Creativity has its place Summer 2015 Issue 9 / La créativité a sa place Été 2015 Numéro 9
THE RADIO STAR Ubisoft’s HQ / Jimmy Limit / Apocalypsis Now Le QG d’Ubisoft / Jimmy Limit / L’épopée d’Apocalypsis
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CONTENTS The Starting Block . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Block de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Contributors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Nos collaborateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
The acclaimed hip-hop artist Shad steps to the other side of the microphone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Shad, le célèbre musicien de hip-hop, passe de l’autre côté du micro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
THE MOMENT
LE MOMENT
Artist Ben Skinner’s workspace is a collection of his magnificent obsessions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
MON ESPACE Zoom sur la superbe collection d’obsessions de l’artiste Ben Skinner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
MY SPACE
THE CREATORS With Villa Villa, designers Vanessa Jackson and Tony Romano walk the line between form and function . . . . . . . . 16
ARTIST’S BLOCK
Jimmy Limit’s uncanny sculpture . . . . . . . . . . . . . . 19
Inside gaming giant Ubisoft’s versatile Mile End-inspired workshop . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Sous le nom Villa Villa, Vanessa Jackson et Tony Romano joignent l’utile au beau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
LES CRÉATEURS
ART EN BLOCK
L’étrange sculpture de Jimmy Limit . . . . . . . . . . . . . . 19
Chez Ubisoft Montréal, le géant du jeu vidéo, l’espace de travail polyvalent s’inspire du Mile End . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
THE INTERIOR
L’INTÉRIEUR
THE BUSINESS In Toronto, Forge Media + Design pushes the boundaries of interdisciplinary design . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
L’ENTREPRISE À Toronto, Forge Media + Design repousse les limites de la création interdisciplinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
How the Luminato Festival’s production of R. Murray Schafer’s Apocalypsis went from page to stage . . . . . . . . 30
LE CHANTIER Comment Apocalypsis de R. Murray Schafer, présenté au festival Luminato, est passé des partitions aux planches . . . . . . 30
When it comes to creativity, are two heads really better than one? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
LA CONVERSATION Deux têtes valent-elles mieux qu’une en matière de créativité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
WORK-IN-PROGRESS
THE CONVERSATION
MADE
Société-Orignal’s artisanal seashore honey . . . . . . . . . . . . . 42
Up close at the photo exhibit Allied Interiors; a magical music-making app; and the key to a great hire . . . . . . . . . . . . . . . . 45
NOTEBOOK
NOW & THEN RETHINK
Art deco beauty in Vancouver’s Yaletown . . . . . . . . . . . 48
Are foodies the last bohemians? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
FILL IN THE BLANK
Artist Yelena Bryksenkova’s urban infill . . . . . . . . 50
ON THE COVER / EN PAGE COUVERTURE ET QUATRIÈME DE COUVERTURE PHOTO / PHOTO : RAINA + WILSON
FABRIQUÉ
Un miel maritime artisanal signé Société-Orignal . . . . . . 42
Tapis rouge pour l’expo photo Allied Interiors; une appli donne le rythme; petite leçon d’embauche . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
NOTEBOOK
D’HIER À AUJOURD’HUI REPENSÉ
Un bâtiment art déco dans Yaletown . . . . . . . . 48
Pourquoi la tendance foodie fait-elle recette ? . . . . . . . . . . 49
VEUILLEZ COMBLER L’ESPACE
La dent creuse de Yelena Bryksenkova . . . 50
Making a better world through design.
ARK
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THE STARTING BLOCK
PHOTOS BY / PAR CATHERINE DEAN
Creative duos can have a symbiotic strength unknown to the solo artist. / La puissance créative d’un duo en symbiose reste une inconnue pour l’artiste solo.
John Lennon or Paul McCartney: Which one was the true genius? It’s a question that Beatles fans love to ask about the duo, who share songwriting credit for roughly 180 tunes in the band’s catalogue. But it’s also the wrong question—an underestimation of the pair’s symbiotic relationship. Even though Lennon and McCartney often battled or worked independently, the two cannot be understood separately; the relationship itself is the secret to their success. Joshua Wolf Shenk, author of Powers of Two, argues that the John/Paul question reflects “our cultural obsession with the individual.” In truth, the two functioned as “single strands twisting into a mutually strengthening double helix.” This issue of Block contains many such helices, from the industrial design duo Villa Villa (The Creators, page 16; behind-thescenes photos above) to the participants in The Conversation (page 38), all of whom are halves of creative duos. Even our cover star, q host Shad, was shot by such partners, the photographers Raina + Wilson. We also feature larger scale collaborative teams—from the three founders of Forge Media + Design (page 26) to the 1,000-person cast of Apocalypsis (page 30). It’s all familiar territory for our publishing partners, Allied Properties REIT, whose brick-and-beam workspaces are often incubators of collaboration. After all, every creative pair needs a place to exercise its creativity. Where would John and Paul be without Abbey Road?
John Lennon ou Paul McCartney : lequel était le vrai génie ? C’est une question que les fans des Beatles adore se poser, le duo ayant cosigné les paroles d’à peu près 180 chansons du répertoire du groupe. Sauf que c’est une mauvaise question, car une sousestimation de la relation symbiotique des deux artistes. Même s’ils ont livré bataille ou travaillé en solo, Lennon et McCartney ne peuvent être compris séparément; cette relation est le secret de leur succès. Selon Joshua Wolf Shenk, auteur de Powers of Two, la question John ou Paul reflète « l’obsession de notre société pour l’individualité. » En réalité, le duo fonctionne à la manière « de deux brins uniques qui, enroulés en double hélice, se fortifient mutuellement. » Ce numéro de Block met à l’honneur de nombreuses double hélices, de Villa Villa, un couple de designers industriels à découvrir dans Les créateurs (p. 16 et photos ci-dessus) aux participants de La conversation (p. 38), chacun desquels appartient à un duo créatif. Même notre star en couverture, Shad, le nouvel animateur de q, a été photographié par une paire : Raina + Wilson. Block s’est aussi intéressé à des collaborations de plus grande envergure, comme le trio cofondateur de Forge Media + Design (p. 26) et les 1 000 artistes que compte la distribution d’Apocalypsis (p. 30). Un terrain connu pour notre éditeur partenaire, Allied Properties REIT, dont les bureaux accueillent et favorisent le travail d’équipe. Après tout, tout coéquipier a besoin d’un lieu où exercer sa créativité. Où en seraient John et Paul sans Abbey Road ?
BLOCK / 7
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CONTRIBUTORS EDITOR-IN-CHIEF / RÉDACTEUR EN CHEF
Benjamin Leszcz
CREATIVE DIRECTORS / DIRECTRICES ARTISTIQUES
Whitney Geller & Yasemin Emory
EDITOR / RÉDACTION
Jason McBride
PHOTO & ILLUSTRATION EDITOR / ICONOGRAPHE
Catherine Dean
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ASSISTANT DESIGNER / ADJOINTE À LA DIRECTRICE DU DESIGN
01
Rachelle Lajoie
TRANSLATOR / TRADUCTRICE
Catherine Connes
04
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1. Toronto-based photographer Vanessa Heins shot this issue’s
business profile of Forge Media + Design (page 26). She was featured as one of Canada’s top emerging photographers in The Magenta Foundation’s Carte Blanche, Volume 1. / Le travail
PHOTO BY / PAR 1. KATHERINE HOLLAND 2. MAGGIE GROAT 3. SARAH LISS 4. LORNE BRIDGMAN
de Vanessa Heins, photographe à Toronto, a été publié dans Carte blanche, vol.1 de la fondation Magenta, regroupant les meilleurs photographes du Canada. Dans ce numéro, elle a mis en images L’entreprise (p. 26). 2. Jimmy Limit is a St. Catharines, Ont., artist whose work looks
at the contemporary consumption of photography and the tension between image and object. He created our Artist’s Block (page 19). / Jimmy Limit, artiste à St. Catharines en Ontario, s’intéresse à
la consommation actuelle de la photographie et aux tensions entre l’image et l’objet. Il a réalisé Art en block (p. 19). 3. Sarah Liss is a writer and editor whose work has appeared in
The Walrus, Toronto Life and The Hairpin. In this issue, she writes about Shad (page 11) and designers Villa Villa (page 16). / Les
articles de Sarah Liss sont publiés dans The Walrus, Toronto Life et The Hairpin. Pour Block, la rédactrice a rencontré Shad (p. 11) et les créateurs de Villa Villa (p. 16). 4. Chris Frey is Monocle’s Toronto correspondent. His book, Broken Atlas, is forthcoming from Random House Canada. On page 30, he goes behind the scenes of R. Murray Schafer’s Apocalypsis. /
Chris Frey est le correspondant de Monocle à Toronto et l’auteur de Broken Atlas, à venir chez Random House Canada. En p. 30, il nous fait entrer dans les coulisses d’Apocalypsis de R. Murray Schafer.
COPY EDITORS - PROOFREADERS / RÉVISEURES - CORRECTRICES
Suzanne Aubin, Emilie Dingfeld, Lesley Fraser
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Block is published four times a year. / Block est publié quatre fois par an.
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The Moment / Le moment
TUE. 21 APR. 4:15 PM IT’S THE LATE AFTERNOON of his
second official day on the job, but Shad has just started his first coffee. A little more than 24 hours earlier, the lauded hip-hop artist made his triumphant debut as the new host of CBC Radio’s q, charming listeners across the country with his easy humour and understated grace. Now, in quiet Studio 203, at the end of another intense shift, he should be drained. Instead, he’s grinning, eager to share the deliberately dorky jingle he’s just dreamed up with sound engineer Alain Derbez. /
C’EST SA DEUXIÈME journée de travail et pourtant Shad vient à peine de s’accorder son premier café. Vingtquatre heures auparavant, le populaire musicien de hip-hop faisait ses débuts en tant que nouvel animateur de l’émission q sur les ondes de CBC Radio One, régalant l’auditoire de son humour jovial et de son charme discret. Une fois le silence retombé dans le Studio 103, Shad devrait être vidé. Il n’en est rien. Le sourire aux lèvres, il n’a qu’une envie, nous faire entendre le jingle (un peu niaiseux
BLOCK / 11
The Moment / Le moment
Musical improvisation is second nature for Shad, whose albums have earned him a pair of Polaris Music Prize nominations and one Juno win. Compared to writing and recording rhymes, radio is a different beast. “That process of whittling down questions so they’re sharp and concise and give someone room to give you back a story,” he muses, “there’s certainly an art to it. But it’s ideally fun and emotional, and that’s what I want to do with my songs, too.” Till now, Shad’s been a bit of a one-man show. But a surprisingly humble MC, he’s eager to collaborate. Though he may be the new voice and face of q, he’s quick to note that he’s just one cog in a larger machine. “I didn’t come here and invent q,” he says. “It already existed. To come in and be part of a team, in that way, is new for me. It’s awesome.” / mais c’est As the new face and voice of q, Shad’s been an eager collaborator. / Nouvelle voix et nouveau visage de q, Shad se met au diapason.
voulu) qu’il a concocté avec l’ingénieur du son, Alain Derbez. L’improvisation musicale est une seconde nature pour cet artiste nommé deux fois au prix Polaris et récompensé d’un Juno. Toutefois composer et faire de la radio suivent deux rythmes très différents. « Ce processus qui demande de poser des questions pointues et concises tout en invitant son interlocuteur à la confidence, lance-t-il d’un ton songeur. C’est certainement tout un art. Mais c’est l’amusement et l’émotion qui priment idéalement, et c’est ce que je veux dans mes chansons aussi. » Jusqu’à présent, Shad faisait plutôt dans le seul en scène. Heureusement, il est à la fois humble et enthousiaste à l’idée de collaborer. La nouvelle voix de q est également loin d’ignorer qu’elle n’est qu’un simple rouage d’une grosse machine. « Je n’ai pas inventé q, l’émission existait déjà, constate-t-il. Mais faire partie d’une équipe de cette manière est nouveau pour moi. Et c’est génial. » BY / PAR SARAH LISS PHOTOS / PHOTOS RAINA + WILSON
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My Space / Mon espace
BY / PAR JASON MCBRIDE
PHOTO / PHOTO JENNILEE MARIGOMEN
AN ACCLAIMED artist and the visual-display developer for
01 / Radiant Light Film / La pellicule réfléchissante Radiant Light “I’ve used it in my art and in displays. It’s really cool—changes colour depending on the angle you’re looking at it.” / « Je l’utilise dans mes créations artistiques et mes présentations. C’est vraiment cool : elle change de couleur selon l’angle de vue. »
women’s clothing boutique Aritzia, Vancouver-based Ben Skinner is a man of many obsessions: cubes, carpet underlay, material samples, unusual production techniques. The worktable at his studio is a showcase for his preoccupations and a miniature gallery unto itself. / ARTISTE NOTOIRE et concepteur de la présentation visuelle des boutiques de vêtements pour femme Aritzia, Ben Skinner est un homme à marottes : cubes, sous-tapis, échantillons de tissu et techniques de production inhabituelles. Le bureau de son studio à Vancouver est la vitrine de ses obsessions, voire même pour certains, une mini-galerie d’art.
03 / Ukulele / Un ukulélé
02 / “What’s Mined Is Yours” “The fair-trade jeweller Hume Atelier wanted me to make a text piece related to their industry. They really liked the phrase.” / « Ce qui est à moi est à toi est le slogan que j’ai trouvé pour la bijouterie éthique Hume Atelier. Ça leur a beaucoup plu. »
05 / Silver Hand / Une main argentée “In a few Aritzia stores, they have a giant, wooden hand sculpture. This is one of the models, a cast of my wife’s hand.” / « C’est un des modèles qui a servi à sculpter la main géante en bois de certaines boutiques Aritzia; un moulage de la main de ma femme. »
“I’ve been playing for a few years— just to relax. I’ll often play along to Magnetic Fields songs.” / « J’en joue depuis quelques années – seulement pour me détendre. Et souvent sur les chansons de Magnetic Fields. »
04 / “Same Same” blocks / Les blocs Same Same “I’ve been collecting two-word phrases and make these marbled blocks of acrylic, tinted Hydrocal plaster for them.” / « Je collectionne les expressions à deux mots et j’ai fabriqué ces blocs marbrés en plâtre Hydrocal teinté et acrylique pour elles. »
BLOCK / 15
The Creators / Les créateurs
PRACTICAL MAGIC With Villa Villa, creative and romantic partners Vanessa Jackson and Tony Romano make useful objects of uncommon artistry. / Partenaires à la ville comme à l’atelier, Vanessa Jackson et Tony Romano réalisent des objets d’art utiles et pas banals, signés Villa Villa.
INTERVIEW BY / ENTREVUE PAR SARAH LISS
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PHOTO / PHOTO DEREK SHAPTON
Villa Villa’s hand-crafted furniture celebrates simple, beautiful forms. / Le mobilier fait main de Villa Villa célèbre la silhouette dans sa simplicité.
WE WERE INTRODUCED by a friend who said we should meet each
other because we were in the same kind of field: Vanessa was going to Sheridan College for furniture design, and Tony uses wood and metal as a medium for sculpture. We started hanging out and, eventually, collaborating. It all started when a friend who owns Chosen Vintage approached us to design some racks and tables for her store. Our process is very hands-on. It’s not like we sit down and design by drawing. We do it in the shop, a fairly big place Tony has been working in since he was a kid. We just make forms and decide what we like about them and take attributes from that. We wanted [to call ourselves] Villa. We liked the idea of a villa, because it’s a luxurious home, and it incorporates the idea of travel. But that was taken, so we decided on Villa Villa. It’s fun to say and not too serious. It’s a bit of a blank slate. We didn’t want to be too pretentious — at least, we hope it doesn’t sound pretentious. Tony come from the art world and brings a lot of blue-sky thinking. Vanessa brings the finesse; she was trained to have function and practicality in mind. In the art world, you can really get away with anything. When you’re designing a piece of furniture, you’ve got to make sure, for instance, that it’s evenly painted. We aim for a balance between a practical object that someone would use in their home and something that looks interesting.
ON S’EST RENCONTRÉS grâce à une amie qui trouvait que nous avions des passions communes : Vanessa suivait des cours de conception de meubles au Sheridan College et Tony sculptait le bois et le métal. On a commencé par discuter et on a fini par collaborer. C’est une autre amie qui nous a passé notre première commande : des étagères et des tables pour son magasin Chosen Vintage à Toronto. Notre façon de procéder est très pratique. Nos conceptions ne se font pas sur une table à dessin mais directement à l’atelier, un endroit assez grand où Tony travaille depuis son enfance. On fabrique des silhouettes, on voit ce qui nous plaît en elles, puis on exploite ces caractéristiques. On voulait s’appeler Villa. On aimait ce mot qui évoquait à la fois une maison chic et le voyage. Mais c’était déjà pris, alors on a choisi Villa Villa. C’est amusant à dire et pas trop sérieux. Ça nous laisse carte blanche. On ne voulait pas paraître prétentieux; on espère que ce n’est pas l’impression que ça donne. Tony, qui vient du monde artistique, apporte créativité et liberté. Vanessa, qui a reçu une formation où praticité et fonctionnalité sont incontournables, fignole les détails. En tant qu’artiste, vous pouvez tout vous permettre. En tant que concepteur de meubles, vous devez vous assurer, par exemple, que la couche de peinture est uniforme. On est à la recherche d’un équilibre entre un objet domestique utile et un look intéressant. BLOCK / 17
W W W. C A P E Z I O S H O E S . C A
ARTIST’S BLOCK JIMMY LIMIT
BLOCK / 19
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The Interior / L’Intérieur
GAME ROOMS Ubisoft’s versatile, vibrant workshop takes inspiration from Montreal’s Mile End. / Animé et polyvalent, l’atelier d’Ubisoft s’inspire du Mile End montréalais.
BY / PAR STÉPHANIE VERGE PHOTO / PHOTO ALEXI HOBBS AND WILLIAM LAMY
ORGANIZED CHAOS. That was the succinct brief given to interior designer Sandra Schmitke three years ago when she was tasked with overhauling Ubisoft Canada’s offices at the corner of de Gaspé and St-Viateur Ouest in Montreal. Since establishing a foothold in the city’s Mile End neighbourhood in 1997, the French video-game giant has taken on 2,700 employees and spidered out to five locations, including the two newly renovated floors at 5455 de Gaspé, a building acquired by Allied Properties REIT in 2011. Schmitke drew inspiration from Mile End itself, an area made famous by bagels, Mordecai Richler, the unmistakable Byzantinestyle dome of Church of St. Michael and St. Anthony, and a very traditional industry: textile and clothing manufacturing. “All our Montreal offices are old factories. You can picture rows and rows of sewing machines, and now it’s rows and rows of computers. The parallel doesn’t escape me. We, too, are a workshop, a place of creation.” / UN CHAOS ORGANISÉ. Telle était la consigne donnée
voilà trois ans à Sandra Schmitke, designer d’intérieur, pour le réaménagement des bureaux montréalais d’Ubisoft Canada, situés rue Saint-Viateur Ouest, à l’angle de l’avenue de Gaspé. Depuis son implantation dans le Mile End en 1997, le géant français du jeu vidéo a tissé sa toile dans le quartier : ses 2700 employés sont répartis en cinq lieux différents, dont les deux étages récemment rénovés du 5455, avenue de Gaspé, un colosse racheté par Allied Properties REIT en 2011. Sandra Schmitke a puisé son inspiration dans le Mile End lui-même, celui des célèbres bagels, de Mordecai Richler, de l’immanquable dôme néobyzantin de l’église Saint-Michel-Archange et des anciennes manufactures de textile. « Tous nos bureaux montréalais sont d’anciennes usines. Là où se trouvaient des rangées et des rangées de machines à coudre, il y a dorénavant des rangées et des BLOCK / 21
Sourced from local business ÉcoRéno, the 60-odd doors and windows (previous page and at right) in the hallway leading to the main cafeteria are a nod to Ubisoft’s creaky wooden headquarters on St-Laurent. En clin d’œil aux planchers grinçants du QG d’Ubisoft Canada boulevard Saint-Laurent, le corridor menant à la cafétéria a été décoré d’une soixantaine de portes et de fenêtres de bois, toutes récupérées chez ÉcoRéno (page précédente et à droite).
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PHOTOS ON PAGES 22 (BOTTOM RIGHT) AND 24-25 / PHOTOS À LA PAGE 22 (EN BAS À DROITE) ET AUX PAGES 24-25 : WILLIAM LAMY
The Interior / L’Intérieur
PHOTOS ON PAGES 20-21, 22 (TOP LEFT) AND 23 / PHOTOS AUX PAGES 20-21, 22 (EN HAUT À GAUCHE) ET 23 : ALEXI HOBBS
The Interior / L’Intérieur
An orderly, unfussy aesthetic is evident throughout the 10 th floor’s 40,000 square feet, where the bulk of Ubisoft’s production staff of programmers and artists is located. The open-concept workspace allows for personal decorating touches—everything from posters for Ubisoft’s latest success, Assassin’s Creed Unity, set in the Paris of the French Revolution, to award statuettes—but the general design adheres to the soothing model common to the gaming and tech industry: high ceilings, walls of windows and cool concrete. This cohesiveness is both deliberate and versatile. The space is designed so everything is interchangeable: If one team is expanding and another is shrinking, they can easily be moved. Life at Ubisoft is an ongoing puzzle, and the pieces are always in motion. Don’t want to spend all day at your desk? Have a meeting in the main cafeteria or while standing at one of the many tall tables, or convene in any of the 12 conference rooms. Want to test a new section in a game? Gather in Always Playable, a lounge set up like a modest man-cave, or pop into the Asimov, a blastfrom-the-past best described as eccentric sitting room meets used bookstore.
rangées d’ordinateurs. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle. Nous sommes, nous aussi, un atelier, un espace de création. » Le décor dans lequel évoluent les équipes de production d’Ubisoft, développeurs et artistes, est ordonné et sans chichis. Même si l’on trouve quelques touches personnelles – comme les affiches d’Assassin’s Creed Unity, le dernier jeu vidéo à succès sur toile de fond de révolution française, et des récompenses en tout genre –, l’espace de travail à aire ouverte, qui occupe les 3700 m2 du 10e étage, répond au modèle commun à l’industrie : plafonds hauts, murs vitrés et béton. L’ensemble est cohérent, réfléchi et polyvalent. Toute zone est interchangeable : si une équipe grossit et l’autre rétrécit, elles peuvent facilement permuter. La vie chez Ubisoft ressemble à un puzzle, interminable : il y a toujours des morceaux en mouvement. Et si on ne veux pas passer sa journée à son propre bureau, on peut toujours s’installer à la cafétéria, se rassembler autour d’une des tables hautes disséminées ici et là ou dans l’une des 12 salles de conférence. Si on a besoin de tester une partie d’un jeu, on se rend à Always Playable, un salon agencé à la manière d’un sous-sol pour grands adolescents, ou à Asimov, une sorte de cabinet de lecture d’antan pour le moins insolite.
BLOCK / 23
“I WANT TO BRING EVERYTHING BACK TO THE HUMAN ELEMENT, THE PEOPLE,” SAYS DESIGNER SANDRA SCHMITKE. / « MON BUT EST QUE CET ÉLÉMENT HUMAIN SOIT PRÉSENT PARTOUT, » EXPLIQUE SANDRA SCHMITKE, ENSEMBLIER.
est que l’espace de travail soit utile et utilisé en tout temps, quel que soit l’objectif, et ce, sans jamais tomber dans la monotonie. « J’essaie de me dépasser afin de surprendre les équipes de production, assuret-elle. Ils ont des idées sensationnelles; les surpasser est mon défi suprême : plus haut, plus grand, différent, nouveau. » Quand on lui demande de définir sa méthode d’aménagement en deux mots, la designer répond : atelier analogue. Et ajoute : « Cet endroit est une zone de création. Les produits créés ont beau être numériques, la plupart de leurs créateurs sont tombés en amour avec les jeux vidéo et autres passe-temps tactiles quand ils étaient petits. Mon but est que cet élément humain soit présent partout. »
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HI, I’M THE GUTTER, HOW CUTE AM I?
The driving goal is that the square footage be utilized for different purposes, be constantly in use and never tip over into predictability. “I always try to go above and beyond to surprise the production teams,” says Schmitke. “They have such great ideas that to surpass them is my ultimate challenge—higher, bigger, different, new.” And if Schmitke were going to coin her own two-word design directive? Atelier analogue. “This is a space for creation,” she says. “The product being created may be digital, but most of the people here fell in love with games when they were kids, with checkers and other tactile pastimes. I want to bring everything back to the human element, the people.” / L’idée maîtresse de Sandra Schmitke
HI, I’M THE GUTTER, HOW CUTE AM I?
The Interior / L’intérieur
The social spaces are the hubs of the office. “Everybody has their personal desk space and their team area—their house and their street,” says Sandra Schmitke./ Les parties communes sont des carrefours. « Chaque employé dispose d’un bureau personnel et d’un espace d’équipe – sa maison et sa rue, » explique Sandra Schmikte. BLOCKMAGAZINE.CA BLOCK / 25 / 25
A graphic designer (and former banker and graffiti artist), principal Stüssy Tschudin exemplifies Forge’s creative diversity. / Stüssy Tschudin , ex-banquier et ex-graffeur aujourd’hui graphiste et décideur, illustre à la perfection la diversité de Forge.
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The Business / L’entreprise
BLURRED LINES Forge Media + Design’s wayfinding systems know no boundaries. / Le navigateur de Forge Media + Design ne connaît pas de frontières.
BY / PAR IVOR TOSSELL PHOTO / PHOTO VANESSA HEINS
EVERYTHING about Forge Media + Design seems to cross the
boundaries of form, starting with its business cards: the things are made of stainless steel. It’s a fitting introduction to a growing design firm that’s working for everyone from computer giants to tower developers and bringing together a collection of skills seldom found under one roof. A trio of Toronto creators formed Forge in 2005: Gregory Neely, a designer who specialized in navigational wayfinding; Laurence Roberts, a filmmaker with a bent for narrative; and Stüssy Tschudin, a graphic designer from Switzerland with a background in both banking and graffiti art (you can’t make this stuff up). The result is a firm preoccupied with helping users navigate spaces, in both the physical and digital worlds. Neely calls it “design that is driven by user experience and audience engagement.” Today, they handle projects as diverse as designing Apple’s Canadian web pages, relaunching sites for corporations like Blacks and creating wayfinding signage for the skyscrapers rising outside their downtown windows. Forge’s headquarters are located at 135 Liberty Street in Toronto, a building known as The Castle, which Allied Properties REIT acquired in 2004. Forge most comes into its own when it bridges digital and physical spaces to create large interactive installations. Its work in this field began by accident: Neely found a credit card in the parking lot and, in the process of returning it, learned that the owner had contacts in the development industry who were looking for designers. The team was soon learning how to build large interactive displays for a condo sales centre. Today, Forge has developed that experience into a specialty: building large interactive walls for alumni and donor recognition. One of its latest and largest was unveiled recently at Indiana University’s Kelley School of Business: a 25-foot-long donor wall made up of giant touch-screens. “The narrative component of donor recognition is something we’ve become known for,” says Roberts. “What does a list of names on a wall do for gratitude?” Instead, Forge created a living monument: a flowing, ambient display of faces that come to life when touched, telling alumni’s stories.
FORGE Media + Design fait preuve d’une créativité sans limites, à commencer par sa carte d’affaires qui, contre toute attente, est en inox. Donner le ton d’entrée de jeu est à l’image de cette boîte de design graphique qui travaille tant pour des géants de l’informatique que pour des promoteurs immobiliers, et regroupe sous un seul toit d’innombrables compétences. Elle a été fondée en 2005 par un trio : Gregory Neely, concepteur visuel, devenu expert en navigation et orientation; Laurence Roberts, cinéaste, aimant raconter des histoires; et Stüssy Tschudin, graphiste à l’expérience professionnelle étonnante (il a aussi été graffeur et banquier suisse). Leur mission ? Aider les visiteurs à s’orienter dans les deux mondes, le réel et le virtuel. Ou, comme le dit Gregory Neely, « proposer des conceptions graphiques guidées par l’expérience utilisateur et l’implication du public. » Parmi elles, les pages web canadiennes d’Apple, de nouveaux habillages de sites (comme celui de Black Corporation) et des panneaux d’orientation pour les gratte-ciels se trouvant devant leurs fenêtres. Leur adresse ? 135, rue Liberty à Toronto; un immeuble appelé The Castle, propriété d’Allied Properties REIT depuis 2004. C’est un heureux hasard qui a conduit Forge à établir des ponts entre les territoires physiques et numériques pour créer des installations interactives. Tout a commencé le jour où Gregory Neely a trouvé une carte de crédit et, en la rapportant à son propriétaire, a été mis en contact avec le secteur immobilier. Très vite, son équipe apprenait à réaliser des écrans d’affichage interactifs destinés à la vente de condos. Aujourd’hui, l’entreprise a fait de cette expérience sa spécialité : elle conçoit des murs interactifs en l’honneur d’anciens étudiants et de donateurs. Sa plus imposante création a été récemment dévoilée à l’école de commerce Kelley de l’université de l’Indiana : un mur de plus de sept mètres de long, constitué d’écrans tactiles géants. « La composante narrative de nos installations a fait notre réputation, constate Laurence Roberts. Il y a mieux qu’une simple liste de noms sur un mur pour exprimer sa reconnaissance, non ? » À la place, Forge propose un monument vivant : les visages des anciens élèves défilent, s’animent quand on les effleure et racontent leur histoire.
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The creative trio at the heart of Forge (from left): Laurence Roberts, Stüssy Tschudin, Gregory Neely. / Le trio fondateur de Forge Media + Design (de gauche) : Laurence Roberts, Stüssy Tschudin et Gregory Neely.
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The Business / L’entreprise
Forge is now working on similar projects for clients like the Children’s Hospital of Philadelphia and it’s collaborating with Bruce Mau Design on an immersive donor-recognition space at Toronto’s SickKids hospital. The trio insists that their work be guided by the user’s experience rather than by the designers’ love of technology. “We shy away from the wow factor, just because we can or just because it’s cool,” says Neely. Based in the western half of Liberty Village, Forge’s offices are right across from XM Radio, whose studio booths sit just outside the main entrance. It’s the fourth space for the 10-year-old firm (and the second in Allied Properties REIT’s stable). The team did minimal renovations to the brick-and-beam space when they moved in; a low-slung false ceiling near the entrance conceals transparent-walled meeting rooms before opening up onto a broad, light-filled workspace with loft windows and a northeastern exposure. Simple shelves are used to divide the workspaces, providing a semi-permeable wall. “It kind of gives you a barrier but lets you talk through,” says Roberts. Like the company’s design philosophy, the space is welcoming without being ostentatious—a place designed to make people want to come to work. “It’s creative problem-solving,” says Roberts. “And if that’s not fun, what is?”
Forge travaille actuellement sur un projet similaire pour l’Hôpital des enfants de Philadelphie ainsi que sur la conception d’un espace immersif dédié aux donateurs de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto, en collaboration avec Bruce Mau. Des réalisations guidées par l’expérience utilisateur plutôt que par l’amour des nouvelles technologies, assure le trio. « Pas question de faire du sensationnel, simplement parce qu’on en a les moyens ou parce que c’est cool, » affirme Gregory Neely. Les bureaux de Forge sont situés dans la partie ouest de Liberty Village, juste en face des studios de XM Radio; leur quatrième local en dix ans (et le deuxième chez Allied Properties REIT). L’espace aux briques et aux poutres apparentes a nécessité peu de rénovations. Proche de l’entrée, un plafond bas dissimule les salles de réunions aux murs transparents, avant de s’ouvrir sur un plateau clair et spacieux, exposé nord-est et bénéficiant de grandes fenêtres style loft. De simples étagères délimitent chaque espace de travail : « Ça marque la séparation, mais on peut se parler au travers, » explique Laurence Roberts. À l’image de la philosophie de l’entreprise, l’espace est invitant, chaleureux, motivant sans être ostentatoire. « C’est un solutionneur de problèmes, ajoute-t-il. Et si ça, ce n’est pas amusant, alors je ne sais pas ce qui l’est. »
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Work-in-Progress / Le chantier
Apocalypsis Now BY / PAR CHRIS FREY
With a cast of 1,000, the Luminato Festival’s remount of R. Murray Schafer’s Apocalypsis will require one third of the seats at Toronto’s Sony Centre for the Performing Arts to be removed, simply to make enough space onstage. Here, a glimpse into the process of bringing the epic production to life. / Pour accueillir sur ses planches les 1 000 artistes de la nouvelle mise en scène d’Apocalypsis de R. Murray Schafer dans le cadre du festival Luminato à Toronto, le centre Sony a dû retirer un tiers de ses places assises. Coup d’œil dans les coulisses d’un spectacle épique de très grande envergure.
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SKETCHES / CROQUIS : COURTESY OF / AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LUMINATO
Work-in-Progress / Le chantier
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Work-in-Progress / Le chantier
FOR CENTURIES, the Book of Revelation has served as the foundational
text for Western culture’s fascination with the end of times, its fevered language and fantastical imagery a source of inspiration for artists and poets alike. At times, Revelation’s enduring appeal might suggest an unhealthy obsession with our own (or others’) destruction. Which is why Apocalypsis, an R. Murray Schafer oratorio first performed in 1980, feels almost like an attempt at redeeming the original text. The 81-year-old Schafer, Canada’s foremost contemporary composer, interprets Revelations as an allegory of creative renewal and offers a vision of the world after the apocalypse that the Bible does not. Fittingly, it’s a work of biblical scale. When it’s staged as part of this summer’s Luminato Festival, Apocalypsis will marshal a cast of 1,000 musicians, dancers, singers and actors in one of the largest performance events Canada has ever seen. In the history of classical music, there are few comparisons: Mahler’s Symphony of a Thousand, say, or Berlioz’s Requiem. Contributing musical direction is conductor David Fallis; best known for his work with the Toronto Consort ensemble, Fallis also conducted Schafer’s Children’s Crusade in 2009. Fallis spent more than a year preparing for the mammoth production, auditioning musicians and choirs (many of them non-professional), working out staging details, and poring over Schafer’s complex, hand-drawn score. The latter presents its own special challenge, given that Schafer mixes standard notation with a more graphical style. The notation may confound some musicians, but Fallis insists the composer’s method is instructional and in many cases, the most efficient way of suggesting the sonic effect the composer is calling for. >> (Continued on p. 37)
DEPUIS DES SIÈCLES le Livre de la révélation, ou l’Apocalypse, nourrit la fascination de l’Occident pour la fin du monde, son genre narratif exalté et son imagerie fantastique représentant une source d’inspiration pour tout artiste et poète qui se respecte. Une attrait persistant qui pourrait s’apparenter parfois à une obsession malsaine envers la destruction, la nôtre ou celle des autres. Ce que ne semble pas vouloir transposer Apocalypsis, l’oratorio de R. Murray Schafer joué pour la première fois en 1980, qui s’affiche comme une sorte de rédemption du texte original. L’interprétation qu’en fait l’éminent compositeur canadien est une allégorie du renouveau, offrant une vision du monde après l’apocalypse loin de celle de la Bible. A contrario, Apocalypsis est bien une création aux proportions bibliques : pas moins de 1 000 musiciens, danseurs, chanteurs et comédiens se partagent la scène pour offrir l’un des spectacles les plus grandioses jamais vu au Canada. Rares sont les comparaisons dans l’histoire de la musique classique; on citera la Symphonie des Mille de Mahler ou le Requiem de Berlioz. À la direction musicale, on retrouve le chef d’orchestre David Fallis, membre du Toronto Consort et qui a dirigé en 2009 Children’s Crusade de Schafer. Il a consacré plus d’une année à la préparation de cette production titanesque : audition des musiciens et choristes, peaufinage de la scénographie et étude des partitions pour le moins complexes de Schafer – tout un défi quand on sait que le compositeur mêle écriture de notes classique et illustration. Cette méthode a beau laisser certains musiciens perplexes, David Fallis la considère comme enrichissante et d’une efficacité redoutable dans la suggestion de l’effet sonore recherché... (suite p. 37)
R. Murray Schafer, Composer / composition The acclaimed Canadian composer and scholar is a member of the Order of Canada. / L’illustre compositeur et théoricien canadien est membre de l’Ordre du Canada.
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Lemi Ponifasio, Direction and Design / direction artistique et mise en scène The Samoan choreographer founded MAU, a legendary dance and theatre company. / Ce chorégraphe samoan est le fondateur de MAU, une célèbre compagnie de danse et de théâtre.
David Fallis, Musical Director / direction musicale A member of The Toronto Consort since 1979, the conductor is also music director for Opera Atelier. / Membre du Toronto Consort depuis 1979, le chef d’orchestre assure également la direction musicale de l’opéra Atelier.
ILLUSTRATION / ILLUSTRATION : LAUREN TAMAKI
THE CREATIVE TEAM / L’ÉQUIPE DE CRÉATION
COSTUME DESIGN SKETCHES / CROQUIS DES COSTUMES : COURTESY OF / AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LEMI PONIFASIO
Work-in-Progress / Le chantier
Costume sketches by director and designer Lemi Ponifasio depicting the choir and dancers. / Les croquis des costumes signés du directeur artistique Lemi Ponafasio, illustrant choristes et danseurs.
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Work-in-Progress / Le chantier
DANCER / DANSEUR
STRINGS WITH 12 STRING QUARTETS / CORDES AVEC 12 QUATUORS À CORDES
COMPOSER / COMPOSITEUR
MUSICAL DIRECTOR / DIRECTEUR MUSICAL
LIGHTING DESIGNER / CONCEPTEUR ÉCLAIRAGISTE
CHORUS / CHŒURS
SOLOIST / SOLISTE
ORGANIST / ORGANISTE
The debut performance of Apocalypsis in 1980 presented only the music, but for Luminato it’s being produced as Schafer had originally intended— as a piece of musical theatre, a “staged oratorio,” with dancers, actors and performance artists. As represented above, the production includes one composer, one director/designer, one musical director, one lighting designer, six soloists and four singers, 20 conductors, 24 dancers, 12 percussionists, 20 high instruments, 50 brass, 60 strings (including 12 string quartets) and more than 740 choristers.
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The score is divided in two parts. The first, John’s Vision, enacts the end times as rendered in the Book of Revelation, the music for which Fallis characterizes as boisterously polyphonic. The second half of the score, Credo, is more mystically serene and harmonious, dominated by voice and strings. “Though there are 12 choirs,” says Fallis, “all sing similarly, blending together. That’s another approach—you want one big huge wash of sound that has a textured surface.”
Work-in-Progress / Le chantier
HIGH INSTRUMENT / INSTRUMENT HAUT
DOUBLE BASS / CONTREBASSE
STRING / CORDES
SINGER / CHANTEUR
CONDUCTORS / CHEFS D’ORCHESTRE
DIRECTOR / DIRECTEUR
PERCUSSION / PERCUSSIONS
BRASS / CUIVRES
Lors de sa première interprétation en 1980, Apocalypsis n’était qu’une pièce musicale. En 2015, au festival Luminato, elle devient un oratorio théâtral, avec comédiens et danseurs, telle que R. Murray Schafer l’avait initialement conçue. Comme illustrée ci-dessus, la distribution comprend un compositeur, un directeur artistique et metteur en scène, un directeur musical, un concepteur éclairagiste, six solistes et quatre chanteurs, 20 chefs d’orchestre, 24 danseurs, 12 percussionnistes, 20 instruments hauts, 50 cuivres, 60 cordes (dont 12 quatuors à cordes) et plus de 740 choristes.
L’œuvre musicale se compose de deux parties. La première, John’s Vision, raconte la fin des temps, tel que relaté dans l’Apocalypse, via une envolée polyphonique tumultueuse, dixit David Fallis. Dans Credo, la seconde, tout s’apaise, on entre dans un monde mystique et harmonieux, dominé par les chœurs et les cordes. « Bien qu’il y ait 12 chœurs, note le chef d’orchestre, tous chantent d’une seule voix, se fondant les uns dans les autres. C’est une autre approche : on veut une immense vague sonore avec de la texture en surface. »
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Work-in-Progress / Le chantier
NOTEWORTHY / REMARQUABLES DÉTAILS
ILLUSTRATIONS ON PREVIOUS PAGES / ILLUSTRATIONS DES PAGES PRÉCÉDENTES : STEPHANIE FIRKA
“Schafer’s scores are like works of art,” says Fallis. “But it’s not just pretty pictures on the page.” / « Les partitions de Schafer ressemblent à des œuvres d’art, note David Fallis. Sauf que ce ne sont pas que de jolies images. »
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SKETCHES / CROQUIS : R. MURRAY SCHAFER, COURTESY OF / AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LUMINATO
Work-in-Progress / Le chantier
“Schafer is a master of imagining new sounds, new combinations or new ways of playing,” says Fallis. “Lots of contemporary composers are like that—and because they’re doing something new, conventional notation might not serve its purpose.” Standard notation is at best an approximation, Fallis suggests. In many ways, he believes that Schafer’s idiosyncratic style allows the composer’s instructions to be more precise. “The notation is just a tool to get there…. As long as it leads the performer to the heart of the sound you’re trying to evoke, it’s good notation.” What keeps Fallis returning to Schafer, he says, is the composer’s admirable courage and singular creativity—qualities that Fallis will need himself in what promises to be the most ambitious production of his career. “You just do your best to prepare,” he says gamely, “and hope your ideas are going to work out on the stage.”
« Schafer est passé maître dans l’art d’inventer de nouveaux sons, combinaisons et façons de jouer, explique le chef d’orchestre. C’est le cas de nombreux compositeurs contemporains, et, parce qu’ils font quelque chose de totalement nouveau, il arrive que la notation traditionnelle ne convienne pas. » La transcription classique serait au mieux une approximation, si on l’écoute, lui qui est quasi convaincu que le style si particulier de Schafer permet au compositeur plus de précision. « La notation n’est qu’un outil pour atteindre un but… Du moment qu’elle conduit le musicien au cœur du son désiré par le compositeur, elle est bonne. » Courage admirable et créativité singulière sont les raisons qui poussent David Fallis à revenir vers R. Murray Schafer – qualités dont il aura lui-même besoin dans ce qui promet d’être la plus grande production de sa carrière : « On se prépare au mieux en espérant que nos idées fonctionneront une fois sur scène. » BLOCK / 37
DOUBLE VISION When it comes to creativity, are two heads really better than one? The other halves of three creative duos weigh in on the power of two. / Deux têtes valent-elles mieux qu’une en matière de créativité ? Les moitiés de trois duos créatifs donnent leur avis. Paire et passe.
INTERVIEW BY / PAR COURTNEY SHEA
ILLUSTRATION / ILLUSTRATION PETE RYAN
ASHLEY MCDONALD IS THE CO-CREATOR,
MAX REID IS A TV WRITER WHOSE WORK, CO-
ROBBIE HOJILLA RECENTLY BECAME THE
WITH HER SISTER JENN LANCEFIELD,
WRITTEN WITH HIS BROTHER ADAM, INCLUDES
CO-CHEF AT TORONTO’S HARBORD
OF TROUT, A LINE OF STYLE-CONSCIOUS
GOOD DOG AND TODD AND THE BOOK OF PURE
ROOM RESTAURANT. / OCCUPE DEPUIS PEU
RAINWEAR. / COFONDATRICE, AVEC SA SŒUR
EVIL. / SCÉNARISTE TÉLÉ, A COÉCRIT AVEC
LE POSTE DE COCHEF AU RESTAURANT
JENN LANCEFIELD, DE TROUT, UNE MARQUE
SON FRÈRE ADAM LES SÉRIES GOOD DOG ET TODD
TORONTOIS THE HARBORD ROOM.
D’IMPERMÉABLES SPORT CHIC.
AND THE BOOK OF PURE EVIL NOTAMMENT.
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AM My sister Jenn is my partner, and it’s totally yinyang. I think the best partnerships tend to be that way. Look at Steve Jobs and Steve Wozniak—you had this genius computer nerd and the other guy who has the business ideas and is the big go-getter.
Jenn is definitely the marketing person. She won’t take no for an answer and will pick up the phone and call absolutely anyone. That makes me so nervous. / Ma sœur Jenn est ma partenaire et on forme un duo yin et yang. Je crois que les meilleurs partenariats sont ceux-
là. Prenez par exemple Steve Jobs et Steve Wozniak : d’un côté, un génie accro à l’informatique, de l’autre un fonceur doublé d’un talentueux homme d’affaires. Jenn est notre atout marketing. Elle n’accepte pas qu’on lui dise non; elle décroche son téléphone et appelle la terre entière s’il le
faut. Moi, ce genre de choses me terrorise. MR With us, Adam is the intellectual of the duo. He’s bringing the high ideas and I’m kind of the trash monger. But as siblings, we spent years figuring out how not to hurt
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The Conversation / La Conversation
each other’s feelings. We don’t have a lot of conflict because we’ve been negotiating one another’s personalities since we were playing with G.I. Joes. / Dans notre duo, Adam est l’intellectuel. C’est lui qui amène les grandes idées, moi, plutôt les âneries. En tant que frangins, on a appris petit à petit le mode d’emploi pour ne pas froisser l’autre. Aujourd’hui, on a peu de conflits parce qu’on négocie l’un avec l’autre depuis l’époque où on jouait avec nos G.I. Joe.
I’m definitely still in the getting-to-know-you stage, where you’re figuring out how to work with each other, how to be more honest, how to get into each other’s heads. People have this idea that being a chef is this singular position. I guess because that’s what you often see with celebrity chefs. In reality, it’s such a collaborative environment. In terms of my partnership with Cory [Vitiello, The Harbord Room’s co-chef], we definitely have different
RH
LOOK AT HALL AND OATES—NONE OF THEIR SOLO STUFF IS NEARLY AS GREAT. / REGARDEZ HALL ET OATES : RIEN DE CE QU’ILS FONT EN SOLO N’EST AUSSI BIEN.
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culinary backgrounds. I’ve previously specialized in Asian cuisine. The hope is that by working together, you come up with something that’s better than anything either one of you could have created on your own. Look at Hall and Oates—none of their solo stuff is nearly as great. / Moi, j’en suis encore à l’étape où on apprend à se connaître, à établir la façon dont on va travailler ensemble, à déterminer la franchise dans nos rapports, à décoder ce que l’autre a dans la tête. Les gens se font une idée bien particulière du métier de chef; à cause de l’attitude des grands chefs vedettes, je suppose. En réalité, c’est un boulot d’équipe. Mon partenaire Cory [Cory Vitiello est chef cuisinier au The Harbord Room] et moi avons chacun un bagage culinaire différent – j’ai suivi une formation en cuisine asiatique. L’idée est qu’en travaillant de concert, on parvienne à réaliser quelque chose de mieux que ce qu’on aurait pu faire tout seul. Regardez Hall et Oates : rien de ce qu’ils font en solo n’est aussi bien. AM Our process is to constantly be on the lookout, taking photos, ripping images out of magazines: “I like this button, this snap, this zipper.” And then we come to the table and throw everything out there. We tend to like the same things, but definitely there are times when one of us will have to pitch the other on her vision. / Notre
méthode de travail consiste à être toujours à l’affût, à prendre des photos, à déchirer des pages de magazines : « J’aime ce bouton, cette fermeture-éclair, ce
bouton-pression, etc. » Ensuite, on étale tout sur la table et on réfléchit. On a tendance à aimer les mêmes choses, mais il arrive toujours un moment où l’une doit expliquer sa façon de voir à l’autre. MR As creative partners, the
first thing you have to do is sell it to each other. If the other person doesn’t buy in, it’s not going to work. / Dans un duo
créatif, la première chose à faire est de se persuader l’un l’autre. Si l’un des deux n’est pas convaincu, ça ne marchera pas.
And if you can’t sell it to them, how are you going to sell it to anyone else? / Et si on AM
n’arrive même pas à convaincre son partenaire, comment va-t-on faire pour convaincre les autres ? MR That’s part of the fun. I will have an idea for a project and Adam will challenge me on it: “How is this a show?” “How is this a viable project?” And I think, “How can I sell him?” Having a partner forces you to clarify your own ideas early on, which is always a good thing. / C’est tout l’intérêt. Si j’ai
l’idée d’un projet et qu’Adam se met à le questionner : « Peux-tu me dire en quoi ceci est une série télé ? Comment fais-tu pour rendre ce projet viable ? », me voilà alors en train de chercher des arguments pour tenter de le convaincre. Avoir un partenaire nous force à clarifier nos idées en amont, ce qui est toujours une bonne chose. AM It’s usually Jenn who’s selling to me. She wants to try everything and I’m always
“Nooooooo.” I guess without her I would be doing the same classic beige trench coat every season. Jenn works in music, and she definitely has that more edgy, editorial side. Having a partner is definitely an asset: You can come up with the craziest ideas because somebody’s there to rein you in. / C’est généralement Jenn qui est persuasive. Elle veut tout essayer et je suis toujours celle qui dit non, non, non. Sans elle, je crois que je ferai le même imper beige à chaque saison. Jenn travaille dans le milieu musical; de ce fait, elle a un côté bien plus branché, bien plus magazine. Avoir un partenaire est sans conteste un atout : on peut se permettre les idées les plus folles qui soient car on sait que quelqu’un est là pour mettre le holà. MR Or sometimes it’s having that other person to back you up. Early on in my career I got fired off two of my own creations within six months. I felt like, “What’s going on
The Conversation / La Conversation
here? Am I crazy?” When you work with a partner, at least you have another person who can confirm or deny that you’re nuts. / Parfois, c’est aussi avoir quelqu’un pour vous soutenir. À mes débuts, j’ai été viré deux fois de mes propres créations en l’espace de six mois. Je me suis demandé ce qui se passait, si j’étais devenu fou. Quand on a un partenaire de travail, on a au moins quelqu’un pour nous dire si on est réellement tombé sur la tête ou pas. RH For me, working with another person is really motivating. In the past when I’ve done collaboration dinners with other chefs, I thought to myself, “This isn’t a competition, but I don’t want to be the worst one here.” Being exposed to great work by other people makes you want to do better. / Moi, travailler
avec quelqu’un me motive. Par le passé, en collaborant avec d’autres chefs pour des dîners, j’ai souvent pensé que même si ce n’était pas une compétition, je ne voulais pas être le dernier pour autant. Être en compagnie de gens qui font du super-boulot vous pousse à vouloir faire mieux. MR I find working with a partner is a built-in system to avoid being derivative. If you were ripping off or paying homage to something that you like, even subconsciously, that would be undercut by the other person coming in and adding their point of view. You see that a lot these days in comedy: “So-and-so stole a joke from Louis C.K.,” and that sort of thing. I think that people don’t
often realize they’re doing it. I once worked with a guy who wrote an episode that ripped off lines straight out of The Big Lebowski. That’s not going to happen when you’re working in a pair. / Je trouve qu’avoir un partenaire de travail, c’est se munir d’un système antiœuvre dérivée intégré. S’il vous arrivait, même inconsciemment, de copier une œuvre que vous aimez ou de lui rendre un trop bel hommage, ce serait immédiatement atténué par le point de vue de l’autre. On voit beaucoup ça de nos jours dans le milieu de la comédie : untel a piqué une blague à Louis C.K., ce genre de choses. Je crois que souvent les gens qui le font ne s’en rendent pas compte. J’ai travaillé une fois avec un gars qui avait écrit un épisode qui reprenait des lignes entières de The Big Lebowski. Cela est impossible quand vous travaillez en duo. AM That’s a good point. I think
the other advantage is that it’s not as easy to fall in love with your own ideas—or maybe you fall in love, but you can’t get married. When we were trying to name our brand we went through months of back and forth—one of us would like an idea, but then the other one might come up with a reason why it wasn’t right. We agreed that we wanted something Canadian, something recognizable, something associated with water. At one point we were considering Beaver. Thank God we didn’t end up going with that—for obvious reasons. / C’est tout
à fait juste. L’autre avantage,
je pense, est qu’on ne tombe pas aussi facilement en amour avec nos propres idées – ou du moins, on est amoureux de ces idées mais on ne peut pas se marier avec. Je me souviens des multiples allers et retours qu’on a fait pour se trouver un nom de marque. Ça a duré des mois : quand l’une aimait telle idée, l’autre lui expliquait pourquoi ça n’allait pas, et vice versa. On était d’accord toutes les deux qu’on voulait quelque chose de canadien, quelque chose de reconnaissable et quelque chose en lien avec l’eau. À un moment, on a même envisagé Castor. Heureusement que c’est tombé à l’eau, pour le coup !
AS CREATIVE PARTNERS, THE FIRST THING YOU HAVE TO DO IS SELL IT TO EACH OTHER. / DANS UN DUO CRÉATIF, LA PREMIÈRE CHOSE À FAIRE EST DE SE PERSUADER L’UN L’AUTRE.
RH It really does come down to that balance of having more than just a single perspective without having too many opinions all at once. / Tout
bien une blague avec « trop de cuisiniers gâtent la sauce ». Deux, c’est sûr, est le nombre parfait. Nous travaillons la plupart du temps dans des salles de rédaction télé avec plus d’une douzaine de scénaristes et, parfois, ce trop de scénaristes brouille les pistes. Je discutais avec un ami qui, lui, fait partie d’un trio. Il adore ça parce qu’il y a obligatoirement deux votes contre un : c’est clair et net. Personnellement, je préfère le duo parce qu’il vous oblige à trouver une solution. Quand on travaille seul sur un projet, il arrive qu’on finisse par fixer le mur devant soi en se demandant si on a fait les bons choix.
compte fait, c’est un bel équilibre : on bénéficie d’une perspective supplémentaire tout en s’évitant le trop-plein d’opinions.
I feel like there’s a joke to be made about too many cooks in the kitchen. Two is definitely a great number. A lot of times we’re working in TV rooms with more than a dozen writers, and sometimes that many cooks can muddy the waters. I was talking to a friend who works in a partnership of three. He loves it because it’s always two votes to one, which is clean. I like two because you are forced to work things out. When you’re working alone on something, you can sometimes end up staring at the wall wondering, “Are any of my choices correct?” / Je sens
MR
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Made / Fabriqué
BUZZWORTHY Société-Orignal’s seashore honey is the bee’s knees. / Le miel maritime de Société-Orignal est le nectar plus ultra.
BY / PAR STÉPHANIE VERGE
When Alex Cruz and Cyril Gonzales launched their rare-foods company Société-Orignal in 2011, they had a clear mandate: to showcase Quebec’s family farms and to collaborate with adventurous restaurateurs. Four years later, the duo—whose own experience ranges from server to sommelier to managing partner—now distributes the province’s most unusual offerings to high-end eateries in the Toronto-Montreal-New York triangle (among them, Toqué and Momofuku). It’s difficult to pick a standout when merchandise includes Algonquin pumpkins, immature elderberries and water-buffalo yogurt. But Cruz has a soft spot for Société-Orignal’s honeys, in particular one from the Bas-Saint-Laurent called classe ouvrière miel maritime (a.k.a. seashore honey). Made by Thierry Trigaux, an apiarist based in tiny Baie-des-Sables, the white, creamed honey was the first product the company distributed. “It’s like the NHL with the Original Six,” says Cruz. “Thierry’s honey is our Montreal Canadiens.” Trigaux, like so many of Société-Orignal’s partners, is a meticulous artisan. His daily output of 30 pots is miniscule compared with commercial beekeepers, who produce in a second what the farmer does in a shift. But when Cruz first tasted the churned honey—thick, with an almost marshmallow-like consistency—he knew it was special. “Usually bees don’t gather near the ocean because there isn’t enough nectar in maritime flowers,” says Cruz. “But Thierry has placed hives halfway between the ocean and the forest. Every second day or so, fog rolls in from the sea and settles on the wild clover, the melilot, the goldenrod near the forest. What you get is a honey that’s both sweet and slightly salty.” Cruz had to travel 600 kilometres to find his first rare food, and that’s exactly how he wants it. Société-Orignal is about treasure hunting and it’s about home. “When we started working in agriculture, we entered into an intimate relationship with families,” says Cruz. “We sat down at their kitchen tables and steadily built trust and solidarity. We’re not making cars—we’re dealing with living, breathing products and people.”
BUY SMALL, SELL BIG.
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LE TERROIR SORT des sentiers battus via la plateforme de création
de produits alimentaires d’Alex Cruz et de Cyril Gonzales, ex-serveur et sommelier. À leurs débuts en 2011, l’objectif est clair : mettre en valeur les exploitations familiales québécoises et collaborer avec des restaurateurs audacieux. Quatre ans plus tard, c’est chose faite : Société-Orignal distribue les denrées les plus insolites de la province dans les casse-croûtes montréalais, torontois et new-yorkais les plus chics (dont Toqué! et Momofuku). Citrouille algonquine, baies de sureau immatures, yogourt au lait de bufflonne... difficile de choisir un unique produit quand tous le sont. Pourtant, Alex Cruz a un faible pour les miels, notamment un miel maritime fabriqué dans le Bas-Saint-Laurent et répondant au doux nom de Classe ouvrière. Un miel blanc, épais, qui provient des ruchers de Thierry Trigaux à Baie-des-Sables, et qui a été le premier aliment de Société-Orignal. « C’est comme la LNH et ses six équipes d’origine, note-t-il. Le miel de Thierry, c’est nos Canadiens de Montréal. » Thierry Trigaux, comme la plupart des partenaires de SociétéOrignal, est un artisan consciencieux. Sa production journalière de 30 pots est infime comparée à celle des apiculteurs en série, qui font en une seconde ce qu’il fait en huit heures. Mais il a suffit qu’Alex Cruz goûte ce miel baratté, dont la consistance se rapproche de celle de la guimauve, pour savoir qu’il était spécial. « Généralement, on trouve peu d’abeilles près de l’océan, car les fleurs maritimes sont plus pauvres en nectar, explique-t-il. Mais Thierry a placé ses ruches à mi-chemin entre l’océan et la forêt. Chaque deux jours environ, la brume marine vient se déposer sur le trèfle sauvage, le mélilot et la verge d’or en bordure du bois. Ça donne un miel à la fois sucré et légèrement salé. » Il a dû parcourir 600 kilomètres pour trouver ce nectar unique, conformément à sa vision de l’entreprise : une chasse au trésor sur son propre territoire. « Quand on a commencé à travailler avec les agriculteurs, on est entrés dans l’intimité des familles, constate-t-il. C’est autour de la table de la cuisine qu’on bâtit progressivement confiance et solidarité – on ne fabrique pas des autos, on collabore avec des gens et des produits vivants. »
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PHOTO / PHOTO : XAVIER GIRARD LACHAINE COURTESY OF / AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE SOCIÉTÉ-ORIGNAL
Pacific Blue Cross Design: Group 5 Design
BEHIND THE BRICKS TITLE TYPOGRAPHY / TYPOGRAPHIE DU TITRE : ANDREW KIDDER
BY / PAR BENJAMIN LESZCZ
In Montreal’s vibrant Plateau neighbourhood, red carpets are rare. So it was tough to miss the grand entrance of 5455 Avenue de Gaspé, where one such carpet was rolled out on a brisk April evening for guests attending the openings of Allied Interiors, an exhibition hosted by Allied Properties REIT, and Papier15, an art fair focused on works on paper. Allied Interiors, which featured photographs of the interiors of Allied’s buildings, offered a glimpse into the workplaces of a wide range of creative tenants, including Ubisoft, Sid Lee and Framestore, among others. Curated by awardwinning photography director Julien Beaupré Ste-Marie, the show featured the work of Alexi Hobbs, whose photography has been exhibited in galleries across the globe, as well as in publications such as Monocle, Dwell and Time.
Les tapis rouges sont rares sur Le Plateau, le trépidant quartier situé au cœur de Montréal. Il était donc difficile de louper, par cette belle soirée d’avril, celui déroulé devant l’entrée du 5455, avenue de Gaspé pour le vernissage d’Allied Interiors. L’exposition photo, proposée par Allied Properties REIT et Papier, la foire d’art contemporain dédiée aux œuvres sur papier, présentait différents intérieurs d’immeubles dont Allied est propriétaire – un bon prétexte pour se permettre de regarder par le trou de la serrure des locataires, celui d’Ubisoft, de Sid Lee et de Framestore en particulier. Les photographies signées Alexi Hobbs, qui a vu son travail exposé dans des galeries d’art aux quatre coins du globe et publié dans des magazines comme Monocle, Dwell et Time; et l’expo conçue par un directeur photo maintes fois primé, Julien Beaupré Ste-Marie. BLOCK / 45
Notebook / Notebook
Colin Worrell, who is the director of leasing for Allied’s Montreal operations, conceived the exhibition. “As a main sponsor of Papier 15, we were in the unique position of welcoming thousands of art lovers to our Complexe de Gaspé,” he says. “The opportunity to expose our compelling and photogenic interiors to many people who clearly had visual appreciation was irresistible.” Following the VIP reception on April 20, the exhibition was open all weekend to the 17,000-plus visitors who came for Papier 15, where works from more than 40 Canadian galleries were on display. A range of visitors explored Allied Interiors, taking in an exhibition distinguished not only by its beautiful photography, but also its original staging: long tabletop display cases were hung from the ceiling by sturdy metal wiring, and skids were repurposed as recumbent display cases. According to Allied CEO Michael Emory, who attended the opening, the exhibition captured the essence of Allied’s role as a landlord to the creative class. “Our buildings are canvases for our tenants, who create workplaces that reflect the way they see themselves and the ways in which they want to be seen by others,” he says. “The result are interiors that aren’t just offices; they’re works of art.”
L’idée de cette exposition a d’abord germé dans l’esprit est venue de Colin Worrell, directeur des opérations de crédit-bail montréalaises chez Allied : « Être le principal commanditaire de Papier 15 nous offrait une occasion en or, celle de pouvoir accueillir des milliers d’amateurs d’art dans notre Complexe de Gaspé. Exposer nos splendides et photogéniques intérieurs devant autant d’yeux connaisseurs était tout simplement irrésistible. » Du 24 au 26 avril, les 17 000 visiteurs de Papier 15, venus admirer les œuvres d’une quarantaine de galeries d’art canadiennes, ont donc pu également profiter d’Allied Interiors. L’expo se démarquait non seulement par sa qualité photographique, mais aussi par sa présentation originale : de longues vitrines-tables étaient suspendues à l’aide de câbles métalliques, et des palettes de bois couchées par terre faisaient office de support photo. Pour Michael Emory, président-directeur général d’Allied, qui était présent au vernissage le 20 avril, Allied Interiors a su capturer l’essence même du rôle du groupe immobilier : un propriétaire au service de la classe créative. « Nos immeubles servent de toile de fond à nos locataires, qui y créent des espaces de travail à leur image et à celle qu’ils veulent donner d’eux à l’extérieur, commente-t-il. Le résultat démontre que ces intérieurs sont plus que de simples bureaux, ce sont des œuvres d’art. »
MY BLOCK / AUPRÈS DE MON BLOCK RICK SANDERSON, SVP OF MACLAREN MCCANN IN VANCOUVER, ON HIS FAVOURITE PRE-, POST- AND MID-WORK SPOTS. / AVANT, PENDANT ET APRÈS LE BOULOT, LES BONNES ADRESSES DE RICK SANDERSON, VP PRINCIPAL DE MACLAREN MCCANN EN VANCOUVER.
REVOLVER For a superior caffeine fix. You’ll be jittering when you walk out of here. / Un vrai café réveillematin. On sort de là excité comme une puce. THE DIRTY APRON My standby is the Cobb salad with the extra-thick organic bacon slices. / Je peux toujours compter sur la salade Cobb et ses généreuses tranches de bacon bio.
YOKOYAYA This Japanese dollar store sells things you didn’t even know you needed. Hello Kitty selfie stick, anyone? / Un « Dollarama » japonais qui vend des trucs dont vous ne croyiez pas avoir besoin. Pour qui la perche à selfie Hello Kitty ? KALEV FITNESS SOLUTION A
seriously hardcore workout. / Pour un entraînement super-sérieux.
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ILLUSTRATION / ILLUSTRATION : NIK NEVES
THE PINT Forty different wing sauces and a decent selection of beer. Get there early before a Canucks home game! / Quarante sauces et un choix de bières décent. Mieux vaut arriver tôt avant un match des Canucks!
Notebook / Notebook
THE ENDORSEMENTS / MENTIONS SPÉCIALES
THE LESSON / UNE BONNE LEÇON
WHAT’S INSPIRING DAN FORSEY, DIRECTOR OF THE TANNERY SCHOOL OF MUSIC. / DAN FORSEY, DIRECTEUR DE L’ÉCOLE DE MUSIQUE TANNERY, SE LAISSE INSPIRER.
THE THRILLING ADVENTURE HOUR
is a brilliantly witty and wellwritten podcast performed in the style of an old-time radio show. / Beaucoup d’esprit, brillant, bien écrit, joué façon émission radio de l’époque. HTML5DRUMMACHINE.COM is an Internet-based drum-machine app that loops drums for you so you can play or sing along. Way better than a traditional metronome. / On peut jouer ou
chanter sur cette boîte à rythme en ligne. Mille fois mieux qu’un métronome.
UNBREAKABLE KIMMY SCHMIDT
A happy-go-lucky comedy with an awkwardly dark premise perfectly juxtaposed. / Une comédie légère au début étrangement sombre; la juxtaposition est parfaite. WAYNE BERGER
VP, Regus Canada / VP de Regus Canada
CREATIVE FIX / COMBINE CRÉATIVE
ALLIED NEWS / LES ACTUS D’ALLIED
Problem: Guela Solow-Ruda, a principal of ARK, found designers were quietly working in isolation. / Le problème : Guela Solow-Ruda, dirigeante chez ARK, trouvait que les designers s’isolaient dans leur bulle.
Allied Properties REIT’s King West empire is getting bigger. With the acquisition announced this past April of 511 to 539 King Street West in Toronto, Allied now owns 622 feet of uninterrupted frontage on the street. The new property, comprising three fully restored buildings, represents an important new milestone in Allied’s ongoing rejuvenation of the neighbourhood. / Allied Properties
SOLUTION: “We decided noisy was a good thing. ARK eliminated earbuds from the studio environment so designers are more approachable and better able to hear each other discussing problems and thinking out loud.” / LA SOLUTION
« On a décidé que le bruit était une bonne chose. ARK a éliminé tous les écouteurs du studio pour que les designers soient plus accessibles, à même d’entendre les conversations de travail de chacun et de penser tout haut. »
REIT étend son empire dans King West. L’acquisition du 511-539, rue King O. à Toronto, annoncée en avril dernier, lui permet d’occuper 190 mètres d’affilée dans la rue. Cet ensemble de trois immeubles entièrement rénovés donnera encore plus de dynamisme et de diversité à ce quartier animé.
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Now & Then / D’hier à aujourd’hui
MACHINE AGE MARVEL Vancouver’s Barber-Ellis Building is a prime example of the city’s art deco heritage. / Un bel exemple du patrimoine Art déco de Vancouver? Le Barber-Ellis Building.
BY / PAR GORDON BOWNESS
WHEN IT EMERGED in the 1920s, art deco proved an exciting style
brimming with optimism, perfectly suited to the new-found swagger of Vancouver, which by 1929 was Canada’s third-largest metropolis. Art deco landmarks sprang up throughout the city, among them, the Marine Building and the Burrard Bridge. The Barber-Ellis Building, on Homer Street, evokes a similar dynamism, though on a much more modest scale. Designed by one of the most influential architecture firms in Vancouver history, Townley and Matheson (its most famous commission was city hall), the three-storey Yaletown office building and warehouse is a rare example of interwar industrial architecture. With its fluted parapet and spandrels, the building embraced the new look, just as, with its poured-in-place concrete construction, it embraced new technologies. The building opened in 1931 as the B.C. head office for BarberEllis, then Canada’s largest envelope manufacturer. The firm maintained its offices there until 1975. Allied Properties REIT acquired the heritage property in 2011. Current tenants include the Chintz & Company decor and furnishings shop—and yes, they carry art deco designs.
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2013
DANS LES ANNÉES 19 20, le monde s’enthousiasme pour le style art déco; un engouement et un optimisme allant de pair avec Vancouver la fanfaronne, qui se targue, à juste titre, d’être la troisième plus grande métropole du pays dès 1929. Parmi les monuments de la ville les plus caractéristiques de ce mouvement artistique, on trouve le Marine Building et le pont Burrard. Bien que plus modeste, le Barber-Ellis Building, rare exemple d’un bâtiment industriel de l’entre-deux guerres, est à l’image de ce dynamisme avec son parapet cannelé, au look nouveau, et son armature de béton coulé, très moderne à l’époque. Situé rue Homer dans Yaletown, l’immeuble, qui abrite des bureaux et un entrepôt, est signé Townley and Matheson, l’un des cabinets d’architecture connu pour avoir grandement façonné le paysage urbain vancouverois (l’hôtel de ville étant leur plus célèbre réalisation). La construction s’achève en 1931 et c’est Barber-Ellis, alors le plus gros fabricant d’enveloppes au Canada, qui y installe ses bureaux; il y restera jusqu’en 1975. En 2011, l’édifice patrimonial devient la propriété d’Allied Properties REIT. Il compte aujourd’hui plusieurs locataires, dont la boutique de mobilier et de décoration Chintz & Company. Heureuse coïncidence, cette dernière propose des objets art déco.
PHOTOS, LEFT / À GAUCHE : CITY OF VANCOUVER ARCHIVES CVA 99-4094. / RIGHT / À DROITE : HARRY CHOI
c. 1931
Rethink / Repensé
GRUB STREET BY / PAR ADAM STERNBERGH ILLUSTRATION / ILLUSTRATION JASON LOGAN
I AM NOT A FOODIE. In fact, I’ve always resented foodie culture for appropriating the terminology of artistic subcultures—celebrating the “avant garde”; venerating brooding dudes with sleeve tattoos—and applying it to something as elitist as a $175 tasting menu. As the book critic Dwight Garner wrote of Ferran Adrià and the billionaire gastronomist Nathan Myhrvold, “They talk about food the way other people talk about novels or paintings”—which, to me, is precisely the problem. If you want to travel the world shedding cash in search of the perfect foie gras custard in garlic-chive broth, that’s your prerogative. Just don’t act like it’s akin to a life spent in penury, writing poetry in a garret. That’s how I used to feel, anyway—and what changed my mind has nothing to do with food. It has to do with geography and the reasons why (and where) certain subcultures flourish. I’ve always romanticized urban “scenes”—literary scenes, music scenes, pretty much any kind of localized artistic happening. And recently I realized why foodie-culture scenes are flourishing right now: because it’s the last subculture that requires physical proximity. You can’t experience foie gras custard online. You have to be in a certain place, with certain people, at a certain time. Not long ago, if you were an aspiring writer or musician, you’d move to a city or neighbourhood that provided exposure to like-minded people
and offered outlets for the essential materials you need. As a writer, you wanted to be near writers (and readers) but also bookstores. As a musician, you wanted to be near record shops that stocked the latest releases. That’s less true now. You can easily find communities of like-minded people online, and you can order almost anything on the Internet. Which is partly why we need to fight harder for the survival of all those physical hubs—the bookstores and record shops—to ensure they stick around. It’s not just an issue of changing technologies. Gathering places, while still vital, just aren’t necessary in the same way they once were. That’s where foodie culture is different, and important. As cities lose some of the hubs that helped other scenes flourish, foodie culture has risen in their place. And isn’t that the glorious promise of cities overall—the collisions and collusions that result when place, time and people overlap? So even if you’re not a foodie, there’s something inspiring in the ascent of foodie culture. It reminds us to recognize, and fully appreciate, that there’s still something worthwhile in being there.
JE NE SUIS PAS UN FOODIE. En fait, j’en ai toujours voulu à cette tendance de s’être appropriée la terminologie des souscultures artistiques – célébrant l’avant-garde, vénérant les gars taciturnes aux bras tatoués – et de l’avoir appliquée à une chose aussi élitiste qu’un menu à 175 $. Comme l’a écrit Dwight Garner, à propos de Ferran Adrià et de Nathan Myhrvold, « ils parlent cuisine comme d’autres parlent littérature ou peinture », ce qui, à mon sens, est précisément le problème. Que celui qui veut perdre son temps et son argent à parcourir le monde en quête de la parfaite crème brûlée au foie gras infusée de ciboulette chinoise le fasse. Mais qu’il ne compare pas sa vie à celle du poète sans le sou, condamné à sa mansarde. Du moins, je le pensais jusqu’à ce que je change d’avis. La cuisine n’a rien à y voir; la géographie, si. J’ai toujours romancé les « scènes » urbaines – la scène littéraire, la scène musicale, pratiquement tous les styles artistiques localisés. Récemment, j’ai enfin compris pourquoi la scène culinaire était en plein essor : elle est la dernière sous-culture qui exige une présence physique.
Il est impossible d’apprécier une crème brûlée au foie gras en ligne. Cette expérience demande de se trouver à un certain endroit, avec certaines personnes, à un certain moment. Il n’y a pas si longtemps, celui qui voulait devenir écrivain ou musicien s’installait dans une ville ou un quartier lui permettant de rencontrer des gens partageant les mêmes intérêts et lui offrant le matériel nécessaire à moindre coût. Un écrivain se rapprochait des écrivains et des librairies; un musicien, des disquaires au fait des dernières nouveautés. Cela est moins vrai aujourd’hui. Grâce à Internet, il est facile pour un artiste d’intégrer sa cybercommunauté et de se procurer ce dont il a besoin. C’est une des raisons pour laquelle on doit se battre pour la survie de ces carrefours de rencontres en chair et en os, s’assurer que nos libraires et nos disquaires continuent d’avoir pignon sur rue. Non pas parce qu’on est réticent à changer d’époque, mais parce que ces lieux de rassemblement sont vitaux. C’est ici que la culture foodie se démarque, et prend son importance. Elle occupe une partie de la scène urbaine, abandonnée par d’autres communautés. Et n’est-ce pas là toute la promesse d’une cité? Les collisions, et les collusions, résultant de la superposition temps, lieu et interaction humaine? Même pour un nonfoodie, cette tendance est inspirante. Elle le pousse à reconnaître que ça vaut encore la peine d’être là, présent. Et à le savourer pleinement. BLOCK / 49
Fill in the Blank / Veuillez combler l’espace
THE CHALLENGE Every issue we ask a different artist: What would you do with your very own urban infill? / LE DÉFI Dans chaque numéro, nous demandons à un artiste ce qu’il ferait de sa propre dent creuse. ILLUSTRATION / ILLUSTRATION YELENA BRYKSENKOVA
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