Creativity has its place Fall 2014 Issue 6 / La créativité a sa place Automne 2014 Numéro 6
THE INDUSTRIAL DESIGNER Winnipeg’s Wonders / Hipster Heroes / Tech Revolutionaries Winnipeg multifacette / Ces hipsters, nos héros / Les cyberévolutionnaires
With the romance of a rugged landscape and memories of hard-working pioneers in mind, our designs honour heritage brands and their stories. We hope the adventures, dedication, and accomplishments of those who came before will inspire new adventures with the ones we love most, in the places we love most.
13 5 6 dundas st. w., toronto, c anada m 6 j 1 y2 t. 41 6 20 5 1 2 7 1
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CONTENTS The Starting Block . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Block de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Contributors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Nos collaborateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Japanese scaffolding inspires Toronto designer Jonathan Sabine to rethink the clothing rack . . . . . . . . . . . . . . . . 11
THE MOMENT
OUTSIDE THE BOX Building chairs, building communities; rock-star authors; must-read thrillers; unlikely creative sparks . . . . . . . . . . 14
Inspiré par un échafaudage japonais, le designer torontois Jonathan Sabine revisite le portant . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
LE MOMENT
Un banc tisseur de liens; des écrivains en vogue; les maîtres du suspense; jamais à court d’inspiration . . . . . . . 14
HORS DES SENTIERS BATTUS
MY SPACE
For Fashion magazine beauty director Lesa Hannah, inspiration is always within reach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
MON ESPACE La directrice beauté du magazine Fashion, Lesa Hannah, s’est entourée de ses muses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
How a studio mate inspires Calgary artist Ashleigh Bartlett to work with unlikely materials . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
LA CRÉATRICE Ashleigh Bartlett ou comment une colocation a suscité l’emploi d’un matériau improbable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
THE CREATOR
ARTIST’S BLOCK
Illustrator Ciara Phelan’s fall foliage . . . . . . . . . . . . 21
The bright, beautiful Toronto offices of Wattpad, an online writing community . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
THE INTERIOR
THE BUSINESS The David Suzuki Foundation is focused on helping Canadian city dwellers discover the nature that surrounds them . . 28
ART EN BLOCK
Un feuillage d’automne signé Ciara Phelan. . . . . . . . . 21
L’INTÉRIEUR Les bureaux torontois, clairs et spacieux, de la plateforme d’écriture sociale Wattpad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
La Fondation David Suzuki permet aux citadins canadiens de renouer avec la nature environnante. . . . . . . . . . . . . 28
L’ENTREPRISE
THE PORTFOLIO Winnipeg’s many faces are revealed by photographer and blogger Bryan Scott . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
LE PORTFOLIO Winnipeg vue sous différents angles par Bryan Scott, photographe et blogueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Three creative entrepreneurs explore the difference between plain, old innovation and genuine disruption . . 40
LA CONVERSATION Trois entrepreneurs créatifs explorent le vaste sujet de l’innovation, classique ou de rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
THE CONVERSATION
MADE
QRC West: an engineering marvel on a human scale . . . . . . . 44
NOW & THEN RETHINK
A hub of goods and ideas in Vancouver’s Yaletown . . . . . 47
How hipsters can save our cities . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
FILL IN THE BLANK
Artist Nik Neves’s urban infill . . . . . . . . . . . . . . . 50
ON THE COVER / EN PAGE COUVERTURE ET QUATRIÈME DE COUVERTURE PHOTO / PHOTO : DEREK SHAPTON
CONSTRUIT
QRC West : une prouesse technique à l’échelle humaine . . . 44
D’HIER À AUJOURD’HUI REPENSÉ
Dans Yaletown, un bâtiment suit le mouvement . . 47
Les hipsters à la rescousse de la ville de demain . . . . . . . . . 49
VEUILLEZ COMBLER L’ESPACE
Nik Neves revitalise sa dent creuse . . . . . . 50
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POLITICS OF FASHION FASHION OF POLITICS AN EXHIBITION GUEST CURATED BY JEANNE BEKER SEPT 18 – JAN 25
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THE STARTING BLOCK
PHOTOS BY / PAR MELISSA NÚÑEZ
Disruptive innovation is a fundamentally creative act. / L’innovation de rupture est un acte profond de création.
There has been much chatter recently about disruption, a buzzword that’s been embraced across Silicon Valley and beyond. There’s also been backlash—the critique that the term has been overused to the point of meaninglessness. Still, Harvard Business School professor Clayton Christensen’s distinction between “sustaining innovation” (improvement on an existing model) and “disruptive innovation” (which “enables new markets to emerge”) remains invaluable. It drives entrepreneurs to aspire to do what Henry Ford did to transportation; what Steve Jobs did to music players; and what Kickstarter’s founders did to venture capital. Disruptive innovation is fundamentally creative, so it’s fitting that that idea resonates throughout this issue of Block. In The Moment (page 11), cover subject Jonathan Sabine discusses an imaginative clothing rack, inspired not by clothing racks but scaffolding. In Made (page 44), the engineers and architects behind QRC West—a stunning development from our publishing partners, Allied Properties REIT—offer insight into a soon-to-be-completed office building unlike any other. In The Conversation (page 40), three start-up founders explore the pain and the glory of disruption. Of course, newer is not always better. That’s why we celebrate Allied’s beautiful heritage buildings. It’s also why we publish a print magazine in an app-happy era, allowing readers to immerse themselves in great stories and—for a few minutes, we hope—put down their smartphones and avoid disruption.
Le mot rupture est sur toutes les lèvres, à commencer par celles de la Silicon Valley. Accompagné de backlash, ou contrechoc, plus critiqué car suremployé au point d’en perdre son latin. Cependant, la distinction établie par Clayton Christensen, professeur à la Harvard Business School, entre innovation incrémentielle (amélioration d’un modèle existant) et innovation de rupture (qui « permet l’émergence de nouveaux marchés ») demeure capitale. Elle stimule l’ambition des entrepreneurs à devenir le nouvel Henry Ford des transports, le Steve Jobs de la musique portative ou le Kickstarter du financement à risque. L’innovation de rupture est foncièrement créative, une idée qu’il nous a paru naturel de décliner dans ce numéro. Jonathan Sabine, en couverture et dans Le moment (p. 11), nous propose son interprétation du portant, inspiré par un échafaudage. Dans Construit (p. 44), les ingénieurs et architectes de QRC West – un étonnant projet immobilier d’Allied Properties REIT, notre éditeur partenaire – nous font entrer dans les coulisses d’une tour à bureaux pas comme les autres. Dans La conversation (p. 40), trois entrepreneurs discutent des joies et des peines de la rupture – en innovation seulement. Et comme nouveau ne rime pas toujours avec mieux, Block met aussi à l’honneur les bâtiments de caractère, préservés par Allied. C’est également la raison de l’existence de ce magazine papier à l’ére du presque-tout numérique. Nous vous en souhaitons une agréable lecture sans qu’aucun texto entrant – pendant quelques minutes au moins – ne vienne provoquer une rupture de rythme.
BLOCK / 7
CONTRIBUTORS EDITOR-IN-CHIEF / RÉDACTEUR EN CHEF
Benjamin Leszcz
CREATIVE DIRECTORS / DIRECTRICES ARTISTIQUES
Whitney Geller & Yasemin Emory
EDITOR / RÉDACTION
Doug Wallace
PHOTO & ILLUSTRATION EDITOR / ICONOGRAPHE
Catherine Dean 02
ASSISTANT DESIGNER / ADJOINTE À LA DIRECTRICE DU DESIGN
01
Melissa Núñez
TRANSLATOR / TRADUCTRICE
Catherine Connes
COPY EDITORS - PROOFREADERS / RÉVISEURES - CORRECTRICES
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1. Ivor Tossell writes about urban affairs, business, technology, and Toronto’s not-entirely-uninteresting politics. See his stories on the Suzuki Foundation (page 28) and construction marvel QRC West (page 44). / Ivor Tossell rédige des articles sur l’urbanisme, le monde
de l’entreprise, la technologie et la politique municipale torontoise, pas si inintéressante que ça. Il nous fait découvrir la Fondation Suzuki (p. 28) et la construction du QRC West (p. 44).
PHOTOS BY / PAR 1. XXXXXXXX 2. XXXXXXX 3. XXXXXX 4. XXXXXXX
2. London, U.K.-based illustrator and textile designer Ciara Phelan has a fascination for vintage ephemera and textile patterns. She created our Artist Block for this issue’s feature section intro (page 21). / Depuis son atelier londonien, l’illustratrice
Ciara Phelan conçoit aussi des tissus, avec une fascination pour les motifs et les objets vintage éphémères. Elle signe le feuillage d’Art en block (p. 21). 3. Sam Brewster’s illustrations have appeared in The New York Times, Wired, Adweek and The Guardian. This issue, his handiwork accompanies The Conversation (page 40). / Les
illustrations de Sam Brewster ont été publiées dans The New York Times, Wired, Adweek et The Guardian. Elles se mêlent aujourd’hui à notre Conversation (p. 40). 4. Toronto photographer Hudson Hayden shoots for Vice, Spin,
Toronto Life, Monocle, Report on Business and for us: See My Space (page 17). / Le photographe torontois Hudson Hayden travaille pour Vice, Spin, Toronto Life, Monocle, Report on Business et pour nous, dans Mon espace (p. 17).
Michaela Cornell, Emilie Dingfeld, June Findlay
ALLIED PROPERTIES REIT
520 King Street West, Suite 300 Toronto, Ontario M5V 1L7 Canada (416) 977-9002 INFO@ALLIEDREIT.COM ALLIEDREIT.COM
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688 Richmond St. W., Ste. 302 Toronto, Ontario M6J 1C5 Canada (416) 855-0550 INQUIRY@WHITMANEMORSON.COM WHITMANEMORSON.COM
Block is published four times a year. / Block est publié quatre fois par an.
28 Eastern Ave. | Toronto, ON | www.stacklab.ca
The Moment / Le moment
WED. 25 JUN 3:10 PM IT’S HARD to see designer
Jonathan Sabine’s latest furniture prototype, a ladder storage rack, because when we arrive it’s loaded down with jackets and messenger bags. And yet something about this set-up feels too real to be a photoop for visiting media. “I’m that guy who comes home and throws his stuff on a chair,” says Sabine as he tightens the contact points on his newest design, which will be part of EQ3’s Winter 2015 collection. /
DIFFICILE D’APERCEVOIR le dernier
prototype de Jonathan Sabine, designer de meubles, car, à notre arrivée, le portant-échelle croûle sous les vestes et les sacs messager. Toutefois, quelque chose dans cette composition semble trop authentique pour être une mise en scène destinée à la presse. « Je suis du genre à balancer mes affaires sur une chaise » nous avoue-t-il, en ajustant sa réalisation qui fera partie de la collection hiver 2015 d’EQ3. BLOCK / 11
The Moment / Le moment
Jonathan Sabine was a lead designer at the multi-disciplinary Castor Design studio in Toronto before setting up his own shop. / Jonathan Sabine était designer principal du studio torontois multi-disciplinaire Castor Design avant d’ouvrir son propre atelier.
Sabine, co-founder of the studio Chromoly and a collaborator at the design practice MSDS Studio, is best known for his controversial Bourgeois Brass Knuckle, a corkscrew attached to brass knuckles that’s now part of SFMOMA’s collection. The inspiration for the ladder rack came to Sabine when he noticed classic Japanese scaffolding in the 1953 film Tokyo Story. “I liked the relationship between the elements and the criss-crossing hooks,” he says. He applied the idea to a storage rack and found Mennonite woodworkers in Grey Bruce County to fashion the prototype. “They made the rack with CNC,” says Sabine, referring to the ultra-precise computer numerical control system. “I don’t understand the rules with Mennonites,” he says, “but these guys were fully 21st century.” / On connaît surtout Jonathan Sabine, cofondateur de Chromoly et collaborateur du studio de design MSDS, pour son tire-bouchon en forme de poing américain, le Bourgeois Brass Knuckles. Controversé, cet objet est aujourd’hui exposé au SFMOMA. Le portant-échelle lui a été inspiré par l’échafaudage japonais de Tokyo Story, un film datant de 1953. « J’ai aimé la relation entre les éléments et les crochets entrecroisés » explique-t-il. Il a appliqué le principe à un portant à vêtements et a fait fabriquer le prototype par des ébénistes mennonites de la région de GreyBruce. « Ils se sont servis d’une MOCN » précise-t-il, faisant référence à l’usinage par commande numérique ultra-précis. « Je ne comprends pas les règles des Mennonites, mais ces gars étaient en plein dans le 21e siècle. »
jonathansabine.com BY / PAR ALISON GARWOOD-JONES PHOTOS / PHOTOS DEREK SHAPTON
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Outside the Box / Hors des sentiers battus
THE Q&A / QUESTIONS-RÉPONSES
MEMBERS OF THE TEAM at Allied Properties REIT were surveying their properties near Toronto’s St. Lawrence Market recently and decided that their lobby chairs—sleek, ’70s-era, brushed-steel loungers—had outlived their best-before dates. “I went online searching for new designs,” says property administrator Eptsam Ali, “but things were either too office-generic or so arty they were beyond our budget.” Allied envisioned something stylish and green: a wooden block bench with plant fittings. That’s when Ali proposed the idea of contacting Paul Epp, chair of the industrial design department at OCAD University, and asking him to challenge his students to come up with a concept. Epp liked the idea and posted the opportunity to his Facebook page. The winner of the contest, which will run into September, will get an artist’s plaque and monetary compensation. “Many of our tenants working for design and tech companies are recent grads who were hoping for this kind of break just a few years ago,” says Ali. “We see this as a great community-building opportunity.” / LORS D’UN PASSAGE en
revue des immeubles situés près du marché St. Lawrence à Toronto, des membres de l’équipe d’Allied Properties REIT ont décrété que les chaises longues des entrées – des modèles épurés en acier brossé datant des années 70 – avaient fait leur temps. « J’en ai cherché en ligne, » explique Eptsam Ali, administrateur immobilier, « mais ce que je trouvais était soit du mobilier basique de bureau, soit trop artistique et hors budget. » Allied eut alors l’idée d’un banc de bois d’un seul bloc, accompagné de verdure. Eptsam Ali proposa de contacter Paul Epp, directeur du département de design industriel à l’OCAD, pour qu’il demande à ses étudiants de relever le défi. Ce dernier accepta et soumit le concept via Facebook. Le gagnant du concours, désigné en septembre, aura droit à sa plaque sur l’œuvre et à une compensation monétaire. « Beaucoup de nos locataires travaillant dans le design et la technologie sont de jeunes diplômés qui auraient aimé avoir cette opportunité, note Eptsam Ali. Ce projet est une belle occasion de tisser des liens communautaires. ». BY / PAR ALISON GARWOOD-JONES
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À l’occasion du 35e festival international des auteurs (IFOA), qui se tient du 23 octobre au 2 novembre à Toronto, on a rencontré son directeur, GEOFFREY TAYLOR. COMMENT SÉLECTIONNEZ-VOUS LES AUTEURS PARTICIPANTS ? C’est comme le triage aux urgences. Les livres arrivent, on en lit 20 pages et on les pose sur l’une des trois piles : oui, non, peut-être. QU’EST-CE QUE BEAUCOUP DE CANADIENS NE SAISISSENT PAS DANS LE DOMAINE DE LA LITTÉRATURE ? Nous n’avons pas un grand respect pour les gens créatifs dans ce pays. Nous les considèrons comme acquis. Nous ne méprisons pas nos artistes, mais nous n’en sommes pas loin. DES CAPRICES D’AUTEURS, COMME CEUX DES ROCK STARS, ÇA EXISTE ? On lit leurs demandes juste pour s’amuser : une limousine qui ne doit pas être blanche ou des choses du même genre. Mais comme on ne met aucune limousine à disposition, on s’en sort bien. QUEL EST VOTRE MEILLEUR CONSEIL À DONNER À UN LECTEUR ? Si vous commencez un livre et que vous ne l’aimez pas, laissez tomber. Celui fait pour vous existe : il suffit de le trouver. INTERVIEW BY / ENTREVUE PAR CATHERINE FRENCH
PHOTO COURTESY OF / AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE IFOA
THE NEWS / ACTUALITÉS
In advance of the 35th International Festival of Authors in Toronto (October 23 to November 2), festival director GEOFFREY TAYLOR talks about bad books and pleasure reading. HOW DO YOU SELECT AUTHORS FOR THE FESTIVAL? It’s like an emergency room triage. Their books come in, then there are three piles: yes, no and maybe. We usually read 20 pages to determine what pile it’s going in. WHAT DO MOST CANADIANS NOT REALIZE ABOUT BOOKS? We don’t have high respect in this country for our creative people. We take them for granted. We don’t scorn our artists, but we’re not that far removed from it. DO AUTHORS EVER MAKE ROCK-STAR-STYLE REQUESTS FOR THEIR PRESENTATIONS? We read the requests for amusement purposes, you know, like their limousines can’t be white—things like that. But we don’t have any limousines, so that works out fine for us. WHAT’S YOUR ADVICE FOR READERS? If you start reading and don’t like the book, chuck it. There are the right books for the right people; you just have to find them. /
Outside the Box / Hors des sentiers battus
THE ENDORSEMENTS / MENTIONS SPÉCIALES
PHOTOS COURTESY OF / AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE HOUSE OF ANANSI
THE WORD / MOT POUR MOT “LIFE EVENTS, A NEWS STORY, A SONG LYRIC, A BOOK—THEY ALL CAN EVOKE AN IMAGE THAT MIGHT BE THE STARTING POINT FOR A WORK. THE MAIN THING IS TO BE IN A RECEPTIVE STATE OF MIND. IT’S IN THE PROCESS OF WORKING ON IT THAT YOU GET TO THE FINAL WORK, WHICH MIGHT HAVE NO RESEMBLANCE TO THAT FIRST IDEA OR IMAGE AT ALL.” / « LES ÉVÈNEMENTS DE LA VIE, UN SUJET D’ACTUALITÉ, UNE CHANSON, UN LIVRE – ILS ÉVOQUENT TOUS UNE IMAGE, SUSCEPTIBLE D’ÊTRE LE POINT DE DÉPART D’UNE ŒUVRE. L’IMPORTANT EST D’ÊTRE RÉCEPTIF. C’EST LE PROCESSUS DE TRAVAIL QUI CONDUIT À L’ŒUVRE FINALE, LAQUELLE POURRAIT N’AVOIR AUCUNE RESSEMBLANCE AVEC L’IMAGE OU L’IDÉE PREMIÈRE. » —Winnipeg visual artist Nora Kobrinsky on the sources of creative inspiration. / — Nora Kobrinsky, artiste visuelle à Winnipeg, au sujet des sources d’inspiration.
RUSSELL WANGERSKY collected grocery lists while writing Walt, his new novel about a creepy supermarket cleaner, out this fall from House of Anansi. Here, the St. John’s-based author recommends his favourite thrillers. / RUSSELL WANGERSKY a accumulé les listes
d’épicerie en écrivant Walt, un roman à suspense sur un inquiétant préposé au nettoyage dans un supermarché, publié cet automne chez House of Anansi. Il nous dévoile ses histoires d’horreur préférées. CRAIG DAVIDSON, CATARACT CITY. The novel starts by debunking
old-school travelling wrestling shows. It’s just wonderful, fable-driven writing, until the main character gets out of prison and starts developing his revenge. JO NESBØ, THE SON. His books are extremely violent, but they’re well put together. His novels tend to have very ornate plots, and I like that. Everything that’s in them is necessary to maintain the thrust of the thriller. PER WAHLÖÖ, THE STEEL SPRING. He’s sort of the grandfather of Scandinavian thriller writers. It’s a very strange dystopian thriller about a detective who wakes up from a liver transplant in a foreign country, then has to figure out why the citizenry is going insane. / CATARACT CITY DE CRAIG DAVIDSON. Le roman commence en discréditant les spectacles de lutte itinérants. Une fable merveilleuse, jusqu’à ce que les deux personnages principaux sortent de prison et préparent leur revanche. THE SON DE JO NESBØ. Ses livres sont extrêmement violents, mais bien ficelés. J’aime sa tendance à étoffer énormément les intrigues. Tous les détails qu’elles contiennent sont nécessaires au maintien du suspense. THE STEEL SPRING DE PER WAHLÖÖ. Il est en quelque sorte le grand-père du polar scandinave. Ce récit est une curieuse dystopie : après avoir subit une transplantation du foie, un détective se réveille dans un pays étranger et doit découvrir quel mal ronge ses habitants. INTERVIEW BY / ENTREVUE PAR SUSAN PETERS
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My Space / Mon espace
BY / PAR DOUG WALLACE
PHOTO / PHOTO HUDSON HAYDEN
AS BEAUTY DIRECTOR of Fashion, Lesa Hannah monitors the world of hair and makeup, from runways to red carpets and beyond. When she’s not interviewing supermodels in Paris or lunching with celebs in New York, Hannah files stories from her desk at the QRC East, an Allied-owned building in downtown Toronto. / LE MONDE DES COSMÉTIQUES est
sous l’étroite surveillance de Lesa Hannah, directrice beauté du magazine Fashion. Quand elle n’est pas à Paris pour rencontrer un mannequin ou à New york avec une vedette, Lesa rédige ses articles depuis son bureau torontois de QRC East, un immeuble appartenant à Allied.
03 / Trend report / Le dossier tendances
01 / Dick Page desktop / Dick Page en fond d’écran “I’ve been a fan of this makeup artist for 11 years and met him a few times. Swears like a truck driver.” / « Onze ans que je suis fan de cet artiste maquilleur. Je l’ai rencontré plusieurs fois. Il jure comme un camionneur. »
02 / Beauty Bonanza / Un arsenal beauté “I have to vet a ton of new products every week. If I leave the office, there can be towers of packages obscuring my desk on my return.” / « Je dois approuver une tonne de nouveaux produits chaque semaine. Quand je m’absente, mon bureau disparaît sous les petits pots. ».
“Twice a year, I research all the fashion shows and create a report of beauty trends. It’s a bit like cramming for exams.” / « Deux fois par an, je passe en revue les défilés pour faire un topo sur les tendances beauté. C’est un peu comme réviser pour un examen. » 05 / Magnets / Aimants “I got these magnets years ago, a gift from Benefit Cosmetics.” / « Je les ai depuis des années, un cadeau de Benefit Cosmetics. »
04 / Breaking Bad greeting cards / Les cartes de vœux Breaking Bad “I became such a fan of Bryan Cranston that I saw him on Broadway, then waited outside to meet him after, like a nerd.” / « Je suis devenue tellement fan de Bryan Cranston que je l’ai vu à Broadway, et je l’ai ensuite attendu à la sortie – une vraie nerd ! »
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The Creator / La créatrice
FABRICATING REALITY In her drawings, paintings and assemblages, Calgary’s Ashleigh Bartlett, a finalist in this year’s RBC Canadian Painting Competition, pushes boundaries and defies convention. / Dans ses dessins, peintures et assemblages, Ashleigh Bartlett, finaliste du concours de peintures canadiennes de RBC 2014, repousse les limites et bouscule les conventions.
INTERVIEW BY / ENTREVUE PAR GORDON BOWNESS
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PHOTO / PHOTO JEREMY FOKKENS
The Creator / La créatrice
It’s a colourful life: Ashleigh Bartlett currently teaches painting at the Alberta College of Art and Design in Calgary. / À vos pinceaux ! Ashleigh Bartlett est professeure de peinture au Alberta College of Art and Design à Calgary.
WHEN I FIRST MOVED back to Calgary after completing my MFA in Guelph, Ontario, three years ago, I shared a studio with a costume maker who designed figure-skating and other really exaggerated costuming—stuff I’ve always been interested in, as I used to perform and figure skate when I was a teenager. So I collected her offcuts, started making still lifes and sculptures with the fabric, and then referenced those things in my paintings. On the one hand, pieces of fabric are abstract in themselves; but on the other hand, they have a multitude of references. I like that they came from garments. I also like that they’re malleable. My recent work explores anthropomorphism, disguise and theatricality. With painting in particular, there is a loaded question I am interested in. I feel there is space to investigate what it means to make an abstract painting now given the history of abstraction. I like to read about other artists quite a bit. A lot of my research involves looking at the history of painting. Philip Guston is a really important artist for me to know about. He influenced a whole sphere of artists and a lot of female artists like Elizabeth Murray, Mary Heilmann and Amy Sillman. Then I saw Yayoi Kusama’s retrospective at the Whitney a couple of years ago and that work really stuck with me. It’s interesting how you can visit an exhibition and keep it with you for a very long time.
DE RETOUR À CALGARY, ma MFA [maîtrise en beaux-arts] en
poche, j’ai partagé un studio avec une costumière qui confectionnait notamment des tenues de patinage artistique – une chose qui m’intéressait, ayant fait de la compétition, adolescente. J’ai commencé à me servir de ses chutes de tissu pour faire des natures mortes et des sculptures, et j’ai mentionné ces réalisations parmi mes peintures. D’un côté, un morceau de tissu est quelque chose de très abstrait en soi; mais de l’autre, il est porteur d’une multitude de références. J’aime le fait qu’il provienne d’un vêtement. J’aime aussi sa malléabilité. Mon dernier travail est une exploration de l’anthropomorphisme, du déguisement et de la théâtralité. En peinture particulièrement, il est une question tendancieuse qui m’interpelle : que signifie peindre une œuvre abstraite de nos jours, au vu de l’histoire de l’abstraction ? Je lis beaucoup sur les autres artistes, mes recherches impliquant des connaissances historiques sur la peinture. Philip Guston, par exemple, est un peintre important à mes yeux. Il a influencé de nombreux artistes, dont des femmes telles Elizabeth Murray, Mary Heilmann et Amy Sillman. J’ai vu également la rétrospective de Yayoi Kusama au musée Whitney il y a deux ans, et ses œuvres m’ont collé à la peau. C’est intéressant de voir comment une exposition peut vous accompagner pendant très longtemps. BLOCK / 19
Let Art Transform Your Space Rent it. Buy it. Make a difference. Choose from a curated selection of artwork from Toronto’s top galleries and independent artists. All profits help maintain the Gallery’s position as a leader in the art world and support local talent. art_rental@ago.net | ago.net/artrental 416 979 6660 x346 Art Gallery of Ontario 317 Dundas Street West, Toronto–Concourse Level Jeannie Thib, Spill, 2002, Landscaping cloth, site work at De Overslag, Eindhoven, The Netherlands 3.6m (12’) x 17m (60’) x 6m (20’). Photo credit: De Overslag Courtesy of Katzman Contemporary © 2014 Jeannie Thib
ARTIST’S BLOCK CIARA PHELAN
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The Interior / L’intérieur
IDEA FACTORY At Wattpad’s Toronto headquarters, a sense of freedom and possibility is palpable. / Au siège torontois de Wattpad, la plateforme d’autoédition, liberté et potentialité sont deux sentiments palpables.
BY / PAR ERIC VEILLETTE PHOTO / PHOTO SIAN RICHARDS
THE KITCHEN ON THE SECOND FLOOR of Wattpad’s new office offers more than just snacks for employees. Spanning the entire length of the sun-filled, Wellington Street building in downtown Toronto, the room, with its exposed brick and ceiling beams, is an incubator of ideas, where new projects come to life. The centrepiece, an imposing wooden table created from beams salvaged from the renovation, is where employees gather. Who needs a stuffy meeting room? Founded seven years ago, Wattpad is a website and an app for smartphones and tablets—a platform where established or aspiring writers can upload their work, create cover art and share it with Wattpad’s 25 million-odd members. / ON NE TROUVE PAS
que de quoi grignoter dans la cuisine située au second étage des nouveaux bureaux de Wattpad. S’étirant sur toute la longueur d’un immeuble de la rue Wellington, en plein cœur de Toronto, cette pièce lumineuse aux murs de briques et aux poutres apparentes est un incubateur à idées. Mille et un projets éclosent autour de l’imposante table centrale, fabriquée à partir de bois récupéré lors des rénovations. Une salle de réunion ? Pas besoin. Du haut de ses sept ans, Wattpad – un site web doublé d’une appli pour téléphones et tablettes –, permet à des écrivains en herbe ou de renom de télécharger leurs textes et de les partager avec les 25 millions de membres que compte la communauté.
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In addition to countless aspiring authors, Wattpad has attracted the likes of Margaret Atwood and Naomi Alderman, who collaborated on a serialized zombie story, The Happy Zombie Sunrise Home. The platform features 40 million stories, from mysteries to celebrity fan-fiction. Call it YouTube for the written word. The site’s membership has grown steadily, so recently Wattpad’s team decided it was time to find new digs. They were seeking not only a larger space to accommodate their expanding staff—approaching 100 by year’s end—but a place to call home. The company’s previous uptown location, at Yonge and Sheppard, had always been temporary. The impetus for the move was to attract talent, says operations manager Marc Shewchun. “The people we want to hire are young, smart people who live downtown and get here easier.” In the previous single-floor space, says Shewchun, “You could see everyone.” He worried that the new two-floor location would feel isolating. But collaborating with architect Mette Johansen, who had designed their previous location and understood Wattpad’s collaborative culture, eased Shewchun’s concerns. “A move can sometimes be traumatic for a company, and it was important that we integrate the two floors,” says Johansen. To that end, she transformed the connecting staircase into a genuine destination, complete with silver window frames and ample natural light.
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La plateforme d’écriture sociale attire non seulement des rédacteurs amateurs, mais aussi des plumes, comme Margaret Atwood et Naomi Alderman, qui y ont coécrit un récit de zombies en série, intitulée The Happy Zombie Sunrise Home. Avec ses 40 millions d’histoires en circulation, Wattpad est devenue le YouTube du monde de l’édition. Au vu d’un nombre d’utilisateurs en progression constante et d’un personnel ne cessant d’augmenter – presque 100 employés en fin d’année – l’entreprise s’est mise en quête d’un local plus grand que celui occupé aux coins des rues Yonge et Sheppard. Déménager était aussi l’occasion d’attirer de nouveaux talents, note Marc Shewchun, gestionnaire des opérations : « Les personnes que nous souhaitons engager sont de jeunes gens vivant au centre ville, qui auront plus de facilité à venir ici. » Au départ, il s’inquiétait du sentiment d’isolement que lui donnait la nouvelle répartition des bureaux, passant d’un à deux étages. Avant, « tout le monde se voyait » explique-t-il. Mais le fait de collaborer avec Mette Johansen, l’architecte qui avait conçu leur premier espace de travail et compris la culture d’entreprise collaborative de Wattpad, le rassura. « Un déménagement peut parfois être traumatisant, précise Mette Johansen. Il était important qu’il y ait une continuité entre les deux étages. » À cette fin, elle fit de l’escalier baigné de lumière une véritable destination.
The Interior / L’intérieur
Open and airy, Wattpad’s new office allows staff to congregate and brainstorm— or to carve out a space for productive alone time. / Séance créative de remueméninges ou concentration en solitaire ? L’agencement des bureaux de Wattpad, clairs et spacieux, permet les deux. BLOCK / 25
EVERY SPACE IS USABLE. NOBODY IS TIED TO A DESK. EMPLOYEES CAN WORK WHEREVER THEY FEEL MOST COMFORTABLE. / L’ARCHITECTE A SU TIRER PROFIT DE CHAQUE RECOIN. PERSONNE N’EST ENCHAÎNÉ À SON BUREAU, CHACUN TRAVAILLE OÙ BON LUI SEMBLE.
Built in 1855 and acquired by Allied Properties REIT in 2007, Wattpad’s new home encompasses 15,000 square feet of a lateperiod Greek Revival structure in what was then Toronto’s financial district. The upper floor was damaged by fire in the early 20th century; some burn marks are still visible. Johansen paid homage to the building’s strength by designing a mezzanine with iron bars and reclaimed lumber—a space where staff can discuss projects or enjoy quiet time. Herein lies the beauty and simplicity of Johansen’s design: Every space is usable. Nobody is tied to a desk. Employees can work wherever they feel most comfortable: a couch in the assembly room on the second floor, the hammock near the kitchen or on the wi-fi enabled roof deck, which overlooks other heritage buildings in the neighbourhood. If the product team is discussing a project in the hallway, ideas are jotted down on the wall, thanks to the use of IdeaPaint, a dry-erase technology that adorns many of the office walls (at least those that aren’t covered by quotations from Wattpad stories). For Caitlin O’Hanlon, the publishing and marketing manager, the space is imbued with a sense of excitement. “It feels like a new adventure, like the early days of a start-up,” she says. “It feels like home.” / Construit en 1855 et acheté par Allied Properties REIT en 2007, le nouveau QG de Wattpad s’étend sur 1400 m2 dans un bâtiment de style néo-grec, typique des premiers édifices du quartier des affaires de Toronto. Des traces de l’incendie qui l’endommagea au début du 20e siècle sont encore visibles aujourd’hui. Mette Johansen a tenu à rendre hommage au courage de la bâtisse en imaginant une mezzanine faite de barres de fer et de bois d’œuvre récupéré – un lieu d’échanges et de repos pour les employés. Un tel aménagement caractérise l’élégante simplicité du design de l’architecte, qui a su tirer profit de chaque recoin. Personne n’est enchaîné à son bureau, chacun travaille où bon lui semble, confortablement installé dans le canapé de la salle de conférence, dans le hamac près de de la cuisine ou sur le toit-terrasse avec accès wi-fi. Si les chefs de produit discutent dans le couloir, ils peuvent noter directement leurs idées sur le mur grâce à Idea Paint, une peinture qui transforme les surfaces en tableau blanc effaçable à sec et utilisée dans presque tous les bureaux de Wattpad. Pour Caitlin O’Hanlon, directrice de la publication et du marketing, la nouvelle atmosphère est stimulante : « J’ai l’impression de commencer une nouvelle aventure, comme au démarrage d’une start-up. Je me sens chez moi. » 26
The Interior / L’intérieur
A sunny, breezy rooftop deck offers employees breathing room—and a terrific place to find al fresco inspiration. / Besoin d’aller prendre l’air ? Le toit-terrasse ensoleillé est aussi un endroit fabuleux en cas de panne d’inspiration. BLOCK / 27
Faisal Moola leads a team of 10 as director general of the David Suzuki Foundation’s Ontario and Northern Canada operations. / L’équipe de Faisal Moola, directeur des sciences de la fondation David Suzuki pour l’Ontario et le Nord du Canada, compte 10 personnes.
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The Business / L’entreprise
GREEN GIANTS The David Suzuki Foundation helps Canadian urbanites realize that the great outdoors is never far from home. / La Fondation David Suzuki aide les citadins canadiens à se rendre compte que les grands espaces commencent au pas de leur porte.
BY / PAR IVOR TOSSELL PHOTO / PHOTO LORNE BRIDGMAN
THE GLOBAL FINANCIAL meltdown couldn’t stop Faisal Moola. As markets imploded in the late 2000s, Moola was working in Vancouver at the David Suzuki Foundation, an organization that Suzuki founded in 1990 to promote the connection between people and the environment. The crisis wreaked havoc on charities and the Foundation was forced to close its Toronto office. Moola, a scientist, wouldn’t have it. In 2009, he packed his bags for Toronto and set up a one-man shop in a shared workspace. Within four years, Moola’s operation expanded, and in 2013, it moved into an airy, brick-and-beam office space at 179 John Street, a building owned by Allied Properties REIT. Soon, the team—now 10-strong—transformed the ground-floor space into a welcoming, eco-friendly office. The move came in the nick of time. “We were on top of each other in our old space,” says Amy Hu, the office’s operations manager. Hu oversaw the design of the new office, working to stretch donors’ dollars as far as possible, while staying true to the organization’s core values. The office is distinguished by its use of recycled and donated materials, such as the weathered wood, salvaged from Ontario barns, that adorns the sun-soaked walls. Moola’s own office is dominated by a remarkably accurate portrait of David Suzuki, made entirely of recycled plastic bags by artist Sheri Savage. (Suzuki himself stepped down from the foundation’s board in 2012.) In the middle of the office, there’s a ring of brightly coloured Adirondack chairs made of recycled plastic. “We wanted to showcase Ontario and we wanted a meeting space that was circular,” says Hu. And in the back, a storage room leads to a well-appointed shower and change room; all but one of the Foundation’s employees cycles to work. Elsewhere, walls are covered in donated Rona Eco paint, which is recycled paint that would otherwise have been discarded. Interface Carpet’s modular carpet tiles, which are laid down like soft floor tiles, ensure that if any part of the flooring is damaged, only one square needs to be replaced. Toshiba donated a full suite of workstations, arranged into pods, and Cisco offered up a telepresence suite that doubles as a broadcast studio.
L’EFFONDREMENT DU SYSTÈME FINANCIER international n’a pas arrêté Faisal Moola. Lors de l’implosion des marchés à la fin des années 2000, il travaillait à Vancouver pour la Fondation David Suzuki, un organisme créé en 1990 dans le but de rétablir la connexion entre citoyens et environnement. La crise, qui fit des ravages parmi les associations caritatives, obligea la fondation à fermer ses bureaux torontois. Le scientifique ne voulut rien savoir. En 2009, il fit ses valises direction Toronto et s’installa en indépendant dans un espace de travail partagé. Ses affaires prospérant, il emménagea quatre ans plus tard dans de spacieux bureaux de briques et poutres apparentes au 179, rue John, un immeuble d’Allied Properties REIT. Très vite, son équipe transforma ce rez-de-chaussée en un lieu chaleureux et écologique. Le déménagement arriva à point nommé. « Nous étions littéralement les uns sur les autres » explique Amy Hu, coordonnatrice de programmes, qui supervisa l’aménagement des nouveaux bureaux, tirant le maximum de chaque dollar reçu tout en restant fidèle aux valeurs de l’organisme. Matériaux recyclés et récupérés sont partout, comme le bois usagé, provenant de granges ontariennes, qui pare les murs baignés de lumière. Ou le portrait de David Suzuki, signé Sheri Savage et entièrement réalisé à partir de sacs de plastique recyclés, qui trône dans le bureau de Faisal Moola. (David Suzuki s’est volontairement retiré du conseil d’administration en 2012.) Dans l’espace central, des fauteuils Adirondack colorés, également en plastique recyclé, sont disposés en cercle. « Nous voulions mettre l’Ontario à l’honneur et avoir un espace de réunion circulaire » commente Amy Hu. Dans le fond, une réserve conduit à un vestiaire et à une douche – tous les employés de la fondation, à l’exception d’un, circulant à vélo. Ailleurs, les murs sont recouverts de peinture Rona Eco, offerte et recyclée, bien entendu, sinon elle aurait été écartée. Au sol, le choix du tapis modulaire d’Interface Carpet garantit de n’avoir à changer que les dalles usées ou tachées. Toshiba a fait don d’une série d’ordinateurs de bureau tandis que la salle de téléprésence, qui fait aussi office de studio d’enregistrement, est un cadeau de Cisco.
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The Business / L’entreprise
Connecting people to nature is a key component of the Suzuki Foundation’s vision—whether saving a rainforest or a park down the street. / Reconnecter les citoyens à la nature est une mission phare de la Fondation Suzuki – qu’il s’agisse d’une forêt pluviale ou d’un parc de quartier.
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All these individual gestures speak to an idea that drives Moola, now the director general of the foundation’s Ontario and Northern Canada operations: Instead of sweeping master plans, environmentalism often happens as a series of small interventions in the city around us—even in people’s own homes. “I’m happiest when I hear stories of new Canadian immigrants coming to the country who are planting milkweed in their front yard to create a habitat for butterflies,” he says. A key part of the organization’s mandate, Moola notes, is focused on connecting city dwellers to the nature that surrounds them. “It’s not just about protecting nature out there in those really iconic places like the Arctic or the Great Bear Rainforest,” he says. “It means we have to connect Canadians with the nature in their neighbourhoods.” In addition to working with indigenous communities in Northwestern Ontario, where ecological challenges can be immense, the organization is focused on creating a “homegrown national park” in Toronto—a citizen-built green corridor along the path of the long-buried Garrison Creek. The corridor winds its way through the heart of the city’s booming west end, near shiny condos and buzzing restaurants, offering a powerful reminder that nature—in Toronto and beyond—is never far from home.
Tous ces gestes individuels parlent en faveur d’une idée chère à Faisal Moola, aujourd’hui directeur des sciences pour l’Ontario et le Nord du Canada : plutôt que de plans de grande envergure, l’environnementalisme est principalement fait d’une série de petites interventions dans la ville où on habite, et même dans sa propre maison. « Je suis le plus heureux des hommes quand j’apprends que de nouveaux arrivants plantent de l’asclépiade dans leur cour pour le bien de nos papillons » affirme-t-il. Un de nos principaux mandats, note Faisal Moola, est de permettre aux habitants des villes de renouer avec la nature environnante : « La question n’est pas seulement de protéger les grands espaces emblématiques comme l’Arctique ou la forêt pluviale Great Bear, mais de rétablir la connexion entre les Canadiens et la nature qui se trouve dans leur quartier. » En plus de travailler avec les communautés indigènes du nordouest de l’Ontario, où le défi écologique est immense, la fondation met son énergie au service d’un « parc national cultivé localement » – un couloir vert aménagé par les citoyens le long de l’ancien cours d’eau Garrison Creek. Son tracé traverse le quartier West End, ses condos flambant neufs et ses restaurants branchés, nous rappellant que la nature, au cœur de Toronto et d’autres villes, n’est jamais très loin.
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The Portfolio / Le portfolio
MIDDLE GROUND PHOTOS / PHOTOS BRYAN SCOTT
WITH HIS BLOG Winnipeg Love Hate, photographer Bryan Scott tackles
urban sprawl and neglected parking lots, as well as the prairie city’s rich architecture and unique vistas. In 2013, Scott teamed up with journalist Bartley Kives to produce the acclaimed book Stuck in the Middle: Dissenting Views of Winnipeg. Scott’s big dream is to see the things that have robbed the city of its spirit disappear. “The more new buildings that go up downtown, the more people there will be, the safer it will be—the more vibrant it will be.” / VIA SON BLOGUE Winnipeg Love Hate, le
photographe Bryan Scott s’attaque à l’étalement urbain et aux parcs de stationnement à l’abandon, tout en capturant la richesse architecturale et la beauté des paysages des Prairies. En 2013, il publie Stuck in the Middle: Dissenting Views of Winnipeg, un livre prisé, réalisé en duo avec le journaliste Bartley Kives. Son rêve ? Voir disparaître tout ce qui s’empare de l’esprit de la ville. «Plus on construira d’immeubles en centre ville, plus il y aura de gens, plus le sentiment de sécurité sera grand – plus ce sera vibrant.».
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The Portfolio / Le portfolio
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The Portfolio / Le portfolio
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The Portfolio / Le portfolio
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The Portfolio / Le portfolio
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About his blog, Scott writes: “It was born out of a passion for three things: photography, architecture, and most importantly, Winnipeg.” / Le blogue de Bryan Scott, écrit-il, « est né d’une triple passion : la photographie, l’architecture, et surtout, Winnipeg. » BLOCK / 37
The Portfolio / Le portfolio
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The Portfolio / Le portfolio
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The Conversation / La conversation
STEP CHANGE The breakneck speed of technological innovation means that business models aren’t merely being improved, they are being radically reinvented. / L’allure vertigineuse de l’innovation technologique ne nous pousse pas simplement à améliorer nos modèles d’affaires, mais à les réinventer au complet.
INTERVIEW BY / ENTREVUE PAR MARK SLUTSKY
ILLUSTRATION / ILLUSTRATION SAMUEL BREWSTER
CAITHRIN RINTOUL IS COFOUNDER OF
MATTHEW SLUTSKY IS THE PRESIDENT OF
MATT YOUNG IS THE FOUNDER AND CEO
PROVENDER, A START-UP THAT CONNECTS
BUZZBUZZHOME, A LISTING OF ALL THE NEW
OF ALFRED, INC., A PERSONALIZED BUTLER
CHEFS WITH FARMERS, ALLOWING THEM
RESIDENTIAL HOMES IN NORTH AMERICA. (HE IS
SERVICE THAT PROVIDES 24/7 DRY CLEANING
TO ORDER FRESH FOOD DIRECTLY. / EST
ALSO THE WRITER’S BROTHER.) / EST PRÉSIDENT
FOR URBANITES. / EST FONDATEUR ET PDG
COFONDATEUR DE PROVENDER, UNE PLATEFORME
DE BUZZBUZZHOME, QUI RECENSE TOUTES
D’ALFRED, UN CYBERMAJORDOME AU SERVICE
QUI PERMET AUX RESTAURATEURS DE
LES HABITATIONS NEUVES EN AMÉRIQUE DU
DES CITADINS 24/7 : NETTOYAGE À SEC ET
COMMANDER DIRECTEMENT LEURS PRODUITS
NORD. (IL EST AUSSI LE FRÈRE DE L’ÉCRIVAIN.)
CORDONNERIE.
FRAIS À LA FERME.
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The Conversation / La conversation
MS Before we came along,
the new-home purchasing experience was dismal. People were making decisions about what to do with the vast majority of their wealth without even being able to compare important information; you
could buy a condo not even knowing that in a few months there was going to be one launching right next door with better pricing. / Avant notre arrivée, l’achat d’une nouvelle maison était une expérience déplorable. Les gens engageaient
l’une des plus grosses dépenses de leur vie sans avoir la possibilité de comparer des informations importantes; on pouvait acheter un condo sans savoir que, quelques mois plus tard, il y en aurait d’autres au coin de la rue à un meilleur prix.
CR It’s a fundamental truth: Most of the commerce experiences we have in our lives are broken. I’m interested in the places where there’s friction that can be solved through the use of technology— and how we create viable
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The Conversation / La conversation
jobs within that economy for a generation of people. My favourite example of this kind of problem-solving is the Dollar Shave Club, which sells cheap razors online. The men’s shaving industry has been a giant marketing machine selling a really expensive product. With Dollar Shave Club, basically, a bunch of dudes in a warehouse, with a well-made video, totally revolutionized the industry. That’s going to happen to a lot of things. / Il est vrai que la plupart de nos pratiques commerciales habituelles ne fonctionnent plus. Ce qui m’intéresse, ce sont les points de friction qui peuvent être éliminés par la technologie, et comment on crée, dans un tel système économique, des emplois viables pour toute une génération.
MOST OF THE COMMERCE EXPERIENCES WE HAVE IN OUR LIVES ARE BROKEN. / LA PLUPART DE NOS PRATIQUES COMMERCIALES HABITUELLES NE FONCTIONNENT PLUS. 42
Le Dollar Shave Club, qui propose des rasoirs bon marché en ligne, en est un très bon exemple. Le marché du rasage pour homme est devenu un phénomène de marketing qui vend un produit cher. Le Dollar Shave Club, c’est simplement une gang de gars dans un entrepôt, avec une vidéo bien pensée, qui ont révolutionné cette industrie. Et ceci va se passer un peu partout.
The question with Alfred was: How can we make the experience of using a drycleaning service a little more interesting? If you can do that, you hope to get a lot of people wanting to use the service, because it becomes a little cool. That was the thing with the Dollar Shave Club— people watched that video and wanted to be a part of it. The brand was so clever. / Pour
MY
Alfred, on s’est posé la question suivante : comment rendre le nettoyage à sec un peu plus intéressant ? Si vous parvenez à offrir un service plus cool, vous espérez que plus de personnes voudront l’utiliser. C’est ce qui s’est produit avec le Dollar Shave Club – les gens ont regardé la vidéo et ont embarqué. L’image et le message véhiculés étaient judicieux. MS Branding is really important. We’ve tried to create a fun, playful brand, but it’s difficult in our sphere; we’re helping people make purchases that are anywhere from $100,000 to $30 million—likely
one of the largest investments they’re making in their lives. We knew it was a bit risky to couple that with a friendly brand, but it’s all part of our idea of making the homepurchasing experience more fun. / L’image de marque est importante. On a essayé de se donner une image chaleureuse, ludique, mais c’est difficile dans notre domaine; on aide les gens à acheter un produit qui coûte entre 100 000 $ et 30 millions, probablement l’un des plus gros investissements de leur vie. On savait que c’était risqué d’y associer une image qui se veut sympa, mais en même temps notre idée est de rendre ce type d’achat plus amusant. MY Similarly, we’re trying
to create a better customer experience in a business—dry cleaning—that never really strived to create any customer experience at all, and hasn’t really changed much over the past 30 years. There hasn’t been any innovation. / De la
mes clients ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu : “un cheval plus rapide !” » MS Right. We started from the ground up because there was no platform in the realestate sphere that was doing it really well. / Exact. On est
parti de zéro car, dans le secteur immobilier, il n’y avait aucune plateforme qui faisait ça très bien.
There’s that famous Henry Ford quote: “If I had asked people what they wanted, they would have said faster horses.” / C’est Henry Ford qui
MY There comes a time when certain things are ripe for disruption. For some of the less sexy businesses, that time is now. You’re seeing it all over the place—Uber is one of the biggest start-ups in the world. The cab business was never sexy, but they’ve figured out a way to make it interesting, and not only that, to make a really viable business model that works in any city, any country. / À un moment arrive
disait : « Si j’avais demandé à
toujours le point de rupture.
même façon, on essaie de créer une meilleure expérience client dans un domaine – le nettoyage à sec – qui n’a jamais vraiment fait d’efforts en ce sens, et a très peu changé depuis 30 ans; on ne peut pas dire qu’il y ait eu des innovations. CR
The Conversation / La conversation
Pour des secteurs moins sexy, ce moment, c’est maintenant. On voit ça partout – Uber est l’une des plus grandes startups au monde. On ne peut pas qualifier le transport par taxi de sexy, pourtant ils ont trouvé une façon de le rendre intéressant, sans compter qu’ils en ont fait un modèle d’affaires viable et qui marche, peu importe la ville ou le pays.
Software eats everything, and it’s coming for parts of the economy that aren’t sexy. We’re all trying to turn un-sexy businesses into sexy businesses. Uber, when you use it, is kind of baller! You press a button and a car rolls up, and then you just step out of it like it’s your drive. “Everyone’s private driver” is the thing they figured out that people want to hear. With Provender, it’s not like chefs particularly wanted to hear, “Hey, we’ll allow you to click buttons instead of call people when you order your food.” They want to hear: “We’re a distributed network of farmers that will help you connect with better, fresher, cheaper food.” With Alfred, people don’t necessarily want a drycleaning service that delivers to their house, but they do want a butler, a personal concierge. In this sense, the way these businesses are positioned as brands is just as important as the services they offer. / Les
CR
logiciels mangent à tous les râteliers, même les moins sexy. On essaie tous de faire du sexy
avec du pas sexy. Uber, c’est le pied ! Tu appuies sur un bouton, une voiture s’amène, tu montes et tu en redescends comme si c’était la tienne. Ils ont trouvé le truc que tout le monde voulait entendre : « votre chauffeur privé ». Avec Provender, ce n’est pas comme si les restaurateurs voulaient entendre : « Eh ! on vous propose de cliquer sur un bouton au lieu de passer un coup de fil pour vos commandes. » Ce qu’ils veulent, c’est : « On est un réseau de distribution fermier qui vous aide à obtenir directement des produits frais et moins chers. » Avec Alfred, les gens ne veulent pas nécessairement un nettoyeur qui livre à domicile. Par contre, ils veulent un majordome personnel. C’est ici que l’image de marque prend tout son sens : le positionnement de l’entreprise est aussi important que le service qu’elle offre.
Yeah—it’s tough to brand a dry cleaner and make it sexy, but you can brand a butler. With innovation, branding is critical in helping people understand a new idea. / Ouais – c’est
MY
dur de rendre un nettoyeur sexy, mais c’est possible avec un majordome. L’image de marque est cruciale pour faire comprendre une idée novatrice.
Sure, and you can rewire these things to be better, but it creates network effects that are hard to prepare for. Think of the birth of the Model T: Suddenly, a million people needed licences, insurance, tires, streets. It was a Cambrian
CR
explosion of red tape. It required a rewriting of our entire economy. This is typical of how cycles of innovation work; the hardest thing about a start-up is the fact that once you create a systemic change, you’re suddenly working with a whole new set of unknown variables. There are all kinds of places where, as the old paradigm collapses, it creates fundamental instability. And that is exciting but also challenging to deal with properly. / C’est sûr, et tu peux tout brancher ensemble pour le meilleur, mais ça crée un effet réseau auquel il est difficile de se préparer. Pense au lancement de la Ford T : d’un coup, des millions de gens ont eu besoin d’un permis, d’une assurance, de pneus, de rues. C’était l’explosion cambrienne de la paperasserie. Le système économique a dû être entièrement repensé. C’est typique des cycles d’innovation; dès qu’une start-up crée un changement systémique, elle doit subitement travailler avec toute une série de variables inconnues. Il existe plein d’endroits où, dès qu’un vieux paradigme s’effondre, l’instabilité s’installe. C’est certes grisant, mais le gérer correctement est un défi.
It’s an evolve-or-die thing. The residential development industry has been stuck in the Stone Age, not being transparent with information. But we’re living now in a day where people feel entitled to information. Builders who aren’t being transparent are MS
SOFTWARE IS COMING FOR PARTS OF THE ECONOMY THAT AREN’T SEXY. / LES LOGICIELS MANGENT À TOUS LES RÂTELIERS, MÊME LES MOINS SEXY.
losing out. / Évoluer ou mourir, il faut choisir. En n’étant pas transparent, le développement résidentiel est resté coincé à l’âge de pierre. Mais nous vivons à une époque où les gens exigent d’être informés. Les constructeurs qui ne sont pas transparents seront les perdants. CR We may all be underestimating these changes. We’re just coming into the gangly teenage years of the Internet. Adulthood is going to be ferocious and amazing. I couldn’t be more excited. / Il se pourrait
bien qu’on sous-estime ces changements. On est en pleine poussée de croissance de l’ado nommé Internet. L’âge adulte promet d’être redoutable et sensationnel. Je suis excité comme une puce.
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Made / Construit
NEW HEIGHTS Old meets new in the QRC West, a state-of-the-art office tower perched above a century-old factory. / QRC West ou quand une tour de bureaux dernier cri vient se jucher sur une usine centenaire.
BY / PAR IVOR TOSSELL PHOTO / PHOTO MICHAEL VAN LEUR
DERMOT SWEENY was faced with a challenge. The architect
needed to add an 11-storey office tower to two heritage buildings, separated by a courtyard, but he wanted to preserve as much of the red-brick buildings’ original forms as he could. So, in partnership with Stephenson Engineering, he took a bold step: His design for Allied Properties REIT’s new Queen Richmond Centre West, now in the final stages of construction, floats a stateof-the-art office tower above a century-old former bread factory. Atop the factory is a bright atrium that connects the two buildings. “What’s absolutely inherent to the project is that it embraces the future, it embraces the past, and it’s a celebration of the two coming together in a unique and interesting way,” Sweeny says. The next challenge was logistical: The loads of a tower require enormous structural support. The original design called for columns that would rise up through the atrium. But Sweeny and Stephenson proposed a superior solution, creating an unobstructed atrium—and one of the most original, distinctive designs underway in Toronto. Instead of columns, the engineers devised a system of X-shaped “mega-delta frames”—supports that look like giant toy jacks, which in fact are the frames of two pyramids meeting tipto-tip, concentrating the loads on a massive connecting node in the middle. “The structural engineers were brilliant,” says Michael Emory, Allied president and CEO. “They worked with an incredibly complex set of figures, which enabled them to certify that the delta frames would support the weight of the structure.” The steel frame was built by Walters Inc., a company that’s been behind some of the most challenging steelwork projects in the country, including the steel lattice that holds up the Royal Ontario Museum’s Crystal, and the stilts that support Will Alsop’s addition to the Ontario College of Art and Design University. But for all the innovation, Sweeny’s philosophy is to keep his buildings rooted in form and purpose, rather than abstract. “The thing that’s always at the back of your mind,” he says, “is to make a striking, unique form that is not so over-the-top as to turn its back on the past.”
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L’ARCHITECTE DERMOT SWEENY se trouvait face à un défi : ajouter
une tour de 11 étages à deux bâtiments patrimoniaux de briques rouges séparés par une cour, tout en conservant autant que faire se peut leur allure première. Il eut alors l’audace des grands et proposa, en partenariat avec Stephenson Engineering, une tour au design ultramoderne venant coiffer l’ancienne boulangerie industrielle, accompagnée d’un atrium, en verre et en hauteur, reliant les deux édifices. Le Queen Richmond Center West d’Allied Properties REIT, aujourd’hui pratiquement terminé, était né. « Ce qui est entièrement inhérent à ce projet est qu’il englobe le futur, il englobe le passé et il célèbre leur union de façon originale et intéressante » explique Dermot Sweeny. Son second défi était d’ordre structurel – le poids de la tour exigeant un solide support. Des colonnes traversant l’atrium furent d’abord envisagées. Mais concepteur et ingénieurs échafaudèrent une autre solution, permettant de ne pas obstruer la verrière et offrant prochainement à Toronto l’une de ses plus belles curiosités architecturales. Les colonnes se virent remplacer par un système « d’armatures méga-delta » : des sortes de X géants, composés de piliers formant deux pyramides symétriques et concentrant les charges en leur noyau central. « Les ingénieurs en structure ont été brillants, constate Michael Emory, PDG d’Allied. Ils ont dû faire des calculs extrêmement complexes pour être sûrs et certains que les armatures delta soutiendraient le poids de la structure. » Ces supports d’acier ont été réalisés par l’entreprise Walter Inc., qui a participé aux plus grands projets canadiens comprenant des charpentes métalliques, comme le treillis qui soutient le Cristal du Musée royal de l’Ontario, et les pilotis de l’extension signée Will Alsop de l’École universitaire d’art et de design de l’Ontario. Même si Dermot Sweeny innove, il a pour principe de préserver les racines des édifices, qu’elles soient architecturales ou fonctionnelles. Pas question pour lui de les abstraire : « Je garde toujours à l’esprit que l’architecture d’un bâtiment doit être unique et saisissante mais sans exagération, de façon à ce qu’elle ne tourne pas le dos à son passé. »
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VISION OF CHANGE
eyewear sourced from west africa
www.bohten.com
Now & Then / D’hier à aujourd’hui
MOVIN’ ON UP A beautiful warehouse embodies 112 years of Yaletown history. / Yaletown : 112 ans d’histoire résumés en un splendide entrepôt.
BY / PAR GORDON BOWNESS
PHOTOS, LEFT / À GAUCHE : STUART THOMSON/CITY OF VANCOUVER ARCHIVES RIGHT / À DROITE : HARRY CHOI
1912
MOVEMENT—of people, of goods and of ideas—has always been
central to the identity of Vancouver’s Yaletown neighbourhood. Embodying that notion is the restored brick-and-Douglas-firtimbered warehouse at 840 Cambie Street. Built in 1912 near the CPR rail yards, the building was first occupied by wholesalers that imported groceries from around the world for distribution throughout Western Canada. The longest-standing tenant among those importers began as A. Macdonald and Company, owned by Alexander Macdonald, who also co-founded the Manitoba Free Press and served as mayor of Winnipeg. Soon after Macdonald’s death in 1928, Canada Safeway bought the company, maintaining a presence at 840 Cambie for more than 70 years. In 2010, Allied Properties REIT acquired the building. Once neglected, Yaletown is now one of Vancouver’s most vibrant neighbourhoods, with its mix of tech-savvy businesses and hip homebuyers. Today, the importers are long gone, and tenants like Microsoft and a university campus focused on business, IT and online learning, are stocking the building with ideas, not goods. Still, 840 Cambie is defined by a sense of movement—a building connected to its past and focused on the future.
2014
LE MOUVEMENT – de foule, de biens, d’idées – a toujours été au
cœur de l’identité du quartier de Yaletown à Vancouver. Une notion concrétisée par l’entrepôt de briques et de pin d’Oregon, situé au 840, rue Cambie. Construit en 1912, près des chantiers du Canadien Pacifique, il fut d’abord occupé par des vendeurs en gros, qui importaient des produits d’épicerie du monde entier pour les distribuer dans l’Ouest canadien. Le plus ancien locataire démarra sous le nom de A. Macdonald and Company, une entreprise appartenant à Alexander Macdonald, également cofondateur du journal Manitoba Free Press et maire de Winnipeg. Peu de temps après la mort de A. Macdonald en 1928, la compagnie fut acquise par Canada Safeway, qui honora le bâtiment de sa présence pendant plus de 70 ans. Allied Properties REIT le racheta en 2010. Autrefois négligé, Yaletown est aujourd’hui un quartier vibrant. Les importateurs, eux, ont laissés leur place à de nouveaux locataires qui remplissent l’entrepôt d’idées et non de biens, comme Microsoft et une université axée sur les TI et la formation en ligne. Le 840 de la rue Cambie continue de symboliser le mouvement – un édifice connecté à son passé et branché sur l’avenir. BLOCK / 47
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Rethink / Repensé
HIPSTER HEROES BY / PAR MATTHEW CHURCH ILLUSTRATION / ILLUSTRATION JASON LOGAN
theirs to consume, but also theirs to nourish. This shift, potentially huge, is simply a matter of communication and engagement. Luckily, conversation starts easily in the park. / LE PARC est
THE PARK is so packed that
you can imagine a neon “No Vacancy” sign flickering at the entrance gates. Groups of hipsters, sunbathers, young parents, and dogs and their owners occupy a maze of picnic blankets and beach towels. Slacklines, Frisbees and fixies are everywhere, as well as guitars, ukuleles and banjos, and the occasional whiff of weed. It feels a lot like a crowded music festival. It is not. It is a typical sunny weekend in Trinity Bellwoods Park, a 37acre green space that interrupts countless blocks of fashion retail and trendy restaurants in Toronto’s Queen Street West neighbourhood. The park is often a busy place, with a big recreation centre, an offleash dog bowl, an ice rink, three baseball diamonds and a cluster of popular tennis courts. On warm weekends, though, inundated by yardless residents of innumerable condos that have proliferated in the area, and augmented by wannabe downtowners driving in for the day, the park is overflowing. And it is suffering: Great brown patches spread over the fields, shady spots and paths are compacted mud, the garbage cans regularly morph into mini dumps. The park is in crisis, is the refrain. It is being overwhelmed by crowds. Paradoxically, this crowd represents the park’s best hope. The very thing that is putting the park at risk—its popularity— might be its salvation. Who better to steward the park than
the young, energetic, urban naturalists who love using it? “In the problem lies the solution.” Articulated by many, from Socrates to C.G. Jung, this deceptively simple construct lies at the heart of Permaculture, a preservation philosophy developed by Australian ecologist Bill Mollison, among others, and is deeply resonant now. It posits a kind of heuristic jiu-jitsu in which the nature of a problem is the basis of its solution. In this view, too many cars on the road becomes an opportunity to create tolls that generate revenue for car alternatives like bike lanes and public transportation. A manicured yard under attack by stubborn weeds becomes a wild but beautiful—and sustainable— garden. A crowded, overused park becomes a lively, actively maintained community hub. It is an elegant, ecologically sound response to what Trinity Bellwoods Park needs—and what our cities need: A shift in perspective among the condo dwellers, office workers and park people—the recognition that the city is not merely
tellement bondé qu’on peut imaginer un panneau «complet», clignotant à l’entrée. Hipsters, promeneurs avec ou sans chien et familles déambulent dans le dédale des couvertures à pique-nique. Slacklines, frisbees et fixies pullulent aux côtés des guitares, ukulélés et banjos, et de l’occasionnelle bouffée d’herbe. Un festival de musique ? Non, seulement un dimanche ensoleillé normal dans le parc Trinity-Bellwoods à Toronto, un espace vert de 15 ha, interrompant le défilé des boutiques de mode et des restaurants branchés de la rue Queen Ouest. Avec son centre récréatif, son aire d’exercice canin, ses terrains de baseball, de de tennis et sa patinoire, le parc est souvent achalandé. Pourtant, par grand beau temps, submergé par les résidents des innombrables condos avoisinants, auxquels viennent s’ajouter les conducteursmagasineurs d’un jour, il déborde. Et il en souffre : de grandes taches brunes apparaissent au milieu du gazon, les endroits ombragés et les sentiers ne sont plus que boue compactée, les poubelles se transforment vite en minidépotoir. Le parc est en crise. Il est englouti par la foule. Paradoxalement, sa popularité est aussi son meilleur
espoir de guérison. Qui de mieux pour remettre le parc à flot que les nombreux citadins, jeunes, dynamiques et épris de nature, qui le fréquentent ? « Le problème est la solution. » Une phrase simple à l’apparence trompeuse, utilisée par beaucoup, de Socrate à Jung, et qui se trouve être au cœur de la permaculture – une philosophie de préservation du territoire, developpée entre autres par l’écologiste australien Bill Mollison. Le postulat ? Une sorte de ju-jitsu heuristique dans lequel la nature d’un problème est le point de départ de sa solution. Si l’on suit ce principe, un trop-plein d’autos sur les routes devient une occasion de placer des péages, dont les recettes sont réinvesties dans le transport public ou les pistes cyclables. Une cour sous emprise de fumeurs de pot entêtés devient un splendide jardin sauvage. Un parc pris d’assaut par ses promeneurs devient un terrain d’échanges communautaires, vivant et bien entretenu. C’est une réponse élégante, écologique et sensée aux besoins du parc TrintyBellwoods, et à ceux de nos cités urbaines. Propriétaires de condo, travailleurs de bureau et peupleurs d’espaces verts doivent changer d’optique : la ville est certes là pour être consommée, à condition de la nourrir en retour. Ce changement de cap dans les mentalités est une simple affaire de communication et d’engagement. Une chance que le parc facilite les conversations. BLOCK / 49
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THE CHALLENGE Every issue we ask a different artist: What would you do with your very own urban infill? / LE DÉFI Dans chaque numéro, nous demandons à un artiste ce qu’il ferait de sa propre dent creuse. ILLUSTRATION / ILLUSTRATION NIK NEVES
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