Livre D'Art

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Ouvrage publié sous la direction de Souad Teiar Rédaction des textes : Salah Eddin Belabes Conception graphique : Athmane Yacef Correction : Farida Benzema Impression : Imprimerie Eddiwan Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.

©AÏDA Agency Edition , 2017 ISBN : 978-9931-9392-0-7 Dépôt légal : 1er semestre 2017. www.aida-agency.com Email : aidaagency@gmail.com

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Dédicaces A nos parents Merci d’avoir gravée dans nos cœurs l’amour. Votre grandeur, votre bonté et votre générosité sont désormais pour nous une façon de vivre.

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Ma passion du beau L’art nous nourrit, nous interpelle, nous hisse. L’art ne doit pas être constant. Il doit être en mouvement, comme la vie elle-même. Beaucoup pourrait se demander pourquoi faire un livre sur le timide parcours d’Abderezak Hafiane. Simplement parce que personne ne peut rester insensible au beau et à un art authentique. Je voulais révéler un artiste investi par des passions humaines et lui donner une chance de se trouver dans une pluralité de regards. Je voulais offrir de l’émotion et la partager avec le grand public. Cet ouvrage vous invite à découvrir un artiste peintre de l’instinct, empreint d’une approche plastique tout en énergie et en puissance mais tout en pudeur. Un homme aux valeurs généreuses, un ténor de la palette, un peintre de l’amour et du beau. J’ai l’espoir que cet ouvrage sera portable en agissant comme déclic pour la jeune génération d’artiste, en permettant de répandre les idées artistiques efficacement et comme un moyen par lequel influer sur le grand public.

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Préface Souad Teiar a le don de nous présenter , avec beaucoup de verve, une œuvre de cœur, abondamment illustrée de splendides créations de l’artiste Abderazak Hafiane. D’emblée, elle nous guide et nous éclaire sur le sens qu’on attribue à l’amour du Beau. Elle nous entraîne, dès lors, dans un univers intime et passionnel. Ne nous invite t-elle pas à explorer des œuvres pleines de couleurs tantôt rutilantes tantôt rayonnantes ? Pour nous dévoiler un travail de finesse et de justesse dans les tons et les formes . Ne dévoile t-elle pas chez l’artiste la lumière du Sud et ce noble peuple saharien dans toutes ses dimensions ? Souad Teiar nous incite à suivre l’artiste dans son univers dédié à l’amour de la femme peint avec bonheur. Tout comme elle nous guide dans son parcours généreux, méticuleux et didactique. D’ores et déjà, elle anticipe sur celles et ceux qui ne se priveront pas de déceler chez Abderezak Hafiane des inspirations connues. Ils ne manqueront sans doute pas de lui trouver des similitudes avec d’autres artistes. Personne n’échappe à la critique. «Ce que le public te reproche, cultive – le, c’est toi » disait Cocteau. Qu’importe, ces œuvres sont accompagnées d’émerveillement et nous offrent une ode à la vie. Les tonalités utilisées incarnent, ad autant la nostalgie que l’amour, ad libitum. Passionné par les effets physiologiques de la couleur, on trouve chez lui des teintes tantôt excitantes tantôt calmantes. A la fois sensible et insaisissable, habité par un certain mysticisme, Abderezak Hafiane invite au voyage des styles et des genres. L’artiste ne peut – il pas prétendre à une reconnaissance nationale, voire universelle ? Pour notre part, saluons l’initiative de Souad Teiar, passionnée et infatigable, qui loin des feux de la rampe, nous fait découvrir une dichotomie d’ horizons évanescents ou pérennes, pétris de poésie fraîche et de mystère profond. Elle, qui poursuit un cap merveilleux dans l’océan éclectique des arts plastiques, pour nous faire partager l’espérance, la joie et l’amour du Beau.

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HISTOIRE d’une passion

J’observe mes peintures souvent, autrement et différemment, en faite je me regarde à travers elles et je ne peux m’imaginer un jour m’arrêter de peindre. Abderezak Hafiane.


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Le cocon familial L’artiste voit le jour le 26 juin 1973 à El Oued, ville qui respire la beauté, une ville où l’art s’invite dans une explosion de couleurs vives et éclatantes. Cependant, il a grandi à la magnifique oasis de Biskra, qui pour lui, comme pour de nombreux artistes, est une source quasi inépuisable d’inspiration tant elle s’impose à la vue à travers l’effervescence de ses oasis et de ses couleurs lumineuses. C’est dans un environnement familial attentionné et affectueux que Abderezak Hafiane fait ses premiers pas dans le monde de l’art. Passionné par les lignes et les couleurs, il commence dès son jeune âge à réaliser des dessins et des peintures sur des supports de fortune en exprimant ses sentiments. A ses périodes creuses, il allait fréquenter la classe des activités artistiques animée par Ryad Hassoune au lycée Larbi Ben M’hidi de Biskra. Cet enseignant irakien, actuellement en Allemagne, accordait beaucoup de son temps pour inculquer les notions artistiques au petit Abderezak Hafiane dont le défunt père exerçait comme économe dans cet établissement de l’éducation nationale. Son père souhaitait faire de lui, son fils unique, un homme lettré, sachant lire, écrire et peindre avec un esprit poétique. Il mettait souvent à sa disposition des ouvrages d’art disponibles au niveau de la bibliothèque de l’établissement scolaire.

Portrait de Lahbib Hafiane réalisé par l’artiste

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L’artiste avec sa défunte mère.

Sa mère, comme toutes les mamans, rêvait pour lui d’une vie épanouie, saine, joyeuse et surtout emplie d’amour. C’est ainsi que sa jeunesse a forgé son idéal intime en exaltant sa vocation d’artiste, pour se mettre au service du beau.

Un don, une vocation

Lorsqu’un don naturel est nourri par un esprit imaginatif et soutenu par un travail assidu, l’aboutissement ne peut être qu’un exploit mérité. Et quand cet exploit est assumé par une personnalité discrète et humble, l’admiration s’impose et s’écrit en lettres d’or. Voilà plus de vingt ans que l’artiste peintre Abderezak Hafiane a engagé son chemin ensemencé, aujourd’hui, de quelque mille oeuvres d’art. Ses indéniables aptitudes à manier le pinceau à la manière des grands l’ont propulsé, au fil des années, vers les hautes marches de la reconnaissance et de la consécration. Grâce à son talent et à ses qualités intrinsèques, il a pu marquer de son empreinte personnelle plusieurs expositions individuelles et collectives organisées à travers le monde. A chaque fois, c’est un jalon de plus dans la créativité artistique et la maîtrise technique. Une meilleure affirmation de soi et une place assurée dans le royaume des arts. Le génie créateur de cet artiste s’est affirmé très tôt alors qu’il avait tout juste 19 ans. Il a été en effet lauréat d’un concours d’affiches organisé en 1992 par le Fonds des Nations-Unies pour la Population (FNUAP) sous le thème «La poussée démographique et la pauvreté». Dans l’univers de l’adolescent, c’est une distinction qui fait rêver, mais surtout qui accroît la confiance en soi pour aller de l’avant. Elle a, en fait, révélé d’une

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manière précoce les signes d’un esprit talentueux qui, plus tard, allait confirmer ses véritables aptitudes. Une attention particulière fut exprimée, à cette occasion, par le wali de Biskra de l’époque à l’égard du jeune Abderezak Hafiane. Un hommage de reconnaissance pour cette distinction est rendu lors d’une cérémonie officielle organisée en son honneur en présence des membres de sa famille et des autorités locales, avant celle qui était prévue plus tard à Alger.

Affiche qui a permis à Abderrezak Hafiane d’être lauréat en 1992 d’un concours organisé par le FNUAP.

Fort de ce remarquable accomplissement et convaincu de son destin, il décide, sous l’impulsion de son père, de rejoindre l’Ecole Nationale des Beaux-Arts à Alger, spécialité communication visuelle. Très vite, il constate que son centre d’intêret c’est le dessin, malheureusement le règlement intérieur de l’école ne lui permettait pas de changer d’orientation ce qui poussa notre jeune prodige à interrompre sa formation au bout de trois ans.

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Ambition, volonté, persévérance

Ambition, volonté et persévérance sont les traits majeurs de la personnalité de Abderezak Hafiane. D’où sa décision de rejoindre Tunis, durant une année (1994-1995), il suit une formation à l’Ecole des Arts Décoratifs (EAD) située à El Mechtel. Ce choix n’est pas fortuit puisque tout jeune, il se rendait souvent dans ce pays avec son défunt père, un disciple de Djamaâ Zeitouna. D’ailleurs, le destin préparait bien Abderezak Hafiane. En effet, un jour le père fit la connaissance du galeriste Mounir Eltaief, actuellement propriétaire de la galerie El Yasmine à Sidi Boussaid, qui lui confia : «Ton fils a un don et quand il décidera de faire carrière dans l’art, je le prendrais volontiers en charge.» Au cours de cette année, il introduisit, auprès de l’Unesco, une demande de bourse mentionnant qu’il avait été lauréat d’un prix du FNUAP. La réponse favorable ne tarda pas à arriver, mais sa joie fût très brève puisque ce jour est marqué à jamais d’une pierre noire dans la vie de notre jeune artiste car coincidant avec le décès de son cher papa. Nous sommes alors en 1996, notre jeune artiste n’a que vingt-trois ans. La perte de son père puis les horreurs que vivait le pays à l’époque incitent Abderezak Hafiane à se lancer dans une carrière de peintre. Il peint ses états d’âme, son humeur, ses émotions de l’instant, tentant de les restituer par une gamme de couleurs, allant du noir terreux au plus lumineux des blancs.

Dessin de l’artiste - époque du collège

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Il expose alors dans différentes galeries d’art tunisiennes, tout était réuni ou presque pour permettre à l’artiste de s’adonner à son art. Il y avait de l’espace mais très peu de matériel, pourtant les gens étaient plus sensibles à son art, et plus précisément la galerie El Yasmine ainsi que le musée municipal de Sidi Boussaid.


Le jeu du destin

Par un jeu du destin, l’artiste quitte la Tunisie pour s’installer en France, plus exactement à Paris. Il fut invité à prendre part à plusieurs expositions. La plus marquante fut la manifestation «Lill’art» et également l’exposition individuelle au centre culturel Jean Cocteau de la mairie de Lillas. C’est à cette occasion qu’une de ses œuvres, intitulée «Khabar». sera acquise par la mairie de Gentilly. «khabar» - 2003 -100 x 60 cm - acquisition de la mairie de Gentilly.

Trois années (2001 à 2003) passèrent, mais voilà que le destin intervient encore une fois dans le cours de la vie de notre jeune artiste et l’oblige à abandonner sa carrière confirmée avec brio dans ce pays européen et à renoncer aux différentes marques de reconnaissance exprimées par les artistes et les autorités. Le destin semble titillé notre Abderezak Hafiane, mais sa passion insatiable pour l’art lui fait garder la foi. C’est donc tout à fait naturellement qu’il retourne en Tunisie où il fera le bonheur des galeristes et des passionnés des arts et du dynamique petit monde des artistes peintres tunisiens. Un autre regard sur l’art, un nouveau style de travail et une motivation pertinente vont désormais guider son élan artistique. Pendant deux années, il excellera dans la production d’œuvres et donnera le meilleur de lui-même pour monter encore plus haut sur les marches de la consécration.

«Biskra» - 2003 100 x 60 cm - technique mixte Coll. mairie de Gentilly.

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En quête de mémoire Abderezak Hafiane rentre définitivement au pays en 2005 avec dans ses bagages dix années de vie artistique, beaucoup d’ambition, une énergie et une sensibilité abondantes. Il élit domicile à Alger, étant donné l’intensité de l’activité culturelle. Le don, la passion et le travail sérieux lui ont permis de gagner avec honneur ses galons, loin de toute médiatisation surfaite. Au fur et à mesure qu’il expose, il se fait un nom et attire la curiosité des amateurs d’art et surtout celle des galeristes. Un parcours aux voies multiples guide Abderezak Hafiane dans sa quête de mémoire qui est à la fois une motivation, un élan et un objectif qu’il ne cesse de poursuivre. Abderezak Hafiane nous transmet sa perspective d’un héritage féminin enraciné, en toute honnêteté et transparence, en se dévoilant à travers le détail qui tue, les signes racines, les traits du visage profonds témoignant d’un vécu intense, le regard perçant parlant, narrateur d’une histoire, la plupart du temps, riche en émotions. Est-il peintre ou poète ? Incontestablement les deux à la fois. Pourtant sa seule immense ambition est de casser les miroirs déformants pour « Offrir » les siens au Monde. De son propre aveu, Abderezak Hafiane quand il peint fait semblant de peindre, en réalité il ne fait que jouer. Ses idées picturales proviennent toujours d’une plongée dans ses profondes racines avant de les dévoiler sous leurs formes les plus contemporaines. Dans son figuratif, le contemporain est maître et les lectures de l’œuvre ne deviennent que plus nombreuses. Il associe aux éléments la lumière, chez lui tout est paysage, tout est regard. Il reste persuadé que dans l’Art, il faut parler de soi à travers soi. Le reste n’est que réceptivité. Son choix de mêler harmonieusement le contemporain au figuratif relève en fait de son désir d’enlever à l’art son voile intimidant, appeler le public sur le terrain de la beauté et de l’esthétique à consommer sans modération. Abderezak Hafiane n’a pas été influencé par des écoles, mais par des artistes. Il ne cache pas qu’Issiakhem lui a soufflé le toucher du dire-vrai, donc du cœur. Il ne peut être démenti tant le souci de l’artiste est de nous communiquer des émotions sans artifice ni sophistication.

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Sa peinture est subversive, elle vise à donner un coup de pied dans la fourmilière et à déranger un certain nombre d’idées reçues. Ce qui est intéressant dans les œuvres de Abderezak Hafiane c’est le non-dit, ce qu’il cache dans les interstices. Entre les grands aplats de couleur, il y a tout un monde qui se dit et c’est ce qui fait précisément la force de ses œuvres. Il a cette volonté et ce don de donner à voir l’impalpable et ce qui n’est pas fait pour être vu, la dimension du sublime. Il ne peint pas sur mais avec la toile. Incessant recommencement, son travail déroutant mais cohérent émeut par sa force et son énergie. Il est en osmose totale avec la matière, la structure. Il est dans l’épaisseur plutôt que dans la surface. Châssis, toiles, pigments, teintures, cuirs, cuivres… sont transformés, triturés, et utilisés comme l’essence même de la création. Ses peintures nient les limites du châssis, c’est une rencontre entre la sensibilité du spectateur et l’étendue de la couleur. Les œuvres sont ainsi tiraillées entre le poème et le dessin désespérées de ne pouvoir tout dire à la fois.

Est-il peintre ou poète ?

Allant au plus près de la matière, l’artiste multiplie les ajouts dans ses toiles. Il transcende les règles plasticiennes pour créer des atmosphères qui modifient la perception. Dans sa collection «Palettes et percussions», il immerge le public dans un réalisme de sensations et d’émotions. Une tension émotionnelle, véhiculée par le son des instruments de musique, déclenche chez le public des perceptions. Par cette réalisation, l’artiste veut libérer chez celui-ci les affects refoulés. Les œuvres composées comme une musique sonnent comme une symphonie de couleurs et de sensations. Le thème ainsi abordé sert de révélateur au regard du public. Après l’intensité de cette collection, Abderezak Hafiane expérimente dans sa collection «Mirages des lettres» la pratique plastique en mêlant peinture, écriture, collage, comme jeu de l’expression qui se fonde sur l’impromptu. Il peint, dessine avec l’écriture, en profitant de la culture poétique. Il nous livre ainsi un climat reposant à la fois immuable et changeant, un univers de femmes mystérieuses dont on ne voit presque jamais le visage. Cet artiste talentueux a le don et le génie d’écrire un visage avec sa langue maternelle. Il développe les contours, dilue la forme, crée la chair, approfondie le regard, règle la posture et construit l’expressivité de ses personnages avec l’écriture arabe. Le portrait devient un discours perceptible par moment, et secret et intime par d’autres.

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Les femmes, visages cachés ou yeux baissés, semblent se dérober au regard du spectateur. Mais c’est pour mieux révéler leur âme et laisser deviner leurs secrets. De profil ou de face, ces femmes nous interpellent. Des femmes dont les parties anatomiques semblent extraites d’un livre de poésie et dont on se prend à imaginer le vécu. Des lettres et des mots parsèment ses tableaux de réminiscences culturelles auxquelles se mêle une émotivité du tracé qui fait la singularité de sa peinture.

La symbolique, c’est spontané

En quête d’idéal, Abderezak Hafiane tente de revisiter les codes créatifs de l’expression artistique en manipulant avec art et don les signes abstraits et arrive ainsi à finaliser un travail artistique né de sa seule sensibilité. C’est à juste titre qu’il considère la symbolique comme étant plutôt un élément graphique dans la conceptualisation des sujets de ses travaux. Il s’agit pour lui d’un acte spontané et non d’un choix prémédité dans l’accomplissement de son travail. Il laisse son inspiration le guider librement et non lui imposer une concrétisation forcée. De l’écriture, Abderezak Hafiane garde le geste du tracé, la trace d’une pulsion affective. Sa créativité se traduit par un dialogue émotionnel avec son sujet. Le regard de l’artiste s’exprime par des alliages de formes et de couleurs, de lumières et de mots. Ses œuvres nous interpellent sur les ambivalences de nos propres représentations de ces symboles, en particulier leur dimension originelle. Sortir du classique pour aller vers la modernité, c’est un vœu que veut réaliser Abderezak Hafiane. Pour ce faire, il estime que les moyens technologiques peuvent et doivent être utilisés et intégrés dans les œuvres d’art. Selon lui, la peinture est efficiente, elle peut agir sur le futur, en répercutant les vibrations de la couleur, sur la blessure d’hier à aujourd’hui. 22


Il exprime sa gratitude, sa reconnaissance à la bienveillance de ses parents Sa dernière collection intitulée «Hob» permet d’apprecier la densité du travail de Abderezak Hafiane, une certaine maturité se dégage à travers ses œuvres. Des formes jaillissent suggèrant le désir d’être et de s’affirmer. Le choix des couleurs et des supports témoignent de l’étonnante aptitude de l’artiste à se renouveler. Il ouvre l’espace de ses toiles sur les sensations humaines, d’un mouvement large, désertique parfois. Il délivre son poids de douleur, de joies, de rêves et de passion, l’artiste se livre, il effectue une ouverture du corps et de la mémoire. Il extériorise les figures cachées qu’il porte en lui. Elles semblent remontées des profondeurs. Son geste est véhément, recourant aux griffures, aux empâtements sauvagement maçonnés, dans une posture émotionnelle et viscérale. Il décompose des personnages qu’il recompose dans une alchimie joyeuse de couleurs et de matières. Il exprime sa gratitude, sa reconnaissance à la bienveillance de ses parents qui lui ont inculqué les valeurs qui font de lui un personnage attachant, à savoir simplicité, modestie, respect d’autrui et générosité. Dès lors, Abderezak Hafiane, au travers de ses œuvres, tente de reproduire, par des traits, des formes, des symboles et des couleurs, l’affection qu’il ne cesse de vouer à la femme dans son rang social, particulièrement sa maman et ses tantes. C’est sans aucun doute pour cela qu’il ne manque jamais l’occasion d’immortaliser cette reconnaissance en plaçant la femme au centre de ses préoccupations thématiques. Assez souvent, elle est là, même en filigrane, pour rappeler à qui veut l’oublier qu’elle est la matrice de la vie humaine. L’artiste n’en fait pas pourtant une obsession pour forcer le pinceau à inscrire la femme dans ses œuvres, mais laisse libre cours à son élan créatif de s’exprimer pour lui. D’une manière noble et atistiquement pure, Hafiane accorde à la femme un espace vital qui sied à ses attributs et à son rôle majeur dans la société algérienne. Il nous livre et nous fait partager ses rêves et ses sentiments.

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le chant de l’artiste

L’amour est un mot de lumière, écrit par une main de lumière sur une page de lumière. Khalil Gibran.


Akal n’iba

Akal n’iba - 2007 - 50 x 65 cm - huile sur toile - coll. privée.

Comme sortie de nulle part, une caravane de méharis à l’impressionnante couleur blanchâtre avance paisiblement dans le désert rocailleux. Sur le passage, au lieu des dunes de sable se dressent plutôt des montagnes majestueuses dignes d’un décor lunaire que d’aucuns rêvent de voir. L’homme qui guide la caravane n’est pas pressé d’arriver à la destination 26

finale, puisque dans cet endroit, rien ne semble déranger l’ordre naturel établi depuis des millénaires. Lui ainsi que ses semblables ont tout compris de la notion de l’espace et du temps. Fidèlement rapporté dans le détail et par les couleurs, cet instant de la vie dans cette région reculée de la Terre atteste d’une dimension plus humaine de se déplacer loin du stress qui ronge au quotidien les citadins.


Les lions du Sahara

Les lions du Sahara - 2007 - 50 x 65 cm - huile sur toile - coll. privée.

Double immensité dans le champ de vision de ces trois hommes qui pourtant restent imperturbables devant un espace pratiquement sans limite. Ici, le ciel se confond avec le désert, offrant ainsi une ouverture d’esprit et une grandeur de cœur jamais égalées. Sur des dromadaires foulant le sable avec grâce et aisance, ces lions du Sahara à l’allure chevaleresque scrutent l’horizon clair et paisible. En nobles seigneurs, ils avancent toujours

en maîtres des lieux sans crainte et sans complainte. Dans l’esprit de ces hommes, leur parcours n’est jamais tracé à l’avance. L’intention suffit pour se rassurer qu’au Sahara quand on démarre, on arrive à destination, et ce, quel que soit le temps écoulé. D’où la liberté de se mouvoir et de jouir des forces que leur procure une nature encore préservée des méfaits humains.

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Liberté insoupçonnée

Liberté insoupçonnée - 2008 - 80 x 100 cm - huile sur toile - coll. privée.

C’est parce que cette couleur est semblable aux douces et apaisantes nuits du désert que les femmes se sont reconnues dans le noir pour le choix de leurs habits. Par leur finesse et leurs dons naturels, elles en ont fait une source de pudeur, de discrétion et de liberté insoupçonnée. Sans rien contester, les hommes se sont inclinés devant ce partage équitable en optant pour la blancheur immaculée de leurs vêtements. Symbole des journées 28

rayonnantes et de l’énergie qui guide les humains pour accomplir chaque jour une bonne œuvre. Ce partage est poussé à son extrême dans un espace si naturel qu’est cette esplanade au pied d’une montagne. Un lieu idéal pour faciliter un échange libre de mots et d’émotions. La posture debout symbolise les valeurs d’égalité et de respect que se reconnaissent, mutuellemnt, ces hommes et ces femmes du désert.


Amphore brune

Amphore brune - 2008 - 60 x 80 cm - huile sur toile - coll. privée.

L’étoile du médaillon serti auréole le front et procure du coup un charme incontestable à cette femme comme on en voit peu de nos jours. Loin de cacher une intelligence au demeurant bien vivace, l’ornement sert de leurre pour dérouter les esprits malveillants. Nul doute que l’éclatant rouge pourpre du foulard ajoute un plus qu’il serait difficile à expliciter. Délicatement, il

sert de prolongement naturel à ce visage hâlé d’où apparaissent des yeux superbement soulignés au k’hol. Lorsque le voile blanc vient envelopper la tête, c’est pour donner la mesure d’une époque où la femme devait être préservée de toute atteinte. Telle une colombe blanche, elle se déplaçait sans risque d’être arrêtée dans son envol.

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La rose d’amour

La rose d’amour - 2014 - 100 x 80 cm - technique mixte - coll. privée.

Ce n’est nullement de la pudeur et encore moins de la peur dans l’expression de ce visage mais juste une indication. Les yeux seraient tout simplement vides de tout regard s’ils venaient à s’ouvrir pleinement. C’est là une femme accomplie, épanouie, ouverte sur le monde moderne, mais qui ne peut oublier ses racines, ses valeurs, ses repères. Consciemment, elle reste attachée à ce fond de mémoire dans lequel elle puise, à chaque fois, les 30

ressources nécessaires pour affronter l’avenir. Dans sa spontanéité, elle demeure pourtant attentive au passé. La lucarne renvoie aux limites imposées par la société dans ses interdits et ses tabous. Au lieu de cheveux, c’est une floraison de lettres qui coiffent la tête. Une subtile manière d’indiquer que de belles pensées animent l’esprit, mais le cœur se retient de les exprimer.


Or et argent mêlés

Or et argent mêlés - 2008 - 80 x 60 cm - huile sur toile - coll. privée.

Des mains sur les joues, c’est soit pour se lamenter, soit pour méditer. Or ici, les doigts entièrement enduits de henné rouge et ornés de bagues en grappe viennent intentionnellement attirer l’attention. Le foulard sur le front préserve cette femme de trahir ses émotions. Un air malicieux se dégage de son regard. En

tout cas, il est loin d’être tourmenté et sûrement pas dans un état de transe. C’est comme si son esprit se moquait de ce qu’elle perçoit autour d’elle. Sa bouche, par conformisme ou soumission, s’abstient de parler. La femme d’antan s’impose la retenue et n’exprime pas ses états d’âme à la manière d’aujourd’hui. 31


Awrigha

Elle semble posséder les traits et la parure d’une reine des temps anciens. Son air déterminé est pourtant chargé d’une grande sagacité. Plus qu’une apparence, la beauté naturelle de cette femme renvoie à des attributs ataviques dignes de la haute noblesse. Cependant le regard dégage des ondes de déception et de frustration. Quelle que soit sa position sociale, il ne lui est pas toujours possible de satisfaire tous ses désirs ni de réaliser ses rêves, même les plus réalistes. Le mystère restera entier autour de cette femme, parce qu’elle appartient à une autre dimension, dans le temps et l’espace. Dans les moments d’errance, des esprits malmenés auraient aimé croiser ce visage tant il procure réconfort et sérénité. Awrigha - 2015 - 110 x 55 cm - technique mixte - coll. privée.

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Fatma

Fatma - 2015 - 110 x 55 cm - huile sur toile - coll. privée.

La main totalement ouverte devant le visage est un signal d’avertissement à ceux qui sont animés de mauvaises intentions. Les yeux sans fard de cette femme distillent un regard incisif. Ce regard subtil paraît résolument raffermi par des bagues aux formes épiques, portées par quatre doigts effilés aux ongles finement limés. Ce faisant, ils semblent insinuer leur force aiguisée et leur capacité de frappe.

C‘est pourquoi la bouche est interdite de formuler des mots pour exprimer une situation de circonstance et encore moins un état d’esprit profond. Avec juste une main apposée gracieusement sur la moitié du visage, les signes affirment ce ton féminin déterminé et farouchement combatif.

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premières émotions

Rien ne peut être fait sans la solitude. Picasso.


Histoire

Histoire - 2015 - 110 x 55 cm - huile sur toile - coll. privée.

De bois, de céramique, de pierre ou d’autres matériaux, les fragments ont parfois une histoire qui mérite d’être rapportée. Ils s’apparentent, à bien des égards, à la vie des humains, même si trop souvent il est vraiment difficile de les recoller. Alors que dans beaucoup de cas, des morceaux sont à jamais perdus, le travail de reconstituer une œuvre devient un exercice délicat et périlleux. 36

Les couleurs sombres attestent des moments durs et les traverses en bois symbolisent paradoxalement l’endurance au fil du temps. La présence de palmiers dattiers, parmi ces objets durs, suggère une existence intense et accomplie de cet assemblage hétéroclite. Produisant des fruits ou non, ces arbres nobles procurent toujours de l’ombre et apportent l’apaisement fût-il temporaire.


Un monde tourmenté

Un monde tourmenté - 2002 - 40 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

L’ombre d’un homme, tête en bas et pieds en haut, est renvoyée sur un mur de pierre marquée par des stries, preuve d’un effacement volontaire pour éviter de s’attarder sur les détails d’une vie. Dans un monde absurde, autant réfléchir à l’envers pour mieux saisir ce qui se passe réellement autour de soi. Cela devient d’autant plus vrai lorsque des

décisions paradoxales ont marqué le parcours d’un être humain pris dans les vicissitudes et les tourments de son parcours existentiel. C’est pour cette raison que collent à cette ombre des fragments de bois usés par le temps, mais qui se maintiennent encore pour témoigner qu’ils ont appartenu, à un moment donné, aux forces vives de la nature. 37


Réminiscence

Réminiscence - 2002 - 40 x 30 cm - technique mixte - coll. privée.

Plein de cases à pourvoir qu’offre ce bahut accroché à un mur en bois. Les opportunités de les remplir ou d’en échanger le contenu sont semblables à celles de tout humain. Sauf, qu’ici, il y a trop de cases vides, synonymes d’impossibilité ou d’empêchement imposé. Les apparences sont toutefois sauvées par la présence d’une pierre et d’un bouquet de fleurs. Objets naturels, 38

mais aussi et surtout signes de choix particuliers qui peuvent s’apparenter à une sorte de compensation par rapport à une frustration. Il a fallu plusieurs éléments de bois et des ajustements pour façonner ce mur, lui-même un autre signe d’une recomposition de soi. L’effort est ainsi récompensé bien que quelque fois la satisfaction n’atteint pas toujours son comble.


Nostalgie

Nostalgie - 2002 - 100 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

Le paradoxe est présent dans toute existence et s’exprime au travers des pensées et des sentiments. Rien ne l’arrête et le moindre détail alimente sa continuité. Gaieté et tristesse, clarté et obscurité, passé et présent s’entremêlent pour tenter de forcer le destin, mais trop souvent en vain. Avancer vers l’avenir

ne veut jamais dire renoncer à son passé, ni abandonner ses premières sources émotionnelles. Dans la quête d’une meilleure vie, les contradictions remontent à la surface bien qu’elles prennent d’autres apparences. Il ne reste que la mémoire pour faire des haltes dans les souvenirs et les moments de joie. 39


L’empreinte

L’empreinte - 2002 - 50 x 40 cm - technique mixte - coll. privée.

Rien ne présageait qu’une empreinte posée fortuitement allait avoir autant de sens. Dans un geste incontrôlé, son auteur était loin de se douter qu’elle provoquerait un impact indélébile au fond des esprits éveillés et des cœurs sensibles. La main sur les portes est un signe de salut accompli pour transmettre un 40

message pacifique. C’est une empreinte impérissable qui aux yeux de tout le monde est là, témoin de la convivialité et du partage. Synonyme de la force et de la créativité, la main est un des meilleurs symboles universels. Elle transmet à sa manière ce que le cœur et l’esprit entretiennent dans la pure dimension humaine.


Le sacré

Le sacré - 2002 - 80 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

Exprimer la générosité par un plateau en bois, utilisé d’habitude pour servir les boissons et la nourriture, est intimement lié au mois sacré. Une générosité déjà divine par le fait qu’elle suggère aux humains le sentier des bonnes œuvres. La terre obéit au rythme des cycles et l’impose à ceux qui vivent de ses richesses naturelles. Le Ramadhan, dans ce cas-là, constitue par excellence

un mois particulier de partage et de charité. Le bois noir est un clin d’œil à «la nuit du doute», quand la Lune dans sa dimension de croissant apparaît aux âmes charitables. Annonciateur d’un mois plein de bienfaits, il n’en constitue pas moins, dans l’immensité du ciel et de la nuit, un beau signe astral.

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Kanimana

Elle se dresse majestueusement dans un éclat visuel non pas pour accompagner les fantasmes les plus fous, mais plutôt pour signifier la constante de toute beauté féminine. Celle de l’inexplicable impact savoureux sur les âmes. Elégante, raffinée et à l’allure sexy. Drapée dans cette élégante robe, la femme apparaît comme une sublime icône dans le for intérieur de son admirateur. Une image au renvoi idyllique qui voyage à travers le temps et l’espaces. Elle n’a vraiment pas besoin d’user de tous ses atouts pour avoir une stature respectable. Il suffit juste qu’elle soit là, présente dans le décor avec sa pudeur, sa beauté et la splendeur de son âme. Kanimana - 2002 - 160 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

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Aux sources

Aux sources - 2002 - 40 x 30 cm - technique mixte - coll. privée.

Vénérable respect à l’égard de ce modeste recoin où se trouvent des souvenirs délicats, mais au contenu sacré qui n’a cessé de différencier les humains des autres créatures. Ni serrure ni clé n’apparaissent sur cette porte-fenêtre. A l’intérieur, sont ainsi condamnés des livres mortifiés, ils n’attendent plus rien de personne

puisqu’il semble qu’ils ont été prématurément renvoyés dans le musée de la mémoire humaine. Combien de fois, les livres ont servi à instruire, divertir et surtout interdire l’oubli des glorieux moments de la longue marche de l’humanité. Comme l’eau pour le corps, le livre reste vital pour l’esprit et le cœur.

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La femme

La femme - 2002 - 30 x 30 cm - technique mixte - coll. privée.

A l’instar de la pendule, la femme est un indicateur extrêmement sensible des perceptions du monde. Tout ou presque est rythmé dans la vie par ses pulsions et ses déclamations. Autour d’elle, l’existence prend un sens particulier, une autre voie ou un autre détour. Elle procure à chaque instant une sensation sublime que rien

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ne peut mesurer. Seuls l’esprit ou le cœur peuvent en apprécier la valeur profonde. La femme est une source intarissable d’attention, de douceur et de vitalité. Elle est l’apaisement dans les durs moments, la consolation après les déceptions et l’espoir face aux défis et les écueils.


L’art de la vie

Que des préjugés simplistes et des clichés folkloriques autour du rythme de vie des populations dans le désert. Au point où les visions étriquées le réduisent à l’élémentaire. Or, le décor est en soi significatif d’une authentique et pleine existence. Nourries continuellement par les rayons ardents du soleil, les bâtisses du Sahara sont pleines d’énergie et donc témoins du moindre détail. Elles murmurent, à qui sait écouter, le récit de ce qui se passe dans leur enceinte. Epanouissement, spontanéité, échange multiforme et intense, tout cela rend les instants de la vie ici plus conviviaux et plus sincères. Au travers de l’arcade en bois enchevêtré, se profilent les murs couleur ocre surplombés par l’arbre béni qu’est le palmier dattier. L’art de la vie - 2002 - 80 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

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Des signes racines

Une certaine mélancolie nous demeure en songeant qu’à moindre frais, on aurait pu faire de la vie au lieu de faire de l’art. Van Gogh.


Dihya

Dihya - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

Le cœur s’emballe et le corps se réjouit. Très attendues dans l’univers des femmes, les cérémonies sont des moments idylliques. Une aubaine pour s’embellir, se coiffer, se parer de bijoux et se tatouer. Ornés de henné, les bouts des doigts autant que les orteils font une belle jonction décontractée. Apposés de la sorte, ce sont de jolis bourgeons que 48

le bracelet au poignet semble d’ailleurs sceller sous forme de bouquet. Par impulsion, la main de cette jeune fille s’est gracieusement posée sur le pied. Elle tâte des parties du corps qu’elle n’a pas toujours l’occasion de chérir. C’est un geste affranchi de toute retenue dans de telles circonstances festives.


Tanest

Tanest - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

Noblesse, fierté et pudeur sont nettement perceptibles ici. Avec une main posée sur l’autre, cette femme donne le ton d’une posture auguste et dégage un esprit imprégné de confiance et de sagesse. Les motifs du henné au centre de la main attestent d’un choix volontaire en conformité avec un goût particulier qui

se veut ni suiviste ni extravagant. Juste une petite touche de beauté anodine, mais bien réussie. Connaître sa valeur et imposer le respect de soi est un indicateur qui ne trompe pas. C’est une femme qui s’abstient d’accentuer sa parure pour se suffire de sa noblesse et son élégance.

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Thafrura

Thafrura - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

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La curiosité se mêle à l’admiration pour tenter de reconnaître l’identité de cette femme aux apparences romanesques. Assurance et simplicité semblent guider ses gestes et ses mouvements.

Comme un gant fin, des filaments embellissent des doigts totalement enduits de henné. Ils leur procurent assurément du charme, mais aussi et surtout un peu plus d’agilité et de grâce.

Un attrait magique émane de ces mains bien blanches. Parées de bracelets fins et modestes, elles sont la partie visible d’un corps libéré et l’expression d’un esprit jovial.

C’est une ornementation qui renseigne sur une élégance remarquable et fort sélective.


Ghella

Ghella - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

Tel un livre sans écriture, des mains naturellement ouvertes s’offrent à la vue. Rien de particulier dans ce geste presque banal. Or, le regard s’attardera longtemps pour tenter de déceler quelque signe à décrypter. L’admiration s’impose ici comme devant un tour de magie et l’esprit ne peut s’empêcher de chercher un sens loin de la raison. Tentative d’évasion ou plutôt

de consolation, tout mène finalement vers une imagerie virtuelle autour de ces mains vides. Instinctivement, la femme ne dévoilera jamais tous ses secrets. Elle en use à son gré pour s’attirer éloges et émerveillement. Aussi le mystère demeurera toujours quant à l’attention accordée à cette divine créature. 51


Pudeur et charme

Pudeur et charme - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

Au travers des beaux yeux noirs accentués par le k’hol la magie du charme jette son sort sur tout flatteur fidèle ou passager. Dans l’ombre comme dans la clarté du jour, presque personne n’est épargné devant cet air ensorcelant. L’effet a déjà fait son chemin dans la conscience des mortels. Ni les yeux ne peuvent oublier ce visage ni les cœurs d’avoir éprouvé un sublime réconfort. 52

Mais ces instants ne sont qu’éphémères et l’esprit fait perdurer le plaisir. Le voile sur le visage, depuis la nuit des temps, suscite curiosité et mystère. Et quand la pudeur se dégage du voile, les cœurs ne peuvent que se soumettre au diktat des tentations. Entre la réalité et le rêve, l’âme se laisse emportée dans ses errances.


Thala

Thala - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

Sensible dans son tempérament, libre dans son mouvement et facile dans son accomplissement. Inné ou acquis, il est unique en son genre. Sans lassitude, il accompagne tout le temps la femme et partout où elle est présente. C’est un geste exclusivement féminin, une main au creux d’une autre. Si somptueusement tatouées, ces mains

charment et laissent inévitablement une impression de volupté. Délicates et précautionneuses, elles agissent avec beaucoup de grâce comme si elles voulaient préserver les motifs de henné comparables ici à des filaments de bijoux. C’est un moment entre la réalité et l’imaginaire.

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Lunja

Lunja - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

C’est un art gestuel naturel chez la femme. Un atout fatal de sa féminité dont très souvent elle se sert sans connaître sa portée sur les esprits et les cœurs. Une main retenant un pied est un geste fréquent chez la femme. Autant c’est spontané, autant c’est indicatif d’une assurance et d’une aisance dans le mouvement. L’admiration et l’émotion 54

s’entremêlent ici pour se prosterner devant la beauté. Au-delà de la spontanéité, c’est une des postures habituelles que la femme a adoptée, depuis fort longtemps, pour marquer sa différence avec l’homme. Loin de toute rivalité, juste pour préserver les marques de sa féminité.


L’unique

L’unique - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

C’est absolument un pied d’une élégance avérée avec en prime un tatouage si soigné et approprié. Sans nul doute, aucun regard ne peut rester indifférent devant cette distinction sublime. Le pied semble, à s’y méprendre, comme portant une tong de fils souples et bien décorée. Pour chaque détail, les motifs attestent d’un esprit d’une extrême

imagination et finesse. Ils ne font en réalité qu’embellir un joyau corporel déjà élancé par la nature même de sa création. Aller chercher une comparaison avec cette beauté et ce raffinement, c’est se risquer assurément à opposer l’imaginaire à la réalité, l’éveil au rêve et le vrai à l’impossible. 55


L’incomparable

L’incomparable - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

Apparaissant comme dans le champ de vision d’une lucarne, des pieds nus anonymes auraient suffi pour rappeler comme toujours le secret inexpliqué autour de cette partie charnelle de la femme. Or, le henné est là pour faire attarder un peu plus l’admiration qui souvent est poussée à l’imagination folle et 56

sans limites. L’esprit, masculin surtout, voulant coûte que coûte aller plus loin que ne l’autorise l’image de l’instant. Aussi, comme dans un reflet de miroir, ces pieds arrivent quand même à contenir l’appréciation pour la remettre dans son réel contexte. Celui d’une simple capture de la tradition ancestrale et magique qu’est la pratique du henné.


La Bénédiction

La Bénédiction - 2006 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. Tunisie.

Un ton solennel qui marque une halte existentielle devant la complexité de la vie et les profonds secrets du cosmos. C’est une reconnaissance accomplie et une soumission volontaire devant le Créateur. Les mains orientées vers le bas du cœur accompagnent un corps et une âme dans un pur moment de méditation. Les modestes bracelets autour des poignets

constituent une indication d’une tendance poussée vers la modération et la circonspection. Le henné couvre modérément les bouts des doigts et aucun ornement de plus ne vient s’ajouter, hormis un anneau à un doigt. Le tatouage ne veut pas trop entrer en rivalité avec l’esprit de cette femme consciente de ses attributs de noblesse et des bienfaits divins. 57



Dassine

L’eau elle-même sait nous dire «je t’aime» en posant sur nos lèvres le meilleur des baisers. Dassine.


Takelmoust

Takelmoust - 2005 - 50 x 40 cm - huile sur toile - coll. privée.

Noble et réservé, le Targui s’embellit du Takelmoust. La couleur indigo de son turban lui a procuré, dans l’immensité du Sahara, des signes d’inégalité et de distinction. Sans partage, il est l’homme bleu à qui le monde entier voue admiration et respect. Quand apparaît juste un bout de son visage, c’est un message franc et clair, 60

il fait siennes la discrétion et la retenue. Le Bazan couvrant la totalité du corps renforce cette décence et lui octroie ses marques de grâce. Autant il est remarquable même de très loin, autant le Targui tient à ne déranger ni la nature ni les humains. Il veut rester égal à lui-même par rapport à ce que le Créateur lui a attribué comme valeurs.


Sultane de l’amour

Sultane de l’amour - 2010 - 100 x 80 cm - huile sur toile - coll. Conseil de la Nation.

Sultane bien aimée, elle règne avec son cœur pour atténuer la souffrance des durs moments et avec sa sagesse pour procurer l’espoir devant les écueils de la vie. Là où elle apparaît, là où elle est évoquée, les esprits sont attentifs et consolés par ses messages. Epanouie, émancipée et bien dans sa peau, elle scrute avec aisance le

décor qui l’entoure. Rien ne semble perturber sa volonté de voir ce qu’elle veut et d’exprimer ses émotions les plus affranchies. Les guerriers et les poètes font l’éloge de ses apparitions partout où son nom est cité à travers les monts et les dunes, tout le long des vastes contrées du Sahara. 61


Akhamoukh

Akhamoukh - 2010 - 100 x 100 cm - huile sur toile - coll. Conseil de la Nation.

Dans ses paroles comme dans son silence, la sagesse embellit ses prises de position et ennoblit la justesse de ses décisions. Seigneur de son époque, idole pour ses partisans et référence pour la postérité. A force d’être forgé aux dures réalités de la vie, il s’en est toujours sorti grandement renforcé et hautement rassuré. Le cœur 62

étant toujours nourri de bons sentiments et l’esprit forcé malgré lui de s’adapter aux vicissitudes. Ainsi, les hommes au parcours valeureux marquent toujours leur temps et laissent leurs marques indélébiles pour que l’histoire transforme leurs faits en récits et poèmes ou peut-être en mythes et légendes.


Le juste

Le juste - 2008 - 80 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

Il porte toujours son regard très loin pour jauger le monde. Avant par instinct de survie, aujourd’hui par souci de respect envers les autres. Les apparences ne déterminent pas forcément la réalité des choses. Grâce à son esprit sain et son cœur apaisé, le Targui ne retient que les éléments essentiels de son

environnement pour réaliser son bonheur et le partager avec ceux qu’il croise. Il possède la juste mesure quand il s’agit de donner ou de recevoir. Dans l’acceptation comme dans le désaccord, il parvient à maîtriser ses émotions. Malgré sa fierté et sa vaillance, il compose avec autrui quelles que soient les circonstances. 63


Le guerrier

Auguste, hautain et fort, tels sont les attributs de ce guerrier targui rompu au maniement des armes et aux combats. Constamment en alerte pour s’engager et prouver son audace et son courage à l’encontre des esprits belliqueux. Sa vie n’a de valeur qu’à la hauteur des sacrifices qu’il consent pour l’honneur et l’existence des siens. Rien à ses yeux ne vaut que de répondre présent à chaque fois qu’il y a danger ou menace. Sans nul doute, son bonheur sera toujours de faire partie des expéditions ou d’affronter frontalement tous ceux qui osent porter atteinte à l’ordre savamment et chèrement établi par les sages et les aïeux. Le guerrier - 2008 - 120 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

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Takoba

En faisant sienne une position de défense à l’ancienne, chacun peut ressentir la ferveur qui animait les glorieux combattants. C’est un des gestes d’antan développés depuis fort longtemps contre les agresseurs. Rien de tel pour resituer l’épopée des grands hommes qui ont marqué de leur empreinte la marche de l’histoire. C’est tout l’esprit de survie qui est retransmis dans les mémoires face aux risques de l’oubli. Pour ne pas être dépossédé de son authenticité et de ses repères les plus fondamentaux, le Targui d’aujourd’hui perpétue des réflexes ancestraux qui, de génération en génération, ont maintenu des hommes et des femmes sur des terres hostiles. Takoba - 2012 - 120 x 40 cm - technique mixte - coll. privée.

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Les hommes bleus

Les hommes bleus - 2005 - 80 x 120 cm - huile sur toile - coll. privée.

Une atmosphère de va-t-en guerre se répand lorsque des boucliers avec des lances en bois sont mis en avant. Or, rien de tout cela n’est réel, c’est juste l’esprit des ancestres qui est là, présent. Par la danse et par les gestes, les scènes de combat sont reproduites instinctivement. L’émotion est tellement forte que ces guerriers paraissent alertes et prêts à tout. Le souvenir 66

des temps anciens est intensivement rafraîchi. Ainsi est perpétuée la bravoure des hommes bleus qui n’avaient ni château ni tour, mais toute la grandeur du cœur pour faire régner et entretenir la paix avec leurs semblables. Leur message est resté imprescriptible malgré le temps.


Palettes et percussions

La musique met l'âme en harmonie avec tout ce qui existe. Oscar Wilde.

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L’hymne à l’Imzad

Son corps est tout naturellement en bois et son âme demeure bien sûr la musique qu’il dégage au gré des mélodies qu’entonne une diva ou un chantre. C’est l’Imzad dans toute sa splendeur. A bien écouter la sonorité de cet instrument de musique targui, on comprend bien d’où il tire ses lettres de noblesse. Une profonde sensation de retour aux sources de l’humanité se fait sentir sur fond d’une nostalgie mystique. Autant il est sobre dans sa forme, autant il est intense et riche dans ses prouesses à la limite de la magie. C’est une source intarissable d’inspiration qui engendre l’envoûtement et le bien-être. L’hymne à l’Imzad - 2012 - 120 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

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Nailya

Nailya - 2013 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

Avec un diadème royal et un regard magistral, c’est tout un passé glorieux et riche qui est illustré par le visage de cette diva. Son regard cru est en lui-même une invitation à voyager allègrement à travers le temps. Beaucoup d’emportement émotionnel et de joie accompagnent ses apparitions lors des soirées festives. Sa voix ravive les glorieux moments vécus

par les ancêtres et l’ambiance qu’elle suscite emporte les êtres vers un passé nostalgique. Le ton de la voix est authentique et l’élan de sa force se fait entendre jusque dans des espaces reculés de la nature. C’est une remarquable réappropriation d’éléments immatériels éparses qu’un héritage séculaire a su transmettre d’une génération à l’autre. 69


Mélodie de mémoire

Mélodie de mémoire - 2013 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

Tellement l’émotion est profonde, les yeux de cette diva se sont fermés. Dans un moment intense d’invocation, son visage ne peut rester insensible à l’air entonné et aux mots prononcés. Ses chants traversent les âges et procurent aux mélomanes une exaltation qui comble leur cœur et leur esprit. Certes se sont des haltes momentanées pour se laisser emporter par une voix 70

pure et mélodieuse, mais aussi une occasion de revenir vers soi pour jauger ses pensées et ses sentiments. Comme un témoin de l’histoire, la chanteuse vient restituer des épisodes phares de la longue marche des humains ayant peuplé le Sahara. Elle réussit à ramener la sensation des temps révolus vers le présent.


Symphonie lyrique

Symphonie lyrique - 2013 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

Tout l’être chavire et tout le corps soupire à chaque fois qu’un nouveau refrain arrive à l’oreille. C’est plus qu’un ravissement que d’écouter la musique, c’est un besoin, ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs. Peut-être parce qu’il est façonné à partir de la peau de chèvre qu’ El bendir

s’est vu imposer douceur et jovialité. Pour le grand plaisir des mélomanes, c’est souvent un air joyeux et parfois mélancolique qui se dégage à travers ses vibrations. Il est clair que c’est un exercice musical qui exige de l’excellence et beaucoup de prouesse. 71


La conteuse

La conteuse - 2013 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

Ce visage à moitié voilé est comme une éphémère apparition. Il y a là comme une tentative d’interpeller les esprits à ne pas oublier qu’une voix, une mélodie et une percussion étaient là ensemble réunies. La chanteuse a laissé son empreinte vocale dans les mémoires, à l’instar d’une conteuse qui, sur un air mélodieux, livre les exploits et les gloires. Elle ne 72

cherche pas le prestige, mais la juste reconnaissance. Son nom importe peu tant que les refrains qu’elle entonnait demeurent. Avec un don naturel soutenu par un parcours perfectionné sur le temps, elle a su reproduire des chants d’autrefois avec une prestance qui lui vaut tous les honneurs.


La diva

La diva - 2013 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

Un très bel hommage à tout le patrimoine musical qu’elle a su perpétuer, la diva à la tête parée de bijoux. La magie vocale garde bien les secrets de son emprise sur les âmes. Elle symbolise l’authenticité et la féminité qui étaient des repères fondamentaux chez les femmes du

passé. Ce sont encore là des atouts dont elles se paraient pour régner sur le monde oral. Partout et en tout temps, leur voix délivrait une sensation mélodieuse. A chaque mélomane, arrive le message qui sied à son état d’âme.

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Africa Guembri

Irrésistible immersion à l’intérieur de soi et indescriptible voyage dans le temps. Les airs musicaux du Guembri sont intenses et originels. Ils extériorisent ce qu’il y a de pur au fond du cœur et de l’âme. Ecouter une partition, c’est savourer un moment de partage empreint d’incantation et de méditation. Pourtant, la gaité de cœur et la joie de vivre finissent par l’emporter sur les angoisses et les déceptions. L’envie de danser viendra couronner cet emportement passionnel. Des hommes libres dans leurs paroles, dans leurs émotions et dans leurs mouvements. C’est cet esprit là que les sonorités de cet admirable Guembri évoquent. Animé par ses profondes racines africaines, il est là debout comme une noble statue. Africa Guembri - 2012 - technique mixte - coll. privée.

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Ahellil

Ahellil - 2012 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

C’est en quelque sorte le prolongement, en même temps artificiel et naturel, du souffle des humains. Dans les moments de joie comme de chagrin, il n’y a pas mieux qu’El Gasba pour exprimer musicalement ses états d’âme. L’air que joue cet homme enturbanné est un pur moment d’enchantement. Ses yeux fermés sont un signe éloquent qu’il puise

de ses entrailles pour renseigner sur des péripéties de la vie. Lorsqu’elle libère des sonorités, elle obéit seulement à l’esprit de son maitre. Elle rythme à sa façon le déroulement de la mélodie. El Gasba peut se suffire d’elle-même pour produire son lyrisme.

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Assekrem

Assekrem - 2012 - technique mixte - coll. privée.

Avant même de l’écouter chanter, son visage authentique envoûte les esprits. Son regard est si magique qu’il est difficile de s’en détacher. Et la manière remarquable avec laquelle est enturbannée la tête de cette chanteuse est aussi un trait de charme plus que magique. Quand sa voix se répand dans les oreilles, c’est tout le moi intérieur qui s’en retrouve profondément touché. 76

L’âme se délecte des différents tons qu’elle dégage et l’écho de sa gorge retentit telle une douce brise dans les montagnes. Elle arrive à bercer les cœurs les plus endurcis et à calmer les esprits les plus impétueux. C’est à la fois un délice, un palliatif et une consolation devant les incertitudes de la vie et l’égarement des êtres.


Kerkabou

Kerkabou - 2012 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

A eux seuls, les deux hommes, l’un jouant du Kerkabou et l’autre de la Derbouka, créent une ambiance festive à laquelle se joignent spontanément petits et grands. C’est sûrement la joie de vivre qui stimule leurs faits et gestes. Les sons sont uniques et inégalables. Ils dégagent de la vigueur et de la force. Personne ne peut rester insensible et le corps veut tant accompagner les

refrains accordés. De là, la magie du bronze agit pour laisser son impact fantastique. Simple et percutant, cet instrument ne reconnaît plus les limites de l’espace et du temps. Le talent de ceux qui jouent du Kerkabou se mesure par rapport à l’enthousiasme du public à danser au ryhtme de chaque percussion sans retenue et en toute liberté. 77


Regard et poésie

Regard et poésie - 2012 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

Sans fard, sans bijou, sans autre ornement, juste les traits naturels de son visage. C’est semble-t-il assez suffisant pour cette chanteuse qui rallonge son habit jusqu’au devant de sa bouche. Non pas pour la cacher, mais parce que la voix qui s’en dégage est si précieuse. Sa voix limpide, agréable et ensorceleuse retentit délicatement pour aller croiser les cœurs en mal 78

de vivre. Sûre d’elle, elle subjugue les mélomanes et passagers passionnés pour toujours leur donner une envie folle de l’écouter. Chanter pour elle est une seconde nature et par moment, c’est plutôt une première nature. Elle possède plus qu’un don, elle est une virtuose. Elle n’a nul besoin d’autre chose, juste savoir que l’écouter, c’est jouir sans fatigue de sa sublime voix.


La fille de l’étoile

La fille de l’étoile - 2013 - technique mixte sur bendir - coll. privée.

Son enthousiasme insuffle à ses envolées lyriques un ton envoûtant qui ne laisse insensible aucun invité mélomane. A sa voix se joignent des yeux pétillants et joyeux pour agrémenter l’écoute des chansons. Le tout produisant indéniablement une euphorie indescriptible. Cette chanteuse à la tête parée d’un voile rappelle bien des chanteuses d’antan. C’est une habituée du public

qui sait créer autour d’elle l’ambiance joviale survoltant les convives. Sûre de ses prouesses et à l’aise dans ses présentations, elle se surpasse à chaque fois pour donner la mesure de l’art musical qu’elle a appris assidûment auprès de ses prédécesseurs. Au fond, elle ne peut se permettre de décevoir ses admirateurs et surtout les chantres qu’elle vénère.

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Mirage des lettres

Toute bonne peinture laisse le peintre avide de recommencer, insatisfait, mené par l’inspiration, espérant plus d’énergie, de vitalité, de temps, condamné à peindre à vie. John Sloan.


Joyau

Joyau - 2014 - 70 x 65 cm - technique mixte - coll. privée.

Un bout de tissage de jute découpé. Une délicate main blanche joliment tatouée. Une Khellala sur une planche de bois apposée. Un autre morceau de bois est là tout entaché. Tout un assortiment d’éléments disparates comme le sont les aspects de la vie. Des vers d’un poème en arabe constituent la trame de ce fouillis. C’est assurément une tentative d’explication de ce qui s’est 82

passé pour ce décor en désordre. Une indication d’une entreprise préméditée. En haut, la silhouette d’une tête renseigne que cette femme a subi une violence morale ou physique, mais elle préfère présever sa dignité en sauvant les apparences. C’est pour elle une question de fierté et de grand sens de responsabilité.


Solfège

Solfège - 2014 - 70 x 65 cm - technique mixte - coll. privée.

Elle n’a pas besoin de montrer tout le visage. Le seul œil visible suffit déjà pour reconnaître que le regard de cette femme dégage de la tristesse. Une existence embrouillée tente de se frayer un chemin dans un monde souvent impitoyable pour les âmes sensibles. C’est l’expression d’une confusion qui règne en maître.

Sur un fond rouge qui exprime tant la vitalité que le danger, des lettres arabes traversent le corps de cette femme. Quelques vers poétiques du côté de son cœur attestent d’une errance qui cherche des explications dans les profondeurs de la nuit.

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Esprit songeur

Esprit songeur - 2014 - 60 x 100 cm - technique mixte - coll. privée.

Le pendentif à l’oreille, le turban sur la tête et l’encrier sont là juste pour sauver les apparences. Les yeux sont figés à un point où presque rien ne peut se lire dans le regard. Tout autour, l’ombre jette son dévolu, notamment sur le visage. L’esprit de cette femme est noyé dans des idées vagues. Il est perplexe ou plutôt songeur. Tout un défilé de mots

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est rapporté sur le panneau à l’arrière. C’est un miroir qui reflète ce qu’elle pense, ce qu’elle éprouve au fond d’elle-même. Juxtaposés, les deux panneaux illustrent un état d’âme où, par conformisme, l’être vit extérieurement un semblant d’existence qui ne concorde forcément pas avec ce qu’il souhaite intérieurement.


Secret de femme

Elle s’abstient de parler et le silence devient son mode d’expression. Par un simple geste, cette femme fait passer un message. Le doigt sur les lèvres exprime, même momentanément, une situation d’impuissance ou d’oppression. Sa bouche est restée trop longtemps fermée. D’où la terminaison de certains de ses cheveux par des lettres arabes. Une indication d’une force intérieure qui se manifeste par des signes extérieurs autres que la parole prononcée. A force de refouler ses sentiments et ses pensées, elle a fini par se réfugier dans l’ombre et l’indifférence. C’est pour elle une manière de se protéger, d’éviter les confrontations. Trop d’humiliations et de déceptions ont marqué sa vie. Secret de femme - 2014 - 70 x 65 cm - technique mixte - coll. privée.

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Ingénieuse

La femme est ingénieuse face aux éléments hétéroclites de son univers. Aux lettres, elle emprunte connaissance et savoir-faire. Au bois, elle emprunte patience et endurance. A la laine, elle emprunte douceur et pudeur. Blanc sur noir, l’admirable arrangement des lettres arabes confie à son front la lumière du savoir. Le bout de bois savamment décoré de motifs traditionnels lui procure la silhouette d’un corps endurci. L’écharpe ou la manche de l’habit lui fournit la chaleur qui protège tout cet ensemble. Avec ses yeux élégamment maquillés au k’hol, elle lance un regard franc et fier. La femme ne veut pas renoncer à son statut privilégié dans la transmission du savoir, des traditions et des valeurs fondamentales de l’humanité. Ingénieuse - 2014 - technique mixte - coll. privée.

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La clé

En réalité, il n’y a là aucune porte à ouvrir. Mais cette grande clé édentée est orientée vers le bord droit. La droite étant, dans les croyances, symbole de la droiture et donc de tout ce qui est action positive. En soi, cette clé est un long et large sentier où toute intention et tout agissement sont consignés. Ce sont eux finalement qui façonnent la matière de la clé et la conduisent inévitablement vers la porte prédestinée. Lorsque tout devient éprouvant, confus et compliqué, pour s’en sortir, il s’agit alors de chercher la porte pour trouver refuge et délivrance. Faire le bien est tout simplement la clé du salut qui conduit son auteur au paradis. La clé - 2014 - 120 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

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Mirage

Mirage - 2014 - technique mixte - coll. privée.

Savoir infus ou savoir acquis, tout se transmet par l’écriture. Ici, le Kalem nourrit le cerveau humain représenté par une flaque jaune qui s’apparente, sur ce globe, à un assortiment de continents. Comme un œuf dans un nid, le globe repose sur un amas enchevêtré d’expressions en arabe dont « Les savants » et « Ton cerveau se perfectionne ». 88

C’est une image supplémentaire pour illustrer l’indispensable importance du savoir dans la vie. La connaissance est universelle, elle ne connaît ni couleurs ni frontières. Et le mérite revient à celui qui saura suivre les anciens dans leur quête du savoir. Grâce au simple Kalem, ils ont pu atteindre le summum.


Image rupestre

Image rupestre - 2013 - 65 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

Incontestablement, c’est une femme digne des temps anciens qui apparaît au centre de cet espace ténébreux. Telle une princesse, son visage jeune, pur et discret, lui confère un air majestueux et un charme fascinant. Des lettres arabes s’emmêlent avec ses cheveux pour attester que son esprit est traversé par des pensées et des réflexions. Puisque nul ne veut les

connaître, elle préfère donc les confier à l’obscurité qui n’en montre que des bribes. De profil, les belles mèches sur le front sont là pour tenter d’atténuer son air vif, réactif et innocent. Elle n’a pas toujours l’occasion de s’exprimer, d’où l’impression qu’elle est juste une image figée ou rupestre.

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L’énigme des symboles

Tatouage, gribouillage, allergie reptation, des signes, gestes ricochets bégaiement des râles et gestes des tifinagh. Hawad.

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Instants féminins

Instants féminins - 2010 - 65 x 50 cm - acrilyque sur bois - coll. privée.

Elles sont là à se partager des impressions et à se chuchoter des petites confidences qu’elles tiennent souvent pour vérité absolue. Ce sont des moments féminins privilégiés et beaucoup voudraient en faire partie, juste en étant présentes et même sans parler. Parées de leurs tenues traditionnelles, ces femmes jouissent de cette liberté de mouvement et de parole, loin des

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contraintes masculines. C’est un acquis éternel que rien au monde ne pourrait le leur prendre. Etre seules, entre elles seulement et dans l’intimité. Apercevoir deux femmes en public, c’est être traversé par une curiosité, même passagère, de vouloir savoir quel échange se déroule entre elles. Trop souvent, ce sont des impressions banales, mais aux yeux des autres, c’est sûrement un sujet entouré d’un secret.


Mouvements

Repérée, suivie et scrutée tout le temps, la femme ne manque pas d’être persécutée par les regards. Elle mène une vie où elle constitue une cible continuelle, même si, par la force des choses, elle s’est habituée à cette inquisition. Finalement, cet habit ne cache pas un corps, mais plutôt le malaise d’être toujours observée. Il n’y a d’ailleurs ni bras ni pieds. La tête et le visage n’étant là que pour indiquer qu’il s’agit bien d’une femme. La peur se confond instinctivement avec la pudeur et pour ne pas influencer les jugements, les yeux se sont abstenus de s’ouvrir. Tout cela est-il suffisant pour laisser la femme libre de ses mouvements et de ses intentions ? Mouvements - 2014 - 65 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

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Répit

Répit - 2013 - 60 x 80 cm - huile sur toile - coll. privée.

C’est sans détours et sans ambages que les hommes conversent entre eux sur les désirs et les plaisirs. Crûment, ils abordent ces passages de la vie et les détournent en exploits dignes des grandes réalisations humaines. Lorsqu’ils veulent prendre une chose, rien ne les arrête. Ils s’ingénient même dans le mal pour arriver à leur fin. Tout est permis alors dans les petits comme 94

les grands agissements, tel un feu qui se propage. Dans leur entrain, ils n’ont de cesse d’être emportés par les tentations des formes et des couleurs soient-elles éphémères. L’instantané prime sur ce qui est durable et la raison arrive souvent en retard pour faire la part des choses.


Force divine

Force divine - 2012 - 65 x 50 cm - technique mixte - coll. privée.

La vie est un perpétuel mouvement d’enroulement et de déroulement, à l’instar d’un turban qui se fait et se défait chaque jour. Différentes configurations naissent de ce mouvement dont la forme et la couleur sont à mettre sur le compte du destin. En même temps libre et soumis, l’humain ne peut se soustraire à cette dynamique qui rythme chaque instant de son existence. Il engage, comme il

peut, sa vitalité, sa vision et son esprit pour mettre son empreinte personnelle sur cet enroulement-déroulement. En apparence, les changements sont synonymes d’instabilité, voire de chaos. Or, il existe un ordre sur lequel veille la force divine, seule capable de régner dans l’immensité et l’éternité. C’est ce qui apporte apaisement et consolation face aux vicissitudes de la vie.

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Aigle au loin

Aigle au loin - 2014 - 120 x 120 cm - technique mixte - coll. privée.

A l’origine, c’est une existence ordinaire, harmonieuse, presque accomplie. A voir les traces qui en restent, l’effort d’embellir ses facettes est là, visible, probant et déterminé. Soudain, cette existence n’est plus la même. Elle s’est décomposée pour offrir une image où la désolation est perceptible. Ce sont juste des fragments qui restent collés les uns aux autres. 96

De ce décor ne subsiste qu’un cadre décoratif d’où transparaît le visage d’un homme enturbanné. Témoin privilégié d’une vie qui suivait son cours normal jusqu’au jour où un événement heureux ou malheureux s’est produit. D’en haut, un aigle majestueux observe toute la scène de cette terrible existence.


Instants mitigés

Instants mitigés - 2015 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

Tantôt source de bien-être, tantôt de mal-vie, les instants de l’existence sont mitigés. Le passage de l’humain sur cette terre est distinctement apprécié. Chacun porte un regard subjectif sur les séquences de sa propre vie. Acteur et témoin, il tente de choisir, mais il se contente souvent d’assister au ton que prennent les événements.

Dans l’ombre, à peine visible dans le décor bleu, ce bout de visage voit défiler justement ces instants dont la couleur indique quelque peu la teneur. Bleu comme le ciel : beauté, lumière et liberté. Gris comme le printemps : tristesse, lassitude et attentisme. Rouge comme le sang : vie, vitalité et sacrifice. Noir comme la nuit : perdition, pessimisme et drame. 97


Résistances

Résistances - 2015 - 60 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

Il ne sert à rien d’être conciliant ou obéissant quand les forces du mal veulent nuire à quelqu’un. Elles lui assènent de mauvais coups jusque dans son sommeil. C’est un travail d’usure et de destruction sur le long terme. La quiétude est ainsi troublée par un agissement fréquemment assimilé à un mal gratuit. A force de subir, surtout 98

intérieurement, la vie devient décousue au point d’éprouver l’insistant besoin d’être perpétuellement rapiécée. Ce sont surtout les antagonismes des choix faits par le passé qui remontent à la surface et accentuent la souffrance de l’âme. Elle devient une arène où les luttes n’en finissent pas. Il n’y a jamais de vainqueur ou de vaincu.


Cœur vaillant

Cœur vaillant- 2014 - 80 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

Quand bien même elle n’est pas toujours facile, la vie reste belle et mérite d’être intensément menée. Chacun possédant une motivation intérieure qui le guide vers la finalité de ses actes. Tout en se partageant le même décor, ces trois silhouettes humaines accomplissent des rôles différents au

gré de leurs forces et de leurs ambitions. Le mérite revient à l’effort et l’honneur au cœur vaillant. Malgré les challenges, il y a là respect du destin commun qui rassemble tous les humains. C’est un signe de maturité et de force innée de vouloir vivre dans la convivialité. 99


Flammes filantes

Flammes filantes - 2012 - 65 x 60 cm - technique mixte - coll. privée.

Chacun a un ressenti différent de ses semblables. Dans un monde où la coexistence est délicate et éphémère, le recours à l’usage de la force devient parfois inévitable pour se protéger contre les aléas de la vie. Dans sa matérialité, l’arme de l’esprit prend ici des couleurs allègres, mais aussi et surtout des formes agressives si nécessaire. Gueule béante, angles aigus, flammes 100

filantes sont autant de signes particuliers empruntés à un environnement qui n’en finit pas de produire des objets d’attaque et de défense. Un esprit qui, malgré sa sagesse et sa pondération, doit affronter les réalités de tous les jours. Souvent peu de choix s’offrent à lui pour faire des concessions, il se voit dans l’obligation de déployer ses forces de frappe.


Complément opposé

Complément opposé - 2013 - 50 x 30 cm - aquarelle - coll. privée.

C’est un moment pur, émouvant et éternel que ces deux êtres peuvent procurer pour le reste du cosmos. A eux seuls, ils constituent un accomplissement parfait de la volonté divine de mettre le sens profond du bonheur entre leurs mains. Côte à côte, face à face, main dans la main. C’est tout cela et plus, pour cet homme et cette femme saisis comme une adjonction toute naturelle. Au point

d’ailleurs où les éléments composant ici leur intérieur respectif se rejoignent d’une manière complémentaire. Loin d’entretenir des rapports de force, ils se voient égaux, chacun puisant dans ses propres points forts pour consolider l’autre. Finalement, ils ont besoin de peu pour bien jouir des instants qui les réunissent dans ce bas monde. 101


Concessions

Concessions - 2013 - 60 x 40 cm - technique mixte - coll. privée.

Ils sont ensemble, mais chacun d’eux a le regard dirigé dans une direction opposée. En avant, la femme semble désappointée, l’homme derrière elle paraît confus. Ils sont présents sur ces lieux, mais éloignés déjà par l’esprit. Lorsqu’elle est vexée par des élans de mâle souvent effrénés, la femme recourt spontanément à la retenue. C’est une 102

arme fatale pour châtier et dissuader l’homme dans ses excès de parole ou de comportement. Bien qu’il essaye de faire attention aux réactions de sa partenaire, il finit par céder à ses impulsions au point de causer l’irréparable. Pourtant, l’homme tentera toujours de se rattraper par des mots et des présents.


Hob

Je t’aime de deux amours: l’amour-passion et l’amour que tu mérites. Rabi Al Adawiyya. .


Yeux, visage, tête ou autre organe du corps. De face ou de profil. Intégral, en partie ou en silhouette. Apparent, caché ou invisible. Debout, assis ou dans d’autres postures. Seul, en famille ou bien en communauté. L’humain est ainsi représenté dans les scènes esquissées ici. Par les différents traits physiques clairement établis ou tout juste suggérés, il apparaît comme la trame spontanément choisie sur laquelle se déroulent les situations. Parcourue une par une, c’est une succession d’images que l’esprit s’offre avec plaisir dans un moment d’observation, de relaxation ou, avec un peu d’effort, de méditation. Inévitablement, il y a cette impression qui se dégage pour dire que l’humain ne veut pas se défaire d‘être le témoin en permanence de chaque instant de sa propre existence, y compris dans le sommeil, le rêve et même dans la folie. Bien évidemment, dans toutes les conditions où il est seul, avec un autre individu ou bien au contact d’un groupe de personnes, ses émotions, ses paroles et ses actes sont déterminés par le petit monde dans lequel il vit. C’est ce que reproduisent à juste titre les scènes présentées ici. Et parce qu’il ne peut échapper à l’influence de son environnement, il manifeste sans souvent s’en rendre compte des apparences qui ne sont pas toujours comprises. A l’inverse, par action ou même par inertie, il produit de l’impact sur son décor, mais les traces ne sont pas toujours visibles ou matérialisées.

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Série «L’éveil à l’amour» - technique mixte - sous verre - coll. 2016

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Homme ou femme, chacun apporte sa touche qui se veut particulère, indispensable et inévitable. Chacun laissant ainsi son empreinte dans les consciences et qui peut être alors éphémère ou éternelle. De là, naissent, bien sûr et indélibérément, des scènes qui sont en réalité un subtil renvoi de miroir de ce qu’entretient le cœur. La raison a trop souvent tendance à rejeter ce qui ne convient pas à ses repères et à ses mesures. Au lieu de paroles, le cœur préfère user de formes, de signes, de liens et d’un cheminement particulier pour formuler son langage. Il est plus spontané et plus sincère. Il est en tout cas plus sensible à donner valeur, sens et finalité aux choses qui l’entourent. C’est à partir de là que le cœur trouve constamment la force de se ressourcer. Les tourmentes, les antagonismes, les déceptions se muent alors en créativité et en ingéniosité pour donner naissance à des œuvres matures et confirmées.

Série «L’éveil à l’amour» - technique mixte - sous verre - coll. 2016

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Je suis les yeux de l’amant, le vin de L’esprit et la nourriture du cœur, Je suis une rose. Mon cœur s’ouvre à l’aube et La vierge m’embrasse et me pose Contre son sein. Je suis la maison de la vraie chance, L’origine du plaisir et le commencement De la paix et la tranquillité. Je suis le sourire Bon sur les lèvres de la beauté. Quand la jeunesse Me rattrape elle oublie son labeur, et sa Vie entière devient une réalité faite de doux rêves. Je suis l’exaltation du poète, La révélation de l’artiste Et l’inspiration du musicien. lll

Série «Chansons pour elles» - technique mixte - Bendir - coll. 2016

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Je suis comme les générations – bâtissant aujourd’hui Et détruisant le lendemain, Je suis comme un dieu qui crée et démolit, Je suis plus doux que le soupir d’une violette, Je suis plus violent qu’une tempête déchaînée. Les cadeaux seuls ne me séduisent pas, La séparation ne me décourage pas, La pauvreté ne me chasse pas, La jalousie ne prouve pas ma vigilance, La folie ne témoigne pas de ma présence. Ô vous qui cherchez, je suis la Vérité, implorant la Vérité, Et votre Vérité en me cherchant, en me recevant Et en me protégeant déterminera mon comportement. Khalil Gibran – chanson de l’Amour –

Série «Chansons pour elles» - technique mixte - Bendir - coll. 2016

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Et dans le désert de mon cœur, Qui agrandit le désert du sable, Le silence ajoute un voile sur mon voile, Avec mes mains d’air et de sable. Le silence ajoute un cri à tous les cris, Avec sa bouche d’air et de sable, Le silence ajoute une image À toutes les images, Avec ses yeux d’air et de sable. Et sous mes deux voiles, je vis deux fois, Pour t’entendre et te voir, ô Dassine, Toi que je ne voulais plus nommer Et que je nomme sans cesse À chaque battement de mon cœur. Poème recueilli au campement des kel Ahaggar.

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Série «Sensations» - technique mixte - Planche - coll. 2016


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Malheur, sept fois malheur, à l’homme qui montre sa bouche, Sa bouche qui est un puits impur habité par le démon de la langue, Sa bouche qui est sacrée habitée par l’ange de la parole. La loi du voile est mon guide sur la route de sable et de pierres où chacun passe avec sa caravane. La loi du voile sombre est pour moi plus claire que la lumière, La loi qui commande de cacher son visage à la colère, à l’orgueil, à la souffrance, à l’amour et même à la mort. Maguy Vauthier -Paroles de Touareg-

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Série «Sensations» - technique mixte - Planche - coll. 2016


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Désespoir - 57 x 36 cm - technique mixte - coll. 2016

Bonheur - 57 x 36 cm - technique mixte - coll. 2016

Imaginaire - 57 x 36 cm - technique mixte.

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Conduite par une force mystérieuse, j’ai trouvé ici ce que je cherchais, et je goûte le sentiment du repos bienheureux dans des conditions où d’autres frémiraient d’ennui… Je sens un calme infini descendre dans le trouble de mon âme lasse… Ivresse - 57 x 36 cm - technique mixte - coll. 2016

C’est l’heure charmante où, dans les villes du Tell, des alcools consolateurs exaltent les cerveaux paresseux… Quand le ciel chante sur les villes, l’homme a besoin de se mettre à l’unisson et, manquant de rêve, il boit, par besoin d’idéal et d’enthousiasme. Heureux celui qui sait se griser de sa seule pensée et qui sait éthériser par la chaleur de son âme tous les rayons de l’univers! Isabelle Eberhardt – Réflexions du soir.

Jeunesse - technique mixte - coll. 2016

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Mélodie - technique mixte - coll. 2016

Réminiscence - technique mixte - coll. 2016.

Visage III - technique mixte - coll. 2016

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Sa taille est un roseau, sa face est une lune Et de sa joue en feu ruisselle la beauté. Nana - technique mixte - coll. 2016.

Je meurs d’amour pour toi, mais garde mon secret : Le lien qui nous unit est une corde sûre. Que de temps il fallut, pour te créer, aux anges ! Tant pis pour les envieux je chante ta louange. Abou Nawas

Visage II - technique mixte - coll. 2016

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Printemps II - technique mixte - coll. 2016.

La danse - technique mixte - coll. 2016.

Toi & moi - technique mixte - coll. 2016.

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Les boucles noires de son front sont comparables aux ténèbres de sa chevelure, et la blancheur de ce front a le même éclat que son profil de lune. Ah ! Laisse-moi pressentir, en pensée, un peu de son sourire ! Visage I - technique mixte - coll. 2016.

Laisse-moi sentir le musc de son grain de beauté ! Mon regard ne s’est promené dans le jardin de sa joue que parce qu’il était obsédé par le charme de sa démarche. Mes vers d’amour sont aussi légers que son haleine et l’odeur de ton vin est semblable au parfum de la brise qui vient d’elle. Ibn Khamis (XIIIe siècle).

Nos corps mêlés - technique mixte - coll. 2016.

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Je revenais des autres - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

Ton image est dans mes yeux Ton nom est sur mes lèvres Ton séjour est dans mon cœur D’où es-tu donc absent ? Al Hallaj – Xe siècle-

L’éclair - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

L’homme fertile - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

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Après le jardin - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. privée.

Ce lieu - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

Jadis - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

L’angle de la vie - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

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Plaisir d’amour II - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016

La nuit était sombre. Seul nous éclairait Ton visage rayonnant. C’est ainsi que nous avons trouvé notre chemin à travers l’immensité. Al Moutanabbi – Xe siècle-

Un fleuve nous habite - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016

Un autre sang- 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

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Nous allons - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

Patiences - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

Plaisir d’amour I - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

Pour survivre - 25 x 25 cm huile sur toile - coll. 2016.

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Dans la générosité et l’aide aux autres, sois une rivière... Dans la compassion et la grâce, sois le soleil... En taisant les défauts de l’autre, sois comme la nuit... Contre la colère et la fureur, fais le mort... Dans la modestie et l’humilité, sois comme la terre... Dans la tolérance, sois la mer... Existe comme tu es ou sois ce que tu regardes.

Solitude - 40 x 40 cm - technique mixte - coll. 2016

Djalâl ad-Dîn Rûmî

Vive pensée - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016.

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Mon être était semblable à une statue inachevée ; L’amour m’a ciselé, et je suis devenu homme. Mohamed Iqbal.

Affrontement I - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

L’amour que je te porte, Telle est ma jouissance éternelle, La passion que je te voue, Telle est ma religion. Ibn Zaydoun, XIe siècle.

Affrontement II - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016.

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Je vivais au bord de la folie, Voulant connaître des raisons, Frappant à une porte. Elle s’est ouverte. J’avais frappé de l’intérieur ! Djalâl ad-Dîn Rûmî

Authenticité - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016.

Elle est la lune de beauté, Les autres femmes sont des étoiles, Mais quelle différence des étoiles à la lune ! Jamil Ibn Mamer, VIIe siècle.

Communiquer - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

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Le clair de lune pénètre Dans la pièce à la mesure de l’ouverture, Même si sa lumière se répand partout, De l’Orient à l’Occident. Djalâl ad-Dîn Rûmî

Epreuve I - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

Dès le commencement fut écrit ce qui sera : Infatigablement la Plume écrit, sans souci ni du bien ni du mal. Le Premier Jour, Elle a marqué tout ce qui sera… Notre douleur et nos efforts sont vains. Omar Khâyyâm- Quatrains-

Epreuve II - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

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Tandis que la plume se hâtait pour écrire, Elle s’est brisée dès qu’elle est arrivée à l’Amour. Quoi que je puisse dire pour parler de l’Amour Et pour l’expliquer, quand j’arrive à l’Amour Lui-même, j’ai honte de mon explication. Bien que le commentaire de la parole Rende les choses claires, l’Amour sans paroles a plus de clarté. En parlant de l’Amour, l’intellect gît Impuissant, tel un âne couché dans la boue : C’est l’Amour seul qui a donné l’explication de l’Amour et du sort des amoureux. La preuve du Soleil est le Soleil même : Si tu recherches la preuve n’en écarte pas ton visage ! Si l’ombre en fournit un indice, Le Soleil lui-même donne à chaque instant la Lumière spirituelle.

Fusion - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

Djalâl ad-Dîn Rûmî

Le chant - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016.

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Son visage t’enrichit de beauté Quand tu l’enrichis de regards. Abou Nawass – IXe siècle-

L’illusion - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

Te voilà comme le radieux soleil, Proche est sa lumière, Mais comment l’atteindre ? Al Bouhtouri – IXe siècle

Passion - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

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L’Amour est venu, Il est comme le sang dans mes veines et dans ma peau, Il m’a anéanti et rempli du Bien-aimé. Le Bien-aimé a pénétré toutes les parcelles de mon corps De moi il ne reste qu’un nom, Tout le reste est Lui. Djalâl ad-Dîn Rûmî

Regards croisés - 40 x 40 cm - technique mixte - coll. 2016

L’homme est un livre, en lui toutes choses sont écrites, Mais ses opacités ne lui Permettent pas de voir ce qu’il sait. Djalâl ad-Dîn Rûmî

Séparation - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016.

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Viens, ô cœur, parle-nous De l’âme et de l’amour. De cette visible source de mystère, Parle-nous. Achik Pacha – XIVe siècle-

Silence - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016.

Il y a une bougie dans ton cœur, Prête à être allumée. Il y a un vide dans ton âme, Prêt à être comblé. Tu le sens, n’est-ce pas ? Djalâl ad-Dîn Rûmî

Soleil transparent - 40 x 40 cm - huile sur toile - coll. 2016

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Oui, je t’aime de l’amour d’un guerrier, Ton image suffit à mon amour. Tu es la maîtresse de mon cœur, Tu es la souveraine de tout mon être. Ô Abla comment tracer ton portrait ? Tu réunis toutes les perfections. L’astre argenté des nuits a moins d’éclat, De douceur et de pureté. Dirais-je que ta taille a la flexibilité du cyprès Mais sa branche a-t-elle ta grâce et ton élégance ? Mon regard n’ose s’y arrêter. Être uni à toi c’est jouir de la félicité suprême. En être séparé, c’est être anéanti. Antar – VIe siècle-

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Désir - 60 x 40 cm - technique mixte - coll. 2016

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Immergé dans le mirage Mirage azur indigo submersion Océan géniteur placenta Nul besoin de la sagesse de l’aigle Ni de l’accroc de l’indignité Dans le cœur du faucon Nous ? Nous la poésie nous ne lui donnons pas Un instant pour se dévider de l’encre rouge de nos gauches Nous plongeons dans son feu Avant qu’elle ne nous noie par la torche de l’aile droite Tatouage gribouillage allergie reptation Des signes gestes ricochets Bégaiement des râles et geste des tifinagh. Hawad – Houle des horizons-

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Femmes - 60 x 40 cm - technique mixte. coll. 2016.

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O femme, qui a assommé le monde, O ma douleur, O douleur des Nays Votre amour, madame, m’a fait pénétrer dans les cités de la tristesse Et moi avant votre amour je ne savais ce qu’est la tristesse Je n’ai jamais su que les larmes sont de l’être humain Que l’humain sans tristesse n’était que l’ombre d’un humain Votre amour m’a appris à me comporter comme un petit enfant A dessiner votre visage avec de la craie sur les murs O Femme qui a renversé mon histoire De par vous, je suis égorgé d’une artère à l’autre Votre amour m’a appris comment l’amour peut modifier la carte du temps Il m’a appris que lorsque j’aime, la terre cesse de tourner Votre amour m’a appris des choses auxquelles je n’aurai jamais pensé J’ai lu les contes d’enfants, je suis rentré dans les palais vierges des rois Et j’ai rêvé d’épouser la fille du sultan Celle dont les yeux sont plus clairs que l’eau des fontaines Celle dont les lèvres sont plus succulentes que les roses de grenadiers Et j’ai rêvé de l’enlever comme les chevaliers Et j’ai rêvé de lui offrir des paniers de perles et de corail Votre amour m’a appris madame ce qu’est le délire Il m’a appris comment le temps passe sans que la fille du sultan vienne...... NIZAR QABBANI – l’école de l’amour-

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L’autre regard - 60 x 40 cm - technique mixte - coll. 2016

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Je voudrais d’autres doigts pour écrire différemment Je déteste les doigts qui ne grandissent pas… et ne rapetissent pas Je déteste les arbres qui ne mûrissent pas… et ne grandissent pas Je voudrais de nouveaux doigts Longs comme les mâts des bateaux Longs comme les cous des girafes Pour tisser un gilet pour mon aimée qui ne le fut point Je voudrais inventer de nouveaux alphabets qui ne soient pas comme tous les alphabets Au creux de mes alphabets, il y a Un peu de pluie tombée Un peu de poussière de lune Un peu de chagrin des nuages cendreux Un peu de plainte des feuilles de saule sous des calèches de septembre Je voudrais t’offrir les trésors des mots qui ne furent jamais offerts à une femme Et n’enlacèrent jamais une femme O femme ! Il n’y a personne avant toi Il n’y a personne après toi Je voudrais enseigner à ton corps paresseux Comment épeler mon nom Et comment lire mes lettres Je voudrais inventer une langue pour toi, pour toi seule Omar Khâyyâm – Quatrains-

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LibertĂŠ - 120 x 40 cm - technique mixte - coll. 2016.

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Quand l’homme et la femme deviennent un, Tu es ce un. Quand les unités sont effacées, Tu es cette unité. Tu as façonné ce « je » et ce « nous » Afin de pouvoir jouer au jeu de l’adoration avec toi-même, Afin que tous les « je », les « tu » deviennent une seule âme, Et soient à la fin submergés dans le « Bien Aimé ». Djalâl ad-Dîn Rûmî

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Le pas - 60 x 40 cm - technique mixte - coll. 2016.

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Tu disais autrefois La grande merveille, c’est toi et moi Blottis dans le même nid. Mais tu entends une voix qui dit Qui est là ? Si tu réponds : C’est moi ! Elle se tait à jamais Répond : C’est Toi ! Alors elle dira : Entre, car ici il n’y a pas de place pour deux moi. Oui Seigneur, il n’y a que Toi Tu es le seul, l’Unique, La Lumière du monde Et la somme de tout ce qui existe. Rien n’est hors de toi Tu es au-delà du Grand, L’Omniprésent. Djalâl ad-Dîn Rûmî

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Vie - 120 x 40 cm - technique mixte - coll.2016.

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Le corps de Layla resplendit dans ses vêtements, branche couverte de jeunes pousses. Par Dieu, as-tu étreint Layla à l’aube ou embrassé sa bouche ? Si je la touche, ma main se couvre de rosée, des feuilles vertes poussent au bout de mes doigts. A mes compagnons je dis : elle est aussi proche que la lumière du soleil, et pour l’atteindre aussi lointaine. Les gens disent que je suis fou, obsédé par son image, par Dieu, je jure : je ne suis ni fou ni ensorcelé. De l’amour de Layla je me suis soigné tel un buveur de vin en buvant encore plus. Imrul Qays - Majnoun Layla

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Infinie - 120 x 40 cm - technique mixte - coll. 2016.

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ConsĂŠcration 80x160 cm- technique mixte.

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Glossaire Akhamoukh : chef des tribus tergui Akal n’lba : terre éloignée, terre à perte de vue. Ahellill : genre musical, propre au Gourara région de Timimoun, pratiqué exclusivement par les berbérophones d’origine zénète. ahellil désigne indifféremment les chants eux- mêmes ou la réunion au cours de laquelle ils sont exécutés. Celleci, toujours publique et nocturne, commence rarement avant minuit et se prolonge souvent jusqu’à l’aube. Assekrem : au cœur du Hoggar, parmi les sommets les plus hauts 2728 m, c’est l’endroit le plus prisé et le plus visité à cause de la beauté exceptionnelle du site avec ses couchers et levers du soleil uniques au monde, Bendir : instrument de musique à percussion. Dassine : le secret du sang Dihya : celle qui avance, celle qui fonce Derbouka : instrument de musique à percussion. Gasba : instrument de musique à vent. Guembri : instrument de musique traditionnel Ghella : servante de Tin Hinan. Henné : matière végétale pour tatouer les mains et les pieds. Imzad : instrument de musique à cordes. K’hol : matière minière pour maquiller les yeux Khamssa : les cinq doigts de la main utilisés dans la décoration de bijoux, de tapis et autre objet artisanal. C’est un symbole de croyance pour repousser le mauvais oeil. Kerkabou : instrument de musique à son. Khellala : fibule de décoration utilisée pour joindre les parties des habits des femmes berbers spécialement chez les Chaouiyas et Tasseghnass chez les femmes targuies. Kalam : c’est un bout de roseau tayé se terminant par une pointe servant pour l’écriture. Kanimana : (de kan : eknu, eken, bien fait, être parfait et iman âme); la belle âme la personne parfaite Kella : nom de la fille Tin Hinan Lunja : celle qui règne sur la Terre Nailya : Prénom féminin arabe, répandu en Afrique du Nord, surtout parmi les tribus algériennes d’Ouled Sidi Nail et des Aurès. Il signifie celle qui obtient ou celle dont le travail est fructueux. Targui : homme d’origine amazigh habitant des régions du Sahara algérien comme Tamanrasset et Illizi. Targuie : femme du Targui. Takelmoust : le turban couleur bleu indigo de l’homme targui. Tanest : femme légendaire chez les touaregs Thafrura : joie, bonheur Thala : fontaine Takoba : sabre targui à lame plate et large Zorna : instrument de musique à vent. 150


Table des matières

Dédicaces ................................................................................................................................................... 7 Mot de l’éditeur ........................................................................................................................................ 9 Préface ....................................................................................................................................................... 11 Histoire d’une passion ......................................................................................................................... 13 Le chant de l’artiste .............................................................................................................................. 25 premières émotions .............................................................................................................................. 35 Des signes racines ............................................................................................................................... 47 Dassine...................................................................................................................................................... 59 Palettes et percussions ....................................................................................................................... 67 Mirage des lettres .................................................................................................................................. 81 L’énigme des symboles........................................................................................................................ 91

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Dépôt légal : 1er semestre 2017. www.aida-agency.com Email : aidaagency@gmail.com Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.




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