Elephant extrait

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L’éléphant, à tâtons...

« Il sera élevé, sur la place de la Bastille, une fontaine sous la forme d’un éléphant en bronze, fondu avec les canons pris sur les Espagnols insurgés ; cet éléphant sera chargé d’une tour et sera tel que s’en servaient les Anciens ; l’eau jaillira de sa trompe. Les mesures seront prises de manière que cet éléphant soit terminé et découvert au plus tard le 2 décembre 1811. » Décret du 9 février 1810

Trois sculpteurs sont en lice – Bridan, Moutoni et Dillon – pour réaliser des maquettes d’éléphant. Dans un courrier aux administrateurs du museum d’histoire naturelle, Denon recommande l’un d’entre eux : « Cet artiste, pour étudier avec soin l’anatomie de cet animal, épier ses habitudes, a besoin de vos conseils et surtout de la possibilité d’entrer dans la loge qui est construite à l’éléphant du musée ; il désirerait de plus que vous eussiez l’obligeance de lui prêter momentanément à la proximité de cette loge un petit coin où il puisse modeler en petit le résultat de ses observations. » Maquette en plâtre Paris, musée Carnavalet Double page suivante Ce dessin est sans doute l’une des premières ébauches dressées par l’architecte parisien. Contrairement au projet définitif, l’eau y est expulsée par la trompe de l’éléphant. Projet pour la fontaine de la Bastille à Paris, Jean-Antoine Alavoine Paris, musée du Louvre, D.A.G.

« Le plan de la fontaine de la Bastille est naturel, populaire, pittoresque et il réveille un ordre d’idées élevées, convenable à un monument public. (...) Cependant, oserai-je le dire ? Si j’avais été l’arbitre de cette construction, je serais allé plus loin que l’inventeur. Au lieu d’employer l’éléphant asiatique, j’aurais préféré l’éléphant antédiluvien, connu sous les noms de Mammouth et l’animal de l’Ohio, et dont les Américains viennent de recomposer le squelette avec ses débris fossiles. Ce parti offrait plusieurs avantages sous le rapport du matériel de l’art et de l’effet moral. » Pierre-édouard Lemontey � Œuvres � 1829

Le projet de l’éléphant échoit à Dominique Vivant Denon, son plus ardent défenseur. L’expérimenté Jacques Cellerier en est l’architecte ; Jean-Antoine Alavoine, avec lequel il a conçu en 1807 le théâtre des Variétés, lui est adjoint en qualité d’inspecteur. La première pierre de la fontaine est posée le 2 décembre 1808, date du quatrième anniversaire du couronnement de Napoléon. Dans une lettre de la même année adressée au ministre de l’Intérieur, l’Empereur se préoccupe de la vraisemblance de la future fontaine. Le souci d’exactitude, quasi scientifique, est permanent : « Vous sentez qu’il faut non seulement que les architectes fassent des recherches pour la construction de cette fontaine, mais qu’ils se mettent d’accord avec les antiquaires et les savants afin que l’éléphant donne une représentation exacte de l’usage qu’en faisaient les Anciens. » Les intentions artistiques et le message politique de la fontaine de la Bastille sont d’ores et déjà précisés. Ils sont affirmés de nouveau dans un décret du 9 février 1810, lequel, consacrant le projet, fixe la fin des travaux au 2 décembre 1811. Ceux-ci avancent, trop lentement au goût de l’Empereur qui, visitant une dernière fois le chantier en 1813, s’insurge du peu d’ouvriers au travail. Au conducteur des travaux qui lui rétorque sans ciller que « la conscription a fait rafle [sur les jeunes ouvriers] », Napoléon ordonne que soient embauchés à l’avenir tous les travailleurs disponibles : « ce sont justement les vieux ouvriers qui ont le plus besoin de travailler ». Sa détermination laisse augurer un prompt achèvement. Absorbé par la restauration de l’église de Saint-Denis, Cellerier cède finalement la direction du chantier à Alavoine. Ses nombreux croquis et ébauches témoignent de l’évolution du projet. D’une version très dépouillée – dont on peut imaginer que Napoléon la jugea insuffisamment évocatrice des richesses de l’Asie et de l’Orient –, Alavoine évolue peu à peu vers des modèles dont la dimension orientaliste est plus marquée, exprimée par l’introduction d’éléments symboliques forts : harnachements somptueux, draperies et howdah richement décorés parent désormais l’éléphant dans toutes ses versions...




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Le géant de plâtre

« CONSERVATION des monuments publics, rue St.-Honoré, n° 319, [...] C’est à cette administration que l’on doit s’adresser pour obtenir des billets de permission pour visiter l’intérieur des monuments qui n’ont point de directeurs particuliers, tels que la colonne Vendôme, la fontaine de l’éléphant, etc. » C. Harmand | Manuel de l’étranger dans Paris | 1824

Page de gauche Le modèle en plâtre de l’éléphant trouve refuge sous un immense hangar. Si l’animal est pourvu de son palanquin, il ne comporte en revanche aucun harnachement. Adossés contre le socle, on aperçoit quelques-uns des vingt-quatre bas-reliefs représentant les sciences et les arts. Paris and its environs displayed in a series of picturesque views, Augustus Charles Pugin, 1830

« Arrivé à la porte Saint-Antoine, qui, par parenthèse, n’y est plus, et sur la place où fut la Bastille, je cherchai de tous mes yeux la fontaine monumentale que doit décorer un gigantesque éléphant. Je ne pus admirer que la cage qui se détruit lentement depuis une dizaine d’années. Rien n’égale notre promptitude à enfanter des projets, que notre lenteur à les exécuter. » Nouveaux tableaux de Paris ou observations sur les mœurs et usages des Parisiens au commencement du xixe siècle, t. 2 | 1828

Porté par l’enthousiasme de Vivant Denon, le projet de la fontaine de l’éléphant semble devoir trouver un achèvement rapide. Commencés en 1810, les ouvrages en terrassement et maçonnerie sont quasiment terminés en 1813. Afin de se faire une idée précise des proportions, Vivant Denon confie en 1810 la réalisation d’un modèle grandeur nature au sculpteur Moutoni. Connaissant parfaitement l’anatomie des animaux pour avoir travaillé pour le Muséum national d’histoire naturelle pendant plusieurs années, celui-ci est en effet le candidat idéal. Il est pourtant évincé par Pierre-Charles Bridan, dont le modèle en plâtre est finalement retenu. Le sculpteur exécute, selon les plans et dessins tracés par Alavoine, un modèle « en charpente, armé de fer, et recouvert en plâtre ». Dès lors, pour gagner le cœur des Parisiens, l’éléphant s’exhibe. En 1812, le sieur Ballu construit un immense hangar au sud-est de la place de la Bastille, pour abriter la construction de la maquette. Curieux, sceptiques et critiques peuvent ainsi à loisir se confronter au prodigieux animal. Dans le même esprit, Alavoine en présente une vue au Musée royal des arts à l’automne 1814. Pour le préserver de l’agressivité de la ville – la rumeur voulait qu’il abritât des voleurs en son ventre – , on prend soin de lui adjoindre un cornac. Pour huit cents francs par an, le dénommé Levasseur assure donc la surveillance de l’éléphant, lequel le lui rendait bien en offrant une de ses pattes pour le loger. Le lien entre l’éléphant et le fonctionnaire, promu pour sa peine véritable mahout indien, dura de longues années ; affecté avant 1816, Levasseur occupait encore la jambe de l’éléphant en 1831. Ci-contre Le projet initial de hangar déposé en mars 1812 par Alavoine prévoyait un « polyèdre de 66 faces pour renfermer sous la moindre superficie extérieure, l’espace nécessaire afin de l’exécuter avec le moins de dépense possible ». Estimant que la conception proposée par l’architecte parisien ne convenait pas à un hangar, le Conseil des bâtiments civils recommanda de construire l’édifice « en forme de tente, couvert de tuiles ou en ardoise ». Vue du hangar de construction de l’éléphant de la Bastille, Jean-Antoine Alavoine Paris, musée du Louvre, D.A.G.


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Paris sur Nil

« Joindre l’éclat de votre nom à la splendeur des monuments d’Égypte, c’est rattacher les fastes glorieux de notre siècle aux temps fabuleux de l’histoire... »

« Il trouvait que tout ce qu’il avait vu en Égypte, et principalement tous ces fameux débris tant vantés, ne sauraient néanmoins supporter la comparaison ni donner l’idée de Paris et des Tuileries. La seule différence de l’Égypte à nous était, à son avis, que l’Égypte, grâce à la pureté de son ciel et à la nature de ses matériaux, laissait subsister des ruines éternelles [...] Des milliers d’années, disait-il, laissaient des vesVivant Denon | Voyage dans la Basse et la Haute-Égypte, préambule | 1802 tiges sur le bord du Nil, on n’en trouverait pas après cinquante ans sur les bords de la Seine. Il regrettait fort, du reste, de n’avoir pas fait construire un temple égyptien à Paris ; c’était un monument, disait-il, dont il voudrait avoir enrichi la capitale. » Napoléon, cité par Las Cases | Mémorial de Sainte-Hélène, vol. 2 | 1842

Afin de faire fructifier la masse considérable de connaissances accumulées au cours de l’expédition, Bonaparte fonde l’Institut d’Égypte en 1798.

Lorsque Napoléon s’apprête à fouler la terre d’Égypte, il sait qu’il y a là quelque chose de mystérieux et de magique qui échappe aux seuls impératifs stratégiques. Expédition militaire, la campagne d’Égypte – d’Orient pourrait-on dire – est aussi un périple romantique et une quête des origines du monde occidental. Napoléon demande l’inventaire de la moindre richesse afin d’établir une somme complète de connaissances sur ces contrées lointaines, mais aussi pour immortaliser l’instant ; l’inscrire, en même temps que son ordonnateur, dans l’Histoire. L’épopée se brise pourtant en 1799 sur les murailles de Saint-Jean-d’Acre. Sans cette défaite, les Français eussent pu atteindre les richesses de Syrie, admirer les antiques cités d’Alep, de Bosra, de Damas ou la prodigieuse oasis de Palmyre. Mais la légende est en marche et la propagande napoléonienne met en avant l’apport scientifique considérable de l’expédition, s’empressant de jeter un voile d’aventure et d’exotisme sur ce revers oriental. De retour en France, Napoléon fait publier la Description de l’Égypte, œuvre monumentale réunissant les travaux des savants. Les innombrables croquis de Vivant Denon servent aux peintres, architectes et décorateurs pour concevoir des projets toujours plus grandioses, témoignages flamboyants d’un Orient rêvé. L’architecture s’enrichit de sphinges, de colonnes palmiformes, d’obélisques... Friand de nouveauté, Paris se rêve égyptien. Les noms de rues rappellent les lieux emblématiques : flânant sur les trottoirs de la rue du Nil, le quidam remonte sur la rue d’Aboukir par la rue de Damiette. D’ici, la place du Caire n’est plus très loin...

Conservateur de la nouvelle session égyptienne du musée du Louvre, Jean-François Champollion entreprend de lui attribuer un décor idoine. Seuls trois plafonds sont finalement exécutés, parmi lesquels L’expédition d’Égypte sous les ordres de Bonaparte. Ce détail montre à l’œuvre grognards et fellahs, unissant leurs efforts. Léon Cogniet, 1827 Paris, musée du Louvre


Ci-contre, de gauche à droite Sur le Pont-Neuf, Napoléon projette en 1806 de faire ériger un imposant obélisque en granit de Cherbourg. L’architecte Jean-François Chalgrin n’a le temps que d’en réaliser le soubassement qui accueille aujourd’hui la statue équestre d’Henri IV... Pour ce même concours, Bellanger avait conçu un spectaculaire ensemble sculptural agrémenté de quatre éléphants. Obélisque projeté sur l’emplacement du Pont-Neuf, Louis-Pierre Baltard, 1809 Paris, musée Carnavalet Puisant dans ses souvenirs de la campagne d’Égypte, le général Marmont entreprend avec ses soldats la construction d’une pyramide à la gloire de Napoléon. Ce n’est que deux ans plus tard qu’elle prendra le nom de pyramide d’Austerlitz pour célébrer la victoire française. Pyramide élevée à l’Auguste Empereur des Français, Napoléon Ier, Louis-Pierre Baltard Château de Fontainebleau

Ci-contre et ci-dessus Le style « retour d’Égypte » trouva pleinement à s’exprimer sur la quinzaine de fontaines dont l’édification fut ordonnée par décret impérial du 2 mai 1806. L’architecture en forme de naos de la fontaine du Fellah – le paysan égyptien – abrite une statue inspirée de celle d’Antinoüs en Osiris, découverte en 1739 non loin de Tivoli. Fontaine de la rue de Sèvres, adossée au mur des Incurables (dite fontaine du Fellah) Paris, Bibliothèque nationale de France Temple égyptien élevé sur la place des Victoires, Jean-François Chalgrin, 23 septembre 1800, Paris, musée Carnavalet


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Elephantus urbanus

« Sa force est dans ses reins... » Livre de Job

Ci-dessus Chapiteau à têtes d'éléphant du Propylaeum, à Petra (Jordanie) Ci-dessous, de gauche à droite Face à l’une des entrées du jardin du Luxembourg, des éléphants aux riches ornements orientaux soutiennent les balcons du premier étage de cet immeuble parisien cossu. 5, avenue de l’Observatoire (Paris, vie arrondissement) À Copenhague, la porte des éléphants s’impose avec force et élégance pour marquer l’entrée de la brasserie Carlsberg : elle devient très vite pour la ville un point de repère et de rendez-vous.

« L’éléphant est en même temps un miracle d’intelligence et un monstre de matière (…) Ses mouvements sont toujours mesurés et son caractère paraît tenir de la gravité de sa masse. » Georges-Louis Leclerc de Bufffon | Histoire naturelle, générale et particulière

L’éléphant passe dans l’imaginaire collectif pour être une créature pacifique à la force herculéenne : il incarne l’idée même de puissance. Pourtant, en dépit des idées les mieux établies, l’éléphant est un piètre animal de somme : bien que pesant jusqu’à trois tonnes, il n’est guère capable de transporter plus de 200 kilos et ce, sur une distance relativement courte. Mais qu’importent les approximations scientifiques ! On retrouve l’éléphant comme motif architectural signifiant pour porter, sur sa tête ou sur son dos, des balcons ou des obélisques, des architraves ou des corniches, quand il ne s’agit pas d’un bâtiment tout entier. Il est alors à la nature ce qu’une « bonne architecture » peut être à l’homme : une subtile alliance entre solidité et délicatesse. Constitué d’une ossature robuste, le corps de l’éléphant repose sur des membres massifs et rigides, eux-mêmes en forme de colonne, et dont la large sole plantaire n’est pas sans rappeler le profil d’un soubassement. Solidement campé sur ses quatre pattes, l’éléphant devient alors lui-même colonne, telle une métonymie, au cœur de l’architecture…

Page de droite La fontaine des éléphants est le monument le plus célèbre de Chambéry ; affectueusement affublée par ses habitants du nom de « fontaine des quatre sans cul », elle a été érigée à la mémoire du comte-général Benoît de Boigne, aventurier et militaire savoyard qui fit fortune aux Indes.



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Ci-dessous L’achèvement de l’éléphant est réclamé par le peuple, les artistes romantiques, les journaux républicains et la direction des Travaux publics. À défaut de son exécution sur la place de la Bastille, on se plaît à imaginer l’animal sur certaines éminences de la capitale, comme en témoigne ce projet de l’architecte Viguet pour la colline de Chaillot, visé par le conseil des Bâtiments civils. Paris, archives nationales


Ci-dessus, de gauche à droite Variations sur un même thème... Ces deux dessins sont des cas d’étude réalisés en 1833 par les élèves des Beaux-Arts Nicolas-Auguste Thumeloup et Henri-Théodore Driollet. À la gloire de l’Inde pour l’un, de l’Égypte pour l’autre, l’éléphant décline tout un imaginaire oriental... Piédestal pour l’éléphant de la Bastille Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts Ci-contre Sur cette aquarelle, on reconnaît la silhouette de l’éléphant proposée à la créativité des élèves des Beaux-Arts. Coll. part.


Collection « Curiosités »

Mathilde Béjanin a suivi une double formation en littérature et en archéologie. Après avoir travaillé au développement des actions culturelles de la villa Médicis, à Rome, elle rejoint la Cité de l’architecture et du patrimoine pour la mise en place de formations liées à l’histoire de l’architecture. En parallèle, elle est auteur de plusieurs documentaires audiovisuels culturels. Hubert Naudeix, diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs, a travaillé pendant plusieurs années dans des agences d’architecture au sein desquelles il est devenu l’un des premiers spécialistes de la représentation virtuelle en architecture. Fasciné par la notion de mémoire, il évolue naturellement vers les restitutions 3D du patrimoine avec la création de la société Aristéas, agence multimédia œuvrant pour de nombreuses institutions culturelles. Dans le cadre de son cursus universitaire en histoire, Matthieu Beauhaire se spécialise pour la période de la Grande Guerre. Mais sa passion pour l’architecture et le patrimoine n’a pas de frontières et s’exprime dans la publication de nombreux articles et communications scientifiques sur la période contemporaine.

Pour cette incursion au cœur de l’Empire, les auteurs ont sollicité la complicité de Christophe Pincemaille, chargé d’études documentaires au musée national du château de Malmaison, et de Charlotte Lacour-Veyranne, responsable des estampes au Cabinet des arts graphiques du musée Carnavalet.

Paris oublie trop souvent ce qu’il doit à Napoléon. C’est mal connaître la tâche immense en matière d’urbanisme et d’architecture qu’entreprit l’Empereur dans la capitale. Parmi ses projets, l’un d’entre eux, grandiose et monumental, fut celui de la fontaine de l’éléphant prévue pour la place de la Bastille. Une maquette grandeur nature témoigne un temps de ce fantasme oriental au cœur de la ville. Puissant et romanesque, le colosse de plâtre sert d’ailleurs de toile de fond à Victor Hugo qui en fait le refuge du jeune Gavroche dans Les Misérables : on doit à l’écrivain les plus belles pages de littérature consacrées à l’animal. Préoccupant tous les régimes jusqu’à la moitié du xixe siècle, la réalisation de la fontaine de la Bastille fut ajournée sine die, puis abandonnée. Mais cette idée de l’empereur avait durablement frappé les esprits. C’est à la découverte de cette postérité que L’Éléphant de Napoléon nous invite. Si l’éléphant fut le rêve d’un empereur, son fantôme sut dépasser son époque.

La collection « Curiosités » associe une architecture, un homme et un sujet. Se dessinent alors des liens insoupçonnés, historiques ou poétiques, qui font le caractère d’exception de certaines réalisations. Curieux, inédits, volontairement éclectiques, les ouvrages de cette collection se lisent facilement, esquissant d’un trait les thématiques sans s’y appesantir... Dans la même collection : « Le Ciel de Louis XIV » À paraître : « Le Manège chinois de Marie-Antoinette »

L’éléphant de Napoléon

Curieux de tout et en particulier des créations originales entreprises à travers les siècles, Mathilde Béjanin et Hubert Naudeix sont à l’initiative de la collection « Curiosités » dont les ouvrages évoquent des architectures rares et insolites…

L’éléphant de Napoléon Matthieu Beauhaire | Mathilde Béjanin | Hubert Naudeix Préface de Georges Poisson

32 € Dépôt légal : octobre 2014 www.editions-honoreclair.fr ISBN : 978-2-918371-17-5

Honoré Clair

« L’on sentait depuis longtemps le besoin d’élever quelque chose – n’importe quoi ­– sur la place de la Bastille, où l’on aurait bien pu laisser la Bastille qui y était, ce qui serait maintenant un monument fort curieux : l’Empire avait eu l’idée assyrienne et babylonienne d’y mettre un monstrueux éléphant qui aurait lancé de l’eau par la trompe, et dans la tête duquel on eût établi un salon de cent couverts pour noces et festins ; c’était assez joli et passablement Teglam-Phalazar ou Merodacu-Baladan. On bâtit d’abord une immense baraque en planches qui resta là pendant quelque vingt ans, et qui enfin, jetée en bas, laissa voir un honnête quadrupède de plâtre, délicatement peint en vert pistache et qui ne lançait aucun fleuve par la trompe. […] Il a été remplacé par un énorme poële de fonte garni de ses tuyaux et pareil à ceux que l’on voit dans les anciens cafés surmontés d’une boule de cuivre et d’un pot à feux. »

Le Figaro, jeudi 1er septembre 1839


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