WOW is now
objets innovants d’aujourd’hui & de demain
Innovatieve voorwerpen, vandaag en morgen.
O3.1O 2O13 O2.O2 2O14
Innovative objects of today and tomorrow
atomium Square de l’Atomiumsquare - 1020 Bruxelles-Brussel www.atomium.be/wowisnow
Innover, c’est progresser ! En 1958, l’Atomium synthétisait parfaitement l’esprit d’innovation qui soufflait sur la planète en dominant une exposition universelle toute entière tournée vers le progrès et le futur. Souvenez-vous de la présentation de Spoutnik, le premier satellite artificiel de la Terre, lancé dans l’espace un an plus tôt et qui faisait la fierté du pavillon russe. L’innovation, à l’époque, levait les yeux au ciel. L’espace était la nouvelle frontière à atteindre! L’Atomium et ses neuf boules représentant les neufs atomes du cristal de fer était une autre référence explicite à ce progrès en marche: celui de l’innovation dans le domaine de la maîtrise de l’atome. Cinquante-cinq ans plus tard, l’exposition «WoW is NoW» s’inscrit dans cet esprit pionnier. Elle actualise la thématique en explorant ce qui fait aujourd’hui l’innovation.
QU’EST-CE QUE L’INNOVATION ? « Aller plus loin dans la satisfaction des individus » L’innovation est une notion complexe. Elle se manifeste dans tous les domaines de l’activité humaine. L’innovation concerne autant de nouveaux produits que leurs processus de fabrication, l’organisation des entreprises, le management, de nouveaux modes de production, la manière dont on travaille dans une administration, nos loisirs... Il ne suffit cependant pas d’être créatif et d’inventer pour innover. Il faut encore que le résultat de cette créativité rencontre son public, qu’il percole dans la société et modifie durablement ses modes de fonctionnement. Le docteur en Economie Marc Giget, spécialiste de l’histoire de l’Innovation, ne dit pas autre chose. Pour lui, l’innovation n’est autre que “l’intégration dans un produit ou un service créatif du meilleur état des connaissances permettant d’aller plus loin dans la satisfaction des individus et de la Société”.
Inventer n’est pas innover Il existe une différence fondamentale entre l’invention et l’innovation. Inventer, c’est voir les choses différemment, produire de nouvelles idées, créer des concepts neufs qui peuvent aller jusqu’à l’élaboration d’un ou plusieurs prototypes. Mais si ceux-ci ne se transforment pas en produits ou en processus accessibles, s’il ne peuvent pas être fabriqués à coûts raisonnables, modifier de manière importante nos comportements ou le fonctionnement de la société : cela ne reste qu’une bonne idée, pas une innovation. Inventer ce n’est donc pas nécessairement innover. L’hélicoptère de Léonard de Vinci, il y a 500 ans, était une bonne idée. De Vinci était un inventeur de génie. L’hélicoptère d’Igor Sikorsky a lui été une réelle innovation en matière de transport aérien. En 1943, il fut le premier à mettre au point une machine réellement opérationnelle et qui répondait à un besoin. En résumé, disons que l’invention est la création d’une nouvelle idée alors que l’innovation est l’utilisation de cette nouvelle idée.
Depuis plus de 60 ans, le Bic s’est imposé comme l’instrument d’écriture moderne le plus populaire. Le conteneur, né en 1956, est devenu dans les années 1970 le standard mondial pour le transport de marchandises.
Le conteneur à l’origine de plusieurs révolutions Le conteneur, cette gigantesque boîte en métal de 12 mètres de long est l’exemple type de la bonne idée qui se transforme en une véritable innovation. On doit son principe à l’Américain Malcolm McLean. En standardisant l’emballage des marchandises, il a facilité la manutention du fret entre les bateaux, les trains et les camions. Grâce à lui, dès les années 1970, des gains de temps spectaculaires ont été enregistrés dans les phases de chargement et de déchargement des marchandises. Ce qui a créé une véritable révolution dans le domaine des transports. Mais sa « bonne idée » est à l’origine d’une autre révolution planétaire. Avec le conteneur, les rythmes de production industrielle ont également été bouleversé. Sans lui, le « just-in-time » n’aurait pas été possible.
Le bic : deux kilomètres d’un trait Intégrer les meilleures technologies du moment pour fabriquer à coûts modérés un produit nouveau, fiable et populaire, voire indispensable : tel est le pari réussi par Marcel Bich. En reprenant en 1949 l’invention du Hongrois Lazlo Biro et en l’améliorant sensiblement, le Français Bich met au point dès l’année suivante le stylo-bille moderne : le « bic ». Constitué d’un corps en polystyrène hexagonal, une bille en carbure de tungstène sertie au micron près dans une pointe en laiton et muni d’une cartouche d’encre en polypropylène souple : le stylo-bille est un concentré de technologies qui au final, coûtait moins de 10 centimes d’euro. Et il écrit longtemps, longtemps... Le bic « Cristal » permettrait même de tracer un trait de deux kilomètres paraît-il. Malgré ses avantages ergonomiques, le clavier Dvorak n’a jamais réussi à s’imposer. Le Newton est l’ancêtre de l’Ipad. Trop rudimentaire, cet «assistant personnel» de la firme Apple a r apidement disparu du marché.
L’assistant personnel digital d’Apple était trop précoce Le Newton est l’ancêtre trop précoce de l’Ipad. Cette tablette avant l’heure, également développée par Apple, était plutôt ce qu’on appelait à l’époque (1993), un «PDA», un assistant digital personnel. Ce MessagePad (l’autre nom du Newton), ne connut guère le succès. Cinq ans après son lancement, le constructeur cessa d’ailleurs sa production. L’engin a été victime de sa technologie trop peu aboutie. Son écran semi tactile monochrome nécessitant l’usage d’un stylet et ses maigres fonctions trop peu connectées (pas de liens avec internet ni les réseaux téléphoniques mobiles d’il y a vingt ans) ont empêché ce premier système portable d’Apple de réellement percer sur le marché.
Des claviers ergonomiques trop chers à imposer Azerty, qwertz, qwerty... Suivant les langues utilisées, les claviers que nous utilisons aujourd’hui proposent une disposition des lettres qui remonte au temps des premières machines à écrire mécaniques, en 1870. A l’époque, on avait veillé à éloigner les lettres les plus fréquemment utilisées afin d’éviter des blocages mécaniques. Un problème qui n’a plus de raison d’être avec les ordinateurs. Cependant, les tentatives de mise au point de claviers plus ergonomiques, permettant une meilleure vitesse de frappe ou encore sollicitant de manière identique les deux mains de l’opérateur n’ont jamais abouti. Leur mise en place aurait nécessité de réviser toute une infrastructure pré-existante bien trop lourde à modifier.
QUI INNOVE ? Les innovateurs sont partout ! Créer un nouvel outil réellement utile et disponible pour le plus grand nombre ou améliorer un nouveau produit, un nouveau processus n’est pas une démarche réservée à quelques rares scientifiques ou ingénieurs. L’innovation est potentiellement partout : à la maison, à l’école, au travail... Elle est le fait d’hommes et de femmes confrontés à un problème et qui veulent y apporter une solution. Elle résulte d’une curiosité sans fin, de découvertes fortuites, d’observations méticuleuses. La Nature est dans ce contexte une source d’inspiration précieuse comme on le verra avec George de Mestral. Les innovateurs sont des esprits vifs et curieux dotés d’une bonne dose de créativité. La conjonction de ces qualités leur permet de fusionner en un nouveau produit le fruit de leur réflexion, souvent avec l’aide de tiers (ingénieurs, investisseurs etc.).
Franz Kafka et le casque de chantier Franz Kafka (1883-1924), l’auteur tchèque de langue allemande des célèbres romans « le Procès » ou encore « La Métamorphose », n’était pas uniquement écrivain. Ce docteur en droit fut aussi pendant de longues années employé par les « Assurances ouvrières contre les Accidents du Royaume de Bohème», à Prague. Son travail consistait à développer des outils de prévention des accidents dans les usines. Le plus célèbre est sans doute le casque de chantier dont il a fait du port obligatoire un préalable à la signature de toute police d’assurance relative à des projets de construction. « Croire au progrès ne signifie pas qu’un progrès ait déjà eu lieu » Franz Kafka
Alfred Nobel et la dynamite L’inventeur des Prix Nobel était avant tout un industriel suédois dont la famille avait fait fortune dans l’armement. Alfred Nobel (1833-1896) s’intéressait à la chimie des explosifs, dont la nitroglycérine : un produit alors très prometteur en terme de profits. Mais la nitroglycérine est une substance instable. Au moindre choc, elle explose. Plusieurs accidents se sont produits dans l’usine de nitroglycérine des Nobel. Une de ces explosions coûta la vie à cinq personnes dont celle d’Emil, le jeune frère d’Alfred.
Alfred Nobel consacra alors ses travaux à la mise au point d’un nouveau type d’explosif, excluant toute possibilité d’explosion incontrôlée. En 1867, il eut l’idée d’ajouter à la nitroglycérine de la terre diatomacée, un corps inerte et absorbant. La dynamite, solide, facilement transportable et dont l’explosion ne peut être obtenue qu’à l’aide d’un détonateur, était née. « Le reste de mes avoirs .../... constituera un fonds destiné à récompenser ceux qui, au cours de l’année écoulée, auront rendu les plus grands services à l’Humanité ». Alfred Nobel
Dans son testament rédigé en 1895, Nobel avait ordonné que la majeure partie de sa fortune obtenue grâce à la mise au point de la dynamite soit consacrée à l’attribution de prix annuels : les fameux « Prix Nobel », dont les premiers furent décernés en 1901. « Je peux pardonner à Alfred Nobel d’avoir inventé la dynamite. Mais seul un ennemi avéré du genre humain a pu inventer le prix Nobel. » George Bernard Shaw, auteur irlandais acerbe et provocateur qui obtint en 1925... le prix Nobel de littérature.
Le Velcro rapporté de promenade Deux rubans de tissus synthétiques, l’un composé d’une sorte de velours et l’autre d’une multitude de petits crochets : qui aurait pu croire que le Velcro est né dans l’esprit d’un amateur de promenades champêtres. C’est en effet en revenant d’une sortie avec son chien que l’ingénieur suisse George de Mestral (1907-1990) découvre en 1941 pourquoi les fleurs de bardane aiment tellement « coller » aux poils de son animal ou au bas de son pantalon. Au microscope, il découvre qu’elles sont entourées d’une multitude de petits crochets. En bon ingénieur, il comprit rapidement l’intérêt de cette observation. Il mit au point un nouveau système de fermeture qu’il baptisa « Velcro », soit la contraction des mots VELours et CROchet, tout simplement. « Dans l’espace, le Velcro est très utile. Chaque objet mobile que nous utilisons est doté d’un Velcro, agfin que nous puissions le fixer sur un panneau ou un mur ». (« Velcro in free fall is very effective. Nearly every loose object we use has a Velcro tab or dot on it so we can stick it to a panel or wall. ») Thomas D. Jones, astronaute américain ayant participé à quatre missions de navettes spatiales. La Nasa, l’Agence spatiale américaine, utilise le Velcro depuis les missions Apollo. (source : www.hq.nasa.gov/alsj/WOTM/WOTM-Velcro.html)
Zénobe Gramme et la dynamo Un créateur boulimique ? Un touche à tout passionné par le bois et l’électricité qui court les expositions universelles? Le Belge Zénobe Gramme (1826-1901) est un peu tout cela. Ce menuisier liégeois s’installe à Paris en 1856 où il travaille pour deux entreprises utilisant l’électricité. Un usage dont il étudiera les points forts et... les points faibles. Dès 1867, il déposera un premier brevet portant sur divers dispositifs destinés à perfectionner les machines à courant alternatif. L’année suivante, il construit la première dynamo à courant continu. La révolution électrique est en marche. En 1873, la réversibilité de la dynamo est démontrée. Si on lui fournit de l’électricité, elle peut servir de moteur. L’électrification de l’industrie est désormais possible.
« S’il m’avait fallu savoir tout cela, je ne l’aurais jamais inventée ». Zénobe Gramme n’était pas un homme de science mais bien un bricoleur de génie. En 1881, alors qu’un physicien venait de mettre sa dynamo en équations, il déclara : « S’il m’avait fallu savoir tout cela, je ne l’aurai jamais inventée ». (Source Maison de la Science, Université de Liège.) « Je pense, Hortense ! » Gramme était souvent décrit comme quelqu’un de silencieux et de méditatif. Quand son épouse, Hortense, lui en faisait la remarque ou lui reprochait sa distraction, il lui rétorquait « Je pense, Hortense! » (Idem)
Le Velcro s’ouvre désormais à tous les domaines d’activités, y compris au monde médical. La dynamo « nourrie » à l’électricité se mue en moteur. C’est un des attraits de l’invention de Zénobe Gramme. Amortir les chocs pour protéger la tête et limiter les accidents : tels sont les principaux atouts du casque de protection imposé par Kafka. Classiquement, le bâton de dynamite des usines Nobel avait un longueur de 25 cm pour 3 cm de diamètre.
COMMENT INNOVE-T-ON ? Changer les procédés, l’organisation, la Société Il n’existe aucune recette de l’innovation. Mais un point est fondamental: elle n’est possible que si l’ensemble des techniques nécessaires à sa concrétisation existent déjà. Autrement dit, une innovation est la synthèse de savoirs qui la précèdent, y compris des savoirs nouveaux issus de la recherche. Et elle fait suite généralement soit à des idées nouvelles, soit à des demandes nouvelles. L’innovation n’est pas un concept monolithique. Elle peut prendre diverses formes. La plus simple est sans doute l’innovation dite incrémentale. Il s’agit par exemple de la mise au point d’une version améliorée d’un produit, lequel présente alors de nouvelles qualités. L’innovation peut aussi être “de procédés” (de fabrication) ou “d’organisation”, dans les entreprises par exemple. Dans le cas d’une innovation « de rupture », c’est un produit ou un processus entièrement neuf qui est élaboré. Ce type d’innovation résulte d’une manière de penser complètement différente de ce qui existait jusqu’alors.
Puissances de dix Quelle que soit la nature d’une innovation, elle est le fruit d’un long cheminement. Elle commence par une intuition novatrice. Elle demande des recherches ciblées et des passages par la table à dessins. Elle nécessite l’élaboration de prototypes puis de pré-séries avant de déboucher sur une mise en production et enfin une commercialisation efficace, laquelle peut, voire doit, s’appuyer sur un marketing lui aussi innovant. Chacune de ces étapes est en moyenne dix fois plus chère que la précédente. C’est la raison pour laquelle un inventeur doit bien souvent rencontrer un investisseur qui croit en son produit pour qu’il y ait innovation.
OU INNOVE-T-ON ? A chaque pays sa méthode et ses priorités L’innovation est un objectif commun à bien des nations. Et pourtant on constate que les cultures de l’innovation ne sont pas partout identiques. Cette disparité donne naturellement naissance à des dynamiques contrastées. «Malgré la crise économique, l’innovation se porte bien», constate l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. «Et des pôles d’innovation prospèrent au niveau local. Ils révèlent l’émergence d’écosystèmes originaux dans le domaine de l’innovation et témoigne de la nécessité d’un tournant par rapport à la tendance habituelle, qui était de tenter de reproduire des initiatives ayant déjà fait leurs preuves», précise cette agence de l’ONU.
Cinq pays, cinq cultures Les priorités ne sont pas les mêmes en Suède qu’en Inde, Les circuits de développement diffèrent au Cameroun et au Brésil. Toutefois l’Innovation répond partout à des critères similaires: apporter de nouvelles réponses aux besoins actuels, générer des richesses et de l’emploi: bref soutenir l’économie. Voici cinq illustrations très typées de cet esprit innovant qui anime les entrepreneurs et les gouvernements de la planète. Inde Une tablette pour tous L’Inde met l’accent depuis des années sur l’accès aux nouvelles technologies pour l’ensemble de sa population, y compris les plus pauvres. On se souvient de l’expérience « One computer per child », (« Un ordinateur pour chaque enfant ») afin de faciliter l’accès à l’apprentissage pour tous. Le pays continue sur cette voie avec la tablette tactile low-cost « Aakash ». Fabriquée en Inde par DataWind, elle concerne potentiellement 220 millions d’étudiants. La première version de cette tablette a été lancée en 2011. On attend cette année (2013) la troisième version de cet outil, vendu 50 euros environ grâce à une politique volontariste de l’Etat qui ne prélève aucune taxe sur cet outil et qui en outre, la subsidie à moitié.
Sénégal Des femmes et des artisans à la manoeuvre La pêche est une ressource importante au Sénégal. Les poissons frais sont en partie séchés au soleil en vue d’être conservés. Ce sont les femmes qui s’occupent en général de cette opération. Depuis peu, leur travail est facilité. Grâce à un nouveau type de séchoir solaire construits en bois et dotés de protections contre la pluie et les insectes, elles peuvent préparer plus rapidement de grandes quantités de poissons. Cette technologie simple et efficace permet d’accélérer le processus de séchage, dans de meilleures conditions sanitaires (le poisson n’est plus exposé aux mouches ni aux poussières) tout en assurant aussi du travail aux artisans locaux chargés de construire ces nouveaux châssis solaires. Brésil La bouteille lumineuse d’Alfredo Moser Cela relève sans doute plutôt du système D que de l’Innovation. Dans les favelas, la bouteille Moser, imaginée par Alfredo Moser, est pourtant une invention simple et peu coûteuse qui rend d’énormes services aux plus démunis. En recyclant les grandes bouteilles en plastique de soda en lampe solaire, Moser apporte la lumière dans les abris des bidonvilles. Vissée dans la tôle qui sert de toiture dans de nombreuses habitations, cette bouteille a la propriété de diffuser largement la lumière extérieure, fournissant un éclairage gratuit et écologique à toute une partie de la population brésilienne. Suède Génétique et priorités politiques La Suède est sans aucun doute un des champions de l’innovation sur notre planète. C’est quasi inscrit dans les gènes de la population. Et l’Etat, grâce à ses programmes d’aide dans ce domaine, poursuit aujourd’hui encore une tradition d’innovation longue de plusieurs décennies. Quelques exemples des bonnes idée « made in Sweden » pour fixer les idées ? Si on ne présente plus la dynamite, les allumettes de sûreté, la fermeture à glissière il convient de ne pas oublier le stimulateur cardiaque, la ceinture de sécurité à trois points, le roulement à billes, le Bluetooth, Skype, ou encore : le design. Et il n’y a pas que Ikea dans le pays! Japon Le meilleur ami de l’homme est un robot Asimo, le robot d’Honda, est sans doute l’androïde le plus connu au monde. Son constructeur n’a pas ménagé ses efforts pour le faire connaître. Depuis quelques semaines c’est un autre robot, bien plus modeste celui-là, qui fait l’actualité. Kirobo, 34 cm de haut pour un bon kilo, ne paie pas de mine. C’est cependant un véritable concentré de technologies. Non seulement il parle, (japonais) mais il est doté de capacités de reconnaissance vocale, de traitement du langage, il est connecté, reconnaît les visages, enregistre ce qu’on lui dit ou ce qu’on lui montre... Bref, comme tout bon robot de dernière génération, il est en passe de devenir le meilleur ami de l’homme. En l’occurrence celui de l’astronaute japonais Koichi Wakata qui doit rejoindre cet automne en orbite le petit robot, lequel se trouve à bord de la Station spatiale internationale depuis cet été pour y aider l’équipage.
FICHES PAYS / Les «chiffres» de l’innovation
INDE Pourcentage des dépenses en R&D/PIB : 0,8 % Index global d’innovation : 36,2 Population : 1, 26 milliards d’habitants PIB/Habitant : 3.851 dollars/hab.
SUEDE Pourcentage des dépenses en R&D/PIB : 3,4 % Index global d’innovation : 61,4 Population : 10 millions d’habitants PIB/Habitant : 41.749 dollars/ hab.
SENEGAL Pourcentage des dépenses en R&D/PIB : 0,4% Index global d’innovation : 30,5 Population : 13,1 millions d’habitants PIB/Habitant : 2.345 dollars/hab
BRESIL Pourcentage des dépenses en R&D/PIB : 1,2 % Index global d’innovation : 36,3 Population : 201 millions d’habitants PIB/Habitant : 12.038 dollars/hab Pour information/comparaison éventuelle
JAPON Pourcentage des dépenses en R&D/PIB :3,3 % Index global d’innovation : 52,2 Population : 135 millions d’habitants PIB/Habitant : 36.179 dollars/hab
BELGIQUE Pourcentage des dépenses en R&D/PIB : 2 % Index global d’innovation : 52,5 Population : 11,4 millions d’habitants PIB/Habitant : 38.089 dollars/hab
L’Index global de l’Innovation est publié chaque année par l’OMPI, l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (une agence des Nations Unies), en collaboration avec l’Université Cornell aux Etats-Unis et l’INSEAD, une école de commerce internationale (France, Singapour et Abou Dhabi). Il propose le classement de 142 pays en matière d’innovation au travers de 84 indicateurs socio-économiques issus de 30 sources internationales publiques et privées. Soixante de ces indicateurs sont des données quantitatives, 19 sont des indicateurs composites et 5 correspondent à des questions posées dans le cadre d’une enquête. Les chiffres présentés ici sont issus du rapport 2013/ Index global de l’Innovation. http://www.globalinnovationindex.org
QUAND INNOVE-T-ON ? Les cycles de l’Innovation se lisent dans l’histoire de l’humanité L’innovation a toujours fait partie de l’histoire de l’humanité. Elle est intimement liée au développement des sociétés, y compris les plus anciennes. Au néolithique, la domestication et l’agriculture ont mené à la sédentarisation, laquelle a permis la spécialisation des tâches. Pendant l’Antiquité, on vit surgir notamment la roue, le soc de charrue, les routes ou... l’écriture. Autant de technologies qui nous sont toujours indispensables. L’Âge d’or de l’Islam (VIIIe au XIIIe siècles) a été le témoin d’une accélération des savoirs en sciences et en médecine. La Renaissance italienne, avec Léonard de Vinci, a marqué les technologies, les arts et l’architecture. Plus près de nous, les révolutions industrielles ont profondément marqué nos modes de production, de travail, de consommation. Aujourd’hui, c’est au tour de la révolution numérique d’imprimer sa marque.
Un renouveau bardé de destructions et de créations Pour l’économiste américain Joseph Schumpeter (1883-1950), les grands cycles économiques récents tels que schématisés ici sont clairement liés à la capacité innovatrice des sociétés. La phase montante correspond au temps nécessaire à l’assimilation, la diffusion et l’amortissement des nouveautés. La concurrence et la baisse de la demande expliquent l’apparition du pic. Vient alors la phase descendante. Elle se caractérise par l’élimination des stocks, les dettes et la préparation d’une nouvelle vague d’innovation. D’un point de vue social, cela illustre aussi un autre principe économique proposé par Schumpeter, celui de la « création destructrice ». L’avénement d’une innovation s’accompagne d’une importante destruction de l’emploi. La mécanisation et l’automatisation dans l’industrie ont eu un impact certains sur le monde ouvrier par exemple. Mais un rebond suit cette phase destructrice. C’est l’effet miroir, celui de la « destruction créatrice ». La popularisation de nouvelles technologies, de nouveaux produits est alors source de nouveaux métiers, de nouveaux emplois.
POURQUOI INNOVE-T-ON ? Des besoins multiples et variées L’innovation est une démarche permanente mais dans certaines circonstances, ce cycle s’accélère. C’est le cas en période de crises économiques. Pour les surmonter, il est impératif d’élaborer de nouveaux produits et services. Les conflits guerriers sont également des accélérateurs dans ce domaine. Les innovations profitent d’abord aux armées. Elles passent ensuite dans le domaine civil. Un exemple récent ? Le système de positionnement par satellite, le fameux GPS. S’appuyant sur les dernières technologies informatiques et spatiales disponibles, ce système avait été imaginé à l’origine par et pour les militaires américains.
L’innovation peut aussi être le fait de rencontres entre inventeurs et investisseurs ou encore, répondre à une nécessité bien particulière qui, détournée, séduit ensuite un large public.
Une boîte de conserve pour nourrir une armée en campagne Guerrière la boîte de conserve ? En effet ! Elle résulte de recherches et d’innovations motivées par des besoins militaires remontant à l’époque de Napoléon Bonaparte. Pour nourrir les marins en campagne, l’armée de l’Empereur eut recours à l’invention de Nicolas Appert (1749 – 1841). Il fut le premier à mettre au point une méthode de conservation des aliments en les stérilisant par la chaleur dans des contenants hermétiques. Au départ, il s’agissait de bouteilles en verre. Les boîtes en fer-blanc sont apparues ensuite. Appert créa même en 1802 la première usine de conserve du monde. C’était à Massy, au sud de Paris.
Le café lyophilisé au secours des excédents de production Le café soluble a été inventé dès le 19e siècle mais ce n’est que dans les années 1930 que son potentiel a été pleinement utilisé. L’inventeur néo-zélandais du café lyophilisé protégea son invention par un brevet déposé en 1890. Son procédé a connu quelques amélioration au début du 20e siècle mais il ne rencontra pas vraiment le succès commercial escompté. La popularisation du café soluble trouve son origine dans la surproduction de café frais au Brésil dans les années 1930. A la demande de l’Office brésilien du café, la société Nestlé fut chargée de perfectionner la technique de lyophilisation et de mettre au point un procédé industriel. L’excédent est ainsi valorisé. En 1938, le premier produit commercial, le Nescafé, commença à couler dans les tasses des amateurs.
Soutiens et subterfuges politiques Des politiques ciblées sont également susceptibles de faciliter l’innovation, y compris dans des domaines comme l’alimentation. En France, ce fut le cas de l’introduction de la pomme de terre. Au 18e siècle cet aliment n’intéressait guère les Français qui la considéraient juste bonne à nourrir les animaux. Face aux famines et aux guerres, le pharmacien militaire de Louis XVI, Antoine Augustin Parmentier, convainquit le souverain de l’attrait de cet aliment. Il ne resta plus qu’à faire changer d’avis la population. Il usa alors d’un stratagème. Parmentier fit planter des pommes de terre dans un champ près de Paris et le fit garder de jour par des soldats. La nuit venue, ceuxci se retiraient sciemment. Ce « marketing » avant l’heure fonctionna à merveille. Les vols des « précieuses » pommes de terre se multiplièrent. Leur consommation augmenta et les Français se mirent à la cultiver à grande échelle.
Le jacuzzi ou un détournement de finalité plébiscité Au départ, il s’agissait d’une pompe agricole. A l’arrivée, c’est devenu un appareil à finalité médicale qui s’est lui même transformé en un instrument de bien-être mondialement plébiscité. Le jacuzzi a été mis au point en 1956 aux Etats-Unis par Candido Jacuzzi. Ken, son fils, souffrait d’une forme d’arthrite rhumatoïde, une maladie dégénérative et invalidante. Pour le soulager et l’aider à conserver sa motricité, les médecins conseillèrent de le soumettre régulièrement à des séances d’hydrothérapie. Spécialisé en hydraulique, Candido Jacuzzi lui fabriqua un système « maison ». Il modifia une pompe à immersion utilisée en agriculture pour la transformer en un dispositif d’hydrothérapie utilisable dans une baignoire. Le premier dispositif d’hydromassage domestique était né.
QU’INNOVE-T-ON ? L’avenir se dessine aujourd’hui Nouveaux produits, nouveaux services, nouveaux besoins, nouvelles solutions. L’innovation est un processus continu et cyclique. Notre époque n’échappe pas à la règle. Avec le numérique et l’immédiateté que permettent les outils actuels de communication, lesquels rapprochent les innovateurs et leurs indispensables partenaires, le processus aurait même tendance à accélérer. Sans parler de l’intelligence artificielle qui pointe à l’horizon. La manière de penser l’innovation a dès lors elle aussi besoin de se remettre en cause. De quoi demain sera-t-il fait? En voici un avant-goût.
L’imprimante 3D L’imprimante capable de produire des pièces en trois dimensions est déjà disponible. Bien sûr, on peut rêver de l’imprimante à pizza dotée de cartouches à nutriments. Les imprimantes 3D sur le marché sont plutôt du genre à superposer des couches de résine suivant un programme informatique bien précis afin de produire une pièce tridimensionnelle non comestible: maquette, bijou, figurine, coque de smartphone... En produisant à la demande des petites séries d’objets très ciblés, les entreprises qui misent sur cette technologie d’impression développent une nouvelle activité de production. c’est un moyen d’inverser le processus des délocalisations de la production. Cette fabrication personnalisée et sur commande évite aussi les problèmes du stockage liés à la production de masse.
Lunettes connectées = réalité augmentée Pour être hyperinformé et communiquer en temps réel sans quitter du regard l’objet, la personne ou tout simplement la route sur laquelle on conduit , place aux lunettes connectées. Aux Etats-Unis, Google propose ses « glass ». En Europe, diverses sociétés sont également dans la course à la réalité augmentée. Optivent, en France, développe ses « ORA ». Avec ces lunettes sur le nez, une foule d’informations défilent à la demande sur les verres transformés en écran : température, heure, niveau de batterie des lunettes, localisation par GPS , arrivée d’un mail etc… Un truc intéressant vous passe sous le nez ? Les lunettes prennent une photo ou enregistrent une séquence vidéo. En cas de doute, elles se connectent à Internet pour effectuer l’une ou l’autre recherche... Et comme les branches de la monture enserrent la tête, ORA propose bien entendu tout cela en musique ou en se muant en main-libre pour téléphone portable.
Le drone pour tous Les applications liées aux avions sans pilote décollent. L’exemple de la société Trimble en atteste. Son drone Gatewing X100 vise un public de professionnels de l’observation de la Terre et de l’aménagement du territoire. Avec son envergure d’un mètre, ce drôle d’oiseau de carbone doté d’un système d’observation radar (lidar) est capable d’effectuer des relevés de terrain avec une précision de l’ordre de 5 centimètres et ce... avec une autonomie de plus de 50 kilomètres ! Bien sûr, une fois lancé, toute la mission du drone électrique est automatisée. On est loin des gadgets à hélices pilotés par smartphone.
Apprivoiser l’énergie du Soleil Le règne de l’atome est loin d’être terminé. Depuis 60 ans, l’homme a appris à les « casser » pour produire de l’énergie. Les bombes atomiques et les centrales nucléaires en sont les exemples les plus connus. La nouvelle révolution énergétique dans ce domaine est sur rails. Elle suit exactement le principe inverse : celui de la fusion nucléaire. Son nom ? ITER. Ce projet international développé dans le sud de la France vise à fusionner des atomes d’hydrogène afin de produire des atomes d’hélium et... une quantité phénoménale d’énergie. Exactement comme cela se passe dans le Soleil. L’ambition est énorme. Les difficultés techniques liées à cette innovation radicales. Pourtant ITER devrait produire ses premiers atomes d’hélium dès 2027…
CONCLUSION Innover est un acte profondément humain L’innovation est-elle par essence vertueuse ? Convient-il de s’en méfier? Pour répondre à ces questions, il faut se regarder dans un miroir. L’innovation est un acte profondément humain qui trouve son origine dans notre perpétuelle insatisfaction, notre désir de faire toujours mieux. La création et la diffusion de nouveaux objets, de nouveaux procédés, de nouveaux services visent à améliorer notre existence. En deux mots: à évoluer. C’est quasi un acte darwinien. Quant à savoir s’il faut se méfier de l’innovation, c’est un peu se demander si l’évolution a du bon. Cela renvoit à la finalité de l’objet, à l’usage que l’on fait de l’innovation. Et là, c’est à chacun de se forger une réponse à cette question.