Alexandre Hollan. L'expérience de voir (extrait)

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Remerciements Acknowledgements

L’artiste souhaite remercier Le Domaine national de Chambord et toute l’équipe de préparation de l’exposition M. Jean-Baptiste Née, pour son assistance lors de cette exposition Mme Marie-Hélène de La Forest Divonne et la Galerie Vieille du Temple M. Yves Bonnefoy M. Alain Madeleine-Perdrillat M. Illés Sarkantyu Mme Eva Szily Le musée Fabre de Montpellier Ainsi que les collectionneurs prêteurs qui ont préféré garder l’anonymat

© Somogy éditions d’art, Paris, 2013 © Domaine national de Chambord, 2013 © Pour leurs textes : Yves Bonnefoy, Alain Madeleine-Perdrillat, Yannick Mercoyrol, 2013 Programmation culturelle du Domaine national de Chambord Yannick Mercoyrol assisté de Mathilde Zambeaux, Christelle Turpin, Alexandra Fleury et Fabrice Moonen Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Conception graphique : Guillaume Dairou Fabrication : Michel Brousset, Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Contribution éditoriale : Marie Sanson (fr.), Stéphanie Cooper-Slockyj (ang.) Traduction : Elaine Briggs et Beverley Bie Brahic Suivi éditorial : Christine Dodos-Ungerer isbn : 978-2-7572-0522-8 Dépôt légal : mars 2013 Imprimé en Italie (Union européenne)

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Domaine national de Chambord 7 avril – 1er septembre 2013

Alexandre Hollan L’expérience de voir

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Le Grand Chêne de Viols-le-Fort, le soir ⁄ The Large Oak at Viols-le-Fort, evening 2006 ; 57 * 76 cm Acrylique ⁄ Acrylic

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Jean d’Haussonville Directeur général du Domaine national de Chambord Managing Director of the National Estate of Chambord

Avant-propos

Que nous dit Alexandre Hollan de Chambord en présentant son œuvre dans nos murs ? Car, au-delà du plaisir esthétique et personnel d’accueillir Alexandre Hollan, au-delà de la chance et de la volonté de présenter à un large public diverses expressions de la création de notre temps, ce qui m’intéresse, dans la suite d’expositions d’art contemporain que nous organisons ici, c’est de renouveler la perception de Chambord, de se rapprocher sans cesse de l’essence d’une œuvre d’art monumental et d’écouter les harmoniques lointains, en l’absence d’archives disparues, de ceux qui ont conçu l’un des plus étonnants chefs-d’œuvre d’architecture de l’humanité. Sans nécessairement s’en rendre compte, les artistes invités à Chambord et les visiteurs qui découvrent ces expositions temporaires participent à une longue méditation silencieuse sur l’identité d’un lieu, ses multiples significations, son incroyable pouvoir de fascination. L’œuvre d’Alexandre Hollan est l’une des plus indiquées pour renouer un dialogue interrompu par les soubresauts de l’histoire. Hollan représente de vrais arbres mais se détache d’emblée de la figuration pour nous donner autre chose à voir. Son intention, dès l’origine, est de présenter les œuvres par groupe, sans pour autant qu’elles forment des séries, et de permettre diverses compositions qui dépassent chacune des représentations d’un arbre particulier. Il en est de même de la forêt de Chambord, vraie forêt de chasse et de production, dont chaque arbre renvoie à la réalité et aux surprises de la nature, mais conçue dès l’origine comme une composition, par son mur, par ses allées, par ses perspectives, qui s’inscrit dans une œuvre d’art complète, indissociable du château. Les arbres de Hollan et ses « vies silencieuses », c’est-à-dire ses natures mortes, expriment les mêmes équilibres de composition que Chambord : immédiateté et permanence de l’arbre, fusion de l’être et de la conscience dans la contemplation du monument et de la forêt, intériorité du regard sous la représentation des choses, unité de l’immanence et de la transcendance, vie palpitante de l’arbre immobile et vibration de l’inanimé, singularité de la perception dans l’universalité du message comme le langage inarticulé de la musique. C’est ainsi que voir Hollan à Chambord, c’est accéder à une part de la vérité intime et subtile de l’un des monuments les plus géniaux de l’humanité.

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Foreword

What does Alexandre Hollan tell us about Chambord when presenting his work within our walls? Apart from the aesthetic and personal pleasure we have in hosting Alexandre Hollan, apart from the opportunity and our determination to show the public various forms of creation of our time, what interests me in the successive contemporary art exhibitions that we put on here is to renew perceptions of Chambord, to get ever closer to this monumental work of art and, failing the archives that have been lost, to listen to the distant harmonics of those who designed one of the most amazing masterpieces of world architecture. Although the artists invited to Chambord and the visitors who discover these temporary exhibitions may not realize it, they take part in a long and silent meditation on the identity of a place with multiple meanings and incredible powers of fascination. The work of Alexandre Hollan is highly recommended when renewing a conversation that was broken off through the vagaries of history. Hollan represents trees that are real yet he is not a figurative painter, in that he has something more to show us. He intended, from the outset, to exhibit his work in groups, which nonetheless do not make up series, in order to form compositions that go beyond each representation of an individual tree. This is also the case for the forest of Chambord, a real working forest, also used for hunts, where each tree reflects the reality of nature and its surprises, but which was originally designed as a composition, with a wall, avenues and perspectives, within an overall work of art that is integral to the château. Hollan’s trees and his “silent lifes”, that is to say his still lifes, express the same compositional equilibrium as Chambord: the immediacy and permanence of trees, the fusion of being and awareness when contemplating the château and the forest, the inner contemplation of things represented, the unity of immanence and transcendence, the vibrant life of the motionless tree and vibrations of what is inanimate, individual perception and a universal message as with the inarticulate language of music. In this way, to see Hollan at Chambord is to access some of the subtle, intimate truth of one of the greatest monuments to human genius.

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Vers la lumière ⁄ Toward the Light 2010 ; 65 * 100 cm Fusain ⁄ Charcoal

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Le Grand Chêne de Viols-le-Fort ⁄ The Large Oak at Viols-le-Fort 2013 ; 190 * 245 cm Gouache sur toile ⁄ on canvas

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Yannick Mercoyrol

L’énergie des pôles Remarques sur le travail d’Alexandre Hollan

Ce n’est sans doute pas l’une des moindres caractéristiques de l’œuvre de Hollan que d’imposer au regard une polarité immédiatement repérable, à ce point structurante qu’elle semble constituer non seulement un principe architectural global, mais plus encore la modalité essentielle de son travail. Non qu’elle ait été a priori pensée comme telle : un regard rétrospectif et diachronique permet d’évaluer la lente montée de certaines pratiques, de situer leur avènement dans le temps (je pense notamment aux « vies silencieuses », à partir de 1983, ou plus récemment aux grands formats, en 2005). Il n’en reste pas moins que l’œuvre qui s’expose aujourd’hui s’organise selon des polarités clairement visibles : arbres (en noir / couleurs pures et blanc) et « vies silencieuses » – et dans la composition de celles-ci, le rapport qu’entretiennent les complémentaires les unes aux autres ; au sein des arbres, les toiles et les papiers, parmi ces derniers ceux qui explorent le mouvement, d’une exécution rapide, et ceux qui, par le truchement de ce que je nommerais volontiers une ascèse de la lenteur, ont à voir avec une expression plastique de la durée. Que l’on ne s’y trompe pas cependant : ces polarités s’entendent moins comme des antagonismes que comme des ajointements, selon la vigueur d’un surcroît de la vision tout entière tournée vers le surgissement d’une énergie. Dans le voisinage lointain des artistes zen, Hollan a construit une œuvre opiniâtre, appuyée sur des postulations plastiques opposées mais complémentaires, qui ne vise donc pas simplement à célébrer les vertus de la patience, de la sourdine ou de la sérénité, mais à faire saisir aussi bien l’énergie fougueuse et le flux vital d’un monde végétal prétendument immobile.

Le Grand Chêne de Rieussec ⁄ The Large Oak at Rieussec 2010 ; 50 * 65 cm Fusain ⁄ Charcoal

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Energy in Polarity Remarks on the work of Alexandre Hollan

It is certainly no understatement to say that one of the main features of Alexandre Hollan’s work is that an immediately recognizable polarity is imprinted on the gaze, a feature so much a part of the structure that it seems to be not only a general architectural principle but also an essential modus operandi in his work. Not that this was a pre-conceived notion: looking back through time helps to appreciate the slow rise of certain practices and situate their occurrence (in particular the silent lifes from 1983 come to mind, and more recently the large-format work in 2005). Nonetheless, in the work shown today, such structuring polarities are clearly visible: the trees (black /pure color and white) and the silent lifes – and in their composition, the relationship between the color complementarities; then, within the trees, the works on canvas and paper, those exploring movement being quickly executed, and others, which, through the intervention of what I would call an asceticism of slowness, have to do with the formal expression of duration. Let there be no mistake, these polarities should be understood not so much as antagonistic but as connective, using the vigor of a heightened vision wholly directed to an upsurge in energy. Distantly related to Zen artists, Hollan has constructed a single-minded work, underpinned by opposite yet complementary formal premises, a work that seeks not merely to celebrate the virtues of muted patience and serenity, but also to seize the fiery energy and life flow of a supposedly unmoving plant world.

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Apparition de la forme ⁄ Appearance of form 2002-2012 ; 32 * 50 cm 24 acryliques ⁄ 24 acrylics

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« Les Demi-sauvages », arbres ⁄ “The Half-Wild Ones”, trees 2010 ; 50 * 65 cm Fusain ⁄ Charcoal

Ce qui atteste peut-être le plus singulièrement cette pratique, ce sont ces fusains très légers, dont la complexité graphique s’est admirablement étoffée au cours des dernières années dans le travail du peintre. À l’instar d’une partie de la production de Hollan, ces images ont une force d’évocation du motif de l’arbre sans pour autant se replier sur sa forme immédiatement reconnaissable. Mais là où d’autres dessins ou toiles travaillent sur la sensation de masse compacte, par un effet de puissance ou de profondeur dense, sourde, comme musculaire, ces fusains donnent à voir les multiples linéaments, entrelacs qui figurent les nombreuses lignes de force traversant le feuillage. Lignes de vie serait-on tenté d’écrire, comme celles que l’on s’efforce vainement de lire dans la paume d’une main. Si la cartomancie, comme toute référence à un spiritisme de foire, est bien éloignée des préoccupations du peintre, l’analogie recèle néanmoins une part de vérité, celle du spectateur laissant libre cours à sa rêverie devant ces papiers aérés, qui constituent comme le pendant graphique de ces autres façons où se dit la force ramassée du végétal. C’est que Hollan pratique véritablement le portrait d’arbres, qu’il fait se lever dans ces images une sensation d’énergie vitale qu’on retrouve habituellement dans les figures humaines. Car c’est aussi bien d’un réseau sanguin veinant la surface du papier dont il s’agit, celui du grand corps non plus contracté, mais déplié de l’arbre, dont le dessin désigne la dilution des lignes, et donc la puissance de leur trame. En sorte que l’association libre du spectateur, engagée par le rhizome dessiné (et il y aurait là, peut-être, une autre rêverie à partir des analyses de Deleuze), voit une analogie troublante avec ces deux ordres possibles et connexes : la cartographie et la radiographie. Deux ordres du lien, de la ligature, de réseaux conducteurs, tels qu’apparaissent les arbres de Hollan, comme développés vers des corps extérieurs. La carte d’abord. On sait les rêveries que suscite, chez certains esprits, le fait de parcourir des cartes géographiques, et le plaisir d’esthète, mâtiné de nostalgie, à contempler les cartes anciennes, dont la beauté rachète les errements scientifiques. On se perd sur telle route, sur telle côte escarpée, on file à toute allure sur des tracés en épingle, dans les méandres de routes montagneuses, on repique du nord au sud pour, dans une brusque embardée, sauter d’un pays l’autre, avant de s’apaiser soudainement à parcourir, le doigt sur un chemin étroit, presque impossible à suivre, les quelques centimètres qui relient un hameau à un lieu-dit… Vaporisation de l’arbre qui désigne sa dilatation aux dimensions du monde, l’unité qui se cherche étant constituée de la multiplicité des lignes qui l’étirent, selon une transformation de la verticalité commune en une horizontalité profuse. Comme s’il y avait là une des leçons les plus aiguës, de celles qui rénovent en profondeur une tradition – celle, ici, du paysage et de sa respiration. Une respiration, un souffle pulmonaire, irrigué des réseaux d’alvéoles, transformant l’arbre en radiographie du souffle… Arbre de vie traversé par un souffle qui est aussi celui du peintre, de rythmes originels qui sont ceux des deux temps complémentaires de la respiration : comme une métaphore, à la fois rudimentaire et infiniment ouverte, de la recherche plastique, et profondément accordée au monde, d’Alexandre Hollan.

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These practices are probably most particularly apparent in the lightness of touch of the charcoal drawings, whose graphic complexity has become admirably more enriched over the last few years. As with part of Hollan’s work, the images powerfully evoke the tree as subject, without relying on its immediately recognizable form. But where other drawings and paintings work on a sense of compact mass through an effect of power or veiled depth that is dense and seemingly muscular, these charcoal drawings show the multiple lineaments, the tracery figuring many lines of force crisscrossing the foliage. It would be tempting to call them lifelines, such as chiromancers strive in vain to read. Although any reference to fairground spiritualism is far from Hollan’s concerns, the analogy does nonetheless contain a degree of truth in that these airy drawings on paper give the viewer free rein to daydream, they form a kind of graphic corollary to his other practices which assert the intense force of plant life. Hollan is a genuine tree portraitist, whose images arouse a feeling for the life force ordinarily found in human faces. And it is indeed a circulatory system that veins the surface of the paper, as if the tree’s great body were no longer contracted but unfolded in drawings that designate line dilution, hence the strength of their framework. In this way, the viewer’s free associa-tions, engaging with the rhizomatic drawing (and here, there might be another reverie based on Deleuze’s analyses), perceive a potential and disquieting analogy pertaining to the two connected orders of cartography and radiography, both of which involve linkage, ligature and conducting networks, as is apparent in the trees that seem to have folded outwards towards external bodies. First, cartography. The reveries that arise in some minds when poring over maps and charts, or the aesthete’s nostalgic pleasure in contemplating the old maps whose charm makes up for their erratic science, are well known. It is easy to lose one’s way along such roads with maybe a steep drop to one side, or when speeding along the hairpin lines that zigzag over mountain passes, then making a swift north-south U-turn, you hop over a border into another country, before deciding in the end to quietly follow your finger along the few centimeters of an impossibly faint track that takes you from a tiny hamlet to an even smaller clutch of houses. The tree vaporizes even as it dilates to the dimensions of the world, and unity is to be sought in the multiplicity of lines extending it, through a common verticality transformed into profuse horizontality. As if this was one of the most meaningful lessons, a lesson that renews a tradition in depth: in this case, a lesson in landscape and its respiration. Breath, lungs breathing, irrigated by networks of air sacs, transforming the tree into an X-ray of breath. The tree of life permeated by breath that is also the painter’s, and by the primal rhythms, the complementary movements of breathing –which might be both a rudimentary and infinitely open-ended metaphor for Alexandre Hollan’s research into form, his work so deeply attuned to the world.

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« Le Chêne bas », circulation d’énergie ⁄ “The Low Oak”, energy circulation 2012 ; 60 * 92 cm Acrylique sur toile ⁄ Acrylic on canvas « Le Chêne bas », circulation d’énergie ⁄ “The Low Oak”, energy circulation 2012 ; 65 * 100 cm Gouache


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Yves Bonnefoy

Hollan à Chambord

Hollan à Chambord. Une épreuve, ce lieu, au moins comme j’imagine qu’il sera : vastes salles où les grands formats pourront s’établir librement, lancer loin leurs rayons, cependant que les petits formats, peut-être par groupe de quelques-uns, se mettront en rapport avec eux dans une sorte de dialectique. Une épreuve, pour l’arrivant, car la tentation sera grande d’embrasser les salles d’un seul regard, ce qui incitera à voir ces œuvres harmonieusement disposées sur leurs parois comme des objets d’art ayant leur fin en eux-mêmes, alors qu’elles n’ont été chacune que le point de passage entre le peintre et l’arbre qu’il considère, et qui existe pour lui bien plus que le tableau ou le dessin qui l’affrontent. Pas d’artiste moins désireux que Hollan de produire un objet autosuffisant, fait pour exister dans un espace autonome. Il n’est que l’arbre qu’il peint, c’est ce qui fait sa grandeur. Un risque, pour lui ? Non, je sais bien que franchi ce premier regard le visiteur de l’exposition, s’approchant d’une quelconque des œuvres accrochées là, se laissera happer par l’expérience qui y a lieu. La salle se dissipera. Une épreuve, oui, tout de même, mais pour ce visiteur, qui aura eu à se délivrer de cette suggestion de rupture entre la réalité extérieure et l’artiste qu’un certain art moderne a fait peser, avec grande autorité, sur la création, mais qui est appauvrissante, étouffant l’émotion, superficialisant l’invention : à savoir qu’un tableau, ce sont des lignes et des couleurs en un certain ordre assemblées, quelles que soient les motivations qui pourraient avoir présidé au projet du peintre. Non, un tableau, c’est une occasion de regarder, de faire du regarder un voir, de vivre dans ce voir un savoir de soi, de devenir. Tant mieux si les couleurs et les formes font bel effet sur le mur, mais ce n’est que la bogue qu’il faut briser pour accéder à l’amande. Hollan est un de ceux, rares aujourd’hui, qui rappellent ces évidences et en préservent la vérité pour demain.

« Le Déchêné », grand chêne ⁄ “Oak Untamed”, large oak 2008 ; 65 * 100 cm Gouache

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Hollan at Chambord

Hollan at Chambord. A test, this place, at least as I imagine it: vast rooms where the large formats will be given a great deal of space, dart their rays far, while the small formats, perhaps in groups, will establish relationships with the larger ones in a kind of dialectic. A test for the viewer as she enters, tempted as she will be to sweep each room with a single gaze, incited to see the works harmoniously displayed on the walls as art objects, an end in themselves, whereas each of them in fact represents only the point of passage between the painter and the tree he is looking at, and which exists in his mind far more than the painting or drawing in front of him. No artist is less desirous than Hollan to produce a self-sufficient object, created to exist in an autonomous space. He is only the tree that he paints; in this his greatness resides. A risk, for him? No, I’m sure that any visitor walking up to any of the works, after the initial glance, will be absorbed in the experience. The room will fade into the background. A test, still, all the same, but for the visitor, who will have had to shake off any suggestion of a rupture between external reality and the artist, rupture that a certain kind of modern art has caused to weigh, with great authority, on the act of creation, but whose effect is to impoverish, to stifle emotion, to turn invention into something superficial: the idea, that is, that a painting consists of lines and colors assembled in a certain order, whatever motivations may have presided over the painter’s project. No, a painting is the occasion to look, to turn looking into seeing, and to make of this seeing a self-knowledge, a becoming. So much the better if the colors and the forms look impressive on the wall; this is however merely the husk one must crack open in order to extract the almond. Hollan is one of those artists, today rare, who reminds us of these facts and preserves their truth for tomorrow.

Le Grand Chêne de Viols-le-Fort, le matin ⁄ The Large Oak at Viols-le-Fort, morning 2009 ; 65 * 100 cm (détail ⁄ detail) Fusain ⁄ Charcoal

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