TEC n°232
Janvier 2017
www.revuetec.com
• réflexion • société • prospective • technique • expérimentation • innovation • solution •
GRAND TÉMOIN
QUEL LIEN ENTRE URBANISME ET MOBILITÉ ? philippe madec
DOSSIER
le grand paris quel chantier !
ÉDITÉE PAR ATEC ITS France
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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Pierre calvin RÉDACTION Rédacteur en chef Francis Demoz Secrétaire de rédaction céline charpentier COMITÉ ÉDITORIAL Jean-charles Dupin Éric Gantelet Anne Grandguillot Anne-Sophie Jamet Jean-Baptiste Lesort François Malbrunot François Peyret christian Rey-Renaux Samuel Sellam Jean-Hubert Wilbrod COORDINATION DU DOSSIER Gildas Baudez – Président du comité editorial Bernard Basset – Président d’honneur Atec ItS France Alexandre Bernusset - StIF Pierre chapdelaine - Rédacteur en chef de la Société du Grand Paris RUBRIQUE Repères - Marion Apaire territoire - Francis Demoz Réussite à l’international Francis Demoz chiffres - céline charpentier Ailleurs - céline charpentier ecosystème - céline charpentier ADMINISTRATION - FINANCES Fabrice Luriot céline charpentier ATEC ITS France Fondé en 1973 par L. Burgay, J.-c. Durand, J.-P. Le cocq, B. Knaff et P.-L. de Kerdaniel. tec est édité par l’Association pour le développement des techniques de transport, d’environnement et de circulation (Atec). 38 bis, avenue René coty 75014 Paris tél. : 01 45 24 09 09 RÉGIE PUBLICITAIRE FFe 15, rue des Sablons – 75116 PARIS CONCEPTION / MISE EN PAGE Miz’enpage - 10 rue des montibœufs 75020 Paris - tél. : 01 43 70 47 87
IMPRESSION l’Imprimerie Printcorp 8 rue Jean Pierre timbaud 75011 Paris commission paritaire n°0910 G86092 Dépôt légal : 1er trimestre 2016 Les articles publiés dans TEC n’engagent que leurs auteurs. Si des lecteurs désirent faire connaître leurs éventuels désaccords ou commentaires, la rédaction s’engage à publier leur point de vue dans un des numéros suivants.
TEC - n°232 - Janvier 2017
SOMMAIRE
tec
ÉDITORIAL ............................................................................................................................................................03
GRAND TÉMOIN Philippe Madec « La mobilité des humains est un droit fondamental. La conception des territoires doit la faciliter »........................................................................................................04
POINT DE VUE Hélène Jacquot-Guimbal « Réussir les transitions que nous sommes en train de vivre ».................................06
REPÈRES Les nouveaux visages de la voiture ..........................................................................08 TERRITOIRE Nantes .......................................................................................................................................13
DoSSIeR
LE GRAND PARIS, QUEL CHANTIER ! ...................................................................................... 18 Editorial de Philippe Yvin .......................................................................................................................... 19
Les défis ............................................................................................................................................................... 22 Révolution dans les transports .................................................................................................. 22 Les gares : nouvelle ambition urbaine .................................................................................. 24 La naissance de nouveaux quartiers ...................................................................................... 26 environnement : vers un chantier exemplaire ? ............................................................. 28 Chantiers en cours ....................................................................................................................................... 30 carte du Grand Paris express .................................................................................................... 30 Grand Paris express : le chantier ligne par ligne............................................................. 32 Focus clamart : un nouveau cœur de ville ....................................................................... 34 Focus Issy-les-Moulineaux : le futur quartier Léon Blum ......................................... 36 Focus Vitry-sur-Seine : la métamorphose des Ardoines.......................................... 38 Focus Bry-Villiers-champigny : un grand pôle d’interconnexion pour l’est parisien............................................................................................................................... 40 Quels impacts ?.............................................................................................................................................. 42 Quel impact sur les trains ?........................................................................................................... 42 Quel impact sur le réseau des bus ?....................................................................................... 43 Quel impact sur les routes ?........................................................................................................ 44 Comment s’adapter ? ............................................................................................................................... 46 Matériaux & déblais : quand la solution vient du fleuve ........................................... 46 Interview : Bernard Gauducheau, Maire de Vanves...................................................... 48 Repenser la mobilité en phase chantier : cinq solutions innovantes................ 50 Accompagnement des voyageurs : l’information, un maillon essentiel ......... 52 Zoom sur Londres : un événement exceptionnel entraine-t-il des modifications de comportements durables ?.................................................................. 54
RÉUSSITE À L’INTERNATIONAL ......................................................................................... 58 AILLEURS.................................................................................................................................................................60 EN CHIFFRES......................................................................................................................................................64 ÉCOSYSTÈME .................................................................................................................................................... 65
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GRAND PHILIPPE MADEC
« LA MobILIté dEs huMAINs Est uN droIt foNdAMENtAL. LA coNcEPtIoN dEs tErrItoIrEs doIt LA fAcILItEr » Architecte et urbaniste, Philippe Madec est un pionnier du développement durable. Il a notamment obtenu en 2012 le prestigieux Global Award for sustainable (le Nobel de l’architecture durable) et en 2016 le Grand Prix d’Aménagement repère d’Argent remis par le ministère de l’Ecologie. Philippe Madec a accepté de nous livrer sa vision du lien entre urbanisme et mobilité. ENTRETIEN FRANCIS DEMOZ
Comment l’architecte, urbaniste que vous êtes, pionnier du développement durable définirait-il « la mobilité intelligente » ? Du Modernisme, nous héritons une conception du territoire qui a installé, dans l’espace et les esprits, une vision mécaniste des établissements humains. Elle était motivée par la puissance et la vitesse, une énergie bon marché et une économie glorieuse, une « ambitieuse » augmentation du taux de motorisation des ménages, une inconscience environnementale. Elle se manifesta dans un étalement urbain, la mise en place de zonages tant économiques que sociaux, un monde de séparation, de ségrégation et de voies qui a généré
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des problèmes sociaux et de pénibles déplacements contraints. Nous n’en avons pas fait le deuil. La conception des territoires reste très dépendante du recours à l’énergie, même plus verte. Nous ne nous attaquons pas à la source des soucis. Plutôt que de repenser un autre modèle des établissements humains, nous faisons évoluer les solutions techniques qui pérennisent le modèle mécaniste par son évolution à la marge. L’invention de territoires durables, dans l’interdépendance inextricable des aspects sociaux, environnementaux, culturels et économiques, permettra la mise en place d’une mobilité intelligente, fruit de choix et non pas de contraintes, pensée en vue d’une vie désirable pour tous, dans un équilibre de mondes urbains et ruraux nourris de proximité, de voisinage, de coexistence, de localité, de quotidienneté.
LA LEçoN dEs bourGs Vous travaillez sur la question du « lien », lien entre la nature et la culture, entre les hommes et leur environnement, comment qualifieriez-vous le « lien » qui existe entre mobilité et urbanisme ? La mobilité des humains est un droit fondamental. La conception des terri-
toires doit la faciliter. La mobilité n’est pas une, mais plurielle ; elle tisse une trame diverse entre citoyens, artefacts et territoires, des rhizomes faits de temps, distances, situations, lenteur et célérité, accueil et adaptation. Il n’y a pas d’un côté : la mobilité, et de l’autre : l’urbanisme et l’aménagement du territoire, car la mobilité n’est pas un objet en soi. C’est un caractère, celui des gens et des artefacts qui peuvent se déplacer, un aspect de l’urbain au même titre que l’immobilité pour les bâtiments. Dans l’émulsion de vie et de matières qui constitue les établissements humains, ce n’est pas un lien qui réunit la mobilité et les villes, mais une consubstantialité. De quelle manière les enjeux de la mobilité sont-ils pris en compte dans la réflexion urbanistique ? Cette prise en compte dépend des époques. Pour les modernes, les espaces de la mobilité : les 7V* (V1 territoriale non urbaine, V2 entre territoriale et urbaine, V3 urbaine de grand trafic, V4 urbaine de quartier, V5 résidentielle, V6 desserte paysagère et architecturale, V7 cheminement piéton) relient les 4 pôles fonctionnels de la ville fonctionnelle : vie, travail, loisirs et infrastructures de transports. Pour les postmodernes, la conception typo-morphologique de la ville reprend les caractéristiques de la ville pré-moderne, aborde la forme TEC - n°232 - janvier 2017
© EMMANUEL GROUSSARD
liées à l’une de ses vertus, le partage, changent les mobilités et l’usage des lieux en commun : colocation, espace de co-working, co-cooking, fab-lab, auto-partage et en libre-service, co-voiturage, jardin partagé, agriculture urbaine de proximité, tout comme l’économie circulaire. On assiste à des formes d’immobilités désirables : wifi généralisé dans les espaces urbains de centre, salle de réunion connectée en vidéo-conférence ou skype, web-café, tiers-lieu, etc. Tout ce qui va vers un ralentissement des villes, moins de déplacements contraints pour les individus, moins d’énergie et de pollutions dus aux déplacements pour les citoyens et la planète, est porteur d’une meilleure qualité de vie. En 2015, les études montrent que la mobilité à longue distance des français diminue, même si « la voiture reste le mode privilégié pour les déplacements à longue distance »1.
urbaine par le dessin de la trame viaire (avenue, rue, place, etc.) qui dessine des îlots remplis de types d’édifices issus de l’analyse urbaine. De nos jours les choses changent, il n’y a plus de solutions génériques, mais des solutions spécifiques aux contextes. On n’emploie plus les mêmes outils pour penser un projet dans le monde rural ou urbain. Et la mobilité n’est plus seulement celle des individus qui, elle-même, s’est élargie : piétons, vélos électriques ou non, bus, tramways, scooters, automobiles, skate, hoverboard, airwheel, etc. C’est le cours de l’eau, la mobilité de la faune et de la flore, le transport de l’énergie, la course des vents et du soleil, les échanges thermiques, etc. Tout ce qui concerne le vivant est intégré à la pensée des territoires. On assiste à de nouvelles formes de mobilités liées à la mutation numérique (mobilité connectée, collaborative, alternative, demain… autonome). Ces nouvelles formes de mobilité peuvent-elles avoir une influence sur la manière de penser l’urbanisme ? La nouvelle génération peut se passer de voiture, pas d’Internet. Les formes TEC - n°232 - janvier 2017
DES FORMES D’IMMOBILITÉS DÉSIRABLES Vous évoquez souvent le concept de « la ville de la pantoufle » dans laquelle il y aurait une sobriété des déplacements et où l’espace urbain se définirait en minutes plutôt qu’en kilomètres. Pouvez-vous nous expliquer ? La ville de la pantoufle sert à penser les établissements humains à partir du quotidien, dans le sens d’une vie de proximité, d’une réduction du temps gaspillé. Par le bio-îlot, instrument de la ville de la pantoufle2, on comprend les bassins de vie existants, les interroge sur leurs capacités à satisfaire la vie de ses habitants, les complète, y ajoute les fonctions, les porosités et les continuités absentes, sans chercher une
homogénéité. Le bio-îlot possède ses aspects complexes analogues à ceux de la ville, à une échelle et un temps près. Aujourd’hui il est indispensable de compléter le discours de la mobilité par un propos plus humaniste, de retrouver l’habiter et le temps de l’habiter, laisser remonter la diversité des situations habitées. Dans la possibilité d’une moindre, alter ou lente mobilité, nait l’éventualité de quelques retrouvailles avec une autre face du monde, avec un aspect plus désirable, en fin de compte beaucoup plus libre, celui qui s’est affranchi d’une certaine aliénation matérielle. Au-delà des centres villes, la problématique de la mobilité durable en milieu péri-urbain et/ou rural constitue un enjeu majeur. En tant qu’urbaniste vous travaillez à ces différentes échelles, comment voyez-vous les choses ? La ville de la pantoufle et le bio-îlot résultent du croisement d’une conception de la ville fractale et d’un constat rural, que j’appelle la « leçon des bourgs » : une certaine vie autonome émerge à partir de 2 000 à 3 000 habitants. Cette conception croisée s’oppose à quelques idées de la ville passante. La porosité installée dans le centre de Plourin-lès-Morlaix (plus de trente passages ouverts pour les piétons et les cycles) et la trame serrée des chemins piétons et cycles dans les quartiers de Mondonin et Beausoleil à Pacé (connexion environ tous les 50 à 70 mètres, et plus de 20 kilomètres hors trottoirs) montrent la pertinence de mobilité durable dans le monde rural. Quels sont selon vous les principaux enjeux pour les années qui viennent ? Faire le deuil du Modernisme et inventer enfin notre époque face aux questions que l’avenir pose. n (*) les 7V* se sont les 7 Voies selon la Charte d’Athènes de Le Corbusier. 1 - http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Datalab_-_ La_mobilite_a_longue_distance_des_Francais_en_2015.pdf 2 - Madec Philippe, La Ville de la pantoufle et le bio-îlot, in EcologiK #09, disponible en copyleft sur www.philippemadec.eu
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27,7 206 milliards d’euros c’est la dépense en consommation des ménages en transports en commun
c’est la longueur en kilomètres des lignes exploitées par la RAtP
11 727 km
c’est la longueur du réseau routier
le transport * en france *Source URF publication « Faits & chiffres 2016 Statistiques des transports en France et en Europe »
134,1 milliARds d’euRos c’est le montant de la dépense de consommation des ménages en transports individuels
18 1 050 C’est le nombre de passagers quotidiens qui font la liaison par autocars entre Lille-Paris au 2ème trimestre 2016
c’est le montant en milliards d’euros des investissements publics en infrastructures de transport
7,5 Milliards de tonnes/kM c’est le nombre de marchandises transportées par voie fluviale 64
en chiffres
DANS CETTE RUBRIQUE, NOUS VOUS PROPOSONS DE VISUALISER EN UN CLIN D’ŒIL QUELQUES CHIFFRES CLÉS DE LA MOBILITÉ
5%
17 %
35 %
83 %
les français et leur voiture
17 % pas de voiture 83 % au moins 1 voiture 35 % 2 voitures et plus 5 % 3 voitures et plus
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© VINCENT JACQUES/SAMOA
TERRITOIRE TEC - n°232 - Janvier 2017
PARCE QUE LES VILLES CONSTITUENT DE FABULEUX TERRAINS D’EXPÉRIMENTATIONS POUR LES INNOVATIONS, TERRITOIRE VOUS EMMÈNE LÀ OÙ LES CHOSES SE FONT
NANTES Comment inscrire pleinement le défi de la transition énergétique au cœur de la politique de déplacement ? C’est toute l’ambition de Nantes Métropole qui s’apprête à réviser son plan de déplacements urbains PDU 2018-2027. Nantes souhaite accompagner le changement des comportements liés à la mobilité, multiplier les expérimentations et donner la priorité aux modes de déplacements les moins polluants et consommateurs d’énergie.
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© GENARO BARDY
ÉDITORIAL PHILIPPE YVIN
PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE LA SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS
© DR
A
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Un étudiant de Clichy-Montfermeil ne mettra vec le Grand Paris Express, plus que 30 minutes pour se rendre à l’unila France se dote du réversité de Créteil au lieu d’1 h 30 aujourd’hui. seau de transport le plus Un habitant de Dijon allant à l’aéroport d’Orperformant au monde. Le ly depuis la gare de Lyon mettra 25 minutes métro ultra moderne qui contre 50 aujourd’hui. circulera autour de Paris Le temps de voyage sera aussi du temps utile, va également redessiner la métropole, avec propice aux loisirs ou au travail, grâce à des ses 68 gares et les vastes projets immobiliers connexions Internet et mobiles puissantes. qu’elles génèrent. Car le nouveau métro sera un concentré d’inLes travaux du Grand Paris Express ont dénovations, une dimension numérique intémarré en 2016, entre Boulogne-Billancourt et grée dès la conception du projet. En 2014, la Noisy-le-Grand. Dès cette année, les 16 gares Société du Grand Paris a ainsi mobilisé pas de cette ligne seront en chantier. En 2018, moins de 170 acteurs de la filière numérique toutes les lignes (14, 15, 16, 17 et 18) seront en dans le cadre d’un appel à manifestation travaux. Autant de marchés publics qui représentent d’ores et déjà près de 3 milliards d’eud’intérêt. Neuf axes ont été identifiés pour ros injectés dans les carnets de commandes agir : les câbles optiques, les data centers, des entreprises. Les équipes de la Société du l’infrastructure mobile cellulaire, le réseau Grand Paris avancent aussi vite que possible très haut débit sans fil, le réseau de géolocalisation, les données voyageurs, les espaces pour concevoir les 200 kilomètres du nouveau métro et ses 68 gares. À nos côtés, 2 000 de travail partagés, les living labs, les matériaux, objets et équipements intelligents et professionnels issus de toute l’ingénierie et connectés. 37 équipes d’architectes nationales et internationales sont mobilisés. Les chantiers eux-mêmes portent cette exigence. Avec leur ampleur, avec leur durée, ces Cette révolution repose sur la réalisation de travaux sont hors normes. Ce ce nouveau réseau de métro chantier réclame une organiultramoderne en rocade auCES TRAVAUX SONT sation jamais éprouvée à ce tour de Paris et sur la mise en jour ! La prise en compte des œuvre du plan de moderniHORS NORMES sation des réseaux existants enjeux environnementaux, le porté par le conseil régional d’île-de-France respect des riverains, le trafic automobile en et auquel contribue la Société du Grand Paris surface, la soif d’information des Franciliens : à hauteur de 3 milliards d’euros. toutes ces données doivent trouver des réponses concrètes, ambitieuses et innovantes. Le nouveau métro va rendre possible les déplacements de banlieue à banlieue, sans pasDes expérimentations sont en cours, à la suite ser par le cœur de Paris, ainsi que des liaisons d’appels à projets lancés par la Société du directes avec les aéroports. Des territoires mal Grand Paris. Elles concernent les commerces desservis vont être désenclavés. Les temps de et les services de proximité, les conditions de transports seront réduits. Considérablement. circulation autour des chantiers, ainsi que la
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des vastes Projets d’aménaGement gestion des 43 millions de tonnes de déblais. Les 68 gares seront de réels équipements publics, proposant commerces et services, sources d’une nouvelle urbanité. Le Grand Paris Express s’affirme déjà comme le point d’appui de cette dynamique. Plus de 70 vastes projets d’aménagement sont déjà recensés autour d’une trentaine des futurs quartiers de gares. Ces projets représentent, à eux seuls, plus de 18 millions de mètres carrés. En effet, au total, ce sont 140 km2 de territoires qui sont directement impactés par les 68 gares, soit une fois et demie la superficie de Paris. Pour bâtir la ville durable du XXIe siècle, l’ambition doit être de conjuguer les fonctions urbaines. Très concrètement, des bureaux, des activités, des commerces et surtout des logements de toute nature vont voir le jour. Beaucoup de logements, comme par exemple 1 500 à Bagneux, 5 700 entre les deux gares de Villejuif, près de 5 000 autour de Saint-Denis Pleyel, dont 1 700 pour les étudiants, 7 000 logements au bord du canal de l’Ourcq… Le Grand Paris Express est décisif pour l’évolution de la métropole parisienne. C’est un réseau structurant. Les bénéfices attendus, 60 milliards d’euros de gains socio-économiques, comme les gains de temps, les avantages économiques, la réduction de l’empreinte carbone, sont la traduction d’un projet qui va limiter l’étalement urbain et permettre d’intensifier la ville au cœur de l’agglomération. C’est un investissement de 25 milliards d’euros, un projet stratégique générateur de milliers d’emplois directs et indirects, un projet de long terme et d’intérêt national parce qu’il va bénéficier au pays tout entier, l’île-deFrance redistribuant désormais un quart de la richesse qu’elle produit aux autres régions. Avec le Grand Paris Express, la métropole va se doter du réseau de transport le plus performant au monde. Autour de lui va se modeler l’aménagement de la région Capitale. Grâce au Grand Paris Express, la France renoue avec les projets de long terme de la Ve République. Et construit son avenir. n
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SOMMAIRE
DOSSIER 1
LES DÉFIS
exceptionnel par son ampleur et par sa durée le chantier du Grand Paris doit répondre à un triple défi : permettre la création d’un nouveau réseau de transport le plus performant au monde, redessiner les frontières du territoire par un nouvel aménagement urbain et respecter une exigence d’exemplarité sur le plan environnemental. • Révolution dans les transports ............................................................... 22 • Les gares : nouvelle ambition urbaine ..................................... 24 • La naissance de nouveaux quartiers ........................................ 26 • Environnement : vers un chantier exemplaire ? .............. 28
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CHANTIERS EN COURS
travaux préparatoires, déplacement des réseaux enterrés, démolitions : le projet du Grand Paris est désormais entré en phase travaux. au total 68 nouvelles gares composeront le réseau du Grand Paris express. tour d’horizon de quelques chantiers emblématiques et de nouveaux quartiers naissants. • Carte du Grand Paris Express ............................................................. 30 • Grand Paris Express : le chantier ligne par ligne ............. 32 • Focus Clamart : un nouveau cœur de ville ......................... 34 • Focus Issy-les-Moulineaux : le futur quartier Léon Blum 36 • Focus Vitry-sur-Seine : la métamorphose des Ardoines ... 38 • Focus Bry-Villiers-Champigny : un grand pôle d’interconnexion pour l’Est parisien ............................................... 40
43
c’est le nombre en millions de tonnes de déblais pour la totalité du chantier.
2 000
c’est le nombre de tonnes de déblais par jour à transporter.
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QUELS IMPACTS ?
comment prendre en compte les effets du chantier du Grand Paris express et leur cumul avec les autres chantiers ? Quelles conséquences le plus grand chantier d’europe va-t-il avoir sur la vie quotidienne des usagers des transports et sur les riverains ? • Quel impact sur les trains ? .............................................................. 42 • Quel impact sur le réseau des bus ? ......................................... 43 • Quel impact sur les routes ? ............................................................ 44
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COMMENT S’ADAPTER ?
© G. ROLLANDO - SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS
le recours aux solutions innovantes et aux its en particulier va permettre d’accompagner les usagers et les riverains tout au long du chantier et renforcer son acceptabilité. • Matériaux & déblais : quand la solution vient du fleuve .. 46 • Interview : Bernard Gauducheau, Maire de Vanves ..... 48 • Repenser la mobilité en phase chantier : cinq solutions innovantes .................................................................. 50 • Accompagnement des voyageurs : l’information, un maillon essentiel ............................................... 52 • Zoom sur Londres : un événement exceptionnel entraine-t-il des modifications de comportements durables ? ........................................................................................................ 54
200 68 140 c’est le nombre de kilomètres de lignes à construire.
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nouvelles gares interconnectées.
c’est le nombre de km2 de quartier de gare à transformer.
250 000 c’est le nombre de nouveaux logements à construire. 21