BLOCK Magazine - Summer 2014

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Creativity has its place Summer 2014 Issue 5 / La créativité a sa place Été 2014 Numéro 5

the fashion VISIONARY Kid Koala’s Chaos / Scenes of Summer / A Culinary Comeback Le chaos de Kid Koala / Prises estivales / Retour culinaire en force




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contents The Starting Block . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Block de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Contributors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Collaborateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

For Montreal’s rising fashion star Cécile Raizonville, made-in-Quebec is a badge of honour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

THE MOMENT

OUTSIDE THE BOX A very old Toronto neighbourhood is reborn; cronut culture; Matisse and Dalí visit Calgary; an app inventor shares his newest iPhone addictions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 MY SPACE

Calgary producer Rob Kelly’s sources of inspiration . . . . . 17

British set designer Benjamin Gerlis adapts a Kid Koala graphic novel for the stage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

THE CREATOR

ARTIST’S BLOCK

Orest Tataryn’s neon cube . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

A tour of the vibrant, playful office of Toronto ad agency Grip Limited . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Pour Cécile Raizonville, étoile montante de la mode à Montréal, la mention « fait au Québec » est une médaille d’honneur . 11

Le moment

Un très vieux quartier de Toronto renaît; la culture cronut; Matisse et Dalí visitent Calgary; un concepteur d’applications dévoile ses indispensables pour iPhone . . . . . . . . . . 14

hors des sentiers battus

mon espace

Le producteur Rob Kelly et ses sources d’inspiration . . . . 17

Le scénographe britannique Benjamin Gerlis adapte pour la scène un roman graphique de Kid Koala . . . . . . . . . . . . . . . 18

lE créatEUR

ART EN BLOCK

Le cube néon d’Orest Tataryn . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Visite des bureaux animés et ludiques de l’agence de publicité torontoise Grip Limited . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

THE INTERIOR

l’intérieur

THE BUSINESS After a few years away from the spotlight, Montreal chef Joe Mercuri is back—and more ambitious than ever . . . . . . . . 28

L’ENTREPRISE Après quelques années loin des projecteurs, le chef montréalais Joe Mercuri est de retour — plus ambitieux que jamais . 28

THE PORTFOLIO

There is nothing ordinary about a BC summer . . . . . . 32

Three category-defying creatives discuss the benefits of mixing disciplines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

THE CONVERSATION

MADE

A big bang at Vancouver’s Celebration of Light . . . . . . . . . . . 44

NOW & THEN RETHINK

A heritage building that still makes news . . . . . . . . . . . 47

Why the indirect route is often best . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

FILL IN THE BLANK

Gary Taxali’s clownish infill . . . . . . . . . . . . . . . . 50

ON THE COVER / en page couverture et quatrième de couverture Photo / photo : richmond lam Hair and Makeup / coiffure et maquillage : Martine L’heureux of Push Management Inc.

le portfolio

L’été en Colombie-Britannique n’a rien d’ordinaire . . . . 32

la conversation Défiant la norme, trois esprits créatifs discutent des

avantages à mêler les disciplines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 construit

Grand boum pour la Celebration of Light de Vancouver . . . 44

D’HIER À aujourd’hui REPENSÉ

Un monument historique toujours d’actu . . . . . 47

Pourquoi la voie indirecte est souvent la meilleure . . . . . . . 49

Veuillez COMBLER l’espace

La dent creuse farceuse de Gary Taxali . . . 50


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the starting block

photos by / par Stéphanie Locas

“You cannot dig a hole in a different place by digging the same hole deeper.” / « Vous ne pouvez pas creuser un trou dans un nouvel endroit en creusant le même trou plus en profondeur. »

Every article in every issue of Block—and every other publication— starts the same way: as a Big Blank Page (BBP). Typically, filling that BBP is no great task, but occasionally—even for the most seasoned writers—it can seem impossible. In these cases, the secret is usually to try harder. Sometimes, however, the key is to try different. Edward de Bono, the Malteseborn creativity guru, sums it up thusly: “You cannot dig a hole in a different place by digging the same hole deeper.” De Bono, the father of lateral thinking, argues that solving creative problems often requires us to break normal patterns of thought and force ourselves to adopt multiple, counterintuitive perspectives. No doubt, de Bono—a Rhodes Scholar whose CV includes stints as a physician, a record-setting canoeist and a Nobel Prize nominee—would have added much to this issue’s Conversation (page 40), in which three genre-defying creative minds discuss the merits of what we might call digging different holes. In Rethink (page 49), Leah McLaren picks up the same thread in her discussion of obliquity—the counterintuitive theory that sometimes, the best way to solve a creative problem is to get as far away from it as possible. At the heart of de Bono’s argument is an idea that pops up in every issue of Block: Often, the road to creative success is long, winding, bumpy and unpredictable. But no matter the destination, the journey is always a joy.

Chaque article d’un numéro de Block — ou de toute autre publication — débute de la même façon: par une Grande page blanche (GPB). Typiquement, cette GPB n’est pas difficile à remplir, mais parfois cela semble impossible, même pour des rédacteurs expérimentés. Dans ce cas, le secret est généralement d’essayer plus fort. Parfois pourtant, il faut juste essayer autrement. Edward de Bono, le gourou maltais de la créativité, résume les choses ainsi: « Vous ne pouvez pas creuser un trou dans un nouvel endroit en creusant le même trou plus en profondeur. » Père de la pensée latérale, de Bono affirme que la résolution de problèmes de nature créative nous force souvent à repenser nos modèles habituels et à adopter des perspectives multiples et contre-intuitives. Nul doute que de Bono, récipiendaire d’une bourse Rhodes, médecin, canoéiste émérite et candidat au prix Nobel, aurait enrichi La conversation de ce numéro (page 40) au cours de laquelle trois esprits créatifs discutent des mérites de ce qu’on pourrait appeler le forage de trous différents. Dans Repensé (page 49), Leah McLaren poursuit dans la même veine avec sa discussion sur l’obliquité — la théorie contreintuitive qui soutient que la meilleure façon de résoudre un problème de créativité est parfois de s’en éloigner le plus possible. L’idée centrale de la démonstration d’Edward de Bono resurgit à chaque numéro de Block: en matière de création, la route vers le succès est souvent longue, tortueuse, cahoteuse et imprévisible. Mais peu importe la destination, le voyage est toujours un bonheur.

Block / 7


28 Eastern Ave. Toronto ON www.stacklab.ca


contributors Editor-in-chief / Rédacteur en chef

Benjamin Leszcz

Creative DIRECTORS / Directrices artistiques

Whitney Geller & Yasemin Emory

Editor / Rédaction

Doug Wallace

Photo & illustration Editor / iconographe

Catherine Dean

02

assistant designer / adjointe À la directrice du design

01

Melissa Núñez

Translator / Traductrice

Dominique Bergeron

04

03 1. After finishing a master’s degree in philosophy at the University

of Cambridge, Catherine French joined Whitman Emorson as its Communications Intern. She wrote the Q+A (page 15) and My Space (page 17). / Catherine French s’est jointe à l’équipe de Whitman

photos by / par 1. Melissa NÚñez 2. Glen pepin 3. Lukas peet 4. taxali studio

Emorson en tant que stagiaire en communication, après avoir terminé sa maîtrise en philosophie à l’université de Cambridge. Elle a rédigé Questions-réponses (page 15) et Mon espace (page 17). 2. Writer Joanne Latimer is a regular contributor to Maclean’s, Chatelaine, The Ottawa Citizen and The Montreal Gazette. In this issue, she captures a day in the life of our cover subject, emerging fashion designer Cécile Raizonville (page 11). / Joanne Latimer

écrit régulièrement pour Maclean’s, Châtelaine, Ottawa Citizen et The Montreal Gazette. Dans ce numéro, elle nous fait partager un jour de la vie de Cécile Raizonville, la créatrice de mode montante (page 11). Également en couverture. 3. Gary Taxali’s illustrations have appeared in Time, The New Yorker,

Playboy and GQ. This issue, he tackles our Fill in the Blank (page 50). He lives and works in Toronto. / Les illustrations de Gary Taxali ont

été publiées dans Time, The New Yorker, Playboy et GQ. Dans ce numéro, nous lui avons confié Veuillez combler l’espace (page 50). Il habite et travaille à Toronto. 4. Our Portfolio for this issue (page 32) was created by Vancouver-

based photographer Jennilee Marigomen, who has contributed to Inventory, Nylon and Wallpaper* magazines. / Ce mois-ci, le portfolio (page 32) a été réalisé par une photographe de Vancouver, Jennilee Marigomen, qui a également travaillé pour les magazines Inventory, Nylon et Wallpaper*.

COPY EDITors - PROOFREADers / réviseures - correctrices

Catherine Connes, Michaela Cornell, Emilie Dingfeld

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520 King Street West, Suite 300 Toronto, Ontario M5V 1L7 Canada (416) 977-9002 info@alliedreit.com alliedreit.com

Whitman emorson

847 Adelaide Street West Toronto, Ontario M6J 3X1 Canada (416) 855-0550 inquiry@whitmanemorson.com whitmanemorson.com

Block is published four times a year. / Block est publié quatre fois par an.


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The Moment / Le Moment

tue. apr. 22 11:00 aM “Creative collaboration is important to my process,” says 29-year-old designer Cécile Raizonville, as she browses spools of linen thread and swatches of merino wool at the Montreal Centre for Contemporary Textiles. Raizonville will use her selections for the Spring 2015 collection of Matière Noire—her line of sustainable, avant-garde women’s wear, which she produces alongside Quebecois weavers and knitwear artisans. / « les collaborations constituent une partie importante de mon processus » dit la designer de 29 ans, Cécile Raizonville, tout en jetant un coup d’œil aux bobines de lin et aux échantillons de laine mérinos du Centre des textiles contemporains de Montréal. Elle utilisera sa sélection pour la collection printemps 2015 de Matière Noire — sa marque de vêtements féminins écoresponsables et avant-gardistes, produite en association avec des artisans tisseurs et tricoteurs québécois. Block / 11


The Moment / Le Moment

After studying at the Escola Superior de Disseny Felicidad Duce in Barcelona, Raizonville honed her craft in the fashion houses of Paris, Barcelona and New York. In 2011, the France native moved to Montreal to launch her label, which is distinguished by details like Inuitand Navajo-inspired prints, drop sleeves and structured linings. Within two years of launching, she won the prestigious MercedesBenz StartUp award. Raizonville describes herself as a Tumblr addict who draws inspiration from diverse sources, including the novelist Haruki Murakami, the photographer Wolfgang Tillmans and the documentarian Loïc Prigent, of whom she says, “His films about the 24 hours before a couture show are like an extension of fashion school!” / Après des études à l’école Rather than loudly promote her eco-credentials, Raizonville allows her bold designs to take centre stage. / Plutôt que de crier haut et fort les qualités éthiques et durables de sa ligne, Raizonville laisse ses créations audacieuses parler d’elles-mêmes.

supérieure de mode Felicidad Duce de Barcelone, Cécile Raizonville a perfectionné ses compétences dans des maisons de couture à Paris, Barcelone et New York. En 2011, la designer française a emménagé à Montréal pour lancer sa marque, caractérisée par des imprimés d’inspiration Inuit et Navajo, des manches tombantes et des doublures structurées. À peine deux ans après, elle remportait le prestigieux prix Mercedes-Benz StartUp. Raizonville se décrit comme une accro de Tumblr, qui tire son inspiration de sources diverses, incluant l’écrivain Haruki Murakami, le photographe Wolfgang Tillmans et le documentariste Loïc Prigent. « Ses films sur les 24 heures précédant un défilé de haute couture sont comme la prolongation de l’école de mode! » dit-elle.

Matière Noire matierenoirestudio.com by / par Joanne Latimer Photos / Photos RICHMOND LAM

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Outside the Box / Hors des Sentiers Battus

The News / les actualités

In the 1840s , a handful of wealthy Torontonians built houses in

Wellington Place Neighbourhood, along what’s now Front Street and Wellington Street, just west of Spadina. Since then, the area has transformed—first into an industrial hub, and more recently, a creative hub. Now, plans are underway to return the area to its pedestrian-friendly glory. Allied Properties REIT, along with RioCan REIT and Diamond Corp., is building The Well, a 7.67acre mixed-use development. With Toronto’s Hariri Pontarini Architects master-planning the community and Montreal’s Claude Cormier + Associés designing the landscape, The Well will include boutiques, offices and condominiums, with green space and an indoor promenade. “Knowledge workers, shoppers, residents and neighbours will enrich the urban experience for one another,” says Allied President and CEO Michael Emory. “The common spaces in The Well will significantly enhance the area’s sense of community.” / En 1840, quelques Torontois fortunés se sont fait construire des maisons dans le quartier Wellington Place, à proximité de Front Street et Wellington Street, juste à l’ouest de Spadina. Depuis, le quartier s’est transformé — en zone industrielle puis, en zone créative. Aujourd’hui, des plans sont en cours pour lui faire revivre sa gloire de zone piétonne. Allied Properties REIT, en collaboration avec RioCan REIT et Diamond Corp., construisent actuellement The Well, un projet à usages multiples de 3,1 ha. Avec la firme torontoise Hariri Pontarini Architects, en charge du plan directeur des infrastuctures communautaires, et la firme montréalaise Claude Cormier + Associés, responsable de l’aménagement paysager, The Well sera composé de boutiques, de bureaux et de condominiums, avec des espaces verts et une promenade intérieure. « Les travailleurs du savoir, les clients, les résidents et les voisins enrichiront l’expérience urbaine des uns et des autres » note Michael Emory, PDG d’Allied. « Les espaces communs renforceront le sentiment d’appartenance communautaire. » by / par emily katz 14

“People will line up for hours to get their hands on these goods, because they validate their sense of knowledge and class. But trends are forces of fashion and culture, dictated by those deciding what’s in and what’s out—the marketers pushing products or the media who raise them up as this season’s musthave taste.” / « LES GENS FONT LA FILE PENDANT DES HEURES POUR y goûter, afin de valider leur sentiment d’être dans le coup. Mais les tendances SONT DES FORCES DE LA MODE ET DE LA CULTURE, DICTÉES PAR CEUX QUI DÉCIDENT DE CE   QUI EST branché ou dépassé — les pros du marketing qui veulent vendre ou les média qui érigent chaque produit en saveur de la saison. » —David Sax, author of The Tastemakers, on the cronut, a croissantdonut hybrid /— David Sax, auteur de The Tastemakers, à propos du cronut, mi-croissant mi-donut (beigne)

illustration courtesy of / avec l’aimable autorisation de DundeeKilmer Integrated Design Team

The WORD / Mot pour mot


Outside the Box / Hors des Sentiers Battus

Joseph Mallord William Turner (British, 1775-1851), The Fountain of Indolence, 1834, oil on canvas, 105.7 x 166.4 cm, Gift of The Beaverbrook Foundation. / Joseph Mallord William Turner (BritanNique, 1775-1851), La fontaine de L’indolence, 1834, huile sur toile, 105,7 x 166,4 cm, Don de La Fondation Beaverbrook

The Q&A / Questions-réponses

The ENDORSEMENTs / Mentions spéciales Mike Wagman , the Toronto-based co-founder and CEO of acclaimed mobile apps Rithm (music-sharing) and MavenSay (socially driven recommendations), shares three apps he couldn’t live without. / MIKE

As chief curator of Fredericton’s Beaverbrook Art Gallery, Terry Graff oversees one of North America’s largest collections of masterworks. What’s the history of the Beaverbrook? In 1959, Lord Beaverbrook gave a major art collection to the people of New Brunswick. He called the collection his most important life accomplishment. right now, 75 of your masterworks are on loan to calgary’s glenbow museum. don’t you miss them? Since Lord Beaverbrook collected la crème de la crème, we always get requests. When museums in Europe do exhibitions about Turner or Delacroix, they call. Our major Salvador Dalí painting, Santiago El Grande, is at the Dalí museum now. How do you transport the works? The Calgary works were previously in Alabama, so we used two climate-controlled trucks. We do everything by the book: The temperature, light, humidity, crate structure and packing have to be controlled. Do you often borrow works? New art is always arriving. When a crate comes in, it’s like Christmas. / Le conservateur en chef de la Galerie d’art Beaverbrook à Fredericton, Terry Graff, est responsable d’une des plus grandes collections

de chefs-d’œuvre en Amérique du Nord. QUELLE EST L’HISTOIRE DE BEAVERBROOK? En 1959, Lord Beaverbrook a offert une grande collection d’œuvres d’art au Nouveau-Brunswick. Il l’a qualifiée comme étant sa plus importante réalisation. 75 DE VOS TABLEAUX SONT AU MUSÉE GLENBOW À CALGARY. ILS NE VOUS MANQUENT PAS? Puisque Lord Beaverbrook collectionnait la crème de la crème, nous recevons toujours des demandes. Lorsque des musées européens font des expositions sur Turner ou Delacroix, ils nous contactent. Notre toile de Salvador Dalí, Santiago El Grande, est au musée Dalí en ce moment. COMMENT LES TRANSPORTEZ-VOUS? Les œuvres à Calgary reviennent d’Alabama, nous avons donc utilisé deux camions à température contrôlée. EMPRUNTEZ-VOUS SOUVENT DES ŒUVRES? Nous avons constamment des nouveautés.

WAGMAN , cofondateur et PDG torontois des célèbres applications pour

téléphone portable Rithm (partage de musique) et MavenSay (bons plans via les réseaux sociaux) nous dévoile les trois applications dont il ne peut se passer. Pocket. I don’t like to mess with daytime productivity. Pocket is a staple when it comes to saving articles to read for mornings on the subway (iPhone) or nights on the couch (iPad). Kik. Free, fast messaging with friends. It’s awesome to use when travelling, plus it lets you share videos and music or play games. Waterloo’s answer to the mobile messaging wars. Tab. This app allows you to pay your bills at Toronto restaurants without having to wait for the cheque or open your wallet. It’s like Uber, but for restaurant payments. It’s still in beta, but I’m already impressed. / Pocket. Je refuse

de nuire à ma productivité pendant la journée. Pocket est un indispensable en terme de sauvegarde d’articles à lire le matin dans le métro (iPhone) ou le soir sur le divan (iPad). Kik. Textos rapides et gratuits avec les copains. Idéal en voyage, cela vous permet également de partager des vidéos, de la musique ou de jouer à des jeux. C’est la réponse de Waterloo (en Ontario) à la guerre des messageries pour téléphone portable. Tab. Cette application vous permet de payer vos factures dans les restaurants de Toronto sans avoir à attendre la note ou à ouvrir votre portefeuille. C’est comme Uber, mais pour les restaurants. Elle est encore en version bêta, mais elle m’impressionne déjà. interview by / entrevue par Catherine French

interview by / entrevue par Catherine French Block / 15 Block / 15


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My Space / Mon Espace

by / par Catherine French

Photo / Photo COLIN WAY

ROB KELLY, WHO IS A DIRECTOR, executive producer and partner at the Calgary-based film production company Kelly Brothers Productions, has designed his workspace to optimize productivity. “Everything on my desk is either stuff I use all the time or things that inspire me,” he says. “Everything is very functional. I’m not a clutter guy.” / Rob Kelly, réalisateur, producteur exécutif et associé chez Kelly Brothers Productions, a conçu son espace de travail afin d’optimiser sa productivité. « Tout ce qui s’y trouve m’est soit utile au quotidien, soit me sert d’inspiration, » dit-il. « C’est très fonctionnel. Je n’aime pas être encombré. »

01/ Rare Bird Award /  Le prix de l’Oiseau rare “This is a custom trophy; a client gave it to us for having the most nominations but zero wins at an awards ceremony.” /  « Cet oiseau est un trophée fait sur mesure qu’un client nous a offert après avoir eu le plus de nominations, mais aucun prix lors d’une cérémonie. »

05 / Tin Man Trophy /    L’homme de fer “A good friend made this for me after I did the Ironman Canada in 2011.” / « Un ami m’a fabriqué ce trophée pour avoir participé à l’Ironman Canada en 2011. »

02 / ENFP / ENFP “This is my MyersBriggs personality type. ENFPs live in a world of possibilities.” / « Voilà mon type psychologique MyersBriggs. Les ENFP vivent dans un monde de possibilités. »

04 / Ticket stub / Un billet de cinéma

03 / Noise-cancelling headphones / Des écouteurs anti-bruit

“The ticket stub is from A Second Chance, our first documentary. It’s from Landmark Cinemas 7 in Penticton.” / « C’est le billet de A Second Chance, notre premier documentaire. Il provient du Landmark Cinemas 7 à Penticton. »

“I’m an audio junkie. Plus, it gets loud in this office. They are lifesavers.” /  « Je suis accro à tout ce qui est audio. En plus, ça résonne dans ce bureau. Ils me sauvent la vie. »

Block / 17


The Creator / Le Créateur

Beautiful Chaos British set designer Benjamin Gerlis finds inspiration in Montreal, where he’s building a lonely version of the city in miniature. / Le scénographe britannique Benjamin Gerlis s’est inspiré de Montréal pour construire sa ville, solitaire et miniature.

Photo / Photo LM Chabot

HAIR AND MAKEUP / COIFFURE ET MAQUILLAGE : SID ARMOUR

interview by / entrevue par Gordon Bowness

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Set designer Benjamin Gerlis is a member of the Londonbased collective Stripeland. He works on theatre, opera and film productions. / Le scénographe Benjamin Gerlis est membre de la coopérative londonienne Stripeland. Il travaille pour le théâtre, l’opéra et le cinéma.

We’re adapting DJ Kid Koala’s graphic novel Nufonia Must Fall, a futuristic love story featuring a robot and a girl, for the stage. As set designer, I’m creating the show’s overall aesthetic. We’ve got a dozen or so miniature sets onstage, with three puppeteers either crawling underneath the sets or preparing the next one. We’ve also got two video cameras shooting the puppets; the footage will be shown in real time on a big screen. Throughout, the Afiara Quartet plays and Kid Koala spins. There’s a huge amount of stuff going on—it’s going to be quite chaotic in a beautiful way. Overall, the production is very cinematic. This has to do with the director, K.K. Barrett [production designer for the films Her, Where the Wild Things Are and Lost in Translation]. He’s incredible. As a designer, I get inspiration from travelling to cities and just walking around and taking pictures. For this, of course, I’ve been influenced by Montreal, where the story is set. I was keen to help create a world in which a robot falls in love with a girl. So I suggested the world of Expo 67, that kind of reality and its retrofuturistic optimism. I’ve been really influenced by the Montreal Metro. It’s full of amazing ’60s and ’70s architecture, like crazy light boxes and weird angles. I’m trying to create a sparse world —a cold, lonely place, home to two lonely characters.

NOUS AVONS RÉALISÉ l’adaptation scénique du roman graphique du DJ Kid Koala, Nufonia Must Fall, une histoire d’amour futuriste entre un robot et une jeune femme. En tant que scénographe, j’ai créé l’esthétique générale de la pièce. Nous avons près d’une douzaine de plateaux miniatures, avec trois marionnettistes qui rampent sous la scène ou qui préparent la prochaine animation. Nous avons aussi deux caméras qui filment les marionnettes; les séquences sont projetées en temps réel sur un grand écran. La bande sonore est jouée en direct par Afiara Quartet et Kid Koala, aux tables tournantes. Il se passe énormément de choses en même temps — c’est assez chaotique, mais superbe. Dans l’ensemble, la production est très cinématographique. Cela est étroitement lié au réalisateur K.K. Barrett [le chef décorateur des films Her, Where the Wild Things Are et Lost in Translation]. Il est incroyable. En tant que designer, je m’inspire de mes voyages, simplement en me promenant et en prenant des photos. Pour ce projet, bien entendu, j’ai été influencé par Montréal, où le récit a lieu. J’avais très envie de participer à la création d’un monde dans lequel un robot tombe amoureux d’une jeune femme. J’ai évoqué l’univers d’Expo 67 et l’architecture des années 70 avec des boîtes à lumière et des angles étranges. J’ai essayé de créer un monde minimaliste — un endroit froid et solitaire, où vivent deux personnages qui souffrent de solitude. Block / 19


This is Ranger Aidan. He is helping to establish the world's first Homegrown National Park in Toronto this year. Learn more about how the David Suzuki Foundation's Homegrown Park Rangers are bringing nature home one fun, green intervention at a time.

HOMEGROWN

NATIONAL PARK www.davidsuzuki.org/homegrown

Photo by ktchn.com


photo by / par derek shapton

artist’s block orest tataryn

Block / 21


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The Interior / L’Intérieur

fun house The Toronto office of Grip Limited reflects the ad agency’s playful and creative company culture. / Les bureaux torontois de l’agence de publicité Grip Limited sont à l’image de sa culture d’entreprise: créatifs et ludiques.

by / par Gordon Bowness Photo / Photo Michael van Leur

The waiting room at the office of Grip Limited in Toronto, an award-winning ad agency, isn’t so much a room as it is a glowing, white orb. The spherical structure is open, in part, allowing visitors to admire the reception area’s three-storey atrium, which is otherwise distinguished by its curvy glass, buzzy atmosphere and unbeatable architectural views: Will Alsop’s building at the Ontario College of Art and Design University and Frank Gehry’s extension to the Art Gallery of Ontario are both visible from the reception-area window. The overall impression is modern and chic, but there’s an unmistakable sense of fun, too, as evidenced by the big orange slide, which swiftly transports riders to the lower level. Do you dare? / LA SALLE D’ATTENTE des bureaux torontois de l’agence de

publicité primée Grip Limited est en forme de globe blanc lumineux. Cette structure sphérique est en partie ouverte afin de permettre aux visiteurs d’admirer l’aire de réception de l’atrium à trois étages qui se distingue par ailleurs par ses vitres incurvées, son atmosphère grouillante et sa vue imprenable sur deux monuments architecturaux: le bâtiment de l’École universitaire d’art et de design de l’Ontario de Will Alsop, et l’extension de l’AGO, le musée des beaux-arts de l’Ontario, conçue par Frank Gehry. L’impression globale est résolument chic et moderne mais impossible de passer à côté de l’aspect ludique, comme en témoigne le grand toboggan orange qui permet de se rendre à l’étage inférieur. Oseriez-vous l’emprunter?

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“What we do is create narratives,” says Johnson Chou, whose eponymous firm designed the 27,000-square-foot office. “Grip wanted us to infuse a kind of playfulness and wit in their space, which is very characteristic of their work, and the way they approach that work. The journey, the process, has to be as enjoyable as the product.” Hence the slide, which has become an icon of the agency, whose blog is called The Big Orange Slide. Chou has a long history with Grip. In 2003, he designed the agency’s first office on Queen Street West. Grip returned to him in 2006 for its new office at 179 John Street, an eight-storey brickand-beam warehouse built around 1900 and acquired by Allied Properties REIT in 2008. Grip first occupied the fifth and sixth floors, and then in 2011, it expanded onto the seventh floor, which Chou also designed. Grip was founded in 2002 by eight partners who wanted to get back to the messy and fun business of creating. They envisioned a flat corporate structure with fewer middlemen and less tinkering, so campaign ideas would stay strong and fresh throughout the creative process. Key to Grip’s steady growth—the team now numbers around 180—is collaboration among staff and clients, and a dual sense of ownership and openness. That’s why Chou cut a huge hole in the floor. “It was very important that there was a communal space that the entire office can gather within,” says Chou. “A space that linked everyone without a sense of hierarchy. That’s why the very first thing we had to do was create that opening.” 24

« Nous créons des écits » explique Johnson Chou, dont l’entreprise éponyme a conçu les bureaux de 27 000 pieds carrés. « Grip souhaitait insuffler une allégresse et une intelligence au sein de l’espace, des caractéristiques qui lui sont propres et définissent sa façon d’aborder les projets. Le parcours et le processus doivent être aussi agréables que le produit en lui-même. » D’où le toboggan, devenu l’icône de l’agence, qui a même intitulé son blogue The Big Orange Slide. Grip et Chou ont un long passé en commun. En 2003, ce dernier a conçu les premiers bureaux de l’agence rue Queen O. Grip l’a recontacté en 2006 pour ses nouveaux bureaux 179 John Street dans un entrepôt de briques de huit étages datant de 1900 et acheté en 2008 par Allied Properties REIT. Grip en a d’abord occupé les cinquième et sixième étages, puis en 2011, le septième, également aménagé par Chou. Grip a été fondée en 2002 par huit associés qui voulaient replonger dans l’univers amusant et désordonné de la création. Ils ont imaginé une structure corporative linéaire avec moins d’intermédiaires et moins d’interférences, afin que les idées demeurent fortes et fraîches tout au long du processus créatif. La réussite de la croissance de Grip — l’équipe compte maintenant 180 personnes — est la collaboration entre les employés et les clients et un sentiment mutuel d’ouverture d’esprit et de copropriété. C’est la raison pour laquelle Chou a voulu trouer le plancher. « Il était très important qu’il existe un espace commun où tout le bureau pourrait se rassembler » explique-t-il. « Un espace qui relie tout un chacun sans impression de hiérarchie. »


The Interior / L’Intérieur

The airy design—including a large hole in one floor—reflects an emphasis on openness and collaboration. / L’espace aéré - incluant une grande ouverture au milieu des étages – traduit l’accent mis sur l’ouverture d’esprit et la collaboration.

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THE WOW FACTOR IS STILL THERE AFTER EIGHT YEARS, AND THAT’S WHAT WE LIKE THE MOST ABOUT THIS SPACE. / même après huit ans, l’effet de surprise est toujours là, et c’est ce que nous aimons le plus à propos de cet espace.

With the atrium anchoring the design, Chou stripped the building back to its brick and wood. Into the large expanses, he inserted a series of eye-catching meeting rooms, many with a self-contained, sculptural quality. (Chou, a former gallerist, favours the word “sculptural.”) Wrapping around the meeting rooms are openconcept work areas, private offices and editing suites; the common spaces are as thoughtfully designed as the working spaces. Throughout the office are fanciful overtures to Grip’s clients. In homage to beer accounts such as Budweiser and Kokanee, one boardroom is clad in frosted stainless steel to evoke a beer fridge; its door is opened via an old refrigerator handle. In a nod to fastfood chains like KFC and Taco Bell, workstations on the top floor look like booths at a diner. “The biggest fear when you are doing something that’s got more character is that it becomes dated quickly,” says Rich Pryce-Jones, a partner at Grip and the agency’s point man during renovations. “The nice thing about Chou’s clean and minimalist work is that it hasn’t really aged. You see people walk in and go, ‘Wow.’ The wow factor is still there after eight years, and that’s what we like the most about this space.” / L’atrium servant d’ancrage au design, Chou a fait réapparaître la brique et le bois de l’immeuble. Au sein de ces espaces aérés se trouve une série de salles de réunion avec une qualité sculpturale individuelle (le terme « sculptural » est un des mots favoris de Chou, autrefois propriétaire d’une galerie d’art). Des espaces de travail ouverts, des bureaux privatifs et des salles de montage entourent ces salles de conférences; les espaces communs ayant été conçus avec autant d’attention que les espaces de travail. Les bureaux sont ponctués d’hommages aux clients de Grip. Pour honorer Budweiser et Kokanee, une des pièces est revêtue d’acier givré évoquant un réfrigérateur à bières, et sa porte dotée d’une ancienne poignée de frigo. En clin d’œil aux chaînes de restauration rapide telles KFC et Taco Bell, les espaces de travail de l’étage supérieur sont équipés de banquettes de casse-croûte. « Quand on crée quelque chose qui a de la personnalité, le risque est que cela se démode vite » constate Rich Pryce-Jones, associé chez Grip et chargé des rénovations. « La beauté du travail minimaliste de Chou est que celui-ci a bien vieilli. Les gens entrent et sont émerveillés. Même après huit ans, l’effet de surprise est toujours là, et c’est ce que nous aimons le plus à propos de cet espace. »

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The Interior / L’Intérieur

In this boardroom, and throughout the office, original details of the century-old, brick-andbeam building remain visible. / Les détails originaux de l’immeuble centenaire sont visibles dans cette salle de conférence, comme dans l’ensemble des bureaux. Block  / 27


With two new, buzzworthy restaurants, Mercuri has re-established a bold presence in Montreal.  / Grâce à ses deux restaurants dont tout le monde parle, Mercuri s’impose à nouveau à Montréal.

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The Business / L’Entreprise

the comeback kid After a few years out of the spotlight, acclaimed chef Joe Mercuri is transforming the Montreal dining scene. Again. / Après quelques années loin des projecteurs, le chef acclamé Joe Mercuri transforme la scène culinaire montréalaise. À nouveau.

by / par stéphanie verge Photo / Photo gabrielle sykes

A heritage building in Old Montreal is, perhaps, the last place you would expect to find a venture by the premium-casual hospitality group, Houston Restaurant Inc. And a premiumcasual eatery is, perhaps, the last place you would expect to find Joe Mercuri, the 40-year-old chef who vaulted into the culinary stratosphere in 2003, when enRoute magazine called his envelope-pushing fine dining spot, Brontë, Canada’s Best New Restaurant. Joe Mercuri, however, is all for confounding expectations. After Brontë closed in 2010, Houston approached Mercuri, offering not only to hire him as a consultant for four years, but also, to back his next venture. “I have a seven-year-old son who wanted to go to chain restaurants with his friends. Once you’re there you start asking yourself, Why don’t I see fresh vegetables on these plates?” says Mercuri. “What better way to get my message across—using fresh produce, sourcing locally—than to work for a big business?” Mercuri has retained his role as Houston’s executive chef, but lately, he has been focused on his “next venture” in Old Montreal, which he describes as “one space, two concepts.” The two spots sprawl across 5,000 square feet within the red brick building at 645 Wellington Street, which was built starting in 1870 and acquired by Allied Properties REIT in 2010. The fine dining portion is called Mercuri Suite; the casual lunch and cinq-à-sept alternative is Bar Mercuri. Whereas Brontë meant meeting the demands of diners as well as hotel guests (it was located within Le Méridien Versailles), the new spot allows Mercuri total control. “I love being able to cook what I want,” he says. “When I’m cooking, I get excited—I really love being in the kitchen.” The restaurant business has been a part of Mercuri’s life for three decades: When he was 13, he started washing dishes at the Lachine mainstay Il Fornetto. He moved up to busboy, then waiter, and, eventually opened a salad-and-sandwich spot down the street. Cooking school was then followed by stints at Lucca (Italian), Mediterraneo (Mediterranean) and Cube (French).

Un bâtiment historique dans le Vieux-Montréal est, sans doute, le dernier endroit où l’on s’imagine trouver Houston Restaurant Inc., un groupe proposant un service de restauration relax. Et un restaurant décontracté est, sans doute aussi, le dernier endroit où l’on s’attend à trouver Joe Mercuri, ce chef de 40 ans propulsé dans la stratosphère culinaire en 2003 lorsque sa table gastronomique Brontë a été élue Meilleur nouveau resto canadien par le magazine enRoute. Joe Mercuri, pourtant, aime bien dérouter. Lorsque Brontë a fermé ses portes en 2010, Houston a offert à Mercuri non seulement de l’engager en tant que consultant pendant quatre ans, mais aussi de soutenir son prochain projet. « J’ai un fils de sept ans qui voulait aller dans ce type de restaurants avec ses amis. Une fois sur place, vous commencez à vous demander pourquoi il n’y a pas de légumes frais dans l’assiette » raconte Mercuri. « Quelle est la meilleure façon de faire passer mon message — l’utilisation de produits frais et locaux – si ce n’est de travailler pour un grand groupe? » Mercuri a conservé sa position de chef principal chez Houston, mais dernièrement, il s’est également concentré sur son prochain projet dans le Vieux-Montréal, qu’il décrit comme « un espace, deux concepts ». Les deux concepts en question s’étendent sur 5000 pieds carrés au 645 rue Wellington, dans un immeuble de briques rouges construit en 1870, et racheté par Allied Properties REIT en 2010. La table gastronomique se nomme simplement Mercuri tandis que la partie bistro, plus relax et axée sur les 5 à 7, s’appelle le Bar Mercuri. Alors que chez Brontë (situé dans Le Méridien Versailles), Mercuri devait satisfaire à la fois les demandes des clients du restaurant et de l’hôtel, ce nouvel endroit lui donne carte blanche. « J’adore pouvoir cuisiner ce que je veux, » dit-il. « Quand je cuisine, je suis enthousiaste — j’adore être en cuisine. » La restauration fait partie de la vie de Mercuri depuis trois décennies: à 13 ans, il a commencé comme plongeur chez Il Fornetto, à Lachine. Il est ensuite devenu commis-serveur, puis serveur pour enfin ouvrir un comptoir à salades et sandwich un peu plus loin dans la même rue. L’école de cuisine a ensuite été suivie d’emplois chez Lucca (italien), Mediterraneo (méditerranéen) et Cube (français). Block / 29


Though Mercuri’s techniques are influenced by a range of European traditions, his restaurants are unmistakably Montréalais. / Bien que les techniques de Mercuri sont influencées par une variété de traditions européennes, ses restaurants sont incontestablement montréalais.

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The TheBusiness / L’Entreprise Business / L’Entreprise

Mercuri’s tour through European cuisine informed his style, but don’t call it fusion. This is Modern Montreal. “I’ve never lived or worked anywhere else. Montreal is where I’ve learned how to eat, how to taste, how to develop flavours,” he says. “Fusion is when a classically trained chef works abroad, discovers new ingredients and brings them home. My ingredients were already here.” Jean-Talon Market. Atwater Market. Chinatown. Little Italy. These are Mercuri’s scouting grounds, and his penchant for seasonal offerings can lead to everything from mushroom tartare to braised octopus with olives and chilies. Another source of inspiration is Mercuri’s favourite feature of the new space: a charcoal- and wood-burning oven. Much of the cooking for the two restaurants is done in it, whether it’s fish, whole pieces of meat, vegetables in the oven’s ash or birds à la ficelle. The chef fine-tuned the process by roasting beets and squashes under ash, and mushrooms under hay, at his family’s country place in Ontario—about as far afield as he goes for inspiration. Now that his second-born has arrived, Mercuri is shopping around a reality-TV series based on the business, titled The Juice. The term was the first bit of restaurant lingo he learned, courtesy of a server who sternly warned him to never let anyone fall in the juice, i.e. get overwhelmed by demand. “There’s the good juice, when you’re extremely busy and everything is flowing; and the bad juice, when you’re extremely busy and everything is falling apart,” says Mercuri. At his new spots, the juice, so far, is all good.

La tournée de Mercuri à travers la cuisine européenne a influencé son style, mais n’appelez pas cela fusion. C’est du Montréal moderne. « Je n’ai jamais habité ou travaillé ailleurs. J’ai appris à manger, à goûter et à développer des saveurs à Montréal, » dit-il. « La cuisine fusion, c’est lorsqu’un chef de formation classique travaille à l’étranger, découvre de nouveaux ingrédients et décide de les rapporter chez lui. Mes ingrédients ont toujours été là. » Le marché Jean-Talon. Le marché Atwater. Le quartier chinois. La Petite-Italie. Voilà les endroits qui inspirent Mercuri et son penchant pour les produits saisonniers, qui deviendront tartares de champignons ou pieuvre braisée aux olives et aux piments. L’outil préféré de Mercuri au sein du nouvel espace, et son autre source d’inspiration, est le four à bois. La majorité des cuissons y est effectuée, que ce soit poissons, pièces de viande entières, légumes sous la cendre ou volailles à la ficelle. Le chef a perfectionné ce processus en faisant rôtir des betteraves et des courges sous la cendre, et des champignons sous le foin, dans son chalet familial en Ontario — le plus loin qu’il aille pour s’inspirer. Maintenant que son deuxième projet est né, Mercuri cherche à réaliser une émission de téléréalité culinaire qui s’intitulerait The Juice. Ce terme est la première expression qu’il a apprise dans le monde de la restauration, gracieuseté d’un serveur qui l’avait averti de ne laisser personne être dans le jus, c’est à dire se laisser dépasser par la demande. « Il y a le bon jus, quand vous êtes très occupé et que tout se passe bien; et le mauvais jus, quand vous êtes très occupé et que tout s’écroule » explique Mercuri. Dans ses nouveaux restaurants, le jus se porte à merveille jusqu’à présent. Block / 31


The Portfolio / Le Portfolio

simple joys Photos / Photos jenNilee marigomen

jennilee marigomen’s photography depicts life’s simplest pleasures: a walk through a park; a breezy beach; a beautiful sunset. Marigomen, who also works at Vancouver’s Gallery 295, is focused on capturing the extraordinary moments of ordinary life. This series, shot mainly along the Seawall that encircles Vancouver’s Stanley Park, does just that. “It is quite wonderful,” she says, “that a place like this—so beautiful and ancient, filled with wildlife and 100-yearold trees, and experienced by generations before us—exists right in downtown Vancouver.” / Les photos de jennilee marigomen

illustrent les plaisirs simples de la vie : promenades dans un parc ou en bord de mer, couchers de soleil. Marigomen, qui travaille aussi à la Gallery 295 à Vancouver, immortalise les moments extraordinaires d’un quotidien ordinaire. À l’image de cette série de photographies, prises notamment le long du Seawall qui encercle le Stanley Park à Vancouver. « C’est vraiment merveilleux, observe-t-elle, qu’un endroit comme celui-ci — splendide, ancestral, une nature à l’état sauvage, aux arbres centenaires, dont plusieurs générations ont profité — existe en plein cœur de ville. »

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The Portfolio / Le Portfolio

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The Portfolio / Le Portfolio

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The Portfolio / Le Portfolio

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The Portfolio / Le Portfolio

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The Portfolio / Le Portfolio

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The Portfolio / Le Portfolio

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The Conversation / La Conversation

blurred lines So what if poet-sculptor-blogger looks funny on a business card? Three category-defying creative minds discuss the benefits of crossing the lines. / Le titre de poète-sculpteur-blogueur surprend sur une carte de visite? Peu importe. Trois esprits créatifs discutent des avantages à défier la norme.

interview by / entrevue par Mark Slutsky

illustration / illustration Raymond Biesinger

Sean Michaels is the author of the new

Jim Munroe is a novelist, filmmaker,

Alexis O’Hara is a spoken word artist,

novel, Us Conductors, and the founder

video game maker and the head of the

musician and visual artist, and the

of the acclaimed music blog Said the

Toronto video game arts and community

creator of “Squeeeque! The Improbable

Gramophone. / Est l’auteur du roman Us

organization The Hand Eye Society. / Est

Igloo,” an igloo made of old, functioning

Conductors et le fondateur du blogue

romancier, cinéaste, concepteur de

speakers. / Est musicienne, artiste en

musical Said The Gramophone.

jeux vidéo et à la tête de l’organisation

création parlée et visuelle, et a réalisé

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torontoise pour l’art et la communauté

Squeeque! The Improbable Igloo, un igloo

des jeux vidéo, The Hand Eye Society.

fait à partir d’anciens haut-parleurs.


The Conversation / La Conversation

AO We live in a time right now where basically everything is interdisciplinary, because we live in a screen-based world. There are these media platforms that are permeating so many different levels. / Nous

vivons à une époque où presque

tout est interdisciplinaire, puisque nous vivons dans un monde d’écrans. Et les plateformes médiatiques pénètrent des strates très diverses. JM I don’t remember a time when I was like, “I’m done

with writing.” But I kept pursuing other projects that were in different media, alongside my writing. I started making games in about 2000, and then gradually shifted my focus from novel-writing to games.  / Je ne me souviens pas

d’un moment où je me suis dit: « Je n’ai plus envie d’écrire de romans. » Je me suis concentré peu à peu sur d’autres projets dans d’autres types de médias, en plus de l’écriture. J’ai commencé à concevoir des jeux vidéo en 2000, puis

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The Conversation / La Conversation

graduellement, je suis passé de l’écriture aux jeux. AO Yeah—spoken word was a fun medium for me to start off and find my voice and develop some performing techniques, but then it felt like it was too limited in scope, and there was sort of a ceiling as to how far you can get. / Oui — le slam ou

le spoken word a été un médium amusant pour moi à mes débuts. Cela m’a permis de découvrir ma voix et de développer des techniques de scène, mais par la suite cela m’a semblé limité, comme une sorte de plafond qui vous empêche d’aller plus loin.

On the one hand, there’s something so seductive about some of these old professions

SM

there’s something seductive about old professions that have simple names. / Les vieux métiers au titre simple ont quelque chose de séduisant.

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that have such simple names, like the Writer, the Poet, the Painter. It’s nice when someone asks what I do, to not have to say I’m a blogger slash whatever, to be able to say, “Oh, I’m a writer,” or “I’m a critic.” There’s something secure about that identity. But if I were to actually look at my practice and the things that electrify it, it’s absolutely about those moments when you start getting a certain energy from those slashes. / D’un côté, ces vieux métiers ont quelque chose de séduisant avec leur titre simple, comme écrivain, poète, peintre. C’est agréable quand quelqu’un me demande ce que je fais de ne pas avoir à lui répondre que je suis blogueur trait d’union quelque chose, mais plutôt « Je suis écrivain » ou «Je suis critique ». Cette identité est rassurante. Mais si j’observe réellement mes activités et les choses qui les électrisent, ce sont ces multiples traits d’union qui me donnent de l’énergie. AO I think people sometimes have problems with labels. There are assumptions made about what a thing is and therefore you become that assumption. And that’s uncomfortable for most artists, to be defined in that way. / Je crois que les gens

ont souvent de la difficulté avec les étiquettes. Ils font des suppositions sur ce qu’une chose doit être, et vous voilà catégorisé. La plupart des

artistes sont mal à l’aise d’être définis de la sorte. JM My feeling is, it can be quite complementary to work in one medium and then switch to another. Not just creatively, but also from the perspective of getting to know new people. / Selon moi,

travailler dans un médium, puis se tourner vers un autre peut être complémentaire. Pas seulement pour l’aspect créatif, mais aussi pour faire la connaissance de nouvelles personnes. AO Certainly I’ve thought if I were walking in a straight line, if I could just pick one discipline, then I might be able to afford a house. But I just spent the last four years in media arts festivals, with people who are doing computer programming and all this high-tech stuff, and I’m just wiring speakers together, you know? But I have this piece that really works in that world, and it works for many reasons. And then I said, Okay, I’m a media artist now. I’ve got to follow it up. What’s my next piece? And I just kept stumbling, making these pieces that were just not working. So now, I’m going to go back to making music for a while. / Évidemment, j’ai pensé

que si je marchais droit et que je choisissais une seule discipline, je pourrais peut-être avoir les moyens de m’acheter une maison. Mais je viens de passer les quatre dernières années

dans des festivals artisticomédiatiques avec des gens qui font de la programmation et plein de choses dans le domaine des hautes technologies, et moi pendant ce temps-là, j’installe des haut-parleurs, tu vois?

I love the story of American sprinter Carlin Isles, who was a top sprinter, but not one of the absolute best in the world. One day, he asked his manager to look into sports where his sprinting abilities would be useful. His manager suggested rugby, and now he’s a top rugby player. They just pass the ball to him and he runs really fast down the field. I love the moment where the fact that he was a sprinterslash-athlete suddenly made him an incredible rugby player. I feel some of that in my own work, where even though it’s

SM


The Conversation / La Conversation

seductive to be able to say I’m a writer, the things that I get from my online work or from my music writing, the different ways that I do things, it’s fun to know that you’re really just stealing tricks from other ways of doing things. / J’adore l’histoire du sprinter Carlin Isles, qui était excellent mais pas le meilleur au monde. Un jour, il a demandé à son agent de faire des recherches pour voir dans quels sports ses talents pourraient être utiles. Son agent lui a suggéré le rugby, et aujourd’hui, il est un des meilleurs joueurs de rugby au monde. Ils lui passent le ballon et il court très rapidement sur le terrain. J’adore ce moment où le fait d’être un sprinter trait d’union athlète a soudain fait de lui un incroyable joueur de rugby. Je ressens un peu la même chose dans le cadre de mon travail: même si le fait de dire que je suis écrivain a quelque chose de séduisant, ce que m’apporte mon travail en ligne ou la composition, mes différentes façons de travailler, tout cela rend le processus amusant et montre que l’on peut piquer des trucs à nos diverses activités. JM I‘ve had that experience a lot with bringing the writing I do into a game context. I’m nothing special when looked at as part of the novelist community—there are a ton of people who are more successful or just better at writing than I am—but in the games world, where there’s not a lot of great

writing, it really stands out. It’s the same with friends of mine who are really talented illustrators or cartoonists, but their stuff doesn’t get noticed because it’s not super-unique. But you bring something that’s moderately unique in the comics world into the games world and it just stands out like crazy and people love it. When the context for a work changes, it can be pretty powerful. / J’ai vécu cette expérience à maintes reprises en mettant mon écriture au service des jeux vidéo. Je ne suis pas spécialement considéré comme un grand écrivain au sein de la communauté littéraire — il y a beaucoup de gens qui ont plus de succès ou qui écrivent mieux que moi – mais dans le domaine des jeux, où l’écriture de qualité est plus rare, mes textes sortent du lot. C’est la même chose pour certains de mes amis illustrateurs ou bédéistes qui sont très talentueux, mais qui ne reçoivent pas beaucoup d’attention puisque leur travail n’est pas super-original. Mais si vous transposez quelque chose de raisonnablement original du monde de la BD au monde des jeux vidéo, alors vous vous démarquez et les gens adorent. Lorsque le contexte de l’œuvre change, le résultat peut être grandiose.

I’m very bad at recognizing that in myself, because I function constantly in a state of insecurity, which

AO

keeps me on my toes and I think ultimately makes me a better performer. But yeah, I’ve certainly accumulated a lot of things along the way; I have a good toolbox. / Je ne suis pas très douée pour voir ça en moi car je fonctionne dans un état d’insécurité permanent, ce qui me garde bien alerte et finalement fait de moi une meilleure artiste. Mais effectivement, j’ai certainement accumulé beaucoup de choses en cours de route; j’ai une boîte à outils solide.

So much of art is based on metaphor. Like, “It’s a painting of an empty glass that represents my existential melancholy!” There’s something so interesting about using different metaphors and different media to access something that I can’t access as easily with writing. After watching the movie The Great Beauty, which is a strangely shaped and plotted film, I remember asking myself: “How would I write a book like that film?” With both, you’re gesturing toward the same feelings, but using different metaphors or an entirely different vocabulary. I find that really inspiring. / L’art se base

SM

when the context for a work changes, it can be pretty powerful. / LORSQUE LE CONTEXTE DE L’ŒUVRE CHANGE, LE RÉSULTAT PEUT ÊTRE GRANDIOSE.

média pour atteindre une chose à laquelle l’écriture ne me donne pas si facilement accès. Après avoir vu La Grande beauté, un film à l’intrigue et au format étranges, je me souviens m’être demandé comment j’écrirais un livre comme ce film. Avec les deux supports, vous exprimez les mêmes sentiments, mais en utilisant des métaphores et un vocabulaire entièrement différents. Je trouve cela très inspirant.

souvent sur les métaphores. Par exemple, « Ce tableau d’un verre vide représente ma mélancolie existentielle! » Il y a quelque chose de très intéressant dans l’utilisation de différentes métaphores et de différents

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Made / Construit

Boom time Getting technical about pyrotechnics. / La technique derrière la pyrotechnie.

by / par Kevin Chong

At the Honda Celebration of light in Vancouver this summer, a crowd of 1.2 million will collectively crane their necks toward the night sky above English Bay as it becomes etched with light. Teams representing three countries will marry pyrotechnics to a musical theme, delighting the crowds at this annual spectacle. Behind each explosion, however, is much hard work and preparation. “All fireworks start as chemicals or carbon,” explains the event’s producer Kelly Guille, whose official job title is—actually— Chief of Awesome. “By mixing different formulations, we are left with stars, which is what creates the colour you see in the sky. We pack the stars into shells, which are shot into the sky out of mortars. When a time fuse, lit at launch, burns into the centre of the shell, it explodes.” The fireworks sit on racks on top of a bed of sand and are set off from behind a retaining wall. For safety’s sake, the fuse of each mortar shell is lit with an electric match, triggered automatically from a safe distance away. Each type of fireworks explosion has its own name. The loud ones, with just a white flash and a bang, are called salutes. “A lot of the effects are named after nature,” Guille says. “A willow shell is the gold draping, slow-falling effect.” Other common effects include the peony (a round flare of changing light) and the brocade (a shower of lacy sparks). Each performance in Vancouver’s Celebration of Light will last nearly half an hour. Judges will evaluate the teams using five criteria, including originality and colour. Guille says that the winning team gets “boasting rights”—and it’s a resumé-builder for future competitions and clients. For most attendees, however, there are no winners or losers: Just a bright, booming, spectacular celebration.

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À VANCOUVER CET ÉTÉ, pendant la Honda Celebration of Light, 1,2 million de spectateurs tendront collectivement le cou vers le ciel gravé de lumière au-dessus d’English Bay. Des équipes représentant trois pays marieront la pyrotechnie à un thème musical, enchantant les foules durant ce spectacle annuel. Toutefois, chaque explosion demande énormément de travail et de préparation. « Au départ, tous les feux d’artifice ne sont que produits chimiques ou carbone » explique le producteur Kelly Guille, dont le titre officiel est — vraiment — Chef du fabuleux. « En mélangeant des formules différentes, nous obtenons des étoiles qui créent la couleur que vous apercevez dans le ciel. Nous entassons les étoiles dans des bombes, qui sont tirées à l’aide de mortiers. Lorsque le détonateur, allumé au moment du tir, se consume au centre de la bombe, celle-ci explose. » Les feux d’artifice sont déclenchés derrière un mur de soutènement. Pour des raisons de sécurité, la mèche de chaque bombe est allumée à l’aide d’une allumette électrique, amorcée automatiquement à distance. Chaque type de feu d’artifice possède un nom. Les plus bruyants, un éclair blanc et une détonation, sont appelés les salutes. « De nombreux effets tirent leur nom de la nature » note Guille. « La bombe saule pleureur est drapée d’or et a une tombée lente. » Il y a aussi la pivoine (un flamboiement sphérique d’étoiles changeantes) et le brocart (une pluie d’étincelles rappelant la dentelle). Chaque spectacle à Vancouver dure environ une demi-heure. Les équipes sont jugées selon cinq critères, incluant l’originalité et la couleur. Guille explique que l’équipe gagnante remporte le « droit de se vanter » — elle bâtit ainsi sa réputation pour les compétitions et les clients à venir. Pour la plupart des spectateurs par contre, il n’y a ni gagnant ni perdant : simplement une célébration de la lumière, spectaculaire et retentissante.


Photos courtesy of brand.live / avec l’aimable autorisation de brand.live

Made / Construit

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Now & Then / D’hier à aujourd’hui

the newsmaker This Vancouver landmark has enjoyed a century in the spotlight. /  Un monument centenaire à Vancouver, toujours sous les feux des projecteurs.

by / par Guy Saddy

1927

in 1918, Harry “The Human Fly” Gardiner had almost reached the summit of what was once the tallest building in the British Empire. As he shimmied up the Beaux Arts cupola and slipped inside, the crowd below cheered. It wouldn’t be the last time Vancouver’s Sun Tower would make news. Designed by W.T. Whiteway and completed in 1912, the 17-storey, 269-foot-tall Edwardian structure at 128 Pender Street was commissioned by mayor L.D. Taylor to be the headquarters of his Vancouver World newspaper. But the World was not long for this world, and the Seattle-based moving company Bekins bought the building in 1924. In 1937, however, the building reverted to its originally intended use when the Vancouver Sun moved in. Rechristened the Sun Tower, the iconic structure would keep the name even after its namesake moved out in 1965. Acquired in 2011 by Allied Properties REIT, the Sun Tower remains one of the most recognizable buildings in Vancouver—and beyond. From a major role as the skyline-dominating Watchtower on the hit TV series Smallville, to a bit part in the Twilight feature-film franchise, the Sun Tower’s star allure is enduring and unmistakable. Always has been. Just ask Harry Gardiner.

Left / à gauche : W. J. Moore right / à droite : Harry Choi

ON a NovembER DAY

2014

UN JOUR DE NOVEMBRE 1918, Harry « The Human Fly » Gardiner atteignait presque le sommet de ce qui était alors le plus haut immeuble de l’Empire britannique. Tandis qu’il se hissait et se faufilait à l’intérieur de la coupole des Beaux Arts, la foule l’applaudissait. Ce n’était pas la dernière fois que la Sun Tower de Vancouver ferait la une des journaux. Dessinée par W.T. Whiteway et achevée en 1912, la structure édouardienne de 17 étages et 82 mètres de haut, située au 128 rue Pender, avait été mandatée par le maire L.D. Taylor pour devenir le siège social de son journal, le Vancouver World. Mais ce dernier n’a pas fait long feu, et la compagnie de déménagement de Seattle, Bekins, a racheté l’immeuble en 1924. En 1937 pourtant, il retrouvait sa vocation d’origine en accueillant le Vancouver Sun. Rebaptisée Sun Tower, la structure iconique a depuis conservé ce nom, même après le départ de son homonyme en 1965. Achetée en 2011 par Allied Properties REIT, la Sun Tower demeure l’un des immeubles les plus célèbres de Vancouver — et au-delà. De rôle principal en tant que tour d’observation dominant la ligne d’horizon dans la série Smallville à une apparition dans la saga cinématographique Twilight, la prestance de la star Sun Tower est remarquable. Elle l’a toujours été. Il vous suffit de demander à Harry Gardiner. Block / 47


Dirty means getting your hands in the dirt to get things done. It’s what inspired me to found Evergreen over 20 years ago. And getting dirty is how we’re building a healthier city. Because dirty is doing. Dirty is thinking. Dirty is green. Dirty is good. Geoff Cape, CEO and Founder of Evergreen.

Get dirty for your city at evergreen.ca

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Rethink / Repensé

unlikely inspiration by / par Leah McLaren illustration / illustration jason logan

Desperately in love and in my 20s, I quit my job and followed a man to a new country. Soon it became apparent things weren’t working out. The man seemed withdrawn and showed no sign of wanting to make a serious commitment. Heartbroken, but without a quarrel, I packed my bags and returned home. A few weeks later he called and asked: would I marry him, please? This was my first lesson in what philosophers and economists call the theory of obliquity, which purports that if you want to go in one direction, often the best way to get there is to head off in the other. It seems paradoxical, but evidence of obliquity abounds. We instinctively know that going for a brisk walk is usually a better solution to writer’s block than staring at a blank screen. Similarly, that the best creative ideas often arrive in bed or in the shower. But why—and when— does obliquity work? According to the British economist John Kay, the oblique approach shines “in difficult terrain or where outcomes depend on interactions with other people.” Obliquity, he writes, is “characteristic of systems that are complex, imperfectly understood and change their nature as we engage with them.” Kay cites forest fires as a perfect example. For most of the 20th century, the U.S. National Parks Service fought to extinguish every forest fire. Maddeningly, the incidence of blazes only increased.

why, next time you’re struggling with some intractable, creative problem, you should probably close your laptop and head to the pub. / FOLLEMENT

Over time, firefighters realized that most minor forest fires naturally extinguish themselves. As these fires run their natural course, firebreaks are created through the destruction of combustible underbrush. In other words, smaller forest fires often prevent larger ones. Once the Parks Service started letting firefighters use discretion when deciding which fires to fight, damages from the blazes plummeted. There is, of course, much to be said for directness in life. An unpaid bill, obliquely ignored, will not take care of itself. A crumbling wall requires direct attention. But for life’s complicated, holistic problems— problems of work, of fulfillment, of wishing to, say, write a bestseller or create an enduring work of art—an indirect approach is often wisest. This is why performance artist Marina Abramović has said she gets some of her best ideas in airports. It’s why Beethoven spent the better part of every afternoon strolling, and not composing. And it’s

AMOUREUSE, et dans la vingtaine, j’avais quitté mon emploi pour suivre un homme à l’étranger. L’homme en question semblait détaché et ne montrait aucun signe sérieux d’engagement. Le cœur brisé, j’ai fait ma valise et je suis rentrée à la maison. Quelques semaines plus tard, il me téléphonait pour me demander si j’acceptais de l’épouser. Ce fut ma première leçon de ce que les philosophes et économistes appellent la théorie de l’obliquité, qui veut que la meilleure façon de se rendre à un point donné est bien souvent de prendre la direction opposée. Cela semble paradoxal, mais les preuves soutenant cette théorie abondent. Nous savons d’instinct qu’une promenade est généralement la meilleure solution pour vaincre l’angoisse de la page blanche plutôt que de fixer un écran vide. De même, les meilleures idées créatives nous viennent souvent au lit ou sous la douche. Mais pourquoi — et quand — l’obliquité fonctionne-t-elle? Selon l’économiste britannique John Kay, l’approche oblique est une réussite surtout « dans des situations difficiles ou lorsque les résultats dépendent d’interactions avec d’autres personnes. » L’obliquité, dit-il, est « caractéristique de systèmes complexes, mal compris et dont la nature change lorsque nous

les abordons. » Kay cite les feux de forêt en exemple. Pendant presque tout le 20e siècle, le U.S. National Parks Service a combattu chaque feu de forêt. Étrangement, le nombre d’incendies n’a fait qu’augmenter. Les pompiers ont réalisé avec le temps que la plupart des feux de forêt mineurs s’éteignent d’eux-mêmes. Au fur et à mesure que le feu avance, les zones broussailleuses calcinées forment des coupefeu naturels. En d’autres termes, les petits feux de forêt préviennent souvent les grands. Les dommages ont fortement diminué lorsque le Service des parcs a laissé aux pompiers le choix de combattre tel ou tel feu. L’approche directe a, bien évidemment, ses mérites au quotidien. Une facture non payée, obliquement ignorée, ne se paiera pas d’elle-même. Un mur qui s’écroule aura besoin d’une attention immédiate. Mais pour les problèmes compliqués de la vie — professionnels, accomplissement personnel, désir d’écrire un livre à succès ou de créer une œuvre d’art pérenne — l’approche indirecte est souvent la plus sage. Voilà pourquoi Marina Abramovic a ses meilleures idées dans des aéroports et que Beethoven passait ses aprèsmidis à se promener, et non à composer. Alors la prochaine fois que vous serez en panne d’inspiration, fermez plutôt votre ordinateur et rendez-vous au bar le plus proche. Block / 49


Fill in the Blank / Veuillez combler l’espace

THE CHALLENGE: Every issue we ask a different artist: What would you do with your very own urban infill? / LE DÉFI : Dans chaque numéro, nous demandons à un artiste ce qu’il ferait de sa propre dent creuse. illustration / illustration Gary taxali

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Cécile Raizonville, shot by Richmond Lam. April 22, Montreal. / Cécile Raizonville, photographiée par Richmond Lam. 22 avril, Montréal.


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