AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 www.psychiatries.fr ISSN : 0301-0287
JANVIER 2014 = N°160
Diagnostic et psychiatrie
REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES
Diagnostic et psychiatrie
JANVIER 2014 = N°160
Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé
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PSYCHIATRIES N°160 JANVIER 2014
AFPEP-SNPP L’Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé (A.F.P.E.P.), fondée en juillet 1970, a promu une recherche théorico-pratique pluridisciplinaire sur la psychiatrie, son objet, son exercice, ses limites, en s’appuyant de façon plus particulière sur l’expérience de la pratique privée. Société scientifique de l’Association mondiale de psychiatrie (W.P.A.), affiliée à l’UNAFORMEC en tant qu’organisme de formation continue, l’A.F.P.E.P. anime de multiples cadres de travail nationaux ou décentralisés, prioritairement à l’intention et avec le concours des psychiatres privés, mais enrichis d’une très large participation nationale et internationale de cliniciens, chercheurs et théoriciens concernés par la psyché, dans toute la diversité de leurs orientations. Scandés par la tenue annuelle des “Journées nationales de la psychiatrie privée”, les travaux de l’A.F.P.E.P. s’articulent autour de sessions d’étude et de séminaires thématiques, régionaux ou nationaux. Productrice de modules de formation, elle accrédite et coordonne par ailleurs les activités de formation d’associations locales ou régionales de psychiatres privés. L’A.F.P.E.P. a élaboré en 1980 la “Charte de la psychiatrie” autour des références éthiques garantes de l’indépendance des praticiens ainsi que du respect des patients. L’A.F.P.E.P., association scientifique, à travers sa réflexion et ses recherches, donne socle à l’action du Syndicat National des Psychiatres Privés (S.N.P.P.) fondé en 1974. L’A.F.P.E.P.-S.N.P.P. a publié en 1995 le “Manifeste de la Psychiatrie”, synthèse des principes d’efficience d’une pratique confrontée aux risques contemporains de réduction bureaucratique et comptable de l’activité soignante des psychiatres privés.
AFPEP-SNPP 141, rue de Charenton - 75012 Paris - France Tél. : (33)1 43 46 25 55 - Fax : (33)1 43 46 25 56 E-mail : info@afpep-snpp.org - Site Internet : http://www.afpep-snpp.org
SOMMAIRE ÉDITORIAL Thierry Delcourt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.
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ARGUMENT Diagnostic et Psychiatrie Les fondamentaux à l’épreuve des questions actuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.
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POUR UN DIAGNOSTIC EN BONNE INTELLIGENCE CONFLITS D’INTÉRÊTS ET DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE Gilles Mignot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.
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LES CONFLITS D’INTÉRÊTS Jacques Barbier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.
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DIALOGUE AUTOUR DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE UN ÉCLAIRAGE NEUROPSYCHIATRIQUE ET NEUROSCIENTIFIQUE Serge Bakchine - Hervé Chneiweiss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 39
LES FONDAMENTAUX DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE INTÉRÊTS DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE ASPECTS HISTORIQUES ET ASPECTS ACTUELS Jérémie Sinzelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.
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CLASSIFICATIONS ET PÉDOPSYCHIATRIE Gérard Schmit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 73
CLASSIFICATIONS : INTÉRÊT DIAGNOSTIQUE ? Olivier Schmitt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 87
L’OMBRE DU RÉCIT Claude Gernez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 93
CARNETS DE VOYAGES AU PAYS DE L’HAS Michel Jurus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 99
POSITION DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE SYNTHÈSE DES TRAVAUX EN COURS SUR LE RÉFÉRENTIEL MÉTIER Jean-Jacques Laboutière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 107
CONCLUSIONS Patrice Charbit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 113
SOMMAIRE
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DSM 5 : L’ACHARNEMENT DIAGNOSTIQUE MON EXPÉRIENCE DU DERNIER CONGRÈS DE L’APA SAN FRANCISCO 18-23 MAI 2013 Patrick Stoessel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 119
LE DSM EST DANS LA CONCEPTION RÉDUCTIONNISTE DE L’HOMME MACHINE Patrick Landman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 135
REPENSER LA PSYCHIATRIE A TRAVERS LES DÉRIVES DU DSM Guy Dana . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 145
QU’EST-CE QUE LE DSM, SELON STEEVE DEMAZEUX Jean-Louis Planque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 151
DÉSIRS DE LIVRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 161 Créer pour vivre - Vivre pour créer de Thierry Delcourt L’étoffe du réel de Georg R. Garner Le corps perdu de Suzanne Thover de Marie Le Drian Le refoulement - Pourquoi et comment ? de Patrick Landman et Gérard Pommier L’entre-corps, les symbioses partielles dans l’approche des psychoses en psychothérapie institutionnelle de Catherine de Luca Bernier Les pathologies rebelles essai de psychopathologie clinique à l’usage de la psychothérapie d’Olivier Schmitt L’entre-corps, les symbioses partielles dans l’approche des psychoses en psychothérapie institutionnelle de Catherine de Luca Bernier Les frères encombrants de Patrick Avrane Les pathologies rebelles d’Olivier Schmitt
ANCIENS NUMÉROS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 171 BULLETIN D’ADHÉSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 175
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ÉDITORIAL
Oui, le diagnostic en psychiatrie est otage, non pas tant de la querelle évoquée dans l’argument du Séminaire de Printemps de Reims, entre les anciens et les modernes, entre les tenants d’une pensée psychopathologique et ceux d’une approche médicale. Il est devenu l’otage d’une novlangue désaffectant le psychisme et d’une économie néolibérale sans pitié pour l’humain, sans état d’âme, sans l’once d’une interrogation politique et des enjeux sociaux à l’œuvre dans la souffrance psychique et les pathologies psychiatriques. Autant dire qu’en l’état, poser un diagnostic devient pour le psychiatre un acte politique, et cela, même s’il n’en a pas conscience. L’idéologie qui le traverse le conduit à prendre position dans son acte : il peut se conformer à l’approche hégémonique des classifications internationales, dont la pire, toujours à venir, est le DSM et sa sophistication prétendument athéorique, mais certainement pas apolitique. Il peut aussi résister aux sirènes de normes confortables, et défendre un diagnostic qui prend en compte la complexité des enjeux, de la dimension psychopathologique aux conditions sociales, de la biologie à la subversion des normes, ne craignant pas d’envisager la dimension politique de la folie.
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Au risque d’être taxé de conservateur ou de néoconservateur, le psychiatre résistant défend la dimension subjective de l’être en souffrance et l’altérité radicale de la folie. Mais, au décours de cette position exigeante, il risque de résister à la richesse des apports scientifiques, confondant science et scientisme. Ce Séminaire de Printemps, nos Journées Nationales de Lyon sur Résistance ainsi que nos échanges avec l’ensemble de la profession dans le cadre de l’élaboration du référentiel métier, ont permis un vrai dialogue avec des neurologues et des neuroscientifiques, évitant cette confusion, à charge pour chacun d’ouvrir sa pensée à celle de l’autre. Les textes de ce numéro 160 témoignent de cette exigence à inscrire la question du diagnostic en psychiatrie dans l’histoire et le monde contemporain, dans un dialogue ouvert avec la science, mais aussi dans un souci de démonter les entraves idéologiques dont nous ne sommes jamais indemnes. Les textes incisifs de Claude Gernez sur l’ombre du récit, de Patrick Stoessel sur sa visite OutreAtlantique dans l’énorme congrès de l’APA, de Michel Jurus au pays du DSM, sont précieux pour nous permettre de dégripper nos empêchements à penser. Rencontrer, écouter, entendre ce qui se dit de la place de l’autre, accepter l’étrangeté et la différence, ne jamais perdre de vue la variable culturelle, interroger ses a priori et refuser ses automatismes de pensée et de posture à l’emporte-pièce, voilà le plus petit dénominateur commun qui devrait nous réunir autour du diagnostic en psychiatrie et de sa complexité.
Thierry Delcourt
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www.psychiatries.fr En septembre 2009, le Bureau de l’AFPEP a décidé de doter la revue Psychiatries d’un site internet spécifique. Les sommaires de tous les numéros y seront intégrés au cours des mois prochains mettant en évidence la diversité des travaux de réflexion et de recherche de l’association depuis sa création. Un site est d’autant plus repéré et consulté qu’il est référencé dans d’autres sites. Chacun des adhérents de l’association et lecteurs de la revue peut, au cours de ses navigations sur le net, signaler l’existence de psychiatries.fr aux sites de références pertinents consultés, aidant ainsi à faire connaître ou mieux connaître la psychiatrie privée.
ARGUMENT
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ARGUMENT Diagnostic et Psychiatrie Les fondamentaux à l’épreuve des questions actuelles
L
e diagnostic en psychiatrie serait-il l’otage d’une querelle des anciens et des modernes ? Peut-on réduire le débat autour du diagnostic à l’opposition entre les tenants d’une pensée et d’une pratique psychopathologique, psychanalytique, face à ceux d’une psychiatrie médicale, biologique, neuroscientifique ? Confondant modernité et tabula rasa, doit-on identifier les premiers à de vieux conservateurs incapables de s’adapter au monde actuel et les seconds à des innovateurs seuls à même de détenir et porter la vérité scientifique et le progrès des soins en psychiatrie ? Au carrefour de la science médicale et des sciences humaines, le diagnostic en psychiatrie concerne l’humain dans sa singularité, son altérité, son inscription sociale et culturelle. Par conséquent, la démarche diagnostique y a ses spécificités, mais qui n’empêchent aucunement de suivre l’évolution sociétale et celle du progrès des sciences. Même s’il se pose la question d’un diagnostic, le psychiatre inscrit son acte dans la rencontre avec le patient, attentif à l’humilité de ses hypothèses et à la dynamique évolutive humaine qui ne manque pas de générer des surprises obligeant à ajuster, voire à infirmer ce diagnostic.
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De plus, nombre de paramètres interfèrent dans la rencontre et donc, dans le diagnostic. Les enjeux y sont importants. En effet, que devient un diagnostic quand il est l’otage de conflits d’intérêts manifestes avec les tentations induites par le marketing sophistiqué de l’industrie pharmaceutique, avec les institutions qui imposent une soumission la plus volontaire possible ou quand il est la proie de codages visant à quantifier un forfait d’acte, toutes opérations de standardisation entraînant des biais redoutables ? L’acte psychiatrique perd alors sa spécificité pour se transformer en acte administratif, en acte expert, voire, au pire, en tri sélectif selon le degré de handicap ou la capacité d’adaptation. Au plus proche de la pratique psychiatrique, il nous faut dessiner les contours d’un diagnostic qui prendrait en compte les fondamentaux d’une psychiatrie humaine tout autant que les travaux récents en neurosciences, génétique, sciences de la cognition et sciences sociales. À distance des recommandations prémâchées transformant le psychiatre en exécutant obligé, il nous faut donc dessiner le cadre et le référentiel qui permettront d’inscrire tout progrès, du scientifique au psychopathologique, dans un praticable diagnostic innovant et capable de se modeler au gré de l’évolution, que ce soit celle des patients ou des ajustements indispensables au progrès conceptuel.
TEXTE INTRODUCTIF
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POUR UN DIAGNOSTIC EN BONNE INTELLIGENCE
POUR UN DIAGNOSTIC EN BONNE INTELLIGENCE
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CONFLITS D’INTÉRÊTS ET DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE Gilles Mignot*
E
xaminer les relations entre conflits d’intérêts et diagnostic en psychiatrie nécessite tout d’abord de réfléchir à ces deux entités séparément.
Tout d’abord, les conflits d’intérêts nécessitent quelques définitions Qu’est-ce qu’un conflit d’intérêts ? Pour Wikipedia « un conflit d’intérêt apparaît quand un individu ou une organisation est impliqué dans de multiples intérêts, l’un d’eux pouvant corrompre la motivation à agir sur les autres »(1). Au cours de ces dernières années, la plupart des revues médicales internationales ont été amenées à développer une politique de déclaration d’intérêts et donc à définir les conflits d’intérêts. Ainsi pour le British Medical Journal « un intérêt concurrent (souvent appelé un conflit d’intérêts) existe lorsque le jugement professionnel concernant un intérêt primaire (tels que le bien-être des patients ou la validité de la recherche [ou un diagnostic]) peut-être influencé par un intérêt secondaire (tel que gain financier ou rivalité personnelle). Il peut se poser pour les auteurs d’un article du BMJ quand ils ont un intérêt financier qui peut influencer probablement à leur insu, leur interprétation de leurs résultats ou ceux d’autrui ». *Psychiatre, pharmacologue CHU de Nice
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Le Lancet apporte des précisions supplémentaires : « un conflit d’intérêts existe si les auteurs ou leurs institutions ont des relations financières ou personnelles avec d’autres personnes ou organisations qui pourraient influencer de façon inappropriée (biais) leurs actions. Les relations financières sont facilement identifiables, mais des conflits peuvent également survenir en raison de relations personnelles, la concurrence académique, ou la passion intellectuelle. Un conflit peut être réel ou potentiel et sa divulgation complète à la Rédaction est le plus sûr ». Un conflit d’intérêts peut donc être défini comme tout élément, quelle que soit sa nature, pouvant apporter un biais dans le jugement. Les conflits d’intérêts ne sont pas uniquement financiers Lorsque l’on parle conflits d’intérêts et diagnostic en psychiatrie, vient tout de suite à l’esprit l’influence des firmes pharmaceutiques sur la classification diagnostique américaine DSM. Certes notre exposé sera principalement consacré à ce phénomène. Pour autant, il ne faut pas oublier que bien d’autres conflits d’intérêts peuvent aboutir à des tentatives, conscientes ou inconscientes, de manipulation du diagnostic en psychiatrie. Il existe d’abord des conflits d’intérêts d’ordre économique. Les pouvoirs publics, l’Assurance Maladie, les mutuelles et sociétés d’assurance utilisent les catégories diagnostiques pour prévoir les équipements sanitaires, fixer des coûts par maladie, fixer des modalités de prise en charge, de remboursement, d’indemnisation. Selon que l’on déplace le curseur entre normal et pathologique, que l’on élargisse ou non les critères de diagnostic d’une entité nosographique, les conséquences économiques peuvent être très importantes. Un des exemples actuels est la polémique autour du rôle de la commission d’experts chargés d’examiner les dossiers des victimes du Médiator. Les conflits d’intérêts peuvent être d’ordre intellectuel En dehors même de l’influence des firmes pharmaceutiques sur la classification DSM, le but assigné à la troisième version a été clairement de médicaliser la psychiatrie et d’en finir avec les conceptions freudiennes du symptôme présentes dans les versions DSM I et II. Les symptômes mis au jour par la psychanalyse ont alors été rejetés et d’autres ont été fabriqués à l’aide de questionnaires des thérapies cognitivo-comportementales. Il suffit de rappeler la polémique récente soulevée en France par la publication du rapport de la Haute Autorité de Santé HAS sur les bonnes pratiques de la prise en charge de l’autisme(2).
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Les conflits d’intérêts peuvent être d’ordre personnel, carriériste ou de notoriété On sait que les carrières universitaires sont basées sur les publications dites scientifiques. En réalité, un nombre important d’articles n’ont pas été rédigés par ceux qui les ont signés mais par des « écrivains fantômes »(3). Une étude sur les articles publiés en 1996 dans six journaux scientifiques (dont Annals of Internal Medicine, JAMA, the new England Journal of Medicine) a révélé que 13 % des articles originaux avaient été écrits par des écrivains fantômes. De même une enquête des revues de la littérature publiées dans la base de données Cochrane en 1999 a révélé que 39 % des articles comportaient au moins un auteur n’ayant pas participé à son élaboration. La notoriété d’un chercheur repose souvent sur des travaux portant sur un domaine assez étroit. Lorsque l’évaluation des données conduit à la remise en cause de ces travaux on assiste souvent à une forte résistance de l’auteur initial. Ce phénomène n’existe pas seulement à l’échelle individuelle. Il suffit d’évoquer ici la forte résistance de certaines institutions publiques et sociétés de spécialistes à la remise en cause de l’intérêt du dépistage du cancer du sein(4). Le maquis des classifications nosographiques Le besoin d’élaborer des critères de classification des maladies psychiatriques s’est fait sentir dès le milieu de dix-neuvième siècle(5,6). De nombreuses classifications ont été proposées. Si l’on considère la situation dans les années 1970, quatre grands courants peuvent être isolés. En France les travaux de nombreux auteurs, dont le plus connu reste Henri Ey, se sont intéressés à la classification des maladies psychiatriques. Leurs travaux devaient aboutir à la publication, en 1968, par la section psychiatrie de l’INSERM d’une classification française des troubles mentaux en vingt catégories. À la suite de Kraepelin, dont le traité devait connaître huit éditions entre 1883 et 1915, l’école allemande avait abouti à sa propre classification. De son côté, l’OMS, créée par l’ONU après la seconde guerre mondiale, a pris le relais des travaux de la société des nations et fait paraître en 1948 la sixième mise à jour, dite CIM-6, de la classification internationale des maladies, traumatismes et causes des décès. Devaient suivre d’autres éditions, d’abord à un rythme décennal, dont le CIM-9 en 1975. Les projets de la CIM-10 ont débuté en 1983, la nouvelle révision étant adoptée en 1990, pour être finalement publiée en 3 volumes en 1993 (volume 1), 1995 (volume 2) et 1996 (volume 3). La commercialisation de la CIM-11 est prévue pour 2015(7). Aux États-Unis d’Amérique, le DSM (Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorders) est né en 1951 (DSM I) sous le parrainage de l’Association Américaine de Psychiatrie (APA). Le DSM II est paru en 1968. Mais la véritable révolution dans le domaine de la nosographie est survenue en 1980 avec le DSM III(8).
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L’unification autour du DSM Le premier congrès de psychiatrie de Paris en 1950 avait montré que les échanges internationaux étaient rendus difficiles par l’emploi de terminologies différentes, certains termes semblables en apparence ne désignant pas les mêmes concepts dans chaque école(5). Entre 1950 et 1970 devaient apparaître de profonds bouleversements dans le devenir de la psychiatrie. Tout d’abord la découverte des médicaments psychotropes a suscité beaucoup d’espoirs dès les années 1950 et a contribué au développement de la psychiatrie biologique. Avec la psychiatrie biologique, la psychiatrie espérait retrouver le champ clair et limpide de la médecine somaticienne : une maladie = un traitement = la guérison(9). Peu après l’arrivée des médicaments psychotropes, dans les années 1960, la nécessité d’obtenir une autorisation de mise sur le marché avant de pouvoir commercialiser un nouveau médicament a été rendue obligatoire en Europe suivant en cela les États-Unis d’Amérique qui l’avaient imposée dès 1938 à travers le Federal Food Drug and Cosmetic Act. La mise en place de l’AMM va nécessiter l’élaboration de critères d’évaluation reproductibles d’un pays à l’autre et une standardisation des pratiques. En bref pour l’obtention d’une AMM, l’évaluation des médicaments psychotropes en particulier, va nécessiter la réalisation d’essais cliniques comparatifs randomisés réalisés par des firmes pharmaceutiques sur des groupes de maladies les plus homogènes possibles. La consommation de médicaments psychotropes a littéralement explosé dans la deuxième moitié du vingtième siècle nécessitant l’adaptation des modalités de prise en charge par les organismes sociaux, les mutuelles et les sociétés d’assurance. Une de ces modalités de prise en charge passe par la création de groupes homogènes de malades. Au début des années 1970, la psychiatrie américaine était en plein désarroi. Plusieurs articles avaient fait scandale en montrant qu’un même patient pouvait recevoir un diagnostic et un traitement fort différents non seulement en raison de divergences profondes entre divers pays tels que les États-Unis d’Amérique et la Grande Bretagne (écart de 2 à 4 dans la probabilité du diagnostic de schizophrénie entre ces deux pays) mais à l’intérieur même d’un seul pays en fonction des obédiences. Une étude menée auprès de jeunes psychiatres de toutes obédiences avait révélé que « les chances qu’ils soient d’accord avec le diagnostic d’un examinateur n’excédaient pas la probabilité d’un simple hasard »(10). Une communication passée presque inaperçue a été faite par des auteurs péruviens au troisième congrès mondial de psychiatrie de Montréal en 1961 sur l’intérêt de l’analyse statistique de la fréquence des symptômes pour déterminer des catégories diagnostiques, annonçant l’abandon des critères
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L’instance, les instances, avec lesquelles nous sommes constamment en conflit sont prioritairement intimes mais actualisées par une situation. Pas de résolution de ces conflits sans analyser conjointement : – la situation, – ce qu’elle fait naître en nous, – et ce qui nous pousse à étudier les champs connexes à notre métier, – autrement dit se donner les conditions d’une pensée. D’un côté notre engagement choisi « je ne sais pas pourquoi » mais choisi quandmême, en dialogue avec : – notre corps qui nous impose de lui payer un loyer (ses rythmes, la fatigue, l’excitation...), – instruit par une instance intime et puissante, qui siège en notre for-intérieur. Cette voix nous dit : tu n’es pas libre, tu n’es pas fraternel, tu n’es pas égal ! D’un autre côté, une attirance pour la tranquillité, la recherche de la satisfaction ; et même au delà du plaisir. Problème : aucun de ces intérêts contradictoires ne peut faire taire l’autre. La Raison Je vais vous raconter une histoire juive 6 : Deux marchands d’habits se querellent sans cesse. Une médiation leur est proposée, ils refusent. Il leur est proposé que le rabbin fasse office de médiateur; ils acceptent. Rabi. Dis-moi ta Cause, demande-t-il au premier. Celui-ci expose ses griefs... Rabi. Tu as raison !! Agitation. Rabi. Dis-moi ta Cause, demande-t-il au second protagoniste. Celui-ci expose ses griefs... Rabi. Tu as raison !! Agitation et reproches. Rabi les interrompt et dit au premier : Quand je t’ai dit que tu avais raison, je confirme... Rabi dit au second : Quand je t’ai dit que tu avais raison, je confirme... Reproches... Agitation indignée. Je confirme, vous avez tous deux raison mais pas pour les mêmes raisons; et vos raisons sont inconciliables. Ne cédez pas ! Deux logiques. Aucun des protagonistes n’a à céder l’un face à l’autre. Il leur revient de se positionner, pas de convaincre. Second point de tension : les conflits ne sont binaires que superficiellement.
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DIALOGUE AUTOUR DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE UN ÉCLAIRAGE NEUROPSYCHIATRIQUE ET NEUROSCIENTIFIQUE Serge Bakchine* Hervé Chneiweiss*
Hervé Chneiweiss : la légitimité des neurosciences en psychiatrie ? Puisque l’on dit d’où l’on parle, le temps d’opposer l’organe qui produit la pensée, le cerveau et cette pensée elle-même, est de mon point de vue révolu et c’est de là que je parlerai. Le fait de vouloir qu’il y ait d’un côté le corps avec sa finitude et, de l’autre côté, l’esprit qui permettrait d’échapper à cette finitude est quelque chose qui peut être de l’ordre de la métaphysique, mais en aucun cas de l’ordre de l’approche scientifique. L’approche des neurosciences c’est d’essayer de comprendre cet organe de 200 milliards de cellules qui s’élaborent au cours du temps, Serge a bien parlé de la plasticité. Comment cet organe, avec les 50 000 contacts eux-mêmes plastiques qui s’établissent entre chaque cellule, arrive à être cet organe qui nous permet d’être en relation avec le monde, de percevoir le monde, d’agir sur le monde, de penser le monde. *Professeur de Neurologie, Reims – Chef de service *Directeur de recherche Centre de Psychiatrie et Neurosciences U894 Inserm – Université Paris Descartes
LES FONDAMENTAUX DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE
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INTÉRÊT DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE Aspects historiques et aspects actuels Jérémie Sinzelle*
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u-delà du débat entre adversaires et partisans des différentes classifications, il nous semble essentiel de revenir sur les différentes démarches classificatoires en psychiatrie. La psychiatrie est née à la suite d’un long cheminement intellectuel, tout d’abord philosophique. D’abord à travers une compréhension de plus en plus construite de l’âme humaine (ancêtre de l’appareil psychique), elle émerge ensuite de la légitimité de l’existence d’un sujet, normal ou pathologique, cet être pensant et doué de parole, sur laquelle se base la clinique. *Psychiatre, Paris
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CLASSIFICATIONS ET PÉDOPSYCHIATRIE Gérard Schmit*
À
ce moment de notre journée, déjà très fructueuse, je vous propose de vous emmener dans une autre réalité, une réalité un peu différente, celle de la pédopsychiatrie. Auparavant, je voudrais remercier les organisateurs de cette rencontre de leur invitation à intervenir. Elle m’a fait d’autant plus plaisir que j’ai une grande sympathie pour votre association scientifique et votre syndicat. Ces organisations jouent un rôle important dans la transmission et l’amélioration de nos pratiques psychiatriques. J’en ai pleinement pris conscience au cours de mon mandat de président de la Fédération Française de Psychiatrie. J’ai apprécié de travailler au sein de la Fédération avec vos représentants, des collègues de grande valeur. Si vous me permettez un commentaire d’ordre un peu plus privé, je tiens à dire devant vous l’estime et l’amitié que j’ai pour Jean-Jacques Laboutière, et aussi toute mon amitié pour Antoine Besse, qui nous a quittés il y a peu. Il est mort subitement, à la sortie d’une réunion de la Fédération, où, comme à son habitude, *Professeur de Pédopsychiatrie à l’UFR de Médecine de Reims
LES FONDAMENTAUX DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE
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CLASSIFICATIONS : INTÉRÊT DIAGNOSTIQUE ? Olivier Schmitt*
E
n botanique, la classification taxinomique n’aide en aucune manière à faire son jardin. Cela ne nous permet pas de savoir que le fenouil ne doit pas être cultivé avec les autres légumes. Ou que telle association évitera certaines maladies etc. C’est l’histoire et l’expérience du jardinage et des plantes qui nous l’apprendra. Autrement dit, une telle classification taxinomique s’intéressant surtout à l’aspect, à la forme comme une flore est conçue, permet certes de retrouver rapidement un nom ou un code mais, contrairement à un manuel de jardinage, se prive alors d’une dimension plus complexe et moins codifiable tenant compte de l’interaction fonctionnelle et dynamique, c’est-à-dire s’intéressant aux liens de cause à effet, aux rétroactions autorégularisatrices etc. Et donc à la dimension historique des choses (complexité dans l’ordre syntagmatique). *Psychiatre, Niort
LES FONDAMENTAUX DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE
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L’OMBRE DU RÉCIT Claude Gernez*
L
e diagnostic, spontanément, s’impose à moi comme idée parasite à l’écoute d’un patient ; ou à l’inverse, comme l’objet d’échanges intenses avec des collègues. Dans le premier cas, je crains de manquer la singularité du sujet que j’écoute ; le second correspond plus précisément à des adolescents dont la problématique anorexique répond à mon engagement institutionnel, que, pour cette raison, je suis amené à discuter plus souvent. Simplement si j’avais exercé entre les deux guerres, je n’aurais pas eu à me préoccuper de cette pathologie, grâce à un médecin, Simmons, qui a découvert et décrit « la cachexie panhypophysaire » en 1914. Dés lors, la question de l’anorexie ne s’est plus posée, l’évidence de cette pathologie organique ayant occulté toute autre étiologie. Il a fallu attendre la fin de la deuxième guerre pour se reposer la question, en estimant que des symptômes communs ne recouvraient pas tout à fait la même chose. Donc, en reprenant l’exemple de l’anorexie mentale, la clinique permet de repenser la théorie dans son rapport à la question de la science, de la scientificité et de l’avenir des idées. Si je suis suffisamment bref, j’aurai peut-être l’occasion d’y revenir sous une autre forme. *Psychiatre, Enghien les Bains
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CARNETS DE VOYAGES AU PAYS DE L’HAS Michel Jurus*
A
ux doux rêveurs que vous êtes, je propose un voyage fascinant au pays de la Haute Autorité de Santé. Á une vitesse hypersonique, devant le temps qui m’est donné par l’organisateur de cette belle journée de printemps de Reims, je vais vous faire profiter de la riche expérience de mes week-ends de formation pour devenir médecin agréé dans l’Évaluation des Pratiques Professionnelles, dite EPP. Comment fallait-il procéder pour s’embarquer à bord de cet énorme vaisseau? Dans le souhait de mettre en place l’EPP, les Unions Régionales des Médecins Libéraux avaient fait un appel à candidature pour des médecins désireux d’aider, après formation HAS, leurs confrères dans une première évaluation de leur pratique. *Psychiatre, Lyon
LES FONDAMENTAUX DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE
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POSITION DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE Synthèse des travaux en cours sur le référetiel métier Jean-Jacques Laboutière*
J
e voudrais avant toutes choses saluer l’effort tout particulier de l’AFPEP concernant le projet de référentiel métier qui a été initié par la FFP-CNPP à la fin de l’année 2011. Un effort qui s’est d’abord traduit par son implication dans le travail d’élaboration du référentiel métier, puisque l’AFPEP est l’une des rares associations à avoir été en mesure de mobiliser des représentants dans chacun des quatre groupes de travail mis en place pour parvenir à réaliser ce référentiel métier. Mais aussi un effort en terme de communication puisque c’est aujourd’hui la deuxième fois que je suis invité à exposer l’avancée des travaux dans le cadre de ce Séminaire de Printemps.
*Psychiatre, Mâcon
LES FONDAMENTAUX DU DIAGNOSTIC EN PSYCHIATRIE
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CONCLUSIONS Patrice Charbit*
R
emercions le Dr Thierry Delcourt pour l’organisation de cette journée passionnante et chaleureuse. Son engagement a été lisible dans les moindres détails, aussi bien au sein du conseil scientifique qu’à l’intendance. Il est le vice-président en charge de la communication de notre syndicat et je tiens à souligner la qualité et l’ampleur de son action au quotidien de notre vie associative. Thierry, au nom de l’AFPEP – SNPP, un grand merci. Remercions également son amical complice, le Dr Jacques Barbier, qui n’a pas ménagé ses efforts et a largement contribué à la réussite de cette journée.
*Président de l’AFPEP - SNPP
DSM 5 : L’ACHARNEMENT DIAGNOSTIQUE
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MON EXPÉRIENCE DU DERNIER CONGRÈS DE L’AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION SAN FRANCISCO 18-23 MAI 2013 Patrick Stoessel*
“Pursuing wellbeing over lifespan (1)” Ce texte n’est pas un compte-rendu scientifique du 166ème Congrès de l’APA mais un témoignage subjectif et personnel de ma participation à cette manifestation. Un de mes amis, chercheur en sciences sociales à l’INSERM sur les questions liées à la sexualité (2), m’informe qu’il va présenter une communication au prochain congrès de l’American Psychiatric Association (APA) à San Francisco en mai 2013 et me propose de l’accompagner. Nous nous inscrivons début février avant l’augmentation des droits d’inscriptions déjà élevés (960$ soit environ 720€ pour les participants simples, qui ne présentent pas de communication). Depuis *Psychiatre, Paris
DSM 5 : L’ACHARNEMENT DIAGNOSTIQUE
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INTERVIEW DU DR PATRICK LANDMAN « Le DSM est dans la conception réductionniste de l’homme machine »
L
e Dr Patrick Landman est psychiatre, pédopsychiatre et juriste à Paris. Il fait partie du mouvement anti «pensée unique DSM», initiateur d’un manifeste «pour en finir avec le carcan du DSM» qui s’adresse non seulement à l’Organisation Mondiale de la Santé, OMS (qui a tendance à se calquer sur les classifications DSM), mais aussi aux pouvoirs politiques de chaque pays qui ne mesurent pas exactement les conséquences financières et humaines de l’hégémonie du système DSM. Il a recueilli aujourd’hui 3 000 signatures.
DSM 5 : L’ACHARNEMENT DIAGNOSTIQUE
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REPENSER LA PSYCHIATRIE À TRAVERS LES DÉRIVES DU DSM Guy Dana*
L
a parution récente du DSM 5 (mai 2013) annoncée de longue date par ses concepteurs comme un événement d’importance dans le monde de la psychiatrie, n’a pas reçu, loin s’en faut, l’accueil attendu. L’évènement s’est retourné. L’opposition croissante y compris par l’un des pères fondateurs du DSM, le professeur Allen Frances, opposition qui s’est manifestée dans le monde entier, semble à ce jour avoir pris le pas sur les soutiens à ce nouveau manuel. Comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est toute une conception de la psychiatrie qui se trouve mise en relief et qui, souhaitons-le, va se trouver fragilisée alors que pour beaucoup d’entre nous elle est depuis longtemps rejetée. *Psychiatre, psychanalyste, Etampes
DSM 5 : L’ACHARNEMENT DIAGNOSTIQUE
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QU’EST-CE QUE LE DSM ? Genèse et transformations de la bible américaine de la psychiatrie, Ed. Ithaque, 2013 Steeve Demazeux, Philosophe des sciences, rattaché en tant que post doctorant au CHSSC, Université Picardie Jules Verne et à l’Institut Faire Face Jean-Louis Planque*
Quelques extraits de texte : La volonté d’aboutir à une classification standardisée des troubles mentaux est liée au rôle qu’ont exercé les recensements statistiques dans la vie administrative et politique américaine. Il n’a jamais existé de tradition nosologique ni de « style » clinique national aux États-Unis. Aucun grand système original ne s’est jamais imposé, contrairement à la psychiatrie européenne. *Psychiatre , Amiens
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PSYCHIATRIES N°160 JANVIER 2014
L’ENTRE-CORPS, LES SYMBIOSES PARTIELLES DANS L’APPROCHE DES PSYCHOSES EN PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE Catherine de Luca Bernier Préface de Jean Oury MJW éditions, Paris 2013, 303 p. Ce livre est stupéfiant, d’une audace rare. Je serais tentée de dire qu’il est un pavé (plus de 300 pages…) dans la mare des publications concernant la psychose, et qu’il devrait faire date. L’auteure y rend compte, avec un essai de théorisation, de sa rencontre avec la psychose, dans un cadre institutionnel qui n’est pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de la célèbre Clinique de La Borde, fondée et dirigée par Jean Oury. Le fonctionnement et les principes qui fondent l’approche de la maladie mentale dans ce modèle de psychothérapie institutionnelle sont d’ailleurs remarquablement exposés dès l’entrée de l’ouvrage, ainsi qu’un rappel historique. Il ne s’agit donc pas de cures individuelles de psychosés, telles que s’y risquent, depuis relativement peu de temps, certains psychanalystes aventureux. Le concept de symbiose partielle, figurant dans le titre, indique d’emblée l’orientation théorisante : C. de Luca Bernier est une élève de G. Michaud, elle-même élève en son temps de G. Pankow, dont les liens avec La Borde et avec J. Oury sont bien connus. Le concept est issu de son travail de contrôle avec G. Michaud. Il faut sans doute, est-il rappelé en référence à Bion, se déprendre des préjugés théoriques dans la pratique clinique, mais cela n’empêche pas notre auteure de faire preuve d’une étonnante et sérieuse culture psychiatrique, psychanalytique et même philosophique, dont les rappels s’organisent avec une rigueur logique impeccable : c’est l’un des mérites de cet ouvrage d’opérer une synthèse fort intéressante des grands courants théoriques abordant « l’expérience psychotique du monde », pour reprendre les termes de G. Pankow. Mais ce qui fait la très grande originalité de ce travail, il faut le dire, c’est la clinique. Une cinquantaine de vignettes cliniques émaillent le texte, et là, « ça décoiffe », si je peux me permettre cette expression triviale. J’avais entendu, par C. de Luca Bernier, l’exposé d’un de ces cas, (Jérôme, l’homme à la tête de chat), lors de Journées d’Euro-Psy en 2006 : l’auditoire avait été sidéré. Comment pouvait-on livrer en public un tel vécu « contretransférentiel »… où il était mentionné des phénomènes hallucinatoires ? Et certains n’étaient pas loin de considérer cette collègue comme intéressante certes, mais un peu « dérangée » elle-même ? Or, dans cet ouvrage, ce qui n’avait pu être abordé alors de cette perception particulière du vécu psychotique est mis très sérieusement à l’étude, à partir d’une analyse poussée d’éléments biographiques où interviennent un multilinguisme peu banal, la dominance de l’image allant jusqu’à une activité de peintre, les traumas familiaux et le transgénérationnel, débouchant sur une ouverture particulière à l’étrangéité, à l’extra-ordinaire, au décalage entre le vécu
ANCIENS NUMÉROS
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Le secteur. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Monaco, 1971) épuisé Libre choix. Temps partiel en voie d’épuisement. Pédopsychiatrie. Où, quand, comment ? en voie d’épuisement. La psychiatrie autonome et l’institution. Le secret. La demande. Etc. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1972) Hospitalisation. Secteur. Demande de soins, demande de psychanalyse. Le secret. Les pratiques. épuisé L’avenir de la psychiatrie libérale en voie d’épuisement. Le retour du/au corps. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1973) épuisé
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Le retour du/au corps (II) en voie d’épuisement. Exercice de groupe, exercice d’équipe (I) Pédopsychiatrie. Exercice de groupe, exercice d’équipe (II). Rééducation psycho-motrice. Le psychiatre et la société (II) en voie d’épuisement. Vivre en professionnel Pédopsychiatrie (salariés). Limites et fonction de la psychiatrie. L’argent. L’installation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Cannes, 1974) La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1975) épuisé Expériences - Psychopathologie. L’hospitalisation psychiatrique (I) Problèmes généraux.
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L’hospitalisation psychiatrique. épuisé Les Journées Nationales de la Psychiatrie Privée (C.R. intégraux) : “La psychiatrie… à qui ? Le psychiatre… pour quoi faire ?” La psychose en pratique privée : textes introductifs. L’hystérique et l’institution. épuisé Psychose et institution. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Textes officiels et documents critiques. Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées. Les débats parlementaires en voie d’épuisement. La psychose en pratique privée. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Biarritz, 1976) Du côté de l’organique - La psychiatrie ailleurs. Expériences de la clinique. Symptômes et structures. La dépression ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1977) épuisé Honolulu ou le combat pour la liberté en voie d’épuisement. Pratiques en question en voie d’épuisement. La psychiatrie et la santé. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Evian, 1978) Thérapies familiales. Trentenaire de l’Élan. Psychiatrie et cultures. Numéro spécial SZONDI. Horizons thérapeutiques. L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. épuisé L’écoute.... musicale. La psychiatrie et les contrôles. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Nantes, 1980)
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Médecine et psychanalyse. épuisé L’efficacité thérapeutique en psychiatrie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1981) Le chemin parcouru. Sélection de textes publiés entre 1972 et 1975. L’intégration scolaire. La paranoïa aujourd’hui. Première partie. La paranoïa aujourd’hui. Deuxième partie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Perpignan, 1982) Médecine et psychanalyse. Clinique de la souffrance. Psychothérapie et/ou psychanalyse institutionnelles. Transsexualisme - Totalitarisme. La solitude. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Versailles, 1983) Psychiatries en institutions d’enfants. Médecine et psychanalyse. La difficulté de guérir. Éthologie de la sexualité. À d’autres.... Jeu, psychodrame et psychose. Du rêve. Du rêve : Deuxième partie. Chronobiologie. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Reims, 1984) Autour de l’hystérie. Psychiatres en institutions d’enfants. Coûts en psychiatrie. Psychiatre, psychanalyse et feuilles de soins. Psychiatres, charlatans et magiciens. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1985) Le supposé clivage inconscient/biologique (I, II et III). (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Lyon, 1986) Urgence et patience. Julien Bigras. Hospitalisation privée. Autour de Henry Ey - De quelques “réalités”.
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Le délire, espoir ou désespoir (I). Le délire, espoir ou désespoir (II). (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1987) Autour des psychothérapies. Du père. Épidémiologie psychiatrique. La dépression dans tous ses états. Psychosomatique. Le psychiatre, le malade, l’état. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Hyères, 1988) Rencontres. Peurs. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1989) Psychothérapies. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Poitiers, 1990) Corps et thérapies. Le Temps. Les états de Dépendance. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Vanves, 1991) L’impossible à vivre. Souffrance psychique.... (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Annecy, 1993) La limite des névroses. L’enfant et la consultation. Le psychiatre et la loi. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Le Mans, 1994) L’enfant et la consultation. Les psychoses. Adolescence, des liens en souffrance. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Vichy, 1995) XXVe Anniversaire de la Psychiatrie Privée. Les Psychoses. L’Enfance. Psychiatrie et prévention, liaison dangereuse ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Ile de Ré, 1996) Souffrir de la peau. Peau et psyché, approche. Le psychiatre, la médecine et la psychanalyse. Le Secret. Psychosomatique 97. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris, 1997)
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126-127 Suicide : d’une violence, l’autre. 128-129 La consultation. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Beaune, 1998) 130-131 La responsabilité maltraitée (Séminaire A.F.P.E.P., Paris, 1999) 132-133 Filiations - Dimension clinique (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 134 La psychiatrie est-elle une science ? 135-136 Filiation et société (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 137 Nouvelles Filiations (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 138-139 Filiations culturelles, Filiations spirituelles (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Marseille, 1999) 140 Traversée culturelle francophone à la découverte des pratiques ambulatoires de la psychiatrie. (Premières rencontres FRANCOPSIES, 2000). 141 L’intime et l’argent. (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Avignon, 2002) 142 Le métier de psychiatre ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Lorient, 2001) 143 Le psychiatre et la psychothérapie 144 Les cachets de la folie (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Toulouse, 2003) 145 Les mots de la Psychiatrie (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Paris Bercy, 2004) 146 Psychiatre et citoyen (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Belfort, 2005) 147 Penser l’évaluation. Universel et singulier 148 Hospitaliser ? (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., La Chesnaie, 2006) 149 La Psychiatrie Médico-Sociale 150 L’écoute (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Le Havre, 2007) 151 La responsabilité en question pour la justice et la psychiatrie (Séminaire A.F.P.E.P. 2008) N° spécial Persiste et signe. Une étude clinique (2009)
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L’engagement du psychiatre (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Annecy, 2008) Médico-social et psychiatrie, Du soin à l’accompagnement : quelle clinique ? (Séminaire A.F.P.E.P. 2009) Virtuel (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Nice, 2009) Le principe de précaution : Diktat prédictif ou prévention ? L’actualité d’une action syndicale Gérard Bles, Fondateur (Séminaire A.F.P.E.P. 2010) Transmettre : hasard et nécessité (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Dinan, 2010) Violence(s) (Journées Nationales de l’A.F.P.E.P., Amiens, 2011) Être psychiatre aujourd’hui (Séminaire A.F.P.E.P. 2012) Invention, réinvention du soin (Journées Nationales de l’ A.F.P.E.P., Bordeaux, 2012)
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BULLETIN D’ADHÉSION
SYNDICAT NATIONAL DES PSYCHIATRES PRIVÉS ASSOCIATION FRANCAISE DES PSYCHIATRES D’EXERCICE PRIVÉ
COTISATION 2014 Le Docteur, Madame, Monsieur :
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Adresse : Tél. :
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Portable :
E-mail (impératif pour recevoir la newsletter) :
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Année de naissance : Exercice libéral
Exercice médico-social
Année d’installation : Hospitalisation privée
Hospitalisation publique
Merci de cocher tous vos modes d’exercice ........................................................................................................................................................................................................................................................................
Règle sa cotisation A.F.P.E.P. - S.N.P.P. pour 2014, par chèque bancaire ou postal à l’ordre du S.N.P.P. : 1re, 2e et 3e année d’exercice 180 € .......................................................................
ème
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année d’exercice et au-delà :
...........................................................
.....................
125 €
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310 €
Membres associés, membres de soutien à l’AFPEP : Retraité actif :
Psychiatre ayant cessé d’exercer : Interne :
360 €
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215 €
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60 €
Règle l’abonnement exclusif – non-adhérent(e) à “PSYCHIATRIES” : 60 € Chèque à libeller à l’ordre de l’A.F.P.E.P. *** Bulletin à compléter et à retourner, accompagné de votre règlement, par chèque bancaire ou postal, au siège de l’A.F.P.E.P. - S.N.P.P., 141, rue de Charenton - 75012 Paris Prix de vente d’un numéro : 30 €
PUBLICATION DE l’AFPEP JANVIER 2014 - N°160 Secrétariat de la Rédaction 141, rue de Charenton 75012 Paris tél : 01 43 46 25 55 fax : 01 43 46 25 56 Site internet : www.psychiatries.fr Courriel : info@afpep-snpp.org Fondateur Gérard BLES Directeur de la Publication Patrice CHARBIT Directeur de la Rédaction Olivier SCHMITT Rédacteur en Chef Thierry DELCOURT Comité de Rédaction Jacques BARBIER, Hervé BOKOBZA, Robert BOULLOCHE, Patrice CHARBIT, Claude GERNEZ, Michel JURUS, Françoise LABES, Jean-Jacques LABOUTIÈRE, Marie-Lise LACAS, Jean-Louis PLANQUE, Anne ROSENBERG, Patrick STOESSEL, Monique THIZON Traduction en anglais et en espagnol Pascale DUMONT-ROSE Conception Graphique Marie Carette / Gréta Réseau Graphique Impression Imprimerie Nouvelle Sté Angevin - Niort ISSN 0301-0287 Dépôt légal : 1er trimestre 2014 30 €
AFPEP 141, rue de Charenton - 75012 Paris Tel. 01 43 46 25 55 - Fax. 01 43 46 25 56 www.psychiatries.fr ISSN : 0301-0287
JANVIER 2014 = N°160
Diagnostic et psychiatrie
REVUE DE RECHERCHE ET D’ÉCHANGES
Diagnostic et psychiatrie
JANVIER 2014 = N°160
Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé