NUMERO 1 : mars - avril 2012
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Numéro 1
mars / avril 2012 5 euros
paprikamag.com
RE VOT AU E V U AZINE NOA M G OYAGE DE V
N°1
BONNES RAISONS DE GOÛTER
5
LE BÉARN P.87
Antoine de Maximy
recettes pour un menu exotique P.96
passe à table P.14
LISBONNE revisite sa gastronomie restos, bars, recettes, spécialités, shopping...
nos 50 pages gourmandes P.24 L 14186 - 1 - F: 5,00 € - RD
MARS-AVRIL paprika • 03
%
E VOTR AU E E UVZI N NOA GE M GA OYA DE V
BONNES RAISONS DE GOÛTER
5
N°1
LE BÉARN P.85
recettes pour un menu exotique
Antoine de Maximy
L’EDITO
P.94
passe à table P.14
LISBONNE revisite sa gastronomie
Paprika ! Il en aura fallu une
Et nous savons que ce
et qui nous enthousiasme :
sacrée dose pour lancer
n’est pas fini, puisque, en
Lisbonne. Vous savez sans
un magazine papier, en
ce qui nous concerne, nous
doute que le Portugal a été
pleine crise de la dette et à
nous dirigeons tout droit
très touché par la dernière
un mois de la présidentielle.
vers une nouvelle crise,
tempête financière.
En même temps, nous
celle de la quarantaine...
Pourtant, malgré ces
sommes tous les deux
Seulement, nous avons
temps difficiles, Lisbonne a
venus au monde l’année du
découvert de puissants
faim. De nouveautés et de
choc pétrolier. Depuis, nous
remèdes pour dissiper
rencontres. Comme nous.
avons grandi avec la hausse
la sinostrose : voyager,
Derrière les fourneaux,
Président et directeur de la publication
du chômage, le creusement
partager, découvrir,
ça s’active et même les
Alexandre Zalewski (azalewski@paprikamag.com)
des déficits, la désindus-
goûter aux bonnes
vénérables institutions,
trialisation... Pas une
choses. ! C’est pourquoi,
comme la Conserveira
année sans une révision à
pour ce premier numéro,
de Lisboa, font appel à
la baisse des prévisions
nous avons choisi de
de jeunes designers pour
de croissance ou un déficit
braquer les projecteurs sur
dépoussiérer les recettes
abyssal du trou de la sécu.
une ville que nous aimons
qui ont fait leur succès.
restos, bars, recettes, spécialités, shopping...
nos 50 pages gour mandes P.24 L 14186 - 1 - F: 5,00 € - RD
PHOTO : CLAUDIO ANDRADE
édité par Paprika Productions SAS au capital de 10 000 euros Siège social 27, rue Gutenberg, 93 500 Pantin RCS Bobigny 539 171 025
Rédaction en chef Jennifer Gallé (jgalle@paprikamag.com) et Alexandre Zalewski (azalewski@paprikamag.com)
Direction artistique et réalisation Jennifer Gallé (jgalle@paprikamag.com)
C’est cet insatiable et formidable appétit que
Graphisme/Design Bianca Marvin (biancaelisamarvin.fr)
Illustrations
nous avons voulu vous présenter ici.
Marie Capriata (laboutiquedemarie.webnode.com)
En attendant d’avoir votre
Ont participé à ce numéro
Paprika vous propose aussi
Claudia Portas, Nilton Rasoilo, Géraldine Grob-Dufour (infographie), Elisabeth Roger (correction), Samia Cherki (iconographie), Romain Bely, Marie Grézard.
billet d’avion en poche, de voyager sans (trop) bouger de chez-vous. En explorant une région
Communication et presse
française, par exemple, en
Naoielle Benhamadi +33 (0)6 60 11 27 09 naoielle@free.fr
organisant une visite insolite des alentours de la
ISSN : en cours Dépôt légal : à parution
Gare de Lyon, ou encore, en
Impression
le fumet des plats d’un chef
Rotocayfo Carretera de Caldes km 3.0 08130 - Santa Perpetua de Mogola BARCELONE - ESPAGNE
Contact distribution
allant découvrir comment italien s’est retrouvé sous nos latitudes. Alors, prêts
Philippe Rondel 07 61 61 86 32
pour le départ ?
Photo ACF (p.99) Christian Boisseaux/La Vie
ALEXANDRE ZALEWSKI & JENNIFER GALLÉ
04 • PaPrika maRs-aVRiL
a u m en u
À la terrasse du Café Darwin.
P.24 La destination
Les ingrédients du renouveau lisboète agenda P.06 Les rendez-vous gourmands à ne pas rater + un road trip gastronomique au pays de Mad Max Le Cantal fête les bœufs gras.
en images
foRmuLe expRess
P.20 Vos photos de voyage les plus appétissantes
P.22 Où manger vite (et bien !) à la Gare de Lyon, à Paris
maRs-aVRiL PaPrika • 05
chefs Venus d’aiLLeuRs
fLacons à découVRiR
nouRRituRes spiRitueLLes
P.76 Ciacco ou l’Italie en croûte de sel
P.84 Marsyas souffle un vent nouveau sur les vins libanais
P.94 Notre sélection de livres + la chronique de Didier Pourquery
P.96
Recettes des quatre coins du monde Aux fourneaux, Massimo.
P.14 suR Le gRiL Les recettes d’Antoine de Maximy pour se faire inviter à dîner
chRonique d’un hit cuLinaiRe P.82 Hamburger, les dessous d’un succès mondial
en fRance P.87
Cinq talents du Béarn et du Pays Basque à découvrir
Francis Miot, le roi de la confiture, à Pau.
06 • paprika MARS-AVRIL
Comme l’an passé, le très fantasque chef argentin Chakall sera de la fête.
AGENDA à FAIRE EN FRANCE
Au 104, la cuisine c’est tout un roman FESTIVAL À VOIR ET À MANGER ET FESTIVAL DU LIVRE CULINAIRE AU 104 (PARIS), DU 7 AU 19 MARS
année d’existence, et fort
étoilé à Londres, ou encore le
chargée de faire découvrir
d’un
grandissant
facétieux chef Abdel Alaoui
la boisson la plus bue au
(+ 40 % de fréquentation
que l’on a pu voir sur Canal+
monde, après l’eau et le thé,
en 2011), le Festival du Livre
et France 5.
lors de différents ateliers de
Qui aurait dit que le 104,
culinaire ouvrira ses portes
le nouvel écrin hype de
du 7 au 11 mars prochain,
La Chine investit les lieux
Le menu du Festival du livre
l’art contemporain parisien,
pour
der-
Cette année, c’est la Chine
culinaire est déjà extrême-
deviendrait un haut lieu de la
nières nouveautés dans le
qui aura la vedette. Trente-
ment copieux. Cela ne l’em-
gastronomie ?
monde de l’édition.
cinq personnalités de la gas-
pêche
Le centre culturel, qui a élu
Plus de 4 000 ouvrages
tronomie chinoise seront
cette année de la première
domicile dans les anciens
seront exposés pour l’occa-
présentes pour faire décou-
édition du festival à voir et à
bâtiments du Service muni-
sion. Et, puisque la lecture
vrir cette cuisine raffinée et
manger, qui se tiendra éga-
cipal des pompes funèbres
ouvre l’appétit, les grands
trop souvent caricaturée.
lement au 104 entre le 10 et
de la capitale, peut s’enor-
chefs qui ont œuvré dans
On pourra même déguster
le 19 mars prochains.
gueillir
ces beaux livres viendront
des vins chinois.
Performances artistiques,
mars deux manifestations
faire une démonstration de
Pour cette troisième édi-
conférences sur la mixité
dédiées à la cuisine et à la
leurs meilleures recettes.
tion, le Festival a par ailleurs
sociale et les pratiques culi-
gastronomie, mais sans qu’il
La liste des personnalités
désigné
comme
naires, à voir et à manger va
y soit uniquement question
conviées est impression-
produit star. Et c’est une
lui aussi vous faire voyager à
de tester et de déguster.
nante, à commencer par l’in-
femme, Cécile Delorme, fon-
travers les saveurs et les
Honneur aux “anciens”, tout
vité d’honneur, Michel Roux,
datrice de la cave à bières
habitudes alimentaires.,
d’abord. Pour sa troisième
cuisinier
Brewberry à Paris, qui sera
INFOS : 104.FR
d’accueillir
début
succès
présenter
les
français
multi-
dégustation.
la
bière
pas
de
s’enrichir
MARS-AVRIL paprika • 07
Les bœufs gras font des petits dans le Cantal
ET AUSSI Menton zeste la capitale du citron
LES TERSONS AUBRAC A PIERREFORT (15), LES 24 ET 25 MARS
fêter les bœufs gras les 24
La tradition des bœufs gras
une belle occasion pour ce
remonte au Moyen Âge. On
petit village de mettre en
en trouve les premières
valeur ses traditions mon-
traces à Bazas, en Gironde,
tagnardes. Ainsi, dès le sa-
dès 1283. Il s’agissait d’un
medi, les curieux pourront
privilège octroyé aux bou-
visiter une fromagerie. Une
chers de se promener avec
visite de ferme est prévue
leurs animaux le jeudi gras.
l’après-midi, avec une pré-
Aujourd’hui
les
sentation du travail des
bœufs sont à l’honneur à
chiens de troupeau. Mais le
Bazas. Mais si vous voulez
gros des festivités aura lieu
les admirer, il faudra atten-
le dimanche, avec une expo-
dre l’édition 2013, car les
sition des bêtes et le défilé
bêtes ont déjà défilé le
des bœufs proprement dit.
16 février dernier. Ou alors
Les
vous rendre dans une autre
même prévu un atelier cui-
ville,
tradition
sine avec un chef et des ani-
s’est étendue, jusqu’à Paris
mations plus pittoresques,
où des défilés sont men-
comme
tionnés dès 1739.
tions du jeu de boules car-
car
encore,
cette
et 25 mars prochains. Cette
manifestation
organisateurs
des
est
FÊTE DU CITRON DE MENTON (06), JUSQU’AU 7 MARS Il reste quelques jours pour vous rendre à Menton et admirer les chars décorés ou les sculptures géantes faites d’agrumes. Menton importe près de 150 tonnes de citrons et d’oranges pour fêter le fruit du soleil, cultivé depuis le XVe siècle dans la région. C’est au XIXe que sa culture atteint son apogée : en 1810, la production locale dépassait les 2 000 tonnes par an. La première fête dédiée a lieu en 1934, alors que la ville est encore le premier producteur européen. Il s’agissait alors de divertir les riches touristes. Mais la spéculation foncière, les maladies et surtout la concurrence de l’Italie et de l’Espagne auront raison de l’agrumiculture mentonnaise. Aujourd’hui, la municipalité tente de redynamiser la culture du fruit en or, en déposant un dossier pour obtenir une Indication géographique protégée. Pour l’instant, avec 200 tonnes par an, la production du citron de Menton est encore confidentielle. Mais la ville entend profiter de la renommée internationale de l’événement pour faire découvrir les qualités gustatives propres au citron de Menton. Un événement qui ne vous laissera pas un goût... acide !
ont
démonstra-
On compte même des dé-
rées. Ne riez pas : Pierrefort
clinaisons en Belgique et en
organise chaque année un
Italie. Pierrefort, dans le
championnat d’Europe de la
Cantal, a aussi décidé de
discipline. ,
Il n’y a pas que le ski dans la vie FESTIVAL DE LA GASTRONOMIE RÉGIONALE À COMBLOUX (74), DU 12 AU 16 MARS Et si on profitait de vacances à la montagne pour aller... manger ! La station de Combloux, en Haute-Savoie, a bien compris qu’il n’y a pas que le ski dans la vie, et organise du 12 au 16 mars prochain un festival de la gastronomie régionale et du patrimoine. Pendant ces quatre jours, de nombreuses animations sont au programme : marché “à l’ancienne”, avec vente de produits locaux, sorties en raquettes avec pause thé, bugnes (beignets) et rissoles (chaussons fourrés) ou encore un concours de farcement, où une trentaine de plats seront élaborés, notés par des chefs cuisiniers et dégustés.
Que le meilleur coulommiers gagne ! FOIRE INTERNATIONALE AUX FROMAGES ET AUX VINS DE COULOMMIERS (77), DU 26 AU 29 MARS Quelle bonne idée de réunir à l’occasion d’une foire deux aliments faits l’un pour l’autre. La 44e édition de la foire aux Fromages et aux vins de Coulommiers permettra de découvrir la production de plus de 350 exposants. L’occasion d’élire le meilleur coulommiers et le meilleur brie de la région ou d’admirer les animaux exposés pour l’occasion.
08 • paprika MARS-AVRIL
Bayonne se paie une tranche FOIRE AUX JAMBONS DE BAYONNE (64), DU 5 AU 8 AVRIL Selon la légende, le premier jambon de Bayonne était un jambon de sanglier. Au XIVe, Gaston Phœbus aurait abattu un animal qui serait tombé dans les sources d’eau salée de Salies. C’est la saison suivante que la bête aurait été retrouvée, bien conservée par le fameux sel. C’est ainsi que pour obtenir l’Indication géographique protégée “de Bayonne”, un jambon doit avoir été salé dans les salines locales et pendant au moins sept mois. La Foire au jambon est une véritable institution, qui a débuté en 1462. Vingt-six artisans charcutiers viendront représenter l’industrie locale qui compte 2 000 éleveurs de porcs, une vingtaine d’entreprises de salaison et une cinquantaine d’artisans qui produisent un million trois cent mille jambons. Outre des dégustations de charcuterie et un concours de la meilleure omelette au jambon, la foire organise le traditionnel concours du meilleur jambon fermier, dont les trois lauréats seront vendus aux enchères.,
Une drôle de bestiole à la casserole FÊTE DE LA LAMPROIE À SAINTE-TERRE (33), LES 28 ET 29 AVRIL
n’a pas de mâchoire, mais un
Ouest.
disque buccal constitué de
Sainte-Terre est l’occasion
nombreuses
poin-
de découvrir la bête, avec
Les fêtes culinaires sont
tues qui lui permettent de
l’incontournable repas dan-
l’occasion de découvrir de
s’accrocher à un poisson
sant (la lamproie est bien
véritables curiosités. Ainsi,
lorsqu’elle est en mer, d’en
sûr au menu), les intronisa-
Sainte-Terre,
Gironde,
râper la peau et d’en aspirer
tions de la Confrérie de la
fête à la fin avril un animal
la chair, un peu à la manière
Lamproie, le marché de pro-
pour le moins original : la lam-
d’une sangsue.
duits régionaux, une exposi-
proie.
un
Son physique ingrat ne l’em-
tion pour mieux connaître la
poisson, mais un vertébré
pêche pas d’être un mets
lamproie, et un vide-grenier
primitif parasite. La lamproie
très recherché dans le Sud-
le dimanche.,
Ce
en
n’est
pas
dents
Et
cette
fête
à
MARS-AVRIL paprika • 09
La Gironde folle de l’asperge FÊTE DE L’ASPERGE DU BLAYAIS À ETAULIERS (33), LES 28 ET 29 AVRIL
perge, ateliers de cuisine, démonstrations
de
re-
cettes par des grands chefs,
Saviez-vous que l’asperge
tout a été prévu pour célé-
est une excellente source
brer l’asparagus officinalis.
d’antioxydants et qu’elle en
Nul besoin d’être un incondi-
contiendrait plus que le bro-
tionnel de l’asperge pour
coli ? Qu’elle est très riche
faire le voyage en Gironde.
en vitamine B9, et qu’on lui
Vous pourrez assister au
prêtait autrefois des ver-
ballet
tus contre le mal de dents.
samedi soir, déguster des
Certains
même
côtes de Blaye ou faire le
effets
plein de salaisons, de miel,
qu’elle
pensent
aurait
aphrodisiaques.
des
le
en
de chocolat ou de fromages
tous cas de très bonnes rai-
auprès des 60 exposants
sons de fêter ce petit lé-
présents.
gume. C’est ce qui sera fait,
A noter : la présence cette
pour
année
année d’Yvan Cadiou, cuisi-
consécutive, à Etauliers, les
nier nomade et chroniqueur,
28 et 29 avril prochains.
qui viendra accompagné de
Omelette
sa “cook case”. ,
la
Voilà
pyrotechnique
douzième
géante
à
l’as-
Le crabe, roi de la mangrove FÊTE DU CRABE DE MORNE-A-L’EAU (98), LE 8 AVRIL
aussi, nous avons notre manifestation dédiée au crustacé. Il suffit de traverser l’Atlantique et se rendre à Morne-à-l’Eau, en Guadeloupe, où se tient, le 8 avril, la 20e édition de la journée du Crabe et de la mangrove. L’an dernier, la manifestation a attiré 15 000 visiteurs, qui sont venus assister au concours de recettes au crabe, à ceux des attacheurs et des mangeurs de crabe ou aux courses de crabe. Cette journée permet aussi de sensibiliser le public à l’importance de la mangrove et du besoin de la protéger. ,
© Anne Bécel, Amerikando
La Corée n’est pas la seule à fêter le crabe. En France
10 • paprika MARS-AVRIL
AGENDA à FAIRE DANS LE MONDE
Yeongdeok sort les pinces
lune du calendrier lunaire (à la mi-
neiges... On trouve même le tradition-
mars), le crabe des neiges est à l’hon-
nel kimchi, généralement fait à base de
neur et à toutes les sauces. Il y a bien
chou chinois, réalisé à partir de crabe
La légende dit qu’il y a très longtemps,
sûr les animations incontournables,
fermenté et pimenté. C’est bien sim-
le crabe des neiges était un mets de
comme le petit tour sur un véritable
ple : ce sont plus de 100 000 spéci-
roi et que les crustacés qui leur
bateau de pêche, la pêche au crabe
mens qui sont vendus chaque année.
étaient réservés étaient élevés dans
dans une piscine improvisée ou encore
Yeongdeok organise même une vente
le sable pour leur donner un goût par-
les danses et les chants folkloriques.
aux enchères, un concours de décou-
ticulièrement fin et délicat. De nos
Mais c’est aussi l’occasion de dégus-
page de poisson, un concours de cui-
jours, la ville portuaire de Yeongdeok
ter du crabe des neiges sous toutes
sine
reste la capitale coréenne du Chionoe-
ses formes : soupe de crabe des
d’engloutissement de crustacé pour
cetes opilio. Chaque année, autour de
neiges (daegetang), nouilles au crabe
que personne ne reste sur sa faim. ,
Daeboreum, lors de la premiere pleine
des neiges, bibimbap au crabe des
INFOS : ENG.YD.GO.KR
FESTIVAL DU CRABE DE YEONGDEOK (CORÉE DU SUD), DU 8 AU 12 MARS
au
crabe
et
un
concours
MARS-AVRIL paprika • 11
La slow food fait escale à Stuttgart SLOW FOOD MARKET À STUTTGART (ALLEMAGNE), DU 12 AU 15 AVRIL
d’Outre-Rhin produites par
On peut être une multina-
pourront ainsi découvrir,
tionale et œuvrer pour le
parmi les 400 exposants
développement
Le
présents sur le salon, les
mouvement Slow Food, né
miels Imkerei Kasper, qui
en Italie dans les années 80,
proviennent de différentes
en réaction au développe-
ruches en Europe, ou en-
ment des fast-food, a fait
core, s’arrêter sur le stand
des petits dans le monde
de la société ALB-Gold Teig-
entier et compte désor-
waren, un fabriquant de
mais des adeptes un peu
pâtes du Sud de l’Allemagne
partout en Europe, en Amé-
qui propose des féculents
rique du Nord et en Asie. Et
aux œufs et au... chocolat,
ce qui n’était qu’un mouve-
au pain d’épice ou au citron
ment de défense d’un cer-
vert ! ,
local.
des défenseurs du “bon, propre et juste”. Les curieux
tain art de vivre est devenu,
INFOS : MESSESTUTTGART.DE/ mouvement citoyen, qui SLOWFOOD au fil des ans, un véritable œuvre tant pour l’éducation du goût que pour la promotion des productions locales ou la défense de la diversité des semences.
TO UJ OURS EN COR é E Lors du Festival de Maehwa (du 17 au 23 mars), près de la ville de Gwangyang, on vient pour admirer les Maehwa (les abricotiers du Japon) en fleurs. Les arbres donneront ensuite des fruits, les maesil en coréen ou ume en japonais, des prunes un peu acides que l’on mange séchées et salées. Vous trouverez, bien sûr, tous les produits dérivés des maesil dans le village de Maehwa.
Le mouvement Slow Food organise un peu partout des événements pour promouvoir le “bien-manger”, dont cette grande foire à Stuttgart qui se tient miavril. Fromages, gumes,
fruits
poisson,
et
lé-
viande,
charcuteries, vin, chocolat, confitures, pains... Ici, on trouve son bonheur tout en découvrant des spécialités
S éA N CE DE R AT T R AP A GE Vous avez raté le Slow food market de Stuttgart ? Rien n’est perdu pour le mois d’avril, mais il faudra aller un peu plus à l’est. Belgrade organise, les 21 et 22 avril le “supernatural food”, qui vise à promouvoir des produits serbes fabriqués selon les méthodes traditionnelles. Le festival se tient dans le quartier d’Ada Huja, à l’est de la ville, sur la rive droite du Danube, à environ 4 km du centre-ville. Infos : supernaturalfest.com
12 • paprika MARS-AVRIL
Le goût du bush australien David et Jackie vous accueille-
TASTES OF THE OUTBACK DANS LES FLINDERS RANGES (AUSTRALIE), DU 30 MARS AU 2 AVRIL
ront dans leur ferme bio pour aller récolter les fruits et légumes du jardin et préparer un bon repas.
Goûter l’Outback australien,
Après vous être bien sus-
ça se mérite. Pour profiter du
tenté, petit crochet par Pe-
festival “Tastes of the Out-
tersborough, à une centaine
back” de Flinders Ranges, il
de kilomètres à l’est, pour visi-
vous faudra d’abord vous ren-
ter le musée des trains à va-
dre de l’autre côté de la pla-
peur et assister au son et
nète (compter une vingtaine
lumière dédié au “cheval de
d’heures de vol). Ensuite, aller
fer”. Vous pourrez surtout y
à Adelaïde, cinquième ville de
déguster les productions lo-
l’île continent, à (seulement)
cales,
1 374 km à l’ouest de Sydney.
d’olive.
De là, de préférence, louer une
Melrose, au nord-ouest de
voiture. Emporter de quoi
Petersborough,
passer
en
Mount Remarkable National
autarcie, prendre beaucoup
Park, où est organisée une dé-
d’eau, un téléphone portable
gustation
et, éventuellement, quelques
cabernet sauvignon et shiraz
cours de mécanique.
du domaine Bundaleer. Il ne
quelques
jours
notamment Direction
d’huile ensuite
près
des
du
riesling,
faudra pas trop abuser tout En route pour les Flinders Ranges
de même, car il faut ensuite
Partir en direction du nord-
reprendre la route pour Port
ouest par l’A1, puis l’A87 (ça ne
Augusta pour assister au “bal
s’invente pas) qui mène à Alice
de l’Outback”, où, après le
Springs, la plus grosse ville,
dîner de spécialités locales, la
avec ses 20 000 âmes, du
nuit se finira sur la piste de
centre de l’Australie. C’est ici
danse. Là encore, il faudra
que le challenge débute : réus-
garder un peu de forces.
sir, en quatre jours, à faire
Ce n’est en effet qu’avec
toutes les animations qui au-
les
ront lieu pendant ce festival
étapes que vous entrerez à
pour le moins... épars.
proprement parler dans le
Premier
parc national des Flinders
arrêt
à
O’Reilly’s
Orchard, dans la forêt de Wirrabara, au nord-est de Port Pirie, à 200 km d’Adelaïde.
trois
prochaines
Ranges. Premier arrêt au Rawnsley Park
Station,
sur
Wilpena
MARS-AVRIL paprika • 13
Road, qui organise un barbe-
Le service de bus pour se rendre sur les différents lieux du Festival n’est pas forcément le moyen de transport le plus fiable...
cue dans un cadre grandiose. Rendez-vous ensuite au Wilpena Pound Resort, dans le parc, pour un pique-nique à Stokes Hill. Enfin, direction Blinman, au nord de Flinders Ranges, au Wild Lime Cafe, qui propose pour l’occasion des menus inspirés du bush. En piste pour Innamincka Si vous ne frôlez pas l’overdose de kilomètres, il reste une étape. De Blinman, reprendre la B83 et rouler vers le nord jusqu’à Lyndhurst. De là (vous aviez bien entendu pris la précaution de louer un 4x4 à Adelaïde), prendre la Strzelecki Track, une piste de 466 km qui vous mène à Innamincka,
petit
bourg
qui
compte... 12 résidents permanents. Le Innamincka Hotel (vous ne pouvez pas le rater) propose, le temps du festival,
Jackie dans sa ferme bio.
“un vrai retour aux sources” avec de la viande grillée au barbecue accompagnée de vins australiens. Pour finir, vous ferez partie de ces privilégiés qui assisteront à la séance de cinéma en plein air, sous les étoiles du désert. Le programme ne dit pas quel film sera projeté, mais ça vaut le détour, non ? ,
INFOS : TASTESOFTHEOUTBACK.COM.AU
T OU JO U RS E N A U S T RA L IE 20E FOOD AND WINE FESTIVAL DE MELBOURNE (AUSTRALIE) L’Australie est riche d’événements culinaires. L’un des plus importants a lieu à Melbourne, début mars. Les gourmands sont invités à assister à des prestations de grands chefs, comme René Redzepi, Massimo Bottura ou Ben Shewry. On pourra également déguster des vins de la région, visiter les jardins à bière ou bien encore participer au plus long repas du monde. Infos : melbournefoodand wine.com.au
14 • paprika MARS-AVRIL
SUR LE GRIL
Antoine de Maximy passe à table Il est devenu un expert en matière d’hospitalité. L’homme à la chemise rouge s’est fait inviter par la terre entière pour son émission “J’irai dormir chez vous”. Paprika a voulu en savoir un peu plus, en allant, non pas dormir, mais interviewer Antoine chez lui. 1 alExandrE zalEwski U Ed. dE la MartinièrE/bonnE piochE
MARS-AVRIL paprika • 15
Q
uand on arrive
l’habitant, c’est fini ?
sés, plus dix-huit autres qui
chez Antoine, on
Non ! C’est ce qui a été dit,
sont sur un format plus
a
l’impression
mais je vais être clair. Je
court, ainsi que deux longs
de retrouver un
n’arrête pas : je fais simple-
métrages, les jeux Olym-
vieil ami qui ne vous recon-
ment
Au-
piques de Vancouver et de
naîtrait pas. Il est même im-
jourd’hui, je me consacre
Pékin, le Tour de France, sans
possible de le vouvoyer tant
entièrement à mes projets.
oublier les bonus. Au total,
on a partagé de choses
J’ai très envie de réaliser un
j’ai réalisé, tout seul sur huit
avec lui, confortablement
long métrage de fiction,
ans, soixante-dix heures de
assis dans notre canapé. On
que je suis en train d’écrire.
programmes et écrit deux li-
a ri de le voir s’endormir en
Et je m’aperçois que ce
vres. Pas mal, non ?
Ethiopie entassé dans une
n’est pas facile et que cela
pièce minuscule avec une
prend du temps !
une
pause.
Dans les épisodes qui ont été diffusés, il semble plus facile d’être invité à manger qu’à dormir, non ?
fratrie de marathoniens. On a eu peur quand il s’est
Est-ce que le concept de l’émission s’essouffle ?
Bien sûr que c’est plus facile.
aventuré dans les quartiers délabrés
de
la
Nouvelle-
Je ne pense pas.
Orléans. On s’est émus de le
Je n’ai ressenti
voir se coucher à même le
aucune lassi-
sol avec des hommes qui
tude ni au-
n’avaient rien, au Mali ou sur
près de mes
une plage de Californie. On a
produc-
partagé ses fous rires et
teurs, ni
ses moments de solitude…
auprès du
En pénétrant dans le foyer
public. Mais il
et l’intimité d’inconnus du
est possible
monde entier, Antoine de
que dans deux ou
Maximy a surtout réussi à
Quand
je
mange
avec quelqu’un, je suis assis en
“Aux Etats-Unis les repas sont plus factuels qu’en Europe.”
face de lui. Il y a un
SA bIo Antoine est né en 1959 à Lyon. Il arrête ses études en seconde, après avoir redoublé sa troisième. Après plusieurs petits boulots, il réussit à s’engager dans la section cinéma de l’armée. Cette expérience le mènera notamment au Liban. Après trois ans dans ce service, il est engagé par la chaîne CBS News. Il couvrira la guerre Iran-Irak et se rendra plusieurs fois en Israël. Il se tourne ensuite vers les documentaires animaliers et scientifiques et réalise une trentaine de documentaires, dont Emmenez-moi, Animal Zone, Au-delà des Dunes ou Les nouveaux mondes, avant de commencer, en 2004, “J’irai dormir chez vous”.
é ch a n g e , une conver-
Antoine de Maximy
sation. D’une certaine
ma-
nière, mon hôte
l’inverse, il y a eu de nombreuses fois où il était clairement
établi
que
je
ne
peut me surveiller.
viendrais que dîner. Et puis il
trois ans, les gens commen-
Par contre, si je passe la nuit
y a eu d’autres situations
entrer dans le cœur des
cent à en avoir assez. Et puis
chez lui, lui aussi va devoir
où je n’ai même pas de-
téléspectateurs.
était
je serai moi-même peut-être
dormir. Il faut donc qu’il ait
mandé à rester, parce que
donc naturel de demander à
fatigué. Si je veux faire un
suffisamment confiance en
j’ai vu qu’il n’y avait pas de
cet infatigable provocateur
long métrage, entre le mo-
moi, car il va devoir abaisser
place ou alors je sentais que
de
nous
ment où je le décide et le
la garde et, en quelque
cela ne servait à rien d’insis-
parler des repas qui l’avaient
moment où il sera réalisé, il
sorte, me donner les clés de
ter pour dormir là.
marqué au cours de ses
va se passer au moins trois
la maison.
pérégrinations. Et de savoir
ans. C’est pour cela qu’il
pourquoi il avait décidé de
faut que je m’y mette.
rencontres
Il
de
J’ai cru comprendre que tu arrêtais “J’irai dormir chez vous”. Les voyages chez
Le moment du repas, c’est important dans tes rencontres ?
ter à dîner, c’est que cela peut faciliter les choses
Pas toujours. C’est impor-
pour ensuite passer la nuit.
tant
C’est plus facile en tout cas
Europe. Aux Etats-Unis, en
Non ! Il y a les trente-cinq
que de demander directe-
revanche, c’est plus factuel.
épisodes qui ont été diffu-
ment à être hébergé. Mais, à
L’idée est d’abord de se res-
poser, pour un temps, ses valises.
L’avantage de se faire invi-
Tu as tout montré de “J’irai dormir chez vous” ?
en
France
et
en
16 • paprika MARS-AVRIL
taurer. Les Américains ont
Internet ont modifié la per-
C’était en Iran, à la fin de
rire en disant : “Hou là ! C’est
un peu moins tendance à
ception
et
mon voyage. Je n’avais pas
la main gauche !” Et tout le
manger de façon festive.
donc l’accueil qui lui est ré-
très bien mangé là-bas. Et le
monde éclate de rire. Quand
Chez eux, le repas n’est pas
servé. Mais je m’adapte. Et
dernier repas chez la per-
on tombe sur des gens sym-
un moment particulier qui
finalement, je m’adapte plus
sonne qui m’avait hébergé a
pas, il n’y a jamais vraiment
va sceller une amitié. En
à l’individu que j’aborde qu’au
été le meilleur de tout le
de problèmes.
France, et dans beaucoup
pays en lui-même.
voyage. Je me rappelle que
du
voyageur
d’autres cultures, quand on déjeune ou que l’on dîne avec
quelqu’un,
on
ce dîner m’avait fait vrai-
Tu arrives toujours avec une bouteille de vin ?
Y a-t-il eu des choses bizarres que tu as dû avaler ?
ment du bien, même si je ne
est
me souviens plus de ce j’ai
Une fois, j’ai bu une sorte
mangé !
d’alcool aromatisé par une
passé à une étape supé-
Non ! Pas aux émirats ou en
rieure de la relation. Il y a une
Iran ! La question qui se pose
vraie notion de partage et
souvent, c’est plutôt est-
Le pire ?
Dans ce cas, je fais totale-
de moment privilégié.
ce
cinquantaine de mygales !
des
Un des pires, d’un point de
ment abstraction de ce que
cadeaux ou non. Moi, je
vue gastronomique, c’est
je suis en train d’ingurgiter.
donne pratiquement tou-
en Ethiopie. J’étais chez les
Tout comme un étranger qui
jours quelque chose. En gé-
Hamers, une tribu du Sud du
mange
néral, j’essaie de faire un
pays. Il y avait une calebasse
France, essaie de ne pas pen-
Ce n’est pas une question
cadeau qui soit adapté à la
qui contenait de la farine de
ser qu’il s’agit, à la base, de
de richesse. Il y a des gens
situation. Je vais par exem-
sorgho rouge. Et franche-
lait pourri ! J’ai retenu que
qui peuvent être pauvres
ple offrir un Thermos si je
ment, ce n’est pas très bon.
l’alcool avait un goût de miel,
par rapport à nous autres,
vois que ça peut être utile.
Disons, plus exactement,
pas qu’il était aromatisé par
Occidentaux, et qui ne se
Mais ça peut être aussi de
que la céréale est très
des boyaux de mygales.
sentent ni pauvres, ni mal-
laisser de l’argent. Je ne le
sèche et qu’elle n’a pas vrai-
heureux. Du coup, le voya-
donne que le lendemain,
ment de goût. Mais c’est
geur n’est pas mis sur le
parce que je ne paie pas un
leur seule denrée, et eux
même plan. Il n’est ni supé-
service : je fais un cadeau.
en mangent tous les jours.
Non, mais j’ai refusé de
rieur, ni inférieur : c’est
C’est normal. Certaines fa-
Et puis cela ne m’a pas empê-
reprendre du lait de jument
quelqu’un à part, presque
milles qui ont peu font un
ché de passer un très bon
fermenté en Mongolie. J’en
d’un autre monde, que l’on
réel effort pour m’accueillir.
moment en leur compagnie.
ai bu, mais ensuite, mon
Emportes-tu des cadeaux avec toi ?
T’est-il arrivé de mettre les pieds dans le plat ?
Très peu. Je travaille en to-
Lors d’un repas aux émirats,
tale autonomie et je ne veux
on me propose des dattes.
pas me charger. Je l’ai fait à
Mon hôte est un sexagé-
Tu cuisines souvent ?
Cuba, où j’ai emporté des
naire très sympa, très mar-
Je fais toujours à manger. Je
bricoles que j’ai données sur
rant. Il y a toute la famille qui
n’achète jamais de plat cui-
place. Mais en général, non,
est là. Et moi, je plonge la
siné, même quand je suis
je ne prévois rien de spécial.
main gauche dans le plat, ce
seul ou quand je n’ai pas le
qui ne se fait pas du tout,
temps. Il suffit de mettre de
évidemment. Je m’en rends
l’eau à chauffer, de verser
compte et je me mets à
des nouilles dans l’eau bouil-
Est-ce plus compliqué de se faire inviter dans les pays pauvres ?
accueille avec curiosité. Aujourd’hui, c’est un peu différent.
La
télévision
“J’ai refusé de reprendre du lait de jument lors de mon voyage en Mongolie !”
que
je
fais
un
fromage,
en
As-tu déjà refusé de manger certaines choses ?
hôte m’a menacé de me resservir si je ne finissais pas ma bière. J’ai préféré finir ma
et
Antoine de Maximy Le repas qui t’a laissé le meilleur souvenir ?
bière !
MARS-AVRIL paprika • 17
Au Mali
Dans le Sud de la France En Chine
Au Japon
En Nouvelle-Zélande
18 • paprika MARS-AVRIL
lante et d’attendre dix mi-
Tu vas souvent au restaurant dans les pays que tu visites ?
Un pays où tu as mangé un plat particulièrement bon ?
le montage. Et puis on s’est
m’est arrivé très rarement
Oui, je suis bien obligé. Je ne
Je n’ai pas de plat particulier
ter la même couleur pen-
lors de mes tournages. Une
trouve pas toujours des
en tête. Mais j’ai l’exemple in-
dant toute la série.
fois, en Mongolie, j’ai fait la
gens qui veulent m’inviter.
verse. Au Canada, j’ai goûté à
Pour ce qui est du choix
cuisine chez des gens. Un
Et puis je bouge souvent.
la spécialité locale : la pou-
du rouge, il y avait deux rai-
repas bien français, avec des
Sur un tournage de dix jours,
tine. C’est une barquette de
sons. La première, c’est que
pommes
sarla-
j’arrive, en moyenne, à me
frites, avec du cheddar et
c’est une couleur qui se voit
daises. Le maître de maison
faire inviter cinq fois, soit
de la sauce barbecue. Eh
bien. Et la deuxième, c’est
cinq repas sur une ving-
bien, je crois que c’est le
que comme nous n’avions
plat le plus plouc que j’ai ja-
pas d’argent et que j’avais
mais mangé ! La poutine
déjà deux ou trois chemises
dans un pays civilisé, je ne
de cette couleur. ça coûtait
me l’explique toujours pas.
moins cher de compléter la
Comme tout
Le pays qui m’a le plus sur-
collection que de racheter
dans l’émis-
pris, je dirais que c’est le
six chemises jaunes !
sion : au ha-
Japon.
nutes.
Par
contre,
de
terre
cela
a été très déstabilisé
taine.
par le fait que je serve la viande saignante. Il a
“Quand je voyage, je vais dans les restos de monsieur-toutle-monde.”
finalement trouvé
ça
bon, mais je ne suis pas
Antoine de Maximy
sûr qu’il ait
Et comment les choisis-tu ?
sard. Je n’ai pas
serait-ce
que
parce qu’en France, on a une
guide
très mauvaise idée de ce
avec moi. Et c’est
qu’est la cuisine nippone. On
d’ailleurs pour cela que
l’assimile aux sushis, alors
porté de quoi faire le repas.
je sais de quoi je parle quand
que les Japonais en man-
Quand je suis allé dans le dé-
je donne mon avis sur la gas-
gent finalement très peu.
sert, j’ai pris avec moi des lé-
tronomie d’un pays. Quand
Leur cuisine est assez va-
gumes et des poulets, et on
je voyage, je vais dans les
riée.
a pu faire un repas de fête.
restaurants de monsieur-
recommencé. Une autre fois, au
Maroc,
j’ai
ap-
tout-le-monde,
Tu aimes une gastronomie en particulier ?
de
Ne
pas
dans
ceux qui sont sélectionnés
Une bonne adresse à nous recommander ?
dans les guides de voyage.
Un petit restaurant japo-
La cuisine française, c’est
Et dans certains pays, la pe-
nais à Paris : le Kyobashi,
quand même pas mal. En
tite gargote du midi où les
117, rue Saint-Maur (XIe).
plus, en France, on peut goû-
autochtones viennent faire
ter des saveurs du monde
leur pause déjeuner, eh bien
dit que l’idéal serait de por-
Question subsidiaire : pourquoi la chemise rouge ?
entier, et comme j’apprécie
!, ce n’est vraiment pas gé-
également la cuisine asia-
nial. évidemment, il y a des
Je pars systématiquement
tique...
bons restaurants dans tous
avec six chemises rouges, in-
les pays. Et évidemment, ces
cluant celle que je porte.
Et qu’est-ce qui te plaît dans la cuisine française ?
adresses sont dans tous les
Quand on réfléchissait à
guides. Donc, selon moi, on
l’émission, j’avais dit aux pro-
La variété. Parce que je
ne peut réellement appré-
ducteurs que je m’habillerais
déteste manger tout le
cier la cuisine d’un pays que
de la même manière du
temps la même chose.
quand on voyage sans filet.
début à la fin, pour faciliter
Son LIVRE Avec ses caméras qui le filment non-stop et sous tous les angles, on croyait tout savoir des voyages d’Antoine. Il suffit cependant de lire les carnets de notre bourlingueur préféré pour comprendre qu’il n’en est rien. En couchant sur le papier les étapes de “JDCV”, Antoine livre des anectodes, retrace le fils des événements qui l’ont conduit à ce que l’on voit. L’homme à la chemise rouge en profite également pour se dévoiler un peu, par bribes, en revenant sur son itinéraire ou encore en livrant ses émotions. Un très beau carnet de voyage. J’irai dormir chez vous, carnets d’un voyageur taquin, éditions de La Martinière, 240 pages, 25 euros
20 • paprika
maRs-avRiL
vos voyages en images
La saveur des souvenirs A chacun de ses numéros, Paprika publiera les plus belles photos de vos découvertes culinaires... Pour cela, rien de plus simple : rendez-vous sur paprikamag.com pour nous proposer vos meilleurs clichés
Cocktail surprenant à Mexico “à la mescalerie Corazon de Maguey, à deux pas de la maison de Frida Kalo, on peut déguster des cocktails élaborés à partir du mescal, cet alcool tiré de l’agave (ici associé au concombre). Les verres à mescal ont une croix gravée dans le fond, si vous voyez Jésus, vous en avez trop bu ! Sur le bord du verre, la poudre foncée et épicée contient des... vers broyés... Santé !” POSTÉ PAR YANN
Un délice algérien “Voici la chakhchoukha : un plat de fête découvert près de Biskra en Algérie. Après une longue préparation de boulettes de pâte à la semoule, les galettes très fines sont cuites sur une plaque, les unes sur les autres. Puis ce mille-feuille est émietté et recouvert d’un bouillon rouge de légumes (tomate, oignon, pomme de terre, courgette, pois chiche) et de mouton, parfumé au paprika et au ras el hanout.” POSTÉ PAR LAURENCE
Au “bar à sucre” de La Paz “Nous avons savouré ce très copieux goûter dans un “bar à sucre” de La Paz, en Bolivie... pour seulement 2,40 €.” POSTÉ PAR JOCELYNE ET THOMAS
22 • paprika MARS-AVRIL
9
Menu expReSS à . .
La Gare de Lyon
Qu’on le veuille ou non, lorsqu’on part, il y a des passages obligés. La station service, la gare, l’aéroport... autant de lieux de transit conçus pour être instantanément familiers et répondre à ces besoins vitaux et impérieux que sont la pause-pipi, la pause sandwich ou l’achat de cadeaux de dernière minute. Ce sont des endroits tellement formatés que même le meilleur roman ne suffit généralement pas à tromper l’ennui. Paprika a voulu explorer ces points névralgiques et en faire des destinations à part entière. Parce que c’est toujours par là que commencent les voyages. Première étape : la Gare de Lyon, à Paris, où transitent chaque année plus de 80 millions de voyageurs.
VOUS N’AVEZ QUE QUELQUES MINUTES... Soyons honnêtes. Même si
vous rendre et ainsi vous
• Pour manger un sandwich
permettre de gagner du
Sortez rue de Bercy puis
temps pour ne pas que
prenez à gauche en
vous ratiez votre train...
direction du ministère de
la SNCF s’est lancée dans de gros travaux de restauration et qu’elle promet de
l’Economie. Marchez cinq
VOUS AVEZ UNE DEMI-HEURE...
minutes. Vous allez croiser la rue de Rambouillet qui se
nouvelles enseignes à l’été,
• Pour boire un café
prolonge par la rue Villiot.
dont un Daily Monop’,
Vous avez le temps de
Engagez-vous dans la rue
un kiosque Fauchon et
sortir vous dégourdir les
Villiot. Vous tomberez sur
une boulangerie Paul,
jambes. Et au moins de tra-
une petite boulangerie très
il n’ y a pas de miracle.
verser le boulevard Diderot
sympathique. “Farinez-
L’offre gastronomique à la
pour aller siroter votre
vous”
Gare de Lyon n’est pas
petit noir en terrasse de
revendique une démarche
folichonne. Et comme les
l’Européen, par exemple,
solidaire et responsable,
voyageurs y sont toujours
ou chez de l’un de ses voi-
en utilisant des matières
pressés, les échoppes ont
sins. Le prix du café inclut
premières issues de pro-
depuis longtemps adopté
bien sûr la vue imprenable
ducteurs locaux, de l’agri-
un code (informel) de
sur la gare, son beffroi
culture bio ou raisonnée ou
bonne conduite : augmen-
unique au monde et
des produits équitables.
ter les prix de manière à ne
ses superbes taxis.
En matière de ressources
pas avoir de monnaie à
F
humaines, la boulangerie a
MARS-AVRIL paprika • 23
choisi d’aider et de former
avec des charcuteries de
d’Aix, pralinés de Montargis,
dorures à foison, barres de
des adultes en reconver-
toutes sortes, des bocaux
bêtises de Cambrais,
cuivres, banquettes en cuir
sion. Même les belles
de cornichons en saumure,
sucettes au caramel
et parquets cirés. Les prix
tables en bois proviennent
à l’aneth ou à la feuille de
Pierrot, pâte de réglisse,
sont à l’avenant. : menu "de
de chênes issus de forêts
chêne, du thé, des Sprats
pastilles de Vichy, zan, rou-
base" à 56 euros et menu
durablement gérées. C’est
de Riga et, bien sûr, un mur
doudous... Il y a forcément
dégustation à 98 euros,
un peu plus cher que dans
entier dédié à la vodka.
la friandise que vous alliez
assortis d’un service très...
une boulangerie tradition-
En quelques minutes, vous
chiper dans la boîte en fer
parisien.
nelle, mais on est toujours
pourrez faire croire que
sur le buffet de votre
mieux rassasiés en man-
vous revenez d’un voyage
grand-mère.
geant utile, n’est-ce pas ?
dans les steppes de Sibérie.
Si vous préférez quelque chose de plus simple, sortez de la gare, prenez la
VOUS AVEZ PLUS D’UNE HEURE...
rue de Lyon, en face, sur une centaine de mètres, puis
• Pour faire un voyage
• Pour retomber en enfance
Il suffit de sortir de la gare,
Mais il y a mieux. A une cin-
Difficile de ne pas conseiller
tournez à droite rue Traver-
de prendre le boulevard
quantaine de mètres de la
d’aller déjeuner au Train
sière. Passez sous le Viaduc
Diderot en direction de
Gare de Lyon, il est possible
Bleu, LE restaurant de la
des arts, vous tomberez
Nation, de marcher une
de faire un voyage... dans le
Gare de Lyon. L’établisse-
sur L’encrier, qui propose à
centaine de mètres et
temps ! Pour cela, il faut se
ment est une véritable
midi un menu entrée, plat,
de s’arrêter chez
rendre au 3, rue Michel-
institution, plus que cente-
dessert à 14,50 euros.
Gastronomie Russe, qui,
Chasles dans la confiserie
naire, et propose un cadre
C’est bon et bon marché...
comme son nom l’indique en
Olga. Dans cette petite
grandiose avec peintures,
mais souvent pris d’assaut.
cyrillique sur la devanture,
boutique, les douceurs ont
est une épicerie fine spé-
le goût des souvenirs d’en-
cialisée dans les produits
fance. Il suffit d’évoquer
de l’ex-URSS. A l’intérieur,
quelques noms pour re-
c’est la caverne d’Ali Baba,
monter le temps : calissons
bon à SAVoIR
• Le Viaduc Café, 43 av. Daumesnil, juste à côté, propose, lui, un “Jazz brunch”, le dimanche entre 12h30 et 15h30. Si vous êtes en famille, il y a des jeux prévus pour les enfants, et même des animateurs, pour que les parents puissent écouter le concert tranquillement avant d’aller prendre le train.
DANS LE QUARTIER, PAPRIKA A AUSSI REPÉRÉ... • Le bar-resto Les Combustibles, 14 rue Abel, à cinq minutes de la gare, qui propose des concerts au moins trois fois par semaine. Plus sympa que d’errer dans les couloirs de la gare le soir !
• Si vous aimez les brunchs et
Si c’est le cas, vous
w que vous poussez un peu plus loin sur le boulevard Diderot, vous allez croiser la rue Crozatier, et, au n°3, il y a Miss Terroir, un repaire à brunchs copieux et délicieux le week-end. • À côté de Gastronomie Russe, il y a un caviste, Les domaines qui montent, qui propose des déjeuners du terroir. En attendant d’y être
pourrez toujours vous replier en face, chez Peppe, une épicerie italienne très colorée. ,
vraiment, prenez une bouffée de campagne avec un confit de canard ou une carbonade de bœuf sauce morille accompagné d’un petit vin gouleyant à souhait. •Enfin, pour à peine le prix d’un sandwich, les étudiants en transit peuvent aller manger au Resto U, 45, bd Diderot, situé juste après le Viaduc des arts.
24 • paprika MARS-AVRIL
L A D E S TI NA TI O N
Lisbonne revisite ses classiques Bienvenue dans la ville des contrastes. Bienvenue dans la capitale qui a érigé la simplicité en principe gastronomique, tout en ayant plus de 300 manières d’accommoder la morue. Bienvenue dans une ville enterrée par ses créanciers, mais dont les faubourgs sont réinvestis par de jeunes chefs décomplexés. C’est cette Lisbonne-là que nous sommes allés chercher. Une cité opiniâtre et chaleureuse qui se renouvelle sans cesse... pour notre plus grand plaisir. DOSSIER RÉALISÉ PAR JENNIFER GALLÉ & ALEXANDRE ZALEWSKI
MARS-AVRIL paprika • 25
BALADE GOURMANDE EN VILLE paGE 34
AUGUSTA NOUS INVITE A DÎNER paGE 70
COMMENT BIEN CHOISIR SON PORTO paGE 74
À l’Antiga pasteleria de Belém.
MARS-AVRIL paprika • 27
guIDE DE SuRVIE
A Lisbonne comme un poisson dans le Tage Pour profiter au mieux de votre séjour dans la capitale portugaise, suivez le guide ! Ce n’est qu’après avoir dompté ses dénivelés que la belle sera à vous. Y aller
La ville en bref Lisbonne (570 000 habitants) est une ville mystérieuse, un peu revêche, qui ne se donne pas au premier venu. Il vous faudra donc apprivoiser ses quartiers en apprenant à vous repérer dans les méandres de ses ruas et autres “traversas”. Il faudra ensuite prendre en compte ses petits pavés noirs et blancs et revoir votre façon de marcher.
Allers-retours au départ de Paris, à partir de 180 euros. L’aéroport est très proche du centre-ville. Comptez une vingtaine de minutes avec l’Aero-bus (n°91) pour arriver à la Praça do Rossio. Plus sportif : le bus. A partir de 24 euros l’aller avec Eurolines, mais il faut prévoir un minimum de 24 heures de voyage. Une carte d’identité suffit pour rejoindre le Portugal. La meilleure saison Sans aucun doute le printemps et l’automne. En été, les températures dépas-
sent facilement les 30°C et l’hiver peut se révéler assez rude. Vous aurez donc de sérieuses chances d’avoir du beau temps et des températures très clémentes aux intersaisons. Le coût de la vie Par rapport à la France, Lisbonne est très bon marché. Il faut savoir qu’au Portugal, le salaire minimum est de 565,83 euros par mois, soit deux fois moins que dans l’Hexagone. Lisbonne est donc, de manière générale, très abordable et il n’est pas rare de trouver des menus complets (entrée, plat, dessert, café) à moins de 8 euros. Pour les mordus de shopping, vous trouverez des prix très attractifs
dans les grandes enseignes de prêt-à-porter, qui sont de 20 à 30 % moins chers qu’en France. Hébergement Comptez au minimum 50 euros la nuit pour un hôtel type Ibis en centre-ville. Vous pouvez également trouver des chambres moins chères dans des auberges de jeunesse. Ainsi, l’Albergo Odisseo, près de la station Avenida, propose des chambres individuelles à 20 euros en basse saison et à 30 euros pendant la saison touristique. Attention à réserver pendant les ponts de mai. La ville attire de très nombreux touristes à cette période et il peut devenir compliqué de trouver une chambre.
Les transports Lisbonne possède un métro comprenant quatre lignes, un réseau de bus et surtout un tramway, avec les fameux n°25 et n°28. Pour profiter pleinement de ce réseau, vous pourrez acheter des billets qui offrent un nombre illimité de trajets pendant 24 heures pour 5 euros. Les guides à emporter Ne partez pas sans les incontournables Guide du Routard et Lonely Planet. Pour trouver les must en un clin d’œil, optez pour le Cartoville Lisbonne (ed. Gallimard). Enfin, les gourmands se réfèreront au Goutez Lisbonne (ed. Angès Viénot).
Et pour ne pas vous noyer dans les menus... • petit déjeuner : pequeno-almoço • déjeuner : almoço • dîner : jantar • végétarien : vegetariano (m), vegetariana(f)
• “L’addition, s’il vous plaît” : “A conta, se faz favor.”
• “A votre santé !” : “Tchim-tchim ! Saude !”
• boisson : bebidas • café : café • thé : chá
• pain : pão • sel : sal • poivre : pimenta
• jus : sumo • eau : agua • bière : cerveja • vin : vinho
• œuf : ovo • volaille : aves • dinde : peru • canard : pato
• viande : carne • agneau : borrego • bœuf : bife • porc : porco • mouton : cabrito • jambon : presuntos
• légume : vegetais • fruit : fruta • pomme de terre, patate : batata • salade : salada
• dessert : sobremesa • glace : gelado • poisson : peixe • morue : bacalhau • thon : atum peixe espada • rouget = salmonete • saumon = salmao • sole = linguado • sardine = sardinha
28 • paprika MARS-AVRIL
LA VILLE
c
ertaines
choses
en un seul et même endroit.
sont immuables à
Mais on sent, ces jours-ci,
Lisbonne et c’est
la ville traversée par des
tant mieux. Cette incroya-
vents contraires.
ble lumière dorée, d’abord,
Celui de la crise... qui souffle
qui vous enveloppe, qui
très fort. Le nouveau sys-
vous cajole et qui vous
tème de taxes mis en place
console de tout dès la des-
à la demande du FMI et de
cente d’avion. Un vrai ca-
Bruxelles fait grincer les
deau
qu’on
dents des Portugais. Ils
apprécie d’autant plus que
sont d’ailleurs nombreux,
le temps chagrin s’éternise
parmi ceux qui ont l’âge de
au Nord.
pouvoir y penser, à envisa-
des
dieux
La prévenance discrète des
ger de hisser les voiles pour
Lisboètes,
Leur
tenter leur chance ailleurs.
distance polie n’est jamais
Le cousin brésilien, en plein
de l’indifférence. Ici, vous
boom économique et par-
serez tranquille sans vous
tageant la même langue,
sentir isolé.
attire plus d’un candidat à
Les occasions de plaisirs
l’exil. Et le gouvernement
simples et renouvelables à
ne fait même pas mine de
l’infini, enfin. Surtout.
vouloir les retenir...
ensuite.
Comme de pouvoir flâner dans les ruelles du vieux
De la place pour du neuf
quartier de Graça, de gri-
D’autres vents, moins puis-
gnoter au comptoir un pão
sants mais bien plus en-
de Deus (pain de Dieu) ac-
ivrants,
compagné d’un crémeux
la
meia de leite (café au lait),
Comme celui du renouveau
de lézarder en terrasse
dans les assiettes.
après
Pour qui n’est pas retourné
une
poulpes d’une
assiette
grillés bière,
de
rafraîchie d’aller
balayent
capitale
aussi
portugaise.
à Lisbonne depuis plusieurs
au
années, il sera très réjouis-
musée, puis, sur un coup de
sant de découvrir toutes
tête, de prendre le large en
ces nouvelles adresses où
longeant la rive nord du
l’on se réapproprie le patri-
Tage pour contempler la
moine culinaire tout en
ligne d’horizon.
perpétuant cet art du
Où comment réunir les déli-
quotidien propre à la ville.
catesses citadines et les
Des
coups de fouet maritimes
créatifs, - Susana Marga-
chefs
résolument
La douceur de vivre, contre vents et marées
MARS-AVRIL paprika • 29
rida Da Gloria Felicidade à la Taberna Ideal, Ljubomir Stanisic au 100 maneiras ou encore Vitor Sobral à la Cervejaria da Esquina, pour ne citer qu’eux -, ravissent les papilles des curieux. Ils parviennent à marier tradition et innovation dans des établissements où l’on se sent bien. Et d’autres endroits, qui vous font lar-
çA bLOguE ! Avant de partir, commencez par visitlisboa.com. C’est le site officiel où vous trouverez tout ce qu’il y a à savoir avant de partir pour la capitale portugaise. Il faut également jeter un œil au blog golisbon.com, en anglais seulement, mais ultra-complet. Pour la communauté gay, signalons le lisbonnegay. blogspot.com, en français.
guer les amarres le temps d’une soirée, continuent
une balade à travers ses
de fleurir. Comme le très
quartiers où nous avons
lascif Pensão Amor, dans le
cherché à percevoir les
quartier de Cais do Sodré,
battements de ce nou-
un ancien hôtel de passes
veau cœur lisboète. Sans
remis au goût du jour où
oublier, bien sûr, de rendre
l’on peut prendre un verre
hommage en chemin aux
dans une ambiance genti-
charmes éternels de la ville
ment décadente. Ou en-
de Fernando Pessoa : ses
core
une
délicieuses pastelarias où
ancienne poissonnerie de-
le poète aimait à passer
venue LE restaurant de
des journées entières, ses
fruits de mer de la ville.
marchés aux étals de pois-
le
Sea
Me,
sons débordants, ces pePromenade gourmande
tits restos où l’on grille la
C’est cette Lisbonne-là,
sardine, ses jardins perchés
toute à la fois fière, douce,
sur les collines où l’on ad-
nonchalante et inventive, -
mire le soleil couchant en
certes un peu abasourdie
sirotant
par les difficultés écono-
Une
miques mais qui refuse à se
mande qui vaut le détour.
laisser aller au pessimisme
Absolument.
en cultivant ce trésor de la
1 JENNIFER GALLÉ
douceur de vivre -, que nous avons voulu vous faire partager. Aussi, nous vous
embarquons
pour
une
limonade...
promenade
gour-
Un immense merci à Nadia, Claudio, Augusta, Ana Isabel, Claudia, Nilton, Marie et Sonia, nos chers amis lisboètes, qui nous ont donné les clés de leur ville. Obrigada !
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LeS SpécIALItéS cuLInAIReS de LISbonne
Pastel ou pasteis ?
Bienvenue dans l’usine à pasteis
Cela dépend uniquement de votre gourmandise : savoir si vous pouvez vous contenter d’un “pastel” ou s’il faut plusieurs “pasteis” pour vous rassasier !
Il existe un magasin à Lisbonne qui a le monde à ses pieds. L’Antiga Confeitaria de Belém est l’unique endroit qui vend les authentiques pasteis de Belém, ces petits flans qui rendent fou de gourmandise Impossible d’y échapper. Le
pâtisseries à vendre... les fa-
Et ils n’ont pas vraiment le
pastel de Belém est à la gas-
meux Pasteis de Belém, fa-
temps de refroidir : vendus
tronomie lisboète ce que le
briqués selon la “recette
environ un euro pièce, la
fado est à la musique portu-
secrète” du monastère, qui
confeiteria
gaise : incontournable.
se transmet depuis 1837
moyenne, 20 000 pasteis
Ce petit flan rond, lové dans
entre maîtres pâtissiers.
par jour, et ce 365 jours par
un lit de pâte feuilletée, se
Aujourd’hui encore, ils ne
an.
déguste à toute heure de
sont que trois à connaître la
la journée, de préférence
recette exacte et à élaborer
Non stop
tiède, saupoudré de cannelle
la préparation pour le légen-
Pour régaler tous les gour-
et accompagné d’un café.
daire petit flan dans la
mands, le magasin, qui ne
On trouve des pasteis de
“chambre des secrets”, pièce
vend
nata
tenue bien fermée par une
comptoir ou en salle, est ou-
bonne. Mais les seuls pas-
porte blindée.
vert de 8 heures à minuit
teis de nata qui peuvent
Dans le laboratoire, les em-
l’été et 23 heures l’hiver. Une
porter
dénomination
ployés mettent la pâte feuil-
amplitude horaire qui ne
“pasteis de Belém” se trou-
letée dans les moules, qui
vous dispensera sans doute
vent, logiquement, dans le
sont placés sur de grandes
pas de faire la queue !
quartier de Belém, à proxi-
plaques de cuisson. Une ma-
U1
mité du monastère des Hié-
chine se charge ensuite de
ronymites (Mosteiro dos
les remplir de le quantité
Jerònimos).
exacte de crême. Ils sont en-
partout
la
dans
Lis-
suite passés aufour pen-
Une recette secrète
dant 30 minutes à une
En 1834, suite à la Guerre li-
température
bérale de 1820, un décret im-
Une fois cuits, on les dé-
pose la fermeture de tous
moule et on les place l’un
les monastères du pays.
sur l’autre pour qu’ils res-
Pour survivre, les religieux
tent tièdes. Ils sont en-
qui restèrent sur place offri-
suite amenés directement
rent au magasin voisin des
en salle pour être dégustés.
de
400°C.
ses
écoule,
pasteis
en
qu’au
ALEXANDRE ZALEWSKI
C’est bon à savoir ! Pour éviter de faire la queue, il suffit d’entrer dans la confeitaria, de passer le comptoir et d’aller vous installer directement dans l’une des trois salles (dont la dernière est immense). Au moins, si vous devez attendre, vous serez assis !
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LA Recette LES PASTEIS DE NATA INGRÉDIENTS Pour 12 pasteis : • 1/2 l de lait • 250 g de sucre • 40 g de farine • 6 jaunes d’œuf • sel • une gousse de vanille • une pâte feuilletée COMMENT S’Y PRENDRE • Dans une casserole, faites chauffer le lait. Ajoutez le sucre, la farine et la vanille et bien mélanger. Retirez du feu et laisser refroidir. Ôtez la gousse de vanille. Ajoutez les jaunes d’œuf. Mélangez. • Tapissez des petits moules de pâte feuilleté. Ajoutez la crème. Faire cuire pendant vingt minutes à four très chaud (minimum 200/210°C). Les pasteis doivent être dorés. • Sortez-les du four, et déguster tiède, avec un peu de cannelle. Certains préconisent de mélanger 5 jaunes et un œuf entier plutôt que six jaunes. D’autres font, au préalable, un sirop avec le sucre, mélangé à un peu d’eau. Ce sirop est ajouté au lait, à la farine et à la vanille et mélangé au bain marie. D’autres proposent de rajouter un peu de citron... Vous l’aurez compris : à vous d’élaborer votre propre recette secrète !
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LeS SpécIALItéS cuLInAIReS de LISbonne (SuIte)
Nos 5 incontournables à Difficile d’arrêter son choix sur cinq spécialités indissociables de Lisbonne. C’est partial et discutable. Nous avons donc triché, en parlant d’autres spécialités, comme les pasteis, le porto, le fromage ou les sardines dans nos différentes rubriques, pour ne garder que ce qui nous paraissait indispensable à une vie douce au bord du Tage.
1 Les en-cas règnent dans les cafés Pour le déjeuner, les Lisboètes ne s’installent pas forcément à table. On va à la pastelaria pour y prendre la sopa (soupe) du jour, accompagnée d’un sandwich. Un déjeuner léger souvent complété après la sortie des bureaux par un nouveau grignotage.
Des biscuits à tous les étages C’est le sport favori des Lisboètes. Dès le petit matin, les habitants aiment prendre un “bolo” avec leur café. Outre les fameux “pasteis”, on trouve toutes sortes de douceurs aux noms alléchants : pào-de-lò, doce de ovos, bolo de mel... La liste des tentations est sans fin.
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Lisbonne 3
Le presunto a de la cuisse Le Portugal a aussi ses grands crus de jambon. Comme en Espagne, on trouve des porcs noirs, élevés en plein air, et engraissés aux glands. Les meilleurs portent l’appellation d’origine protégée Presunto de Barrancos.
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La ginja est dans la rue La ginja est un alcool à la cerise typiquement portugais. Mais c’est surtout la manière de la consommer qui est typique : il faut aller dans une Ginjinha, petit stand de rue qui vend de la ginja au verre. On la consomme debout, sur le trottoir.
La morue dans tous ses états Il faut presqu’un an pour goûter toutes les manières d’accommoder la morue. Il y aurait, en effet, 365 manières de la cuisiner. Une des plus communes est la bacalhau à bràs, de la morue avec des pommes de terre frites, des œufs, des oignons et des olives.
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pARcouRS gouRMAndS dAnS LISbonne
Morceaux choisis Dans les pages suivantes, Paprika vous embarque pour six parcours gourmands en images dans la capitale portugaise. Retrouvez ici toutes nos adresses 1. PARQUE DAS NAÇÕES • POUR PRENDRE UN CAFé
Portela, dans le centre commercial Vasco de Gama. • POUR DéjEUNER AU sOlEil
Orizon Praca do Chile, 8-A. 2. DE XABREGAS À ALFAMA • NOURRitUREs CUltUREllEs
Museu Nacional do Azulejo Rua da Madre de Deus, 4 ; mnazulejo.imc-ip.pt
• POUR DîNER
• POUR PRENDRE UNE GlACE
• NOURRitUREs CUltUREllEs
Solar dos Presuntos Rua das Portas de santo Antào, 150 ; solardospresuntos.com
Artisani Icecream Avenida Alvares Cabral, 65 A/b ; artisanigelado.com
Parça de Touros Campo Pequeno ; campopequeno.com
• NOURRitUREs CUltUREllEs
• POUR DîNER
MUDE (Museu do Design e da Moda) Rua Augusta, 24 ; www.mude.pt
Pensão Amor Rua do Alecrim, 19. Bota Alta traversa da Queimada, 37.
• sHOPPiNG
Conserveira de Lisboa Rua dos bacalhoeiros, 34 ; conserveiradelisboa.pt
Tavares Rua da Misericórdia, 37 ; tavaresrico.pt.
4. DU CHIADO A PRINCIPE REAL
Sol e Pesca rua Nova do Carvalho, 44 ; solepesca.com
• A FAiRE • POUR DéjEUNER
Delidelux Avenida infante D.Henrique ; delidelux.pt • POUR bOiRE UN VERRE
Buvette de l’Igreja da Graça (largo da Graça). • POUR éCOUtER DU FADO
Baiúca Rua de são Miguel, 20. 3. BAIXA ET ROSSIO • POUR GRiGNOtER UNE PâtissERiE Et bOiRE UN CAFé OU UN tHé
Bake the difference Rua de são josé, 23 ; bakethedifference.com
Elevador de Santa Justa Rua Aurea, rua de santa justa
Sea me Rua do loreto, 21 ; peixariamoderna.com
• POUR bOiRE UN VERRE
100 maneiras Rue teixeira, 35 ; restaurante100maneiras.com
Bar de l’hotel Bairro Alto Praca luis de Camoes, 2 ; bairroaltohotel.com
• POUR DéjEUNER
Casa do Peixe Mercado do 31 de janeiro, Rua Engenheiro Vieira da silva. Devagar Devagarinho traverssa larga, 15. • POUR DîNER
Tasca da Esquina Rua Domingos sequeira, 41 C ; tascadaesquina.com Cervejaria da Esquina Rua Correia teles, 56 ; cervejariadaesquina.com 6. BELÉM
Bairrus bodega Rua da barroca, bairrusbodega.com Pavilhào Chinês Rua Dom Pedro V, 89 ; barpavilhaochines. blogspot.com • POUR bRUNCHER VéGétARiEN
Envy Chiado Rua Garrett, 10 ; Pateo de siza. • sHOPPiNG
Outra face da Lua Rua da Assunção, 22 ; aoutrafacedalua.com
Igreja da Nossa Senhora de Fàtima Avenida Marquês de tomar, 104.
Solar do vinho do Porto Rua de sào Pedro de Alcântara, 45 ; ivdp.pt
5. DE CAMPOLIDE À CAMPO D’OURIQUE • POUR GRiGNOtER UNE PâtissERiE EN PRENANt UN CAFé
• POUR UNE PâtissERiE
Antiga pastelería de Belém Rua de belem, 84.
Pastelaria Versailles Av. da Republica, 15 A.
Pastelaria Nau de Belém Rua De belem, 27/29/31.
O Melhor Bolo de Chocolate do Mundo Rua tenente Ferreira Durào, 62 A ; omelhorbolodechocolatedomundo.com
NOURRitUREs CUltUREllEs
Museu Berardo Praça do império ; museuberardo.pt • POUR DéjEUNER
Darwin’s café au Champalimaud Centre Av. brasilia, Ala b ;
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Parque das Nações : à l’est, 1
Le quARtIeR en bRef sorti de terre à l’occasion de l’Exposition universelle de 1998, le quartier du ‘Parc des Nations’ surprend et séduit par son allure futuriste. ses bâtiments imaginés par des architectes à la renommée mondiale réjouiront les esthètes. situé à deux pas du tage, ce “village” offre également de multiples occasions d’échappées. le long de sa promenade qui borde le fleuve, au-dessus de laquelle se balancent les cabines du téléphérique, restaurants et bars sont légion. Quartier d’affaires oblige, la vie rythmée du Parque das Naçoès s’organise autour du majestueux centre commercial Vasco de Gama. Faire une virée shopping y devient un vrai plaisir.
☛ Retrouvez toutes les infos pratiques page 35
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du nouveau ! Une pause café au centre commercial En sortant de la station de métro Oriente, on n’hésite pas à continuer tout droit, direction le centre commercial Vasco de Gama. Ancien pavillon de l’Expo 98 transformé en galerie marchande, cet élégant édifice abrite l’une des plus vénérables enseignes de Lisbonne pour le café : la maison Portela (située ici au second niveau). On y trouve tout ce qui fait le charme des pauses café à la portugaise : de sublimes arabicas accompagnés de douceurs variées. A commander, un ovos moles de Aveiro, drôle de petit gâteau dont l’enveloppe extrafine cache un cœur fondant simplement élaboré à partir d’œufs et de sucre...Une merveille de délicatesse. Il suffira ensuite de gagner l’autre extrémité du bâtiment pour rejoindre le Tage.
à MANGER DES yEUx : L’ESTAçAO DO ORIENTE la gare qui abrite la station Oriente est un véritable bijou de verre et d’acier conçu par l’architecte espagnol santiago Calatrava. Et si le quartier ne se distingue pas par sa vie nocture, cela vaut la peine d’attendre la tombée de la nuit pour voir l’édifice illuminé.
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1. Parque das Nações
Sous le soleil exactement Avant de rejoindre le fleuve pour une promenade vivifiante, on flâne d’un bâtiment de l’Expo 98 à l’autre. A ne pas rater, le Pavillon du Portugal, qui, sous sa fine voûte en béton, permet d’apercevoir le ballet aérien des cabines du téléphérique. A l’heure du déjeuner, on choisit le restaurant brésilien Orizon. Principal atout de l’adresse : sa terrasse, la plus ensoleillée du coin. On s’y régale d’un buffet ou de poulpes grillés accompagnés d’une bière locale pour un peu plus de dix euros... bain de soleil compris !
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Les restos de poisson pullulent à quelques mètres de la promenade plantée de pins le long du Tage s’alignent les restaurants de poisson. Les serveurs alpaguent les visiteurs pour proposer l’inévitable bacalhau. Clairement destinés aux touristes, ces établissements sont un peu boudés par les Lisboètes. Ces derniers vous conseilleront plutôt d’aller voir du côté du Mercado, 31 de Janeiro, derrière la place Saldanha, pour déguster un bon poisson grillé. (rendez-vous en page 62).
à MANGER DES yEUx : L’OCEONARIO Cet impressionnant aquarium, le plus grand d’Europe, offre une pause rafraîchissante. Une partie de sa façade est recouverte de sublimes azulejos, imaginés par l’Américain ivan Chermayeff et représentant, sous une forme numérique, la vie sous-marine.
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De Xabregas à Graça : le charme de la vieille ville 2
LeS quARtIeRS en bRef Des dédales de rues étroites qui grimpent sec, de la musique qui s’échappe des fénêtes, un marché aux puces, des églises et des monastères, des grils où l’on fait cuire des viandes et des kilos de sardines quand vient juin et que la ville entière célèbre le petit poisson gras. bienvenue dans la lisbonne de carte postale... qui n’a cependant rien perdu de son authenticité. Dans les vieux quartiers de Xabregas, Alfama et Graça, il faut savoir prendre le temps de se perdre. C’est ainsi que l’on fera d’étonnantes découvertes comme ces nouvelles adresses qui fleurissent autour de la gare santa Apolonia ou, encore, ces restaurants de fado où l’on peut pousser la chansonnette.
☛ Retrouvez toutes les infos pratiques page 35
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Un déjeuner en paix au musée des azulejos Situé dans le quartier de Xabregas, ce joli musée un peu isolé vaut vraiment le détour. De la gare Santa Apolonia, il faudra donc prendre le bus 794 pour s’y rendre... ou consentir à marcher vingt bonnes minutes le long de la voie ferrée. Niché au cœur d’un monastère du XVIe siècle, le lieu retrace cinq cents ans d’histoire des azulejos, ces carreaux de faïence qui ornent les façades des bâtiments portugais. Le restaurant du musée est à l’image du lieu qui l’abrite : calme et élégant. Le bleu distinctif des azulejos règne ici en maître et les tables donnent sur un petit jardin luxuriant. On y goûte une cuisine traditionnelle (les plats du jour ne dépassent pas 8 euros) très honnête. Le cadre fait le reste.
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2. De Xabregas à Graça
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Le repaire des bobos lisboètes C’est devenu l’adresse incontournable des gourmets de la capitale, amateurs de design et de produits triés sur le volet. Situé juste en face de la gare Santa Apolonia, le Delidelux, imaginé par deux architectes, offre ainsi une sélection de vins portugais et étrangers à donner le tournis. Le reste est à l’avenant : fromages, jambons, gâteaux d’ici et d’ailleurs s’étalent sur les étagères d’un mobilier trèsstylé : on n’a que l’embarras du choix. Et l’intérêt pour cet endroit pas comme les autres croît à mesure qu’on se dirige vers le fond du magasin. On y découvre, derrière une immense baie vitrée, une large terrasse qui donne sur le fleuve. En têteà-tête avec le Tage, on pourra, pour une dizaine d’euros, déguster un très copieux plateau de fromages portugais accompagné d’un verre de Dao. Le staff, qui sait de quoi il parle, met un point d’honneur à détailler l’origine et les caractéristiques des produits servis. Les samedis et dimanches on y sert, pour environ 14 euros, un des meilleurs brunches de la capitale. Un must... à condition d’arriver avant 13 heures pour éviter le rush.
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2. De Xabrégas à Graça
Apéritif avec vue La jolie église du vieux quartier de Graça jouit d’un panorama à couper le souffle. à cet endroit, quelques dizaines de tables s’organisent autour d’un petit kiosque qui propose des boissons fraîches et du café. Le lieu idéal pour tester la bière locale tout en se familiarisant avec la géographie lisboète.
Au marché aux puces Au Campo (place) de Santa Clara à Graça, tout autour du Panthéon, se déploie le joli fouillis d’un marché aux puces haut en couleurs. On peut y chiner des heures durant sans oublier de s’arrêter pour un snack dans l’un des nombreux petits restos du coin. Dépaysement garanti.
à MANGER DES yEUx : LE CASTELO DE SãO JORGE Construit sur la plus haute colline de lisbonne, qui en compte sept, le château offre un point de vue exceptionnel au moment du coucher de soleil.
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Soirée dans un resto fado Le coucher de soleil embrase le ciel lisboète. Du Castelo São Jorge, on savoure chaque minute de ce spectacle grandiose. La nuit s’installe peu à peu, Il est temps de regagner les ruelles tortueuses de l’Alfama pour une soirée dans un resto fado. Attraction touristique de la capitale, les établissements proposant un repas sur fond de musique sont légion... et pas toujours de bonne tenue. Voici une adresse originale à ne pas rater : le Baiúca de Alfama. Ici, on vient pour le Fado Vadio, cette version amateure du chant mélancolique indissociable de l’âme portugaise. Les clients interrompent leur repas à tour de rôle et entonnent leur complainte à la volée. Un spectacle très émouvant dans un lieu hautement convivial.
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De Baixa à Rossio : dans la 3
LeS quARtIeRS en bRef Au cœur de lisbonne, battent baixa et Rossio. Fruit de la reconstruction de la ville après le tremblement de terre de 1755 par le marquis de Pombal, ce mini-quartier étonne par ses larges avenues et ses rues qui se coupent à angle droit. C’est le point de passage obligé pour aller vers le bairro Alto ou l’Alfama. Et ce n’est pas parce que le quartier est central, donc, touristique, qu’il faut le snober. baixa et Rossio recèlent encore d’adresses incontournables, comme la Confeitera Nacional, l’épicerie centenaire Manuel tavares ou les petites Ginjinhas qui servent des petits verres d’alcool de cerise.Et, plus haut, autour du Coliséu, les enfilades de restaurants peuvent combler tous les appétits.
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ville basse Des pâtisseries 100 % végétaliennes C’est une petite boutique un peu en retrait du Baixa qui témoigne à elle seule de l’esprit de renouveau qui règne à Lisbonne. A l’extérieur, rien qui ne la distingue des pastelaria traditionnelles mais Bake the difference a ceci de particulier que c’est la première pastelaria végétalienne de Lisbonne. Léonice, la patronne, a commencé a développer ses recettes dès 2006, pour une clientèle d’initiés. Et le bouche-à-oreille a fait le reste.
Le café vintage est servi ! Ce n’est pas à proprement parler une halte gastronomique puisqu’il s’agit... d’une friperie. Mais si Outra face da Lua (l’Autre face de la lune) mérite de figurer ici, c’est qu’elle offre une pause originale et agréable au visiteur en mal de découvertes. C’est l’endroit idéal pour faire une halte, prendre un thé, fouiner dans les rayons de fringues, déguster un petit cupcake et reprendre sa route vers les hauteurs de l’Alfama.
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3. De Baixa à Rossio L’art de bien se conserver Pensiez-vous qu’un jour, on vous dirait : “il faut absolument que tu ailles acheter des sardines dans ce magasin !” Pis : une de vos connaissances, récemment rentrée de Lisbonne, vous a fait l’affront de vous offrir des boîtes de conserve, et, pis encore, vous vous êtes surpris à trouver ça génial. La Conservaria de LIsboa, petit magasin de conserves de produits de la mer, a appliqué à la lettre ce vieux principe marketing qui veut que ce soit dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. Le magasin n’a pas changé depuis son ouverture, en 1930. Les employés continuent à emballer à la main, sous vos yeux, les petites boîtes en fer blanc. Et le cabinet de design Boq, qui a revu l’identité visuelle des trois marques détenues par la Conservaria (Tricana, Prata do Mar et Minor) pour ses 80 ans, a bien pris soin d’aller fureter dans les archives pour y puiser son inspiration. Résultat, on est impressionné par ces piles infinies de sardines, de thon et de poulpe en boîte et à toutes les sauces. On n’a qu’une envie : acheter la collection entière pour pouvoir rapporter un peu de ce design délicieusement rétro à la maison.
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à MANGER DES yEUx : LE MUSéE DU DESIGN ET DE LA MODE installé dans les anciens locaux de la banque nationale d’Outre-mer, ce nouveau lieu donne un petit coup de jeune à baixa. On peut y découvrir une belle collection de vêtements et d’objets design du XXe siècle.
Un classique à la page C’est une véritable institution... qui sait vivre avec son temps. Au Solar de Presuntos, installé depuis 1974 à proximité du Coliséu, dans le quartier de Rossio, on choisit son vin de façon très tactile : en tapotant sur un iPad ! Une pratique qui étonne un peu tant on mise ici sur les basiques de la bonne cuisine portugaise. Comme quoi, on peut très bien perpétuer la tradition tout en étant technophile. Et il est à souhaiter que certaines choses ne changent jamais ici : l’atmosphère bon enfant, le service aux petits soins, la générosité des plats et la recette du Doçe da avo Luisa, une merveille d’onctuosité et de fondant qui clôt de la plus belle façon un dîner (30 euros environ, vin compris) entre les murs de cette vénérable maison.
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Rien de tel qu’un petit tour au marché pour avoir une photographie de la vie lisboète. Mercado de Campo d’Ourique, mercado de Arroios... Lisbonne compte une multitude de marchés couverts où règne une ambiance populaire et accueillante. On y trouve les produits de base de la cuisine locale. Sur les étals de poissons, les sardines tiennent une place de choix. On y trouve également une multitude de fruits et de légumes. Si vous êtes en quête de souvenirs, allez regarder ce que proposent les fromagers : queijinhos do Alentejo, Castelo Branco, Queijo da Serra... les spécialités sont infinies. Il faut d’ailleurs absolument goûter au fromage de brebis amanteigado, équivalent laitier du fondant au chocolat : on découpe une ouverture sur le
Un tour au marché haut du fromage, pour le déguster à la cuiller. Un vrai délice. Comme sur tous les marchés, l’idéal est d’arriver relativement tôt, vous pourrez ainsi aller prendre un cafezinho et un bolo au comptoir d’une des pastelaria du marché et vous mêler aux marchands locaux venus faire une courte pause. Le plus beau marché couvert se situe au sud de la ville, juste en face de la station de métro Cais do Sobre, sur la route qui mène à Belem. Cette halle, majestueuse, de 10 000 mètre carrés, a été inaugurée le 1er janvier 1882, et ce n’est que depuis une dizaine d’années qu’elle n’est plus réservée aux seuls grossistes. C’est aussi un bon point de départ pour remonter vers le Bairro Alto, un peu plus au nord.
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Du Chiado à Principe Real : là où bat le cœur de la ville 4
LeS quARtIeRS en bRef boutiques de céateur, restaurants à la mode, enfilade de bars... C’est ici, le plus souvent en se donnant rendez-vous sur la Praça (place) luis de Camoès, à deux pas de la station de métro baixaChiado, que les lisboètes entament leurs virées nocturnes. Dès les beaux jours, les ruelles du bairro Alto, qui attirent la jeunesse locale, sont noires de monde. Moins exhubérant, plus sélect, le Chiado ravira les gourmets exigeants. C’est ici qu’on trouve parmi les meilleures tables de la capitale portugaise. Et, pour ceux qui aiment prendre leur temps et cultiver la douceur de vivre, prendre la direction de Principe Real, situé au nord du bairro Alto.
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Sur le toit, les cocktails Pour admirer les sublimes couchers de soleil qui embrasent les cieux lisboètes en sirotant un mojito sur fond de musique gentiment lounge, direction le bar de l’hôtel cinq étoiles Bairro Alto. Une fois le lobby passé, on s’engouffre dans un minuscule ascenseur qui conduit au sixième ciel. A l’heure de l’apéro, les places sont souvent rares mais quand on trouve à s’asseoir, on en reste bouche bée. Pour éviter la cohue, on pourra opter pour la pause café en journée, la terrasse accueillant la clientèle à partir de 12h30.
à MANGER DES yEUx : L’ELEVADOR DE SANTA JUSTA Marquant la frontière entre les quartiers de baixa et du Chiado, le style néogothique de l’ascenseur de santa justa fait imanquablement lever les yeux au ciel ! Qui l’emprunte pourra bénéficier d’un point de vue imprenable sur la ville basse.
Les balbutiements végétariens Les adresses veggies ne sont pas légion à Lisbonne. Niché au fond d’une cour du Chiado, le restaurant Envy, à la déco soignée, propose le dimanche, un copieux brunch pour une dizaine d’euros. Au menu, un buffet composé de salades et une sélection de plats chauds. Simple et bon.
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4. Du Chiado à Principe Real
Des restos pour tous les goûts Conceptuels, surprenants, incontournables, conviviaux, branchés... Chaque visiteur en quête d’une bonne table trouvera la sienne dans les quartiers du Chiado et du Bairro Alto. En voici quelques-unes à ne pas rater (de haut en bas et de gauche à droite) : pour son ambiance lascive, la Pensão Amor. Rusticité et efficacité au menu du Bota Alta, établi à Lisbonne depuis les années 70 et spécialiste de plats typiquement portugais. Autre must, le très chic Tavares (ouvert au XVIIIe siècle !), dont le nouveau chef Aimé Barroyer enchante les papilles des Lisboètes. Planqué dans une petite rue en descendant vers Cais do Sodré, le très original Sol e Pesca propose des menus élaborés à partir de... conserves de poisson. Sa déco, composée de centaines d’hameçons, vaut à elle seule le détour. Enfin, on se presse au Sea Me, l’adresse du moment. Installés à de grandes tablées, on déguste des fruits de mer mais c’est pour son burger, un des meilleurs de la ville, que les Lisboètes y reviennent.
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Au royaume de la cuisine fusion D’aucuns diront que 100 Manieras est l’endroit “branchouille” du moment et qu’il n’a rien à voir avec LA Lisbonne authentique. Il est vrai qu’avec sa déco, pas toujours réussie, qui mélange classique et moderne (on préfère d’ailleurs l’ambiance feutrée du premier étage, non fumeur), ses beautiful people et son armada de serveurs débordés, on peut légitimement se poser la question. Mais il suffit de passer à table pour changer d’avis. Le chef, Ljubomir Stanisic, débarqué de Belgrade à l’âge de 12 ans, a fait ses classes dans les plus grandes cuisines du pays et trouve son inspiration à la fois dans son héritage culinaire (böreks yougoslaves aux épinards), dans les hit de la world food (hamburger à la saucisse portugaise, tartare de thon) et dans les classiques de la cuisine portugaise (bolinhas de bacalhau, morue grillée). Tout cela
à MANGER DES yEUx : PRAçA DOS RESTAURADORES
donne une cuisine inventive, très fine et succulente, pour une note d’un peu plus de 40 euros (vin compris), somme toute, plutôt raisonnable.
la majestueuse place marque le point de rencontre entre la vieille ville et la nouvelle, qui étend ses larges avenues modernes vers le nord. C’est aussi ici qu’on peut emprunter le funiculaire qui arpente la très pentue calçada da Gloria pour rejoindre le bairro Alto.
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4. Du Chiado à Principe Real
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à MANGER DES yEUx : LE kIOSqUE DE LA PRAçA DE LUIS CAMOES Point de ralliement des noctambules lisboètes, la Praça (place) possède un kiosque toujours très fréquenté.
Le vin joue des coudes Si les nuits chaudes du Bairro Alto carburent à la bière, un bar à vins proposant de jolis flacons est en passe de tirer son épingle du jeu noctambule. Au Bairrus Bodega, on trouve à la carte des crus exclusivement portugais. Et ça marche ! Une clientèle de trentenaires, lassée des extravagances des cadets dans les rues adjacentes, se donne rendez-vous ici. Il faudra compter autour de 15 euros pour une bonne bouteille.
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4. Du Chiado à Principe Real Les amoureux du porto ont leur institut Blotti au cœur d’un palais du XVIIIe siècle, le Solar do Vinho do Porto, à la lisière du Bairro Alto, propose quelque deux cents références du vin cuit. Ouvert jusqu’à minuit, cet endroit d’exception à l’atmosphère tout aussi feutrée que cosy attire les connaisseurs.Mais la dégustation reste tout à fait abordable : compter de 1 à 5 euros le verre.
à MANGER DES yEUx, LE MIRADOURO DE SAO PEDRO DE ALCANTARA situé tout à côté du solar do Viho do Porto, ce délicat jardin offre une impressionnante vue sur la ville basse et les vieux quartiers d’Alfama et de Graça.
MARS-AVRIL paprika • 59
à MANGER DES yEUx : PRAçA DE PRINCIPE REAL le jardin situé sur la Praça (place) du quartier de Principe Real possède un bassin d’eau sous lequel se cache un petit musée installé dans le Reservatório da Patriarcal, ancien réservoir d’eau. Une curiosité à ne pas manquer.
L’incroyable bric-à-brac du Pavilhao Chinês Un spot incontournable dans le très joli quartier du Principe Real. Dans cette maison du XIXe siècle, le propriétaire a accumulé une incroyable collection d’objets hétéroclites. Un endroit tout indiqué pour prendre un verre et se laisser aller à la rêverie.
Les parfums 100 % portugais d’Artisani En poussant un peu au-delà de Principe Real, on atteint le quartier du Rato pour s’accorder une pause sucrée chez le glacier Artisani. Ici, on trouve des parfums qui s’inspirent de spécialités typiquement portugaises, comme la crème aux œufs ou le bolo rei, la galette des rois locale.
60 • paprika MARS-AVRIL
pARcouRS gouRMAndS dAnS LISbonne
De Campolide à C.d’Ourique : 5
LeS quARtIeRS en bRef Au nord de la ville basse (baixa) s’étendent les vastes avenues de la lisbonne moderne. On n’y croise pas beaucoup de touristes mais des lisboètes affairés qui se rendent au travail et investissent les restaurants et autres pâtisseries à l’heure du déjeuner. si ces nouveaux quartiers n’ont pas le charme de la vieille ville, ils possèdent bien d’autres atouts comme la magnifique collection d’art moderne de la Fondation Gulbenkian ou encore l’impressionnant Parque (parc) de Monsanto. En direction du sud-ouest, on atteind l’irrésistible quartier de Campo d’Ourique où il fait bon vivre. son grand marché très réputé alimente les très bonnes tables du coin.
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MARS-AVRIL paprika • 61
comme des Lisboètes Au comptoir de Versailles Pour qui aime la douce atmosphère des pâtisseries lisboètes, un crochet par Versailles s’impose. Vieille d’un siècle, cette institution accueille à la pause de midi tout ce que le quartier moderne de Saldanha compte de salariés affamés. L’espace restaurant est plein, qu’importe, on s’installe au comptoir pour apaiser sa faim grâce au plat du jour. Une armée de garçons veillent au grain, tous prêts à bondir sur les percolateurs pour prépaper l’espresso qui accompagnera une des très nombreuses spécialités pâtissières de la maison. Dans ce décor un peu suranné et douillet, on peut passer des heures à observer le va-et-vient de la clientèle et le ballet des serveurs évoluant avec adresse sous les grands
à MANGER DES yEUx : PRAçA DE TOUROS Cette imposante arène de 8 000 places construite au XiXe siècle accueille le public amateur de corridas. seule différence avec le voisin espagnol : ici, le taureau aura la vie sauve.
lustres.
62 • paprika MARS-AVRIL
5. De Campolide à Campo d’Ourique
Vive la cuisine du marché Situé au premier étage du bâtiment qui abrite le Mercado (marché) do 31 Janeiro, à deux pas de la Praça (place) Duque de Saldanha, le restaurant Casa do Peixe porte bien son nom : ici, on vous apporte les poissons du jour sur un plateau. Ne reste plus qu’à désigner l’heureux élu. Fréquentée par une clientèle d’habitués, cette cantine séduit autant par la qualité de ses produits que par la bonne humeur qui y règne. On entend les cuisinières s’esclaffer aux fourneaux tandis que le serveur anticipe en vous entretenant des merveilleux desserts qui vous attendent. Au final, on aura mangé comme quatre pour un peu moins de 20 euros (vin compris). L’adresse idéale pour les faims de loup !
MARS-AVRIL paprika • 63
à MANGER DES yEUx : IGREJA DA NOSSA SENhORA DE FATIMA située à proximité de la fondation Calouste Gulbenkian, cette église possède de magnifiques vitraux signés Almada Negreiros. Un petit bijou d’architecture religieuse contemporaine.
Dans les bouis-bouis autour de l’hôpital Santa-Marta Quand on descend à la station de métro Avenida, au-dessous de la Praça Marquès de Pombal, on passe devant le magasin LVMH pour rejoindre la rua de Santa Marta. On y trouve un alignement de petits restos sans prétention, qui proposent des menus à moins de 10 euros. Notre préféré, le Devagar Devagarinho, est un peu en retrait, Traversa Larga. Une réplique miniature, mais imposante, d’un bateau de pêche accueille les visiteurs. La pêche du jour y est exposée. On choisit son poisson que le cuisinier grille devant vous sur son barbecue intérieur. C’est simplissime, authentique, frais et délicieux. Le restaurant organise également certains jours des concours de fado. Un vrai coup de cœur.
64 • paprika MARS-AVRIL
5. De Campolide à Campo d’Ourique
La guerre du gâteau au chocolat est déclarée ! Bras Carlos Lopez possède une minuscule boutique dans le quartier de Campo d’Ourique où il assure élaborer... le meilleur gâteau au chocolat du monde (à droite). Rien que ça. Un coup marketing de génie qui lui assure aujourd’hui une rénommée grandissante hors du Portugal : il a ouvert une enseigne à Madrid, une autre à Rio et on trouve désormais sa merveille à New York. Qu’on juge la ficelle un peu grosse ne suffit pas à éteindre la curiosité. Imanquablement, on ira goûter sa spécialité, pour pouvoir mieux moquer la prétention du pâtissier après coup. Et, en effet, on a trouvé bien meilleur que le sien ! Dans le quartier d’Alcantara, au cœur de la LX Factory, cette incroyable ‘usine culturelle’ qui réunit de jeunes créateurs, se trouve la jolie boutique Landeau qui propose, pour 3 euros la part, l’autre meilleur gâteau au chocolat du monde (ci-dessus) et... peut-être même bien de l’univers !
MARS-AVRIL paprika • 65
Les divins tapas de Vitor Sobral Le très populaire chef portugais est chez lui dans le quartier de Campo d’Ourique. Il y a deux adresses : la brasserie Cervejaria da Esquina et le restaurant de tapas Tasca da Esquina. Dans ce dernier, il se saisit des produits phares de la cuisine portugaise pour mieux les magnifier. On goûtera, par exemple, de la morue crue sur un lit pommes allumettes, le tout surmonté d’un œuf au plat.Une formule propose même aux curieux une série de tapas dont on ne sait rien avant de les avoir dans son assiette. C’est le chef qui décide et c’est toujours délicieux.
66 • paprika MARS-AVRIL
pARcouRS gouRMAndS dAnS LISbonne
Belem : retour vers le futur 5
Le quARtIeR en bRef à belém, on fait le grand écart temporel. les témoignages glorieux du temps des Grandes découvertes (le navigateur Vasco de Gama repose d’ailleurs dans l’église du sublime Mosteiro dos jeronomis) côtoient les signes du présent abrités dans l’impressionnant Centro Cultural de belem et son Museu berardo, à la très belle collection d’art contemporain. C’est aussi ici que l’on trouve les célébrissimes pasteis de belém (voir notre reportage p.30), petites tartelettes fourrées de crème brûlée qui déplacent les foules. belém possède encore bien d’autres atouts comme ces bars design installés le long du tage, sans oublier la surprenante Fondation Champalimaud, cachée derrière la tour de belém.
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MARS-AVRIL paprika • 67
à MANGER DES yEUx : LA TORRE DE BELEM bâtie au XVie siècle, la célèbre tour, postée sur la rive du tage, se détache fièrement sur le bleu du ciel.
Les autres pasteis Les pasteis de Belém, élaborés à l’Antigua Confeitaria, jouissent d’une telle réputation (méritée !) que les pâtissiers du coin auront dû sérieusement se creuser la tête pour attirer les hordes de gourmands dans leurs boutiques. A la Pastelaria Nau, on a opté pour l’originalité. Ici, les petites galettes sont fourées d’une pâte... à la bière. Et c’est Sagrès, la marque locale, qui en est le fournisseur officiel. Une drôle d’idée qui donne un résultat étonnamment goûtu. Passé le craquant de la pâte, le cœur fondant ravit le palais. Si la boutique ne paye pas vraiment de mine, ces pasteis-là n’ont rien à envier à leurs célèbres cousins et offrent une jolie alternative dont il ne faut pas se priver.
68 • paprika MARS-AVRIL
Déjeuner enchanteur à la Fondation Champalimaud C’est une adresse à découvrir absolument. Mais, pour cela, il faudra dépasser la Tour de Belém, qui marque généralement la fin de la visite du quartier, et marcher une dizaine de minutes sur un bout de trottoir le long d’une route à quatre voies... On apercevra alors les courbes blanches de la sublime Fondation Champalimaud. Conçu par l’architecte indien Charles Correa, ce bâtiment abrite des laboratoires de recherche, un auditorium, une zone d’exposition et ... le magnifique restaurant Darwin. Si la grande salle séduit par sa déco revisitant la théorie de l’évolution du scientifique britannique dont le restaurant emprunte le nom, rien ne vaut un déjeuner sur sa terrasse. De là, on admire la Torre de Belém, on rêve en observant les allers et venues des mouettes et on se régale d’un risotto de saumon à l’encre de seiche (pour un peu moins de 20 euros, vin compris). Un pur moment de bonheur.
MARS-AVRIL paprika • 69
6. Belém
à MANGER DES yEUx : LE MUSEU BERARDO le musée abrite, depuis 2006, l’incroyable collection d’art contemporain du richissime josé berardo.
Une enfilade de bars design En revenant de la Torre de Belém en direction du Padrao dos Descobrimentos (le monument des Découvertes), on longe, au bord du Tage, une série de bars élégants où les Lisboètes viennent lézarder.
70 • paprika MaRS-aVRiL
DîNER CHEZ “L’HabitaNt”
À la table d’Augusta U1
JENNIFER GALLÉ
MaRS-aVRiL paprika • 71
I
l y a d’abord son grand
s’enquérir dans le détail des
rire sonore en guise de
différents types d’enchidos
bienvenue. Augusta, la
(saucissons) sélectionnés
trentaine, infirmière de
par la maîtresse de maison,
formation et chef de ser-
qu’on la retrouve, poêle à
vice dans un hôpital de Lis-
la main, prête à passer à
bonne, nous reçoit chez elle.
l’action. à la voir s’activer
Dans sa bande de copines -
devant ses fourneaux, recti-
elle a d’ailleurs convié pour
fiant sa sauce , dosant “au
nous accompagner ce soir
pif”, on comprend que l’on
Nadia et Anna-Maria -, LA
n’a pas affaire à une débu-
cuisinière, c’est elle.
tante. D’où tient-elle ce
Le volume de son chat,
talent ? “De ma mère ! Elle
même pas un an et déjà prêt
habite à Pombal, en pleine
pour les combats de sumo
campagne. Elle m’a transmis
catégorie matou, nous met
les bases et le goût des
la puce à l’oreille : ici, on ne
bons produits. Pour le reste,
fait pas semblant de man-
j’invente !“
ger ! Augusta a pensé à tout et, pour ce repas “typique-
L’inspiration des voyages
ment” portugais, elle a opté
Adepte de la cuisine fusion,
pour l’incontournable “ba-
inspirée de ses différents
calhau à brás” en plat princi-
voyages en Inde, à Cuba ou
pal. De la morue, des frites,
au Japon, Augusta ne fait
une omelette : tout cela en
cependant pas de chichis.
un seul et même plat mis en
Elle
musique par son incompara-
supermarché pour le non-
ble tour de main. Mais,
périssable. Légumes, fruits
chaque chose en son temps.
une pointe de fierté en dési-
D’abord, l’apéro !
gnant trois petites coupes remplies de purée de fruits
Vin doux et confitures
et de légumes (ce soir-là, du
On débouche une bouteille
melon, de la citrouille et de
de Quinta da Alorna, un vin
la tomate).
blanc doux, servi bien frais
De la confiture, pour quoi
pour
faire
accompagner
deux
?
Accompagner
s’approvisionne
au
et poissons viennent, eux, du marché du 31 de Janeiro,
“Ma mère m’a transmis les bases de la cuisine, pour le reste, j’invente !”
situé à deux pas de son tra-
Augusta
qu’on trouve dans sa cui-
vail. Quant à la divine huile d’olive et aux très odorantes
herbes
fraîches
sine, elles sont issues des
le
beaux plateaux de fromages
requeijão, pardi ! Sorte de
et de charcuteries. Le chat
ricotta portugaise, cette
rapplique et miaule en quête
spécialité se tartine sur du
au Castelo Branco, trois
ça et là, de la coriandre mé-
d’une friandise. On l’ignore
pain avec de la marmelade.
somptueux fromages qui
langée à du persil, - “il faut
superbement.
Divin ! Il sera tout aussi inu-
nous embarquent pour un
bien un peu de verdure !” - :
“J’ai fait les confitures moi-
tile de chercher à résister
tour du Portugal.
Augusta apporte la touche
même”, précise-t-elle avec
au Sao Jorge, à l’Estrela ou
à peine a-t-on le temps de
finale au plat de résistance.
réserves maternelles. Quelques olives, justement,
72 • paprika MaRS-aVRiL
“Le meilleur digestif du Portugal !”
Il est temps de passer à
“ même les abats ”, indique-t-
“Ma tante était institutrice
voilà rassurée. Cette mysté-
table.
elle, nous confiant une pas-
à la campagne et il lui arrivait
rieuse eau de vie, “élaborée
Un Duas Castas 2010, vin
sion pour la langue de bœuf.
souvent de récupérer ses
à
blanc élégant de chez Her-
“Un soir, j’ai convié des amis
écoliers dans un drôle d’état
(arbuses), c’est le meilleur
dade do Esporao, un des plus
à dîner en restant évasive
après
en
digestif du Portugal !”, me
gros exportateurs vinicoles
sur
as-
guise de petit déjeuner, une
certifie-t-elle dans un sou-
du pays, prend le relais pour
siettes. Ils se sont tous ré-
soupe de cheval mort.”. Une
rire complice.” Une fille qui
le reste du dîner. On trinque
galés mais, le lendemain, en
quoi ? “Une soupe de vin
réussit aussi bien la “bacal-
à l’amitié franco-portugaise
leur révélant qu’ils avaient
chaud agrémentée de gros
hau à brás” ne peut pas avoir
et aux prochains voyages
mangé de la langue, tu aurais
morceaux
tout à fait tort.
avant de goûter la morue,
dû voir leurs mines décon-
doute qu’après cela, l’atten-
On achève le repas sur les
crémeuse (un bon point
fites ! J’en ai toujours dans
tion de ses élèves ne devait
notes sucrées d’un riz au lait
pour
cra-
mon frigo. J’adore ça.” Je
pas être à son maximum.
à la cannelle fait maison.
quante (un autre pour les
jette un œil interrogatif sur
frites) à souhait. On avait
les restes de notre plat. Pas
La liqueur de la grand-mère
ceaux du CD d’Ana Moura, un
un peu peur, mais non, ce
de doute, c’est bien de la
L’évocation de cette potion
des nouveaux talents du
n’est pas lourd du tout ! Ça
morue...
donne des idées à Augusta.
fado,
doit être la “verdure”. Du
Anna-Maria, elle, se régale
Là voilà qui se lève d’un bond
ultimes
coup, tout le monde se res-
volontiers
cabidela,
pour attraper une jolie ca-
liques, le chat vient se frot-
sert.
plat de riz au poulet cuit
rafe de verre opaque ornée
ter contre les jambes de sa
dans le sang de l’animal.
de délicats motifs floraux...
maîtresse... Il est temps de
Vive la langue de bœuf !
Nadia fait la grimace. Elle pré-
Du dessous, on distingue de
rentrer.
l’omelette)
et
le
contenu
d’un
des
avoir
absorbé,
de
pain.”
Nul
partir
de
‘medronhos’
Dans le fond, le dernier mor-
fait
retentir
notes
ses
mélanco-
Maintenant qu’on les tient
fère le riz au canard et se
petites boules sombres qui
On prend congé d’Augusta,
toutes trois assises et gen-
passe très bien de la cuis-
flottent. Les filles s’esclaf-
qui démarre son service du
timent lestées, on passe les
son au sang... Des recettes
fent, Augusta remplit mon
lendemain aux aurores, en
demoiselles sur le gril. Quel
surprises aux bizarreries ali-
verre comme s’il s’agissait
la remerciant pour ce dîner
est donc leur plat portugais
mentaires, il n’y a qu’un pas
d’un rite de passage. “Ne
simple,
favori
qu’Anna-Maria ne tarde pas
crains rien, c’est ma grand-
réconfortant... tout comme
à franchir.
mère qui la fabrique !”. Me
elle. ,
?
Augusta
avoue
‘tout’ aimer et tout manger,
authentique
et
MaRS-aVRiL paprika • 73
La RECEttE
La bacalhau à brás d’Augusta INGRÉDIENTS Pour 4 personnes • un kg de morue qu’on aura fait dessaler durant 24 heures en changeant l’eau toute les 6 heures • 4 grosses pommes de terre à frites • 9 œufs • un oignon finement tranché • une gousse d’ail • quelques feuilles de laurier • sel, poivre, muscade • huile d’olive • piment de Cayenne (en option)
• une dizaine d’olives • coriandre et persil hâchés
TEMPS DE CUISSON Vingt minutes de cuisson
COMMENT S’Y PRENDRE • Laissez égoutter la morue. • Coupez vos pommes de terre pour en faire des frites. • Dans une poêle à bords hauts, ou une cocotte, faites revenir l’oignon tranché et l’ail
dans de l’huile d’olive. Ajoutez les feuiles de laurier. • Dans une friteuse, préparez vos frites puis égouttez-les. • Quand vos oignons commencent à blondir, vous pouvez ajouter du piment de Cayenne, c’est selon votre goût. • Mettez la morue dans la poêle, mélangez-là soigneusment à votre sauce. Couvrez une bonne dizaine de minutes. • Battez les œufs en omelette. • Salez la morue et ajoutez de la noix de muscade râpée. • Incorporez délicatement vos frites à la morue. Mélangez.
• Ajoutez ensuite l’omelette, en la versant en un mince filet. • Laissez cuire en tournant régulièrement. • Veillez à ce que l’omelette ne soit pas sèche. • Une fois cuite, parsemez la bacalhau d’olives et du mélange persil-coriandre. • Servez !
SON TRUC “Si c’est trop sec, vous pouvez mettre un peu de lait après avoir incorporé vos œufs”, conseille Augusta.
74 • paprika MARs-AvRiL
LE PORTUGAL EN FRANCE Comment faire pour prolonger votre voyage une fois de retour ? La communauté portugaise installée dans l’Hexagone est nombreuse et il est donc relativement facile de trouver de bons restaurants ou des magasins pour dénicher vos doces favoris. Sur le web, commencez par une visite sur luso.fr. Vous y trouverez presque tout ce qui concerne le monde lusophone en France. Faites aussi un tour sur lusitanie.fr et portugalvivo.com, deux sites très complets.
AvANT dE qUiTTER LisbONNE
Comment bien choisir son porto Affinés depuis le XVIIe siècle
ou avec des fromages frais.
lat le rendent délicieux mais
par les négociants anglais,
Le tawny à la robe ambrée
il n’a pas la corpulence – ni le
les portos se subdivisent
est le fruit lui aussi de plu-
tarif - du seigneur des por-
en
catégories.
sieurs récoltes. Il bénéficie
tos : le Vintage. Il s’agit d’un
C’est ensuite une question
plusieurs
d’un élevage plus long, pou-
ruby millésimé qui passe
de goût… et de circons-
vant aller jusqu’à quaran-
seulement deux ans en fût
tances !
teans et plus.
puis est enfermé en bou-
Le ruby, assemblage de vins
Ruby
jeunes de plusieurs millé-
tuent une vaste catégorie
dre
simes, passe deux à quatre
où le pire côtoie le meilleur.
plusieurs décennies. D’une
ans en fût. Fruité, jeune, il se
Dans le doute, l’on peut
robe grenat sombre, il dé-
opter pour un Colheita (on
ploie une magnifique pa-
prononce
lette
boit
à
l’apéritif
et
tawny
consti-
“colieta”)
:
ce
teille où il continue à se fonparfois
pendant
aromatique,
des
tawny est le fruit d’un
notes de chocolat, de ce-
beau millésime uniquement
rise
et il est élevé au minimum
d’épices sur une structure
sept ans en barriques. Ils se
puissante et tannique. En
boivent en accompagne-
raison de son prix (autour
ment de nombreux des-
de 100 euros) on le réser-
serts (amandes, figues) et
vera pour les grandes occa-
peuvent même se marier à
sions avec un gâteau au
des foies gras ou à une
chocolat. Dans tous les cas,
noire,
de
truffe,
il faut s’assurer que les bou-
fourme d’Ambert.
teilles de porto possèdent
La Rolls Royce du vin cuit
bien le sceau de garantie
Très
LBV
(bande de papier blanche
(Late Bottled Vintage)
imprimée, sur le goulot) : il
différent,
le
est un millésimé vieilli qua-
atteste que le vin a été mis
tre à six ans en fût puis
en bouteille au Portugal
mis en bouteille, date à la-
après avoir été contrôlé
quelle il est considéré prêt
par l’ IVP, l’institut des vins
à être bu. Ses arômes de
de Porto.
fruits rouges et de choco-
1 marie Grézard U J.G
MARs-AvRiL paprika • 75
Que faut-il rapporter ? Dans le quartier de Campo d’Ourique, le charmant magasin Aromas e Sabores est spécialisé dans les produits portugais. L’endroit idéal pour un shopping d’avant de rentrer en France
de l’huile d’olive Moins connue que celle qui nous vient d’Italie, elle est tout aussi bonne ! Choisissez-là de préférence bio et optez pour une bouteille en provenance de l’Alentejo, la région du sud du pays.
a partir de 5 € le litre du “porco preto” C’est une spécialité typiquement portugaise. Elevé en plein air dans la péninsule ibérique, le porc noir possède une chair savoureuse et très goûtue qui fait le délice des gourmets.
59 € le kilo du fromage Optez pour le Serra da Estrela, du nom de la chaîne de montagnes. Elaboré selon une méthode traditionnelle à partir de lait de brebis, il est crémeux et fera, accompagné de confiture, un merveilleux dessert.
29,75 € le kilo des “ameixas d’elvas” Mise au point au couvent, la recette de ces délicieuses prunes confites remonte au XVe siècle. Ces dernières accompagnent traditionnellement le Sericaia, une sorte d’omelette soufflée à la cannelle.
10 € la boîte
76 • paprika Mars-avril
chefs venus d’ailleurs
Duo de choc chez Ciacco Paprika est allé flâner du côté des Italiens de Ciacco (Paris, Xe) pour une conversation à bâtons rompus sur les spécificités des cuisines hexagonale et transalpine U1 ALEXANDRE ZALEWSKI
Mars-avril paprika • 77
h
opson et Mas-
vers les plats. Donc nous
en France, j’ai perdu l’habi-
sine fusion. Ça, c’était plu-
simo ont ouvert
avons, dès le début, pro-
tude du repas italien com-
tôt marrant : manger des
Ciacco en 2008.
posé une cuisine “à l’ita-
plet. Je n’y arrive plus ! Je
sushis entre un classique
Les
lienne”.
si
me suis “francisé” : je me
italien et du foie gras, c’est
pères, qui viennent d’un
Massimo fait une scalopine
contente d’un plat unique,
original ! Là encore, c’est un
petit bourg de la Brianza,
(escalope), il ne sert pas de
éventuellement d’une en-
peu passé de mode. On
entre Milan et Bergame, se
pâtes en accompagnement.
trée en plus du plat.
revient aujourd’hui à des
sont donné pour mission
Ça, c’est de la cuisine franco-
massimo : Moi non plus, je n’y
choses très basiques, des
d’éduquer les palais français
italienne ! Ici, la scalopine est
arrive plus ! Quand je rentre
saveurs simples. On assiste
au goût authentique de
servie avec sa sauce et un
en
me
à un retour aux sources,
l’Italie. Ils sont même retour-
peu de salade.
dit : “Mais, tu ne manges
avec des choses plus natu-
plus ?” Avant, je pouvais ava-
relles, moins travaillées.
deux
com-
Par
exemple,
nés dans la Botte pour recruter leur pizzaiolo. “Pas un petit jeune mais quelqu’un
Comment a réagi votre clientèle ?
Italie,
ma
mère
ler des pâtes et enchaîner sur un autre plat derrière !
: Ça a été un peu dur
Pour vous, quels sont les ingrédients clé de la cuisine transalpine ?
qui fait des pizzas depuis
hopson
vingt ans”, confie Hopson.
au début. Et ça l’est encore !
C’est bien simple, le meilleur
Aujourd’hui, on me demande
compliment pour le chef,
toujours des pâtes ou du riz
Massimo, c’est quand un
en accompagnement. Seule-
massimo
Italien vient lui dire qu’il a re-
ment, chez nous, les pâtes
des pâtes au four. Le jour de
trouvé le goût de l’Italie
se mangent en sauce, en
mon arrivée et le jour de
dans ses plats. Endiamo !
premier plat. Le repas italien
mon départ. Et du ragoût de
se décompose ainsi : anti-
viande ! Je lui réclame aussi
hopson
pasti, primo piatto, secundo
des pizzas.
Ouest. Le canard notam-
C’est quoi, l’idée derrière Ciacco ?
Quand vous retournez en Italie, que demandez-vous à votre mère de cuisiner ?
hopson
: L’ail et l’huile d’olive.
massimo
: Il faut qu’elle fasse
: Des légumes !
: L’ail, la tomate et
le basilic.
Dans la cuisine française, vous aimez quoi ? : Les plats du Sud-
ment
piatto, dolce et café. Et le
hopson
: Nous voulions pro-
deuxième plat, constitué
J’adore la manière qu’elle a
massimo
poser une cuisine italienne
d’une viande ou d’un pois-
de cuisiner les radicchios et
aux plats roboratifs, comme
authentique. Je ne voulais
son, est accompagné par
les champignons. J’essaie
le cassoulet.
pas que la cuisine aille vers le
des légumes ou de la sa-
aussi d’aller le plus possible
client, mais que le client aille
lade... pas par des pâtes !
au restaurant quand je suis
hopson
Le repas italien typique, avec les antipasti, les deux plats et le dessert, il perdure ?
Et vous n’aimez pas ?
: Non, c’est vrai-
“En France, c’est la culture du plat unique.En Italie, c’est tout le contraire.”
ment le repas pour les
Hopson
: Mais j’aime tout !
en Italie, pour voir un peu
hopson
comment
Même quand je ne connais
évoluent
les
pas et que ça ne m’emballe
choses.
pas massimo
: Ma préférence va
Justement, comment évoluet-elle, la cuisine italienne ? : On a connu une pé-
forcément
tout
de
suite. Par exemple, l’apéritif. En Italie, comme en France,
grandes occasions. ou
hopson
certains
d’af-
riode un peu similaire avec ce
d’ouvrir
faires. Il faut bien avoir,
qu’a traversé la France, où
pourquoi, chez nous, on va
au moins, cinq ou six
les plats étaient plus beaux
servir quelque chose de
heures devant soi pour
à
Le
très sec à boire. En France,
peu
on peut boire du pastis ou
essoufflé. Puis il y a eu la cui-
quelque chose avec un goût
repas
en venir à bout ! hopson : Depuis que je suis
voir
concept
qu’à
manger.
s’est
un
l’apéritif a pour fonction l’appétit.
C’est
78 • paprika Mars-avril
sucré. C’est le genre de
qu’ils ont des sauces su-
choses auxquelles j’ai eu du
crées
mal à me faire.
mélanges viande - légumes.
massimo
ainsi
que
leurs
: Avant de vivre ici,
je ne connaissais pas la cui-
Quel est votre plat fétiche ?
sine française. En fait, je suis
massimo
davantage fan de produits
ner le poisson. Je trouve
simples que l’on retrouve
que c’est agréable à travail-
partout que d’une façon
ler. Un peu plus difficile que
particulière de cuisiner .
la viande mais j’estime que
: J’aime bien cuisi-
cela permet d’avoir un peu
D’autres cuisines qui vous inspirent ?
plus de fantaisie. hopson
: Pour moi, tout ce
: J’aime bien les cui-
qui inclut des fruits de mer.
sines asiatiques, en particu-
Parce qu’on y met de l’ail, du
lier la cuisine japonaise. Cela
basilic et de l’huile d’olive.
m’inspire : ils osent des mé-
Sinon, le spaghetto, même si
langes de saveurs que les
ce n’est pas un plat... Je ne
Italiens ne s’autorisent pas.
peux juste pas m’en passer.
La cuisine japonaise... quels plats en particulier ?
Y a-t-il une chose que vous ne cuisinerez plus jamais à Ciacco ?
massimo
massimo
Massimo (à gauche) et Hopson forment une fine équipe.
: Les ramen, les : Le risotto aux
woks. J’aime leur manière de
massimo
cuisiner les pâtes. Rien à
langoustines et aux zestes
voir avec ce qui se fait en
d’orange ! Le problème, c’est
Italie. Et j’aime l’utilisation
que la langoustine était mélangée avec le risotto : les
fétiches dans la capitale ?
arrêté ce plat. massimo
Et à la maison, vous mangez italien ?
: Oui ! On trouve,
par exemple, tout ce qu’il faut pour les pâtes dans
clients avaient l’impression
hopson
: Franchement, je ne
n’importe quel supermar-
de ne pas en avoir pour leur
fais pas beaucoup la cuisine
ché. On se fournit tout
argent. Je l’ai refait ensuite
chez moi. Mais quand ça
aussi
en laissant la langous-
m’arrive, il s’agit de plats
jambon de Parme. La seule
tine entière. Visuelle-
qu’on retrouve ici : des
différence avec un magasin
pâtes, des rôtis...
spécialisé, c’est que le jam-
ment, c’était parfait.
“J’aime les cuisines asiatiques, tout particulièrement celle du Japon. Elles osent beaucoup plus !” Massimo
jours déçus. Du coup, j’ai
Pour moi, c’était un
massimo
: Je fais souvent du
risotto magnifique.
risotto. Comme ma mère en
Un vrai voyage !
Italie. Quand elle n’a plus rien
Mais j’avais beau
dans ses placards, elle se
mettre trois belles
débrouille avec un risotto !
n’était jamais assez,
en
bon n’est jamais tranché assez finement !
Des adresses à conseiller ? massimo
:
Nous
avons
plusieurs endroits privilé-
langoustines, ce les gens étaient tou-
facilement
Retrouvez-vous facilement vos ingrédients transalpins
giés. Comme le marché des Enfants Rouges (IIIe) ou en-
Mars-avril paprika • 79
frontière ainsi que de la
nale. Il a pris une casserole,
Panna Chef, cette crème
y a versé de l’eau froide,
que l’on trouve dans tous
a ajouté ses pâtes et tous
les supermarchés transal-
ses
pins. Cela se présente dans
mis tout ça sur le feu et m’a
de petits paquets. Il n’y a, à
dit : “Quand il n’y a plus
ma
d’eau, c’est prêt !”
connaissance,
pas
ingrédients
puis
a
d’équivalent de ce produit en France. Et elle est plus
Et les fast-food, vous y allez ?
onctueuse, plus crémeuse
hopson
et
kebabs, uniquement.
plus
épaisse
que
la
: Je suis client des
crème fraîche. On y trouve aussi des anchois. Parce
Un péché mignon ?
qu’en France, les anchois en
hopson
boîte, ça n’existe pas.
tous les Italiens ! Là-bas, on
massimo
core
chez
Paisano,
même en hiver !
: Enfin, ce n’est
pas tout à fait la même
Et les glaces françaises ?
qualité. Comme pour les
hopson
pâtes. On trouve beau-
travailler encore un peu ! Si
coup de Barilla par ici. Or, en
vous voulez vous régaler
Italie, c’est l’équivalent de
avec de glaces italiennes à
Panzani.
elles
Paris, allez chez Pozzetto,
Pourtant,
: Euh... Il va falloir y
rue Saint-Maur(XIe). Dans
sont
pratique-
rue du roi de Sicile, dans le
cette boutique, il y a des
ment au même prix que les
IVe. Goûtez ses glaces au
produits vraiment intéres-
Cecco, qui, pour nous, sont
yoghourt et aux pistaches.
sants pour la cuisine de
de “vraies” pâtes italiennes.
Un pur délice !
vendues
tous les jours . On trouve également
des
choses
assez pointues aux rayons fromage
et
Selon vous, les Français connaissent-ils bien la cuisine de la Botte ?
charcuterie.
: Oui, même si ça se
Mais, surtout, il y a de
massimo
petites choses, pas chères,
résume souvent pour eux
et incontournables, comme
aux pâtes et aux pizzas.
les conserves. Pour moi,
hopson
c’est un magasin idéal à
Parce que même les pâtes,
destination des Italiens ex-
ce n’est pas évident pour
patriés
On
tout le monde. Je me sou-
trouve ainsi du Chinotto ou
viens avoir vu en Espagne
de la Sanguinella, des bois-
quelqu’un
sons qui traversent peu la
pâtes de manière très origi-
en
France.
: C’est déjà pas mal !
préparer
ses
Nos deux compères ont choisi un nom évocateur : Ciacco est un personnage de la Divine comédie qui apparaît dans le troisième cercle de l’Enfer. Dans le texte de Dante, Ciacco le Florentin a été puni pour pêché de... gourmandise : on s’en serait presque douté !
: Les glaces, comme
en mange tout le temps ...
Vraiment ?!
cia ccO K é ZaK O ?
w CIACCO
9, rue René Boulanger, Paris Xe Menu à 11,50 euros le midi (pizza + café) Menu à 20 euros le soir (entrée + plat + dessert)
p Ou r la p e ti t e hi s t Oi re Avant d’ouvrir Ciacco avec Massimo en 2008, Hopson et sa femme, Marika, ont déjà sévi au 37, de la rue Oberkampf, dans le XIe arrondissement de Paris. Depuis 2004, l’Osteria Dell’ Anima, petit restaurant d’une quinzaine de couverts, propose des plats de pâtes fraîches, faites maison. Aujourd’hui, c’est Marika qui tient le restaurant. “Nous avons une clientèle fidèle qui vient depuis huit ans. Tout le monde se connaît. Et l’endroit est tellement petit que les gens sont amenés à se parler. Ça crée des liens !”
80 • paprika Mars-avril
la recette
Le bar en croûte de Ciacco Au risque de déclencher un incident diplomatique franco-italien sur la paternité de la recette, Massimo a choisi de nous concocter ce plat qu’il propose à la carte. “On le retrouve dans tous les restaurants de la côte italienne”, plaide-t-il. Quoi qu’il en soit, ce plat prouve que c’est bien l’œil qui ouvre l’appétit. Démonstration !
INGRÉDIENTS • un bar de 450/500 g • un kg de sel • trois blancs d’œuf • romarin
TEMPS DE CUISSON Vingt minutes
COMMENT S’Y PRENDRE • Dans un bol, versez le kilo de sel et ajoutez les trois blancs d’œufs. Bien mélanger. • La mixture est prête quand le sel ne colle plus à la main. • Mettez le bar vidé et écaillé dans un plat. • Bien refermer le ventre du poisson. • Commencez par placer le mélange sel/blancs d’œuf à l’endroit de l’ouverture, afin d’éviter que le sel ne pénètre à l’intérieur du bar. • Ajoutez un peu de romarin et recouvrir le reste du bar par une croûte de sel uniforme. • Avec une cuiller, dessiner des écailles sur la croûte de sel. Le plat est prêt ! • Placez le bar au four. Attention : “Il faut absolument que
le four soit bien chaud (290/300°C), recommande Massimo. Comptez vingt minutes pour la cuisson”, précise le chef. • La croûte de sel absorbe la chaleur et permet de cuire le poisson plus rapidement. Elle permet également de préserver son humidité. Le bar garde tout ainsi son mœlleux.”
LE TRUC DU CHEF • “Au moment de servir, j’accompagne le bar de légumes grillés et d’huile d’olive”, explique Massimo. Le bar est servi en salle dans sa croûte de sel dorée par la cuisson. C’est Hopson qui se charge, à la table, de casser la croûte et de servir le poisson dans l’assiette du client. “40% du goût provient de ce petit rituel”, explique-t-il. “A Ciacco, nous avons choisi de servir ce plat parce que ce poisson a une chair très particulière, précise Hopson. Mais on peut faire la recette avec n’importe quel autre poisson, du poulet ou de la viande rouge. C’est d’ailleurs un mode de cuisson qui marche très bien avec le rosbif.”
Mars-avril paprika • 81
82 • paprika MARS-AVRil
CHRONiquE D’uN Hit CuliNAiRE
Le triomphe XXL du hamburger Symbole de la malbouffe pour certains, produit incontournable de l’alimentation moderne pour d’autres, ce sandwich connaît depuis son invention un succès qui ne se dément pas En un peu plus d’un siècle, le
première chaîne de restau-
siettes sont désormais en
hamburger est devenu un
FR E N CH P AR AD OX
rants à hamburger, place
carton,
ses grils sous le nez des
sont assignés à une seule
clients afin qu’ils puissent
tâche. Cette taylorisation
La France, ce pays de la gastronomie, où des activistes emmenés par José Bové n’hésitent pas à démonter un McDonald’s , à Millau en 1999, est aussi, pour la marque américaine, “le pays le plus rentable après les États-Unis”, expliquait son patron, Jim Skinner, en 2009. La France compte plus de 1 300 enseignes, et consomme 90 millions de hamburgers par an.
directement juger de la qua-
leur permet de vendre un
lité des steaks...
hamburger deux fois moins
C’est en Californie que naît
cher que la moyenne.
la culture “fast food”, en pa-
Aujourd’hui McDo compte
rallèle avec le développe-
plus de 30 000 restaurants
ment de l’automobile et des
dans le monde et est de-
drive-in. Et il est difficile de
venu un des symboles de la
dissocier le hamburger des
mondialisation. Standardisa-
frères McDonald, qui vont
tion du goût, industrialisa-
assurer le succès du sand-
tion
wich en ouvrant en 1940
“McJobs”, obésité : le ham-
leur propre drive-in.
burger contient tous les in-
bœuf découpées et mélan-
En 1948, ils changent le
grédients de la malbouffe.
gées à de l’oignon, de l’œuf
concept. Fini le service dans
Pourtant, avec près de deux
incontournable de l’alimentation mondiale. Jugez plutôt.
McDonald’s
chaque
seconde,
vend, entre
58 et 75 unités selon les sources, de ce petit sandwich fait d’un steack de bœuf haché placé entre deux tranches d’un pain rond. Pourtant, rien ne prédisposait
ce
“steack
de
Hambourg” à connaître un tel succès. Car, à l’origine, il ne s’agit que de tranches de
et
de
les
employés
l’alimentation,
qui
hamburger trouve sa forme
les voitures. Finis aussi les
milliards d’unités écoulées
constituaient les repas des
définitive, il a déjà une répu-
plats qui nécessitent four-
par an rien que par McDo, le
marins faisant la traversée
tation sulfureuse avec de
chettes et couteaux. Le
monde n’est pas encore
entre l’Europe et les Etats-
sérieuses réserves quant à
menu est réduit à neuf
près de l’indigestion.
Unis au XIXe siècle. Et quand,
la qualité de sa viande. Au
items, dont le hamburger et
au début du XXe siècle, le
point que White Castle, la
les frites. Verres et as-
1 ALEXANDRE ZALEWSKI U DR
et
de
la
chapelure,
Selon le WWF, il faut 2 400 litres d’eau pour produire un hamburger. Soit près de deux fois plus que les besoins annuels en eau d’un être humain.
McDonald écoule
58 hamburgers chaque seconde dans le monde.
Selon Eric Schlosser, auteur de Fast Food Nation, les Américains mangent 13 milliards de hamburgers par an.
Ils dépensent également 134 milliards de dollars par an dans les fast-foods : plus qu’en films, livres, magazines, journaux, vidéos et musique réunis.
90 millions de hamburgers sont vendus chaque année en France.
MARS-AVRil paprika • 83
l’éPOPéE DES PiONNiERS
t
Charlie et ses boulettes
1885
Les premières traces du hamburger sont à chercher du côté du Wisconsin en 1885. Charlie Nagreen n’arrivait pas à vendre ses boulettes de viande à la fête du comté d’Outagamie. Il a l’idée de les mettre entre deux tranches de pain pour qu’elles soient plus faciles à manger.
t
Des frangins inspirés
1885
A la même époque, Franck et Charles Menches, d’Akron, dans l’Ohio, font des sandwichs à la saucisse de porc. Un jour, en rupture de stock, ils remplacent le porc par du bœuf haché.
t
Un fiston pas en reste
1891
Après le Wisconsin et l’Ohio, c’est l’Oklahoma qui revendique la paternité du hamburger, puisqu’Oscar Weber Bilby a l’idée de remplacer le pain classique par les petits pains – les premiers buns – de sa mère.
t
Un drôle de château
1921
White Castle est la première chaîne de restaurants à ne vendre que des hamburgers, à 5 cents le sandwich.
t
La révolution McDo
1948
Les frères Mc Donald tiennent depuis huit ans un drive-in. Ils en ont assez de remplacer la vaisselle cassée et de payer des employés à servir les clients dans leur voiture. Ils repensent leur restaurant et inventent le fast-food moderne. Ray Kroc, un placier en hachoirs, fera le reste en signant avec les deux frères un accord pour développer les franchises.
84 • paprika Mars-avril
flacons à découvrir
Marsyas, un vin divin Emblématique d’une “nouvelle vague” vinicole au Liban, ce domaine récent bouscule les codes traditionnels en cultivant la légèreté et la grâce Des vins libanais, on ne
mobilier, la gestion de capi-
semé de rochers et voué au
rouge.
connaît souvent que les
tal, le tourisme… et le vin.
stockage de taules de ma-
fruitée et dense, elle repose
trois
domaines
Veloutée,
digeste,
Kefraya,
C’est eux qui sont à l’origine
tériel militaire, héritage de la
sur un bel équilibre classique
Musar ou Ksara. Une cavale-
de ce domaine de 52 hec-
dernière guerre. “Il aura fallu
tandis que sa version en
rie lourde solidement im-
tares situé, comme la plu-
un permis du ministère de la
blanc se révèle d’une surpre-
plantée en Europe, dans le
part des vignobles libanais,
Défense pour que l’armée
nante élégance : un vin déli-
réseau des restaurants de
dans la vallée de la Bekaa,
sorte de la parcelle !”, se
cieusement
la diaspora notamment, et
longue et étroite bande fer-
souvient Karim.
sensuel.
qui totalise à elle seule
tile à 900 mètres d’altitude.
De
80 % environ des volumes.
ces
terres
ample
et
calcaires
n’ayant jamais rien enfanté
A l’ombre du géant Kefraya
C’est elle qui a habitué le
Dans la “vallée de Noé”
naîtra
“Marsyas”, antique
Ironie de la géographie, à
consommateur à un style
A l’ouest, les contreforts
nom de la vallée ainsi que dis-
quelques centaines de mè-
particulier : des robes ap-
arides du Mont-Liban, aux
ciple de Dyonisos au malheu-
tres, Kefraya, orgueilleuse
proximatives, des nez cuits
routes enneigées l’hiver. A
reux destin, symbolisant la
forteresse
et épicés, des bouches évo-
l’est, ceux du Mont Anti-
liberté…
désormais désuets aligne
luées et chaudes. Et puis, il y
Liban, dont la ligne de crête
Pour en faire un domaine
ses quelque 300 hectares
eut Marsyas. Et, avec lui, la
dessine la frontière avec la
exemplaire, Karim et Sandro
de vignes mais Marsyas
naissance d’un autre goût,
Syrie.
ont fait appel au renommé
continue de s’épanouir à
moderne : limpide et lisible,
Grenier du pays, avec ses
consultant bordelais Sté-
l’ombre de ce géant, avec
éclatant de fruits frais et
étés longs et chauds, sa
phane
(il
une série d’impeccables mil-
vif. “C’est un vin non com-
pluie et ses nuits fraîches, la
conseille de nombreux do-
lésimes depuis le premier du
munautaire, mais un grand
“vallée de Noé”, en référence
maines
domaine,
vin du Liban que nous vou-
au lieu de sépulture du pro-
l’étranger, comme le do-
beautifull…
lons
1 MaRie gRézaRD U DR
Derenoncourt en
France
et
à
commente
phète, forme une mosaïque
maine familial du réalisateur
simplement Karim Saadé, à
de cultures maraîchères et
Francis Ford Coppola en
réaliser”
la tête du vignoble, avec son
céréalières, baignée d’une
Californie). Mieux que per-
frère Sandro.
douce lumière. Le tabac, le lin
sonne, celui-ci sait faire jaillir
Les deux fils de Johnny
(ou naguère le cannabis) y
la fraîcheur et la soie dans
Saadé, ex-copropriétaire de
prospèrent tout comme la
des vins par définition so-
la CMA-CGM, une puissance
vigne, implantée plus volon-
laires. Cabernet-sauvignon,
de l’affrètement maritime,
tiers sur le revers sud-est
merlot, petit verdot et
conduisent aujourd’hui les
du Mont-Liban.
bientôt cabernet-franc par-
colossales affaires de leur
En 2003, les deux frères dé-
ticipent avec la syrah à la
père reconverti dans l’im-
tectent un terrain en friche,
complexité de la cuvée de
d’un
2006.
style
Small
• Marsyas rouge 2008, 29 € • Marsyas blanc 2009, 25 € • wineandco.com
is
Mars-avril paprika • 85
Le vignoble Marsyas dans la plaine de la Bekaa.
Les frères Saadé.
Mars-avriL paprika • 87
5
découvertes savoureuses en direct...
du Béarn & du Pays Basque Paprika vous entraîne sur les routes de France à la rencontre de ceux qui font vivre la gastronomie locale U1
ROMAIN BÉLY
À Oloron-Sainte-Marie, le confit de canard est voyageur Première étape de notre parcours, on s’arrête ici pour déguster des rouleaux de printemps... au confit de canard !
pommes une
caramélisées
onctueuse
et
ciant cèpes, poivrons et jurançon. N’ayez pas peur,
suite ? Attaquez-vous à l’en-
vous êtes désormais un
suffit d’aimer le sucré-salé
trecôte oloronaise asso-
authentique béarnais ! ,
pour être béarnais mais Si,
situé à l’entrée d’Oloron-
manche
Sainte-Marie. Une sorte de
la pomme et le sucre ont
poste-frontière avancé qui
mis K.O, tout en douceur,
vous permettra de pénétrer
la
le
Béarn.
deuxième round met en
Comme examen de passage,
scène un adversaire d’un
deux rouleaux de printemps
tout autre acabit. Accouru
d’un genre peu commun.
des
Lancez-vous
croquez
Lasseubetat, le voici : le
dans l’inconnu ! Vous verrez,
confit de canard. La viande
une fois fendue, la feuille de
fait “cric cric” entre vos
riz libère un joli coulis de
dents, la compote pommes-
et
le
d’oignons. Vous pensez qu’il
vous faites fausse route...
du
enveloppant
tout. De la place pour la
Le resto le Chaudron est
territoire
oignons
compote
dans
cette très
compote
plaines
première disputée,
d’oignon,
voisines
1
le
de
.
stien Allen en
Le chef Séba
pleine action
88 • paprika Mars-avriL
À Pau, le roi de la confiture vous salue Les nems au canard engloutis, on file à Pau pour nous entretenir avec Francis Miot, l’inventeur des coucougnettes, la spécialité locale. Un personnage haut en saveurs.
En 1984, il décide de se lan-
ball, pas de crimes. Alors le
Printemps de Bourges, il
cer sur les marchés avec
journal décide de faire une
s’arrête devant une affiche
une recette toute simple : la
double page sur ‘le pape
équivoque qui propose de
galette à la semi-confiture
béarnais de la confiture’ :
“Déguster les couilles des
de
“Semi-confi-
c’est l’explosion”. Suivront
Négresses vertes”. Une pro-
ture” car Francis Miot choi-
de nombreux articles dans
motion
sit délibérément d’atténuer
“Sud Ouest Dimanche”, “Cui-
teuse pour un nougat vert
la teneur en sucre de sa
sines et vins”, “Biba”, “Paris
au caramel mou. En repre-
“Né en 1948 à Pau, Francis
mixture. Il faut compter
Match” et des reportages
nant le volant Francis Miot
Miot est un autodidacte. En
800 grammes de sucre pour
sur FR3…
annonce à son épouse :
1987, il obtient le titre du
un kilo de myrtilles dans
1988, 1990, 1991 : Miot de-
“on
Meilleur
une
classique,
vient “champion du monde
d’Henri IV !”. Madame optera
France.” S’il parle de lui à la 3e
300 grammes dans celle de
de confiture”. Il fréquente
pour un terme légèrement
personne,
ce
notre touche-à-tout. La re-
du beau linge : “Jean-Pierre
plus châtié... Les “coucou-
Delon de la marmelade a un
cette attire le badaud et
Coffe me fait une super
gnettes” sont nées.
parcours professionnel pas
Miot crée sa petite entre-
pub.” Le confiturier gagne
comme les autres. D’abord
prise vite florissante. Avec
300 à 400 nouveaux clients
Pau a sa spécialité
organisateur de tournois de
sa femme et un copain pâ-
chaque mois. Son entre-
à Pau, le maire André Labar-
bowling dans les années
tissier, il écume les routes
prise passe au stade indus-
rère se plaint que sa ville
1970 puis VRP chez Lotus, il
du
à
triel. On n’a encore rien vu...
n’ait pas de spécialité . Miot
devient entrepreneur dans
Argelès-Gazost
les
1990, Miot met au point
propose alors de faire de ses
le matériel hôtelier et peut
Pyrénées, l’été à Pau, dans
des confitures sans sucre
“coucougnettes” d’Henri IV,
se targuer aujourd’hui d’être
les Landes et le Gers. “En
où
de
“le vert galant”, l’équivalent
une des figures paloises les
trois ans, j’ai pu me payer
pommes remplace le sac-
des calissons d’Aix. Son divin
plus connues.
une maison”, fanfaronne-t-il.
charose. Le papier glacé fait
bonbon s’organise autour
le
femmes
d’une amande grillée entou-
Sur l’autoroute de la célébrité
voyaient des mannequins à
rée de chocolat et de pâte
En 1985, c’est la consécra-
la taille fine dans les maga-
d’amande rose. Avant d’être
tion. Le Palois décroche le
zines, rappelle le confiseur.
un formidable coup de pub,
titre de “champion de
Mes confitures sans sucre
sa trouvaille est un délice.
France de confiture et
sont
Francis Miot, qui a vendu la
de pâte de fruit”. Le
nommé.”
se
majorité des parts de son
confiturier c’est
que
de
“A l’ère des mannequins à la taille fine, mes confitures sans sucre sont tombées à point nommé.” Francis Miot
myrtilles.
confiture
Sud-Ouest.
L’hiver dans
un
reste.
concentré
“Les
tombées
à
point
L’entreprise
va
légèrement
faire
les
dou-
couilles
début de la notoriété.
transforme en petit empire.
entreprise en 2006, a laissé
“A l’époque, j’étais cor-
L’histoire pourrait s’arrêter
la maison avec un chiffre
respondant à “la Répu-
là mais, entre-temps, un
d’affaires de 6,7 millions
autre “buzz” est né.
d’euros par an. Dont 2 mil-
est au mois d’août, il n’y a
En 1998, alors qu’il visite un
lions
pas de rugby, pas de foot-
client berruyer peu après le
gnettes !,
blique des Pyrénées”. On
rien
qu’en
coucou-
Mars-avriL paprika • 89
2
Dans l’usine à coucougnettes.
90 • paprika Mars-avriL
À Esquiule et à Barcus, deux chefs dans Après Pau, on part à la rencontre de Jean-Bernard Hourçourigaray et de Pierre Chilo qui tiennent deux établissements aussi réputés que perdus en plein cœur de la Soule...
avons donné rendez-vous.
3
Les deux chefs se connaissent bien. Ils partent en vacances ensemble, chassent la bécasse et la palombe ensemble et il leur arrive de partager leur cuisine. Après des expériences pari-
C’est à croire qu’ils pren-
siennes, l’un et l’autre ont
nent un malin plaisir à entre-
repris l’affaire familiale dans
tenir leur inaccessibilité. Il
le village de leur enfance.
nous aura fallu les traquer
Une épicerie dépôt de pain à
des jours entiers pour réunir
Esquiule, 500 âmes, pour
les deux chefs embléma-
Jean-Bernard. Un petit res-
tiques de la Soule, ce mor-
taurant traditionnel à Bar-
ceau de Pays Basque encore
cus, 700 habitants et des
peu touristique et pour-
poussières,
tant
Autant dire, deux trous pau-
si
délicieusement
carte postale.
pour
Pierre.
més dont ils sont fiers.
“Chilo est toujours en retard”, nous prévient Jean-
Dépaysement total
Bernard Hourçourigaray, le
“Les gens ne viennent pas
patron de Chez Château à
chez nous par hasard, ré-
Esquiule. On patiente tandis
sume Jean-Bernard Hour-
que “Chilo”, gérant de l’hôtel-
çourigaray. Ils retrouvent
restaurant du même nom
l’esprit des petits villages.
à
bonne
Quand ils arrivent de Pau ou
adresse que conseillent les
de Bayonne, c’est le dépay-
gastronomes du Piémont,
sement total. Ils se croient
Barcus,
l’autre
si-
au bout du monde !” Est-ce
serpentent
le secret de leur popularité ?
entre forêts, frontons de
En tout cas, l’ex-champion
pelote, clochers et cayolars
de France de pelote basque
(des cabanes utilisées par
la cultive allègrement. “Le
les chasseurs).
mobilier est très classique,
Au bout d’une heure, le voici
et le service est simple.” Pas
poussant la porte de La
de chichis, “nous sommes là
Pilota, à Pau, où nous leur
pour proposer des produits
emprunte nueuses
les qui
routes
Esquiule.
Mars-avriL paprika • 91
leurs tanières locaux originaux”. à table,
durer. Après Esquiule, Jean-
Chez Château, on déguste
Bernard a repris un restau-
du veau faisandé aux girolles
rant à Billère, puis un à Pau et
et aux écrevisses, du canard
un autre à Oloron. Un par-
aux cèpes, des gâteaux de
cours très béarnisant pour
truite et tout le gibier que le
l’ancien sportif qui un jour
patron
la
acheta tous les “Sud Ouest”
chasse. Chez Pierre Chilo, la
du bureau de tabac d’Es-
carte affiche du grenadin de
quiule pour que personne ne
veau
découvre qu’on l’y appelait
rapporte
aux
de
morilles,
de
l’agneau de lait des Pyré-
“le Béarnais”.
nées à la piperade blanche
Jean-Bernard Hourçouriga-
ou encore un croustillant de
ray partage ainsi son temps
pommes de terre aux pieds
entre la cité royale la se-
de porc.
maine et Esquiule, du vendredi au dimanche. Il a sa
Pierre Chilo (à gauche) et son compère Jean-Bernard Hourçourigaray.
Cuisine soignée
petite préférence. “J’aime la
“C’est très difficile de faire
nature, la chasse, les cham-
tourner un “gastro” dans
pignons. Je suis esquiulais
des endroits perdus en pro-
dans l’âme.” Peu de risque
vince,
reconnaît
donc de le voir abandonner
passé
par
Lafayette
le à
Pierre,
Concorde
Paris.
son adresse familiale.
Nous
“Chilo”, lui, reste à Barcus. La
avons eu la chance d’avoir
gestion de son hôtel et la
repris des affaires de famille.
révolution permanente de
Mais il faut renouveler la
sa cuisine accaparent l’es-
clientèle. J’ai ouvert un hôtel
sentiel de son temps. Le
et j’ai changé de cuisine. Pas
reste n’est que broutilles et
une mince affaire.” Exit donc
longs trajets.,
la brasserie à la papa et bonjour le restaurant gastronomique
où
s’élabore
une
cuisine rigoureuse. “C’est bien plus difficile de tenir
un
restaurant
à
Esquiule qu’à Pau ou à Paris”, confirme son complice, qui a choisi de s’exporter pour
La recette LA PIPERADE BLANCHE pAr pierre Chilo Très vieux plat traditionnel du pays Basque, il a été initié par les bergers qui partaient en estive avec tous les ingrédients cités ci-dessous. Chez Chilo, à Barcus, la piperade blanche est servie avec l’agneau de lait, une autre spécialité des pyrénées. INGRÉDIENTS • ½ pain rassis • 250g de talon de jambon de Bayonne cuit • 3 échalotes • 6 piments au vinaigre • du sel • du piment d’espelette • 2 verres de jus du jambon cuit COMMENT S’Y PRENDRE • Commencez par cuire le talon de jambon 2 à 3 heures et conserver la valeur de 2 verres du jus. Faites ensuite suer les échalotes, ajoutez la mie de pain rassis, les piments, et humidifiez avec le jus de jambon. • Coupez le jambon en petits dés. • Faites mijoter le tout une bonne heure, ajoutez à la fin un peu de piment d’espelette. • Servez !
92 • paprika Mars-avriL
À Biarritz, un créatif aux fourneaux Michel Cassou-Debat est le chef du réputé Sissinou, posé en plein centre de Biarritz, tout près de la plage. Un peu comme une erreur de livraison tant la sobriété assumée de son restaurant contraste avec le chic de la cité balnéaire. C’est que le show est dans l’assiette !
Nourri
plus
au Petit-Nice à Marseille et
nous le rencontrons, Michel
hexago-
chez Troisgros à Roanne. Lui
Cassou-Debat s’en va au
nales, le chef du Sissinou a
cite
volontiers
marché pour humer les lé-
un CV long comme le bras.
son expérience auprès de
gumes et du côté des ports
Formé à l’école hôtelière de
Yafa Edery, la reine des trai-
de la côte pour voir les pois-
Morlaàs, au nord de Pau, le
teurs parisiens, l’inventeure
sons. “L’inspiration naît avec
fils, frère et neveu des sel-
des canapés sans pain qui
les produits, explique-t-il.
liers les plus célèbres du
ont fait (paraît-il) un tabac
Avec l’humeur aussi ! Si vous
Béarn a très vite galopé
dans la jet set… Le chef pré-
êtes bien dans votre tête,
vers d’autres enclos. Com-
fèrerait-il la cuisine au milli-
vous pouvez être très ins-
mis au Crillon et au Grand Vé-
mètre carré aux spécialités
piré.” On l’imagine dans sa
four, il a été chef de partie
bien de chez lui ? Il n’y a là
cuisine de poupée, en train
rien d’incompatible ! Après
de goûter un velouté, de lier
tout, son cerveau possède
une sauce maison. Mais, en
deux hémisphères.
fait, non.
grandes
au
lait
toques
4
des
pourtant
Si le droit l’embarque du côté des grands chefs pari-
Sur la page blanche du menu
siens, le gauche est bien ins-
“Je
tallé
région
blanche, je couche les mots
pluvieuse du Sud-Ouest. “Je
sur le papier et je fais les ma-
dans
cette
suis
complète-
Michel Cassou-Debat
riages dans ma tête.” La casserole est donc imaginaire. A chaque saison, son esprit
les plats
prend des allures de fait-
canaille,
tout hologramme où il jette
la cuisine
les ingrédients qui compo-
avec les
seront ses cinq entrées,
abats”,
plats et desserts. Après des
déclare-t-il
heures de réflexion, la feuille blanche disparaît sous les
la
ratures. Viennent ensuite
carte, on acquiesce en zyeu-
les temps laborieux de faire
tant avec envie le “pressé
les essais.
de tête de veau et tomates
Pour nous, l’heure du test a
confites” ou encore le “ris de
sonné. Dans l’assiette, on
veau au citron confit”.
retrouve les deux facettes
En pleine écriture de sa nou-
du chef globe-trotter. Ses
velle carte au moment où
makis
Un
Le chef du Siss
feuille
nais. J’aime
f i è re m e n t .
inou rêve à ses prochains menus.
une
béar-
ment
“l’inspiration naît avec les produits. et avec l’humeur aussi !”
prends
œil
sur
de
tourteau
au
Mars-avriL paprika • 93
5
concombre
accompagnés
de guacamole nous transportent quelque part entre le Mexique et le Japon... avant que la deuxième assiette nous ramène illico au pays. Son bar rôti entouré d’une fricassée de palourdes est en effet un classique du Pays Basque et le haricot tarbais, une vieille habitude
Eric Duval connaît son foie gras
sur le bout des doigts.
bigourdane. Mais leur mariage reste pour le moins inattendu. Les gros haricots imprégnés de salsa verde sont d’ordinaire plus dans leur assiette avec un gigot d’agneau.
Ils
se
marient
À Biriatou, le foie gras est roi
pourtant merveilleusement
patelin coincé entre Hen-
tout
daye et l’Espagne, les ca-
sauce aigre-douce prépa-
nards sont assurément
rée au jurançon moelleux
meilleurs qu’à Cherbourg...
et déglacée à l’hydromel
Ils sont en tout cas bien
du coin. Le foie chaud se
plus rapides. A peine le
divise en presqu’îles fon-
enveloppé
d’une
avec ce poisson très fin.
Les Jardins de Bakéa
foie est-il isolé dans les
dantes dans la bouche
Assiette après assiette, on
propose une cuisine du
Landes, qu’il vogue en J7
quand le croquant de la
note que chaque plat, - l’es-
Sud-Ouest classique mais
jusqu’au marché de Saint-
tatin nous interpelle avec
calope de ris de veau pané
audacieuse. Le foie gras y
Jean-de-Luz pour être ra-
ses notes sucrées. Un pur
n’y échappera pas -, est ac-
est décliné à toutes les
mené au bercail par le
délice !
compagné d’une pincée de
sauces.
chef himself.
Le chef insiste pour que
piment.
Après
tous
Si
ces
Eric
Duval
cuisine
nous goûtions son “co-
voyages culinaires, on ne sait
Eric Duval est normand et
l’agneau de lait des Pyré-
quelet dans sa croûte de
plus trop si la plante vient
il a ses attaches en Seine-
nées, sa spécialité, c’est
sel”. Une viande blanche
d’Amérique du Sud ou de la
et-Marne, au pays du
le foie gras. Preuve en est
mœlleuse
toute proche Espelette. En-
Coulommiers. C’est donc
l’incroyable longévité du
ment arrosée d’une énig-
core
en toute logique que son
“Foie
Canard
matique sauce “ivoire” qui
restaurant Les Jardins de
Poêlé, Sauce à l’Hydromel
finit de nous conquérir.
Bakéa
une
sphère...,
affaire
d’hémi-
s’est
spécialisé
Gras
de
magistrale-
Basque”, des majuscules à
Quel est donc le secret
dans le foie gras. On rem-
tous
de ce divin coulis ? Le chef
bobine. “Prenez un ca-
vingt ans sur la carte.
occupé en cuisine, la ser-
membert. Il sera toujours
Ce foie frais poêlé est
veuse se charge de nous
meilleur
Normandie
servi tout chaud, adossé
éclairer : “Je crois bien que
qu’ici.” Et, ici, à Biriatou, un
à une mini tarte tatin. Le
c’est le foie gras”... ,
en
les
mots
depuis
94 • paprika MArs-AVril
nourritures spirituelles
Des mots pour vous mettre l’eau à la bouche Dans notre panier : la cuisine des monastères, des recettes de pro pour devenir un expert en dim sum, des spécialités à base de bonbons ou encore une BD à la plancha !
Gastronomes inspirés Rôti de veau au vin joyeux, millet au fromage émietté et aux noisettes, biscuits de la joie, élixir de violette... Laurence et Gilles Laurendon ont (re)cueilli, comme autant de beaux fruits, les recettes des monastères. On y découvre le savoir-faire et les traditions de celles et ceux qui vivent retirés du monde... mais pas de ses délices gustatifs. Basée sur les principes de l’autosuffisance et du respect des produits et des saisons, cette gastronomie simple et délicate est magnifiée ici par les sublimes photographies de Richard Boutin. Un ouvrage qui apaise l’esprit et aiguise l’appétît.
Recettes et secrets des monastères, Laurence et Gilles Laurendon, éditions Marabout, 272 pages, 20,90 euros.
MArs-AVril paprika • 95
LA CHRONIQUE DE
DIDIER POURQUERY Directeur adjoint des rédactions du quotidien Le Monde
De Bacalan à Bègles, Bordeaux, c’est aussi la morue !
Cuisine interne
A la mode de Hong-Kong
Quelle bonne idée a eue Gallimard d’adapter les planches que Guillaume Long tient sur son blog (long.blog. lemonde.fr) et de les rassembler dans ce désopilant A boire et à manger. L’auteur, fin gastronome, explique en dessins ses recettes, croque ses critiques de restaurant et raconte “sa” cuisine en BD. Un vrai régal. A boire et à manger, de Guillaume Long, éd. Gallimard, 20 euros.
Mikaël Petrossian, spécialiste des dim sum, ces irrésistibles raviolis chinois qu’on déguste à la vapeur, grillés ou frits, nous guide pas à pas pour les réussir à la maison. Salées ou sucrées, à la viande ou végétariennes, les bouchées vapeur n’auront plus de secret pour vous. Dim sum comme à HongKong, de Mikaël Petrossian, éd.Marabout, collection “Les petits plats”, 72 pages, 7,90 euros.
Ç
a me fait bien marrer quand j’entends les Parisiens parler de Bordeaux comme d’une ville “froide” et “bourgeoise”. Mon Bordeaux à moi a le goût de morue et l’accent bordeluche du
marché des Capuçins, des usines de Bègles ou des quais de Bacalan, bien loin des Chartrons… Oui, je sais, on n’a pas l’habitude d’associer Bordeaux à la morue. Et pourtant, j’ai vu quand j’étais tout “drolle” (gamin) partir du quai de Bacalan, au nord de la ville, un bateau de pêche vers Terre Neuve. Derrière lui, s’allongeait un hangar à sel. Les péniches du Midi venaient le remplir et on y puisait de quoi gaver les cales des chalutiers. Au retour, les morues toutes plates étaient dessalées, séchées, resalées. Ça se passait au sud de la ville, à Bègles. Aujourd’hui plus connue pour son député maire écologiste et son premier mariage gay en France, cette banlieue ouvrière coincée
Ça sentait fort dans ce coin-là, les bourgeois parlaient du ‘faubourg des odeurs’ entre les voies de chemin de fer, les boulevards de ceinture, la Garonne et les jardins maraîchers fut pendant près d’un siècle la capitale française de la morue, avec Fécamp. Dans les années 1840, il y avait de la place là-bas, de bonnes sources, du vent… tout ce qu’il faut pour installer des sécheries : à même l’herbe ou sur des “pen-
Plaisirs coupables
Nécessaire de voyage
Lancée en 2011, les treize premiers ouvrages des Recettes cultes au Carambar, à la Vache qui rit, au Nutella ou au Kiri ont déjà été vendus à plus d’un million d’exemplaires. Devant ce succès, Marabout récidive avec 30 recettes cultes aux fraises Tagada, au chocolat Milka, au Mars ou aux Smarties. On craque ! Les 30 recettes cultes, éd. Marabout, collection “Les tout-petits”, 64 pages, 3,50 euros par volume.
“Ticket to” est une nouvelle collection lancée par la Martinière à mi-chemin entre le guide de voyage et le beau livre. Il s’agit de donner au candidat au départ de premières impressions de voyage, grâce à de sublimes photos ainsi que des vidéos sur Internet. Premier départ pour la Thaïlande dès le 1er mars. Thaïlande, par Gaspard Walter, éd. La Martinière, collection “Ticket to”, 352 pages, 25 euros.
dilles”. Il en existe toujours une, fondée en 1843, qui maintient la tradition. Ça sentait fort dans ce coin. Les bourgeois parlaient du “faubourg des odeurs”. N’empêche, il y avait de quoi se régaler. La morue, on la faisait par chez moi en salade, pochée puis effilochée avec des anchois, des câpres et des fines herbes. à la basquaise aussi, quand, dans la sauteuse, les piments rouges se mêlaient aux tomates et l’eau de pochage de morue avant de rejoindre le poisson tout blanc. Les jours de fête, c’est à la bordelaise qu’on mangeait le “stockfish” ; le jambon, le vin rouge, l’ail, les poireaux, les oignons et les pruneaux venaient tenir compagnie à la reine de TerreNeuve. Bègles, Bacalan, Chartrons… l’accent de ce platlà réconciliait tout le monde. Chaque année, début juin, se tient à Bègles la Fête de la Morue Infos : fetedelamorue.mairie-begles.fr
96 • paprika mars-aVriL
recettes du monde afrique
Île de Gorée préparation : 15 min • cuisson : 10 min • pour 4 personnes • 200 g de darne de capitaine (ou de bar) • ½ poivron rouge • ½ poivron vert • ½ oignon rouge • ½ carotte • ½ piment • ½ racine de manioc • 1 cive • huile de tournesol • vinaigre de vin • sel, poivre
Faites chauffer une casserole d’eau salée. Faites bouillir le poisson10 minutes. Égouttez-le. Retirez les arêtes et émiettez la chair. Réservez. Coupez les poivrons, le manioc et la carotte en fins bâtonnets. Coupez finement l’oignon rouge et la cive. Hachez le piment
épépiné. Faites une vinaigrette en versant petit à petit l’huile dans du vinaigre assaisonné au piment. Mélangez les légumes ensemble. Assaisonnez de vinaigrette. Dressez sur le dessus quelques miettes de poissons. Dégustez frais.
Recette extraite de La cuisine de Moussa (éd. First), d’Alexandre Bella Ola, 187 pages, 16,90 €.
mars-aVriL paprika • 97
recettes du monde inde
Bœuf de Madras, cari de potiron préparation : 30 min • cuisson : 2 h • pour 4 personnes • 1 cocotte - 1 sauteuse • 1 kg de morceaux de bœuf à braiser (jumeau, macreuse, aiguillette…) • 800 g de potiron • 2 oignons moyens • 4 gousses d’ail • 1 petit morceau de gingembre frais • 1 petit piment vert • coriandre moulue • curcuma - cumin • 1/2 c. à c. de poivre • 1 c. à c. de piment moulu • 2 c. à s. d’huile de colza • 1 bouquet de coriandre fraîche • 50 g de beurre – sel
• Dans une cocotte, faites revenir la viande coupée en petits morceaux avec 1 cuillerée à soupe d’huile. Quand elle a pris une belle couleur, remplacez les morceaux par les oignons et l’ail émincés. Ajoutez le beurre, et faites revenir 2 à 3 minutes. • Ajoutez dans la cocotte la moitié du gingembre râpé, 2 cuillerées à café de coriandre en poudre, 2 cuillerées à café de cumin, 1 cuillerée à café de piment moulu et le poivre.
Mélangez le tout et remettez la viande. Mouillez avec 20 cl d’eau. Couvrez et laissez mijoter 1 h 30 à feu doux. • Épluchez et coupez le potiron en dés réguliers. Émincez le piment et faites-le revenir dans une sauteuse avec 1 cuillerée d’huile. Ajoutez les dés de potiron, 1 cuillerée à café de coriandre moulue, le reste du gingembre râpé et saupoudrez d’1 pincée de cumin et d’une autre de curcuma. Mélangez et salez. • Arrosez le potiron et les
épices de 5 cl d’eau. Couvrez et laissez cuire 30 minutes environ à feu très doux, en remuant régulièrement. Vous devez obtenir une sorte de compote. Servez la viande avec le cari de potiron, et décorez de coriandre fraîche.
Recette extraite de Qu’est-ce que tu mijotes ? de Camille Chaptal, collection “Toquades” (éd. First), 86 pages, 6,90 €.
98 • paprika mars-aVriL
recettes du monde amérique du nord
Coffee cake préparation : 25 min • cuisson : 30 min • pour 8 personnes • 1 moule à gâteau de 21 cm de diamètre • 2 bols - 1 grille • 100 g de beurre mou • 175 g de sucre • 2 œufs • 25 cl de yaourt nature type velouté • 225 g de farine • 3 cuil. à café rases de levure chimique • 2 pincées de sel • beurre pour le moule Pour la croûte du gâteau, façon crumble : • 50 g de beurre • 50 g de cassonade • 50 g de noix de pécan concassées • 2 cuil. à soupe bombées de farine • Préchauffez le four à 180 °C (th. 6) ou à 165 °C (chaleur tournante). • Beurrez le moule et mettez-le au frais. • Préparez le crumble. Dans un bol, mélangez la cassonade, la farine et les noix de pécan. Ajoutez le beurre et incorporez-le du bout des doigts afin d’obtenir une chapelure grossière. Couvrez puis réservez ce mélange au frais. • Dans un grand bol, mélangez le beurre et le sucre jusqu’à obtenir une consistance crémeuse. Incorporez les œufs un par un. Ajoutez le yaourt, puis la farine, la levure, le sel. Mélangez. • Versez la pâte dans le moule beurré puis lissez la surface. Parsemez la surface du gâteau avec le crumble. Enfournez pour 30 minutes. Vérifiez la cuisson avec la lame d’un couteau, elle doit ressortir sèche. Laissez tiédir pendant 15 minutes, puis démoulez sur la grille. Recette extraite de Cookies, muffins and Co, de Pascal Weeks, collection Toquades (éd.First), 86 pages, 6,95 €.