Parc zoologique de Paris
Architecture
Zoo BERNARD TSCHUMI URBANISTES ARCHITECTES avec V É R O N I Q U E D E S C H A R R I È R E S
Photographies D’IWAN BAAN
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Photogra hies de
hotographies by
Iwan Baan
Architecture
Zoo BERNARD TSCHUMI URBANISTES ARCHITECTES avec V É R O N I Q U E D E S C H A R R I È R E S
Cet ouvrage est publiÊ grâce au soutien de This book is sponsored by
Sur fond blanc
Sur fond de couleur
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Remercieme ts
Ack owledgements
La conception et la réalisation du nouveau parc zoologique de Paris est une aventure unique. Les auteurs tiennent à remercier chaleureusement les acteurs passionnés avec qui ils ont partagé sept années d’études et de chantier, avec en particulier : Les Concepteurs du projet architectural et paysager : Atelier Jacqueline Osty et Associés, paysagistes urbanistes, pour la conception paysagère du parc, Bernard Tschumi urbanistes Architectes avec Véronique Descharrières pour la conception architecturale des nouveaux bâtiments, Synthèse Architecture avec Bernard Hemery pour la maîtrise d’œuvre des bâtiments techniques et des bâtiments rénovés, El Hassani et Keller pour la scénographie des vivariums et la signalétique pédagogique et fonctionnelle du parc, Setec Bâtiment pour les lots techniques fluides hors traitement d’eau des bassins et Bouygues Bâtiment Ile-de-France pour les autres lots techniques. Avec l’aide précieuse de Hugh Dutton Associés (Hugh Dutton avec Pierluigi Buci et Pierre Chassagne) pour l’étude de structure des volières et de Johannes Natterer ingénieur bois pour les façades filtres. Les équipes du Muséum national d’Histoire naturelle garant d’un programme zoologique novateur et ambitieux ; le Groupement Chrysalis, société de projet en charge du financement, de la conception, de la construction, de l’entretien et de la maintenance, constituée par le FIDEPP, la Caisse des Dépôts et de Consignations, ICADE et le Groupe Bouygues Construction. Nous remercions particulièrement Thomas Grenon, Bertrand Pierre Galey, Philippe Fabié, Christophe Soisson, ainsi que Gérard Lemonier pour leur engagement et leur soutien sans faille lors du développement de ce projet.
The design and execution of the new Zoological Gardens of Paris was a unique adventure. The authors wish to extend their appreciation and gratitude to the highly committed people involved in the project, with whom they shared seven years of preparation and construction, especially to: The teams of the National Museum of Natural History, whose commitment insured an innovative and ambitious zoological program; the Chrysalis Group, charged with financing, conception, construction, service, and maintenance, which consists of the FIDEPP, the Caisse des Dépôts et de Consignations, ICADE, and the Bouygues Construction Group; the designers of the architecture and landscape project – Atelier Jacqueline Osty et Associés, landscape planners, for the landscape design of the park; Bernard Tschumi urbanistes Architectes with Véronique Descharrières for the architectural design of the new buildings; Synthèse Architecture with Bernard Hemery for the project management of the service buildings and renovated buildings; El Hassani and Keller for the scenography of the vivariums and educational and functional signage; Setec Bâtiment for mechanicals, except for water treatment in the basins; and Bouygues Bâtiment Ile-de-France for the other technical trades. We are grateful for the invaluable assistance of Hugh Dutton Associés (Hugh Dutton with Pierluigi Buci and Pierre Chassagne) for the structural study of the aviaries and Johannes Natterer, wood specialist engineer, for the filter walls. We extend particular thanks to Thomas Grenon, Bertrand Pierre Galey, Philippe Fabié, Christophe Soisson, and Gérard Lemonier for their involvement and unwavering support during the development of the project.
Projet architectural / Architectural Project Bernard Tschumi urbanistes Architectes avec /with Véronique Descharrières (Paris) Bernard Tschumi, Véronique Descharrières, Vincent Prunier (chef de projet / project manager), Rémy Cointet, Alice Dufourmantelle, Thomas Ducher, Yann Le Drogo, Catherine Kim, Pascal Lavaud, Pierre Yehudi Morgana, Antoine Santiard, Xiaofu Fei, Yingjie Yu, Joachim Bakary, Martial Marquet, Clément Javouret, Florent Le Gonidec, Will Fox, Anaïs le Brun, Marie-Claire Mathieu, Catherine Rambourg
Bernard Tschumi Architects (New York) Bernard Tschumi, Paul-Arthur Heller, Grégoire Giot, Emmanuel Desmazières, Bart-Jan Polman, Jerome Haferd, John Eastridge, Clinton Peterson, Julien Jacquot, Michael Young, Laurence Sarrazin, Gary He, Rychiee Espinosa, Melissa Godman, Taylor Burgess, Nefeli Chatzimina, Francoise Akishino, Mathieu Crabouillet, Kate Scott, Colin Spoelman, Alison McIlvride, Jessica Myers, Aleksandr Bierig 51
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rchitecture
L’architecture d’un zoo n’est pas une évidence. Imitera-t-elle l’habitat naturel des animaux qu’elle abrite ? Sera-t-elle, au contraire, un manifeste moderniste et abstrait comme le fut dans les années 1930 la sublime rampe en double hélice de ciment armé pour les pingouins du zoo de Londres ? Empruntera-telle l’image des caractéristiques physiques des animaux qu’elle accueille ? Une serpenterie en forme de serpent, une éléphanterie en forme d’éléphant ? De simples bâtisses différenciant architectures « humaines » et constructions « animales » pourraient-elles suffire ? L’architecture « humaine » est faite d’histoire, de tradition ou de styles : classicisme, fonctionnalisme, régionalisme, modernisme, déconstructivisme… Mais pour un zoo ? En comparaison, qu’en est-il de l’habitat naturel des animaux ? Est-il simplement fonction du milieu dans lequel ceux-ci évoluent : troncs d’arbres évidés, anfractuosités de roche, nids de branchages entrelacés, ou au contraire géométrie abstraite, tels l’hexagone des ruches d’abeilles ou la parfaite spirale d’un coquillage… On voit que ces constructions animales ne sont jamais de simples bâtisses. Concept. Et si au début du XXIe siècle, on posait la question de l’architecture d’un zoo en d’autres termes ? Plutôt que d’opposer architecture pour les hommes et architecture pour les animaux, si on essayait d’inventer un langage commun ? Imaginer que les volières abritent aussi bien l’aire des oiseaux que l’entrée des promeneurs, ou que des constructions faites de madriers, grumes ou troncs d’arbres protègent aussi bien l’habitat des lions, rhinocéros ou girafes que les restaurants des visiteurs, les uns et les autres à Paris parfois depuis plusieurs générations.
Designing the architecture of zoos is not straightforward. Should they replicate their animal inhabitants’ natural habitats, or should they instead offer abstract or modernist manifestos like the sublime concrete double–spiral ramps of the Penguin Pool at the London Zoo? Alternatively, should they adopt something of their inhabitants’ physical characteristics—a serpentine reptile house or an elephantine elephant house, for example? Is the ”human” versus ”animal” architecture dichotomy sufficient? “Human” architecture has a history, traditions and styles: classicism, functionalism, regionalism, modernism and deconstructivism, among others. But what about zoos? How do animals’ natural habitats compare? Should one just recreate the environment they inhabit—empty tree trunks, nooks in the rocks, nests of interlacing branches, or abstract geometries, such as beehives or the perfect spiral of a shell? Animal architecture, it is clear, is not just about buildings.
Concept. What if, at the dawn of the 21st century, we started considering a zoo’s architecture differently? Rather than applying the human versus animal architecture dichotomy, what if we try to invent a common language? What if aviaries accommodated not only birds, but also visitors, or if those constructions composed of logs, wooden beams or tree trunks that usually shelter lions, rhinoceroses and giraffes also protected visitors’ restaurant facilities? All have inhabited Paris for several generations. Duality. We could then start envisaging a form of dual architecture or an architecture of duality, whose originality would lie in its cultural and natural, human and animal, technical and exotic 53
Double. On imaginerait alors une double architecture ou une architecture du double, dont l’originalité serait qu’elle soit à la fois culture et nature, ici et ailleurs, humaine et animale, technique et exotique. Par exemple, l’accès des visiteurs serait comme les mailles d’une grande volière que la végétation aurait envahie peu à peu. De petits édifices tantôt appelés petites volières, tantôt appelés kiosques abriteraient des ouistitis ou accueilleraient les enfants des écoles. Rien ne serait arbitraire, tout serait pensé, conçu, justifié. Ainsi, des accumulations de madriers de plusieurs mètres de long seraient soigneusement agencées pour masquer les contours d’édifices techniques, animaliers ou humains et revêtus de simples tôles nervurées noires. L’enveloppe extérieure composerait le paysage, l’enveloppe intérieure assurerait le bon fonctionnement du zoo : une double enveloppe. Enveloppe. Le mot est lâché. Au XXIe siècle, les architectes ne parlent plus de façades, de corniches ou de toits. Ils pensent enveloppes et environnements. Contrairement à la maison et son toit, une enveloppe n’a pas de forme préconçue : elle peut prendre n’importe quelle forme, même volontairement informe. Une enveloppe n’a pas à ressembler à une maison, elle est libre de toutes sortes d’inventions, pourvu qu’elle protège des intrus ou des intempéries et qu’elle filtre la lumière.
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forms. The visitors’ entrance could resemble a giant aviary, overwhelmed by vegetation over the years. Smaller buildings, sometimes called aviaries, sometimes kiosks, could house marmosets or accommodate school visits. Nothing would be left to chance. Everything would be thought through, designed and justified. Thus, stacks of wooden beams several metres long could be carefully arranged to mask the black, ribbed sheet metal of service buildings for both humans and animals. Buildings would therefore have dual envelopes—an outer skin to adapt to the landscape and an inner skin to ensure that the zoo functions properly. Envelope. The word has arrived. Twenty-first century architects no longer talk of facades, cornices and roofs; now they speak about envelopes and environments. Unlike houses and roofs, envelopes have no pre-designed form—they can take any form and even be deliberately formless. An envelope does not resemble a house; it is free to be invented, so long as it protects against rain and intruders and filters the flow of light. Filter. Another important word. Sometimes envelopes have to be impermeable, but most of the time we expect them to be porous and protective, composed of successive layers, from the finest mesh (to protect exotic birds from Paris’s voracious,
Filtre. Voilà un autre mot important. Une enveloppe doit parfois être imperméable, mais on lui demande la plupart de temps d’être à la fois poreuse et protectrice, souvent composées de couches successives allant des plus fins grillages (pour protéger les oiseaux exotiques de la voracité des pigeons parisiens prédateurs) aux madriers capables d’arrêter la charge d’un rhinocéros irascible. À toutes les époques, à travers chaque climat, toute architecture est d’abord un filtre entre extérieur et intérieur, qu’elle soit abri primitif ou composition savante. Générateurs. Quels seront donc les générateurs de ce zoo du XXIe siècle ? On a compris que pour le plaisir des uns et le bienêtre des autres, on ne séparera pas l’apparence architecturale des espaces destinés aux visiteurs de ceux destinés aux animaux. Pour résumer : • les filtres des volières petites et grandes sont aussi bien conçus pour oiseaux ou petits singes que pour les pavillons d’entrée des visiteurs, les mailles pouvant rester libres ou être recouvertes de végétation ; • des madriers de bois brut agissent comme « filtres » pour protéger aussi bien les abris des animaux que les équipements destinés aux visiteurs ; • aux surfaces vitrées permettant de recréer un climat tropical dans l’immense serre du nouveau zoo correspondent les grandes baies vitrées permettant autant aux visiteurs d’observer les animaux qu’aux animaux d’observer les visiteurs. À ces trois générateurs, on ajoutera la minéralité des faux rochers : ils font partie de l’histoire de ce zoo de Vincennes à Paris construit en 1934 sur ce même emplacement. ABCDEFG ? Tel un dictionnaire, ce zoo d’un type nouveau pourrait être décomposé comme un alphabet. « J », par exemple, serait Janus, un être double qui dans le zoo devient un concept urbanistique essentiel. Une contrainte majeure (la nécessité au centre du parc d’une vaste construction fonctionnelle et technique) suggère une opportunité architecturale et paysagère. L’enveloppe de ce bâtiment linéaire exprimera deux images distinctes : un côté fait de madriers de bois délimitera un paysage rappelant le Sahel-Soudan, tandis que sur l’autre côté, une enveloppe faite de roche reconstituée servira de fond aux paysages glacés rappelant la Patagonie. L’architecture de chacune des zones climatiques représentées dans le zoo est volontairement laissée ambiguë, une géométrie irrégulière « informe ou in-formelle » masquant une organisation fonctionnelle rigoureuse. L’architecture du nouveau zoo confirme la condition du XXIe siècle de dissociation entre enveloppe visuelle et enveloppe fonctionnelle. Mais s’il n’y a plus aujourd’hui de relation de cause à effet entre intérieur et extérieur, entre contenu et apparence, chaque architecture reste responsable du contexte qu’elle génère. Dans le nouveau zoo de Paris – contrairement à d’autres époques où le paysage était au service de l’architecture –, c’est l’architecture qui est au service du paysage.
predatory pigeons) to wood beams capable of halting the charge of an irascible rhino. In all periods and in all climates, all architecture acts as a filter between indoors and outdoors, whether primitive shelter or clever composition. Generators. What should the generators of the 21st-century zoo be? For optimum visitor pleasure and animal well-being, the architectural appearance of visitor spaces and animal spaces should not be separated. In summary: • Aviary filters both small and large have been designed for birds and small monkeys as well as for the visitors’ entrance pavilions. The mesh can be left bare or covered by vegetation; • Bare wood beams act as “filters” to protect animal shelters and visitor facilities; • Glass surfaces allow a tropical climate to be recreated in the new zoo’s vast greenhouse, and are continued in the large bay windows through which visitors can observe animals and animals can observe visitors. To these three generators, let’s add the minerality of the fake boulders, constructed in 1934 on this very site, that are an integral part of the history of the Vincennes Zoo. ABCDEFG? This new-style zoo could be broken down into its own alphabet, like a dictionary. J, for example, would be Janus, a double-sided being that, in a zoo, becomes an essential urban concept. The major constraint of situating a vast functional and technical edifice in the centre of the gardens offers significant opportunities for landscaping and architectural design. The envelope of a linear building has two distinct aspects: one side, made out of wood beams, delimits a landscape reminiscent of the Sahel Desert in Sudan, while the other side, an envelope made out of reconstituted rock acts as a backdrop for the iceclad landscapes of Patagonia. The architecture of each of these climatic zones in the zoo is deliberately ambiguous, its irregular, “formless” or “informal” geometry masking a rigorous functional organization. The architecture of the new zoo confirms the 21st-century architectural condition of dissociation between visual and functional envelopes. Since today the relationship of cause–and–effect between interior and exterior, or content and appearance, has disappeared, each architecture is responsible for the context it generates. In the new Paris Zoo, as opposed to earlier periods where the landscape served the architecture, it is the architecture that serves the landscape.
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Brève istoire du Zoo
A Brief istory of the Zoo
© Albert Harlingue / Roger-Viollet
Un concept historique Histoire et héritage – Les faux rochers du zoo de 1934¸1 L’univers minéral des rochers artificiels reprend le concept initié à Stellingen dès 1907 par Carl Hagenbeck, figure incontournable du monde animalier au siècle précédent. Zoologiste et concepteur du premier « zoo sans barreaux », il fut également connu comme homme de cirque, marchand d’animaux sauvages et même, dit-on, trafiquant d’humains ! L’idée principale des zoos européens bâtis sur ce mode est de placer l’animal au centre d’un décor de rochers recomposés en béton, dont l’espace intérieur caverneux sert aussi d’abri pour l’animal. À Paris, Charles Letrosne, architecte des bâtiments civils et des palais nationaux pour le gouvernement français reprend ce thème des faux rochers comme scénographie du nouveau parc zoologique et décline sur ce modèle un rocher pour chaque espèce recensée. C’est une présentation assumée mais jugée réductrice par l’assemblage idéalisé d’un rocher et d’un animal. « Par rapport aux rochers très naturalistes mis en place dans les zoos inspirés de Stellingen, Vincennes se démarque par le traitement volontairement artificiel de la masse rocheuse […]. Les animaux s’y détachent mieux que dans une nature recomposée sans pour autant entrer dans un contraste inattendu sur fond de décor formel.¸2 » Les scientifiques jugeront rapidement que cette réponse – accueillie avec un très grand enthousiasme par le public – ne correspond en rien à l’environnement habituel des animaux. Les espaces trop petits pour certains grands mammifères comme les fauves ou les éléphants sont inconfortables pour l’animal qui n’a pas d’espace de repli ni d’intimité. Le temps ne fait rien à l’affaire car les volumes en faux rochers, bien qu’ayant été colonisés par une abondante végétation, se détériorent sous l’effet combiné des intempéries et des agressions du milieu animalier. Les espaces se vident petit à petit alors que la fréquentation faiblit avec le temps. En 2008, le verdict est irrévocable : le parc zoologique doit fermer et être repensé dans sa globalité en plaçant le confort animalier au cœur des préoccupations mais en s’attachant à préserver la marque historique traversée par ce lieu atypique. Le constat est évident. Le grand rocher associé au rocher des gardes et au rocher de la fauverie est une icône emblématique du Sud-Est parisien à partir duquel le nouveau projet peut s’implanter. Le concept historique d’une scénographie orchestrée par de faux rochers est entièrement repensé dans le nouveau projet pour mettre en lumière l’artificialité évidente mais bienveillante de ce dispositif reçu en héritage. Vrais rochers, faux rochers ou vrais faux rochers, le jeu se prête à l’infini, mais telle n’est pas la question. Le propos est d’utiliser des matériaux endogènes pour définir à travers des enveloppes architecturées une nouvelle topologie d’espaces partagés par le plus grand nombre d’animaux.
The historical concept History and heritage – the fake boulders of the 1934 Zoo¸1 The minerality of the artificial rocks develops a continuum with the original concept for the zoo that was first implemented in 1907 in Stellingen by Carl Hagenbeck, a major figure in the 19th-century animal world. A zoologist and designer of the first ”zoo without bars,” Hagenbeck was also a circus tamer, a dealer in wild animals and even, it is rumoured, a trafficker in human beings. The key idea for European zoos built according to his vision was to place animals at the centre of concrete rock decors, whose inner recesses also acted as shelters for the animals. In Paris, Charles Letrosne, a French architect specialising in public buildings and government monuments, also adopted the mock-boulder theme for his scenography of Paris’s new zoological gardens, producing an artificial rock setting for each species on view. The scenography demonstrates Letrosne’s commitment to the form, but is reductionist in its idealised marriage of rock to animal. “In relationship to the very naturalistic rock settings in zoos inspired by Stellingen, Vincennes distinguishes itself through its deliberately artificial treatment of the boulder mass […]. More focus could be placed on the animal in recomposed natural settings than by creating unexpected contrasts using formal decors.”³2 Scientists retorted that this approach, acclaimed by the public, did not correspond to the animals’ customary environment. The spaces were too small for large mammals like big cats and elephants and uncomfortable for animals that had no private spaces in which to withdraw. Time did not help matters, since the mock boulders, although colonised by abundant vegetation, gradually deteriorated due to the effects of the weather and the animal environment. Gradually, the animal enclosures emptied out and visitor numbers dwindled. In 2008, by common agreement, the zoological gardens closed for a major overhaul that would place the onus on animal well-being, while preserving the historical character of a beloved and special site. One particular aspect was clear: the central rock structure that housed both zookeepers and lions was an emblematic icon of southeast Paris, one around which the new project could develop. The historic concept of a mock boulder-based scenography has been entirely reworked in the new project so as to highlight the manifestly artificial nature of the rocks while presenting their heritage in a positive light. Real boulders, mock boulders or real mock boulders—the possibilities are endless, but this is not the main issue. The main issue is to use endogenous materials in architectural envelopes that redefine a new topology of space shared by as many animals as possible.
1. Voir l’ouvrage Le Parc zoologique de Paris, des origines à la rénovation, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, Somogy éditions d’art, 2014. 2. Étude historique et paysagère du parc zoologique de Paris, Muséum national d’Histoire naturelle, mission de la rénovation, mars 2005, Agence Cardo architecture et paysage.
1. See Le Parc zoologique de Paris, des origines à la rénovation, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, Somogy éditions d’art, 2014. 2. Étude historique et paysagère du parc zoologique de Paris, Muséum national d’Histoire naturelle, Renovation Mission, March 2005, Cardo architecture and landscape agency.
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Chronolog e T meline
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1626
Louis XIII crée le Jardin des Plantes. Conçu par deux physiciens du roi, le jardin sert d’abord à la recherche et aux expériences scientifiques. Il ouvre au public en 1635.
Foundation of the Jardin des Plantes by King Louis XIII. Conceived by two royal physicians, the garden is used for study and experiment. It opens to the public in 1635.
1661
Création de la Ménagerie royale. En exposant des animaux du monde entier, la Ménagerie est le symbole du pouvoir et de la richesse du roi.
Establishment of the Royal Menagerie. Displaying animals from around the world, it provides a concentrated demonstration of royal power and wealth.
1793
Louis XIV crée une ménagerie à Vincennes dédiée aux « animaux féroces ». Les animaux y sont dressés les uns contre les autres et s’opposent dans des combats sanglants pour divertir le roi et ses invités.
Louis XIV establishes a Menagerie in Vincennes for “ferocious beasts.” Animals are pitted against one another in bloody battles for the entertainment of the sovereign and his guests.
1863
Le Tierpark Hagenbeck ouvre à Hambourg en Allemagne. C’est le premier zoo à utiliser des fossés pour séparer le public des animaux. Cette astuce donne au visiteur l’impression de se promener au sein du même espace que les animaux.
Opening of the Tierpark Hagenbeck in Hamburg, Germany. It is the first zoo to separate out animals from visitors using moats and ditches, providing visitors an impression of occupying a continuous landscape with the animals.
1931
Un zoo temporaire est créé dans le bois de Vincennes à l’occasion de l’Exposition Coloniale de Paris. Face à la popularité du zoo, la mairie de Paris et le Muséum national d’Histoire naturelle décident de créer un zoo permanent dans le bois de Vincennes.
The Colonial Exhibition in Paris creates a temporary zoo in the Bois de Vincennes. Due to the popularity of the zoo, Paris’s City Hall and the National Museum of Natural History resolve to construct a permanent zoo in the Bois de Vincennes.
1934
Le zoo est achevé selon les plans de Charles Letrosne qui s’inspire du Tierpark Hagenbeck. De grands ensembles de rochers artificiels, déjà présents dans d’autres jardins parisiens, ponctuent l’ensemble du zoo. Il accueille 1 200 animaux et jusque 150 naissances par an.
The zoo is completed according the designs of Charles Letrosne, who draws on the designs of the Tierpark Hagenbeck. Large artificial rock formations, already seen in other Parisian pleasure parks, are featured throughout the zoo, which includes 1,200 animals and up to 150 new births per year.
1980s
Les capacités d’accueil du zoo diminuent de façon alarmante.
The zoo facilities begin to decline precipitously.
1994
Restauration du Grand Rocher.
The Great Rock artificial rocks undergo restoration.
2002
Le Muséum national d’Histoire naturelle prend des mesures de prévention pour l’entretien du zoo.
The National Museum of Natural History takes measures to preserve and maintain the zoo.
2005
Les mesures initiales du travail de prévention sont entreprises.
The initiation stages of preservation begin.
2008
Le zoo est officiellement fermé et les animaux déplacés pour faire place à un projet de rénovation sensible à la dimension écologique du parc.
The zoo is officially closed and the animals are relocated to make way for an ecologically sensitive renovation.
2014
Quatre-vingtième anniversaire de la création du zoo et réouverture au public.
The eightieth anniversary and re-opening of the zoo.
Construction du Grand Rocher en 1934 / Construction of the Great Rock in 1934
Š Agence Rapho
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La DĂŠfense
La Concorde
Le Louvre
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rbanisme
rbanism
La Bastille
Le parc zoologique de Paris
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Concevoir l’architecture d’un zoo n’est pas simple. Si l’habitat des hommes est fait d’histoire, de traditions et de styles, celui des animaux doit-il imiter leur milieu d’origine ? Peut-on rassembler sous une enveloppe commune les promeneurs, les bâtiments techniques et les pensionnaires du zoo ? Ces réflexions, l’agence Bernard Tschumi urbanistes Architectes avec Véronique Descharrières les a menées pour faire renaître, dix ans après sa fermeture au public, le parc zoologique de Paris. Images 3D, maquettes, plans et dessins permettent de comprendre comment a été conçu le projet architectural où l’habitat des animaux devient, l’espace d’un parcours, celui des hommes. Pour capturer cette nouvelle scénographie du vivant, les photographies d’Iwan Baan présentent, sous son plus beau jour, cette architecture double où culture et nature se confrontent et se confondent dans un paysage conçu par L’Atelier Jacqueline Osty et Associés. Designing the architecture of a zoo is not straightforward. Human architecture has a history, traditions, and styles; shouldn’t an animal architecture be equally distinctive? Is it possible to design in a way that corresponds equally to animal needs, human desires, and technical requirements? Bernard Tschumi urbanistes Architectes with Véronique Descharrières considered these questions in their design for the architecture of the new Zoo de Vincennes in Paris. Threedimensional visualizations, scale models, blueprints, and drawings all provide a view into the development of the architectural project, which successfully reconciles the very different concerns of animal inhabitants and human visitors. The new scenography is captured here in the photographs of Iwan Baan, which present, in a unique light, this double architecture in which nature and culture meet in a landscape designed by the Atelier Jacqueline Osty et Associés.
978-2-7572-0788-8
29€