Psychiatries n°151

Page 1

AVRIL 2009 = N° 151

La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie

AVRIL 2009 = N° 151

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé 28 €


REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie

AVRIL 2009 = N°151

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


2

PSYCHIATRIES N°151 AVRIL 2009

AFPEP-SNPP

L'Association Française des Psychiatres d'Exercice Privé (A.F.P.E.P.), fondée en juillet 1970, a promu une recherche théorico-pratique pluridisciplinaire sur la psychiatrie, son objet, son exercice, ses limites, en s'appuyant de façon plus particulière sur l'expérience de la pratique privée. Société scientifique de l'Association mondiale de psychiatrie (W.P.A.), affiliée à l'UNAFORMEC en tant qu'organisme de formation continue, l'A.F.P.E.P. anime de multiples cadres de travail nationaux ou décentralisés, prioritairement à l'intention et avec le concours des psychiatres privés, mais enrichis d'une très large participation nationale et internationale de cliniciens, chercheurs et théoriciens concernés par la psyché, dans toute la diversité de leurs orientations. Scandés par la tenue annuelle des “Journées nationales de la psychiatrie privée”, les travaux de l'A.F.P.E.P. s'articulent autour de sessions d'étude et de séminaires thématiques, régionaux ou nationaux. Productrice de modules de formation, elle accrédite et coordonne par ailleurs les activités de formation d'associations locales ou régionales de psychiatres privés. L'A.F.P.E.P. a élaboré en 1980 la “Charte de la psychiatrie” autour des références éthiques garantes de l'indépendance des praticiens ainsi que du respect des patients. L'A.F.P.E.P., association scientifique, à travers sa réflexion et ses recherches, donne socle à l'action du Syndicat National des Psychiatres Privés (S.N.P.P.) fondé en 1974. L'A.F.P.E.P.-S.N.P.P. a publié en 1995 le “Manifeste de la Psychiatrie”, synthèse des principes d'efficience d'une pratique confrontée aux risques contemporains de réduction bureaucratique et comptable de l'activité soignante des psychiatres privés.

AFPEP-SNPP 141, rue de Charenton - 75012 Paris - France Tél. : (33)1 43 46 25 55 - Fax : (33)1 43 46 25 56 E-mail : info@afpep-snpp.org - Site Internet : http://www.afpep-snpp.org


PUBLICATION DE L’AFPEP AVRIL 2009 - N°151 Secrétariat de la Rédaction 141, rue de Charenton 75012 Paris tél. : 01 43 46 25 55 fax : 01 43 46 25 56 info@afpep-snpp.org

Fondateur Gérard BLES Directeur de la Publication Olivier SCHMITT Directeur de la Rédaction Jean-Jacques LABOUTIÈRE Rédactrices en Chef Dominique JEANPIERRE Anne ROSENBERG Comité de Rédaction Jacques BARBIER, Antoine BESSE Hervé BOKOBZA, Pascal BOURJAC Patrice CHARBIT, Pierre COËRCHON Thierry DELCOURT, Anne DESVIGNES Martine DUBUC, Claude GERNEZ Chantal JACQUIÉ, Marie-Lise LACAS Marc MAXIMIN, Étienne ROUEFF Patrick STOESSEL, Jean-Jacques XAMBO Traduction en anglais et en espagnol Pascale DUMONT-ROSE Conception Graphique Marie CARETTE / Gréta Réseau Graphique Impression Imprimerie Nouvelle Sté Angevin - Niort ISSN 0301-0287 Dépôt légal : 2ème trimestre 2009 28 €



SOMMAIRE

5

SOMMAIRE ÉDITORIAL 1 - LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE Olivier Schmitt : Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 13 Thierry Jean : Responsabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 19 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 29 Hervé Granier : Irresponsabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 33 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 41 Catherine Paulet : La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 51 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 59 Sophie Baron-Laforêt : Quels objectifs pour les soins aux auteurs de violences sexuelles ? . . . . . . . . . . .p. 67 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 77 Jean-Pierre Deschamps : Coupable mais pas responsable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 81 Table ronde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 91

2 - RÉFLEXIONS SUR LA PRATIQUE PROFESSIONNELLE ET LES CHOIX SOCIO-POLITIQUES Dominique Texier : Une loi de prévention contre l’anorexie, un pas de plus vers la légalisation du pathologique ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 121 Jean-Jacques Bonamour du Tartre : Une réflexion partenariale sur la situation d’urgence psychiatrique avec refus de soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 127 Marc Maximin : Le risque d’être psychiatre : politique de la folie, folie de la politique. . . . . . . . .p. 139

DÉSIR DE LIVRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 157 ANCIENS NUMÉROS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 171 BULLETIN D’ADHÉSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 175


En vue d’échanger entre nous et de transmettre aux jeunes générations une clinique vivante et inventive, la revue « Psychiatries » ouvre ses pages aux collègues d’autres pays qui souhaiteraient témoigner de leur pratique. Nous demandons aux lecteurs qui en ont la possibilité de faire connaître cette initiative à l’étranger et de demander d’adresser les textes à la rédaction : info@afpep-snpp.org


7

ÉDITORIAL Le 5 avril 2008, l’AFPEP a organisé en partenariat avec le Collège de Psychiatrie et le Journal Français de Psychiatrie un séminaire, « Psychiatrie et Justice », suite à la loi Dati du 25 février 2008 relative à la rétention de sûreté des criminels dangereux et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental, modifiant à la fois le statut de la folie et celui du psychiatre dans notre société. Depuis lors le débat reste largement d’actualité puisque le Président de la République n’a cessé de stigmatiser la dangerosité du malade mental dans une logique uniquement sécuritaire - principe de précaution donc de prévention pour un risque zéro - et victimaire, reléguant loin derrière la question du soin. Thierry Jean nous rappelle que bien que la psychiatrie soit par essence médicolégale, cela n’en faisait pas, jusqu’à aujourd’hui, une police scientifique. Depuis Pinel, qui a séparé le fou du criminel, l’antipathie entre l’autorité publique et le corps des aliénistes a permis à la psychiatrie de se constituer en discipline authentique ayant en charge la folie. Or on constate une dérive de la mission expertale qui semble oublier qu’entre le désir d’un homme et l’acte qu’il commet, il n’y a pas de continuité logique. Gardons présent à notre esprit que la folie est fondamentalement une forme de la condition humaine comme l’amour ou la fureur.


8

PSYCHIATRIES N°151 AVRIL 2009

Le pivotement de la psychiatrie vers la santé mentale marque une évolution qui voit la pratique, par décret, être assujettie aux services des biens, c’est-à-dire réduite à une mission de satisfaction d’une demande dictée par l’impératif social. La loi de 1990 et la réforme de l’article 64 dans le nouveau code pénal marquent un premier virage. Aujourd’hui la figure du fou se criminalise, et la logique victimaire vient au premier plan dans une régression sans précédent effaçant l’effort inauguré par Pinel. Dans l’article 64/122-1-1 du code pénal, nous dit Hervé Granier, il n’y avait pas lieu de poursuivre pénalement un sujet qui, dans un état d’aliénation, est absent des actes qu’il commet. Il ne peut être alors tenu pour responsable du crime ou du délit qui lui est imputé puisqu’il n’a pas été commis en conscience et volonté. Pourquoi cette vérité clinique, juridique, tout simplement humaine, est-elle à présent aussi insupportable pour notre société ? Au-delà de la pression sociale qui pèse sur les experts, la psychologisation et son acharnement à trouver des significations aux actes criminels, pousse à faire passer le réel d’un acte délirant dans une réalité presque banale. La nouvelle vision qui se met en place concilie pathologie et responsabilité et condamne nombre de malades à de lourdes peines. Nous assistons à la psychiatrisation des prisons pour légitimer leur incarcération ainsi qu’à la transformation des hôpitaux psychiatriques en lieux de rétention. Avec également ces reproches faits aux psychiatres à la fois de laisser « échapper » les malades mentaux et inversement, de les retenir contre leur gré abusivement. Pour Catherine Paulet, qui dirige le service de psychiatrie de la prison des Baumettes à Marseille, la venue de soignants en prison y apporte des soins de qualité mais désormais ce dispositif est victime de son succès car il légitime l’incarcération de personnes souffrant de pathologies mentales graves. À côté de la médecine de la personne, se développe un contrôle social médicalisé rassurant, la thérapie étant censée limiter les risques de récidive délinquante, s’inscrivant ainsi dans une démarche criminologique. Alors que le traitement médical, même sous sa forme de l’incitation/obligation de soin pénalement ordonnée, n’a pas pour objectif la prévention d’une récidive délinquante mais la mise en œuvre d’un travail difficile et incertain d’élaboration psychique qui permet au sujet engagé dans le travail de repérer son fonctionnement mental et son mode relationnel (et leurs conséquences). L’expertise psychiatrique de dangerosité fait à cet égard symptôme du nouveau discours psychiatrique (à la maladie fait place la dangerosité). La consécration de la figure du monstre avec l’instauration des centres sociomédico-judiciaires de rétention de sûreté parachève le changement de doctrine. Nous ne sommes plus dans l’après-coup mais dans l’avant-coup, alors que notre exercice nous porte davantage à réfléchir sur l’éthique des conséquences que sur celle des intentions.


ÉDITORIAL

9

L’enfermement répondra dorénavant non plus à un acte commis mais à un risque : un cap gravissime est franchi. Sophie Baron Laforêt pose elle aussi des questions très importantes sur la place du psychiatre et sur sa légitimité au sein du dispositif socio-judiciare pour le soin obligé des auteurs de violence sexuelle et la prévention de la récidive. Il a certainement une place à tenir, mais elle est à inventer sans doute dans une « rugueuse confrontation » interprofessionnelle. Il s’agit d’une recherche éthique fort complexe. Pour elle, il n’y a pas de profil d’auteur de violences sexuelles repérable de façon systématique. Depuis un peu plus d’un an, poursuit Jean-Pierre Deschamps, s’empilent un certain nombre de textes avec, à la réflexion, peut-être une certaine cohérence : la carte judiciaire, les peines planchers, la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature, la rétention de sûreté. Il y a là une manière inquiétante d’envisager la justice comme un lieu de sécurité et non pas comme un lieu de justice avec la nécessité de trouver un coupable, non pas un responsable mais un coupable qui doit expier sa faute. Il faudrait faire un travail de fond pour expliquer comment cette manière d’envisager la sécurité de nos concitoyens va produire effectivement, au contraire, de la dangerosité sociale. Dans ce numéro, outre les textes des conférences du séminaire Psychiatrie et Justice, prennent naturellement place trois autres articles. Dominique Texier nous signale le vote d’un projet de loi sanctionnant le fait de provoquer une personne à rechercher une maigreur excessive en encourageant des restrictions alimentaires prolongées. Elle nous alerte sur le fait que l’anorexie soit la première pathologie à être l’objet de décret de prévention (en dehors des mesures de santé publique concernant le tabagisme et l’alcoolisme). Faire de l’anorexie une pathologie induite par des images n’a rien d’étonnant dans notre société du voir et du paraître qui fait du « tout voir » le ressort de ses comportements. Jean-Jacques Bonamour a participé à une réflexion partenariale sur la situation d’urgence psychiatrique avec refus de soins au secteur 6 des Yvelines, menée avec les familles et les professionnels de terrain. Il conclut à la nécessité de repenser la crise en tant que telle : jusqu’où est-il possible d’intervenir dans l’avant-coup, dans un esprit de prévention, faut-il et peut-on éviter la crise, n’estelle pas une situation « hors langage » et de ce fait ingérable, quelles actions thérapeutiques entreprendre dans l’après-coup, tant auprès des patients que des entourages, familial ou autres ?


10

PSYCHIATRIES N°151 AVRIL 2009

Marc Maximin nous convie à un vaste survol de la psychiatrie et des problématiques rencontrées dans ce secteur. Quelle place leur est réservée, comment notre démocratie leur offre-t-elle un espace de débat qui permette de maintenir une clinique du sujet et une éthique des pratiques ? La psychiatrie est actuellement interpellée dans son rapport à la justice avec une commande politique, le psychiatre pouvant être mis en demeure d’assumer la charge de l’ordre public. Elle ne souffre pas d’une difficulté à l’adaptation, d’une perte de repères, elle souffre au contraire d’une obsession de l’adaptation qui la conduit à occuper des champs multiples et différents, ce qui la fait souvent déserter son champ spécifique. Chers amis, il nous reste à nous dire au revoir car nous passons le flambeau de la rédaction de notre revue, nous transmettons le témoin à Anne Desvignes et Claude Gernez, sans pour autant quitter le comité de rédaction. Que vive la transmission de notre métier qui cherche surtout à préserver une place accueillante à l’humaine folie ! Très bonne lecture. Dominique Jeanpierre et Anne Rosenberg


LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE



LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE

13

INTRODUCTION Olivier Schmitt*

l y a quelque temps déjà, la Direction Générale de la Santé nous a fait l’honneur de nous demander notre avis à propos du projet de Loi sur la récidive. Voici ce que nous avions adressé au Ministère :

I

Nous sommes bien convaincus du fait que de nombreux condamnés ont besoin de soins psychiatriques et que tout doit être fait pour que ces soins puissent être donnés dans de bonnes conditions. Pour cela, faut-il encore que l’accessibilité à ces soins puisse être améliorée, sans oublier qu’elle est déjà problématique en population générale. Le projet de loi tel que nous l’avons perçu présente à nos yeux des inconvénients majeurs : — Tâche et responsabilités exorbitantes pour les experts sur lesquels les juges vont s’appuyer. — Ce projet est basé sur des a priori hasardeux sur l’accessibilité psychique aux soins des condamnés. — Une confusion inadmissible et contre-productive entre soins et peines — Un problème de choix dans la rencontre praticien-patient

*Psychiatre, psychanalyste, Niort Président de l’AFPEP-SNPP


LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE

19

RESPONSABILITÉ Thierry Jean*

l s’agirait plus, pendant cette journée, d’évoquer la place du psychiatre au regard de la question de la responsabilité que d’évoquer cette question Icomplexe qui lui paraissait relever du domaine de la philosophie. Dans un premier temps, j’ai été plutôt d’accord avec cette position et puis, en y réfléchissant un peu, je me suis demandé pourquoi la psychiatrie, qui doit son existence à l’enceinte médico-judiciaire et à sa tentative de délimiter le domaine de la responsabilité, ne pourrait pas sur cette question avoir quelques idées. Il est vrai qu’il est difficile d’apprécier la marge de liberté d’un sujet et que, pour y répondre, il faut une théorie du sujet qui est absente de la psychiatrie sinon s’y présentant soit selon le mode du bon sens soit aujourd’hui selon les modalités de la norme statistique. Cette question de la responsabilité est traitée en première année de droit, c’est pour le juridique une association de l’imputabilité et de la culpabilité, c’est la capacité pour le sujet de droit d’avoir à répondre de son acte à partir du moment où est établi l’élément moral de la faute. C’est dans cette réponse un peu lapidaire que naît le malaise du juridique et sa demande de requalification par un savoir autre et notamment celui de l’expert et on connaît à ce sujet la critique de Foucault pour qui l’expert psychiatre va venir donner le double psychologique et confirmer la peine et ainsi rattacher la délinquance à une norme créant au-delà de l’acte de l’infracteur une prédisposition innée au crime. *Psychiatre, psychanalyste, Épinay-sur-Seine


LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE

33

L’IRRESPONSABILITÉ Hervé Granier*

question de l’irresponsabilité est à la fois, comme vous le savez, clinique, juridique et politique. Elle soulève bien des passions en ce moment. Cette Il n’y a pas lieu de poursuivre pénalement un sujet qui, dans un état d’aliénation, est absent des actes qu’il commet. Il ne peut être alors tenu pour responsable du crime ou du délit qui lui est imputé puisqu’il n’a pas été commis en conscience et volonté. Pourquoi cette vérité clinique, juridique, tout simplement humaine, inscrite dans notre code génétique républicain, est-elle à présent aussi insupportable pour notre société qui a fondé, faut-il le rappeler, il y a deux siècles, la psychiatrie et quelques droits humains universels ? Depuis la naissance de la clinique post-révolutionnaire, les grands aliénistes français ont rapidement introduit un conflit de compétences avec la justice. Esquirol, le premier, pensait déjà que certains criminels avaient davantage leur place à l’asile pour être soignés, qu’en prison pour être punis. Ceci, d’ailleurs, n’était pas rien au début du XIXe siècle parce que l’irresponsabilité permettait, certes, d’échapper à la peine de mort mais, dans la conscience bourgeoise de ce siècle, le pire lieu de relégation n’était pas la prison mais l’asile. Il y a donc toujours eu confrontation entre l’enfermement pénal et l’enfermement médical, plus utile à la guérison du malade et à la protection de la société que la prison. *Psychiatre, psychanalyste, Montpellier


LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE

51

LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE Catherine Paulet*

on exercice – et singulièrement mon lieu d’exercice, la prison – me porte davantage à m’interroger sur l’éthique des conséquences que sur l’éthique des intentions.

M

La morbidité psychiatrique de la population pénale est importante, avérée et en augmentation : 14 % de psychoses, 35 % des personnes détenues considérées comme manifestement voire gravement malades, 7 fois plus de suicides, 2000 Hospitalisations d’Office en application des dispositions de l’article D398 du CPP (Code de Procédure Pénale). On peut y voir la conséquence navrante d’intentions parmi les meilleures. Les fous ne sont pas étrangers à la communauté des hommes. Leur permettre de répondre de leurs actes restitue leur humanité, leur appartenance, qu’il est si facile de leur dénier. Certes, mais à cette logique inclusive, répond une autre logique, exclusive. L’article 64/122-1-1 du CP fonde la responsabilité, la fiction du libre arbitre, définit la folie comme envers de la raison et détermine ainsi le contrat social comme se soutenant de ce que certains n’y sont pas (Franck Chaumon). L’abandon progressif de la lettre mais surtout de l’esprit de l’article 64/122-1-1 se traduit par un surcroît de peine par réflexe de défense sociale face à la folie, porteuse d’inconnu, d’incompréhensible et surtout de danger. *Psychiatre, praticien hospitalier Présidente de l’Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire


LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE

67

QUELS OBJECTIFS POUR LES SOINS AUX AUTEURS DE VIOLENCES SEXUELLES ? Repères éthiques du soin obligé. Sophie Baron-Laforêt*

n m’a demandé, et je vous remercie de vous intéresser à ce sujet, de vous parler de ce qui a initié de façon difficile, sous le regard des projecteurs, c’est-à-dire les articulations socio-judiciaires du suivi (mal défini) des auteurs de violence sexuelle. Aujourd’hui, dans la pression qui vient d’être décrite, quel repère éthique pouvons-nous avoir pour ce soin obligé ?

O

Un acte, des représentations. Je n’ai malheureusement pas pu participer à vos débats de ce matin, mais j’imagine que vous avez dû parler de la focalisation en jeu sur le sexuel. S’agit-il que de cela, des représentations qui entourent cet intérêt, de cette focalisation du juridique sur la famille, sur l’intime, de ce que jusqu’où nous allons, de la légitimité des intervenants ? Aller questionner ces auteurs sur leur vie sexuelle, leur vie intime, jusqu’où va-t-on oser entendre, s’intéresser à tout cet insupportable ? En ce moment on est très gâté avec ces figures de monstres. En général c’est un monstre qu’on ne peut pas repérer. On s’imagine un monstre comme un délinquant que l’on va repérer, un tatoué, quelqu’un qui a un blouson de cuir et qui prend des toxiques. Alors que celui-là justement est moins repérable. Ce peut être l’élu de votre mairie, votre voisin, l’instituteur, le médecin, l’organisateur du club de foot. *Psychiatre, Association pour la Recherche et le Traitement des Auteurs d’Agressions Sexuelles (ARTAAS) Centre ressource Île de France CERIAVSIF


LA RESPONSABILITÉ EN QUESTION POUR LA JUSTICE ET LA PSYCHIATRIE

81

COUPABLE MAIS PAS RESPONSABLE Jean-Pierre Deschamps*

e n’ai jamais de titre pour mon intervention ; j’ai réfléchi là encore à ce que je pourrais donner comme titre et finalement en examinant les textes de loi, les projets, je me suis dit dans le fond, le titre pourrait être : « coupable mais pas responsable » (pour faire référence à autre chose qui, après tout, avait en son temps une certaine pertinence, et on pourra en reparler…)

J

En tout cas c’est ce sur quoi je me suis interrogé. Ce n’est pas neutre non plus de demander de faire un colloque sur la responsabilité en matière judiciaire et psychiatrique, là, aujourd’hui, en ce moment, alors qu’on vient de voter la loi sur la rétention de sûreté qui est un pavé de plus dans cette mare. Nécessairement, je me suis posé la question. Je suis magistrat depuis 1974, j’ai été très longtemps Juge des Enfants, cela a été l’axe principal de ma carrière. J’ai fait 15 ans comme Juge pour Enfants, et dont à peu près 10 ans comme Président du Tribunal pour Enfants à Marseille. Je suis venu assez récemment à la Cour d’Assises. Je ne dirai pas que c’est un déroulement de carrière normal, mais il se trouve que beaucoup de Juges des Enfants deviennent Présidents de Cour d’Assises. Je me demandais pourquoi je faisais cette fonction qui semble à des lieues de celle de Juge des Enfants et, en en parlant avec des collègues qui ont fait à peu près le même parcours, on se disait que dans le fond on veut aller là où ça fait mal, on veut aller au charbon ! *Président de la cour d’Assises des Bouches-du-Rhône


RÉFLEXIONS SUR LA PRATIQUE PROFESSIONNELLE ET LES CHOIX SOCIO-POLITIQUES

121

UNE LOI DE PRÉVENTION CONTRE L’ANOREXIE UN PAS DE PLUS VERS LA LÉGALISATION DU PATHOLOGIQUE ! Dominique Texier*

a Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a adopté, mercredi 9 avril, une proposition de loi UMP qui sanctionne le fait de Lprovoquer une personne à rechercher une maigreur excessive en encourageant des restrictions alimentaires prolongées. Le vote de ce projet de loi est intervenu une semaine après la signature, par les professionnels de la mode, de la publicité et des médias, d’une “charte” de bonne conduite sur l’image du corps et contre l’anorexie, s’engageant notamment à “refléter la diversité des morphologies”. Enfin une loi qui désigne une cause à cette maladie dite « du siècle », qui touche nos jeunes filles et tue un tiers d’entre elles et pour laquelle les médecins, psychiatres y compris, avouent leur impuissance comme le relatent les stratégies d’isolement et d’enfermement mises au point par les plus éminents pédopsychiatres. La cause serait enfin identifiée : l’incitation à la maigreur de certains professionnels de la mode, nous allons donc pouvoir faire de la prévention ! Il semble que certains confondent la cause d’une pathologie psychiatrique complexe et l’effet tyrannique sur une génération de modèles, d’idéaux, qui par définition sont toujours producteurs d’effets mortifères quand ces idéaux deviennent des prescriptions incontournables d’un Autre jouisseur, fondamentalement méchant. *Pédopsychiatre, psychanalyste, Paris et Thonon


RÉFLEXIONS SUR LA PRATIQUE PROFESSIONNELLE ET LES CHOIX SOCIO-POLITIQUES

127

UNE RÉFLEXION PARTENARIALE SUR LA SITUATION D’URGENCE PSYCHIATRIQUE AVEC REFUS DE SOINS Jean-Jacques Bonamour du Tartre*

ans le cadre de l’expérience de Conseil de Secteur dans le secteur 6 des Yvelines engagée depuis trois ans, s’est constituée une commission de travail sur le thème des « Situations de crise et accès aux soins » : rappelons qu’un Conseil de Secteur est censé organiser un partenariat de terrain entre professionnels de tout bord, associations de patients et de familles, ainsi que des élus locaux, autour des problèmes relatifs à la santé mentale.

D

Ce fut la première commission demandée surtout par les familles, mais aussi par bon nombre de travailleurs sociaux que se sont trouvés parfois en grande difficulté, ces situations pouvant générer un sentiment de totale impuissance et de mise en danger. Il apparaît en effet que des moments critiques avec refus de soins révèlent ou compliquent nombre de pathologies psychiatriques, ces situations pouvant prendre un caractère violent, voire une dimension traumatique très conséquente pour l’organisation ultérieure des soins. Au-delà de l’effet déstabilisant en soi du trouble psychique aigu, les expériences relatées ont révélé une cascade de problèmes pratiques : difficulté d’accès à la personne en cause, difficulté pour obtenir le déplacement d’un médecin ou pour obtenir la signature d’un tiers demandeur d’hospitalisation sans consentement, difficulté à mesurer le danger réel, problème de la réalisation d’une contention *Psychiatre, Praticien Hospitalier à Temps Partiel à l’UF Unité de Jour du secteur 6 Saint Germain-en-Laye


RÉFLEXIONS SUR LA PRATIQUE PROFESSIONNELLE ET LES CHOIX SOCIO-POLITIQUES

139

LE RISQUE D’ÊTRE PSYCHIATRE : POLITIQUE DE LA FOLIE, FOLIE DE LA POLITIQUE Marc Maximin*

« Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires (….) que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? » Alexis de Tocqueville

e titre implique une réflexion et un débat qui dépasse de loin une intervention ponctuelle car ce qui se « passe » en psychiatrie, l’attention portée aux malades mentaux, à la folie est significative du lien social et des orientations politiques d’un pays. Cet exposé ne veut pas s’inscrire dans un mouvement nostalgique ni une liste de doléances où le registre de la plainte viendrait masquer une nécessaire réflexion sur les enjeux actuels. Qu’en est-il des problématiques rencontrées dans ce secteur, quelle place leur est réservée, quelle représentation leur est faite et comment notre démocratie leur permet un espace de débat qui ne soit pas caricatural ? Comment la Psychiatrie va pouvoir se positionner au vu de cette évolution pour maintenir une clinique du sujet et une éthique de nos pratiques ?

C

*Psychiatre, Psychanalyste, Marseille


ANCIENS NUMÉROS

171

ANCIENS NUMÉROS DISPONIBLES

Liste des anciens numéros 02 03 04 05 06 07 08 10 12 13 14 15 16 17 18 19 20

Libre choix. Temps partiel (en voie d’épuisement). Pédo-psychiatrie. Où, quand, comment ? (en voie d’épuisement). La psychiatrie autonome et l’institution. Le secret. La demande. Etc. Hospitalisation. Secteur. Demande de soins, demande de psychanalyse. Le secret. L’avenir de la psychiatrie libérale (en voie d’épuisement). Le retour du/au corps (II) (en voie d’épuisement). Exercice de groupe, exercice d’équipe (I) - Pédopsychiatrie. Exercice de groupe, exercice d’équipe (II). Rééducation psycho-motrice. Le psychiatre et la société (II) (en voie d’épuisement). Vivre en professionnel - Pédopsychiatrie (salariés). Limites et fonction de la psychiatrie. L’argent. L’installation.


172

22 23 25 26 27 29 30 31 32 33 34 35 37 38 39 40 41 42 43-44 45 47-48 49 51 52-53 54-55 56 57 58 59 60 61 62 63 64

PSYCHIATRIES N°151 AVRIL 2009

Expériences - Psychopathologie. L’hospitalisation psychiatrique (I) - Problèmes généraux. Les Journées Nationales de la Psychiatrie Privée (C.R. intégraux) : “La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ?” La psychose en pratique privée : textes introductifs. Psychose et institution. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Textes officiels et documents critiques. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Les débats parlementaires (en voie d’épuisement). La psychose en pratique privée : compte rendu des Ves Journées Nationales de la Psychiatrie Privée. Du côté de l’organique - La psychiatrie ailleurs. Expériences de la clinique. Symptômes et structures. Honolulu ou le combat pour la liberté (en voie d’épuisement). Pratiques en question (en voie d’épuisement). La psychiatrie et la santé. Thérapies familiales. Trentenaire de l’Élan. Psychiatrie et cultures. Numéro spécial SZONDI. Horizons thérapeutiques. L’écoute.... musicale. La psychiatrie et les contrôles. L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. Le chemin parcouru. Sélection de textes publiés entre 1972 et 1975. L’intégration scolaire. La paranoïa aujourd’hui. Première partie. La paranoïa aujourd’hui. Deuxième partie. Médecine et psychanalyse. Clinique de la souffrance. Psychothérapie et/ou psychanalyse institutionnelles. Transsexualisme - Totalitarisme. La solitude. Psychiatries en institutions d’enfants. Médecine et psychanalyse. La difficulté de guérir. Éthologie de la sexualité.


ANCIENS NUMÉROS

65 66 67-68 68 69 70 71 72 73-74 75-76-77 78 79 80-81 82 83 84-85 86 87-88 89 90 91-92 93-94 95-96-97 99-100 101-102 103-104-105 106 107 108-109 110 111 112-113 114-115 116 117 118-119 120-121

À d’autres.... Jeu, psychodrame et psychose. Du rêve. Du rêve : Deuxième partie. Chronobiologie. Autour de l’hystérie. Psychiatres en institutions d’enfants. Coûts en psychiatrie. Psychiatre, psychanalyse et feuilles de soins. Psychiatres, charlatans et magiciens. Le supposé clivage inconscient/biologique (I, II et III). Urgence et patience. Julien Bigras. Hospitalisation privée. Autour de Henry Ey - De quelques “réalités”. Le délire, espoir ou désespoir (I). Le délire, espoir ou désespoir (II). Autour des psychothérapies. Du père. Épidémiologie psychiatrique. La dépression dans tous ses états. Psychosomatique. Le psychiatre, le malade, l’état. Rencontres. Peurs. Psychothérapies. Corps et thérapies. Le Temps. Les états de Dépendance L’impossible à vivre. Souffrance psychique.... La limite des névroses. L’enfant et la consultation. Le psychiatre et la loi. L’enfant et la consultation. Les psychoses. Adolescence, des liens en souffrance. XXVe Anniversaire de la Psychiatrie Privée. Les Psychoses. L’Enfance. Psychiatrie et prévention, liaison dangereuse ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1996) Souffrir de la peau. Peau et psyché, approche.

173


174

122 123 124-125 126-127 128-129 130-131 132-133 134 135-136 137 138-139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 Spécial

PSYCHIATRIES N°151 AVRIL 2009

Le psychiatre, la médecine et la psychanalyse. Le Secret. Psycho-somatique 97. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1997) Suicide : d’une violence, l’autre. La consultation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1998) La responsabilité maltraitée (Séminaire A.F.P.E.P. 1999) Filiations - Dimension clinique (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) La psychiatrie est-elle une science ? Filiation et société (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Nouvelles Filiations (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Filiations culturelles, Filiations spirituelles (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Traversée culturelle francophone à la découverte des pratiques ambulatoires de la psychiatrie. (Premières rencontres FRANCOPSIES). L’intime et l’argent. Le métier de psychiatre Le psychiatre et la psychothérapie Les cachets de la folie Les mots de la Psychiatrie Psychiatre et citoyen Penser l’évaluation. Universel et singulier Hospitaliser ? La Psychiatrie Médico-Sociale L’écoute Persiste et Signe. Une étude clinique


BULLETIN D’ADHÉSION

175

ASSOCIATION FRANÇAISE DES PSYCHIATRES D’EXERCICE PRIVÉ SYNDICAT NATIONAL DES PSYCHIATRES PRIVÉS Cotisation 2009

Le Docteur : Adresse :

..................................................................................

.....................................................................................

Code Postal : Tél. :

........................................

..................................................

E.mail :

Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax :

...............................

.......................................................................................

Règle sa cotisation A.F.P.E.P. - S.N.P.P. pour 2009 » Etudiants, internes, 1ère, 2ème et 3ème année d'exercice : 150 € » 4e année d’exercice et au-delà : 300 € » conjoints d’adhérents, membres honoraires et retraités : 190 €

Bulletin à compléter et à retourner, accompagné de votre règlement, par chèque bancaire ou postal, à l’ordre du S.N.P.P. : S.N.P.P. Secrétariat administratif 141, rue de Charenton 75012 Paris

Pour les non-adhérents, l’abonnement à “PSYCHIATRIES” est de 53 € Chèque à libeller à l’ordre de l’A.F.P.E.P.


AVRIL 2009 = N° 151

La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie

AVRIL 2009 = N° 151

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé 28 €


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.