AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 www.psychiatries.fr ISSN : 0301-0287
hasard et nécessité
JANVIER 2012 = N°156
Transmettre :
REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES
Transmettre : hasard et nécessité
JANVIER 2012 = N°156
Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé
REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES
Transmettre : hasard et nécéssité
JANVIER 2012 = N°156
Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé
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PSYCHIATRIES N°156 JANVIER 2012
AFPEP-SNPP
L'Association Française des Psychiatres d'Exercice Privé (A.F.P.E.P.), fondée en juillet 1970, a promu une recherche théorico-pratique pluridisciplinaire sur la psychiatrie, son objet, son exercice, ses limites, en s'appuyant de façon plus particulière sur l'expérience de la pratique privée. Société scientifique de l'Association mondiale de psychiatrie (W.P.A.), affiliée à l'UNAFORMEC en tant qu'organisme de formation continue, l'A.F.P.E.P. anime de multiples cadres de travail nationaux ou décentralisés, prioritairement à l'intention et avec le concours des psychiatres privés, mais enrichis d'une très large participation nationale et internationale de cliniciens, chercheurs et théoriciens concernés par la psyché, dans toute la diversité de leurs orientations. Scandés par la tenue annuelle des “Journées nationales de la psychiatrie privée”, les travaux de l'A.F.P.E.P. s'articulent autour de sessions d'étude et de séminaires thématiques, régionaux ou nationaux. Productrice de modules de formation, elle accrédite et coordonne par ailleurs les activités de formation d'associations locales ou régionales de psychiatres privés. L'A.F.P.E.P. a élaboré en 1980 la “Charte de la psychiatrie” autour des références éthiques garantes de l'indépendance des praticiens ainsi que du respect des patients. L'A.F.P.E.P., association scientifique, à travers sa réflexion et ses recherches, donne socle à l'action du Syndicat National des Psychiatres Privés (S.N.P.P.) fondé en 1974. L'A.F.P.E.P.-S.N.P.P. a publié en 1995 le “Manifeste de la Psychiatrie”, synthèse des principes d'efficience d'une pratique confrontée aux risques contemporains de réduction bureaucratique et comptable de l'activité soignante des psychiatres privés.
AFPEP-SNPP 141, rue de Charenton - 75012 Paris - France Tél. : (33)1 43 46 25 55 - Fax : (33)1 43 46 25 56 E-mail : info@afpep-snpp.org - Site Internet : http://www.afpep-snpp.org
PUBLICATION DE L’AFPEP JANVIER 2012 - N°156 Secrétariat de la Rédaction 141, rue de Charenton 75012 Paris tél : 01 43 46 25 55 fax : 01 43 46 25 56 Site internet : www.psychiatries.fr Courriel : info@afpep-snpp.org
Fondateur Gérard BLES Directeur de la Publication Michel MARCHAND Directeur de la Rédaction Olivier SCHMITT Rédacteur en Chef Thierry DELCOURT Comité de Rédaction Jacques BARBIER, Antoine BESSE Hervé BOKOBZA, Pascal BOURJAC Patrice CHARBIT, Claude GERNEZ, Christian JULIEN, Michel JURUS, Françoise LABES, Jean-Jacques LABOUTIÈRE, Marie-Lise LACAS, Jacqueline LEGAUT, Anne ROSENBERG, Patrick STOESSEL, Dominique TEXIER Traduction en anglais et en espagnol Pascale DUMONT-ROSE Conception Graphique Marie CARETTE / Gréta Réseau Graphique Impression Imprimerie Nouvelle Sté Angevin - Niort ISSN 0301-0287 Dépôt légal : 1er trimestre 2012 28 €
SOMMAIRE ÉDITORIAL Thierry Delcourt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 7
ARGUMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 11 Anne Rosenberg : Présentation de Yehezkel Ben Ari . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 13 Yehezkel Ben Ari : Inné et acquis dans les maladies neurologiques : la thèse de la neuroarchéologie, ou pourquoi il faut se méfier des simplifications abusives . . . . . . . . . . . . . . . .p. 15 Discussion après intervention de Mr Yehezkel Ben Ari . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 31
LA TRANSMISSION À L’INSU PATRIMOINE ET LANGUE MATERNELLE par Hélène Baudoin et Thierry Delcourt 1 - Thierry Delcourt : Vous avez dit matrimoine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 43 2 - Hélène Baudoin : Langue maternelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 45 3 - Thierry Delcourt : L’informité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 53 Discussion après intervention en duo, Hélène Baudoin, Thierry Delcourt . . . . .p. 61 Olivier Grignon : Y a-t-il encore une place pour la psychanalyse ? . . . . . . . . . . . . . . .p. 65 Discussion après intervention d’Olivier Grignon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 77 Brigitte Bénévent : L’analyste, l’analysant et la transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 81
NÉCESSITÉ ET CONDITION DE LA RENCONTRE Claude Gernez : Authenticité et rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 97 Discussion après intervention de Claude Gernez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 105 Pierre-Yves Dennielou : Le chariot récalcitrant - Résistances en jeu lors de la transmission d’un savoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 109 Discussion après intervention de Pierre-Yves Dennielou . . . . . . . . . . . . . . .p. 119
TRANSMISSION DU MÉTIER Philippe Cornet - Michel Durel : Hasard, nécessité et hasard Initiation à la dimension psycho-somatique en médecine générale. . . . . . .p. 123 Discussion après interventions de Philippe Cornet et Michel Durel . . . . . .p. 135 Yves Clot : La transmission du métier : entre individuel et collectif . . . . . . . . . . . . .p. 139 Discussion après intervention d’Yves Clot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 153
SOMMAIRE
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DEMANDE DE FORMATION Michel Marchand : Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 161 Alexandre Rezvani - Clémence de Solms : Demande de formation des internes en psychiatrie à la pratique libérale . . . . . . . .p. 165 Pascal Vesproumis : Transmission soignant / soigné, transmission tuteur / élève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 169 Discussion de la table ronde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 171
FORMER – ENSEIGNER Patrice Belzeaux : La paranoïa à deux : Ey-Lacan Transmission, partage, création . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 187 Patrice Charbit : La transmission entre pouvoirs et destinées . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 201 Gilbert Letuffe : « Trans-Maître » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 209 Éric Trioux : Approche de la psychiatrie libérale pour les internes . . . . . . . . . . . . . .p. 213 Jean Charles Douchet : PSY, DSM, transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 219 Jean-Yves Ropers : De la transmission des savoirs de la posture à l’imposture ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 227
FONDER SA PRATIQUE Michel Fruitet : Le dessin d’enfant ou comment penser la complexité . . . . . . . . . .p. 235 Thierry Delcourt : Transmission : des images et des mots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 243 Françoise L. Meyer : Transmettre des savoirs, mais pas sans pas . . . . . . . . . . . . . .p. 257 Chantal Coornaert : Une actualité de la plainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 265 Michel Popovitch : Retransmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 273
LES AVATARS DE LA TRANSMISSION Dominique Texier : Transmettre : l’acte de dire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 279 Jacques Barbier : La fabrication de l’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 289 Jean-Jacques Xambo : Générations… ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 295 Ly-Thanh-Huê : Une aventure de la transmission : le réveil ? . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 301
PSYCHOPATHOLOGIE ET TRANSMISSION EN SOUFFRANCE Nicole Cavasse : Vers une pratique nouvelle : La psychogénéalogie analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 313
Annie Stammler : Psychopathologie de l’héritage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 321 Éric Samama : Transmission et rituels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 329 Michel Jurus : Les pères dans la périnatalité De l’accordage au désaccordage parental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 337 Françoise Hubert Duplex : La transmission intergénérationnelle à travers les cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 353 Yves Froger : Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 361
HOMMAGE À ÉMILE ROGÉ Hervé Bokobza : Émile Rogé nous a quittés, brutalement ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 367 Robert M. Palem : Émile Rogé (1933-2011) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 369 Émile Rogé – Paris : La tâche du psychothérapeute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 375 Émile Rogé – Paris : La peur du psychiatre vis-à-vis du malade . . . . . . . . . . . . . . . .p. 385
DÉSIR DE LIVRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 397 Les Dessous du Divan de Claude Forzy Jérôme et ses quelques traits d’autisme de Michèle Laboureur Délires et Psychose de Jacques Mervant La psychiatrie est-elle encore un humanisme de Robert Michel Palem Maternités avortées d’Annie Stammler Drogue et langage de Jean-Louis Chassaing Histoire du Poil sous la direction de Marie-France Auzepy et Joël Cornette Le garçon qui voulait dormir de Aharon Appelfeld On agite un enfant de Yann Diener Adolescences contemporaires de Dominique Texier
ANCIENS NUMÉROS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 411 BULLETIN D’ADHÉSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 415
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ÉDITORIAL « Transmettre : hasard et nécessité », étrange titre qui introduit une dimension de précarité dans une volonté de continuité. S'il devait en être ainsi, les Journées Nationales de Dinan nous l’ont prouvé, en s’ouvrant à un débat productif, et suscitant comme toujours, lorsqu’une agitation « moléculaire » de la pensée est intense, une foule de questions que chacun peut ensuite, à sa guise, remettre à l'ouvrage… jusqu'aux prochaines Journées Nationales. Car, c'est de transmission dans une continuité dont il s'agit à chaque session de travail de l’AFPEP : écoute, engagement, responsabilité, virtuel, principe de précaution… L'enchaînement de ces thèmes illustre autant notre engagement professionnel qu'un souci d'interroger au plus près les points de friction d'une pratique remodelant en permanence une théorisation en mouvement. Alors, cette année nous nous sommes interrogés, encore. Transmettre, pourquoi ? Est-ce une préoccupation de têtes blanches qui vacillent, une question de pouvoir, un déni de la mort, ou tout au contraire, l'acceptation d'un lâcher prise, refusant tout autant l'assise du pouvoir que l'illusion qu’il nous rende immortels ? Transmettre quoi ? L’expérience et la connaissance acquises, un savoir subjectif dont il ne faut jamais oublier qu'il n'est pas la vérité définitive, tant du côté de
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celui qui transmet que de celui qui reçoit ce qui est transmis. La capacité à connaître se forge dans une réciprocité où maître et élève, si l'on garde ces repères de plus en plus contestés et peut-être, contestables, s'enseignent réciproquement, dans une soif et, espérons, une créativité assouvies. Transmettre comment ? À partir d’une position magistrale, transmission verticale, ou bien d’un dialogue socratique, voire par un compagnonnage dans l’intimité des paroles et des actes. Nous avons pu entendre toutes ces modalités : de la Retransmission d'un Compagnon du devoir, éthique et artisanale, à la Demande de formation des internes, et de ce qui pourrait leur être proposé dans le cabinet du psychiatre (le fameux stage chez le praticien, si délicat dans nos pratiques singulières), à l'université, dans les séminaires de formation et les groupes d'échanges de pratiques. L'AFPEP s'est engagée dans une franche ouverture vers les psychiatres en formation et les internes en psychiatrie qui, fait notoire, intervenaient en plénière lors de ces Journées, pour nous dire leur perception et leurs attentes : message reçu ! Cette affaire de transmission, qui prouve là son humanité et son souci d’une altérité, relève encore trop souvent d’obscures motivations et mobilise des passions secrètes générant, nous l'avons tous vécu lors de nos études, des constructions perverses et aliénantes. Alors, transmettre, oui ! Mais pour ouvrir à une capacité à penser, à se représenter les choses avec un éveil à la pluralité des champs de connaissances, à subvertir un ordre qui, de garant du savoir, en dicte la ligne… Une disposition à connaître, donc, autant qu’à inventer ! Ces Journées Nationales nous ont montré que cela était encore possible, et ce, malgré les contraintes qui pèsent autant sur notre exercice que sur son évaluation et son cadrage, voire son formatage. Il en résulte cet épais numéro de Psychiatries, qui j'espère, donnera une idée du foisonnement de nos débats. Thierry Delcourt
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www.psychiatries.fr En septembre 2009, le Bureau de l’AFPEP a décidé de doter la revue Psychiatries d’un site internet spécifique. Les sommaires de tous les numéros y seront intégrés au cours des mois prochains mettant en évidence la diversité des travaux de réflexion et de recherche de l’association depuis sa création. Un site est d’autant plus repéré et consulté qu’il est référencé dans d’autres sites. Chacun des adhérents de l’association et lecteurs de la revue peut, au cours de ses navigations sur le net, signaler l’existence de psychiatries.fr aux sites de références pertinents consultés, aidant ainsi à faire connaître ou mieux connaître la psychiatrie privée.
ARGUMENT
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ARGUMENT Transmettre : hasard et nécessité
ous sommes sans cesse traversés par des discours qui portent, au delà de nous, des héritages complexes, et souvent inconnus, et que nous le sachions ou pas, nous participons à cette transmission.
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Ainsi la nécessité et la difficulté de transmettre sont là de toutes façons, qu’il s’agisse d’être, d’avoir, de sens, de vie, du savoir, d’expérience, de ressenti... et lors de ces XXXIXèmes Journées de l’AFPEP nous nous interrogerons sur ce désir de transmettre et d’apprendre. La transmission d’une pratique, d’un savoir faire, pourrait être une façon de définir ce qui nous réunit, à partir de nos différences. Comme chaque fois lors de nos Journées, nous souhaitons élargir notre horizon à ce que ce mot recèle comme autres approches, ce qui se transmet entre un patient et son psychiatre, entre un patient et son généraliste, entre les différents professionnels, entre les générations... en pensant la transmission non pas seulement comme un héritage, mais d’abord comme un partage. Evoquons aussi ce qui semble intransmissible (transmettre c’est aussi transmettre l’impossible à transmettre) et ce qu’on transmet à son insu, qu’il s’agisse de l’histoire familiale, patrimoniale ou génétique, de la petite et de la grande histoire également.
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Souhaitons que ces Journées nous propulsent dans ce que nous avons d’essentiel à partager des plus jeunes aux plus anciens d’entre nous, d’où ce partenariat privilégié avec nos amis de l’Association Française de Formation des Etudiants en Psychiatrie.
PRÉSENTATION
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PRÉSENTATION Anne Rosenberg
e vous présente Yehezkel Ben-Ari qui, par son histoire personnelle, son parcours de vie, son domaine de recherches et son implication dans la société, est bien placé pour s’y connaître en matière de transmission. Yehezkel Ben-Ari est né au Caire en 1943 dans une famille juive, d'un père d’origine libano-irano-turque, et d'une mère italienne. Il fut scolarisé dans une école chrétienne. Expulsé avec sa famille en 1956, il émigre en Israël. Il parle le français, l'arabe, l'hébreu et l'anglais. Élevé dans les 3 religions monothéistes, il a, dit-il, été guéri des 3 en même temps. Il arrive à Paris en 1966 pour préparer une thèse sur les mécanismes de la mémoire. Il s'intéresse ensuite à l'épilepsie temporale et à la manière dont une crise entraîne une modification profonde des tissus, qui accroît l’excitabilité du cerveau, et en entraîne une autre. De 1986 à 1998, il est Directeur de l’unité de recherche Inserm 29 « Neurobiologie et physiopathologie du développement » à l’hôpital Cochin-Port-Royal, à la suite d’Alexandre Minkowski. Il y étudie les phases précoces du développement cérébral. En 1999, il migre avec toute son équipe (et c'est une des plus importantes délocalisations de l’Inserm) sur le site de Marseille-Luminy pour créer l'INMED : l'institut de neurobiologie de la Méditerranée qu'il dirige. En 2009 il est lauréat du grand prix de l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale). A l'INMED, institut unique en son genre, on trouve une galerie d'art contemporain ainsi que la première école européenne de « recherche » pour
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collégiens et lycéens ; école créée et animée par Constance Hammond, chercheur à l'INSERM et l'épouse de Yehezkel Ben-Ari, école qui accueille 3 jours d’affilée, des classes de lycéens, de préférence de quartiers défavorisés, et leur donne la possibilité d’inventer un projet de recherche, de faire leurs propres expériences à partir de leur questionnement et de leurs hypothèses personnelles, avec les mêmes outils que ceux utilisés par les scientifiques. On trouve aussi une pépinière d’entreprises exploitant les découvertes de l’Institut. Car pour Yehezkel Ben-Ari, les concepts fondamentaux, la recherche fondamentale ont toujours des applications. L'INMED regroupe donc un ensemble d’activités qui permettent d’insérer la recherche scientifique dans la société. Mais, en revanche, l’attribution des crédits ne doit, elle, dépendre que de l’excellence de la recherche et pas de ses applications. Comme dit Pasteur : « Il n’y a pas de recherche appliquée, il y a des applications de la recherche fondamentale ». La recherche par essence ne doit pas être utilitaire. C'est ce que défend Yehezkel Ben-Ari, l'un des principaux membres de « Sauvons la recherche » dans les Bouches-du-Rhône. Pour lui, on assiste aujourd'hui à une recherche dogmatique, consensuelle, une dérive monovalente vers la biologie moléculaire et la génétique, sorte de génétomanie des esprits ; un réductionnisme, non seulement incompatible avec la possibilité de grandes découvertes, mais également profondément réactionnaire car réduisant l'humain à son génome. Il plaide aussi pour le maintien de postes permanents qui sont « la mémoire » de la recherche. Ses recherches sont centrées sur l'étude du développement cérébral. Il met en évidence que le cerveau immature, celui du fœtus ou du nourrisson, n’est pas un petit cerveau adulte mais obéit à ses propres règles, si bien qu'un médicament administré à une femme enceinte peut avoir des effets opposés sur son embryon. Il pense que certaines maladies neurologiques pourraient naître très précocement, via des malformations cérébrales présymptomatiques. Il défend la notion de neuroarchéologie, avec l'idée que la plupart des maladies neurologiques ont une histoire qui remonterait à l’époque embryonnaire, quand le cerveau se construit. Il propose aujourd'hui la théorie du check point pour réconcilier gènes et environnement dans la maturation cérébrale.
INNÉ ET ACQUIS DANS LES MALADIES NEUROLOGIQUES
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INNÉ ET ACQUIS DANS LES MALADIES NEUROLOGIQUES : la thèse de la neuroarchéologie, ou pourquoi il faut se méfier des simplifications abusives Yehezkel Ben-Ari*
(Cet article est la transcription d’une conférence largement illustrée de diapositives lors de sa présentation. Que le lecteur veuille excuser une relative difficulté à se représenter la complexité des développements de l’auteur.)
epuis quelques années, je fais des conférences en public de temps en temps, chose que je ne faisais pas avant. Les deux facettes de ce que je fais, la recherche et ce que l’on pourrait appeler la politique générale, se rejoignent quelque part. C’est cela qui est marrant ; on retombe sur les mêmes questions. Je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir dire à des psychiatres. En fait, c’est assez évident. Nous avons eu une phase, il y a une quarantaine d’années, où tout était psychanalytique, le rapport mère-enfant, etc. Nous sommes passés à une phase de génétomanie excessive. J’ai d’ailleurs écrit un article qui a été publié par La Croix et par Libération, qui s’appelait « La génétomanie et le mensonge de tout génétique ». Quand je fais des conférences à des laboratoires de génétique, j'explique pourquoi on peut très bien découvrir un gène mais cela ne va pas aller très loin sur le plan des applications pour des raisons qui sont archi-faciles à expliquer. De temps en temps, on nous sort des papiers sur le gène de la croyance en Dieu, le gène de je ne sais pas trop quoi… il n’y a que le gène de la bêtise qui manque. En gros, un gène n’est pas équivalent, le plus souvent, ni à l’intelligence, ni au comportement, ni à une maladie neurologique, sauf quelques exceptions où la
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*Chercheur en neurobiologie, a créé l'INMED, l'institut de neurobiologie de la Méditerranée, qu'il dirige.
LA TRANSMISSION À L’INSU
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1 - VOUS AVEZ DIT MATRIMOINE ? Thierry Delcourt*
Patrimoine et langue maternelle, drôle de titre ! Et pourquoi pas Matrimoine et langue maternelle ? Matrimoine, patrimonial, matrimonial ! Il y a des choses qui se disent et d’autres non. Le patrimonial réfère à l’héritage et à la transmission des qualités, des biens et de la culture. Le matrimonial réfère au mariage et au couple. Quant à la distinction d’un héritage, d’une transmission matrimoniale des mères, les mots n’existent même pas… et donc, ça ne peut être pensé et parlé. Notons au passage l’hégémonie d’un langage patrimonial sous couvert de prétendue « langue maternelle », renforcé par l’approche structuraliste et psychanalytique d’inconscient structuré par/comme un langage. Pourrait-on distinguer une transmission matrimoniale issue, entre autres, des femmes et des mères, une transmission qui nous concerne tous sans distinction de sexe ? Quelle serait donc cette transmission maternelle si on ne la renvoyait pas uniquement au matriciel (utérus, corps, chair) et au fusionnel (osmotique, amniotique), à un archaïque dont il faut à tous prix être coupé ? On limite toujours la transmission maternelle au corps sans parole, au sein, à la chair tendre où rien ne peut se passer qui prétendrait à fonder l’humain en lui donnant sa valeur. L’humain, l’infans, n’a d’autre issue que celle de se détacher envers, et parfois contre la mère. Bien sûr qu’il a à se détacher, cet infans ! *Psychiatre, Reims
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2 - LANGUE MATERNELLE Hélène Baudoin*
r V. vient me voir en mai 96. Il a 26 ans. Il souffre d’angoisses massives. Il me signale d’emblée qu’à l’âge d’un mois « on lui a changé le sang », pour incompatibilité Rhésus mère-enfant. Il a une sœur de 10 ans son aînée. Il me dit aussi qu’il a parlé tard, à l’âge de trois ans. Puis il me parle de sa relation aux femmes, difficile depuis que sa première compagne avec laquelle il a vécu de 18 à 23 ans l’a quitté. C’est ce qui a déclenché les angoisses intenses qui l’ont amené à consulter des psychiatres. Antidépresseurs, anxiolytiques, Tégrétol lui ont été prescrit. Il a également fait un séjour en clinique. Mais rien ne change. S’ajoutent même à ses angoisses des maux de tête, des vertiges, des contractures musculaires. Il n’en peut plus et se sent dans une telle impasse qu’il en vient maintenant à penser au suicide. C’est une cousine qui lui parle de psychothérapie et qui le dirige vers un confrère. Celui-ci le voit trois fois et pour une raison qui échappe à ce patient, il me l’adresse. Il lui dit que le problème vient d’un manque d’affection maternelle en lui affirmant : « l’amour, c’est la base de la vie ». Mr. V. me dit qu’il n’y avait jamais pensé. En fin d’entretien, il ajoute : « vous êtes une femme, j’ai du mal à regarder une femme en face ! » Au second rendez-vous, il dit avoir été rassuré de pouvoir parler, comme déjà avec le confrère consulté avant moi. Au troisième rendez-vous, il évoque qu’il vient de nouer une relation avec une prostituée étrangère, qu’il aurait senti elle-même en perdition.
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*Psychiatre, Nice
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3 - L’INFORMITÉ Thierry Delcourt*
Je ne sens rien, je ne me sens pas ‘Je ne sens rien’ furent les premiers mots, demande pudique d’une jeune femme me consultant pour une frigidité qui mettait en péril sa relation de couple. Brillante intellectuelle, professeure, Amélie raisonnait judicieusement autour de son problème avec l’approche psychologique et philosophique qui était à sa disposition. Cela était dit d’une voix atone, dénuée d’émotion et d’affect. Après quelques entretiens, un peu tôt, nous engageâmes une psychanalyse sur sa demande explicite. Elle déroula alors son histoire de petite fille studieuse, le parcours sans faute jusqu’à la consécration, professeure et docteure. Elle déplorait le peu d’attention et d’intérêt accordés par ses parents malgré tous ses efforts, parents professeurs pour qui la réussite s’imposait comme une évidence. Amélie cherchait, avec une application laborieuse, les traces d’évènements et de traumatismes qu’elle supposait enfouis dans sa mémoire désertée, mais rien ne se dévoilait. Sa demande dépassa rapidement la plainte dans un registre sexuel. Elle parvenait à dire qu’elle souffrait, mais souffrait-elle, de ne presque rien ressentir : à peine la joie esquissée lors de l’unique rencontre amoureuse avec un homme plus âgé qu’elle. ‘Je ne me sens pas’ fut le progrès sémantique d’un constat du désert en elle, un désert d’elle comme une absence d’espace propre, de corps et de représentation sensible. Ce constat se répétait, butée de la raison. Il générait ennui et léthargie en moi, psychanalyste embarrassé, avec un sentiment *Psychiatre, Reims
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DISCUSSION après intervention en duo, H. Baudoin, Th. Delcourt
Jacques Barbier : Thierry, tu parlais de la question des schèmes primordiaux, tu l’expliques mais est-ce que tu peux donner un exemple ou deux de ce que cela pourrait être, ces schèmes que l’on retrouve et que l’on nomme ensuite ? Thierry Delcourt : Il y a ceux qui ensuite vont fonctionner comme appel de la passion, des éléments d’intonation, une odeur. Comment tout cela se construit avant même que ce soit inscrit dans une construction, dans une représentation. C’est pour cela que j’utilisais le terme de lambeaux, c’est-à-dire tout ce qui va à un moment donné être sur le bord et qui va être autant un mot, autant une intonation, une couleur, un jeu de couleurs, un certain nombre de choses comme ça. Ils se situent même en deçà des pictogrammes dont parle Piera Aulagnier et qui sont des constructions un peu plus élaborées qui vont venir s’inscrire dans cet espace primordial. Jacqueline Légaut : Cette sorte de nouage qui s’institue au fil du travail avec toi peut se faire parce qu’il y a le transfert qui intervient et qui est indispensable pour que ces couleurs, ces sens, ta patiente puisse en faire quelque chose. Tu ne l’évoques pas dans ton propos, mais il me semble que la dimension transférentielle est absolument primordiale. Comme tu l’ouvres ?
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Y A-T-IL ENCORE UNE PLACE POUR LA PSYCHANALYSE ? Olivier Grignon*
’ai commencé mes études de médecine sous l’ancien système où existait encore le concours d’externat des hôpitaux. Nommé en 1967, mon premier service était un service de chirurgie parisien dont le chef était également président du Conseil de l’Ordre. Notre accueil fut bref. Réunis par un des « brillants » assistants du maître, il se résuma à la consigne suivante : « N’écoutez jamais ce que disent les malades » – et à la suite de ça nous fûmes répartis dans les diverses salles… Certes, il s’agissait de chirurgie. Mais nous savons que, malgré les diverses dénégations, une frange non négligeable de la psychiatrie applique soigneusement aujourd’hui encore – ou à nouveau – cette posture médicale. Ceux-là, ce que j’ai à dire ne les concerne pas, ça leur serait tout à fait étranger. À lire les arguments de ces journées, je n’ai ici aucune crainte de ce genre ; ça va me permettre de risquer quelques thèses inconvenantes, même si j’avance à patte de velours.
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La psychanalyse est attaquée de toutes parts La psychanalyse est attaquée de toutes parts, dans les médias, à l’Université, dans les lieux de soin. C’est quand même un paradoxe, car la psychanalyse n’est plus à la mode bien que son vocabulaire soit partout – certes désubstantialisé, vidé de ses vérités conceptuelles, y compris en milieu psychiatrique. À cela, je vois deux ordres de raison. *Président du Cercle Freudien, Psychanalyste, Paris
LA TRANSMISSION À L’INSU
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DISCUSSION après Intervention d’Olivier Grignon
Anne Rosenberg : c’est une question sur l’efficace de la pensée magique ; après tu as repris sur la parole ; je me posais la question s’il s’agissait du côté de l’analysant ou du côté de l’analyste ? Probablement les deux, mais comment différencier les deux côtés ? Olivier Grignon : C’est toute la partie que j’ai du caviarder par faute de temps ; dans ta question, ce que je trouve absolument étonnant, ce que j’aurais voulu vous dire, c’est que cette formation qui pourrait transmettre l’intransmissible dans la mesure où ce dont il s’agit, c’est de permettre à quelqu’un de faire la moitié du chemin parce que si cela ne peut être que mi-dit, puisque les mots manquent à le dire, forcément le mot se présente comme enclos dans une coque ; et pour ouvrir cette coque dans laquelle il y aurait la chose, nommée par le mot, il faut que ce chemin-là soit fait par celui qui entend le mot. La vérité du mot, pas son bla bla, ce que véritablement est enclos, là, le réel enclos désigné par le mot, il faut faire ce chemin-là. C’est ça qui affecte et c’est ça qui fait que l’on s’approprie subjectivement. Donc, nous nous retrouvons stricto sensu dans les questions de formation, à traiter du sujet aux racines même du langage. Peut-être pas d’avant le langage, mais en tous cas du sujet qui rentre dans les mots. Qu’est-ce que c’est d’autre que lire ? Lire, c’est essayer de prendre un mot qui est là totalement étranger, dont nous sommes à la porte pour essayer de l’insérer
LA TRANSMISSION À L’INSU
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L’ANALYSTE, L’ANALYSANT ET LA TRANSMISSION Brigitte Bénévent*
Ce texte1 a été publié pour la 1° fois en avril 2007, dans la revue Je est un Autre, n° 17, p. 60 à 66. Merci au bureau de l’AGSAS (Association des groupes de Soutien Au Soutien) d’en autoriser ici la reprise.
omment la transmission advenant dans les cures, celle de l’analyste à l’analysant, mais aussi celle de l’analysant à l’analyste, peut-elle participer au devenir humanisant de la cité ? Quel type de transmission est plus spécifiquement à l’œuvre quand la vie se répand davantage autour d’une personne qui fait route vers l’humanité ? Telle est la question que je propose d’aborder aujourd’hui.2
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Cheminement vers la question de la transmission Alors que je prenais, il n’y a pas si longtemps, un billet d’entrée à la piscine, j’ai entendu la personne, qui, de derrière son guichet, me demandait : « Une entrée troisième âge ? » Moi de répondre en souriant : « dans quelques années ! » Dire que cet événement m’aurait confrontée à la question de la transmission serait faux, pas plus qu’il ne serait juste de la situer au moment si heureux de l’annonce par ma fille, un matin de bonne heure, de la naissance de son fils dont la voix déjà bien affirmée confirmait la réalité bien vivante à l’autre bout du fil… Et pourtant cette façon d’être située de façon nouvelle dans les générations n’est probablement pas indifférente au moment de cette question : c’est depuis *Psychiatre, psychanalyste.
NÉCESSITÉ ET CONDITION DE LA RENCONTRE
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AUTHENTICITÉ ET RUPTURE Claude Gernez*
'idée de la transmission me laissait assez tranquille avant qu'elle ne devienne le thème choisi pour nos journées de Dinan, entre les évitements et les renoncements, d'année en année, je ne m'en préoccupais plus beaucoup. Et il a fallu toute la malice de Chantal Jacquié pour me réveiller et me pousser dans mes retranchements. Je me souviendrai, je crois longtemps, de la manière dont son regard et son sourire m’ont incité à effectuer ce travail et je l’en remercie. Heureusement mon étonnement, mêlé d'un peu de stupeur, a été levé par l’intervention de l'une d’entre nous, elle m’a bien aidé elle aussi, en regrettant, je crois à peu près textuellement : « Nous les psychiatres privés nous avons échoué dans notre travail de transmission. Nous avons été stériles ».
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Le dernier terme m’a particulièrement amené à réagir. L’échec de la transmission, d’évitements en renoncements, je pouvais m'y habituer. La notion de stérilité m’a beaucoup plus surpris et choqué." Stérile" ne me renvoyait pas à un raisonnement ou même à une élaboration ; mais en même temps cela ne m’allait pas du tout, me dérangeait. Alors, dans un premier temps, je me suis dit que chercher les exemples de ceux qui avaient réussi un mode de transmission, pourrait m’aider à réfléchir cette thématique. Donc, je vous propose trois exemples de transmissions réussies, ensuite nous verrons si nous pouvons, nous, psychiatres privés, en tirer une leçon. *Psychiatre, Paris.
NÉCESSITÉ ET CONDITION DE LA RENCONTRE
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DISCUSSION après intervention de Claude Gernez
Olivier Schmitt : Tu as dit de Socrate qu’il n’avait pas le désir de transmettre. A priori, je ne le pense pas. C’est-à-dire qu’il avait décidé de ne pas transmettre. Il avait certainement ce désir qui a été perçu, mais il a décidé de ne pas satisfaire à son désir. C’est dans cette dynamique de désir non satisfait que peut être la transmission se fait d’autant plus vite. Claude Gernez : Je suis d’accord ; ça fait partie des ambiguïtés que je souhaitais calculer, bien sûr. On peut se dire qu’heureusement, nous avons le Socrate que l’on veut et je pense bien sûr que son désir était de transmettre et qu’il a compris que la meilleure manière de le faire, c’était celle-là. C’est peut être la leçon qu’il nous donne à tous, c’est ce que j’ai repris dans ma conclusion : qu’à trop vouloir transmettre, on ne transmet pas ; parce qu’alors, on croit que l’on sait ce que l’on a à transmettre. Or, justement la transmission, c’est ce que l’autre a envie d’en faire. Françoise Meyer : Il y a une différence entre la question du désir et la question de l’objet. Est-ce que c’est de ne pas vouloir transmettre ou de n’être pas dans le désir de transmettre ? Ou est-ce que c’est d’un désir ? Ce qui rejoint ce que disait Olivier Schmitt, d’un désir de transmettre, mais ne sachant ce qu’il en adviendra, puisque c’est effectivement de l’autre que vient ce qui s’attrape, ce qui se dit ou ce qui se fait.
NÉCESSITÉ ET CONDITION DE LA RENCONTRE
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LE CHARIOT RÉCALCITRANT Résistances en jeu lors de la transmission d’un savoir Pierre-Yves Dennielou*
Souvent les choses qui m’ont semblé vraies lorsque j’ai commencé à les concevoir, m’ont paru fausses lorsque je les ai voulu mettre sur le papier. Descartes, Discours de la Méthode C’est une grande différence si on a simplement dans l’esprit de raconter quelque chose ou si on l’écrit réellement Jung, Ma Vie1 raiter de la question des résistances qui s’opposent à un mécanisme aussi compliqué que celui de la transmission d’un savoir nécessite en premier lieu, après bien sûr avoir admis2 qu’il existe des résistances, de choisir un découpage et de déterminer un point d’attaque.
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Le découpage permet, par le biais d’un plan, l’exposition successive des différentes parties d’un dispositif complexe, dont le prototype serait celui d’un maître et de son élève, se regardant et parlant d’un objet, dans un lieu réservé à cet échange, quelque part dans un vaste contexte historique culturel et social. *Psychiatre, Saint-Brieuc
NÉCESSITÉ ET CONDITION DE LA RENCONTRE
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DISCUSSION après Intervention Pierre-Yves Dennielou
Madame X : En vous écoutant parler de Bion, je pensais en particulier à la séance de ce matin et à ce qu’évoquait en particulier Olivier Grignon à propos de la transmission réciproque, point d’interrogation avec le patient ; et je pensais en particulier à ce que dit D. Anzieu à propos de Bion : qu’il a été très enseigné par Beckett qui était son analysant. J’y repensais en vous écoutant parce que cela fait aussi partie des propos des journées ; on ne peut pas oublier cela quand on parle de Bion. Bion était l’analyste de Beckett. Monique Garbit-Verdier : Je ne sais pas trop pourquoi votre parasol est tombé parachute pour moi ; et donc, je voulais en savoir un peu plus sur la personne que vous traduisez parce que ça m’a beaucoup parlé. Pierre-Yves Dennielou : D.H Laurence. Claude Gernez : Je voulais dire vraiment merci. Notamment, il y a une chose à laquelle j’ai été très sensible, c’est la fulgurance de la prise de conscience du nouveau, quand vous parliez de l’éclair. Nous avons effectivement là quelque chose à travailler. Une prise de conscience, c’est comme un éclair, c’est comme un arrachement. Par ailleurs, oui, nous avons beaucoup de points de convergence, et cela m’a d’autant plus intéressé, et je crois que l’on peut affirmer que nous ne nous sommes pas concertés avant.
TRANSMISSION DU MÉTIER
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HASARD, NÉCESSITÉ ET HASARD Initiation à la dimension psycho-somatique en médecine générale Philippe Cornet* et Michel Durel**
Introduction - Le film : Kurosawa Il s'agit d'un extrait d’Akahige (Barberousse) d’Akira Kurosawa que tout étudiant en médecine se devrait d’avoir vu au moins une fois [5] : Barberousse dit à propos d’un artisan laqueur qui agonise du fait d’un cancer du pancréas et qui ne parle plus depuis son admission à l’hôpital : « Il devait sans doute souffrir d’une douleur encore plus grande ». Nous avons pensé que cette séquence illustrait assez bien la question de la transmission, et plus précisément de l'initiation qui est l'intitulé de l'enseignement dirigé que nous tenons à Paris VI, Michel Durel et moi-même, dans le cadre du DES de médecine générale. Nécessité d'une introduction à la psycho-somatique en médecine générale : La médecine générale se veut la médecine de l’individu et une rupture avec l’approche morcelée du corps au bénéfice d’une approche globale de la personne. De ce fait, il y a nécessité de ne pas éluder le discours du corps. Qu’en disent les internes en médecine générale ? Modalités de l’enseignement : L’enseignement est obligatoire pour l’ensemble des internes en médecine générale en stage chez le praticien au cours de leur cursus. L’atelier se déroule en présence de deux enseignants, un médecin généraliste et un psychanalyste, avec une quinzaine d’étudiants. Il y a deux sessions de deux heures. *DERMG Paris VI. **Paris.
TRANSMISSION DU MÉTIER
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DISCUSSION après Interventions de Philippe Cornet et Michel Durel
Patrice Charbit : Je tiens à vous remercier de votre enthousiasme ; ça fait plaisir de voir des gens s’engager comme vous. Et parfois bien plus que des psychiatres qui pourraient être un peu fatigués ; ce n’est pas votre cas, et cela me fait plaisir. Il y a bien des remarques qui viendraient. Je ne crois pas que la psychanalyse soit intransmissible. J’aimerais apporter une réflexion là-dessus. Si on pense ça, on va finir par dire une phrase que Lacan avait prononcée, qui était un peu de porter la bonne parole : lorsque l’on pense que c’est intransmissible, on porte une bonne parole et là, ça devient compliqué. Lacan parlait peu en séance, parce que les séances duraient peu longtemps, mais enfin, ce n’était pas avec tout le monde. Par contre, je veux dire qu’il y a des séances avec Lacan qui duraient assez longtemps, mais il leur parlait tous les mercredis. Tous les mercredis, il y avait son séminaire et il leur parlait longtemps. Et là, il y a une bonne parole qui était portée partout dans le monde, peut être sur le mode messianique et peut être que ce n’est pas la bonne solution. Il y a de la transmission en psychanalyse. Il ne faut pas avoir peur du maître, car du maître, on peut s’en libérer. Un maître c’est celui qui vous initie ; donc vous savez d’emblée que vous allez vous en débarrasser. Tandis que, si vous n’avez pas de maître, vous avez un tyran. Vous ne vous en débarrassez pas, vous vous le coltinez toute votre vie.
TRANSMISSION DU MÉTIER
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LA TRANSMISSION DU MÉTIER : ENTRE INDIVIDUEL ET COLLECTIF Yves Clot*
Santé au travail et transmission Cette présentation est celle d’un psychologue du travail qui s’intéresse au devenir toujours aléatoire des métiers. On trouve souvent utilisée l’expression selon laquelle « il faut défendre le métier ». Je la reprends volontiers à mon compte à une condition : défendre le métier c’est, paradoxalement, s’y attaquer pour le garder vivant. Et tous les collectifs professionnels sont loin de le faire de la même manière. Je voudrais le montrer en comparant deux situations de travail, très différentes, obéissant pourtant aux mêmes règles officielles prescrites. La différence en question a des effets puissants sur la santé des agents, et c’est justement ce lien entre collectif et santé qui me retient. Je voudrais souligner que la santé se dégrade en milieu de travail en même temps que s’affaisse la transmission. Et ce, lorsqu’un collectif professionnel devient une collection d'individus, chacun exposés à l'isolement. Au fond, lorsque cède, pour des raisons chaque fois à retrouver, l'action de civilisation du réel à laquelle doit procéder un collectif professionnel, chaque fois que le travail, par ses inattendus, le met à découvert. Autrement dit, quand l'histoire du genre professionnel, ce répondant collectif de l’histoire individuelle, se trouve suspendue. Quand, pour le dire encore autrement, la production collective des attendus génériques du métier est mise en souffrance et que se dissipe le sentiment, commun et intime à la fois, de vivre la même histoire. Tout le monde *Titulaire de la chaire de psychopathologie du travail du CNAM (1).
TRANSMISSION DU MÉTIER
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DISCUSSION après Intervention d’Yves Clot
Anne Rosenberg : Ce que vous disiez à la fin sur le personnel et l’impersonnel, je trouve que cela s’applique très bien à notre métier ; le métier rentre quand on arrive à être personnel, c’est cela le métier de psychiatre et de psychanalyste. J’avais une question à vous poser sur le deuxième bureau qui arrive à être dans le transpersonnel vivant. Mais si j’ai bien compris, il y a la complicité de la hiérarchie ; si j'ai bien compris, ce bureau désobéit à la procédure ; jusqu’à quand pourra-t-il désobéir à cette procédure ? Yves Clot : Vous avez remarqué que je n’ai pas parlé de désobéissance. Ce n’est pas simplement par conformisme, c’est parce que je ne crois pas que cela marche comme ça. Si l’on désobéit, si on a l’idée que le travail réel, si on doit tourner le dos au travail prescrit, alors on a des effets de contrôle, de reprise en main de l’impersonnel sur le transpersonnel. Le collectif dont je parle là, était transpersonnellement lesté, si je puis dire. C’est un collectif qui digère la procédure. Ce n’est pas un collectif qui tourne le dos à la procédure, c’est un collectif qui la réinvente, qui au fond permet qu’elle reste favorablement en contact avec le réel. J’entends le réel comme évidemment du côté de la résistance. Si vous voulez, ça ne peut tenir, non pas parce que l’on tourne le dos à la norme, mais parce que, d’une certaine manière, on investit la norme telle qu’elle est en la chargeant d’efficacité nouvelle. En fait, on transforme la norme,
DEMANDE DE FORMATION
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DEMANDE DE FORMATION Introduction à la Table ronde Michel Marchand*
’idée de la transmission émane de deux sources à la fois, la volonté, le désir ; le désir de transmettre a été interrogé depuis ces deux jours. Désir de transmettre de la part des psychiatres de l’AFPEP, peut-être en raison de leur âge moyen, à savoir qu’ils sont, pour bon nombre d’entre nous, plus proche d’une fin de parcours que d’un début de parcours. C’est pour ça qu’Élie Winter est à cette table avec nous, pour montrer qu’il peut en être autrement aussi. Et puis, les internes de l’AFFEP, ici aussi, et qui nous ont invités à leur congrès à Strasbourg, il y a une bonne année. Depuis quelques temps déjà, des contacts ont été pris entre nos deux associations pour voir dans quelle mesure il y avait une possibilité d’impliquer la psychiatrie d’exercice privée dans la formation des étudiants en psychiatrie, quelles en seraient les difficultés, quelles en sont les possibilités ? Mais nous n’avons pas voulu démarrer d’emblée sur cette question, pour interroger la question de la transmission d’une manière beaucoup plus large ; et c’est l’ouverture qui a été faite par Ben Ari en tant que neurobiologiste qui nous a permis, non pas seulement de mesurer le taux de chlore hors cellule et dans la cellule, mais de voir combien les effets de l’environnement peuvent agir sur la programmation. Donc, il est normal que les effets de l’environnement agissent aussi sur la programmation de notre table ronde. Et nous avons ensuite pris en compte ce qui était impossible ou ce qui se faisait à notre insu, puisque nous avons été interrogés tout au long de ces journées sur le fait que, quand nous avons le désir de transmettre, c’est ce qui nous échappe, ce qui fait trou dans le
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Psychiatre, Belfort.
DEMANDE DE FORMATION
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DEMANDE DE FORMATION DES INTERNES EN PSYCHIATRIE À LA PRATIQUE LIBÉRALE Alexandre Rezvani* et Clémence de Solms*
ans le cadre d’une volonté d’amélioration de la formation des internes, l’AFFEP (Association Fédérative Française des Étudiants en Psychiatrie) a diffusé un questionnaire afin d’évaluer la demande des internes d’obtenir une formation à la psychiatrie libérale.
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En effet, actuellement, l’internat de psychiatrie se déroule sur 4 ans. Durant ces 4 années, l’interne doit effectuer un stage obligatoire de 6 mois en CHU, deux stages de pédopsychiatrie, et selon les régions, un stage dit « hors filière » dans un service de médecine (en neurologie par exemple). Les autres stages se déroulent dans des secteurs ou des services spécifiques de psychiatrie. Il est à noter qu’à l’heure actuelle, des discussions sur la réforme de l’internat sont en cours, avec notamment un possible passage à 5 ans au lieu de 4. Par ailleurs, à partir de son 6ème semestre, un interne en psychiatrie a la possibilité d’effectuer des remplacements en libéral, soit dans des cliniques privées, soit chez le psychiatre de ville. Il s’agit à ce jour de la seule voie d’accès à une expérience en libérale pour les internes. Or certains d’entre eux souhaitent se destiner à terme à cette pratique. Dans ce contexte, la question d’adapter la maquette du DES de psychiatrie afin d’élargir les possibilités de formation à la pratique libérale s’est donc posée. *Internes en psychiatrie.
DEMANDE DE FORMATION
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TRANSMISSION SOIGNANT / SOIGNÉ, TRANSMISSION TUTEUR / ÉLÈVE Pascal Vesproumis*
ujourd’hui, « lien » et « transmission » s’assemblent et se ressemblent, mais au-delà d’une implication mutuelle, ils symbolisent deux entités bien différentes.
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La transmission occupe une place importante en médecine générale, faisant fonction de témoin du partage de connaissances, de secrets, entre patients et médecins, entre médecins et étudiants, entre les professionnels de santé euxmêmes. La transmission conduit vers l’autonomie… celle du patient… et celle de l’étudiant (Winnicott, la capacité à être seul, et Louis Velluet). TRANSMISSION SOIGNANT/SOIGNÉ - Les connaissances, - L’histoire de la maladie, les évènements de vie (mariage, naissances, décès …), - Situation matérielle des patients (finances, logements…), - Les secrets : de famille, personnels avec les séparations, les suicides, l’alcoolisme, l’adultère, les dépressions sévères. *Médecin généraliste, addictologue (St-Brieuc)1
FORMER - ENSEIGNER
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LA PARANOÏA À DEUX : EY-LACAN Transmission, partage, création Patrice Belzeaux*
vant la transmission, il y a le partage, et au delà du partage, il y a la création A qui n’est jamais création ex nihilo, mais tout de même, rupture volontaire, ou non, par rapport à l’ancien, au classique, à l’académique. Nous allons examiner ce qui fût au point de départ de la psychiatrie moderne que nous avons connue jusque dans les années 1980, avant l’arrivée du DSM en France, qui a fait les ravages que l’on sait dans la transmission d’une psychiatrie du Sujet et de la Personne. Tout part de la fondation du groupe de l’Évolution psychiatrique et de l’arrivée à Ste Anne de deux brillants internes du Pr Claude : Henri Ey (1900-1977) et Jacques Lacan (1901-1981). Notre travail portera sur les effets de partage, de transmission et de création que la relation entre les deux jeunes hommes a pu générer. La récente publication par le Crehey des « Leçons du mercredi sur les Délires chroniques et les psychoses paranoïaques » [1] qui permettra aux jeunes générations d’avoir accès aux tapuscrits écrits par H. Ey pour son enseignement du mercredi à Ste Anne, enseignement qu’il a tenu des années 30 aux années 60, complète les informations que nous pouvions avoir sur les premiers temps de la relation entre le fondateur de la psychiatrie moderne et le fondateur de l’École Freudienne de Paris qui eurent tous deux une large audience internationale. *Psychiatre, psychanalyste, Perpignan
FORMER - ENSEIGNER
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LA TRANSMISSION ENTRE POUVOIRS ET DESTINÉES Patrice Charbit*
ans un village italien isolé, perdu dans les montagnes, autour de 1942, le chef de la communauté découvre un vieux grimoire, une bible, l’ancien testament, et déduit de sa lecture qu’il vénère en son église des images. Sans nouvelle du monde extérieur, livré à ses seules rêveries comme sur une île déserte, il entreprend de débarrasser ses concitoyens des idoles et de revenir aux pratiques originaires d’un peuple de l’antiquité qu’il croit disparu : le peuple juif. Aussi hors du temps qu’écartée du reste du monde, cette communauté abandonne la sainte trinité et ses figures pour un monothéisme plus strict. Selon ses déductions, l’église de ses pères serait une dérive au regard de sa découverte.
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À partir de sa lecture, il décide de consacrer l’idée de Dieu et non sa représentation. Il en convainc son petit peuple et imagine que celui-ci représente les seules effigies sur terre de cette lointaine révélation. Il éprouve seul le poids d’une vérité cachée depuis des millénaires. Une telle responsabilité, forcément, ça encombre… Au-delà du fait qu’il ait failli avoir raison sur ce point au regard des ambitions génocidaires du troisième Reich, puis que tout ce petit village ait émigré en Israël peu de temps après sa naissance, il convient d’observer les conditions rocambolesques de cette transmission. Ceci n’est pas tiré d’un roman, bien que cela en ait l’étoffe. *Psychiatre, Montpellier
FORMER - ENSEIGNER
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« TRANS-MAÎTRE » Gilbert Letuffe*
« Trans » est un signifiant (préfixe, bien entendu) qui circule abondamment dans le discours social actuel, au point d'être le fer de lance d'un mouvement féministe butlérieni qui défie l'équivoque identitaire sexuelle par un choix volontaire plus ou moins ludique de cette identité à nous mettre quasiment en transe ! Le préfixe, quant à lui, a le sens en français d’au-delà, à travers, ce qui marque le passage, ou le changement. (Petit Robert) « Maître », que nous écrivons à dessein ainsi pour faire écho aux différents modes de transmission que nous supposons mis à l'œuvre dans cette opération dont la structure des discours a été écrite par Jacques Lacan dans son séminaire L'envers de la Psychanalyse : Discours du Maître, Discours Hystérique, Discours Universitaire, Discours Analytique. Discours du Maître : nous ferons un petit détour par Platon où, dans le « Ménon », il nous expose la transmission d'un savoir qui s'offre au sujet par réminiscence : Je sais que je ne sais pas, et tout l'art dialectique de Socrate va démontrer à Ménon que l'esclave « se souvient » de ce qu'il ne sait pas. Socrate, en bon hystérique, pointe au Maître son insuffisance : il n'y a pas de Maître de la Vertu, et Anytos s'en va, la queue entre les jambes, très en colère contre Socrate. S'il n'y a pas de maître de la Vertu, elle ne peut donc pas s'enseigner ; mais alors, comment la transmettre ? Socrate veut démontrer à Ménon que l'esclave peut retrouver un savoir qu'il ne savait pas, et ceci sans Maître, seulement en l'interrogeant avec adresse. *Psychiatre, Chambéry
FORMER - ENSEIGNER
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APPROCHE DE LA PSYCHIATRIE LIBÉRALE POUR LES INTERNES Éric Trioux*
près un parcours hospitalier classique, voilà maintenant une douzaine d'années que je me suis installé en libéral à Vannes, dans le Morbihan.
A
J'ai toujours gardé de bons contacts avec les services hospitaliers, et j'interviens depuis quelques années dans les séminaires de formations destinés aux internes de psychiatrie de l'EPSM de Saint Avé, dont dépend Vannes. Un jour, en discutant avec le responsable de ce séminaire, je lui ai fait part de l'impression que j'avais que les internes de psychiatrie ne connaissaient pas vraiment, voire qu'ils méconnaissaient ce qu'était la psychiatrie libérale. Au fil de la discussion, il m'a suggéré de leur faire un exposé spécifique sur la psychiatrie libérale. Je me suis alors souvenu du moment où j'avais franchi le pas et où j'avais vissé ma plaque en ville. Je me suis rappelé combien la formation d'interne est hospitalo-centrée, et à quel point la psychiatrie que j'avais apprise à l'hôpital pendant mes étude différait de celle que je pratiquais maintenant à mon cabinet. J'ai pensé qu'une intervention auprès des internes leur permettrait d'entrevoir cette différence, et, en leur montrant tout l'intérêt de la psychiatrie de ville, atténuerait leur craintes quant à la faisabilité d'une installation et finalement *Psychiatre, pédopsychiatre, Vannes.
FORMER - ENSEIGNER
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PSY, DSM, TRANSMISSION Jean-Charles Douchet*
in 2003, le rapport Cléry-Melin (1) m’a interrogé en tant que psychiatre dès son introduction : « La psychiatrie est une discipline médicale qui reconnaît des diagnostics décrits dans des classifications comme la CIM 10 et le DSM IV ». Sont posées là, les bases d’une psychiatrie découplée de toute approche psychodynamique. Que deviennent angoisse, dépression, mots désormais entrés dans le discours commun, entendus de la part de sujets au décours d’absorption excessive de tranquillisants, mais aussi de la part de soignants pour décrire toute détresse psychique ?
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Symptôme ? Trouble maintenant ! Le DSM IV TR (2), bientôt le V, est l’aboutissement d’ une volonté de se plier aux exigences de l’EBM, l’ Evidence Based Medecine, la médecine dite scientifique ; un langage commun donc, entre psychiatres, dans une psychiatrie scientifique « mondialisée », laissant de coté la nosographie psychiatrique classique, largement inspirée par la psychanalyse, pour une « santé mentale » dont la clinique se réduit à un catalogue de troubles. Volonté de définitions claires, précises, évaluables par des échelles, avec une conséquence : la pratique médicale quotidienne ramène le plus souvent angoisse et dépression à toute sensation de malaise existentiel. *Psychiatre, Yffiniac
FORMER - ENSEIGNER
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DE LA TRANSMISSION DES SAVOIRS DE LA POSTURE À L’IMPOSTURE ? Jean-Yves Ropers*
n guise d’épilogue à cette journée où, tour à tour, et par des supports différents, vous avez donné à voir certains aspects de la psychiatrie, il nous a semblé pertinent de nous interroger et de mettre en débat l’évolution de la manière dont se transmettent les savoirs. Il s’agit de tenter de définir, non pas tant ce qui est transmis que les implications concrètes de cette transmission sur notre pratique. En d’autres termes, il s’agit de mettre en discussion ce qui apparaît comme une spécificité, une culture.
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Du gardien de fou à l’infirmier de secteur L’infirmier de secteur psychiatrique est l’héritier des gardiens de fous qui travaillaient dans les asiles et qui suscitaient autant que leurs patients méfiance, peur et rejet. Le premier infirmier psychiatrique de l’histoire a été J. B. Pussin ; Il fut surveillant à Bicêtre après y avoir été admis comme malade. Progressivement, il fut promu surveillant dans le service des aliénés puis chef de la police intérieure des loges et gouverneur des sous-employés en 1793. Lorsque Pinel prend ses fonctions de médecin, il y découvre un humaniste et une personne compétente pour gérer la folie en institution. J. B. Pussin et sa femme ont déjà commencé les réformes humanitaires ayant pour objectif de supprimer cette coutume barbare de l’usage des chaines pour les aliénés. Il est le père *Infirmier, St Brieuc
FONDER SA PRATIQUE
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LE DESSIN D’ENFANT OU COMMENT PENSER LA COMPLEXITÉ Michel Fruitet*
’anime un séminaire sur le dessin d’enfant depuis de nombreuses années. Chaque séance d’enseignement est consacrée à l’étude d’un cas clinique, présenté par un des thérapeutes en formation. L’articulation entre la pratique et les repères théoriques est au centre de cette tentative de transmission où l’écoute du discours latent est princeps. La présence du dessin adressé par l’enfant au thérapeute, qui s’inscrit dans une relation transférentielle, est une chance inouïe pour mettre au travail nos capacités à ressentir, voir, écouter ce qui se dit et qui fait trace. Dans ce temps d’après coup, penser la complexité, est ouverture à la créativité, cœur de notre métier de thérapeute.
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Pour rendre compte de ce travail de transmission, je vous propose de cheminer dans l’analyse de quatre séances d’une psychothérapie d’un enfant de sept ans, où je suis en place de thérapeute. Pierre se sépare facilement de sa mère pour venir dans mon bureau. Il s’assoit, anxieux, agité par de petits mouvements. Il me regarde et articule des paroles sans émettre le moindre son. Je lui dis que je n’entends pas ce qu’il tente de me dire. Je joue avec cela et rapidement, lui propose une feuille pour dessiner. Il dessine, très concentré, sans un mot. Le ciel, la mer, le soleil, puis les nuages. J’interviens « le soleil qui se couche dans la mer, c’est ça qui fait tous ces nuages ? » *Pédopsychiatre, psychanalyste, Montpellier
FONDER SA PRATIQUE
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TRANSMISSION : DES IMAGES ET DES MOTS Thierry Delcourt*
(Cette intervention était articulée, lors des Journées Nationales de Dinan, autour d’un support d’images et de textes associés. La reproduction, ici, du texte seul, opère, malheureusement, une déperdition sensible de la force du message tenté dans cette expérience polémique de transmission)
e vous propose un essai en images et textes, sorte de mise à l’épreuve d’une forme de transmission ouvrant une boîte à outils d’action clinique singulière et partageable en utilisant les images et les mots : ce qu’il nous est possible d’entendre de ce qui nous est transmis au quotidien par nos patient(e)s, leurs symptômes et leurs souffrances. Cette présentation vise à repérer la dynamique et la malléabilité de notre corpus clinique : sclérose ou enrichissement, capacité de déconstruction, confusion ou connexion des champs, influences idéologiques… Et tout d’abord, les messages complexes et liminaux injectés par les multiples intervenants sur la scène psychiatrique : médias, industrie pharmaceutique, administrations, gouvernants, collègues avec ou sans conflits d’intérêt dissimulés ou non, spécialistes des neurosciences, psychanalystes de diverses formations et obédiences, données épidémiologiques, sociologiques, culturelles et politiques…
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*Psychiatre à Reims
FONDER SA PRATIQUE
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TRANSMETTRE DES SAVOIRS, MAIS PAS SANS PAS Françoise L. Meyer*
omment transmettre ? Les psychanalystes ne cessent pas de s’interroger autour C de cette question, d’autant qu’elle se situe au centre de la formation des analystes. Que s’agit-il de transmettre : la clinique, la théorie, un savoir faire ? Il apparaît qu’il n’y pas de disjonction entre la transmission de la clinique et celle de la théorie. Quant au savoir faire, s’il n’est pas sans lien avec la théorie et la clinique, il ne saurait s’enseigner comme celui du tailleur de pierre ou de la dentellière, et il participe de l’acte, autant dire de l’impossible à transmettre en tant que tel. La clinique de l’analyste constitue le socle de son éventuel enseignement, cependant, elle n’est pas le seul élément le constituant. Il a d’autres sources : la littérature, l’art, par exemple. Ce sont des sources, c'est-à-dire il n’y applique pas la psychanalyse. Il se laisse enseigner par ce qu’il rencontre, aussi bien le dire des patients que par le roman, la poésie, le théâtre, la musique, l’opéra, la danse, la mise en scène, la performance, etc. Il apprend de l’autre, des autres, de leur production. Ce qu’il apprend, c’est à condition de se laisser enseigner. Toutefois, il ne peut, au moment où il décide de rendre compte de son expérience, s’extraire. Qu’est-ce à dire ? Ce que la psychanalyse met en avant, c’est notre irréductible rapport à l’Autre, ce qui n’est pas sans conséquence sur son exercice et sa transmission. En effet, *Psychanalyste, Paris
FONDER SA PRATIQUE
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UNE ACTUALITÉ DE LA PLAINTE Chantal Coornaert*
a plainte actuelle ne viendrait-elle pas (entre autres) d'un défaut de Lrepérer transmission ? J'assimilerai ici le mot plainte à la demande et à ce qui peut se chez les patients, notamment lors des premiers entretiens. Quelles seraient les composantes de cette défaillance de transmission ? Ces dernières pourraient-elles être historiques et sociologiques ? À Lorient, en 2001, dans un atelier des journées, j’avais déjà évoqué « l’influence de la société actuelle sur la pratique clinique en psychiatrie libérale ». J’ai toujours été intéressée, intriguée par la rencontre entre un destin, une névrose individuelle, et ce que l’on appelle un phénomène de société. À Marrakech, en évoquant « hystérie et société », j’avais brossé un tableau où les symptômes pouvaient prendre la couleur du temps. Très récemment, et en suivant le fil de ma pensée, je suis tombée sur la formulation d’un sociologue à qui je me réfère volontiers ici, Alain Ehrenberg. Dans son dernier livre, Malaise dans la société, il formule ainsi les choses : « mal individuel et mal commun ». Cet ouvrage approche brillamment l’individualité, l’autonomie en France, aux États-Unis ; on y retrouve aussi un travail sur l’évolution de la psychanalyse aux États-Unis, en Angleterre et en France depuis les années 50. J’y prends cette phrase assez paradigmatique, nous serions passés d’une plainte névrotique qui peut se résumer en « que m’est-il permis de *Psychiatre, Gif sur Yvette
FONDER SA PRATIQUE
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RETRANSMISSION Michel Popovitch*
’origine du Compagnonnage est difficile à déterminer. Les premières traces de son existence remontent vraisemblablement au Moyen Age. Mais les premiers signes très concrets ne datent que du XVIIème siècle. Les Compagnons d’alors sont des constructeurs qui voyagent de chantier en chantier, de Patron en Patron. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, avant la naissance du Syndicalisme, le Compagnonnage est seul à proposer à un jeune ouvrier une véritable émancipation. La retransmission du métier et du Compagnonnage se fait au sein de l’atelier ou du chantier, de gré à gré.
L
Si le fond du Compagnonnage ne change pas, sa forme a beaucoup évolué avec aujourd’hui tout un circuit de Maisons petites et grandes, la présence d’une trentaine de Métiers différents et une proposition de voyage de par la France et de par le monde. Les Compagnons parlent plus facilement de retransmission que de transmission, chacun ayant parfaitement conscience de bénéficier de ce que des plus Anciens ont construit et légué. Chacun est le relais, avec en plus, cette possibilité d’améliorer, de peaufiner l’ouvrage. De toute façon, un métier n’est jamais si beau que s’il est partagé et redonné.
*Compagnon du Devoir et ses garçons, Sébastien, Emmanuel et Thomas.
LES AVATARS DE LA TRANSMISSION
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TRANSMETTRE : L’ACTE DE DIRE Dominique Texier*
e la clinique pour commencer, à propos de ce texte lui-même, parce que finalement écrire, c’est prendre le risque de se constituer symptôme de son propre texte : telle fut l’expérience que me permit celui qui accepta de s’en faire l’adresse. Comme nous échangions autour de la production de nos textes, il m’interpella sur la nécessité que j’avais eue de faire appel à l’expérience de Lacan, avec un discours empruntant à ses écoles, alors que je parle d’effacement et de renoncement au savoir. L’effet qu’a eu cette interpellation, fut de sentir comment on ne pouvait parler de transmission sans s’inscrire dans une filiation : prendre le risque de parler de transmission ici, avec vous, a précipité le recours à une filiation, de se sentir affiliée à un discours incarné par un homme, qui, de son effacement, a pris la place pour moi de père mort, symbolique. Le symptôme que j’ai constitué, car c’est un symptôme, fut d’emprunter une langue, du lieu vide et d’effacement de celui que je fais référent et de m’affilier à une chaîne qui me permette à mon tour de faire une boucle avant de laisser la place. C’est-àdire que l’effet de transmission de celui que je nomme ici référent symbolique, s’est opéré dans l’après-coup de son effacement, à partir de la place qu’il a vidée : c’en est l’effet, que je suis seule à pouvoir assumer, et qui pourtant n’a dépendu que de sa capacité à pouvoir s’effacer d’un vouloir transmettre coûte que coûte. La transmission est un mouvement en rétroaction, la répétition d’une
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*Psychiatre, Paris et Thonon
LES AVATARS DE LA TRANSMISSION
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LA FABRICATION DE L’HISTOIRE Jacques Barbier*
Ou comment réparer l’histoire ? Le titre de l’émission de France Culture La fabrique de l’Histoire m’a inspiré ce titre qui indique cependant le processus plus que le lieu de fabrication. La formulation est équivoque, mais a cependant le mérite d’indiquer que l’histoire se fait, s’écrit, et peut s’écrire autrement. Les livres d’histoire que nous avons fréquentés ou dont nous avons découvert l’existence dans un grenier nous le montrent. La dimension mythique de toute histoire n’échappe plus. Cependant, il persiste des tenants de l’histoire authentiquement vraie, le mot « vraie » mis à la place du mot exact au nom de la Nature ou de la Race, par exemple. Habiter une histoire est l’équivalent d’une position temporo-spatiale, c'est-àdire une position relative, autrement dit en relation. Penser « relation » implique une pensée de l’hétérogène. Le courant comparatiste est récent en Histoire. Il n’a eu de voix officielle dans l’Université française que depuis une cinquantaine d’années. Les sensibilités nationalistes de part et d’autre du Rhin ou du Channel en imposaient l’impensé. De même dans les familles tournées sur elles mêmes, la non-pensée de l’altérité – d’autres diraient de l’exogamie – produit une histoire à usage interne, *Psychiatre, Psychanalyste, Reims
LES AVATARS DE LA TRANSMISSION
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GÉNÉRATIONS… ? Jean-Jacques Xambo*
otre métier de psychiatre libéral est-il un savoir faire artisanal qui se transmet « de père en fils », apprentissage d’une technique, compagnonnage du geste, relation de filiation ?
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L’évolution technoscientifique ringardise rapidement la légitimité de l’aîné comme pair expérimenté, au profit d’être « efficace, rapide, plus flexible… moins coûteux ». Le savoir-faire thérapeutique ne se réduit pas aux champs de connaissance ou aux repères théoriques qui l’informent. Les logiques de l’évaluation et un idéal d’efficacité ciblé, rapide, objectivable, favorisent des modèles bijectifs, souvent tautologiques mais à prétention hégémonique… Ainsi, là où la transmission échoue, c’est quand se formatent des raisonnements simplistes : Tout est cerveau ! Tout est médicament ! Tout est corps… Tout est social ? Tout est parole ! Tout est génétique… Avons-nous, avant tout, à transmettre un plaisir de penser la complexité, un désir d’entendre, une aptitude à se laisser enseigner autant par nos patients que par l’innovation en science. Transmettre n’est pas cloner ! Comment faire vivre des rencontres de transmission ? *Psychiatre, St-Clément de Rivière
LES AVATARS DE LA TRANSMISSION
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UNE AVENTURE DE LA TRANSMISSION : LE RÉVEIL ? Ly-Thanh-Huê*
l y a parfois de grands moments d’incertitude dans l’expérience de la parole, qui nous font nous demander parfois ce que nous pouvons bien apporter aux patients et ce qui peut bien s’en transmettre : d’eux au psy qui les écoute, du psy qui les écoute à eux-mêmes, puis à d’autres encore, de façon plus didactique, c’est-à-dire sur un mode plus universel.
I
De tous ces échanges, il me semblait que pouvait se donner à entendre, comme un petit détail dans l’expérience, qu’on pourrait nommer « réveil », un petit détail qui accroche l’écoute, un petit détail qui suscite la curiosité. C’est ce petit détail que je vais essayer de vous présenter, de vous le rendre présent, de le transmettre peut-être. L’expérience de parole ainsi dégagée, ferait-elle découvrir ce petit détail qu’est le réveil pour un sujet, soit la saisie de ce qui passe d’un état à un autre, de la nuit à la lumière ? Dans cette opposition maximale, le réveil laisserait-il sa trace dans le maniement de la parole elle-même ? Un réveil, non dans le sens d’une religiosité, trait que véhicule la langue certes, mais un réveil qui sortirait de ce que les poètes et philosophes nomment les songes de la vie, et qu’avec Lacan, il est peut-être possible de nommer, je le cite, comme « la ronde des discours », la « ritournelle », le petit « refrain » que se raconte celui qui vient parler. *Psychiatre, psychanalyste, Angers
PSYCHOPATHOLOGIE ET TRANSMISSION EN SOUFFRANCE
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VERS UNE PRATIQUE NOUVELLE : LA PSYCHOGÉNÉALOGIE ANALYTIQUE Nicole Cavasse*
on propos est de présenter les fondements d’une cure que je mène en intriquant deux pratiques, celle du psychanalyste et celle du psychogénéalogiste. Je l’appelle cure psychogénéalogique. Le but de cette cure est le même que celui de la cure-type : atteindre chez le patient le noyau de sa vie psychique infantile afin de le libérer des impasses de sa situation œdipienne. Mais le mode d’accès à ce monde infantile se différencie radicalement de celui de la psychanalyse puisqu’il s’étaye sur l’étude de la généalogie du patient.
M
Présentation d’une méthode La plupart des psychanalystes admettent aujourd’hui la notion de transmission psychique à travers les générations. Depuis les travaux de Nicolas Abraham et Maria Torok, dans les années 1970, nous savons que nos patients peuvent souffrir de traumatismes familiaux antérieurs à leur conception. Ne les ayant pas vécus, ils ne peuvent les rejouer dans un transfert sur le psychanalyste. Ce qui fait retour dans leur cure est du généalogique et non du refoulé. Ce généalogique se détecte dans les ratés du transfert, ou dans son absence, ce qui demande une attention particulière du psychanalyste et rend les cures longues et difficiles, avec des résultats aléatoires. *Psychiatre, Paris
PSYCHOPATHOLOGIE ET TRANSMISSION EN SOUFFRANCE
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PSYCHOPATHOLOGIE DE L’HÉRITAGE Annie Stammler*
ans quelle mesure peut-on considérer le symptôme psychique comme étant une difficulté à se débrouiller avec cet héritage qu’implique le fait d’être l’enfant de nos parents, eux-mêmes enfants de leurs propres parents, etc ?
D
L’expérience clinique nous démontre à l’envie combien hériter ne va pas de soi ; il demeure toujours aussi scandaleux qu’inévitable que nous héritions des failles et des souffrances de nos parents, de même que nos enfants hériteront des nôtres. Peut-on négliger cette empreinte ou la refuser ? Elle nous rattrape parfois de manière bien détournée. L’opportunité qui nous reste et qui n’est pas des moindres, demeure, outre la nécessité de faire l’inventaire de cet héritage, d’en accepter les termes afin de pouvoir en faire quelque chose d’intéressant plutôt que d’en rester victime. Qu’implique cette acceptation ? Ici s’ouvre le champ de la créativité, de cette curiosité jamais déçue dans l’accompagnement de nos patients. Comment vont-ils trouver le moyen de s’en débrouiller ? Que vont-ils pouvoir en faire ? Par quels chemins la reconnaissance de cet héritage va-t-elle les faire passer ? En quoi notre propre cheminement personnel est-il déterminant dans ce compagnonnage ? *Psychiatre, Paris
PSYCHOPATHOLOGIE ET TRANSMISSION EN SOUFFRANCE
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TRANSMISSION ET RITUELS Éric Samama*
u’il n’y ait de transmission sans ritualisation m’est apparu comme une évidence. Une évidence parce que nous sommes prisonniers de rites, de rites sociaux plus que religieux et à notre insu. Des rites intuitifs dont nous n’avons même plus conscience. « Entrée, plat, fromage, dessert… ». « Couteau, fourchette, cuillère, verre ». « Bonjour, merci, excusez-moi, au revoir… ». On ne peut réduire la fonction et l’incidence du rite sur la pensée et les conduites à une croyance magique comme dans l’expression pathologique de la névrose obsessionnelle. Le rite va apparaître aussi ambigu et complexe dans sa définition que la transmission, parce qu’il marque un écart et une tentative de faire lien.
Q
La transmission signifie étymologiquement faire passer au delà, céder un droit. Mais l’usage courant du terme renvoie à la transmission mécanique, la chaîne de vélo, l’arbre d’un moteur, la transmission d’une maladie, d’une information et surtout, ce qui nous préoccupe tous, la fameuse transmission biologique neuronale censée justifiée toutes les maladies psychiatriques, terme rendu obsolète par l’apparition d’une nouvelle clinique basée sur le trouble et non sur la maladie mentale dont on ne souhaite plus parler ni à l’université, ni chez les politiques. Dans la transmission, il y a écart et perte, l’écart réel entre les deux pignons matérialisé par la courroie, l’espace synaptique, l’antenne ou l’onde *Psychiatre et psychanalyste, Paris
PSYCHOPATHOLOGIE ET TRANSMISSION EN SOUFFRANCE
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LES PÈRES DANS LA PÉRINATALITÉ De l’accordage au désaccordage parental Michel Jurus*
Introduction Le monde périnatal est une constellation d'interactions. Étudier le père dans la période périnatale, c’est observer les remaniements relationnels qui existent dans la dyade conjugale, puis dans la triade familiale, mais aussi dans les familles qui l'entourent. L'homme s'inscrit dans un continuum parental en référence aux mères et aux pères de sa famille. La paternité et la maternité révèlent un moment fondateur de l'humanité. La rencontre d’une femme et un homme, puis la qualité de leur relation, seront déterminantes dans la création de cet espace relationnel indispensable pour le développement harmonieux du nourrisson. La première dyade en périnatalité – la dyade fondatrice – c’est le couple. La période périnatale existe dès le projet d’enfant. Le père ne peut être défini que par rapport aux tiers présents : sa compagne et mère de son enfant, son bébé et enfant de sa compagne, mais aussi ses propres parents et tous ses ascendants. La grossesse est l’occasion d'importants remaniements libidinaux, psychiques et physiques pour le couple. Le remaniement se fait par la transformation d’une relation de couple en une dynamique familiale. Des liens vont se transformer dans le passage d’un duo vers un trio. Le père comme la mère ont un rôle essentiel dans la création d’un nouvel équilibre qui offre l’harmonie pour le bébé. Le rôle essentiel du père est *Psychiatre, Lyon
PSYCHOPATHOLOGIE ET TRANSMISSION EN SOUFFRANCE
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LA TRANSMISSION INTERGÉNÉRATIONNELLE À TRAVERS LES CULTURES Françoise Hubert Duplex*
la lumière d’un cas clinique traitant d’un défaut de transmission de la langue d’origine des parents, nous évoquerons l’importance de ce qu’est l’être de langage. Nous interrogerons le pourquoi, le comment, des échecs de la transmission symbolique, et de ses conséquences sur la santé mentale. Nous accorderons une place au sentiment de honte qui colore souvent ces drames individuels.
A
Dylan, jeune de 9 ans, camerounais d’origine, a inspiré les réflexions qui suivent. Ses deux parents étaient jeunes adultes lorsqu’ils sont arrivés en France, issus d’un milieu plutôt favorisé de Douala. Je reçois leur enfant Dylan depuis 18 mois lorsque je rédige cette observation. Le papa est un intellectuel supérieur diplômé d’une grande école parisienne. La maman s’occupe de ses 4 fils (de 9 ans pour l’aîné à quelques mois pour le dernier), le papa a parfaitement réussi son intégration sociale, tandis que sa femme reste en retrait, ce qui se traduit chez elle par des critiques systématiques envers les aides apportées à Dylan, tant par le milieu scolaire que soignant. Cette femme m’était apparue déprimée lors de la grossesse du dernier « encore un fils ! », dira-t-elle. La maison dans laquelle ils vivent, sera également rendue responsable des manifestations pathologiques de l’enfant, du fait de la présence de supposées « mauvaises ondes »… La profession du papa les a *Psychiatre, compétence psychiatrie de l’enfant et l’adolescent, psychanalyste, Le Mans
PSYCHOPATHOLOGIE ET TRANSMISSION EN SOUFFRANCE
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CONCLUSION Yves Froger*
« Transmettre : hasard et nécessité », ce thème s’est dégagé des première réflexions, du comité scientifique de l’AFPEP, en écho à une ambition de renforcer le contact avec les internes en psychiatrie et notamment par le biais de leur association partenaire pour l’organisation des Journées. Une image m’est venue pour parler de l’action et de la dynamique de l’AFPEP dans cette affaire-là. C’est celle des courses de relais où chaque relayeur doit transmettre le témoin au partenaire qui le suit. Mon idée, cela m’est venu après, était qu’il aurait été intéressant d’entendre sur la question de la transmission, nos plus anciens aînés qui étaient là à la construction de l’AFPEP parce que c’était déjà leur ambition, c’était déjà ce à quoi ils se sont confrontés. Cela aurait été intéressant de les entendre. Il en reste quelques uns : Vincent Mazeran, Claude Forzy, Robert Michel Palem et j’en oublie certainement. Ceux d’entre vous qui les croisent pourront peut être leur parler de tout cela. Le travail de l’AFPEP illustre cette dynamique, la soutient. Et cela montre bien que tout ce qui se passe à l’AFPEP créée il y a 40 ans, c’était les 39ème Journées cette année, en 2000, il n’y en a pas eu, sans quoi nous aurions été aux 40ème Journées cette année. La transmission, c’est l’organisation successive des Journées Nationales, qui chaque année nous permettent toujours d’entretenir et renouveler cette dynamique. D’une certaine façon, ce que nous avons entendu ces deux jours, nous rappelle et nous montre ce qu’est la transmission. Pourquoi est-ce que cela convient si bien à l’AFPEP ? *Psychiatre, Lorient
HOMMAGE À ÉMILE ROGÉ
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ÉMILE ROGÉ NOUS A QUITTÉS, BRUTALEMENT ! Hervé BOKOBZA*
u téléphone, trois jours avant, il me parlait avec enthousiasme de son manuel de psychiatrie jungienne qu’il venait enfin de terminer, et me demandait des conseils pour trouver un éditeur. Il fut et restera toujours un des piliers et des pères fondateurs de l’AFPEP – SNPP. Sa culture, ses fulgurances, son imagination, sa qualité de présence en faisaient sans doute le plus original et le plus précieux d’entre nous.
A
Je le surnommais « Notre Raymond Devos de la psychiatrie ». L’humour lui était chevillé au corps ; les oscillations permanentes de son humeur étaient complètement intégrées à son désir de rencontre à l’autre ; son rire fracassait l’espace. Quand la tristesse l’envahissait, l’atmosphère devenait irrespirable… Sa manière extrêmement inventive et sans doute atypique de s’occuper en cabinet des patients gravement malades en faisait un psychiatre des plus atypiques ; et quand je lui en parlais librement, il me répondait : « C’est la moindre des choses que nous devons à nos patients, ne crois tu pas ? » Le texte ci-joint de notre ami et compagnon Robert Palem exprime magnifiquement l’influence d’Émile Rogé sur la construction et le devenir de la psychiatrie française. *Président d’honneur de l’AFPEP - SNPP
HOMMAGE À ÉMILE ROGÉ
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ÉMILE ROGÉ (1933-2011) Robert M. Palem*
sychiatre privé et psychanalyste parisien. Longtemps pilier et attraction de l'AFPEP1. Atypique, génial et (un peu) fou... le psychiatre idéal (rêvé), quoi... Une présence physique et morale impérieuse2. Un ami fidèle mais exigeant : il fallait prendre parti, avec lui ou contre lui. Comme Nacht, il s'interrogeait : "Comment peut-on être à la fois neutre et bienveillant ?" Stimulant, déroutant. Un entraîneur, un impulseur. Témoin intransigeant et participatif. Ses patients ont gardé de lui le souvenir d'avoir été "secoués" (disent-ils), sortis de leur léthargie, "arrachés" à leur névrose, mais en même temps d'avoir pu compter sur une "prise en charge" totale de sa part, un engagement hors du commun. Ses femmes... toujours impressionnées et débordées ; pas facile de vivre à côté d’un volcan !
P
Que retenir de lui ? Lui, impossible à retenir, l'insaisissable. Je pointe... - Son texte lumineux et inspiré sur "La tâche du Psychothérapeute"3 - Son Rapport de synthèse aux Premières journées nationales de la Psychiatrie, à Avignon4 - La charte de la psychiatrie française, fruit d'une longue réflexion de l'AFPEP et dont les termes furent pesés et soupesés avec la collaboration de *Perpignan 2 octobre 2011.
HOMMAGE À ÉMILE ROGÉ
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Autour des psychothérapies
LA TÂCHE DU PSYCHOTHÉRAPEUTE Émile ROGÉ*
Tâche librement choisie, ou acceptée. Vocationnelle : tâche de nature. Occupationnelle : tâche de structure. Le choix de l'acceptation (l'acceptation du choix) conjugue nature et structure. L'une et l'autre, aussi bien que les deux ensemble, ne peuvent s'exercer : - que dans une nature (l'environnement), - que par une culture, en même temps apprise (collective) et acquise (personnelle), alliant l'art (le métier) à la manière de l'exercer, spécifique à chaque psychothérapie, et à chaque psychothérapeute. Tout psychothérapeute exerce un art à sa manière. Mais qu'est-ce que la psychothérapie ?
1 – La psychothérapie C'est l'art, le métier, la métis, de soigner l'esprit (au sens de psyché globale) par l'influence qu'un esprit peut exercer sur un autre (Freud). Cette définition englobe la psychanalyse, nonobstant toute protestation. L'influence d'un esprit s'exerce sur un autre esprit par trois moyens : *Paris
HOMMAGE À ÉMILE ROGÉ
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PEURS – n° 91 – mai 1991 – Peurs
LA PEUR DU PSYCHIATRE VIS-À-VIS DU MALADE Émile ROGÉ*
De la peur à l’angoisse du Moi actuel Peur salutaire (Timor) • L'homme qui n'a plus peur s'endort. • La peur, dans sa nuance salutaire, est le parfait garant du maintien de la nécessaire vigilance, pour soi comme pour l'autre. • Avoir peur pour ne signifie nullement avoir peur de. • Il y a même contradiction formelle entre avoir peur pour et avoir peur de : la première induisant la maintenance de l'objet, et la seconde sa destruction. Exemple : une mère ne saurait avoir peur pour un enfant dont elle aurait peur. • Ce premier niveau détermine la faculté d'accueil du psychiatre : c'est effectivement dans la mesure de la peur salutaire (sa propre sauvegarde) de, et de la peur salutaire pour, que le psychiatre peut recevoir une personne, la peur de ou pour l'objet ayant été expressément (dans les deux sens du mot) ressentie et métabolisée. • La peur salutaire est l'expression consciente de l'instinct de conservation qui conditionne la mise en œuvre de l'instinct de conversation (à l'inverse des "jeux" de mots : jeu de mains, jeu de vilains...). *Paris
ANCIENS NUMÉROS
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LISTE DES ANCIENS NUMÉROS
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Le secteur. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Monaco, 1971) épuisé Libre choix. Temps partiel en voie d’épuisement. Pédopsychiatrie. Où, quand, comment ? en voie d’épuisement. La psychiatrie autonome et l’institution. Le secret. La demande. Etc. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1972) Hospitalisation. Secteur. Demande de soins, demande de psychanalyse. Le secret. Les pratiques. épuisé L’avenir de la psychiatrie libérale en voie d’épuisement. Le retour du/au corps. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1973) épuisé
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22 23
Le retour du/au corps (II) en voie d’épuisement. Exercice de groupe, exercice d’équipe (I) Pédopsychiatrie. Exercice de groupe, exercice d’équipe (II). Rééducation psycho-motrice. Le psychiatre et la société (II) en voie d’épuisement. Vivre en professionnel Pédopsychiatrie (salariés). Limites et fonction de la psychiatrie. L’argent. L’installation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Cannes, 1974) La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1975) épuisé Expériences - Psychopathologie. L’hospitalisation psychiatrique (I) Problèmes généraux.
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PSYCHIATRIES N°156 JANVIER 2012
L’hospitalisation psychiatrique. épuisé Les Journées Nationales de la Psychiatrie Privée (C.R. intégraux) : “La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ?” La psychose en pratique privée : textes introductifs. L’hystérique et l’institution. épuisé Psychose et institution. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Textes officiels et documents critiques. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Les débats parlementaires en voie d’épuisement. La psychose en pratique privée. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Biarritz, 1976) Du côté de l’organique - La psychiatrie ailleurs. Expériences de la clinique. Symptômes et structures. La dépression ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1977) épuisé Honolulu ou le combat pour la liberté en voie d’épuisement. Pratiques en question en voie d’épuisement. La psychiatrie et la santé. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Evian, 1978) Thérapies familiales. Trentenaire de l’Élan. Psychiatrie et cultures. Numéro spécial SZONDI. Horizons thérapeutiques. L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. épuisé L’écoute.... musicale. La psychiatrie et les contrôles. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Nantes, 1980)
50 51
52-53 54-55 56 57
58 59 60 61 62 63 64 65 66 67-68 68
69 70 71 72 73-74
75-77
78 79
Médecine et psychanalyse. épuisé L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1981) Le chemin parcouru. Sélection de textes publiés entre 1972 et 1975. L’intégration scolaire. La paranoïa aujourd’hui. Première partie. La paranoïa aujourd’hui. Deuxième partie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Perpignan, 1982) Médecine et psychanalyse. Clinique de la souffrance. Psychothérapie et/ou psychanalyse institutionnelles. Transsexualisme - Totalitarisme. La solitude. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Versailles, 1983) Psychiatries en institutions d’enfants. Médecine et psychanalyse. La difficulté de guérir. Éthologie de la sexualité. À d’autres.... Jeu, psychodrame et psychose. Du rêve. Du rêve : Deuxième partie. Chronobiologie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Reims, 1984) Autour de l’hystérie. Psychiatres en institutions d’enfants. Coûts en psychiatrie. Psychiatre, psychanalyse et feuilles de soins. Psychiatres, charlatans et magiciens. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1985) Le supposé clivage inconscient/biologique (I, II et III). (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Lyon, 1986) Urgence et patience. Julien Bigras. Hospitalisation privée. Autour de Henry Ey - De quelques “réalités”.
ANCIENS NUMÉROS
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Le délire, espoir ou désespoir (I). Le délire, espoir ou désespoir (II). (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1987) Autour des psychothérapies. Du père. Épidémiologie psychiatrique. La dépression dans tous ses états. Psychosomatique. Le psychiatre, le malade, l’état. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Hyères, 1988) Rencontres. Peurs. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1989) Psychothérapies. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Poitiers, 1990) Corps et thérapies. Le Temps. Les états de Dépendance. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Vanves, 1991) L’impossible à vivre. Souffrance psychique.... (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Annecy, 1993) La limite des névroses. L’enfant et la consultation. Le psychiatre et la loi. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Le Mans, 1994) L’enfant et la consultation. Les psychoses. Adolescence, des liens en souffrance. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Vichy, 1995) XXVe Anniversaire de la Psychiatrie Privée. Les Psychoses. L’Enfance. Psychiatrie et prévention, liaison dangereuse ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Ile de Ré, 1996) Souffrir de la peau. Peau et psyché, approche. Le psychiatre, la médecine et la psychanalyse. Le Secret. Psychosomatique 97. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1997)
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126-127 Suicide : d’une violence, l’autre. 128-129 La consultation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Beaune, 1998) 130-131 La responsabilité maltraitée (Séminaire A.F.P.E.P., Paris, 1999) 132-133 Filiations - Dimension clinique (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 134 La psychiatrie est-elle une science ? 135-136 Filiation et société (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 137 Nouvelles Filiations (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 138-139 Filiations culturelles, Filiations spirituelles (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 140 Traversée culturelle francophone à la découverte des pratiques ambulatoires de la psychiatrie. (Premières rencontres FRANCOPSIES, 2000). 141 L’intime et l’argent. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Avignon, 2002) 142 Le métier de psychiatre ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Lorient, 2001) 143 Le psychiatre et la psychothérapie 144 Les cachets de la folie (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Toulouse, 2003) 145 Les mots de la Psychiatrie (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris Bercy, 2004) 146 Psychiatre et citoyen (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Belfort, 2005) 147 Penser l’évaluation. Universel et singulier 148 Hospitaliser ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., La Chesnaie, 2006) 149 La Psychiatrie Médico-Sociale 150 L’écoute (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Le Havre, 2007) 151 La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie (Séminaire A.F.P.E.P. 2008) N° spécial Persiste et signe. Une étude clinique (2009)
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PSYCHIATRIES N°156 JANVIER 2012
L’engagement du psychiatre (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Annecy, 2008) Médico-social et psychiatrie, Du soin à l’accompagnement : quelle clinique ? (Séminaire A.F.P.E.P. 2009) Virtuel (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Nice, 2009) Le principe de précaution : Diktat prédictif ou prévention ? L’actualité d’une action syndicale Gérard Bles, Fondateur (Séminaire A.F.P.E.P. 2010)
BULLETIN D’ADHÉSION
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SYNDICAT NATIONAL DES PSYCHIATRES PRIVÉS ASSOCIATION FRANCAISE DES PSYCHIATRES D’EXERCICE PRIVÉ
COTISATION 2012 Le Docteur, Madame, Monsieur : Adresse : Tél. :
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Portable :
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Année d’installation : Exercice libéral
Hospitalisation privée
Exercice médico-social Merci de cocher tous vos modes d’exercice
Hospitalisation publique
Le cas échéant, association à laquelle vous participez localement : .........................................................................................................................................................................
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hasard et nécessité
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REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES
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JANVIER 2012 = N°156
Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé