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Une stratégie locale concertée

Une stratégie locale concertée

Depuis de nombreuses années, plusieurs associations, dont ASF, réalisent une veille et un accompagnement des habitant·e·s, vers l’accès à la dignité et dans les démarches de droit commun sous divers aspects : scolarité, enseignement, santé etc. Défendant la nécessité d’un logement digne, et revendiquant la fin des expulsions systématiques, ces associations formées en collectif à géométrie variable, ont mené au cours des 20 dernières années différentes actions de plaidoyer et de sensibilisation auprès des pouvoirs publics.

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Depuis le début des années 2000, le collectif travaille à la formalisation d’une stratégie territoriale de résorption des bidonvilles, qui articule les compétences et pratiques des différents acteurs de terrain. Cette dernière prévoit un accompagnement multi-partenarial sur le court et long terme des habitant·e·s des bidonvilles dans leurs parcours de droit commun, avec pour objectif leur accès à un logement pérenne. Elle a pour préalable, la « stabilisation temporaire » des sites, pour une durée minimale de 2 ans.

Une « stabilisation temporaire » comme préalable Dans un rapport publié en 2017, l’association Romeurope pointait l’errance forcée qui constitue la réalités des habitant·e·s des bidonvilles. Elle appuyait le fait que les ruptures de soin et d’accompagnement provoquées par les évacuations répétées entravent l’accès des résident·e·s aux dispositifs de droit commun, et perpétuent leur précarité résidentielle. C’est de ce constat qu’est née l’hypothèse d’une « stabilisation temporaire » des sites, comme condition si ne qua non à l’élaboration d’une stratégie territoriale de résorption des bidonvilles. Celle-ci consisterait à contractualiser l’installation, à garantir aux personnes présentes la sécurité et l’accès à un minimum de services (eau, douches, électricité etc.), pour une durée minimale de 2 ans1 .

à gauche : document de l’association Romeurope sur l’errance forcée des habitant·e·s des squats / bidonvilles Le principe de « stabilisation temporaire » n’a pas pour visée de légitimer l’habitat en bidonville, ni de le proposer comme solution à la crise du logement, mais de le reconnaître pour ce qu’il est, réellement : une alternative, faute de mieux, à la privation totale d’hébergement.

1. Durée basée sur une estimation du collectif associatif comme durée moyenne de régularisation des situations d’accès à un logement.

2 | Une stratégie territoriale et interpartenariale

à gauche : réunion interpartenariale et documents de travail Une stratégie locale concertée

Le choix de s’appuyer sur des lieux investis à l’initiative des habitant·e·s constitue un mouvement de reconnaissance et de valorisation des compétences d’auto-installation développées par les habitant·e·s au fil de leurs itinéraires. Cette vision participative revient à considérer les personnes concernées comme motrices de leur inclusion, et à mettre la priorité sur leurs propres capacités d’actions, dans la continuité des interactions qu’elles ont déjà tissées avec leurs territoire d’implantation.

Des actions concertées S’il n’est pas juridiquement défini, le collectif se formalise par la coordination de ses actions : réunions fréquentes, rédaction collective de documents ou encore participation commune à des instances de négociation avec les Institutions. Il mène une veille collective sur l’ensemble du territoire et participe également de la remontée des informations auprès des autorités, au sein des commissions locales (DDCS, Commission résorption bidonville) ou nationale (commission de la DIHAL).

Sur le plan opérationnel, le collectif affiche une volonté d’apparaître comme entité aux yeux des habitant·e·s, et de mutualiser les moyens lors de ses actions. Pour illustrer cette coordination, nous pouvons prendre pour exemple les actions d’amélioration des conditions sanitaires que nous détaillerons par la suite : Médecin du monde participe de l’identification des besoins en installations selon les critères sanitaires puis mène différentes actions de sensibilisation auprès des habitant·e·s. ASF et JUST sont alors chargées du diagnostic technique et de la mise en œuvre des installations. L’association Rencontres Tsiganes et l’avocate Laurence Henry alimentent le plaidoyer « Droit à l’Eau », coordonné à l’échelle nationale, et duquel toutes les associations du collectif sont signataires.

2 | Une stratégie territoriale et interpartenariale

Domiciliation

Accompagnement dans les démarches administratives

Droit à l'hébergement et au logement

Insertion logement ou logement passerelle (intermédiation locative)

Droit à la santé

Ouverture de droits santé Médiation santé Réduction des risques sanitaires

Droit à l'éducation

Inscription et suivi des élèves Veille de l'application de la trêve scolaire

Accès aux ressources et à l'emploi

Accompagnement à l’insertion professionnelle et à la formation

Droit à la dignité sur les lieux de vie

Diagnostics techniques des lieux Réduction des risques liés à l'environnement

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