Psychiatries n°151 special

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La psychiatrie peut-elle ignorer toute référence à la subjectivité ? Les symptômes sont-ils des éléments d’un handicap ou des constructions structurantes évoluant au fil d’une élaboration ? Les thérapeutiques s’adressent-elles aux composantes neurobiologiques d’un cerveau ou à un sujet incarné doué de langage ? La médecine peut-elle se résumer à des stratégies de consommation ? Des psychiatres français ont témoigné de leurs actes à travers des vignettes cliniques exemplaires de la singularité de leur pratique. Au-delà de l’application de protocoles étroits qui tendent à faire fi de tout sens des responsabilités, ils désignent où se situe la dimension thérapeutique ainsi que les conditions qui permettent d’y parvenir.

Persiste et signe Une étude clinique

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

Persiste et signe Une étude clinique

AVRIL 2009 = N° spécial

Patrice Charbit Claude Gernez Anne Rosenberg

AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

28 €

AVRIL 2009 = N° SPÉCIAL

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

Persiste et signe Une étude clinique

AVRIL 2009 = N° SPÉCIAL

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


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PSYCHIATRIES N°SPÉCIAL AVRIL 2009

AFPEP-SNPP

L'Association Française des Psychiatres d'Exercice Privé (A.F.P.E.P.), fondée en juillet 1970, a promu une recherche théorico-pratique pluridisciplinaire sur la psychiatrie, son objet, son exercice, ses limites, en s'appuyant de façon plus particulière sur l'expérience de la pratique privée. Société scientifique de l'Association mondiale de psychiatrie (W.P.A.), affiliée à l'UNAFORMEC en tant qu'organisme de formation continue, l'A.F.P.E.P. anime de multiples cadres de travail nationaux ou décentralisés, prioritairement à l'intention et avec le concours des psychiatres privés, mais enrichis d'une très large participation nationale et internationale de cliniciens, chercheurs et théoriciens concernés par la psyché, dans toute la diversité de leurs orientations. Scandés par la tenue annuelle des “Journées nationales de la psychiatrie privée”, les travaux de l'A.F.P.E.P. s'articulent autour de sessions d'étude et de séminaires thématiques, régionaux ou nationaux. Productrice de modules de formation, elle accrédite et coordonne par ailleurs les activités de formation d'associations locales ou régionales de psychiatres privés. L'A.F.P.E.P. a élaboré en 1980 la “Charte de la psychiatrie” autour des références éthiques garantes de l'indépendance des praticiens ainsi que du respect des patients. L'A.F.P.E.P., association scientifique, à travers sa réflexion et ses recherches, donne socle à l'action du Syndicat National des Psychiatres Privés (S.N.P.P.) fondé en 1974. L'A.F.P.E.P.-S.N.P.P. a publié en 1995 le “Manifeste de la Psychiatrie”, synthèse des principes d'efficience d'une pratique confrontée aux risques contemporains de réduction bureaucratique et comptable de l'activité soignante des psychiatres privés.

AFPEP-SNPP 141, rue de Charenton - 75012 Paris - France Tél. : (33)1 43 46 25 55 - Fax : (33)1 43 46 25 56 E-mail : info@afpep-snpp.org - Site Internet : http://www.afpep-snpp.org


PUBLICATION DE L’AFPEP AVRIL 2009 - N° SPÉCIAL Secrétariat de la Rédaction 141, rue de Charenton 75012 Paris tél. : 01 43 46 25 55 fax : 01 43 46 25 56 info@afpep-snpp.org

Fondateur Gérard BLES Directeur de la Publication Olivier SCHMITT Directeur de la Rédaction Claude GERNEZ Rédactrice en Chef Anne DESVIGNES Comité de Rédaction Jacques BARBIER, Antoine BESSE Hervé BOKOBZA, Pascal BOURJAC Patrice CHARBIT, Pierre COËRCHON Thierry DELCOURT, Martine DUBUC Chantal JACQUIÉ, Dominique JEANPIERRE Jean-Jacques LABOUTIÈRE, Marie-Lise LACAS Marc MAXIMIN, Anne ROSENBERG Étienne ROUEFF, Patrick STOESSEL Jean-Jacques XAMBO Traduction en anglais et en espagnol Pascale DUMONT-ROSE Conception Graphique Marie CARETTE / Gréta Réseau Graphique Impression Imprimerie Nouvelle Sté Angevin - Niort ISSN 0301-0287 Dépôt légal : 2ème trimestre 2009 28 €


Remerciements : Nous remercions très chaleureusement Hervé Bokobza, Olivier Schmitt, Anne Desvignes, Paul Lacaze, Antoine Besse, Marie-Lise Lacas, Sarah Lewenhek et Muriel Lévy-Amsellem pour leur soutien, leurs conseils et leur engagement dans cette étude.


Ă€ Jean Clavreul et Pierra Aulagnier.

Persiste et signe Une ĂŠtude clinique

Patrice Charbit, psychiatre, Montpellier Claude Gernez, psychiatre, Enghien-les-Bains Anne Rosenberg, psychiatre, Paris



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SOMMAIRE PRÉFACE Olivier Schmitt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.9

ANNONCE DE L’ÉTUDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.13

I - UNE ÉTUDE CLINIQUE Introduction : Patrice Charbit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.17 Historique de l’étude : Patrice Charbit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.19 Les observations : Patrice Charbit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.31 Persiste et signe : Patrice Charbit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.49 Singularité : Claude Gernez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.55 Écrit croisé : Anne Rosenberg . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.65

II - ANNEXES Bibliographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.73 Évolution des grilles de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.77 Communication : Congrès, BIPP, site internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.81 Symposium au Congrès mondial de la WPA, Prague, septembre 2008 . . . . . . . .p.97

ANCIENS NUMÉROS Liste de tous les numéros de PSYCHIATRIES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 139

BULLETIN D’ADHÉSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 143



PRÉFACE

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PRÉFACE

Cet ouvrage paraît au moment où gronde une révolte salutaire contre le traitement administratif et scientiste de la psychiatrie sous couvert « d’efficience » et de « rationalité ». L’obsession du résultat comptable prend le pas sur le respect des citoyens. Perdant sa dimension subjective, le mot “qualité” qu’on veut nous imposer se réduit au sens de la “qualité” dans l’industrie : coût-efficacité-délais, avec ses standards à la solde du commerce. Sans minimiser notre responsabilité à s’être laissé entraîner par les sirènes du management et de cette rationalisation administrative, de petites compromissions en grands renoncements, de grandes illusions en véritable servitude volontaire, il y a ici et là des lieux, des moments, des situations de résistance qui semblent se fédérer. C’est dans la relation inter-individuelle et collective engagée que l’humain se révèle dans toute sa capacité de subversion du carcan qu’il tolère souvent passivement ailleurs. C’est pourquoi lorsqu’on demande à quelqu’un de relater un moment représentatif de sa vie, professionnelle ou autre, il s’agira de moments certes d’exception, peut-être statistiquement peu représentatifs, mais où l’intersubjectivité émerge irrésistiblement, où l’essentiel fait surface. L’homogénéisation des conduites et des processus, que ce soit dans des registres aussi divers que le soin, l’éducation ou les modes de vie, provoque de la souffrance tant chez les professionnels que chez les « usagés » comme on


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pourrait l’écrire tant leur relégation ou leur remplacement par des individus « conformes » serait une « réussite » de la nouvelle gouvernance qui s’impose dans tous les domaines. Cette évolution apparaît dans un mouvement parallèle de destruction des institutions qui font l’essence de la société républicaine (séparation des pouvoirs, tissu associatif, etc.). Ce mépris du cadre et de ses règles fait le lit de la démagogie et de l’arbitraire. Avec ses règles qui le bornent, le cadre est certes restrictif, mais il délimite un espace de liberté fondamental. L’abandon de ces principes républicains s’accompagne d’une confusion des places, des rôles et des fonctions, cela devient chose commune. Alors, “tout est possible” comme on a pu l’entendre, la démagogie et l’arbitraire peuvent ainsi se multiplier. La fonctionnalité opératoire du cadre disparaît et ceux qu’il protégeait sont alors exposés à tous les abus. Dès lors, s’impose le protocole comme la solution apparemment évidente. On le voit envahir le champ des activités humaines pour conserver une fonctionnalité opératoire minimum. Il est censé protéger juridiquement celui qui y est soumis, mais c’est au prix de ne pouvoir y déroger. Dans le protocole, il ne s’agit plus de règles délimitant un espace de liberté, il s’agit d’obligations, de conduites forcées, imposées le plus souvent par chantage moral, juridique ou financier. L’acteur est alors soumis à un espace à une seule dimension : c’est une ligne standard où l’écart est proscrit. Suivre un protocole implique de renoncer à être l’auteur de ce que l’on fait. Lors d’une réception protocolaire l’individu s’efface devant sa fonction. Il n’est pas sujet de son acte, il est son obligé. La représentation implique l’humilité devant le personnage que l’on incarne. Le protocole est donc inévitablement quelque chose qui assujettit. Sauf à s’identifier à la fonction comme peut le faire un paraphrène, et encore. Heureusement, autour d’un protocole, il y a un avant et un après nécessaires au jeu des relations et à l’identité des acteurs, de la même manière qu’il doit y avoir du jeu entre deux pièces pour qu’un rouage fonctionne. Lorsque cet espace se réduit par l’envahissement de tâches protocolaires — je pense ici aux questionnaires structurés, aux méthodologies trop rigides, ou encore aux arbres décisionnels dont est friande la néo-médecine — l’angoisse de dépersonnalisation n’est pas loin. Celui qui va subir cette prolifération de protocoles n’étant plus le sujet de son action, celle-ci se dissocie de sa pensée, sauf à ne plus être non plus le sujet de sa pensée. Il se trouve de ce fait dans une véritable position psychotique. Bardé de certitudes, celui qui établit le protocole s’en sort plutôt bien psychiquement, de ce point de vue tout au moins. Phobique du doute, il compense dans la maîtrise. Il n’est pas surprenant que l’on trouve toujours des


PRÉFACE

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candidats à cette fonction ; ils croient peut-être, inconsciemment ou non, échapper ainsi à cet impensable en se mettant du côté de ceux qui organisent, tentés par le pouvoir administratif. Mais il s’agit là d’une véritable servitude volontaire car, au-dessus d’eux, il y a toujours un dogme pseudo-scientifique ou moral qui ne se discute pas : “Vous n’avez pas le choix” entend-on dire ! Le protocole a des applications utiles mais limitées. Il peut être indispensable pour un geste isolé purement technique. À certains moments, l’homme doit s’effacer devant sa fonction. Mais, en psychiatrie, peut-on être en position de non-sujet devant son patient ? Ce serait nier l’importance de l’intersubjectivité sur laquelle repose toute action psychothérapique respectueuse du sujet en tant que tel. La protocolisation va de pair avec la technicisation des soins et la désubjectivation de la relation thérapeutique. Même si la plupart des psychiatres continuent à faire leur travail sans concession par rapport à cette dérive, nous ressentons néanmoins un malaise grandissant imposant de trouver le moyen d’affirmer la nécessité de préserver cet espace d’invention essentiel à l’opératoire particulier de notre travail auprès des malades. Comment rompre avec cette évolution ? La tentation est grande de chercher à prouver le bien fondé de nos savoir-faire en utilisant les outils des tenants de « l’objectivité » et des méthodologies rigoureuses (statistiques, grille de lecture, etc.) — mais est-ce objectif de nier la part de l’ombre ? Nous n’avions à mon sens qu’une solution : garder nos outils de cliniciens de la subjectivité. Faire une étude clinique, l’idée n’était pas neuve, l’essentiel de la psychopathologie psychodynamique a toujours reposé sur les monographies. Mais, étudier collectivement les ressorts de ce qui se passe dans la tête du psychiatre en action, la clinique de l’opératoire du psychiatre en consultation thérapeutique, voilà qui ne manquait pas de culot. Il s’agissait de mettre en place une sorte méta-clinique — pour éviter le terme de méta-analyse qui a pris hélas ! un autre sens au sein de la nouvelle religion de la méthodologie protocolaire dont la Haute Autorité de Santé est le temple. En lisant cette étude, vous verrez que ceux qui ont eu le courage et la persévérance de relever ce défi ont réussi la gageure d’être démonstratifs. Olivier Schmitt Président de l’AFPEP-SNPP



ANNONCE DE L’ÉTUDE

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ANNONCE DE L’ÉTUDE

Paris le lundi 10 juillet 2006

Cher confrère. L’AFPEP (Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé) propose une étude « clinique » qui se fixe pour objectif de tenir compte des conditions d’exercice et des pathologies auxquelles les psychiatres ont à faire face. Nous assistons tous aux bouleversements actuels avec un certain effroi. Il est à craindre que les réformes en cours ne soulignent pas assez la spécificité de notre pratique qui ne s’évalue pas avec les outils des autres spécialités médicales. Par souci d’économie, bien que certaines errances puissent coûter fort cher, les « tutelles » tentent de cadrer notre pratique, tant dans les modalités de rencontre du patient que dans le déroulement des soins, et cherchent, de surcroît, à nous convertir à une « nouvelle psychiatrie » qui semble, certes, idéale d’un point de vue gestionnaire, mais très éloignée des réalités cliniques. Il revient donc aux praticiens de témoigner de ce qui se passe dans leur cabinet afin de parvenir à des réformes convenables. En évitant toute autocensure, cette étude consiste à demander à chaque psychiatre de rédiger une observation qui lui paraît significative de sa pratique,


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en une à deux pages, suivie d’un bref commentaire. De l’analyse d’un coup de téléphone à l’écriture exhaustive d’une cure : tous les cas de figure sont imaginables. À l’heure où se préparent le DSM V et la CIM11, les ambitions de cette étude sont, pour une part, nosographiques : relever le défi d’apporter un éclairage clinique ancré dans la pratique au cas par cas, pourrait se révéler, pour le moins, complémentaire. D’autre part, cette étude doit pouvoir nous éclairer sur tous ces points qui nous préoccupent tels que l’évaluation des pratiques, l’accès au psychiatre, la validité du parcours de soin, l’alliance entre les différentes approches psychothérapeutiques, chimiothérapie, sociothérapie etc. qui sont à la base de la psychiatrie moderne, le statut du malade mental, la diversité des prises en charge, la place de la psychanalyse, l’adéquation de l’évolution des modes de remboursement voire la place du psychiatre dans la cité selon l’évolution du régime politique. L’éventuel poids de cette étude, que ce soit en termes de publication dans une revue internationale, à la World Psychiatric Association ou auprès du Ministère de la Santé, est complètement dépendant du nombre d’observations collectées : 500 observations sont un objectif qui semble représentatif. Faites donc savoir autour de vous que cette étude est lancée. Les modalités de cette étude sont les suivantes : Aucune observation ne sera publiée, seuls les résultats le seront. L’anonymat du patient et du psychiatre sera scrupuleusement respecté. Les observations sont à envoyer par courriel. Les observations seront réparties au groupe de pilotage de l’étude sous forme anonyme. Le travail d’analyse de l’étude sera fait par ce groupe qui en tiendra informé le Conseil d’Administration de l’AFPEP. Cette étude doit pouvoir gagner une audience internationale, cela dépend de votre implication. Pensez qu’il s’agit là, sans doute, de la meilleure façon d’influencer efficacement les autorités françaises pour tout ce qui touche à l’organisation de notre spécialité. En vous remerciant par avance de votre participation, nous vous adressons, cher Confrère, nos salutations les meilleures. Pour le groupe d’étude, Patrice Charbit


UNE ÉTUDE CLINIQUE



UNE ÉTUDE CLINIQUE

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INTRODUCTION Patrice Charbit

ette étude clinique s’est décidée en réaction à une série de mesures d’une rare violence touchant l’organisation et la conception de la psychiatrie. C Interroger le décalage entre les conséquences des réformes produites et la pratique quotidienne de la psychiatrie pouvait s’avérer éclairant en termes politiques et syndicaux. Nous avons donc lancé cette exploration. Déduire des fils de réflexion de la réalité de terrain, affiner une ligne combative, sont l’essence même de notre association syndicale. Reste aux psychiatres à défendre leur identité même car le cadre en construction et ce qui est enseigné aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec la continuité de ce qui se bâtissait voici 25 ans, phénomène assez rare dans une discipline médicale. Tout un savoir, toute une pratique seraient brutalement « démodés »… Une révolution conceptuelle d’une formidable efficacité s’est-elle produite ? La « nouvelle science psychiatrique » a-t-elle grand-chose à présenter en termes de thérapeutiques depuis la découverte des antidépresseurs et des neuroleptiques dans les années 50 ? Les structures psychiatriques répondentelles mieux aux attentes du public ? Les théories nouvelles sont-elles plus intelligentes que les précédentes ? Les réponses à ces questions sont évidentes et il n’y a pas d’explication scientifique à ces bouleversements : la réorganisation de la psychiatrie est le reflet d’une évolution sociale plus générale.


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HISTORIQUE DE L’ÉTUDE CLINIQUE Patrice Charbit

e cheminement de cette étude mérite un examen en soi. Il est traditionnel, au décours d’une étude scientifique, que les conclusions ne correspondent que partiellement aux hypothèses de départ. L’analyse de la trajectoire est intéressante, cependant, les transformations suscitées par l’étude sur les observateurs eux-mêmes le sont tout autant. Cette étude nous a transformés et le témoignage qui va suivre est peut-être paradigmatique des opérations en cours.

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Perte de l’accès spécifique, Évaluation des Pratiques Professionnelles (EPP), Formation Médicale Continue (FMC), Dossier Médical Personnel (DMP), perte progressive de l’indépendance professionnelle, place de l’expertise, statut du psychothérapeute, morcellement de l’acte, collaboration avec la police, accréditation, Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PMSI), sous évaluation du Cpsy, Evidence Based Medicine (EBM), cette avalanche de « réformes » touche déjà notre pratique quotidienne, obère l’avenir mais, et c’est le point sur lequel nous voudrions insister, a d’ores et déjà altéré la conception de la psychiatrie des plus résistants d’entre nous. Nous ne pensons plus de la même façon. Il peut être capital de repérer précisément là où nous avons déjà cédé. Le déroulement de cette étude, le parcours auquel elle nous a obligés abordent, à notre sens, quelques-uns des éléments de ce repli.


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LES OBSERVATIONS Patrice Charbit

ous avons promis un anonymat strict et, de fait, aucune observation ne sera divulguée, aucun psychiatre ne verra son nom apparaître. Le secret N professionnel a ses exigences… Les observations relèvent des contenus très disparates, des épisodes de suivi, de descriptions de moments clefs, des impasses, des échecs, des réussites spectaculaires, des catastrophes, des énigmes, des anecdotes. « La crise » est le seul élément commun à toutes les observations. L’évocation de la subjectivité est très souvent présente, sans doute par lien de cause à effet. Les descriptions qui ont le plus retenu notre attention sont celles au cours desquelles le psychiatre est singulièrement interpellé par le patient, celles où il pose un acte spontanément, comme dépassé par son audace. Briser un biberon, arracher des clefs de voiture, interpréter, prendre position, prendre à parti un confrère, adopter une position de refus, poser une limite, décider d’aller voir un contrôleur analytique, dire non à une prescription, dire non à un processus diagnostic, prescrire un médicament alors qu’un processus analytique est en cours, s’engager avec des patients très difficiles. Ces situations sont celles où le psychiatre endosse une responsabilité et engage le patient à se positionner. Cet acte induit une historicité : il y a un avant et un après. Ces actes déterminent, donnent le ton de ce qui suivra. Ces observations incarnent plus distinctement ce que nous avons déduit en termes d’éthique, d’engagement, de signature.


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PERSISTE ET SIGNE Patrice Charbit

La robotisation est un phénomène qui concerne l’ensemble de la médecine. La psychiatrie, spécialité clinique s’il en est, se trouve particulièrement affectée par cette évolution. Peut-elle continuer d’exister si elle ne démontre pas des potentialités technologiques et persiste à traiter les patients au singulier qui plus est, en soulignant la place de la parole ? La question que soulèvent les psychiatres ne porte pas sur l’existence, l’évolution ou le bien-fondé de la technique médicale mais sur le fait qu’elle soit appliquée exabrupto à leur domaine, ce qui les incite à penser qu’il s’agit, en l’occurrence, d’un processus idéologique. Il s’agirait d’un discours technocratique appliqué sans discernement. Dans ce sens, ils différencient très clairement les scientifiques, qu’ils soient chercheurs en neurophysiologie, généticiens, etc. des scientistes qui pervertiraient la science à des fins politiques et sociales. Peut-il rester un secteur qui ne soit pas concerné par la technique qui mérite encore qu’on l’investisse ? La psychiatrie est ainsi un « thermomètre » sociologique de l’évolution médicale. Ses spécificités sont abrasées afin de permettre la mise en place d’une gestion indifférenciée. Les observations qui nous sont parvenues montrent pourtant que la subjectivité, le travail psychodynamique, l’importance de la qualité relationnelle sont des faits. L’étude de ces faits est une démarche scientifique.


UNE ÉTUDE CLINIQUE

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SINGULARITÉ Claude Gernez

ne première observation s’impose à notre lecture, compte tenu des critères retenus. Ce texte reprend l’intervention présentée au congrès de Prague*, et l’amplifie. Nous tenons à le présenter comme une chimère, aux deux sens, propre et figuré, de ce terme. L’animal imaginaire des chapiteaux du moyen âge était composé à partir de différentes espèces, lion, aigle, serpents mêlés ensemble ; notre analyse des thèmes retrouvés dans les observations transmises regroupe la majorité d’entre elles mais pas toujours les mêmes, selon l’axe considéré. Le second sens de la bête fabuleuse en fait le symbole de l’utopie, notre travail peut sembler de ce registre, mais il nous a semblé devoir prendre ce risque pour restituer la valeur du matériel transmis.

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L’étude clinique regroupe des observations relatant des situations particulières où les intervenants se trouvent face à une situation de crise inhabituelle imposant une réaction immédiate. Ils y répondent par la création d’un acte thérapeutique nouveau qu’ils mettent en acte dans l’instant même de sa découverte. Nous allons tenter de comprendre le sens de cette prise de position, puis le processus créateur en lui-même, et enfin les difficultés déontologiques soulevées par ces démarches.


UNE ÉTUDE CLINIQUE

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ÉCRIT CROISÉ Anne Rosenberg « La vraie question n’attend pas la réponse. Et si il y a réponse, celle-ci n’apaise pas la question et même si elle y met fin, elle ne met pas fin à l’attente qui est la question de la question. » Toute réponse doit reprendre en elle l’essence de la question, qui n’est pas atteinte par ce qui y répond… » Maurice Blanchot « Une idée devient fausse à partir du moment où on s’en contente. » Alain « Bien que les hommes doivent mourir, ils ne sont pas nés pour mourir mais pour innover. » Hanna Arendt

’ai rencontré l’AFPEP-SNPP il y a de nombreuses années, dès mon installation, conduite par la solitude intrinsèque à la profession de psychiatre privé, et ne l’ai jamais quittée depuis lors.

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Une véritable élaboration collective, voilà ce qui en premier lieu m’a tentée dès le lancement du projet de l’étude clinique par Patrice Charbit, à savoir passer du singulier au collectif, au collectif de travail, regrouper nos forces pour faire fructifier les réflexions, les préciser, les mener à terme.


ANNEXES

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BIBLIOGRAPHIES

Bibliographie de Patrice Charbit : Amorim, Marilia .- Raconter, démontrer, … survivre .- Ramonville St Agne : Erès, 2007. Balestriere, Lina .- Freud et la question des origines .- Bruxelles : De Boeck, 2003. Castel, Robert .- L’ordre psychiatrique .- Paris : Éditions de minuit, 1976. Castel, Robert .- L’insécurité sociale .- Paris : Seuil, 2003. Castoriadis, Corneliu .- Une société à la dérive .- Paris : Seuil, 2005. Clavreul, Jean .- L’ordre Médical .- Paris : Seuil, 1978. Clavreul, Jean .- Le désir et la loi .- Paris : Denoël,1987. Clavreul, Jean .- L’homme qui marche sous la pluie .- Paris : Odile Jacob, 2007. Charbit, Patrice .- Fin de régime .- Paris : Le Publieur, 2004. Dorra, Max .- Quelle petite phrase bouleversante au cœur d’un être ? .- Paris : Gallimard, 2005. Dufour, Dany-Robert .- On achève bien les hommes .- Paris : Denoël, 2005. Dufour, Dany-Robert .- Le divin marché .- Paris : Denoël, 2007. Euripide .- Les Bacchantes .- Paris : Éditions de minuit, 2005.


ANNEXES

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ÉVOLUTION DES GRILLES DE LECTURE

Première grille de lecture (juin 2006) - Repérer la spécificité psychiatrique à l’égard de la médecine. - La place du patient dans l’élaboration des soins. - Le mode de levée des symptômes : approche ciblée type TCC ou approche générale de type analytique. Faut-il une thérapie pour chaque symptôme ? - Le cadre thérapeutique (psychose, névrose, perversion, troubles narcissiques) plutôt que la dimension diagnostique. - La réalité clinique au-delà du symptôme présenté. - L’écart type, l’invention, l’heuristique au sein de chaque cure. - La construction de capacités psychiques dans les troubles narcissiques. - La place et l’évolution de la subjectivité. - La nécessité d’une prise en charge psychique globale. - L’imprévisibilité du parcours et l’inutilité diagnostique. - La folie comme construction/déconstruction et non comme handicap. - La méprise grossière du protocole : adaptabilité nécessaire du soin en raison de l’unicité de chaque cas. - Poches d’économies à trouver : éviter les hospitalisations ; éviter les déclenchements de soin disproportionnés de type protocole ; qu’en est-il des arrêts de travail, réinsertion, changements de parcours.


ANNEXES

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LES COMMUNICATIONS

Le travail initié en 2006 a été scandé par des points d’étape exposés par Patrice Charbit, en trois conférences dans le cadre de congrès ainsi que des articles publiés dans le BIPP (Bulletin d’Information des Psychiatres Privés) et sur le site internet de l’AFPEP-SNPP. (N.D.L.R.) *** 5e Rencontres Francopsies d’ALFAPSY MALAISE DANS LA NEUTRALITÉ : L’ILLUSION DU PROTOCOLE Neuchâtel, mai 2007 Gardhaïa*, voici deux ans, avait été l’occasion de vous décrire les conditions qui avaient présidé à la naissance de la psychiatrie au début du XIX° siècle. Il s’agissait de cerner ses liens avec la politique au fil de l’histoire. Ceux-ci se révèlent patents. Dans leur lutte contre l’Église, les juristes et les charlatans, les médecins philosophes empreints des Lumières et en particulier de Locke et de Rousseau, s’étaient imposés en défendant leur expertise de la monomanie dans l’enceinte des prétoires. La science psychiatrique est née face à des juges et non dans un laboratoire. Ce fait donne le ton et il n’y a toujours pas de conception possible de la psychiatrie sans un regard appuyé du côté du champ social. La science s’interposait entre le citoyen et le bras armé de l’ancien régime : la justice. Un contre-pouvoir,


ANNEXES

97

CONGRÈS MONDIAL DE LA WORLD PSYCHIATRIC ASSOCIATION Prague - septembre 2008


ANCIENS NUMÉROS

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ANCIENS NUMÉROS DISPONIBLES

Liste des anciens numéros 02 03 04 05 06 07 08 10 12 13 14 15 16 17 18 19 20

Libre choix. Temps partiel (en voie d’épuisement). Pédo-psychiatrie. Où, quand, comment ? (en voie d’épuisement). La psychiatrie autonome et l’institution. Le secret. La demande. Etc. Hospitalisation. Secteur. Demande de soins, demande de psychanalyse. Le secret. L’avenir de la psychiatrie libérale (en voie d’épuisement). Le retour du/au corps (II) (en voie d’épuisement). Exercice de groupe, exercice d’équipe (I) - Pédopsychiatrie. Exercice de groupe, exercice d’équipe (II). Rééducation psycho-motrice. Le psychiatre et la société (II) (en voie d’épuisement). Vivre en professionnel - Pédopsychiatrie (salariés). Limites et fonction de la psychiatrie. L’argent. L’installation.


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PSYCHIATRIES N°SPÉCIAL AVRIL 2009

Expériences - Psychopathologie. L’hospitalisation psychiatrique (I) - Problèmes généraux. Les Journées Nationales de la Psychiatrie Privée (C.R. intégraux) : “La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ?” La psychose en pratique privée : textes introductifs. Psychose et institution. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Textes officiels et documents critiques. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Les débats parlementaires (en voie d’épuisement). La psychose en pratique privée : compte rendu des Ves Journées Nationales de la Psychiatrie Privée. Du côté de l’organique - La psychiatrie ailleurs. Expériences de la clinique. Symptômes et structures. Honolulu ou le combat pour la liberté (en voie d’épuisement). Pratiques en question (en voie d’épuisement). La psychiatrie et la santé. Thérapies familiales. Trentenaire de l’Élan. Psychiatrie et cultures. Numéro spécial SZONDI. Horizons thérapeutiques. L’écoute.... musicale. La psychiatrie et les contrôles. L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. Le chemin parcouru. Sélection de textes publiés entre 1972 et 1975. L’intégration scolaire. La paranoïa aujourd’hui. Première partie. La paranoïa aujourd’hui. Deuxième partie. Médecine et psychanalyse. Clinique de la souffrance. Psychothérapie et/ou psychanalyse institutionnelles. Transsexualisme - Totalitarisme. La solitude. Psychiatries en institutions d’enfants. Médecine et psychanalyse. La difficulté de guérir. Éthologie de la sexualité.


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À d’autres.... Jeu, psychodrame et psychose. Du rêve. Du rêve : Deuxième partie. Chronobiologie. Autour de l’hystérie. Psychiatres en institutions d’enfants. Coûts en psychiatrie. Psychiatre, psychanalyse et feuilles de soins. Psychiatres, charlatans et magiciens. Le supposé clivage inconscient/biologique (I, II et III). Urgence et patience. Julien Bigras. Hospitalisation privée. Autour de Henry Ey - De quelques “réalités”. Le délire, espoir ou désespoir (I). Le délire, espoir ou désespoir (II). Autour des psychothérapies. Du père. Épidémiologie psychiatrique. La dépression dans tous ses états. Psychosomatique. Le psychiatre, le malade, l’état. Rencontres. Peurs. Psychothérapies. Corps et thérapies. Le Temps. Les états de Dépendance L’impossible à vivre. Souffrance psychique.... La limite des névroses. L’enfant et la consultation. Le psychiatre et la loi. L’enfant et la consultation. Les psychoses. Adolescence, des liens en souffrance. XXVe Anniversaire de la Psychiatrie Privée. Les Psychoses. L’Enfance. Psychiatrie et prévention, liaison dangereuse ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1996) Souffrir de la peau. Peau et psyché, approche.

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PSYCHIATRIES N°SPÉCIAL AVRIL 2009

Le psychiatre, la médecine et la psychanalyse. Le Secret. Psycho-somatique 97. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1997) Suicide : d’une violence, l’autre. La consultation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P. 1998) La responsabilité maltraitée (Séminaire A.F.P.E.P. 1999) Filiations - Dimension clinique (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) La psychiatrie est-elle une science ? Filiation et société (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Nouvelles Filiations (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Filiations culturelles, Filiations spirituelles (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) Traversée culturelle francophone à la découverte des pratiques ambulatoires de la psychiatrie. (Premières rencontres FRANCOPSIES). L’intime et l’argent. Le métier de psychiatre Le psychiatre et la psychothérapie Les cachets de la folie Les mots de la Psychiatrie Psychiatre et citoyen Penser l’évaluation. Universel et singulier Hospitaliser ? La Psychiatrie Médico-Sociale L’écoute


BULLETIN D’ADHÉSION

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ASSOCIATION FRANÇAISE DES PSYCHIATRES D’EXERCICE PRIVÉ SYNDICAT NATIONAL DES PSYCHIATRES PRIVÉS Cotisation 2009

Le Docteur : Adresse :

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Code Postal : Tél. :

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E.mail :

Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax :

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Règle sa cotisation A.F.P.E.P. - S.N.P.P. pour 2009 » Etudiants, internes, 1ère, 2ème et 3ème année d'exercice : 150 € » 4e année d’exercice et au-delà : 300 € » conjoints d’adhérents, membres honoraires et retraités : 190 €

Bulletin à compléter et à retourner, accompagné de votre règlement, par chèque bancaire ou postal, à l’ordre du S.N.P.P. : S.N.P.P. Secrétariat administratif 141, rue de Charenton 75012 Paris

Pour les non-adhérents, l’abonnement à “PSYCHIATRIES” est de 53 € Chèque à libeller à l’ordre de l’A.F.P.E.P.



La psychiatrie peut-elle ignorer toute référence à la subjectivité ? Les symptômes sont-ils des éléments d’un handicap ou des constructions structurantes évoluant au fil d’une élaboration ? Les thérapeutiques s’adressent-elles aux composantes neurobiologiques d’un cerveau ou à un sujet incarné doué de langage ? La médecine peut-elle se résumer à des stratégies de consommation ? Des psychiatres français ont témoigné de leurs actes à travers des vignettes cliniques exemplaires de la singularité de leur pratique. Au-delà de l’application de protocoles étroits qui tendent à faire fi de tout sens des responsabilités, ils désignent où se situe la dimension thérapeutique ainsi que les conditions qui permettent d’y parvenir.

Persiste et signe Une étude clinique

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

Persiste et signe Une étude clinique

AVRIL 2009 = N° spécial

Patrice Charbit Claude Gernez Anne Rosenberg

AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

28 €

AVRIL 2009 = N° SPÉCIAL

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


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