REPORTAGE
L’ÉCHOPPE S’ÉCHAPPE Gironde
À Lormont, une petite maison ouvrière de style échoppe bordelaise a retrouvé une seconde jeunesse. Rénovée puis augmentée d’une surélévation et d’une extension en bois, elle accueille aujourd’hui une maison familiale et des bureaux d’architecte autour d’un jardin intimiste.
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Sur ce terrain en bande de 550 m², l’objectif n°1 de l’architecte était de conserver, à tout prix, le jardin arrière et les arbres présents sur la parcelle. « Nous souhaitions lier la maison à son environnement, à la fois sur l’aspect physique et sensible », explique l’architecte Alexandre Prout, gérant de l’agence Plus Architectes et propriétaire des lieux. Le projet s’avère compliqué dès le départ car la maison existante en mâchefer nécessite d’importants travaux de rénovation. « Le mâchefer est un matériau plus friable que la pierre, très utilisé dans la construction dans les années 1950. Tout le rez-de-chaussée a été purgé, pour ne garder que les murs périphériques et créer un mur porteur qui sert de support à la surélévation. » Après la reprise du sous-œuvre, l’architecte fait appel à l’entreprise charentaise
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Architecture BOIS N°97
Belaud Prestige pour la fabrication de la charpente traditionnelle et de l’ossature bois en Sapin. La livraison sur chantier nécessite « l’approbation de la voisine », du fait de l’étroitesse du terrain. « À peine dix mètres de large », confirme l’architecte. Si une partie du chantier est mise en œuvre par l’entreprise Belaud Prestige, l’autre partie est réalisée en auto-construction. « Le chantier s’est fait en trois phases car nous avons rénové la maison existante en habitant dans l’extension pendant les travaux. Au total, le chantier nous a pris 4 ans, ce qui n’est pas le standard d’un chantier de cette taille qui aurait plutôt mis 8 mois, mais c’était notre choix. » L’architecteconstructeur a pris en charge une grande partie des travaux, en dehors de l’électricité, de la plomberie, de l’étanchéité, de la plâtrerie et de la pose des
menuiseries en aluminium. L’enveloppe ainsi rénovée et augmentée atteint des performances thermiques proches des standards du passif sur existant : 80 kWh/m²/an. Pour l’aménagement intérieur, l’architecte adapte les volumes pour conserver la luminosité et l’ouverture sur l’extérieur. « L’espace intérieur s’affranchit de toutes cloisons pour privilégier les longues perspectives vers l’extérieur. Cela favorise la fluidité de circulation au sein de la maison et crée un parcours ludique avec, en fond de tableau, l’omniprésence du jardin. » L’intimité n’est pas en reste grâce au positionnement judicieux de volumes de bois permettant l’intégration des équipements techniques : rangements, sanitaires, porte coulissante… Enfin, le choix d’une décoration minimaliste participe à cette sensation de liberté.