Psychiatries n°152

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AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

SEPTEMBRE 2009 = N°152

L’engagement du psychiatre

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

L’engagement du psychiatre

SEPTEMBRE 2009 = N°152

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

L’engagement du psychiatre

SEPTEMBRE 2009 = N°152

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


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PSYCHIATRIES N°152 SEPTEMBRE 2009

AFPEP-SNPP

L'Association Française des Psychiatres d'Exercice Privé (A.F.P.E.P.), fondée en juillet 1970, a promu une recherche théorico-pratique pluridisciplinaire sur la psychiatrie, son objet, son exercice, ses limites, en s'appuyant de façon plus particulière sur l'expérience de la pratique privée. Société scientifique de l'Association mondiale de psychiatrie (W.P.A.), affiliée à l'UNAFORMEC en tant qu'organisme de formation continue, l'A.F.P.E.P. anime de multiples cadres de travail nationaux ou décentralisés, prioritairement à l'intention et avec le concours des psychiatres privés, mais enrichis d'une très large participation nationale et internationale de cliniciens, chercheurs et théoriciens concernés par la psyché, dans toute la diversité de leurs orientations. Scandés par la tenue annuelle des “Journées nationales de la psychiatrie privée”, les travaux de l'A.F.P.E.P. s'articulent autour de sessions d'étude et de séminaires thématiques, régionaux ou nationaux. Productrice de modules de formation, elle accrédite et coordonne par ailleurs les activités de formation d'associations locales ou régionales de psychiatres privés. L'A.F.P.E.P. a élaboré en 1980 la “Charte de la psychiatrie” autour des références éthiques garantes de l'indépendance des praticiens ainsi que du respect des patients. L'A.F.P.E.P., association scientifique, à travers sa réflexion et ses recherches, donne socle à l'action du Syndicat National des Psychiatres Privés (S.N.P.P.) fondé en 1974. L'A.F.P.E.P.-S.N.P.P. a publié en 1995 le “Manifeste de la Psychiatrie”, synthèse des principes d'efficience d'une pratique confrontée aux risques contemporains de réduction bureaucratique et comptable de l'activité soignante des psychiatres privés.

AFPEP-SNPP 141, rue de Charenton - 75012 Paris - France Tél. : (33)1 43 46 25 55 - Fax : (33)1 43 46 25 56 E-mail : info@afpep-snpp.org - Site Internet : http://www.afpep-snpp.org


PUBLICATION DE L’AFPEP SEPTEMBRE 2009 - N°152 Secrétariat de la Rédaction 141, rue de Charenton 75012 Paris tél. : 01 43 46 25 55 fax : 01 43 46 25 56 Site internet : www.afpep-snpp.org Courriel : info@afpep-snpp.org

Fondateur Gérard BLES Directeur de la Publication Olivier SCHMITT Directeur de la Rédaction Étienne ROUEFF Rédacteurs en Chef Anne DESVIGNES Claude GERNEZ Comité de Rédaction Jacques BARBIER, Antoine BESSE Hervé BOKOBZA, Pascal BOURJAC Patrice CHARBIT, Pierre COËRCHON Thierry DELCOURT, Martine DUBUC Chantal JACQUIÉ, Dominique JEANPIERRE Jean-Jacques LABOUTIÈRE, Marie-Lise LACAS Marc MAXIMIN, Anne ROSENBERG Patrick STOESSEL, Dominique TEXIER Jean-Jacques XAMBO Traduction en anglais et en espagnol Pascale DUMONT-ROSE Conception Graphique Marie CARETTE / Gréta Réseau Graphique Impression Imprimerie Nouvelle Sté Angevin - Niort ISSN 0301-0287 Dépôt légal : 3ème trimestre 2009 28 €


SOMMAIRE ÉDITORIAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 7 INTRODUCTION Étienne Roueff : Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 11 Samuel Lézé : L’engagement face au discours dominant. Une introduction à la psychiatrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 15

1 - LA PSYCHIATRIE CLINIQUE Hervé Bokobza et Jean-Jacques Laboutière : Le pari de la psychiatrie clinique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p.25 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 49 Michel Formento : La maison de l’être n’est plus le langage mais c’est le handicap. . . . . . . .p. 55

2 - LE PSYCHIATRE ET L’ACTE PSYCHIATRIQUE Thierry Delcourt : L’acte psychiatrique : paradoxes et complexité. . . . . . . . . . . . .p. 69 Jean-Jacques Bonamour du Tartre : Le psychiatre et l’engagement de la parole. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 85 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 99

3 - L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ Jean-Louis Place : L’engagement institutionnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 107 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 119 Jean-Pierre Collombet : Psychiatre au CMPP : surmoi institutionnel et surmoi législatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 125 Louis-Marie Froelig : De l’utopie à la réalité de l’engagement en faveur de la vie. . . . . . . . . . . .p. 131 Claude Alombert : Institution et changement : un engagement collectif. . . . . . .p. 139 Catherine Fontugne : Mais que diable allais-je donc faire dans cette galère ! . . . . . . . . . . . . . . .p. 147


SOMMAIRE

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Jacqueline Légaut - Isabelle Gamot : Engagement social et politique. . . . . . . . .p. 159 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 173 Annick Trolez : Le psychiatre « garde-fou » de la société ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 179 Hatem Achache : La chaise ne reste jamais vide. Syndicalisme et psychiatrie en Tunisie : le désengagement ? . . . . . . . . . .p. 187

4 - ENGAGEMENT, INDÉPENDANCE, INVENTION Dominique Texier : Savoir(s)-faire et savoir-y-croire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 197 Gilles Cellier : Psychiatre, une subjectivité engagée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 207 Annie Stammler : Un essai de transmission qui se poursuit. . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 215

5 - ENCORE À DIRE Gilbert Letuffe : Engagez-vous ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 225 Christine Falquet et Vincent Di Rocco : Sur la ligne de crête de notre savoir et de notre ignorance. . . . . . . . . . . .p. 231 Romain Chepfer : À la croisée des coupures : l’aventure du psychiatre. . . . . . . .p. 239 François Oury : L’engagement du psychiatre ? Les pouvoirs de l’impossible. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 249

CONCLUSION Olivier Schmitt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 269

DÉSIR DE LIVRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 277 ANCIENS NUMÉROS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 289 BULLETIN D’ADHÉSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 293



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ÉDITORIAL Annecy, 2008, le lieu et le thème marquent les motivations fortes des organisateurs, leur détermination à transmettre un message : l’implication dans la pratique, en ce qu’elle comporte de plus radical, permet une ouverture aux échanges, voire à la « controverse », porteurs d’effets novateurs pour les actes quotidiens de chacun d’entre nous. Cette démarche les obligeait à s’exposer eux-mêmes dans la restitution de leurs actions auprès des patients, comme pendant ce travail lui-même. Ainsi, le titre « L’engagement » trouve tout son sens, et donne un intérêt particulier à ce retour aux réflexions centrées par l’activité clinique. La recherche de la valeur théorique et technique de l’acte psychothérapique, dans ses divers aspects, entre en résonance avec celle de l’étude clinique : « Persiste et signe », l’une et l’autre aboutissent à placer l’éthique en critère de perspective permettant de valider le travail du psychiatre. Cette attitude, pardelà les règles de déontologie usuelles, se révèle particulièrement utile et justifiée en regard de situations originales ou inhabituelles, comme celles qui se trouvaient décrites lors de ces journées par les intervenants. Face à ceux-ci, les réactions ont montré la pertinence des sujets traités de par la vivacité et l’émotion accompagnant les prises de paroles, mais aussi de par « l’engagement » des exemples cités, ou des prises de positions théoriques y attenant. Il convient d’insister sur l’implication des psychiatres privés dans le


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champ social et la pratique en clinique, objets de ce congrès, les témoignages relatés, par leur justesse, ont centré les débats. Lors des ateliers, un effet d’amplification, créé par les exposés d’expériences analogues, intensifie la mise en sens de la pratique quotidienne par ceux dont la parole se réfère au « récit » de leur ressenti en présence de patients spécifiques, et perçus comme tels. Enfin, ces remises en questions, ces présentations d’« outils » de travail pertinents pour la pratique clinique incluaient, sous-jacente ou explicite, l’importance du « politique » en ses axes différents. Sa prise en compte permet d’éviter des oublis invalidant, par exemple, une attitude innovante au plan de la souffrance psychique. À l’inverse, une association bien réfléchie élargit le champ de prises en charge spécifiques. Il s’agit, à nouveau, d’une dimension où notre réflexion nous oblige aussi à nous engager ; l’implication éthique prend alors sa valeur de référence. Claude Gernez


INTRODUCTION



INTRODUCTION

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INTRODUCTION Étienne Roueff*

Je remercie le comité de rédaction de Psychiatries de m’avoir invité à introduire ce recueil des textes et débats des Journées d’Annecy, XXXVIIe saison de l’AFPEP ; un grand honneur pour clore un long parcours de psychiatre privé. L’engagement. Il fut un temps où ce noble vocable était employé à tout va, jusqu’à ne plus faire écho ni sens. Puis ce fut, c’est encore, le temps de la compétitivité, de l’efficacité rationnelle, de la rentabilité à propos de chaque objet, chaque sujet, chaque activité. Ce formatage généralisé et uniforme veut tout englober, y compris le plus singulier et le plus diversifié des champs d’application : le psychisme ; et par conséquent les failles, les pathologies psychiques et donc ceux qui les soignent, les psychiatres. Ce qui se mettait en place et même s’accélérait déjà il y deux ans, quand le comité scientifique se réunit pour débattre et construire les trente-septièmes Journées de l’AFPEP à Annecy, est à ce jour, au printemps 2009, encore plus évident. Telle une agression prégnante exponentielle vis-à-vis de nos patients, de nous-mêmes et de toute la société. Lors de cette réflexion collective, fin 2007, autour de la redéfinition de l’essence de notre profession et de l’exercice de la psychiatrie privée, surgit spontanément ce vieux mot, un peu oublié, l’engagement. *Psychiatre, Annecy


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Oui, être un psychiatre vivant qui résiste et fait face aux pressions administratives, sociétales, politiques, c’est être engagé dans son métier, pleinement et dans toutes ses dimensions : avec et pour ses patients, dans et pour la Cité, avec ses collègues et au sein de groupements professionnels divers ; et au-delà, en profondeur, l’engagement de chaque psychiatre se situe dans une éthique partagée et assumée. Du surgissement initial de cette qualité princeps, l’engagement du psychiatre, nous avions dès lors toute facilité à construire les Journées d’Annecy ; les textes que vous allez lire, et parfois méditer, reflètent l’engagement avec richesse et diversité de ceux à qui nous avons demandé d’intervenir. Depuis ses débuts, l’enjeu fondamental de l’AFPEP est le pari de la psychiatrie clinique ; Hervé Bokobza et Jean-Jacques Laboutière, en tressant leurs propos puis en débattant avec le public, en retracent le parcours passé, l’enjeu actuel et les défis à venir. Des aspects essentiels de cet engagement du psychiatre avec son patient, sont développés dans l’exposé de Thierry Delcourt sur la complexité de l’acte psychiatrique ; l’importance de la parole engagée est explorée par Jean-Jacques Bonamour. Qu’en est-il de l’implication du psychiatre dans l’institution, de son fonctionnement en groupe ? Jean-Louis Place en restitue tous les aspects avec un texte fort et lucide, en particulier sur l’engagement difficile et décevant dans l’évaluation administrative. Jacqueline Légaut et Isabelle Gamot nous démontrent qu’il est possible et souhaitable de s’engager dans un lieu d’écoute ouvert au public, de sortir de son cabinet et s’intégrer dans la cité. La pratique du psychiatre c’est aussi une capacité d’invention et de créativité au plus près du discours des patients ; Dominique Texier nous incite à cette inventivité ; Gilles Cellier termine ces exposés en séance plénière par un nouage de vignettes cliniques et de questionnements sur notre pratique en trouvant une superbe formule qui condense le travail de ces Journées “psychiatre : une subjectivité engagée”. Sur la trame de ces conférences se sont greffées des débats avec les congressistes dont vous trouverez l’essentiel retranscrit ici *; par ailleurs, dans les ateliers sur des thèmes proposés, une quinzaine de communications ont été exposées par des psychiatres désireux de faire partager leurs expériences, leurs témoignages, leurs réflexions : de ces séances d’ateliers en petits groupes interactifs n’ont pu être retranscrits que les textes écrits ; la richesse des échanges échappe malheureusement à la lecture. De l’implication de collègues dans un groupe de lecture dans l’hôpital à la réflexion sur ce qui se joue dans les échanges sur internet, de la vie et du travail en groupe dans un CMPP au questionnement sur la demande sociale adressée aux psychiatres d’être “garde-fou” de la société, et bien d’autres


INTRODUCTION

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aspects des pratiques de la psychiatrie privée, vous pourrez prendre acte de la richesse et de la force de l’engagement des psychiatres dans leur travail. Transmettre ce savoir-faire, ce savoir-être est notre désir, notre espoir et la mission permanente d’une association scientifique telle que l’AFPEP. Un jeune anthropologue, Samuel Lézé, qui s’intéresse intensément à la tribu des psychiatres depuis dix ans, avait été sollicité pour ouvrir nos débats. Il le fit (sa conférence est à lire au début de ce recueil) avec brio et un brin de provocation qui nous lança dès le début dans cette élaboration collective ; et pour ponctuer, ou plus exactement en contrepoint de ces Journées, c’est à lui et à deux psychiatres chevronnés, Christian Vasseur et Michel Marchand, observateurs avertis, que revint la charge de commenter et critiquer le travail fourni par tous les participants. L’intervention de notre Président Olivier Schmitt conclut les débats. Annecy, octobre 2008 : ce furent trois belles journées qui, du métier de psychiatre, dissertèrent et brodèrent sur son essence profonde, l’engagement clinique et politique sans cesse renouvelé, toujours remis en question. Lecteurs, engagez-vous dans la lecture et prenez autant de plaisir à lire que nous avons eu à en débattre ! * Une défaillance technique survenue au niveau de l’enregistrement des discussions en séances plénières ne nous permet pas d’en rapporter la totalité. Nous prions le lecteur et les orateurs de bien vouloir nous en excuser. (NdlR)



L’ENGAGEMENT FACE AU DISCOURS DOMINANT

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L’ENGAGEMENT FACE AU DISCOURS DOMINANT Une introduction à la psychiatrie Samuel Lézé*

« Si les normes sociales pouvaient être aperçues aussi clairement que des normes organiques, les hommes seraient fous de ne pas s’y conformer. Comme les hommes ne sont pas fous, et comme il n’existe pas de sages, c’est que les normes sociales sont à inventer et non pas à observer », Canguilhem, 1966

Ouverture J’ai l’honneur et l’immense plaisir d’ouvrir à Annecy les 37es Journées Nationales de la Psychiatrie Privée. Avant toute chose et au-delà des remerciements d’usage pour leur invitation, j’aimerais saluer la double audace d’Étienne Roueff et de l’Association Nationale des Psychiatres d’Exercice Privé : La première est de confier à un non-médecin le coup d’envoi et la tâche d’introduire à la psychiatrie. Dans le milieu médical, c’est une coutume remarquable et tout à fait singulière d’inviter un parfait étranger. La seconde, plus étonnante encore par les temps qui courent, le choix d’un invité dont le renom ne le précède par aucun de ses ouvrages (1), un parfait inconnu. Cette double perfection, pour négative qu’elle puisse paraître, est la marque de ma profession, je dirais même de mon professionnalisme puisque l’anthropologue *Anthropologue, IRIS (CNRS, INSERM, EHESS, Paris XIII)


LA PSYCHIATRIE CLINIQUE

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LE PARI DE LA PSYCHIATRIE CLINIQUE Hervé Bokobza* Jean-Jacques Laboutière*

Souvenirs d’Amérique : un jour à l’APA Jean-Jacques Laboutière En réfléchissant au thème de ces journées, l’engagement du psychiatre, je ne peux m’empêcher de repenser à une anecdote dont j’ai été témoin il y a une dizaine d’années dans un atelier qui se déroulait dans le cadre du congrès annuel de l’American Psychiatric Association (APA) et qui me semble bien introduire un aspect de l’engagement du psychiatre. Tous les intervenants de cet atelier étaient unanimes sur le fait que la généralisation des Health Maintenance Organization (HMO) qui s’est effectuée au cours des années 1970-1980 constituait une véritable catastrophe pour la psychiatrie dans la mesure où les protocoles retenus et les limites imposées au remboursement des séances de psychothérapie ne permettaient tout simplement plus d’avoir la moindre efficacité. La pratique dans le cadre des soins remboursés ne pouvait donc que se réduire à ce qu’il était permis d’espérer de la prescription de psychotropes, ce qu’un médecin généraliste pouvait tout aussi bien faire, de sorte que la mise en place des HMO ne constituait rien de moins que la mort programmée de la psychiatrie libérale. Toutefois, contrairement à ces craintes, les intervenants de l’atelier constataient que la psychiatrie libérale ne s’était jamais si bien portée, que les cabinets *Psychiatre, Centre Saint-Martin-de-Vignogoul, Pignan *Psychiatre, Mâcon


LA PSYCHIATRIE CLINIQUE

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LA MAISON DE L’ÊTRE N’EST PLUS LE LANGAGE MAIS C’EST LE HANDICAP Michel Formento*

Prologue aison des personnes handicapées. Cette expression m’a inspiré un prologue. Le terme de maison fait flores dans le champ social : maison des adolescents, maison des jeunes et de la culture, des artistes, du peuple… etc. L’homme effectivement habite. L’homme habite le langage, l’espace et le temps ; le langage avec ses malentendus qui nous permettent de nous parler. Ceci crée ce qu’on appelle un monde. L’homme habite le langage, l’espace, le temps, c’est le monde. « Le monde existe t-il ? » tel est le titre d’une belle conférence du linguiste et philosophe Jean Claude Milner, cet été au banquet du livre (1). Au monde, habitat de l’homme il faut opposer l’univers. L’univers est le monde vu par la lorgnette de la science et de la technique. L’opposition, la dialectique monde - univers, c’est à quoi nous avons affaire. L’actualité du « malaise dans la civilisation » (2), c’est la prégnance renouvelée par rapport au temps de Freud, de la science et de la technique avec des instruments nouveaux (l’informatique, la bio technologie…). Nous y sommes plongés et ce dont je vais parler n’est que la conséquence de cela.

M

*** *Psychiatre, psychanalyste, Tarbes


LE PSYCHIATRE ET L’ACTE PSYCHIATRIQUE

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L’ACTE DU PSYCHIATRE : PARADOXES ET COMPLEXITÉ Thierry Delcourt*

Plus jamais ça ! « Ce qui doit nous rassembler, c’est l’engagement dans la résistance à l’inhumanité. » Lucien Bonnafé

’aurais aimé proposer ce mot d’ordre en exergue de nos journées mais je l’ai retrouvé trop tard. Tous les termes y sont mesurés : “Doit”, le devoir de se rassembler, de témoigner d’une commune préoccupation : d’agir en tant que psychiatre mais politiquement et d’être sentinelle pour alerter des dérives tant dans notre champ psychiatrique que dans la société. “Nous”, c’est une forme rhétorique facile à employer et propice à la manipulation et aux effets de groupe. “Nous” ne peut être qu’hétérogène. Il ne s’agit pas d’en faire un “entre nous” fictif unifiant le “Je est un autre” ou un “entre nous” corporatiste, mais de tenter un “nous” du plus petit dénominateur commun : en ce qui nous concerne, celui d’être à l’écoute et d’apaiser sinon de soigner les patients. “La résistance à l’inhumanité…” Cela suppose de savoir un peu ce qu’il en est de l’humanité, d’avoir une certaine idée de l’homme et l’on sait que cette idée

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*Psychiatre, Reims


LE PSYCHIATRE ET L’ACTE PSYCHIATRIQUE

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LE PSYCHIATRE ET L’ENGAGEMENT DE LA PAROLE Jean-Jacques Bonamour du Tartre*

i je devais choisir une seule image apte à rendre compte de l’engagement dans mon métier de psychiatre, c’est sans hésitation la situation du premier entretien avec un patient que je retiendrai, en tant qu’elle constitue cette occurrence qui fonde toute notre pratique et qu’elle figure, dès ses premiers instants, l’intensité dramatique possible du rapport de parole. Si je devais définir une qualité fondamentale pour un psychiatre, ce serait de croire à la parole et d’en concevoir quelques limites et servitudes comme celle du temps, de l’incertitude, voire de l’angoisse qui s’y rattachent, de la solitude qu’elle génère. Si je devais retenir quelque chose à transmettre à de jeunes confrères en formation, je dirais que le psychiatre n’est pas un médecin comme les autres, et, quand bien même il aurait contracté la psychanalyse de bien des manières, il n’est pas non plus un psychanalyste comme les autres.

S

Lu dans un quotidien médical il y a quinze jours environ : « ÉVALUATION CLINIQUE STANDARDISÉE EN PSYCHIATRIE : un cédérom bientôt disponible. Afin de permettre l’amélioration au quotidien de la qualité du diagnostic et du suivi des patients souffrant de troubles psychiques, les Laboratoires Fariboll proposent un nouvel outil, sous forme d’un cédérom, intitulé « évaluation clinique standardisée en psychiatrie », qui sera disponible en octobre. L’objectif de cet outil est de mettre à la disposition des cliniciens et *Psychiatre, Paris


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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L’ENGAGEMENT INSTITUTIONNEL Jean-Louis Place*

n répondant à la commande d’Étienne Roueff de parler d’engagement dans l’institution, j’ai repéré quelques points communs entre ce titre et le mouvement de l’écriture. Position personnelle, bien sûr, quand je trouve comme paramètre à partager le renoncement et l’inquiétude, une certaine idée d’un travail qui se fait en sollicitant l’exigence et l’exploration, et la certitude de s’attendre à un résultat imprévisible. Quelque chose qui se passe à notre insu, de peu confortable et qui apparaît cependant comme une nécessité, un bout de réponse au sentiment confus de ne pas être là par hasard.

E

S’engager, entrer dans une situation qui ne laisse pas libre, donner pour caution sa parole, son honneur, se lier par un contrat, une promesse, se trouver dans une situation sociale qui implique des obligations : dans cette conception classique, l’action de s’engager invite à un rétrécissement de l’espace, mais il faut aussi, comme l’ont fait un certain nombre d’intellectuels autour de Sartre, repérer le supplément de sens que prend le concept d’engagement dans le champ de l’esthétique : « pensée ou art de celui qui renonce au confort que pourrait lui assurer sa position d’intellectuel ou d’artiste, pour prendre part aux conflits sociaux de son temps ». Cette entrée dans le politique « pour y défendre des valeurs menacées et surtout les faibles, les persécutés et les exploités qui n’ont pas eux-mêmes la parole », nombreux l’ont pris, même s’il a fait prendre le risque pour certains de s’aliéner dans des discours qui n’avaient d’humanisme que leur promesse. *Psychiatre, Médecin Directeur de la Clinique de Chailles


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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PSYCHIATRE AU CMPP : surmoi institutionnel et surmoi législatif Dr Jean-Pierre Collombet*

e vais vous parler de mon travail de psychiatre au CMPP d’Annecy, à un poste de médecin directeur d’une petite équipe de soins, et mon intervention voudrait retenir surtout deux idées. La première, c’est que je suis engagé dans l’institution au regard de ma formation et de ma position de clinicien attaché autant à la clinique psychodynamique de l’école française de pédopsychiatrie qu’à la clinique relationnelle praticien-patient, issue de la psychanalyse. La seconde, c’est que les contraintes légales et réglementaires, à mesure qu’elles apparaissent, viennent modifier ma position dans l’institution. Alors que ces contraintes réglementaires sont souvent vécues comme superfétatoires ou persécutoires, ou comme des entraves au travail clinique, elles me semblent plutôt pouvoir servir de cadre dans le fonctionnement institutionnel, voire de moteur pour faire évoluer en permanence ce fonctionnement.

J

Tout d’abord, quelques généralités sur les statuts des Centres Médico-PsychoPédagogiques. Ce sont des centres publics de consultation, ouverts à tous les assurés sociaux, avec une mission de prévention et de soin pour les enfants et les jeunes scolarisés, sous contrôle et tutelle de la Direction Départementale de l’Action Sanitaire et Sociale, comme toutes les structures du champ du handicap. *Psychiatre, Annecy


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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DE L’UTOPIE À LA RÉALITÉ DE L’ENGAGEMENT EN FAVEUR DE LA VIE Témoignage Louis-Marie Froelig*

e suis un psychiatre des champs, je viens d’une obscure vallée cévenole. Je suis rustique et rempli de manies ; je sais, un psychiatre des villes parlerait d’habitudes un peu obsessionnelles. Une de celles-ci est de rechercher les sens profonds des mots. Dans notre siècle de verbiage, cela peut être essentiel et vous savez que, psychiatres des champs ou des villes, nous travaillons autour des mots et de leur charge. Ainsi, engager, cela signifie quoi exactement ? Je ne vais pas m’engager plus avant dans mon discours sans définir ce mot.

J

Engager, - c’est mettre en gage ses biens, sa foi, je rajouterai : sa pratique peut-être ? - c’est aussi intéresser : « Un cœur qui nous oublie engage notre gloire » (Molière dans Tartuffe). - c’est enchaîner, assujettir : « Nous fûmes sans amour engagés l’un à l’autre ». (Racine dans Andromaque). - ce peut être compromettre : on dit « engager mal sa réputation » - c’est amener, décider : l’AFPEP m’a engagé à témoigner ici - c’est entraîner : par exemple, on s’engage dans une guerre ou dans le mariage (qui, je vous le rappelle, est la seule guerre dans laquelle on couche avec l’ennemi) - c’est enrôler un soldat, un salarié *Psychiatre, Alès


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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INSTITUTION ET CHANGEMENT : UN ENGAGEMENT COLLECTIF Claude Alombert*

Brève présentation de l’établissement : ’association Santé Mentale et Communautés (loi 1901 à but non lucratif ) a été créée en 1968 avec pour mission de promouvoir des soins psychiques dans la cité au plus près des conditions de vie habituelles des patients. Actuellement, elle emploie trente-huit salariés correspondant à vingt-sept équivalents temps plein. L’association gère un Foyer d’Accueil Médicalisé de huit places pour des personnes handicapées par la maladie mentale et un établissement de santé Participant au Service Public Hospitalier qui propose plusieurs dispositifs de soins ambulatoires et résidentiels.

L

Soins résidentiels : - Un centre de crise de sept lits. - Deux communautés thérapeutiques, domicile des patients, quinze places. Soins ambulatoires : Consultations, psychothérapies individuelles, psychothérapies de groupe avec trois dispositifs spécialisés : - Un pôle parentalité en partenariat avec les PMI et maternités. - Un pôle jeunes adultes (16/26 ans) en partenariat avec les travailleurs sociaux, l’Éducation Nationale et les services d’urgence. *Psychiatre, Lyon et Villeurbanne


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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MAIS QUE DIABLE ALLAIS-JE DONC FAIRE DANS CETTE GALÈRE ! Catherine Fontugne*

e mon engagement, premier mouvement, amorce de cheminement, que reste-t-il aujourd’hui ? Détermination de l’instant ou errance flottante. Cette question se repose à moi sans cesse de savoir où je suis (ou peut-être plutôt qui je suis), pour tenter de choisir où je vais… Mouvement qui tente de représenter, de discriminer l’ici du là-bas, le maintenant de l’avant et du plus tard, pour me donner des perspectives. Nouveaux horizons ou illusions… À chaque pas il faut re-choisir… Je vous propose un petit voyage, au fil des jours, au fils de quelques-uns de mes pas où me conduisent les différentes missions que me confie l’hôpital public d’Annecy, de vous inviter à entrer dans mes rêveries, mes élucubrations, émotions et questionnements autour de cette question de l’engagement, tels qu’ils surgissent ou se sont posés au hasard de mes rencontres avec les personnes qui sollicitent mon aide ou mes services et face aux contraintes de « mon » institution… Ce « je », c’est bien moi, médecin, psychiatre, responsable et seule en état de redéterminer sans cesse les raisons profondes et les modalités de mes engagements… Moi, individu d’abord, mais pleinement acteur social… comme bien d’autres.

D

*Psychiatre, Praticien Hospitalier à Annecy


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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ENGAGEMENT SOCIAL ET POLITIQUE Isabelle Gamot* Jacqueline Légaut**

Isabelle Gamot Je suis responsable du service Promotion de la Santé de la Ville de Grenoble. Ce service fait partie, avec le service Hygiène Salubrité et Environnement, le service municipal de santé scolaire et la mission handicap, de la Direction Santé Publique et Environnementale. Une partie de nos missions est réglementaire, déléguée par exemple par l’État (DDASS), une autre référence est le règlement sanitaire départemental et relatif à l’hygiène du milieu, (logement insalubre, nuisances olfactives ou sonores, etc.), d’autres sont relatives à des conventions passées avec l’État comme les Ateliers Santé Ville dont l’objectif est de favoriser la réduction des inégalités territoriales et sociales de santé. D’autres sont liées à un engagement municipal, à une politique locale : moyens humains mis en santé scolaire, action en santé mentale, soutien au secteur associatif œuvrant dans le champ de la santé. Ces éléments de contexte permettent de planter un peu le décor souvent mal connu de ce que peuvent faire certaines villes dans le champ de la santé publique et de comprendre le cadre des constats et de l’action que je vous décrirai. Mon service s’occupe beaucoup des questions relatives à la santé mentale et à celle, en particulier, de l’accès aux soins des adultes. En tant que service de santé *Responsable du service Promotion de la Santé de la Ville, Grenoble **Psychiatre, Grenoble.


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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Discussion

Marc Caumel de Sauvejunte : Je ne sais pas si vous avez dégagé en fin de compte la causalité des expériences dont vous nous parlez aujourd’hui, à savoir que nous sommes là, dans l’après ère Piel et Roeland. C’est-à-dire que nous sommes vraiment dans cette séparation/clivage entre la psychiatrie et la santé mentale, avec d’un côté la santé mentale à la charge des travailleurs sociaux qui s’occuperaient de l’humain et de l’autre les psychiatres de la pureté, des sciences dures, propres comme vous le savez, et qui nécessiterait bien entendu de laisser la psychiatrie à je ne sais qui. Nous sommes dans une difficulté : dans les mairies, les personnes se trouvent dans une position impossible pour traiter ces problèmes puisqu’elles sont dans une dimension réelle de la loi, puisqu’elles ont à intervenir sur des troubles de l’ordre public et non plus sur des troubles psychiatriques. Elles se retrouvent donc à mettre hors champ la dimension symbolique, elles ne peuvent que recourir aux Hospitalisations d’Office et nous nous retrouvons, en tant que psychiatres, dans une situation qu’il faudra apprendre à changer. Changer, c’est aller dans le sens de cette articulation avec les autres médecins et les travailleurs sociaux. Ce que décrit Jacqueline Légaut, c’est bien entendu ce que nous découvrons d’une logique mondiale, qui n’organise plus notre société autour de certaines références organisatrices connues auparavant. Mais le monde est maintenant organisé à partir de ce que


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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LE PSYCHIATRE « GARDE-FOU » DE LA SOCIÉTÉ ? Annick Trolez*

ans ses débuts, la psychiatrie a eu pour tâche de garder la société de ses fous, D en les mettant à l’écart, dans des lieux fermés. Puis les gardiens des fous se sont mis à écouter ces discours insensés et ont tenté de leur restituer un sens. À l’époque actuelle, alors que l’on entend souvent dire que le monde devient fou, les psychiatres ont-ils quelque chose à en dire ? Ont-ils à garder la société de sa folie ? Qu’est-ce qu’un garde-fou ? Dans le Larousse, on lit : synonyme de garde-corps ; puis « barrière formant protection pour les personnes devant un vide », ou « talus en terre établi le long des routes qui bordent un précipice ». Et enfin « ce qui empêche de faire des folies, des imprudences. » Mais les définitions précédentes montrent bien que le garde-fou n’empêche pas. Il ne fait que marquer une limite, au cas où l’on n’aurait pas fait attention, mais il n’empêche pas de sauter celui qui veut vraiment se jeter dans le vide. Et ceci marque bien aussi une limite à nos fantasmes de toute-puissance. Si nous voulons dire quelque chose de cette folie, nous savons que ce ne sera qu’un discours parmi d’autres. L’époque actuelle se reconnaît plus dans le « tout est possible » que dans le sens de la mesure. Le désir de toute-puissance n’est pas une nouveauté. On le repère dans les mises en garde des textes fondateurs de notre culture : de l’interdit biblique de manger de l’arbre de la connaissance, que la tradition interprète en fait comme interdit de manger de l’arbre « du Bien au Mal », c’est*Psychiatre, Annecy


L’ENGAGEMENT DANS L’INSTITUTION ET DANS LA SOCIÉTÉ

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LA CHAISE NE RESTE JAMAIS VIDE Syndicalisme et Psychiatres en Tunisie : le désengagement ? Hatem Achache*

e réunir avec soi-même n’est pas chose aisée pour celui qui ne vit pas le dédoublement de la personnalité.

S

Pourtant, j’en ai fait l’expérience un certain dimanche 18 juin 2006 à 10h du matin. Et pour me réunir avec moi-même, j’ai dû me réveiller tôt un dimanche, parcourir 140 km, fumant autant que le moteur de ma caisse. J’avoue que l’expérience était amère, décevante. J’en suis sorti avec un gros chagrin et le sentiment d’être incompris, marginal. D’ailleurs, j’ai épuisé le reste du paquet, le moteur étant à l’arrêt. Plus jamais je ne me réunirai seul avec moi-même ! Tout avait commencé à Belfort, un certain octobre 2005. Je suis sorti des 35ème Journées de l’AFPEP bien gonflé : je rapportai dans mes valises, outre du chocolat, des idées. Le panier de soins n’avait plus de secrets pour moi, l’accès direct au Psy était évident. L’acte de consultation ne saurait être dissocié de sa dimension psychothérapeutique. Bref, le projet de Caisse Nationale d’Assurance-Maladie à la tunisienne, et qui se tramait dans les coulisses françaises par les couloirs ministériels tunisiens, n’avait plus de secret pour moi : j’ai décroché le jackpot ! À peine rentré, je menais campagne et je m’épuisais à expliquer que le projet de réforme de l’assurance-maladie en gestation risquait de nous surprendre, *Psychiatre de libre pratique, Sousse, Tunisie


ENGAGEMENT, INDÉPENDANCE, INVENTION

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SAVOIR(S)-FAIRE ET SAVOIR-Y-CROIRE Dominique Texier*

ngagement, indépendance et invention, trois termes président notre séance. E Molière me vint à l’esprit avec le terme d’engagement : quand Sganarelle s’écrie, angoissé au moment où il comprend ce que le défi de Don Juan lui coûte, « mes gages, mes gages, mes gages ». Ce à quoi il doit renoncer, ses gages, est l’équivalent de la mise que son maître a joué dans la partie engagée avec le contrat social. Un engagement ne se prend pas sans laisser une certaine mise et c’est bien pour cela qu’il faut y croire : Pascal, avec son pari, nous le rappelle avec plus de cynisme. Quand un sujet s’engage, il s’implique moyennant un coût. Tous psychiatres, nos pratiques sont plurielles, articulées autour de corpus théoriques différents que certains veulent contradictoires et opposables, que d’autres allient, justifiant d’une certaine cohérence entre les différents champs, ce que je partage. Pourtant certains clivages, comme celui qui oppose les théories liées aux neurosciences et les théories analytiques, s’ils nous divisent parfois, ne nous épargnent pas de la nécessité de définir notre champ spécifique commun, d’identifier ce qui fait le propre de notre savoir et de notre pratique. Quelle que soit la clinique, on sait le prix que coûtent notre engagement thérapeutique et notre responsabilité face à chaque acte thérapeutique, fruit de nos connaissances multiples et de nos expériences plurielles. C’est toujours au singulier que chacun conjugue ce qui va constituer son savoir. Ces savoirs individuels construits au fil de la clinique ne peuvent, nonobstant, qu’être collectés. La systématisation des savoirs singuliers en savoir théorique *Pédopsychiatre, psychanalyste, Thonon-les-Bains


ENGAGEMENT, INDÉPENDANCE, INVENTION

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PSYCHIATRE, UNE SUBJECTIVITÉ ENGAGÉE Gilles Cellier*

l y a quelques mois, lorsqu’Etienne Roueff m’a proposé d’intervenir lors de ces journées sur le thème de l’engagement du psychiatre, m’est rapidement venu à l’idée un aspect de notre pratique clinique la plus quotidienne : l’engagement du psychiatre en tant que sujet dans sa relation au patient.

I

Par « sujet », en me référant notamment à Bernard Penot, j’entends le sujet pulsionnel, sujet du désir, différent du sujet de la philosophie (sujet conscient, siège de la connaissance - Kant) mais aussi du sujet purement symbolique (Lacan). Ce sujet s’inscrit dans une conflictualité interne, entre désirs, résistances et censure ainsi que dans une temporalité et un socius. Or il me paraît important de pouvoir réfléchir à la place de ce sujet dans la relation psychiatre - patient, que l’on se réfère à la notion de colloque singulier ou à celle de relation transféro-contre-transférentielle. La rencontre entre le psychiatre et son patient est toujours une rencontre de deux sujets entre lesquels va se constituer un espace d’élaboration, à partir de l’investissement psychique des deux protagonistes. Et c’est cette problématique de l’investissement psychique, conscient et inconscient, du psychiatre, qu’il me paraît indispensable de prendre en compte. Cette question est historiquement au cœur des préoccupations méthodologiques de la science en général (question de l’objet et de *Psychiatre, psychanalyste, Annecy


ENGAGEMENT, INDÉPENDANCE, INVENTION

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UN ESSAI DE TRANSMISSION QUI SE POURSUIT Annie Stammler*

e jour où j’ai reçu le courrier de l’AFPEP proposant des possibilités de communication en atelier, il se trouve que je regardais « Le magazine de la santé » sur Arte ; cela m’arrive de temps en temps. L’émission tournait autour de la gynécologie obstétricienne. Et à un moment, parvenait une question sms : « Une patiente se plaignait après avoir subi sa troisième césarienne, de se sentir “moins femme” ». La réponse a été très nette, sans ambiguïté : « Dans un cas comme celui-là, il faut un debriefing ». « C’est-à-dire ? » Telle était la question alors posée, à laquelle était répondu : « C’est très simple ; on reprend avec la patiente son dossier, point par point, jusqu’à ce que ce soit clair ». C’était pragmatique, concret, sans hésitation ni état d’âme. Ce terme de debriefing, un mot anglais, utilisé surtout en milieu militaire, signifiant “compte rendu oral de fin de mission”, je ne l’avais jamais entendu dans un tel contexte. Il me semble que quelqu’un a parlé de psychothérapie ; ce n’était pas rejeté mais, le debriefing constituait le préalable. J’ai dû associer sur le thème des Journées du Havre, l’année dernière, centrées sur l’écoute, et j’ai proposé un argument d’intervention pour cet atelier (1). Alors, je termine l’écriture d’un peut-être futur livre, bien différent des précédents, non pas un livre du secteur Jeunesse, ni un roman dans lequel évoluent des personnages qui ont à faire avec la psychanalyse ou la musique (2).

L

*Psychiatre, psychanalyste, Paris


ENCORE À DIRE

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« ENGAGEZ-VOUS ! » Gilbert Letuffe*

près la révolution française de 1789, la conscription devint obligatoire jusqu’en A 1996 où il fut question de la supprimer pour mettre sur pied une armée de métier, mise en œuvre effective en l’an 2001. Dans ces temps anciens, un officier recruteur (et scrutateur) se déplaçait à travers la nation pour inscrire sur le registre les noms des futurs conscrits. Pour ce faire, il emmenait avec lui un petit bureau « appelé » (c’est le cas de le dire) « un bureau d’officier » qui prit aussi, selon les antiquaires, le doux nom de « Bonheur des Dames ». Est-ce une ironie du sort (le tirage au sort ayant été institué sous Napoléon avec cette possibilité de se faire remplacer pour qui avait quelque argent…), toujours est-il que ces dames qui en étaient exemptées en France pouvaient ainsi donner libre cours à un certain « désengagement » de circonstance, du moins pour certaines d’entre elles, oserions-nous le penser ! Cet engagement militaire, devoir et dette pour chaque citoyen mâle à la patrie souveraine, est-il du même topo, de la même texture que l’engagement du psychiatre, armé maintenant des psychotropes de « nouvelle génération » qui, prescrits à bon escient, devraient régulariser pour l’un, l’humeur, l’agressivité pour l’autre, les hallucinations ou bien le délire, autrement dit, notre malaise dans la civilisation ? Nous entendons déjà les rires de nos collègues qui, en haussant les épaules, nous rétorqueraient très justement : « Mais enfin, vous n’y êtes pas ! *Psychiatre, Chambéry


ENCORE À DIRE

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SUR LA LIGNE DE CRÊTE DE NOTRE SAVOIR ET DE NOTRE IGNORANCE Christine Falquet* Vincent Di Rocco**

ous souhaitons témoigner d’une pratique, d’une expérience, qui entre dans le champ de la transmission et de la formation. Il s’agit de l’animation, par une psychiatre et un psychologue, d’un groupe réunissant les différentes professions du soin psychiatrique au sein du dispositif hospitalier autour de textes théorico-cliniques, un “groupe de lecture”.

N

Tout d’abord une remarque sur le terme “d’engagement” qui sert de thème général à ces journées. En alpinisme, on distingue le niveau technique nécessaire pour parcourir une voie, la cotation, de l’engagement, qui est l’estimation du risque pris par l’alpiniste si un problème survenait. L’engagement est lié au parcours que doit accomplir l’alpiniste, plus la voie est longue, plus l’altitude est élevée, plus le retour est problématique, plus l’engagement est grand. Cette notion de “parcours engagé” peut entrer en résonance avec l’histoire, le cheminement, de ce petit groupe de lecture. Ce groupe vient de fêter ses dix ans, et ces journées sont pour nous l’occasion de ressaisir certains enjeux qui l’animent. Aux termes de transmission et de formation, qui servent de titre à cet atelier, nous rajoutons celui d’appropriation. C’est ce point que nous voulons relever, l’appropriation personnelle des savoirs et des pratiques psychiatriques. *Praticien Hospitalier, Centre Hospitalier Régional d’Annecy. *Docteur en Psychologie, Centre Hospitalier Régional d’Annecy.


ENCORE À DIRE

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À LA CROISÉE DES COUPURES : L’AVENTURE DU PSYCHIATRE Romain Chepfer*

Ce travail a pour ressort l’énoncé d’un sujet en souffrance : “Les mots sont des pierres dans un gué. Il va s’y décider ou non des enjambées dans cette quête du vrai… La répartition des mots scande la discontinuité des idées de rupture… Y aura-t-il pour moi l’effondrement d’un monde… et… ou un franchissement vers l’autre rive ?”. En deçà de la beauté poignante de ce propos construit dans et par la douleur, se joue une adresse. Est destitué de sa fonction celui qui l’escamote. Cette adresse engage le psychiatre ; elle met en demeure l’autorité de ses références épistémologiques. Destinataires éphémères en position cruciale, nous répondrons de notre engagement en mettant ici à l’épreuve l’aphorisme du Cardinal Nicolas de Cues : “Saisir dans l’impossible le goût du nécessaire” Introduction I. L’aventure s’organise en deux lieux, celui de la clinique et dans l’ombre, celui de ses références épistémologiques. L’épistémologie est faite de coupures, fut-ce celles dues à deux théologiens du XIVe et XVe à la découverte tardive.

*Psychiatre, psychanalyste, Mulhouse


ENCORE À DIRE

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Le document qui suit n’est pas un texte proprement dit mais la description d’une installation réalisée par François Oury pour les Journées d’Annecy. Il concentre un long travail de séminaire réalisé sur plusieurs années, dont il est difficile de rendre compte en quelques pages. Ce travail se poursuit dans un mouvement de réflexion en aller et retour entre une réaction à l’actualité et une recherche bibliographique éclectique. L’auteur, au style oulipien tel qu’il le qualifie lui-même et à la forme de pensée mathématique, propose plus des fils de réflexions à travers un long poème dans lequel il faut se laisser imprégner par le puzzle des mots. Plutôt que de donner des réponses ou de tenter de convaincre, il propose au lecteur/spectateur d’y intégrer sa propre « manière de voir ». (NdlR)


CONCLUSION

269

CONCLUSION Olivier Schmitt*

remercie nos deux observateurs qui ont su assumer leur tâche avec brio(1). JeneLesreste autres intervenants en plénière, tous adhérents de l’AFPEP, n’ont pas été quant à la qualité de leurs prestations qui, de l’avis général, ont toutes été remarquables. Cet accrochage à la clinique et aux spécificités de nos pratiques ne pouvait que me ravir : un festival de finesse et d’engagement. La richesse des débats en était le reflet et, comme toujours, nous aurions aimé qu’ils se prolongent, mais le temps nous manquait. Stimulés par ces travaux, nous nous sentons parfois frustrés de ne pouvoir partager toutes les réflexions qui nous viennent. Mais elles nous viennent parfois après coup, à distance ou simplement avec un peu de recul. Il serait peutêtre intéressant que vous nous en faisiez part en quelques lignes que vous nous enverriez par la suite. Ces considérations « post-Journées » pourraient éventuellement être ajoutées aux actes de nos Journées qui paraîtront dans la revue Psychiatries dans quelque mois. Cette idée m’avait été suggérée, il y a quelque temps déjà, cela mérite de tenter l’expérience. En guise de conclusions pour ces journées, j’ai envie de vous parler de l’engagement du psychiatre considéré de ma position de responsable syndical et scientifique. De ce point de vue, l’engagement m’évoque bien sûr un investissement en temps, en préoccupations car il faut se tenir au courant, être présent là où *Psychiatre, psychanalyste, Niort - président de l’AFPEP-SNPP


ANCIENS NUMÉROS

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LISTE DES ANCIENS NUMÉROS

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Le secteur. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Monaco, 1971) épuisé Libre choix. Temps partiel en voie d’épuisement. Pédopsychiatrie. Où, quand, comment ? en voie d’épuisement. La psychiatrie autonome et l’institution. Le secret. La demande. Etc. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1972) Hospitalisation. Secteur. Demande de soins, demande de psychanalyse. Le secret. Les pratiques. épuisé L’avenir de la psychiatrie libérale en voie d’épuisement. Le retour du/au corps. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1973) épuisé

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Le retour du/au corps (II) en voie d’épuisement. Exercice de groupe, exercice d’équipe (I) - Pédopsychiatrie. Exercice de groupe, exercice d’équipe (II). Rééducation psycho-motrice. Le psychiatre et la société (II) en voie d’épuisement. Vivre en professionnel Pédopsychiatrie (salariés). Limites et fonction de la psychiatrie. L’argent. L’installation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Cannes, 1974) La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1975) épuisé Expériences - Psychopathologie. L’hospitalisation psychiatrique (I) Problèmes généraux.


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PSYCHIATRIES N°152 SEPTEMBRE 2009

L’hospitalisation psychiatrique. épuisé Les Journées Nationales de la Psychiatrie Privée (C.R. intégraux) : “La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ?” La psychose en pratique privée : textes introductifs. L’hystérique et l’institution. épuisé Psychose et institution. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Textes officiels et documents critiques. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Les débats parlementaires en voie d’épuisement. La psychose en pratique privée. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Biarritz, 1976) Du côté de l’organique - La psychiatrie ailleurs. Expériences de la clinique. Symptômes et structures. La dépression ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1977) épuisé Honolulu ou le combat pour la liberté en voie d’épuisement. Pratiques en question en voie d’épuisement. La psychiatrie et la santé. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Evian, 1978) Thérapies familiales. Trentenaire de l’Élan. Psychiatrie et cultures. Numéro spécial SZONDI. Horizons thérapeutiques. L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. épuisé L’écoute.... musicale. La psychiatrie et les contrôles. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Nantes, 1980)

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Médecine et psychanalyse. épuisé L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1981) Le chemin parcouru. Sélection de textes publiés entre 1972 et 1975. L’intégration scolaire. La paranoïa aujourd’hui. Première partie. La paranoïa aujourd’hui. Deuxième partie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Perpignan, 1982) Médecine et psychanalyse. Clinique de la souffrance. Psychothérapie et/ou psychanalyse institutionnelles. Transsexualisme - Totalitarisme. La solitude. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Versailles, 1983) Psychiatries en institutions d’enfants. Médecine et psychanalyse. La difficulté de guérir. Éthologie de la sexualité. À d’autres.... Jeu, psychodrame et psychose. Du rêve. Du rêve : Deuxième partie. Chronobiologie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Reims, 1984) Autour de l’hystérie. Psychiatres en institutions d’enfants. Coûts en psychiatrie. Psychiatre, psychanalyse et feuilles de soins. Psychiatres, charlatans et magiciens. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1985) Le supposé clivage inconscient/biologique (I, II et III). (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Lyon, 1986) Urgence et patience. Julien Bigras. Hospitalisation privée. Autour de Henry Ey - De quelques “réalités”.


ANCIENS NUMÉROS

80-81 82

Le délire, espoir ou désespoir (I). Le délire, espoir ou désespoir (II). (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1987) 83 Autour des psychothérapies. Du père. 84-85 Épidémiologie psychiatrique. 86 La dépression dans tous ses états. 87-88 Psychosomatique. 89 Le psychiatre, le malade, l’état. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Hyères, 1988) 90 Rencontres. 91-92 Peurs. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1989) 93-94 Psychothérapies. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Poitiers, 1990) 95-97 Corps et thérapies. 99-100 Le Temps. 101-102 Les états de Dépendance. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Vanves, 1991) 103-105 L’impossible à vivre. Souffrance psychique.... (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Annecy, 1993) 106 La limite des névroses. 107 L’enfant et la consultation. 108-109 Le psychiatre et la loi. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Le Mans, 1994) 110 L’enfant et la consultation. 111 Les psychoses. 112-113 Adolescence, des liens en souffrance. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Vichy, 1995) 114-115 XXVe Anniversaire de la Psychiatrie Privée. 116 Les Psychoses. 117 L’Enfance. 118-119 Psychiatrie et prévention, liaison dangereuse ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Ile de Ré, 1996) 120-121 Souffrir de la peau. Peau et psyché, approche. 122 Le psychiatre, la médecine et la psychanalyse. 123 Le Secret. 124-125 Psychosomatique 97. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1997)

291

126-127 Suicide : d’une violence, l’autre. 128-129 La consultation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Beaune, 1998) 130-131 La responsabilité maltraitée (Séminaire A.F.P.E.P., Paris, 1999) 132-133 Filiations - Dimension clinique (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 134 La psychiatrie est-elle une science ? 135-136 Filiation et société (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 137 Nouvelles Filiations (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 138-139 Filiations culturelles, Filiations spirituelles (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 140 Traversée culturelle francophone à la découverte des pratiques ambulatoires de la psychiatrie. (Premières rencontres FRANCOPSIES, 2000). 141 L’intime et l’argent. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Avignon, 2002) 142 Le métier de psychiatre ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Lorient, 2001) 143 Le psychiatre et la psychothérapie 144 Les cachets de la folie (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Toulouse, 2003) 145 Les mots de la Psychiatrie (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris Bercy, 2004) 146 Psychiatre et citoyen (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Belfort, 2005) 147 Penser l’évaluation. Universel et singulier 148 Hospitaliser ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., La Chesnaie, 2006) 149 La Psychiatrie Médico-Sociale 150 L’écoute (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Le Havre, 2007) 151 La responsabilité en question pour le justice et la psychiatrie (Séminaire A.F.P.E.P. 2008) N° spécial Persiste et signe. Une étude clinique (2009)



BULLETIN D’ADHÉSION

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ASSOCIATION FRANÇAISE DES PSYCHIATRES D’EXERCICE PRIVÉ SYNDICAT NATIONAL DES PSYCHIATRES PRIVÉS Cotisation 2009

Le Docteur : Adresse :

..................................................................................

.....................................................................................

Code Postal : Tél. :

........................................

...................................................

E.mail :

Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax :

...............................

.......................................................................................

Règle sa cotisation A.F.P.E.P. - S.N.P.P. pour 2009 » Etudiants, internes, 1ère, 2ème et 3ème année d'exercice : 150 € » 4ème année d’exercice et au-delà : 300 € » conjoints d’adhérents, membres honoraires et retraités : 190 €

Bulletin à compléter et à retourner, accompagné de votre règlement, par chèque bancaire ou postal, à l’ordre du S.N.P.P. : S.N.P.P. Secrétariat administratif 141, rue de Charenton 75012 Paris *** Pour les non-adhérents, l’abonnement à “PSYCHIATRIES” est de 53 € Chèque à libeller à l’ordre de l’A.F.P.E.P. Prix de vente d’un numéro : 28 €



AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 ISSN : 0301-0287

SEPTEMBRE 2009 = N°152

L’engagement du psychiatre

REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES

L’engagement du psychiatre

SEPTEMBRE 2009 = N°152

Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé


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