oppidum Gaulois des Alpilles un
Les Caisses de Jean Jean
Sommaire
Avant-Propos
p. 6
Le site Présentation Historique des recherches Chronologie du site
p. 10
L’oppidum Le système défensif Les traces de plusieurs monuments publics L’habitat
p. 26
Les faubourgs méridionaux Le faubourg des Petites Caisses sur le versant sud Le piémont de Jean Jean et de Servanes
p. 60
La vie matérielle Les maisons Les matériaux de construction L’exploitation de la forêt Les cultures L’élevage et la chasse L’approvisionnement en eau Le stockage vivrier Les amphores et la consommation du vin La vaisselle de terre cuite Les petits objets de la vie quotidienne Les monnaies L’armement
p. 74
Pratiques cultuelles et monde des morts Les pratiques cultuelles La nécropole de Servanes-Cagalou
p. 104
Glossaire
p. 122
Bibliographie du site
p. 124
Remerciements
p. 126
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20. Stèle complète extraite du rempart R1 avec figurations gravées d’équidés. Relevé des gravures des quatre faces par Yves Marcadal Musée départemental Arles antique 38
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Les traces de plusieurs monuments publics Le sanctuaire primitif et les stèles ornées Comme on vient de le voir, les remparts des différentes époques renfermaient tous en remploi un grand nombre de stèles et de fragments de blocs architecturaux (piliers, linteaux). Un certain nombre de ces éléments lapidaires est actuellement conservé dans les réserves du musée départemental Arles antique, où quelques exemplaires parmi les plus significatifs sont exposés près de l’entrée. Les stèles sont des monolithes de section quadrangulaire (largeur et épaisseur entre 0,20 et 0,30 m), destinés à être placés verticalement (fig. 20). Leur hauteur totale varie entre 0,60 et 1,80 m. Leur base, plantée en terre, est brute d’extraction ou grossièrement travaillée. Le fût, légèrement pyramidal, est dressé au marteau taillant, puis fini par égrisage à l’abrasif en bloc. Il possède souvent des arêtes chanfreinées (en biseau ou avec une gorge en angle droit). Les sommets sont de types variés : ronds, droits, pyramidaux. Les piliers sont des éléments verticaux dont la base était elle aussi plantée en terre. Les arêtes du fût sont le plus souvent chanfreinées. Quelques linteaux ont été spécialement aménagés de façon à prendre place au-dessus d’une ouverture (fig. 21). Mais la plupart sont d’anciennes stèles réutilisées en position horizontale. 39
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10- Rempart R1 11- Porte 12- Assomoir 13- Agglomération 14- épaulement 15- Plan d’eau 16- Trois replats 17- Dépression naturelle 18- Mur
Chevaux de frises Fossé 1 Agger 1 Fossé 2 Agger 2 Fossé 3 Fossé 4 Tour Mur de fortification avancée
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Le rempart R3 se présentait donc comme un mur linéaire dont la partie supérieure devait comporter une succession de plans horizontaux séparés par des décrochements verticaux au droit de chaque contrefort. Cette muraille atteignait probablement une hauteur d’au moins 3 m et était surmontée par un crénelage en adobes. Sa largeur modeste était compensée par la présence des contreforts intérieurs qui permettaient de construire un mur moins épais en procurant à la fois un gain de temps et une économie de matériaux. Tout en renforçant la solidité du rempart, ils permettaient l’installation d’un chemin de ronde démontable en planches. Ce type de rempart à contreforts est directement inspiré d’un modèle grec importé, celui du mur « à ikria » décrit par Philon de Byzance, historien et tacticien de la fin du IIIe siècle av. J.-C. Il constitue à ce jour le seul exemple connu en Gaule de ce type particulier de muraille fortifiée, mis en oeuvre tout d’abord en Grèce, puis diffusé en Italie et en Sicile. La fortification, bâtie durant le deuxième quart du Ier siècle av. J.-C., a eu une durée d’utilisation très courte. Déjà abandonnée avant le début du règne d’Auguste, elle est devenue une carrière de matériaux facilement disponibles, dont la récupération s’est poursuivie pendant plusieurs siècles.
Le rempart occidental (R5) Cet ouvrage fortifié a été édifié dans la partie la moins large du versant. Au nord, la falaise lisse et verticale de l’oppidum est infranchissable. Au sud, un piton rocheux domine une nouvelle falaise de 8 à 10 m de hauteur. Un dos de terrain calcaire les relie en descendant par paliers successifs. À l’ouest du rempart, seul un passage par une sorte d’escalier naturel permet d’accéder à la plaine de Servanes et sa grosse source pérenne. Le cheminement d’un piéton venant de cette direction est d’ailleurs rendu difficile par le relief très accidenté. 66
Page de droite 46. Le rempart occidental R5 des Petites Caisses
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69. Assiette en sigillée italique avec marque de potier imprimée Diam. : 25 cm 70. Marque de SECUNDVS, esclave de C. ANNIVS, potier d’Arezzo en Toscane Page de gauche 66. Coupe à vernis noir campanienne Diam. environ 25 cm Musée départemental Arles antique 67 et 68. Fonds de coupes campaniennes à vernis noir : décor de palmette imprimée (gauche) et rosette centrale avec graffito OYEBPO (droite) Palais du Roure
Le goût de la vaisselle à vernis noir ne cessera qu’à la fin du Ier siècle av. J.-C., lorsque la mode de la céramique à vernis rouge arétine (du nom d’Arezzo en Italie centrale) s’imposera (fig. 69, 70). Parallèlement aux importations méditerranéennes seront diffusées des productions régionales inspirées de modèles grecs. Initialement fabriquées par des potiers de Marseille, elles seront adoptées dans d’autres ateliers du Midi. La « céramique à pâte claire massaliète » (VIe-IIe siècle av. J.-C.) porte une décoration peinte noire ou rouge. La « céramique grise monochrome » sera fabriquée moins longtemps (VIe-Ve siècles av. J.-C.). Le commerce de ces produits est donc essentiellement orienté vers la Méditerranée, mais on remarquera cependant que les importations de poteries ibériques sont pratiquement inexistantes. Nous ne connaissons à ce jour aux Caisses qu’un seul tesson de poterie ibérique peinte (fig. 71). Quant aux importations venues de la Celtique au nord de notre région (« bols de Roanne », urnes balustres, jattes), elles sont rares et tardives. 89
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L’armement Pour les débuts de l’âge du Fer, on dispose seulement des figurations gravées de cavaliers brandissant une arme de jet, un javelot probablement. L’un d’entre eux se protège à l’aide d’un petit bouclier carré. Les rares armes retrouvées sur l’oppidum sont tardives (Ier siècle av. J.-C.), et leur liste très brève : pour l’armement gaulois, une courte pointe de lance et un umbo* de bouclier ellipsoïdal avec pattes de fixation ; et pour l’armement romain, seulement un poignard de légionnaire (fig. 95). Certaines sépultures de la nécropole de Servanes-Cagalou (voir plus loin) ont en revanche livré un peu plus de mobilier : quatre épées en fer de types différents (dont l’une, dite à poignée anthropomorphe, est décorée de têtes humaines et de têtes de bélier), deux fers de lance à douille et un umbo circulaire de type germanique (fig. 92, 93, 94). On a aussi récolté, lors des prospections, plusieurs balles de fronde en plomb dispersées sur le versant des Petites Caisses (fig. 96). Ce sont de petits objets en forme de grosse olive aux extrémités effilées. La presque totalité, de fabrication romaine, est coulée dans des moules. Une
93. Épée à poignée anthropomorphe L. épée : 43 cm. L. poignée : 15 cm Musée des Antiquités nationales
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92. Umbo de bouclier Musée des Antiquités nationales
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94. Pointe de lance L. 43 cm Musée des Antiquités nationales 95. Gaine de poignard de légionnaire romain et dessin de reconstitution Dépôt de Mouriès 96. Balles de fronde en plomb, gauloise (martelée, à gauche) et romaines (coulées, à droite) Musée départemental Arles antique
seule balle, plus grosse et plus lourde, a été façonnée localement par martelage d’un ruban de plomb. Les milliers de galets que l’on observe partout sont étrangers au site. Ils ont été apportés d’un endroit probablement peu éloigné (la Crau ?) afin d’établir des drains, des soles de foyer et des radiers de sol dans les habitations. Pourtant on les considère généralement comme des balles de fronde. Certains d’entre eux, il est vrai, servaient de pierres de jet. Mais ces galets, trop lourds et trop volumineux, ne pouvaient pas être lancés suffisamment loin avec une fronde.
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Nécropole de Servanes-Cagalou En haut 108. Plan d’un bustum, bûcher funéraire en fosse 109. Bracelets et fibules en fer, brûlés et placés dans une urne cinéraire Musée départemental Arles antique Ci-contre 110. Talus avec sépultures en bordure du chemin protohistorique situé sous le chemin actuel de Cagalou Page de droite 111. Sépulture à incinération comprenant un groupe de 16 vases 112. Sommet d’une sépulture à incinération sous le chemin protohistorique 116
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Ce n’est pourtant qu’en 1978 que les fouilles reprennent. Cet ouvrage est le résultat d’une aventure archéologique commencée depuis plus de trente ans. Il propose une synthèse des travaux de fouilles et aborde les thématiques liées à la vie quotidienne des habitants d’un oppidum gaulois. Enseignant en histoire, archéologue, Yves Marcadal est chercheur associé à l’IRAA, Institut de recherche sur l’architecture antique (CNRS) pour lequel il travaille sur différents sites archéologiques des Alpilles. Architecte-archéologue, Jean-Louis Paillet est ingénieur de recherche à l’IRAA. Ses travaux portent sur de nombreux sites en France (Glanum, Pont du Gard,...) et à l’étranger (Espagne, Syrie, Algérie).
22 € Le GAM (Groupe archéologique de Mouriès) est une association ayant pour objectif la mise en valeur et la conservation du patrimoine archéologique de Mouriès.
Dépot légal : février 2012 ISBN : 978-2-918371- 10-6
Les caisses de Jean Jean à Mouriès
Dans les années 1930, le célèbre archéologue Fernand Benoit y découvre des stèles du début de l’âge du Fer portant des gravures remarquables de chevaux et de cavaliers aujourd’hui conservées au musée départemental Arles antique.
Un oppidum gaulois des Alpilles
Sur la commune de Mouriès existe un site rendu exceptionnel par la beauté de son cadre naturel et par la richesse de son passé : les Caisses de Jean Jean. Sa superficie et la durée de son occupation en font l’un des oppida majeurs de la chaîne des Alpilles. Au-delà, il constitue un élément clé du patrimoine archéologique régional.
Yves Marcadal
Jean-Louis Paillet
oppidum Gaulois des Alpilles un
Les Caisses de Jean Jean à Mouriès (Bouches-du-Rhône) VIIe siècle av. - IIIe siècle ap. J.-C.
Guide archéologique Honoré Clair