être respecté dans son inhibition foncière par une mise en invalidité ? - un pervers doit-il rester libre d’utiliser son prochain à son profit exclusif, y compris sexuel et pédophile, sans que nous ayons à nous en mêler et à le dénoncer à la police ? - un autiste a-t-il raison de demander la liberté de rester autiste sans avoir à être martyrisé par une rééducation intensive en nous faisant signer sa pétition ? *Psychiatre, psychanalyste, Haguenau


ÉTHIQUE DE L’ÉCOUTE

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LA VOLONTÉ QUE LA LIBERTÉ DE L’AUTRE SOIT Jean-Claude Ameisen*

Je vais essayer de vous parler de l’écoute d’une manière générale et sans doute éloignée de vos préoccupations spécifiques. Le poète Paul Celan disait dans un de ses poèmes : « parle mais ne sépare pas le non du oui. Donne à ta parole le sens, donne-lui l’ombre. Regarde comme tout devient vivant autour de toi. Il parle vrai celui qui dit l’ombre ». Je pense que l’écoute c’est essayer de ne pas séparer le non du oui, essayer de dégager le sens et essayer d’être attentif à la part d’ombre, à la part de silence, à la part d’oubli qu’il peut y avoir dans toute parole. Et donc, pour cette écoute il faut, c’est évident, un retrait et un silence. On peut entendre dans le bruit, on ne peut écouter qu’en faisant en soi-même un silence. C’est ce que vous disiez, entendre sans aucun a priori ni préjugé, à l’exception d’un seul : le respect de celui qui parle et aussi pour celui qui se tait. C’est le respect, au fond, de ce qu’il y a de plus faible même dans l’expression, ce qui se dit le plus difficilement, celui qui parle le plus difficilement et d’une certaine façon, ce qu’il y a de plus vulnérable dans ce qui est dit et dans celui qui dit. Donc, d’une certaine façon, la forme ultime d’écoute est l’écoute du silence. C’est chercher à entendre ce qui ne se dit pas ou celui qui ne parle pas. Je crois qu’en plus, écouter, indépendamment du fait d’entendre la parole, c’est avant tout donner la parole. C’est montrer que l’on considère la parole de l’autre comme étant première. Il y a une illustration en médecine, depuis 60 ans, de *Membre du Comité National Consultatif d’Éthique


ÉTHIQUE DE L’ÉCOUTE

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LA LEÇON DE JEAN-PAUL SARTRE AUX PSYCHIATRES Thierry Delcourt*

Le Havre 1931 - 1936 Sartre y est nommé professeur de philosophie. C’est son premier poste et il est déçu d’être là. Il y entame sa révolution dans un contexte de déréliction. Il inaugure une écoute et un dialogue décoiffant avec ses élèves. Il y fait naître une autre parole philosophique, concrète et agissante. Le Havre, c’est Sartre vivant, questionnant, souffrant, à l’épreuve du monde et de lui-même. C’est aussi un premier livre essentiel, la Nausée et son antihéros Roquentin aux prises avec la contingence et la conscience douloureuse. Sa leçon : être et existence, existence et politique Il pose un cadre existentiel fondé sur sa conviction : l’important n’est pas ce qu’on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous. À nous aussi de proposer la Leçon des psychiatres à Sartre dont la théorie n’est pas sans point aveugle comme nous allons le voir, entre déni et mauvaise foi. Que sait-il de la folie sinon d’entrapercevoir la sienne ?.… Ce qui, nous le savons, ne peut suffire pour tenir un discours cohérent sur la folie. Que sait-il de la souffrance psychique sinon celle qu’il a vécue et a tenté de surmonter à travers son œuvre littéraire et sa philosophie ? *Psychiatre, psychanalyste, Reims


L’ÉCOUTE DU PSYCHIATRE

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L’ÉCOUTE AU RISQUE DE LA PRESCRIPTION MÉDICAMENTEUSE Pierre Cristofari*

uand un psychiatre reçoit un patient, il a sur son bureau une pile de documents pré-imprimés, d’ordonnanciers bizones et sécurisés. Sur son bureau ou sur une petite table basse en retrait. Ou, plus pudiquement encore, dans un tiroir. Mais, si peu apparents qu’ils soient, on sait qu’ils sont là : même si le psychiatre ne prescrit jamais le moindre médicament, il est en position de pouvoir le faire et cette situation influence profondément son écoute. Nous allons illustrer cette influence en quatre points : une brève histoire des psychotropes, une tentative de leur définition, une critique de leur classification et une opinion sur l’adresse entre confrères.

Q

1. L’histoire, rappelait Piaget, n’est pas une science sérieuse, on ne peut pas y prouver ce qu’on avance. C’est très commode, parce qu’on peut s’en servir à sa façon. Je vous propose donc, en quelques lignes, une petite histoire de la psychopharmacologie qui a pour but de souligner qu’elle s’articule en permanence avec nos modes de raisonnement et que la nocivité, à mon avis incontestable, des psychotropes réside ailleurs que dans leur utilisation. Bien entendu, l’histoire des psychotropes ne commence pas au XIXe siècle et le vin, le tabac et même le lithium sont anciens, d’efficacité connue et posent les questions socialement intéressantes de la séparation de la drogue (au sens moderne) et du médicament. C’est donc de façon tout à fait artificielle que je saute quelques millénaires ou plus pour en arriver au bleu de méthylène. *Psychiatre, Hyères


L’ÉCOUTE DU PSYCHIATRE

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ÉCOUTER N’EST PAS ENTENDRE Approche psychothérapique et psychanalytique de l’« interprétant » Jean-Richard Freymann et Michel Patris*

Jean-Richard Freymann Je voulais tout d’abord vous remercier de cette invitation qui tombe très bien car, nous sommes plusieurs à Strasbourg à apprécier les positions prises dans les dernières années et les dernières luttes par l’AFPEP-SNPP. Je ne viens pas les mains vides : je vous annonce que nous sommes plusieurs à être démissionnaires d’un certain syndicat. C’est quelque chose de très important. Aussi sommes-nous venus avec plaisir à cette invitation au Havre, accompagnés de ce petit cadeau, pour rencontrer des personnes que nous croisons peu. À mon tour j’ai fait venir Michel Patris avec lequel je travaille sous forme dialectique, didactique, talmudique depuis seulement quinze ans. C’est un attelage bien nécessaire dans le climat constitutionnel où nous vivons. Toujours est-il que nous avons la chance, à Strasbourg, que fonctionne un certain nombre de choses et, en particulier, un certain pouvoir de publication qui existe fort peu dans le champ psychanalytique. Il y a des collections qui continuent, qui fonctionnent. On n’a d’ailleurs pas très bien compris pourquoi. Cela tourne autour de la notion de la clinique de l’inconscient. C’est à ce titre-là que je, que nous allons essayer de dire quelque chose du thème que vous avez choisi pour ce congrès. *Psychiatres, psychanalystes, Strasbourg


L’ÉCOUTE DU PSYCHIATRE

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IDÉOLOGIE ET ÉCOUTE Yannick Cann*

« Le langage dément, dément le langage savant, le langage savant ça vend des idées » Jacques Prévert1 e vous propose d’aborder le thème de ces journées à partir des réflexions et commentaires issus d’un séminaire de DES de psychiatrie pour les étudiants de première et deuxième année. Quelles sont les idéologies qui influencent ces étudiants et quelles en sont les conséquences sur leur façon de concevoir la relation avec les personnes qui s’adressent à eux ? Malgré le développement apparemment irrépressible des approches technopsychiatriques, comment peut-on les sensibiliser à l’écoute d’un sujet ? Pour aborder ces questions, il convient dans un premier temps de repérer les discours dominants auxquels ils sont confrontés.

J

1 – L’expérimentation génétique, les analyses des fonctionnements cérébraux et les expériences sur les modes de communication des espèces animales « évoluées » (par exemple les singes bonobos) donnent lieu à un battage médiatique visant à instaurer un programme de naturalisation de l’homme. Comme dans le livre paru récemment d’un nommé Jean Marie Schaeffer et *Psychiatre, psychanalyste, Brest


L’ÉCOUTE DU PSYCHIATRE

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IL IMPORTE DE VIVRE CHAUD ET PENSER FROID PLUTÔT QUE VIVRE FROID ET PENSER CHAUD L’écoute du psychiatre n’est pas celle du psychanalyste. Albert Le Dorze*

l y a quelques années j’ai assisté à un colloque, un de plus, sur les rapports entre psychiatrie et psychanalyse. Les exposés des analystes concernaient naturellement la psychanalyse mais les exposés des psychiatres collaient au plus près de la psychanalyse, au minimum psychanalyse sans divan, celle-ci leur apparaissant certainement comme le modèle idéal de la psychiatrie. La singularité de la psychiatrie du coup disparaissait. J’ai cru comprendre lors de ce colloque qu’il existait une catégorie de psy honteux appelés avec ironie et condescendance par les analystes et les psychiatres présents, « chimiatres ». Je ne suis pas certain que le mot biologie ait été employé une seule fois lors de ce congrès. Aujourd’hui il existe une culture ecclésiastique de dénonciation rituelle de l’individualisme moderne ou post-moderne qui accompagne l’hydre d’un capitalisme toujours ultralibéral qui n’hésite pas à formater toutes et tous par l’utilisation impudique de la techno-science, de dressages chimiques et comportementalistes. D’où des individus soumis, assujettis à la consommation de masse, incapables d’accéder à la métaphore et à la poésie, les moutons « sans gravité » de C. Melman1, quasi décervelés qui acceptent du coup codes, références, protocoles qui règlent une existence privée de toute créativité. Il n’y aurait plus rien à écouter et d’évidence il faut améliorer cela. En France, la caricature paraît légère si l’on associe nature et génétique à la

I

*Psychiatre, psychanalyste, Lorient


L’ÉCOUTE DU PSYCHIATRE

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EXPLICATION AUX PSYCHIATRES DES DEUX TOTALITARISMES Jacques Louys*

...et pisse tes mots ! logique (François Oury) ui ! Nous sommes des êtres de langage et nos sociétés dansent les éléments langagiers de façon tellement évidente que cela nous aveugle. Le langage gestuel, non verbal, est au cœur de la fonctionnalité sociale. Un élément important de cette danse sociale gestuelle, comme du langage verbal, c’est la métonymie que l’on appelle holonymie. Le mot est encore peu répandu, mais n’est pas du tout difficile à comprendre. Cette métonymie, c’est celle qui utilise une généralité pour désigner un élément. C’est une des opérations de base du langage : un “tout” pour la “partie”. On parle d’une totalité pour évoquer un composant de cette totalité. On utilise par exemple un nom “commun”, un nom de classe, pour désigner un objet concret : je vais dire “un chien” pour parler du toutou que je montre. Socialement, on utilisera une société étendue pour évoquer un social plus restreint. Il y a donc nécessité pour les hommes qui dansent le social de créer de telles sociétés étendues.

O

Deux façons de réaliser l’extension sociale nécessaire à la réalisation de l’holonymie ont été utilisées au cours des siècles par les humains : *Psychiatre, psychanalyste, Haguenau


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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LA NEUTRALITÉ EN CONSULTATION THÉRAPEUTIQUE Olivier Schmitt*

ne patiente me disait récemment « Pourquoi venir ici ? je pourrais très bien parler toute seule chez moi… ». Puis, un instant plus tard : «…d’ailleurs, depuis que je viens ici, je n’arrête pas de me parler ». Puis : «…tiens ! c’est marrant, quand je parle toute seule, je dis “tu” (tu devrais faire ci, pourquoi t’as dit ça, etc.) et ici, je dis “je” ».

U

Je vois ici l’expression exemplaire de la nécessaire inter-relation : une parole est toujours adressée à quelqu’un, et à défaut à soi-même. On y voit aussi le classique jeu de rôle intime, qu’on pourrait dire virtuel, que tout le monde connaît, sorte d’entraînement à la relation, mais qui peut devenir envahissant chez certaines personnalités phobiques par exemple au point de leur ôter toute spontanéité, les laissant dans la terreur de propos imprévus. Ces histoires de « tu » et de « je » m’évoquent la problématique psychotique où le locuteur est insuffisamment structuré en tant que sujet, où le “je” échappe à certains moments lorsque l’individu n’est pas en mesure de parler en son nom, ce n’est bien sûr pas le cas de ma patiente. On voit apparaître dans le discours du psychotique les “on”, les “il(s)” : ça parle dans sa tête. Il n’est plus sujet de son discours mais interpellé par un propos dont il ne se sent pas l’auteur. Trêve de banalités sur l’automatisme mental, qu’en est-il de ma neutralité dans cette histoire ? *Psychiatre, psychanalyste, Niort


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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LA PSY CAUSE TOUJOURS ! Éric Samama*

Quelle fonction pour l’écoute ? Dans la ville du Havre, il ne me semble pas inadapté d’user d’une métaphore maritime. L’usage de la métaphore c’est aussi de « l’écoute ». Une écoute, ça sert à border, à tendre, à faire fonctionner une voile. À prendre de l’air, de la puissance. Une puissance au sein de ce qui ne semble rien, une puissance issue du vent, de l’air, qui permet d’aller sur la mer, une absence qui donne de la puissance, comme un phallus. Écouter c’est border, border, ou broder, miracle des lettres (la voyelle incertaine c’est le souffle dans l’écriture de la langue), c’est tendre, tendre, entendre, quelque chose ou vers quelque chose, pour capter, de l’air, de l’errance, du rien pour faire un mouvement. De l’air qui ne se palpe qu’avec un doigt imprégné de sa salive pour en trouver l’origine, pour savoir d’où il vient ce vent, salive de la parole. Cet air qui nous mène et qui est capté non par l’écoute mais par la voile qui la prolonge. Alors, l’écoute, pour faire progresser un navire, on la borde, à mort, à bloc, à fond, au max, mais à trop border, on craque, on déchire la voile. Écoute flottante, non, il faut toujours maintenir un peu de tension dans l’écoute, du mou ; il faut pouvoir la reprendre, la tendre, sans effort inutile, laisser la voile *Psychiatre, psychanalyste, Paris


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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DES PLACES INOUÏES DANS L’ÉCOUTE ? Romain Chepfer*

I Rappel : écouter n’est pas entendre Scrutons la discordance entre écouter et entendre. L’écoute est partout, elle devient un péril. Elle fait pâlir la menace d’une défaite là où perce le bruit des chaînes du Désir. ³ Briser la discordance entre les deux verbes écouter/entendre, rabat l’écoute au rang d’instrument de ce qu’il faut entendre. ³ Trancher, assoit les espaces propres à chaque verbe. La discordance s’y disloque ; elle est caduque. L’écoute est ce malentendu qui met le feu à la parole et au monde du silence. Il s’y dessine en creux le cerne d’un absent : celui du verbe entendre, souvent escamoté. Si nous croyons qu’entendre, c’est se comprendre l’un l’autre, nous truquons l’adresse de la parole habillant le Désir. Entendre : sa reconquête. Entendre fait trou dans la jouissance de l’écoute. Éventrée, coupée, ouverte, notre écoute se défait. Elle bascule dans une position renversante livrant des jeux phonématiques jusque-là inouïs. Ils nous impliquent. Repérons-en la marque. Seule la parole fait saillie dans le roc de l’écoute fécondant un discours dont la sobriété exige d’être entendue. C’est là une reconquête. *Psychiatre, psychanalyste, Mulhouse


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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PLACE ET CHAMP DE LA PAROLE POUR UN PSYCHIATRE ÉCOUTANT Bernard. M. Chesnier*

ne brève introduction nous fera passer rapidement du premier au vingtième siècle de notre ère, d’un moraliste historien grec à un psychanalyste juif autrichien, en deux noms, de Plutarque à Théodore Reik. Pourquoi ce choix ? Sans doute à cause du titre et des écrits de ces deux personnages, pour le premier « Comment écouter ? » et pour le second « Écouter avec la troisième oreille ». Deux personnages qui s’opposent sur bien des points, ce qui est logique, puisque l’un soutient un propos philosophique basé sur la raison, et l’autre un discours psychanalytique référé à l’inconscient, encore que ce dernier texte soit marqué de son époque, avec entre autres ses métaphores somatiques. Mais je vous propose de les « écouter » quelques instants :

U

« Combien de gens se font du tort, parce qu’ils veulent s’exercer à discourir avant d’avoir su tirer les fruits d’une leçon d’écoute. Ils se figurent que l’usage de la parole requiert apprentissage et pratique tandis que l’audition, elle, est une éternelle source de profit quelle que soit la manière de s’en servir. Pourtant ceux qui veulent bien jouer à la paume, n’apprennent-ils pas à recevoir et renvoyer la balle comme il faut ? De même quand on écoute quelqu’un qui nous instruit, le premier devoir est de bien entendre ce qu’il dit… Il est une sorte de concordance entre celui qui parle et celui qui écoute… Il faut inventer en même temps que l’on apprend… le commencement de bien vivre, c’est de bien écouter ». Plutarque, vers l’an 100 de notre ère. (1) *Psychiatre, Psychanalyste, Douarnenez


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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ÉCOUTER, SIMPLEMENT Dominique Jeanpierre* Un psychiatre ne peut appliquer un traitement du haut de sa blouse blanche. Patrice Charbit

Histoire de tocs en 1978… À l’hôpital une femme d’une cinquantaine d’années souffre d’une névrose obsessionnelle grave : elle frotte les tomettes du sol de sa maison à l’acide chlorhydrique, se brûle les mains, accumule les petites choses (bouts de ficelle, bouchons etc…) dans son buffet, refait vingt fois son lit tous les matins. Son patronyme pourrait se traduire par « enfant nié ». Après quelques entretiens, elle évoque finalement un avortement ancien qu’elle a toujours caché et dont elle se sent encore très coupable. Elle a subi, à cette occasion, un curetage peut-être punitif, en tout cas mal fait : il restait des débris qui avaient causé une infection. Je me souviens que nous commencions à faire des relations entre cet événement, le signifiant de son nom et son histoire. C’est alors qu’un assistant est arrivé dans le service, complètement séduit par le comportementalisme. « Tu vas voir, m’a-t-il dit, en 10 séances, ce sera réglé ! ». Je suis allée assister à la première. Et je l’ai vue transpirer d’angoisse et de honte parce qu’il fallait vider son buffet sous le regard des psys qui la surveillaient… il fallait qu’elle « avorte son buffet et finisse le curetage »…Elle les implorait du regard et murmurait essoufflée : « je vous en supplie, je ne peux pas… ». *Psychiatre, Paris


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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CONTRE LES « PROTOCOLES » STANDARDISÉS, POUR UNE CLINIQUE SOUS TRANSFERT Marie-Hélène Doguet*

e parlerai ici au titre de ma pratique de psychiatre, éclairée et formée par la psychanalyse d’orientation lacanienne. C’est peu de dire que cette pratique de Jpsychiatre est plus que jamais dans l’urgence de dire ses raisons, de transmettre ses principes face à une entreprise de destruction sans précédents qui touche de plein fouet ses fondements comme ses moyens effectifs. Sans doute sommes-nous à la croisée des chemins et pour ma part, je dois vous dire, aussi curieux que cela puisse paraître après coup, que c’est une nouveauté d’intervenir dans un congrès comme celui-ci. Jusqu’à il y a peu, mon urgence était plutôt de transmettre quelque chose du cœur vivant de ma pratique sur les lieux même de ma formation, c’est-à-dire dans les nombreux lieux du champ freudien et de mon École pour la psychanalyse, l’École de la cause freudienne. Pourtant il me paraît aujourd’hui essentiel de témoigner de ce destin noué entre la psychiatrie française et la psychanalyse depuis plus d’un demi-siècle. Car c’est bien ce nœud que l’on voudrait aujourd’hui trancher, afin d’en finir avec ces maudits praticiens qui continuent contre vents et marée à accueillir le plus particulier de la souffrance d’un être parlant. Il y a en effet une incompatibilité radicale entre l’accueil du plus particulier d’un être parlant et le rêve d’une psychiatrie – et plus largement d’une médecine – mise en coupe réglée par des protocoles et autres « référentiels » dits de « bonne pratique ». Le thème de ce congrès place à juste titre « l’écoute » au cœur de la pratique psychiatrique. *Psychiatre, Le Havre


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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L’ÉCOUTE, ENTRE ATTITUDE, POSTURE ET IMPOSTURE… Jean-Jacques Bonamour du Tartre*

’écoute aurait la réputation d’être apaisante et d’introduire à la reconnaissance. Mais la pratique libérale de psychiatre, comme d’ailleurs tout positionnement de l’objet d’écoute « dans le privé » de la relation thérapeutique, y compris en institution, nous fait rencontrer la gageure que représente cette prétention « d’être à l’écoute » : il nous faut tantôt entendre la réalité d’une souffrance, d’une maladie, et entendre le besoin de soulagement par une prescription ou une décision médicale, tantôt laisser se développer une plainte jusqu’au bout d’elle-même et se construire un autre discours, en usant de recadrages parfois acrobatiques. L’écart entre ces postures nous expose à des flottements bien loin de la maîtrise que pourraient donner parfois nos constructions dans l’après-coup, et nos appareils théorico-techniques paraissent bien ajourés dans le vif de l’entretien. Peut-être nous faut-il accepter de suivre les pensées folles qui nous viennent lors de la rencontre avec le patient (notre attitude d’écoute… de notre monde interne), et nous appuyer sur des cadrages éprouvés par notre expérience pour échapper un tant soit peu au sentiment d’imposture… Nous en proposons une illustration clinique.

L

***

*Psychiatre, Paris


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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JOUISSANCE DE L’ÉCOUTE Perversion de l’écoute ou l’écoute « élément culte d’une profession » Michel Formento*

e vais essayer de vous parler d’une déviation de l’écoute à partir d’un paradigme qui est l’écoute de l’analyste. J’évoquerai ensuite rapidement quelques déviations (perversions ?) de l’écoute dans le social contemporain. Je partirai d’une réflexion de Lacan. On trouve peu chez lui ce terme d’écoute, je pense que c’est parce qu’il est inclus dans une acception plus large qui est celle d’acte. Comme l’a dit quelqu’un dans la salle lors de la table ronde de jeudi soir, l’écoute ne se conçoit pas sans réponse, pas sans acte donc.

J

Je parlerai du point de vue d’une éthique particulière (l’éthique analytique) qui met en son centre le désir concernant l’action1. L’éthique est un jugement sur l’action. Là il s’agit d’agir avec son désir, c’est-à-dire avec son manque à être non sans tenir compte du réel. Je précise cela car évidemment il existe d’autres éthiques. Je ne vais pas me référer par exemple à l’éthique d’Aristote qui est une éthique du bien, où l’on pourrait inclure l’éthique médicale d’avant la prévalence de ce qu’on pourrait appeler « la technicine », c’est-à-dire la médecine protocolaire 2. Je ne me réfère pas à l’éthique religieuse qui remet la vérité à Dieu et qui inclut la morale surmoïque du sacrifice. À cet égard, il serait évidemment intéressant de se pencher sur cet autre classique de l’écoute, la confession. Je ne parle pas non plus au nom de l’éthique du discours capitaliste, éthique des biens consommables sur le marché. *Psychiatre, Tarbes


NATURE ET CADRE DE L’ÉCOUTE

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LE COÛT DE L’ÉCOUTE Dominique Texier*

’écoute dans notre société postmoderne fonctionne comme un idéal de bonne communication entre les individus. Fragilisé par les nouveaux repères symboliques imposés par la science, dans une certaine insécurité et une certaine solitude, le sujet ne sait plus où poser sa plainte, à qui ni de quoi se plaindre. Sans interroger la demande sous-jacente, sans mettre en question la responsabilité du sujet dans son malheur, on répond à sa plainte en lui offrant un lieu d’écoute, dont la visée est une réparation narcissique.

L

On propose de l’écoute en toute occasion supposée traumatique. L’idée que le sujet puisse être altéré est insupportable à l’heure de la maîtrise technicoscientifique. Le sujet ne doit pas être affecté. On lui propose un soulagement par une écoute qu’on veut neutre et bienveillante. L’effet cathartique des mots a été repéré depuis Aristote qui en a fait le ressort du drame : libérer les émotions du spectateur en lui offrant une mise en scène langagière des drames humains. La parole a des effets cathartiques sur les affects. C’est ce que l’on a compris et tellement bien que l’on propose de l’écoute à n’importe quel prix. Devenue objet d’échange marchand, elle tend à être un produit de marketing, un bien de consommation courante : « vous avez besoin d’être écouté », le besoin d’être écouté devenant une revendication du consommateur qui demande son quota. *Pédopsychiatre, Thonon et Paris


QU’EST-CE QUI NOUS PRÉPARE À L’ÉCOUTE ?

287

ÉCOUTE ET PULSION DU SAVOIR Dan Denis Bensoussan*

u’est-ce qui maintient notre écoute toujours en vie, toujours en éveil, motivée au fil des séances, concernant tel ou tel patient ?

Q

Être à l’écoute de son patient n’est pas synonyme d’éprouver une aptitude à s’ennuyer, contrairement à ce qui a pu déjà être dit. Que nous soyons plus convoqués en tant que psychiatre ou bien en tant que psychothérapeute, l’intersubjectivité de notre relation au patient, telle une bougie plus ou moins incandescente, ne s’éteint jamais. Le patient est probablement surpris, sans pouvoir l’exprimer, que nous écoutions avec un intérêt renouvelé les faits divers et anodins de sa vie quotidienne. Là où quelqu’un d’autre aurait rendu les armes, saturé par les effets de jouissance que suscite cette écoute, là où son ami(e), son époux (se) ou même sa concierge diraient à notre patient : « Stop, n’en dis plus rien, je ne peux en entendre plus » l’oreille du thérapeute, toujours sur le qui-vive, ne s’ennuie pas et n’est pas saturée par les effets de jouissance ou d’impuissance que peut susciter la demande du patient. C’est qu’au fil de cette écoute, un travail se fait dans la psyché du thérapeute par rapport à son patient. Travail qui chemine d’une hypothèse à une autre, d’une question à une autre sans nécessaire réponse. Il n’est pas rare qu’un patient nous dise merci au terme d’une consultation où nous n’avons presque rien dit. Mais de quoi ? me dis-je, en mon for intérieur ; je ne lui ai pourtant rien dit, je l’ai seulement écouté. *Psychiatre Psychanalyste Enghien-les-Bains


QU’EST-CE QUI NOUS PRÉPARE À L’ÉCOUTE ?

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UNE ÉCOUTE HUMANISTE REMANIÉE À L’AUNE DE LA PSYCHANALYSE ? Ly Thanh Huê*

« Je festoie et caresse la vérité en quelque main que je la trouve, et m’y rends allégrement, et lui tends mes armes vaincues, de loin que je la vois approcher » Montaigne1 e titre que j’ai proposé pour ces journées a abouti au fur et à mesure du défrichage de la réflexion à cette question que je vous livre : quelle est finalement la nature de notre écoute dans une pratique dite psychothérapeutique à orientation psychanalytique ? C’est-à-dire d’une pratique hors du cadre d’une cure analytique classique (ce n’est pas le propos ici) mais d’une écoute avec une oreille ouverte sur l’inconscient. Je voudrais amener quelques éléments de réflexion avec un cas clinique.

L

Pour délimiter le champ de ce questionnement, il y a un signifiant « large » voire flou qui recouvre une pratique de soins que la demande sociale pose en sa charte des malades : c’est le terme d’« humain ». Une médecine humaine, des soins plus humains, qui demandent un consentement libre et éclairé du malade. Ce signifiant, « humain », dans le sens de ce qui « est propre à l’homme » et Le Robert poursuit en précisant l’homme « cultivé, policé, bienveillant » 2, ce signifiant s’inscrit dans l’humanisme des lumières, dans la conception d’un homme exerçant sa pleine conscience et sa liberté de *Psychiatre, Docteur en psychopathologie fondamentale et en psychanalyse, Paris 7. Chargée de cours à l’IPSA (UCO)


QU’EST-CE QUI NOUS PRÉPARE À L’ÉCOUTE ?

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L’ÉCOUTE DE L’ÉCOUTE La réunion clinique, un outil indispensable au groupe soignant. Claude Alombert*

ue font les soignants pour qu’un patient investisse un soin psychique et ait envie de prendre soin de lui-même ? Ce point de départ paradoxal constitue l’une des sources essentielles de notre difficulté d’être soignant. Je parle des processus identificatoires des soignants aux patients qui présentent une souffrance psychique capable de menacer leur sentiment d’identité personnelle et professionnelle, ce qui n’est pas le cas dans les problématiques œdipiennes. Le groupe soignant crée et doit maintenir une asymétrie dans la relation soignésoignant, tandis que, pour qu’une action psychothérapique soit efficace, le soignant doit se laisser la possibilité de « sentir » ce qu’il a de commun ou de semblable à ce patient qui s’adresse à lui. Ce processus se produit nécessairement et selon les références théoriques est appelé empathie ou identification. Investir le lien pour que le sujet dans la personne reste vivant suppose un appareillage à la psyché d’un autre et des autres. Ce mouvement est du côté de la vie avec sa tendance à créer des ensembles toujours plus grands (concept de pulsion de vie). Ce lien s’oppose à la destructivité et au mortifère qui agit principalement par le désinvestissement, mode d’action privilégié de la pulsion de mort (appelé déliaison intra-psychique).

Q

*Psychiatre, Lyon Médecin chef de l’association Santé Mentale et Communautés, Villeurbanne


À L’ÉCOUTE DES ENFANTS ET DE L’ENTOURAGE

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OÙ IL EST QUESTION D’ENFANTS ISSUS DE LA MARGINALITÉ Annie Stammler*

e vais parler d’un enfant que j’avais suivi en entretiens hebdomadaires au Centre d’Accueil de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), dans lequel j’ai travaillé en tant que psychiatre vacataire pendant presque vingt ans. Yvan (un prénom d’emprunt) était le plus jeune d’une fratrie de trois ; il était en situation d’abandon de fait ; sa mère était partie dans le cours de sa première année et son père ne se manifestait pas pendant la totalité du séjour au Centre d’Accueil où ses enfants avaient été admis et étaient restés là plusieurs mois, une année scolaire, en fait. Il est vrai qu’il avait été sur le point de signer l’acte d’abandon de ses trois enfants, en les laissant à Saint-Vincent de Paul, ce lieu qui avait pu être dénommé « Le dépôt ». Je n’avais en l’occurrence pu rencontrer la famille. Je dirais cependant un peu de son suivi. J’ai par contre, rencontré des parents en situation de rupture tumultueuse. Des parents parfois clochardisés, qui se mettaient à parler de leur situation et aussi de leur passé… Il y a toujours un entourage à écouter, également, surtout lorsqu’il s’agit d’une institution, a fortiori d’une institution pédiatrique. L’entourage institutionnel est fait d’adultes tutélaires.

J

Le premier enfant « à problème » dont m’avait parlé une éducatrice, alors que je commençais à travailler dans un pavillon de jeunes enfants (âgés de cinq à dix ans) après un long passage dans un pavillon recevant des grands enfants et des *Psychiatre, psychanalyste, Paris


À L’ÉCOUTE DES ENFANTS ET DE L’ENTOURAGE

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ÉCOUTE ET PRÉSENCE Michel Fruitet*

avec l’invention de la psychanalyse, nous a appris à écouter nos patients autrement. On peut les écouter dans ce qu’ils ont conscience de nous Fdire,reud, c’est le discours manifeste. Mais aussi dans ce qu’ils n’ont pas du tout conscience de nous dire, c’est le discours latent. Cela a amené une révolution. Mais pour pouvoir entendre ce discours-là, encore faut-il se mettre à une place où l’on puisse l’écouter. Dans son dernier livre François Roustand nous dit qu’être en position d’écoute ce serait un triple renoncement : au diagnostic, à la technique et même à notre expérience. Quel lieu singulier ce lieu de l’écoute ? Faudrait-il oublier toutes ces grilles évaluatives qu’on nous somme de remplir et qui nous empêcheraient d’entendre ce que nous disent nos patients ! Ce lieu de l’écoute, comme un lieu impersonnel, où on serait dans l’attente, mais dans l’attente de rien de particulier. Il n’est pas le premier à le dire, Freud en son temps en parlait déjà en ces termes, ainsi que la plupart des grands thérapeutes, ce lieu singulier où l’on aurait nécessité de tout oublier. Alors à quoi bon faire autant d’études pour tout oublier ? Justement on ne peut occuper ce lieu de l’écoute qu’après un très long cheminement. Devenir thérapeute c’est un chemin de vie et il n’y a pas que chez nous, c’est aussi le cas dans les sociétés dites traditionnelles, où être thérapeute est une place qui s’impose à vous, au sens d’être élu, mais c’est aussi un très long travail *Pédopsychiatre, psychanalyste, Montpellier


À L’ÉCOUTE DES ENFANTS ET DE L’ENTOURAGE

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HISTOIRE SANS PAROLE Anne Desvignes*

Françoise Françoise est âgée de 12 ans lorsque je la vois pour la première fois en avril 1996. Très déficitaire, elle a commencé à s’exprimer verbalement un an auparavant et a demandé à « parler à une dame », comme d’autres enfants le font à l’Institut Médico-Éducatif. Elle vit en famille d’accueil. Françoise se présente comme une grande fille décontractée, non timide, avec un sourire léger et le regard absent. Elle répond à toutes les questions par un « j’sais pas » systématique. Elle est calme, distante, paraissant ne s’intéresser à rien. En dépit de cette allure tranquille, ses gestes sont vifs et saccadés. Son histoire familiale est assez compliquée. Ses parents sont dits déficitaires. Ils ont eu cinq enfants qui ont tous été placés. Les parents ont divorcé et la mère a eu trois autres enfants de pères différents. Les parents ont été déchus de leurs droits parentaux deux ans auparavant pour abus sexuels. Le frère puîné de Françoise, né du même père, s’appelle François. Au cours de la première année de ce travail, Françoise, pré-pubère, est retirée de la famille d’accueil où elle se trouvait à la suite d’attouchements de la part du mari de l’assistante familiale. Elle est placée quelques mois au foyer de l’enfance puis elle est à nouveau mise dans une autre famille d’accueil chez qui elle *Psychanalyste, Niort


À L’ÉCOUTE DES ENFANTS ET DE L’ENTOURAGE

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LES EFFETS DE L’ÉCOUTE ÉCOUTÉE : ÉCOUTER LA MÈRE/GUÉRIR L’ENFANT Jean-Paul Douvier*

À Éric, Marc, Nathalie, et Jean-Claude pour la chaleur et l’acuité de leur écoute. Avec l’aimable autorisation de la revue Topique, éditions L’Esprit du Temps L’homme avait lâché avec une assurance tranquille devant un parterre d’étudiants une phrase qui m’interloqua : “quand un bébé ne peut pas dormir, prescrivez un somnifère à la mère.” À l’entendu du reste de son enseignement, je parie qu’il ne s’était pas intéressé aux travaux des analystes, mais son intuition clinique teintait ses exposés. Il venait de me confirmer, de donner forme à ce que j’entrevoyais déjà, à savoir que l’enfant est à son insu et à l’insu de sa mère parfois, le porte-symptôme1 de cette dyade mère-enfant. Mais cette forme injonctive et paradoxale pour un étudiant rompu à l’apprentissage de la clinique objective ouvrit l’espace de la boutade, du jeu, de la paradoxalité, et de la clinique relationnelle. Là où d’autres auraient vu un bébé, il avait entendu une plainte maternelle, il avait introduit la question de l’autre à traiter. Bien sûr, je reteins surtout le mouvement de déplacement d’un pôle à l’autre de la relation. L’humanisme de l’homme ne faisait pas porter comme parfois on l’entend, la culpabilité sur la mère, mais m’ouvrait à un questionnement. *Psychiatre, Saint-Genis-Laval


ÉCOUTE DES ÉVOLUTIONS DE LA MÉDECINE

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DES SOURIS ET DES HOMMES, L’EXEMPLE DE LA PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE Jean-Marc de Logivière*

ans la procréation médicalement assistée, les souris sont imbattables statistiquement, confrontées aux êtres humains. Plus de 90 % de résultats positifs, à peine trois fois moins pour les pauvres humains. À partir de la loi de 1994 sur la Procréation Médicalement Assistée, les institutions qui sont nées en déploient progressivement un usage accru dans la direction des couples hypofertiles. Nous laissons pour d’autres débats bien des questions concernant cette loi : celle de l’extension à d’autres personnes. Elle nous semble relever d’un choix citoyen. Celle de l’intention. Cette loi nous parait une réponse remarquable face au désarroi de nombreux couples. Les psychiatres reçoivent fréquemment des couples dépressifs, exclus des effets de la PMA, venant du no man’s land de ces plus de 70 % d’échecs. Que recueillons-nous comme savoir à l’écoute de ces couples à la fertilité repérée indécise ? Nous proposons d’éclairer notre propos par deux fragments cliniques touchant aux destins de ces insoumis, de ces éprouvés, de ces parias.

D

- Merde, merde et merde ! Silence. Une intervention didascalique de Jean-Laurent Cochet 1, signalant l’horizon possible d’une réplique à un élève comédien dont le phrasé se cherche ? Non, c’est Madame S qui frappe ainsi à mes tympans. C’est son désarroi de tous les *Psychiatre, Angers


ÉCOUTE DES ÉVOLUTIONS DE LA MÉDECINE

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LE CORPS S’ÉCRIE De la dépression à la fibromyalgie, encore des antidépresseurs Dominique Texier*

e tout psy, le tout dépressif s’épuise. Ça résiste. Le corps s’écrie de douleur, la douleur s’écrit dans le corps sous forme de myalgies diffuses. Selon le terme consacré, on souffre actuellement de fibromyalgies. Le temps des déprimés ralentis et anesthésiés par la douleur morale s’achève. La douleur du corps reprend ses droits. Sous le règne tyrannique du tout dépressif, la souffrance du corps était niée, renvoyée à la seule expression d’un état dépressif. Le corps comme siège de la souffrance, comme lieu d’expression de la subjectivité et scène de la demande adressée au corps médical, le corps dans sa qualité de réservoir libidinal était exclu du champ d’expression, écrasé par le signifiant dépression. Or depuis peu, les discours médical, médiatique et commun sont infiltrés par un nouveau terme, la fibromyalgie, qui signifie « un corps qui a mal ».

L

Nous retrouvons à l’origine de sa diffusion un laboratoire pharmaceutique, dont la politique de marketing classique peut s’énoncer ainsi : le principe est de cibler un trouble pour un principe actif d’une molécule. En clair, cela consiste à établir le lien entre la douleur physique, neurologique et le principe actif d’une molécule antidépressive connue pour ses qualités anesthésiantes sur la douleur neurologique. La stratégie est une stratégie de marketing qui consiste à créer le besoin. Les procédés employés sont repérables dans le temps : d’abord infiltrer les discours du signifiant, soit propager dans le discours médical la notion de *Pédopsychiatre, Thonon, Paris


TABLE RONDE

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Table ronde

Yves Froger Cela fait un peu plus d’un an que nous sommes au travail sur cette question de l’écoute. Tout avait commencé un samedi soir, au milieu d’un CA où avait surgi cette idée : et si on parlait de l’écoute. Cela avait paru un peu léger pour faire un congrès, dans un premier temps. Et puis l’idée a germé, germé jusqu’à la réunion préparatoire en novembre dernier ici même, où le thème a pris toute sa consistance, où les grandes lignes de l’argument se sont dégagées ainsi que l’orientation des plénières. Évidemment, quand on organise ces journées, on met de côté un peu tout ce qui peut nous arriver. Et puis j’avais trouvé un petit papier, au tout début : qui parle sème, qui écoute révolte. Pythagore. Vous connaissez Pythagore. Il n’a pas dit exactement cela, il a dit : qui écoute récolte. Et quand je l’ai lu, j’ai lu : qui écoute révolte. En vous entendant parler, j’ai eu le sentiment parfois de la nécessité d’un appel à la révolte, très clairement soulignée par la collègue qui nous invitait à nous pencher sur la question de l’ADN et à nous prononcer là-dessus. Lundi dernier, j’ai reçu une lettre du syndicat « Espace généraliste », que vous connaissez. Il y a peut-être des généralistes dans la salle, il y en a eu pendant les Journées. Je reçois cette lettre, d’un journal syndical intéressant évidemment pour nous. Le rédacteur de cette petite feuille, président du


CONCLUSION

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CONCLUSION Olivier Schmitt*

our rappeler l’ambiance politique actuelle, je vous cite simplement l’introduction à notre dernier communiqué de presse sur la liberté d’installation :

P

« Les Français sont pour une meilleure répartition des médecins sur le territoire. Qui pourrait être contre ? L’impact médiatique d’une réponse rapide par des mesures brutales ne peut que tenter un pouvoir obsédé par l’instrumentation de l’émotion primaire. Peu importent les subtilités du problème, peu importent les effets liberticides immédiats pour une minorité sacrifiée, peu importent les conséquences absurdes à long terme, les effets pervers et contre-productifs de ces mesures. Sous prétexte de répondre à la désertification médicale qu’ils ont en tout point organisée, les pouvoirs publics, en menaçant de nonconventionnement toute une génération de médecins, touchent une fois de plus à l’indépendance professionnelle et à la pérennité de la Sécurité Sociale. » Deux tendances opposées ont été nécessaires à la survie des espèces, on les retrouve chez l’humain : - La tendance à vouloir être le plus puissant, le plus intelligent, le plus doté, le plus riche, le plus fort, le plus beau. La compétition darwinienne en somme. Cette tendance est source de lutte et de sélection pour la domination des autres. Elle peut aboutir à l’horreur, jusqu’à la sélection par ADN interposé, bienvenue à Gattaca ! *Psychiatre, psychanalyste, Niort Président de l’AFPEP-SNPP


ANCIENS NUMÉROS

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ANCIENS NUMÉROS

Liste des anciens numéros 02 03 04 05 06 07 08 10 12 13 14 15 16 17 18 19 20

Libre choix. Temps partiel (en voie d’épuisement). Pédo-psychiatrie. Où, quand, comment ? (en voie d’épuisement). La psychiatrie autonome et l’institution. Le secret. La demande. Etc. Hospitalisation. Secteur. Demande de soins, demande de psychanalyse. Le secret. L’avenir de la psychiatrie libérale (en voie d’épuisement). Le retour du/au corps (II) (en voie d’épuisement). Exercice de groupe, exercice d’équipe (I) - Pédopsychiatrie. Exercice de groupe, exercice d’équipe (II). Rééducation psycho-motrice. Le psychiatre et la société (II) (en voie d’épuisement). Vivre en professionnel - Pédopsychiatrie (salariés). Limites et fonction de la psychiatrie. L’argent. L’installation.


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PSYCHIATRIES N°150 SEPTEMBRE 2008

Expériences - Psychopathologie. L’hospitalisation psychiatrique (I) - Problèmes généraux. Les Journées Nationales de la Psychiatrie Privée (C.R. intégraux) : “La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ?” La psychose en pratique privée : textes introductifs. Psychose et institution. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Textes officiels et documents critiques. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Les débats parlementaires (en voie d’épuisement). La psychose en pratique privée : compte rendu des Ves Journées Nationales de la Psychiatrie Privée. Du côté de l’organique - La psychiatrie ailleurs. Expériences de la clinique. Symptômes et structures. Honolulu ou le combat pour la liberté (en voie d’épuisement). Pratiques en question (en voie d’épuisement). La psychiatrie et la santé. Thérapies familiales. Trentenaire de l’Élan. Psychiatrie et cultures. Numéro spécial SZONDI. Horizons thérapeutiques. L’écoute.... musicale. La psychiatrie et les contrôles. L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. Le chemin parcouru. Sélection de textes publiés entre 1972 et 1975. L’intégration scolaire. La paranoïa aujourd’hui. Première partie. La paranoïa aujourd’hui. Deuxième partie. Médecine et psychanalyse. Clinique de la souffrance. Psychothérapie et/ou psychanalyse institutionnelles. Transsexualisme - Totalitarisme. La solitude. Psychiatries en institutions d’enfants. Médecine et psychanalyse. La difficulté de guérir. Éthologie de la sexualité.


ANCIENS NUMÉROS

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À d’autres.... Jeu, psychodrame et psychose. Du rêve. Du rêve : Deuxième partie. Chronobiologie. Autour de l’hystérie. Psychiatres en institutions d’enfants. Coûts en psychiatrie. Psychiatre, psychanalyse et feuilles de soins. Psychiatres, charlatans et magiciens. Le supposé clivage inconscient/biologique (I, II et III). Urgence et patience. Julien Bigras. Hospitalisation privée. Autour de Henry Ey - De quelques “réalités”. Le délire, espoir ou désespoir (I). Le délire, espoir ou désespoir (II). Autour des psychothérapies. Du père. Épidémiologie psychiatrique. La dépression dans tous ses états. Psychosomatique. Le psychiatre, le malade, l’état. Rencontres. Peurs. Psychothérapies. Corps et thérapies. Le Temps. Les états de Dépendance L’impossible à vivre. Souffrance psychique.... La limite des névroses. L’enfant et la consultation. Le psychiatre et la loi. L’enfant et la consultation. Les psychoses. Adolescence, des liens en souffrance. XXVe Anniversaire de la Psychiatrie Privée. Les Psychoses. L’Enfance. Psychiatrie et prévention, liaison dangereuse ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1996) Souffrir de la peau. Peau et psyché, approche.

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Le psychiatre, la médecine et la psychanalyse. Le Secret. Psycho-somatique 97. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1997) Suicide : d’une violence, l’autre. La consultation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1998) La responsabilité maltraitée (Séminaire A.F.P.E.P. 1999) Filiations - Dimension clinique (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) La psychiatrie est-elle une science ? Filiation et société (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Nouvelles Filiations (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Filiations culturelles, Filiations spirituelles (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Traversée culturelle francophone à la découverte des pratiques ambulatoires de la psychiatrie. (Premières rencontres FRANCOPSIES). L’intime et l’argent. Le métier de psychiatre Le psychiatre et la psychothérapie Les cachets de la folie Les mots de la Psychiatrie Psychiatre et citoyen Penser l’évaluation. Universel et singulier Hospitaliser ? La Psychiatrie Médico-Sociale


BULLETIN D’ADHÉSION

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ASSOCIATION FRANÇAISE DES PSYCHIATRES D’EXERCICE PRIVÉ SYNDICAT NATIONAL DES PSYCHIATRES PRIVÉS Cotisation 2008

Le Docteur : Adresse :

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Code Postal : Tél. :

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E.mail :

Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax :

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Règle sa cotisation A.F.P.E.P. - S.N.P.P. pour 2008 » Etudiants, internes, 1ère, 2ème et 3ème année d'exercice : 150 € » 4e année d’exercice et au-delà : 300 € » conjoints d’adhérents, membres honoraires et retraités : 190 €

Bulletin à compléter et à retourner, accompagné de votre règlement, par chèque bancaire ou postal, à l’ordre du S.N.P.P. : S.N.P.P. Secrétariat administratif 141, rue de Charenton 75012 Paris

Pour les non-adhérents, l’abonnement à “PSYCHIATRIES” est de 53 € Chèque à libeller à l’ordre de l’A.F.P.E.P.



L’écoute

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

SEPTEMBRE 2008 = N°150

L’écoute

AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

28 €

SEPTEMBRE 2008 = N°150

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


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