BLOCK Magazine - Winter 2016

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Creativity has its place Winter 2016 Issue 11 / La créativité a sa place Hiver 2016 Numéro 11

THE POLYMATH Dorian Fitzgerald / Binational Branding / Art vs. Commerce Dorian Fitzgerald / Marques sans frontières / Une affaire d’art




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CONTENTS The Starting Block . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Block de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Contributors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Nos collaborateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

As Dragonette readies a new album, frontwoman Martina Sorbara indulges her other artistic pursuits . . . . . . . . . . 11

THE MOMENT

Perfect harmony: the desk of National Music Centre event coordinator Adam Kamis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

La préparation d’un album de Dragonette n’arrête pas la quête artistique de Martina Sorbara . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

LE MOMENT

Harmonieux, le bureau d’Adam Kamis, coordinateur des évènements au Centre national de musique . . . . . . . . . . . . . . 15

MY SPACE

MON ESPACE

THE CREATORS With their twin publishing ventures, partners Jp King and Kirsten McCrea celebrate the pleasure of paper . . . . . 16

LES CRÉATEURS Deux amoureux du papier, Kirsten McCrea et Jp King, unissent leurs talents d’éditeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

ARTIST’S BLOCK

Dorian Fitzgerald’s curious cube . . . . . . . . . . . . . . 19

THE INTERIOR In Toronto, Asterisk Media shares its unique space— and ideas—with two other start-ups . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

ART EN BLOCK

Le curieux cube de Dorian Fitzgerald . . . . . . . . . . . . . 19

À Toronto, Asterisk Media partage son espace de travail, et ses idées, avec deux autres jeunes entreprises . . . . . . . . 20

L’INTÉRIEUR

THE BUSINESS Trilingual and binational, Montreal’s Ideograma Identité creates branding that transcends language . . . . . . . . . . . 26

L’ENTREPRISE Trilingue et binationale l’agence montréalaise Ideograma Identité crée des marques qui transcende le langage . . . 26

For a new museum at the University of Toronto, Roula Partheniou turns everyday objects into uncanny art . . . . . . 30

LE CHANTIER Roula Partheniou transforme méthodiquement les objets du quotidien en art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

WORK-IN-PROGRESS

Art and money have been entwined forever, but what happens when an artist becomes an entrepreneur? . . . . . 38

THE CONVERSATION

MADE

The Firn snow shovel is an instant Canadian design icon . . . . 42

Up all night for Nuit Blanche at QRC West; Calgary before and after work; a lesson in thinking differently . . . . . . . . . . 45

NOTEBOOK

NOW & THEN RETHINK

An enduring emblem of Ottawa’s heritage . . . . . . . . . . 48

A paean to the purposeless hobby . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

FILL IN THE BLANK

Artist Tavis Coburn’s urban infill . . . . . . . . . . . . . 50

ON THE COVER / EN PAGE COUVERTURE PHOTO: CHRISTOPHER WAHL

Art et argent sont liés à jamais, mais qu’arrive-t-il quand un artiste devient entrepreneur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

LA CONVERSATION

FABRIQUÉ

Firn, la pelle à neige canadienne ultradesign . . . . . . . . . . 42

Nuit blanche au QRC West à Toronto; Calgary avant et après le boulot; penser autrement en une leçon . . . . . . . . . . . . . 45 NOTEBOOK

D’HIER À AUJOURD’HUI REPENSÉ

The Chambers à Ottawa . . . . . . . . . . . . . . . . 48

Ou l’éloge du passe-temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

VEUILLEZ COMBLER L’ESPACE

Tavis Coburn revitalise sa dent creuse . . . 50



THE STARTING BLOCK

PHOTOS BY / PAR AARON WYNIA

Is art still art if it fulfills the patron’s agenda? / L’art est-il encore de l’art quand il satisfait aux intentions de son mécène ?

In the first line of the Odes, the poet Horace thanks his patron, Gaius Maecenas, calling him “my protector, and my sweet glory.” Without Maecenas, the Odes—perhaps history’s most important Latin lyric poems—would never have existed. Two millennia later, artists continue to embrace (or resist) their patrons’ influence. At the same time, patrons have largely evolved into clients—brands or agencies seeking to leverage artists to influence consumers. It raises a complicated question: Is art still art if it fulfills the patron’s agenda? It’s a question that feels pertinent to many Block stories, which celebrate creativity in a broad sense. Many of our subjects embody dual commercial and artistic impulses. Take Martina Sorbara (Cover, page 11), a sometimes pop star who indulges her “overwhelming urge to create” by sketching on torn-out atlas pages. Our Creators (page 16), Jp King and Kirsten McCrea, who spent their first date “wheat-pasting posters of four ampersands,” run an art subscription service. Artist Fumi Mini Nakamura (The Conversation, page 38) describes the downside to patronage: It can make an artist “an accessory to the company’s vision.” The artist/patron relationship is as old as art itself. In a sense, Block reflects this kind of partnership between Whitman Emorson and Allied Properties REIT—the latter so supportive of creativity that its CEO, Michael Emory, was named DesignThinker of the Year by the Association of Registered Graphic Designers and the Rotman School of Management this fall. To our Maecenas, we say “Congratulations.”

Dans les Odes, le poète Horace commence par remercier son bienfaiteur, Maecenas ou Mécène, l’appelant « mon protecteur, ma douce gloire ». Sans ce dernier, les Odes n’existeraient pas. Deux mille ans plus tard, les artistes continuent de profiter de l’influence de leur mécène, ou tentent de s’y soustraire. Un mécène qui, souvent, est devenu un client : une marque ou une agence à la recherche de l’artiste capable d’influencer le consommateur. Une question se pose alors : l’art est-il encore de l’art quand il satisfait aux intentions de son mécène? Une question appropriée aux articles de Block, qui mettent à l’honneur la créativité au sens large, qui expriment cette double impulsion, artistique et commerciale. Comme Martina Sorbara (en couverture et p. 11), chanteuse à ses heures, qui cède à son « envie subite de dessiner » en arrachant quelques pages à un atlas. Comme nos créateurs (p. 16), Kirsten McCrea et Jp King, à la tête d’une revue d’art pour le moins singulière. Ou encore Fumi Mini Nakamura, qui, dans La conversation (p. 38), décrit les inconvénients du mécénat : parfois « on a l’impression de n’être qu’un outil au service de la vision de l’entreprise ». La relation entre artiste et mécène existe depuis que l’art est art. En un sens, Block représente ce type de partenariat entre Whitman Emorson et Allied Properties REIT – une entreprise qui soutient la créativité au point que son PDG, Michael Emory, a été récompensé d’un prix DesignThinkers 2015 par la RGD (association des graphistes agréés de l’Ontario) et l’école de gestion Rotman. À tous nos Mécènes, nous disons donc, félicitations!

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CONTRIBUTORS EDITOR-IN-CHIEF / RÉDACTEUR EN CHEF

Benjamin Leszcz

CREATIVE DIRECTORS / DIRECTRICES ARTISTIQUES

Whitney Geller, Yasemin Emory

EDITOR / RÉDACTION

Jason McBride

ASSISTANT EDITOR / ASSISTANTE DE RÉDACTION

Hannah Siklos

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PHOTO & ILLUSTRATION EDITOR / ICONOGRAPHE

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Catherine Dean

ASSISTANT DESIGNERS / ADJOINTES À LA DIRECTRICE ARTISTIQUE

Lisa Davison, Rachelle Lajoie 04

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1.  Gabrielle Sykes lives and works in Montreal as an advertising

photographer. Her clients include Sid Lee, Ford and Les Producteurs de lait du Québec, as well as enRoute, Caribou and Châtelaine. Her photographs of Ideograma Identité appear in this issue on page 26. /

Gabrielle Sykes, photographe publicitaire, vit à Montréal. Parmi ses clients, on trouve Sid Lee, Ford et les Producteurs de lait du Québec. Elle collabore avec enRoute, Caribou et Châtelaine. Dans ce numéro, elle signe les photos de L’entreprise, Ideograma Identité, en p. 26.

PHOTOS BY / PAR 1. RONIT NOVAK 2. JASON FRANSON 3. MARCOS CHIN 4. DEB HAINE

2.  Tavis Coburn is a Toronto-based illustrator whose clients include

Arsenal Football Club, Nike, GQ and Popular Mechanics. He took up our “Fill in the Blank” challenge (page 50). / Tavis Coburn,

illustrateur établi à Toronto, compte pour clients l’Arsenal Football Club, Nike, GQ et Popular Mechanics notamment. Il a relevé notre défi Veuillez combler l’espace p. 50. 3.  Luc Rinaldi is an assistant editor at Toronto Life. He has written for The Walrus, Maclean’s and Reader’s Digest. He interviewed publishing duo Jp King and Kirsten McCrea (page 16). / Luc Rinaldi

est rédacteur adjoint chez Toronto Life. On peut aussi le lire dans The Walrus, Maclean’s et Reader’s Digest. Il a réalisé l’entrevue du duo d’éditeurs Kirsten McCrea et Jp King, p. 16. 4.  Naomi Skwarna is a writer and artist living in Toronto. She has written for Hazlitt, The Globe and Mail, Toronto Life, The National Post, and others. In this issue, she moderates The Conversation (page 38). / Naomi

Skwarna, rédactrice et artiste vivant à Toronto, rédige pour Hazlitt, The Hairpin, The Globe and Mail, Toronto Life, National Post, Believer et bien d’autres. Dans ce numéro, elle modère La conversation, p. 38.

TRANSLATOR / TRADUCTRICE

Catherine Connes

COPY EDITORS - PROOFREADERS / RÉVISEURES - CORRECTRICES

Suzanne Aubin, Emilie Dingfeld, Lesley Fraser

ALLIED PROPERTIES REIT

520 King St. W., Ste. 300 Toronto, Ontario M5V 1L7 Canada (416) 977-9002 INFO@ALLIEDREIT.COM ALLIEDREIT.COM

WHITMAN EMORSON

688 Richmond St. W., Ste. 302 Toronto, Ontario M6J 1C5 Canada (416) 855-0550 INQUIRY@WHITMANEMORSON.COM WHITMANEMORSON.COM

Block is published four times a year. / Block est publié quatre fois par an.


W W W. DAV I D S F O OT W E A R . C O M B AY & B LO O R

YORKDALE

B AY V I E W V I L L AG E

S H E R WAY G A R D E N S


THU. 08 OCT. 12:15 PM

The Moment / Le moment

PERCHED IN THE SUNLIT STUDIO of her Toronto home, Dragonette frontwoman Martina Sorbara is working on a pencil portrait of her twin brother, Nick. She has torn pages from an old atlas, and glued them together to form a canvas the size of a standard bristol board. The unorthodox technique was born of necessity. “I didn’t have paper one day and I had this overwhelming urge to create something, so I started ripping pages out of this atlas and using them to draw on.” Sorbara’s studio brims with artistic invention. She holds up a clay vase pricked with needle-sized holes—something she made specifically to display her cat’s whiskers. / DANS UN ATELIER ENSOLEILLÉ,

aménagé au second étage de son chez-soi torontois, Martina Sorbara travaille sur un portrait au crayon de son frère jumeau, Nick. Pas de carnet de croquis en vue. À la place, un support de la taille d’un carton Bristol, résultant du collage de plusieurs feuilles déchirées dans un vieil atlas. Une technique peu orthodoxe, imaginée par la force des choses : « Un jour, prise par une envie subite de dessiner et sans papier sous la main, j’ai eu l’idée d’arracher quelques pages de cet atlas, et voilà ! » Le studio de celle qui est aussi la chanteuse du groupe Dragonette déborde d’inventions de ce style. Comme ce vase en terre cuite qu’elle a piqueté avec une aiguille pour en faire un présentoir à moustaches de son chat.

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The Moment / Le moment

Sorbara’s expansive home studio allows her to move effortlessly between music and visual art. / Martina Sorbara jongle aisément entre musique et arts visuels dans son grand atelier aménagé à domicile.

A small army of her hand-knit, Seuss-ian creatures occupies a shelf against the wall. Sorbara has always been the DIY type: In a high-school woodworking class, she spent a year building her own guitar. She makes clothes for loved ones and often cuts her own hair. Her best-known creation, however, is Dragonette, the charttopping synth-pop band she formed with her husband, Dan Kurtz, in 2005. Five years later, the couple scored a massive hit with the 2010 top-40 dance-party anthem “Hello” (which also appeared on the TV show Gossip Girl and in a Tim Hortons ad). Their forthcoming album, still untitled, has been three years in the making and will be out in the new year. In the meantime, Dragonette will be touring, familiarizing fans with new material. For Sorbara, this means less time in her artistic sanctuary, though she’s not about to abandon her passion projects. “I’ll definitely be bringing this with me,” she says, gesturing to the now-half-tornthrough Britannica volume. “There are a lot of hours to fill on the road.” / Martina Sorbara a toujours été manuelle : en cours d’ébénisterie au secondaire, elle a passé une année à fabriquer sa propre guitare. Sur une étagère s’aligne sa petite armée de créatures seussiennes, tricotées main. Elle coud aussi des vêtements pour ses proches, et change de coupes de cheveux elle-même. Sa réalisation la plus connue reste cependant Dragonette, le groupe de synthpop qu’elle a formé en 2005 avec Dan Kurtz, son mari. Cinq ans plus tard, le couple remportait un succès phénoménal avec le titre « Hello », classé au top 40 et repris à la fois dans la série télé Gossip Girl et dans une pub de Tim Hortons. Leur prochain album, trois ans de travail et toujours sans titre, sortira l’année prochaine. Entretemps, Dragonette partira en tournée tester ses nouvelles chansons auprès de ses fans. L’artiste passera donc moins de temps dans son atelier, mais n’abandonnera pas ses projets pour autant. « Je l’emporte dans mes bagages, lance-t-elle en pointant du doigt ce pauvre atlas Britannica à moitié dégarni. La route est longue! » BY / PAR COURTNEY SHEA PHOTOS / PHOTOS CHRISTOPHER WAHL

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My Space / Mon espace

BY / PAR JASON MCBRIDE

PHOTO / PHOTO JEREMY FOKKENS

when Calgary’s National Music Centre opens its doors to host the 2016 Juno Awards, Canada will get its first major museum devoted to music. NMC event coordinator Adam Kamis isn’t waiting to get to work—he has already booked everything from all-ages hardcore shows to a 30-piece accordion concert. His desk serves as both tool box and musical mood board. / CE PRINTEMPS, quand le Centre national

NEXT SPRING,

de musique de Calgary ouvrira ses portes pour la remise des prix Juno 2016, le Canada se verra doté de son premier grand musée dédié à la musique. Adam Kamis, coordinateur des événements, joue déjà les chefs d’orchestre, réservant groupes hardcore, accordéonistes et autres instrumentistes de talent. Zoom sur l’inspirante boîte à outils qui lui sert de bureau.

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1/ SXSW 2010 poster / L’affiche de SxSW 2010

2/ HexRay poster / L’affiche d’HexRay

“This was from a Chicago record-label showcase. It was a long, wicked rock ’n’ roll afternoon.” / « Elle vient d’une maison de disque de Chicago. Ç’a été un long aprèm de super rock ’n’ roll. »

“This was made for my current band HexRay’s first show, in Calgary in 2013. I play bass and do backing vocals.” / « C’est celle du premier concert de notre groupe, HexRay, en 2013 à Calgary. Je suis bassiste et je fais les chœurs. »

3/ Kiss’s Paul Stanley figurine / La figurine de Paul Stanley de Kiss “I got this as a Christmas present. It’s not the band I hate; it’s their fans.” / « Un cadeau de Noël. Ce n’est pas le groupe que je déteste, c’est ses fans. »

4/ Tape stack / La pile de rubans adhésifs

5/ Disco ball / La boule disco

“The staff knows I have a ridiculous collection of tapes of all kinds. I’m here for all their fastening needs.” / « Tout le monde ici sait que j’en ai une collection ridicule. Je réponds à tous leurs besoins d’attachement. »

“The crown jewel of our Stage One performance hall. It’s here for repairs.” / « Le joyau de notre salle de spectacle Stage One. Elle est là en réparation. »

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The Creators / Les créateurs

PAPER TIGERS For Toronto-based publishing duo Jp King and Kirsten McCrea, a marriage proposal was also a business proposition. / Kirsten McCrea et Jp King, un duo d’éditeurs torontois réunis par l’amour du papier et l’amour tout court.

INTERVIEW BY / ENTREVUE PAR LUC RINALDI

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PHOTO / PHOTO REGINA GARCIA


In an ever-more-virtual world, King and McCrea celebrate the pleasures of paperbased art and technology. / Dans un monde de plus en plus virtuel, Kirsten McCrea et Jp King célèbrent le papier, artistiquement et technologiquement.

WE MET AT A SMALL-PRESS FAIR in a sweaty church basement filled with anarchist-punk zines in Montreal. Six months later, we went on a date wheat-pasting posters of four ampersands that Kirsten had designed. Three years after that, we got engaged in the park where the date ended; our rings have tiny ampersands stamped into them. For a few years, we ran our publishing endeavours separately. Kirsten started Papirmass in late 2008. Because she was working so much at her previous job she didn’t have time to go to gallery openings, so she looked around for some sort of art subscription service and was surprised one didn’t exist. Two weeks later, she had 1,500 copies of the first issue of Papirmass sitting in her living room. The first year was mostly Kirsten’s art and writing because there was no budget; now we feature one writer and one artist per month. We’ve done 71 issues, have 1,500 subscribers and have mailed 50,000 prints. Over the past two years, we realized there’s a lot of crossover between what we’re doing, so we merged Papirmass and Paper Pusher, Jp’s high-quality, short-run publishing project. We use a printing technology called Risograph, a hybrid between screen printing and photocopying. Having the means of production in-house allows us to get away with playful stuff: reversible books, four-part postcard series, 18-by-24 prints. We tend to choose illustrations that are poppy, colourful and bright in style, but each issue is unique. We live in an incredibly visually saturated culture, but people don’t feel comfortable having an opinion about art. With Papirmass, you get to decide how you feel about it when you open the envelope. We hope you love a couple of things and hate a couple of things and exercise your own opinion. And, hopefully, it stands out and doesn’t look like a parking ticket or a hydro bill.

ON S’EST RENCONTRÉS DANS LE SOUS-SOL d’une église à Montréal où

se tenait un marché de petits éditeurs, des punkzines pour la plupart. Six mois plus tard, on se revoyait pour coller des affiches, représentant quatre esperluettes imaginées par Kirsten. Trois ans après, on se fiançait et on faisait graver des esperluettes sur nos bagues. Pendant un temps, on a mené nos activités d’édition séparément. Kirsten a lancé Papirmass fin 2008. Elle travaillait beaucoup à cette époque, n’avait pas le temps d’assister aux vernissages, aux expos, et cherchait à s’abonner à une revue d’art ou autre. Elle n’a pas trouvé. Deux semaines plus tard, 1 500 exemplaires du premier numéro de Papirmass s’empilaient dans son salon. La première année, faute de budget, elle a écrit elle-même les articles et présenté ses créations. Aujourd’hui, Papirmass met à l’honneur un rédacteur et un artiste par mois. On est au 71e numéro et on a 1 500 abonnés. Comme nos deux activités avaient beaucoup de points communs, on a finalement décidé de fusionner Papirmass et Paper Pusher, la micromaison d’édition expérimentale de Jp. On utilise une technique d’impression appelée la risographie, mi-sérigraphie mi-photocopie. Avoir le contrôle de la production nous permet de nous amuser : livres réversibles, cartes postales en série, tirages de 18 par 24… On choisit des illustrations qui ont du style, de la couleur, de l’éclat. Chaque numéro de Papirmass est unique. On vit dans une société saturée d’images, pourtant les gens ont du mal à se faire un avis. Avec Papirmass, on est libre d’exprimer son opinion à l’ouverture de l’enveloppe. On espère que certaines créations vous plairont, d’autres non et que cela vous permettra d’exercer vos goûts en la matière. Du moment que ça pique votre curiosité, on est heureux.

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ARTIST’S BLOCK DORIAN FITZGERALD

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The Interior / L’Intérieur

TEAM PLAYERS Sharing space with two other start-ups gives Asterisk Media access to big ideas. / Partager un local avec deux jeunes entreprises : une mine d’idées pour Asterisk Media.

BY / PAR SARAH BARMAK PHOTO / PHOTO KRISTEN SJAARDA

SOMETIMES P.J. LEE WALKS AROUND HIS OFFICE. Sometimes he rides a hoverboard. While such a gadget might seem like the kind of indulgence adored by tech bros since the dawn of dot-coms, for Lee it’s all part of the job. His digital creative agency, Asterisk Media, which has helped produce ads for the Pan Am Games and Virgin Mobile, has just launched an interactive technology project called Asterisk Interactive. And it’s testing the two-wheeled board—best described as a hands-free Segway—for use in experiential marketing. What advertising stunt wouldn’t be enhanced by giving people the chance to play Marty McFly? Tucked into Liberty Village’s post-industrial haven for hip start-ups is Asterisk’s buzzy subterranean headquarters, which is shared with social media strategy firm Outmatch Associates and production company Big Pig. But the three companies aren’t random neighbours. / AU BUREAU, P. J. LEE SE DÉPLACE PARFOIS EN MARCHANT, parfois en glissant… sur un hoverboard.

Ce qui pourrait passer pour le gadget techno par excellence n’est autre qu’un outil de travail pour ce membre fondateur d’Asterisk Media. Spécialisée en communication numérique – elle a notamment contribué aux publicités des Jeux panaméricains et de Virgin Mobile –, l’entreprise vient de lancer Asterisk Interactive : un projet interactif dans lequel cette planche à deux roulettes, qui s’apparente plus à un Segway mains libres, est testée à des fins de marketing expérientiel. Quel consommateur pourrait résister à l’envie de jouer les Marty McFly? Nichée dans le paradis post-industriel pour jeunes entreprises branchées qu’est Liberty Village à Toronto, Asterisk Media partage ses bureaux souterrains avec une agence de conseil en réseaux sociaux, Outmatch Associates, et la société de production Big Pig. Un trio qui n’est pas coloc pour rien.

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The Interior / L’Intérieur

The quotes that greet visitors and employees are tongue-incheek but they signal irreverence and inspiration. They also offer a bold, graphic welcome to a space that buzzes with creative energy. / Dignes d’un pince-sansrire, les messages qui accueillent les visiteurs et les employés donnent le ton : irrévérencieux et motivant. Leur graphisme est aussi à l’image du lieu : créatif, audacieux, dynamique.

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They emerged together from a business incubator called Stone Soup, which began two years ago at 49 Fraser Avenue, an Allied Properties REIT–owned property, back when it was just an unfinished, grey basement lacking lighting and even a bathroom. With its work done this past summer, the incubator closed up shop and the fledgling start-ups took over in the same space. While there were bathrooms by then, the trio of companies wanted much more. The space was still just a big, empty room with desks along the walls and a row of large hanging paintings by artist Ben Laughlin that divided the room. Allied helped fund significant renovations this past summer, adding a low wall to separate the reception lounge from the work zone. When estimates showed that polishing the rough concrete floor would have taken a month, the firms decided to finish it instead with high-gloss, white epoxy. The smooth floor doesn’t produce dust particles—helpful for a room filled with cameras mounted on drones, dozens of computers and other sensitive gear. In a low-ceilinged place with no windows, the bright white also enhances the perception of light and space. Visitors enter by descending a staircase and are greeted by chalkboard walls covered with motivational quotes, such as Theodore Roosevelt’s “Speak softly and carry a big stick; you will go far.” The row of painted canvases remains, shielding the space’s 22 staff from distraction and hinting at the creativity taking place behind the art. The reception lounge has new leather couches. And of course, there is the requisite Ping-Pong table.

Ces trois-là ont grandi ensemble dans une pépinière d’entreprises, baptisée Stone Soup et installée depuis deux ans dans ces mêmes bureaux, appartenant à Allied Properties REIT. Des bureaux qui n’étaient alors qu’un sous-sol gris inachevé, manquant de lumière et même de toilettes. L’été dernier, sa tâche terminée, Stone Soup a mis la clé sous la porte et le tout jeune trio a pris le relais. La première priorité, les toilettes, étant réglée, les trois entreprises ont voulu aménager ce grand espace vide, séparé en deux par d’imposantes toiles de Ben Laughlin suspendues au plafond. Allied les a aidées à amasser des fonds pour construire un muret, permettant de dissocier la réception de la zone de travail. Au polissage du sol de béton, réclamant un mois de travaux, elles ont préféré un revêtement en résine époxy blanche ultrabrillante. Antipoussière, il s’avère être un choix judicieux pour une pièce remplie de dizaines d’ordinateurs, de caméras installées sur des drones et autre équipement sensible. Il donne également une illusion de clarté et d’espace à l’endroit sans fenêtres et bas de plafond. On y entre par un escalier aux murs noirs couverts de citations écrites à la craie, comme celle de Théodore Roosevelt : « Pour aller loin, usez de douceur, un gros bâton à la main. » On y trouve toujours la rangée de tableaux, symbolisant l’esprit créatif des lieux et assurant l’intimité de travail de ses 22 occupants. Des canapés de cuir et une table de ping-pong meublent dorénavant l’accueil.

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“THE ENVIRONMENT ENABLES PEOPLE WITH DIFFERENT SKILL SETS TO COLLABORATE,” SAYS P.J. LEE, FOUNDING PARTNER OF ASTERISK MEDIA. /  « CET AMÉNAGEMENT PERMET À DES GENS DE COMPÉTENCES DIFFÉRENTES DE COLLABORER », EXPLIQUE P. J. LEE, MEMBRE FONDATEUR D’ASTERISK MEDIA.

collaboration : canapés, table de réunion, salle privée pour s’entretenir avec un client et chaises pivotantes pour tous, un moyen simple et efficace d’échanger des idées avec ses collègues, surtout quand les postes de travail sont très proches les uns des autres. « Cet aménagement permet à des gens de compétences différentes de collaborer, explique P. J. Lee. On voit même parfois notre propre industrie sous un angle nouveau, auquel on n’aurait pas pensé tout seul. » Partager le même local a un avantage supplémentaire, celui d’avoir un espace de travail plus grand, auquel aucune des trois jeunes entreprises n’aurait pu prétendre. « Les petites entreprises peuvent ainsi avoir une devanture, confirme Mark Delottinville, fondateur de Big Pig. On a besoin d’un endroit où discuter avec nos clients. On ne veut certainement pas recevoir celui qui nous donne des millions de dollars dans notre sous-sol. » Cela aura pourtant bien lieu au sous-sol, même si celui-ci n’en a plus que le nom, grâce à un environnement inspirant et de jeunes travailleurs enthousiastes, qui se déplacent quelquefois en hoverboard.

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HI, I’M THE GUTTER, HOW CUTE AM I?

Above all, the space facilitates collaboration. In addition to the couches, there’s a meeting table and a smaller, private room for seeing clients. The simplest way the staffers exchange ideas, however, is by pivoting their chairs. Because their desks are still arrayed around the edges of the work area, they can just turn around and face colleagues a metre or two away. “The office environment enables people with different skill sets to collaborate,” says Lee. “Sometimes it opens your eyes to insights in your own industry that you might not have thought of otherwise.” Sharing an office also gives the three start-ups access to a space larger than any of them could afford on their own. “It allows smaller businesses to have that legitimate front,” says Mark Delottinville, founder of Big Pig. “You want to be able to provide a space where clients can discuss ideas. They’re giving you thousands of dollars— they don’t want to walk into your basement.” Well, it is still technically a basement. But thanks to the inspiring surroundings, the keen, driven young staff and, yes, the occasional hoverboard, it’s so much more. / Tout ici a été pensé pour faciliter la


HI, I’M THE GUTTER, HOW CUTE AM I?

The Interior / L’intérieur

“Collaboration really supports growth,” says Mohammed Hasan, co-founder of Outmatch, one of two companies that shares office space with Asterisk. / Pour Mohammed Hasan, cofondateur d’Outmatch, une des deux entreprises partageant ses locaux avec Asterisk : « La collaboration favorise la croissance. » BLOCKMAGAZINE.CA BLOCK  / 25 / 25


Creative director and founder Juan Carlos Fernández and some of the many logos conceived by Ideograma Identité. / Juan Carlos Fernández, fondateur et directeur de création, et quelques-uns des nombreux logos réalisés par Ideograma Identité.

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The Business / L’entreprise

UNIVERSAL LANGUAGE Montreal brand consultant Ideograma Identité is binational and trilingual, with campaigns transcending borders and boundaries. / Spécialisée en stratégie de marque, l’agence montréalaise Ideograma Identité est binationale et trilingue. Sa mission? Transcender les frontières.

BY / PAR GORDON BOWNESS PHOTO / PHOTO GABRIELLE SYKES

THERE’S POETRY EVERYWHERE, says Juan Carlos Fernández,

even in banking. To support the point, Fernández references his client Compartamos Banco, a Mexican leader in microfinancing whose logo features a school of fish. In addition to the pun—a school of fish is called a bank in Spanish and French—visually the fish evoke Christianity (the company started as a Catholic non-profit), mutual support and teamwork. “That poetry,” says Fernández, “really comes into play when you create different meanings with the same symbol.” Fernández is the creative director of Ideograma, a corporate brand consultancy founded in Mexico in 1999. Since 2009, Fernández has operated the company’s Montreal-based Canadian affiliate, Ideograma Identité, a three-person shop that collaborates closely with its 20-strong Mexican counterpart. Among other projects, the company created the acclaimed branding for the yogurt line iögo. Ideograma Identité operates in the Plateau neighbourhood, at 3575 Boulevard St-Laurent, a 10-storey building acquired by Allied Properties REIT in 2005. Save for Fernández’s collections of dice (“Any sort; I love them”) and books, he has kept the all-white space open and simple. “To us, it’s like a blank canvas, where everything is possible.” Underpinning everything Ideograma does, Fernández says, is research—a process of discovery or, more accurately, helping clients through a process of self-discovery. Clients need to clearly see the present-day reality of their businesses, as well as how they might morph and grow over time.

IL Y A DE LA POÉSIE PARTOUT, affirme Juan Carlos Fernández,

même dans une banque. Et quoi de mieux pour illustrer son propos, que son client, Compartamos Banco, chef de file mexicain de la microfinance, dont le logo n’est autre qu’un banc de poissons. En plus du jeu de mot (banc et banque se disent banco en espagnol), le poisson symbolise le christianisme (l’entreprise a débuté en tant qu’organisation catholique à but non lucratif), le soutien mutuel et le travail d’équipe. « Cette poésie prend toute son importance quand une seule image doit véhiculer plusieurs notions. » Directeur de création d’Ideograma, une agence de conseil en identité de marque fondée au Mexique en 1999, il dirige également, depuis 2009, Ideograma Identité, la filiale canadienne implantée à Montréal. Ce bureau, composée de trois personnes travaillant en étroite collaboration avec leurs 20 collègues mexicains, a notamment réalisé l’identité visuelle de la marque de yogourt iögo. Situé dans Le Plateau, au 3575, boulevard Saint-Laurent, dans un immeuble de 10 étages acheté par Allied Properties REIT en 2005, l’espace à aire ouverte, entièrement décoré de blanc, a été aménagé en toute simplicité : « Pour nous, c’est comme une page blanche; tout y est possible », explique-t-il, ravi d’avoir fait quelques économies qui viendront enrichir ses collections de dés (« N’importe lesquels, je les aime tous. ») et de livres. Quant au savoir-faire de l’agence, il s’appuie sur un élément fondamental : la recherche en tant que procédé de découverte ou, plus précisément, l’accompagnement du client via un procédé d’autodécouverte. Toute marque a besoin de clarté, tant sur son positionnement actuel que sur son évolution à long terme.

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The office’s collections of dice (above) and books (right). With one office in Montreal and another in Mexico, Fernández says, “We Skype all the time.” (opposite) /  Les collections de dés (ci-dessus) et de livres (ci-contre) de Juan Carlos Fernández. Avec un bureau à Montréal et un autre au Mexique, « on se Skype tout le temps », explique-t-il. (page de droite)

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The Business / L’entreprise

“The process is really like having a baby. The worst you can do is come to your clients and kind of inseminate your idea into their brain, even if it’s a great idea. You need to co-create with them. The clients need to see that the baby looks like them. “That exchange, that collaboration—which, coincidentally, takes around nine months—that’s when you see the beauty of being a consultant.” Fernández champions an approach that transcends language— fitting for a firm that’s binational and trilingual. “The challenge in branding is to connect emotionally,” he says. “Language is just one element. We need to find the lingua franca, the visuals, the graphics that connect people from around the world.” The company’s project manager, Sylvie Babarik, came to Ideograma from broadcast journalism, offering another outsider’s perspective. “Here in the North, we are a little bit colder, a little more reserved, huddled in our professional parkas, as well as our real ones,” she says. “Ideograma has a warmer, more playful approach to branding, but at the same time with the necessary rigour.” Fernández echoes this sentiment: “Coming from a different culture allows us to see things in a new light. The way we do things is very expressive and very, very visual.”

« Ce procédé ressemble en fait à une grossesse. Le pire serait d’arriver avec une idée toute faite, même si elle est excellente, et de vouloir l’inséminer dans le cerveau du client. Au contraire, il faut de la cocréation. Le client a besoin de voir que le bébé lui ressemble. » « Cet échange, cette collaboration – qui, étrangement, dure environ neuf mois – représente toute la beauté du métier de consultant. » La méthode de Juan Carlos Fernández transcende le langage, ce qui convient parfaitement à une agence binationale et trilingue. « Le défi d’une marque est d’établir un lien émotionnel, explique-t-il. Le langage n’est qu’un élément. On a besoin de trouver une langue véhiculaire, un visuel et un graphisme qui parleront à tout le monde. » Ancienne journaliste radio et télé, Sylvie Babarik, chargée du développement de projets chez Ideograma, lui a offert un regard extérieur : « Ici, au nord, on est un peu plus froids, plus réservés, emmitouflés dans notre manteau professionnel, comme dans le vrai. Ideograma a une approche de la stratégie de marque plus chaleureuse, plus ludique, tout en étant rigoureuse. » Juan Carlos Fernández appuie : « Venir d’une culture différente permet de voir les choses sous un angle nouveau. On a une façon de faire très expressive et très, très visuelle. »

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Shape Shifter BY / PAR SARAH LISS   PHOTO / PHOTO DEREK SHAPTON

By playing with found objects, geometric volumes and visual perception, Toronto artist Roula Partheniou is creating a divine grammar of forms. Here, a look at her latest work, Chalk and Cheese. /  Par des jeux d’objets, de géométrie et de perception visuelle, l’artiste Roula Partheniou imagine une divine grammaire des formes. Zoom sur sa dernière réalisation, Chalk and Cheese.

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Work-in-Progress / Le chantier

ENTERING ROULA PARTHENIOU’S STUDIO is an exercise in sensory

confusion. A shared unit in a converted warehouse in Toronto’s west end, it’s white-walled and light-filled, meticulously organized and pristine in a way that evokes the clinical, hermetic ethos of a forensic lab. And yet at the same time, the space feels instantly cozy and hospitable. A small sofa hugs the wall by the expansive windows; a poppy-coloured teapot is ready to pour warm drinks; a plate rests on a low table with three dissimilar pastries placed on it in perfect visual harmony—a temporary installation that serves as a welcome wagon. That dialectic between the alienating and the familiar is as essential to the artist’s work as it is to her workspace. Since her first solo show in 2004, Coulda, Woulda, Shoulda and Two Notions of Necessity, at Toronto’s Luft Gallery, Partheniou has been playing with contrasting ideas of perception and reality. Her sculptures and installations rely on objects that are simultaneously distilled to their purest form and suggestive of everyday household items. What looks like an air-return vent is actually an acrylic-painted wooden plank; a solid MDF block stands in for a pad of Post-it notes. The effect is both delightful and unsettling: the viewer’s brain trips over itself and gallops to catch up, then revels in the visual joke. And the simplicity of Partheniou’s work is deeply satisfying on an almost primal level. “In my mind, I think I’m paring down the objects before I select them,” she says. “I think of them as cylinders or cubes or rectangles—sort of these platonic forms of themselves. If an object is too fussy or complex, I’m less interested in it.” For her latest project, working title Chalk and Cheese—an installation she’s assembled for a January group show at the Justina M. Barnicke Gallery and University of Toronto Art Centre—Partheniou is again drawing on the links between simple shapes and the objects they can represent. The work is an aggregation of what appear to be random articles—a clutch of differently shaped erasers, a clay brick, a hot dog—arranged precisely on a plinth. On second glance, however, you realize that things are not necessarily what they seem. “It’s deconstructing the way I’ve always worked,” Partheniou says, “which is relying on associative games, drawing on found colour and shapes and packaging to create connections between objects. I’ve also played with typology of forms in the past, grouping objects that are neither the same nor different but which somehow make sense together. I’m taking all that and bringing it to this.” >> (Continued on p. 36)

ENTRER DANS L’UNIVERS DE ROULA PARTHENIOU est un exercice de confusion des sens. Son atelier, installé dans un entrepôt reconverti à l’ouest de Toronto, est blanc, lumineux, impeccable, méticuleusement organisé, voire clinique, hermétique à la manière d’un labo de la police scientifique. Malgré cela, l’atmosphère est chaleureuse, invitante. Une causeuse attend les visiteurs près d’une immense fenêtre; sur une table basse, une théière rouge coquelicot est prête, accompagnée d’une assiette de pâtisseries : trois modèles différents à la disposition harmonieuse, frôlant la perfection visuelle – une installation temporaire qui fait office de comité d’accueil. La dialectique entre l’étrange et le familier, le distant et le proche est aussi essentielle à l’espace de travail de l’artiste qu’à son œuvre. Depuis Coulda, Woulda, Shoulda, sa première exposition solo en 2004, et Two Notions of Necessity à la galerie Luft de Toronto, Roula Partheniou joue sur les contrastes entre perception et réalité. Ses installations reposent sur une série d’objets distincts, où s’entremêlent pureté des lignes et quotidien domestique. Ce qui passe pour une grille de ventilation n’est autre qu’une planche de bois peinte, un cube de MDF, un bloc Post-it. Il en résulte un troublant plaisir des yeux : notre cerveau tombe d’abord dans le panneau, se relève, tente de comprendre et saisit enfin la blague visuelle. Sans compter la profonde satisfaction, presque primitive, que procure la simplicité de l’œuvre. « J’épluche les objets dans ma tête avant de les sélectionner, explique-t-elle. Je ne vois en eux qu’un cylindre, un cube ou un rectangle, une sorte de forme platonique. Si un objet est trop apprêté ou trop complexe, il m’intéresse moins. » Dans son dernier projet, provisoirement intitulé Chalk and Cheese et préalablement présenté à la galerie Justina M. Barnicke et au Centre d’art de l’université de Toronto, l’artiste établit à nouveau une corrélation entre des formes simples et les objets qu’elles sont censées représenter. À première vue, le regroupement est aléatoire – des effaces de différentes silhouettes, une brique, un hot dog… soigneusement positionnés sur un socle. À y regarder de plus près, on s’aperçoit que les apparences sont trompeuses. « Je suis en pleine déconstruction, précise-t-elle. Mon travail a toujours consisté en des jeux d’associations – couleurs, silhouettes, emballages – pour établir des liens entre les objets. J’ai aussi joué avec la typologie des formes, groupant des objets qui n’étaient ni semblables ni différents mais qui, une fois mis ensemble, avaient un sens. Tout ceci sert ma démarche actuelle. » ... (suite p. 36)

At her studio desk, Partheniou sketches possible configurations for the various objects she’s created. /  À son bureau, Roula Partheniou esquisse diverses configurations possibles pour les objets qu’elle a réalisés.

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Partheniou’s playful sculptures explore the paradox of perception, resembling everyday objects while also rendering them uncanny. /  Les sculptures ludiques de Roula Partheniou explorent le paradoxe de la perception, imitant des objets du quotidien tout en leur insufflant une part de mystère.

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Partheniou carefully arranges the work, finding correspondences between colour, volume and shape. / L’artiste assemble son œuvre, cherchant des correspondances entre les couleurs, les volumes et les formes.

As you survey the work, the items reveal themselves as stand-ins, and the nuances in the piece’s visual grammar become ever more apparent. There’s a logic to the way Partheniou has assembled her forms, a daisy chain with interconnected links. One source of inspiration, she says, was a photo-based project by the artist Aleksandra Mir. The work, part of Mir’s Hello series, is a series of images, each with a clear connection to the one that precedes it. Taken together, they form an idiosyncratic narrative. For now, Chalk and Cheese is self-contained, a story that can be told within the space of a compact installation. But Partheniou sees it as the initial iteration of a work that may keep growing. She imagines a longer version for a museum show in the fall of 2016, “starting with this table and wrapping around the whole exhibition space, with vitrines that lead you through and groupings of objects in conversation with one another.” It’s another paradox: a piece with clear boundaries that leaves itself open to myriad possibilities.

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Plus on examine l’installation, plus on découvre de trompe-l’œil et plus on perçoit les nuances de la grammaire visuelle utilisée. Roula Partheniou a assemblé ses formes avec logique, précision, calculant chaque lien entre elles, comme dans un réseau interconnecté. Une de ses sources d’inspiration? Un projet photo de l’artiste Aleksandra Mir, appartenant à la série Hello, dans lequel chaque image est intimement liée à la précédente. Ensemble, elles forment leur propre, et singulier, récit. Pour le moment, Chalk and Cheese est indépendant, son histoire se raconte dans un territoire bien délimité. Mais l’artiste l’envisage comme première itération d’une œuvre qui pourrait s’accroître. Elle imagine une version plus longue pour un musée à l’automne 2016, « qui commencerait par cette table et se poursuivrait en une succession de vitrines avec des groupes d’objets en conversation les uns avec les autres. » C’est un autre paradoxe : une œuvre qui a des frontières, mais qui les ouvre à une myriade de possibilités.


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ART, INC. Art and money have long had a complex and codependent relationship. But as boundaries blur, the question must be asked: What happens when an artist becomes an entrepreneur? / Art et argent ont toujours entretenu une relation de codépendance pour le moins complexe. La frontière s’estompant, une question se pose : peut-on être artiste et entrepreneur?

INTERVIEW BY / PAR NAOMI SKWARNA

ILLUSTRATION / ILLUSTRATION GRAHAM ROUMIEU

KATHARINE MULHERIN IS THE OWNER OF

TORONTO, MULHERIN À NEW YORK) ET DE

CHARLES YAO IS THE DIRECTOR OF

MULHERIN GALLERIES (TORONTO, NYC)

BOUTIQUES (REC+ART HISTORY, THE WEEKEND

INTELLECTUAL TALENT AT THE LAVIN AGENCY

AND THE EXHIBITION/RETAIL SPACES NO

VARIETY).

AND THE ART DIRECTOR AND PHOTO EDITOR OF LITTLE BROTHER MAGAZINE. / AGENT

FOUNDATION, REC+ART HISTORY AND THE WEEKEND VARIETY. / PROPRIÉTAIRE DE

FUMI MINI NAKAMURA IS A NEW YORK–BASED

DE CONFÉRENCIERS DE TALENT À L’AGENCE

GALERIES D’ART (MULHERIN CONTEMPORARY

ARTIST AND ILLUSTRATOR. / ARTISTE

LAVIN, ET DIRECTEUR ARTISTIQUE ET PHOTO

ART PROJECTS ET NO FOUNDATION À

ET ILLUSTRATRICE ÉTABLIE À NEW YORK.

DU MAGAZINE LITTLE BROTHER.

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I’m not an artist, but I can definitely amplify art. Little Brother, not unlike one of Katharine’s galleries, is a coming together of people. I’m OK at putting it out there with a recognizable aesthetic—a Little Brother aesthetic. It’s similar to what I do at the Lavin Agency. These are a collection of like-minded people, and if you pay close enough attention, you can see the patterns. / Je ne suis

CY

pas un artiste, mais je sais mettre l’art en valeur. Little Brother, tout comme les galeries de Katharine,

regroupe des personnes différentes que je choisis en fonction de leur esthétique, une esthétique à la Little Brother. Ça ressemble à ce que je fais à l’agence Lavin : un ensemble d’orateurs de même sensibilité, qui ont des points communs quand on y regarde de plus près.

FMN For a long time, I said that I was a chinchilla tamer or something. If I had to use a more professional term, I would say that I’m an illustrator — less serious than “artist.” I don’t

feel comfortable calling myself an artist because it doesn’t reflect my everyday routine. If I were doing more exhibitions or selling some work, maybe. But none of that is happening right now, and the status of being an artist feels like a burden. Not calling myself an artist also helps me do freelance work for others. / Pendant longtemps, j’ai dit que j’étais dresseuse de chinchillas ou autre chose du genre. Si j’avais à employer un terme plus professionnel, je disais illustratrice. Ça fait moins

sérieux qu’artiste. Je ne me sens pas à l’aise avec le terme artiste, car il ne reflète pas mon travail au quotidien. Si mes œuvres étaient plus exposées ou se vendaient mieux, peut-être. Mais ce n’est pas le cas, et le statut d’artiste m’apparaît plus comme un fardeau. Sans lui, je peux travailler à la pige pour d’autres.

KM Sometimes I like to introduce myself as an entrepreneur. I’m kind of proud of it! The way I operate is I see opportunities and I turn them into art-based

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The Conversation / La Conversation

situations. I do it for a community of people, and we’re going to get exposure and hopefully make a little bit of money. Before I was an art dealer—and for a period of time during—I was also an artist. I became entrepreneurial because I had opportunities to be, and I never felt bad about it. The spaces become my medium; working with the artists is collaborative. / J’aime me présenter en tant qu’entrepreneuse parfois. J’en suis assez fière! Mon métier consiste à repérer une occasion et à la transformer en situation artistique. Je fais ça pour un groupe de gens qui ont des intérêts communs, pour qu’on gagne en visibilité et qu’on puisse en retirer un peu d’argent si possible. Avant, j’étais marchande d’art et artiste aussi, pendant un temps. Je suis devenue entrepreneuse parce qu’on m’en a donné l’occasion, et je n’en ai jamais eu honte. Les lieux d’exposition sont mon moyen d’expression, les artistes, mes collaborateurs.

ONE OF OUR ARTISTS WORKED WITH GUCCI. IT WAS SO EXCITING. / UN DE NOS ARTISTES A TRAVAILLÉ AVEC GUCCI. ON ÉTAIT AUX OISEAUX.

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CY When you say that you don’t

feel bad about it, is that because people who do similar work do feel bad about it? / Quand tu

dis que tu n’en as pas honte, est-ce parce que les gens qui font le même métier que toi en ont honte, eux?

KM Occasionally people give me a little bit of a hassle about operating shops as well as galleries, asking why I don’t focus on the gallery. Most people want a more concrete gallery experience, and they don’t necessarily want to walk into a shop and see an exhibition in the same space. But it can be intimidating to walk into a gallery and think about buying anything, even if it’s not expensive. So we created a warmer environment in Weekend Variety, and then we brought in prints and things that you might see in a museum shop— soaps and incense and blankets and other things that aren’t made by artists. Still, a huge amount of the shop’s inventory is made by artists. They might not show those particular pieces in an exhibition, but it’s a great way for artists to make a living—selling prints that are less than $100. There are different levels of commodification between the shop and the gallery. / De temps

en temps, il arrive que certaines personnes me houspillent un peu, se demandant pourquoi je dirige à la fois des boutiques et des galeries d’art. La plupart des gens veulent de « vraies » galeries et n’aiment pas l’idée de voir une exposition dans un magasin. Mais entrer dans une galerie d’art avec peut-être l’intention d’acheter quelque chose, même peu cher, est intimidant. C’est pour cela qu’on a imaginé un environnement plus chaleureux à The Weekend Variety : on y propose des affiches

et des objets qu’on peut trouver dans les boutiques de musées, comme des savons, de l’encens, des coussins, qui ne sont pas faits par des artistes. Une grande partie de ce que nous vendons est tout de même produit par des artistes. Ils n’exposeraient peut-être pas ces œuvres-là dans une galerie à proprement parler, mais c’est une façon pour eux de s’assurer un revenu que de vendre des reproductions à moins de 100 $. Il existe différents niveaux de marchandisation entre la boutique et la galerie d’art.

FMN Besides my own art, I also do freelance design work. Freelance makes money. Bigger clients, like Puma, have better funding and support. But corporate clients tend to be very specific, and there can be a lot of nonsense back and forth. / En

plus de mes propres créations, je fais du graphisme à la pige. Ce boulot-là est bien payé. Les gros clients, comme Puma, ont du budget et des moyens. Les clients institutionnels ont tendance à être bien plus précis, ce qui entraîne souvent un nombre absurde d’allers et retours. KM One of our artists, Kris Knight, worked with Gucci last year, and it was so exciting to open up to the second page of Vogue and see a woman wearing his artwork on her body. I like things getting out in the world. And it’s good money when it happens. / Un de nos

artistes, Kris Knight, a travaillé avec Gucci l’année dernière. On était aux oiseaux quand on a vu une femme habillée de ses motifs floraux en page 2 du Vogue. J’aime quand l’art dépasse les frontières. En plus, ça rapporte de l’argent.

FMN It is good money and is exciting, but it can be frustrating. I try to make it my own work, but it rarely feels that way. It gets edited out, meaning the client wants something that fits their identity, style, corporate outlook. So drawing decaying things, or anything that looks depressing and violent, gets cut out right away. My style becomes more polished in a way that’s suited for the public consumer. My peers and I often feel that the client— usually the art director—has a very specific idea that we’re hired for. It’s more like being an accessory to the company’s vision. / Ça rapporte de

l’argent, ça fait plaisir, mais ça peut être frustrant. Quand je travaille pour d’autres, j’essaie d’y mettre ma signature, mais le client apporte toujours des modifications : il veut quelque chose qui lui ressemble à lui, son style, son identité. Dessiner quoi que ce soit en décomposition, dépressif ou violent ne passe jamais. J’assagis mon style pour coller avec le consommateur grand public. Mes collègues et


The Conversation / La Conversation

moi trouvons souvent que le client, le directeur artistique normalement, nous engage avec déjà une idée bien précise en tête. On a l’impression de n’être qu’un outil au service de la vision de l’entreprise.

CY Growing up, I think a lot

of people’s understanding of art is that it’s something you do because you like it. But in the past few years, creativity has been aggressively adopted by companies. Not just the cool ones, who always kind of got the central role of creativity anyway, but by pretty much all companies. So the notion of creativity—of who is capable of being creative—has shifted, been made broadly accessible and streamlined into this thing that you have to be good at, in the context of business. For companies, it’s another arrow in your quiver; it represents a competitive advantage; it becomes deeply intertwined with profit-making, capitalism. These aren’t intrinsically bad things. It’s just, suddenly, in the past five years, the notion that creativity matters has come to dominate business thinking. / Gen devenant adulte,

je crois qu’on comprend qu’on dessine, qu’on peint ou qu’on sculpte par envie, par plaisir, par amour de l’art. Ces dernières années, les entreprises se sont brutalement emparées de la créativité. Et pas seulement les plus branchées, qui étaient déjà inventives de toute façon, mais toutes les autres. La notion de créativité, c’est-à-dire de celui qui a la capacité d’être créatif, a alors changé : elle est devenue cette chose accessible à tous et une qualité qu’une entreprise se doit d’avoir. C’est une autre corde à son arc, un avantage compétitif,

qui vient s’entremêler avec la notion de profit, de capitalisme. Ce n’est pas mauvais en soi. C’est simplement que, soudainement en cinq ans, cette idée qu’être créatif est important s’est mise à jouer un rôle prépondérant dans la logique d’affaires. FMN It can be both good and bad. The clients have money and facility to create something that most artists don’t have easy access to. And without any creative ideas, the clients/ companies can’t get the product they want. If I didn’t have those commissions, I wouldn’t have a strong reputation and couldn’t get other clients. The bad part is when you feel like you’ve been used. / C’est bon et mauvais à la

créatifs et pourtant n’ont pas les compétences voulues pour diffuser leur travail, en faire la promotion, ou bien ils détestent cette partie-là. Si Katharine expose un artiste et, qu’au vernissage, il n’y a que 12 personnes dont 6 sont des membres de la famille de l’artiste en question, ça la fichera mal pour tout le monde.

KM Sometimes that happens, unfortunately. / Ça arrive

quelquefois! Malheureusement.

CY What I learned from

CY Really, the hard thing about

representing creativity speakers [at the Lavin Agency] is that people don’t have a lot of attention to give. At the outset of Little Brother, we knew that no one cared about us! They have a plethora of choices bombarding them. So it’s important to be consistent and distinct—like our monochrome covers and posters or the way we use only two typefaces. You figure out how to use that to your advantage. We don’t lose money on the magazine, but we don’t make anything that if you were to present it to Dragons’ Den, they’d go, “Wow, that’s an amazing idea!” / Ce que mon

difficile d’entre tous chez Little Brother est de faire connaître le magazine. Beaucoup de gens que je côtoie sont talentueux,

métier d’agent de conférenciers [à l’agence Lavin] m’a appris, c’est que les gens ont peu d’attention à accorder. Quand on a lancé Little Brother, on savait que personne ne nous attendait. Nos éventuels lecteurs n’avaient déjà que l’embarras du choix. Il était donc important qu’on se démarque et qu’on s’y tienne, d’où nos couvertures monochromes, nos affiches et nos deux seules polices de caractères. Après, à nous de trouver comment l’utiliser à notre avantage. Aujourd’hui, on ne perd pas d’argent, mais

fois. Les entreprises ont l’argent et les moyens pour créer, ce qui n’est pas le cas de la majorité des artistes. Sans créativité, l’entreprise ne peut obtenir le produit qu’elle désire. Quant à moi, sans ces commandes, je n’aurais pas une telle réputation aujourd’hui, qui me permet d’approcher d’autres clients. Le mauvais côté, c’est quand j’ai l’impression d’avoir été utilisée.

all the work we do with Little Brother is getting people to know about it. I know many people who are very talented and creative, but they don’t have the skill set for the amplification part or they find it distasteful. If Katharine takes on an artist and there’s an opening-night party and there are 12 people, half of whom are the artist’s family, that’s not going to look good for anyone. / Le boulot le plus

THE NOTION THAT CREATIVITY MATTERS DOMINATES BUSINESS THINKING. / L’IDÉE QU’ÊTRE CRÉATIF EST IMPORTANT JOUE UN RÔLE PRÉPONDÉRANT DANS LA LOGIQUE D’AFFAIRES. on n’a rien qui puisse faire dire aux investisseurs de Dans l’œil du dragon : « Ça, c’est une idée géniale! »

KM They would laugh me off the stage. / Ils me sortiraient du

plateau en riant.

CY Exactly! So I feel somewhat

fortunate that we never have to compromise anything, because there’s no financial investment. But then our fulltime jobs are incredibly taxing as well. / Exactement! Dans

un sens, je me sens privilégié de ne jamais avoir à faire de compromis, parce qu’il n’y a pas d’investisseur financier justement. Mais ça alourdit d’autant plus notre tâche. KM Yes. You then have to find the time. / Oui. On court alors

après le temps.

CY Freedom! It’s not just a novel by Jonathan Franzen. / Freedom!

Ce n’est pas que le titre d’un roman de Jonathan Franzen.

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Made / Fabriqué

SHOVEL READY A sexy and sustainable answer to winter’s most tedious chore. /  Prêt à pelleter? Oui, si on s’arme d’un outil écolo et sexy.

BY / PAR BY HOWARD AKLER

MOST PEOPLE DREAD the first big snowfall of the winter. Patrick Kroetsch and Dominik Gmeiner, however, can’t wait. That’s when their Firn snow shovel gets to shine. “Shovelling snow is a classic Canadian activity,” says Kroetsch. “And the shovel itself is an icon we thought we could riff on, something more in line with our design values.” To that end, the twentysomething industrial designers from Toronto, one an OCAD University grad and the other still a student, came up with a sleek-looking tool that Canadian Living called “sexy” (surely a first for the humble snow shovel). But the duo wanted their product to be more than just stylish; they also wanted it to be made locally and sustainably. Each of the shovel’s component parts— stainless steel blade, white-ash wooden handle and nylon-cord grip—is manufactured within 125 kilometres of Toronto, and all of it can be recycled. Kroetsch himself laser-cuts the blades in North York; the wood is from Southern Ontario and milled in Kitchener. Best practices aside, the choice of materials gives the Firn an edge over its aluminum-bladed competition: The stainless steel blade is resilient enough to dig under sheet ice. Kroetsch and Gmeiner debuted the Firn—named after the crystalline snow found under the head of a glacier—at the International Design Show in December 2013. Twenty-five prototypes sold out quickly. Less than a year later, the Firn shovel won a Sustainable Design Award. That success was followed by a $12,000 Indiegogo campaign that allowed the pair to manufacture another hundred shovels. Stocked this time in six Toronto-area design stores, they sold out again. Kroetsch expects more of the same this season, despite an $88 (or $98 for a version with a red powder-coated blade) price tag that’s twice that of a Canadian Tire shovel. “We recognize that this is a bit of a boutique cost,” says Kroetsch. “But it is a boutique item. One customer even hung one on the wall of his condo.”

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PENDANT QUE LA MAJORITÉ d’entre nous redoute la première chute de neige, Patrick Kroetsch et Dominik Gmeiner, eux, piaffent d’impatience. Car Firn, leur pelle à neige, pourra enfin montrer de quel bois elle se chauffe. « Le pelletage est l’activité hivernale canadienne par excellence, lance Patrick Kroetsch. On a eu envie de revisiter le design de son icône : la pelle. » Ces deux jeunes designers industriels de Toronto – l’un diplômé de l’université OCAD, l’autre toujours étudiant – ont imaginé un outil au look épuré que le magazine Canadian Living a qualifié de sexy : certainement une première pour une pelle à neige! Mais le duo ne voulait pas que du style, il voulait aussi un produit écologique et local. Tous les composants de la pelle – lame en acier inoxydable, manche en frêne blanc et poignée en corde de nylon – sont entièrement recyclables et fabriqués dans un rayon de 125 km autour de Toronto. Les lames sont taillées au laser à North York par Patrick Kroetsch lui-même; quant au bois, il provient du Sud de l’Ontario et est découpé à Kitchener. En plus de ces bonnes pratiques, on notera le choix du matériau de la lame, qui place cette pelle bien au-dessus de ses concurrentes en aluminium : l’acier inoxydable est assez robuste pour casser la glace. Firn – qui doit son nom au mélange singulier de neige et de glace que l’on trouve sur les glaciers, appelé aussi névé – fait ses débuts en décembre 2013 au Salon international du design : les 25 prototypes s’envolent en quelques heures. Moins d’un an plus tard, elle remporte un prix du design durable. S’ensuit une campagne Indiegogo, qui rapporte 12 000 $ et permet de fabriquer une centaine de pelles. On les confie à six magasins de déco de la région torontoise et c’est à nouveau la rupture de stock. Malgré un prix de vente affiché à 88 $ (98 $ pour le modèle à lame rouge), soit le double d’une pelle Canadian Tire, Patrick Kroetsch s’attend à la même ruée cette saison. « On sait que c’est un prix de boutique, mais c’est un article de boutique. Un de nos clients en a même accroché une sur le mur de son condo. »


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PHOTO COURTESY OF / PHOTO AVEC L’AIMABLE AUTHORISATION DE FIRN


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JUNE

2016

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MONTREAL

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TITLE TYPOGRAPHY / TYPOGRAPHIE DU TITRE : ANDREW KIDDER; PHOTO: COURTESY OF SAPIENTNITRO

ENTER THE WELL BY / PAR HANNAH SIKLOS

ACCORDING TO ANCIENT NORSE LEGEND, the water of Mímir’s

Well ran thick with wisdom. For the privilege of a drink, the story goes, the god Odin gave the well one of his eyes. This past October, at the 10th edition of Nuit Blanche, Toronto’s annual all-night art crawl, the legend was revived as an interactive installation in the lobby of QRC West, a building owned by Allied Properties REIT, which co-sponsored the work. SapientNitro, a global digital agency whose Toronto headquarters are on the building’s 12th floor, created an oversized well, filled with ominous black goop. Rising from the well were nine flat screens, each of which depicted different scenery, from rolling green hills to the

DANS LA MYTHOLOGIE NORDIQUE , la source de Mímir apporte la sagesse. La légende raconte que le dieu Odin, pour pouvoir boire de cette eau, a dû offrir un œil en sacrifice. Lors de la 10e édition de la Nuit blanche de Toronto en octobre dernier, une installation interactive – coparrainée par Allied Properties REIT et présentée dans le hall d’entrée de l’immeuble QRC West, lui appartenant –, a fait revivre la légende. L’agence numérique internationale SapientNitro, dont les bureaux torontois se situent au 12e étage de ce même édifice, avait conçu pour l’occasion un puits géant : rempli d’une inquiétante substance noire et visqueuse, il était surmonté de neuf écrans plats, équipés de BLOCK / 45


Notebook / Notebook

roaring fires of hell, and each of which was equipped with a motion sensor. Passersby were stunned to see themselves— reincarnated as an animated bear or wolf—on the screens, with animal avatars mirroring their movements. Intensifying the eeriness was a soundtrack of snapping twigs and a deep rumbling hum—sounds that SapientNitro executive creative director Michael Howatson, the project’s lead, says were intended to “grab you by the stomach.” If Mímir’s Well grabbed audiences, it did so gently. The work was playful and accessible, offering people a terrific excuse to visit the QRC West’s lobby, a soaring space bordered by two of the original exterior walls of the 105-year-old Weston’s Biscuit Factory, around which the building is constructed. The lobby also contains the dramatic delta frames that support the nine-storey building that floats overhead. “It’s nice to invite the community and let everyone know about this amazing space,” says Howatson. “This building is an engineering marvel, but it’s one born of respect. We recognized this. It’s why we wanted to work with Allied—and it’s why they let us celebrate their space.”

détecteurs de mouvement et représentant chacun un décor, allant de la colline verdoyante aux flammes de l’enfer. Il suffisait de passer à côté pour se voir réincarné en loup ou en ours, l’animal sur l’écran imitant tous nos gestes. Pour ajouter à l’effet de surprise, une bande sonore diffusait des bruits sourds, craquements, bruissements et autres sinistres chuchotements, destinés à « nous prendre aux tripes » d’après Michael Howatson, directeur de création de SapientNitro, chargé du projet. Si le puits de Mímir a su captiver les passants, il l’a fait en douceur. L’installation se voulait amusante et grand public. Et quelle fabuleuse excuse pour venir visiter le vestibule du QRC West, un lieu qui a le vent en poupe. Bordé par deux des murs extérieurs centenaires de l’ancienne biscuiterie Weston, il abrite une structure d’acier à l’architecture spectaculaire, soutenant neuf étages. « C’est toujours agréable d’inviter le public à découvrir cet endroit incroyable, ajoute Michael Howatson. L’édifice est une merveille d’ingénierie, qui a le sens du respect. C’est pour cette raison qu’on souhaitait travailler avec Allied, et qu’il nous a permis de mettre cet espace à l’honneur. »

MY BLOCK / AUPRÈS DE MON BLOCK TONY MIGLIARESE, VP/DIRECTOR OF HAYWOOD SECURITIES, ON HIS FAVOURITE PRE-, POST- AND MID-WORK SPOTS IN CALGARY. /  AVANT, PENDANT ET APRÈS LE BOULOT, LES BONNES ADRESSES DE TONY MIGLIARESE, VP-DIRECTEUR DE HAYWOOD SECURITIES, À CALGARY.

DEVILLE LUXURY COFFEE AND PASTRIES A lot of energy and

beautiful people. The Nutella latte is absolutely fantastic. / Le plein d’énergie et des gens magnifiques. Le latte au Nutella y est divin.

PROOF This new spot is one of Calgary’s few artisanal cocktail bars. Great for an after-work tipple. / Un nouveau venu parmi les rares bars à cocktails artisanaux de Calgary. Idéal pour prendre un verre après le boulot. ONE CYCLE SPIN STUDIO They have a bunch of different classes. It’s a crazy, crazy, crazy workout. / Ils ont tous un tas de cours différents. Un entraînement de fou! CHIN WHISKEY A very cool barber that specializes in beard trimming. / Un barbier très cool, un vrai spécialiste de l’entretien de la barbe. 46

ILLUSTRATION / ILLUSTRATION : NIK NEVES

CENTINI One of the only Italian places in the city where they make their own pasta. The pesto gnocchi (an off-menu order) is outstanding. / Un des seuls restos italiens en ville où ils font eux-mêmes leurs pâtes. Les gnocchi au pesto (hors menu) sont remarquables.


Notebook / Notebook

THE ENDORSEMENTS /  MENTIONS SPÉCIALES

THE LESSON / UNE BONNE LEÇON

WHAT’S INSPIRING SCOTT FRIEDMANN, CHIEF INNOVATION OFFICER, IDEA COUTURE / SCOTT FRIEDMANN, CHEF DE L’INNOVATION CHEZ IDEA COUTURE, SE LAISSE INSPIRER.

THE AMERICANS

I’m obsessed with this TV show! Put aside the fantastic plot line, it’s just so amazing at capturing an era. Essential viewing for Gen Xers. / Je suis accro à cette série télé! Mis à part le scénario fantastique, elle dépeint formidablement bien l’époque. La génération X se doit de la regarder. MODERN FARMER MAGAZINE

It puts a design lens to farming and cultivation, which sounds pretentious, but it’s great. / Ce magazine regarde l’agriculture à travers des lunettes design. Prétentieux peut-être, mais génial.

THE DAY OF ATONEMENT

I’m a big fan of historical fiction by David Liss. His latest takes place during the Spanish Inquisition. He’s great at taking a serious topic and creating an informative and entertaining narrative. / Je suis fan des romans historiques de David Liss. Son dernier se déroule pendant l’Inquisition espagnole. Il a le don de transformer un sujet sérieux en une histoire à la fois informative et divertissante.

LOUIS-PHILIPPE AMIOT

VP, Zimmer/Biomet CAS / VP de Zimmer Biomet CAS

CREATIVE FIX / COMBINE CRÉATIVE

The Problem: Shaun Lambrou, owner and co-founder of Massage Matters, wasn’t attracting top-level talent with standard classified ads. / Le problème : Shaun Lambrou, cofondateur et propriétaire de Massage Matters, n’attirait aucun candidat de grand talent via les petites annonces classiques. THE CREATIVE FIX: “We invested in a professional copywriter who made the ads more personal and sparkling, and the calibre and quantity of resumes that came in spiked right away. It’s important to remember that attracting the best candidates can be a matter of selling the company to them.” / LA SOLUTION : « On a décidé de faire appel à un rédacteur professionnel pour personnaliser les annonces et leur donner du style. Immédiatement, le calibre et le nombre de CV reçus a bondi. Il ne faut pas oublier qu’attirer le bon candidat dépend aussi de la manière dont on lui vend l’entreprise. »

ALLIED NEWS / LES ACTUS D’ALLIED On November 2, the Association of Registered Graphic Designers named Michael Emory, CEO and President of Allied Properties REIT, one of its DesignThinkers of the Year. The award recognizes Canadian corporate leaders who use design and innovation to solve business problems and drive growth. “Design for us is creating a great canvas,” Emory says, “and allowing the tenants to paint on it.” / Michael Emory, PDG d’Allied Properties REIT, s’est vu attribué un des deux prix DesignThinkers 2015, remis par la RGD (association des graphistes agréés de l’Ontario) et récompensant les dirigeants canadiens pour l’utilisation du design et de l’innovation dans la résolution de problèmes et la croissance. « Pour nous, le design est la création d’une belle toile de fond sur laquelle nos locataires peuvent s’exprimer », explique-t-il.

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Now & Then / D’hier à aujourd’hui

SOUL OF A NATION The three buildings that comprise The Chambers are an enduring emblem of Ottawa’s heritage. /  Les trois édifices qui forment The Chambers sont emblématiques du patrimoine ottavien.

BY / PAR GORDON BOWNESS

“THE VERY SOUL OF THE NATION IS HERE REVEALED.” With those words, King George VI dedicated the National War Memorial in 1939. Among the 100,000 onlookers that day at Ottawa’s newly configured Confederation Square were two grand old painted ladies: the Central Chambers and the Scottish Ontario Chambers, a pair of Victorian buildings on the western side of the square on Elgin Street. Only a block from Parliament, with brightly coloured bay windows, cornices and lively patterned brick-and-tile facades, the heritage buildings are popular, recognizable landmarks. The Central Chambers, built between 1890 and 1893 and designed by J.J. Browne, is celebrated for its exuberant Queen Anne Revival style. The Scottish Ontario Chambers, built in 1883 and designed by William Hodgson, is a strong example of Victorian Italianate commercial design. Together with their slightly older and dowdier sister, the Bell Block, built in 1867, also designed by Hodgson, the three edifices have stood shoulder to shoulder for more than a century, witnessing countless events in our nation’s history. The three buildings were renovated extensively in 1994 and linked to a modern 14-storey tower, creating a complex now known as The Chambers; the award-winning development was acquired by Allied Properties REIT in 2012. Fittingly for such a historically significant site, The Chambers’ main tenant is the National Capital Commission, the Crown corporation responsible for, among other things, maintaining and enhancing the capital’s heritage sites. 48

2012

« L’ÂME DE LA NATION SE RÉVÈLE ICI. » C’est par ces mots que le

roi Georges VI a inauguré le Monument commémoratif de guerre du Canada en 1939. Parmi les 100 000 spectateurs présents ce jour-là sur la place de la Confédération se trouvaient deux grandes figures victoriennes, surplombant la partie ouest depuis la rue Elgin : les édifices Central Chambers et Scottish Ontario Chambers. La richesse des motifs de brique et de tuile ornant leurs façades, leurs fenêtres en baie et leurs imposantes corniches font d’eux des monuments historiques remarquables, à deux pas du Parlement. Construit entre 1890 et 1893 selon les plans de l’architecte J.J. Browne, le Central Chambers est un flamboyant exemple du style néo-Queen Anne. Quant au Scottish Ontario Chambers, signé William Hodgson et datant de 1883, il est à l’image des grands bâtiments commerciaux victoriens de style italianisant. Avec le Bell Block, un peu plus âgé (il date de 1867 et est également signé William Hodgson) et un peu moins chic, le trio a fait bloc pendant plus d’un siècle, assistant aux innombrables évènements qui composent l’histoire de notre nation. En 1994, les trois édifices ont été rénovés en profondeur et reliés à une tour moderne de 14 étages, formant aujourd’hui un complexe connu sous le nom de The Chambers. Cet ensemble, récompensé par un prix, a été acheté par Allied Properties REIT en 2012. Et qui de mieux pour locataire d’un lieu si riche d’histoire que la Commission de la capitale nationale, une société de la Couronne responsable, entre autres, de l’entretien et de l’embellissement des sites patrimoniaux de la capitale.

PHOTOS, LEFT / À GAUCHE : GLENBOW ARCHIVES NC-24-57  / RIGHT / À DROITE : HARRY CHOI

c. 1931


Rethink / Repensé

IN PRAISE OF HOBBIES BY / PAR KATRINA ONSTAD ILLUSTRATION / ILLUSTRATION JASON LOGAN

A FEW YEARS AGO, my family and I lived at an international school in a cliffside Italian village, by the Adriatic. Faculty came from around the world: a UN of teachers who filled their off-work hours with hobbies. Of course I knew that Europeans are better than Canadians at wine, daycare and scarves. I was surprised to discover that they beat us at leisure, too. The Scottish science teacher was also a decathlete, and the Dutch economics prof a secret cyclist. By Friday at 5, most residents of our village were card sharks, sketchers and hikers. I was asked more than once, in a range of fetching European accents, “So, what is your hobby?” Good question. What had I been doing in Toronto all those years? My weekends were mostly a mix of kid-schlepping, work emails and eating out. Ingesting social media and hitting museums were not sustained passions; they were fleeting diversions. The definition of a hobby is an interest practised for pleasure rather than reward, and in our work-centric culture, it’s no surprise that hobbies are vanishing. But hobbies matter. Researchers at the Mayo Clinic found that those engaged in creative hobbies were less susceptible to dementia, for one thing. Hobbies can boost social interaction, which reduces stress—and loneliness. A recent study found that creative hobbyists were better equipped to recover from the demands of work after hours and were more likely to help others and

off-tune singing informs my work life not at all, but it does enrich my soul and delivers me back to the village where I learned leisure. / J’AI VÉCU UN TEMPS en Italie avec ma famille,

to be more creative when they returned to the office. Productivity is a bonus, but a hobby’s real value is in its purposelessness. In 1932, Bertrand Russell, in his essay “In Praise of Idleness,” argued that “a capacity for light-heartedness and play…has been to some extent inhibited by the cult of efficiency. The modern man thinks that everything ought to be done for the sake of something else, and never for its own sake.” This is why spending too much leisure time scheming for success with work-related side projects (Uber was someone’s hobby!) kind of misses the point: A hobby is something that’s not about winning, it’s about doing. It’s by immersion in an activity that we can hit that much desired “flow” state, so engaged that self-consciousness and time fall away. We find unalloyed pleasure there, which we so desperately need after long hours and nights tethered to our devices and our jobs. The hobby becomes a site of rejuvenation and the soil for later epiphanies. I returned to Canada and joined a choir. My somewhat

à l’école internationale d’un village construit à flanc de falaise et surplomblant l’Adriatique. Les enseignants venaient des quatre coins du globe et occupaient leur temps libre de mille façons. Je savais que les Européens étaient meilleurs que nous en vin, en garderie et en foulard; j’ai découvert qu’ils excellaient aussi dans le domaine des loisirs. La professeure de science, d’origine écossaise, était une décathlonienne; celle d’économie, néerlandaise, une cycliste discrète. Dès 17 h le vendredi, tous les villageois ou presque se transformaient en redoutables joueurs de cartes, en dessinateurs ou en randonneurs. Combien de fois ne m’a-t-on pas demandé, avec une charmante pointe d’accent, quel était mon passe-temps. Bonne question. Qu’avais-je fait de mes fins de semaine à Toronto toutes ces années? À part trimballer les enfants, rattraper le retard dans mes courriels et sortir au resto. Les réseaux sociaux et les musées n’étaient pas des passions, simplement de brèves distractions. Un passe-temps est une activité que l’on pratique par plaisir, sans rétribution quelconque. Rien d’étonnant à ce qu’il se fasse rare dans une société axée sur le travail. Pourtant avoir un passe-temps est important. Des chercheurs de la clinique Mayo ont découvert que

les personnes ayant un passetemps créatif couraient moins de risques de démence. De plus, en favorisant l’échange social, il réduirait le stress et la solitude. D’après une étude récente, ces mêmes personnes seraient plus efficaces après de longues heures de travail, plus altruistes et plus inventives au bureau. Une meilleure productivité est certes un bénéfice, mais la valeur réelle d’un passetemps se trouve dans son inutilité. Dès 1932, dans son Éloge de l’oisiveté, Bertrand Russel expliquait que notre capacité à l’insouciance et au plaisir était inhibée par le culte de l’efficacité; que l’homme moderne pensait que tout ce qu’il entreprenait devait satisfaire un but autre que celui de l’action elle-même. Voilà pourquoi poursuivre un loisir ou un projet personnel en fonction d’une éventuelle réussite professionnelle (Über était un passe-temps au départ!) est hors sujet : le but d’un passe-temps n’est pas de gagner mais de faire. C’est en s’immergeant dans l’action que l’on peut atteindre cet état de flottement, où le temps ne semble plus avoir de prise. Un moment de pur plaisir dont on a désespérément besoin après de longues heures rivés à nos écrans. Le passe-temps devient un lieu de ressourcement où nos meilleures idées prennent racines. Depuis mon retour au Canada, je fais partie d’une chorale. Les couacs de mes cordes vocales n’aident en rien ma vie professionnelle, mais ce passetemps m’enrichit et me ramène vers l’Italie et ses plaisirs. BLOCK / 49


Fill in the Blank / Veuillez combler l’espace

THE CHALLENGE Every issue we ask a different artist: What would you do with your very own urban infill? / LE DÉFI Dans chaque numéro, nous demandons à un artiste ce qu’il ferait de sa propre dent creuse. ILLUSTRATION / ILLUSTRATION TAVIS COBURN

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Martina Sorbara, by Christopher Wahl. October 8, Toronto. / Martina Sorbara par Christopher Wahl. 8 octobre, Toronto.


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